<div class="WordSection1"> <h3 style="margin-top:11px; margin-bottom:11px"><span style="font-size:16pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Baskerville">Le personnage<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:16.0pt"><span style="font-family:Baskerville">[1]</span></span></b></span></span></a></span></span></span></h3> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Le v&eacute;ritable nom d&rsquo;Edgar Morin est Edgar Nahoum. Morin est en fait le nom d&rsquo;usage qu&rsquo;il utilisera en tant que r&eacute;sistant durant la seconde guerre mondiale et qu&rsquo;il d&eacute;cidera ensuite de conserver. Il a bien failli ne jamais voir le jour, car il na&icirc;t inanim&eacute;, &eacute;trangl&eacute; par le cordon ombilical, le 8 juillet 1921 au domicile de ses parents. Le m&eacute;decin mettra plus d&rsquo;une demi-heure avant qu&rsquo;il ne pousse son premier cri. Le petit Edgar va grandir au sein d&rsquo;une famille d&rsquo;origine juive est la&iuml;cis&eacute;e et non pratiquante. Ce fils unique aura une enfance assez solitaire et r&eacute;serv&eacute;e qui sera tout particuli&egrave;rement marqu&eacute;e par le d&eacute;c&egrave;s de sa m&egrave;re des suites de la grippe espagnole, alors qu&rsquo;il n&rsquo;a que 10&nbsp;ans. Il t&eacute;moignera &agrave; plusieurs reprises sur le fait que sa famille, croyant le prot&eacute;ger en lui pr&eacute;sentant cette absence comme due &agrave; un &laquo;&nbsp;long voyage&nbsp;&raquo;, n&rsquo;aura fait que le priver de pouvoir partager sa tristesse alors qu&rsquo;il avait compris de quel v&eacute;ritable voyage il s&rsquo;agissait&hellip; Parmi ces &eacute;vasions, il y aura le cin&eacute;ma et bien s&ucirc;r la lecture&hellip; La politique va rapidement prendre une place importante dans la vie du jeune Edgar. Elle fait irruption dans sa vie lors de l&rsquo;&eacute;meute sanglante du 6 f&eacute;vrier 1934 &agrave; Paris qui allait renverser le gouvernement Daladier. Nous sommes aux pr&eacute;mices du Front Populaire et le jeune Edgar, 13&nbsp;ans, est &eacute;l&egrave;ve du lyc&eacute;e Rollin. Apr&egrave;s avoir obtenu son baccalaur&eacute;at de philosophie en 1939, il commence ses &eacute;tudes universitaires &agrave; la Sorbonne alors qu&rsquo;un vent de panique souffle sur Paris du fait que la guerre vient d&rsquo;&eacute;clater. Il s&rsquo;inscrit aux cours d&rsquo;histoire, puis de droit et de science politique. Ce sont les cours de Georges Lefebvre sur la r&eacute;volution fran&ccedil;aise qui vont particuli&egrave;rement alimenter son int&eacute;r&ecirc;t et instiller ses r&eacute;flexions sur ce qui allait plus tard devenir la &laquo;&nbsp;pens&eacute;e complexe&nbsp;&raquo;. Il se rend compte, en effet, que l&rsquo;histoire regorge d&rsquo;&eacute;v&egrave;nements o&ugrave; les cons&eacute;quences de d&eacute;cisions prises se r&eacute;v&egrave;lent contraires aux objectifs escompt&eacute;s. L&rsquo;ind&eacute;termination entre les d&eacute;cisions et leurs cons&eacute;quences le conduiront &agrave; d&eacute;velopper une analyse de l&rsquo;&eacute;cologie de l&rsquo;action. Plus tard il d&eacute;veloppera ce constat dans le 6<sup>&egrave;me</sup> et dernier tome de la M&eacute;thode (2004, p. 46)⁠&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;[&hellip;] toute action &eacute;chappe de plus en plus &agrave; la volont&eacute; de son auteur &agrave; mesure qu&rsquo;elle entre dans le jeu des inter-r&eacute;tro-actions du milieu o&ugrave; elle intervient. Ainsi l&rsquo;action risque non seulement l&rsquo;&eacute;chec, mais aussi le d&eacute;tournement ou la perversion de son sens.&nbsp;&raquo;</i> D&rsquo;autre part, Lefebvre enseigne une certaine vision critique en montrant comment les historiens ont tendance &agrave; interpr&eacute;ter le pass&eacute; en fonction de leurs propres pr&eacute;occupations pr&eacute;sentes, de leurs convictions et du contexte historique. Ce que d&rsquo;autres id&eacute;alistes auraient appel&eacute; un biais, Morin va, au contraire, le consid&eacute;rer comme une caract&eacute;ristique humaine inali&eacute;nable. Aussi, l&rsquo;enjeu n&rsquo;est pas selon lui de combattre des biais interpr&eacute;tatifs, mais de d&eacute;velopper une introspection par laquelle <i>&laquo;&nbsp;tout observateur doit s&rsquo;auto-observer en m&ecirc;me temps qu&rsquo;il pratique une observation.