<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:right"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><em><span style="font-size:10.0pt">Las guerras &ndash;literalmente incontables&ndash; de todo el siglo pasado fueron las que le dieron su estructura al orden pol&iacute;tico. En ellas cobr&oacute; forma un discurso de la &lsquo;defensa nacional&rsquo; que era de hecho, una justificaci&oacute;n del estado y de sus pr&aacute;cticas pol&iacute;ticas.</span></em></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:right"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><em><span style="font-size:10.0pt">Fernando Escalante Gonzalbo</span></em></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:right">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:right"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><em><span style="font-size:18.0pt">C</span></em><em><span style="font-size:18.0pt">&rsquo;est dans la paix que se r&ecirc;ve la guerre, &eacute;laboration du r&eacute;cit de la Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance du Venezuela</span></em></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Tout au long de la deuxi&egrave;me moiti&eacute; du vingti&egrave;me si&egrave;cle latino-am&eacute;ricain, le Venezuela &eacute;tait reconnu comme un pays vivant dans une solide d&eacute;mocratie. L&rsquo;id&eacute;e selon laquelle ses habitants &eacute;taient des pacifistes n&eacute;s s&rsquo;&eacute;tait &eacute;galement enracin&eacute;e dans l&rsquo;imaginaire national, surtout si l&rsquo;on comparait avec l&rsquo;histoire r&eacute;cente de la Colombie ou des dictatures militaires du C&ocirc;ne Sud. Pourtant, une fois de plus, le pr&eacute;sent nous oblige &agrave; relire l&rsquo;histoire&nbsp;: plus de 25000 personnes meurent chaque ann&eacute;e par arme &agrave; feu dans l&rsquo;actuelle R&eacute;publique Bolivarienne du Venezuela, et ce ne sont que les cas enregistr&eacute;s dans les statistiques quand elles existent<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[1]</span></span></a>.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">D&rsquo;o&ugrave; provient tant de violence&nbsp;? Comment l&rsquo;une des d&eacute;mocraties les plus solides d&rsquo;Am&eacute;rique Latine peut-elle parvenir &agrave; expliquer de tels chiffres&nbsp;? se demandent fr&eacute;quemment les V&eacute;n&eacute;zu&eacute;liens. La tendance officielle est de rejeter la faute sur les gouvernements pass&eacute;s, sur des forces ext&eacute;rieures voire sur le mauvais sort. Pourtant, les causes ne surgissent pas de nulle part, elles n&rsquo;ob&eacute;issent pas non plus, bien s&ucirc;r, &agrave; des strat&eacute;gies de puissances internationales.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Il existe &eacute;videmment des facteurs concrets comme, entre autres, l&rsquo;affaiblissement des institutions, la d&eacute;tention d&rsquo;armes dans la soci&eacute;t&eacute; civile sans aucun contr&ocirc;le, l&rsquo;augmentation du crime organis&eacute;, la mis&egrave;re et la mont&eacute;e d&eacute;mesur&eacute;e d&rsquo;un pouvoir militaire. Mais au-del&agrave; de ces raisons &eacute;conomiques et sociales concr&egrave;tes, il y a eu aussi un facteur qui est souvent sous-estim&eacute;&nbsp;: la construction tr&egrave;s soign&eacute;e d&rsquo;un discours incendiaire par les leaders politiques au pouvoir et notamment avec la figure de l&rsquo;ancien pr&eacute;sident Hugo Ch&aacute;vez qui a import&eacute; directement du dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle un vocabulaire guerrier qui est justifi&eacute; par la lutte <em>bolivarienne</em> contre l&rsquo;Empire, cr&eacute;ant ainsi une soci&eacute;t&eacute; divis&eacute;e en deux camps. C&rsquo;est aussi &agrave; partir de l&agrave; que l&rsquo;on peut presque tracer l&rsquo;origine d&rsquo;une justification de la violence, qui est une partie fondamentale de la cause r&eacute;volutionnaire bolivarienne du vingt-et-uni&egrave;me si&egrave;cle. Des mots et des &eacute;v&eacute;nements historiques ont &eacute;t&eacute; ainsi import&eacute;s directement de la Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance, comme si deux cents ann&eacute;es d&rsquo;histoire ne s&rsquo;&eacute;taient pas &eacute;coul&eacute;es entre-temps.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">C&rsquo;est en fouillant le pass&eacute; que l&rsquo;on peut donc trouver des pistes, c&rsquo;est ce que nous disent les historiens bien s&ucirc;r, et plus encore ceux du Venezuela<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[2]</span></span></a>. L&rsquo;historien El&iacute;as Pino Iturrieta, par exemple, dans toute son &oelig;uvre r&eacute;cente, nous incite &agrave; revenir en arri&egrave;re et &agrave; nous souvenir de ce qui est rest&eacute; &agrave; la marge ou bien de ce qui a &eacute;t&eacute; oubli&eacute; par la m&eacute;moire du pays, comme cette violence qui est l&rsquo;une des caract&eacute;ristiques de la p&eacute;riode de la Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance. Mais cette violence a &eacute;t&eacute; souvent masqu&eacute;e ou dissimul&eacute;e, selon Pino Iturrieta, parce que le protagoniste principal &eacute;tait Simon Bol&iacute;var, le p&egrave;re de la patrie<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[3]</span></span></a>. Et c&rsquo;est justement l&agrave;, dans les tron&ccedil;ons refoul&eacute;s ou censur&eacute;s que -comme cela se produit souvent dans nos histoires personnelles- gisent les cl&eacute;s de lecture qui pourront nous permettre de sortir de la crise.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">L&rsquo;actuelle crise v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne est tr&egrave;s complexe et peut-&ecirc;tre in&eacute;dite dans le continent&nbsp;; la multiplication sans fin des interrogations, mais aussi des &eacute;tudes, en t&eacute;moigne. Pourtant il y a aussi des similitudes et des parall&eacute;lismes avec le pass&eacute;. C&rsquo;est ainsi que, &agrave; l&rsquo;abri de nouvelles analyses de l&rsquo;histoire, avec l&rsquo;apport de plusieurs chercheurs, mon actuel projet de recherche, se propose de tracer une lecture critique d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments qui se sont inscrits dans l&rsquo;imaginaire comme des r&eacute;f&eacute;rences patriotiques, et qui fonderaient les bases de la construction du r&eacute;cit national qui continue &agrave; &ecirc;tre en vigueur et qui jouit aujourd&rsquo;hui d&rsquo;une totale vitalit&eacute;. Cela est d&rsquo;autant plus f&eacute;cond si on prend en compte la forte composante militaire qui est &agrave; l&rsquo;origine de ce r&eacute;cit. Il est int&eacute;ressant de voir ainsi comment ce tissage identitaire se transforme en un solide amalgame dans l&rsquo;esprit du peuple, si utile aux gouvernants mais au d&eacute;triment de notre riche imaginaire populaire.