<h2 style="text-align: justify;">Introduction</h2> <p style="text-align: justify;"><span><span>Nous proposons un axe &eacute;pist&eacute;mologique pour la recherche interdisciplinaire dans la pr&eacute;sentation et l&rsquo;usage d&rsquo;outils informationnels que sont les ontologies informatiques. Pour permettre &agrave; plusieurs domaines de sp&eacute;cialit&eacute; de communiquer ensemble, il s&rsquo;agit ici de d&eacute;terminer les conditions pour &eacute;tablir une compr&eacute;hension entre ces domaines, mais aussi, une base th&eacute;orique permettant cette compr&eacute;hension. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>En ce sens, nous introduisons les ontologies informatiques en tant que mod&egrave;les de repr&eacute;sentation des connaissance d&rsquo;un domaine de sp&eacute;cialit&eacute;, permettant de clarifier la communication des acteurs &agrave; propos de ce domaine. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Les ontologies informatiques pouvant faire l&rsquo;inventaire des connaissances d&rsquo;une discipline, l&rsquo;objectif de cette pr&eacute;sentation est de questionner la notion &laquo;&nbsp;d&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; s&eacute;mantique&nbsp;&raquo; entre ontologies informatiques. L&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; s&eacute;mantique est d&eacute;finie comme&nbsp;: la disposition pour plusieurs agents ou syst&egrave;mes de pouvoir &eacute;changer et communiquer tout en pr&eacute;servant le contenu et la qualit&eacute; de l&rsquo;information. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>L&rsquo;id&eacute;e principale sous-jacente &agrave; cette mise en perspective entre communications entre syst&egrave;mes informatiques et communications interdisciplinaires est celle-ci&nbsp;: montrer qu&rsquo;une fois l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; entre les outils informatiques obtenue, ces ontologies peuvent servir, si ce n&rsquo;est &agrave;&nbsp; d&eacute;sambigu&iuml;ser totalement le langage naturel de ses polys&eacute;mies, tout du moins permettre d&rsquo;obtenir une base terminologique de r&eacute;f&eacute;rence pour les acteurs afin de communiquer &agrave; propos de leurs disciplines respectives.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Nous pr&eacute;sentons les diff&eacute;rents types d&rsquo;ontologies, ainsi que leur usage sp&eacute;cifique traitant des objets et termes les plus concrets, aux plus abstraits. Cette typologie consiste&nbsp; &agrave; mettre en avant la capacit&eacute; des ontologies informatiques de situer et repr&eacute;senter plusieurs niveaux du discours. A cela, nous pr&eacute;sentons &eacute;galement les types d&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute;s s&eacute;mantiques que les ontologies peuvent rencontrer, et qui co&iuml;ncident avec les confusions linguistiques communes &agrave; toutes tentatives d&rsquo;alignements du discours de plusieurs disciplines diff&eacute;rentes. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Nous visons &eacute;galement &agrave; probl&eacute;matiser le rapport &agrave; la connaissance telle qu&rsquo;elle peut se manifester sous un aspect contextuel, tout en proposant une approche th&eacute;orique de cet aspect fond&eacute;e sur l&rsquo;analyse de la signification des mots selon leur usage. En ce sens, nous rapportons des travaux sur les terminologies fond&eacute;es sur une approche &laquo;&nbsp;s&eacute;masiologique&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire &eacute;laborant ses corpus &agrave; partir de l&rsquo;occurrence d&rsquo;un mot dans un contexte pr&eacute;cis.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Nous chercherons &eacute;galement &agrave; proposer des r&eacute;ponses &agrave; deux circularit&eacute;s que nous identifions concernant la communication interdisciplinaire. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Une circularit&eacute; &laquo;&nbsp;d&eacute;finitionnelle&nbsp;&raquo; au niveau des primitives du langage, on verra qu&rsquo;on ne peut &eacute;tablir de terminologie sans partir d&rsquo;une base lexicale. Or comment la d&eacute;finir si, comme nous allons le voir, pour d&eacute;finir un terme on doit dans une r&eacute;gression faire toujours appel &agrave; un autre&nbsp;? Pour r&eacute;pondre &agrave; cela, nous proposerons une approche focalis&eacute;e sur la r&eacute;currence des mots pour la constitution de corpus, laquelle permet de figer le contexte linguistico-pratique d&rsquo;une discipline, ceci afin d&rsquo;en d&eacute;terminer les degr&eacute;s d&rsquo;usage et le genre du corpus &agrave; partir de son support textuel num&eacute;rique.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Une circularit&eacute; &laquo;&nbsp;prax&eacute;ologique&nbsp;&raquo; concernant la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;employer l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; pour d&eacute;finir l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;. &nbsp;Cette circularit&eacute; remet en cause le mod&egrave;le r&eacute;f&eacute;rentialiste traditionnel pour la normalisation des pratiques disciplinaires&nbsp;: sur quelle base d&eacute;finir les pratiques si celles-ci sont interd&eacute;pendantes&nbsp;et qu&rsquo;il n&rsquo;en existe pas une suffisamment monolithique pour toutes les englober ? </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Nous proposerons pour r&eacute;pondre &agrave; ce deuxi&egrave;me probl&egrave;me, une conception &laquo;&nbsp;instrumentale&nbsp;&raquo; des ontologies qui s&rsquo;accorde avec la d&eacute;marche s&eacute;masiologique&nbsp;: en ce qu&rsquo;il est n&eacute;cessaire de trouver dans les ontologies le moyen de les consid&eacute;rer non pas comme bases fondationnelles pour la communication interdisciplinaire, mais davantage comme des outils d&rsquo;accompagnement cognitif.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Les ontologies peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es comme des outils qui permettent une accommodation de la science, non pas comme des moyens de &laquo;&nbsp;conceptualiser&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;th&eacute;oriser&nbsp;&raquo; celle-ci ou la r&eacute;alit&eacute; des entit&eacute;s trait&eacute;es dans un domaine.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>C&rsquo;est-&agrave;-dire, qu&rsquo;en tant que bases terminologiques disposant d&rsquo;outils informatiques permettant d&rsquo;affiner avec une certaine pr&eacute;cision les modalit&eacute;s s&eacute;mantiques d&rsquo;un mot et ses liens avec d&rsquo;autres (comme sa fr&eacute;quence d&rsquo;apparition dans un contexte, ses synonymes, les termes qui lui sont associ&eacute;s, celui qui est le plus souvent employ&eacute;, le second plus employ&eacute;, etc.), les ontologies informatiques peuvent servir &agrave; cartographier les connaissances d&rsquo;une discipline pour permettre &agrave; ses acteurs une repr&eacute;sentation conventionnelle de son contexte langagier.</span></span></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3 style="text-align: justify;">M&ecirc;me langage ou m&ecirc;me connaissance ? Une probl&eacute;matique linguistique et &eacute;pist&eacute;mologique de la communication interdisciplinaire</h3> <p style="text-align: justify;"><span><span>Le langage peut &ecirc;tre d&eacute;fini comme le moyen ou le v&eacute;hicule qui permet la transmission d&rsquo;informations &agrave; propos d&rsquo;objets du monde gr&acirc;ce au partage de concepts et de d&eacute;finitions entre deux interlocuteurs. En conservant une d&eacute;finition du langage comme une correspondance entre une proposition et un objet auquel elle r&eacute;f&egrave;re, nous obtenons alors un usage du langage comme &eacute;tant un t&eacute;moignage du rapport au monde de l&rsquo;interlocuteur. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>L. Wittgenstein (1921) dans le <i>Tractatus</i> indique le r&ocirc;le du langage et son rapport &agrave; la connaissance en ces termes&nbsp;: </span></span></p> <blockquote> <p><span><span>&laquo;&nbsp;5.6&nbsp;: Les fronti&egrave;res de mon langage sont les fronti&egrave;res de mon monde.&nbsp;&raquo;. </span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>La connaissance que nous avons de notre propre connaissance, de ses limites et conditions, est en ce sens d&eacute;riv&eacute;e du langage. Dans le cas de la communication interdisciplinaire particuli&egrave;rement, c&rsquo;est&nbsp; son usage, sa pragmatique, qui va permettre l&rsquo;&eacute;change de connaissances. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>En jugeant de la qualit&eacute; du discours d&rsquo;un individu, un sujet est ainsi en mesure de d&eacute;finir ou d&rsquo;&eacute;mettre des hypoth&egrave;ses sur les objets auxquels l&rsquo;interlocuteur r&eacute;f&egrave;re en fonction de celui-ci. Le discours qui devient alors le t&eacute;moin de la repr&eacute;sentation du monde d&rsquo;un individu et permettant &agrave; un autre d&rsquo;&eacute;valuer la connaissance dont dispose son interlocuteur.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Mais en ce cas, rechercher la communication interdisciplinaire est-ce chercher &agrave; employer un discours univoque, une m&ecirc;me langue&nbsp;? Ou est-ce plut&ocirc;t viser &agrave; &eacute;tablir les connaissances que nous avons en commun&nbsp;? </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Lorsque nous visons &agrave; d&eacute;finir un terme, nous pouvons rechercher la signification qu&rsquo;il d&eacute;livre et ce en quoi cette signification capture pertinemment, l&rsquo;id&eacute;e, l&rsquo;activit&eacute; ou l&rsquo;objet &agrave; laquelle elle r&eacute;f&egrave;re. Cependant, lorsque plusieurs individus de champs disciplinaires diff&eacute;rents emploient le m&ecirc;me terme pour d&eacute;signer une chose, peut-on dire qu&rsquo;ils font r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la m&ecirc;me chose ?</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Il s&rsquo;agit ici de d&eacute;terminer sur quoi repose la communication interdisciplinaire. Pour cela, il nous faut distinguer la connaissance commune d&rsquo;une notion, de l&rsquo;emploi d&rsquo;un langage commun pour la d&eacute;signer. C&rsquo;est-&agrave;-dire interroger si l&rsquo;&eacute;change d&rsquo;informations entre agents repose sur une repr&eacute;sentation mentale uniform&eacute;ment partag&eacute;e ou sur un accord conventionnel vis-&agrave;-vis de la d&eacute;finition d&rsquo;une connaissance. Nous faisons donc ici une premi&egrave;re distinction entre l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie interdisciplinaire et la communication interdisciplinaire.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Il existe en effet une diff&eacute;rence entre connaitre la m&ecirc;me chose et employer diff&eacute;rents mots pour la d&eacute;signer. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Il est possible de parler d&rsquo;une m&ecirc;me chose, de plusieurs fa&ccedil;ons, et avec diff&eacute;rents mots. Pour illustrer cela on peut repenser &agrave; l&rsquo;exemple de [Frege (1892)] et de la r&eacute;f&eacute;rence &agrave; V&eacute;nus et des termes &laquo;&nbsp;Phosphoros&nbsp;&raquo;, soit l&rsquo;&eacute;toile du matin, et de &laquo;&nbsp;H&egrave;speros&nbsp;&raquo;, l&rsquo;&eacute;toile du soir. Or, il s&rsquo;av&egrave;re que l&rsquo;&eacute;toile du matin et l&rsquo;&eacute;toile du soir sont toutes les deux des mani&egrave;res de nommer &laquo;&nbsp;V&eacute;nus&nbsp;&raquo;. Cependant, on peut remarquer que c&rsquo;est une mani&egrave;re de nommer deux contextes de V&eacute;nus en fonction de sa position orbitale. Frege dit ensuite :</span></span></p> <blockquote> <p><span>&laquo;&nbsp;La pens&eacute;e contenue dans la proposition&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;toile du matin est un corps illumin&eacute; par le soleil&nbsp;&raquo; est diff&eacute;rente de la pens&eacute;e contenue dans &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;toile du soir est un corps illumin&eacute; par le soleil&nbsp;&raquo;. Si quelqu&rsquo;un ignorait que l&rsquo;&eacute;toile du soir est l&rsquo;&eacute;toile du matin, il pourrait tenir l&rsquo;une de ces pens&eacute;es pour vraie et l&rsquo;autre pour fausse. La pens&eacute;e ne peut donc pas &ecirc;tre la d&eacute;notation de la proposition&nbsp;; bien plut&ocirc;t faut-il y voir le sens de la proposition.