<p align="center" class="Default" style="text-align:center">&nbsp;</p> <h2 class="Default" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Introduction</span></b></span></span></span></h2> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Beaucoup de nos contemporains souhaitent profiter des avantages qu&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; leur offre sans pour autant adh&eacute;rer &agrave; l&rsquo;ensemble des r&egrave;gles qui pr&eacute;valent sur leur territoire. L&rsquo;&eacute;vad&eacute; fiscal est attir&eacute; par les &eacute;conomies promises, mais il pr&eacute;f&eacute;rera &ecirc;tre jug&eacute;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a> ou soign&eacute; dans son pays d&rsquo;origine pour sa s&eacute;curit&eacute; ou sa sant&eacute;. Les actionnaires d&eacute;tiennent un titre quelques dizaines de jours au mieux pour en tirer le meilleur profit sans se sentir responsables de toutes les activit&eacute;s de l&rsquo;entreprise. Des touristes consomment des m&egrave;tres cube d&rsquo;eau&nbsp;: piscine, sauna, douche et golf en plein d&eacute;sert. La soci&eacute;t&eacute; contemporaine semble g&eacute;n&eacute;raliser ce comportement du passager clandestin&nbsp;: touriste, nomade, sans attache ni responsabilit&eacute; apr&egrave;s son passage en un lieu, comme si le milieu n&rsquo;existait pas. Prosa&iuml;quement, dans un groupe, nous observons bien les comportements de quelques-uns qui consistent &agrave; &eacute;viter les petites corv&eacute;es communes. Nous serions dans une &eacute;poque o&ugrave; ces comportements du passager clandestin se multiplieraient du fait d&rsquo;incitations politiques le plus souvent paradoxales&nbsp;: attirance fiscale, assistances sans contrepartie, droits des individus &agrave; honorer, r&eacute;seaux marginaux et souterrains, etc.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, nous leur accordons ais&eacute;ment nos faveurs par mille arguments ou complaisances, arri&egrave;re-pens&eacute;e oblige, du potentiel passager clandestin qui sommeillerait en nous. Chacun d&eacute;velopperait sa strat&eacute;gie qui se r&eacute;sume ainsi&nbsp;: je veux profiter d&rsquo;un milieu, mais j&rsquo;en r&eacute;fute les contraintes. Tr&egrave;s trivialement, profiter du repas, oui, mais faire les courses ou la vaisselle, non&nbsp;! La question&nbsp;: une soci&eacute;t&eacute; peut-elle admettre pour le plus grand nombre la g&eacute;n&eacute;ralisation d&rsquo;un tel comportement&nbsp;? Nous voulons ici comprendre l&rsquo;origine de cette apologie de la clandestinit&eacute; et v&eacute;rifier qu&rsquo;une telle affirmation ou construction des ressorts psychologiques et sociaux risque de buter sur d&rsquo;autres dimensions dont la coh&eacute;sion politique des populations ou l&rsquo;exercice du pouvoir sur un territoire par exemple. Le pragmatisme pourrait avoir raison des id&eacute;aux abstraits, car le milieu s&rsquo;impose &agrave; nous&nbsp;: vivant dans un milieu <a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous proposons dans cet article une mise en perspective de la compl&eacute;mentarit&eacute; par une &eacute;coute attentive des enseignements vari&eacute;s, sans pour autant nier la part de l&rsquo;enseignement &eacute;conomique. Il y a des enseignements &eacute;conomiques et d&rsquo;autres sociologiques ou psychologiques, voire historiques ou anthropologiques, d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de leur articulation par compl&eacute;mentarit&eacute; dans une composition plus complexe de leurs conclusions par combinaison des perspectives <a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a>. Articuler des points de vue au-del&agrave; des limites de son savoir personnel, c&rsquo;est prendre en consid&eacute;ration le savoir de l&rsquo;autre&nbsp;: attitude altruiste s&rsquo;il en est. Cet article a pour objectif d&rsquo;&eacute;tudier comment concilier ces th&eacute;ories qui participent d&rsquo;une description et d&rsquo;une explication des ph&eacute;nom&egrave;nes observ&eacute;s. C&rsquo;est tout l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ces sciences compos&eacute;es dont la psychologie politique, en position de carrefour, qui contribuent &agrave; ce jeu des mises en perspective. Nous commencerons par un examen critique de l&rsquo;apologie de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme rationnel du passager clandestin chez deux &eacute;conomistes influents&nbsp;: Mancur Olson et Gary Becker faisant l&rsquo;hypoth&egrave;se que la th&eacute;orie classique fait une impasse excessive concernant ces autres r&eacute;alit&eacute;s&nbsp;: psychologiques et sociales. Nous verrons que la clandestinit&eacute; est un ph&eacute;nom&egrave;ne social qui d&eacute;passe le choix &eacute;go&iuml;ste avec comme r&eacute;sultat la production d&rsquo;une contre-soci&eacute;t&eacute; r&eacute;gressive dans ses interactions sociales et sa repr&eacute;sentation du chef. Et, nous poursuivrons par l&rsquo;&eacute;tude de quelques exemples d&rsquo;altruisme bien r&eacute;els, dont le sacrifice possible des sauveteurs en mer, le b&eacute;n&eacute;volat associatif et le sacrifice militaire avant de conclure sur l&rsquo;enjeu politique d&rsquo;une telle apologie des clandestins de toutes sortes. </span></span></span></span></span></p> <h2 class="Default" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1. La th&eacute;orie de l&rsquo;action collective d&rsquo;Olson</span></b></span></span></span></h2> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette notion du passager clandestin a d&rsquo;abord &eacute;t&eacute; un th&egrave;me de science &eacute;conomique. La th&eacute;orie &eacute;conomique classique s&rsquo;est m&ecirc;me piqu&eacute;e d&rsquo;une sorte de dogmatique en mati&egrave;re psychologique, pour ass&eacute;ner quelques-unes de ses v&eacute;rit&eacute;s &eacute;l&eacute;mentaires dont elle est coutumi&egrave;re, peut-&ecirc;tre m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; la caricature chez Gary Becker <a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a>, comme nous le verrons. Avec autorit&eacute;, des auteurs ont profess&eacute; l&rsquo;inaptitude des hommes &agrave; g&eacute;rer les biens communs, l&rsquo;individu &eacute;conomique faisant un choix rationnel, motiv&eacute; par un calcul &eacute;go&iuml;ste, proc&eacute;dant par une analyse d&rsquo;opportunit&eacute;. Ces travaux ont soutenu cette th&eacute;orie de l&rsquo;action collective d&eacute;nu&eacute;e d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour les communs, pire, hostile &agrave; leur gestion. Mancur Olson a consacr&eacute; une &oelig;uvre fameuse &agrave; la <i>Logique de l&rsquo;action collective</i> o&ugrave; il tente de d&eacute;montrer que dans des grands groupes le <i>free rider</i> devient le comportement dominant. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si l&rsquo;<i>homo &oelig;conomicus </i>prend des d&eacute;cisions rationnelles r&eacute;ductibles et explicables par un calcul &eacute;conomique motiv&eacute; par son int&eacute;r&ecirc;t, il est cons&eacute;cutif de cette d&eacute;finition que l&rsquo;altruisme, le b&eacute;n&eacute;volat ou le sacrifice n&rsquo;ont pas de sens &eacute;conomique et <i>in fine</i> aucune r&eacute;alit&eacute; dans une soci&eacute;t&eacute; conforme au principe de l&rsquo;<i>homo &oelig;conomicus stricto sensu</i>. Or, ce simplisme de la th&eacute;orie comportementale des &eacute;conomistes classiques est remis en cause par de nombreux &eacute;conomistes &laquo; h&eacute;t&eacute;rodoxes &raquo; depuis plusieurs d&eacute;cennies d&eacute;j&agrave;. Cette critique des fondements psychologiques de la th&eacute;orie classique interpelle d&rsquo;abord sa validit&eacute; scientifique, puis la l&eacute;gitimit&eacute; politique des doctrines qui persuadent d&rsquo;une soumission du politique aux injonctions &laquo;&nbsp;savantes&nbsp;&raquo; de cette th&eacute;orie &eacute;conomique. Voyons qu&rsquo;elle est scientifiquement infond&eacute;e car son principe psychologique est inconsistant&nbsp;logiquement et insuffisant&nbsp;exp&eacute;rimentalement. En effet, la promotion de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme ne constitue en rien la preuve de sa pr&eacute;&eacute;minence. Ce ne sont pas des d&eacute;clarations, des p&eacute;titions de principe ou une assertion p&eacute;remptoire qui font autorit&eacute;, pas plus qu&rsquo;une philosophie implicite traduisant le plus souvent l&rsquo;&eacute;thique personnelle de ceux qui l&rsquo;&eacute;noncent. Autre point, en partant du primat de l&rsquo;individu, cette th&eacute;orie induit la n&eacute;cessit&eacute; de la pression sociale ou de l&rsquo;&eacute;ducation pour obtenir des coop&eacute;rations sous contraintes&nbsp;: l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme est premier, l&rsquo;altruisme serait &agrave; leurs yeux une construction sociale. Ces &eacute;conomistes diraient donc la nature profonde de l&rsquo;homme, sans que celle-ci soit leur objet d&rsquo;&eacute;tude, mais incidemment, par leur postulat, sans m&ecirc;me v&eacute;rifier qu&rsquo;il en serait ainsi partout, en circonstance et en localit&eacute;, voire dans les autres groupes vivants, ce qui en confirmerait le caract&egrave;re universel, naturel et donc l&eacute;gislatif, au sens scientifique d&rsquo;une th&eacute;orie &eacute;prouv&eacute;e. La prouesse est d&rsquo;autant plus exceptionnelle que la plupart de ces auteurs partent d&rsquo;exp&eacute;riences sur leur campus ou sur quelques cohortes qui n&rsquo;exc&egrave;dent pas quelques centaines de cas. Il ne s&rsquo;agit plus d&rsquo;extension mais bien d&rsquo;extrapolation hasardeuse ou de g&eacute;n&eacute;ralisation abusive. Il y a l&agrave; une distorsion, pour &eacute;noncer ce qu&rsquo;il en est de l&rsquo;homme sans l&rsquo;avoir jamais &eacute;tudi&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce paradigme du passager clandestin serait le r&eacute;sultat d&rsquo;une culture individualiste qui promeut les droits individuels et un &eacute;go&iuml;sme m&eacute;thodique pour ne pas dire rationnel comme le pr&eacute;sentent les &eacute;conomistes classiques. L&rsquo;explication psychologique du calcul comportemental induit ce mod&egrave;le du passager clandestin qui peut vite en devenir sa justification et son apologie dans une doctrine politique. Pourtant, un tel comportement requiert des groupes sociaux et des usages collectifs pour en jouer en sa faveur, profitant tant&ocirc;t d&rsquo;un mod&egrave;le, tant&ocirc;t d&rsquo;un second. L&rsquo;&eacute;go&iuml;sme ou la clandestinit&eacute; se pratiquent dans leur contraire, comme le mensonge dans une pratique du parler vrai qui est le support m&ecirc;me de son intention et de son efficacit&eacute;&nbsp;: tromper. La th&eacute;orie &eacute;conomique classique aurait donc fantasm&eacute; l&rsquo;individualisme m&eacute;thodologique puisqu&rsquo;elle ne l&rsquo;aurait jamais, ni montr&eacute; par la description des r&eacute;alit&eacute;s sociales et historiques, ni d&eacute;montr&eacute; par quelques preuves irr&eacute;futables <a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Olson s&rsquo;int&eacute;resse aux motivations qui pr&eacute;sident &agrave; la constitution des groupes sociaux dans leurs actions collectives int&eacute;ress&eacute;es. Il commence par citer Aristote, L&eacute;on Festinger et Harold Laski. Il accumule des citations et en d&eacute;duit que le groupe se construit pour satisfaire les int&eacute;r&ecirc;ts des membres qui le constituent (2011, 16-18), se m&eacute;prenant tr&egrave;s largement sur la philosophie d&rsquo;Aristote <a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></a> ou la psychologie de Festinger <a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></a>. Nos notes le d&eacute;montrent en all&eacute;geant l&rsquo;expos&eacute; nous l&rsquo;esp&eacute;rons. Il ass&egrave;ne que l&rsquo;individu prime le social au point de librement s&rsquo;associer selon ses int&eacute;r&ecirc;ts, omettant que des groupes pr&eacute;existent sans lesquels les seconds ne sauraient se cr&eacute;er. Il asserte ce postulat de l&rsquo;individu premier motiv&eacute; par son seul int&eacute;r&ecirc;t. Son argument d&rsquo;autorit&eacute; s&rsquo;appuie sur cette accumulation des citations qui le disculpent de toute autre preuve. Il en conclut malgr&eacute; tout &agrave; une prudente supposition qui devient rapidement son principe&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>S&rsquo;il est permis de supposer que ceux qui appartiennent &agrave; un groupe ou &agrave; une organisation ont un int&eacute;r&ecirc;t commun, les divers membres de l&rsquo;organisation ou du groupe ont aussi des int&eacute;r&ecirc;ts purement individuels qui varient pour chacun d&rsquo;entre eux.</i>&nbsp;&raquo; (2011, 19).</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Olson simplifie des r&eacute;alit&eacute;s sociales jusqu&rsquo;&agrave; r&eacute;duire le groupe &agrave; une cons&eacute;quence de l&rsquo;association d&rsquo;individus premiers en vertu d&rsquo;une logique d&rsquo;action&nbsp;: l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t. Dans une note de bas de page, il r&eacute;cuse m&ecirc;me les autres dimensions constitutives des groupes humains qu&rsquo;ils qualifient de religieux ou philanthropiques, amputant son &eacute;tude des facteurs sociaux dans les &eacute;changes au nom de son crit&egrave;re&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;aspect &eacute;conomique</i>&nbsp;&raquo;. Il justifie son propos quant aux organisations servant les int&eacute;r&ecirc;ts de leurs membres par cette note&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>On n&rsquo;attend pas n&eacute;cessairement des organisations religieuses et philanthropiques qu&rsquo;elles servent exclusivement les int&eacute;r&ecirc;ts de leurs membres [&hellip;] Mais ce n&rsquo;est pas le lieu ici de discuter longuement de la complexit&eacute; de telles organisations car cette &eacute;tude met l&rsquo;accent sur les organisations dont l&rsquo;aspect &eacute;conomique est pr&eacute;dominant.&nbsp;</i>&raquo; (2011, 16, note 6). En &eacute;liminant une part des r&eacute;alit&eacute;s sociales, Olson cong&eacute;die ce qui le d&eacute;range pour mieux se focaliser sur les groupements d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts dont la d&eacute;finition pr&eacute;c&egrave;de le truisme qu&rsquo;ils seront &eacute;videmment le r&eacute;sultat de la d&eacute;finition elle-m&ecirc;me. La tautologie se confirme lorsqu&rsquo;il conclut triomphalement que leurs membres agissent par int&eacute;r&ecirc;t, ou quand la tautologie se fait v&eacute;rit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le groupe serait victime de l&rsquo;arbitrage individuel qui conduirait &agrave; pr&eacute;f&eacute;rer son int&eacute;r&ecirc;t sans jamais conc&eacute;der au groupe une part de sa richesse. Les exercices des &eacute;conomistes organisent l&agrave; ce qu&rsquo;ils veulent d&eacute;montrer, en affectant &agrave; chacun un bien qu&rsquo;il peut partager ou conserver. Ils ne pensent pas un instant que le bien peut &ecirc;tre ant&eacute;rieurement un bien commun. Ceci conduirait &agrave; des exercices alternatifs. Pourquoi alors cr&eacute;er les conditions m&ecirc;mes de ce qu&rsquo;il veut soutenir puisque la question se pose en un autre sens que celle d&rsquo;une concession au groupe par l&rsquo;appropriation de ce qui est ant&eacute;rieurement commun. Cet omission interdit l&#39;analyse compl&egrave;te&nbsp;: du social vers l&#39;individuel et de l&#39;individuel vers le social. Cette restriction exp&eacute;rimentale occulte donc une option de l&#39;analyse et elle aveugle la th&eacute;orie &eacute;conomique. L&#39;individualisme a bien &eacute;t&eacute; pos&eacute; comme principe explicatif. Reprenons pour le montrer quelques moments cl&eacute;s de son raisonnement dans <i>La logique de l&rsquo;action collective</i>.