<p style="margin-bottom: 11px; text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Julien Ailloud est docteur en psychologie du travail et ergonomie. Sa th&egrave;se porte sur&nbsp;: &laquo; Identit&eacute; de genre, st&eacute;r&eacute;otypes et repr&eacute;sentations sociales des leaders f&eacute;minins dans la vie politique fran&ccedil;aise. &raquo; &nbsp;r&eacute;alis&eacute;e au sein du Laboratoire Interuniversitaire de Psychologie (LIP). Il enseigne &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Grenoble Alpes</span></i></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 11px; text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Eacute;lections apr&egrave;s &eacute;lections, il appara&icirc;t que les sondeurs ont de r&eacute;elles difficult&eacute;s &agrave; pr&eacute;dire les choix &eacute;lectoraux des Fran&ccedil;ais et Fran&ccedil;aises. En 2019 dans le cadre des &eacute;lections Europ&eacute;ennes, les instituts de sondage sont pass&eacute;s &agrave; c&ocirc;t&eacute; de la petite perc&eacute;e d&rsquo;EE-LV et de l&rsquo;effondrement de LR. Pour les r&eacute;gionales 2021, ils donnaient le RN en t&ecirc;te dans plusieurs r&eacute;gions et tr&egrave;s fort dans la plupart de celles-ci&hellip; Au final, seul Thierry Mariani en PACA est arriv&eacute; en t&ecirc;te, pour &ecirc;tre battu au second tour, tandis que le RN a fait, partout, des scores similaires ou inf&eacute;rieurs &agrave; ceux de 2015.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces &eacute;checs quant &agrave; la pr&eacute;diction du vote des citoyens et citoyennes, montrent les limites de la logique sondagi&egrave;re. D&egrave;s lors que l&rsquo;abstention augmente, la confiance qu&rsquo;il est possible d&rsquo;accorder aux pr&eacute;dictions des instituts d&eacute;croit.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un autre probl&egrave;me, cette fois-ci d&rsquo;ordre &eacute;pist&eacute;mologique, est consubstantiel aux sondages tels que men&eacute;s habituellement&nbsp;: s&rsquo;ils peuvent nous indiquer des prises de positions sur divers objets sociaux, ils ne nous renseignent pas sur les raisons de ces choix. Ils ne r&eacute;pondent pas &agrave; la question du <i>pourquoi</i>. Pourquoi les citoyens et citoyennes compte voter pour tel ou telle leader politique&nbsp;? Pourquoi certaines personnes pr&eacute;voient de s&rsquo;abstenir&nbsp;? Pourquoi les reports de voix ne sont-ils pas arithm&eacute;tiquement exacts&nbsp;? Ces questions en restent au domaine de l&rsquo;&eacute;lection, mais il est possible d&rsquo;imaginer qu&rsquo;elles puissent &ecirc;tre &eacute;tendues &agrave; divers sujets voisins du domaine politique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces &eacute;l&eacute;ments doivent nous pousser &agrave; imaginer de nouveaux outils pour capter les courants et volont&eacute;s &eacute;lectorales qui parcourent la France et pour les expliquer. La pratique sondagi&egrave;re &eacute;tant r&eacute;guli&egrave;rement d&eacute;faillante concernant le premier point et souvent d&eacute;sint&eacute;ress&eacute;e par le second, les sciences sociales en g&eacute;n&eacute;ral et la psychologie en particulier peuvent apporter leurs outils afin de rendre un peu plus intelligible la vie citoyenne politique et &eacute;lectorale.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le pr&eacute;sent article visera &agrave; rendre saillant l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;&agrave; la psychologie, notamment fran&ccedil;aise ou francophone, &agrave; investiguer l&rsquo;&eacute;tude du champ politique, et en particulier celui de l&rsquo;&eacute;lection&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;un plaidoyer pour une <i>psychologie &eacute;lectorale</i>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La <i>psychologie &eacute;lectorale</i>, de notre point de vue et apr&egrave;s les &eacute;tudes que nous avons effectu&eacute;es &agrave; ce sujet </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Ailloud, 2020; Ailloud &amp; Doutre, 2014, 2017)</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, peut se d&eacute;finir comme <b>l&rsquo;&eacute;tude des liens entre les dispositions individuelles attribu&eacute;es aux leaders politiques et les intentions de vote pour ces m&ecirc;mes leaders</b>. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Eacute;vacuons tout d&rsquo;abord les autres facteurs explicatifs du vote, tels que les programmes, prises de position individuelles ou encore les bilans des &eacute;lu&middot;es. Bien que n&eacute;cessairement en liens &eacute;troits, voire inextricables, avec les politicien&middot;nes, <b>la psychologie &eacute;lectorale vise &agrave; pr&eacute;dire les intentions de vote en se concentrant sur tout ce qui constitue la personnalit&eacute; politique&nbsp;</b>;<b> </b>mais elle peut &eacute;galement servir &agrave; expliquer <i>a posteriori</i> les facteurs sous-jacents aux votes, expliquant de la sorte, sur la base de ce que d&eacute;gage le ou la candidat&middot;e, pourquoi les votant&middot;es ont d&eacute;cid&eacute; d&rsquo;offrir ou de ne pas accorder leur suffrage &agrave; tel ou telle politicien&middot;ne.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans les &eacute;tudes pr&eacute;c&eacute;demment cit&eacute;es, nous avons soumis &agrave; l&rsquo;&eacute;valuation de participant&middot;es quatre femmes politiques&nbsp;: Marine Le Pen, Nathalie Kosciusko-Morizet, Najat Vallaud-Belkacem et C&eacute;cile Duflot. Les attributs &eacute;valu&eacute;s via des &eacute;chelles (<i>Stereotype Content Model</i> (SCM) </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Fiske et al., 2002)</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> et <i>Bem Sex Role Inventory</i> (BSRI) </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Bem, 1974)</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">) &eacute;taient l&rsquo;aspect chaleureux, la comp&eacute;tence, la f&eacute;minit&eacute; et la masculinit&eacute;. &Agrave; ces quatre femmes politiques s&eacute;lectionn&eacute;es s&rsquo;est ensuite ajout&eacute; la femme politique id&eacute;ale, qui devait nous permettre d&rsquo;avoir un point de comparaison stable et d&eacute;sirable pour les participant&middot;es.<br /> Nous avons &eacute;tudi&eacute; les diff&eacute;rences de scores attribu&eacute;s par les participant&middot;es pour ces quatre &eacute;chelles concernant chaque femme politique individuellement, puis avons compar&eacute; les femmes politiques entre elles.<br /> Nous nous sommes rendu compte que les caract&eacute;ristiques qui permettaient de pr&eacute;dire statistiquement, via une analyse de r&eacute;gression, le vote &eacute;taient particuli&egrave;rement li&eacute;es aux positionnements politiques des participant&middot;es, ce qui soutient la th&egrave;se du paradigme de Michigan. Ainsi, le favoritisme pro-endogroupe </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Leyens &amp; Yzerbyt, 1997; Tajfel et al., 1971)</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> bas&eacute; sur l&rsquo;appartenance politique est un bon indicateur de pr&eacute;diction des intentions de vote&nbsp;et la caract&eacute;ristique dont la femme politique sera per&ccedil;ue comme &eacute;tant plus faiblement pourvue que les autres politiciennes sera celle permettant cette pr&eacute;diction.