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Comment s&rsquo;est construit le r&eacute;cit de la nation&nbsp;? Quels sont les quelques &eacute;l&eacute;ments concrets qui ont aliment&eacute; ce r&eacute;cit&nbsp;? Quelles auraient pu &ecirc;tre les strat&eacute;gies qui ont permis que ce discours p&eacute;n&egrave;tre l&rsquo;imaginaire&nbsp;? Quelles peuvent &ecirc;tre quelques-unes des motivations du pouvoir d&rsquo;hier et d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;? Mais, surtout, aux regards des cons&eacute;quences, nous pouvons nous demander&nbsp;: qu&rsquo;arrive-t-il donc lorsque ce r&eacute;cit national se simplifie &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me et que le discours devient de plus en plus un credo&nbsp;?</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Ces questions et d&rsquo;autres encore sont celles qui ont motiv&eacute; mon actuel travail de recherche dans le cadre de mon projet doctoral. Dans l&rsquo;imm&eacute;diat, je me propose d&rsquo;examiner quelques d&eacute;tails de la construction du r&eacute;cit national en suivant le fil de l&rsquo;Histoire et, notamment, certains moments cl&eacute;s de la fin du dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle&nbsp;; je m&rsquo;occuperai en particulier de certains faits fondateurs de la pr&eacute;sidence du G&eacute;n&eacute;ral Antonio Guzm&aacute;n Blanco, p&eacute;riode que les &eacute;tudes historiographiques reconnaissent comme celle de la construction d&eacute;finitive du discours national. Cette p&eacute;riode est effectivement celle de la gen&egrave;se du culte bolivarien qui a continu&eacute; &agrave; se d&eacute;velopper tout au long du vingti&egrave;me si&egrave;cle selon le m&ecirc;me sch&eacute;ma, en mettant en &oelig;uvre des strat&eacute;gies de modelage de l&rsquo;imaginaire &agrave; des fins politiques, pour arriver, dans le Venezuela de l&rsquo;&eacute;poque actuelle.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><strong>I.- Le d&eacute;cret de Guerre &agrave; mort</strong></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Le 15 juillet de 1813, dans la ville de Trujillo pendant sa Campagne Admirable, le G&eacute;n&eacute;ral en Chef Simon Bol&iacute;var d&eacute;cr&egrave;te la Guerre &agrave; Mort. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une sentence de mort contre tout Espagnol refusant de participer &agrave; la <em>cause, </em>c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; l&rsquo;ind&eacute;pendance&nbsp;: <em>Espa&ntilde;oles y canarios, contad con la muerte, aun siendo indiferentes, si no obr&aacute;is activamente en obsequio de la libertad de la Am&eacute;rica</em>. &laquo;&nbsp;Sim&oacute;n Bol&iacute;var, Cuartel General de Trujillo, 15 juin 1813.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">C&rsquo;est un moment crucial o&ugrave; la lutte se g&eacute;n&eacute;ralise et s&rsquo;intensifie, cela devient aussi &ndash; pour plusieurs historiens aujourd&rsquo;hui &ndash; une guerre fratricide. La d&eacute;claration de la Guerre &agrave; Mort fait basculer la lutte pour l&rsquo;Ind&eacute;pendance vers une guerre d&rsquo;extermination<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[4]</span></span></a>. De nombreux documents t&eacute;moignent de la destruction. Un document de 1814 du Conseiller de l&rsquo;Intendance du Venezuela, par exemple, d&eacute;crit comment il n&rsquo;y a plus que des ruines, et comment il a pu constater lors de ses voyages dans le territoire que de nombreux cadavres restent sans s&eacute;pulture. Lombardi Boscan donne quelques chiffres :</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="color:black">El a&ntilde;o 1813 dio comienzo a la guerra de exterminio que despobl&oacute; al pa&iacute;s. La mayor&iacute;a de los cronistas de la guerra hablan de 200.000 muertos entre un total de un mill&oacute;n de habitantes que ten&iacute;a el pa&iacute;s en 1800. Seg&uacute;n Dauxi&oacute;n-Lavaysse, viajero franc&eacute;s que visit&oacute; al pa&iacute;s en la v&iacute;spera de la Independencia, en 1807 hab&iacute;a 975.972 personas, y cuando termin&oacute; la guerra, el censo elaborado en 1825 estableci&oacute; el n&uacute;mero de habitantes en 659.633, es decir, que 316.339 venezolanos murieron en poco m&aacute;s de diez a&ntilde;os de guerra. </span><span style="color:black">(1813</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">&nbsp;<a href="file:///H:TESISARTICULOS%20y%20ENTREVISTAS1813Yel%20decretoGuerraaMuerte.pdf"><span style="color:blue"><u><span style="font-size:9.0pt">file:///H:/TESIS/ARTICULOS%20y%20ENTREVISTAS/1813Yel%20decretoGuerraaMuerte.pdf</span></u></span></a><span style="font-size:9.0pt"> )</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Il faut comprendre que les d&eacute;tails et les aspects sanguinaires du dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle ont &eacute;t&eacute; dissimul&eacute;s, souvent maquill&eacute;s ou tout simplement &eacute;clips&eacute;s par le culte rendu aux prouesses h&eacute;ro&iuml;ques&nbsp;; comme c&rsquo;est habituel dans les r&eacute;cits officiels de l&rsquo;histoire, le c&ocirc;t&eacute; solaire des h&eacute;ros laisse de c&ocirc;t&eacute; beaucoup trop de d&eacute;tails. Et dans le cas du vingt-et-uni&egrave;me si&egrave;cle v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien, trop d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments sombres de l&rsquo;Histoire semblent pousser pour sortir &agrave; la lumi&egrave;re. La multiplication d&rsquo;&eacute;tudes qui cherchent &agrave; revoir et &agrave; &eacute;tudier la Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance comme l&rsquo;&eacute;closion de beaucoup des conflits internes au sein d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; de castes et d&rsquo;un ordre colonial est plut&ocirc;t r&eacute;cente. </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">La lecture sur la complexit&eacute; et l&rsquo;hybride doit d&rsquo;autant plus &ecirc;tre privil&eacute;gi&eacute;e lorsque l&rsquo;on examine les acteurs de cette guerre, avec la composante m&eacute;tisse qui a aussi &eacute;t&eacute; mal repr&eacute;sent&eacute;e et dont par cons&eacute;quence le r&ocirc;le capital a &eacute;t&eacute; ignor&eacute;. La Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance reste dans l&rsquo;imaginaire populaire comme un grand tableau h&eacute;ro&iuml;que rythm&eacute; par les proclamations passionnelles et les discours de Bol&iacute;var. Il s&rsquo;agit pourtant d&rsquo;une longue succession de r&eacute;voltes, de guerres et de conflits arm&eacute;s dans un territoire qui ne se reconna&icirc;t pas comme tel. Seules la capitale et quelques provinces abritaient quelques institutions de volont&eacute; r&eacute;publicaine. Caracas commencera &agrave; laisser retomber derri&egrave;re elle les cendres de la poudre vers 1870 seulement. On parle ici d&rsquo;environ soixante ann&eacute;es de conflits dont deux guerres, celle d&rsquo;Ind&eacute;pendance et la Guerre F&eacute;d&eacute;rale, qui ont alors d&eacute;vast&eacute; le pays, sans compter toutes les r&eacute;bellions qui ont fragment&eacute; le territoire. Apr&egrave;s une longue p&eacute;riode d&rsquo;affrontements aux noms et aux causes similaires, entre batailles et r&eacute;volutions, il est difficile de construire une nation, et surtout de s&rsquo;identifier comme faisant partie d&rsquo;un projet lorsque, ce que l&rsquo;on a subi n&rsquo;est qu&rsquo;une longue histoire fratricide<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[5]</span></span></a>.