<p style="text-align: center;"><strong>Le primat de la croyance dans le leadership personnel ou groupal source du conformisme social</strong></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">Introduction</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Nous concluions notre article sur le leadership chez Kurt Lewin en notant l&rsquo;importance de deux ph&eacute;nom&egrave;nes sous-jacents &agrave; l&rsquo;exercice du leadership&nbsp;: exercer une influence sur autrui et l&rsquo;amener &agrave; la conformit&eacute; sociale dont le leader est le mod&egrave;le. De tr&egrave;s nombreux aspects sont alors &agrave; prendre en compte pour comprendre comment s&rsquo;exerce ce leadership et sur quoi il prend appui&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">1) ceux de la psychologie&nbsp;: suggestion, ob&eacute;issance, estime de soi, reconnaissance et souffrance&nbsp;; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">2) ceux de la sociologie&nbsp;: normes, st&eacute;r&eacute;otypes, influence et conformisme, d&eacute;pendance et dissidence&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">3) ceux plus &eacute;pist&eacute;mologiques et cognitifs du rapport au r&eacute;el et &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience fait de confiance et de croyance qui renvoient &agrave; la construction de sa conviction, par l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la connaissance ou &agrave; l&rsquo;information, le plus souvent interm&eacute;di&eacute;es par un tiers.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Nous pourrions aussi mentionner l&rsquo;&eacute;conomie, voire la science politique et l&rsquo;&eacute;tude des int&eacute;r&ecirc;ts &agrave; agir qui font de certaines institutions et de leur leader les acteurs d&rsquo;un jeu d&rsquo;influence que nous avons, pour partie d&eacute;crit, dans notre pr&eacute;c&eacute;dent article&nbsp;: <i>le temps des illusionnistes 1&nbsp;: les subversions institutionnelles </i><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></a>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">L&rsquo;exercice du leadership est toujours un acte politique car il cherche &agrave; influencer autrui. Nous voulons ici faire l&rsquo;hypoth&egrave;se qu&rsquo;il y aurait, &agrave; la source de ces leaderships, le r&ocirc;le de la confiance et de la croyance <a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></a>, du fait de cette d&eacute;pendance &agrave; l&rsquo;information relay&eacute;e par autrui, sans contr&ocirc;le possible par soi-m&ecirc;me le plus souvent. Il y a aussi cette croyance en soi ou &agrave; sa cause r&eacute;v&eacute;lant la nature intrins&egrave;quement pros&eacute;lyte du leadership, comme si vivre consistait &agrave; croitre pour soi, mais par contagion, &agrave; diffuser autour de soi son credo de soi, m&ecirc;me chez le chercheur. Et les groupes, au-del&agrave; des relations interpersonnelles, d&eacute;cupleraient ce m&ecirc;me stratag&egrave;me de la diffusion du soi-groupal par militantisme, enseignement, mission mais aussi n&eacute;gativement par conflit, assujettissement, alin&eacute;ation, soumission, voire plus radicalement pers&eacute;cution et extermination.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Nous voudrions v&eacute;rifier ce qui ressort de la croyance <a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></a> dans la cr&eacute;ation du conformisme social &eacute;manant du leader ou du groupe. Il nous faudra rep&eacute;rer les stratag&egrave;mes du faire croire d&rsquo;o&ugrave; ce terme souvent usit&eacute; dans les travaux sur l&rsquo;influence&nbsp;sociale : la <i>conversion</i>, mot au combien connot&eacute; de sa charge religieuse. Le leader serait l&rsquo;acteur de la conversion et le porteur ou m&eacute;diateur d&rsquo;une croyance. Et cette conversion serait le signe d&rsquo;une attirance comme d&rsquo;une aspiration &agrave; la tranquillit&eacute; dans le groupe constitu&eacute; dans ses rites&nbsp;: ses croyances communes institu&eacute;es. </span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">1. Ce que nous disent les recherches en psychologie</span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Plusieurs aspects sont &agrave; prendre en compte dans cette relation, selon qu&rsquo;on soit dans la position d&rsquo;exercer ce leadership ou dans celle d&rsquo;y r&eacute;pondre. Nous examinerons pour ces deux positions, ce qu&rsquo;il en est de (1.1.)<i> </i>la <i>suggestion</i> et la <i>suggestibilit&eacute;</i>, de (1.2.) l&rsquo;<i>ob&eacute;issance</i>, de (1.3.) l&rsquo;<i>estime de soi</i>, de (1.4.) la <i>reconnaissance</i>, et de ce qui peut advenir dans une relation conduisant &agrave; (1.5.) la <i>souffrance</i>. Nou avons bien ici l&rsquo;objectif de rep&eacute;rer ce qui ressort d&rsquo;une croyance&nbsp;: croyance en des id&eacute;aux, croyance en l&rsquo;autre, croyance en soi, etc., c&rsquo;est-&agrave;-dire des d&eacute;clinaisons de cette confiance croyante (avoir foi en, se fier &agrave;, ...) <a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></a>.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">1.1. La suggestion</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">On doit au psychologue fran&ccedil;ais Alfred Binet <a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></a> les premiers travaux &agrave; ce sujet, dont Germaine de Montmollin r&eacute;sume bien le couple conceptuel qui &eacute;merge &agrave; cette &eacute;poque entre suggestion et suggestibilit&eacute;, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t se portant sur les conditions psychologiques de la suggestibilit&eacute;&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Le terme de suggestion, propos&eacute; en 1866 par Li&eacute;beault, sert &agrave; d&eacute;signer une classe de ph&eacute;nom&egrave;nes qui sont caract&eacute;ris&eacute;s par le fait que la conduite d&#39;un individu est identique &agrave; ce qu&#39;une autre personne veut qu&#39;elle soit, la volont&eacute; de cette derni&egrave;re s&#39;exprimant verbalement par des ordres directs ou indirects, ce qui suppose, chez l&#39;individu cible, une limitation du champ de l&#39;attention ou de la conscience, une occultation des facult&eacute;s critiques :l&#39;id&eacute;e est implant&eacute;e dans l&#39;esprit vide du sujet et la conduite &eacute;voqu&eacute;e se manifeste automatiquement. Sur ce point, il y a recouvrement, au XIXe si&egrave;cle, entre suggestion et imitation. La notion de suggestion suppose &eacute;galement un certain rapport entre suggestionneur et suggestionn&eacute;, du type dominance-soumission</i>&nbsp;&raquo; (1977, 15)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Il faut bien un suggestionneur pour qu&rsquo;il y ait un suggestionn&eacute;. Nous sommes donc d&rsquo;embl&eacute;e dans l&rsquo;entre-deux de la psychologie et de la sociologie comme le rappelle &agrave; juste titre Solomon Asch&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>la suggestion pr&eacute;suppose une relation sociale pr&eacute;&eacute;tablie avec la personne qui prend l&#39;initiative. Cette relation est une relation de confiance, le sujet se place lui-m&ecirc;me dans les mains de l&#39;exp&eacute;rimentateur dont il ne questionne pas la comp&eacute;tence et les intentions. Et m&ecirc;me plus, il y a une relation de coop&eacute;ration avant n&#39;importe quelle suggestion, le sujet a accept&eacute; de suivre les instructions</i>.&nbsp;&raquo; (1952, 411)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Cette description montre bien la dimension sociale de la suggestion et l&rsquo;existence de repr&eacute;sentations sociales ant&eacute;rieurement fix&eacute;es o&ugrave; s&rsquo;insinue la confiance r&eacute;ciproque dans la relation, soit cette croyance en l&rsquo;autre dans la situation que nous voulons examiner ici. Et, tr&egrave;s loin de simplifier la psychologie de celui qui subit la suggestion &agrave; un automatisme de la personne hypnotis&eacute;e par exemple, qu&rsquo;on retrouve aussi chez Milgram dans sa notion d&rsquo;&eacute;tat agentique passif, la suggestion d&eacute;crite par Binet interroge ses conditions d&rsquo;influence, soit la psychologie de celui qui accepte la suggestion. En ce sens, Binet est plus ouvert &agrave; cet examen psychologique que le sera Milgram plus tard, en se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; des &eacute;tudes men&eacute;es par lui-m&ecirc;me et son coll&egrave;gue Henri, il pr&eacute;cise alors des cat&eacute;gories&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>On peut diviser les &eacute;l&egrave;ves en trois cat&eacute;gories&nbsp;: &nbsp;1&deg; ceux qui exercent une suggestion&nbsp;; 2&deg; ceux qui la subissent&nbsp;; 3&deg; ceux qui se tiennent &agrave; l&#39;&eacute;cart et n&#39;exer&ccedil;ant pas la suggestion et ne la subissant pas.</i>&nbsp;&raquo; (1898, 84) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">L&rsquo;examen des conditions d&rsquo;acceptation de la suggestion renvoie aux conditions de l&rsquo;ob&eacute;issance, &agrave; l&rsquo;estime de soi qui s&rsquo;ensuit du fait du regard de l&rsquo;autre en termes d&rsquo;assentiment et de reconnaissance qui la renforcent ou non. Binet mesure bien l&rsquo;alternative obligeant &agrave; rendre compte d&rsquo;une influence qui obtient la conformit&eacute; &agrave; l&rsquo;attendu de celui qui exerce la suggestion ou le risque de non-conformit&eacute; qui se traduira par la d&eacute;sob&eacute;issance, la r&eacute;sistance et la dissidence. Binet fait justement ce lien :</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Les suggestions d&#39;actes&nbsp;; ces derni&egrave;res sont toujours difficiles &agrave; r&eacute;aliser, car elles impliquent d&#39;une part commandement et d&#39;autre part ob&eacute;issance, et il est bien vrai qu&#39;un ordre donn&eacute; sur un ton autoritaire a quelque chose d&#39;offensant qui excite un sujet &agrave; la r&eacute;sistance.</i>&nbsp;&raquo; (1898, 92) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Les termes de l&rsquo;influence du leader, pour obtenir la conformit&eacute; &agrave; ses attendus, sont bien pos&eacute;s par sa mesure des risques de l&rsquo;exc&egrave;s d&rsquo;autorit&eacute;. Notons que sur cette question, les glissements s&eacute;mantiques op&eacute;r&eacute;s par les chercheurs eux-m&ecirc;mes, selon les &eacute;poques, t&eacute;moignent bien d&rsquo;une ambigu&iuml;t&eacute; des sources identifi&eacute;es pour expliquer cette relation d&rsquo;influence sociale. En effet, comme le souligne tr&egrave;s bien St&eacute;phane Laurens et ses coll&egrave;gues dans leur article <a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></a>&nbsp;:&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>&hellip; la possession ne r&eacute;siste pas &agrave; la la&iuml;cisation de la soci&eacute;t&eacute; et laisse place au magn&eacute;tisme&nbsp;; le magn&eacute;tisme discr&eacute;dit&eacute; changera de nom pour devenir somnambulisme, ce dernier disqualifi&eacute; r&eacute;appara&icirc;tra rebaptis&eacute; en hypnotisme pour faire science au 19e&nbsp;; l&#39;hypnose qui apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; ador&eacute;e sera d&eacute;laiss&eacute;e puis remplac&eacute;e par la suggestion au d&eacute;but du 20e et finalement la suggestion sera elle-m&ecirc;me remplac&eacute;e par l&#39;influence</i>.&nbsp;&raquo; (2018, 30). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Ils d&eacute;crivent l&rsquo;histoire des g&eacute;n&eacute;rations successives de m&eacute;decins et de psychologues, &eacute;tudiant des ph&eacute;nom&egrave;nes assez semblables, mais cherchant les causes dans des domaines tr&egrave;s diff&eacute;rents. Cela manifeste l&rsquo;influence du contexte religieux et philosophiques de chacune de ces &eacute;poques sur les auteurs, tant dans la repr&eacute;sentation que dans ses possibles causalit&eacute;s. Le conformisme du temps p&egrave;serait aussi sur les hommes de science. C&rsquo;est bien la raison de notre investigation sur la croyance aux sources du leadership et du conformisme qui s&rsquo;ensuit. Elle &eacute;tait l&agrave; dans les recherches, prenant la forme de l&rsquo;inspiration religieuse, de ph&eacute;nom&egrave;nes physiques mais aussi paranormaux avant d&rsquo;en rester &agrave; des interactions sociales plus r&eacute;cemment. Mais elle para&icirc;t inh&eacute;rente &agrave; cette croyance du temps chez les scientifiques eux-m&ecirc;mes selon leur cadre de pens&eacute;e ou &eacute;pist&eacute;mologie. Leur croyance op&egrave;re sous la forme de la suggestion &agrave; autrui et de la suggestion du temps sur leur &laquo;&nbsp;repr&eacute;sentations scientifiques&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">1.2. L&rsquo;ob&eacute;issance</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Celle-ci m&eacute;rite une prise de distance historique sur les psychologues eux-m&ecirc;mes pour comprendre que notre conception de l&rsquo;ob&eacute;issance charrie les croyances fondamentales d&rsquo;une p&eacute;riode. En effet, Binet relate des exp&eacute;riences qui t&eacute;moignent de l&rsquo;importance de l&rsquo;ob&eacute;issance, comme &eacute;tant le signe manifeste de la capacit&eacute; d&rsquo;apprentissage de l&rsquo;enfant. Son ob&eacute;issance le rend r&eacute;ceptif aux suggestions et il apprendra pour se conformer &agrave; ce que l&rsquo;on attend de lui, en retour, dans la restitution de l&rsquo;appris, par la ma&icirc;trise d&rsquo;exercices qui en t&eacute;moigneront. Lorsqu&rsquo;il relate une exp&eacute;rience, pr&eacute;figuratrice de celle de Asch sur la reconnaissance d&rsquo;une ligne de quatre centim&egrave;tres, l&rsquo;enfant la recherche parmi plusieurs par comparaison ou par m&eacute;moire, puis le ma&icirc;tre l&rsquo;interroge en insinuant un doute&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>En &ecirc;tes-vous bien s&ucirc;r&nbsp;? N&rsquo;est-ce pas la ligne d&rsquo;&agrave; c&ocirc;t&eacute;&nbsp;?</i>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;enseignement est &eacute;difiant&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Les enfants qui se sont tromp&eacute;s une premi&egrave;re fois font en g&eacute;n&eacute;ral une d&eacute;signation plus exacte gr&acirc;ce &agrave; la suggestion&nbsp;; ainsi, si l&#39;on compte ceux dont la seconde d&eacute;signation se rapproche plus du mod&egrave;le que la premi&egrave;re on en trouve 81%, tandis que ceux qui s&#39;en &eacute;loignent davantage forment une petite minorit&eacute; de 19%. Quant aux enfants qui ont vu juste la premi&egrave;re fois, ils sont remarquables par la fermet&eacute; avec laquelle ils r&eacute;sistent &agrave; la suggestion, qui, dans leur cas, est perturbatrice&nbsp;; 56% seulement abandonnent leur premi&egrave;re option tandis que dans le cas d&#39;une r&eacute;ponse inexacte, il y en a 72% qui changent de d&eacute;signation.