<p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La partie th&eacute;matique du pr&eacute;sent num&eacute;ro est n&eacute;e des &eacute;changes informels d&rsquo;une poign&eacute;e de chercheuses en lettres, arts et sciences humaines et sociales (LASHS), qui enseignent la communication en IUT. Nous &eacute;tions quelques un&middot;e&middot;s &agrave; partager l&rsquo;impression de voir notre activit&eacute; professionnelle scind&eacute;e en deux champs parfaitement &eacute;tanches l&rsquo;un par rapport l&rsquo;autre&nbsp;: d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; nos enseignements &agrave; l&rsquo;IUT, de l&rsquo;autre nos recherches. Ce sentiment de d&eacute;calage entre la recherche (son temps long, sa dimension exploratoire, sa m&eacute;thodologie sp&eacute;cifique) et la n&eacute;cessit&eacute; de faire produire des &eacute;crits professionnels, orient&eacute;e sur un temps court, une vis&eacute;e pragmatique, peut en effet conduire &agrave; consid&eacute;rer les deux champs au prisme d&rsquo;une impossible conciliation. Ce constat &ndash; ou du moins ce qui apparaissait alors comme tel &ndash; &eacute;tait particuli&egrave;rement marqu&eacute; dans les d&eacute;partements secondaires (Informatique, GEII, Mesures physiques, etc.), o&ugrave; les LASHS se limitent souvent aux enseignements de langues, de Communication et de gestion, quand les d&eacute;partements tertiaires (Information-Communication, M&eacute;tiers du Multim&eacute;dia et de L&rsquo;internet, Techniques de Commercialisation, Carri&egrave;res Sociales&hellip;) int&egrave;grent les LASHS dans les enseignements de sp&eacute;cialit&eacute; des &eacute;tudiant&middot;e&middot;s. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="letter-spacing:-.05pt">Or, les trois articles du pr&eacute;sent dossier montrent bien qu&rsquo;il peut en &ecirc;tre autrement. Ga&euml;lle Th&eacute;val, chercheuse en litt&eacute;rature fran&ccedil;aise, sp&eacute;cialiste des po&eacute;sies hors du livre, enseigne au d&eacute;partement G&eacute;nie &Eacute;lectronique et Informatique Industrielle (GEII) de l&rsquo;IUT de Rouen. Son article &laquo;&nbsp;</span>Litt&eacute;rature, enseignement en Culture-Communication et agentivit&eacute;s&nbsp;: vers une indiscipline&nbsp;?&nbsp;&raquo; pr&eacute;sente quatre propositions p&eacute;dagogiques directement issues de son expertise scientifique, et interroge dans le m&ecirc;me temps la nature m&ecirc;me des cours de Communication, entre interdisciplinarit&eacute; et &laquo;&nbsp;indisciplinarit&eacute;&nbsp;&raquo;, notion qu&rsquo;elle emprunte &agrave; Yves Citton (2017). </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mika&euml;l Chambru et Rapha&euml;l Lachello, respectivement ma&icirc;tre de conf&eacute;rences en sciences sociales et doctorant en histoire de l&rsquo;environnement &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Grenoble Alpes, enseignent en Master M&eacute;diation et Communication Scientifique, aupr&egrave;s d&rsquo;un public issu de formations autres qu&rsquo;en LASHS. Ils ont mis en place un dispositif innovant pour former leur &eacute;tudiant&middot;e&middot;s au stage de terrain, m&eacute;thode de recherche essentielle en sciences sociales, qu&rsquo;ils exploitent pour la formation professionnelle des futurs m&eacute;diateur&middot;ices et analysent dans &laquo;&nbsp;Un d&eacute;tour par la montagne&nbsp;: le stage de terrain pour former les &eacute;tudiants &agrave; la m&eacute;diation et communication des sciences&nbsp;&raquo;. Comme Ga&euml;lle Th&eacute;val, cette exp&eacute;rience les conduit &agrave; une approche r&eacute;flexive sur leurs pratiques d&rsquo;enseignement. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin, Layal<b> </b>Kanaan-Caillol et Jacqueline Lafont-Terranova, toutes deux chercheuses en sciences du langage et enseignantes au d&eacute;partement Informatique de l&rsquo;IUT d&rsquo;Orl&eacute;ans, t&eacute;moignent, dans &laquo;&nbsp;Du terrain &agrave; la recherche, de la recherche au terrain. Allers et retours entre l&rsquo;Expression-Communication et les Sciences du langage&nbsp;&raquo;, du dialogue fructueux entre leurs recherches et leur enseignement. Jacqueline Lafont-Terranova, sp&eacute;cialiste de la didactique de l&rsquo;&eacute;crit, revient sur son parcours, nourri par ce dialogue&nbsp;: de la p&eacute;dagogie du fran&ccedil;ais &agrave; la didactique de l&rsquo;&eacute;criture, de l&rsquo;IUT &agrave; la recherche, de la recherche &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rimentation, elle a consacr&eacute; sa carri&egrave;re de chercheuse &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des ateliers d&rsquo;&eacute;criture cr&eacute;atifs en formation, et sa carri&egrave;re d&rsquo;enseignante au r&eacute;investissement de ces recherches dans des exp&eacute;rimentations p&eacute;dagogiques. Dans la m&ecirc;me perspective, les recherches de Layal Kanaan-Caillol (qu&rsquo;elle m&egrave;ne en collaboration avec Jacqueline Lafont-Terranova et Elizabeth Rowley-Jolivet au Laboratoire Lig&eacute;rien de Linguistique de l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Orl&eacute;ans) portent sur l&rsquo;analyse de l&rsquo;oral, et s&rsquo;appuient sur un corpus issu des soutenances de ses &eacute;tudiants. Leur article souligne, ici encore, les apports mutuels du dialogue recherche-enseignement. </span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 6px; margin-bottom: 8px; margin-left: 8px;"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#2980b9">Des apports mutuels entre recherche et enseignement</span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si les contextes et les expertises des auteurs et autrices de ces trois contributions sont diff&eacute;rents, leurs analyses convergent nettement vers trois constats. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le premier, central, confirme l&rsquo;apport mutuel de l&rsquo;enseignement et de la recherche comme deux champs dialoguant et se nourrissant l&rsquo;un de l&rsquo;autre, sans hi&eacute;rarchie ni pr&eacute;valence de l&rsquo;un des deux domaines. Ga&euml;lle Th&eacute;val explique ainsi que les objets litt&eacute;raires &laquo;&nbsp;exp&eacute;rimentaux&nbsp;&raquo; sur lesquels portent ses recherches mettent en question les d&eacute;finitions canoniques de l&rsquo;art et de la litt&eacute;rature&nbsp;: fond&eacute;es sur l&rsquo;agencement d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments du quotidien, ces formes litt&eacute;raires contestent l&rsquo;autonomie de la litt&eacute;rature pour la penser comme dialogue, action, <i>praxis</i> sociale. Leur int&eacute;gration dans les cours de communication par l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture respecte ainsi pleinement l&rsquo;agentivit&eacute; de ces d&eacute;marches po&eacute;tiques&nbsp;: la litt&eacute;rature n&rsquo;est pas un simple support ni une illustration, mais <i>se pratique,</i> et remplit pleinement son r&ocirc;le d&rsquo;espace de r&eacute;flexion et de m&eacute;diation sociale. L&rsquo;analyse de Mika&euml;l Chambru et Rapha&euml;l Lachello sur les stages de terrain en montagne va dans le m&ecirc;me sens&nbsp;: ils y insistent particuli&egrave;rement sur la notion de d&eacute;placement qu&rsquo;implique une telle exp&eacute;rience. C&rsquo;est d&rsquo;abord un d&eacute;placement