<p style="margin-bottom: 14px; text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i>Dorgel&egrave;s Houessou</i><i>, enseigne &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Alassane Ouattara, Bouak&eacute;, C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire</i><i>. Il a publi&eacute; r&eacute;cemment&nbsp;:</i><b> </b><i>La m&eacute;moire, l&rsquo;imaginaire et la manipulation en discours : autour de quelques mythes cl&eacute;s de la nation ivoirienne en d&eacute;bat sur les r&eacute;seaux sociaux dans Communication &amp; langages</i><b> </b><i>2020/3 (N&deg; 205)</i></span></span></p> <h2 style="font-style: italic; text-align: justify;">&nbsp;</h2> <h2 style="font-style: italic; text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">Introduction</span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:1cm; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le discours d&rsquo;investiture est un genre discursif domin&eacute; par la parole de promesse (Houessou, 2013). Or celle-ci, dans le cadre d&rsquo;un discours d&rsquo;investiture, tient pour condition d&rsquo;existence performative l&rsquo;expression d&rsquo;un &eacute;thos, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;une image du locuteur qui non seulement fait co&iuml;ncider l&rsquo;identit&eacute; de statut et l&rsquo;identit&eacute; de r&ocirc;le du locuteur, mais aussi constitue un adjuvant au sentiment d&rsquo;identification par lequel l&rsquo;auditoire manifeste sa solidarit&eacute; au sujet investi. Cette identification est la cl&eacute; de voute du sentiment empathique. Si dans l&rsquo;absolu </span><span style="line-height:115%">&laquo; empathie &raquo; n&rsquo;est pas synonyme d&rsquo;&laquo; identification &raquo;, car, bien que p&eacute;n&eacute;trant dans l&rsquo;univers mental d&rsquo;autrui en pens&eacute;e, il n&rsquo;y a pas de confusion entre soi-m&ecirc;me et l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; </span><span style="line-height:115%">(</span><span style="line-height:115%">Cosnier, 2016, en ligne</span><span style="line-height:115%">)</span><span style="line-height:115%">, certains consid&eacute;rants posent cette identification comme objet de discours. C&rsquo;est le cas du discours d&rsquo;investiture et des recours qu&rsquo;il impose au corps social pos&eacute; comme unifi&eacute; et comme unit&eacute; agissante (le peuple choisit son souverain).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:1cm; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">&nbsp;Ce souverain, parce qu&rsquo;il est locuteur, pr&eacute;cis&eacute;ment, est discursivement conduit &agrave; construire sa nouvelle identit&eacute; de porteur du <i>skeptron</i>. L&rsquo;investiture, qu&rsquo;il accepte et dont il d&eacute;ploie la conversion en promesse d&rsquo;actions, joue aussi comme <i>op&eacute;rateur d&rsquo;individualisation</i> (Ricoeur, 1990) dans la mesure o&ugrave; elle est construite comme marqueur de l&eacute;gitimit&eacute; rejetant toute contestation du pouvoir qu&rsquo;elle &eacute;tablit et ancre dans le rituel performatif de l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la parole autoris&eacute;e. L&rsquo;investiture est donc un constituant de &laquo;&nbsp;<i>la</i> Tradition en tant qu&rsquo;autorit&eacute; anti-argumentative&nbsp;&raquo; (<i>ibid.</i>, 333). S&rsquo;il est vrai que &laquo;&nbsp;l&rsquo;argument a la pr&eacute;tention d&rsquo;&ecirc;tre logique, et non psychologique&nbsp;&raquo; (<i>ibid.</i>, 81), faut-il parler d&rsquo;arguments path&eacute;miques au nombre desquels situer l&rsquo;argument empathique&nbsp;? Le c&eacute;r&eacute;moniel et le faste constitutifs des festivit&eacute;s li&eacute;es au discours d&rsquo;investiture y sont invariablement des pr&ecirc;ts &agrave; penser, corollaires de persuasion et constituants des cadres formels o&ugrave; l&rsquo;argumentation logique est secondaire et le c&egrave;de &agrave; l&rsquo;expression du pathos. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:1cm; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">A priori, et &agrave; en croire Cosnier </span><span style="line-height:115%">(</span><span style="line-height:115%">2016, en ligne</span><span style="line-height:115%">)</span><span style="line-height:115%">, &laquo;&nbsp;l&rsquo;empathie est g&eacute;n&eacute;ralement con&ccedil;ue comme &laquo; prise de r&ocirc;le &raquo; (role taking) : aptitude &agrave; se mettre &agrave; la place d&rsquo;autrui, &agrave; inf&eacute;rer ainsi en imagination ses pens&eacute;es, ses sentiments et ses actions. L&rsquo;empathie est aussi un &laquo; partage de perspective &raquo; (perspective taking), qui consiste &agrave; imaginer ce que l&rsquo;on percevrait &agrave; la place d&rsquo;autrui&nbsp;&raquo;. </span><span style="line-height:115%">Dans ce contexte, l&rsquo;empathie apparait comme le sentiment de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;autre comme soi-m&ecirc;me. Elle est de ce point de vue utile &agrave; l&rsquo;&eacute;closion du sentiment communautaire et de l&rsquo;identit&eacute; nationale. Elle est donc montr&eacute;e par le locuteur en tant que </span><span style="line-height:115%">&laquo;&nbsp;F&uuml;rsorge (sollicitude ou souci des personnes)&nbsp;&raquo; </span><span style="line-height:115%">(Ricoeur, 1990&nbsp;: 359), ou suppos&eacute;e exprim&eacute;e par le suffrage dont le locuteur se pr&eacute;vaut avec une intensit&eacute; plus grande dans le cadre du discours d&rsquo;investiture. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:1cm; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le discours d&rsquo;investiture d&rsquo;Emmanuel Macron est un exemple du genre. L&rsquo;empathie discursivement exprim&eacute;e par le &quot;je&quot; locuteur y c&ocirc;toie celle qui est implicitement attribu&eacute;e aux &eacute;nonciataires. Entre psychologie politique et sociopolitique, l&rsquo;agir communicationnel de l&rsquo;investiture invite &agrave; refonder le contrat social. Il s&rsquo;agit en somme de montrer dans cette &eacute;tude que le discours d&rsquo;investiture r&eacute;duit, en son principe fonctionnel,&nbsp;l&rsquo;opposition suscit&eacute;e par la notion ricoeurienne <i>d&rsquo;identit&eacute; narrative</i> &laquo;&nbsp;entre le caract&egrave;re (nous-m&ecirc;me comme <i>idem</i>) et la constance morale illustr&eacute;e par la promesse (nous-m&ecirc;me comme <i>ipse</i>)&nbsp;&raquo; (Ricoeur, 1990&nbsp;: 359), &agrave; partir de l&rsquo;&eacute;lection comme &quot;<i>épisode émotionnel</i>&quot; (Cosnier, 2015 : 8). On s&rsquo;y int&eacute;ressera notamment &agrave; des proc&eacute;d&eacute;s langagiers et argumentatifs tels que l&rsquo;ethos collectif, le recours au r&eacute;cit fondateur ou l&rsquo;exemple historique, l&rsquo;ethos de solidarit&eacute;, l&rsquo;expression lexicale du changement (indicateur de promesse), qui configurent le topos empathique dans le projet discursif propos&eacute; &agrave; l&rsquo;assentiment des citoyens fran&ccedil;ais.</span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">1. </span></b><b><span style="line-height:115%">Ancrage th&eacute;orique&nbsp;</span></b></span></span></span></h2> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">1.1.