<p class="CorpsA" style="border: none; margin-bottom: 14px; text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:16.0pt">FACE AU MAL RADICAL, OPPOSER LA FORCE DE L&#39;EXIGENCE SOCIALE</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black">&nbsp;Alain Deniau</span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Le Mal dont il s&#39;agit ici n&#39;est pas celui qui est soumis &agrave; l&#39;injonction surmo&iuml;que culpabilisante, mais celui que Kant qualifie de <i>Mal radical,</i> celui dont la r&eacute;alisation suscite l&#39;horreur. Quelle conscience celui ou ceux qui l&#39;ont accompli en avaient-ils ? Pourquoi se r&eacute;p&egrave;te-t-il ? La psychanalyse, dans sa praxis, n&#39;en a, me semble-t-il, jamais connaissance. En revanche, seule la psychanalyse peut mettre en lumi&egrave;re le d&eacute;terminisme qui l&#39;a engendr&eacute;. La construction psychanalytique vient dans l&#39;apr&egrave;s-coup avec l&#39;espoir que l&#39;&eacute;lucidation apport&eacute;e augmente le niveau de conscience de la communaut&eacute; humaine concern&eacute;e. L&#39;autre bord de compr&eacute;hension vient de la pratique de la psychiatrie, en particulier des psychoses, qui nous confrontent aux limites du pensable et aux impasses des lign&eacute;es familiales dont elles sont l&#39;aboutissement. </span></span></span></span></p> <h2 class="CorpsA" style="font-style:italic;"><font color="#000000" face="Cambria, serif"><span style="font-size: 20px; text-transform: uppercase;">Actualit&eacute; de mEd&eacute;e</span></font></h2> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">Le mythe de M</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;d&eacute;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">e fascine car </span><span style="font-size:15.0pt">il nous dit qu&#39;elle a </span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">franchi la limite de l</span><span style="font-size:15.0pt">&rsquo;humain. L&rsquo;horreur absolue de l&rsquo;acte infanticide d&eacute;lib&eacute;r&eacute; d&rsquo;une telle m&egrave;re la rejette hors de la communaut&eacute; humaine. Si une soci&eacute;t&eacute; met &agrave; mort, dans un sacrifice ou une guerre, ses enfants, c&rsquo;est dans la croyance que c&rsquo;est pour le bien de cette soci&eacute;t&eacute;. Il y a l&agrave; un universel au sens de Kant. Alors que M&eacute;d&eacute;e ne donne sens &agrave; son acte que pour sa jouissance&nbsp; individuelle et personnelle. Son acte ultime parait ne s&rsquo;appuyer sur rien d&rsquo;autre qu&rsquo;un orgueil d&eacute;mesur&eacute;. N&eacute;e d&rsquo;une humiliation impossible &agrave; r&eacute;primer, la haine de M&eacute;d&eacute;e, sous la forme d&lsquo;un d&eacute;sir de vengeance devient le moteur de sa vie. Sa volont&eacute; est de d&eacute;truire une lign&eacute;e humaine, celle du p&egrave;re de ses enfants. Que ses enfants portent le nom de l&rsquo;auteur de sa honte, est pour elle une insoutenable vexation permanente. Mais l&rsquo;horreur de son crime la perp&eacute;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">tuera. </span><span style="font-size:15.0pt">&laquo;&nbsp;</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">Tu les tueras</span><span style="font-size:15.0pt">&nbsp;&raquo;, entend-elle dans le silence int&eacute;rieur qui cache et r&eacute;v&egrave;le l&rsquo;indicible au c&oelig;ur de son &ecirc;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">tre.</span><span style="font-size:15.0pt"> Embryon d&rsquo;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">un g</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">nocide, c</span><span style="font-size:15.0pt">&rsquo;est, pour nous aujourd&rsquo;hui, la figure du mal absolu. Pour penser le d&eacute;terminisme d&#39;un tel acte il faut, tel le cale&iuml;doscope qu&#39;ouvre Christa Wolf dans son <i>M&eacute;d&eacute;e</i>, multiplier les angles d&#39;&eacute;coute. L&#39;acte meurtrier apparait alors dans sa complexit&eacute; comme l&#39;indique mieux le titre en allemand, <i>Medea-Stimmen </i>que le sous-titre fran&ccedil;ais<i> M&Eacute;D&Eacute;E Voix.</i></span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><i>&nbsp;</i><span style="font-size:15.0pt">Plusieurs lectures de son acte apparaissent alors.L&#39;histoire de M&eacute;d&eacute;e devient un mythe qui parle aux sujets que nous sommes et s&#39;inscrit d&egrave;s lors par la langue qui nous traverse, dans la Culture au sens de Freud, dans la Civilisation en en construisant les limites. </span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="border:none; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Car c&#39;est un impossible &agrave; penser. Une m&egrave;re ne peut pas &ecirc;tre mauvaise pour celui qu&#39;elle fait vivre. M&ecirc;me pour les m&egrave;res qui abandonnent leurs enfants, les frappent ou les blessent, on peut toujours d&eacute;clarer que ce n&#39;&eacute;tait qu&#39;un moment d&#39;&eacute;garement, qu&#39;elles ont montr&eacute; aussi des qualit&eacute;s d&#39;amour pour les faire vivre. Seule la souffrance mat&eacute;rielle ou culturelle a pu les pousser &agrave; de tels actes qui r&eacute;vulsent. Les marques visibles sur le corps poussent la soci&eacute;t&eacute; &agrave; r&eacute;agir en prot&eacute;geant ces enfants par le Juge .