&nbsp;&raquo;</i> En d&rsquo;autres termes, un historien ou un chercheur devrait avoir une &eacute;thique par laquelle, outre sa m&eacute;thode et ses conclusions, il d&eacute;voile au public sa conscience de son propre contexte dans lequel et avec lequel il a op&eacute;r&eacute;.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Le 10 juin, 1940, face &agrave; l&rsquo;avanc&eacute;e des troupes allemandes vers Paris, le gouvernement annonce la suspension des examens scolaires et universitaires. Edgar Morin quitte alors la capitale et va se r&eacute;fugier chez de la famille &agrave; Toulouse. Aupr&egrave;s de l&rsquo;universit&eacute; locale, il trouvera un centre d&rsquo;accueil d&rsquo;&eacute;tudiants r&eacute;fugi&eacute;s, comme lui, avec lesquels il fraternisera et passera ses examens de fin d&rsquo;ann&eacute;e de droit. Pendant l&rsquo;&eacute;t&eacute;, alors que la guerre se d&eacute;cha&icirc;ne et que la France est coup&eacute;e en deux zones, Morin s&rsquo;adonne &agrave; la litt&eacute;rature et se fait un temps l&rsquo;aide litt&eacute;raire b&eacute;n&eacute;vole de Julien Benda &agrave; Carcassonne. Le statut de &laquo;&nbsp;juif&nbsp;&raquo; est &eacute;dict&eacute; le 3 octobre 1940. 4&nbsp;jours plus tard, un d&eacute;cret parait selon lequel les r&eacute;sidents juifs seront intern&eacute;s en plac&eacute;s en r&eacute;sidence surveill&eacute;e. Malgr&eacute; cela, l&rsquo;universit&eacute; de Toulouse n&rsquo;applique pas la s&eacute;gr&eacute;gation pour les inscriptions de ses &eacute;tudiants et Morin peut poursuivre ses &eacute;tudes d&rsquo;histoire et de droit. C&rsquo;est au cours de cette p&eacute;riode qu&rsquo;il commence &agrave; adh&eacute;rer &agrave; l&rsquo;id&eacute;ologie communiste qu&rsquo;il voit, face &agrave; l&rsquo;image apocalyptique que draine la guerre mondiale, comme &laquo;&nbsp;<i>le seul moyen d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; la fraternit&eacute; universelle&nbsp;&raquo;</i>, la barbarie stalinienne n&rsquo;&eacute;tant qu&rsquo;une cons&eacute;quence de la barbarie g&eacute;n&eacute;rale (2019, p. 158)⁠. C&rsquo;est &eacute;galement au cours de cette p&eacute;riode que va commencer son activit&eacute; de r&eacute;sistants avec des amis &eacute;tudiants en collant clandestinement la nuit, sur les murs de la ville, des affiches de propagande d&eacute;non&ccedil;ant l&rsquo;occupation et le gouvernement de Vichy. En novembre 1942, Toulouse passant sous les fers de la zone fran&ccedil;aise occup&eacute;e, Edgar Morin d&eacute;cide de quitter la ville et part &agrave; Lyon sous le nom d&rsquo;Edgar Beressi du nom de jeune fille de sa m&egrave;re. L&agrave;, avec deux amis &eacute;tudiants, il entre dans le parti communiste pour poursuivre les activit&eacute;s de r&eacute;sistant et la propagande contre les occupants et P&eacute;tain. En m&ecirc;me temps, il poursuit sa qu&ecirc;te intellectuelle et philosophique. &Agrave; la biblioth&egrave;que de l&rsquo;universit&eacute;, il d&eacute;couvre Hegel et sa ph&eacute;nom&eacute;nologie de l&rsquo;esprit. De cette lecture, il commencera &agrave; prendre conscience de l&rsquo;erreur de l&rsquo;esprit humain, dans sa qu&ecirc;te de coh&eacute;rence, de chercher &agrave; &eacute;liminer les contradictions apparentes sans avoir conscience de leur int&eacute;r&ecirc;t. <i>&laquo;&nbsp;Ma r&eacute;volution intellectuelle est la d&eacute;couverte que la contradiction, au lieu d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;limin&eacute;e comme erreur, est non seulement in&eacute;liminable, mais n&eacute;cessaire &agrave; la pens&eacute;e. Je n&rsquo;avais pas encore le mot complexit&eacute; dans la t&ecirc;te, mais je sentais que la contradiction complexifiait la pens&eacute;e&nbsp;&raquo;</i> (Morin, 2019, p. 179)⁠. En juin 1943, les &eacute;tudiants de sa tranche d&rsquo;&acirc;ge sont appel&eacute;s par le Service de Travail Obligatoire (STO) et doivent donc partir en Allemagne. La r&eacute;sistance lui permet de se procurer de faux papiers et d&rsquo;&eacute;chapper sous un nouveau nom (Edmond Poncet) &agrave; ce recrutement forc&eacute;. Il prend alors la direction &agrave; Grenoble, puis &agrave; Lyon du MRGPD (Mouvement de R&eacute;sistance des Prisonniers de Guerre et des D&eacute;port&eacute;s) dont le but est de garder des liens avec les prisonniers en Allemagne et d&rsquo;&eacute;changer avec eux des informations. Jusqu&rsquo;&agrave; la lib&eacute;ration, il maintiendra ses activit&eacute;s de r&eacute;sistant (propagande, recrutements de r&eacute;sistants, renseignement, fabrication de faux-papier, de fausses cartes d&rsquo;alimentation, etc.) et &eacute;chappera de peu, plusieurs fois, &agrave; son arrestation. C&rsquo;est en changeant une seconde fois de nom pour troubler les pistes de la Gestapo qu&rsquo;Edgar Nahoum prendra par erreur le nom de Morin&nbsp; qu&rsquo;il d&eacute;cidera ensuite de conserver.