<h1 class="western">I. Présentation synthétique du contexte problématique nous ayant amené à concevoir la praxis intelligence résoactive</h1> Nos sociétés font actuellement face au « plus grand défi de l'histoire de l’humanité » (Barrau, 2020), qui est la question de sa survie dans un monde dont la biodiversité s’effondre (Fargas, 2019). Les forces à l’&oelig;uvre dans ce processus de destruction programmée des conditions d’habitabilité de la Terre proviennent de systèmes « thermo-industriels » dont l’activité est en inadéquation fondamentale avec la réalité écologique (Servigne et Stevens, 2015). Elle constitue pour l’astrophysicien et militant écologique Aurélien Barrau (2021) la première « extermination délibérée de masse », qui est « éminemment comprise, réfléchie et préméditée, et qui pourtant ne fait pas la une des journaux ». Notre système (économique mais aussi axiologique) est ainsi selon ce chercheur-citoyen en guerre totale contre la vie, et nous sommes en train de la gagner (id.). Cette question – éminemment politique – est pourtant grandement éludée par des forces dominantes en acte qui profitent de leur puissance médiatique pour véhiculer dans l’espace public et dans les discours politiques des mots et expressions à l’égard de l’écologie aux signifiants creux (comme le développement durable, la transition écologique ou les énergies renouvelables) afin d’engager nos sociétés dans une voie intenable sur le long-terme, mais très profitable à court-terme. Au lieu de mettre en avant des analyses systémiques de fond et des mots précis renvoyant clairement aux causes systémiques de ce phénomène délétère pour le vivant, ces forces économiques, politiques et médiatiques détournent l’attention du public des causes fondamentales de ces problèmes inter-reliés, manipulent la connaissance ou bien alimentent un « relativisme généralisé » (Klein, 2019) au profit d’une représentation du monde préservant un statu quo mortifère et aliénant pour les classes populaires / laborieuses (Accardo, 2017 ; Halimi, 1997 ; Framont et Derkaoui, 2021). Ainsi, Ces discours monopolisant l’espace médiatique ne permettent pas de penser efficacement – en se basant sur les lois physiques et sur les régularités mises en évidence en sociologie et psychologie sociale – le champ de forces (et par extension le conflit) au sein des territoires. Se généralisent donc des pensées « bêtes » et des comportements médiocratiques (Deneault, 2015) incapables d’inventer des futurs durables pour le vivant tel que nous le connaissons. Ces forces conditionnant le débat public font donc passer pour secondaire le risque existentiel direct du vivant, en prônant une logique de croissance économique exponentielle dans un monde de plus en plus énergétiquement limité, qui induit un régime d’instabilité (i.e., de « crash ») en sacralisant la « liberté suicidaire » de nos sociétés soiïstes (Barrau, 2021 ; Beauvois, 2005). Pour tenter de contrecarrer ces stratégies menaçant directement l’avenir de nos sociétés et du vivant dont elles dépendent pour leur évolution pérenne, nous avons conçu une méthode d’intelligence économique territoriale centrée sur la capacitation de collectifs citoyens &oelig;uvrant en réseau de pair-à-pair pour développer des stratégies de renseignement offensif et défensif. Cette méthode (nommée intelligence résoactive) vise à augmenter continuellement la puissance d’agir en réseau ouvert et distribué afin d’imaginer puis de mettre en &oelig;uvre des stratégies créatives adaptées aux contextes locaux. Ces stratégies visent à identifier, à déconstruire (via une analyse systémique alimentée par une culture de l’intelligence stratégique), à dénoncer publiquement les stratégies d’enclosure et de stérilisation de la pensée et de l’imaginaire pour mieux les désamorcer. Elles permettent enfin à prendre de court ces forces antagonistes en inventant sans cesse de nouvelles manières de faire société durablement dans un monde qui s’effondre. II. Présentation de l’intelligence résoactive II.1. Définition synthétique de la résoaction La résoaction est une méthode de recherche-action citoyenne ancrée dans le paradigme de l’écologie sociale (Bookchin, 1995), de l’économie des communs (Ostrom, 1990) et du design autonome pluriversel (Escobar, 2018). Ce terme est un néologisme fusionnant les mots – et leurs sens respectifs – rêve, raisonnement, réseau, régénération, résonance et action. La résoaction renvoie ainsi pour une organisation territoriale, au fait de rêver (d’imaginer et de se projeter dans un horizon jugé meilleur que le présent), de raisonner et d’agir en réseau ouvert et distribué de pair-à-pair, dans le but de régénérer les biotopes (dont elle dépend pour son évolution pérenne) et de développer, protéger et valoriser des cultures locales dont une différenciation croissante augmente la résilience sociale (selon Giraud, 2016 ; Mang et al., 2016 ; Alexander, 1979). Ce processus auto-émergent de différenciation culturelle vise à renforcer les capacités imaginatives, qui sont nécessaires à l’exploration du futur et à l’émancipation pour la transformation sociale. Le métissage culturel (reposant entre autres sur une hybridation des savoirs) facilite la créolisation du réel (Grataloup, 2011 ; Glissant in Bertelli, 2002). Il nous semble donc essentiel que les habitants des territoires développent à la fois leur individualité et leur citoyenneté au travers d’actions politiques quotidiennes en réseau visant à inventer des futurs salutogènes (supportant la santé écologique et sociale) pour leurs espaces de vie. Pour ce faire, ces « résoacteurs » doivent apprendre à identifier, à nommer clairement et précisément, puis à résoudre ou appréhender des problèmes (compliqués et complexes) se posant au sein des territoires. C’est ce qui leur permpettra d’inventer ensemble des futurs désirables et soutenables pour le vivant en leur sein et ne pas être