</span></span></span></span></span></p> <h3 class="Default" style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1.1. Le groupe par int&eacute;r&ecirc;t</span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Premier moment</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, il affirme que le groupe se constitue par int&eacute;r&ecirc;t sans pour autant pr&eacute;ciser l&rsquo;ampleur de ce concept. En lui pr&ecirc;tant un sens tr&egrave;s large, un groupe existe pour satisfaire des besoins et &agrave; ce titre r&eacute;pond n&eacute;cessairement &agrave; des int&eacute;r&ecirc;ts. Olson d&eacute;veloppe d&rsquo;ailleurs un proc&eacute;d&eacute; r&eacute;current dans son &oelig;uvre&nbsp;: assertion, accumulation de citations, r&eacute;p&eacute;titions tautologiques sans avancer la moindre recherche, la moindre observation hormis l&rsquo;injonction de g&eacute;n&eacute;ralit&eacute;s profess&eacute;es &agrave; la mani&egrave;re de v&eacute;rit&eacute;s de comptoirs. Il accumule trois citations qui assertent la m&ecirc;me &laquo;&nbsp;v&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo; du groupe existant par int&eacute;r&ecirc;t des membres, celle de Robert Morrison MacIver <a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></a>, Arthur Bentley <a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></a> et Raymond Cattell <a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></a>. Si ces auteurs utilisent les notions de groupes et d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, c&rsquo;est &agrave; chaque fois dans des acceptions tr&egrave;s distinctes. Les extraits de quelques mots &agrave; peine&nbsp;: de six &agrave; dix <a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></a> visent une justification, par l&rsquo;autorit&eacute; de ces slogans extirp&eacute;s, sans grande loyaut&eacute; pour la pens&eacute;e de leurs auteurs. Le proc&eacute;d&eacute; est peu rigoureux, pour ne pas dire douteux.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le psychologue, le sociologue et le philosophe peuvent-ils se r&eacute;soudre &agrave; accepter une telle d&eacute;finition par accumulation sans pr&eacute;cision des concepts utilis&eacute;s&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Premi&egrave;re critique, le <i>groupe social</i> pr&eacute;existe concr&egrave;tement aux individus et son appartenance n&rsquo;est pas une d&eacute;cision personnelle, lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit des premiers groupes sociaux observables&nbsp;: familles, clans, tribus, communes, pays puisque l&rsquo;appartenance n&rsquo;est pas le r&eacute;sultat d&rsquo;un acte initial de l&rsquo;int&eacute;ress&eacute; mais celui de l&rsquo;institution sociale qui accueille, nomme, enregistre, etc. Ce n&#39;est pas l&#39;enfant qui d&eacute;cide de sa naissance, ce n&#39;est pas lui qui d&eacute;cide de son nom, ce n&#39;est toujours pas lui qui d&eacute;cide des modalit&eacute;s d&#39;enregistrement administratif ou des initiations religieuses et de leur rituel dont il est l&rsquo;objet ni de la langue qui lui est enseign&eacute;e. L&rsquo;individu n&rsquo;existe pas sans cette dimension philog&eacute;n&eacute;tique. Le milieu social est bien celui qui fait na&icirc;tre une personne accueillie et socialement cr&eacute;&eacute;e par ces diff&eacute;rents actes fondateurs, performatifs et ontologiques. En voulant faire fi de ces faits observables et constants dans l&#39;histoire des soci&eacute;t&eacute;s humaines, certains font un choix id&eacute;ologique plus qu&rsquo;ils ne suivent une d&eacute;marche d&rsquo;observation des faits biologiques et anthropologiques. M&ecirc;me les d&eacute;bats contemporains sur les mani&egrave;res de procr&eacute;er ou les droits des adultes sont bien ant&eacute;rieurs &agrave; la naissance de ceux qui seront les fruits de ces solutions techniques et juridiques. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deuxi&egrave;me critique, la <i>motivation psychologique</i> &laquo;&nbsp;volontaire&nbsp;&raquo; d&rsquo;un membre d&eacute;sireux d&rsquo;appartenir &agrave; un groupe passe par l&rsquo;acceptation et la valorisation des rites initiatiques ou des p&eacute;riodes d&rsquo;int&eacute;gration qui sont toujours une &eacute;preuve sociale du groupe qui assimile ce nouveau membre. L&rsquo;observation des ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux atteste de ces pratiques et des d&eacute;sirs qu&rsquo;elles suscitent qui veulent appartenir &agrave; un groupe d&eacute;j&agrave; constitu&eacute;. De tr&egrave;s nombreux travaux d&eacute;crivent cette aspiration &agrave; la reconnaissance sociale et cette fiert&eacute; d&rsquo;appartenance au groupe constitu&eacute; et &agrave; ses symboliques. Elles jouent un r&ocirc;le bien &eacute;loign&eacute; du strict int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique. A cet &eacute;gard, les contributions de la sociologie italienne en particulier ou les travaux des sociologues sur la reconnaissance sont tout &agrave; fait &eacute;difiantes, dont ceux d&rsquo;Honneth par exemple.</span></span></span></span></span></p> <h3 class="Default" style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1.2. Le groupe d&eacute;cideur</span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deuxi&egrave;me moment</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, l&rsquo;&eacute;conomiste insinue une corr&eacute;lation entre la dimension du groupe et le comportement individuel en son sein dans son chapitre III. Le proc&eacute;d&eacute; consiste en assertion, accumulation de citations, r&eacute;p&eacute;titions tautologiques. Il invoque de nouveau trois auteurs pour motiver son affirmation o&ugrave; un petit groupe est plus efficace qu&rsquo;un grand groupe&nbsp;: John James, Paul Hare et Georg Simmel <a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></a>. Son seul crit&egrave;re d&rsquo;analyse de l&rsquo;efficacit&eacute; du groupe tient &agrave; la mesure de son aptitude &agrave; d&eacute;cider, comme le fera plus tard Irving Janis <a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></a>. Ce crit&egrave;re exclut les autres raisons d&rsquo;existence du groupe. La th&egrave;se consiste &agrave; &eacute;tablir que la variable&nbsp;: taille du groupe, affecte l&rsquo;autre variable&nbsp;: comportement du groupe rapport&eacute; &agrave; la d&eacute;cision. S&rsquo;agit-il encore de groupe lorsque quelques personnes &eacute;changent ou qu&rsquo;un million de personnes sont r&eacute;unis pour une manifestation politique, sociale ou religieuse&nbsp;? S&rsquo;agit-il de d&eacute;cider quand quelques-uns se voient r&eacute;guli&egrave;rement&nbsp;: la bande, le cercle des anciens, les amis de toujours ou quand une &laquo;&nbsp;masse&nbsp;&raquo; prie ou manifeste en unit&eacute; pour un &eacute;v&eacute;nement&nbsp;circonstanciel ou rituel&nbsp;? La fonction de ces diff&eacute;rents regroupements n&rsquo;est pas examin&eacute;e. Or le ph&eacute;nom&egrave;ne de passager clandestin est-il proportionnellement sup&eacute;rieur selon qu&rsquo;on consid&egrave;re un groupe d&rsquo;amis en voyage, une assembl&eacute;e de militants ou une communaut&eacute; politique locale dans la dur&eacute;e ou d&rsquo;un citoyen&nbsp;? De plus, le temps est absent, alors que la dur&eacute;e de vie du groupe en pr&eacute;cise la finalit&eacute;&nbsp;: &eacute;ph&eacute;m&egrave;re ou r&eacute;silient selon qu&rsquo;on soit l&agrave; pour partager un moment &eacute;pisodiquement ou supporter ensemble la gestion d&rsquo;un commun. Rappelons que les travaux de Lewin s&rsquo;effectuaient sur des groupes &eacute;ph&eacute;m&egrave;res constitu&eacute;s pour l&rsquo;occasion avec un but pr&eacute;cis <a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></span></a>. La question de la dur&eacute;e de vie du groupe n&rsquo;est donc pas sans cons&eacute;quence sur ses &eacute;ventuels calculs et ses motivations. Comment comparer les conditions d&#39;&eacute;mergence d&#39;un groupe, puis sa r&eacute;silience et les facteurs de sa dissolution quand on &eacute;voque d&rsquo;abord un groupe perdurant de mani&egrave;re s&eacute;culaire, soit de fa&ccedil;on interg&eacute;n&eacute;rationnelle dans la gouvernance des communs chez Ostrom et ensuite des groupes cr&eacute;&eacute;s pour un &eacute;v&eacute;nement dans la dynamique des groupes chez Lewin&nbsp;? Outre la question de la dimension du groupe, ces auteurs mettent en &eacute;vidence sa dimension historique et sa dimension cr&eacute;atrice comme son histoire&nbsp;: croissance, crise, scission, r&eacute;forme, etc.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Comment faire alors du crit&egrave;re de la d&eacute;cision le principe d&rsquo;&eacute;valuation de l&rsquo;efficacit&eacute; d&rsquo;un groupe social comme si la seule finalit&eacute; du groupe &eacute;tait la d&eacute;cision&nbsp;? Deux critiques sont &agrave; faire.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1) Le groupe produit des &eacute;v&eacute;nements collectifs sans d&eacute;cision. Du repas familial &agrave; la f&ecirc;te populaire, de la promenade entre amis &agrave; la r&eacute;union d&rsquo;une amicale sportive ou culturelle, ces temps de vie commune sont faits de proximit&eacute; sans qu&rsquo;interviennent des d&eacute;cisions. L&#39;observation des temps de vie d&#39;un groupe montre qu&#39;il passe tr&egrave;s peu de temps &agrave; des protocoles de prise de d&eacute;cision qui sont en fait l&#39;exception.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2) L&rsquo;impossibilit&eacute; de d&eacute;cider dans des groupes de grande taille car ils se r&eacute;unissent pour vivre et partager un &eacute;v&eacute;nement. Les &eacute;conomistes omettent la dimension rituelle de certains &eacute;v&eacute;nements qui agr&egrave;gent des groupes humains &agrave; l&#39;occasion de f&ecirc;tes et comm&eacute;morations. Le groupe ne se mesure pas &agrave; son aptitude &agrave; d&eacute;cider, il n&rsquo;est pas une assembl&eacute;e permanente de l&eacute;gislateurs ou administrateurs votant des r&eacute;solutions conventionnellement. Bien d&rsquo;autres crit&egrave;res font l&rsquo;existence du groupe dont le partage des buts, l&rsquo;intensit&eacute; des &eacute;changes, ses rites et son organisation interne, etc.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En fait, </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">l&rsquo;apologie du passager clandestin&nbsp;: resquilleur rationnel et &eacute;go&iuml;ste se fait en &eacute;liminant tout ce qui viendrait contrecarrer son affirmation. Les moments du raisonnement d&rsquo;Olson ont peu de l&eacute;gitimit&eacute; en dehors de leur simple assertion. Pourtant, l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme clandestin va se d&eacute;velopper chez Gary Becker.</span></span></span></span></span></p> <h2 class="Default" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2. L&rsquo;apologie de la figure clandestine chez Becker </span></b></span></span></span></h2> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En mati&egrave;re de monopole herm&eacute;neutique, l&#39;&eacute;conomiste am&eacute;ricain Becker est embl&eacute;matique d&rsquo;une th&eacute;orie &eacute;conomiciste qui nie tout autre facteur explicatif pour rendre compte des d&eacute;cisions et comportements humains. Ceux-ci r&eacute;sultent exclusivement d&#39;un calcul &eacute;go&iuml;ste. Seulement, Becker n&rsquo;explique pas en quoi toutes les sciences humaines et sociales seraient inop&eacute;rantes. Comme nous allons le voir, ses contributions sont int&eacute;ressantes mais leur imp&eacute;rialisme pose un probl&egrave;me &eacute;pist&eacute;mologique auquel les &eacute;conomistes classiques ont &eacute;t&eacute; incapables d&#39;apporter une r&eacute;ponse satisfaisante.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Qu&rsquo;est-ce que la clandestinit&eacute; si ce n&rsquo;est la pr&eacute;f&eacute;rence absolue pour l&rsquo;individu opposant ses choix personnels au d&eacute;triment de tout engagement ou appartenance collective&nbsp;? Ces derniers sont alors, soit d&eacute;ni&eacute;s, soit interpr&eacute;t&eacute;s comme des insupportables contraintes &agrave; la libert&eacute; raisonnable de l&rsquo;individu&nbsp;? Le clandestin cherche son profit et il est pr&ecirc;t &agrave; desservir le groupe, voire le flouer dans son int&eacute;r&ecirc;t propre. La d&eacute;cision &eacute;go&iuml;ste du clandestin est-elle encore rationnelle&nbsp;? Comment expliquer que l&rsquo;exercice de la raison &agrave; titre individuel conclut diff&eacute;remment de son exercice coll&eacute;gial&nbsp;? D&rsquo;ailleurs, qu&rsquo;est-ce qui justifie cette apologie insistante de son exercice individuel, comme si la raison &eacute;tait diff&eacute;rente selon qu&rsquo;elle soit exprim&eacute;e par l&rsquo;individu ou par un groupe. Le raisonnement d&eacute;pendrait-il alors de celui qui le tient&nbsp;? Le choix serait-il rationnel s&rsquo;il diff&eacute;rait selon son auteur&nbsp;? Il y aurait plus une motivation qu&rsquo;une raison, et cette motivation pourrait &ecirc;tre celle d&rsquo;un &eacute;go&iuml;sme calculateur qui ne serait en rien la rationalit&eacute; au sens scientifique. Le mis&eacute;rable calcul personnel est-il semblable &agrave; une connaissance ou une pratique scientifique&nbsp;? Alors, de quelle raison nos &eacute;conomistes parlent-ils ? Il y aurait alors des raisons intrins&egrave;ques li&eacute;es &agrave; l&rsquo;auteur en situation, ce qui interrogerait alors sur le sens m&ecirc;me de cette rationalit&eacute; alors subordonn&eacute;e &agrave; son auteur. Nous avons d&eacute;j&agrave; &eacute;tudi&eacute; cette fragmentation de la raison politique vers des raisons partisanes, locales, int&eacute;ress&eacute;es et tr&egrave;s individuelles, fort &eacute;loign&eacute;es de la conception universelle de la d&eacute;marche raisonnable occidentale <a href="#_ftn15" name="_ftnref15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[15]</span></span></span></span></span></span></a>. Il s&rsquo;agirait peut-&ecirc;tre plus d&rsquo;ailleurs de motivations ou mobiles &agrave; agir, soit mes raisons, au sens de mes intentions &agrave; agir. Or, Becker a &eacute;t&eacute; l&rsquo;apologue de l&rsquo;individu &eacute;go&iuml;ste et souverain jusqu&rsquo;&agrave; induire cette clandestinit&eacute; &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;un mod&egrave;le implicite. L&rsquo;&eacute;go&iuml;sme ne serait en rien raisonnable et ce calcul une fiction de laboratoire &ndash; un fait fabriqu&eacute; et non observ&eacute; &ndash; au m&ecirc;me titre que le concept d&rsquo;individu.</span></span></span></span></span></p> <h3 class="Default" style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.1. La surinterpr&eacute;tation des relations de marchandage</span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Becker pratique cet imp&eacute;rialisme qui le conduit &agrave; des interpr&eacute;tations hasardeuses o&ugrave; ses principes agissent comme autant de pr&eacute;jug&eacute;s qui l&eacute;gitimeraient son interpr&eacute;tation plus qu&rsquo;une autre, proc&eacute;dant par l&rsquo;extension infinie de l&rsquo;explication par l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme. Sans aucune preuve scientifique ni fondement &eacute;pist&eacute;mologique s&eacute;rieux, il affirme que l&rsquo;altruisme parental s&rsquo;explique par l&rsquo;attente d&rsquo;une reconnaissance filiale au moment de sa vieillesse, soit un calcul &eacute;go&iuml;ste. L&rsquo;altruisme y devient une sinistre manipulation de l&rsquo;enfant pour le contraindre &agrave; aider en retour. Il cherche &agrave; interpr&eacute;ter une situation dont les origines ne sont pas interrog&eacute;es par l&#39;&eacute;conomiste. En effet, le (ou la) vrai calculateur &eacute;go&iuml;ste vit-il en famille&nbsp;? Ne serait-il pas sans enfant pour jouir directement de ses revenus ? Et si par hasard il en a, ne d&eacute;fendra-t-il pas l&rsquo;hypoth&egrave;se de l&rsquo;autonomie des g&eacute;n&eacute;rations pour justifier son &eacute;go&iuml;sme p&eacute;cunier, laissant l&rsquo;enfant sans h&eacute;ritage ni privil&egrave;ge, &eacute;tant hostile au principe m&ecirc;me de la succession qui rend tacitement d&eacute;pendant de sa prog&eacute;niture ? Au lieu de d&eacute;crire les comportements d&#39;un calculateur &eacute;go&iuml;ste pour en induire la soci&eacute;t&eacute; &eacute;go&iuml;ste qui s&#39;en suivrait, Becker fait le choix &eacute;tonnant de subvertir une soci&eacute;t&eacute; dont les principes et les valeurs ont tr&egrave;s probablement leur origine en dehors de son principe explicatif par une interpr&eacute;tation fond&eacute;e sur l&#39;&eacute;go&iuml;sme. Il n&rsquo;explique pas les motivations conscientes et exprimables par les int&eacute;ress&eacute;s qu&rsquo;il n&rsquo;&eacute;coute pas. Il n&rsquo;examine pas en profondeur avec eux leurs motivations en vertu d&rsquo;un protocole d&rsquo;analyse. Il n&rsquo;envisage pas des hypoth&egrave;ses en vue d&rsquo;une enqu&ecirc;te, &agrave; la fa&ccedil;on de Dewey, qui &eacute;tudierait des crit&egrave;res explicatifs&nbsp;: l&rsquo;effectivit&eacute; de la reconnaissance des enfants, la prise en charge des anciens par les g&eacute;n&eacute;rations ant&eacute;rieures et pr&eacute;sentes, le fait d&rsquo;imitation, la r&eacute;alit&eacute; d&eacute;mographique et sociale de l&rsquo;esp&eacute;rance de vie confrontant plus ou moins &agrave; ce besoin, les alternatives traditionnelles et sociales &agrave; la prise en charge, etc. Tout en pr&eacute;tendant &agrave; une explication universelle, Becker ne m&egrave;ne aucune &eacute;tude longitudinale &agrave; travers l&#39;histoire et encore moins une &eacute;tude internationale ou mondiale. Il se contente d&rsquo;une extrapolation de ce qu&rsquo;il conna&icirc;t&nbsp;! Il pr&eacute;f&egrave;re la petite certitude de son assertion d&#39;un calcul instantan&eacute; &eacute;tudi&eacute; dans la proximit&eacute; de l&#39;universit&eacute; am&eacute;ricaine et pos&eacute; &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;un principe. Son attitude est pour le moins interrogeable sur le plan de la discipline scientifique. Extrapoler des petits exercices entre &eacute;tudiants sur un Campus am&eacute;ricain, c&rsquo;est pour le moins audacieux.