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Apr&egrave;s la guerre, install&eacute; &agrave; Paris, alors que d&rsquo;autres grands noms de la r&eacute;sistance vont int&eacute;grer des fonctions politiques, d&rsquo;universitaires, ou de journalistes, Edgar Morin va conna&icirc;tre une &eacute;poque de ch&ocirc;mage jalonn&eacute;e de quelques exp&eacute;riences infructueuses de r&eacute;dacteurs aupr&egrave;s de journaux issus de la lib&eacute;ration. Un d&rsquo;eux lui propose m&ecirc;me de tenir une rubrique sur les &laquo;&nbsp;chiens &eacute;cras&eacute;s&nbsp;&raquo;&hellip; Morin se d&eacute;finit alors, lui-m&ecirc;me, comme un &laquo;&nbsp;d&eacute;chet social&nbsp;&raquo; et commence &agrave; douter puis &agrave; &ecirc;tre en rupture avec le communisme dans lequel il avait tant cru. Entre autres choses, il d&eacute;sapprouve l&rsquo;&eacute;puration souhait&eacute;e des artistes et des &eacute;crivains accus&eacute;s d&rsquo;avoir eu des relations professionnelles, ou autres, avec les Allemands pendant la guerre&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>[&hellip;] le parti se concentrait sur l&rsquo;&eacute;limination des traitres, oubliant son attitude lors du pacte germano-sovi&eacute;tique&nbsp;&raquo;</i> (2019, p. 234)⁠. C&rsquo;est de ce tiraillement entre raison et passion que l&rsquo;&eacute;tudiant Nahoum d&eacute;veloppera le n&eacute;ologisme &laquo;&nbsp;dialogique&nbsp;&raquo; (Lecompte, 2023, p. 46)⁠. Cette p&eacute;riode ne sera donc pas un d&eacute;s&oelig;uvrement, puisqu&rsquo;il mettra &agrave; profit son temps libre &agrave; arpenter les rayons de la biblioth&egrave;que nationale o&ugrave; il d&eacute;couvrira la psychanalyse, la biologie, la sociologie et d&rsquo;autres domaines d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts qui le conduiront &agrave; la publication de ses premiers livres. <i>L&rsquo;an z&eacute;ro de l&rsquo;Allemagne</i> (1946) parait au lendemain de la guerre et d&eacute;peint, comme son titre en t&eacute;moigne, la d&eacute;gradation de tout un pays jusqu&rsquo;&agrave; ses heures les plus sombres ainsi que l&rsquo;incapacit&eacute; du syst&egrave;me lib&eacute;ral de la RFA &agrave; se reconstruire. Jusqu&rsquo;en 1949, il fr&eacute;quente le milieu litt&eacute;raire parisien de Saint-Germain et les habitu&eacute;s du Caf&eacute; de Flore comme Marguerite Duras, Queneau, Merleau-Ponty, etc. De l&agrave;, il commencera &agrave; prendre ses distances avec le parti communiste du fait de la scission entre pro et anti jdanovistes, des proc&egrave;s de Moscou, ainsi que de la prise de pouvoir de l&rsquo;URSS sur la Tch&eacute;coslovaquie, la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><i><span style="font-size:15.0pt">L&rsquo;homme et la mort</span></i><span style="font-size:15.0pt"> (1951)⁠ sera publi&eacute; la m&ecirc;me ann&eacute;e o&ugrave; il entre au CNRS comme stagiaire &agrave; la section sociologie. Ce premier livre, probablement un exutoire du rapport que l&rsquo;auteur a d&eacute;j&agrave; eu avec la mort (&agrave; sa naissance, durant son enfance et pendant la guerre), est une &oelig;uvre transdisciplinaire et historique. Pendant deux ans, il a analys&eacute; les rites mortuaires qui apparaissent d&egrave;s la pr&eacute;histoire, les mani&egrave;res dont la mort est abord&eacute;e dans la religion, de m&ecirc;me qu&rsquo;en psychologie, psychanalyse, sociologie, anthropologie, ou encore en po&eacute;sie et en litt&eacute;rature. De l&agrave; ressort, &agrave; nouveau, un point fondamental de la pens&eacute;e de Morin&nbsp;: chercher, dans l&rsquo;esprit de Hegel, &agrave; comprendre les paradoxes et non &agrave; les rejeter. Comment se fait-il que depuis que l&rsquo;&ecirc;tre humain ait conscience de ce qu&rsquo;est la mort, celui-ci ne fasse que la craindre et la repousser tout en &eacute;tant capable de se sacrifier au nom de ceux qu&rsquo;il aime et prot&egrave;ge et ce, que ce soit dans un cadre &eacute;troit d&rsquo;une famille ou pour une cause plus large et ambigu&euml; que peut &ecirc;tre un peuple, une patrie ou une id&eacute;ologie&nbsp;? <i>&laquo;&nbsp;L&rsquo;&ecirc;tre humain, tout en reconnaissant la mort, la nie. C&rsquo;est le seul animal qui ait conscience de la mort et qui, en m&ecirc;me temps, la surmonte gr&acirc;ce au mythe&nbsp;&raquo;</i> (2019, p. 38)⁠.