en simple position de réaction et de résistance (ces deux postures pouvant induire une dispersion énergétique et, à terme, un épuisement empêchant toute transformation du champ social). Le moyen d’y parvenir selon nous est de promouvoir, au sein de ces communautés locales, l’apprentissage d’une « littéracie systémique », qui repose sur la connaissance et la maîtrise d’une pensée à la fois logico-analytique (pour résoudre des problèmes compliqués nécessitant des solutions) et complexe (pour appréhender des problèmes complexes nécessitant la mise en &oelig;uvre d’une stratégie d’évolution). Pour supporter cette littéracie, la résoaction fait donc dialoguer harmonieusement pensée logico-analytique et pensée narrative<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a> (cette dernière étant essentielle pour imaginer et explorer des voies futures désirables, et pour imaginer et mettre en &oelig;uvre des stratégies pour l’évolution vers ces voies au sein des territoires). Sur la base de ce paradigme culturel, nous avons développé la praxis intelligence résoactive. <h2 align="justify" class="western">II.2. Définition de l’intelligence résoactive</h2> L’intelligence résoactive constitue une praxis pour l’intégrité et la pérennité régénérative des territoires. Ainsi, les communautés engagées dans cette démarche mobilisent une culture de l’intelligence économique territoriale (grâce à un dispositif sociotechnique d’information-communication<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a> conçu à cet effet), en poursuivant des missions de veille, d’influence, de sécurité économique et de gestion des connaissances, des savoirs et des ignorances conscientisées. Le savoir renvoie ici à un sens éducatif populaire : ce que l’on a compris et travaillé personnellement. L’intelligence résoactive distingue et appréhende trois types de forces menaçant directement le vivant tel que nous le connaissons : les forces écocidaires, sociocidaires et senscidaires. L’adjectif écocidaire renvoie dans notre analyse à ce qui appauvrit, dégrade voire détruit l’écosystème naturel. Sociocidaire renvoie à ce qui appauvrit, dégrade voire détruit les structures sociales de solidarité (de mutualisation et redistribution équitable des richesses produites dans le champ social) induisant une dissociété<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a> (Généreux, 2017) voire, à terme, un effondrement du champ social. Senscidaire renvoie à ce qui appauvrit, dégrade voire détruit le sens (entendu dans ses dimensions conceptuelle-intelligibilité, perceptuelle-sensibilité et directionnelle). Les communautés locales engagées dans un processus d’intelligence résoactive s’interrogent de façon critique et complexe, et travaillent de façon radicale sur la structure politique (i.e., ce qui cadre le vivre ensemble et la pratique du pouvoir) en poursuivant une logique de distribution maximale de celui-ci pour augmenter les chances des territoires d’inventer leurs propres futurs soutenables pour le vivant habitant en leur sein. Ces organisations sociales épistémiques et de pratiques élaborent ainsi du savoir scientifique et délivrent aux habitants des territoires des informations stratégiques leur permettant d’effectuer les choix les plus éclairés pour leur avenir, en lien avec l’effondrement écologique et de notre civilisation thermo-industrielle. Les débats publics sont quant à eux alimentés par le savoir scientifique co-élaboré par ces communautés locales &oelig;uvrant en synergie en partageant systématiquement leurs savoirs élaborés en leur sein. Enfin, l’imaginaire des populations locales (sur lequel repose leur capacité à se projeter, i.e., à progresser et à s’émanciper) est stimulé par l’élaboration et la valorisation d’&oelig;uvres artistiques encodant en leur sein ces savoirs utiles à la transformation sociale dans la complexité. Appliqués à des communautés locales engagées dans un processus de résoaction, les objectifs fondamentaux de l’intelligence économique sont les suivants : 1) Maîtriser les savoirs (penser et faire) afin d’alimenter la dynamique d’hybridation, de transcendance puis de maîtrise dans le but de stimuler la capacité évolutive et transformationnelle de l’organisation et de son cadre sociétal délimitant, structurant et définissant la « normalité » du territoire. Cette maîtrise passe pas la création de dispositifs d’échange de connaissances et de savoirs entre les acteurs et les communautés locales afin de faciliter le développement d’un réseau d’intelligence collective résoactive. 2) Identifier et appréhender les menaces et les opportunités à l’égard des territoires, via une veille sur l’environnement local et global afin d’alimenter une dynamique culturelle logomythique (la compréhension du réel alimentant la dynamique de rêve, i.e., d’imagination créative pour l’évolution de l’organisation). Cette compréhension nécessite : a) D’effectuer régulièrement un diagnostic des ressources propres du territoire (naturelles, culturelles,…), de ses facteurs clés de succès concernant sa régénération biotopique et sa diversification culturelle, et de ses facteurs critiques d’échec en tant que système régénérateur ; et b) De veiller constamment (via un DISTIC efficace et efficient adapté aux contraintes locales) sur l’émergence et l’évolution de forces agissant au sein du territoire et de son environnement d’évolution pour préserver son intégrité écologique et culturelle. 