</span></span></span></span></p> <h2 class="MsoFootnoteText" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">L&#39;INVOLUTION DU SYMBOLIQUE</span></span></span></span></h2> <p class="MsoFootnoteText" style="border:none; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Mais les psychanalystes savent que d&#39;autres blessures mortelles sont possibles. Sans mat&eacute;rialit&eacute; autre que langagi&egrave;re, elles concernent le Symbolique. Son atteinte met l&rsquo;enfant &laquo;&nbsp;&agrave; c&ocirc;t&eacute; de la plaque&nbsp;&raquo;. Si on est tr&egrave;s attentif, on peut constater la permanence des traces de l&#39;atteinte, au-del&agrave; des moments d&#39;expression inqui&eacute;tants</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">. L&#39;alt</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;ration du fonctionnement symbolique produit alors une parole fragment&eacute;e dans un corps qui se perd car le fil de la causalit&eacute; est inaccessible et n&eacute;anmoins envahissant. Les femmes qui ont pu produire cet infanticide psychique ne peuvent pas percevoir l&#39;effet de transmission et d&#39;ali&eacute;nation des signifiants qui les portent. Cette c&eacute;</span><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">cit</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute; produit un effet ravageur sur l&#39;enfant. Il faut donc des circonstances exceptionnelles pour pouvoir acc&eacute;der directement aux trois g&eacute;n&eacute;rations dont l&#39;enfant, n&eacute;cessairement confront&eacute; &agrave; la brutalit&eacute; de l&#39;impasse existentielle qui s&#39;est forg&eacute;e ainsi, souffre en &eacute;tant d&eacute;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">poss</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;d&eacute; de ce qui le poss&egrave;de. C&#39;est une concat&eacute;nation diabolique.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black">&nbsp;<span style="font-size:15.0pt">L&#39;autre bord o&ugrave; est perceptible le Mal radical est celui qui fait entendre dans certains faits sociaux une&nbsp; telle folie masqu&eacute;e. Ainsi, la violence de la folie de M&eacute;d&eacute;e est pr&eacute;sente chez certaines femmes d&rsquo;aujourd&rsquo;</span><span lang="NL" style="font-size:15.0pt">hui</span><span style="font-size:15.0pt">.</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt"> Un </span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">cho tr</span><span style="font-size:15.0pt">&egrave;s affaibli nous en parvient des tribunaux parce qu&#39;un p&egrave;re a &eacute;t&eacute; pouss&eacute; &agrave; la violence, quand son &eacute;pouse disparait avec leur enfant. L&rsquo;infanticide ne prend plus les traits sanglants qui effraient et entrainent le rejet hors de la civilisation, la haine prend un chemin voil&eacute; mais aussi destructeur. La soci&eacute;t&eacute; ne sait pas r&eacute;agir et prot&eacute;ger l&rsquo;enfant menac&eacute; par le ravage d&rsquo;une identique vengeance. Les m&ecirc;</span><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">mes impr</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;cations d&rsquo;une m&egrave;</span><span lang="NL" style="font-size:15.0pt">re bless</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;e et vengeresse, tenue comme M&eacute;d&eacute;e par une haine aussi profonde des hommes, sont confort&eacute;es par ce que l&rsquo;on nomme les &laquo;&nbsp;r&eacute;seaux sociaux&nbsp;&raquo;, certains courants politiques et f&eacute;ministes extr&ecirc;</span><span lang="PT" style="font-size:15.0pt">mes. </span></span></span></span></p> <h2 class="CorpsA" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">LA MORT PSYCHIQUE</span></span></span></span></h2> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Le fil de la haine de l&rsquo;homme, du p&egrave;re, engendre de la mort psychique chez l&rsquo;enfant. Soutenus avec constance pendant les ann&eacute;es d&rsquo;enfance, les propos destituant le p&egrave;re, rendu physiquement absent, instaurent une marque l&eacute;tale. Comment une m&egrave;re peut-elle ainsi avec une constante obstination destructrice interdire que son enfant pense hors du cadre que son ressentiment lui impose, quand les cons&eacute;quences sociales de ce refus radical la porte &agrave; fuir, &agrave; &ecirc;tre ailleurs, insaisissable, enferm&eacute;e dans un processus d&#39;auto-exclusion et, peu &agrave; peu, compl&egrave;tement isol&eacute;e? Comment la passion amoureuse est-elle devenue une <i>furor </i>haineuse<i>? </i>Quelle est cette jouissance si tenace et si envahissante qu&rsquo;elle en devient le moteur exclusif de sa vie&nbsp;?