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Revenons en effet sur son art de la surinterpr&eacute;tation puisqu&rsquo;il conditionne une apologie de la clandestinit&eacute; permanente du fait de cette instrumentalisation de toutes les relations humaines. Faute de pouvoir calculer certaines dimensions, l&rsquo;&eacute;conomiste les d&eacute;tourne et les d&eacute;nature pour les ramener &agrave; ce qu&rsquo;il sait faire&nbsp;: mesurer <a href="#_ftn16" name="_ftnref16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></span></a>. Concernant le calcul rationnel au sein de la famille, on notera par exemple que l&rsquo;approche &eacute;conomique n&rsquo;est pas d&eacute;nu&eacute;e de cons&eacute;quence du fait d&rsquo;une surd&eacute;termination ontologique qui dit ce que sont les humains, incidemment. L&rsquo;exemple de ce r&eacute;dig&eacute; suffit &agrave; s&rsquo;en convaincre&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>La notion de &laquo; bien &raquo; dans ce qui suit doit &ecirc;tre prise dans son acceptation la plus large ; cela inclut le loisir, et le travail, mais aussi &eacute;ventuellement les enfants. Les enfants ont un prix, m&ecirc;me si celui-ci est difficile &agrave; calculer.&nbsp;</i>&raquo; <a href="#_ftn17" name="_ftnref17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></span></a>. La conception, l&rsquo;&eacute;ducation, voire l&rsquo;affection seraient le r&eacute;sultat d&rsquo;un calcul et de transactions directes ou &agrave; effets diff&eacute;r&eacute;s escompt&eacute;s, et l&rsquo;enfant n&rsquo;est pas loin d&rsquo;&ecirc;tre une marchandise ou un objet patrimonial avec des investissements, des rendements, etc. Tout le paradoxe des travaux de Becker tient au fait qu&rsquo;il a souhait&eacute; expliquer les interactions sociales par le seul principe de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme. Sa subversion consiste alors &agrave; tout ramener et r&eacute;duire &agrave; cela, pour ne laisser aucune place &agrave; d&rsquo;autres notions ou sciences qui viendraient compl&eacute;ter son regard. L&agrave; est sa mystification, dans la d&eacute;mesure irrationnelle de son explication&nbsp;: monopole monomaniaque d&rsquo;une interpr&eacute;tation obsessionnelle.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;histoire contemporaine de la science &eacute;conomique nous donne aujourd&rsquo;hui un recul suffisant pour montrer que les th&egrave;ses de Becker ont &eacute;t&eacute; fertiles parce qu&rsquo;elles ont &eacute;t&eacute; tr&egrave;s discut&eacute;es, puis tr&egrave;s contest&eacute;es en permettant l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une &eacute;conomie sociale plus &agrave; l&rsquo;&eacute;coute des enseignements sociaux et politiques. Sans pr&eacute;tention &agrave; une g&eacute;n&eacute;alogie exhaustive, plusieurs &eacute;tapes soulignent la critique et de nouvelles approches pour tenter de comprendre les d&eacute;cisions et comportements &eacute;conomiques au sein de la famille. De tr&egrave;s nombreux travaux et recherches empiriques vont limiter le recours au standard de l&#39;<i>homo &oelig;conomicus </i>&eacute;go&iuml;ste. Ceux sur la psychologie des &eacute;motions vont montrer que le choix n&#39;est pas rationnel <a href="#_ftn18" name="_ftnref18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></span></span></a>. D&#39;autres travaux attestent d&#39;une mise en concurrence complexe en vertu du crit&egrave;re de temporalit&eacute; o&ugrave; l&#39;optimisation et la maximisation des gains se distordent, voire se contredisent avec des conflits entre les buts imm&eacute;diats et ceux de long terme <a href="#_ftn19" name="_ftnref19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></span></a>. Enfin des travaux d&#39;&eacute;conomie exp&eacute;rimentale <a href="#_ftn20" name="_ftnref20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></span></a> montrent l&#39;importance des comportements sociaux qui jouent un r&ocirc;le dans les relations, les choix et les comportements. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <h3 class="Default" style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.2. Le &laquo;&nbsp;th&eacute;or&egrave;me&nbsp;&raquo; de l&rsquo;enfant g&acirc;t&eacute;</span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est &agrave; cet &eacute;gard tr&egrave;s r&eacute;v&eacute;lateur de cette conception-projection &eacute;triqu&eacute;e des rapports familiaux, sans aucune distance, ni logique, ni th&eacute;orique, sans prise en compte des r&eacute;alit&eacute;s sociales et culturelles qui conduiraient &agrave; des comportements tr&egrave;s diff&eacute;rents <a href="#_ftn21" name="_ftnref21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></span></a>. Montrons-le par : le <i>th&eacute;or&egrave;me de l&#39;enfant g&acirc;t&eacute;</i>. Cet exercice confirmera qu&rsquo;il est difficile d&rsquo;accorder un statut de principe universel &agrave; de tels travaux, quand ils sont &agrave; ce point inscrits dans la situation et le contexte d&rsquo;expression et de pens&eacute;e de leurs auteurs, ce fait de limitation n&rsquo;&eacute;tant pas en lui-m&ecirc;me scandaleux, mais le devenant si le scientifique se croit hypoth&eacute;tiquement, en dehors de son histoire et de sa g&eacute;ographie&nbsp;? Ce syndrome d&rsquo;universalit&eacute; est troublant chez ces chercheurs qui omettent &agrave; ce point les conditions historiques dans lesquels ils produisent un savoir tr&egrave;s circonstanci&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est le r&eacute;sultat de l&#39;analyse des interactions sociales en compl&eacute;ment de la th&eacute;orie de la famille</span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Becker participe &agrave; des recherches sur le th&egrave;me de la philanthropie ce qui l&#39;am&egrave;ne &agrave; examiner la notion d&#39;interd&eacute;pendance des utilit&eacute;s. La m&eacute;thode consiste &agrave; d&eacute;crire des transactions entre les membres d&#39;une famille r&eacute;duisant toutes les dimensions affectives o&ugrave; amoureuses &agrave; une simple fonction d&#39;utilit&eacute; &eacute;conomique. Des recherches sont men&eacute;es par des &eacute;conomistes d&eacute;sireux de r&eacute;duire la sociologie &agrave; la seule dimension de l&#39;&eacute;go&iuml;sme &eacute;conomique. Ces derniers en arrivent &agrave; une s&eacute;rie de conclusions conformes &agrave; leurs hypoth&egrave;ses, o&ugrave; l&#39;homme n&#39;est plus qu&#39;un agent &eacute;go&iuml;ste qui n&eacute;gocie des biens mat&eacute;riels et des avantages en contrepartie de comportements. L&#39;amour lui-m&ecirc;me devient un levier de n&eacute;gociation d&rsquo;avantages, l&#39;ob&eacute;issance des enfants devient pour eux un levier de n&eacute;gociation &agrave; leur profit. Tout acte au sein de la famille devient un &eacute;l&eacute;ment de transaction. Le mod&egrave;le consistait donc &agrave; faire de chaque acte un bien &eacute;changeable en perdant de vue toute autre dimension interpr&eacute;tative des faits et gestes au sein de la famille. Le r&eacute;ductionnisme &eacute;conomique r&eacute;alise sa tautologie, soit la v&eacute;rit&eacute; de son hypoth&egrave;se selon laquelle tout comportement r&eacute;sulte d&#39;une transaction.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce pr&eacute;tendu th&eacute;or&egrave;me <a href="#_ftn22" name="_ftnref22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[22]</span></span></span></span></span></span></a> conclut &agrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;go&iuml;ste de l&rsquo;enfant qui adaptera ses comportements &agrave; la maximisation des ressources familiales. L&rsquo;enfant acceptera des situations qui accroissent les revenus de la famille dont il est indirectement b&eacute;n&eacute;ficiaire. Seulement, Becker travaille avec quelques hypoth&egrave;ses sociales qui semblent des plus circonstancielles &agrave; une conception des relations familiales. En effet, elle suppose un parent altruiste en position de <i>pater familias</i>. Car tr&egrave;s insidieusement, Becker suppose un pouvoir confiscatoire, bien peu altruiste, du parent pouvant s&rsquo;arroger le droit de confisquer la totalit&eacute; du revenu de l&rsquo;enfant. Le parent est autocrate dans ses choix possibles, en rien altruiste. La perspective de ce transfert n&eacute;gatif par mutualisation des apports des membres fait de l&rsquo;enfant un travailleur ou esclave des parents puisque les fruits de son travail peuvent lui &ecirc;tre arbitrairement confisqu&eacute;s. Cette possibilit&eacute; n&rsquo;a rien &agrave; voir avec l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;une interaction alternative &agrave; l&rsquo;altruisme. Nous sommes en pr&eacute;sence du parent tyrannique qui reste la r&eacute;f&eacute;rence de la soci&eacute;t&eacute; am&eacute;ricaine de Becker. Et celle-ci n&rsquo;a bien rien d&rsquo;universel. Ce despotisme induit la soumission de l&rsquo;enfant &agrave; l&rsquo;altruisme initial sans exercer aucunement une coop&eacute;ration intentionnelle. Le th&eacute;or&egrave;me n&rsquo;expose aucun v&eacute;ritable choix de l&rsquo;enfant. Et plus encore, il s&rsquo;appuie sur une conception tr&egrave;s patriarcale de la famille avec un p&egrave;re producteur du revenu, une m&egrave;re consacr&eacute;e aux t&acirc;ches m&eacute;nag&egrave;res par le jeu de r&eacute;partition calcul&eacute;e des t&acirc;ches et l&rsquo;enfant n&eacute;gociant sa soumission en contrepartie d&rsquo;un petit revenu, feignant l&rsquo;altruisme. Tout cela est plein de pr&eacute;jug&eacute;s sur l&rsquo;organisation de la famille, plein d&rsquo;inexplicites sur les choix. Cela interroge le principe du micro-fondement, o&ugrave;, par extrapolation d&rsquo;un cas familier repr&eacute;sent&eacute; de fa&ccedil;on math&eacute;matique, l&rsquo;&eacute;conomiste omet l&rsquo;ensemble des pr&eacute;jug&eacute;s historiques qu&rsquo;il colporte, comme si ce qu&rsquo;il observait &eacute;tait d&eacute;nu&eacute; de toute appartenance&nbsp;: localisation et circonstance, soit des lieux et des temps qui circonscrivent une pens&eacute;e et ses propres repr&eacute;sentations sociales. &nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;intention de Becker interroge. Il veut rationaliser l&rsquo;altruisme et en faire un calcul, soit finalement lui trouver un int&eacute;r&ecirc;t, soit l&rsquo;&eacute;loigner de sa d&eacute;finition initiale. Il veut d&eacute;montrer que l&rsquo;individu est altruiste sous l&rsquo;influence de la contrainte paternelle, c&rsquo;est-&agrave;-dire que l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme est alt&eacute;r&eacute; par des faits sociaux qui le d&eacute;nature. Il y a l&agrave; de tr&egrave;s nombreux pr&eacute;jug&eacute;s sur la forme de la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;: individualisme m&eacute;thodologique, primat de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme, calcul et int&eacute;r&ecirc;t &agrave; d&eacute;voiler derri&egrave;re chaque comportement <a href="#_ftn23" name="_ftnref23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[23]</span></span></span></span></span></span></a>. Becker postule l&rsquo;altruisme paternel dans son th&eacute;or&egrave;me, mais il ne l&rsquo;explique pas. Il expose des strat&eacute;gies de r&eacute;compense et de transaction li&eacute;es &agrave; la condition de la r&eacute;compense. Des parents, dans d&rsquo;autres r&eacute;gions du monde et autres traditions font travailler leurs enfants, voire vont jusqu&rsquo;&agrave; les vendre ou les exploiter sous des formes diverses. L&rsquo;altruisme paternel n&rsquo;est, ni pos&eacute;, ni universel. Il suppose aussi une asym&eacute;trie, certes fr&eacute;quente, avec l&rsquo;autorit&eacute; parentale et son corr&eacute;lat de la subordination des enfants. Mais l&rsquo;enfant peut contribuer &agrave; l&rsquo;enrichissement familial, parfois autant ou plus que des parents malades. C&rsquo;est oublier les cas de ces familles, &agrave; des &eacute;poques pas si anciennes, o&ugrave; les jeunes travaillaient pour une famille dont les adultes &eacute;taient incapables d&rsquo;assurer un revenu&nbsp;pour cause de maladie, invalidit&eacute;s de guerre, etc. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Becker reste tr&egrave;s limit&eacute; par son imaginaire pour le moins normatif et r&eacute;ducteur des types d&rsquo;interactions sociales possibles entre des acteurs. Il reproduit un sch&eacute;ma conservateur et paternaliste, soit l&rsquo;image d&rsquo;un <i>American Way of Life</i> qui est tr&egrave;s loin de d&eacute;crire la diversit&eacute; des situations socio-&eacute;conomiques des familles &agrave; travers le monde, dans leur conception sociale, dans leurs usages &eacute;conomiques et dans leurs codes culturels. Enfin, il d&eacute;crit une situation &eacute;quilibr&eacute;e sans aucune dynamique ni perspective historique. La situation est fig&eacute;e. Or, il ne peut pas en &ecirc;tre ainsi dans le devenir de la famille du fait du vieillissement des acteurs et de leurs capacit&eacute;s contributives &agrave; une famille qui se d&eacute;compose ou se recompose en vertu des alliances. Plus encore, Becker dualise les notions d&rsquo;altruisme et d&rsquo;&eacute;go&iuml;sme sans les d&eacute;finir dans des comportements radicalement distincts. A cet &eacute;gard, s&rsquo;agit-il de sacrifier les int&eacute;r&ecirc;ts des autres pour les siens ou de sacrifier les siens pour les autres&nbsp;? Cette opposition caract&eacute;rise-t-elle l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme et l&rsquo;altruisme&nbsp;? L&rsquo;altruiste est-il sans intention, non sans int&eacute;r&ecirc;t&nbsp;? L&rsquo;intention est-elle toujours un int&eacute;r&ecirc;t calculable sur le plan &eacute;conomique, pas s&ucirc;r. Le rationnel exige de traiter avec les autres dans un &eacute;change volontaire, pacifique et &eacute;quilibr&eacute;, comprenant d&rsquo;autres dimensions que le seul &eacute;go&iuml;sme, avec son arri&egrave;re-plan d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t imm&eacute;diat et personnel. La raison n&rsquo;est-elle pas d&eacute;j&agrave; partage d&rsquo;une communaut&eacute; prenant en compte une dynamique du bien commun transcendant l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h3 class="Default" style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.3. L&rsquo;individualisme &eacute;go&iuml;ste et l&rsquo;inspiration atomique</span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le lecteur aura compris que l&rsquo;analyse &eacute;conomique impose un point de vue restrictif. Au bout du compte, ces &eacute;conomistes consid&egrave;rent que le comportement strat&eacute;gique, selon leurs termes, se r&eacute;sume en ce calcul inducteur de relations rationnelles et transactionnelles o&ugrave; l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme, voire l&rsquo;envie, sont les moteurs des relations humaines en famille. Pour conclure, m&ecirc;me la charit&eacute; n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; la surinterpr&eacute;tation de Becker qui en dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>La discussion des contributions au sein d&rsquo;une famille indique que le comportement charitable peut &ecirc;tre motiv&eacute; par le d&eacute;sir d&rsquo;am&eacute;liorer le bien-&ecirc;tre g&eacute;n&eacute;ral des b&eacute;n&eacute;ficiaires. Le comportement &quot;charitable&quot; apparent peut aussi &ecirc;tre motiv&eacute;, cependant, par le d&eacute;sir d&rsquo;&eacute;viter le m&eacute;pris des autres ou de recevoir des acclamations sociales.