3) S’allier et se coordonner (entre résoacteurs) en partageant régulièrement des idées, des informations stratégiques, des connaissances, des savoirs et des ignorances conscientisées, afin d'alimenter une synergie créative au service de la transformation sociale. Cela nécessite de maîtriser les réseaux internes et externes (membres de la communauté et communautés de soutien supportant son développement) et les initiatives culturelles afin de faciliter leur collaboration synergique dans l’évolution de l’organisation et de son territoire d'ancrage. Cette coordination mobilise : a) La recherche systématique d’alliances, de convergences et de complémentarités mutuellement bénéficiaires (en fonction des apports et besoins de chacun) entre les acteurs du commun et le monde de la recherche sur la base d’une recherche citoyenne ancrée dans la science ouverte citoyenne ; et b) La formation des citoyens à la démarche de recherche (fondamentale, appliquée et action), d’imaginierie et d’intelligence résoactive par l’éducation populaire pour faciliter la constitution de communautés créatives apprenantes en réseau distribué de pair-à-pair &oelig;uvrant au service des communs de résoaction<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a>. 4) Développer une image de marque propre à chaque organisation locale résoactive, puis protéger et valoriser celle-ci pour inspirer les habitants et les autres territoires à soutenir ces organisations, et à s’engager dans la protection et la valorisation de leurs actions, voire à devenir eux-même de nouveaux n&oelig;uds de ce réseau d’intelligence collective citoyenne ouvert et distribué. Ce processus culturel permet d’influencer l’environnement social en diffusant ses savoirs et ses &oelig;uvres culturelles afin de développer l’aura de l’organisation (et de sa marque<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a>) et encourager les acteurs du territoire au sein duquel elles évoluent à les soutenir dans leur stratégie de développement, de protection et de valorisation de communs de résoaction. Par exemple, contribuer librement à enrichir les savoirs, remixer les &oelig;uvres pour nourrir la créativité du territoire (et sa différenciation culturelle) ou protéger ces savoirs et ces &oelig;uvres contre d’éventuelles stratégies d’enclosure. Ce processus mobilise l’organisation d’un dispositif d’influence et de valorisation de l’image du territoire (en tant que commun) afin d’inspirer les autres territoires à s’engager dans la même voie de différenciation en ce qui concerne la diversification culturelle et la régénération biotopique ; 5) Veiller sur l’environnement (écologique, social, technique et juridique) pour préserver l’intégrité<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a> du territoire : Via la mise en place d’un dispositif territorial de veille anticipative, et la mutualisation des informations blanches (publiques) et grises (élaborées et détenues dans des réseaux spécifiques) au service des citoyens engagés pour le commun et le développement régénératif de leur territoire, et ainsi empêcher la dégradation voire la destruction de son intégrité (physique et culturelle). Ce processus mobilise une veille active à l’égard des signaux faibles concernant : a) La colonisation du territoire par des systèmes et forces écocidaires, sociocidaires et senscidaires ; et b) Des tentatives d’enclosure des communs du territoire (ressources naturelles, langues, &oelig;uvres culturelles,…). L’intelligence économique est au c&oelig;ur du processus de résoaction. Elle est centrée sur l’augmentation de la puissance d’agir d’organisations locales engagées dans l’appréhension créative, rigoureuse et méthodique de l’effondrement écologique. Elle est orientée non pas sur la compétition mais sur la coopération synergique dans une perspective de régénération des biotopes locaux et de cultures singulières stratégiquement diversifiées. Elle facilite de ce fait l’intelligence collective par le biais d’une coordination efficace et efficiente entre la mémoire, l’analyse, le réseau et la sécurité économique (qui renvoie ici à une protection de l’intégrité et de la pérennité des savoirs communs et des &oelig;uvres culturelles élaborés au sein de ces organisations, ainsi qu’aux infrastructures techniques les supportant). Les missions soutenues par ce processus d’intelligence économique sont le développement, la protection et la transmission efficace et efficiente (via un critère de sobriété énergétique) des savoirs et, plus globalement, de cultures locales. La communication, qui constitue une composante essentielle à la bonne mise en &oelig;uvre de stratégies d’intelligence économique, facilite la transformation de l’information recueillie, récoltée et transmise au sein de ces organisations locales en savoir opportunisant. Par opportunisant, nous signifions qui permet la génération d'opportunités créatives par le biais de problèmes identifiés ou générés stratégiquement (en formalisant des questions claires et précises induisant une recherche de réponses). L’intelligence résoactive repose ainsi sur la capitalisation, par des communautés auto-organisées, de savoirs communs (autogérés et dont l’accès et l’utilisation est garanti à tous leurs membres) afin d’enrichir la dynamique d'évolution de ces organisations locales sur une base résoactive. Ce processus collaboratif ouvert et distribué de pair-à-pair stimule ainsi la dynamique d’intelligence stratégique au sein de ces communautés via la facilitation de l’émergence d’ignorances conscientisées et formalisées sous forme de questions appelant des réponses. Les communautés engagées dans un processus d’intelligence résoactive développent, protègent et promeuvent ce que nous nommons des « communs de résoaction ». Ceux-ci sont un paradigme économique ancré dans : a) Les Communs (Ostrom, 1990) : Comme ressources auto-gérées par des communautés sur la base d’une charte définissant et délimitant normativement un « faisceau de droit » pour leur accès et utilisation équitable, leur intégrité et leur pérennité ; b) Les Communs de capabilités (Maurel basé sur Mercier, 2017 basé sur Fontaine, 2016 basée sur Stiegler, 2012 et Sen, 1992) : Communs imaginés et conçus pour capaciter les individus et les collectifs les utilisant ; en d’autres termes, faciliter chez ces individus et collectifs l’acquisition, le