&nbsp;&raquo;</span></p> </blockquote> <p align="center" style="text-align: center;"><img alt="" height="135" src="https://www.numerev.com/img/ck_104_8_image4.png" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" width="389" /></p> <p align="center" style="text-align: center;"><em>Frege, </em>Sens et D&eacute;notation<em> (1892)</em></p> <p style="text-align: justify;"><span>Ici, &laquo;&nbsp;l&#39;&eacute;toile du matin&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&#39;&eacute;toile du soir&nbsp;&raquo; sont donc deux expressions distinctes, disposant de leur sens propre, mais ont la m&ecirc;me r&eacute;f&eacute;rence, car elles d&eacute;notent du m&ecirc;me objet c&eacute;leste &agrave; savoir la plan&egrave;te V&eacute;nus.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Cette distinction entre &laquo;&nbsp;sens&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;d&eacute;notation/r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo; permet d&rsquo;introduire deux mani&egrave;res de parler d&rsquo;un concept&nbsp;: l&rsquo;intension et l&rsquo;extension. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b>Intension&nbsp;</b>: C&rsquo;est la d&eacute;finition, le sens d&rsquo;un concept, ou sa compr&eacute;hension. Par exemple, l&rsquo;intension de &laquo;&nbsp;V&eacute;nus&nbsp;&raquo; pourrait &ecirc;tre&nbsp;: &laquo;&nbsp;est la deuxi&egrave;me plan&egrave;te du syst&egrave;me solaire par ordre de proximit&eacute; avec le Soleil&nbsp;&raquo;.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b>Extension</b>&nbsp;: C&rsquo;est la d&eacute;notation ou r&eacute;f&eacute;rence d&rsquo;un terme vers un concept. Il s&rsquo;agit de l&rsquo;ensemble des entit&eacute;s auxquelles l&rsquo;intension s&rsquo;applique. Ex&nbsp;: V&eacute;nus = {Phosphoros, H&egrave;speros, Etoile du Berger}.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span>On peut maintenant concevoir que lors d&rsquo;une communication entre deux personnes de deux disciplines diff&eacute;rentes&nbsp;: m&ecirc;me si la d&eacute;finition &ndash; l&rsquo;intension &ndash; d&rsquo;une notion comme &laquo;&nbsp;V&eacute;nus&nbsp;&raquo; est commune, pour peu que la repr&eacute;sentation contextuelle diff&egrave;re entre eux, la communication peut alors &ecirc;tre confuse ou simplement impossible. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Nous nous retrouvons dans une situation paradoxale, en ceci que la communication interdisciplinaire peut parler des m&ecirc;mes choses, en ayant les m&ecirc;mes connaissances parfois, et cependant employer des termes diff&eacute;rents pour communiquer. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Pour reprendre notre distinction&nbsp;: on peut dire que les agents peuvent parler d&rsquo;un m&ecirc;me concept&nbsp; en utilisant diff&eacute;rentes extensions de celui-ci (Phosphoros ou H&egrave;speros), sans savoir au pr&eacute;alable que celles-ci disposent de la m&ecirc;me r&eacute;f&eacute;rence (Phosphoros et H&egrave;speros &rarr; V&eacute;nus).</span></p> <p align="center" style="text-align: justify;"><img alt="" height="236" src="https://www.numerev.com/img/ck_104_8_image5.png" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" width="338" /></p> <p align="center" style="text-align: center;"><em>Triangle s&eacute;miotique d&rsquo;Ogden-Richards, </em>The Meaning of Meaning<em> (1923)</em></p> <p style="text-align: justify;"><span>On peut repr&eacute;senter cette relation triadique pens&eacute;e-r&eacute;f&eacute;rence-symbole que nous &eacute;voquons par un processus de codification qu&rsquo;est le triangle s&eacute;miotique ci-dessus. Ici, on observe plus concr&egrave;tement que la pens&eacute;e contenue dans une phrase (la pens&eacute;e, ou r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;: ex. Phosphoros est l&rsquo;&eacute;toile du matin) d&eacute;signe, r&eacute;f&egrave;re &agrave; un m&ecirc;me objet (le r&eacute;f&eacute;rent, V&eacute;nus), qui lui-m&ecirc;me peut &ecirc;tre repr&eacute;sent&eacute; et servir &agrave; &eacute;tablir une correspondance avec la phrase qui le d&eacute;signe par un symbole (ici le mot pris comme signe &laquo;&nbsp;Phosphoros&nbsp;&raquo;). </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Du point de vue de notre probl&eacute;matique, la communication interdisciplinaire rencontre &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;inscrutabilit&eacute; de la r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;</i>&raquo; (Quine, 1969) : n&rsquo;ayant acc&egrave;s qu&rsquo;aux &eacute;nonc&eacute;s langagiers d&rsquo;un interlocuteur et non &agrave; la connaissance contextuelle ou pratique personnelle qu&rsquo;il en a, nous ne pouvons jamais savoir exactement &agrave; quel objet le terme qu&rsquo;il emploie fait r&eacute;f&eacute;rence en son esprit. Autrement dit, on ne peut jamais savoir en quel sens un individu emploie un terme, ni quelle pens&eacute;e est contenue dans ce qu&rsquo;il dit. De fait, deux individus peuvent employer des termes diff&eacute;rents, des pens&eacute;es diff&eacute;rentes mais ignorer qu&rsquo;en r&eacute;alit&eacute; ces termes et pens&eacute;es d&eacute;signent le m&ecirc;me r&eacute;f&eacute;rent.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>La communication entre plusieurs champs disciplinaires n&rsquo;est ainsi possible que si tous les acteurs ont la m&ecirc;me connaissance de la signification des termes qu&rsquo;ils utilisent et de leur domaine d&rsquo;intension et d&rsquo;extension. C&rsquo;est-&agrave;-dire, si tous les acteurs disposent des m&ecirc;mes r&eacute;f&eacute;rentiels s&eacute;mantiques. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Or, il est difficile de d&eacute;finir s&eacute;mantiquement un concept ind&eacute;pendamment du contexte dans lequel celui-ci appara&icirc;t ou de sa compr&eacute;hension commune, rendant par cons&eacute;quent sa d&eacute;finition ou celle d&rsquo;un terme possiblement vague lors du passage d&rsquo;un domaine de sp&eacute;cialit&eacute; &agrave; un autre. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>La communication interdisciplinaire peut &ecirc;tre alors d&eacute;finie comme&nbsp;: </span><i><span>la recherche du fait que tous les acteurs &agrave; partir d&rsquo;un mot disposent de la m&ecirc;me r&eacute;f&eacute;rence vis-&agrave;-vis d&rsquo;un concept ou d&rsquo;un objet.</span></i></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Plus pr&eacute;cis&eacute;ment&nbsp;: le fait que les acteurs &agrave; partir de la m&ecirc;me intension d&rsquo;un concept, puissent communiquer &agrave; son sujet en ayant connaissance de l&rsquo;ensemble de son extension.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Que les &eacute;nonc&eacute;s &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;toile du matin&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;toile du soir&nbsp;&raquo; n&rsquo;aient pas la m&ecirc;me signification ne serait plus un probl&egrave;me &eacute;pist&eacute;mologique pour deux interlocuteurs, si ces derniers savent tous deux que ces &eacute;nonc&eacute;s ont la m&ecirc;me r&eacute;f&eacute;rence et qu&rsquo;ils sont tous deux une mani&egrave;re de parler de la m&ecirc;me chose dans diff&eacute;rents contextes.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>Par cons&eacute;quent, l&rsquo;&eacute;change de connaissances lors de la communication interdisciplinaire devient probl&eacute;matique lorsque pour communiquer doivent se rencontrer : </span></p> <ul style="text-align: justify;"> <li class="Corps"><i><span>&nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</span></i><span>La subjectivit&eacute;, la repr&eacute;sentation individuelle et contextuelle d&rsquo;une connaissance&nbsp;;</span></li> <li class="Corps"><span><i>&nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</i>L&rsquo;intersubjectivit&eacute;, la repr&eacute;sentation commune et partag&eacute;e de cette connaissance entre les acteurs qui g&eacute;n&egrave;rent, alimentent, et organisent celle-ci.</span></li> </ul> <p style="text-align: justify;"><span>Si l&rsquo;on souhaite s&rsquo;interroger sur comment faire communiquer diff&eacute;rents domaines ensemble, il semble n&eacute;cessaire de prendre en compte la diff&eacute;rence entre les connaissances des acteurs des domaines ainsi que leur rapport &agrave; celles-ci. Il faut en ce cas consid&eacute;rer &eacute;galement le niveau linguistique sur lequel repose le terme, et la dimension extra-linguistique, mentale ou pratique, sur laquelle repose l&rsquo;id&eacute;e ou le concept auquel il fait r&eacute;f&eacute;rence.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span>C&rsquo;est ici que l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances emploie les ontologies informatiques, nous permettant de repr&eacute;senter les connaissances d&rsquo;un domaine de sp&eacute;cialit&eacute; en explicitant et sp&eacute;cifiant leur contexte. Les ontologies vont nous servir &agrave; faire l&rsquo;inventaire de l&rsquo;ensemble des termes qui se rapportent &agrave; une notion, et de clarifier les degr&eacute;s de proximit&eacute; des termes selon leurs occurrences. Elles font usage pour y parvenir &agrave; une formalisation du langage naturel, c&rsquo;est-&agrave;-dire une r&eacute;duction du langage et des &eacute;nonc&eacute;s &agrave; un aspect syntaxique. </span>&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span>Principes et typologies des ontologies</span></h2> <p style="text-align: justify;"><span><span>L&rsquo;Ontologie est un terme philosophique qui signifie <i>&ecirc;tre, </i>venant<i> </i>du grec ancien <i>&ocirc;n, onton</i>, et <i>discours, &eacute;tude, science</i>, venant de <i>logos</i>. L&rsquo;Ontologie correspond &agrave; une partie de la m&eacute;taphysique, m&eacute;taphysique qui peut se d&eacute;finir comme la science qui &eacute;tudie les premiers principes et les premi&egrave;res causes, ou &laquo; l&rsquo;&ecirc;tre en tant qu&rsquo;&ecirc;tre &raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire le <i>pourquoi</i> ou le <i>sens </i>de l&rsquo;&ecirc;tre. L&rsquo;Ontologie quant &agrave; elle, &eacute;tudie le <i>comment</i> de l&rsquo;&ecirc;tre, en tant qu&rsquo;il est organis&eacute; dans l&rsquo;existence, c&rsquo;est-&agrave;-dire son <i>&eacute;tant</i>. En g&eacute;n&eacute;ralisant, elle vise &agrave; d&eacute;crire dans la d&eacute;marche d&rsquo;un inventaire le &laquo;&nbsp;ce qu&rsquo; il-y-a&nbsp;&raquo; dans un domaine d&rsquo;objet. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>L&rsquo;ontologie est une discipline qui va traiter de questions &agrave; propos de la relation entre les objets d&rsquo;un domaine, de leurs propri&eacute;t&eacute;s&nbsp;: sur quoi peut-on fonder cette propri&eacute;t&eacute;&nbsp;? cette propri&eacute;t&eacute; elle-m&ecirc;me peut-elle &ecirc;tre instanci&eacute;e dans plusieurs entit&eacute;s&nbsp;?