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">1951 va &ecirc;tre une ann&eacute;e charni&egrave;re qui marque le d&eacute;but d&rsquo;Edgar Morin comme chercheur et la fin de son appartenance au parti communiste. En effet, le parti d&eacute;cide de l&rsquo;exclure au motif d&rsquo;un article qu&rsquo;il a publi&eacute; dans le journal Lib&eacute;ration, dont le r&eacute;dacteur en chef de l&rsquo;&eacute;poque est suspect&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre un agent des services de renseignement fran&ccedil;ais. Il va alors d&eacute;buter au CNRS &laquo;&nbsp;au bas de l&rsquo;&eacute;chelle&nbsp;&raquo;. Bien que n&rsquo;ayant pas &eacute;crit de doctorat, la commission d&rsquo;admission consid&egrave;rera que son ouvrage <i>L&rsquo;homme et la mort </i>a les qualit&eacute;s requises d&rsquo;un travail de rechercher et l&rsquo;intronisera comme chercheur-stagiaire dans la section de sociologie. Son travail ne se limitera toutefois pas &agrave; la sociologie et endossera une certaine marginalit&eacute;. Outre l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;il conserve envers la politique, il va publier sur des domaines aussi divers que l&rsquo;&eacute;ducation, le cin&eacute;ma, la po&eacute;sie, les romans et bien s&ucirc;r, sur la pens&eacute;e complexe...</span></span></span></p> <h3 style="margin-top:11px; margin-bottom:11px"><span style="font-size:16pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Baskerville">La pens&eacute;e</span></span></span></h3> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Au niveau &eacute;pist&eacute;mologique et scientifique, l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;Edgar Morin s&rsquo;articule autour de plusieurs livres qui ont &eacute;t&eacute; publi&eacute;s des ann&eacute;es 1970 aux ann&eacute;es 2000. Parmi ceux-ci, <i>Le Paradigme perdu</i> (1973)⁠ repr&eacute;sente la premi&egrave;re pierre angulaire en faveur d&rsquo;une r&eacute;forme de l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie et de la mani&egrave;re de concevoir la connaissance scientifique. La gen&egrave;se de cet ouvrage r&eacute;side dans un colloque international sur &laquo;&nbsp;l&rsquo;unit&eacute; de l&rsquo;Homme&nbsp;&raquo; qui s&rsquo;est tenu un an avant sa parution. Cette manifestation a r&eacute;uni des grands noms de la m&eacute;decine (dont trois prix Nobel), des biologistes (dont Jacques Monod), mais aussi des anthropologues, des historiens, des psychologues ainsi que des sociologues parmi lesquels&nbsp;: Edgar Morin. La communication de 15 pages qui &eacute;tait demand&eacute;e s&rsquo;est transform&eacute;e, pour ce dernier, en un &eacute;crit de 70 pages. Ce qui suffirait aujourd&rsquo;hui au rejet pur et simple de la soumission, a donn&eacute;, lieu &agrave; sa publication sous forme d&rsquo;un ouvrage.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><i><span style="font-size:15.0pt">Le Paradigme perdu</span></i><span style="font-size:15.0pt"> pr&eacute;sente une riche analyse anthropologique qui d&eacute;passe le renfermement acad&eacute;mique de la discipline sur l&rsquo;aspect culturel de l&rsquo;homme au d&eacute;triment des autres dimensions (biologiques, physiques, chimiques, etc.) qui lui sont intrins&egrave;ques. L&rsquo;auteur fait le constat des avanc&eacute;s les plus r&eacute;centes et montre que les syst&egrave;mes &eacute;tudi&eacute;s se r&eacute;v&eacute;laient &ecirc;tre plus complexes que ce que les th&eacute;ories classiques avaient jusqu&rsquo;alors laiss&eacute; transpara&icirc;tre. Il observe ensuite que l&rsquo;homme, a au fil du progr&egrave;s technologique, s&rsquo;est d&eacute;tach&eacute; de ses origines naturelles, tout en ne cherchant qu&rsquo;&agrave; domestiquer la nature. Le d&eacute;veloppement de l&rsquo;homme dans le temps et dans l&rsquo;espace ayant d&rsquo;autre part donn&eacute; lieu &agrave; tant de civilisations diff&eacute;rentes dans les cultures et les histoires, le concept de &laquo;&nbsp;nature humaine&nbsp;&raquo; a perdu de son essence (paradigme perdu). Malgr&eacute; quelques essais en faveur d&rsquo;une union comme celle de Marx, les sciences