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">M&ecirc;me Simon Bol&iacute;var arrivera &agrave; d&eacute;clarer qu&rsquo;une d&eacute;vastation g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e a fait dispara&icirc;tre le territoire. Plus tard, dans une lettre &agrave; son oncle, d&eacute;j&agrave; exil&eacute;, m&eacute;lancolique et plein de d&eacute;senchantement, il &eacute;crira&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a name="__DdeLink__937_2969154348"></a><span style="font-size:9.0pt">O&ugrave; est Caracas&nbsp;? Vous demanderez-vous. Caracas n&#39;existe pas&nbsp;; mais ses cendres, ses monuments, la terre qui l&#39;a port&eacute;e, sont toujours resplendissants de libert&eacute;&nbsp;; et ils sont recouverts par la gloire du martyr. Cette consolation compense toutes les pertes, en tout cas, c&#39;est le cas pour moi, et j&#39;esp&egrave;re que &ccedil;a l&#39;est pour vous aussi. (Cusco, 1825, Lettres &agrave; Est&eacute;ban Palacio, Simon Bol&iacute;var)</span> </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Voil&agrave; ce qui restera&nbsp;: la gloire et la libert&eacute;. Il semble juste opportun de signaler ici le manque de prise de responsabilit&eacute; qui se cache derri&egrave;re ces lignes. Au contraire, &agrave; l&rsquo;inverse d&rsquo;une possible conscience d&rsquo;&eacute;chec historique, si n&eacute;cessaire &agrave; la construction d&rsquo;une vraie culture r&eacute;publicaine, le h&eacute;ros se pr&eacute;cipite pour remplir la r&eacute;alit&eacute;, la perte et le vide d&rsquo;illusions h&eacute;ro&iuml;ques. Et on peut se demander si ce ne serait pas dans cette c&eacute;l&eacute;bration perp&eacute;tuelle des h&eacute;ros et de la Guerre que se trouve la vraie impossibilit&eacute; pour les citoyens d&rsquo;atteindre la libert&eacute;&nbsp;?</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">&nbsp;<br /> &nbsp;&nbsp; </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><strong>II.- La figure de Bol&iacute;var rena&icirc;t comme le ph&eacute;nix &hellip;</strong></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Pour commencer il faudrait peut-&ecirc;tre se souvenir que Simon Bol&iacute;var ne faisait pas l&rsquo;objet d&rsquo;un culte dans ce milieu du dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle. Bien au contraire. Quand Guzm&aacute;n Blanco arrive au pouvoir, l&rsquo;image de Simon Bol&iacute;var est tr&egrave;s ab&icirc;m&eacute;e. La matrice d&rsquo;opinion contre El Libertador &eacute;tait tr&egrave;s ancr&eacute;e dans la soci&eacute;t&eacute;. Pour comprendre cela, il faudrait penser la vie et la carri&egrave;re du G&eacute;n&eacute;ral Bol&iacute;var en &eacute;tapes. Il y a eu, comme dans toutes les vies r&eacute;&eacute;crites des grands hommes, quelques moments aujourd&rsquo;hui censur&eacute;s, oubli&eacute;s ou maquill&eacute;s dans sa biographie.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Il est mort en exil de sa patrie, le Venezuela, pauvre, seul et m&ecirc;me entour&eacute; de d&eacute;tracteurs. C&rsquo;est ce qu&rsquo;apprennent tous les &eacute;coliers. En revanche, ce qui n&rsquo;est pas dit, ce qui reste &agrave; la marge des livres d&rsquo;histoire, ce sont, entre autres, deux &eacute;pisodes de sa carri&egrave;re qui auront des r&eacute;percussions sur des tournants historiques&nbsp;: sa d&eacute;claration de Guerre &agrave; Mort et le fait qu&rsquo;il se soit auto-proclam&eacute; dictateur. Des faits qui sont pass&eacute;s sous silence, ou que l&rsquo;on a l&rsquo;habitude de maquiller avec des justifications superficielles, alors qu&rsquo;il s&rsquo;agit pourtant de faits majeurs qui auront des cons&eacute;quences importantes sur la fondation des r&eacute;publiques latino-am&eacute;ricaines, comme essayent de nous l&rsquo;expliquer des historiens contemporains.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">C&rsquo;est au G&eacute;n&eacute;ral Antonio Guzm&aacute;n Blanco, chef triomphant de la tendance du<em> Liberalismo</em>, de la r&eacute;volution d&rsquo;Avril, qu&rsquo;incombera la remise en ordre et sous contr&ocirc;le d&rsquo;un pays soumis &agrave; la plus compl&egrave;te anarchie apr&egrave;s la longue Guerre F&eacute;d&eacute;rale.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">C&rsquo;est tout &agrave; la fois un militaire, un homme d&rsquo;&eacute;tat, un chef de guerre, un diplomate, un avocat et homme politique v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien. Il fut partie prenante et g&eacute;n&eacute;ral pendant la Guerre F&eacute;d&eacute;rale, et puis Pr&eacute;sident du pays &agrave; trois reprises&nbsp;: <em>El Septenio</em>, de 1870 &agrave; 1877, <em>El Quinquenio</em>, du 1879 &agrave; 1884, et <em>El</em> <em>Bienio</em>, de 1886 &agrave; 1888.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Le guzmancisme au Venezuela, comme le Porfiriat au Mexique, doit se lire en plusieurs chapitres, et la maxime &laquo;&nbsp;Ordre, Paix et Progr&egrave;s&nbsp;&raquo; peut aussi nous aider &agrave; comprendre d&egrave;s &agrave; pr&eacute;sent le sens de l&rsquo;histoire. Guzm&aacute;n Blanco est l&rsquo;exemple v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien type de l&rsquo;autocrate illustr&eacute;, issu d&rsquo;une classe sociale &eacute;lev&eacute;e, fils d&rsquo;homme politique et bien &eacute;videmment descendant de Sim&oacute;n Bol&iacute;var qui s&rsquo;est fix&eacute; comme objectif de sauver l&rsquo;image alors d&eacute;t&eacute;rior&eacute;e du h&eacute;ros. Une s&eacute;rie de strat&eacute;gies militaires, politiques, &eacute;conomiques, &eacute;ducatives et surtout discursives ont contribu&eacute; &agrave; cr&eacute;er l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;unit&eacute; nationale dont le territoire avait tant besoin car jusqu&rsquo;&agrave; la moiti&eacute; du dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle, le Venezuela n&rsquo;&eacute;tait pas encore une nation, mais comme l&rsquo;exprime Pino Iturrieta, un pays archipel.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Fortement influenc&eacute; par les id&eacute;es de l&rsquo;Illustration et s&eacute;duit par les principes de la philosophie positiviste, celui que l&rsquo;on nomme aussi l&rsquo;Illustre Am&eacute;ricain tissera la narration de la nation sous une logique lin&eacute;aire soutenue par :</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">- le progr&egrave;s &eacute;conomique gr&acirc;ce &agrave; la r&eacute;surgence de la production du cacao et caf&eacute; et la cr&eacute;ation d&rsquo;une monnaie nationale, entre autres.