</i>&nbsp;&raquo; (1898, 96) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Mais, &agrave; cette &eacute;poque, l&rsquo;ob&eacute;issance est corr&eacute;l&eacute;e &agrave; l&rsquo;intelligence de l&rsquo;enfant. Il comprend le contexte et les bienfaits de son ob&eacute;issance. Ceci conduit &agrave; consid&eacute;rer l&rsquo;enfant d&eacute;sob&eacute;issant comme un asocial, un malade. Les propos de Philippe Tissi&eacute; <a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></a> rapport&eacute; par Binet, qui en ajoute en ce sens, sont durs, pour ne pas dire violents&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Les r&eacute;tifs, quatri&egrave;me cat&eacute;gorie, que Tissi&eacute; ne donne pas, mais que les instituteurs m&rsquo;ont indiqu&eacute;e, car elle existe dans les &eacute;coles, et elle n&#39;est point aim&eacute;e des ma&icirc;tres&nbsp;; ce sont des ultra-volontaires, des indisciplin&eacute;s&nbsp;; probablement cette cat&eacute;gorie est form&eacute;e pour une bonne part de nerveux et de d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute;s. Un auteur italien, Vitali, assure que les incorrigibles des &eacute;coles pr&eacute;sentent un plus grand nombre de stigmates physiques de d&eacute;g&eacute;n&eacute;rescence que les &eacute;l&egrave;ves normaux.</i>&nbsp;&raquo; (1898, 85) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Binet rajoute ici une cat&eacute;gorie aux passifs de Tissi&eacute;. Et rendant compte des travaux de Bolton, il d&eacute;crit les contrariants en ses termes&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>C&#39;est l&#39;esp&egrave;ce d&eacute;testable, le d&eacute;sespoir des exp&eacute;rimentateurs. Ce sont des gens qui poussent l&#39;esprit de contradiction jusqu&#39;&agrave; la mauvaise foi&nbsp;; ils critiquent tout, le but de l&#39;exp&eacute;rience, les conditions o&ugrave; l&#39;on op&egrave;re&nbsp;; ils sont subtils&nbsp;; ils refusent de donner leur opinion, tant qu&#39;ils ne connaissent pas celle des autres sujets ou celle de l&#39;exp&eacute;rimentateur&nbsp;; d&egrave;s qu&#39;ils la connaissent, ils s&#39;empressent d&#39;en prendre le contre-pied, avec un grand entrain d ergotage. Si on ne livra nos critiques aucune opinion, ils refusent de dire la leur et se renferment dans un silence d&eacute;daigneux.&nbsp;</i>&raquo; (1898, 85)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Ces auteurs expriment leur aversion &agrave; la d&eacute;sob&eacute;issance. Asch et Milgram glisseront ensuite de l&rsquo;&eacute;tude de l&rsquo;ob&eacute;issance &agrave; celle du conformisme et de la soumission &agrave; l&rsquo;autorit&eacute;, testant les limites de l&rsquo;ob&eacute;issance en soumission aveugle. Sous l&rsquo;influence de la psychologie de l&rsquo;&eacute;ducation, dont l&rsquo;&oelig;uvre de Piaget <a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></a>, d&rsquo;autres v&eacute;hiculeront plus un rejet de l&rsquo;ob&eacute;issance, la comprenant comme le premier signe d&rsquo;une inintelligence critique. Le d&eacute;veloppement de l&rsquo;enfant se jouera en dehors de l&rsquo;ob&eacute;issance. Les psychologues ont ici des points de vue tr&egrave;s oppos&eacute;s sur l&rsquo;ob&eacute;issance, d&rsquo;abord signe de l&rsquo;intelligence et de l&rsquo;&eacute;veil de l&rsquo;enfant au d&eacute;but du 20<sup>e</sup> si&egrave;cle, puis signe de la passivit&eacute;, et d&rsquo;une servilit&eacute; troublante au milieu du si&egrave;cle que les r&eacute;gimes totalitaires ont mis en &oelig;uvre, et aussi contest&eacute;e jusque dans ses fondements pour pr&eacute;f&eacute;rer la libert&eacute;, avant de devenir une ob&eacute;issance plus raisonn&eacute;e au d&eacute;but du 21<sup>e</sup> si&egrave;cle chez quelques auteurs.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Or, l&rsquo;ob&eacute;issance, soit la suggestibilit&eacute; librement consentie exige une participation bien plus qu&rsquo;une passivit&eacute;. En effet, ne d&eacute;signe-t-elle pas l&rsquo;acceptation du suivi d&rsquo;une instruction par un tiers&nbsp;? Elle est une relation entre le suggestionneur et le suggestionn&eacute;. Dans un cas, le leader souhaite dominer pour asservir jusqu&rsquo;&agrave; obtenir le conformisme total attendu, soit le prolongement de soi par la totale imitation passive ou son instrumentalisation. Dans un autre sas, le leader-suggestionneur peut contribuer &agrave; une relation moins asym&eacute;trique, faisant de l&rsquo;ob&eacute;issance le v&eacute;hicule d&rsquo;une intelligence r&eacute;ciproque. L&rsquo;enfant accepte de faire confiance&nbsp;: il a foi en son ma&icirc;tre ou ses parents, s&rsquo;en remettant &agrave; l&rsquo;autre pour apprendre, sans pour autant se soumettre sans discernement. Cette participation active fait de l&rsquo;exercice de l&rsquo;autorit&eacute; et de l&rsquo;ob&eacute;issance un couple o&ugrave; l&rsquo;influence s&rsquo;exerce dans les limites du respect de la personne suggestionn&eacute;e. Cette ob&eacute;issance intelligente <a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></a> signifie que la relation se fonde sur un dialogue et sur une complicit&eacute; sans mot, soit cette confiance r&eacute;ciproque&nbsp;: je crois en toi, tu crois en moi <a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></a>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Cette ob&eacute;issance intelligente vise l&rsquo;&eacute;mancipation progressive de l&rsquo;enfant, par l&rsquo;apprentissage lib&eacute;rateur qui se traduit par des autonomies croissantes, jusqu&rsquo;&agrave; son ind&eacute;pendance s&rsquo;exprimant par autant de transgressions relativement aux conditions de l&rsquo;ob&eacute;issance initiale. Et du c&ocirc;t&eacute; du suggestionneur, cela signifie qu&rsquo;il a la capacit&eacute; de discerner entre l&rsquo;exc&egrave;s d&rsquo;autorit&eacute;, la fabrication de la soumission qui induira la passivit&eacute; ou le respect mutuel dans le but de cette lib&eacute;ration de son autorit&eacute; toute transitoire. Ce rapport &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; concerne les deux parties, ce qui signifie que l&rsquo;ob&eacute;issance fabrique des autorisations, elle n&eacute;gocie les conventions d&rsquo;ob&eacute;issance et d&rsquo;ind&eacute;pendance. A travers elle, se joue alors l&rsquo;estime de soi, tant du suggestionneur-leader que du suggestionn&eacute;. L&rsquo;ob&eacute;issance serait ici &eacute;volutive.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">1.3. L&rsquo;estime de soi</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Cette relation d&rsquo;ob&eacute;issance plus ou moins dominatrice ou &eacute;mancipatrice suppose pour les deux acteurs de croire en soi, de s&rsquo;aimer soi-m&ecirc;me, d&rsquo;avoir cette confiance, tant pour d&eacute;sirer exercer son leadership sur l&rsquo;enfant ou autrui que pour l&rsquo;enfant ou autrui d&rsquo;accepter de suivre en confiance, avec l&rsquo;estime de soi qui revient au sentiment de se grandir soi-m&ecirc;me en suivant l&rsquo;autre, ce que nous d&eacute;nommons ici complicit&eacute;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Ainsi, cette perception de sa propre valeur appartient bien &agrave; la psychologie comme &agrave; la sociologie, raison pour laquelle nous nous attarderons aux st&eacute;r&eacute;otypes, qui joueront autant pour le suggestionneur que pour le suggestionn&eacute;. Les psychologues de la g&eacute;n&eacute;ration de Binet pointent ce d&eacute;faut de confiance en soi li&eacute; &agrave; ce degr&eacute; d&rsquo;estime de soi. M&ecirc;me si c&rsquo;est une affaire de psychologie parce qu&rsquo;elle rev&ecirc;t des aspects comportementaux, cognitifs et &eacute;motionnels, ce regard port&eacute; sur soi d&eacute;pend bien du regard d&rsquo;autres, ou du moins du regard que l&rsquo;on va pr&ecirc;ter aux autres &agrave; propos de ce que l&rsquo;on est ou de ce que l&rsquo;on a fait. Lorsque l&rsquo;on examine les traits de l&rsquo;estime de soi chez l&rsquo;enfant <a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></a>, les dimensions mentionn&eacute;es par le psychiatre renvoient toute &agrave; une &eacute;valuation de soi qui inclut n&eacute;cessairement une dimension sociale li&eacute; &agrave; l&rsquo;appr&eacute;ciation des autres et &agrave; une connaissance des crit&egrave;res et st&eacute;r&eacute;otypes vers lesquels il faut tendre&nbsp;; et qui agissent comme autant de facteurs d&rsquo;une conformit&eacute; &agrave; la norme&nbsp;; soit &ecirc;tre avec et comme les autres, &ecirc;tre un semblable pour appartenir au groupe dont l&rsquo;enfant tire alors son estime de soi. Quand Andr&eacute; mentionne l&rsquo;aspect physique, il l&rsquo;associe tout de suite &agrave; la question du plaire aux autres, soit de potentiels st&eacute;r&eacute;otypes. Pour la r&eacute;ussite scolaire, il interroge la question du bon &eacute;l&egrave;ve. Pour les performances athl&eacute;tiques, il renvoie &agrave; la force, la vitesse, le talent. Pour la conformit&eacute; comportementale elle inclut la question de l&rsquo;appr&eacute;ciation des adultes en dehors du cercle familial et pour la popularit&eacute; il s&rsquo;agit de la reconnaissance, voire de l&rsquo;amour des autres pour soi. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">L&rsquo;estime de soi prolongent l&rsquo;ob&eacute;issance, parce qu&rsquo;il s&rsquo;agit de faire bien, de plaire, d&rsquo;obtenir le bon r&eacute;sultat, de s&rsquo;aimer parce que l&rsquo;on se sait aim&eacute;. Ici, le conformisme serait presqu&rsquo;une affaire de sant&eacute; mentale, pour se sentir bien par soi-m&ecirc;me, au milieu d&rsquo;autres. La comparaison sociale suppose l&rsquo;exercice d&rsquo;&eacute;valuation de soi qui renforce ou affaiblit cette estime de soi bien d&eacute;pendante d&rsquo;autres. A ce titre, la d&eacute;finition de Martine Bouvard montre les liens entre estime et croyances <a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></a>&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Il peut se d&eacute;finir comme l&rsquo;appr&eacute;ciation positive ou n&eacute;gative de l&rsquo;individu sur lui-m&ecirc;me issue du syst&egrave;me de valeurs personnelles ou impos&eacute;e par l&rsquo;ext&eacute;rieur. Ainsi, les perceptions, id&eacute;es et croyances que l&rsquo;on a sur soi participeraient &agrave; l&rsquo;estime de soi.</i>&nbsp;&raquo; (1999, 165). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">L&rsquo;estime de soi, dont nous verrons que n&eacute;gativement elle conduira &agrave; des reconstructions dans la dissidence revendiqu&eacute;e, serait le r&eacute;sultat d&rsquo;une qu&ecirc;te d&rsquo;identit&eacute; et d&rsquo;appartenance, parce que le reflet propos&eacute; par les autres contribuerait &agrave; exister positivement au milieu du groupe familial, scolaire puis associatif, sportif ou professionnel. C&rsquo;est en ces termes que Khamzina <a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></a> explique le conformisme qui se nourrit bien de ce que nous venons d&rsquo;exposer&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>Les &ecirc;tres humains sont syst&eacute;matiquement motiv&eacute;s pour partager leurs &eacute;tats mentaux internes ainsi que pour comprendre ceux des autres. De plus, les individus per&ccedil;oivent leurs opinions ou attitudes comme &eacute;tant valides une fois qu&#39;elles sont partag&eacute;es par d&#39;autres individus. La congruence entre l&#39;&eacute;tat mental d&#39;un individu et celui d&#39;autrui est une source d&#39;auto-validation pour le premier en lui indiquant que son attitude est socialement correcte et appropri&eacute;e.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 39) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">De m&ecirc;me, cela se traduit dans les exp&eacute;riences de Asch, qui conduisent &agrave; la recherche de l&rsquo;assentiment d&rsquo;autres par imitation, afin d&rsquo;&eacute;viter toute dissonance, inconfort ou conflit. A propos du sujet na&iuml;f de l&rsquo;exp&eacute;rience de Asch, Maryla Zalenska <a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></a> explique que&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>leurs comportements nous semblent dus, en grande partie, &agrave; la faible probabilit&eacute; qu&#39;ils attribuent &agrave; une convergence des erreurs. Ainsi confront&eacute; &agrave; un groupe unanime, l&#39;individu est-il susceptible, selon nous, de douter tout d&#39;abord de sa propre r&eacute;ponse</i>.&nbsp;&raquo; (1974, 533) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Cette estime de soi d&eacute;pend bien de la reconnaissance d&rsquo;autrui qui affecte positivement ou non la personne, ce qui laisse pr&eacute;sager que le conformisme se joue aussi dans cette recherche de la reconnaissance qui vient soutenir son estime de soi <a href="#_ftn15" name="_ftnref15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></a>.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">1.4. La reconnaissance</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Le leader obtient la conformit&eacute; &agrave; ce qu&rsquo;il prescrit parce que le suggestionn&eacute; sait qu&rsquo;il obtiendra une contrepartie sous forme de reconnaissance, utile &agrave; son estime de soi. Sans m&ecirc;me &eacute;voquer toute sorte de transactions int&eacute;ress&eacute;es ou symboliques, le suggestionn&eacute; esp&egrave;re et croit en cette reconnaissance, cette valorisation &eacute;tant la r&eacute;compense qui sera le signe d&rsquo;une r&eacute;ussite conforme &agrave; l&rsquo;attente de l&rsquo;autre. L&agrave; encore, cette relation est double car le suggestionn&eacute; reconna&icirc;t le leader et son autorit&eacute; pour faire comme il demande en croyant bien faire et en esp&eacute;rant &ecirc;tre reconnu. De m&ecirc;me, le leader reconna&icirc;t le suggestionn&eacute; parce qu&rsquo;il se reconna&icirc;t dans sa capacit&eacute; &agrave; faire &agrave; l&rsquo;instar de son enseignement dont l&rsquo;imitation signe la reconnaissance de son enseignement. A cet &eacute;gard, le discr&eacute;dit de Binet &agrave; l&rsquo;encontre des enfants indisciplin&eacute;s peut aussi se comprendre comme une blessure morale <a href="#_ftn16" name="_ftnref16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></a> impos&eacute;e par l&rsquo;enfant au leader dont l&rsquo;autorit&eacute; ou l&rsquo;enseignement ne sont pas reconnues. Ce d&eacute;faut de reconnaissance est per&ccedil;u comme une d&eacute;sob&eacute;issance. Le ma&icirc;tre y oppose sa r&eacute;volte, r&eacute;ciproque de la d&eacute;sob&eacute;issance de l&rsquo;enfant, en d&eacute;valuant brutalement les enfants, sans aucune autocritique de son culte de l&rsquo;ob&eacute;issance. Nous verrons plus tard que ce sch&eacute;ma vaut pour le leader comme pour le suggestionn&eacute; dans une dissidence, voire un rejet mutuel&nbsp;par l&rsquo;exclusion de l&rsquo;autre. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">C&rsquo;est l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des recherches de notre coll&egrave;gue Jeanine Mudryck-Cros <a href="#_ftn17" name="_ftnref17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></a> sur la reconnaissance et l&rsquo;humiliation. En effet, l&rsquo;&eacute;chec de cette relation de croyance mutuelle tient autant au suggestionneur &eacute;chouant &agrave; obtenir les signes d&rsquo;assentiment et de conformit&eacute; qu&rsquo;il esp&egrave;re de son suggestionn&eacute; qu&rsquo;au suggestionn&eacute; parfois bless&eacute; dans son amour propre par la mani&egrave;re dont s&rsquo;exerce l&rsquo;influence du leader &agrave; son endroit, soit l&rsquo;exc&egrave;s d&rsquo;autorit&eacute; d&eacute;j&agrave; rep&eacute;r&eacute; par Binet en son temps. L&rsquo;absence de reconnaissance produit chez les deux cette blessure morale, cette vexation, jusqu&rsquo;au sentiment d&rsquo;humiliation incitant &agrave; la r&eacute;volte contre l&rsquo;autre. Et le leader n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; cette relation, &eacute;tant lui aussi bless&eacute;, d&eacute;consid&eacute;r&eacute;, par l&rsquo;insubordination des membres du groupe. Nous verrons plus tard que la dissidence concerne les deux&nbsp;: suggestionneur et suggestionn&eacute;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Cette reconnaissance mutuelle entre le leader et son &eacute;l&egrave;ve est la premi&egrave;re des dimensions sociales sur laquelle nous reviendrons dans la deuxi&egrave;me partie. La recherche de la reconnaissance est aussi celle du groupe conduisant &agrave; se conformer &agrave; ce qui semble ressortir des avis des autres membres, dont on recherche l&rsquo;assentiment, soit cette forme de reconnaissance qui fait pr&eacute;server la coh&eacute;sion du groupe, par identit&eacute; de vue et appartenance &agrave; ce corps social. La m&eacute;taphore du corps social retiendra notre attention ult&eacute;rieurement pour voir que se conformer aux autres est une mani&egrave;re de faire corps, pour pr&eacute;server son inclusion sociale&nbsp;; et ce, afin d&rsquo;&eacute;viter la dissidence, la marginalisation, voire l&rsquo;exclusion, source de m&eacute;sestime de soi jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;humiliation. Le poids du groupe sur la croyance commune se traduit dans la r&egrave;gle du plus grand nombre, comme le rappelle Zaleska dans ses travaux&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>La plupart des individus accordent d&#39;autant plus de confiance aux affirmations de la majorit&eacute; qu&#39;elle est num&eacute;riquement plus importante. Ainsi, la plupart, se d&eacute;clarent plus convaincus par une majorit&eacute; de 16 contre 12 ou de 8 contre 6.</i>&nbsp;&raquo; (1974, 534)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">La reconnaissance groupale p&egrave;se d&rsquo;autant que le nombre constitue une menace potentielle &agrave; l&rsquo;expression d&rsquo;une opposition qui d&eacute;passe le cadre d&rsquo;une relation interpersonnelle, s&rsquo;agissant d&rsquo;affronter le groupe. Alors, si l&rsquo;humiliation pointe, si l&rsquo;exclusion par le leader ou le groupe peut advenir, il est alors question de sant&eacute; mentale et de souffrance psychique.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">1.5. La souffrance</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Le conformisme dans une relation &agrave; un leader ou au groupe tiendrait aussi de l&rsquo;&eacute;vitement de la souffrance par la recherche d&rsquo;une bonne sant&eacute; personnelle, en fait largement d&eacute;pendante des interactions sociales. Sugg&eacute;rer, ob&eacute;ir, estimer ou s&rsquo;estimer, reconna&icirc;tre ou se reconna&icirc;tre contribueraient &agrave; cette sant&eacute; mentale, soit la tranquillit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre parmi ses semblables, sans subir les al&eacute;as des dissonances cognitives qui pr&eacute;figureraient des tensions, des conflits et des souffrances. Khamzina d&eacute;veloppe bien cet aspect, car elle aborde cette question de la souffrance, d&egrave;s lors qu&rsquo;il y a une suggestion douloureuse, une ob&eacute;issance contraignante, une estime de soi ab&icirc;m&eacute;e et un d&eacute;faut de consentement ou de reconnaissance. Le conformisme tient aussi de l&rsquo;&eacute;vitement de la souffrance par crainte du d&eacute;chirement, de l&rsquo;isolement ou de l&rsquo;exclusion qui affectent la sant&eacute; mentale de celui qui diverge de la conformit&eacute;, voire qui choisit d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment de s&rsquo;y opposer. Il y a bien un co&ucirc;t psychique &agrave; la non-conformit&eacute;. Khaminza note qu&rsquo;il y a lacune, &agrave; ce jour, dans la recherche sur ce sujet&nbsp;: &nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>Nous proposons donc de combler cette lacune et d&#39;examiner la sant&eacute; mentale en fonction du niveau de congruence (versus incongruence) entre ce que l&#39;individu pense personnellement et ce qu&#39;il per&ccedil;oit comme &eacute;tant une norme majoritaire sur une probl&eacute;matique sociale actuelle.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 38)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Si Festinger pointe les tensions psychologiques dans la dissonance cognitive dont chacun cherche &agrave; se lib&eacute;rer car elle induit une souffrance, Khaminza montre que la sant&eacute; mentale est en cause quand il est question d&rsquo;entrer en dissidence. Outre le probl&egrave;me de la justesse de sa perception relativement &agrave; celle du groupe &eacute;tudi&eacute; par Asch, les recherches de la psychologue insiste sur cette sant&eacute; mentale <a href="#_ftn18" name="_ftnref18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></span></a>. Sa principale conclusion vient &eacute;tayer ce proc&egrave;s que nous d&eacute;roulons progressivement dans cette partie. La psychologue conclut&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Une divergence importante entre soi et autrui tel que repr&eacute;sent&eacute;e par un d&eacute;calage entre ses attitudes personnelles et celles des autres a donc un impact sur le bien-&ecirc;tre psychologique des personnes pour qui l&rsquo;interd&eacute;pendance et l&rsquo;harmonie avec les autres fait partie int&eacute;grante de la d&eacute;finition de soi.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 193) <a href="#_ftn19" name="_ftnref19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></a>. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">D&egrave;s lors que la relation au groupe ou au leader engendre une tension, celle-ci produit un d&eacute;sordre psychologique, voire sa somatisation. Cette conflictualit&eacute; &eacute;mergente induit une disharmonie en termes de confiance et d&rsquo;estime, car il y a un hiatus entre soi et les autres.&nbsp; Les communs font l&rsquo;appartenance au groupe social mais leur absence conduit &agrave; un doute, voire une remis en cause du groupe ou de soi, soit l&rsquo;amorce de la r&eacute;sistance et de la dissidence, par sa s&eacute;paration qui ab&icirc;me son identit&eacute; et ses relations d&rsquo;appartenance au groupe. Il est donc important d&rsquo;avoir un regard sur les recherches en sociologie avec quelques autres dimensions, parce que le conformisme et l&rsquo;influence du leader tiennent bien &agrave; l&rsquo;&eacute;dification d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e, dans ses pratiques, ses conventions, ses normes et repr&eacute;sentations <a href="#_ftn20" name="_ftnref20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></a>, d&rsquo;o&ugrave; les deux parties suivantes, car il y a bien deux dimensions&nbsp;: sociale et &eacute;pist&eacute;mologique.</span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">2. Ce que nous disent les recherches en sociologie</span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Plusieurs aspects sont &agrave; prendre en compte dans cette relation au leader ou au groupe, comme ph&eacute;nom&egrave;ne de leadership collectif. Nous examinerons ici successivement la part (2.1.) des <i>normes</i> et (2.2.) des<i> st&eacute;r&eacute;otypes</i>, les ph&eacute;nom&egrave;nes (2.3.) d&rsquo;<i>influence</i>, (2.4.) de <i>conformisme </i>et (2.5.) de <i>d&eacute;pendance</i>, sans oublier les r&eacute;actions sociales (2.6.) du <i>militant </i>et du <i>dissident</i>, en cherchant encore la part de croyance.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">2.1. Les normes</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">La premi&egrave;re des normes est explicit&eacute;e par Binet, faisant r&eacute;sum&eacute; de nombreuses &eacute;tudes de lui-m&ecirc;me et de ses coll&egrave;gues avec des &eacute;l&egrave;ves. Et l&rsquo;enjeu de la croyance y apparait comme la premi&egrave;re norme, celle de la confiance, sous la forme de la croyance en l&rsquo;autre&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>Les &eacute;l&egrave;ves ne sont point habitu&eacute;s &agrave; des exp&eacute;riences de mensonge, et ils ne songent pas &agrave; se m&eacute;fier de ce qu&#39;on leur dit. C&#39;est donc de la suggestion dans le sens de confiance plut&ocirc;t que dans le sens d&#39;ob&eacute;issance.</i>&nbsp;&raquo; (1898, 98)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Cette premi&egrave;re norme sociale d&eacute;termine en fait un rapport &agrave; l&rsquo;instrument d&rsquo;interm&eacute;diation par excellence&nbsp;: le langage, o&ugrave; le locuteur dit vrai sans aucune intention de mentir ou d&rsquo;exercer une emprise. Les interlocuteurs ne se mentent pas. Ici, l&rsquo;ob&eacute;issance comme l&rsquo;estime de soi d&eacute;pendent de la permanence du respect de cette norme primordiale d&rsquo;une relation fond&eacute;e sur cette foi r&eacute;ciproque en l&rsquo;autre&nbsp;: la confiance</span><span style="font-size:10.0pt">. Si les membres partagent ces normes, ils se conforment aux choix du groupe, ce que Khamzina d&eacute;crit fort bien&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Les perceptions intersubjectives ou les normes per&ccedil;ues &eacute;tant partag&eacute;es par tous les membres du groupe repr&eacute;sentent des solutions conventionnelles afin de r&eacute;soudre les probl&egrave;mes de coordination sociale. Elles aident ainsi les individus &agrave; r&eacute;pondre aux contraintes de leur environnement.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 25-26) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Et, Khamzina souligne n&eacute;gativement l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une contestation, si l&rsquo;individu entrevoit le d&eacute;voiement de cette norme relativement &agrave; ses propres croyances, la norme renvoyant bien &agrave; ce qui en fonde l&rsquo;autorit&eacute;, soit croire en la valeur de la norme : </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Les individus percevant une forte base morale sous-jacente &agrave; leur attitude s&#39;opposent plus facilement &agrave; la norme majoritaire. Il en d&eacute;coule que lorsque les valeurs personnelles ou la moralit&eacute; sont en jeu les individus ne vont pas forc&eacute;ment se conformer &agrave; la norme. Bien au contraire, ils semblent avoir tendance &agrave; pr&ocirc;ner leur propre norme en s&#39;opposant &agrave; la norme pr&eacute;dominante.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 199) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Ainsi, dans un contexte social &eacute;largi aux groupes sociaux et politiques, ces diff&eacute;rentes normes, subjectives, injonctives, prescriptives <a href="#_ftn21" name="_ftnref21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></a> agissent sur les membres qui s&rsquo;y conforment plus ou moins. A cet &eacute;gard, les exp&eacute;riences sur l&rsquo;influence du groupe introduisent un &laquo;&nbsp;biais scientifique&nbsp;&raquo;. Les chercheurs dont Milgram mettent en sc&egrave;ne la norme scientifique pour &eacute;prouver son autorit&eacute; entrant en conflit avec les valeurs de chacun&nbsp;:engendrant un conflit des normes, un conflit des valeurs et un conflit de loyaut&eacute; &agrave; l&rsquo;une des autorit&eacute;s&nbsp;: c&rsquo;est une partie du drame d&rsquo;Antigone Ces chercheurs glissent une intention seconde, celle de l&rsquo;exp&eacute;rience inconnue des membres vivant l&rsquo;exp&eacute;rience, ce qui n&rsquo;est pas la r&eacute;alit&eacute; du v&eacute;cu quotidien, sauf dans les situations de manipulation ou d&rsquo;initiation o&ugrave; le membre consent, mais m&eacute;conna&icirc;t les cons&eacute;quences de son ob&eacute;issance. En cela, la norme du protocole exp&eacute;rimental teste bien plus l&rsquo;autorit&eacute; en laboratoire de &laquo;&nbsp;la science&nbsp;&raquo; comme instance symbolique normative soumettant les membres dans ce contexte tr&egrave;s artificialis&eacute;, ce que Zaleska note bien, montrant que le chercheur, surtout Milgram, s&rsquo;abstrait de sa norme, oubliant ce qui en fait un &laquo;&nbsp;st&eacute;r&eacute;otype scientifique&nbsp;&raquo;, comme source d&rsquo;influence normative&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>L&#39;exp&eacute;rience de Asch porterait sur la tentative d&#39;introduction d&#39;une norme nouvelle par un groupe minoritaire dans des conditions d&#39;isolement social de l&#39;individu, plut&ocirc;t que sur le conformisme au sens habituel de ce terme. La situation des sujets &laquo;&nbsp;na&iuml;fs&nbsp;&raquo; au cours de cette exp&eacute;rience ne devrait pas alors &ecirc;tre compar&eacute;e &agrave; celle d&#39;individus &laquo;&nbsp;d&eacute;viants&nbsp;&raquo;, confront&eacute;s &agrave; une norme dominante, mais plut&ocirc;t &agrave; certaines situations o&ugrave; des individus isol&eacute;s sont soumis &agrave; la pression de groupes dont les normes sont totalement diff&eacute;rentes de celles de leur milieu habituel.