</span></b><b><span style="line-height:115%"> Du discours d&rsquo;investiture comme discours politique</span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; text-indent:1cm; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Dans une perspective institutionnelle le discours politique se d&eacute;finira comme activit&eacute; discursive situ&eacute;e au confluent d&rsquo;un espace de discussion, d&rsquo;un espace d&rsquo;action et d&rsquo;un espace de persuasion et par laquelle ceux qui ont la charge de l&rsquo;&Eacute;tat et du pouvoir exercent leur autorit&eacute;. Partant d&rsquo;un tel point de vue, il est possible de postuler que le discours d&rsquo;investiture rel&egrave;ve de l&rsquo;espace de l&rsquo;action dans la mesure o&ugrave; il constitue un exemple de la distribution des t&acirc;ches dont Durkheim estimait qu&rsquo;elles &eacute;taient &agrave; l&rsquo;origine de l&rsquo;&Eacute;tat. En conf&eacute;rant &agrave; un individu un titre, une dignit&eacute;, une fonction nouvelle, l&rsquo;&Eacute;tat, par le biais de ceux qui en ont la gestion et qui sont parfois d&eacute;sign&eacute;s par la d&eacute;nomination &eacute;vocatrice d&rsquo;homme d&rsquo;&Eacute;tat, engage son autorit&eacute; et sa souverainet&eacute;, il mobilise ainsi des forces tendant &agrave; rendre irr&eacute;futable le choix op&eacute;r&eacute; d&rsquo;investir tel individu ou telle entit&eacute;. Le discours d&rsquo;investiture rel&egrave;ve aussi de l&rsquo;espace de persuasion car il s&rsquo;attache &agrave; persuader ses destinataires de la comp&eacute;tence personnelle du sujet de l&rsquo;investiture. A cette comp&eacute;tence personnelle, s&rsquo;ajoute une comp&eacute;tence institutionnelle c&#39;est-&agrave;-dire li&eacute;e aux attributions nouvelles et intrins&egrave;ques &agrave; la charge dont le sujet se trouve investi. Discours de persuasion donc car le discours d&rsquo;investiture a pour finalit&eacute; perlocutoire outre de cr&eacute;er un changement dans la donn&eacute;e d&rsquo;un fait institutionnel, de susciter l&rsquo;all&eacute;geance de ceux qui en sont les destinataires directs (citoyens dans le cas du discours d&rsquo;investiture pr&eacute;sidentiel) et la reconnaissance de ses destinataires indirects&hellip; (homologues chefs d&rsquo;&Eacute;tat dans le m&ecirc;me cas). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">En consid&eacute;rant que la politique rel&egrave;ve &agrave; la fois du pouvoir et de l&rsquo;&Eacute;tat, Charaudeau </span><span style="text-transform:uppercase">(</span>2005&nbsp;: 20-21) <span style="line-height:115%">a pu soutenir ceci&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">la politique &eacute;tait n&eacute;e d&rsquo;un d&eacute;sir d&rsquo;organiser la vie sociale des individus vivant en communaut&eacute;, il en r&eacute;sulte, qu&rsquo;elle prend corps &agrave; travers un certain nombre d&rsquo;activit&eacute;s de r&eacute;gulation sociale&nbsp;: r&eacute;guler les rapports de force en vue de maintenir ou d&rsquo;aplanir certaines situations de domination ou de conflit, et m&ecirc;me tenter d&rsquo;&eacute;tablir des rapports &eacute;galitaires entre les individus&nbsp;; l&eacute;gif&eacute;rer pour orienter, &agrave; travers la promulgation de lois et de sanctions, les comportements des individus pour pr&eacute;server le bien commun&nbsp;; distribuer et r&eacute;partir les t&acirc;ches, les r&ocirc;les et les responsabilit&eacute;s des uns et des autres &agrave; travers la mise en place d&rsquo;un syst&egrave;me de d&eacute;l&eacute;gation et de repr&eacute;sentation plus ou moins hi&eacute;rarchis&eacute; (par nomination ou par &eacute;lection).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Charaudeau con&ccedil;oit donc la r&eacute;gulation des relations humaines comme finalit&eacute; de l&rsquo;activit&eacute; politique et par ricochet du discours politique. Le principe de cette r&eacute;gulation fonde le transfert de pouvoir qui, comme pratique sociale, est &agrave; l&rsquo;origine de la c&eacute;r&eacute;monie et du discours d&rsquo;investiture. Il en r&eacute;sulte que le discours d&rsquo;investiture, en tant que discours politique, rel&egrave;ve de la constitution de l&rsquo;&Eacute;tat et t&eacute;moigne du n&eacute;cessaire transfert d&rsquo;autorit&eacute; qui fonde la pratique du pouvoir politique &agrave; la diff&eacute;rence du pouvoir autocratique ou militaire. Comme l&rsquo;&eacute;voque Arendt</span> (1961/1972&nbsp;: 153)<span style="line-height:115%">&nbsp;: &laquo; lorsque nous d&eacute;clarons que quelqu&rsquo;un est au pouvoir, nous entendons par l&agrave; qu&rsquo;il a re&ccedil;u d&rsquo;un certain nombre de personnes le pouvoir d&rsquo;agir en leur nom&nbsp;&raquo;. La d&eacute;l&eacute;gation de pouvoir est donc le fondement de toute action politique. Les modalit&eacute;s de cette d&eacute;l&eacute;gation sont inscrites dans le dispositif l&eacute;gislatif qui constitue la premi&egrave;re source institutionnelle du pouvoir et de la l&eacute;gitimit&eacute;. Le discours d&rsquo;investiture peut ainsi se d&eacute;finir comme la mise en mots d&rsquo;un acte l&eacute;gislatif dans la mesure o&ugrave; la conformit&eacute; de l&rsquo;investiture aux textes de lois conf&egrave;re force de droit &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; nouvellement investie et &agrave; son discours. D&rsquo;ailleurs, au regard du dispositif dialogal qui le constitue dans les faits, le discours d&rsquo;investiture est compos&eacute; de celui du sujet investi que nous appelons <i>discours investi</i>, et qui<i> </i>n&rsquo;est qu&rsquo;un acte responsif au discours conf&eacute;rant l&rsquo;investiture ou <i>discours investissant</i>. C&rsquo;est ce dernier qui en changeant un &eacute;tat des choses, instaure le sentiment d&rsquo;un renouvellement de la loi.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">L&rsquo;espace social qui r&eacute;git le politique se subdivise en quatre secteurs principaux que Charaudeau distingue comme &eacute;tant&nbsp;: le juridique, l&rsquo;&eacute;conomique, le m&eacute;diatique et le politique. Ces secteurs indiquent la n&eacute;cessaire r&eacute;gulation sans laquelle l&rsquo;espace social ne r&eacute;sisterait pas au d&eacute;sordre. Le discours d&rsquo;investiture c&ocirc;toie le juridique et le politique en ce que son av&egrave;nement s&rsquo;appuie sur le droit en tant qu&rsquo;il est le prolongement d&rsquo;une formule sacramentelle prof&eacute;r&eacute;e par un homme de loi. Il s&rsquo;appuie aussi sur l&rsquo;obligation politique du transfert d&rsquo;autorit&eacute; qui r&eacute;git toute soci&eacute;t&eacute;. Il investit le m&eacute;diatique en s&rsquo;imposant comme un &eacute;v&eacute;nement d&rsquo;envergure nationale par exemple dans le cas du discours d&rsquo;investiture pr&eacute;sidentiel. Il touche donc &agrave; la quasi-totalit&eacute; des domaines du politique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">En cela, il est possible de consid&eacute;rer le discours politique et plus pr&eacute;cis&eacute;ment le discours d&rsquo;investiture comme relevant des exigences d&rsquo;autorit&eacute; et de structuration sociale au c&oelig;ur des communaut&eacute;s humaines. Discours d&rsquo;autorit&eacute; et destin&eacute; &agrave; structurer le social, c&rsquo;est dans l&rsquo;ordre de la n&eacute;cessit&eacute; politique au sens des rapports de force et d&rsquo;un point de vue institutionnel et normatif que le discours d&rsquo;investiture tire presque essentiellement sa l&eacute;gitimit&eacute;. Ainsi, pour <span style="background:white"><span style="color:black">Salavastru (</span></span></span><span lang="RO" style="line-height:115%">2003, en ligne) </span><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="color:black">: </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="color:black">la l&eacute;gitimit&eacute; du pouvoir est un probl&egrave;me de discursivit&eacute;. L&rsquo;acte de l&eacute;gitimation du pouvoir pour un groupe politique est le r&eacute;sultat d&rsquo;une activit&eacute; discursive d&rsquo;une grande amplitude d&eacute;roul&eacute;e sous des formes diverses, avec des intentions diff&eacute;rentes et usant de canaux de communication tr&egrave;s diversifi&eacute;s. D&rsquo;o&ugrave; cette pr&eacute;occupation obsessive des groupes politiques pour chercher des formes de discours capables d&rsquo;avoir un impact profond et tout &agrave; fait persuasif sur l&rsquo;auditoire.