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">- l&rsquo;organisation juridique avec la cr&eacute;ation d&rsquo;un certain nombre de codes (p&eacute;nal, militaire et civil) ce qui va pouvoir assurer un peu d&rsquo;ordre et donner des r&egrave;gles &agrave; la soci&eacute;t&eacute; v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne naissante.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">- le d&eacute;veloppement des communications avec la cr&eacute;ation des voies ferr&eacute;es, des routes et du t&eacute;l&eacute;graphe ainsi que la multiplication des imprimeries.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">- Le tra&ccedil;age d&rsquo;un plan d&rsquo;urbanisme de forte inspiration parisienne avec &laquo;&nbsp;parcs, boulevards, cimeti&egrave;res, aqueducs et fontaines<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[6]</span></span></a>.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Ainsi d&rsquo;une part, l&rsquo;Illustre Am&eacute;ricain mettra en place un programme de modernisation qui cr&eacute;era les bases de la nouvelle R&eacute;publique V&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne, et de l&rsquo;autre, un solide discours national commencera &agrave; prendre forme.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Mais pour y arriver, il le sait, deux forces tr&egrave;s puissantes, ancr&eacute;es dans l&rsquo;imaginaire du pays doivent &ecirc;tre combattues&nbsp;: le pouvoir militaire, repr&eacute;sent&eacute;e par des caudillos, des hommes en armes, une v&eacute;ritable plaie dans tout le territoire, et le pouvoir religieux. En m&ecirc;me temps que l&rsquo;homme se d&eacute;diera &agrave; la construction du sc&eacute;nario de la nation, Le G&eacute;n&eacute;ral ne cessera pas de combattre les r&eacute;volutions et en profitera pour d&eacute;clarer la guerre &agrave; un autre pouvoir central&nbsp;: l&rsquo;&Eacute;glise.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">En 1870, l&rsquo;instruction publique devient gratuite et obligatoire, la m&ecirc;me ann&eacute;e commenceront les conflits avec l&rsquo;&Eacute;glise v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne, jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;expulsion de l&rsquo;archev&ecirc;que Silvestre Guevara et Lira et la suppression des s&eacute;minaires eccl&eacute;siastiques et des couvents en 1874. Dans le m&ecirc;me registre, le mariage civil devient un pr&eacute;alable au mariage religieux<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[7]</span></span></a>.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Ici il ne faudrait pas oublier qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; encore soumise &agrave; l&rsquo;ordre colonial, d&rsquo;un imaginaire tiss&eacute; par plus de trois si&egrave;cles d&rsquo;ordre colonial o&ugrave; les figures et symboles de l&rsquo;&Eacute;glise et de la Monarchie espagnole ont r&eacute;gn&eacute;. Les deux longues guerres, tr&egrave;s r&eacute;centes, ont produit quelques changements politiques, mais pas encore de transformation en profondeur dans la soci&eacute;t&eacute;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un peuple qui ne voit qu&rsquo;une immense d&eacute;vastation, beaucoup de confusion et l&rsquo;absence totale d&rsquo;une unit&eacute; de territoire par la cartographie.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Quelques pratiques et morceaux du discours de la religion catholique commenceront donc &agrave; &ecirc;tre remplac&eacute;s par d&rsquo;autres histoires et par ce qui sera bient&ocirc;t un autre culte. Il faudrait se rappeler ici que le Venezuela a &eacute;t&eacute; le pays qui s&rsquo;est plus engag&eacute; dans la Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance, la d&eacute;vastation du pays &eacute;tait totale et il y a eu un nombre de morts consid&eacute;rable. Mais, comme nous le rappelle Bol&iacute;var, il restera toujours la gloire des martyrs.&nbsp; </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">C&rsquo;est l&agrave; que la mise en place d&rsquo;un nouveau r&eacute;cit avec des lignes narratives claires et une mise en sc&egrave;ne tr&egrave;s soign&eacute;e formeront une strat&eacute;gie politique centrale pendant les trois mandats d&rsquo;Antonio Guzm&aacute;n Blanco&nbsp;; et on pourrait juger aujourd&rsquo;hui son strat&eacute;gie communicationnelle d&rsquo;une impeccable efficacit&eacute;. Je me limiterai ici &agrave; &eacute;noncer les quelques &eacute;l&eacute;ments fondamentaux de ce r&eacute;cit&nbsp;:</span></span></span></p> <ul> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Une grande place Bol&iacute;var sera construite, par exemple, au centre de la ville avec la premi&egrave;re statue &eacute;questre du h&eacute;ros.</span></span></span></li> </ul> <ul> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Le Panth&eacute;on national sera install&eacute; dans l&rsquo;ancienne &eacute;glise de la Sant&iacute;sima Trinidad entre 1872 et 1875.</span></span></span></li> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">En 1876, de grandes c&eacute;r&eacute;monies assureront le transfert des cendres de Bol&iacute;var et d&rsquo;autres h&eacute;ros de l&rsquo;Ind&eacute;pendance au Panth&eacute;on National.</span></span></span></li> </ul> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Ce moment-l&agrave; marque &laquo;&nbsp;le point de d&eacute;part d&rsquo;un culte civique qui faisait d&eacute;faut jusqu&rsquo;alors &agrave; la nation v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[8]</span></span></a>&nbsp;&raquo;. Chaque c&eacute;r&eacute;monie est minutieusement organis&eacute;e par le pr&eacute;sident lui-m&ecirc;me. De la guerre &agrave; la f&ecirc;te, Caracas se d&eacute;guisera de modernit&eacute; et ses habitants apprendront de nouvelles pratiques soci&eacute;tales. Le centre de chaque c&eacute;l&eacute;bration sera occup&eacute; par les h&eacute;ros de l&rsquo;Ind&eacute;pendance. Les discours sont bien travaill&eacute;s avec l&rsquo;aide d&rsquo;intellectuels engag&eacute;s.&nbsp; </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="font-size:10.0pt">La paz, la libertad, el orden, el inesperado como trascendental progreso del Septenio, de la Reivindicaci&oacute;n, la nueva Venezuela, la Venezuela transformada, esta Venezuela de hoy; esta es la Venezuela que en la mente del Eterno deb&iacute;a hacerle la m&aacute;s digna apoteosis al semidi&oacute;s de Suramerica&rdquo;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:#00000a">[9]</span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Une fois le lieu de culte, le personnage principal et ses pr&ecirc;tres install&eacute;s, un livre qui chanterait les histoires mythiques des H&eacute;ros devenait indispensable. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;&agrave; la demande du pr&eacute;sident, l&rsquo;auteur Eduardo Blanco &eacute;crira <em>Venezuela heroica</em>, le r&eacute;cit de cinq batailles d&eacute;crites dans un style de geste anachronique, une sorte l&rsquo;Iliade sud-am&eacute;ricaine qui est venu tr&egrave;s vite alimenter le noyau d&rsquo;un imaginaire national.&nbsp; Une pr&eacute;face de Jos&eacute; Marti aidera &agrave; faire conna&icirc;tre le livre &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. Pr&eacute;sident, auteur et protagoniste principal deviendront les personnages c&eacute;l&egrave;bres de cette histoire nationale faite de guerre et de prouesses de ces grands hommes.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Aucun espace pour la vie de tous les jours. L&rsquo;espace central de chaque page, place, parc ou f&ecirc;te sera occup&eacute; par les h&eacute;ros des Guerres et des R&eacute;volutions, y compris Antonio Guzm&aacute;n Blanco. Le culte envers Bol&iacute;var, le Demi-dieu, s&rsquo;instaure ainsi &agrave; partir de la litt&eacute;rature et de la f&ecirc;te&nbsp;; la premi&egrave;re donne les images, le vocabulaire, le fil conducteur qui circulera dans les &eacute;coles, les casernes et la tradition orale, et la deuxi&egrave;me cr&eacute;e le sc&eacute;nario de la repr&eacute;sentation pour un peuple analphab&egrave;te&nbsp;: la danse, le chant et la r&eacute;p&eacute;tition dans des rituels cycliques formeront un nouveau calendrier, soigneusement entretenu jusqu&rsquo;&agrave; nos jours.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Face &agrave; la d&eacute;vastation, un ordre vient remplacer l&rsquo;autre. L&agrave; o&ugrave; il y avait la Cath&eacute;drale, on trouve le Panth&eacute;on National. L&agrave; o&ugrave; il y avait le corps du Christ, les restes de Bol&iacute;var. Les soirs de pri&egrave;res seront peu &agrave; peu remplac&eacute;s par les r&eacute;cits des h&eacute;ros de l&rsquo;Ind&eacute;pendance.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="font-size:10.0pt">Dans le processus d&rsquo;&eacute;dification et de structuration de la m&eacute;moire nationale, cette p&eacute;riode joue par cons&eacute;quent un r&ocirc;le majeur. Patriotes de l&rsquo;Ind&eacute;pendance et de la F&eacute;d&eacute;ration confondus deviennent des symboles de l&rsquo;ordre civique et contribuent &agrave; la formation de l&rsquo;imaginaire national.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Critiqu&eacute; principalement pour l&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;un culte de la personnalit&eacute;, ce que l&rsquo;on a tr&egrave;s peu racont&eacute; sur la p&eacute;riode d&rsquo;Antonio Guzm&aacute;n Blanco c&rsquo;est son enrichissement, les nombreux cas de corruption, ses m&eacute;thodes autoritaires pour instaurer l&rsquo;ordre, sa construction d&rsquo;une image de Simon Bol&iacute;var &agrave; usage politique pour pouvoir ainsi rester au pouvoir et passer dans l&rsquo;histoire.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="font-size:10.0pt">Lors&nbsp;des f&ecirc;tes du centenaire de la naissance de Bol&iacute;var&nbsp;(1883), la plupart des festivit&eacute;s furent consacr&eacute;es non pas au Libertador et &agrave; sa m&eacute;moire, mais &agrave; la personne de l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;Illustre Am&eacute;ricain&nbsp;&raquo; et des membres de sa famille.<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:#00000a">[10]</span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">On parle ici de toute une mise en sc&egrave;ne, d&rsquo;un maquillage r&eacute;publicain qui sert &agrave; modeler la soci&eacute;t&eacute; avec toute sorte d&rsquo;outils&nbsp;de civilisation visant &agrave; donner une id&eacute;e de coh&eacute;rence nationale : des manuels de comportement en soci&eacute;t&eacute;, une cartographie du territoire, un r&eacute;pertoire des produits de la terre et le calendrier d&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&eacute;rides pour f&ecirc;ter les dates et les h&eacute;ros. L&rsquo;&eacute;lectricit&eacute;, les voies ferr&eacute;es ou l&rsquo;imprimerie aussi permettront de bien semer une id&eacute;e de progr&egrave;s dans cet&nbsp; imaginaire contr&ocirc;l&eacute;. C&rsquo;est une efficace vitrine pour l&rsquo;ext&eacute;rieur &eacute;galement. Pourtant, la construction d&rsquo;un projet r&eacute;publicain en profondeur n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; vraiment entrepris par Guzm&aacute;n Blanco parce qu&rsquo;il ne le pouvait pas ni ne le voulait non plus, comme affirme l&rsquo;historien Pino Iturrieta. Tr&egrave;s vite, le culte de la personnalit&eacute; qui progresse pendant les mandats du &laquo;&nbsp;gusmancismo&nbsp;&raquo; prendra toute la place, beaucoup d&rsquo;&eacute;nergie et de ressources.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="font-size:10.0pt">Parall&egrave;lement &agrave; ce processus de modernisation men&eacute; aussi bien dans l&rsquo;ordre symbolique, se d&eacute;veloppe le culte du dictateur, orchestr&eacute; par un certain nombre d&rsquo;organes de presse &agrave; la d&eacute;votion du r&eacute;gime (&hellip;). Des &eacute;crivains improvis&eacute;s, adulateurs de seconde zone, font assaut d&rsquo;&eacute;loges dithyrambiques, le comparant &agrave; Mo&iuml;ses, Las Casas, le proph&egrave;te &Eacute;lie, Washington, Bol&iacute;var bien s&ucirc;r, mais aussi Napol&eacute;on, et au Christ crucifi&eacute;&hellip; D&eacute;fil&eacute;s patriotiques et r&eacute;ceptions se multiplient. La m&eacute;galomanie du mandataire n&rsquo;a d&rsquo;&eacute;gale que son imitation maladive de la France et des modes du Second Empire.<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:#00000a">[11]</span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">L&rsquo;id&eacute;alisation de la personne et du discours de Simon Bol&iacute;var nous am&egrave;ne &agrave; une lecture univoque de la Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance dont le c&ocirc;t&eacute; sanguinaire et barbare est souvent maquill&eacute;, justifi&eacute; ou censur&eacute;. Une censure, une r&eacute;pression qui emp&ecirc;chera de regarder en face la dimension violente et autoritaire du P&egrave;re de la Patrie, tout comme toute une s&eacute;rie de contradictions dans l&rsquo;histoire de la M&egrave;re Patrie. La perp&eacute;tuelle c&eacute;l&eacute;bration du p&egrave;re de la patrie et des gouverneurs autocrates qui se suivront finira par faire croire aux V&eacute;n&eacute;zu&eacute;liens &agrave; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un &laquo;Caudillo necesario&raquo;, selon la th&egrave;se de Laureano Vallenilla Lanz<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[12]</span></span></a>, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre guid&eacute; en tant que peuple par la force d&rsquo;un caudillo leader militaire pour garantir la paix et atteindre le progr&egrave;s.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><strong>III.