</i>&nbsp;&raquo; (1974, 532-533) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">C&rsquo;est en cela que les normes sociales expriment des st&eacute;r&eacute;otypes, &agrave; commencer par celui de l&rsquo;exp&eacute;rimentateur, tant mis en avant dans l&rsquo;exp&eacute;rience de Milgram et dont l&rsquo;influence est manifeste <a href="#_ftn22" name="_ftnref22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[22]</span></span></span></span></a>. Croire en la norme est bien ici en jeu.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">2.2. Les st&eacute;r&eacute;otypes</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Continuons sur les st&eacute;r&eacute;otypes des hommes de science eux-m&ecirc;mes. Revenons aux propos de Tissi&eacute; et Bolton, rapport&eacute;s par Binet, dans son c&eacute;l&egrave;bre article, qui ont tout du st&eacute;r&eacute;otype. A l&rsquo;&eacute;poque de Binet, la culture de l&rsquo;ob&eacute;issance traduit, &agrave; leurs yeux, le consentement d&rsquo;un enfant intelligent comprenant naturellement que le ma&icirc;tre est l&agrave; pour l&rsquo;enseigner et qu&rsquo;il peut avoir foi en lui pour l&rsquo;&eacute;lever et lui apprendre. Cette docilit&eacute; est valoris&eacute;e dans leur commentaire. A l&rsquo;inverse, il est tr&egrave;s int&eacute;ressant de relire leur interpr&eacute;tation des comportements rebelles qui contestent en fait le leadership du savant et du ma&icirc;tre qu&rsquo;ils sont chacun d&rsquo;eux. (cf. nos citations dans <i>1.2. ob&eacute;issance</i> (1898, 85). Cela t&eacute;moigne d&rsquo;un jugement, o&ugrave; le scientifique exclut tout d&eacute;centrage quant aux st&eacute;r&eacute;otypes et influences de sa croyance, expos&eacute; &agrave; une relation humaine d&eacute;ceptive, o&ugrave; l&rsquo;insubordination vient interroger sa blessure morale d&rsquo;&ecirc;tre en &eacute;chec dans l&rsquo;exercice de son leadership de ma&icirc;tre. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Tissi&eacute;, Bolton et Binet, mais plus tard Milgram colportent ainsi les croyances scientifiques et celles d&rsquo;une &eacute;poque concernant les vertus intrins&egrave;ques d&rsquo;une ob&eacute;issance ou de sa n&eacute;gative. A cet &eacute;gard, les st&eacute;r&eacute;otypes d&rsquo;une premi&egrave;re &eacute;poque s&rsquo;appuient sur ceux d&rsquo;une autre pour les d&eacute;voiler, voire les critiquer, au nom d&rsquo;autres normes et ic&ocirc;nes, m&ecirc;me si ce jeu des analyses des st&eacute;r&eacute;otypes pr&eacute;tend s&rsquo;&eacute;manciper d&rsquo;une &eacute;poque, alors qu&rsquo;elle reconstruit n&eacute;cessairement n&eacute;gativement de nouveaux st&eacute;r&eacute;otypes qui ne manqueront pas de subir, quelques temps apr&egrave;s, le m&ecirc;me sort que les pr&eacute;c&eacute;dents. Cette dialectique n&eacute;gative caract&eacute;rise la g&eacute;n&eacute;alogie des st&eacute;r&eacute;otypes qui &eacute;voluent au fil des n&eacute;gations et d&eacute;n&eacute;gations, d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;ration &agrave; une autre dans une histoire sans fin des st&eacute;r&eacute;otypes qui demeurent dans leur fonction de normes sociales quel qu&rsquo;en soit le contenu. Et &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieure d&rsquo;une &eacute;poque, les groupes se constituent autour de signes distinctifs. Ils sont accessibles, observables, identitaires. Fran&ccedil;oise Bernard d&eacute;crit bien l&rsquo;effet de s&eacute;paration induit par les st&eacute;r&eacute;otypes, fussent-ils pr&eacute;tendument n&eacute;gatifs ou &eacute;mancipateurs des pr&eacute;c&eacute;dents. L&rsquo;effet clivant et exclusif est toujours-l&agrave; avec une charge de rejet du groupe&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>Les st&eacute;r&eacute;otypes sont le r&eacute;sultat de processus de cat&eacute;gorisation sociale qui conduisent &agrave; diviser l&#39;espace social en deux groupes&nbsp;: l&rsquo;endogroupe et l&#39;exogroupe. Les chercheurs soulignent que trois facteurs sont essentiels&nbsp;: l&#39;accessibilit&eacute; cognitive (Blanz, 1999), la perception de similarit&eacute; (Stangor et Ford, 1992), les attentes au sens o&ugrave; notre perception de la r&eacute;alit&eacute; s&#39;organise selon ce qu&#39;on attend &agrave; y observer.</i>&nbsp;&raquo; (2015, 52) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Par ces st&eacute;r&eacute;otypes, se joue bien une influence sociale par la pression du leader ou du groupe pesant sur les choix et attitudes individuelles. Comme il s&rsquo;agit de se fier, de se confier &agrave; son groupe d&rsquo;appartenance, le st&eacute;r&eacute;otype agit bien comme un canon pour que chacun cherche &agrave; &ecirc;tre comme son semblable. Le st&eacute;r&eacute;otype incite &agrave; exhiber et manifester sa part de semblable poussant &agrave; l&rsquo;imitation-reproduction des &eacute;l&eacute;ments de langage&nbsp;: codes vestimentaires, s&eacute;mantiques, rh&eacute;toriques&nbsp;; les gestes&nbsp;: signes et attitudes ritualis&eacute;es qui t&eacute;moignent d&rsquo;une appartenance qui sont autant de mim&eacute;tismes sociaux convenus et r&eacute;p&eacute;t&eacute;s. En cela, le st&eacute;r&eacute;otype doit &ecirc;tre d&eacute;sirable ou &agrave; l&rsquo;inverse r&eacute;pulsif, selon qu&rsquo;on veuille exclure des attitudes ou les promouvoir dans le groupe. Et le st&eacute;r&eacute;otype est bien l&rsquo;instrument de convergence sociale par l&rsquo;influence qu&rsquo;il exerce par attirance, r&eacute;pulsion, voire risque de sanction &agrave; y d&eacute;roger.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">2.3. L&rsquo;influence</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Celle-ci s&rsquo;appr&eacute;cie &agrave; l&rsquo;aune du faire faire ou faire penser autrement qu&rsquo;ant&eacute;rieurement par la personne influenc&eacute;e. La d&eacute;finition de Bernard est suffisante pour traduire ce consentement, parfois partiellement conscient et raisonn&eacute;, de faire, non plus selon ses croyances, mais selon celles inculquer par d&rsquo;autres&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>L&rsquo;influence rend compte des processus ordinaires par lesquels un individu ou un groupe parvient &agrave; faire accepter des mani&egrave;res de faire, de ressentir et de penser qui font norme et qui agissent sur les attitudes et les comportements d&#39;autres individus et groupes.</i>&nbsp;&raquo; (2015, 47) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Mais attention &agrave; ne pas adopter une acception d&rsquo;embl&eacute;e n&eacute;gative o&ugrave; nous penserions &agrave; des situations de manipulations, visant &agrave; l&rsquo;instrumentalisation d&rsquo;autrui, lui extorquant des mani&egrave;res de faire qu&rsquo;il aurait pr&eacute;c&eacute;demment r&eacute;prouv&eacute;es. L&rsquo;influence, sans doute par contagion de notions, comme le trafic d&rsquo;influence, a trop vite cette connotation n&eacute;gative. Soulignons avec Asch que les relations sociales s&rsquo;exercent dans un souci d&rsquo;&eacute;largissement du champ des possibles et des compl&eacute;mentarit&eacute;s, o&ugrave; la coop&eacute;ration interpersonnelle s&rsquo;appuie sur une confiance r&eacute;ciproque en vue d&rsquo;un nouveau commun&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Il est &eacute;vident, mais n&eacute;cessaire de dire, que nous ne sommes pas simplement victimes les uns des autres, que les autres peuvent nous aider &agrave; penser plus intelligemment et &agrave; ressentir davantage, qu&#39;il existe des fa&ccedil;ons judicieuses de s&#39;appuyer sur d&#39;autres.</i>&nbsp;&raquo; (1952, 411) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Or, bien loin de r&eacute;sulter d&rsquo;une seule relation bilat&eacute;rale entre le ma&icirc;tre et l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, m&ecirc;me si cette relation rel&egrave;ve bien de l&rsquo;influence, la classe est l&rsquo;institution sociale o&ugrave; l&rsquo;exercice de l&rsquo;influence a tr&egrave;s vite &eacute;t&eacute; construit comme le r&eacute;sultat d&rsquo;une multitude de relations sociales entre pairs, soit la r&eacute;gulation du groupe &agrave; c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;autorit&eacute; du ma&icirc;tre. C&rsquo;est le sens des propos de Montmollin qui sort l&rsquo;influence de la relation interpersonnelle pour en faire un ph&eacute;nom&egrave;ne social&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>L&#39;influence sociale cesse d&#39;&ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme un ph&eacute;nom&egrave;ne de psychologie individuelle, pour &ecirc;tre plac&eacute;e dans la perspective des interactions sociales. L&#39;&eacute;tude de Sherif (1935) montre que, lorsqu&#39;un stimulus perceptif n&#39;est pas objectivement structur&eacute;, les estimations individuelles d&#39;un groupe de personnes convergent les unes vers les autres ; il se d&eacute;gage peu &agrave; peu un cadre de r&eacute;f&eacute;rence commun, une &laquo; norme &raquo;, qui assure aux jugements, en l&rsquo;absence de coordonn&eacute;es objectives, stabilit&eacute; et structure.</i>&nbsp;&raquo; (1977, 17)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Et dans ses travaux, cette derni&egrave;re rappelle &agrave; juste titre une aspect pr&eacute;cieux des influences sociales qu&rsquo;il s&rsquo;agira d&rsquo;&eacute;clairer dans notre derni&egrave;re partie consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie. En effet, en reprenant les exp&eacute;riences ant&eacute;rieures de Morton Deutsch et Harold Benjamin G&eacute;rard de 1955, elle souligne l&rsquo;importance de l&rsquo;influence normative qui am&egrave;ne &agrave; se conformer aux attentes des autres dans le groupe et de l&rsquo;influence informative qui am&egrave;ne &agrave; accepter l&rsquo;information &eacute;manant d&rsquo;autrui comme vraie, preuve de la r&eacute;alit&eacute; des faits mentionn&eacute;s par le locuteur. C&rsquo;est la confiance en l&rsquo;autre qui me dit vrai car il me veut du bien&nbsp;: confiance et sinc&eacute;rit&eacute;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">En cela, le ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;influence renvoie aux raisons de se conformer &agrave; la convention sociale pr&eacute;sente dans la norme explicite ou non comme &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; du locuteur. Et ce conformisme fait imm&eacute;diatement interroger les raisons de sa n&eacute;gative qui conduit &agrave; l&rsquo;anti-conformisme o&ugrave; la personne d&eacute;joue l&rsquo;influence pour ne pas se conformer &agrave; l&rsquo;influence du groupe ou du locuteur.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">2.4. Le conformisme</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">D&egrave;s l&rsquo;exp&eacute;rience de Asch, la question est bien de d&eacute;dire le groupe ou soi-m&ecirc;me dans ses perceptions pour trancher la question du qui croire pour fonder sa r&eacute;ponse&nbsp;: se conformer &agrave; soi, se conformer au groupe. C&rsquo;est croire sa perception ou croire par procuration comme le groupe, que son seul avis ne saurait contredire. Dans cette exp&eacute;rience tr&egrave;s manich&eacute;enne dans le choix &agrave; effectuer, la personne renonce &agrave; croire pour croire plus en elle-m&ecirc;me ou elle s&rsquo;en remet au groupe. Pr&eacute;cisons ici deux aspects du conformisme, son aspect <i>social,</i> construisant la conformit&eacute; au sein du groupe et son aspect<i> sentimental</i>, pour ne pas dire de sant&eacute; mentale comme Khamzina l&rsquo;&eacute;tudie. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Le <i>conformisme social</i> a fait l&rsquo;objet d&rsquo;exp&eacute;riences nombreuses tr&egrave;s bien relat&eacute;es par Montmollin en des termes tr&egrave;s pr&eacute;cis sur lesquels nous allons nous appuyer&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>R<sub>1</sub> repr&eacute;sente l&#39;estimation initiale de l&#39;individu, R<sub>A</sub>, la r&eacute;ponse des autres participants ; R<sub>2 </sub>(1), R<sub>2 </sub>(2), R<sub>2 </sub>(3), et repr&eacute;sentent diff&eacute;rentes r&eacute;ponses possibles apr&egrave;s communication de R<sub>A</sub>. Non seulement les r&eacute;ponses R<sub>1</sub>, R<sub>A</sub> et R<sub>2</sub> sont ordonn&eacute;es, mais on peut, de plus, calculer la distance qui les s&eacute;pare : ainsi, dans une t&acirc;che &agrave; r&eacute;ponses continues, on peut non seulement savoir si un sujet a chang&eacute;, mais encore de combien il a chang&eacute; et de combien il s&#39;est rapproch&eacute; ou &eacute;loign&eacute; de R<sub>A</sub>. R<sub>2</sub> (1) et R<sub>2</sub> (5) s&#39;&eacute;loignent &agrave; la fois de la r&eacute;ponse initiale et de la r&eacute;ponse communiqu&eacute;e. R<sub>2</sub>(1) correspond &agrave; un effet inverse de la r&eacute;ponse communiqu&eacute;e quant &agrave; la direction du changement : elle repr&eacute;sente soit une r&eacute;ponse anticonformiste, soit une simple variabilit&eacute; intra-individuelle. R<sub>2 </sub>(2) repr&eacute;sente une r&eacute;ponse ind&eacute;pendante (pas de changement de r&eacute;ponse) et R<sub>2 </sub>(4) une r&eacute;ponse conformiste. R<sub>2</sub> (3) pr&eacute;sente un exemple de r&eacute;ponse qui se situe entre R<sub>1</sub> et R<sub>A</sub>, r&eacute;ponse de compromis qui converge vers R<sub>A.</sub></i><sub>&nbsp;&raquo;</sub> (1977, 25) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Ces travaux attestent de ces ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;&eacute;coute en confiance qui conduisent &agrave; des glissements de position. Ils sont autant de conversions partielles par approbation et reconnaissance mutuelle. Ces consentements r&eacute;ciproques sont tout &agrave; la fois des renoncements &agrave; des positions initiales et des actes de foi et de reconnaissance d&rsquo;autres positions o&ugrave; les participants fabriquent ensemble leur position collective. A cet &eacute;gard le processus de cr&eacute;ation des normes ob&eacute;it lui aussi &agrave; cette convention mutuelle d&rsquo;une &eacute;coute loyale et honn&ecirc;te en confiance de chaque expert dans le but de cr&eacute;er la norme, par ces conversions partielles de bonne foi. Ces processus mettent en avant l&rsquo;expos&eacute; des experts, r&eacute;put&eacute;s de bonne foi, la recherche du consensus et l&rsquo;approbation <a href="#_ftn23" name="_ftnref23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></a>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>La convergence des estimations individuelles dans une marge commune entra&icirc;ne une normalisation : les r&eacute;ponses extr&ecirc;mes tendent &agrave; dispara&icirc;tre. Il, faut donc donner au terme de normalisation un sens statistique. Dans un article post&eacute;rieur de 1961, Sherif s&#39;est &eacute;lev&eacute; contre l&#39;analogie qui a &eacute;t&eacute; faite par beaucoup entre la &laquo; norme &raquo;, c&#39;est-&agrave;-dire la valeur autour de laquelle se groupent les r&eacute;ponses, et les &laquo; normes &raquo; sociales contraignantes et sanctionn&eacute;es.