</i>&nbsp;&raquo; <a href="#_ftn24" name="_ftnref24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></span></a> Est-ce bien l&agrave; respectueux de la d&eacute;finition m&ecirc;me, est-ce bien raisonnable de surinterpr&eacute;ter sans aucune &eacute;tude plus vaste&nbsp;? Est-ce une conclusion suffisante&nbsp;? C&rsquo;est pour le moins h&acirc;tif&nbsp;! </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais le plus limitatif tient &agrave; l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;inspiration physicienne, &agrave; l&rsquo;instar des premiers sociologues dont Simmel par exemple <a href="#_ftn25" name="_ftnref25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></span></a>. Il est alors question d&rsquo;individus, de relations, d&rsquo;interactions, de services qui se traduisent en des fonctions d&rsquo;utilit&eacute; &agrave; partir desquelles les choix et comportements deviennent n&eacute;cessairement des strat&eacute;gies &eacute;go&iuml;stes au service d&rsquo;une relation commerciale au sein de la famille. Une fois encore, la grille d&rsquo;analyse ne se met pas elle-m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve mais surd&eacute;termine les r&eacute;sultats. La v&eacute;rit&eacute; est dans la m&eacute;thode. Or, cette grille d&rsquo;analyse d&rsquo;atomes-humains en relation par des interactions reproduit par analogie un sch&eacute;ma qui a sa source dans la physique atomique classique, jug&eacute;e science de r&eacute;f&eacute;rence. Cette tradition physicaliste irrigue la psychologie am&eacute;ricaine et la th&eacute;orie &eacute;conomique qui s&rsquo;en inspire. Elle postule le primat de l&rsquo;individu atomique, au m&eacute;pris des faits sociaux et historiques comme si la phylog&eacute;n&egrave;se n&rsquo;existait pas, ce qu&rsquo;il faudrait d&eacute;montrer contre la g&eacute;n&eacute;tique et la biologie, l&rsquo;histoire, l&rsquo;anthropologie ou l&rsquo;ethnologie sans oublier une bonne part de la sociologie. L&rsquo;&eacute;conomie a-t-elle ce pouvoir de balayer ou ignorer ces autres sciences&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce r&eacute;ductionnisme &eacute;pist&eacute;mologique projette plus l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme qu&rsquo;il ne le r&eacute;v&egrave;le exp&eacute;rimentalement. Becker proc&egrave;de par affabulations et jeux interpr&eacute;tatifs, multipliant des commentaires sans aucuns faits exp&eacute;rimentaux pour les motiver. La m&egrave;re, qui habille mieux ses enfants, le fait elle pour se faire plaisir, se valoriser par l&rsquo;image d&eacute;gag&eacute;e de la famille, par affection pour ses enfants, par aspiration &agrave; une reconnaissance affective, par calcul pour obtenir d&rsquo;eux des contreparties voire les n&eacute;gocier en termes de services rendus &agrave; la maison, par comp&eacute;tition avec les familles du quartier, par utilit&eacute; pour leur sant&eacute;, etc.&nbsp;? De nombreuses &eacute;tudes sociales et &eacute;conomiques &eacute;valuant l&rsquo;usage des aides sociales laissent tr&egrave;s ouvertes les perspectives, fautes de r&eacute;duire chacun &agrave; une entit&eacute; atomique homog&egrave;ne d&eacute;nu&eacute;e de sp&eacute;cificit&eacute;s propres. </span></span></span></span></span></p> <h3 class="Default" style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.4. L&rsquo;ego du clandestin et le ph&eacute;nom&egrave;ne social de la clandestinit&eacute;</span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais que r&eacute;v&egrave;le cette attitude clandestine au milieu des siens&nbsp;? Le jugement moral des anciens y verra de la paresse, de la ruse, de la malice, un peu de cynisme, voire une r&eacute;volte sourde par le refus de se soumettre aux r&egrave;gles de vie du groupe. Le clandestin s&rsquo;isole. Mais tout &agrave; l&rsquo;inverse, le clandestin s&rsquo;habitue &agrave; la survie habile en toute circonstance par la braconne, le changement de cachette ou d&rsquo;adresse comme le pratique l&rsquo;&eacute;vad&eacute; fiscal. Mais, la clandestinit&eacute; a aussi ses h&eacute;ros dans des p&eacute;riodes de guerre ou de r&eacute;volution. Dans tous les cas, le clandestin est en marge ou en fuite de l&rsquo;ordre &eacute;tabli. Sa clandestinit&eacute; force &agrave; un repli sur soi. Celui qui n&rsquo;est pas dans les &eacute;changes altruistes se privent ainsi des coop&eacute;rations et solidarit&eacute;s qui expriment des affections mutuelles dans des dons et contre-dons. En fuyant cette organisation, le clandestin sacrifie des relations affectives, sociales et politiques, sans pour autant ma&icirc;triser celles qui ne manqueront pas d&rsquo;&eacute;merger dans un monde alternatif. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En effet, la magistrale erreur des &eacute;conomistes aura &eacute;t&eacute; d&rsquo;omettre que la clandestinit&eacute; devient un ph&eacute;nom&egrave;ne social quand les clandestins font corps et nouent entre eux des solidarit&eacute;s de circonstances. L&rsquo;observation des groupes de clandestins fuyant leur pays d&rsquo;origine montre qu&rsquo;elle peut engendrer de la violence entre clans, en vertu de la communaut&eacute; d&rsquo;appartenance d&rsquo;origine tr&egrave;s paradoxalement. Le clandestin n&rsquo;a pas renonc&eacute; &agrave; son histoire et son identit&eacute; culturelle au point d&rsquo;en faire un signe de son identit&eacute; et de la reconnaissance de quelques clandestins parmi les clandestins, jusqu&rsquo;&agrave; reconstruire des violences interethniques par exemple. La clandestinit&eacute; politique induit des r&egrave;gles sociales dures&nbsp;: silence, loyaut&eacute;, &eacute;limination physique des traitres, etc. Elle acte un d&eacute;tachement et elle produit un arrachement. Et que la clandestinit&eacute; soit intentionnelle dans des r&eacute;seaux divers&nbsp;: politiques, mafieux, etc. ou largement subie sous la contrainte, elle r&eacute;alise un mouvement de s&eacute;paration des autres puis de fusion dans un groupe. La clandestinit&eacute; fait fuir la soci&eacute;t&eacute; en place par un renoncement &agrave; agir au grand jour. Il y a dans le passage &agrave; la clandestinit&eacute; une entr&eacute;e en r&eacute;sistance contre une soci&eacute;t&eacute; et ses r&egrave;gles. Le clandestin peut fuir un lieu mais sa strat&eacute;gie le conduit aussi &agrave; s&rsquo;opposer &agrave; toute insertion dans sa communaut&eacute; qu&rsquo;il renonce &agrave; r&eacute;former et dans laquelle il ne se reconna&icirc;t plus. L&rsquo;&eacute;vad&eacute; fiscal renonce &agrave; r&eacute;former le politique, Le clandestin-migrant se sent impuissant &agrave; changer son pays. Le membre d&rsquo;une famille qui clandestine refuse les usages et s&rsquo;isole jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;f&eacute;rer l&rsquo;ordre d&rsquo;une communaut&eacute; ext&eacute;rieure. Au risque de choquer ceux qui derri&egrave;re ce mot voient essentiellement le clandestin de migration, le mis&eacute;reux en fuite d&rsquo;un pays dangereux ou ruin&eacute;, le passage &agrave; la clandestinit&eacute; inclut les exil&eacute;s fiscaux, les mafias et des groupes politiques en marge de ce que leurs Etats tol&egrave;rent. Toute clandestinit&eacute; produit donc des ruptures psychologiques. Le clandestin se sent oblig&eacute; de fuir. Et sa fuite est une blessure puisqu&rsquo;il y perd ses liens sociaux ordinaires en s&rsquo;immergeant dans une soci&eacute;t&eacute; interstitielle aux usages sociaux tr&egrave;s codifi&eacute;s eux aussi&nbsp;: loi du silence, ob&eacute;issance et respect des r&egrave;gles, violence des sanctions en cas de d&eacute;loyaut&eacute;, etc. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il faut relire Ulrike Meinhof <a href="#_ftn26" name="_ftnref26" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></span></a> pour qui le passage &agrave; la clandestinit&eacute; signe un abandon de soi. Se joue une sorte d&rsquo;expropriation personnelle o&ugrave; le clandestin endosse une identit&eacute; distincte qui l&rsquo;exclut en grande partie du groupe vis-&agrave;-vis duquel il a choisi de se s&eacute;parer jusqu&rsquo;&agrave; s&rsquo;opposer. Ulrike Meinhof souligne un ph&eacute;nom&egrave;ne totalement ignor&eacute; des &eacute;conomistes dans leur concept du passager clandestin du fait de leur approche exclusivement individualiste. Ils omettent le ph&eacute;nom&egrave;ne social de la clandestinit&eacute; qui transforment les clandestins eux-m&ecirc;mes, d&egrave;s lors qu&rsquo;ils font groupe et se reconnaissent dans leur attitude commune d&rsquo;agir en clandestin. Ulrike Meinhof &eacute;voque l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un nouvel individu qui se d&eacute;tache de ses anciennes appartenances jusqu&rsquo;&agrave; liquider ses souvenirs et s&rsquo;identifier au groupe clandestin et &agrave; ses actes. Le clandestin devient le membre d&rsquo;un groupe clandestin qui fait soci&eacute;t&eacute; autrement &agrave; la fa&ccedil;on des groupes terroristes ou des mafias. Un nouvel ordre social s&rsquo;impose &agrave; lui pour &ecirc;tre et perdurer dans sa clandestinit&eacute;. Ce passage de l&rsquo;individu clandestin mentionn&eacute; dans l&rsquo;atomisme &eacute;conomique &agrave; sa version sociale et collective dans une extension de la clandestinit&eacute; fait bien &eacute;merger une soci&eacute;t&eacute; clandestine au sein m&ecirc;me de la soci&eacute;t&eacute; initiale. C&rsquo;est tout l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de l&rsquo;analyse d&rsquo;Ulrike Meinhof lorsqu&rsquo;elle &eacute;voque la strat&eacute;gie de gu&eacute;rilla, la primaut&eacute; du groupe qui pense, ressent et agit en tant que groupe comme elle l&rsquo;&eacute;crit. Se reconstitue une organisation sociale jusqu&rsquo;&agrave; fabriquer des chefs dont la militante r&eacute;volutionnaire reconna&icirc;t l&rsquo;utilit&eacute; pour guider le groupe. Et cette pens&eacute;e du groupe clandestin r&eacute;active, tr&egrave;s paradoxalement l&agrave; encore, des figures primitives d&rsquo;un chef charismatique et quasi messianique. Elle dit d&rsquo;Andr&eacute;as Baader qu&rsquo;il s&rsquo;est lib&eacute;r&eacute; de toute propri&eacute;t&eacute; jusqu&rsquo;&agrave; lui-m&ecirc;me et qu&rsquo;il &laquo;&nbsp;<i>r&eacute;alise la fonction fondamentale de guerillero, &agrave; savoir penser le groupe et ainsi pouvoir guider son proc&egrave;s.</i>&nbsp;&raquo; En se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; Ulrike Meinhof, nous voulons montrer que la clandestinit&eacute; collective invente des rites encore plus enfermant au sein desquels la soumission est encore plus grande, dans un ordre social plus autoritaire et illusoirement prometteur. Il y aurait l&agrave; un retournement dialectique int&eacute;ressant, d&rsquo;un comportement initialement produit par un individualisme et un &eacute;go&iuml;sme cherchant profit pour soi &agrave; la constitution d&rsquo;une clandestinit&eacute; sociale faisant &eacute;merger de nouveaux codes sociaux dans des communaut&eacute;s clandestines revendiquant leur r&egrave;gle, &agrave; c&ocirc;t&eacute;, contre, en opposition &agrave; une soci&eacute;t&eacute; &eacute;tablie. En voulant exister contre, en s&rsquo;isolant puis en nouant de nouvelles relations clandestines, chaque clandestin passerait d&rsquo;une recherche de son autonomie &agrave; une soumission consentie puis subie &agrave; un groupe dominant ali&eacute;nant plus encore son &eacute;go dissout dans le groupe clandestin. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La clandestinit&eacute; collective fait pr&eacute;valoir une alternative sociale o&ugrave; des r&egrave;gles sociales fusionnelles viennent se substituer aux r&egrave;gles contest&eacute;es. C&rsquo;est l&rsquo;enseignement m&ecirc;me d&rsquo;Ulrike Meinhof. Et cela rappelle le groupe primaire autrefois d&eacute;nomm&eacute; primitif par les anthropologues au sein duquel l&rsquo;individu a peu de r&eacute;alit&eacute; puisqu&rsquo;il est agi par le groupe, il est membre d&rsquo;un corps qui le surpasse. Le groupe y pr&eacute;c&egrave;de l&rsquo;individu jusqu&rsquo;&agrave; r&eacute;aliser ce qu&rsquo;Ulrike Meinhof d&eacute;crit&nbsp;: cette expulsion du moi en dehors de soi pour devenir clandestin &agrave; soi-m&ecirc;me au b&eacute;n&eacute;fice d&rsquo;un ego-collectif. Mais cette clandestinit&eacute; collective fabrique alors potentiellement une agressivit&eacute; et une violence du groupe qui agit chacun de ses membres comme les instruments de la survie puis de la puissance du groupe clandestin. Peu importe que la cause soit jug&eacute;e par l&rsquo;histoire comme l&eacute;gitime ou non, la clandestinit&eacute; fabrique une hostilit&eacute; et elle l&eacute;gitime une violence &agrave; ce qui l&rsquo;environne. L&agrave; encore, elle insinue bien que le passage &agrave; la clandestinit&eacute; induit la violence jusqu&rsquo;&agrave; la terreur. C&rsquo;est ce passage-l&agrave; qui acte celui &agrave; la violence. Et Ulrike Meinhof de d&eacute;crire cette &laquo;&nbsp;<i>antinomique ego du clandestin</i>&nbsp;&raquo; sacrifiant plus encore l&rsquo;ego sur l&rsquo;autel de la cause commune du passage &agrave; la clandestinit&eacute;. En r&eacute;futant l&rsquo;interaction sociale et ses r&egrave;gles, les clandestins agissent en rupture. En refusant la transaction raisonn&eacute;e, en renon&ccedil;ant &agrave; l&rsquo;altruisme, les clandestins adoptent une posture observable aussi chez les adolescents contestant l&rsquo;organisation familiale jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;f&eacute;rer les lois de la bande du quartier, exotiques d&rsquo;abord, r&eacute;pressives et ali&eacute;nantes ensuite pour agir dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t du collectif&nbsp;: violence, rapine, d&eacute;lit, trafic, &eacute;conomies clandestines, etc. Le clandestin s&rsquo;engage en marge dans une refondation sociale par contestation des formes d&rsquo;engagements qui elles aussi existent bien dans une organisation familiale, sociale ou politique. Voil&agrave; pourquoi, il faut montrer que l&rsquo;engagement altruiste existe bel et bien. </span></span></span></span></span></p> <h2 class="Default" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3. Les ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;engagements </span></b></span></span></span></h2> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme produit cette clandestinit&eacute; collective jusqu&rsquo;&agrave; une soci&eacute;t&eacute; r&eacute;gressive et violente, elle omet donc la complexit&eacute; phylog&eacute;n&eacute;tique des soci&eacute;t&eacute;s historiques au sein desquels l&rsquo;altruisme a sa part. C&rsquo;est le sens de cette derni&egrave;re partie consacr&eacute; &agrave; la r&eacute;alit&eacute; des engagements altruistes. Des th&eacute;ories sociales soulignent les conditions dans lesquelles s&rsquo;installaient des solidarit&eacute;s et des coop&eacute;rations. Cette coop&eacute;ration est &eacute;tudi&eacute;e par des sociologues et des &eacute;conomistes, le plus souvent dans le prolongement de la th&eacute;orie du don et du contre don de Marcel Mauss. Elle conduit &agrave; une th&eacute;orie de l&rsquo;altruisme o&ugrave; se mettent en place des engagements sociaux. Et cette aptitude au don sans contrepartie directe est observable dans les soci&eacute;t&eacute;s humaines et animales, l&rsquo;&eacute;thologie confirme que l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme est loin d&rsquo;&ecirc;tre une disposition naturelle universelle et exclusive, mais bien le fruit d&rsquo;une construction intellectuelle dont la repr&eacute;sentation dominante rel&egrave;ve d&rsquo;un choix philosophique r&eacute;ductionniste. En effet, l&rsquo;observation des groupes d&rsquo;&ecirc;tres vivants atteste de l&rsquo;altruisme, voire du sens du sacrifice. Comment mettre alors l&rsquo;homme en situation d&rsquo;exception radicale, en dehors du r&egrave;gne du vivant&nbsp;? Il faudrait expliquer rigoureusement une telle discontinuit&eacute; logique et ontologique entre l&rsquo;homme et les mammif&egrave;res sociaux par exemple. Serions-nous &agrave; ce point &agrave; part du r&egrave;gne animal, et ce, en vertu de quel principe ontologique&nbsp;? </span></span></span></span></span></p> <h3 class="Default" style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3.1. Les engagements altruistes </span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les comportements altruistes tiennent &agrave; plusieurs dimensions qui transforment le mod&egrave;le de la d&eacute;cision rationnelle isol&eacute;e de l&rsquo;agent &eacute;conomique. Deux exemples permettent de mesurer que les communs motivent des comportements tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;s de celui du passager clandestin. Examinons 1) les <i>missions de sauvetages en mer</i> et leur histoire. Poursuivons par 2) le <i>militantisme associatif</i>.