<i> </i></span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">L&#39;histoire de M&eacute;d&eacute;e a provoqu&eacute; un tel renversement. Le d&eacute;pit amoureux provoqu&eacute; par Jason, le s&eacute;ducteur inconstant, n&rsquo;est pas suffisant pour engager une telle d&eacute;flagration meurtri&egrave;re. Pour que la chute de son amour se d&eacute;chaine en haine meurtri&egrave;re, il faut une faille, faille r&eacute;v&eacute;l&eacute;e et masqu&eacute;e&nbsp; dans le mythe, par l&rsquo;attribution des pouvoirs d&rsquo;une sorci&egrave;re. Porteur d&rsquo;intenses effets de </span><i><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">catharsis</span></i><span style="font-size:15.0pt"> chez les auditeurs du th&eacute;&acirc;tre antique et chez les lecteurs successifs, le mythe dit un point de v&eacute;rit&eacute; qui fait &eacute;cho dans l&rsquo;inconscient. </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">La fragilit</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute; de la position paternelle est le point de r&eacute;sonance intime de la trag&eacute;die qui en d&eacute;voile la m&eacute;canique, la logique in&eacute;luctable. Christa Wolf avance l&#39;hypoth&egrave;se dans son roman que le p&egrave;re de M&eacute;d&eacute;e est un meurtrier. Le roi Ai&eacute;t&egrave;s a fait assassiner et d&eacute;membrer son fils pour garder le pouvoir contre la tradition qui exigeait qu&#39;il abdiqu&acirc;t apr&egrave;s deux fois sept ann&eacute;es de pouvoir. M&eacute;d&eacute;e garde ce secret en elle par loyaut&eacute; &agrave; l&#39;&eacute;gard de son p&egrave;re, &agrave; qui elle s&#39;identifie secr&egrave;tement. L&#39;horreur la pousse &agrave; fuir. Ce point de R&eacute;el porte l&#39;indicible. Ces femmes qui fuient inscrivent en leur enfant le R&eacute;el jamais nomm&eacute; de leur vie et de leur histoire, devenu un indicible inavouable. </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Quand la position du p&egrave;re n&rsquo;est pas soutenue par le d&eacute;sir de la m&egrave;re d&rsquo;avoir un homme aim&eacute; en tiers pour se d&eacute;coller de la jouissance d&rsquo;<i>avoir</i> pour soi seule la lign&eacute;e, d&rsquo;&ecirc;tre <i>la</i> m&egrave;re, la haine, qui appara&icirc;t et se discerne dans l&rsquo;acte du rejet constant, fait venir la s&eacute;rie de ses avatars. Le p&egrave;re est alors rendu absent et r&eacute;duit au redoublement du peu de choses que les M&eacute;d&eacute;es modernes promeuvent:</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt"> un spermatozo</span><span lang="NL" style="font-size:15.0pt">&iuml;</span><span style="font-size:15.0pt">de interchangeable et le masque social de la normalit&eacute;. La fusion dans la lign&eacute;e des femmes, o</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">&ugrave; </span><span style="font-size:15.0pt">se r&eacute;alise &laquo;&nbsp;l&rsquo;investissement d&rsquo;objet tout uniment sexuel&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><sup><sup><span style="border:none; font-size:15.0pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></sup></a>&nbsp;r&eacute;duit l&rsquo;investissement pour le tiers &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre qu&rsquo;un leurre, qu&rsquo;un appeau pour permettre la reviviscence de la jouissance &quot;tout uniment&quot; maternelle. Il s&rsquo;agit alors d&rsquo;une homosexualit&eacute; d&rsquo;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">indiff</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;renciation sexuelle, tr&egrave;</span><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">s archa</span><span lang="NL" style="font-size:15.0pt">&iuml;</span><span style="font-size:15.0pt">que qui a besoin d&rsquo;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">un pr</span><span style="font-size:15.0pt">&ecirc;te-nom, d&rsquo;un semblant de p&egrave;re pour qu&rsquo;une telle femme paraisse dans l&#39;illusion de la normalit&eacute;. L&#39;identification trouv&eacute;e dans la forme du p&egrave;re, dans son empreinte vid&eacute;e devient le support du fantasme de toute-puissance.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">Jason s</span><span style="font-size:15.0pt">&rsquo;appuyait sur son prestige de chef victorieux, sur le pouvoir de Cr&eacute;on, sur sa vie commune avec M&eacute;d&eacute;e pour susciter sa confiance. Mais ces appuis sociaux n&rsquo;ont aucun poids pour faire cesser le d&eacute;-cha&icirc;nement de l&rsquo;amour qui les liait. La chute de l&rsquo;amour lib&egrave;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">re la temp</span><span style="font-size:15.0pt">&ecirc;te de la haine et l&rsquo;enchainement dans la folie.