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Alors que nous avons v&eacute;rifi&eacute; statistiquement cet &eacute;tat de fait pour M. Le Pen concernant sa f&eacute;minit&eacute; per&ccedil;ue </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Ailloud &amp; Doutre, 2017)</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, l&rsquo;&eacute;tude des repr&eacute;sentations sociales </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Doise, 1986)</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> ‒ &agrave; travers des questionnaires qualitatifs puis une s&eacute;lection des th&egrave;mes principalement abord&eacute;s par les participant&middot;es pour en faire un questionnaire &agrave; &eacute;chelle ‒, en particulier celles provenant des participant&middot;es hors extr&ecirc;me droite, a montr&eacute; que le vote pour la pr&eacute;sidente du RN d&eacute;pend de facteurs qui renvoient &agrave; la froideur de celle-ci. Cela correspond avec le score tr&egrave;s faible que les participant&middot;es lui ont attribu&eacute; vis-&agrave;-vis de son aspect chaleureux sur l&rsquo;&eacute;chelle du SCM. Concernant C. Duflot et N. Vallaud-Belkacem, la masculinit&eacute; est la caract&eacute;ristique qui permet de d&eacute;terminer l&rsquo;intention de vote&nbsp;: il s&rsquo;agit ici aussi de la dimension o&ugrave; ces deux femmes politiques sont les plus faibles par rapport aux autres politiciennes. Enfin pour N. Kosciusko-Morizet, son aspect chaleureux est le plus faible de l&rsquo;ensemble des femmes politiques &eacute;tudi&eacute;es, avec celui de M. Le Pen, et ici aussi cette caract&eacute;ristique permet de pr&eacute;dire le vote. R&eacute;sumons donc&nbsp;: les intentions de vote sont pr&eacute;dites par les caract&eacute;ristiques pour lesquelles les femmes politiques sont per&ccedil;ues comme &eacute;tant faiblement dot&eacute;es, en comparaison des autres politiciennes &eacute;tudi&eacute;es.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On pourrait se questionner sur la diversit&eacute; de l&rsquo;importance accord&eacute;e &agrave; chacune des caract&eacute;ristiques, ou encore s&rsquo;il n&rsquo;&eacute;tait pas int&eacute;ressant pour une femme politique d&rsquo;avoir un faible niveau dans une dimension (comp&eacute;tence, chaleur&nbsp;; masculinit&eacute;, f&eacute;minit&eacute;). Comme le prouvent les scores tr&egrave;s &eacute;lev&eacute;s attribu&eacute;s &agrave; la femme politique id&eacute;ale sur l&rsquo;ensemble des dimensions &eacute;valu&eacute;es, toutes les &eacute;chelles sont importantes et il est demand&eacute; aux femmes politique d&rsquo;avoir un score suffisamment &eacute;lev&eacute; dans toutes les dimensions que nous avons &eacute;tudi&eacute;es. Il est &agrave; noter que le seul cas o&ugrave; une femme politique d&eacute;passe en score la femme politique id&eacute;ale, &agrave; savoir M. Le Pen &agrave; propos de la masculinit&eacute;, n&rsquo;est pas d&eacute;cisif dans la pr&eacute;diction des intentions de vote.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La mise au jour de ces liens nous offre plusieurs pistes de r&eacute;flexion. Il est possible que le vote soit d&eacute;termin&eacute; par les crit&egrave;res observ&eacute;s pour chaque femme politique en raison du fait que ces politiciennes aient atteint un niveau suffisant pour franchir un seuil qui leur permette de ne pas &ecirc;tre p&eacute;nalis&eacute;es en raison d&rsquo;une sp&eacute;cificit&eacute; sur cette dimension. Ainsi, on peut imaginer qu&rsquo;&agrave; partir d&rsquo;un certain niveau sur une &eacute;chelle &ndash; la comp&eacute;tence par exemple &ndash; les diff&eacute;rences entre les participant&middot;es ne permettent plus d&rsquo;&eacute;tablir de distinction dans les votes, d&rsquo;avoir un effet sur ceux-ci. La femme politique serait alors per&ccedil;ue comme comp&eacute;tente, mais puisque cette caract&eacute;ristique est attendue de la part des votant&middot;es, elle ne permet pas d&rsquo;avoir une incidence &eacute;lectorale&nbsp;: c&rsquo;est la norme socialement accept&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; l&rsquo;inverse, ne pas avoir d&eacute;pass&eacute; un certain seuil, trahissant une faiblesse dans un domaine comparativement aux autres politiciennes, se traduit en une possibilit&eacute; de pr&eacute;dire le vote &ndash; les caract&eacute;ristiques &eacute;tant toujours en lien avec le positionnement politique des citoyen&middot;nes. Cette id&eacute;e de seuil est confirm&eacute;e par le fait que la masculinit&eacute; exacerb&eacute;e de M. Le Pen, plus &eacute;lev&eacute;e que celle de la femme politique id&eacute;ale, ne permet pas de pr&eacute;dire les intentions de vote des participant&middot;es.