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1) Les <i>missions de sauvetages en mer</i> sont n&eacute;es lors de la fondation de la Royal Humane Society dont la France s&rsquo;inspirera dans la Soci&eacute;t&eacute; Nationale de Sauvetage en Mer fran&ccedil;aise (SNSM). Olson a exclu de son analyse ces groupes sociaux. Pourtant, ces groupes existent et leur gen&egrave;se tient &agrave; l&rsquo;initiative de m&eacute;decins puis &agrave; l&rsquo;&laquo;&nbsp;esprit de corps&nbsp;&raquo; de professionnels expos&eacute;s aux m&ecirc;mes risques, comprenant tous que le sauvetage est une mission solidaire o&ugrave; sauver la vie de l&rsquo;autre se fait en prenant par ailleurs le risque d&rsquo;exposer sa propre vie. Le p&eacute;ril de l&rsquo;un devient le p&eacute;ril de l&rsquo;autre mais le sauvetage est effectu&eacute; et l&rsquo;institution organise la mission d&rsquo;assistance entre gens de la mer. Le ressort de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique suffit-il &agrave; expliquer l&rsquo;&eacute;mergence et la permanence de ces institutions, b&eacute;n&eacute;voles de surcro&icirc;t&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leur g&eacute;n&eacute;alogie apporte d&eacute;j&agrave; quelques explications. William Hawes, m&eacute;decin, d&eacute;veloppe des techniques de r&eacute;animation. Il est rejoint par Thomas Cogan, int&eacute;ress&eacute; par ces techniques pour pr&eacute;server la vie des accident&eacute;s de l&rsquo;eau. Ils r&eacute;unissent des amis pour une r&eacute;union fondatrice en 1774. Ils ont ind&eacute;niablement un int&eacute;r&ecirc;t au sens scientifique pour perfectionner leur technique de secourisme, mais leur association ne correspond &agrave; aucun int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique. La Royal Humane Society installe des d&eacute;p&ocirc;ts et forment des personnes &agrave; ces techniques avec des appareils de sauvetage. Les ports et villes c&ocirc;ti&egrave;res anglaises b&eacute;n&eacute;ficient de ces installations. Les sauveteurs en mer en France s&rsquo;installent &agrave; Boulogne-sur-Mer en 1825 sous l&rsquo;influence des Anglais. L&agrave; aussi, la mission est le sauvetage des personnes en p&eacute;ril dont les navires lors des temp&ecirc;tes. Dans les deux cas, les membres ne retirent aucun profits ou int&eacute;r&ecirc;ts personnels &agrave; leur participation. Ils ne tirent aucune gloire si ce n&rsquo;est l&rsquo;estime des autres ou la reconnaissance publique &agrave; l&rsquo;occasion de faits de bravoure, parfois <i>post mortem</i>. La plupart agit toute une vie dans le plus complet anonymat.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces groupes sociaux tr&egrave;s institu&eacute;s traversent des g&eacute;n&eacute;rations et deviennent des biens communs du fait des techniques apprises, des mat&eacute;riels entretenus et des exp&eacute;riences de sauvetage. Cette assistance altruiste produit la coh&eacute;sion de ces groupes et entretient l&rsquo;acceptation de la prise de risque du fait de cette rassurance mutuelle d&rsquo;un acte de sauvetage, au cas o&ugrave;. Et, sauf &agrave; faire de la notion d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, un mot &agrave; l&rsquo;extension infinie et donc insignifiante, il n&rsquo;est pas l&agrave; question d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique. L&rsquo;action est d&eacute;sint&eacute;ress&eacute;e sans contrepartie financi&egrave;re. Elle est altruiste au sens social. Et au sein du groupe, personne ne peut s&rsquo;y comporter en passager clandestin. J&rsquo;ai le souvenir de ces trois marins sablais bravant la temp&ecirc;te pour sauver un marin solitaire imprudent <a href="#_ftn27" name="_ftnref27" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[27]</span></span></span></span></span></a>. Ego&iuml;sme&nbsp;!</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2) Le <i>militantisme associatif</i> est un autre cas et l&rsquo;exemple des chasseurs d&eacute;fendant un usage, une histoire, un patrimoine et une pr&eacute;servation des &eacute;quilibres de la nature illustrent une action au service de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t commun. C&rsquo;est l&agrave; encore factuel. Rappelons que l&rsquo;organisation de la chasse a pour premier objectif la lutte contre le braconnage et la destruction anarchique des esp&egrave;ces. D&rsquo;ailleurs, le braconnier est un clandestin, puisqu&rsquo;il agit dans son int&eacute;r&ecirc;t &eacute;go&iuml;ste en s&rsquo;emparant furtivement du gibier d&rsquo;autrui &agrave; son insu. Certains pays souffrent de la destruction de nombreuses esp&egrave;ces du fait de l&rsquo;absence de ces organisations collectives. Les associations de chasseurs organisent la gestion des esp&egrave;ces dans un int&eacute;r&ecirc;t commun, celui du maintien des esp&egrave;ces chassables dans la dur&eacute;e en pr&eacute;servant les territoires des d&eacute;g&acirc;ts des gibiers&nbsp;dont la destruction de la for&ecirc;t par les grands herbivores par exemple ou leur nuisance sur les cultures. A noter que lors de la colonisation, en l&rsquo;absence de telles organisations r&eacute;gulatrices sur un territoire per&ccedil;u comme un libre territoire et non comme un commun, les colons-clandestins ont all&egrave;grement agit jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;extinction du c&eacute;l&egrave;bre dodo <a href="#_ftn28" name="_ftnref28" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[28]</span></span></span></span></span></a> et fr&ocirc;l&eacute; l&rsquo;extinction des bisons des grandes plaines nord-am&eacute;ricaines pour les m&ecirc;mes raisons&nbsp;: le colon au comportement de clandestin. Leur libert&eacute; individuelle ne connaissait en ces circonstances, aucune entrave&nbsp;: clandestins agissant librement sur un territoire &agrave; leur avantage imm&eacute;diat.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces associations exercent des missions de sauvegarde des esp&egrave;ces, de suivi des populations et de r&eacute;gulation. Il existe donc de nombreuses motivations&nbsp;: protection, pr&eacute;servation, administration et satisfaction de l&rsquo;activit&eacute; m&ecirc;me de la chasse. Les f&eacute;d&eacute;rations revendiquent d&rsquo;ailleurs cette pluralit&eacute; d&rsquo;actions <a href="#_ftn29" name="_ftnref29" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[29]</span></span></span></span></span></a>. Ce groupe constitu&eacute; de plus d&rsquo;un million de membres en France exprime ce souhait. Elle r&eacute;pond &agrave; un int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral&nbsp;: maintenir les populations des esp&egrave;ces en l&rsquo;absence d&rsquo;autres grands pr&eacute;dateurs naturels, voire lutter contre des esp&egrave;ces invasives. Ce groupe est compos&eacute; de membres aux motivations vari&eacute;es, trouvant l&agrave; un nuancier infini, du chasseur motiv&eacute; par le loisir, &agrave; celui fascin&eacute; par des esp&egrave;ces, &agrave; d&rsquo;autres int&eacute;ress&eacute;s par une pr&eacute;servation de leur terre agricole et d&rsquo;autres encore pr&eacute;f&eacute;rant la chasse &agrave; une introduction de pr&eacute;dateurs entrainant d&rsquo;autres risques&nbsp;: loup, ours, etc.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Entre l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t personnel au sens &eacute;conomique et d&rsquo;autres formes d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts, la chasse introduit une v&eacute;ritable complexit&eacute;. Le chasseur d&eacute;pense de l&rsquo;argent pour mener &agrave; bien son activit&eacute; de loisir&nbsp;: mat&eacute;riel, v&ecirc;tement, permis, d&eacute;placement, etc. sans revenu en contrepartie. Ce loisir est une d&eacute;pense on&eacute;reuse dont la compensation est le plaisir de l&rsquo;activit&eacute; &agrave; l&rsquo;instar du sportif. Celui-ci est aussi un plaisir collectif, fait de retrouvailles, d&rsquo;&eacute;changes, d&rsquo;histoires, de convivialit&eacute;s et d&rsquo;actions men&eacute;es ensemble et de connaissances communes. L&rsquo;exp&eacute;rience humaine y a sa part. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t personnel au sens &eacute;conomique est donc pr&eacute;sent mais limit&eacute;. La chasse r&eacute;unit des facteurs de plaisir, d&rsquo;utilit&eacute; et m&ecirc;me de n&eacute;cessit&eacute; dans le cas des esp&egrave;ces invasives ou de surpopulation.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De fait, le r&eacute;ductionnisme d&rsquo;Olson suscite alors trois questions&nbsp;: </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1) Celle de la l&eacute;gitimit&eacute; exp&eacute;rimentale d&rsquo;une telle exclusive, jamais &eacute;tay&eacute;e autrement que par des assertions et quelques &eacute;quations sommaires. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2) &nbsp;Celle de l&rsquo;autorit&eacute; &eacute;pist&eacute;mologique inh&eacute;rente &agrave; une conclusion qui, sans le dire, disqualifie des milliers de recherches contraires, voire des disciplines dans leur objet et approches. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3) Celle <i>in fine</i> de sa scientificit&eacute;, puisqu&rsquo;une telle extension rel&egrave;ve plus d&rsquo;un proc&eacute;d&eacute; id&eacute;ologique ou d&rsquo;une fausse science&nbsp;fond&eacute;e sur la vision a priori d&rsquo;un homme &eacute;go&iuml;ste et calculateur que de la modestie d&rsquo;une recherche toujours limit&eacute;e dans ses conclusions. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est pourquoi, nous souhaitons ici opposer la modeste r&eacute;alit&eacute; des enseignements des psychologues et sociologues &agrave; cette d&eacute;rive imp&eacute;riale de l&rsquo;&eacute;conomie classique, concernant les ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;engagement.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces ph&eacute;nom&egrave;nes sont pour partie observables sans pour autant rendre compte des comportements de tous en toutes circonstances. C&rsquo;est l&agrave; leur limite explicative. Mais ils traduisent des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;engagement et il est important maintenant de comprendre ce qui limite l&rsquo;influence de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme&nbsp;: l&rsquo;engagement est un des facteurs, jusqu&rsquo;au sacrifice.</span></span></span></span></span></p> <h3 class="Default" style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3.2. L&rsquo;engagement sacrificiel</span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">S&rsquo;il est bien une preuve de l&rsquo;insuffisance de la th&eacute;orie du comportement rationnel &eacute;go&iuml;ste, c&rsquo;est l&rsquo;existence du comportement sacrificiel qui contredit totalement l&rsquo;universalit&eacute; du premier. En effet, l&rsquo;aptitude au sacrifice signifie que celui qui va au sacrifice ne tire aucune satisfaction au sens trivial du terme. Il ne r&eacute;pond pas &agrave; une attitude &eacute;go&iuml;ste par construction, mettant des consid&eacute;rations altruistes au-dessus de sa propre permanence et aspiration &agrave; la survie, soit les conditions &eacute;l&eacute;mentaires de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme. Affronter l&rsquo;ennemi au lieu de fuir est une preuve que le comportement du vivant ne peut se restreindre &agrave; une attitude rationnelle, individuelle au service de soi. Le comportement sacrificiel est un fait social en partage avec les animaux d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de l&rsquo;&eacute;thologie. En situation de p&eacute;ril pour la vie des membres d&rsquo;une communaut&eacute; animale ou humaine, certains iront au sacrifice. L&rsquo;un rel&egrave;ve de l&rsquo;&eacute;thologie dans le sacrifice des m&acirc;les dominants pr&ecirc;ts au combat &agrave; l&rsquo;issue incertaine, l&rsquo;autre rel&egrave;ve de la psychologie de l&rsquo;esprit de sacrifice dans une arm&eacute;e professionnelle contemporaine. Concentrons-nous sur le sacrifice au combat, les faits &eacute;thologiques &eacute;tant bien connus.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le comportement de sacrifice ne se dissocie pas d&rsquo;une sacralit&eacute;. Se sacrifier au combat, c&rsquo;est consid&eacute;rer qu&rsquo;il existe un sacr&eacute; m&eacute;ritant le sacrifice pour le prot&eacute;ger. La th&eacute;ologie chr&eacute;tienne explique ce consentement par une offrande de sa propre vie pour ce qui le vaut&nbsp;: sa foi, sa famille et par extension, les modernes y incluront l&rsquo;amour de la patrie. Les militaires ont cette mission, voire cette vocation d&rsquo;envisager leur sacrifice&nbsp;: la mort au combat. A cet &eacute;gard, il est &eacute;difiant d&rsquo;&eacute;tudier l&rsquo;&eacute;volution de la rh&eacute;torique politique et militaire qui minore de plus en plus l&rsquo;ancienne mystique sacrificielle <a href="#_ftn30" name="_ftnref30" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[30]</span></span></span></span></span></a>. L&rsquo;accent est mis sur le m&eacute;tier, la technicit&eacute;, les missions de paix, l&rsquo;interposition en &eacute;vitant le rappel explicite &agrave; ce sacrifice. La mort du militaire est aussi celle d&rsquo;un p&egrave;re ou m&egrave;re de famille laissant des orphelins et, justement, y a-t-il des choses sacr&eacute;es qui m&eacute;ritent le sacrifice de la vie&nbsp;? Au sacrifice de sa vie, il faut ajouter celui du sacrifice de la vie de l&rsquo;autre car le militaire est aussi confront&eacute; &agrave; cette exp&eacute;rience de la mort donn&eacute;e &agrave; l&rsquo;autre. Il s&rsquo;agit bien d&rsquo;un autre sacrifice traumatisant dont les multiples r&eacute;cits et soins accord&eacute;s aux militaires marqu&eacute;s par cette exp&eacute;rience terrible t&eacute;moignent du sacrifice fait aussi en portant la mort, cette autre exp&eacute;rience de la mort&nbsp;: l&rsquo;inversion de l&rsquo;altruisme. La litt&eacute;rature et les chants militaires t&eacute;moignent de cet h&eacute;ro&iuml;sme complexe fait d&rsquo;un esprit de sacrifice d&rsquo;une part de son humanit&eacute; en &eacute;tant pr&ecirc;t &agrave; donner ou recevoir la mort.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce sacrifice du militaire est encadr&eacute;. Le groupe exprime sa reconnaissance, le militaire ayant un statut particulier et des &eacute;v&eacute;nements de la vie commune lui rendent hommage&nbsp;: c&eacute;l&eacute;bration, f&ecirc;te nationale, d&eacute;fil&eacute;s et journ&eacute;e du souvenir des victoires pass&eacute;es. Qu&rsquo;il agisse pour la victoire dans des guerres ou pour la paix dans des interventions internationales de type onusiennes, le militaire n&rsquo;est pas un passager clandestin des armes. A l&rsquo;inverse, les mercenaires ou certaines milices agissent en contrebandiers. Leur motivation tient plus &agrave; la domination, une volont&eacute; de puissance sans r&eacute;serve, la lib&eacute;ration d&rsquo;une violence sans retenue, la rapine et le vol, la soumission des femmes, etc., soit le calcul d&rsquo;une vie d&eacute;brid&eacute;e de toute contrainte dont le prix est le risque de sa fin brutale. Sans ces contreparties sociales symboliques, le militaire pourrait devenir un clandestin des armes. L&agrave; encore, appartenance et engagement expliquent une organisation politique mieux ma&icirc;tris&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si les soci&eacute;t&eacute;s animales t&eacute;moignent de l&rsquo;aptitude au sacrifice sans culture ni civilisation, qu&rsquo;en est-il alors du statut &eacute;pist&eacute;mologique de l&rsquo;assertion du principe du passager clandestin&nbsp;? Est-ce une construction en vue d&rsquo;une analyse utile &agrave; des exercices &eacute;conomiques, alors par d&eacute;finition parcellaire et sans pr&eacute;tention &agrave; leur universalisation&nbsp;? Est-ce un postulat id&eacute;ologique d&rsquo;une philosophie &eacute;conomique partisane, alors sa contestation rel&egrave;ve du libre d&eacute;bat d&rsquo;id&eacute;e, sans l&agrave; encore d&rsquo;autres pr&eacute;tentions que de faire la preuve de son efficacit&eacute; politique &agrave; long terme, ce dont nous pouvons tr&egrave;s largement douter&nbsp;; surtout si l&rsquo;efficacit&eacute; inclut la durabilit&eacute; et soutenabilit&eacute; du mod&egrave;le.