- Une nouvelle date de comm&eacute;moration nationale</strong></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Sous le soleil de la ville de Trujillo, le 13 juin 2013, face &agrave; un public habill&eacute; en rouge, le Pr&eacute;sident v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien, Nicolas Maduro, d&eacute;cr&egrave;te cette ville capitale de la R&eacute;publique pour c&eacute;l&eacute;brer pendant trois jours ce moment si important et cl&eacute; de notre histoire. Trujillo avait &eacute;t&eacute; aussi le lieu choisi par Bol&iacute;var pour d&eacute;cr&eacute;ter la Guerre &agrave; Mort contre tout espagnol traite &agrave; la cause de l&rsquo;Ind&eacute;pendance. Mal lu, peu connu, le Pr&eacute;sident Maduro d&eacute;cide donc de le faire sortir &agrave; la lumi&egrave;re et de le c&eacute;l&eacute;brer car, selon lui, on retrouve l&agrave; toute l&rsquo;actualit&eacute; de la pens&eacute;e de Bol&iacute;var. Le gouvernement du Venezuela comm&eacute;more donc en 2013 le bicentenaire du D&eacute;cret de Guerre &agrave; Mort, en l&rsquo;analysant, en le faisant lire en public, mais aussi en encourageant les ma&icirc;tres et &eacute;coliers &agrave; le travailler en profondeur. Un petit r&eacute;sum&eacute; de quelques lignes, mais &eacute;crit dans un langage incendiaire et peupl&eacute; d&rsquo;imp&eacute;ratifs. Nicolas Maduro a import&eacute; ainsi directement du dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle les mots du Libertador, <span style="color:black">comme s&rsquo;ils avaient &eacute;t&eacute; prononc&eacute;s hier et il a d&eacute;clar&eacute; que rien &nbsp;n&rsquo;avait chang&eacute; depuis. Selon lui, on poursuit la guerre contre les &laquo;&nbsp;forces de l&rsquo;empire&nbsp;&raquo; et il y a ceux qui se laissent convaincre et finissent par devenir des tra&icirc;tres, les castes d&rsquo;oligarques qui deviennent une menace contre la libert&eacute; et contre la patrie souveraine. Dans ce discours de 2013, il incite le peuple &agrave; &eacute;tudier le D&eacute;cret &agrave; Mort parce qu&rsquo;il &laquo;&nbsp;est remplit de la sagesse et de vraies valeurs (&hellip;) du <em>Libertador</em>&nbsp;&raquo;. A la fin il a lanc&eacute; le cri de guerre&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ind&eacute;pendance&hellip; la lutte se poursuit et se poursuivra jusqu&rsquo;&agrave; la Victoire.&nbsp;&raquo; En r&eacute;p&eacute;tant&nbsp;: &iexcl;Qu&eacute; viva Ch&aacute;vez! </span><span style="color:black">&iexcl;Qu&eacute; viva Bol&iacute;var!<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">[13]</span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="color:black">Il me para&icirc;t donc opportun de revenir sur l&rsquo;analyse d&rsquo;Ana Teresa Torres:</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">La guerra a muerte condensaba un discurso identificatorio con una pr&aacute;ctica destructora, y con una ficci&oacute;n pol&iacute;tica formaba dos grupos irreconciliables. (&hellip;) Un pa&iacute;s inexorablemente dividido en &lsquo;buenos&rsquo; y &lsquo;malos&rsquo;, en &lsquo;amigos&rsquo; y &lsquo;enemigos&rsquo; de la causa, no puede aspirar a una conciencia y un destino espiritual com&uacute;n. Este dispositivo ret&oacute;rico (&hellip;) ha sido fundamental en el discurso de la Revoluci&oacute;n Bolivariana que divide a la sociedad entre &ldquo;patriotas&rdquo; y </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">&ldquo;ap&aacute;tridas.<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">[14]</span></span></a></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">&nbsp;</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="color:black">Le D&eacute;cret de Guerre &agrave; mort devient donc un tr&egrave;s utile exemple &agrave; &eacute;tudier pour pouvoir tracer les diff&eacute;rentes tensions de l&rsquo;histoire, en tant que <em>dispositif rh&eacute;torique,</em> il a &eacute;t&eacute; dissimul&eacute; ou exalt&eacute; selon les causes. Un jour, par exemple, &eacute;clips&eacute; par la construction de l&rsquo;image d&rsquo;un Bol&iacute;var r&eacute;publicain, mais peu apr&egrave;s il sera utilis&eacute;e par Cirpiano Castro et aussi par le dictateur Juan Vicente Gomez pour r&eacute;sister aux ennemis internationaux, et, plus tard, &agrave; partir de la moiti&eacute; du vingti&egrave;me si&egrave;cle l&rsquo;image de Bol&iacute;var sera maquill&eacute;e en faveur du mod&egrave;le d&eacute;mocratique, et le d&eacute;cret avec elle, pour ensuite devenir un puissant outil visant &agrave; exploiter les vertus de Bol&iacute;var en tant que leader militaire, si utile &agrave; la r&eacute;volution bolivarienne. Aujourd&rsquo;hui, dans les &eacute;coles et dans les manuels, c&rsquo;est le Bol&iacute;var combatif et f&eacute;roce avec les ennemis de la cause de l&rsquo;ind&eacute;pendance qui est en train de se reconstruire. Dans la R&eacute;publique Bolivarienne du Venezuela, le culte envers le h&eacute;ros se d&eacute;veloppe en parall&egrave;le &agrave; un discours guerrier du dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle o&ugrave; les mots de la colonie reviennent pour attiser des anciens conflits et diviser une population d&rsquo;une fa&ccedil;on simpliste et manich&eacute;enne.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Selon Pino Iturrieta, le fait que le futur P&egrave;re de la Patrie soit l&rsquo;auteur du D&eacute;cret &agrave; Mort et qu&rsquo;il fasse une telle proclamation est une des cl&eacute;s historiques pour la compr&eacute;hension de l&rsquo;actualit&eacute;&nbsp;: derri&egrave;re cela se trouve l&rsquo;exercice d&rsquo;un pouvoir personnalis&eacute; d&eacute;mesur&eacute; en lien avec le militarisme et justifi&eacute; par une cause. Dans le m&ecirc;me temps, on peut retrouver le noyau du conflit fondateur de la R&eacute;publique&nbsp;: la Libert&eacute;, aspiration r&eacute;publicaine par excellence,&nbsp;devient la motivation principale de l&rsquo;autoritarisme.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">&nbsp;La grande contradiction de base&nbsp;? La construction d&rsquo;une nation moderne &agrave; partir de quelques id&eacute;aux r&eacute;publicains interpr&eacute;t&eacute;s par des hommes d&rsquo;armes, qui ont aid&eacute; &agrave; construire la R&eacute;publique mais &agrave; partir de l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une force militaire protectrice n&eacute;cessaire, qui veillera sur la paix et sous un mandat quasi religieux, qui alimente l&rsquo;imaginaire et guide toujours le progr&egrave;s vers la Libert&eacute;. Paradoxe dans le destin du Venezuela&nbsp;: un peuple prisonnier de l&rsquo;image unique d&rsquo;un Libertador, qui s&rsquo;est sacrifi&eacute; pour ses enfants. Le p&egrave;re de la patrie, h&eacute;ros de l&rsquo;Ind&eacute;pendance, ne laisse pas la possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;mancipation aux citoyens.