g&eacute;ographique, social et intellectuel pour des &eacute;tudiant&middot;e&middot;s immerg&eacute;&middot;e&middot;s dans un nouveau contexte, qui les conduit &agrave; penser leur posture professionnelle. C&rsquo;est &eacute;galement un d&eacute;placement pour les deux enseignants-chercheurs, adoptant tour-&agrave;-tour les postures de chercheur de terrain, de p&eacute;dagogue, de logisticien, d&rsquo;animateur et coll&egrave;gues de leurs &eacute;tudiants partageant leur exp&eacute;rience, sans en omettre les &eacute;checs. Cette situation proprement dialogique montre combien l&rsquo;articulation recherche-enseignement apporte une salutaire complexit&eacute;, essentielle dans la pratique des futur&middot;e&middot;s professionnel&middot;le&middot;s. Il en va de m&ecirc;me dans le travail de Layal<b> </b>Kanaan-Caillol et Jacqueline Lafont-Terranova, d&eacute;fini comme un &laquo;&nbsp;aller-retour&nbsp;entre actions sur le terrain [p&eacute;dagogique] et recherche&nbsp;&raquo;. Layal<b> </b>Kanaan-Caillol fait de l&rsquo;oral de ses &eacute;tudiants un terrain de recherche, lui permettant d&rsquo;analyser les processus de secondarisation de leur discours &agrave; l&rsquo;oral, c&rsquo;est-&agrave;-dire de passage &laquo;&nbsp;de la r&eacute;f&eacute;rence &agrave; des concepts spontan&eacute;s &agrave; l&rsquo;appropriation de concepts scientifiques &raquo; (Plane, 2019&nbsp;; Vygotski, 1934). Elle envisage de travailler en classe les transcriptions de leurs soutenances comme supports d&rsquo;exercices permettant d&rsquo;identifier des probl&egrave;mes li&eacute;s &agrave; la gestion du discours. Jacqueline Lafont-Terranova d&eacute;finit quant &agrave; elle sa pratique comme une &laquo;&nbsp;recherche-action&nbsp;&raquo; sur les productions en atelier d&rsquo;&eacute;criture de loisir, puis <i>via</i> une int&eacute;gration de l&rsquo;&eacute;criture cr&eacute;ative dans ses cours. En &laquo;&nbsp;position d&rsquo;observatrice participante&nbsp;&raquo;, elle a propos&eacute; un dispositif d&rsquo;ateliers d&rsquo;&eacute;criture nourri par sa recherche, dont les productions constituent en retour le corpus de ses travaux (voir notamment dans le num&eacute;ro 2 de notre revue, Lafont-Terranova, 2020).&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le deuxi&egrave;me constat tient &agrave; l&rsquo;apport de la recherche en LASHS dans la formation &agrave; l&rsquo;esprit critique des &eacute;tudiants&nbsp;: chacune des disciplines de recherche mobilis&eacute;es permet en effet une prise de distance et une r&eacute;flexivit&eacute; qui sont essentielles aussi bien &agrave; la formation de futur&middot;e&middot;s professionnel&middot;le&middot;s qu&rsquo;&agrave; celle de citoyen&middot;ne&middot;s &eacute;clair&eacute;&middot;e&middot;s et autonomes dans leurs choix. L&rsquo;esprit critique y prend notamment la forme de l&rsquo;auto-critique&nbsp;: &agrave; ce titre, les ateliers d&rsquo;&eacute;criture de Jacqueline Lafont-Terranova, mettent particuli&egrave;rement l&rsquo;accent sur la phase de r&eacute;&eacute;criture, et conduisent les &eacute;tudiant&middot;e&middot;s &agrave; devenir les g&eacute;n&eacute;ticien&middot;ne&middot;s de leur propre texte, &agrave; l&rsquo;amender, &agrave; le faire &eacute;voluer. La tenue d&rsquo;un journal d&rsquo;&eacute;criture permet alors &laquo;&nbsp;la mise &agrave; distance de l&rsquo;exp&eacute;rience et la mise en exergue et en mots du processus d&rsquo;&eacute;criture-r&eacute;&eacute;criture&nbsp;&raquo;. Dans un objectif semblable, la possibilit&eacute; d&rsquo;utiliser les transcriptions des soutenances que Layal<b> </b>Kanaan-Caillol analyse dans ses recherches &ndash; assortie d&rsquo;une