</i>&nbsp;&raquo; (1977, 27)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Le <i>conformisme sentimental</i> tient plus de la tranquillit&eacute;, du d&eacute;sir d&rsquo;&ecirc;tre bien avec les autres, fuyant les potentielles divergences et conflictualit&eacute;s, pr&eacute;f&eacute;rant le consensus au sein du groupe pour ne pas introduire de dissonance. C&rsquo;est le sens donn&eacute; par Bernard &agrave; cette partie du conformisme&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>Dans les ph&eacute;nom&egrave;nes de conformisme le besoin d&#39;&ecirc;tre accept&eacute; et le d&eacute;sir d&#39;approbation sociale conduisent le sujet &agrave; rep&eacute;rer ce qui pla&icirc;t dans un groupe et &agrave; adopter le point de vue de ceux qui font r&eacute;f&eacute;rence pour lui, c&#39;est-&agrave;-dire qu&#39;ils font en fait r&eacute;f&eacute;rence dans son groupe d&#39;appartenance.</i>&nbsp;&raquo; (2015, 49) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Il montre qu&rsquo;il y a une d&eacute;pendance au groupe ou au leader, parce que sa sant&eacute; mentale est en jeu, avec une pr&eacute;servation de soi, du fait de la souffrance pr&eacute;sente dans les dissensions, les dissonances et les d&eacute;saccords. </span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">2.5. La d&eacute;pendance</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Cette dimension de sant&eacute; mentale permet de comprendre une part des raisons de la d&eacute;pendance. A l&rsquo;inverse, l&rsquo;exclusion sociale trouble bien les comportements et elle perturbe la physiologie des personnes victimes de ces brimades sociales. En interrogeant de tr&egrave;s nombreuses personnes sur les d&eacute;sagr&eacute;ments des tensions relationnelles ou des conflits, la premi&egrave;re des r&eacute;ponses est toujours celle des troubles du sommeil, une perte de confiance en soi et une perturbation de l&rsquo;humeur pouvant affecter l&rsquo;app&eacute;tit en plus du sommeil. Norbert Elias &eacute;tudiant le r&eacute;seau social explique qu&rsquo;il s&rsquo;agit en fait d&rsquo;un r&eacute;seau de d&eacute;pendances comme le rappelle Bernard&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>Elias substitue la th&egrave;se de &laquo;&nbsp;l&#39;homme ouvert&nbsp;&raquo; &agrave; partir du constat &eacute;vident de l&#39;&eacute;tat de d&eacute;pendance physique et surtout affective de l&#39;individu tout au long de son existence. Il invite &agrave; int&eacute;grer &agrave; la th&eacute;orie sociologique, les interd&eacute;pendances personnelles et surtout les liaisons &eacute;motionnelles des hommes comme facteur de liaison sociale.</i>&nbsp;&raquo; (2015, 50) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">La d&eacute;pendance au groupe ou au leader traduit cette soumission par crainte de la souffrance psychique, parce que la personne recherche d&rsquo;abord la reconnaissance, l&rsquo;assentiment, l&rsquo;affection qui viennent renforcer son estime de soi et son bien-&ecirc;tre. A l&rsquo;inverse, il y a une fuite de la r&eacute;probation sociale, de la r&eacute;primande personnelle, signes d&rsquo;une d&eacute;saffection jusqu&rsquo;au d&eacute;samour qui blesse la personne expos&eacute;e &agrave; l&rsquo;agressivit&eacute; et au rejet jusqu&rsquo;au conflit verbal et affectif. Et Khaminza rappelle justement la th&eacute;orie de la spirale du silence&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>La th&eacute;orie de la spirale du silence d&eacute;velopper dans le domaine de la communication par Noelle-Neumann (1977) &hellip; postule que lorsque les individus pensent d&eacute;tenir une opinion minoritaire ils ne l&#39;exprimeront pas par peur d&#39;&ecirc;tre rejet&eacute; de leur groupe</i>.&nbsp;&raquo; (2019, 198)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Il y a donc un co&ucirc;t cognitif et affectif &agrave; la dissidence et au militantisme oppos&eacute; &agrave; la r&egrave;gle sociale dominante du moment. Mais comment &eacute;merge cette marginalit&eacute; difficile du fait d&rsquo;une dissension souvent difficile &agrave; assumer, soit le divorce des croyances entre l&rsquo;intime et le collectif, entre l&rsquo;attirance pour un groupe en cours de construction dans ses croyances et ses pratiques au d&eacute;triment du social institu&eacute;&nbsp;?</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">2.6. Le militant et le dissident</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">A ce sujet, indiquons ici deux aspects qui m&eacute;riteront de futurs articles, celui de l&rsquo;&eacute;mergence de cette dissidence contre le leader ou le groupe constitu&eacute;, celui de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t plus g&eacute;n&eacute;ral des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;interpellation du groupe ou du leader, remis en cause par une dissidence minoritaire. </span><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Dans son article de 2016&nbsp;: <i>Militantisme identitaire et double ignorance</i>, David Vachon analyse avec subtilit&eacute; ce qui met &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve le militant dissident des opinions dominantes&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Le militant est doublement conformiste, car il ignore qu&rsquo;il se conforme, croyant plut&ocirc;t s&rsquo;&eacute;manciper par son identification id&eacute;ologique, alors qu&rsquo;elle n&rsquo;est qu&rsquo;une forme plus raffin&eacute;e, et plus profonde, de conformisme.</i>&nbsp;&raquo; (2016, 54) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Son analyse introduit magistralement le propos de notre derni&egrave;re partie sur la dimension &eacute;pist&eacute;mologique des croyances qui font le leadership et l&rsquo;influence sociale du groupe sur chacun. Au lieu de lire la dissidence du militant au regard de son opposition &agrave; la majorit&eacute; install&eacute;e, Vachon d&eacute;crypte, selon nous, avec justesse, les m&eacute;canismes de construction de nouveaux st&eacute;r&eacute;otypes et normes qui aspirent &agrave; se substituer aux pr&eacute;c&eacute;dents. Mais rien ne diverge en fait dans les jeux psychologiques et sociaux qui sont &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Le m&eacute;canisme de soumission conformiste du militantisme op&egrave;re principalement &agrave; travers ce que nous nommons la pathologie caract&eacute;rielle d&#39;identification instrumentale. [&hellip;] Ainsi, c&#39;est la finalit&eacute; elle-m&ecirc;me qui se voit transform&eacute;e, ne relevant plus de l&#39;analyse du r&eacute;el, mais simplement d&#39;une consolidation identitaire. Autrement dit, loin d&#39;assurer l&#39;&eacute;mancipation du sujet, le militantisme sape les fondements d&#39;une analyse objective du monde, condition effective d&#39;une &eacute;mancipation r&eacute;elle par la connaissance, au profit d&#39;un emprisonnement symbolique et codifi&eacute; du sujet dans la double ignorance du conformisme militant dont le relativisme &eacute;pist&eacute;mique en repr&eacute;sente l&#39;ach&egrave;vement heuristique n&eacute;cessaire.</i>&nbsp;&raquo; (2016, 54) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Et ce qui nous int&eacute;resse ici, c&rsquo;est la part de croyance qui vient soutenir l&rsquo;effort de dissidence. Elle se fait au prix d&rsquo;un divorce consomm&eacute; avec la tranquillit&eacute; sociale d&rsquo;une soumission librement consentie bien d&eacute;crite en son temps par Joule et Beauvois. Vachon d&eacute;voile bien le pouvoir des contre-valeurs et croyances constitu&eacute;es en id&eacute;ologie qui viennent motiver les dissidents dans leurs actes militants, se forgeant une contre-soci&eacute;t&eacute; avec ses rites, ses normes, ses st&eacute;r&eacute;otypes, ses leaders, sa confiance, d&rsquo;autant plus pr&eacute;sents qu&rsquo;il s&rsquo;agit de pr&eacute;server cette fameuse sant&eacute; mentale par l&rsquo;assentiment fort des dissidents entre eux, qui viennent d&eacute;jouer, contredire les croyances du plus grand nombre&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;<i> Les acteurs ne traitent plus de ph&eacute;nom&egrave;nes ext&eacute;rieurs entre eux par l&rsquo;entremise d&#39;instruments d&#39;analyse, mais plut&ocirc;t des conditions de leur subjectivit&eacute; propre. Inutile d&#39;ajouter que cette identification aux outils m&eacute;thodologiques (lorsque la th&eacute;orie devient une doctrine identitaire) rend obsol&egrave;te tout discours rationnel en nivelant le d&eacute;bat autour des simples techniques de renforcement et de consolidation identitaire, par la surench&egrave;re de m&eacute;canismes de d&eacute;fense irrationnels, cr&eacute;ant litt&eacute;ralement un &eacute;clatement du dialogue au profit d&#39;une sempiternelle lutte et &eacute;motivo-identitaire aussi absurde que superficielle...</i>&nbsp;&raquo; (2016, 59) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Mais cette contre-culture militante n&rsquo;a-t-elle pas une valeur sociale, venant tout &agrave; la fois d&rsquo;une minorit&eacute; arbitrant entre le confort du conformisme et l&rsquo;inconfort d&rsquo;un anti-conformisme temporaire&nbsp;? Khamzina rappelle &agrave; juste titre que la dissidence agit comme une compl&eacute;mentarit&eacute;, une ouverture, une alerte, une r&eacute;action critique &agrave; une situation dont une partie du corps social ressent dans ses croyances une menace, tant pour chacun que pour le corps social dans son ensemble&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>En effet, la dissidence a &eacute;t&eacute; d&eacute;peinte n&eacute;gativement &agrave; l&#39;&eacute;poque en renvoyant aux comportements fortement ind&eacute;sirables pour le groupe qui entravent les relations harmonieuses intragroupes en mettant en p&eacute;ril les valeurs du groupe. De nombreuses recherches, notamment celles de Charlan-Nemeth, ont montr&eacute; que la dissidence, au lieu d&#39;avoir des effets d&eacute;l&eacute;t&egrave;res sur le groupe &hellip; &agrave; des effets plut&ocirc;t b&eacute;n&eacute;fiques pour l&#39;endogroupe. La dissidence permet notamment au groupe d&#39;avoir une meilleure performance cognitive, une plus grande cr&eacute;ativit&eacute; ainsi que des d&eacute;cisions de meilleure qualit&eacute;. De m&ecirc;me, dans l&#39;optique interactionniste de l&#39;innovation de Moscovici la d&eacute;viance repr&eacute;sente une fonction adaptative car elle est la source de l&#39;innovation qui est essentielle pour le maintien du syst&egrave;me social.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 206) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">C&rsquo;est pourquoi, pour terminer cet article, il nous semble indispensable d&rsquo;&eacute;tudier la confiance elle-m&ecirc;me et de voir le rapport qu&rsquo;entretiennent les groupes sociaux &agrave; la v&eacute;rit&eacute; interm&eacute;di&eacute;e ou exp&eacute;riment&eacute;e en toute sinc&eacute;rit&eacute; mutuelle.</span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">3. Ce que nous disent les recherches &eacute;pist&eacute;mologiques</span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">La science elle-m&ecirc;me pose maintenant question et l&rsquo;exercice de l&rsquo;influence sociale du savant n&rsquo;est pas en dehors de notre &eacute;tude. Il est un leader, il est dans des groupes sociaux, des communaut&eacute;s scientifiques. Pour cette derni&egrave;re partie, nous approfondirons (3.1.) la <i>confiance </i>comme &eacute;conomie sociale en nous appuyant sur les travaux du sociologue Niklas Luhmann &eacute;non&ccedil;ant que la confiance est un m&eacute;canisme de r&eacute;duction de la complexit&eacute; sociale et (3.2.) la <i>v&eacute;racit&eacute;</i> comme source de la croyance sociale en reprenant les travaux trop m&eacute;connus en France de Bernard Williams <a href="#_ftn24" name="_ftnref24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></a> sur la croyance fondatrice de la v&eacute;rit&eacute; par la recherche de la sinc&eacute;rit&eacute; et de de l&rsquo;exactitude. Ce qui est vrai de toute personne, l&rsquo;est encore plus l&agrave; o&ugrave; la complexit&eacute; des savoirs n&rsquo;exclut pas la critique, le doute, la controverse, mais o&ugrave; une part de confiance, de sinc&eacute;rit&eacute; et d&rsquo;honn&ecirc;tet&eacute; sont indispensables aussi.</span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">3.1. La confiance</span></b></span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Elle requiert une histoire commune et de la familiarit&eacute;. Or, la science ne se pr&eacute;sente pas selon ses r&egrave;gles sociales. Elle cherche justement &agrave; s&rsquo;en affranchir pour se parer d&rsquo;une autre autorit&eacute; se d&eacute;fendant d&rsquo;&ecirc;tre une partie du jeu social. Luhmann explique bien ce divorce entre le discours des auteurs scientifiques et la simple vie sociale&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>Les sciences positives r&eacute;duisent le savoir susceptible de v&eacute;rit&eacute; &agrave; la fonction de mise en ordre de la relation entre la perception et le concept dans l&rsquo;hypoth&egrave;se que les perceptions tout comme les concepts, mais avant tout l&rsquo;accord entre les deux, pourront &ecirc;tre ramen&eacute;s &agrave; une certitude intersubjective univoque et ainsi garantis contre l&rsquo;arbitraire de l&rsquo;alter ego. On en est arriv&eacute; ainsi &agrave; une recherche scientifique extr&ecirc;mement riche en r&eacute;sultats qui se contente de plus en plus de l&eacute;gitimer sa m&eacute;thode par ses succ&egrave;s, sans se questionner sur ce qu&rsquo;il advient de ces domaines de savoir dans lesquels cette certitude intersubjective ne peut &ecirc;tre atteinte ni sur le sens g&eacute;n&eacute;ral qu&rsquo;il y a &agrave; prendre pour crit&egrave;re de v&eacute;rit&eacute; la certitude intersubjective, en remplacement de l&rsquo;&eacute;vidence que procure une longue familiarit&eacute;.