</span><span> Lui est-elle propre ? Comment repr&eacute;senter ces relations ? </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>L&rsquo;apport de l&rsquo;ontologie pour l&rsquo;intelligence artificielle et les ontologies informatiques, va &ecirc;tre de fournir des outils conceptuels permettant de repr&eacute;senter les relations logiques et formelles, abstraction faite de leur contenu mat&eacute;riel. On va par exemple pouvoir trouver le meilleur moyen de d&eacute;crire une collection d&rsquo;entit&eacute;s en se focalisant avant tout sur ce qui les met en relation, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;&ecirc;tre une collection. Puis l&rsquo;on va pouvoir sp&eacute;cifier cette relation en cherchant les principes hi&eacute;rarchiques qui organisent, qui ordonnent les entit&eacute;s qui composent cette collection.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Les ontologies informatiques h&eacute;ritent de cette recherche inventoriale car elles peuvent s&rsquo;appliquer &agrave; des domaine de sp&eacute;cialit&eacute; en &eacute;tablissant les relations entre les concepts qui lui sont propres. Elles peuvent faire l&rsquo;inventaire des entit&eacute;s qui existent dans un domaine de sp&eacute;cialit&eacute; en se limitant &agrave; repr&eacute;senter les entit&eacute;s d&rsquo;un contexte pr&eacute;cis. Cependant, la subjectivit&eacute; et l&rsquo;intersubjectivit&eacute; des acteurs limitent la repr&eacute;sentation logique de ces connaissances, et l&rsquo;intelligibilit&eacute; des concepts et notions est conditionn&eacute;e par <i>l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; s&eacute;mantique</i> entre&nbsp;machines et acteurs.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>L&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; s&eacute;mantique est la capacit&eacute; pour plusieurs syst&egrave;mes d&rsquo;&eacute;changer des informations entre eux, tout en conservant la signification et la qualit&eacute; de l&rsquo;information lors de l&rsquo;&eacute;change. Cette interop&eacute;rabilit&eacute; pour &ecirc;tre efficiente doit r&eacute;pondre &agrave; certains principes et est d&eacute;finie </span>&nbsp;<span>par l&rsquo;Initiative Council on SDO Global Health Informatics Standardization comme : </span></span></p> <blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>&laquo;&nbsp;La capacit&eacute; pour plusieurs syst&egrave;mes d&rsquo;&eacute;changer de l&rsquo;information entre eux de telle sorte que chacun de ces syst&egrave;mes puisse interpr&eacute;ter la signification de l&rsquo;information re&ccedil;ue et utiliser cette information en articulation avec ses donn&eacute;es locales</span><span>.&nbsp;</span><span>&raquo;</span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>Apparues au d&eacute;but des ann&eacute;es 1990 dans les recherches sur l&rsquo;acquisition des connaissances pour les syst&egrave;mes experts, les ontologies s&rsquo;inscrivent dans le d&eacute;veloppement du Web s&eacute;mantique par les travaux de Berners-Lee (2001). Le Web s&eacute;mantique vise &agrave; donner au contenu des ressources du web un acc&egrave;s utilisable par des programmes et agents logiciels, gr&acirc;ce &agrave; une compr&eacute;hension logique des donn&eacute;es. C&rsquo;est-&agrave;-dire que la gestion de l&rsquo;information se d&eacute;ploie en des r&eacute;seaux s&eacute;mantiques dans lesquels les donn&eacute;es sont reli&eacute;es entre elles, permettant ainsi &agrave; un ordinateur de les comprendre, les hi&eacute;rarchiser et les parcourir rapidement.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>La d&eacute;finition d&rsquo;une ontologie informatique peut alors &ecirc;tre propos&eacute;e initialement comme &eacute;tant un outil, artefact informatique qui repr&eacute;sente s&eacute;mantiquement la connaissance d&rsquo;un domaine de sp&eacute;cialit&eacute;. Cependant, au fil des ann&eacute;es de recherches, plusieurs d&eacute;finitions se sont propos&eacute;es :</span></span></p> <blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>Uschold et Gruninger (1996)&nbsp;</span><span>&laquo; Il s&rsquo;agit du terme utilis&eacute; se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; la compr&eacute;hension partag&eacute;e d&rsquo;un domaine d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qui peut &ecirc;tre utilis&eacute; comme cadre unificateur pour r&eacute;soudre les probl&egrave;mes de communication entre les gens et d&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; entre les syst&egrave;mes. &raquo;&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Sowa (1999)&nbsp;</span><span>&laquo;&nbsp;Une ontologie est un catalogue des types de choses suppos&eacute;es exister dans un domaine, du point de vue d&rsquo;une personne utilisant un langage pour parler du domaine.&nbsp;&raquo; </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Arp, Smith, Spear (2015)&nbsp;</span><span>&laquo;&nbsp;Une ontologie est un artefact de repr&eacute;sentation, compris comme une taxinomie dont le but est de mod&eacute;liser les relations et combinaisons entre classes d&rsquo;objets et universaux.&nbsp;[&hellip;] Elles repr&eacute;sentent (ou cherchent &agrave; repr&eacute;senter) la r&eacute;alit&eacute;, de mani&egrave;re &agrave; ce que diff&eacute;rentes personnes puissent comprendre les termes qu&rsquo;elles contiennent. &raquo; </span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>Bien que ces d&eacute;finitions refl&egrave;tent diff&eacute;rentes applications possibles des ontologies, celle de Gruber (1993) : &laquo;&nbsp;Une ontologie est une sp&eacute;cification partag&eacute;e d&rsquo;une conceptualisation.&nbsp;&raquo;, semble &ecirc;tre commun&eacute;ment admise pour caract&eacute;riser ce qu&rsquo;est une ontologie. Une ontologie repr&eacute;sente alors un consensus &agrave; propos d&rsquo;un domaine de sp&eacute;cialit&eacute; dont les connaissances et objets sont pr&eacute;alablement d&eacute;finis conceptuellement.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="PT"><span>Le probl&egrave;me de l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; qui nous occupe va donc &ecirc;tre de parvenir &agrave; distinguer ce qui constitue la connaissance d&rsquo;un objet ou d&rsquo;un concept, du mot auquel il est raccroch&eacute;, par l&rsquo;analyse logique que permettent les ontologies. Ceci, afin de voir s&rsquo;il est possible, en fonction des probl&eacute;matiques contextuelles que nous allons introduire, de mod&eacute;liser cette relation entre mot et concept dans une ontologie informatique. </span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="PT"><span>On pourrait ainsi d&eacute;sambigu&iuml;ser les types de relations que les mots entretiennent entre eux en fonction d&rsquo;un domaine, et proposer une m&eacute;thodologie qui permettrait &agrave; plusieurs domaines de sp&eacute;cialit&eacute; de communiquer ensemble sur la base de cette clarification du langage.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="PT"><span>En ce sens, les ontologies informatiques ont pour but de produire un objet informatique respectant les r&egrave;gles syntaxiques de la logique formelle, tout en visant &agrave; expliciter et capturer les nuances de proximit&eacute; et distance entre les mots du langage naturel.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Il faut n&eacute;anmoins distinguer plusieurs m&eacute;thodes de classification des connaissances pour voir l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t particulier des ontologies.</span></span></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img alt="" height="167" src="https://www.numerev.com/img/ck_104_8_image6.png" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" width="443" /></p> <p align="center" style="text-align: center;"><em>Sch&eacute;ma adapt&eacute; de D. Zarebski (2018)</em></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Par exemple, ici la terminologie est une <i>collection</i> de termes, tandis que la taxinomie est une <i>classification</i> des termes scientifiques. L&rsquo;ontologie a ceci de sp&eacute;cifique qu&rsquo;elle r&eacute;unit ces deux m&eacute;thodologies et introduit des principes logiques permettant de sp&eacute;cifier et structurer les relations entre les entit&eacute;s et de donner une signification &agrave; ces relations. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Par exemple, les principes diff&eacute;rentiels (Bachimont, 2001) permettent de d&eacute;finir les termes par les relations d&rsquo;identit&eacute; qui les unissent ou les distinguent. Toutes les entit&eacute;s prennent racine &agrave; partir d&rsquo;une entit&eacute; &laquo;&nbsp;<i>P&egrave;re&nbsp;</i>&raquo; comme concept fondamental &agrave; laquelle elles appartiennent. La signification relationnelle d&rsquo;une entit&eacute; d&eacute;pend alors de sa position dans l&rsquo;arbre de l&rsquo;ontologie.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>Organis&eacute;es ainsi en r&eacute;seaux, les ontologies informatiques proposent une repr&eacute;sentation des connaissances selon une relation d&rsquo;inclusion o&ugrave; un concept particulier est englob&eacute; par un plus g&eacute;n&eacute;ral suivant une logique ensembliste. </span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>Il s&rsquo;agit ici de la <i>conceptualisation </i>de l&rsquo;ontologie d&rsquo;un domaine (</span><span lang="IT"><span>Genesereth and Nilsson, 1987)</span></span><span lang="IT"><span>, </span></span><span>soit&nbsp;: la repr&eacute;sentation abstraite des entit&eacute;s d&rsquo;un domaine par l&rsquo;usage d&rsquo;un corps formel.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Ces principes s&rsquo;appuient sur ceux de l&rsquo;inf&eacute;rence de la logique formelle et de l&rsquo;engagement ontologique&nbsp;: le fait que l&rsquo;existence d&rsquo;une entit&eacute; soit impliqu&eacute;e par sa quantification logique (Quine, 1948).</span></span></p> <p align="center" style="text-align: justify;"><img alt="" height="157" src="https://www.numerev.com/img/ck_104_8_image7.png" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" width="258" /></p> <p align="center" style="text-align: center;"><em>Correspondance logico-s&eacute;miotique dans une ontologie</em></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>Les ontologies informatiques permettent d&rsquo;assurer cette correspondance logico-s&eacute;miotique par l&rsquo;emploi de la relation de subsomption gr&acirc;ce &agrave; la formule &laquo;&nbsp;<i>est_un</i>&nbsp;&raquo;. Cette formule a pour fonction d&rsquo;attribuer une caract&eacute;ristique d&rsquo;appartenance ou d&rsquo;identit&eacute; entre plusieurs entit&eacute;s. On peut d&egrave;s lors organiser une hi&eacute;rarchie d&rsquo;entit&eacute;s et d&eacute;crire dans le d&eacute;tail leurs relations par ce formalisme.</span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="IT"><span>L&rsquo;apport de la logique ensembliste va nous permettre d&rsquo;expliciter</span></span><span> le</span><span>s </span><span lang="IT"><span>relations repr&eacute;sent&eacute;es dans nos arbres ontologiques. Si l&rsquo;on suit le formalisme de </span></span><span>[N. Guarino, Daniel Oberle, Steffen Staab (2009)] </span><span>pour d&eacute;crire les relations d&rsquo;un contexte, o</span><span lang="IT"><span>n prend une structure <span style="color: #333333;">O = <d, w="">&nbsp;</d,></span>telle que :</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="IT">&sect; </span><i><span lang="IT"><span>D</span></span></i><span lang="IT"><span> un domaine de discours qui va servir d&rsquo;ensemble des entit&eacute;s que nous allons repr&eacute;senter.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="IT">&sect;&nbsp; </span><i><span lang="IT"><span>W</span></span></i><span lang="IT"><span> un ensemble de mondes possibles pour repr&eacute;senter les diff&eacute;rentes acceptions d&rsquo;un terme en fonction de plusieurs contextes.