</span></span></span></span></p> <h2 class="CorpsA" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">LE MENSONGE SUR LE MAL : <a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><sup><sup><span style="border:none; font-size:15.0pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></sup></a>SE CR&Eacute;ER UN SUBSTITUT </span></span></span></span></h2> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">M&eacute;d&eacute;e&nbsp; montre une autre voie qui ne peut &ecirc;</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">tre explor</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;e par la litt&eacute;rature, ni par la peinture, voie radicalement refoul&eacute;e &eacute;chappant de ce fait &agrave; la parole et &agrave; la figuration compr&eacute;hensible. Freud note que l&rsquo;infans engage &quot;deux liaisons psychologiquement distinctes&quot; avant leur fusion dans l&rsquo;&OElig;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">dipe</span><span style="font-size:15.0pt">&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les deux subsistent un temps c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te sans s&rsquo;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">influencer ni se perturber r</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;ciproquement.<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><sup><sup><span style="border:none; font-size:15.0pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></sup></a></span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">&nbsp;&raquo; Il pr</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;cise que la relation &agrave; la m&egrave;re est &laquo;&nbsp;un investissement d&rsquo;objet tout uniment sexuel&nbsp;&raquo;. Pour que le &laquo;&nbsp;tout uniment sexuel</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:15.0pt">puisse devenir le lien d&rsquo;existence exclusif, il faut que l&rsquo;exclusion du p&egrave;re par la m&egrave;re redouble une s&eacute;quence dramatique de la vie maintenue &agrave; distance. L&#39;invention d&#39;un substitut cr&eacute;</span><span lang="DE" style="font-size:15.0pt">e un ersatz d&#39;Oedipe. Le signifiant p</span><span style="font-size:15.0pt">&egrave;re est mis de c&ocirc;t&eacute;. Son vide est un appel &agrave; une construction qui en tienne la fonction.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">L&rsquo;acte de toute-puissance de capturer l&rsquo;enfant pour qu&rsquo;il n&rsquo;appartienne qu&rsquo;&agrave; soi est la r&eacute;alisation du fantasme qui trouve sa racine dans l&#39;identification &agrave; un seul, &agrave; la m&egrave;re sur un mode indiff&eacute;</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">renci</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute; </span><span lang="PT" style="font-size:15.0pt">mais </span><span style="font-size:15.0pt">&laquo;&nbsp;tout uniment sexuel&nbsp;&raquo;, source exclusive de la jouissance &agrave; &ecirc;tre. Ce qui pourrait n&#39;&ecirc;tre qu&#39;une n&eacute;vrose hyst&eacute;rique o&ugrave; le narcissique exacerb&eacute; trouverait un champ d&#39;investissement peut devenir, si les circonstances en offrent l&#39;occasion, un &eacute;gocentrisme,voire une m&eacute;galomanie dont le personnage de M&eacute;d&eacute;e offre les traits</span>. </span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black">A<span style="font-size:15.0pt">ujourd&rsquo;hui, ces femmes ont recours pour faire valoir leur puissance aux m&eacute;dias, aux cercles d&rsquo;influence, &agrave; l&rsquo;opinion publique pour se situer au-dessus des lois, au-dessus de la Loi oedipienne. Inaccessibles, insensibles &agrave; la voix de la raison, dans de rares situations extr&ecirc;mes, elles osent pousser le d&eacute;fi d&#39;un radical refus jusqu&#39;&agrave; partir avec l&rsquo;enfant, sachant que les t&eacute;moins sid&eacute;r&eacute;s n&rsquo;oseront pas appliquer la loi qui, aujourd&rsquo;hui, serait une peine de prison pour r&eacute;cidive de non-pr&eacute;sentation d&rsquo;enfant.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">&nbsp;La nourrice de M&eacute;d&eacute;e tente d&#39;apporter la voix de la raison&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">&laquo;&nbsp;Cesse de parler, mets d&eacute;sormais un terme, insens&eacute;</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">e que tu es, </span><span style="font-size:15.0pt">&agrave; tes menaces et calme ton ardeur&nbsp;: il faut se plier aux circonstances.&nbsp;&raquo;&nbsp; S&eacute;n&egrave;</span><span lang="PT" style="font-size:15.0pt">que, v.175</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">D&rsquo;avoir pens&eacute; r&eacute;ussir l&rsquo;&eacute;viction du p&egrave;re par &laquo;&nbsp;l&rsquo;investissement tout uniment sexuel</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:15.0pt">de l&rsquo;espace maternel, renforce l&rsquo;angoisse. M&eacute;d&eacute;e et ces m&egrave;res mettent en &oelig;uvre la jouissance archa</span><span lang="NL" style="font-size:15.0pt">&iuml;</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">que </span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;prouv&eacute;e avant la fusion pulsionnelle &oelig;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">dipienne, </span><span style="font-size:15.0pt">ce qui mobilise une angoisse aveuglante. L&#39;au-del&agrave; du Symbolique, le R&eacute;el, fait venir l&rsquo;angoisse qui pousse &agrave; fuir et &agrave; </span><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">prof</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;rer menaces, hurlements et impr&eacute;cations &agrave; tous. Le processus de pens&eacute;e de l&rsquo;enfant en est gel&eacute;. Il est offert &agrave; une mort symbolique. Ces femmes sont des meurtri&egrave;res infanticides, comme l&rsquo;&eacute;crit Alain DePaulis, dans son livre <i>Le complexe de M&eacute;d&eacute;e</i>.