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Voici donc ce que nous permet de dire la <i>psychologie &eacute;lectorale</i> de nos &eacute;tudes&nbsp;: <b>quand les citoyen&middot;nes qualifient faiblement les femmes politiques sur une dimension, cette caract&eacute;ristique est d&eacute;terminante dans les intentions de (non-)vote</b>. Au sein m&ecirc;me de ces caract&eacute;ristiques, nous pouvons voir que pour une dimension faiblement &eacute;valu&eacute;e comparativement aux autres femmes politiques, les scores &eacute;lev&eacute;s dans tous les domaines de la femme politique id&eacute;ale permettent de penser qu&rsquo;&ecirc;tre vue comme &eacute;tant peu dot&eacute;e de cette dimension am&egrave;ne &agrave; ne pas voter pour la femme politique en question, tandis qu&rsquo;&ecirc;tre &eacute;valu&eacute;e &agrave; un haut niveau dans ce m&ecirc;me domaine am&egrave;nera &agrave; une intention de vote favorable.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi, si l&rsquo;on observe plus en d&eacute;tails les femmes politiques &eacute;tudi&eacute;es via ce prisme, on peut voir M. Le Pen p&eacute;nalis&eacute;e par une faible f&eacute;minit&eacute;, l&agrave; o&ugrave; toutes les autres politiciennes sont per&ccedil;ues comme suffisamment f&eacute;minines pour avoir atteint un seuil qui ne les desserve pas dans les intentions de vote. Le fait que la pr&eacute;sidente du RN apparaisse comme une personne froide est &eacute;galement constitutif de l&rsquo;aversion &agrave; l&rsquo;intention de vote M. Le Pen. Ces &eacute;l&eacute;ments montrent bien la n&eacute;cessit&eacute; pour une femme visant les plus hautes fonctions politiques de para&icirc;tre dot&eacute;e de multiples qualit&eacute;s qui la rapprocheraient de la femme politique id&eacute;ale.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&eacute;cile Duflot et Najat Vallaud-Belkacem sont apparues comme ayant des profils relativement similaires. Pour la seconde, nous avons constat&eacute; un effet d&rsquo;interaction entre le positionnement politique et le genre des participant&middot;es sur l&rsquo;&eacute;chelle de masculinit&eacute;. Que celle-ci soit un facteur de d&eacute;termination des intentions de vote n&rsquo;est donc pas surprenant. Le monde politique &eacute;tant domin&eacute; par les hommes, subir un d&eacute;ficit de masculinit&eacute; peut constituer un &eacute;l&eacute;ment primordial dans les intentions de vote, les femmes insuffisamment masculines &eacute;tant alors consid&eacute;r&eacute;es comme ne correspondant pas au profil du leader politique prototypique et ne pouvant donc b&eacute;n&eacute;ficier d&rsquo;un vote en leur faveur.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin Nathalie Kosciusko-Morizet est la seule politicienne &eacute;tudi&eacute;e, en dehors de M. Le Pen (&agrave; propos des repr&eacute;sentations sociales des citoyen&middot;nes hors extr&ecirc;me droite), dont les intentions de vote ne soient pas d&eacute;termin&eacute;es par son identit&eacute; de genre (BSRI) mais par une caract&eacute;ristique st&eacute;r&eacute;otypique (SCM)&nbsp;: sa froideur per&ccedil;ue. Cette caract&eacute;ristique est pr&eacute;sente dans les m&eacute;dias, comme dans ce portrait effectu&eacute; durant la campagne municipale de 2014 &agrave; Paris o&ugrave; elle est qualifi&eacute;e d&rsquo;une image &laquo;&nbsp;agressive, froide, bourgeoise&nbsp;&raquo; </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Le Point, 2013)</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Ce trait de personnalit&eacute;, de surcro&icirc;t accol&eacute; aux autres qualificatifs pr&eacute;cit&eacute;s, donne une image de N. Kosciusko-Morizet comme &eacute;tant &eacute;loign&eacute;e du peuple et des gens, et faisant partie de l&rsquo;oligarchie. Si