<p>Définie comme une pratique professionnelle orientée vers le partage des savoirs (Dacheux, 2019), la communication scientifique est enseignée à travers des formations spécialisées depuis plusieurs décennies (Laügt, 1998). Dans le même temps, un champ professionnel s&rsquo;autonomise et se structure au sein des institutions scientifiques (Babou et Le Marec, 2008). Cet article porte sur les méthodes d&rsquo;enseignement de la communication scientifique à des étudiants de master, non- spécialistes en information-communication. Il s&rsquo;appuie sur les expériences pédagogiques menées par les deux auteurs à travers différents enseignements au sein d&rsquo;un master en histoire appliquée et d&rsquo;un master en communication scientifique. Bien que spécialisé en communication, ce dernier a la particularité d&rsquo;accueillir des étudiants n&rsquo;ayant pas un cursus initial (licence ou master) en LASHS. Le point commun de ces expériences pédagogiques est de saisir la communication scientifique comme objet-frontière. En pratique, cela se traduit par la construction d&rsquo;espaces d&rsquo;expérimentations pour les étudiantes à partir desquels s&rsquo;invente un enseignement inductif autour du laboratoire montagnard, de ses projets de recherches pluri et inter disciplinaires en SHS et du dialogue &laquo; sciences-société &raquo; (Chambru, 2021).</p> <p>Premièrement, cet article étudie les possibilités d&rsquo;articulation entre savoirs professionnels et savoirs académiques autour de la communication scientifique. Il démontre que les contraintes matérielle et organisationnelle des formations tendent à réifier l&rsquo;opposition entre ces savoirs. Il s&rsquo;agit notamment de montrer comment l&rsquo;inscription de ces enseignements autour d&rsquo;enquêtes de terrain en SHS permet de dépasser ces injonctions contradictoires et les difficultés qu&rsquo;elles occasionnent en pratique. Deuxièmement, cet article décrit les méthodes pédagogiques construites &laquo; au coup par coup &raquo; par les enseignants et au gré des retours d&rsquo;expériences passées afin de contourner ces difficultés. Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;interroger les recompositions que ces dispositifs ont connues au fil des années tout en étudiant les transformations que ceux-ci engendrent dans les pratiques pédagogiques. Troisièmement, cet article définit les potentialités et les limites d&rsquo;une telle démarche. Il rend compte de la portée heuristique du dialogue entre ces dispositifs pédagogiques de formation à la communication scientifique par la recherche en SHS. Trois enjeux majeurs sont développés dans cet article : articuler problématique de recherche et savoir-faire professionnels ; soutenir l&rsquo;apprentissage par l&rsquo;expérimentation&nbsp;in situ&nbsp;; travailler la mise à distance critique et la réflexivité sur les enjeux du champ professionnel.</p> <p>Bibliographie sélective :</p> <p>Babou Igor et Le Marec Joëlle (2008), &laquo; Les pratiques de communication professionnelle dans les institutions scientifiques : processus d&#39;autonomisation &raquo;,&nbsp;Revue d&#39;anthropologie des connaissances, vol. 2 &ndash; n&deg;1.<br /> Chambru Mikaël (2021), &laquo; L&rsquo;alpage du Champet : arpenter la montagne pour repenser la médiation scientifique &raquo;,&nbsp;Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine,&nbsp;Lieux-dits.<br /> Dacheux Éric (2019, &laquo; L&rsquo;émancipation, enjeu commun à la communication scientifique et à la communication politique &raquo;,&nbsp;Hermès &ndash; La Revue, vol. 85 &ndash; no&deg;3.<br /> Laügt Olivier (1998), &laquo; Former à la communication de la science : enjeux et pratiques en Europe &raquo;,&nbsp;Communication et organisation, n&deg;14.</p>