<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><sup><sup><span style="border:none; font-size:15.0pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></sup></a> C&rsquo;est bien en nommant l&rsquo;extr&ecirc;me gravit&eacute; de tels rapts de nouveau-n&eacute;s ou de tr&egrave;s jeunes enfants qu&rsquo;il devient possible de s&rsquo;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">inqui</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;ter sur leur avenir probl&eacute;matique. Quand l&rsquo;apparence de la l&eacute;gitimit&eacute; de leur d&eacute;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">marche s</span><span style="font-size:15.0pt">&rsquo;&eacute;puise, malgr&eacute; la calomnie et la m&eacute;disance &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du p&egrave;re, l&rsquo;exil devient l&rsquo;ultime recours. Ces femmes fuient, souvent dans la d&eacute;tresse, pour tenter de trouver la protection de l&rsquo;exil car elles savent que la Justice peut difficilement parvenir &agrave; les arr&ecirc;ter, surtout si elles ont une double nationalit&eacute;. </span></span></span></span></p> <h2 class="CorpsA" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">LE MAL RADICAL ET LA RESPONSABILIT&Eacute;</span></span></span></span></h2> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><br /> <span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Ceux qui sont li&eacute;s par la parent&eacute; peuvent&nbsp; tenter d&#39;apporter la voix de la raison. Ils doivent&nbsp; faire obstacle &agrave; l&#39;irr&eacute;pressible entreprise de destruction qui se met en oeuvre. S&eacute;n&egrave;que fait dire &agrave; M&eacute;d&eacute;e, apr&egrave;s l&#39;intervention de sa nourrice, qu&#39;une douleur si profonde ne peut &ecirc;tre tue. Elle s&#39;exprime par l&#39;acte meurtrier.&nbsp; Il n&#39;y a plus que la satisfaction pulsionnelle dans la jouissance de l&#39;acte. L&#39;exigence est alors que la soci&eacute;t&eacute; devienne l&#39;expression du Surmoi collectif pour dire l&#39;interdit, pour nommer l&#39;acte en cours qui aboutit &agrave; la destruction de l&#39;Autre. </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">C&#39;est la transmission de cette faille, la destruction de l&#39;Autre, qui engendre le mal radical qui devient ainsi transg&eacute;n&eacute;rationnel. La responsabilit&eacute; de la soci&eacute;t&eacute; doit s&#39;&eacute;tendre jusqu&#39;&agrave; interdire l&#39;apologie de tels actes. Le crime contre l&#39;humanit&eacute; y trouve son fondement car un tel acte non seulement d&eacute;truit une lign&eacute;e mais aussi et par extension d&eacute;truit la raison d&#39;&ecirc;tre d&#39;une soci&eacute;t&eacute;. </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Lacan insiste sur le d&eacute;voilement du R&eacute;el quand une d&eacute;faillance du Symbolique ne peut couvrir le R&eacute;</span><span lang="PT" style="font-size:15.0pt">el. L</span><span style="font-size:15.0pt">&rsquo;angoisse est, en effet, le moteur qui pousse &agrave; masquer, par une fuite sans fin, la r&eacute;alisation de cette exclusion inflig&eacute;e au p&egrave;re, certes, mais surtout &agrave; l&rsquo;enfant. M&eacute;d&eacute;e exprime avec v&eacute;h&eacute;mence que c&rsquo;est Jason qu&rsquo;elle vise &agrave; travers les meurtres successifs de leurs deux enfants. Ce phantasme de blesser le mari en le privant radicalement de sa descendance est pr&eacute;sent chez les femmes qui veulent l&rsquo;enfant pour elles seules. A soutenir l&rsquo;orgueil d&rsquo;un tel projet, la ruine &eacute;conomique et sociale est in&eacute;luctable. Il leur faut vivre dans la clandestinit&eacute; pour mener cette guerre non seulement au p&egrave;</span><span lang="PT" style="font-size:15.0pt">re mais </span><span style="font-size:15.0pt">&agrave; la soci&eacute;t&eacute;, dans l&rsquo;abandon des droits sociaux qui les identifieraient et les localiseraient. Quelques personnes lucides se demanderont comment cette m&egrave;re a pu en arriver &agrave; ce point de d&eacute;cadence, voire m&ecirc;me de d&eacute;ch&eacute;ance&nbsp;? Pour &eacute;viter ce destin tragique, Euripide fait fuir M&eacute;d&eacute;e par un char c&eacute;leste et solaire.