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="IT">&sect; </span><span lang="IT"><span><em>R</em> un ensemble qui va repr&eacute;senter les relations conceptuelles de l&rsquo;espace du domaine &lt;<i>D, W</i>&gt;. </span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="IT"><span>On associe &eacute;galement un vocabulaire V qui co&iuml;ncide avec les relations de <em>R</em>. C&rsquo;est ici une recherche de l&rsquo;engagement ontologique : on cherche &agrave; mettre en correspondance le symbole formel (ou textuel) que nous nommons par exemple </span></span><span>&laquo;&nbsp;V&eacute;nus 1&nbsp;&raquo; avec l&rsquo;entit&eacute; conceptuelle de &laquo;&nbsp;V&eacute;nus&nbsp;&raquo;,</span><span lang="IT"><span> et proc&eacute;der ainsi pour tous nos symboles. La d&eacute;finition logique des entit&eacute;s est cependant une d&eacute;marche plus &eacute;pist&eacute;mologique qu&rsquo;ontologique (au sens philosophique), en ceci que c&rsquo;est l&rsquo;aspect d&eacute;finitionnel qui va importer pour l&rsquo;ontologie informatique plus que la question de l&rsquo;existence propre des objets repr&eacute;sent&eacute;s.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="IT"><span>Une fois la structure en place, on peut ensuite d&eacute;finir le d&eacute;tail du contenu de nos principes diff&eacute;rentiels expos&eacute;s plus haut afin de rendre explicites les relations entre les entit&eacute;s. </span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>Une ontologie est g&eacute;n&eacute;ralement une structure compos&eacute;e d&rsquo;entit&eacute;s o&ugrave; <span style="color: #333333;">O = &lt; C, I, R, T, V&gt;</span> &nbsp;telle que&nbsp;: &laquo;&nbsp;O&nbsp;&raquo; est l&rsquo;ontologie, &laquo;&nbsp;C&nbsp;&raquo; un ensemble de classe, &laquo;&nbsp;I&nbsp;&raquo; un ensemble d&rsquo;individus, &laquo;&nbsp;R&nbsp;&raquo; un ensemble de relations, &laquo;&nbsp;T&nbsp;&raquo; un ensemble de donn&eacute;es, &laquo;&nbsp;V&nbsp;&raquo; un ensemble de valeurs associ&eacute;es aux ensembles pr&eacute;c&eacute;dents [J. Euzenat and P. Shvaiko (2013)].</span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>On d&eacute;finit alors trois types g&eacute;n&eacute;raux d&rsquo;ontologies </span><span lang="IT"><span>[G. Declerck, A. Baneyx, X. Aim&eacute;, Jean Charlet (2014)]</span></span><span>, mais qui n&rsquo;interagissent pas avec les m&ecirc;mes entit&eacute;s. On parle ici de &laquo;&nbsp;niveaux&nbsp;&raquo; de g&eacute;n&eacute;ralit&eacute; des entit&eacute;s, ou des concepts trait&eacute;s par les diff&eacute;rentes ontologies, allant du degr&eacute; d&rsquo;abstraction du concept le plus g&eacute;n&eacute;ralis&eacute; comme le Temps ou l&rsquo;Espace, au degr&eacute; de concr&eacute;tisation le plus sp&eacute;cifi&eacute;, sur des objets comme &laquo;&nbsp;C&oelig;ur&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;Organe &raquo;. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>Ontologie de domaine (<i>Domain Ontology</i>)</span></b><span>&nbsp;:&nbsp; Il s&rsquo;agit du premier niveau d&rsquo;ontologie et du plus concret. Il traite des entit&eacute;s propres &agrave; une discipline sp&eacute;cifique comme la pneumologie ou la chirurgie par exemple, et s&rsquo;attache &agrave; &eacute;tablir une relation entre les entit&eacute;s du domaine.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>Ontologie de noyau (<i>Core Ontology</i>)</span></b><span>&nbsp;: L&rsquo;ontologie de noyau traite de concepts plus g&eacute;n&eacute;raux qui disposent d&rsquo;une interdisciplinarit&eacute; cons&eacute;quente pour plusieurs ontologies. Elle a la charge de permettre la communication de plusieurs ontologies &agrave; propos de concepts partag&eacute;s par plusieurs sous-disciplines. Par exemple, les concepts tels que &laquo;&nbsp;<i>malade&nbsp;&raquo;</i>, &laquo;&nbsp;<i>d&eacute;mence&nbsp;&raquo;</i> et <i>&laquo;&nbsp;myocarde&nbsp;&raquo;</i> couvrent plusieurs champs m&eacute;dicaux comme la cardiologie et la psychiatrie. Une ontologie de noyau assure donc l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; entre deux ontologies de domaines diff&eacute;rents qui partagent certains termes. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>Ontologies fondationnelles&nbsp;(<i>Top Ontology</i>)</span></b><span>&nbsp;: L&rsquo;ontologie fondationnelle traite quant &agrave; elle des concepts m&eacute;ta-disciplinaires, c&rsquo;est-&agrave;-dire des concepts suffisamment g&eacute;n&eacute;raux pour &ecirc;tre appliqu&eacute;s &agrave; tous les domaines d&rsquo;une ou plusieurs sciences. Les concepts qu&rsquo;elles traitent rel&egrave;vent essentiellement de la m&eacute;taphysique et se concentrent sur des concepts tels que l&rsquo;&eacute;v&egrave;nement, le temps, le processus, la qualit&eacute;, etc. Ainsi, elle permet la communication entre plusieurs ontologies en pr&eacute;cisant le contexte des objets particuliers d&rsquo;un domaine, &agrave; partir de concepts plus g&eacute;n&eacute;raux.</span></span>&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span>H&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des donn&eacute;es et alignement des ontologies</span></h2> <p style="text-align: justify;"><span><span>Les principes des ontologies permettent ensuite d&rsquo;identifier plusieurs caract&eacute;ristiques de la polys&eacute;mie interdisciplinaire et plusieurs m&eacute;thodes d&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; s&eacute;mantique. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>L&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; de l&rsquo;information lors de la communication interdisciplinaire, ou son caract&egrave;re polys&eacute;mique, peut prendre plusieurs formes dans le cas des ontologies informatiques. Le but est alors de la r&eacute;duire en alignant les ontologies entre elles afin d&rsquo;&eacute;tablir des correspondances entre les entit&eacute;s de diff&eacute;rents domaines de sp&eacute;cialit&eacute;. On peut lister quelques types d&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; au niveau m&ecirc;me des ontologies qu&rsquo;il s&rsquo;agira de r&eacute;soudre (J. Euzenat et P. Shvaiko, 2013) :</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>H&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; syntaxique</span></b><span>&nbsp;: Cela correspond au fait que deux ontologies n&rsquo;emploient pas le langage logique de la m&ecirc;me mani&egrave;re, c&rsquo;est-&agrave;-dire ne formalisent pas les entit&eacute;s repr&eacute;sent&eacute;es de la m&ecirc;me mani&egrave;re. Quand bien m&ecirc;me elles pourraient parler des m&ecirc;mes objets avec les m&ecirc;mes r&egrave;gles logiques, les fa&ccedil;ons de les repr&eacute;senter &eacute;tant diff&eacute;rentes, elles ne pourraient communiquer ensemble. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>H&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; terminologique&nbsp;ou r&eacute;f&eacute;rentielle</span></b><span> : Cela correspond au fait de l&rsquo;emploi de diff&eacute;rents termes pour r&eacute;f&eacute;rer &agrave; un m&ecirc;me objet sans que ces termes ne se retrouvent r&eacute;ciproquement dans les deux ontologies ni ne visent &agrave; d&eacute;finir le m&ecirc;me aspect de leur r&eacute;f&eacute;rence. Il s&rsquo;agit g&eacute;n&eacute;ralement d&rsquo;un probl&egrave;me de synonymie. Par exemple&nbsp;: diff&eacute;rence synonymique avec une sub-diff&eacute;rence temporelle entre&nbsp;: o1 = &laquo;&nbsp;Quotidien&nbsp;&raquo; et o2 = &laquo;&nbsp;P&eacute;riodique&nbsp;&raquo;&nbsp;pour d&eacute;signer &laquo;&nbsp;Journal&nbsp;&raquo;. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>H&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; conceptuelle</span></b><span>&nbsp;: Niveau extra-linguistique. Apparait lorsque deux ontologies sont fond&eacute;es sur diff&eacute;rentes th&eacute;ories pour repr&eacute;senter les entit&eacute;s primitives. Par exemple&nbsp;: o1 = essentialisme&nbsp;: les entit&eacute;s disposent d&rsquo;une essence qui pr&eacute;existe &agrave; leur v&eacute;cu&nbsp;; et o2 =&nbsp; existentialisme&nbsp;: les entit&eacute;s forment leur essence &agrave; partir de leur v&eacute;cu.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>H&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; s&eacute;miotique</span></b><span>&nbsp;: </span></span>La granularit&eacute; de la communication interdisciplinaire est &eacute;galement compos&eacute;e par l&rsquo;intention, le &laquo;&nbsp;vouloir-dire&nbsp;&raquo; des diff&eacute;rents agents entre eux. Cette h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; correspond au caract&egrave;re interpr&eacute;tatif des entit&eacute;s en fonction de l&rsquo;individu qui la comprend&nbsp;: la mani&egrave;re personnelle et priv&eacute;e dont un individu va interpr&eacute;ter un concept, mot, ou symbole. Cette h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; est hors de port&eacute;e des ontologies car elle rel&egrave;ve sp&eacute;cifiquement du caract&egrave;re intentionnel propre &agrave; l&rsquo;esprit humain.</p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour r&eacute;pondre &agrave; ces probl&eacute;matiques, comme nous l&rsquo;avons vu avec les ontologies de noyaux, il est possible de faire correspondre plusieurs ontologies de domaines, et donc plusieurs contextes, gr&acirc;ce &agrave; diff&eacute;rentes m&eacute;thodes&nbsp;d&rsquo;alignement (Declerck, Baneyx, Aim&eacute;, et Charlet, 2014) :</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>La fusion</span></b><span>&nbsp;<b>:</b> Il s&rsquo;agit ici de cr&eacute;er une base terminologique &laquo;&nbsp;T&nbsp;&raquo; unique, en fusionnant deux terminologies des ontologies &laquo;&nbsp;X&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Y&nbsp;&raquo;. Ainsi, &laquo;&nbsp;X&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Y&nbsp;&raquo; utilisent la ressource &laquo;&nbsp;T&nbsp;&raquo; pour communiquer. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>L&rsquo;alignement direct</span></b><span>&nbsp;<b>:</b> L&rsquo;alignement consiste en une sorte de contrepoint s&eacute;mantique. C&rsquo;est-&agrave;-dire que pour chaque terme d&rsquo;une ontologie &laquo;&nbsp;X&nbsp;&raquo;, on associe son &eacute;quivalent dans l&rsquo;ontologie &laquo;&nbsp;Y&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;un langage informatique (SKOS, <i>Simple Knowledwge Organization System</i>) qui permet la mise en relation des termes synonymes, antonymes et conserver l&rsquo;autonomie des terminologies de chaque ontologie sans les confondre en une seule.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>La projection sur une terminologie de r&eacute;f&eacute;rence</span></b><span>&nbsp;<b>:</b> La projection permet d&rsquo;associer chaque terme d&rsquo;une ontologie &laquo;&nbsp;X&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Y&nbsp;&raquo; &agrave; un champ terminologique plus large nomm&eacute; &laquo;&nbsp;Z&nbsp;&raquo; mais sans les confondre. &laquo;&nbsp;Z&nbsp;&raquo; sert alors de r&eacute;f&eacute;rence pour la d&eacute;finition des termes de &laquo;&nbsp;X&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Y&nbsp;&raquo;. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de cette m&eacute;thode est de permettre &agrave; plusieurs domaines relatifs aux ontologies &laquo;&nbsp;X&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Y&nbsp;&raquo; de se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; une unique source &laquo;&nbsp;T&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Ces m&eacute;thodes d&rsquo;alignement permettent de d&eacute;velopper des bases terminologiques associant les diff&eacute;rents sens qu&rsquo;un terme peut porter selon le domaine o&ugrave; il se trouve employ&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>C&rsquo;est donc avant tout le domaine de sp&eacute;cialit&eacute;, son contexte, sa probl&eacute;matique et son niveau de g&eacute;n&eacute;ralit&eacute; qui vont restreindre les connaissances &agrave; repr&eacute;senter, ainsi que les normes et consensus qui vont organiser la place des objets du domaine &eacute;tudi&eacute;. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Il s&rsquo;agit ensuite de mod&eacute;liser des primitives dans le langage du domaine qui serviront &agrave; la base de la construction des connaissances. C&rsquo;est-&agrave;-dire d&eacute;finir un terme qui soit suffisamment &eacute;l&eacute;mentaire pour &ecirc;tre utilis&eacute; comme base d&rsquo;un champ lexical, et dont l&rsquo;identit&eacute; soit suffisamment univoque pour ne pas se confondre avec les notions qu&rsquo;il d&eacute;finit. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cependant, il n&rsquo;existe <em>a priori</em> pas de primitives dans le langage naturel r&eacute;pondant &agrave; ces crit&egrave;res [Bachimont (2000)]). Pour d&eacute;finir l&rsquo;identit&eacute; d&rsquo;une chose il est n&eacute;cessaire d&rsquo;entrer dans une &laquo;&nbsp;division de la r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo;&nbsp;[Quine (1977)] ; c&rsquo;est-&agrave;-dire une r&eacute;gression qui n&eacute;cessite pour d&eacute;finir un terme d&rsquo;en interroger toujours un autre.&nbsp;</span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span>Figer le sens ou figer le contexte ?</span></h2> <p style="text-align: justify;"><span><span>Nous prenons donc ici le parti que la communication interdisciplinaire repose sur une recherche terminologique. Charles S. Peirce (1978) rapporte sa &laquo;&nbsp;morale terminologique&nbsp;&raquo; &agrave; suivre pour les sciences&nbsp;: </span></span></p> <blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>&laquo;&nbsp;(2.222) Quant &agrave; l&rsquo;id&eacute;al &agrave; atteindre, il est souhaitable en premier lieu, que, pour chaque branche de la science, il y ait un vocabulaire fournissant une famille de mots apparent&eacute;s pour chaque conception scientifique et que chaque mot ait une seule signification exacte, &agrave; moins que ses significations diff&eacute;rentes ne s&rsquo;appliquent &agrave; des objets de cat&eacute;gories diff&eacute;rentes qu&rsquo;on ne peut jamais prendre l&rsquo;une pour l&rsquo;autre.&nbsp;&raquo;</span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>Notre d&eacute;marche terminologique se caract&eacute;rise alors au d&eacute;part par la recherche d&rsquo;une clarification d&rsquo;un sens unique pour chaque terme d&rsquo;une discipline et la d&eacute;sambigu&iuml;sation du sens qu&rsquo;ils pourraient partager en apparence. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour tenter de r&eacute;pondre &agrave; cette probl&eacute;matique, on peut proposer une analyse de la structure logique du langage afin de d&eacute;sambigu&iuml;ser et contextualiser la communication interdisciplinaire, consistant en&nbsp;: </span></span></p> <ol> <li style="text-align: justify;"><span>La recherche d&rsquo;une d&eacute;marche &eacute;pist&eacute;mologique pour &eacute;tablir un inventaire des termes employ&eacute;s par plusieurs disciplines.</span></li> <li style="text-align: justify;"><span>&Eacute;tablir clairement leur sens propre et celui ou ceux qu&rsquo;ils peuvent partager.</span></li> <li style="text-align: justify;"><span>Un moyen permettant d&rsquo;aligner et mettre en relation ces termes entre eux afin de rendre explicite la r&eacute;f&eacute;rence qu&rsquo;ils partagent.</span></li> <li style="text-align: justify;"><span>Tenter de normaliser les d&eacute;finitions des propri&eacute;t&eacute;s au sein des disciplines, et viser &agrave; distinguer les potentielles conceptions entre experts au sein d&rsquo;un m&ecirc;me domaine.</span></li> </ol> <p style="text-align: justify;"><span><span>Car si diff&eacute;rents domaines de sp&eacute;cialit&eacute;s peuvent employer diff&eacute;rents vocabulaires, les <i>r&egrave;gles </i>grammaticales, ainsi que celles de la syntaxe logique du langage, restent invariables en d&eacute;pit du contexte. Nous allons pouvoir nous appuyer sur celles-ci pour proposer une m&eacute;thode de clarification des &eacute;changes interdisciplinaires. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pr&eacute;sent&eacute;e ainsi, cette recherche terminologique dispose d&rsquo;une nature que l&rsquo;on peut qualifier de &laquo;&nbsp;<i>fixiste</i>&nbsp;&raquo;&nbsp;: de viser le fait qu&rsquo;un mot ne dispose que d&rsquo;une seule et unique signification dont il est le seul porteur. Cette recherche se peut &ecirc;tre pertinente quand appliqu&eacute;e &agrave; un seul domaine de sp&eacute;cialit&eacute;. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Mais dans le cas de l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;, la d&eacute;marche terminologique et particuli&egrave;rement son caract&egrave;re fixiste peuvent rencontrer le probl&egrave;me de la <i>polys&eacute;mie </i>[F. R&eacute;canati (1997)]&nbsp;: lorsque des termes sont communs &agrave; plusieurs champs disciplinaires, mais dont la signification et la r&eacute;f&eacute;rence varient en fonction de leur domaine d&rsquo;usage.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Comment en ce cas pouvons-nous rendre compte du caract&egrave;re polys&eacute;mique inh&eacute;rent &agrave; la communication interdisciplinaire par une d&eacute;marche terminologique ? </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Pour r&eacute;pondre &agrave; cette probl&eacute;matique, les ontologies permettent de formaliser les &eacute;nonc&eacute;s et les concepts pour en donner une repr&eacute;sentation commune qui va alors servir de base primitive pour l&rsquo;&eacute;laboration de th&eacute;saurus et de terminologie. La connaissance interdisciplinaire rencontre le cadre &eacute;pist&eacute;mologique du contextualisme<b>&nbsp;</b>: les &eacute;nonc&eacute;s ne disposent d&rsquo;une signification que dans un contexte d&rsquo;&eacute;nonciation. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour r&eacute;pondre &agrave; cela</span><span> l&rsquo;usage des ontologies informatiques comme outils informationnels peuvent nous permettre de &nbsp;tenter de trouver un &laquo;&nbsp;point fixe&nbsp;&raquo; &agrave; partir de l&rsquo;usage des mots. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Les ontologies informatiques peuvent servir en ce sens &agrave;&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><i><span>a) </span></i>Contextualiser un domaine<span>&nbsp;: Analyser les &eacute;nonc&eacute;s et leur domaine d&rsquo;usage comme donnant leur signification aux mots. C&rsquo;est l&agrave; l&rsquo;usage des ontologies en tant qu&rsquo;outils permettant de figer un contexte de domaine par l&rsquo;analyse de la composition des textes. Les&nbsp; ontologies vont nous permettre de repr&eacute;senter le genre d&rsquo;un corpus et le domaine de provenance des ressources &agrave; d&eacute;crire, et donc de situer un corpus vis-&agrave;-vis d&rsquo;un autre comme nous le verrons dans la gestion des ressources termino-ontologiques (RTO). </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Les ontologies permettent ainsi de rendre compte du contexte d&rsquo;un domaine de sp&eacute;cialit&eacute; gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;tation textuelle et la r&eacute;currence de l&rsquo;usage d&rsquo;un mot dans un contexte donn&eacute;.</span></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;"><i><span>b) </span></i>D&eacute;sambigu&iuml;ser les relations entre les termes<span> : Les ontologies peuvent pr&eacute;ciser la signification des mots qui composent un &eacute;nonc&eacute; ainsi que leurs fr&eacute;quences d&rsquo;utilisations. C&rsquo;est-&agrave;-dire &eacute;tablir les notions d&rsquo;un ou plusieurs champs disciplinaires, en consid&eacute;rant les relations logiques qu&rsquo;elles entretiennent et en distinguant les multiples ou uniques r&eacute;f&eacute;rences qu&rsquo;elles peuvent avoir en les alignant les unes vis-&agrave;-vis des autres. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>En pr&eacute;cisant des caract&egrave;res comme la proximit&eacute;, l&rsquo;association, la synonymie, la pr&eacute;f&eacute;rence, les ontologies permettent de clarifier quel usage est fait d&rsquo;un mot, ainsi que son r&eacute;seau de relations&nbsp;: c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me terminologique qui &eacute;volue autour de lui.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Pour un terme relatif &agrave; une pathologie particuli&egrave;re, on peut par exemple d&eacute;finir la pr&eacute;f&eacute;rence de l&rsquo;usage de tel ou tel terme, ceux qui sont employ&eacute;s les moins souvent, ceux qui s&rsquo;y rapportent de mani&egrave;res d&eacute;riv&eacute;s, ceux qui y font r&eacute;f&eacute;rence, ou encore leur correspondance extra-disciplinaire&nbsp;: c&rsquo;est-&agrave;-dire des notions hors du domaine m&eacute;dical en question, mais qui d&eacute;signent la m&ecirc;me pathologie. La logique descriptive des ontologies permet de rendre compte de l&rsquo;agencement des composants &eacute;l&eacute;mentaires, les mots, de nos &eacute;nonc&eacute;s complexes, nos propositions. Cette approche s&rsquo;accorde avec la d&eacute;marche s&eacute;masiologique qui sera introduite plus loin.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour r&eacute;sumer l&rsquo;emploi des ontologies&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><i><span>a) </span></i><span>Pour r&eacute;pondre au contextualisme les ontologies permettent &agrave; la communication interdisciplinaire de les utiliser comme des terminologies permettant de pr&eacute;ciser l&rsquo;usage contextuel des mots, ainsi que les r&eacute;seaux d&rsquo;utilisations et des termes proches qui leur sont associ&eacute;s. En repr&eacute;sentant ces r&eacute;seaux, les ontologies permettent de figer les contextes disciplinaires en &laquo;&nbsp;cartographiant&nbsp;&raquo; les connaissances de ces disciplines et en pr&eacute;cisant la nature exacte des relations qu&rsquo;entretiennent ces connaissances entre elles. </span></p> <p style="text-align: justify;"><i><span>b) </span></i><span>M&eacute;thodologiquement, les ontologies&nbsp; utilisent une syntaxe logique bas&eacute;e sur l&rsquo;usage d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments simples (symboles, mots) pour en former des plus complexes (formules, &eacute;nonc&eacute;s), permettant de d&eacute;finir les termes et entit&eacute;s. Elles peuvent ainsi repr&eacute;senter de fa&ccedil;on logico-math&eacute;matique le rapport que les mots d&rsquo;une ou plusieurs disciplines ont entre eux, et inf&eacute;rer d&rsquo;elles-m&ecirc;me les relations qu&rsquo;ils entretiennent, puis les repr&eacute;senter sous la forme de graphes.</span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>Par exemple [A. Barton (2016)], dans une ontologie biom&eacute;dicale les composants &eacute;l&eacute;mentaires <i>&laquo;&nbsp;Organe, C&oelig;ur, Ventricule&nbsp;&raquo; </i>sont organis&eacute;s sur une syntaxe logique fond&eacute;e par des axiomes plus complexes tels que &laquo;&nbsp;<i>C&oelig;ur est_un Organe&nbsp;&raquo;</i>. Le raisonnement de l&rsquo;ontologie est ensuite en mesure de d&eacute;duire des th&eacute;or&egrave;mes &agrave; partir des axiomes formalis&eacute;s pr&eacute;alablement tout en suivant diff&eacute;rentes propri&eacute;t&eacute;s formelles des relations. Par cons&eacute;quent, le moteur d&rsquo;inf&eacute;rence de l&rsquo;ontologie &agrave; partir d&rsquo;axiomes tels que&nbsp;: si &laquo; <i>a partie_de b&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;b partie_de c&nbsp;&raquo; </i>est en mesure d&rsquo;en inf&eacute;rer qu&rsquo;alors &laquo;&nbsp;<i>a partie_de c&nbsp;&raquo; </i>par transitivit&eacute;. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Une ontologie biom&eacute;dicale peut &eacute;galement sp&eacute;cifier le degr&eacute; de proximit&eacute; d&rsquo;un concept vis-&agrave;-vis d&rsquo;un autre&nbsp;selon leur usage : le concept &laquo;&nbsp;myocarde&nbsp;&raquo; peut &ecirc;tre labellis&eacute; comme &eacute;tant dans un certain contexte, le mot favori employ&eacute; pour d&eacute;signer le &laquo;&nbsp;c&oelig;ur&nbsp;&raquo;. Tout comme elle peut sp&eacute;cifier la classe de l&rsquo;entit&eacute; du concept &laquo;&nbsp;myocarde&nbsp;&raquo; en indiquant qu&rsquo;il fait partie des &laquo;&nbsp;organes&nbsp;&raquo; et par d&eacute;duction que le mot &laquo; c&oelig;ur&nbsp;&raquo; rentre dans la classe des &laquo;&nbsp;organes&nbsp;&raquo;. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Les ontologies peuvent de cette mani&egrave;re sp&eacute;cifier la s&eacute;mantique des termes, et&nbsp;mettre en rapport les notions et concepts fondamentaux avec les mots et leurs modalit&eacute;s (antonymes, synonymes, hyp&eacute;ronymie, hyponymie, etc.). L&rsquo;explicitation que proposent les ontologies peut &eacute;galement aller jusqu&rsquo;&agrave; &eacute;tablir des m&eacute;tadonn&eacute;es sur l&rsquo;&eacute;laboration des concepts qu&rsquo;elles prennent en charge, par l&rsquo;ajout de commentaires ou de labellisation s&eacute;mantique des notions.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Elles sont ainsi capables de traiter les termes et concepts des disciplines comme des symboles logiques manipulables. En mod&eacute;lisant les relations qu&rsquo;entretiennent les notions de sp&eacute;cialit&eacute;s entre elles, elles permettent ainsi de rendre compte et de figer le contexte de ces notions tout en prenant en compte le degr&eacute; d&rsquo;utilisation et de proximit&eacute; d&rsquo;un terme vis-&agrave;-vis d&rsquo;un autre.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Nous insistons donc sur l&rsquo;aspect repr&eacute;sentationnel des ontologies, en tant qu&rsquo;outils permettant de sp&eacute;cifier des contextes d&rsquo;une notion et d&rsquo;un terme &agrave; partir d&rsquo;une structure logique. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>On peut de cette mani&egrave;re appliquer une m&eacute;thode et suivre une &eacute;pist&eacute;mologie nous permettant de mettre en relation symboles et significations, mots et contextes d&rsquo;usage. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cette relation peut se d&eacute;finir ainsi&nbsp;<i>: pour un terme disposant d&rsquo;une r&eacute;f&eacute;rence, si un symbole capture la m&ecirc;me r&eacute;f&eacute;rence, alors le symbole &agrave; la m&ecirc;me signification que le terme</i>.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Les ontologies informatiques permettent ainsi de proposer une d&eacute;marche terminologique visant &agrave; conserver le facteur contextuel de l&rsquo;usage d&rsquo;un terme. En ce sens, les ontologies telles que les d&eacute;finit Bachimont (2001) :</span></span></p> <blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>&laquo;&nbsp;[&hellip;] permettent de repr&eacute;senter de mani&egrave;re syst&eacute;matique les notions utiles pour d&eacute;terminer et expliciter les connaissances qu&rsquo;il faut mettre en &oelig;uvre pour traiter une t&acirc;che dans un domaine de sp&eacute;cialit&eacute;. Les ontologies ne sont donc pas des bases de connaissances, ni n&rsquo;expriment de connaissances sur un domaine ou dans une application. Elles explicitent de mani&egrave;re syst&eacute;matique les notions utiles &agrave; la formulation des connaissances. Elles ont davantage affaire avec le sens, ou le cadre s&eacute;mantique dans lequel les assertions sur le domaine peuvent prendre une signification, qu&rsquo;avec la v&eacute;rit&eacute; de ces assertions.&nbsp;&raquo;</span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour les ontologies informatiques d&eacute;finies comme &laquo; une sp&eacute;cification&nbsp;d&rsquo;une conceptualisation &raquo;, &laquo;&nbsp;ce qui existe est ce qui est repr&eacute;sent&eacute;&nbsp;&raquo; (Gruber, 1993) et elles visent une d&eacute;finition formelle des concepts et de leurs relations. L&rsquo;ontologie informatique n&rsquo;entretient alors pas de rapport direct avec les objets qu&rsquo;elle d&eacute;crit&nbsp;: elle vise &agrave; figer un contexte disciplinaire par une approche syntaxique de la communication et de l&rsquo;&eacute;change d&rsquo;information. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Nous insistons donc sur le fait que les ontologies d&eacute;finissent les relations entre nos &eacute;nonc&eacute;s, et ne s&rsquo;occupent pas de l&rsquo;existence des objets. L</span><span>&rsquo;usage des termes que nous faisons est avant tout th&eacute;orique, en ceci que les termes dans nos ontologies sont des objets conceptuels visant &agrave; rendre compte de ce qu&rsquo;une th&eacute;orie dit qu&rsquo;&laquo;&nbsp;il-y-a&nbsp;&raquo; dans un domaine d&rsquo;objet, et non pas de l&rsquo;existence mat&eacute;rielle ni des propri&eacute;t&eacute;s &agrave; proprement parl&eacute; de l&rsquo;objet.</span></span>&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span>L&#39;aspect terminologique et interdisciplinaire des ontologies : normalisation s&eacute;mantique et usages</span></h2> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cependant, pour que cette relation soit efficiente il est n&eacute;cessaire de passer par la normalisation s&eacute;mantique n&eacute;cessaire de l&rsquo;ontologie, par la constitution d&rsquo;un corpus pour un domaine. C&rsquo;est apr&egrave;s la formation de ce corpus que l&rsquo;on va pouvoir appliquer cette normalisation &agrave; l&rsquo;usage et aux interpr&eacute;tations multiples du contexte interdisciplinaire. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>La difficult&eacute; de cette entreprise r&eacute;side dans le fait qu&rsquo;un corpus vise &agrave; &eacute;tablir des notions non-contextuelles comme r&eacute;f&eacute;rences&nbsp;: des notions dont on fixe et standardise la signification de mani&egrave;re &agrave; ce que toute interpr&eacute;tation ait &agrave; se conformer &agrave; celle-ci. Cependant, plus il y a de domaines &agrave; repr&eacute;senter, plus les notions augmentent en cons&eacute;quence. La recherche du sens d&rsquo;une notion est alors conditionn&eacute;e par un r&eacute;f&eacute;rent physique en la qualit&eacute; de l&rsquo;expert du domaine qui va &eacute;tablir quelles notions peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es comme &eacute;tant &agrave; la base d&rsquo;une construction terminologique.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Le texte &eacute;tant le support sur lequel va se fonder la repr&eacute;sentation graphique de l&rsquo;ontologie, il convient alors &eacute;galement d&rsquo;assurer l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; des informations qu&rsquo;il va fournir. On passe ici au traitement du corpus </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Le th&eacute;saurus d&rsquo;une terminologie - l&rsquo;ensemble de termes s&eacute;lectionn&eacute;s dans le champ lexical d&rsquo;un domaine de sp&eacute;cialit&eacute; - est essentiellement li&eacute; au support qui a permis de la construire, ainsi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;influence de son environnement</span> <span>(Poibeau, 2005) : </span></span></p> <blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>[&hellip;] La terminologie refl&egrave;te l&rsquo;organisation lexicale des &eacute;l&eacute;ments propres &agrave; la langue de sp&eacute;cialit&eacute; en question. [&hellip;] Comme il n&rsquo;existe pas deux textes (corpus) semblables, les termes et les relations entre les termes que l&rsquo;on peut extraire &agrave; partir d&rsquo;un corpus sont propres &agrave; ces textes (ou &agrave; ce corpus). Une terminologie est donc un objet intimement li&eacute; &agrave; sa source, au corpus et &agrave; &ndash; l&rsquo;extr&ecirc;me &ndash; &agrave; l&rsquo;application qui a permis de le constituer. </span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><span><span>Par cons&eacute;quent, si l&rsquo;on emploie les ontologies informatiques comme des bases terminologiques il convient donc de s&eacute;lectionner et restreindre le corpus &agrave; appliquer aux ontologies d&rsquo;un m&ecirc;me champ scientifique pour pr&eacute;ciser leur r&eacute;f&eacute;rence. C&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il est n&eacute;cessaire que le corpus textuel d&rsquo;une ontologie rel&egrave;ve du contexte scientifique auquel il fait r&eacute;f&eacute;rence. Un corpus destin&eacute; &agrave; la physique ne peut pas d&eacute;crire un contexte psychiatrique, quand bien m&ecirc;me ils pourraient partager des termes en commun.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Une connaissance m&eacute;dicale par exemple n&rsquo;a pas de signification m&eacute;dicale par et pour elle-m&ecirc;me (Charlet, Cordonnier, et Gibaud, 2002). C&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; n&rsquo;a de signification qu&rsquo;en vertu d&rsquo;un contexte o&ugrave; il est appliqu&eacute;. Une assertion comme &laquo;&nbsp;<i>Un seul patient est pass&eacute; au bloc op&eacute;ratoire</i>&nbsp;&raquo;, n&eacute;cessite tout un r&eacute;seau d&rsquo;informations et de compl&eacute;ments s&eacute;mantiques pour dispenser une signification.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour en clarifier la signification, il est alors n&eacute;cessaire d&rsquo;aligner les termes avec leurs d&eacute;finitions afin de pr&eacute;ciser l&rsquo;objet auquel ils r&eacute;f&egrave;rent. Pour permettre l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; s&eacute;mantique et l&rsquo;&eacute;change que favorise l&rsquo;interface humains-ontologies, il faut s&rsquo;assurer que la signification contextuelle d&rsquo;un terme s&rsquo;accorde avec celle du concept qui est repr&eacute;sent&eacute; textuellement dans l&rsquo;ontologie. Il est alors n&eacute;cessaire que la repr&eacute;sentation du terme &laquo;&nbsp;Patient&nbsp;&raquo; par un agent humain corresponde bien &agrave; sa repr&eacute;sentation en un concept cod&eacute; appel&eacute; &laquo;&nbsp;Patient(x)&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;ontologie informatique.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span lang="IT"><span>Les ontologies informatiques peuvent ainsi fonctionner sur des documents et du texte qu&rsquo;elles interpr&egrave;tent en donn&eacute;es. C&rsquo;est lors de l&rsquo;interpr&eacute;tation et de choix de ces textes que les ontologies informatiques vont &ecirc;tre au service de l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;.</span></span></p> <p align="center"><img alt="" height="193" src="https://www.numerev.com/img/ck_104_8_image8.png" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" width="322" /></p> <p align="center" style="text-align: center;"><span><span>Sch&eacute;ma adapt&eacute; de Nathalie Aussenac-Gilles, Anne Condamines (2004)</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>N. Aussenac-Gilles, A. Condamines (2004) rapportent comment les ressources termino-ontologiques (RTO) permettent de syst&eacute;matiser ces &eacute;changes interdisciplinaires au service de l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Ici, le Traitement Automatique des Langues (TAL) et les sciences de l&rsquo;information se joignent &agrave; l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances pour &laquo;&nbsp;fouiller&nbsp;&raquo; les textes et les analyser. La num&eacute;risation des donn&eacute;es pousse ainsi vers une interdisciplinarit&eacute; motiv&eacute;e par une recherche sur la pertinence des termes &agrave; mod&eacute;liser dans une ontologie. En ce sens, l&rsquo;ontologue, le linguiste, le terminologue et le documentaliste associent leur r&ocirc;le dans le cadre d&rsquo;&eacute;laboration des terminologies et des ontologies.