</span></span></span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">1.2.</span></b><b><span style="line-height:115%"> L&rsquo;empathie en question</span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Pour Attigui &amp; Cukier (2011 : 11), le lien entre l&rsquo;empathie et l&rsquo;imaginaire politique tire son fondement de l&rsquo;utilit&eacute; path&eacute;mique du lien social&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">L&rsquo;empathie s&rsquo;est en effet aujourd&rsquo;hui imposée comme le type psychologique commun d&rsquo;interactions sociales quotidiennes diverses. À la lumière de l&rsquo;empathie, des phénomènes apparemment aussi différents que le dialogue, la saisie des expressions, intentions et sentiments d&rsquo;autrui, la compétition ou la coopération, la reconnaissance et l&rsquo;identification sociale, et même la constitution de l&rsquo;imaginaire politique, semblent pouvoir émerger &mdash; et être expliqués à partir &mdash; d&rsquo;une même dialectique complexe (qu&rsquo;on dira alors &laquo; empathique &raquo;) entre partage affectif et représentation sociale.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">La question de la repr&eacute;sentation dont ils font mention implique l&rsquo;usage de l&rsquo;identit&eacute; du repr&eacute;sentant social par excellence. Le d&eacute;tenteur du <i>skeptron</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire du pouvoir politique, le porte-parole de l&rsquo;ordre social, dont le plus haut degr&eacute; s&rsquo;exprime dans la fonction de Pr&eacute;sident de la r&eacute;publique, constitue le premier maillon de la chaine des repr&eacute;sentations. Son discours inaugural consacre cette repr&eacute;sentation dans une double perspective. Elle rend non seulement performative son accession &agrave; l&rsquo;identit&eacute; de repr&eacute;sentant, mais aussi, elle met en sc&egrave;ne un imaginaire politique qui charrie l&rsquo;id&eacute;al social constituant l&rsquo;horizon d&rsquo;attente d&eacute;mocratique. La <i>dialectique empathique,</i> qui correspond pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; l&rsquo;<i>identit&eacute; narrative</i> ricoeurienne, est donc perceptible, d&rsquo;une part, en mati&egrave;re d&rsquo;identification (caract&egrave;re du sentiment national ou le &quot;nous-m&ecirc;me comme <i>idem</i>&quot;), et d&rsquo;autre part, en termes d&rsquo;identit&eacute; (l&rsquo;autorit&eacute; investie l&rsquo;est de fait et droit, d&rsquo;o&ugrave; la solidarit&eacute; du citoyen &agrave; son endroit puisqu&rsquo;il est attach&eacute; &agrave; la fonction statutaire, m&ecirc;me s&rsquo;il n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; &eacute;lecteur du sujet investi). Ladite solidarit&eacute; comme effet d&rsquo;identit&eacute; constitue en partie la condition de r&eacute;ussite performative de la parole de promesse du repr&eacute;sentant collectif du &quot;nous-m&ecirc;me comme <i>ipse</i>&quot; ricoeurien.</span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">2. </span></b><b><span style="line-height:115%">Exploration en corpus</span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">La pr&eacute;sente lecture analytique du discours d&rsquo;investiture d&rsquo;Emmannuel Macron concernera l&rsquo;usage de l&rsquo;ethos, le recours au r&eacute;cit fondateur, et l&rsquo;expression du changement comme indicateur de promesse.</span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">2.1.</span></b><b><span style="line-height:115%"> L&rsquo;exploitation ethotique</span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Les ethos Mobilis&eacute;s par Emmannuel Macron dans son discours d&rsquo;investiture sont de trois ordres principaux. Il s&rsquo;agit de l&rsquo;ethos collectif, de </span>l&rsquo;ethos de solidarit&eacute;, de l&rsquo;ethos d&rsquo;humanit&eacute; et de l&rsquo;ethos de puissance.</span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:14px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">- <b>L&rsquo;ethos collectif </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette expression ethotique concerne, dans le cadre d&rsquo;un discours collectif, la mise en discours de la fonction de porteur de <i>skeptron</i>. L&rsquo;identit&eacute; comme identification &agrave; autrui en est le fondement&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le &laquo; nous &raquo; m&egrave;ne &agrave; s&rsquo;interroger sur la construction identitaire dans son rapport au groupe : il appelle &agrave; d&eacute;velopper la notion d&rsquo;ethos collectif pour rendre compte de la fa&ccedil;on dont une collectivit&eacute; &eacute;tablit ou consolide son identit&eacute;&nbsp;&raquo; (Amossy, 2010). C&rsquo;est le cas dans cet extrait&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">La confiance que les fran&ccedil;aises et les fran&ccedil;ais m&#39;ont t&eacute;moign&eacute;e, m&#39;emplit d&#39;une immense &eacute;nergie. La certitude intime que nous pouvons ensemble &eacute;crire une des plus belles pages de notre histoire portera mon action. Dans ces instants o&ugrave; tout peut basculer, le peuple fran&ccedil;ais a toujours su trouver l&#39;&eacute;nergie, le discernement, l&#39;esprit de concorde pour construire le changement profond. Nous en sommes l&agrave;, c&#39;est pour cette mission, qu&#39;humblement je servirai notre peuple.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il s&rsquo;agit ici de la clausule du <span style="line-height:115%">discours d&rsquo;investiture d&rsquo;Emmannuel Macron. Le jeu de n&eacute;gociation entre l&rsquo;identit&eacute; de r&ocirc;le et l&rsquo;identit&eacute; collective passe, d&rsquo;une part, par une alternance pronominale entre le soi (me/mon/je) et le moi inclusif (Nous/notre), et, d&rsquo;autre part, par la d&eacute;signation syntagmatique de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; franche (les fran&ccedil;aises et les fran&ccedil;ais/ le peuple fran&ccedil;ais). En consid&eacute;rant avec Amossy que &laquo;&nbsp;l&rsquo;essentiel est, en l&rsquo;occurrence, que l&rsquo;ethos se construit &agrave; partir d&rsquo;une repr&eacute;sentation pr&eacute;existante qui fait partie d&rsquo;un imaginaire collectif&nbsp;&raquo; (2010 : 29), on d&eacute;duira que l&rsquo;imaginaire du corps mystique du souverain<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a> est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans cet extrait. La r&eacute;p&eacute;tition du lex&egrave;me &laquo;&nbsp;&eacute;nergie&nbsp;&raquo;, dans les phrases &laquo;&nbsp;La confiance que les fran&ccedil;aises et les fran&ccedil;ais m&#39;ont t&eacute;moign&eacute;e, m&#39;emplit d&#39;une immense<b> <u>&eacute;nergie</u></b>. / le peuple fran&ccedil;ais a toujours su trouver <b><u>l&#39;&eacute;nergie</u></b>&hellip;&nbsp;&raquo; &eacute;voque implicitement cette mystique &agrave; relents empathique du corps du souverain drainant l&rsquo;&eacute;nergie collective. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">On remarquera aussi le choix amphibologique de l&rsquo;ethos collectif comme horizontalit&eacute; et verticalit&eacute; dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;La certitude intime que nous pouvons ensemble &eacute;crire une des plus belles pages de notre histoire portera mon action.&nbsp;&raquo; Le verbe &laquo;&nbsp;porter&nbsp;&raquo; admettant &agrave; la fois un sujet grammatical (la certitude) et un sujet sylleptique (le collectif en action), renvoie ici, en effet, aussi bien &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de soutenir collectivement le lien social et de maintenir le porte-parole en vue de veiller &agrave; la r&eacute;ussite de sa mission (acception verticale), qu&rsquo;&agrave; celle de responsabilit&eacute; dont l&rsquo;&eacute;tymologie du mot &laquo;&nbsp;investiture&nbsp;&raquo; &agrave; savoir <i>vestis</i> (v&ecirc;tement), actualise l&rsquo;acception horizontale.</span></span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:14px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">- <b>L&rsquo;ethos de solidarit&eacute; et d&rsquo;humanit&eacute;</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">L&rsquo;identification est le processus par lequel un citoyen, membre d&rsquo;une communaut&eacute;, laisse son identit&eacute; &agrave; l&rsquo;ali&eacute;nation de celle de l&rsquo;homme politique en tant qu&rsquo;il incarne une identit&eacute; collective ou toutes les particularit&eacute;s identitaires se fondent. Ce processus passe par une implication discursive dans l&rsquo;affect social par la construction d&rsquo;imaginaires capables de f&eacute;d&eacute;rer un tr&egrave;s grand nombre de citoyens. Cette raison pousse, selon Charaudeau, les hommes politiques en qu&ecirc;te de l&eacute;gitimit&eacute;, dans l&rsquo;espoir qu&rsquo;une grande majorit&eacute; de citoyens se reconnaitront en eux, &agrave; revendiquer des valeurs parfois contradictoires comme les couples : traditionalisme / modernisme, sinc&eacute;rit&eacute; / ruse, puissance / modestie, &eacute;litisme / populisme etc.&nbsp; L&rsquo;identification passe par la construction des &eacute;thos de &laquo; puissance &raquo;, de &laquo; caract&egrave;re &raquo;, d&rsquo;&laquo;intelligence&raquo;, d&rsquo;&laquo; humanit&eacute; &raquo;, de &laquo; chef &raquo; et de &laquo; solidarit&eacute; &raquo;. On s&rsquo;int&eacute;ressera aux figures </span>du rassembleur, du guide de l&rsquo;Europe et du gendarme du monde que Macron campe dans son discours d&rsquo;investiture.</span></span></span></p> <p style="margin-bottom:14px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i>La figure du rassembleur</i></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La force d&rsquo;un guide &eacute;tant de rassembler les siens, cette figure est un lieu commun du discours d&rsquo;investiture. De mani&egrave;re &eacute;vidente le locut<span style="line-height:115%">eur l&rsquo;exprime &agrave; travers l&rsquo;argument par la volont&eacute; d&rsquo;agir, et ce, notamment quand il d&eacute;clare&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&#39;aurai dans le m&ecirc;me temps la volont&eacute; constante de r&eacute;concilier et rassembler l&#39;ensemble des fran&ccedil;ais.&nbsp;&raquo; Le fondement empathique de cette figure du rassembleur r&eacute;side dans le fait que l&rsquo;unit&eacute; suppose la justice et l&rsquo;&eacute;galit&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire le bannissement des discriminations et des consid&eacute;rants de division qui sapent la coh&eacute;sion nationale.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36.15pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Macron actualise aussi la parole de promesse &agrave; travers la r&eacute;f&eacute;rence empathique &agrave; ses pr&eacute;d&eacute;cesseurs&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Les efforts de mes pr&eacute;d&eacute;cesseurs en ce sens ont &eacute;t&eacute; remarquables et je veux ici les saluer. Je songe au G&eacute;n&eacute;ral De Gaulle qui &oelig;uvra pour redresser la France et lui rendre son rang dans le concert des nations. Je songe &agrave; Georges Pompidou qui f&icirc;t de la France une force industrielle majeure, &agrave; Val&eacute;rie Giscard d&#39;Estaing qui su faire rentrer la France et sa soci&eacute;t&eacute; dans la modernit&eacute;. A Fran&ccedil;ois Mitterrand qui accompagna la r&eacute;conciliation du r&ecirc;ve Fran&ccedil;ais et du r&ecirc;ve Europ&eacute;en. A Jacques Chirac nous donnant le rang d&#39;une nation sachant dire non aux pr&eacute;tentions des va-t-en guerre. A Nicolas Sarkozy, ne comptant pas son &eacute;nergie pour r&eacute;soudre la crise financi&egrave;re qui avait si violemment frapp&eacute; le monde et je songe bien s&ucirc;r &agrave; Fran&ccedil;ois Hollande faisant &oelig;uvre de pr&eacute;curseur avec l&#39;accord de Paris sur le climat et prot&eacute;geant les Fran&ccedil;ais dans un monde frapp&eacute; par le terrorisme. Leur &oelig;uvre surtout ces derni&egrave;res d&eacute;cennies s&#39;est trop souvent vu emp&ecirc;ch&eacute;e par un climat int&eacute;rieur d&eacute;l&eacute;t&egrave;re. Par le d&eacute;couragement de fran&ccedil;aises et de fran&ccedil;ais s&#39;estimant injustement d&eacute;favoris&eacute;s, d&eacute;class&eacute;s ou oubli&eacute;s. Ce que la France avait &agrave; dire au monde s&#39;est parfois trouv&eacute; affaibli par une situation nationale percluse d&#39;inqui&eacute;tude voire de d&eacute;fiance.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce choix argumentatif est d&rsquo;abord celui de l&rsquo;argumentation par l&rsquo;autorit&eacute; de l&rsquo;autre. Les pr&eacute;d&eacute;cesseurs cit&eacute;s b&eacute;n&eacute;ficiant d&rsquo;un capital empathique profond chez de nombreux fran&ccedil;ais, l&rsquo;appel &agrave; leur autorit&eacute; conforte la figure du rassembleur chez l&rsquo;&eacute;nonciateur. Ensuite, il s&rsquo;agit institutionnellement de se poser comme le continuateur de l&rsquo;action &eacute;tatique dont le succ&egrave;s n&eacute;cessite une union franche et un rassemblement sans compromis du peuple fran&ccedil;ais. A cela s&rsquo;ajoute un d&eacute;ni qui se donne &agrave; lire comme une expression empathique. En &eacute;voquant ces concitoyens, ceux dont il affirme qu&rsquo;ils se sont sentis oubli&eacute;s par la R&eacute;publique, le locuteur entend leur exprimer la solidarit&eacute; s&eacute;culaire des gouvernants dont il fait &agrave; pr&eacute;sent partie. Enfin, en se montrant solidaire des difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par ses pr&eacute;d&eacute;cesseurs, le locuteur anticipe sur les reproches dont il pourrait &ecirc;tre victime. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un implicite proleptique qui lui garantit le soutien de l&rsquo;auditoire.