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Dans l&#39;acte</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt"> de se d</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">poss</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;der de ses enfants, M&eacute;d&eacute;e redevient la femme qu&rsquo;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">elle avait </span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;t&eacute; avant d&rsquo;&ecirc;tre m&egrave;re. Dans l&rsquo;acte horrible par lequel elle n&rsquo;est plus m&egrave;re, elle laisse exploser aux yeux de tous qu&rsquo;elle est devenue une femme sans limite. C&rsquo;est l&rsquo;autre scandale est de susciter par son existence provocatrice, la sid&eacute;ration, l&rsquo;afflux des &eacute;motions et l&rsquo;enrichissement de la langue. C&#39;est ce qui la construit comme mythe.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">L&rsquo;autre r&eacute;sonance du mythe est la trahison de la parole solennelle du mari dont le prix est de d&eacute;voiler la fragilit&eacute; de la fonction de p&egrave;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">re. </span><span style="font-size:15.0pt">La puissance cr&eacute;atrice et d&#39;invention po&eacute;tique de Christa Wolf fait de cette trahison paternelle le ressort de sa lecture du mythe dont l&#39;arri&egrave;re-plan est l&#39;infanticide de son fr&egrave;re par leur p&egrave;re, le roi&nbsp; Ai&eacute;t&egrave;s de Colchide.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Toutes ces femmes qui ont fui, avec leur enfant, pour la solitude de l&rsquo;errance portent cette question&nbsp;: qui devenir si un autre homme n&rsquo;est pas l&agrave; pour les accueillir, pour perp&eacute;tuer le leurre&nbsp;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">? La rage de M</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;d&eacute;e montre que Jason m&ecirc;me radicalement d&eacute;chu &agrave; ses yeux est toujours l&agrave;. Quel devenir pour des enfants pris par cette destitution du p&egrave;</span><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">re, prof</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;r&eacute;e par la m&egrave;re, et cette autre destitution, celle de la m&egrave;re qui choisit de <i>ne plus avoir</i> (d&rsquo;enfants) pour, dans la folie de l&rsquo;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">infanticide, </span><i><span style="font-size:15.0pt">n&rsquo;&ecirc;tre que femme, </span></i><span style="font-size:15.0pt">sans limite &agrave; sa jouissance mortif&egrave;re, d&rsquo;&ecirc;tre<i> La femme, </i>celle qui &eacute;chapperait &agrave; la Loi de la castration<i> </i>? Aujourd&#39;hui, M&eacute;d&eacute;e revendiquerait sur la sc&egrave;ne publique une homosexualit&eacute; de combat, en proclamant l&#39;exemplarit&eacute; de sa d&eacute;marche. Cette homosexualit&eacute; latente de M&eacute;d&eacute;e, Euripide et S&eacute;n&egrave;que l&#39;ont per&ccedil;ue. Les seuls moments o&ugrave; sa col&egrave;re se calme sont ceux o&ugrave; elle est seule avec une femme,&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; .</span></span></span></span></p> <h2 class="CorpsA" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">LE MAL RADICAL</span></span></span></span></h2> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">M&eacute;d&eacute;e est-elle une figure du Mal&nbsp;? Est-elle responsable ou est-elle sous l&rsquo;emprise d&rsquo;une folie engendr&eacute;e par un autre, ce qui att&eacute;nuerait sa responsabilit&eacute;&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Non seulement M&eacute;d&eacute;e se met en dehors de la loi de la soci&eacute;t&eacute; mais traite ses enfants comme des choses, comme des biens qui n&rsquo;existent que pour sa jouissance alors qu&rsquo;elle sait aussi que ses enfants appartiennent simultan&eacute;ment &agrave; une autre lign&eacute;e dont elle ne veut pas. C&rsquo;est l&rsquo;imposition de sa volont&eacute; au prix de leur mort qui est le Mal. C&rsquo;est la forme ultime de la perversion. Le <i>Mal radical,</i> c&rsquo;est de tenter de faire sortir de la communaut&eacute; humaine un ou plusieurs humains pour la satisfaction de sa jouissance. </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">M&eacute;d&eacute;e et tous ceux, hommes ou femmes, qui s&rsquo;engagent dans une telle folie, qui peut &ecirc;tre nomm&eacute;e folie perverse parce qu&rsquo;elle a franchi les limites qui rendent la pens&eacute;e et la parole vers les autres humains possible, ne peuvent qu&rsquo;engendrer la mort. Il n&rsquo;y a pas de sym&eacute;trie entre le Bien et le Mal. Seul le Mal lib&egrave;re la pulsion de mort. Seule la force du Mal radical entraine dans l&rsquo;autisme d&rsquo;un isolement partag&eacute; et dans un d&eacute;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">lire dont les signifiants sont inaccessibles. </span><span style="font-size:15.0pt">Il n&rsquo;y a plus de conscience sociale mais seulement une proclamation d&rsquo;injustice o</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">&ugrave; </span><span style="font-size:15.0pt">se d&eacute;ploie l&rsquo;exorbitance de la jouissance &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre. Personne ne peut donner un point d&rsquo;arr&ecirc;t quand le d&eacute;sir de possession exclusive a commenc&eacute; &agrave; se