br&egrave;ve initiation aux principales notions linguistiques mobilis&eacute;es dans son &eacute;tude &ndash; s&rsquo;av&egrave;re particuli&egrave;rement prometteuse. L&rsquo;autocritique et la r&eacute;flexivit&eacute; sont &eacute;galement au centre de la d&eacute;marche de Mika&euml;l Chambru et Rapha&euml;l Lachello&nbsp;: l&rsquo;immersion sur le terrain qu&rsquo;ils proposent s&rsquo;inscrit dans une &eacute;tude des controverses publiques portant sur les sciences et l&rsquo;environnement (par exemple, la pr&eacute;sence du loup dans les zones d&rsquo;&eacute;levage). La rencontre avec le public de ce territoire montagnard am&egrave;ne les &eacute;tudiant&middot;e&middot;s &agrave; entendre des discours qui diff&egrave;rent de ceux qui &eacute;mergent dans leur contexte social et de la binarit&eacute; (&laquo;&nbsp;pour ou contre&nbsp;&raquo;) qui domine dans les discours m&eacute;diatiques. Ils et elles doivent alors interroger leurs propres repr&eacute;sentations, se demander d&rsquo;o&ugrave; ils et elles parlent et pensent, et questionner leurs biais et leurs <i>a priori</i>. &Agrave; la fois auto-critique (penser ce que je pense) et h&eacute;t&eacute;ro-critique (d&eacute;construire les discours m&eacute;diatiques), le projet s&rsquo;inscrit r&eacute;solument dans une &eacute;thique de la recherche et une &eacute;thique professionnelle qui montre bien la richesse du dialogue des deux champs. La question &eacute;thique est en outre au c&oelig;ur des pr&eacute;occupations du travail de Ga&euml;lle Th&eacute;val&nbsp;: par exemple, en interrogeant les choix d&rsquo;une intelligence artificielle dans une adaptation du &laquo;&nbsp;dilemme du tramway&nbsp;&raquo; (Foot, 1967), elle introduit une r&eacute;flexion distanci&eacute;e qu&rsquo;elle articule &agrave; un travail d&rsquo;&eacute;criture jouant sur diff&eacute;rents styles. &Eacute;thique, esth&eacute;tique et critique, son atelier d&rsquo;&eacute;criture &laquo;&nbsp;&Eacute;crire avec, dans, contre les IA&nbsp;&raquo; mobilise simultan&eacute;ment plusieurs &eacute;l&eacute;ments de la formation des &eacute;tudiant&middot;e&middot;s&nbsp;: sur le plan op&eacute;rationnel, ils et elles manipulent diff&eacute;rents registres discursifs&nbsp;; sur le plan &eacute;thique, ils et elles analysent les enjeux li&eacute;s &agrave; l&rsquo;innovation technologique. Ces deux aspects sont directement li&eacute;s aux questions qui se posent dans la recherche en litt&eacute;rature contemporaine, qui travaille &agrave; penser dans un m&ecirc;me mouvement ses conditions de mise en &oelig;uvre et ses dimensions po&eacute;tiques, esth&eacute;tiques et politiques. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce point participe pleinement du dernier constat &eacute;mergeant de la lecture de ces trois articles&nbsp;: le dialogue entre recherche en LASHS et enseignement est un vecteur d&rsquo;agentivit&eacute; et d&rsquo;&eacute;mancipation, aussi bien pour les chercheur&middot;euse&middot;s que pour les &eacute;tudiant&middot;e&middot;s. Ga&euml;lle Th&eacute;val montre combien la pratique p&eacute;dagogique est corr&eacute;l&eacute;e aux questionnements qui animent la recherche contemporaine dans le domaine litt&eacute;raire&nbsp;: son travail r&eacute;v&egrave;le le pouvoir agissant de litt&eacute;rature et des arts dans le champ social. &Agrave; ce titre, la mobilisation des <i>Lettres de non-motivation</i> de Julien Pr&eacute;vieux dans une formation professionnalisante comme le BUT permet de mettre en lumi&egrave;re les m&eacute;canismes du recrutement, en d&eacute;tournant les usages particuli&egrave;rement codifi&eacute;s de la candidature. La prise de recul induite de