développement et la pratique de savoir-être-devenir (Verrier, 2017), de savoir-vivre, de savoir-penser (conceptualiser et chercher puis tester des relations de causalités ou à minima des corrélations pertinentes) et de savoir-faire (exercer des qualifications et inventer son travail pour enrichir ou transformer le réel tout en se développant en tant qu’individu et sujet politique) ; et c) Les Communs de participation (Fraser, 2015) : Communs garantissant une participation équitable (juste) au processus démocratique (exercice de la participation citoyenne pour la vie démocratique dans un but d’autodétermination). L’intelligence résoactive induit le développement d'instruments de gestion efficace et efficiente de l’information, des connaissances, des savoirs et des ignorances qui facilitent l’expression claire et résonante des espoirs et des angoisses des membres des communautés engagées dans ce processus à l’égard de leur avenir. Reliée à l’ensemble de ces acteurs, la mémoire (qui enquête à l’intérieur du patrimoine informationnel d’une organisation) permet de détecter les menaces et les opportunités qui concernent la communauté grâce à ses propres capacités. L’influence renvoie, dans le cadre du processus résoactif, au processus de communication (interne et externe) de l’organisation afin de modifier son environnement culturel pour qu’il soit plus en phase avec son objectif global ancré dans sa raison d’être. Cette raison d’être est le développement, la protection et la promotion de communs de résoaction. Ce travail d’influence du territoire peut ainsi, par exemple, être centré sur la facilitation de l’adoption par les acteurs habitant cet espace d’un nouveau modèle de pensée ou de comportement en lien avec la régénération biotopique ou la diversification culturelle. L’intelligence résoactive constitue, de fait, un acte fondamental de souveraineté pour des communautés locales engagées dans une stratégie de développement régénératif au service de leur autodétermination dans la complexité. Cette souveraineté repose, dans le cadre de la résoaction, sur deux maîtrises fondamentales. Premièrement, elle repose sur la maîtrise de l’intelligence collective des organisations pour leur gestion efficace et efficiente des informations, des connaissances, des savoirs et des ignorances afin de supporter, stimuler et renforcer leur analyse, leur décision et leur action éclairée par la mise en &oelig;uvre de stratégies d’évolution leur permettant d’appréhender continuellement des problèmes complexes. La maîtrise renvoie, dans le cadre de l’intelligence résoactive, à la coordination efficace et efficiente des fonctions de mémoire, d’analyse et de réseau des communautés engagées dans ce processus. Cette maîtrise coordonne ainsi ces différentes fonctions complémentaires dans une perspective synergique pour alimenter une intelligence collective au service d’un développement organisationnel régénératif. Elle permet ainsi d’améliorer à la fois les capacités d’adaptation, d’innovation (i.e., d’influence) et de collaboration de ces organisations avec les autres organisations locales engagées dans ce même processus résoactif. Deuxièmement, elle repose sur la maîtrise de l’art de faire émerger au sein de ces organisations locales une intelligence collective géniale (échappant à la logique de calcul, dont la trajectoire est imprédictible), glocale, inventive et régénérative ; en d’autres termes, une intelligence « glocagénitive » régénérant les biotopes et différenciant des cultures locales singulières pour augmenter la résilience de ces systèmes sociaux dans la complexité. Grâce à la pratique de l’intelligence économique, les informations stratégiques servant le processus résoactif sont efficacement identifiées et reliées entre elles par les communautés résoactives afin de construire des connaissances qui, une fois reliées au champ social et aux problématiques que ses acteurs rencontrent, se transforment en savoirs utiles à la résoaction. L’intelligence inventive, qui combine et fait dialoguer l’intelligence économique et la pensée créative au service de l’invention et de l’innovation, facilite avec l’imaginierie la transformation de l’intelligence collective de ces organisations locales en intelligence glocagénitive. L’intelligence résoactive mobilise ainsi en son c&oelig;ur des « stratégies-réseau ». Ces stratégies s’ancrent dans l’analyse de Marcon et Moinet (2000, p.7), qui soutiennent que l’avenir est à construire et non à prévoir, et que par conséquence les ressources sur lesquelles nous le construirons sont à imaginer. Les clés de notre succès ne sont, de ce fait, pas dans les ressources aujourd’hui disponibles mais dans notre détermination stratégique à en trouver de nouvelles. Cette détermination stratégique comporte selon Gary Hamel et C.K. Prahalad (1994) trois dimensions : le sens de la direction, le sens de la découverte et le sens du destin. Marcon et Moinet (op. cit., p.6) ajoutent une quatrième dimension : le « sens de la stratégie-réseau ». Ces chercheurs en intelligence économique soulignent que le réseau est un mode d’organisation et d’action ayant toujours fait partie de l’humanité. Mais plus que tout autre homme, le stratège possède une intelligence du réseau : il est ainsi capable de mobiliser des moyens réticulaires, comme utiliser des membres d’un réseau pour désinformer ses adversaires, ou utiliser son réseau pour obtenir des informations stratégiques et remporter des victoires. La stratégie-réseau conduit ainsi à « mettre en &oelig;uvre un dispositif intelligent, c’est-à-dire un système dont on attend en règle générale qu’il scrute l’environnement (veille, vigilance), coordonne les acteurs au service du projet (logique d’interaction) en les faisant profiter de la dynamique d’apprentissage permise par des liens souples. » (p.14). <h1 class="western">III. La méthodologie que nous avons mobilisée pour