l&rsquo;on pouvait imaginer que ce manque d&rsquo;aspect chaleureux &eacute;tait secondaire pour les citoyen&middot;nes, il s&rsquo;av&egrave;re en r&eacute;alit&eacute; d&eacute;terminant dans les intentions de vote pour l&rsquo;ancienne ministre de l&rsquo;&eacute;cologie. &Agrave; travers ce trait de personnalit&eacute;, N. Kosciusko-Morizet a pu renvoyer une image &eacute;litiste, voire de d&eacute;connexion, &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; les populismes essaient tous de montrer qu&rsquo;ils n&rsquo;appartiennent pas au syst&egrave;me en place. Ainsi, N. Kosciusko-Morizet fut peut-&ecirc;tre en 2014 l&rsquo;une des premi&egrave;res victimes d&rsquo;envergure de la vague &laquo;&nbsp;d&eacute;gagiste&nbsp;&raquo; </span><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Wikip&eacute;dia, 2019)</span></span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> partie du Printemps arabe en 2011 et qui vise pour les citoyen&middot;nes &agrave; mettre au rebut les personnes ayant exerc&eacute;e des responsabilit&eacute;s r&eacute;cemment.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si la comp&eacute;tence n&rsquo;est jamais d&eacute;cisive dans le vote, il est possible de penser que ces femmes politiques &eacute;tudi&eacute;es, en raison des postes et mandats auxquels elles ont &eacute;t&eacute; nomm&eacute;es ou &eacute;lues, leur donnent une stature suffisamment importante pour que leur comp&eacute;tence soit admise et ainsi globalement non pertinente pour pr&eacute;dire les intentions de vote. De plus, si l&rsquo;on se r&eacute;f&egrave;re aux profils des d&eacute;put&eacute;es de la majorit&eacute; LREM &eacute;lues en masse en 2017, de nombreuses femmes exercent des fonctions de &laquo;&nbsp;cadres ou professions intellectuelles&nbsp;&raquo;, qui repr&eacute;sente 65.6&nbsp;% des professions de l&rsquo;ensemble des d&eacute;put&eacute;&middot;es LREM, dont 70&nbsp;% viennent du secteur priv&eacute; </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Arrivet, 2017)</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. D&egrave;s lors, le fait que ces &eacute;lues viennent de professions qui en font des d&eacute;tentrices de pouvoir n&rsquo;est pas &eacute;tonnant puisque ce milieu est &eacute;galement masculin. Il appara&icirc;t donc logique que ces politiciennes poss&egrave;dent les qualit&eacute;s demand&eacute;es dans ces m&eacute;tiers, masculinit&eacute; et comp&eacute;tence, qui recouvrent les attributs des leaders politiques id&eacute;aux. Le vote pour ces d&eacute;put&eacute;es proc&egrave;de donc peut-&ecirc;tre d&rsquo;un transfert, r&eacute;alis&eacute; avec succ&egrave;s, de dispositions acquises dans le priv&eacute; vers monde politique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En 2019, lors des &eacute;lections Europ&eacute;ennes, seules deux femmes &eacute;taient t&ecirc;te de liste sur les six formations politiques ayant d&eacute;pass&eacute;es le seuil des 5&nbsp;%, score permettant d&rsquo;avoir des &eacute;lu&middot;es. La premi&egrave;re, Nathalie Loiseau (LREM, 22.42%), disposait d&rsquo;un profil assez identique &agrave; celui des d&eacute;put&eacute;&middot;es LREM, auquel il faut ajouter un aspect tr&egrave;s technocratique qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas parvenue &agrave; gommer. La seconde, Manon Aubry (La France Insoumise, 6.31%), a pu sembler davantage chaleureuse que comp&eacute;tente, malgr&eacute; son expertise sur les questions fiscales h&eacute;rit&eacute;e de son pass&eacute; chez Oxfam. Son &acirc;ge relativement jeune pour le monde politique (29 ans) peut &eacute;galement avoir mod&eacute;r&eacute; son niveau de comp&eacute;tence per&ccedil;u. Cette rapide analyse par le prisme de la personnalit&eacute; et du profil des candidates vise &agrave; offrir une explication, n&eacute;cessairement partiel et qu&rsquo;il conviendrait d&rsquo;&eacute;prouver empiriquement, aux scores si &eacute;loign&eacute;s de ces deux Eurod&eacute;put&eacute;es &eacute;lues pour la premi&egrave;re fois.