ses &oelig;uvres s&rsquo;accompagne ainsi d&rsquo;une &eacute;mancipation&nbsp;: proposer des r&eacute;ponses d&eacute;cal&eacute;es &agrave; des offres d&rsquo;emploi revient &agrave; accepter de &laquo;&nbsp;jouer le jeu&nbsp;&raquo; du recrutement en toute connaissance de cause, et non dans un syst&egrave;me contraint d&rsquo;adaptation &agrave; une norme impos&eacute;e. Jouer avec les codes &ndash; ce qui est sans doute une d&eacute;finition alternative acceptable de la po&eacute;sie &ndash; permet alors de devenir acteur ou actrice de ce jeu, de ne pas le subir mais d&rsquo;y participer en en comprenant finement les r&egrave;gles. L&rsquo;agentivit&eacute; de la litt&eacute;rature, qui revient &agrave; la consid&eacute;rer, selon G. Th&eacute;val, &laquo;&nbsp;comme activit&eacute; modeste, d&eacute;sacralis&eacute;e, en dialogue constant avec ces autres &eacute;critures ordinaires&nbsp;&raquo;, se transmettrait ainsi &agrave; celles et ceux qui la pratiquent, et qui deviendraient <i>agents</i> de leur discours, y compris les plus contraints comme la lettre de motivation. Cette dimension d&rsquo;&eacute;mancipation se retrouve dans les ateliers d&rsquo;&eacute;criture de Jacqueline Lafont-Terranova, qui ont pour effet une &laquo;&nbsp;r&eacute;assurance&nbsp;&raquo; dans le processus d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;: les t&eacute;moignages<i> a posteriori </i>des participant&middot;e&middot;s &agrave; ses ateliers soulignent fr&eacute;quemment la prise de confiance, la d&eacute;couverte d&rsquo;un sentiment de capacit&eacute; (&laquo;&nbsp;je suis capable&nbsp;&raquo;), dont on imagine sans mal le pouvoir &eacute;mancipateur. Layal Kanaan-Caillol affirme d&rsquo;ailleurs que &laquo;&nbsp;[l]es outils puis&eacute;s dans le champ de la linguistique permettent aux &eacute;tudiants prendre le pouvoir sur les situations de communication (pr&eacute;)professionnelles&nbsp;&raquo;&nbsp;: plus qu&rsquo;une &eacute;mancipation, l&rsquo;apport de la linguistique &ndash; et c&rsquo;est sans doute vrai pour l&rsquo;ensemble des LASHS &ndash; est un vecteur d&rsquo;<i>empowerment</i>. Mika&euml;l Chambru et Rapha&euml;l Lachello compl&egrave;tent avec profit cette r&eacute;flexion&nbsp;: leur projet, qui n&eacute;cessite de &laquo;&nbsp;proc&eacute;der par t&acirc;tonnements et erreurs&nbsp;&raquo;, interroge les futur&middot;e&middot;s professionnel&middot;le&middot;s tout autant qu&rsquo;il les lib&egrave;re d&rsquo;une obligation de r&eacute;sultat imm&eacute;diat. La libert&eacute; de se tromper est un des moteurs de la prise de recul dans leur contexte&nbsp;: en autorisant l&rsquo;erreur, elle conduit n&eacute;cessairement &agrave; s&rsquo;interroger sur sa pratique, ce que le ou la chercheur&middot;euse ne doit jamais perdre de vue, pas plus que le ou la professionnel&middot;le &ndash; sans doute m&ecirc;me tout&middot;e citoyen&middot;ne, du reste. </span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 6px; margin-bottom: 8px; margin-left: 8px;"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#2980b9">Oser faire autrement&nbsp;: une salutaire prise de risque</span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mika&euml;l Chambru et Rapha&euml;l Lachello notent que le stage de terrain qu&rsquo;ils organisent r&eacute;v&egrave;le<i>, in situ</i>, l&rsquo;importance de la recherche dans ses applications professionnelles&nbsp;: les pr&eacute;tendues &laquo;&nbsp;sciences molles&nbsp;&raquo; que seraient les LASHS montrent ainsi leur imp&eacute;rieuse n&eacute;cessit&eacute; pour penser des enjeux de soci&eacute;t&eacute;. C&rsquo;est un point particuli&egrave;rement important &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; la recherche en LASHS se voit menac&eacute;e, dans de nombreuses universit&eacute;s, par les coupes budg&eacute;taires induites par l&rsquo;autonomie des universit&eacute;s. Cr&eacute;er des passerelles entre l&rsquo;enseignement &agrave; des non-sp&eacute;cialistes et la recherche dans ces domaines ne r&eacute;soudra sans doute pas la crise que traverse l&rsquo;universit&eacute;, mais peut n&eacute;anmoins conf&eacute;rer aux LASHS une l&eacute;gitimit&eacute; qui ne va pas de soi aupr&egrave;s d&rsquo;un public non-sp&eacute;cialiste. Faire valoir la pertinence de ces champs d&rsquo;&eacute;tude est aussi un travail de m&eacute;diation qui incombe aux chercheurs et chercheuses de ces domaines&nbsp;: leurs &eacute;tudiant&middot;e&middot;s sont leur premier public et, quel que soit leur parcours, ils et elles pourront contribuer &agrave; valoriser et faire conna&icirc;tre les expertises en LASHS. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il convient, en conclusion, de saluer l&rsquo;audace des contributeurs et contributrices de cette partie th&eacute;matique&nbsp;: audace en ce sens que les conditions de mise en &oelig;uvre de leurs projets n&eacute;cessitent un travail de r&eacute;flexion et d&rsquo;adaptation consid&eacute;rable&nbsp;; audace en ce sens qu&rsquo;il faut parfois, voire souvent, convaincre les publics concern&eacute;s de l&rsquo;apport que repr&eacute;sente les LASHS dans leur formation&nbsp;; audace enfin d&rsquo;oser faire autrement, sortir un temps du cadre, se mettre en danger &ndash; dans sa posture d&rsquo;enseignant, dans le pas de c&ocirc;t&eacute; par rapport au c&oelig;ur de la formation dans laquelle ils et elles enseignent. Cette prise de risque donne de pr&eacute;cieuses pistes pour les d&eacute;fis qui nous attendent en tant qu&rsquo;enseignant&middot;e&middot;s, et repr&eacute;sente une invitation stimulante &agrave; s&rsquo;engager sur de nouveaux sentiers p&eacute;dagogiques et/ou de recherche.&nbsp;</span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 6px; margin-bottom: 8px; margin-left: 8px;"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#2980b9">Bibliographie</span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Citton, Y. (2017). <i>Lire, interpr&eacute;ter, actualiser. Pourquoi les &eacute;tudes litt&eacute;raires&nbsp;?</i> Editions Amsterdam.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Hlk153388355">Foot</a>, P. (1967). <cite>The Problem of Abortion and the Doctrine of the Double Effect</cite>, <i>Oxford Review</i>, 5.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lafont-Terranova, J. (2020). Un atelier d&rsquo;&eacute;criture cr&eacute;ative &agrave; l&rsquo;IUT pour se construire comme sujet-&eacute;crivant. <i>Pratiques de la communication</i>, n&deg; 2. <a href="https://pratiquescom.numerev.com/articles/revue-2/2703-un-atelier-d-ecriture-creative-a-l-iut-pour-se-construire-comme-sujet-ecrivant"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://pratiquescom.numerev.com/articles/revue-2/2703-un-atelier-d-ecriture-creative-a-l-iut-pour-se-construire-comme-sujet-ecrivant</span></span></a></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Plane, S. (2019). Pr&eacute;face. Dans M. Niwese, J. Lafont-Terranova et M. Jaubert (dir.), <i>&Eacute;crire et faire &eacute;crire dans l&rsquo;enseignement post-obligatoire&nbsp;: enjeux, mod&egrave;les et pratiques innovantes </i>(p. 11-18). Presses universitaires du Septentrion.<i> </i></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Vygotski, L. ([1934] 1997). <i>Pens&eacute;e et Langage</i>. La Dispute.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:8px">&nbsp;</p>