définir l’intelligence résoactive</h1> Afin de définir et expérimenter l’intelligence résoactive, nous avons opté pour une démarche scientifique citoyenne de recherche-action (Parra, in Albaglif et al., 2015), qui renvoie selon Halperin (2016) à « l'idée puissante que les communautés devraient être habilitées à participer au processus d'investigation scientifique, à enquêter sur le monde qui les entoure et à créer un changement sociétal dans le processus ». Halperin soutient ainsi que la science de l'environnement peut être la responsabilité de tous, et que la collaboration devrait commencer dès les premiers stades de l'investigation scientifique, afin de changer la façon dont les gens voient le monde socialement, politiquement et environnementalement. Cette démarche scientifique citoyenne nous amène à investir et à explorer à la fois les champs théoriques et pratiques. Nous avons adopté une approche épistémagnoto-praxéologique, qui fait dialoguer épistémologie (entendue comme l’étude et la construction de la connaissance), agnotologie (étude et construction de l’ignorance selon Proctor, 2008) et praxéologie (étude et construction de l’action). Nous avons, pour ce faire, connecté et hybridé trois praxis et leur culture spécifique, qui nous semblent essentielles pour appréhender intelligemment et sensiblement la complexité croissante : 1) L’intelligence stratégique (économique, territoriale, inventive) : comme gestion efficace et efficiente des informations, des connaissances et des ignorances par le biais de stratégies-réseaux permettant d’accroître la capacité des organisations à se maintenir en fonctionnement dans un environnement dynamique de plus en plus instable et imprédictible (selon Marcon et Moinet, 2000 ; Besson et Possin, 2001 ; Besson et Uhl, 2012 ; Bertacchini, 2004 ; Herbaux, 2007) ; 2) L’imaginierie stratégique (comme co-exploration inventive du futur par la conception et valorisation au sein d’organisations d’images génératives stratégiques catalysant l’énergie créative de leurs membres pour la mise en &oelig;uvre de stratégies d’évolution dans la complexité (selon Nijs, 2014 ; 2019) ; et 3) L’éducation populaire (comme élaboration, hybridation et valorisation des savoirs expérientiels de vie et des savoirs académiques alimentant l’analyse politique, la décision et l’action dans le champ social pour sa transformation vers l’émancipation citoyenne (selon Maurel, 2010)). Nous avons formalisé cette approche épistémagnoto-praxéologique en encodant le processus d’intelligence résoactive sous la forme d’une matrice (nommée « matrice MAGINTEL ») proposant à ses utilisateurs un parcours pour la réflexion et l’action grâce à une succession de questions définies dans le but de cadrer et d’orienter efficacement la réflexion et l’analyse pour tendre vers une décision et action éclairée et efficiente. C’est notamment à partir de cette matrice que nous formons les acteurs actuellement engagés dans notre recherche-action. Notre démarche repose sur une approche de design organisationnel écologique et autonome pluriversel (Wahl, 2016 ; Mang et al., 2016 ; Escobar, 2018). Notre méthodologie de recherche-action est prototopique (Rumpala, 2018) : nous prototypons ainsi un modèle de société qui serait désirable et pourrait apporter des solutions aux problématiques actuelles. Notre approche centrée sur la régénération se base également sur les analyses du théoricien du design et architecte Christopher Alexander (1979). Il nous semble ainsi nécessaire de réparer les dommages causés au sein des territoires, via la transformation d’unités défaillantes en nouveaux organismes plus complexes et différenciés (tout en étant harmonieusement reliés à leur environnement) afin d’augmenter la valeur de ces lieux de vie et la résilience sociale en leur sein grâce à leur complémentarité et leur soutien mutuel. Nous synthétisons cette nécessité de différenciation et de reliance grâce à une complémentarité mutuellement bénéficiaire avec le terme « compliance ». La compliance fusionne dans notre analyse les mots (et leurs sens respectifs) : complétion (fait de mener vers l’unité, l’intégralité et la plénitude / pleine santé), complément (ce qui s’ajoute ou doit s’ajouter à une chose pour la rendre entière / complète), complexe (qui embrasse des éléments divers et entremêlés, et dont il est difficile voire impossible d’anticiper les résultats) – qui intègre le concept de reliance au c&oelig;ur de l'approche philosophico-scientifique de la complexité selon Morin (2004) – et enfin le mot compliance (mot anglais signifiant conformité, ajustement, souplesse, et en management le respect des règles internes à une organisation). La compliance renvoie ainsi à un processus d’intensification de la différenciation culturelle d’un élément organisé (de ce qui le rend unique, i.e., incomparable, irremplaçable et non-interchangeable) afin d’augmenter sa complémentarité et sa reliance avec son environnement proche, et ce faisant augmenter la résilience du tout que ces éléments forment par leur relation coopérative mutuellement bénéficiaire. La reliance nécessite – afin d’être pleinement effective – une adaptation / soumission d’un élément organisé et différencié (i.e., d’un centre<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a>) aux conditions locales (définies par la réalité géologique, écologique et sociale) que cet élément doit impérativement respecter afin de co-évoluer harmonieusement et durablement avec son environnement d’évolution. Par exemple, les lois physiques liées aux questions énergétiques, les principes du vivant mis en évidence par la biologie, ou bien les régularités mises en évidence dans les sciences humaines. Cette adaptation / ajustement au contexte local et aux forces agissant sur lui (et qui, ce faisant, le co-déterminent partiellement) constitue une contrainte de design essentielle pour concevoir des systèmes