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il convient de souligner concernant la <i>psychologie &eacute;lectorale</i> ici propos&eacute;e, son aspect novateur et compl&eacute;mentaire des autres disciplines des sciences sociales, politiques et de gestion, ainsi que des sondages d&rsquo;opinion. Alors que ces domaines apportent chacun des &eacute;clairages particuliers sur la mani&egrave;re qu&rsquo;ont les citoyen&middot;nes de voter, la psychologie peut apporter son concours &agrave; une meilleure appr&eacute;hension du monde politique en s&rsquo;int&eacute;ressant aux liens entre les votant&middot;es et les &eacute;lu&middot;es, afin de d&eacute;terminer comment les premier&middot;es voient les second&middot;es, et pourquoi le vote d&eacute;pend de ces repr&eacute;sentations. </span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ailloud, J. (2020, janvier 16). Voteriez-vous pour elles ? Identit&eacute; de genre, st&eacute;r&eacute;otypes et repr&eacute;sentations sociales des leaders f&eacute;minins dans la vie politique fran&ccedil;aise. http://www.theses.fr. http://www.theses.fr/s94633</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ailloud, J., &amp; Doutre, E. (2014). Identit&eacute;s de genre et st&eacute;r&eacute;otypes concernant Christiane Taubira, garde des sceaux : Contribution &agrave; une mod&eacute;lisation du vote quand la question du genre est activ&eacute;e. Les cahiers de psychologie politique, 14. https://hal.univ-grenoble-alpes.fr/hal-02096613</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ailloud, J., &amp; Doutre, E. (2017). St&eacute;r&eacute;otypes et identit&eacute; de genre attribu&eacute;s &agrave; Marine Le Pen, pr&eacute;sidente du Front National. Les cahiers de psychologie politique, 30. https://hal.univ-grenoble-alpes.fr/hal-02096618</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Arrivet, D. (2017). D&eacute;put&eacute;s LREM : plus de jeunes, plus de femmes et... Plus d&rsquo;&eacute;lites. Le Parisien. http://www.leparisien.fr/politique/infographie-deputes-lrem-plus-</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">Bem, S. L. (1974). The measurement of psychological androgyny. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 42(2), 155‑162.</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Doise, W. (1986). Les Repr&eacute;sentations sociales : D&eacute;finition d&rsquo;un concept. In D. W. Doise &amp; A. Palmonari (&Eacute;ds.), L&rsquo;&Eacute;tude des repr&eacute;sentations sociales (p. 81‑94). Delachaux et Niestl&eacute;.</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fiske, S. T., Cuddy, A. J., Glick, P., &amp; Xu, J. (2002). </span><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">A model of (often mixed) stereotype content : Competence and warmth respectively follow from perceived status and competition. </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Journal of Personality and Social Psychology, 82(6), 878‑902.</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le Point. (2013). NKM, la marque qui s&rsquo;implante &agrave; Paris. Le Point. Rep&eacute;r&eacute; &agrave;, 1749670 20.</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leyens, J.-P., &amp; Yzerbyt, V. (1997). Psychologie sociale. Mardaga.</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tajfel, H., Billig, M., Bundy, R., &amp; Flament, C. (1971). </span><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">Social categorization and intergroup behaviour. </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">European Journal of Social Psychology, 1, 149‑178.</span></span></span></span></p> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Wikip&eacute;dia. (2019). D&eacute;gagisme. Wikip&eacute;dia. Rep&eacute;r&eacute; le. https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9gagisme</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p>