</span></span></span></p> <p style="margin-bottom:14px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i>La figure du guide de l&rsquo;Europe et du gendarme du monde</i></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:17.25pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">L&rsquo;expression empathique comme modalit&eacute; de la parole de promesse se per&ccedil;oit dans la double figure </span>du guide de l&rsquo;Europe et du gendarme du monde. Les r&eacute;f&eacute;rences de cette prise &agrave; t&eacute;moin des citoyens fran&ccedil;ais quant &agrave; leur r&ocirc;le dans la destin&eacute;e mondiale sont nombreuses dans le discours d&rsquo;investiture d&rsquo;Emmanuel Macron. En voici trois extraits&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><u><span style="font-size:10.0pt">Extrait 1&nbsp;:</span></u></b><b> </b><span style="font-size:10.0pt">Le monde et l&rsquo;Europe ont aujourd&rsquo;hui plus que jamais besoin de la France. Ils ont besoin d&rsquo;une France forte et s&ucirc;re de son destin. Ils ont besoin d&rsquo;une France qui porte haut la voix de la libert&eacute; et de la solidarit&eacute;. Ils ont besoin d&rsquo;une France qui sache inventer l&rsquo;avenir. Le monde a besoin de ce que les fran&ccedil;ais et les fran&ccedil;aises lui ont toujours enseign&eacute;. L&rsquo;audace de la libert&eacute;, l&rsquo;exigence de la l&eacute;galit&eacute;, la volont&eacute; de la fraternit&eacute;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><u><span style="font-size:10.0pt">Extrait 2&nbsp;:</span></u></b><b> </b><span style="font-size:10.0pt">Aujourd&rsquo;hui mesdames et messieurs, le temps est venu pour la France de se hisser &agrave; la hauteur du moment. La division et les fractures qui parcourent notre soci&eacute;t&eacute; doivent &ecirc;tre surmont&eacute;es. Qu&#39;elles soient &eacute;conomiques, sociales, politiques ou morales car le monde attend de nous que nous soyons forts, solides et clairvoyant. La mission de la France dans le monde est &eacute;minente. Nous prendrons toutes nos responsabilit&eacute;s pour apporter chaque fois que cela sera n&eacute;cessaire une r&eacute;ponse pertinente aux grandes crises contemporaines. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de la crise migratoire, du d&eacute;fi climatique des d&eacute;rives autoritaires, des exc&egrave;s du capitalisme mondial et bien s&ucirc;r du terrorisme. Plus rien d&eacute;sormais ne frappe les uns en &eacute;pargnant les autres. Nous sommes tous interd&eacute;pendants. Nous sommes tous voisins.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><u><span style="font-size:10.0pt">Extrait 3&nbsp;:</span></u></b><span style="font-size:10.0pt"> La France veillera toujours &agrave; &ecirc;tre aux c&ocirc;t&eacute;s de la libert&eacute; des droits de l&rsquo;homme, mais toujours pour construire la paix dans la dur&eacute;e. Nous avons un r&ocirc;le immense. Corriger les exc&egrave;s du cours du monde et veiller &agrave; la d&eacute;fense de la libert&eacute;. C&rsquo;est l&agrave; notre vocation.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:17.75pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le premier extrait de cette s&eacute;quence porte sur une triple construction stylistique qui en garantit l&rsquo;expressivit&eacute;&nbsp;: i) il s&rsquo;agit d&rsquo;abord d&rsquo;une anaphore ou r&eacute;p&eacute;tition lexicale/syntaxique en d&eacute;but de proposition. Elle y compte quatre occurrences (dont trois pronominales et une nominale) qui met en &eacute;vidence le besoin que l&rsquo;Europe et le monde ont de la France&nbsp;; ii) il s&rsquo;agit ensuite d&rsquo;une accumulation triplement occurrente (L&rsquo;audace de la libert&eacute;, l&rsquo;exigence de la l&eacute;galit&eacute;, la volont&eacute; de la fraternit&eacute;)&nbsp;; iii) et enfin d&rsquo;une hom&eacute;ot&eacute;leute, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;une utilisation, &agrave; intervalles rapproch&eacute;s, de mots pr&eacute;sentant des syllabes finales identiques. Dans ce contexte, l&rsquo;homophonie finale des mots &laquo;&nbsp;libert&eacute; (&hellip;) l&eacute;galit&eacute; (&hellip;) volont&eacute; (&hellip;) fraternit&eacute;&nbsp;&raquo;, insiste sur les valeurs constitutives de la devise fran&ccedil;aise. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:17.75pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le second extrait fait &eacute;tat d&rsquo;un ethos collectif de nation empathique, solidaire des fractures du monde et dont la mission et le r&ocirc;le de nation leader ne saurait souffrir de fractures internes. Un argument de la cause sup&eacute;rieure, en somme, impose que le peuple fran&ccedil;ais taise ses souffrances pour &ecirc;tre &agrave; m&ecirc;me de contribuer &agrave; soulager les peuples qui sont plus afflig&eacute;s que lui. &Agrave; cet effet, l&rsquo;&eacute;num&eacute;ration des crises mondiales s&rsquo;av&egrave;re rentable d&rsquo;un point de vue rh&eacute;torique (du d&eacute;fi climatique des d&eacute;rives autoritaires, des exc&egrave;s du capitalisme mondial et bien s&ucirc;r du terrorisme). Elle postule que des difficult&eacute;s plus importantes imposent &agrave; la nation fran&ccedil;aise et aux citoyens fran&ccedil;ais de se transcender.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:17.75pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le troisi&egrave;me extrait &eacute;voque euph&eacute;miquement l&rsquo;engagement militaire fran&ccedil;ais dans le monde car les actions internationales &eacute;nonc&eacute;es, pour &laquo;&nbsp;Corriger les exc&egrave;s du cours du monde et veiller &agrave; la d&eacute;fense de la libert&eacute;&nbsp;&raquo;, passent par l&rsquo;usage de la force militaire. Cette r&eacute;alit&eacute; que le locuteur n&rsquo;&eacute;voque pas explicitement en en d&eacute;veloppant les actions concr&egrave;tes, il la colore d&rsquo;humanisme par l&rsquo;&eacute;vocation des causes philanthropiques sous-jacentes. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:14px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">- </span><b><span style="line-height:115%">L&rsquo;&eacute;thos de puissance</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:17.75pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">En d&eacute;finissant ce type d&rsquo;&eacute;thos Charaudeau se garde d&rsquo;un amalgame et pr&eacute;cise qu&rsquo;il est distinct d&rsquo;un imaginaire li&eacute; au pouvoir. Il pr&eacute;cise ainsi :</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">l&rsquo;&eacute;thos de puissance est vu comme une &eacute;nergie physique qui sourd des profondeurs terrestres, anime et propulse le corps dans l&rsquo;action. Il nous renvoie l&rsquo;image d&rsquo;une &laquo; force de la nature &raquo;, force tellurique contre laquelle on ne peut pas grand-chose. Cet imaginaire ne doit pas &ecirc;tre confondu avec celui du pouvoir ; ce dernier r&eacute;sulte d&rsquo;une action coordonn&eacute;e ayant pour finalit&eacute; l&rsquo;organisation de la vie collective (&hellip;) alors que la puissance est relative &agrave; l&rsquo;individu.</span> </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Notre conception de l&rsquo;&eacute;thos de puissance englobe &agrave; la fois ces caract&egrave;res de virilit&eacute; sexuelle et de vigueur masculine d&eacute;finis par Charaudeau mais aussi celui li&eacute; au pouvoir. La distinction de Charaudeau repose en effet sur cette observation de Arendt pour qui &laquo; le pouvoir n&rsquo;est jamais une propri&eacute;t&eacute; individuelle il appartient &agrave; un groupe et continue de lui appartenir aussi longtemps que ce groupe n&rsquo;est pas divis&eacute; &raquo;. Cette conception du pouvoir est en porte &agrave; faux avec celle qui est inh&eacute;rente &agrave; la logique de l&rsquo;investiture. Celle-ci, en effet, suppose qu&rsquo;un individu se voit investi par d&eacute;l&eacute;gation. La fonction &agrave; laquelle il est propos&eacute; lui procure <i>de facto</i> une identit&eacute; institutionnelle qui associe son image et sa personne au pouvoir. Il donne ainsi corps &agrave; un concept abstrait et sa personne est indissociable de l&rsquo;institution qu&rsquo;il incarne. A ce titre, ce n&rsquo;est pas en principe, un groupe, en l&rsquo;occurrence un parti politique, qui est investi mais un individu qui, s&rsquo;il n&rsquo;en est pas le d&eacute;tenteur au motif que le pouvoir appartient au peuple ou &agrave; l&rsquo;ensemble de la communaut&eacute; &eacute;lectrice, est bel et bien et dans la r&eacute;alit&eacute; des faits, le possesseur quoique temporairement du pouvoir. L&rsquo;&eacute;thos de puissance est d&rsquo;ailleurs d&rsquo;autant plus li&eacute; au pouvoir que son inclination longtemps per&ccedil;ue comme &eacute;tant essentiellement masculine est un indice de l&rsquo;ext&eacute;riorisation m&ecirc;me du pouvoir. Le cadre du discours d&rsquo;investiture offre ainsi un t&eacute;moignage vibrant de l&rsquo;&eacute;thos de puissance. Le faste et le gigantisme qui se d&eacute;gagent de la c&eacute;r&eacute;monie renforcent au plus haut point l&rsquo;id&eacute;e que le sujet investi est dot&eacute; de cet &eacute;thos dans une mesure qui soit &agrave; la hauteur de la c&eacute;l&eacute;bration qui en voit l&rsquo;actualisation. Cet extrait du discours d&rsquo;investiture de Macron en est constitutif.