r&eacute;aliser. </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><i><span style="font-size:15.0pt">L&rsquo;infanticide psychique commence quand ceux qui auraient pu intervenir ou se faire entendre, et de ce fait introduire de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, au moment du vacillement o</span></i><i><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">&ugrave; </span></i><i><span style="font-size:15.0pt">elle va choir, se sont tu. </span></i><span style="font-size:15.0pt">Le libre-arbitre en pr&eacute;sence du Mal&nbsp; radical n&rsquo;est pas chez l&rsquo;auteur du mal mais dans son environnement social. Dans la jouissance destructrice de celui qui se laisse saisir par le Mal radical, il n&rsquo;y a plus de volont&eacute; mais une aspiration automatique et donc inconsciente de lutte contre l&#39;angoisse de mort qui pousse &agrave; reproduire &agrave; l&rsquo;</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">infini l</span><span style="font-size:15.0pt">&rsquo;identique. Le Mal radical s&#39;origine d&#39;une telle faille dans le sujet de l&#39;Inconscient. La r&eacute;flexion sereine, ouverture au libre-arbitre, ne peut s&rsquo;&eacute;panouir quand le sujet est pris dans le bouillonnement de l&rsquo;angoisse.</span> <span style="font-size:15.0pt">Le Mal radical, dans son exorbitance, ne peut &ecirc;tre compris qu&#39;&agrave; suivre la faille qui s&#39;amplifie ent</span><span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">re trois g&eacute;n&eacute;rations.</span> <span lang="EN-US" style="font-size:15.0pt">S</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;n&egrave;que, puis Corneille font dire &agrave; la nourrice l&rsquo;</span><span lang="PT" style="font-size:15.0pt">incompr</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;hension et l&rsquo;impuissance pour redresser la pens&eacute;e et arr&ecirc;ter la d&eacute;cision infanticide et vengeresse de M&eacute;d&eacute;e<i>. </i>Elle est le produit de ce que c&egrave;le la langue, dans l&#39;exercice de la parole, par sa r&eacute;sonance avec les autres, en particulier les proches, &agrave; qui elle s&#39;adresse. La Culture et l&#39;Histoire qu&#39;ils ont v&eacute;cues en sont le t&eacute;moignage et l&#39;expansion.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">M&eacute;d&eacute;e est port&eacute;e par le tragique de son histoire.Il a fallu que le tragique de la mort se r&eacute;p&egrave;te et s&rsquo;inscrive dans son histoire intime. Pour surmonter l&rsquo;horreur de l&rsquo;assassinat&nbsp; de son fr&egrave;re par son p&egrave;re, il lui a &eacute;t&eacute; n&eacute;cessaire de construire une solide haine, silencieuse et inhib&eacute;e &agrave; l&#39;&eacute;gard de son p&egrave;re. Haine qui s&#39;est d&eacute;plac&eacute;e sur Jason quand il a failli.</span></span></span></span></p> <h2 class="CorpsA" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">LE MAL RADICAL, PRODUIT HISTORIQUE ET COLLECTIF</span></span></span></span></h2> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">En prenant l&rsquo;enfant comme unique objet qui la fait exister, M&eacute;d&eacute;e devient une m&egrave;re incestueuse. Elle devient hors-la-Loi, hors de la Loi primordiale. Sa jouissance ne peut d&egrave;s lors qu&rsquo;&ecirc;tre exclusive et destructrice pour l&rsquo;enfant qu&rsquo;elle croit aimer. Ce saut au-del&agrave; de la Loi la met dans l&rsquo;espace du Mal, dans ce que Kant nomme,</span> <span style="font-size:15.0pt">dans <i>La religion dans les limites de la simple raison,</i> &laquo;&nbsp;</span><span lang="ES-TRAD" style="font-size:15.0pt">le mal radical</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">&nbsp;&raquo;.</span><i>&nbsp;</i><span style="font-size:15.0pt">Par ce concept, Kant sort le mal de </span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">la r</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute;flexion sur le p&eacute;ch&eacute;. Il y voit une perversion qui ouvre la place de la logique de l&rsquo;inconscient et du d&eacute;sir. Le <i>mal radical </i>devient la perversion de la volont&eacute; corrompue puisqu&rsquo;il est la recherche d&#39;une satisfaction concr&egrave;te et non pas guid&eacute;e par une logique universelle. L</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt">a volont</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute; du mal radical est une perversion</span><span lang="IT" style="font-size:15.0pt"> car la volont</span><span style="font-size:15.0pt">&eacute; ne se soumet pas &agrave; la Loi, mais aux conditions empiriques du plaisir. </span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Les enfants de M&eacute;d&eacute;e deviennent la seule source de son plaisir et de sa jouissance, en dehors de la Loi. Se cr&eacute;e ainsi une relation sadique au sens que Lacan lui donne. Les enfants de Jason et de M&eacute;d&eacute;e sont instrumentalis&eacute;s pour susciter chez les autres, une angoisse intense o&ugrave; se reproduit l&#39;angoisse historique et infantile qui a provoqu&eacute; la