&nbsp;</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">&laquo;&nbsp;Le Venezuela &ndash;dit Ana Teresa Torres<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[15]</span></span></a>&ndash; a gagn&eacute; la cause de l&rsquo;&Eacute;mancipation pour le pays et pour le reste du continent et, paradoxalement, est rest&eacute; encha&icirc;n&eacute;. Encha&icirc;n&eacute; &agrave; l&rsquo;imaginaire d&rsquo;une patrie en permanent &eacute;tat de calamit&eacute; et toujours en qu&ecirc;te d&rsquo;&ecirc;tre sauv&eacute;e&nbsp;&raquo;. Les V&eacute;n&eacute;zu&eacute;liens restent ainsi en attente du nouvel arrivant, du leader, du sauveur, du Messie et celui-ci est tr&egrave;s souvent un homme d&rsquo;armes, le gendarme n&eacute;cessaire. Entre-temps, l&rsquo;imaginaire v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien bascule en permanence entre deux extr&ecirc;mes&nbsp;: la nostalgie et l&rsquo;utopie. Nostalgie de cet &acirc;ge d&rsquo;Or, de la Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance en chemin vers le Projet Futur de la R&eacute;publique enfin Libre. Ce qui rentre parfaitement dans les id&eacute;aux moteurs de toute r&eacute;volution.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a">Donc commencer &agrave; relire cette Guerre d&rsquo;Ind&eacute;pendance comme une guerre fratricide et barbare, qui a an&eacute;anti la population, en faisant plus de 300.000 morts en deux ans, peut aussi permettre de mieux comprendre pourquoi le Venezuela du vingt-et-uni&egrave;me si&egrave;cle se situe en t&ecirc;te de liste des pays au taux d&rsquo;assassinat les plus &eacute;lev&eacute;s du monde.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><span style="color:black">Arriv&eacute;s &agrave; ce stade, il ne faudrait pas oublier donc que le discours politique du pass&eacute; comme celui d&rsquo;aujourd&rsquo;hui a &eacute;t&eacute; model&eacute; plus par les conflits et les guerres que par des accords l&eacute;gislatifs&nbsp;; cela concerne le Mexique, comme nous le signale</span><span style="color:black"> Fernando Escalante Gonzalvo<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">[16]</span></span></a></span><span style="color:black">, mais aussi par extension toute l&rsquo;Am&eacute;rique Latine. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;id&eacute;aliser le pass&eacute; dans des lectures univoques, mais surtout d&rsquo;essayer de comprendre comment les conflits sont une partie essentielle de la fondation des &eacute;tats nations o&ugrave; la th&eacute;orie des super puissances ennemies peut continuer &agrave; rapporter des dividendes aux d&eacute;tenteurs du pouvoir. Si les id&eacute;aux des Lumi&egrave;res ont pu p&eacute;n&eacute;trer dans les mentalit&eacute;s des leaders de l&rsquo;Ind&eacute;pendance, il ne faudrait pas non plus oublier qu&rsquo;une psychologie de guerre est aussi bien ancr&eacute;e dans la gen&egrave;se de nos soci&eacute;t&eacute;s. On dirait qu&rsquo;il ne nous reste donc que la prise de conscience citoyenne face &agrave; l&rsquo;utilisation de l&rsquo;histoire de la part du pouvoir, pour essayer surtout d&rsquo;examiner comment on peut &ecirc;tre pris au pi&egrave;ge de certaines th&eacute;ories. Ne serait-il pas possible que l&rsquo;on y adh&egrave;re parce qu&rsquo;elles nous lib&egrave;rent nous aussi de toute responsabilit&eacute;&nbsp;? Accepter que le p&egrave;re de la patrie ait pu signer un d&eacute;cret qui a caus&eacute; la mort de deux cents personnes en deux jours et que ses id&eacute;aux l&rsquo;ont emmen&eacute; &agrave; un emploi d&eacute;mesur&eacute; de la force et du pouvoir pourrait aider &agrave; comprendre comment le Venezuela d&rsquo;aujourd&rsquo;hui se trouve dans une telle crise. Une histoire maquill&eacute;e selon le gouvernement en place peut convenir au pouvoir, mais elle trouve aussi des &eacute;chos dans le peuple qui choisit d&rsquo;y croire et qui continue &agrave; voter pour les hommes providentiels. Toute la soci&eacute;t&eacute; se retrouve donc dans ces jeux de projections et de reflets. Le pass&eacute; r&eacute;cent nous a d&eacute;voil&eacute; suffisamment d&rsquo;exemples sur les cons&eacute;quences n&eacute;fastes d&rsquo;une telle manipulation.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[1]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"> Les chiffres officiels de violence au Venezuela ont &eacute;t&eacute; censur&eacute;s pendant les douze derni&egrave;res ann&eacute;es selon les d&eacute;clarations de Roberto Brice&ntilde;o Leon, directeur de l&rsquo;ong &laquo;&nbsp;Observatorio de la violencia en Venezuela&nbsp;&raquo;, OVV, dans une &eacute;mission radio&nbsp;du 2/08/2016 : &ldquo;Tenemos ya 12 a&ntilde;os de censura oficial sobre los n&uacute;meros de la violencia. </span><span style="font-size:10.0pt">La &uacute;ltima cifra formal completa fue la relativa al a&ntilde;o 2003, de all&iacute; en adelante no ha dado cifras, sino algunas puntuales&rdquo;. </span><span style="font-size:10.0pt">(Site OVV: </span><a href="https://observatoriodeviolencia.org.ve/ovv-cifras-de-violencia-en-venezuela-llevan-12-anos-censuradas/"><span style="color:blue"><u><span style="font-size:10.0pt">https://observatoriodeviolencia.org.ve/ovv-cifras-de-violencia-en-venezuela-llevan-12-anos-censuradas/</span></u></span></a><span style="font-size:10.0pt"> , derni&egrave;re consultation 12/02/2017). Et dans le journal espagnol <em>ABC</em> en 2015, on &eacute;voquait la progressive remont&eacute;e du taux de criminalit&eacute; au Venezuela&nbsp;: &ldquo;El &iacute;ndice de homicidios en Venezuela (OVV) sigue subiendo de manera imparable. </span><span style="font-size:10.0pt">Si en 2013, era de 79 cada 100.000 habitantes, y en 2013 la cifra ascend&iacute;a a 82, este a&ntilde;o [2015] que est&aacute; a punto de concluir alcanza un registro hist&oacute;rico, al situarse en 90 muertos, seg&uacute;n el &uacute;ltimo informe del Observatorio Venezolano de Violencia, y cuyas cifras public&oacute; ayer&nbsp;</span><a href="http://www.lapatilla.com/site/2015/12/28/tasa-de-homicidios-en-venezuela-alcanzo-cifra-historica-de-90-por-cada-100-mil-habitantes/"><span style="color:blue"><u><span style="font-size:10.0pt">en su p&aacute;gina web La Patilla</span></u></span></a><span style="font-size:10.0pt">. Seg&uacute;n dicho informe, al final de 2015, la cifra de muertes violentas ser&aacute; de 27.875.