vivants pleinement ancrés dans le monde et contribuant à enrichir la valeur de celui-ci. Cette contrainte créative permet ainsi d’éviter la conception de systèmes acosmiques (décorrélés de toute insertion dans le monde selon Monnin, in Chirache, 2020). Par exemple, des dispositifs sociotechniques d’information-communication reposant sur des techniques « zombies » (issues de la révolution industrielle, fonctionnant mais déjà mortes à l’aune de la durabilité selon Halloy, in Monnin, 2020.). Ces systèmes vivants supportant (alimentant et générant) ensemble la vie d’un territoire constituent dans notre analyse des communautés locales engagées dans un processus résoactif, qui &oelig;uvrent en coopération pour la diversification culturelle de leur lieu de vie et, ce faisant, s’engagent politiquement contre les forces visant à les standardiser et les homogénéiser. Elles libèrent pour ce faire leur potentiel créatif et régénératif grâce notamment à une approche intégrative et autogestionnaire démocratique de données (Bonnecarrere, 2018a ; 2021). Ces parties d’un ensemble territorial (co-évoluant au sein d’un espace géographique donné) sont ainsi à la fois différenciées et reliées entre elles, via l’engrammage au c&oelig;ur de leur vie culturelle d’un code (langage) commun que nous concevons pour faciliter l’émergence d’intelligence collective entre elles. Les communautés locales engagées dans la résoaction doivent donc nécessairement prendre en compte le fait que leur territoire d’évolution (dont elles dépendent pour co-évoluer harmonieusement au sein de ce lieu de vie) est partiellement déterminé par différentes forces qui agissent sur lui et le traversent. Ces communautés mobilisent, pour ce faire, une approche culturelle logomythique<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a> (qui part de ce qui est scientifiquement connu pour faire « décoller l’imaginaire » sur ce sol). Dans le cadre de notre thèse portant sur l’appréhension efficace et efficiente de l’effondrement écologique, nous avons conçu un modèle d’élaboration, d’hybridation, de protection et de valorisation de savoir commun supportant et alimentant l’intelligence résoactive. Ce modèle est nommé SOLARIS (Bonnecarrere, 2018b), et est un commun constitué de trois dimensions : 1) Des ressources, sous forme : a) De matrices documentaires formalisées sous la forme de questionnaires facilitant l’élaboration de savoir issu de son expérience de vie, l’hybridation de ces savoirs et l’émergence de questions et d’ignorances conscientisées stimulant la dynamique d’intelligence collective ; b) De savoirs élaborés à partir de ces matrices ; et c) Des systèmes d’information-documentation-communication dédiés à leur stockage pérenne, à leur traçabilité et à leur partage pour leur diffusion et leur hybridation ; 2) De communautés locales (épistémiques et de pratique) auto-organisées et engagées dans l’utilisation de ces matrices pour élaborer, protéger et valoriser des savoirs communs utiles à l’analyse, à la décision et à l’action dans la complexité pour la transformation sociale (logique d’éducation populaire) ; et 3) Une charte de gouvernance encodant les règles fondamentales que ces communautés doivent respecter pour protéger l’intégrité de leurs ressources communes. Ce processus facilite de ce fait l’émergence générative de nouvelles connexions sémantiquement pertinentes et potentiellement inattendues. Ces connexions peuvent, notamment, s’effectuer grâce aux « connecteurs stratégiques » des SOLIS (savoirs personnels issus de l’expérience de vie), qui sont la mise en évidence des biais analytiques supportant l’analyse de l’intelligence économique, l’expression d’affects négatifs en lien avec une expérience spécifique, et des désirs d’évolution alimentant l’interrogation et la sollicitation des réseaux internes et externes à l’organisation. <h1 class="western">Discussion et voies d’amélioration pour l’intelligence résoactive</h1> Comme le souligne Barrau (2021), la science permet de comprendre la dynamique des processus, mais elle ne peut pas fixer la direction. Elle ne nous dit ainsi jamais où il faut aller, mais elle permet de comprendre les conséquences de nos actions. Il nous semble donc essentiel de coupler et faire dialoguer la pratique scientifique et la pratique artistique et politique, via une science ouverte citoyenne pratiquée en réseau ouvert et distribué de pair-à-pair. Notre méthode d’intelligence résoactive est prototypaire. Elle a donc vocation à être expérimentée, discutée et critiquée pour être affinée. Nous considérons qu’il faut faire attention à l’idée naïve qui consiste à penser qu’il existe une réponse claire aux nombreuses questions complexes posées par l’effondrement écologique. Il faut donc, selon nous, accepter pleinement que nous faisons face à des questions complexes qui relèvent toujours au moins en parti d’un pari. La stratégie-réseau, au c&oelig;ur de la résoaction, nous semble ainsi un moyen efficace pour appréhender cette complexité et éprouver ce pari audacieux concernant l’action citoyenne au sein de territoires créatifs, apprenants et régénératifs. Nous travaillons actuellement à un enrichissement de notre praxis, en connectant et hybridant les disciplines de cartographie et de design de systèmes vivants. Nous nous basons ainsi sur des ouvrages nous inspirant à élargir l’horizon de l’intelligence stratégique territoriale, qui sont Terra Forma : Manuel de cartographies potentielles (Aït-Touati et al., 2019), A Timeless Way of Building (Alexander, 1979) et The Nature of Order (id., 2005). Le premier propose une méthode d’appréhension et de transformation des territoires par le biais de la cartographie à partir d’éléments vivants (sous forme dynamique) afin d’élargir l’imaginaire géographique et politique. Le deuxième propose une méthode (basée sur la conception et utilisation de langages génératifs) pour concevoir