</span></span></span></span></span></p> <h2 class="Default" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Conclusions </span></span></b></span></span></span></h2> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Concluons d&rsquo;abord sur la question du passager clandestin. L&rsquo;affirmation du seul moteur de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme en &eacute;conomie conduit &agrave; promouvoir le r&egrave;gne du passager clandestin qui tire profit de toutes les situations d&rsquo;&eacute;changes &agrave; son profit. L&rsquo;utilit&eacute; de la clandestinit&eacute; est d&rsquo;ailleurs de ce point de vue ind&eacute;niable, et bon nombre de comportements observables attestent de sa pratique. Mais son encouragement fait passer du choix &eacute;go&iuml;ste &agrave; la constitution d&rsquo;une contre-soci&eacute;t&eacute; clandestine avec le risque inh&eacute;rent &agrave; sa g&eacute;n&eacute;ralisation. L&rsquo;&eacute;conomiste individualiste omet l&rsquo;autre face de la contestation de la vie en groupe. Il y a rejet voire r&eacute;bellion contre l&rsquo;ordre social du groupe initial d&rsquo;appartenance. Cette fuite constitue une rupture, une protestation. L&rsquo;&eacute;conomiste omet alors sa socialisation par sa g&eacute;n&eacute;ralisation qui entra&icirc;ne un ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;objectivation d&rsquo;un march&eacute; de l&rsquo;obligation fa&icirc;te au syst&egrave;me de lui rendre des services sans contrepartie d&rsquo;aucune sorte,&nbsp;les clandestins s&rsquo;excluant de toute loyaut&eacute;, ob&eacute;issance, conformit&eacute;, participation solidarit&eacute;, activit&eacute;, utilit&eacute; &eacute;conomique ou sociale en se constituant en groupes alternatifs contestataires ou violents. Cette clandestinit&eacute; sociale, des &eacute;lites ou d&rsquo;autres parties de la population, engendre alors un mod&egrave;le protestataire et asym&eacute;trique. Le monde me-nous doit, les autres me-nous doivent et ma-notre clandestinit&eacute; devient progressivement cette norme qui autorise d&rsquo;user sans participer, d&rsquo;agresser pour obtenir&nbsp;: bandes, mafias, milices, oligarchies pr&eacute;datrices, etc. Le revenu universel pourrait relever de cette clandestinit&eacute; sociale&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En affichant l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme jusqu&rsquo;&agrave; la promotion de la clandestinit&eacute; qui en est une cons&eacute;quence d&eacute;crite par les &eacute;conomistes, certains Etats liquident la soci&eacute;t&eacute; de participation solidaire. Au fond, l&rsquo;universalisation du comportement &eacute;go&iuml;ste du passager clandestin pose &agrave; l&rsquo;&eacute;conomiste quelques questions et aux politistes quelques autres par sa socialisation tr&egrave;s peu &eacute;tudi&eacute;e et pour laquelle les r&eacute;flexions d&rsquo;Ulrike Meinhof sont &eacute;clairantes. Elles interrogent finalement sur la nature d&rsquo;un r&eacute;gime politique favorisant ce rejet de la sociabilit&eacute; commune, quel qu&rsquo;en soit l&rsquo;habillage s&eacute;mantique&nbsp;: migrants &eacute;conomiques ou &eacute;cologiques, libres circulations des biens et des personnes, organisations mafieuses ou ploutocratique de l&rsquo;Etat et m&ecirc;me revenu universel transformant chacun en clandestin d&rsquo;un syst&egrave;me, etc. qui promeuvent une forme, voire un droit &agrave; la clandestinit&eacute;. Or l&rsquo;apologie du clandestin qui s&rsquo;oppose aux r&egrave;gles du groupe a tout d&rsquo;une subversion puis d&rsquo;une substitution d&rsquo;un ordre politique par un autre. A la suite des analyses d&rsquo;Ulrike Meinhof, l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme engendrerait bien une r&eacute;gression sociale des relations humaines et des institutions politiques qui les coordonnent. La r&eacute;gression personnelle pr&eacute;c&eacute;derait la r&eacute;gression sociale en voulant se lib&eacute;rer d&rsquo;un altruisme v&eacute;cu comme une succession de r&egrave;gles contraignantes. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin, l&rsquo;&eacute;conomiste traduit-il une pens&eacute;e ou plus encore une forme de d&eacute;testation de la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;? Plus qu&rsquo;une description, il r&eacute;aliserait une projection tronqu&eacute;e. Sur le plan &eacute;pist&eacute;mologique d&eacute;j&agrave;, cette absence de souci de la compl&eacute;mentarit&eacute; atteste d&rsquo;une repr&eacute;sentation restrictive, appauvrie et abusive. Ce pros&eacute;lytisme m&eacute;thodologique est scientifiquement incons&eacute;quent mais politiquement significatif d&rsquo;une intention de fabrication d&rsquo;un monde &agrave; l&rsquo;instar de sa repr&eacute;sentation qui n&rsquo;est en rien une description, mais bien une construction. Sur le plan psychologique, comment s&rsquo;installer dans la n&eacute;gation des affections, des &eacute;motions, des souffrances et des d&eacute;sirs humains sans soi-m&ecirc;me se d&eacute;shumaniser au fil de sa d&eacute;marche pr&eacute;tendument scientifique, privil&eacute;giant l&rsquo;apathie jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;extran&eacute;ation&nbsp;? L&rsquo;&eacute;conomisme seul nous conduit alors &agrave; une vaste r&eacute;gression sociale qui est en marche sous nos yeux. Il est simplement n&eacute;cessaire de d&eacute;crire l&rsquo;homme plus que de le d&eacute;construire pour le reconstruire selon ses repr&eacute;sentations en &eacute;coutant ce que disent toutes les disciplines qui l&rsquo;examinent selon des angles distincts mais toujours compl&eacute;mentaires. Derri&egrave;re cette apparente g&eacute;n&eacute;rosit&eacute; universelle de la tol&eacute;rance pour toutes sortes d&rsquo;expression de la clandestinit&eacute;, il y aurait le refus de la relation sociale&nbsp;: ses contreparties, ses dettes sociales ou ses jeux de dons et contre-dons&nbsp;; soit une soci&eacute;t&eacute; r&eacute;gressive et tyrannique &agrave; l&rsquo;instar des descriptions d&rsquo;Ulrike Meinhof, car le prix de la clandestinit&eacute; admise et reconnue serait bien l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une tyrannie faisant payer le prix de son salaire. </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p align="center" class="Default" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></b></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ALLAIS, Maurice, <i>Trait&eacute; d&rsquo;&eacute;conomie pure</i>, 1994, Paris, Editions Cl&eacute;ment Juglar</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ALLAIS, Maurice, <i>Puissance et dangers de l&rsquo;outil math&eacute;matique en &eacute;conomie</i>, 1994, Paris, Econometrica, vol.22</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BARNES, Barry, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Science in context&nbsp;: readings in the sociology of science</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 1982, </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Milton Keynes&nbsp;: Open University Press</span></span> </span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BASTIAT, Fr&eacute;d&eacute;ric, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, 1864, Paris, Editions Guillaumin</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BECKER, Gary.S., <i>A Theory of Social Interaction</i>, 1974, Journal of Political Economy, vol. 82, p. 1063-1093</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BECKER, Gary.S., <i>A Treatise on the Family</i>, 1991, Harvard University Press</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BECKER, Gary.S., </span></span><i><span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Altruism, Egoism, and Genetic Fitness: Economics and sociobiology</span></span></i><span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 1976, </span></span><span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Journal of Political Economy, Vol. 14, n&deg;3, d&eacute;cembre, p.817-826</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BECKER, Gary.S.,</span></span><i><span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Altruism in the Family and Selfishness in the Market Place</span></span></i><span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 1981, </span></span><span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Economica, Vol. 48, n&deg;189, f&eacute;vrier, p.1-16</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERQUE, Augustin, <i>Milieu et logique du lieu chez Watsuji</i>, 1994, in Revue philosophique de Louvain, n&deg;92-4, p.495-507</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CERTEAU, Michel de, <i>L&rsquo;invention du quotidien</i>, 1990, Paris, Editions Gallimard</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DESJEUX, Dominique, <i>Les sciences sociales</i>, 2004, Paris, PUF</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DEWEY, John, <i>Reconstruction en philosophie</i>, 2014, Paris, Editions Gallimard</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DONNI, Olivier et PONTHIEUX, Sophie, <i>Approches &eacute;conomiques du m&eacute;nage : du mod&egrave;le unitaire aux d&eacute;cisions collectives</i>, 2011, Revue Travail, genre et soci&eacute;t&eacute;s, 2011-2, n&deg; 26, Paris, Editions La D&eacute;couverte, p. 67-83 </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">GROSSETTI, Michel, <i>L&rsquo;espace &agrave; trois dimensions des ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux</i>, 2011, Paris, SociologieS, </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HAYEK, Friedrich von,</span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Scientisme et sciences sociales&nbsp;: essai sur le mauvais usage de la raison</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 1953, Paris, Editions Plon</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HAYEK, Friedrich von,</span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> La th&eacute;orie des ph&eacute;nom&egrave;nes complexes</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 2011, Paris, Institut Coppet</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HAYEK, Friedrich von,</span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Des sortes de rationalisme, </span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1964, Paris, Editions Les belles lettres</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HUSSERL, Edmond, <i>La crise des sciences europ&eacute;ennes et la ph&eacute;nom&eacute;nologie transcendantale</i>, 1976, Paris, Edition Gallimard </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HONNETH, Axel, <i>La Lutte pour la reconnaissance</i>, 2000, Paris, Editions du Cerf</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LALLEMENT, J&eacute;r&ocirc;me, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Walras et les math&eacute;matiques, un malentendu persistant</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 2005, Paris, L&rsquo;Harmattan, p. 81-104 </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LECAILLON, Jean-Didier, JEROME, Bruno, <i>Le comportement des acteurs du march&eacute; du don</i>, 2011, Revue fran&ccedil;aise d&rsquo;&eacute;conomie, volume XXVI, p. 57-80</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LE GAL, Patrick, <i>L&rsquo;esprit de Sacrifice dans une arm&eacute;e professionnelle aujourd&rsquo;hui</i>, 2006, </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LENFANT, Jean-S&eacute;bastien, <i>Psychologie individuelle et stabilit&eacute; d&rsquo;un &eacute;quilibre g&eacute;n&eacute;ral concurrentiel dans le trait&eacute; d&rsquo;&eacute;conomie pure</i>, 2005, Paris, Revue &eacute;conomique 2005/4 Vol. 56 &ndash; p. 855-888, Presses de Sciences Po</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LUHMANN, Niklas, <i>Syst&egrave;mes sociaux&nbsp;: Esquisse d&#39;une th&eacute;orie g&eacute;n&eacute;rale</i>, 2011, Qu&eacute;bec,</span></span>&nbsp;<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Presses_de_l%27Universit%C3%A9_Laval" style="color:blue; text-decoration:underline" title="Presses de l'Université Laval"><span lang="FR" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Presses de l&#39;Universit&eacute; Laval</span></span></span></span></span></a></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LUHMANN, Niklas, <i>La Confiance&nbsp;: Un m&eacute;canisme de r&eacute;duction de la complexit&eacute; sociale</i>, 2006, Paris, Economica</span></span>&nbsp;</span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LUHMANN, Niklas, <i>Politique et complexit&eacute;&nbsp;: Les contributions de la th&eacute;orie g&eacute;n&eacute;rale des syst&egrave;mes</i>, 1999, Paris, Editions du Cerf</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LUNDBERG, Shelly, POLLAK, Robert et WALES, Terence, <i>Do Husbands and Wives Pool their Resources ? Evidence from the UK Child Benefit</i>,<i> </i>1997, in The Journal of Human Resources, vol. 32, n&deg; 3, p. 463-480.</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MCKILLOP, A. B., (2003). <i>Id&eacute;alisme, &eacute;thique et soci&eacute;t&eacute; : R. M. MacIver et la sociologie &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Toronto</i>, 2003, in Cahiers de recherche sociologique, (39), 205&ndash;225.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MAHIEU, Fran&ccedil;ois-R&eacute;gis et RAPOPORT, Hillel, <i>Altruisme</i>, 1998, Paris, Editions Economica</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MATALON, Benjamin, <i>La construction de la science. De l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie &agrave; la sociologie de la connaissance scientifique</i>, 1996, Lausanne, Editions Delachaux et Niestl&eacute;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MAUSS, Marcel, <i>Essai sur le don</i>, 2007, Paris, PUF</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MORISSON, Christian et CAZENAVE, Philippe, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fonctions d&#39;utilit&eacute; interd&eacute;pendantes et th&eacute;orie de la redistribution en &eacute;conomie d&#39;&eacute;change</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 1972, </span></span><a href="https://www.researchgate.net/journal/0035-2764_Revue_economique" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank"><span lang="FR" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Revue &eacute;conomique</span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;23(2), p.214-242</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MUCHIELLI, Roger, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La dynamique des groupes</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, Paris, ESF, 1965</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">OBERLE, Dominique, <i>Le groupe en psychologie sociale</i>, 1990, Paris, Editions Dunod</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">OLSON, Mancur, <i>Logique de l&rsquo;action collective</i>, 2011, Bruxelles, Editions de l&rsquo;Universit&eacute; de Bruxelles</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">OSTROM, Elinor, <i>Gouvernance des biens communs</i>, 2010, Louvain-la-Neuve, Editions de Boeck</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">OSTROM, Elinor, WALKER, J. et RADNER, R., <i>Covenants with and without a Sword : Self-Governance is possible</i>, 1992, American Political Science Review, Vol. 86, n&deg;2, p.404-417 </span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PAPILLOUD, Christian, <i>Georg Simmel. La dimension sociologique de la wechselwirkung, </i></span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Times-Roman"><span style="color:#231f20">2000, </span></span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Times-Italic"><span style="color:#231f20">Revue europ&eacute;enne des sciences sociales</span></span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Times-Roman"><span style="color:#231f20">, Tome XXXVIII, , N&deg; 119, p.103-129</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PIZZORNO, Alessandro, <i>Comunit&agrave; e razionalizzazione</i>, 1960, Turin, Editions Giulio Einaudi <i>&nbsp;</i>&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">REVEL, Jacques, <i>Jeux d&rsquo;&eacute;chelles. La micro-analyse &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience</i>, 1996, Paris, Editions Gallimard-Seuil EHESS</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">SIMMEL, Georg, <i><span style="color:#231f20">&Uuml;ber sociale Differenzierung</span></i><span style="color:#231f20">, (1890), 1989, Frankfurt am Main, Editions H.-J. Dahme, O. Rammstedt, Suhrkamp</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#231f20">SIMMEL, Georg, </span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Soziologie </span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(1908), 1992, Frankfurt am Main, Editions K. Ch. </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">K&ouml;hnke, O. Rammstedt, Suhrkamp</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">SOFER, Catherine, <i>Choix familiaux et politiques publiques</i>, 2012, Revue fran&ccedil;aise d&rsquo;&eacute;conomie, 2012/1 Volume XXVII, p.9-45</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">TARDE, Gabriel, <i>Psychologie &eacute;conomique</i>, 1902, Paris, Editions Alcan</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">VILLEVAL, Marie-Claire, <i>Quand le march&eacute; ne suffit plus&nbsp;: biens publics et coop&eacute;ration conditionnelle</i>, in Id&eacute;es &eacute;conomiques et sociales, n&deg;161, 2010 &ndash; 3, p.6-14</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">WALRAS, L&eacute;on, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Eacute;l&eacute;ments d&rsquo;&eacute;conomie politique pure ou th&eacute;orie de la richesse sociale</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&OElig;uvres &Eacute;conomiques Compl&egrave;tes, </span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">vol VIII, 1988, Paris, Editions Economica.