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Il m&#39;appartiendra de convaincre que les fran&ccedil;aises et les fran&ccedil;ais que notre pays qui aujourd&#39;hui semble mis &agrave; mal par les vents contraires du cours du monde porte en son sein toutes les ressources pour figurer au premier rang des nations. Je convaincrai nos compatriotes que la puissance de la France n&#39;est pas d&eacute;clinante mais que nous sommes &agrave; l&#39;or&eacute;e d&#39;une extraordinaire renaissance parce que nous tenons entre nos mains tous les atouts qui feront et qui font les grandes puissances du XXI&egrave;me si&egrave;cle.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Cette promesse empathique vise &agrave; vivifier l&rsquo;imaginaire d&rsquo;une destin&eacute;e collective de puissance faisant de la France une nation pr&eacute;sidant aux destin&eacute;es du monde et dont les citoyens peuvent &ecirc;tre fiers de l&rsquo;action internationale. Mais l&rsquo;ethos de puissance ici exprim&eacute;e n&rsquo;&eacute;lude en rien l&rsquo;ethos d&rsquo;humilit&eacute; dont le locuteur de discours d&rsquo;investiture a l&rsquo;obligation de faire preuve : &laquo;&nbsp;je sais que les fran&ccedil;aises et les fran&ccedil;ais en cette heure attendent beaucoup de moi. Ils ont raison. Car le mandat qu&#39;ils me confient leur donne sur moi le droit d&#39;une exigence absolue. J&#39;en suis pleinement conscient.&nbsp;&raquo; Ainsi dans cet extrait&nbsp;le locuteur exprime la verticalit&eacute; de son pouvoir en tant qu&rsquo;il est l&rsquo;oblig&eacute; de ses concitoyens. </span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">2.2.&nbsp;</span></b><b><span style="line-height:115%">Le r&eacute;cit fondateur et l&rsquo;appel aux valeurs</span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le discours d&rsquo;investiture mobilise le r&eacute;cit fondateur et l&rsquo;imaginaire qui lui est connexe autant que l&rsquo;appel aux valeurs qu&rsquo;il est susceptible de fonder lui-m&ecirc;me. Comme le note A LA Guillaume (2000 : 99)&nbsp;: &laquo; Les discours d&rsquo;investiture ne se contentent pas du rappel des mythes fondateurs. Par del&agrave; leur apparence constative apparait leur r&ocirc;le performatif de cr&eacute;ation des valeurs. Le travail de fabrication du consensus d&eacute;pend des circonstances et du rapport de forces. &raquo;&nbsp; Autrement dit, seules les contingences historiques du moment peuvent d&eacute;terminer pour le nouveau pr&eacute;sident le choix de restaurer les valeurs traditionnelles ch&egrave;res &agrave; la communaut&eacute; ou d&rsquo;en instituer de nouvelles. Emmanuel Macron opte pour ces deux options dans son discours d&rsquo;investiture. L&rsquo;extrait suivant est un indice du rappel du r&eacute;cit fondateur&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Le monde entier a regard&eacute; notre &eacute;lection pr&eacute;sidentielle. Partout on se demandait si les fran&ccedil;ais allaient d&eacute;cider &agrave; leur tour de se replier sur le pass&eacute; illusoire, s&#39;ils allaient rompre avec la marche du monde, quitter la sc&egrave;ne de l&#39;histoire, c&eacute;der &agrave; la d&eacute;fiance d&eacute;mocratique, l&#39;esprit de division et tourner le dos aux lumi&egrave;res ou si au contraire ils allaient embrasser l&#39;avenir, se donner collectivement un nouvel &eacute;lan, r&eacute;affirmer leur foi dans les valeurs qui ont fait d&#39;eux un grand peuple. Le 7 mai, les fran&ccedil;ais ont choisi. Qu&#39;ils en soient aussi remerci&eacute;s. La responsabilit&eacute; qu&#39;ils m&#39;ont confi&eacute;e est un honneur dont je mesure la gravit&eacute;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le locuteur choisit d&rsquo;entr&eacute;e de jeu d&rsquo;inscrire son allocution dans une perspective historique. Il s&rsquo;agit pour lui de faire r&eacute;f&eacute;rence au si&egrave;cle des lumi&egrave;res qui constitue l&rsquo;&acirc;ge d&rsquo;or de la gloire scientifique de la France. C&rsquo;est donc le recours &agrave; l&rsquo;histoire de la grandeur fran&ccedil;aise qui constitue ici l&rsquo;ancrage argumentatif du discours d&rsquo;Emmanuel Macron. Le glissement entre cet &acirc;ge d&rsquo;or du leadership fran&ccedil;ais et sa mandature constitue aussi l&rsquo;expression d&rsquo;un ethos de puissance. Le choix du lex&egrave;me &laquo;&nbsp;foi&nbsp;&raquo; pour faire r&eacute;f&eacute;rence aux valeurs n&rsquo;est pas fortuit dans la mesure o&ugrave; il cristallise une dimension mystique voire &eacute;sot&eacute;rique de la croyance. Le contraste est d&rsquo;ailleurs saisissant entre la description de l&rsquo;&eacute;tat actuel de la France et son pass&eacute; glorieux. Cet extrait en est r&eacute;v&eacute;lateur&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">depuis des d&eacute;cennies la France doute d&#39;elle-m&ecirc;me, elle se sent menac&eacute;e dans sa culture, dans son mod&egrave;le social, dans ses croyances profondes, elle doute de ce qui l&#39;a faite. Voil&agrave; pourquoi mon mandat sera guid&eacute; par deux exigences. La premi&egrave;re sera de rendre aux fran&ccedil;ais cette confiance en eux depuis trop longtemps affaiblie.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le locuteur insiste donc sur les turpitudes actuelles de la France pour mieux envisager, &agrave; travers son pass&eacute; glorieux, son leadership mondial dont il se pr&eacute;sente comme l&rsquo;incarnation &agrave; la faveur de son investiture. L&rsquo;expression empathique est ici double car elle concerne d&rsquo;une part la solidarit&eacute; du locuteur &agrave; la nation fran&ccedil;aise dont il souhaite redorer le blason, et, d&rsquo;autre part, les victimes du terrorisme qui s&rsquo;en est pris au mod&egrave;le social de la vie du citoyen fran&ccedil;ais &agrave; travers maints attentats. Le recours au pass&eacute; rel&egrave;ve aussi de la dialectique la tradition et de la modernit&eacute;, sauf que pour le locuteur la noblesse et la puissance de la France dans le concert des nations est une longue tradition il a pour ambition de restaurer amplement. Il y va alors de la perp&eacute;tuation des valeurs traditionnelles ch&egrave;res &agrave; la France comme l&rsquo;affirme ici l&rsquo;&eacute;nonciateur&nbsp;: &laquo;&nbsp;Parce que nous aurons su d&eacute;passer ensemble nos craintes et nos angoisses, nous donnerons ensemble l&#39;exemple d&#39;un peuple sachant affirmer ses valeurs et ses principes qui sont ceux de la d&eacute;mocratie et de la r&eacute;publique&nbsp;&raquo;</span><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">.