des lieux de vie (sous la forme d'infrastructures de vie, de communautés locales et de communes) faisant partie le plus pleinement possible de la nature. Le troisième (constitué de 4 tomes complémentaires) propose une nouvelle approche analytique et constructionnelle du monde sur la base du design de structures vivantes reposant sur un dialogue harmonieux entre perspectives scientifiques, artistiques et intuitives (basée sur notre expérience de vie quotidienne). Nous souhaitons ainsi clairement ancrer la praxis intelligence résoactive dans une compréhension riche et fine des forces en présence au sein des territoires, et dans la transformation profonde de ces lieux de vie pour faciliter en leur sein l’auto-émergence d’intelligence glocagénitive (glocale, géniale, inventive et régénérative). Nous travaillons donc à l’élaboration de nouvelles matrices questionnaires facilitant l’apprentissage de ces processus pour donner des clés de compréhension et de nouveaux outils pratiques aux collectifs désireux de développer et valoriser les territoires, et de les protéger dans leur intégrité écologique et culturelle. <h1 class="western">Conclusion</h1> Notre mode de vie n’étant ni universalisable ni durable et notre système économique intenable, il nous semble urgent d’opérer une bifurcation claire afin de débrider une des rares ressources réellement abondantes de notre planète : l’intelligence collective créative. L’intelligence économique territoriale et l’éducation populaire nous semblent les supports idéaux pour opérer cette bifurcation et engager une réelle stratégie de défense du vivant dans cette guerre de l’information et de la connaissance. Y parvenir nécessite cependant de libérer et de nourrir continuellement l’imaginaire populaire, car celui-ci est essentiel à la projection – et donc à la progression – des territoires. A ce sujet, l’imaginierie stratégique nous semble le moteur idéal pour propulser la dynamique de transformation sociale et de régénération biotopique. Dans un contexte de guerre de l’information, de la connaissance mais aussi de l’imaginaire, ce sont nos choix et nos actions présentes coordonnées en réseau qui détermineront l’issue de cette « bataille pour la vie et la beauté de la Terre » (Alexander, 2012).R <h1 align="justify">Références</h1> Accardo, A. (2017). Pour une socioanalyse du journalisme. Marseille: Agone. Alexander, C. (1979). The Timeless Way of Building. Oxford University Press. Alexander, C. (2005). The Nature of Order : An Essay on the Art of Building and the Nature of the Universe (4 Volume Set). The Center for Environmental Structure. Alexander, C. (2012). The Battle for the Life and Beauty of the Earth : A Struggle Between Two World-Systems (Center for Environmental Structure). Oxford University Press. Barrau, A., & Klein, E. (2017). Notre univers parmi tant d'autres [Vidéo]. YouTube. Consulté le 10 juin 2021, à l'adresse: <a class="western" href="https://www.youtube.com/watch?v=xFvpPBRPzR8">https://www.youtube.com/watch?v=xFvpPBRPzR8</a> Barrau, A. (2020a). Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité - Edition revue et augmentée. Michel Lafon. Barrau, A. (2021). École Polytechnique : Conférence d’Aurélien Barrau intitulée : « Face à l’effondrement écologique, ne pas être radical a-t-il encore un sens ? » [Vidéo]. YouTube. Consulté le 10 juin 2021, à l’adresse: <a class="western" href="https://www.youtube.com/watch?v=BLYJFIX6mFw">https://www.youtube.com/watch?v=BLYJFIX6mFw</a> Beauvois, J-L. (2005). Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social. Grenoble: Presses universitaires de Grenoble. Bertacchini, Y. (2004). Le territoire, une entreprise d’intelligence collective à organiser vers la formation du capital formel local. Communication et organisation, (25), 1. <a class="western" href="https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.2948">https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.2948</a> Bertelli, F. (2002). Glossaire glissantien – Créolisation [Vidéo]. YouTube. Consulté le 10 juin 2021, à l’adresse: <a class="western" href="https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=WONRzYK3QjI&feature=emb_title">https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=WONRzYK3QjI&feature=emb_title</a> Besson, B., & Possin, J. (2001). Du renseignement à l'intelligence économique (2ème éd.). Paris: Dunod. Besson, B., & Uhl, R. (2012). Intelligence inventive. Lulu.com. Bonnecarrere, T. (2018a). Approche théorique du développement d'organisations territoriales intelligentes appréhendant la complexité selon une approche intégrative de données. Revue COSSI, n°1-2018 [en ligne]. Bonnecarrere, T. (2018b). Le modèle SOLARIS pour pérenniser l'élaboration, le partage et l'hybridation de savoirs dans la complexité. Note de recherche. Revue COSSI, 5, n°5-2018 [en ligne]. Bonnecarrere, T. (2021). L’autogestion démocratique des données pour pérenniser la traçabilité du savoir dans la complexité. Revue COSSI, (10). [en ligne]. Bruner, J. (1986). Actual minds, possible worlds. Cambridge: Harvard University Press. Deneault, A. (2015). La médiocratie. Montreal: Lux Editeur. Derkaoui, S., Framont, N. (2020). La guerre des mots. Le passager clandestin. Escobar, A. (2018). Designs for the Pluriverse. Durham : Duke University Press. Fontaine, G. (2016). Susciter l’émergence de communs comme outils du développement durable. Paris. Consulté le 10 juin 2021, à l’adresse : <a class="western" href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01539849/document">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01539849/document</a> Fraser, N. (2015). Nancy Fraser ou la théorie du prendre part. Consulté le 10 juin 2021, à l'adresse : <a class="western" href="https://laviedesidees.fr/Nancy-Fraser-ou-la-theorie-du-prendre-part.html">https://laviedesidees.fr/Nancy-Fraser-ou-la-theorie-du-prendre-part.html</a> Généreux, J. (2017). La