</i>&nbsp;&raquo; (2006, 23)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">En cela, la science a bris&eacute; la confiance premi&egrave;re qui lie les personnes et les groupes sociaux dans leurs relations et connaissances communes. Elle s&rsquo;est substitu&eacute;e &agrave; cette familiarit&eacute; qui renvoie &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue des objets et de la nature, o&ugrave; s&rsquo;&eacute;prouvent des v&eacute;rit&eacute;s simples issues de l&rsquo;exp&eacute;rience concr&egrave;te. Mais Luhmann montre surtout que la confiance est indispensable dans une soci&eacute;t&eacute; complexe qui d&eacute;veloppe des connaissances et des relations interm&eacute;di&eacute;es o&ugrave; l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience initiale, le contr&ocirc;le par soi-m&ecirc;me de la connaissance devient impossible <a href="#_ftn25" name="_ftnref25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></a>. Il faut alors faire confiance &agrave; des tiers, c&rsquo;est toute l&rsquo;&eacute;conomie sociale r&eacute;sultant de la r&eacute;duction de la complexit&eacute;. Les interd&eacute;pendances sociales sont positives et mettent en &oelig;uvre une &eacute;conomie cognitive collective o&ugrave; chacun ne v&eacute;rifie pas ce qu&rsquo;il en est, en acceptant de faire confiance&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Il semble donc que les syst&egrave;mes sociaux, qui, par leur structure d&rsquo;interd&eacute;pendances internes, d&eacute;pendent dans une certaine mesure de la confiance r&eacute;ciproque, cr&eacute;ent en m&ecirc;me temps des conditions plus favorables &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence de la confiance. &hellip; les possibilit&eacute;s de sanction poss&egrave;dent une fonction latente essentielle &agrave; la formation de la confiance&nbsp;: elles structurent l&rsquo;imputation de la faute et, partant, le risque de r&eacute;probation sociale et de condamnation.</i>&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Luhmann (2006, 41)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Comme nous l&rsquo;avons vu depuis le d&eacute;but de cet article, elle est l&agrave;, pr&eacute;alable &agrave; toute attention consentie dans une relation bilat&eacute;rale ou au sein d&rsquo;un groupe. Et se faire confiance existe aussi dans la communaut&eacute; scientifique o&ugrave; on invoque aussi l&rsquo;honn&ecirc;tet&eacute; intellectuelle, soit l&rsquo;intention d&rsquo;exposer loyalement ses travaux &agrave; ses pairs, en confiance, tant dans leur pr&eacute;sentation que dans leur r&eacute;ception. En cela, elle introduit un des aspects &eacute;tudi&eacute;s par Williams, la sinc&eacute;rit&eacute; des intentions des leaders dans leur relation aux membres du groupe, qu&rsquo;ils fussent des &eacute;l&egrave;ves, des citoyens ou tout autre corps social. Et Williams d&rsquo;aborder la question de cette honn&ecirc;tet&eacute; <a href="#_ftn26" name="_ftnref26" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></a> aussi, qui dit une part de sa croyance.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">3.2. La v&eacute;racit&eacute;</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Graduellement, les propos de Williams viennent soutenir ceux de Luhmann. La langue est le v&eacute;hicule par lequel une foi commune se partage, celle de s&rsquo;accorder mutuellement cr&eacute;dit dans ses intentions. Toute l&rsquo;&eacute;tude de Williams sur la sinc&eacute;rit&eacute; et l&rsquo;exactitude montre bien que l&rsquo;assertion a autorit&eacute; par la foi qu&rsquo;on lui accorde, tant chez celui qui l&rsquo;exprime que chez celui qui la re&ccedil;oit&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Les assertions jouent un r&ocirc;le dans la transmission du savoir simplement parce qu&#39;elles sont consid&eacute;r&eacute;es comme des expressions directes de la croyance et que les locuteurs sont consid&eacute;r&eacute;s comme dignes de foi. En vertu de quoi, dans les situations de confiance, o&ugrave; le destinataire s&#39;en remet au locuteur, il consid&egrave;re que l&#39;assertion du locuteur lui donne l&#39;information en question.</i>&nbsp;&raquo; (2006, 100-101)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Et cette confiance dans l&rsquo;exercice de bonne foi de l&rsquo;interlocution est pr&eacute;sent d&egrave;s l&rsquo;origine, dans l&rsquo;acte d&rsquo;apprentissage du langage&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo; <i>L&#39;apprentissage du langage doit, au premier chef, se faire dans un climat d&#39;ouverture pr&eacute;-r&eacute;flexif ou, pour le dire autrement, de confiance primitive. Ce n&#39;est pas un hasard si dans un contexte sociopolitique plus d&eacute;velopp&eacute;, cet apprentissage commence au sein de la famille.</i>&nbsp;&raquo; (2006, 68)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Cette v&eacute;rit&eacute; patente des premiers &eacute;changes langagiers pr&eacute;c&egrave;de toute tentative de tromperie. Celle-ci s&rsquo;acqui&egrave;re ult&eacute;rieurement, comme n&eacute;gation. En cela, l&rsquo;&eacute;change entre pair ou celui du leader correspondent bien &agrave; cette double intention de foi mutuelle d&eacute;crite par Williams&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Les liens entre la croyance et la v&eacute;rit&eacute; expliquent pourquoi, dans le cas d&#39;une assertion sinc&egrave;re, l&#39;intention qu&#39;&agrave; un locuteur d&#39;informer son destinataire de la v&eacute;rit&eacute; et celle de l&#39;informer des croyances du locuteur vont naturellement de pair. Ce sont les deux faces de la m&ecirc;me intention. Le locuteur qui produit une assertion insinc&egrave;re n&#39;a aucune de ces deux intentions.</i>&nbsp;&raquo;&nbsp;&nbsp; (2006, 97)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Et les travaux de Williams mettent magistralement en &eacute;vidence que l&rsquo;&eacute;change vrai tient &agrave; cette relation de confiance. En son absence, la communication deviendra prudente, partielle, intentionnellement polys&eacute;mique, pour se prot&eacute;ger, sans franchise, jusqu&rsquo;&agrave; envisager la dissimulation, voire une duplicit&eacute; protectrice. Et Williams de faire le lien entre l&rsquo;intention de tromper et l&rsquo;atteinte &agrave; la libert&eacute; et &agrave; la dignit&eacute; de l&rsquo;autre, d&rsquo;o&ugrave; son propos qui introduit une forme de dissidence sociale, d&egrave;s lors que la personne ou le groupe se m&eacute;fient du trompeur qui abuse de la confiance, faussant l&rsquo;usage sinc&egrave;re du langage, pour se d&eacute;fausser ou fausser le regard d&rsquo;autrui, &agrave; son avantage et au d&eacute;triment du tromp&eacute;&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;<i>Un individu qui a de tels projets ne m&eacute;rite pas la v&eacute;rit&eacute;, qu&rsquo;il n&rsquo;y a aucunement droit et que la mani&egrave;re dont je le trompe n&rsquo;a aucune importance morale. Comprendre cela fait partie d&rsquo;une approche correcte de la sinc&eacute;rit&eacute;.&nbsp;</i>&raquo; (2006, 141-142)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">En synth&egrave;se de cette derni&egrave;re partie, il ressort que la confiance est tr&egrave;s interm&eacute;di&eacute;e dans un monde o&ugrave; l&rsquo;exp&eacute;rience par soi-m&ecirc;me est devenue minime, loin de la nature et des exp&eacute;riences patentes du quotidien. Il appartient alors &agrave; ses soci&eacute;t&eacute;s complexes de garantir la confiance pour que le conformisme social r&eacute;sulte d&rsquo;un consentement mutuelle positif, &agrave; l&rsquo;instar d&rsquo;une ob&eacute;issance intelligente et libre de se reprendre. Ainsi, la confiance de Luhmann, comme r&eacute;duction de la complexit&eacute; sociale et la sinc&eacute;rit&eacute;, condition de la v&eacute;rit&eacute; chez Williams montrent que le leadership et les influences au sein des groupes rel&egrave;vent bien d&rsquo;une foi partag&eacute;e&nbsp;: cette attitude croyante des uns vis-&agrave;-vis des autres. &nbsp;&nbsp;</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt">Conclusion</span></b> &nbsp;&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi, dans un monde fait massivement d&rsquo;interm&eacute;diations sociales, techniques et m&eacute;diatiques comme le pr&eacute;cisait d&eacute;j&agrave; Montmollin dans ses travaux sur l&rsquo;influence sociale, la complexit&eacute; sociale oblige &agrave; se confier &agrave; des tiers de confiance, autant de m&eacute;diateurs, sources d&rsquo;une vie commune. Mais tout aussi massivement, s&rsquo;en sont retir&eacute;s l&rsquo;exp&eacute;rience et ce v&eacute;cu qui font foi des v&eacute;rit&eacute;s communes pour soi et son voisinage par sa propre exp&eacute;rience et son aptitude &agrave; t&eacute;moigner de bonne foi. C&rsquo;est bien la raison de l&rsquo;extr&ecirc;me fragilit&eacute; des soci&eacute;t&eacute;s contemporaines au sein desquelles la d&eacute;fiance est le pire poison, celui d&rsquo;une dissolution des liens sociaux et politiques, faute d&rsquo;avoir foi en l&rsquo;autre. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La confiance-croyance est bien &agrave; la source du leadership et des relations sociales donc de la p&eacute;rennit&eacute; des institutions sociales. J&rsquo;ai le souvenir de ce banquier me disant que la banque est le tiers de confiance, sa valeur cardinale n&rsquo;&eacute;tant pas sa fortune mais le fait qu&rsquo;il inspire confiance en &eacute;vitant le pi&egrave;ge mortel de la m&eacute;fiance et de la d&eacute;fiance. Il doit croire celui qui lui demande cr&eacute;dit et &ecirc;tre cr&eacute;dible pour celui qui lui confie son argent. Et cette confiance est la valeur supr&ecirc;me, car elle n&rsquo;a pas de prix, elle est un acte de foi r&eacute;ciproque. </span></span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AJZEN, Icek, 1991, <i>The theory of planned behavior</i>, Organizational Behavior and Human Decision Processes, n&deg; 50(2), p.179&ndash;211</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AJZEN, Icek, 1991, <i>Prediction of leisure participation from behavioral, normative, and</i> <i>control beliefs: An application of the theory of planned behavior</i>, Leisure Sciences, n&deg; 13(3), p.185&ndash;204</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AJZEN, Icek et FISHBEIN Martin, 1975, <i>Belief, attitude, intention and behavior: An introduction to theory and research, </i>Reading, MA: Addison-Wesley</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AJZEN, Icek et FISHBEIN Martin, 2005, <i>The influence of attitudes on behaviour</i>, in D. Albarracin, B. T. Johnson, &amp; M. P. Zanna (Eds.), The handbook of attitudes, p. 173&ndash;221, Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Associates Publishers.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ANDRE, Christophe, 2005, <i>L&rsquo;estime de soi</i>, in Recherche en soins infirmiers, n&deg; 82, p.26-30, Editions de l&rsquo;association de Recherche en Soins Infirmiers</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ANDRE, Christophe, LELORD, Fran&ccedil;ois, 1999, <i>L&rsquo;estime de soi, s&rsquo;aimer pour mieux vivre avec les autres</i>, Paris, Editions Odile Jacob</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ASCH, Solomon, 1952, <i>Social psychology</i>, Oxford, Oxford University Press</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BEAUDIN-HOULE, Virginie, 2016, <i>Non-conformisme conformiste ou alter-conformisme</i>, in 11<sup>e</sup> colloque de l&rsquo;ACSSUM, Socialisation et conformisme, D&eacute;partement de sociologie, universit&eacute; de Montr&eacute;al, p.32-43</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERNARD, Fran&ccedil;oise, 2015, <i>Les th&eacute;ories de l&rsquo;influence en communication&nbsp;: perspectives nord-am&eacute;ricaines et fran&ccedil;aises</i>, in Herm&egrave;s La Revue, n&deg; 71, p.45-57, Paris, CNRS Editions</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BINET, Alfred, 1898, <i>La suggestibilit&eacute; au point de vue de la psychologie individuelle</i>, in L&rsquo;ann&eacute;e psychologique, volume 5, p.82-152</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BLAKE, Robert R., HELSON, Harry et MOUTON, Jane Srygley, 1957, <i>The generality of conformity behavior as a function of factual anchorage, difficulty of task, and amount of social pressure</i>, Journal of Personality, n&deg; 25, p.294-305</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BLAKE, Robert R., HELSON, Harry et MOUTON, Jane Srygley, 1958, <i>An experimental investigation of the effectiveness of the &quot;big lie&quot; in shifting attitudes</i>. The Journal of Social Psychology, n&deg; 48, p.51-60</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BLANZ, Mathias, 1999, <i>Accessibility and Fit as Determinants of th Salience of Social Categorizations</i>, European Journal of Social psychology, n&deg; 29, p.43-74</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BOLOGNINI, Monique, PRETEUR, Yves, 1998, <i>Estime de soi&nbsp;: perspectives d&eacute;veloppementales</i>, Lausanne, Editions Delachaux et Niestl&eacute;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BOUVARD, Martine, GUERIN, Jeanine, RION, Anne-C&eacute;cile, BOUCHARD, Catherine, DUCOTTET, Elodie, SECHAUD, Marc, MOLLARD, Evelyne, ROBBE GRILLET, Pascale et COTTRAUX, Jean, 1999, <i>&Eacute;tude psychom&eacute;trique de l&rsquo;inventaire d&rsquo;estime de soi sociale</i></span></span>. <span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Revue Europ&eacute;enne de Psychologie Appliqu&eacute;e, n&deg; 49, p.165-172.