</span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">2.3.</span></b><b><span style="line-height:115%"> L&rsquo;expression lexicale du changement et la parole de promesse</span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">L&rsquo;expression du changement annonc&eacute; se per&ccedil;oit dans les extraits suivants&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-15.55pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">- </span><span style="font-size:10.0pt">Nous avons &agrave; construire le monde que notre jeunesse m&eacute;rite.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-15.55pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">- </span><span style="font-size:10.0pt">(&hellip;) le peuple fran&ccedil;ais a toujours su trouver l&#39;&eacute;nergie, le discernement, l&#39;esprit de concorde pour construire le changement profond</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-15.55pt; margin-bottom:14px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">- <span style="font-size:10.0pt">Les fran&ccedil;ais ont choisi l&#39;espoir et l&#39;esprit de conqu&ecirc;te</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le verbal &laquo;&nbsp;construire&nbsp;&raquo; et le d&eacute;verbal &laquo;&nbsp;conqu&ecirc;te&nbsp;&raquo; assurent d&rsquo;un&nbsp;point de vue paradigmatique le rapport entre le contenu &eacute;nonciatif et la convocation d&rsquo;un &eacute;tat de changement. Il porte en germe le contenu r&eacute;sultatif du syntagme &laquo;&nbsp;changement profond&nbsp;&raquo; que le locuteur emploie en vue de traduire non seulement la n&eacute;cessit&eacute; du changement mais aussi la qualit&eacute; &agrave; la fois laborieuse et fondamentale du changement escompt&eacute;. Aussi, le promissif comme acte de langage constitue un lieu commun du discours d&rsquo;investiture. S&rsquo;il est par excellence l&rsquo;expression lexicale de la volont&eacute; de changement la plus aboutie, il atteint contextuellement des sommets de r&eacute;ussite perlocutoire &eacute;tant donn&eacute; le c&eacute;r&eacute;monial participant de la cr&eacute;dibilit&eacute; du locuteur concern&eacute;. La parole de promesse est d&rsquo;ailleurs la dominante du discours d&rsquo;Emmanuel Macron. Son usage abondant inscrit le projet du locuteur dans une perspective proph&eacute;tique tant le recours au futur de l&rsquo;indicatif est abondant. Soit les extraits ci-apr&egrave;s&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Tout ce qui concours &agrave; la vigueur de la France et &agrave; sa prosp&eacute;rit&eacute; <b><i>sera </i></b>mis en oeuvre. Le travail <b><i>sera</i></b> lib&eacute;r&eacute;, les entreprises <b><i>seront</i></b> soutenues, l&#39;initiative <b><i>sera</i></b> encourag&eacute;e, la culture et l&#39;&eacute;ducation par lesquels se construit l&#39;&eacute;mancipation. La cr&eacute;ation et l&#39;innovation <b><i>seront</i></b> au coeur de mon action. Les fran&ccedil;aises et les fran&ccedil;ais qui se sentent oubli&eacute;s par ce vaste mouvement du monde<b><i> vont se voir</i></b> mieux prot&eacute;g&eacute;s. Tout ce qui forge notre solidarit&eacute; nationale <b><i>sera</i></b> refond&eacute;, r&eacute;invent&eacute;, fortifi&eacute;. L&#39;&eacute;galit&eacute; face aux accidents de la vie <b><i>sera</i></b> renforc&eacute;e. Tout ce qui fait de la France un pays s&ucirc;r ou l&#39;on peut vivre sans avoir peur <b><i>sera</i></b> amplifi&eacute;. La la&iuml;cit&eacute; r&eacute;publicaine <b><i>sera</i></b> d&eacute;fendue. Nos forces de l&#39;ordre, notre renseignement, notre arm&eacute;e <b><i>seront</i></b> r&eacute;confort&eacute;s. L&#39;Europe dont nous avons besoin <b><i>sera</i></b> refond&eacute;e et relanc&eacute;e car elle nous prot&egrave;ge et nous permet de porter dans le monde nos valeurs. Nos institutions d&eacute;cri&eacute;es par certain doivent retrouver aux yeux des fran&ccedil;ais l&#39;efficacit&eacute; qui en garantit la p&eacute;rennit&eacute;. Car je crois aux institutions de la cinqui&egrave;me r&eacute;publique et <b><i>ferai</i></b> tout ce qui est en mon pouvoir pour qu&#39;elles fonctionnent selon l&#39;esprit qui les a fait na&icirc;tre. Pour cela je <b><i>veillerai</i></b> &agrave; ce que notre pays connaisse un regain de vitalit&eacute; d&eacute;mocratique. Les citoyens<b><i> auront</i></b> voix au chapitre, ils <b><i>seront</i></b> &eacute;cout&eacute;s. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">On note dans cet extrait une longue &eacute;num&eacute;ration comptant seize topo&iuml; promissifs. On en croirait presque un chapelet de promesses qui s&rsquo;il peut para&icirc;tre r&eacute;barbatif offre surtout au locuteur la possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;grener les principaux secteurs de la soci&eacute;t&eacute; cristallisant les attentes des citoyens fran&ccedil;ais. On note aussi sur cette s&eacute;quence quinze occurrences du futur simple et une occurrence du futur proche. Cette configuration donne au discours d&rsquo;investiture une structuration programmatique qui en fait le prolongement du discours de campagne. Sauf qu&rsquo;&agrave; la diff&eacute;rence du discours de campagne il ne s&rsquo;agit plus de promesses d&rsquo;un candidat mais de paroles statutaires et de promesses faites par le porte-parole d&eacute;sign&eacute; par la communaut&eacute; pour la gouverner.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Outre le futur, la parole de promesse s&rsquo;exprime aussi &agrave; partir de diverses modalit&eacute;s dont l&rsquo;exemple ci-apr&egrave;s donne quelques occurrences&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Nous devons retrouver le sens profond, la dignit&eacute; de ce qui aujourd&#39;hui nous rassemble. Agir de mani&egrave;re juste et efficace pour notre peuple. La France n&rsquo;est forte que si elle est prosp&egrave;re. La France n&#39;est un mod&egrave;le pour le monde que si elle est exemplaire et c&#39;est l&agrave; ma seconde exigence. Parce que nous aurons rendu aux fran&ccedil;ais le go&ucirc;t de l&#39;avenir et la fiert&eacute; de ce qu&#39;ils sont, le monde entier sera attentif &agrave; la parole de la France. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Rien ne sera conc&eacute;d&eacute; &agrave; la facilit&eacute; ni au compromis. Rien n&#39;affaiblira ma d&eacute;termination. Rien ne me fera renoncer &agrave; d&eacute;fendre en tout temps et en tout lieu les int&eacute;r&ecirc;ts sup&eacute;rieurs de la France. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Dans un premier temps la modalit&eacute; du devoir est mise &agrave; contribution pour exprimer la parole de promesse lorsque le locuteur associe par l&rsquo;entremise du&nbsp;&laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo; inclusif, l&rsquo;ensemble des citoyens fran&ccedil;ais &agrave; cette modalit&eacute; du devoir. Dans un second temps, le d&eacute;tour m&eacute;tonymique &laquo;&nbsp;le monde entier sera attentif &agrave; la parole de la France&nbsp;&raquo; constitue un gage de ce que le peuple fran&ccedil;ais a affaire &agrave; un pr&eacute;sident qui est un homme de parole et dont le monde ne douterait pas, <i>a fortiori</i> la France. La triple construction anaphorique de la d&eacute;n&eacute;gation de l&rsquo;&eacute;chec comme probabilit&eacute; renforce l&rsquo;image du locuteur comme sujet d&eacute;termin&eacute;.