</span></span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>Finalement les documents sont mod&eacute;lis&eacute;s sous une repr&eacute;sentation relationnelle des connaissances entre elles. Cette synergie entre les diff&eacute;rents acteurs et &eacute;tapes pour l&rsquo;&eacute;laboration des ressources permet alors de g&eacute;n&eacute;rer un circuit pour le traitement de l&rsquo;information.</span></p> <p class="Corps" style="text-align: justify;"><span>La base de documents permet &agrave; l&rsquo;utilisateur <b>(1)</b> via le TAL d&rsquo;interagir directement avec les corpus de texte et de mod&eacute;liser des repr&eacute;sentations relationnelles entre les connaissances <b>(2)</b>. Les RTO sont quant &agrave; elles trait&eacute;es par le TAL, qui peut alors retransmettre l&rsquo;information n&eacute;cessaire &agrave; l&rsquo;utilisateur <b>(3)</b> selon les documents s&eacute;lectionn&eacute;s.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Les ontologies pour &ecirc;tre op&eacute;rationnelles et assurer l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; s&eacute;mantique doivent suivre plusieurs protocoles qui appliquent les m&ecirc;mes normes (Aubin, 2016). Ces normes s&rsquo;appliquent &agrave; des formats, o&ugrave; il s&rsquo;agit d&rsquo;utiliser pour la gestion des donn&eacute;es les m&ecirc;mes standards comme par exemple XML et RDF. Ceux-ci vont nous servir &agrave; structurer les </span><span>&laquo;&nbsp;Terminologie de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire les</span><span> bases lexicales qui fournissent des d&eacute;finitions univoques des concepts cod&eacute;s pour un domaine de sp&eacute;cialit&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Il est donc n&eacute;cessaire de coder les termes et les mots d&rsquo;usages avec la m&ecirc;me source informatique afin de permettre &agrave; diff&eacute;rents syst&egrave;mes de se r&eacute;f&eacute;rer au m&ecirc;me terme lorsqu&rsquo;ils rencontrent la m&ecirc;me ressource num&eacute;rique. Pour cela on va faire usage de </span><span>&laquo;&nbsp;Jeux de valeurs&nbsp;&raquo;, un processus qui repr&eacute;sente les concepts et les associe &agrave; des &eacute;l&eacute;ments de donn&eacute;es correspondantes<b>. </b>Ainsi qu&rsquo;&agrave; des &laquo;&nbsp;alignements s&eacute;mantiques&nbsp;&raquo;&nbsp;o&ugrave; l&rsquo;on va &eacute;tablir une &eacute;quivalence entre les concepts de plusieurs terminologies de r&eacute;f&eacute;rences diff&eacute;rentes.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour r&eacute;sumer, les terminologies sont align&eacute;es entre elles, puis renvoy&eacute;es &agrave; des jeux de valeurs qui structurent les termes en donn&eacute;es. Ensuite lorsque le concept est cod&eacute;, une correspondance est alors &eacute;tablie entre le code, le terme, et la base terminologique dont il provient, cr&eacute;ant ainsi une correspondance entre eux pour permettre &agrave; l&rsquo;agent et &agrave; la machine d&rsquo;assurer une m&ecirc;me lecture d&rsquo;un terme. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cependant, d&rsquo;un expert &agrave; l&rsquo;autre du m&ecirc;me domaine une notion peut &ecirc;tre plus importante qu&rsquo;une autre. Par cons&eacute;quent, dans le cas d&rsquo;une recherche interdisciplinaire la t&acirc;che se complexifie grandement de par les multiples interpr&eacute;tations n&eacute;cessaires pour faire consensus. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>On peut n&eacute;anmoins mettre cette probl&eacute;matique en perspective de la notion d&rsquo;<i>usage </i>et de <i>genre </i>qu&rsquo;indiquent N. Aussenac-Gilles, A. Condamines (2004) pour classer et interpr&eacute;ter les RTO. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour la communication interdisciplinaire, on ne peut <em>a priori</em> pas concevoir une unique terminologie. Cependant, on peut faire le constat empirique qu&rsquo;il existe autant de RTO qu&rsquo;il y a de pratiques et de domaines de sp&eacute;cialit&eacute;. C&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il existe une pluralit&eacute; d&rsquo;acteurs et de param&egrave;tres qui peuvent rentrer en compte dans l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une terminologie&nbsp;: les textes, linguistes, experts, utilisations, utilisateurs, but vis&eacute;, logiciels ad&eacute;quats. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Pour rendre compte de cet aspect collectif de l&rsquo;organisation des RTO, on peut consid&eacute;rer qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas autant d&rsquo;interpr&eacute;tations et d&rsquo;usage que d&rsquo;acteurs, ce qui serait ind&eacute;nombrable, mais plus simplement des <i>genres </i>d&rsquo;<i>usage</i>.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>La notion de genre</span></b><span>&nbsp;: renvoie &agrave; une hypoth&egrave;se d&rsquo;appartenance &agrave; un m&ecirc;me groupe pour la cat&eacute;gorisation des textes. La dimension extra-linguistique intervient en ce que l&rsquo;on peut consid&eacute;rer le texte comme un m&eacute;dium entre une pratique et une conception. Le genre d&rsquo;un texte vise &agrave; aligner les occurrences langagi&egrave;res textuelles avec la dimension psychologique et extra-linguistique de la communication interdisciplinaire.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><b><span>La notion d&rsquo;usage</span></b><span>&nbsp;: renvoie quant &agrave; elle au caract&egrave;re <i>situ&eacute; </i>d&rsquo;une pratique ou d&rsquo;un texte. Elle permet &eacute;galement de sp&eacute;cifier la notion de genre en consid&eacute;rant la composante multi-pragmatique qui rentre en compte lorsque plusieurs disciplines envisagent de communiquer.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>La double consid&eacute;ration des notions de genre et d&rsquo;usage permettrait de mod&eacute;liser la dimension collective de la communication interdisciplinaire. Le genre permettant d&rsquo;inscrire l&rsquo;usage dans le cadre d&rsquo;une analyse du discours pour &eacute;tablir les textes ; et l&rsquo;usage d&rsquo;int&eacute;grer et classifier le genre des textes en inscrivant la recherche de normalisation s&eacute;mantique &agrave; partir des occurrences et de la pratique langagi&egrave;re. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>On peut ensuite consid&eacute;rer deux d&eacute;marches pour la normalisation d&rsquo;une terminologie (Aussenac-Gilles, 2005). La premi&egrave;re, appel&eacute;e <i>onomasiologique</i>, soit la signification &agrave; partir d&rsquo;une id&eacute;e, concept ou notion&nbsp;; est norm&eacute;e &agrave; partir d&rsquo;une conception monos&eacute;mique d&rsquo;une notion, c&rsquo;est-&agrave;-dire une relation id&eacute;alement univoque entre le terme et le concept. L&rsquo;onomasiologie est une partie de la lexicologie (&eacute;tude des mots), mais prenant pour primitive le concept, l&rsquo;id&eacute;e pour &eacute;tudier ensuite les mots qui s&rsquo;y raccrochent. Une telle id&eacute;alit&eacute; n&rsquo;existant <em>a priori</em> pas, il n&rsquo;y a pas d&rsquo;unique concept qui puisse subsumer l&rsquo;ensemble d&rsquo;un syst&egrave;me interdisciplinaire -si tel &eacute;tait le cas il n&rsquo;y aurait qu&rsquo;une discipline-, l&rsquo;approche que nous pr&eacute;conisons &agrave; partir de la r&eacute;currence des mots selon leurs usages dans un texte, semble capturer plus pertinemment le caract&egrave;re contextuel d&rsquo;une connaissance et sa d&eacute;finition.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cette approche terminologique est nomm&eacute;e <i>s&eacute;masiologique</i>, soit la signification &agrave; partir de l&rsquo;usage mot pour en d&eacute;finir le concept. Elle s&rsquo;adapte mieux au caract&egrave;re polys&eacute;mique de l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;, en ce qu&rsquo;elle consid&egrave;re d&rsquo;abord les ph&eacute;nom&egrave;nes linguistiques, et ensuite &eacute;tablit des normes &agrave; partir de l&rsquo;interpr&eacute;tation de l&rsquo;occurrence d&rsquo;un terme dans un contexte. Cette approche part des signes et de leurs agencements et variabilit&eacute; dans un corpus, pour ensuite tenter de d&eacute;limiter et d&eacute;finir le concept vers lequel ils tendent. Cette d&eacute;marche va se fonder &agrave; partir du format textuel pour fournir une repr&eacute;sentation des connaissances et des donn&eacute;es &agrave; l&rsquo;ontologie. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>En somme, en plus d&rsquo;une recherche &eacute;pist&eacute;mologique pour obtenir une homog&eacute;n&eacute;it&eacute; entre les termes et significations pour favoriser le dialogue, il est n&eacute;cessaire &eacute;galement d&rsquo;orienter la m&eacute;thode vers une normalisation et op&eacute;rationnalisation des pratiques. Sur la base d&rsquo;une informatisation de la r&eacute;currence de l&rsquo;usage des mots, on peut esp&eacute;rer ainsi figer un contexte en ce que, la cartographie informatique des discours que va fournir l&rsquo;ontologie, va permettre une certaine repr&eacute;sentation des pratiques langagi&egrave;res d&rsquo;une discipline qui pourra par suite &ecirc;tre conventionnelle. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>On peut observer concr&egrave;tement avec le besoin de cette standardisation informatique, la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une pragmatique vis-&agrave;-vis de l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie contextualiste que nous avons pr&eacute;sent&eacute;e&nbsp;: en ceci qu&rsquo;il semble qu&rsquo;on ne puisse rendre compte d&rsquo;un ph&eacute;nom&egrave;ne multi-contextuel qu&rsquo;en le faisant converger vers une pratique unique. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>R&eacute;siste cependant une probl&eacute;matique de taille&nbsp;: celle des primitives qui semblent ne pouvoir &ecirc;tre d&eacute;finie qu&rsquo;arbitrairement. Autrement dit, tout le processus de normalisation et d&rsquo;op&eacute;rationnalisation des ontologies informatiques est une p&eacute;tition de principe en ce que, pour accorder conventionnellement les pratiques entre elles, nous faut-il &agrave; l&rsquo;origine de l&rsquo;entreprise, conventionnellement d&eacute;finir ces pratiques. </span></span></p> <h2 style="text-align: justify;">Conclusion : remarques, instrumentalisme et op&eacute;rationnalisation des ontologies</h2> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cette recherche de standardisation des pratiques, vise ici &agrave; repr&eacute;senter les connaissances et la s&eacute;mantique humaine de mani&egrave;re formelle. Cette m&eacute;thode nous permet ainsi d&rsquo;expliciter les contextes d&rsquo;usages des notions ainsi que la structure syntaxique des &eacute;nonc&eacute;s de diff&eacute;rents domaines, facilitant l&rsquo;alignement des notions entre elles avec leurs termes correspondant et favorisant les consensus. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Mais il nous faut remarquer une certaine circularit&eacute; dans la recherche de la communication interdisciplinaire&nbsp;: comme nous l&rsquo;avons vu pour la normalisation s&eacute;mantique, pour faire communiquer diff&eacute;rentes disciplines entre elles, l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; est n&eacute;cessaire. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cette p&eacute;tition de principe remet alors en cause le paradigme r&eacute;f&eacute;rentiel. Etant donn&eacute; la multiplicit&eacute; des domaines et qu&rsquo;aucun ne prime ou n&rsquo;a d&rsquo;autorit&eacute; <em>a priori</em> sur l&rsquo;ensemble des autres, on ne peut alors consid&eacute;rer <i>un </i>mod&egrave;le s&eacute;mantique ou pratique sur lequel baser la repr&eacute;sentation et l&rsquo;alignement des connaissances.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Selon l&rsquo;approche instrumentaliste de G. Declerck et J. Charlet (2014) c&rsquo;est ici&nbsp; l&rsquo;aspect sp&eacute;cifiquement technique, utilisable et performant des ontologies qui doit &ecirc;tre au service d&rsquo;un <i>accommodement</i> de la science et des ph&eacute;nom&egrave;nes&nbsp;: servir &agrave; faciliter la t&acirc;che des acteurs pour laquelle ils utilisent les ontologies.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Les ontologies informatiques servent avant tout d&rsquo;outils fonctionnels et non de mod&egrave;les exacts de la r&eacute;alit&eacute; et de la s&eacute;mantique. C&rsquo;est-&agrave;-dire que les ontologies informatiques sont d&rsquo;abord des outils permettant de rendre op&eacute;rationnelle et effective la normalisation des &eacute;changes et pratiques, et non de repr&eacute;senter ou servir de t&eacute;moin du sens v&eacute;ritable ou du statut &eacute;pist&eacute;mologique d&rsquo;une notion ou d&rsquo;un domaine de sp&eacute;cialit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;La carte n&rsquo;est pas le territoire&nbsp;qu&rsquo;elle repr&eacute;sente &raquo;. Les ontologies ne peuvent rendre compte des nuances et implicites du langage naturel. Par cons&eacute;quent, leur emploi n&rsquo;a pour but que de nous orienter dans le caract&egrave;re complexe (toujours au sens de E. Morin) de l&rsquo;organisation de la ou des sciences entre elles et de leurs dialogues.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cette conception des ontologies s&rsquo;inscrit dans l&rsquo;optique d&rsquo;augmenter l&rsquo;exercice de la pens&eacute;e humaine pour d&eacute;passer ses limites cognitives (m&eacute;morielles, calculatoires, etc.), en mettant en relation les faits observables et en int&eacute;grant les donn&eacute;es correspondantes gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances. Les ontologies informatiques sont alors &agrave; consid&eacute;rer comme des <i>supports cognitifs</i> qui accompagnent l&rsquo;activit&eacute; intellectuelle des acteurs.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>De cette fa&ccedil;on, l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; s&eacute;mantique peut &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute;e par les ontologies informatiques si l&rsquo;on met en &oelig;uvre leurs capacit&eacute;s propres &agrave; l&rsquo;ing&eacute;nierie&nbsp;:</span></span></p> <ol> <li style="text-align: justify;"><span>Employer ces derni&egrave;res comme <i>outils d&rsquo;interface</i> <i>s&eacute;mantique</i> entre acteurs et terminologies, en r&eacute;sorbant l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; s&eacute;mantique et en alignant termes et donn&eacute;es. L&rsquo;ontologie fait office ici de &laquo;&nbsp;pivot&nbsp;&raquo; entre le langage naturel et les donn&eacute;es informatiques.</span></li> <li style="text-align: justify;"><span>Normaliser les syst&egrave;mes terminologiques entre eux en les faisant communiquer. On peut employer une ontologie comme <i>outil d&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; </i>visant &agrave; connecter les terminologies entre elles pour, &agrave; court/long terme, les subsumer en une unique terminologie homog&egrave;ne.</span></li> </ol> <p style="text-align: justify;"><span><span>Ainsi, au mod&egrave;le r&eacute;f&eacute;rentiel s&eacute;mantique des terminologies o&ugrave; celles-ci servent &agrave; mettre en place les consensus entre les termes et les choses du domaine auxquels ils sont associ&eacute;s, les ontologies informatiques se proposent de substituer un &laquo;&nbsp;r&eacute;f&eacute;rentialisme instrumental&nbsp;&raquo;. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>C&rsquo;est-&agrave;-dire que les ontologies permettent de servir de &laquo;&nbsp;plateformes&nbsp;&raquo; &agrave; partir desquelles les th&eacute;ories et activit&eacute;s scientifiques peuvent se r&eacute;f&eacute;rer pour normaliser leurs pratiques, sans pour autant interf&eacute;rer dans les principes qui seraient &agrave; suivre id&eacute;alement ou inf&eacute;rer sur le r&eacute;alisme pr&eacute;suppos&eacute; d&rsquo;un domaine. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span><span>Cette position instrumentale des ontologies permet ainsi de consid&eacute;rer ces artefacts informatiques comme autant d&rsquo;outils dont l&rsquo;op&eacute;rationnalisation et l&rsquo;efficience servent de t&eacute;moin et de r&eacute;f&eacute;rent pour la construction des connaissances d&rsquo;un ou plusieurs domaines. Les ontologies permettent de faire communiquer sinon les sciences ensemble, du moins les acteurs entre eux &agrave; propos des possibles confusions s&eacute;mantiques, et ainsi clarifier le d&eacute;bat scientifique. On peut d&egrave;s lors esp&eacute;rer des ontologies informatiques que, plus celles-ci sont interop&eacute;rables plus on peut alors se fier aux m&eacute;thodes et donn&eacute;es homog&eacute;n&eacute;is&eacute;es qu&rsquo;elles retransmettent.</span></span></p> <h2 style="text-align: justify;">Remerciements</h2> <p style="text-align: justify;"><span><span>Nous remercions vivement Jacques Hilbey, ing&eacute;nieur d&rsquo;&eacute;tudes au LIMICS/INSERM pour ses remarques et relectures attentives.</span></span></p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p><span style="color: #333333;">Arp,R., Smith, B., &amp; Spear, A.D. (2015). Building Ontologies with Basic Formal Ontology, <em>The MIT Press</em>, Cambridge, Massachussetts.</span></p> <p><span><span>Aubain, D. (2016).&nbsp;<i>Les r&eacute;f&eacute;rentiels s&eacute;mantiques dans l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; des syst&egrave;mes d&rsquo;information de sant&eacute;</i>, avril 2016</span></span></p> <p><span><span>Aussenac-Gilles, N., &amp; Condamines, A. (2004).&nbsp;Documents &eacute;lectroniques et constitution de ressources terminologiques ou ontologies,<em> Information-Interaction-Intelligence</em>, Vol.4, n.1.</span></span></p> <p><span><span>Barton, <span>A. (2016).&nbsp;</span>Ontologies appliqu&eacute;es biom&eacute;dicales et ontologie philosophique&nbsp;: un d&eacute;veloppement compl&eacute;mentaire. &laquo;&nbsp;Une solution au probl&egrave;me de Babel&nbsp;: les ontologies appliqu&eacute;es.&nbsp;&raquo; <em>Revue de la soci&eacute;t&eacute; de philosophie des Sciences</em>, Vol.3, n.1.</span></span></p> <p><span><span>Bachimont, B. (2001).&nbsp;Mod&eacute;lisation linguistique et mod&eacute;lisation logique des ontologies : l&#39;apport de l&#39;ontologie formelle<i>.</i>&nbsp;In <em>Actes de la conf&eacute;rence &laquo; IC&#39;2001 &raquo;</em>, Grenoble.</span></span></p> <p><span><span>Bachimont, B.(2000).<i>&nbsp;</i>Engagement s&eacute;mantique et engagement ontologique&nbsp;: conception et r&eacute;alisation d&rsquo;ontologies en Ing&eacute;nierie des connaissances</span><span>, <em>Revue Ing&eacute;nierie des connaissances : &eacute;volutions r&eacute;centes et nouveaux d&eacute;fis</em>, 2000/4</span></span></p> <p><span><span lang="EN-US"><span>Berners-Lee, T. Hendler, J., &amp; Lassila, O. (2001).&nbsp;The Semantic Web, <em>Scientific American</em>. </span></span><span>Livre digital. [En Ligne]&nbsp;</span></span><span><span><a href="http://www.sciam.com/article.cfm?articleID=00048144-10D2-1C70-84A9809EC588EF21">http://www.sciam.com/article.cfm?articleID=00048144-10D2-1C70-84A9809EC588EF21</a></span></span></p> <p><span><span>Charlet, J., Cordonnier, E., &amp; Gibaud<i>,</i>&nbsp;B. (2002). Interop&eacute;rabilit&eacute; en m&eacute;decine&nbsp;: quand le contenu interroge le contenant et l&rsquo;organisation. <em>Information-Interaction-Intelligenc</em>e, Vol.2 n.2.</span></span></p> <p><span><span>Declerck, G., Baneyx, A., Aim&eacute;, X., &amp; Charlet, J. (2014).&nbsp;Les ontologies fondationnelles peuvent-elles d&eacute;babeliser le Web&nbsp;?<i> </i><em>Revue d&rsquo;intelligence artificielle</em> &ndash; n&deg; 2-3/2014, 191-216.</span></span></p> <p><span><span><span>Declerck, G., &amp; Charlet, J. (2014).</span></span></span><span><span>&nbsp;Pourquoi notre s&eacute;mantique na&iuml;ve n&rsquo;est pas formalisable et pourquoi c&rsquo;est (presque) sans cons&eacute;quence sur l&rsquo;ing&eacute;nierie ontologique, <em>Intellectica</em>, 2014/1, 61, pp.</span></span></p> <p><span><span lang="EN-US"><span>Euzenat, J., &amp; Shvaiko, P. (</span></span><span>2013). <i>Ontology matching</i>, Springer-Verlag, 978-3-642-38720-3</span></span></p> <p><span><span>Frege, G. (1971).&nbsp;<i>Sens et D&eacute;notation</i>, 1892 in <i>Ecrits logiques et philosophiques</i>, trad. C. Imbert, Seuil, Paris, 1971</span></span></p> <p><span><span lang="EN-US"><span>Genesereth <span>M. R., &amp;</span>&nbsp;Nilsson,&nbsp;<span>N. J. (1987).&nbsp;</span><i>Logical Foundations of Artificial Intelligence</i>. Morgan Kaufmann, Los Altos, CA.</span></span></span></p> <p><span><span lang="EN-US"><span>Guarino, N.,&nbsp; Staab, S., &amp; Oberle, D. (2009).&nbsp;What Is an Ontology?, <em>Handbook on Ontologies</em>, pp.1-17.</span></span></span></p> <p><span><span>Ogden, <span>C.K., &amp;&nbsp;</span>Richards, <span>I.A. (1923).&nbsp;</span><i>The Meaning of Meaning</i>, A Harvest Book, Harcort, Brace&amp;World, Inc. New York.</span></span></p> <p><span><span>Pierce, C.S. (1978).&nbsp;<i>Ecrits sur le signe</i>, &laquo;&nbsp;Editions du Seuil&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p><span><span>Poibeau, T. (2005).&nbsp;<i>Parcours interpr&eacute;tatifs et terminologie</i>. pp.12. ffhal-00005508f</span></span></p> <p><span><span>Quine, <span>W.V.O. (1969).&nbsp;</span><i>Relativit&eacute; de l&rsquo;ontologie</i>, Paris, Aubier-Montaigne.</span></span></p> <p><span><span><span>Quine, <span>W.V.O. (1977).</span></span> <i>Le Mot et la Chose</i>, &eacute;ditions Flammarion.</span></span></p> <p><span><span lang="EN-US"><span><span>Quine, <span>W.V.O. (1948).</span></span><i>On What There Is</i>. Review of Metaphysics Harvard University Press.</span></span></span></p> <p><span><span>R&eacute;canati, <span>F. (1948).&nbsp;</span><i>La polys&eacute;mie contre le fixisme</i>. In: Langue fran&ccedil;aise, n&deg;113, 1997. Aux sources de la polys&eacute;mie nominale.</span></span></p> <p><span style="color: #333333;">Sowa, J. F. (1999).&nbsp;<i>Knowledge representation: Logical, philosophical and computational foundations.</i> Brooks Cole Publishing Co.: Pacific Grove, CA USA.&nbsp;</span></p> <p><span style="color: #333333;">Uschold, M., &amp; Gruninger, M. (1996). Ontologies: Principles, Methods and Applications, <em>Knowledge Engineering Review</em>, vol.11, n&deg;2.</span></p> <p><span><span>Wittgenstein, L. (2006).&nbsp;<i>Tractatus logico-philosophicus. </i>Gallimard. </span></span>&nbsp;</p> <p><span><b><span>Th&egrave;ses&nbsp;: </span></b></span></p> <p><span><span>David R.L. Zarebski, (2018).&nbsp;<i>Ontologie Naturalis&eacute;e et Ing&eacute;nierie des Connaissances</i>, 27 septembre 2018</span></span></p> <p><span><b><span>HDR&nbsp;:</span></b></span></p> <p><span><span>Nathalie Aussenac-Gilles, (2005).&nbsp;<i>M&eacute;thodes ascendantes pour l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances</i>, HDR, Universit&eacute; Paul Sabatier &ndash; Toulouse III, 1<sup>e</sup> d&eacute;cembre 2005</span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div style="clear: both; float: none; display: block; visibility: hidden; width: 0px; font-size: 0px; line-height: 0;">&nbsp;</div>