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DEUTSCH, Morton et GERARD, H.B., 1955, <i>A Study of Normative and Informational Social Influence upon Individual Judgment</i>, in Journal of Abnormal and Social Psychology, n&deg;51, p. 629-636 </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DI VESTA, Francis J., 1959, <i><span style="background:white"><span style="color:black">Effects of confidence and motivation on susceptibility to informational social influence</span></span></i><span style="background:white"><span style="color:black">,<em>The Journal of Abnormal and Social Psychology, n&deg; 59 </em><i>(2), p. 204-209</i></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ECHTERHOFF, Gerald, 2009,</span></span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <i>R&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e : faire l&rsquo;exp&eacute;rience de points communs avec les &eacute;tats int&eacute;rieurs des autres sur le monde</i>, in Perspectives sur la science psychologique, volume 4, p. 496-521</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FESTINGER, Leon, 1950, <i>Informal social communication, </i>Psychological Review, n&deg; 57(5), p. 271-282</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">GABEL, Joseph, 1962, <i>La fausse conscience, essai sur la r&eacute;ification</i>, Paris, Editions de Minuit</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">GUEGUEN, Nicolas, 2014, <i>La soumission &agrave; l&rsquo;autorit&eacute;&nbsp;: l&rsquo;ob&eacute;issance &agrave; moindre co&ucirc;t</i>, in Psychologie de la manipulation et de la soumission, p.3-25, Paris, Editions Dunod</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">GUIMOND, Serge, SABLONIERE de la, Roxane. et NUGIER Armelle, 2014, <i>Living in a multicultural world: Intergroup ideologies and the societal context of intergroup relations</i>, European Review of Social Psychology, n&deg; 25(1), p.142-188</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HARDIN, Curtis. D., HIGGINS, E.Tory, 1996, <i>Shared reality : How social verification makes the subjective objective</i>, in <i>Handbook of motivation and cognition</i>, Vol. 3, p. 28-84, The Guilford Press</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HONNETH, Axel, 2000, <i>La lutte pour la reconnaissance</i>, Paris, Editions du Cerf</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KHAMZINA, Kamilla, 2019, <i>Conformisme ou dissidence&nbsp;? Les implications psychologiques de l&rsquo;incongruence entre les attitudes personnelles et la norme collective</i>, Th&egrave;se de doctorat, universit&eacute; Clermont Auvergne</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KOHLBERG, Lawrence, 1958, <i>The Development of Modes of Thinking and Choices in Years 10 to 16</i>, Th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; de Chicago</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LAURENS, St&eacute;phane, BALLOT, Mickael, SAENCO, Anna, 2018, <i>Solomon Asch, critique de la doctrine de la suggestion et des influences arbitraires ali&eacute;nantes</i>, in Les cahiers internationaux de Psychologie, Num&eacute;ro 117-118, p. 25-45 </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LUHMANN, Niklas, 2006, <i>La confiance, un m&eacute;canisme de r&eacute;duction de la complexit&eacute; sociale</i>, Paris, Editions Economica</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MANNING, Mark, 2011,</span></span> <i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">When we do what we see: The moderating role of social motivation on the relation between subjective norms and behavior in the theory of planned behavior</span></span></span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">, <em>Basic and Applied Social Psychology, n&deg;33</em>(4), p. 351-364</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">MARCELLI, Daniel, 2009, <i>Il est permis d&rsquo;ob&eacute;ir, l&rsquo;ob&eacute;issance n&rsquo;est pas la soumission</i>, Paris, Editions Albin Michel</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MONTMOLLIN, Germaine de, 1977, <i>L&rsquo;influence sociale, ph&eacute;nom&egrave;nes, facteurs et th&eacute;ories</i>, Paris, PUF </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MOSCOVICI, Serge, 1976, <i>Social influence and social change</i>, San Diego, CA, US : Academic Press.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MOSCOVICI, Serge, 1979, <i>Psychologie des minorit&eacute;s actives</i>, Paris,&nbsp; PUF</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">NETO, Felix, 1995, <i>Conformity and independence revisited. Social Behavior and Personality</i>, an international journal, n&deg; 23(3), p.217-222.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">NOELLE-NEUMANN, Elisabeth, 1974, <i>The spiral of silence a theory of public opinion</i>, Journal of communication, n&deg; 24(2), p.43-51</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">NOELLE-NEUMANN, Elisabeth, 1993, <i>The spiral of silence: Public opinion, our social skin</i>, University of Chicago Press.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PONTOIZEAU, Pierre-Antoine, 2022, <i>Le temps des illusionnistes 1 : les subversions institutionnelles</i>, in les cahiers de psychologie politique, n&deg; 42</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PONTOIZEAU, Pierre-Antoine, 2021, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;exp&eacute;rience scientifique comme instrument de propagande et de manipulation&nbsp;: les exp&eacute;riences de Milgram</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, in les cahiers de psychologie politique, n&deg; 38</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">SCHROEDER, Christa, 2005, <i>12 ans aupr&egrave;s d&rsquo;Hitler 1933-1945</i>, Paris, Editions Page Apr&egrave;s Page</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">STANGOR, Charles, FORD, Thomas E., 1992, <i>Accuracy and Expectancy Confirming Processing Orientations and the Developmentof Stereotyps and Prejudice</i>, European Review of Social Psychology, n&deg; 3, p.57-89</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">TAJFEL, Henri, &amp; TURNER, John. C., 1986, <i>The social identity theory of inter-group behavior</i>, in S. Worchel &amp; L. W. Austin (Eds.), <i>Psychology of Intergroup Relations</i> (p. 7-24). Chicago: Nelson Hall.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">TRAFIMOW, David et DAVIS, James H., 1993, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">The effects of anticipated informational and normative influence on perceptions of hypothetical opinion change</span></span></span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, </span></span><em><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Basic and Applied Social Psychology, n&deg;14</span></span></span></em><i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">(4), p. 487-496.</span></span></span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">TRIANDIS, Harry. C., 1964, <i>Exploratory factor analyses of the behavioral component of social attitudes</i>.&nbsp;</span></span></span></span><em><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">The Journal of Abnormal and Social Psychology, n&deg; 68</span></span></span></em><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">(</span></span></span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">4), p.420-430</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">VACHON, David, 2016, <i>Militantisme identitaire et double ignorance</i>, <a name="_Hlk129427899">in 11<sup>e</sup> colloque de l&rsquo;ACSSUM, Socialisation et conformisme, D&eacute;partement de sociologie, universit&eacute; de Montr&eacute;al, p.54-62</a></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">WILLIAMS, Bernard, 2006, <i>V&eacute;rit&eacute; et v&eacute;racit&eacute;</i>, Paris, Editions Gallimard</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">ZALESKA, Maryla, ASKEVIS-LEHERPEUX, Fran&ccedil;oise, 1974, <i>L&rsquo;influence de l&rsquo;erreur unanime du groupe sur la r&eacute;ponse de l&rsquo;individu</i>, in Bulletin de psychologie, tome 27 n&deg;311, 1974. pp. 526-535</span></span></span></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> In Les cahiers de psychologie politique, n&deg; 42, janvier 2022</span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> La personne comme le groupe sont expos&eacute;s &agrave; la croyance par procuration dont Germaine de Montmollin notait d&eacute;j&agrave;&nbsp;: &laquo;<i> Le nombre d&#39;informations que chacun peut acqu&eacute;rir directement au contact des choses et par exp&eacute;rience personnelle a nettement diminu&eacute; par rapport au nombre de celles que l&#39;on recueille indirectement par m&eacute;diation sociale. L&#39;horizon intellectuel s&#39;est si largement ouvert, l&#39;&eacute;chelle &agrave; laquelle vivent beaucoup d&#39;hommes est devenue si grande que sont largement d&eacute;pass&eacute;es les capacit&eacute;s individuelles d&#39;observer, d&#39;exp&eacute;rimenter et de conclure. Il faut donc s&#39;appuyer sur les connaissances acquises par les pr&eacute;d&eacute;cesseurs et par les contemporains et qu&#39;on ne peut soi-m&ecirc;me atteindre. L&#39;importance des relais de connaissances, le r&ocirc;le des moyens de diffusion et de transmission du savoir et les opinions ne font que cro&icirc;tre, rendant chaque individu de plus en plus d&eacute;pendant des autres.</i>&nbsp;&raquo; (1977, 9) Germaine de Montmollin (1923-2020) &eacute;tait professeur de psychologie sociale &agrave; Paris V. Elle publia une &oelig;uvre importante pour notre th&egrave;me&nbsp;en 1977&nbsp;:<i> L&rsquo;influence sociale, ph&eacute;nom&egrave;nes, facteurs et th&eacute;ories </i>aux PUF auquel nous nous r&eacute;f&eacute;rons.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Dans sa th&egrave;se, Kamilla Khamzina r&eacute;sume bien la pr&eacute;pond&eacute;rance de la croyance dans les th&eacute;ories de l&rsquo;action raisonn&eacute;e et du comportement planifi&eacute; de Ajzen et Fishbein.&nbsp;Nous soulignons la fr&eacute;quence de <u>croyance</u>.&nbsp;:&nbsp;&laquo; <i>L&#39;attitude personnelle est consid&eacute;r&eacute;e comme &eacute;tant d&eacute;pendante des <u>croyances</u> comportementales concernant les cons&eacute;quences du comportement &agrave; effectuer&nbsp;: &laquo;&nbsp;se <u>convertir</u> au bio est un moyen de prot&eacute;ger la terre et des eaux&nbsp;&raquo; et de leur &eacute;valuation&nbsp;: &laquo;&nbsp;il est important de prot&eacute;ger la nature.&nbsp;&raquo;. La norme subjective, quant &agrave; elle, est d&eacute;finie comme une pression sociale per&ccedil;ue par l&#39;individu &agrave; effectuer ou non un comportement. Les auteurs pr&eacute;cisent que cette pression est re&ccedil;ue principalement de la part d&#39;autrui, individu(s) ou groupe(s) des individus proches (famille, amis, conjoints, etc.) et rel&egrave;ve ainsi d&#39;une composante cognitive. A son tour, la norme subjective d&eacute;pend des<u> croyances</u> normatives ou de ce que les personnes proches pensent &agrave; ce sujet, ainsi que de la motivation &agrave; se conformer &agrave; ce que ces personnes pensent.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 20) </span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Nous nous r&eacute;f&eacute;rerons &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre majeure du sociologue Niklas Luhmann&nbsp;, sp&eacute;cialiste de ce qu&rsquo;il nomme les syst&egrave;mes sociaux et auteur de : <i>La confiance, un m&eacute;canisme de r&eacute;duction de la complexit&eacute; sociale</i>, 2006, Editions Economica qui analyse l&rsquo;&eacute;conomie de la confiance, car confier, c&rsquo;est faire cr&eacute;dit &agrave; un interlocuteur cr&eacute;dible, soit digne de foi, terme ainsi commun aux relations humaines et aux relations d&rsquo;affaires et qui prolonge positivement la d&eacute;pendance mise en &eacute;vidence par Montmollin (cf. note 2)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Alfred Binet (1857-1911), p&eacute;dagogue, psychologue, auteur d&rsquo;un test demand&eacute; par le gouvernement Fran&ccedil;ais pour &eacute;valuer l&rsquo;intelligence des enfants qu&rsquo;il d&eacute;veloppe avec Th&eacute;odore Simon&nbsp;; il est un sp&eacute;cialiste de la psychom&eacute;trie. Il publie <i>La suggestibilit&eacute; au point de vue de la psychologie individuelle</i> dans <i>L&rsquo;ann&eacute;e psychologique</i> en 1898, revue qu&rsquo;il a fond&eacute;e en 1894. C&rsquo;est, &agrave; nos yeux, un des textes fondateurs des travaux sur l&rsquo;influence sociale, certes en milieu &eacute;ducatif.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Je fais r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;excellent article de 2018&nbsp;: <i>Solomon Asch, critique de la doctrine de la suggestion et des influences arbitraires ali&eacute;nantes</i>, in Les cahiers internationaux de Psychologie, Num&eacute;ro 117-118, p. 25-45 de St&eacute;phane Laurens, Mickael Ballot et Anna Saenco. Notons en effet que les scientifiques se passionnent pour le magn&eacute;tisme au 19<sup>e</sup> si&egrave;cle, au-del&agrave; des ph&eacute;nom&egrave;nes physiques et des travaux d&rsquo;Amp&egrave;re et de Faraday, les m&eacute;decins et psychologues s&rsquo;int&eacute;ressent au magn&eacute;tiseur, aux troubles mentaux. Laurens y consacre un article dans Les cahiers internationaux de psychologie sociale&nbsp;: <i>La r&eacute;ciprocit&eacute; masqu&eacute;e par une domination imaginaire</i>, en 2018, n&deg; 119-120, p. 235-251. On parlera plus tard du magn&eacute;tisme des leaders politiques. Par exemple, le livre de Christa Schroeder, secr&eacute;taire d&rsquo;Hitler&nbsp;: <i>12 ans aupr&egrave;s d&rsquo;Hitler</i>, &eacute;voque bien son magn&eacute;tisme, ses intuitions et son exaltation.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Binet fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Philippe Tissi&eacute; (1852-1935), m&eacute;decin et un des premiers neuropsychiatres, auteur d&rsquo;une taxonomie des humains en trois classes, les passifs, les affectifs et les affirmatifs, les premiers &eacute;tant des d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute;s, les seconds en manque de confiance en soi, les troisi&egrave;mes des personnes aptes au commandement, par foi en eux-m&ecirc;mes&nbsp;: la confiance en soi qui produit la hardiesse &agrave; faire.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Nous pensons &agrave; la th&eacute;orie du d&eacute;veloppement moral de Lawrence Kohlberg (1927-1987) dont la th&egrave;se <i>The Development of Modes of Thinking and Choices in Years 10 to 16</i> publi&eacute;e en 1958 (Universit&eacute; de Chicago) s&rsquo;inspire des travaux de Jean Piaget sur le d&eacute;veloppement cognitif en paliers successifs d&rsquo;acquisition.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"> Nous faisons r&eacute;f&eacute;rence au travail de Daniel Marcelli, p&eacute;dopsychiatre, professeur &agrave; la facult&eacute; de m&eacute;decine, est chef du service psychiatrie infanto-juv&eacute;nile du CHU de Poitiers&nbsp;: <i>Il est permis d&rsquo;ob&eacute;ir, l&rsquo;ob&eacute;issance n&rsquo;est pas la soumission,</i> publi&eacute; chez Albin Michel en 2009.