naturelles et les sciences humaines se sont d&eacute;velopp&eacute;es de mani&egrave;res morcel&eacute;es et isol&eacute;es en perdant de vue leur c&oelig;ur original. L&rsquo;homme, toutefois, n&rsquo;est <i>&laquo;&nbsp;pas constitu&eacute; de deux tranches superpos&eacute;es, l&rsquo;une biologique, l&rsquo;autre psychosociale&nbsp;; il est &eacute;vident qu&rsquo;aucune muraille de Chine ne s&eacute;pare sa part humaine et sa part animale&nbsp;; il est &eacute;vident que chaque homme est une totalit&eacute; bio-psycho-sociologique [&hellip;] Ainsi, la biologie &eacute;tait enferm&eacute;e dans le biologisme, c&rsquo;est-&agrave;-dire une conception de la vie close sur l&rsquo;organisme, comme l&rsquo;anthropologie &eacute;tait enferm&eacute;e sur l&rsquo;anthropologisme, c&rsquo;est-&agrave;-dire une conception insulaire de l&rsquo;homme. Chacune semblait relever une substance propre, originale.&nbsp;&raquo;</i> (1973, pp. 38&ndash;40)⁠</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Ce n&rsquo;est que dans les ann&eacute;es 1950, avec les avanc&eacute;es de la recherche dans le code g&eacute;n&eacute;tique, que la biologie va s&rsquo;ouvrir vers les structures physiques et chimiques en observant les jeux d&rsquo;interactions, d&rsquo;information, de transmission de codes entre les millions de cellules qui constituent les syst&egrave;mes vivants. Ceux-ci sont des syst&egrave;mes &agrave; complexit&eacute; croissante (principe de n&eacute;guentropie) autor&eacute;gul&eacute;s, soumis &agrave; des logiques d&rsquo;ordre et de d&eacute;sordre et qui font que leur compr&eacute;hension ne peut se r&eacute;duire &agrave; la seule analyse des &eacute;l&eacute;ments constitutifs. &Agrave; l&rsquo;&eacute;poque, les th&eacute;ories biologiques mettant en exergue les &eacute;cosyst&egrave;mes (&eacute;cosyst&eacute;mologie) naturels sont embryonnaires. Jusqu&rsquo;ici, le syst&egrave;me &eacute;cologique &eacute;tait consid&eacute;r&eacute; comme un environnement fait d&rsquo;un d&eacute;sordre au sein duquel la loi du plus fort &eacute;tait la seule &agrave; r&eacute;gner. Or ces avanc&eacute;es r&eacute;v&egrave;lent, l&agrave; encore, la complexit&eacute; des syst&egrave;mes &eacute;cologiques o&ugrave; les esp&egrave;ces v&eacute;g&eacute;tales et animales interagissent par des liens de pr&eacute;dation, certes, mais &eacute;galement de hi&eacute;rarchie, de soumission, de conflit, de coop&eacute;ration (cas du h&eacute;ron pic b&oelig;uf), de comp&eacute;tition (cas de la mousse et du lichen sur des &laquo;&nbsp;niches &eacute;cologiques&nbsp;&raquo;), d&rsquo;ajustement, de symbiose, d&rsquo;&eacute;quilibre, de r&eacute;-&eacute;quilbrage, etc., le tout formant des cycles fondamentaux auto-organis&eacute;s. Les syst&egrave;mes de communication entre animaux, pour leur part, qui ont &eacute;t&eacute; longtemps r&eacute;sum&eacute;s &agrave; des r&eacute;actions instinctives ou impulsives port&eacute;s sur la nourriture et la reproduction, ont d&eacute;voil&eacute; des champs s&eacute;miotiques &agrave; la fois plus riches (comportements mimiques, communications olfactives, attitudes strat&eacute;giques, etc.) et symboliques (rituels, jeux, etc.) qui ne sont pas l&rsquo;exclusivit&eacute; des soci&eacute;t&eacute;s humaines. Ainsi, si les syst&egrave;mes sociaux humains sont complexes, ceux-ci remontent loin dans l&rsquo;origine des esp&egrave;ces, ce qui peut remettre en question l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me que la soci&eacute;t&eacute; soit une invention humaine (<i>op.</i>, p. 62)&hellip;</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Puis, &agrave; travers l&rsquo;&eacute;tude anthropologique d&eacute;taill&eacute;e des primates, des hominiens, de l&rsquo;homme de Neandertal, de l&rsquo;homo-sapiens, jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;homme actuel, Le <i>paradigme perdu</i> d&eacute;voile, &agrave; tous les niveaux, la complexit&eacute; de l&rsquo;&eacute;volution de l&rsquo;homme et de ses propri&eacute;t&eacute;s bio-psycho-sociales (avec des rites, de la culture, de l&rsquo;art, de la conscience de soi et de la mort, du r&ecirc;ve, de la violence soci&eacute;tale, les n&eacute;vroses, la sexualit&eacute;, etc.), fruits d&rsquo;ordre et de d&eacute;sordre li&eacute;s &agrave; une multitude de facteurs &agrave; nature et effets ambivalents, &agrave; la fois antagonistes et compl&eacute;mentaires, parfois