radicale d&eacute;fiance de M&eacute;d&eacute;e &agrave; l&#39;&eacute;gard de la Loi. Elle n&#39;est plus la Loi inamovible que d&eacute;crit Kant mais une loi objet de tergiversations, qu&#39;il est possible de r&eacute;inventer &agrave; partir de soi. Le <i>mal radical </i>trouve sa source de ce renversement. &Agrave; partir de ce moment historique qui a apport&eacute; la d&eacute;fiance, se r&eacute;v&egrave;le la bascule dans la faille de l&#39;histoire. Ce moment est rep&eacute;rable comme point d&#39;origine de la r&eacute;activation d&#39;une douleur de deuil infantile avec laquelle le sujet a pu vivre mais qui, un jour, par un &eacute;v&egrave;nement d&#39;abandon, de perte d&#39;id&eacute;al, de rupture violente certes, mais sous-estim&eacute;e par le sujet et l&#39;environnement social, devient une faille si profonde qu&#39;elle apporte la perte de confiance radicale en l&#39;autre, ce qui bouleverse la vie.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Dans l&#39;ali&eacute;nation &agrave; la douleur venue de l&#39;infantile, masqu&eacute;e par l&#39;acte, il n&#39;y a plus de libre arbitre ou de volont&eacute; mais seulement une temp&ecirc;te pulsionnelle avec l&#39;illusion d&#39;une lucidit&eacute; et d&#39;une d&eacute;termination dans la d&eacute;cision. Le <i>Mal radical </i>&eacute;chappe &agrave; la volont&eacute;, au libre-arbitre. Il est m&ucirc; par une r&eacute;sonance collective qui le porte et le rend &quot;contagieux&quot;. Sa dictature sur les autres, devenus ses objets, ne peut &ecirc;tre d&eacute;crite que comme une infection qui ab&icirc;me l&#39;&ecirc;tre et sa langue.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><span style="font-size:15.0pt">Kant, en rep&eacute;rant l&#39;absence de sym&eacute;trie entre le Bien et le Mal, laisse l&#39;espace pour une autre logique, celle de l&#39;inconscient. L&#39;acte du mal radical n&eacute;cessite un t&eacute;moin, acteur et complice, avec qui faire couple, alt&eacute;rit&eacute; d&eacute;tourn&eacute;e et referm&eacute;e. Depuis cette radicale diff&eacute;rence avec le Bien, &agrave; valeur universelle, il devient possible de questionner les limites de la responsabilit&eacute; individuelle et l&#39;&eacute;tendue de la responsabilit&eacute; historique collective qui offre au mal radical l&#39;expansion pulsionnelle dans la lib&eacute;ration de la pulsion de mort.</span></span></span></span></p> <p class="CorpsA" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><i><span style="font-size:15.0pt">Il y a donc une exigence sociale &agrave; prot&eacute;ger la soci&eacute;t&eacute; d&egrave;s l&rsquo;amorce d&rsquo;un tel passage. La conscience sociale est de pr&eacute;venir la survenue des circonstances qui sont le terreau de la haine et de sa transmission. Il est utopique d&rsquo;imaginer l&rsquo;&eacute;viction, par le jeu de la symbolisation et de la parole, des circonstances humaines qui suscitent le mal radical. Mais il est du pouvoir de la soci&eacute;t&eacute; de pr&eacute;venir son extension.</span></i></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="border:none"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><sup><span style="font-size:15.0pt"><sup><span style="border:none; font-size:15.0pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></span></sup></a> S.Freud, &OElig;uvres compl&egrave;tes, XVI, Psychologie des masses et analyse du moi, ch. VII, p.43, puf, 1991.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="border:none"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><sup><span style="font-size:15.0pt"><sup><span style="border:none; font-size:15.0pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></span></sup></a> Diana Rabinovich, Le mensonge sur le mal,Psychanalyse 2006/1, n&deg;5</span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="border:none"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><sup><span style="font-size:15.0pt"><sup><span style="border:none; font-size:15.0pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></span></sup></a> S.Freud , Ibidem,</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="border:none"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria, serif"><span style="color:black"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><sup><span style="font-size:15.0pt"><sup><span style="border:none; font-size:15.0pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></span></sup></a> Alain DePaulis, Le complexe de M&eacute;d&eacute;e. Quand une m&egrave;re prive le p&egrave;re de ses enfants. De Boeck Universit&eacute;. 2002, 177 pages</span></span></span></p> </div> </div> <h1 style="text-align:justify; margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:200%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><w:sdtpr></w:sdtpr></span></span></span></span></span></span></span></span></span></h1> <p class="MsoBibliography" style="text-align:justify; text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&Aacute;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p>