dissociété – Tome 1 : A la recherche du progrès humain. Paris: Points. Giraud, G. (2016). Les communs, un concept-clé pour l’avenir du développement. Consulté le 10 juin 2021, à l'adresse : <a class="western" href="https://ideas4development.org/communs-developpement/">https://ideas4development.org/communs-developpement/</a> <a name="__DdeLink__104982_144033650"></a> Grataloup, C. (2011). Faut-il penser autrement l'histoire du monde ? Paris: A. Colin Halimi, S. (1997). Les nouveaux chiens de garde. Paris: Liber-Raisons d’agir. Halperin, J. (2016). Collaboratively generating more knowledge: Public Lab's approach to citizen science. Creative Commons. Consulté le 10 juin 2021, à l'adresse : <a class="western" href="https://creativecommons.org/2016/09/07/collaboratively-generating-knowledge/">https://creativecommons.org/2016/09/07/collaboratively-generating-knowledge/ </a> Hamel, G. & Prahalad, C. K. (1996). Competing for the future (Réédition). Harvard Business Review Press. Herbaux, P. (2007). Intelligence territoriale: Repères théoriques. Paris: Harmattan. Klein, E. (2019). Croyances scientifiques. [Vidéo]. YouTube. Consulté le 10 juin 2021, à l’adresse: <a class="western" href="https://www.youtube.com/watch?v=mMJDcyEGbcg">https://www.youtube.com/watch?v=mMJDcyEGbcg</a> Marcon, C., Moinet, N. (2000). La stratégie-réseau : Essai de stratégie. Editions 00h00.com Maurel, C. (2010). Éducation populaire et puissance d'agir. Paris: L’Harmattan. Maurel, L. (2017). Repenser l’enclosure de la connaissance (avec Bernard Stiegler et Amartya Sen). Consulté le 10 juin 2021, à l'adresse : <a class="western" href="https://scinfolex.com/2017/11/25/repenser-lenclosure-de-la-connaissance-avec-bernard-stiegler-et-amartya-sen/">https://scinfolex.com/2017/11/25/repenser-lenclosure-de-la-connaissance-avec-bernard-stiegler-et-amartya-sen/</a> Mercier, S. (2017). Les Communs de capabilités: Le chaînon manquant [Blog]. Consulté le 10 juin 2021, à l’adresse : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01539967/document Morin, E. (2004). La méthode Tome 6: « Ethique ». Paris: Ed. Du Seuil. Nijs, D. (2014). Imagineering the butterfly effect: Transformation by inspiration. The Hague: Eleven international publishing. Nijs, D. (2019). Advanced Imagineering: Designing Innovation As Collective Creation. Cheltenham: Edward Elgar Publishing Ltd. Ostrom, E. (1990). Governing the commons. Cambridge: Cambridge University Press. Parra, H.Z.M. (2015) “Citizen science: modes of participation and informational activism”. In: Albagli, S., Maciel, M.L., Hannud Abdo, A. (Eds). Open Sciences, Open Issues. Rio de Janeiro: IBICT. Rumpala, Y. (2018). Hors des décombres du monde – Écologie, Science-fiction et éthique du futur. Champ Vallon. Sen, A. (1992). Inequality reexamined. New York: Russell Sage Foundation. Servigne, P., & Stevens, R. (2015). Comment tout peut s’effondrer. Paris: Éditions du Seuil. Stiegler. B. (2012). Etats de choc: Bêtise et savoir au XXIe siècle. Paris: Mille et Une Nuits. Vargas, F. (2019). L’humanité en péril. Paris: Gallimard. Verrier, C. (2017). Former à la recherche en éducation populaire. Lyon: Chronique Sociale. <div id="sdfootnote1"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> Selon le psychologue cognitif Jerome Bruner (1986, p.11), les individus possèdent « deux modes de fonctionnement cognitif, deux modes de pensée, chacun offrant des moyens distinctifs d'ordonner l'expérience, de construire la réalité ». Ces deux modes sont le raisonnement rationnel ou logico-scientifique (« science du concret ») et le mode narratif du raisonnement (« science de l'imagination »). Ainsi : - Le raisonnement logico-scientifique cherche à comprendre les phénomènes spécifiques d'une manière « objective » ; et - Le raisonnement narratif cherche à les comprendre de manière « personnelle et subjective ». Il cherche, ainsi, à comprendre les phénomènes en termes d'expérience et de but humains. </div> <div id="sdfootnote2"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> DISTIC selon Bertacchini (2004). </div> <div id="sdfootnote3"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> La dissociété renvoie à une force centrifuge qui éclate en éléments rivaux les composants autrefois solidaires d'une société humaine, ainsi qu’à un processus de destruction des liens sociaux, au profit du culte de la performance individuelle et de la compétition. </div> <div id="sdfootnote4"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> Voir notre définition dans cet article. </div> <div id="sdfootnote5"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a> Comme identité protégée contre l’usurpation afin de protéger une relation de confiance entre des producteurs / créateurs (la communauté résoactive) et son public supportant ses activités et sa culture. </div> <div id="sdfootnote6"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a> L'intégrité renvoie à l’authenticité du territoire (via des cultures locales protégées contre la standardisation culturelle) et la santé du vivant l’habitant et définissant son identité singulière. </div> <div id="sdfootnote7"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a> Un centre est, selon le théoricien du design Christopher Alexander (2005), un champ de force organisé dans l’espace qui forme (grâce aux éléments le constituant) un système fondamental dont la structure vivante produit un effet attractif et qui forme – grâce à d’autres centres qui se supportent mutuellement – un tout harmonieux et vivant pleinement intégré à son environnement. Un centre est toujours constitué d’autres centres plus petits, selon une logique récursive. Un centre peut être par exemple un écosystème, un paysage, un jardin, une ville, une rue, une maison, une communauté,… </div> <div id="sdfootnote8"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a> Selon l’expression d’Aurélien Barrau (2017). </div>