accidentels dont l&rsquo;entrem&ecirc;lement fait qu&rsquo;il est vain de chercher &agrave; isoler un fil directeur ou de privil&eacute;gier une des dimensions comme il en a toujours &eacute;t&eacute; l&rsquo;usage dans la recherche. Il s&rsquo;agit donc, non pas de faire de la simplification pour comprendre l&rsquo;anthropologie mais, au contraire, d&rsquo;identifier les liens inh&eacute;rents &agrave; la biologie et &agrave; la physique-chimie. La transdisciplinarit&eacute; comme un n&eacute;cessaire &agrave; la recherche sur la complexit&eacute; est ainsi pos&eacute;e comme une <i>scienza nuova</i> qui ne serait pas une &laquo;&nbsp;science de plus&nbsp;&raquo; mais une nouvelle conception de la science.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Toutefois, sur le plan scientifique et &eacute;pist&eacute;mologique, l&rsquo;&oelig;uvre ma&icirc;tresse d&rsquo;Edgar Morin est <i>La M&eacute;thode</i>, dont les 6 tomes &eacute;crits sur 27&nbsp;ans, totalisent 1932 pages. J&rsquo;esp&egrave;re que ce nombre puisse &agrave; lui seul convaincre le lecteur la n&eacute;cessit&eacute; de lire l&rsquo;&oelig;uvre originale, plus que de l&rsquo;inciter &agrave; se contenter de lectures de synth&egrave;ses et r&eacute;sum&eacute;s que l&rsquo;on trouve facilement sur Internet mais qui ne peuvent pas offrir la compr&eacute;hension de ce qu&rsquo;est la complexit&eacute; et la pens&eacute;e complexe dans toute sa profondeur et sa richesse.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">L&rsquo;introduction du premier tome de <i>La M&eacute;thode</i> (1977)⁠ a &eacute;t&eacute; faite &agrave; New York, la poursuite du document a pi&eacute;tin&eacute; &agrave; Paris, un brouillon a vu le jour &agrave; Florence et sa pleine &eacute;criture s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute;e dans la r&eacute;gion d&rsquo;Aix-en-Provence. Intitul&eacute; <i>&laquo;&nbsp;La Nature de la Nature&nbsp;&raquo;, </i>ce premier volume surprend par la prolixit&eacute; et la profondeur des domaines qui sont couverts&nbsp;: physique classique et quantique, thermodynamique, chimie, astrophysique (avec notamment la formation des galaxies, des &eacute;toiles et des plan&egrave;tes), les syst&egrave;mes organisationnels et humains, psychologie, sociologie, anthropologie, cybern&eacute;tique, les sciences de l&rsquo;information, etc. L&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me le d&eacute;crit aujourd&rsquo;hui comme <i>&laquo;&nbsp;un a&eacute;rolithe d&rsquo;un genre inconnu, nourri de toute une culture commune, mais dispers&eacute;e et compartiment&eacute;e, livre monstrueux semblant aux uns une grossi&egrave;re vulgarisation et, aux autres, un micmac incoh&eacute;rent de science et de sciences humaines, bref, incompr&eacute;hensible pour l&rsquo;esprit qui ne connait que de fa&ccedil;on disjonctive, compartiment&eacute;e et binaire&nbsp;&raquo;</i> (Morin, 2019, p. 819)⁠. Pourtant, <i>La M&eacute;thode </i>va conna&icirc;tre un succ&egrave;s bien plus retentissant que le <i>Paradigme perdu</i> et m&ecirc;me que des &oelig;uvres toutes aussi remarquables comme <i>la Th&eacute;orie du Syst&egrave;me G&eacute;n&eacute;ral </i>que Jean-Louis Le Moigne publie la m&ecirc;me ann&eacute;e (1977)⁠. L&rsquo;incontestable apport de ce premier tome est la capacit&eacute; &agrave; relier des connaissances de domaines aussi divers en montrant comment elles sont inter-reli&eacute;es et pourquoi la logique cart&eacute;sienne par laquelle la recherche et l&rsquo;&eacute;ducation se sont d&eacute;velopp&eacute;es, ne correspond pas &agrave; la mani&egrave;re avec laquelle la nature s&rsquo;op&egrave;re depuis la cr&eacute;ation de l&rsquo;univers.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Ainsi, le premier tome expose comment les avanc&eacute;es d&eacute;cisives dans la physique (par exemples avec la m&eacute;canique quantique et la thermodynamique) et l&rsquo;astronomie au cours du XX<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle (par exemples avec la mise en lumi&egrave;re de la formation des &eacute;toiles, des galaxies, ou encore la th&eacute;orie du big bang et de l&rsquo;expansion de l&rsquo;univers), t&eacute;moignent d&rsquo;une compl&eacute;mentarit&eacute; entre ordre et d&eacute;sordre que l&rsquo;on retrouve dans le fonctionnement des syst&egrave;mes vivants et sociaux. La nature n&rsquo;est donc pas r&eacute;gie par des lois stables et &eacute;ternelles, le