&rdquo; </span><span style="font-size:10.0pt">(</span><a href="http://www.abc.es/internacional/abci-venezuela-alcanza-2015-cifra-historica-homicidios-90-cada-100000-habitantes-201512290116_noticia.html"><span style="color:blue"><u><span style="font-size:10.0pt">http://www.abc.es/internacional/abci-venezuela-alcanza-2015-cifra-historica-homicidios-90-cada-100000-habitantes-201512290116_noticia.html</span></u></span></a><span style="font-size:10.0pt">, <em>ABC</em>, Madrid, 29/11/2015, derni&egrave;re consultation 11/02/2017)</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[2]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt">Dans un entretien, deux historiens v&eacute;n&eacute;zu&eacute;liens, El&iacute;as Pino Iturrieta et Ines Quintero, &eacute;voquent l&rsquo;effort sans r&eacute;pit que leurs coll&egrave;gues de l&rsquo;&eacute;poque de Ch&aacute;vez ont entam&eacute; pour essayer de d&eacute;livrer au plus grand nombre de lecteurs une profonde analyse de l&rsquo;histoire. Pour cela, ils ont d&ucirc; sortir des conventions acad&eacute;miques. Un effort que l&rsquo;on peut relier &agrave; un courant tendant &agrave; manipuler la m&eacute;moire car c&rsquo;est justement quand le pass&eacute; est modifi&eacute; par le pouvoir que les diff&eacute;rentes disciplines cherchent &agrave; &eacute;laborer en contrepoids une r&eacute;ponse critique f&eacute;conde. C&rsquo;est ce qui se passe avec les figures de Bol&iacute;var, Boves et Miranda, par exemple, et aussi avec plein d&rsquo;autres &eacute;v&eacute;nements manipul&eacute;s en faveur d&rsquo;une nouvelle doctrine (&laquo;&nbsp;</span><span style="font-size:10.0pt"><span style="background-color:white"><span style="color:black">Tertulia: In&eacute;s Quintero y El&iacute;as Pino Iturrieta nos presentan a &quot;El Hijo de la Panadera&quot;&nbsp;&raquo;, </span></span></span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=OZ66LjysXuU"><span style="color:blue"><u><span style="font-size:10.0pt">https://www.youtube.com/watch?v=OZ66LjysXuU</span></u></span></a><span style="font-size:10.0pt">, publi&eacute; le 17/07/2014, derni&egrave;re consultation le 12/02/2017). R&eacute;pertorier ces apports documentaires dans le Venezuela chaviste sont au d&eacute;part de la motivation de mon projet doctoral.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[3]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"> &laquo;&nbsp;Argumentos&nbsp;&raquo;, entretien avec Elias Pino Iturrieta, [min: 4:00], Librer&iacute;a Lugar Com&uacute;n, Caracas, 8/05/2014, </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=Kk8WHG5CISg"><span style="color:blue"><u><span style="font-size:10.0pt">https://www.youtube.com/watch?v=Kk8WHG5CISg</span></u></span></a><span style="font-size:10.0pt">, derni&egrave;re consultation : 12/02/2017)</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[4]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"> Anta Teresa Torres, <em>La herencia de la tribu. Del mito de la Independencia a la Revoluci&oacute;n bolivariana</em>, Editorial Alfa, Caracas, 2009, p. 27.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:13pt"><span style="font-family:Cambria,serif"><span style="color:#4f81bd"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><strong><span style="font-size:13.0pt"><span style="color:#4f81bd">[5]</span></span></strong></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">V&eacute;ronique Hebrard, &laquo;&nbsp;A l&#39;&eacute;coute du conflit : historiographie d&#39;une guerre&nbsp;Venezuela (1812-1823)&nbsp;&raquo;, </span></span><a href="http://www.univ-paris-diderot.fr/hsal/hsal972/vh97-2.html"><span style="color:blue"><u><span style="font-size:10.0pt">http://www.univ-paris-diderot.fr/hsal/hsal972/vh97-2.html</span></u></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">, 1997. (derni&egrave;re consultation&nbsp;: 11/02/2017)</span></span></span></span></span></h2> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[6]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <em><span style="font-size:10.0pt">Histoire du Venezuela. De la Conqu&ecirc;te &agrave; nos jours</span></em><span style="font-size:10.0pt">, Fr&eacute;d&eacute;rique Langue, L&rsquo;Harmattan, 1999, pp 206 &ndash; 221.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[7]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <em><span style="font-size:10.0pt"> Histoire du Venezuela. De la Conqu&ecirc;te &agrave; nos jours</span></em><span style="font-size:10.0pt">, Fr&eacute;d&eacute;rique Langue, L&rsquo;harmattan, 1999, pp 206 &ndash; 221.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[8]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt">&nbsp; Ibidem, p. 211.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[9]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt">&nbsp; <em>El divino Bol&iacute;var</em>, El&iacute;as Pino Iturrieta, editorial Alfa, Biblioteca El&iacute;as Pino Iturrieta, 2010, p. 54.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[10]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"> Ibidem, p. 210.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[11]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">Ibidem, pp. 211 et 212.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[12]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Intellectuel v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien positiviste connu par son soutien au dictateur Juan Vicente G&oacute;mez au d&eacute;but du vingti&egrave;me et par sa th&egrave;se du &laquo;&nbsp;gendarme n&eacute;cessaire&nbsp;&raquo;, postul&eacute; dans une bonne partie de son &oelig;uvre (sp&eacute;cifiquement dans son&nbsp;livre <em>Cesarismo democr&aacute;tico y otros textos</em>. Editorial Monte &Aacute;vila). Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;une expos&eacute;e des motifs qui justifie la figure patriarcale, et par cons&eacute;quence autoritaire, dans le pouvoir pour ainsi mettre un peu d&rsquo;ordre dans la soci&eacute;t&eacute;. Une id&eacute;e tr&egrave;s r&eacute;pandue dans les soci&eacute;t&eacute;s latino-am&eacute;ricains et peut-&ecirc;tre encore pr&eacute;sente dans l&rsquo;imaginaire populaire.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[13]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &ldquo;<span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">Decreto de Guerr<span style="background-color:white">a a Muerte de Sim&oacute;n Bol&iacute;var contra los espa&ntilde;oles 1813 2013. </span></span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="background-color:white"><span style="color:black">Discurso Nicol&aacute;s Maduro&rdquo;, </span></span></span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=TJ0TmY_t1ng"><span style="color:blue"><u><span style="font-size:10.0pt">https://www.youtube.com/watch?v=TJ0TmY_t1ng</span></u></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="background-color:white"><span style="color:black"> , publi&eacute; le 19 juin 2013 (derni&egrave;re consultation: le 13/02/2017.</span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[14]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">Ana Teresa Torres, <span style="background-color:white">op. cit. p. 33.</span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[15]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"> Ana Teresa Torres, op. cit. p. 35.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="color:#00000a"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:#00000a">[16]</span></span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"> &ldquo;Los cr&iacute;menes de la patria. Las guerras de construcci&oacute;n nacional en M&eacute;xico (siglo XIX)&rdquo;, Revista Metapol&iacute;tica, Vol. 2, n&uacute;m. 5, enero-marzo, p. 19, M&eacute;xico DF, 1998.</span></span></span></span></p> </div> </div>