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> A cet &eacute;gard, le mod&egrave;le de Kolhberg est int&eacute;ressant, quoique critiqu&eacute;, car il mentionne une succession de syst&egrave;mes de croyances o&ugrave; se joue un rapport &agrave; la convention, soit une forme de conformisme social. La moralit&eacute; pr&eacute;conventionnelle renvoie &agrave; un rapport narcissique assorti d&rsquo;une perception des punitions et r&eacute;compenses inductrices de son conformisme &agrave; l&rsquo;autorit&eacute;. Elle d&eacute;bute par l&rsquo;&eacute;vitement de la punition v&eacute;cue comme souffrance et se poursuit par l&rsquo;attirance pour la r&eacute;compense personnelle. La moralit&eacute; conventionnelle accepte la norme sociale avec graduellement la recherche d&rsquo;approbation, forme &eacute;volu&eacute;e de r&eacute;compense symbolique puis une participation &agrave; l&rsquo;expression de la contrainte, se faisant solidaire de la sanction &agrave; l&rsquo;encontre de l&rsquo;insoumis &agrave; la convention. Enfin, la moralit&eacute; postconventionnelle autorise la transgression de la convention, s&rsquo;affranchissant des r&egrave;gles. A chaque stade, la croyance change d&rsquo;objet&nbsp;: croire ce qui est exp&eacute;riment&eacute;, croire ce qui est ritualis&eacute;, croire ce qui est d&eacute;sir&eacute;. </span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></a> <span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous nous r&eacute;f&eacute;rons aux travaux de Christophe Andr&eacute;, m&eacute;decin, psychiatre &agrave; l&rsquo;h&ocirc;pital Sainte Anne et auteur de <i>L&rsquo;estime de soi, s&rsquo;aimer pour mieux vivre avec les autres</i> publi&eacute; chez Odile Jacob en 1999.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Dans l&rsquo;article collectif&nbsp;: <i>&Eacute;tude psychom&eacute;trique de l&rsquo;inventaire d&rsquo;estime de soi sociale</i>, publi&eacute; en 1999 dans la revue europ&eacute;enne de psychologie appliqu&eacute;e. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Nous faisons r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la tr&egrave;s belle th&egrave;se de Kamilla Khamzina&nbsp;: <i>Conformisme ou dissidence&nbsp;? Les implications psychologiques de l&rsquo;incongruence entre les attitudes personnelles et la norme collective</i>, soutenue &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Clermont Auvergne</span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Maryla Zaleska (1927-1982) psycho-sociologue auteur de l&rsquo;article&nbsp;: <i><span style="background:white"><span style="color:#333333">L&rsquo;influence de l&rsquo;erreur unanime du groupe sur la r&eacute;ponse de l&rsquo;individu </span></span></i><span style="background:white"><span style="color:#333333">in Bulletin de psychologie</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> La d&eacute;finition de l&rsquo;estime de soi inclut bien ce conformisme avec la bonne perception d&rsquo;autres, la r&eacute;ussite comme crit&egrave;re de reconnaissance sociale, etc&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;estime de soi se d&eacute;veloppe gr&acirc;ce &agrave; la consolidation de cinq &eacute;l&eacute;ments, le sentiment de s&eacute;curit&eacute;, le sentiment d&rsquo;identit&eacute;, le sentiment d&rsquo;appartenance, le sentiment de direction et le sentiment de comp&eacute;tence. Le sentiment de s&eacute;curit&eacute; se d&eacute;finit comme le sentiment d&rsquo;&ecirc;tre prot&eacute;g&eacute;, d&rsquo;&ecirc;tre capable de faire confiance aux autres, de conna&icirc;tre ses limites et de pouvoir pr&eacute;dire des &eacute;v&eacute;nements &agrave; partir d&rsquo;exp&eacute;riences ant&eacute;rieures. Le sentiment d&rsquo;identit&eacute; fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la capacit&eacute; d&rsquo;auto-observation et &agrave; la connaissance de soi. L&rsquo;adulte normal &agrave; de lu une connaissance suffisante pour pr&eacute;voir ce dont il est capable et ce dont il n&rsquo;est pas capable. Le sentiment d&rsquo;appartenance fait appel au sentiment de se sentir semblable aux autres et d&rsquo;appartenir &agrave; un groupe d&rsquo;individus. Le sentiment de direction se d&eacute;finit par la capacit&eacute; de se fixer des buts et de r&eacute;soudre efficacement les probl&egrave;mes rencontr&eacute;s. Enfin le sentiment de comp&eacute;tence provient de la croyance qu&rsquo;il est possible d&rsquo;atteindre ses buts, de surmonter les probl&egrave;mes rencontr&eacute;s et de r&eacute;ussir dans ses entreprises personnelles.</i>&nbsp;&raquo; Martine Bouvard et coll. (1996, 166) &nbsp;</span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Expression que nous empruntons &agrave; Axel Honneth, sociologue sp&eacute;cialiste de la reconnaissance, auteur de <i>La lutte pour la reconnaissance</i> pour qui la n&eacute;gation de la reconnaissance provoque une blessure affective.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous invitons &agrave; la lecture de l&rsquo;article de notre coll&egrave;gue Jeanine Mudryck-Cros&nbsp;: <i>La lutte pour la reconnaissance&nbsp;:</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De l&rsquo;indiff&eacute;rence &agrave; l&rsquo;irrespect en passant par le m&eacute;pris, l&rsquo;invisibilit&eacute; figurative et l&rsquo;humiliation</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, in Les cahiers de psychologie, n&deg; 35, juillet 2019</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn18"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Khamzina pr&eacute;cise que toutes les recherches de sa th&egrave;se visent &agrave; confirmer que&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>ce d&eacute;calage entre ce que les individus pensent et ce qu&rsquo;ils per&ccedil;oivent comme &eacute;tant la norme majoritaire peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme une absence de partage social. Etant donn&eacute; l&rsquo;&eacute;vidence selon laquelle l&rsquo;inad&eacute;quation entre autrui et soi-m&ecirc;me peut influencer divers attributs psychologiques, nous allons donc tester l&rsquo;hypoth&egrave;se selon laquelle le fait de percevoir d&rsquo;avoir des attitudes incongruentes avec celles des autres membres du groupe aurait des effets n&eacute;fastes sur la sant&eacute; mentale.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 39)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn19"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Plusieurs recherches vont dans ce sens dont celles de Gerald Echterhoff, professeur &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de M&uuml;nster dont son article&nbsp;: <i>R&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e : faire l&rsquo;exp&eacute;rience de points communs avec les &eacute;tats int&eacute;rieurs des autres sur le monde </i>o&ugrave; il d&eacute;veloppe la th&egrave;se selon laquelle&nbsp;: &laquo;<i>&nbsp;les humains ont un besoin fondamental de faire l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e avec les autres. Nous pr&eacute;sentons une nouvelle conceptualisation de la r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e bas&eacute;e sur quatre conditions. Nous postulons (a) que la r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e implique une communaut&eacute; (subjectivement per&ccedil;ue) des &eacute;tats int&eacute;rieurs des individus (pas seulement des comportements observables); b) que la r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e concerne un r&eacute;f&eacute;rent cible; c) que, pour qu&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; commune se produise, la communaut&eacute; des &eacute;tats int&eacute;rieurs doit &ecirc;tre motiv&eacute;e de mani&egrave;re appropri&eacute;e; et d) que la r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e implique l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;une connexion r&eacute;ussie avec les &eacute;tats int&eacute;rieurs d&rsquo;autres personnes. </i>&raquo; (traduction de l&rsquo;auteur, r&eacute;sum&eacute; de l&rsquo;article)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn20"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> A ce sujet, les travaux de Hardin et Higgins, ant&eacute;rieurs &agrave; ceux d&rsquo;Echterhoff d&eacute;veloppaient d&eacute;j&agrave; un sch&eacute;ma voisin&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Sugg&eacute;rer qu&rsquo;en l&rsquo;absence de v&eacute;rification sociale, l&rsquo;exp&eacute;rience est transitoire, al&eacute;atoire et &eacute;ph&eacute;m&egrave;re, une fois reconnue par d&rsquo;autres et partag&eacute;e dans un processus continu de v&eacute;rification sociale appel&eacute; &laquo; r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e &raquo;, l&rsquo;exp&eacute;rience n&rsquo;est plus une simple subjectivit&eacute; capricieuse, mais atteint plut&ocirc;t le statut ph&eacute;nom&eacute;nologique de r&eacute;alit&eacute; objective, en d&rsquo;autres termes, l&rsquo;exp&eacute;rience est &eacute;tablie comme valide et fiable dans la mesure o&ugrave; elle est partag&eacute;e avec d&rsquo;autres&hellip; Les auteurs sugg&egrave;rent que plusieurs implications de l&rsquo;hypoth&egrave;se pour des sujets tels que les st&eacute;r&eacute;otypes, le soi, le langage, les attitudes et la persuasion sugg&eacute;rant que (1) l&rsquo;individu cr&eacute;e et maintient l&rsquo;exp&eacute;rience de la r&eacute;alit&eacute; ou du sens en la partageant avec d&rsquo;autres dans un processus de v&eacute;rification sociale; (2) l&rsquo;interaction sociale d&eacute;pend de la r&eacute;alisation de la r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e et est r&eacute;gul&eacute;e par celle-ci; et (3) la r&eacute;alit&eacute; partag&eacute;e qui est &eacute;tablie dans l&rsquo;interaction sociale fonctionne &agrave; son tour pour r&eacute;guler le soi, fermant le cercle dialogique.</i>&nbsp;&raquo; (traduction de l&rsquo;auteur, r&eacute;sum&eacute; de l&rsquo;article)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Khamzina &eacute;crit &agrave; ce sujet&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>La norme subjective ferait plut&ocirc;t r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la norme injonctive ou prescriptive. La norme injonctive d&eacute;signe la mesure dans laquelle les individus per&ccedil;oivent que des personnes importantes veulent qu&#39;ils effectuent un comportement particulier. En cas de non-r&eacute;alisation de ce comportement, les sanctions de la part de ces personnes auront lieu. En d&#39;autres termes, les normes descriptives se r&eacute;f&egrave;rent aux perceptions individuelles de ce que font ou pensent la plupart des membres d&#39;un collectif dans une situation donn&eacute;e. Les normes prescriptives, quant &agrave; elle, indiquent ce qu&#39;il faut faire ou penser et ne pas faire ou ne pas penser dans une situation donn&eacute;e. </i>&raquo; (2019, 29)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[22]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Nous invitons le lecteur &agrave; consulter notre article&nbsp;: <i>L&rsquo;exp&eacute;rience scientifique comme instrument de propagande et de manipulation&nbsp;: les exp&eacute;riences de Milgram</i>, in les cahiers de psychologie politique, n&deg;38, janvier 2021</span></span></span></p> </div> <div id="ftn23"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Le lecteur peut se reporter au processus de cr&eacute;ation des normes dans le domaine de la sant&eacute; &nbsp;:</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="https://healthstandards.org/fr/mises-a-jour/les-sept-etapes-du-processus-delaboration-des-normes/" style="color:blue; text-decoration:underline"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les sept &eacute;tapes du processus d&rsquo;&eacute;laboration des normes - HSO Health Standards Organization</span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, </span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn24"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Bernard Williams (1929-2003), philosophe, professeur &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Cambridge, il s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la philosophie morale et il r&eacute;alise un travail in&eacute;dit sur la question de la v&eacute;rit&eacute;, au croisement de la logique, de la morale, de la linguistique et de la psychologie sociale, dont nous nous inspirons ici, car elle fait place &agrave; la croyance, comme source des relations sociales.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"> &laquo;&nbsp;<i>Celui qui fait confiance se d&eacute;charge par l&agrave; de la complexit&eacute; qu&rsquo;il ne peut supporter. Celui qui veut faire mauvaise usage de cette confiance doit assumer lui-m&ecirc;me cette complexit&eacute;. Il doit prendre sur lui de complexes exigences comportementales, il doit s&rsquo;assurer de ma&icirc;triser dans une large mesure les informations pertinentes et d&rsquo;avoir un contr&ocirc;le sans faille sur les informations auxquelles a acc&egrave;s celui qui lui fait confiance.</i>&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt">Luhmann (2006, 75). C&rsquo;est le fait de crouler sous la complexit&eacute;.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn26"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Abordant la question de la fiabilit&eacute; du discours, comme &eacute;l&eacute;ment de sa v&eacute;rit&eacute;, Williams introduit la notion d&rsquo;honn&ecirc;tet&eacute; qui introduit bien cette foi en soi, pour se reconna&icirc;tre et s&rsquo;estimer digne de foi, pour soi-m&ecirc;me, soit avoir la hardiesse et l&rsquo;aplomb de sa confiance en soi&nbsp;: &laquo; <i>Le mot Truth [v&eacute;rit&eacute;] et ses ant&eacute;c&eacute;dents dans le haut et moyen anglais signifiaient &agrave; l&rsquo;origine fid&eacute;lit&eacute;, loyaut&eacute; ou respect des engagements. (D&rsquo;une mani&egrave;re assez analogue, dans l&rsquo;anglais moderne, le sens premier d&rsquo;honesty [honn&ecirc;tet&eacute;] peut se gloser par &laquo;&nbsp;le fait de ne pas mentir, de ne pas voler, de tenir ses promesses&nbsp;&raquo;.) La v&eacute;racit&eacute; est une sorte de fiabilit&eacute;, celle qui se rapporte plus sp&eacute;cialement au discours. &laquo;&nbsp;V&eacute;racit&eacute;&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;allemand Wahrhafligkeit, peut renvoyer &agrave; la fois &agrave; la sinc&eacute;rit&eacute; et &agrave; l&rsquo;exactitude, et c&rsquo;est tout &agrave; fait normal. Si on doit se fier &agrave; ce que les autres nous disent, autant qu&rsquo;ils ne soient pas seulement sinc&egrave;res mais encore exacts&nbsp;; en outre (en sens inverse, pour ainsi dire), si nous nous soucions de parler vrai, nous avons besoin d&rsquo;&ecirc;tre honn&ecirc;tes avec nous-m&ecirc;mes.</i>&nbsp;&raquo; (2006, 117-118)&nbsp;</span></span></span></p> </div> </div>