d&eacute;sordre au contraire fait partie de l&rsquo;ordre tant recherch&eacute;. Les syst&egrave;mes naturels ou sociaux pr&eacute;sentent une complexit&eacute; qui les &eacute;loignent d&rsquo;un fonctionnement m&eacute;canique artificiel dont les composants seraient mus par des liens de cause &agrave; effet. Ils &eacute;mergent ou s&rsquo;auto-produisent de mani&egrave;re autor&eacute;gul&eacute;e avec leur environnement, leurs parties sont &agrave; la fois causes et cons&eacute;quences par des relations de r&eacute;cursivit&eacute;, le tout poursuivant une finalit&eacute; qui n&rsquo;est pas pr&eacute;d&eacute;termin&eacute;e. Ce faisant, Edgar Morin alerte contre les m&eacute;faits d&rsquo;une connaissance, et donc d&rsquo;une recherche, simplificatrice cherchant &agrave; repr&eacute;senter le fonctionnement des syst&egrave;mes naturels et sociaux selon des mod&egrave;les m&eacute;canistes privil&eacute;giant la r&eacute;duction des probl&egrave;mes ainsi que l&rsquo;isolement de facteurs d&rsquo;influence pr&eacute;d&eacute;termin&eacute;s.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">L&rsquo;&eacute;criture du second opus de <i>La M&eacute;thode</i> d&eacute;marre dans le Luberon en 1978. Il s&rsquo;agit du volume le plus &eacute;pais de l&rsquo;hexalogie dont les 458 pages seront achev&eacute;es en un an seulement &agrave; Caldine, dans la r&eacute;gion de Florence. Baptis&eacute; &laquo;&nbsp;La vie de la vie&nbsp;&raquo; (1980)⁠, ce tome traite de la relation d&rsquo;autonomie et de d&eacute;pendance des syst&egrave;mes biologiques par rapport &agrave; leur environnement. Il d&eacute;veloppe l&rsquo;interd&eacute;pendance de l&rsquo;individu, de la soci&eacute;t&eacute; et une vision &eacute;largie de la notion d&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me &agrave; des niveaux biologiques, sociologiques et &eacute;cologiques.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Le troisi&egrave;me tome, &laquo;&nbsp;La connaissance de la connaissance&nbsp;&raquo; (1986)⁠, bien que moins &eacute;pais que son pr&eacute;d&eacute;cesseur, est celui des six volumes auquel l&rsquo;auteur tient probablement le plus et qu&rsquo;il consid&egrave;re avec le recul comme le <i>&laquo;&nbsp;noyau de la m&eacute;thode&nbsp;&raquo; (Morin, 2019, p. 824)</i>⁠. Pourtant, ce nouveau volume sortira dans l&rsquo;indiff&eacute;rence et sans que la presse ne lui r&eacute;serve le m&ecirc;me accueil qu&rsquo;&agrave; ses pr&eacute;d&eacute;cesseurs. Dans cet ouvrage, l&rsquo;auteur appr&eacute;hende les capacit&eacute;s cognitives, cr&eacute;atrices et m&ecirc;me mystiques de l&rsquo;&ecirc;tre humain. Cette anthropologie du cerveau humain montre comment l&rsquo;esprit et la logique cart&eacute;sienne demeurent restrictifs pour comprendre comment l&rsquo;individu cr&eacute;&eacute; des connaissances, d&eacute;veloppe des id&eacute;es, t&acirc;tonne chemin faisant dans environnement ouvert.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Le quatri&egrave;me tome, &laquo;&nbsp;Les id&eacute;es des id&eacute;es&nbsp;&raquo; (1991)⁠, est en fait un prolongement du pr&eacute;c&eacute;dent mais que l&rsquo;auteur avait pr&eacute;f&eacute;r&eacute; publier dans un tome &agrave; part pour &eacute;viter un volume trop &eacute;pais. La formation de la connaissance et des id&eacute;es est cette fois abord&eacute;e sous l&rsquo;angle social, culturel et historique. Selon le milieu dans lequel il &eacute;volue, l&rsquo;individu est influenc&eacute; par plusieurs normes et Edgar Morin montre comment il cherche et peut s&rsquo;en autonomiser.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">L&rsquo;auteur mettra dix ans pour publier le cinqui&egrave;me opus de <i>la M&eacute;thode</i>. &laquo;&nbsp;L&rsquo;humanit&eacute; de l&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;&raquo; (2001)⁠ peut &ecirc;tre per&ccedil;u comme une synth&egrave;se des pr&eacute;c&eacute;dents volumes, puisque les diff&eacute;rents principes cl&eacute;s sont repris. Toutefois, comme en t&eacute;moigne le titre, Edgar Morin place son analyse au niveau de l&rsquo;humanit&eacute; terrienne et s&rsquo;interroge sur ses risques de d&eacute;g&eacute;n&eacute;ration. Il per&ccedil;oit la soci&eacute;t&eacute; dans toute sa complexit&eacute; et dans la co-habitation de ses contradictions&nbsp;: le besoin d&rsquo;amour et de guerre (syndrome de Eros et Thanatos), d&rsquo;ouverture aux autres et d&rsquo;isolement, de raison et d&rsquo;irrationalit&eacute;, etc.