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">WALRAS, L&eacute;on, <i>Une branche nouvelle de la math&eacute;matique. De l&rsquo;application des math&eacute;matiques &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie politique </i>in <i>M&eacute;langes d&#39;&eacute;conomie politique et sociale</i>, <i>OEC </i>vol. VII, 1987, Paris, Editions Economica </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">WALRAS, L&eacute;on, <i>Esquisse d&rsquo;une doctrine &eacute;conomique et sociale </i>in <i>&Eacute;tudes d&#39;&eacute;conomie politique appliqu&eacute;e (th&eacute;orie de la production de la richesse sociale)</i>, 1938, Lausanne, Editions Rouge, 2</span></span><span style="font-size:6.5pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">e </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&eacute;dition</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">WATSUJI, Testsuro,<i>&nbsp; F&ucirc;do, le milieu humain</i>, 2011, Paris CNRS Editions</span></span></span></span></span></p> <p class="titre-article" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">WOLFF, Fran&ccedil;ois-Charles, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">D&eacute;veloppements r&eacute;cents en &eacute;conomie de la famille</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">, 2012, </span></span><span style="color:black"><a href="https://www.cairn.info/revue-economique.htm" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Revue &eacute;conomique</span></span></span></span></a></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">,&nbsp;</span></span><span style="color:black"><a href="https://www.cairn.info/revue-economique-2012-2.htm" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Vol. 63, </span></span></span></span></a></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">&nbsp;p.181-185</span></span></span></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="Default" style="text-align:justify; text-indent:21.3pt">&nbsp;</p> <p class="titre-article">&nbsp;</p> <p class="titre-article">&nbsp;</p> <p class="Default">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> <span style="background:white"><span style="color:black">Carlos Ghosn, dirigeant du groupe automobile Renault Nissan, interrog&eacute; apr&egrave;s son &eacute;vasion du Japon par une t&eacute;l&eacute;vision libanaise estime <em><span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">&laquo;&nbsp;ridicules&nbsp;&raquo;&nbsp;</span></em>les d&eacute;clarations de la ministre de la Justice japonaise, souhaitant sa comparution au Japon. C. Ghosn juge&nbsp;:<em><span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">&nbsp;&laquo;&nbsp;Le syst&egrave;me judiciaire (japonais) est totalement r&eacute;trograde&nbsp;&raquo;</span></em> dans son entretien &agrave; la cha&icirc;ne libanaise LBC. Il pr&eacute;f&egrave;re le Liban&nbsp;:&nbsp;<em><span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">&laquo;&nbsp;Je coop&eacute;rerai pleinement avec la justice libanaise, avec qui je suis plus &agrave; l&#39;aise que je ne l&#39;&eacute;tais avec la justice japonaise&nbsp;&raquo;</span></em>. Attitude typique du clandestin qui se fait juge des syst&egrave;mes judiciaires devant lesquels il doit rendre des comptes en jugeant plus l&eacute;gitime de compara&icirc;tre devant la juridiction qui lui convient. Le comportement du passager clandestin est manifeste jusqu&rsquo;&agrave; faire son march&eacute; entre syst&egrave;mes judiciaires pr&eacute;f&eacute;rant le plus conforme &agrave; ses v&oelig;ux, oubliant le fondement m&ecirc;me du droit qui est que celui-ci s&rsquo;applique ind&eacute;pendamment du consentement du &laquo;&nbsp;pr&eacute;venu&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Il faut se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre magistrale du philosophe japonais Watsuji&nbsp;: <i>F&ucirc;do, le milieu humain</i> o&ugrave; il d&eacute;veloppe la notion de subjectit&eacute; dont Augustin Berque r&eacute;sume tr&egrave;s bien le sens dans son article : &laquo;&nbsp;<i>Watsuji pose ici une distinction fondatrice entre le milieu (f&ucirc;do) et l&rsquo;environnement (kanky&ocirc;). L&rsquo;environnement, mati&egrave;re &agrave; science positive, s&rsquo;analyse en termes de relation entre des objets (taisho). Le milieu, lui, est tiss&eacute; par les relations (kakawari) qui fondent l&rsquo;existence de l&rsquo;homme en tant que sujet (shutai). Il suppose donc cette subjectit&eacute; (shutasei) de l&rsquo;existence humaine.</i> &raquo; (1994, 497)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Nous abordons cette question m&eacute;thodologique dans la premi&egrave;re partie de notre article <i>Esquisse d&rsquo;une psycho-sociologie cognitive du politique, </i>publi&eacute; dans le n&deg;31 des cahiers de psychologie politique dont tout particuli&egrave;rement le point&nbsp;: <i>Aux origines de la pluralit&eacute; des points de vue et des m&eacute;thodes</i> o&ugrave; nous soulignons la pertinence de la typologie des ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux composant l&rsquo;axe du temps et celui de la taille des groupes (masses) d&eacute;crit par Michel Grossetti dans son livre&nbsp;: <i>L&rsquo;espace &agrave; trois dimensions des ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux</i>, 2011, Paris, Sociologie. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Gary Stanley Becker (1930-2014), &eacute;conomiste am&eacute;ricain, prix en hommage &agrave; Nobel en 1992, connu pour son <i>Trait&eacute; de la famille</i> (1981). Il est tr&egrave;s embl&eacute;matique de ces &eacute;conomistes imp&eacute;rialistes obnubil&eacute;s par une vision d&rsquo;un homme calculateur et &eacute;go&iuml;ste, niant les ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux, psychologiques ou historiques pour expliquer ses d&eacute;cisions et comportements. Becker n&rsquo;analyse pas les comportements, soit les conditions politiques et sociales de leur &eacute;mergence, voire les croyances, id&eacute;ologies, religions qui peuvent environner leur pratique ou g&eacute;n&eacute;ralisation. C&rsquo;&eacute;tait d&eacute;j&agrave; le sens de la critique ant&eacute;rieure de Fr&eacute;d&eacute;ric Bastiat &agrave; l&rsquo;encontre d&rsquo;une interpr&eacute;tation &eacute;conomiciste&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>On accuse les &eacute;conomistes de ne pas tenir compte de l&rsquo;abn&eacute;gation, peut-&ecirc;tre de la d&eacute;daigner. A Dieu ne plaise, que nous voulions m&eacute;conna&icirc;tre ce qu&rsquo;il y a de puissance et de grandeur dans l&rsquo;abn&eacute;gation. Rien de grand, rien de g&eacute;n&eacute;reux, rien de ce qui excite la sympathie et l&rsquo;admiration des hommes ne s&rsquo;est accompli que par le d&eacute;vouement... Mais les &eacute;conomistes ne pensent pas que le train ordinaire de la vie, les actes journaliers, continus par lesquels les hommes pourvoient &agrave; leur conservation, &agrave; leur subsistance et &agrave; leur d&eacute;veloppement, puissent &ecirc;tre fond&eacute;s sur le principe de l&rsquo;abn&eacute;gation.&nbsp;</i>&raquo; (Fr&eacute;d&eacute;ric Bastiat, <i>Individualisme et fraternit&eacute;</i>, 1864, Paris, Editions Guillaumin, T.VII, p.341)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Le concept d&rsquo;individu refl&egrave;te celui d&rsquo;atome en physique&nbsp;: unit&eacute; distincte ins&eacute;cable dont la division le d&eacute;truit ce qui est tr&egrave;s discutable en biologie dans le r&egrave;gne du vivant o&ugrave; chaque &ecirc;tre vivant proc&egrave;de d&rsquo;autres vivants selon un processus phylog&eacute;n&eacute;tique.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></span></a> <span style="font-size:8.0pt">Aristote enseigne l&rsquo;inverse m&ecirc;me de ce que Olson lui pr&ecirc;te. Il extrait cette phrase du chapitre XI du Livre VIII de l&rsquo;Ethique consacr&eacute; &agrave; l&rsquo;amiti&eacute;. Le philosophe d&eacute;crivant l&rsquo;amiti&eacute; des compagnons de navigation ou d&rsquo;arme &eacute;crit&nbsp;: &laquo; <i>ce que poss&egrave;dent des amis est commun&nbsp;</i>&raquo;. Il distingue des relations de natures diff&eacute;rentes selon les communaut&eacute;s&nbsp;:&nbsp;&laquo; <i>les droits des parents et des enfants ne sont pas les m&ecirc;mes que ceux des fr&egrave;res entre eux, ni ceux des camarades les m&ecirc;mes que ceux des citoyens ; et il en est de m&ecirc;me pour les autres formes d&rsquo;amiti&eacute; </i>&raquo;. Mais plus encore il rappelle avec constance que les communaut&eacute;s ne pr&eacute;c&egrave;dent pas le politique et donc l&rsquo;individu ne pr&eacute;c&egrave;de pas les groupes dont il est membre&nbsp;:&nbsp;&laquo;<i> Mais toutes les communaut&eacute;s ne sont, pour ainsi dire, que des fractions de la communaut&eacute; politique </i>&raquo;. Il prolonge&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Mais toutes ces communaut&eacute;s semblent bien &ecirc;tre subordonn&eacute;es &agrave; la communaut&eacute; politique, car la communaut&eacute; politique n&rsquo;a pas pour but l&rsquo;avantage pr&eacute;sent, mais ce qui est utile &agrave; la vie tout enti&egrave;re</i>&nbsp;&raquo;. Et loin de servir le seul int&eacute;r&ecirc;t, il mentionne par exemple&nbsp;: &laquo; <i>certaines communaut&eacute;s semblent avoir pour origine l&rsquo;agr&eacute;ment, par exemple celles qui unissent les membres d&rsquo;un thiase ou d&rsquo;un cercle dans lequel chacun paye sa contribution, associations constitu&eacute;es respectivement en vue d&rsquo;offrir un sacrifice ou d&rsquo;entretenir des relations de soci&eacute;t&eacute;</i>&nbsp;&raquo;. Et il conclut sur l&rsquo;ordre du raisonnement qui part du politique et non de l&rsquo;individu : &laquo;&nbsp;<i>Toutes ces communaut&eacute;s sont donc manifestement des fractions de la communaut&eacute; politique, et les esp&egrave;ces particuli&egrave;res d&rsquo;amiti&eacute;s correspondent aux esp&egrave;ces particuli&egrave;res de communaut&eacute;s</i> &raquo;. Le texte contredit Olson sur deux points essentiels. 1) Les communaut&eacute;s ont d&rsquo;autres motivations que l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour se constituer. 2) les communaut&eacute;s sont des fragmentations du politique et non des agr&eacute;gations d&rsquo;individus.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> L&eacute;on Festinger (1919-1989) est connu pour prolonger les travaux de son professeur Lewin, sp&eacute;cialiste de la dynamique des groupes et pour ces travaux sur la dissonance cognitive et la comparaison sociale. Concernant les groupes il met en &eacute;vidence les ph&eacute;nom&egrave;nes de pression interne exerc&eacute;e sur chacun en vue de l&rsquo;uniformit&eacute; au sein du groupe. Il &eacute;tudie cette coh&eacute;sion des groupes pour dire qu&rsquo;il est question de toutes ces forces qui agissent pour que les membres demeurent dans le groupe par ces ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;influence sociale et de persuasion ou d&rsquo;attraction. A l&rsquo;inverse de l&rsquo;extrait tir&eacute; de son contexte par Olson, Festinger met en &eacute;vidence que &laquo;&nbsp;<i>la conformit&eacute; aux normes du groupe appara&icirc;t comme une n&eacute;cessit&eacute; pour la r&eacute;ussite commune ; les normes sont donc affect&eacute;es d&#39;une sorte de pouvoir contraignant, le groupe exerce des pressions sur les membres pour qu&#39;ils se rallient au point de vue commun ; les d&eacute;viants sont rejet&eacute;s, mais la plupart des membres se soumettent &agrave; la r&egrave;gle commune ; le groupe exercerait sur eux une attraction, dans la mesure o&ugrave; il est pour eux un but en soi, qu&#39;il est n&eacute;cessaire &agrave; leur besoin social, ou &agrave; leur r&eacute;ussite personnelle.</i>&nbsp;&raquo; (1958, 435) (Germaine de Montmollin &ndash; <i>Les processus d&rsquo;influence sociale</i> &ndash; L&rsquo;ann&eacute;e psychologique &ndash; 1958, vol.58, n&deg;2, p.427-447), ce qui nous &eacute;loigne nettement de l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;Olson de l&rsquo;individu seul d&eacute;cideur de son appartenance fond&eacute; sur son seul int&eacute;r&ecirc;t.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp; </span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Robert Morrison MacIver (1882-1970), sociologue &eacute;cossais lecteur de Durkheim et surtout professeur de science politique au Canada porteur d&rsquo;une philosophie sociale &eacute;thique et d&rsquo;une sociologie de la communaut&eacute; o&ugrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t commun renvoie &agrave; celui qui transcende les parties. Il y a contre-sens dans l&rsquo;usage d&rsquo;Olson puisque l&rsquo;auteur d&eacute;veloppe les notions d&rsquo;interd&eacute;pendance, d&rsquo;interrelation m&eacute;taphorisant la communaut&eacute; par l&rsquo;image de la toile. Sociologue qualiticien, il &eacute;crit :&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>En v&eacute;rit&eacute;, vous ne pouvez mesurer que ce que vous ne pouvez pas comprendre. Vous pouvez mesurer seulement l&rsquo;externe, ce qui est hors de port&eacute;e de l&rsquo;imagination. Mais vous pouvez avoir aucun int&eacute;r&ecirc;t ad&eacute;quat pour la soci&eacute;t&eacute;, sauf si vous &ecirc;tes int&eacute;ress&eacute; par les valeurs humaines qu&rsquo;elle remplit. Ses formes essentielles ont &eacute;t&eacute; fa&ccedil;onn&eacute;es par les buts des hommes, et son d&eacute;veloppement d&eacute;pend de l&rsquo;&eacute;volution de ces objectifs. Ces objectifs ont tous un caract&egrave;re &eacute;thique. L&rsquo;existence m&ecirc;me de la soci&eacute;t&eacute; signifie un objectif &eacute;thique de ses membres. Le sociologue qui n&rsquo;a aucun int&eacute;r&ecirc;t &eacute;thique, aucun int&eacute;r&ecirc;t social conditions relatives aux valeurs, est un dilettante. Il est comme un grammairien qui &eacute;tudie les lettres et les syllabes des mots mais ne pense jamais aux mots eux-m&ecirc;mes comme des significations. C&rsquo;est une m&eacute;thode possible, et il y a quelques connaissances d&eacute;riv&eacute;es de cette fa&ccedil;on &mdash; mais ce n&rsquo;est pas la connaissance de communaut&eacute;</i>.&nbsp;&raquo; (Traduction de l&rsquo;auteur, 1924*, 56). Le lecteur comprend que l&rsquo;extrait d&eacute;nature grandement la pens&eacute;e de MacIver attach&eacute; &agrave; l&rsquo;harmonie sociale, la compr&eacute;hension qu&rsquo;il d&eacute;veloppe dans <i>The Elements of Social Science&nbsp;</i>: &laquo; <i>La soci&eacute;t&eacute;, &eacute;crivait-il, signifie ressemblance, interd&eacute;pendance, coop&eacute;ration, &eacute;conomie, mais, disant cela, nous n&#39;avons pas r&eacute;v&eacute;l&eacute; le sens de la soci&eacute;t&eacute;. Car la soci&eacute;t&eacute; est une s&eacute;rie infiniment emm&ecirc;l&eacute;e de relations, &eacute;mises &agrave; partir des volont&eacute;s et des intentions d&#39;&ecirc;tres qui s&#39;aper&ccedil;oivent de leur ressemblance, de leur interd&eacute;pendance, en un mot, de leur communaut&eacute;. Elle est, par cons&eacute;quent, en premier lieu, un &eacute;tat, un &eacute;tat d&#39;esprit, non pas un simple moyen ou un instrumentalisme utile pour le confort ou la convenance d&#39;&ecirc;tres ainsi intentionn&eacute;s</i>. &raquo; (Londres, Methuen, 1921, 14). Une telle science holistique, architectonique (son terme) n&rsquo;a rien &agrave; voir avec l&rsquo;atomisme logique et l&rsquo;individualisme m&eacute;thodologique qu&rsquo;insinue Olson dans un extrait totalement insignifiant, sorti de son contexte. </span><span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt">(*1924 &ndash; <i>Community&nbsp;: a Sociological Study, Being an Attempt to Set Out the</i> <i>Nature and Fundamental Laws of Social Life</i>, Londres, Macmillan, 1917 (3<sup>e</sup> &eacute;dition 1924). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Arthur Fischer Bentley (1870-1957), politologue am&eacute;ricain promoteur de la th&eacute;orie des interactions des groupes constitutives de la vie politique. Il travaille sur le jeu des groupes d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts et de pressions sans pr&eacute;tendre &agrave; une th&eacute;orie g&eacute;n&eacute;rale des groupes. Il consid&egrave;re l&#39;individu comme le point central de ses &eacute;tudes des processus politiques. Il publie <i>The process of Government</i> en 1908 o&ugrave; l&rsquo;&eacute;tude des comportements est le moyen de comprendre les relations humaines. Les groupes ont des activit&eacute;s en accord avec leurs int&eacute;r&ecirc;ts et ils exercent des pressions pour les d&eacute;fendre ou les promouvoir.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Raymond Cattell (1905-1998), psychologue sp&eacute;cialiste de la mesure de l&rsquo;intelligence, mais par ailleurs &agrave; l&rsquo;origine du concept de <i>genthanasia</i>&nbsp;: eug&eacute;nisme alternatif au g&eacute;nocide, pensant que des groupes humains mettront fin intentionnellement &agrave; leur existence collective en constatant leur inadaptation &agrave; l&rsquo;&eacute;volution, sorte d&rsquo;impasse &eacute;volutive motiv&eacute;e par la mesure de leurs d&eacute;faillances culturelles et intellectuelles mesurables. Il est par ailleurs fondateur d&rsquo;une religion rationaliste&nbsp;: le beyondisme, dont les th&egrave;ses raciales et eug&eacute;nistes sont clairement expos&eacute;es dans ses &oelig;uvres. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t va jusqu&rsquo;&agrave; d&eacute;cider de se d&eacute;truire en raison.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Les trois citations d&rsquo;Olson sont les suivantes&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>toute organisation pr&eacute;suppose un int&eacute;r&ecirc;t que partagent tous ses membres [&hellip;] sans int&eacute;r&ecirc;t commun, point de groupe [&hellip;] tout groupe a son int&eacute;r&ecirc;t propre.</i>&nbsp;&raquo; (2011, 18, 19).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Ces auteurs sont l&agrave; aussi tr&egrave;s disparates&nbsp;: difficile de retrouver trace de J. James , A.P. Hare (1923-2009) est un sociologue am&eacute;ricain sp&eacute;cialiste des petits groupes et auteurs en 1965 de <i>Petits groupes&nbsp;: &eacute;tudes sur l&rsquo;interaction sociale</i> s&rsquo;int&eacute;ressant &agrave; de nombreuses dimensions&nbsp;: recherche d&rsquo;influence, orientation &eacute;motionnelle, contr&ocirc;le, etc. et G. Simmel (1858-1918) auteur du fameux <i>Philosophie de l&rsquo;argent</i> publi&eacute; en 1900, connu pour promouvoir une analyse fond&eacute;e sur l&rsquo;absolu primat de l&rsquo;individu &agrave; &eacute;tudier dans le jeu de ses relations sociales qui font soci&eacute;t&eacute; et dont l&rsquo;&eacute;tude constitue la sociologie. (lire &agrave; son sujet&nbsp;: <i>Georg Simmel&nbsp;:</i> <i>La dimension sociologique de la Wechselwirkung </i>de Christian Papilloud dans la Revue europ&eacute;enne des sciences sociales, tome XXXVIII, n&deg;119, 2000, p.103-129 </span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Consulter notre article sur la d&eacute;cision chez Irving Janis dans les cahiers de psychologie politique n&deg; 31&nbsp;: <i>Critiques plurielles de la pens&eacute;e groupale de Janis</i> </span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Kurt Lewin (1890-1947), connu pour ses exp&eacute;riences sur l&rsquo;&eacute;volution des comportements nutritionnels qui aboutissent &agrave; ses enseignements sur la dynamique des groupes&nbsp;dont l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; des membres, un accord sur les buts et r&egrave;gles communes, un attrait pour l&rsquo;appartenance au groupe, m&ecirc;me si sa dur&eacute;e est &eacute;ph&eacute;m&egrave;re, de quelques heures, qui met en &oelig;uvre l&rsquo;intensit&eacute; des interactions entre les membres, la proximit&eacute; physique soit l&rsquo;unit&eacute; de lieu et une &eacute;quivalence des membres dans un fonctionnement consensuel. </span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:8.0pt">.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Lire les deux premi&egrave;res parties&nbsp;: <i>1. La souverainet&eacute; nationale et la repr&eacute;sentation rationnelle </i>et<i> 2. La souverainet&eacute; citoyenne et la repr&eacute;sentation des int&eacute;r&ecirc;ts </i>de notre article&nbsp;: <i>La repr&eacute;sentation politique : la commune ou l&rsquo;empire ?</i> publi&eacute; dans le n&deg;35 des cahiers de psychologie politique</span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Fran&ccedil;ois-R&eacute;gis Mahieu et Hillel Rapoport expliquent bien cette difficult&eacute; &agrave; calculer la morale, sa r&eacute;alit&eacute;, ses actions, ses effets&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;incorporation de l&rsquo;autre dans le calcul &eacute;conomique individuel pose le probl&egrave;me de l&rsquo;int&eacute;gration des normes et des valeurs morales. Cela revient &agrave; formaliser une large vari&eacute;t&eacute; de comportements positifs tels que le don/contre-don, l&rsquo;envie, la jalousie, l&rsquo;ing&eacute;rence, la tol&eacute;rance, le paternalisme [&hellip;] Sous les diff&eacute;rentes formes qu&rsquo;on peut lui donner, l&rsquo;altruisme remet en cause les r&egrave;gles habituelles de l&rsquo;analyse &eacute;conomique, notamment la Pareto-optimalit&eacute;&nbsp;; selon les cas, il n&rsquo;est pas forc&eacute;ment efficace.&nbsp;</i>&raquo; (1998, 6)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Olivier Donni et Sophie Ponthieux in <i>Approches &eacute;conomiques du m&eacute;nage : du mod&egrave;le unitaire aux d&eacute;cisions collectives</i>,<i> </i>(2011, 68)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn18"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Notons les travaux de George Loewenstein et Jennifer Lerner : <i>The role of affect in decision making</i> in R. J. Davidson, K. R. Scherer, &amp; H. H. Goldsmith (Eds.), <i>Handbook of affective sciences</i> p. 619&ndash;642, Oxford University Press, les recherches de Dominique Ansel dans son article&nbsp;: <i>incertitude et intensit&eacute; &eacute;motionnelle en situation de</i> n&eacute;gociation, 2010/1 n&deg; 13, p.23-41, Editions De Boeck Sup&eacute;rieur &laquo; N&eacute;gociations &raquo; ou ceux de Alain Berthoz sur la d&eacute;cision et l&rsquo;&eacute;motion&nbsp;: <i>La d&eacute;cision</i>, 2003, Paris, Editions Odile Jacob sans oublier les apports d&eacute;terminants du psychologue Klaus Scherer, sp&eacute;cialiste de l&rsquo;&eacute;motion, directeur du Centre suisse des sciences affectives &agrave; Gen&egrave;ve.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn19"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Notons les travaux de James Banks, Richard Blundell et Sarah Tanner qui d&egrave;s 1998 dans leur article <i>Is There a Retirement-Savings Puzzle ?</i> dans The American Economic Review, Vol. 88, n&deg; 4, p. 769-788 o&ugrave; les auteurs &eacute;tudient la capacit&eacute; des m&eacute;nages &agrave; anticiper leur retraite par des d&eacute;cisions d&#39;&eacute;pargne. En effet, les conflits de temporalit&eacute; entre l&#39;app&eacute;tence pour une consommation imm&eacute;diate et l&#39;attention port&eacute;e &agrave; constituer une &eacute;pargne pour le futur suscitent des comportements qui tiennent compte de la perception des risques de mortalit&eacute; et d&rsquo;esp&eacute;rance de vie &agrave; arbitrer Des opportunit&eacute;s de consommation imm&eacute;diate.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn20"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Notons les travaux de Bruno Frey et Matthias Benz dont l&rsquo;article <i>Introducing Procedural Utility:</i> <i>Not only What, but also How Matters</i> (universit&eacute; de Zurich &ndash; 2003) portant sur l&rsquo;attention, le respect, voire le d&eacute;sir d&rsquo;agir selon des conventions et des proc&eacute;dures tout aussi importantes que le r&eacute;sultat. Cette utilit&eacute; proc&eacute;durale fait l&#39;objet d&#39;une attention particuli&egrave;re car elle organise la relation avec autrui, qu&rsquo;elle en garantit le bon fonctionnement et en s&eacute;curise les transactions.&nbsp; &nbsp;</span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-GB" style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-GB" style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Son &eacute;nonc&eacute; est le suivant&nbsp;: </span></span><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans une famille compos&eacute;e d&rsquo;un enfant et d&rsquo;un parent. L&rsquo;enfant g&acirc;t&eacute; est par hypoth&egrave;se r&eacute;put&eacute; &eacute;go&iuml;ste. Il est b&eacute;n&eacute;ficiaire ou non d&rsquo;un transfert positif ou n&eacute;gatif B (argent de poche, participation &agrave; la charge de la famille). Le revenu possible de l&rsquo;enfant est not&eacute; Ic(A), le revenu du parent est not&eacute; Ip(A). Le parent partage son revenu (altruisme) par la cession d&rsquo;une partie de Ip. Celui-ci peut &ecirc;tre ou non sup&eacute;rieur &agrave; Ic (revenu de l&rsquo;enfant par une activit&eacute;). Ce th&eacute;or&egrave;me &eacute;nonce que l&rsquo;enfant choisira l&rsquo;action A entra&icirc;nant la maximisation du couple&nbsp;: Ic(A) et Ip(A) pour que leur somme soit la plus grande&nbsp;: Ic(A)+Ip(A) = X soit le meilleur revenu de la famille enti&egrave;re, soit un &laquo;&nbsp;altruisme int&eacute;ress&eacute;&nbsp;&raquo;. De son point de vue, son utilit&eacute; r&eacute;sulte de la combinaison&nbsp;ou U = Ic(A) + B. Son ob&eacute;issance ou sa d&eacute;brouillardise favorise peut-&ecirc;tre l&rsquo;accroissement du revenu du parent plus significativement que le sien, dont il va b&eacute;n&eacute;ficier ensuite par un transfert positif. </span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[22]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Rappelons ici qu&rsquo;un th&eacute;or&egrave;me en math&eacute;matique est une hypoth&egrave;se suivie d&rsquo;une d&eacute;monstration d&eacute;ductive qui produit la th&egrave;se sous la forme d&rsquo;un th&eacute;or&egrave;me. Il suppose des axiomes, assertions primitives suppos&eacute;es vraies &agrave; partir desquelles se construit un syst&egrave;me d&eacute;ductif. En quoi ces histoires sont-elles des th&eacute;or&egrave;mes puisqu&rsquo;elles ne sont fond&eacute;es que sur des assertions contestables et contest&eacute;es, jamais unanimement partag&eacute;es par la communaut&eacute; scientifique, &agrave; la diff&eacute;rence des axiomes logico-math&eacute;matiques dont on connait aussi les limites. La figure du th&eacute;or&egrave;me en &eacute;conomie rel&egrave;ve de la pure usurpation &eacute;pist&eacute;mologique par une analogie qui dispense justement de discuter des axiomes qui ne peuvent en aucun cas en &ecirc;tre.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn23"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Becker pratique cette surinterpr&eacute;tation qui correspond bien &agrave; cette d&eacute;finition de John Dewey&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>une exp&eacute;rimentation active doit forcer les faits apparents de la nature &agrave; prendre des formes diff&eacute;rentes de celles sous lesquelles ils se pr&eacute;sentaient habituellement. Il s&rsquo;agit donc de leur faire dire la v&eacute;rit&eacute; sur eux-m&ecirc;mes comme la torture peut contraindre un t&eacute;moin r&eacute;calcitrant &agrave; r&eacute;v&eacute;ler ce qu&rsquo;il cache.</i>&nbsp;&raquo; </span><span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt">(2014, 89)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn24"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt"> Gary Becker, <i>A theory of social interactions</i>, 1974, New York, Center for economic analysis of human behavior and social institutions, working paper n&deg;42, p.20 </span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Georg Simmel (1858-1918) d&eacute;veloppe une sociologie par analogie avec la th&eacute;orie physique. Gabriel Tarde notait d&egrave;s 1902 que&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i><span style="color:#231f20">C&rsquo;est la physique qui est le plus en faveur aupr&egrave;s des sociologues naissants, et, malgr&eacute;, &ccedil;&agrave; et l&agrave;, des tendances marqu&eacute;es &agrave; regarder le groupe social comme une sorte d&rsquo;organisme, le plus souvent il n&rsquo;est question chez eux que de masse et de mouvement</span></i><span style="color:#231f20">. &raquo; (1902, 57). Pour Simmel&nbsp;: &laquo; <i>La r&eacute;solution de l&rsquo;&acirc;me de la soci&eacute;t&eacute; dans la somme des effets de changements de ses possesseurs est pos&eacute;e en direction de l&rsquo;esprit de la vie moderne : r&eacute;soudre le compact, lui-m&ecirc;me identique, substantiel en fonction, force, mouvement et conna&icirc;tre dans tout Etre le processus de son devenir.</i> &raquo; (in </span></span></span><i><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Italic"><span style="color:#231f20">&Uuml;ber sociale Differenzierung</span></span></span></i><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#231f20">, </span></span></span><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Roman"><span style="color:#231f20">1989, 130) qu&rsquo;il illustre en une physique des &eacute;l&eacute;ments humains&nbsp;: &laquo; <i>Aussi si vous &lsquo;vous</i></span></span></span><i> </i><i><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Roman"><span style="color:#231f20">attendez&rsquo; &ndash; et certes pas seulement &agrave; une attaque ext&eacute;rieure, qui menace votre vie enti&egrave;re d&rsquo;un</span></span></span></i><i> </i><i><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Roman"><span style="color:#231f20">coup &ndash; ainsi r&eacute;sumons-nous d&rsquo;innombrables et ininterrompus processus, qui s&rsquo;ouvrent &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur</span></span></span></i><i> </i><i><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Roman"><span style="color:#231f20">de cette image comme pouss&eacute;e et contre-pouss&eacute;e, danger et d&eacute;fense, r&eacute;pulsion et r&eacute;-association entre les &eacute;l&eacute;ments.</span></span></span></i><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Roman"><span style="color:#231f20"> &raquo; (in </span></span></span><i><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Italic"><span style="color:#231f20">Soziologie</span></span></span></i><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Italic"><span style="color:#231f20">, </span></span></span><span style="font-size:8.0pt"><span style="font-family:Times-Roman"><span style="color:#231f20">1992, 556).</span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn26"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Ulrike Meinhof (1934-1976), une des dirigeants du groupe Fraction arm&eacute;e rouge dirig&eacute; par Andr&eacute;as Baader commettant des attentats dans les ann&eacute;es 1960 et 1970. Elle est l&rsquo;auteur entre autres de <i>Mutinerie et autres textes</i>, Editions Des femmes, Paris 1977.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn27"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[27]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Yann Chagnolleau, Alain Guibert et Dimitri Moulic, trois membres de la SNSM morts le vendredi 7 juin 2019 partis secourir, avec quatre autres Sablais, un bateau en d&eacute;tresse le long des c&ocirc;tes sablaises.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn28"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref28" name="_ftn28" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[28]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Le dodo ou dronte de Maurice fut d&eacute;couvert par les europ&eacute;ens en 1598 et son extinction constat&eacute;e &agrave; la fin du 17<sup>e</sup> si&egrave;cle par la seule braconne clandestine en l&rsquo;absence d&rsquo;une gestion des communs. Le colon se comporte en clandestin de passage, son d&eacute;placement le d&eacute;racinant de ses usages.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn29"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref29" name="_ftn29" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[29]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> &laquo;&nbsp;<i>Par sa connaissance de la faune bien s&ucirc;r, mais aussi par son implication chaque jour plus grande dans l&rsquo;am&eacute;nagement des milieux, la lutte pour le continuum des espaces, la recherche sur les esp&egrave;ces, le maintien de la biodiversit&eacute;, la veille sanitaire, la r&eacute;gulation des esp&egrave;ces invasives&hellip;</i></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="font-size:8.0pt">C&rsquo;est &agrave; ce titre que la F&eacute;d&eacute;ration Nationale des Chasseurs, comme chacune des f&eacute;d&eacute;rations d&eacute;partementales, est d&eacute;sormais reconnue au titre de la protection de la nature !</span></i><span style="font-size:8.0pt">&nbsp;&raquo; (F&eacute;d&eacute;ration Nationale des Chasseurs)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn30"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref30" name="_ftn30" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[30]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Il suffit de relire par exemple Charles de Foucauld &eacute;crivant en d&eacute;cembre 1916 &agrave; son ami, Louis Massignon : &laquo; <i>Il ne faut jamais h&eacute;siter &agrave; demander les postes o&ugrave; le danger, le sacrifice, le d&eacute;vouement sont plus grands ; l&rsquo;honneur, laissons-le &agrave; qui le voudra, mais le danger, la peine, r&eacute;clamons-les toujours. Chr&eacute;tiens, nous devons donner l&rsquo;exemple du sacrifice et du d&eacute;vouement </i>&raquo; [11].</span></span></span></p> </div> </div> <p align="center" style="text-align:center">&nbsp;</p>