</span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="line-height:115%">Conclusion</span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">Le discours d&rsquo;investiture est un &eacute;pisode cl&eacute; dans le processus de construction d&eacute;mocratique des nations modernes. Au nombre des lieux communs qu&rsquo;il charrie, les figures &eacute;thotiques du guide et du rassembleur, de m&ecirc;me que celle de solidarit&eacute; et d&rsquo;humanisme, le recours au r&eacute;cit fondateur, l&rsquo;appel aux valeurs fondant un ethos collectif sur lequel se s&eacute;dimentent les constituants de l&rsquo;identit&eacute; nationale, sont autant de modalit&eacute;s qui configurent la parole de promesse dont le discours d&rsquo;investiture est le th&eacute;&acirc;tre. Le cas d&rsquo;Emmanuel Macron, dont l&rsquo;allocution inaugurale dans les fonctions de pr&eacute;sident de la r&eacute;publique fran&ccedil;aise a servi de support &agrave; la pr&eacute;sente &eacute;tude, conforte ces topiques fondamentales au genre &eacute;tudi&eacute;, d&rsquo;une part, et ouvre la perspective d&rsquo;un ancrage empathique qui assure au mieux l&rsquo;actualisation de sa posture de porte-parole. Car le pouvoir est un langage autoris&eacute; dont l&rsquo;exercice en r&eacute;gime d&eacute;mocratique impose une double identification. Il s&rsquo;agit, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, de l&rsquo;identification des citoyens, si ce n&rsquo;est &agrave; la personne du souverain dont le corps est celui du corps social, &agrave; l&rsquo;institution pr&eacute;sidentielle, et de l&rsquo;autre, de celle du sujet investi comme porte-parole &agrave; l&rsquo;endroit de ses concitoyens envers lesquels il a une obligation morale et statutaire de compassion et de solidarit&eacute;. Mais si la condition empathique peut-&ecirc;tre feinte dans un dessein manipulatoire, le rituel s&rsquo;invite au secours de la recevabilit&eacute; de l&rsquo;investiture, d&egrave;s lors que la prestation de serment, imitant la sacralit&eacute; religieuse, conf&egrave;re &agrave; la c&eacute;r&eacute;monie qui voit l&rsquo;actualisation du discours d&rsquo;investiture un capital apotropa&iuml;que et propitiatoire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">Bibliographie</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">&Agrave; LA Guillaume Luc Benoit, <i>Les discours d&rsquo;investiture des pr&eacute;sidents am&eacute;ricains ou les paradoxes de l&rsquo;&eacute;loge</i>, Paris, l&rsquo;Harmattan, 2000. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">AMOSSY Ruth, <i>L&rsquo;argumentation dans le discours</i>, 2010, Paris, Armand Colin, 3e &eacute;dition. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">AMOSSY Ruth, </span>&nbsp;<i>La pr&eacute;sentation de soi</i>, Paris, PUF, 2010.</span></span></span></p> <p style="text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="RO" style="line-height:115%">ARENDT Hanna, <i>Between Past and Future</i>, Londres, Faber and Faber, 1961, trad. fran&ccedil;., <i>La crise de la culture</i>, Paris, Gallimard, 1972, p. 153.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">ATTIGUI, Patricia (dir.) ; CUKIER, Alexis (dir.). Les paradoxes de l&rsquo;empathie : Philosophie, psychanalyse, sciences sociales. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : CNRS Éditions, 2011 (généré le 29 novembre 2019). Disponible sur Internet : <http: 17163="" books.openedition.org="" editionscnrs="">. ISBN : 9782271130020. DOI : 10.4000/books.editionscnrs.17163.</http:></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">BONHOMME Marc, <i>Les figures-cl&eacute;s du discours</i>, 1998, Paris, Seuil.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">CHARAUDEAU Patrick, <i>Le discours politique&nbsp;: Les masques du pouvoir</i>, 2005<i>,</i> Paris, Vuibert.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">COSNIER Jacques</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">, &laquo; Comprendre autrui et percevoir ses &eacute;motions &raquo; in Dortier, J-F (dir), L<i>a communication : des relations interpersonnelles aux r&eacute;seaux sociaux</i></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">, </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">2016, Auxerre, &Eacute;ditions Sciences humaines, Coll. &laquo; Ouvrages de synth&egrave;se &raquo;, p. 141 &agrave; 146.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">COSNIER Jacques, &laquo;&nbsp;Psychologie des &eacute;motions et des sentiments&nbsp;&raquo;, 2015, En ligne: </span></span><a href="http://www.icar.cnrs.fr/pageperso/jcosnier/articles/Emotions_et_sentiments.pdf" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">http://www.icar.cnrs.fr/pageperso/jcosnier/articles/Emotions_et_sentiments.pdf</span></span></a>&nbsp; </span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">GUILLAUME (A LA) Luc Benoit, <i>Les Discours d&rsquo;investiture des pr&eacute;sidents am&eacute;ricains ou les paradoxes de l&rsquo;&eacute;loge</i>, 2000, Paris, L&rsquo;Harmattan.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">HOUESSOU Dorgel&egrave;s, &laquo;&nbsp;Notes sur la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; du discours d&rsquo;investiture&nbsp;&raquo;, <i>Revue&nbsp; du Ltml</i> N<sup>o</sup> 9, Octobre 2013,&nbsp; </span></span><a href="http://www.ltml.ci/files/articles9/HOUESSOU_DORGELES.pdf" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">http://www.ltml.ci/files/articles9/HOUESSOU_DORGELES.pdf</span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">, </span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">HOUESSOU Dorgel&egrave;s, &laquo;&nbsp;La performance g&eacute;n&eacute;rique comme condition de d&eacute;nomination du genre du discours d&rsquo;investiture&nbsp;&raquo;, dans <i>Question de genre ou genre en question, approches interdisciplinaires de la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;</i>, Selim Yilmaz (&eacute;ds.), Actes du colloque de Mascara les 16/17 D&eacute;cembre 2014, Munich, Lincom GmbH, 2015, pp. 92-114.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">MOLINI&Eacute; Georges, <i>&Eacute;l&eacute;ments de stylistique fran&ccedil;aise</i>, 2011[1986], Paris, PUF.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">MOLINI&Eacute; Georges, <i>Herm&egrave;s mutil&eacute;. Vers une herm&eacute;neutique mat&eacute;rielle. Essai de philosophie du langage</i>, 2005, Paris, Honor&eacute; Champion.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="line-height:115%">RIC&OElig;UR Paul, <i>Soi-m&ecirc;me comme un autre</i>, 1990, Paris, Seuil.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="color:black">SALAVASTRU Constantin,</span></span></span><span lang="RO" style="line-height:115%"> &quot;La logique du pouvoir et la dynamique du discours politique&quot;, Premi&egrave;re Conf&eacute;rence Internationale Francophone en Sciences de l&#39;Information et de la Communication, Bucarest, octobre 2003, en ligne :</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-11.35pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;<a href="http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/06/23/11/DOC/sic_00000775.doc" style="color:blue; text-decoration:underline"><span lang="RO" style="line-height:115%">http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/06/23/11/DOC/sic_00000775.doc</span></a> </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a> La th&eacute;orie d&rsquo;Ernst Kantorowicz relative aux deux corps du roi postule que le souverain r&eacute;unit en sa seule personne, un corps physique et un corps mystique, symbolisant lui-m&ecirc;me l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; corporelle de la nation.</span></span></p> </div> </div>