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Enfin, le sixi&egrave;me et dernier tome, sera publi&eacute; trois ans plus tard seulement (2004)⁠. Simplement intitul&eacute; &laquo;&nbsp;&eacute;thique&nbsp;&raquo;, son titre rompt donc avec le principe de mise en abyme des pr&eacute;c&eacute;dents. L&rsquo;auteur d&eacute;veloppe sa pens&eacute;e &eacute;thique qu&rsquo;il voit, non pas comme une norme morale de bonne conduite, mais comme l&rsquo;expression du besoin de reliance aux autres, &agrave; la soci&eacute;t&eacute;, voire &agrave; l&rsquo;esp&egrave;ce humaine (Edgar Morin se d&eacute;finit lui-m&ecirc;me comme un terrien habitant ce grand village qu&rsquo;est notre plan&egrave;te). L&rsquo;&eacute;thique a des sources biologiques (issues de notre instinct de protection de la prog&eacute;niture), sociales (issues du besoin d&rsquo;appartenance &agrave; une communaut&eacute;). Toutefois, selon Morin, l&rsquo;&eacute;thique ne peut pas reposer sur une approche dichotomique du bien et du mal, du juste ou de l&rsquo;injuste, puisque ces notions sont ambig&uuml;es et imbriqu&eacute;es. Nos mani&egrave;res d&rsquo;agir g&eacute;n&egrave;rent souvent des cons&eacute;quences &eacute;loign&eacute;es des intentions initiales et l&rsquo;&eacute;thique doit inclure l&rsquo;incertitude de l&rsquo;action. &Agrave; une &eacute;thique puriste et id&eacute;aliste, Morin pr&eacute;f&egrave;re une &eacute;thique proc&eacute;durale et satisfaisante nous permettant de nous accommoder de la complexit&eacute; de la vie en soci&eacute;t&eacute;.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Malgr&eacute; le succ&egrave;s retentissant de ses travaux, &agrave; travers le monde (et en particulier, en Am&eacute;rique latine, en Asie, en Espagne ou au Portugal), Edgar Morin sera longtemps consid&eacute;r&eacute; comme un &laquo;&nbsp;marginal&nbsp;&raquo; au sein m&ecirc;me du CNRS du fait de sa posture transdisciplinaire l&rsquo;&eacute;pargnant de pouvoir et devoir &ecirc;tre &eacute;tiquet&eacute;. Une des critiques r&eacute;currentes est la complexit&eacute; m&ecirc;me d&rsquo;une &oelig;uvre justement attach&eacute;e &agrave; &eacute;tudier la complexit&eacute;. Comme nous l&rsquo;avons vu, elle couvre une multitude de domaines (astronomie, biologie, physique, sociologie, anthropologie, &eacute;conomie, technologie, etc.), dans leurs profondeurs et surtout dans leurs interrelations, ce qui demande des connaissances ou du moins une curiosit&eacute; suffisante pour s&rsquo;emparer des messages qui tapissent les milliers de pages &agrave; lire. Ainsi, la pens&eacute;e complexe est trop souvent per&ccedil;ue comme une d&eacute;marche plus abstraitement n&eacute;cessaire que concr&egrave;tement utile.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Une autre critique, plus pragmatique, est l&rsquo;op&eacute;rationnalisation de ladite &laquo;&nbsp;m&eacute;thode&nbsp;&raquo; pour nos esprits occidentaux fa&ccedil;onn&eacute;s par des sch&eacute;mas logiques, rationalistes et cart&eacute;siens. L&agrave; est justement un des pi&egrave;ges concernant les attentes envers la pens&eacute;e complexe, elle conduit &agrave; une &laquo;&nbsp;m&eacute;thode&nbsp;&raquo; et non une&nbsp; &laquo;&nbsp;m&eacute;thodologie&nbsp;&raquo; entendue comme une programmation quant &agrave; la mani&egrave;re de conduire une recherche ou plus g&eacute;n&eacute;ralement une analyse. Cette confusion est un pi&egrave;ge dans lequel tombent trop de chercheurs et de praticiens. Comme le pr&eacute;cisait Riveline ou Martinet, la complexit&eacute; dont il est question dans l&rsquo;&oelig;uvre de Morin n&rsquo;est pas une complexit&eacute; &laquo;&nbsp;de contenu&nbsp;&raquo; mais &laquo;&nbsp;de sens&nbsp;&raquo;. Ainsi, l&rsquo;amalgame est souvent fait entre &laquo;&nbsp;pens&eacute;e complexe&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;syst&egrave;mes complexe&nbsp;&raquo;, ce qui est la marque d&rsquo;une ignorance mutuelle entre les deux conceptions de la complexit&eacute; (Roggero, 2008)⁠. Les deux ont un socle commun autour de th&eacute;ories de l&rsquo;information, de la cybern&eacute;tique, de l&rsquo;auto-organisation, du chaos, etc.&nbsp; (Rodriguez Zoya &amp; Roggero, 2011)⁠, toutefois, les &laquo;&nbsp;syst&egrave;mes complexes&nbsp;&raquo; correspondent &agrave; des d&eacute;veloppements de techniques et des m&eacute;thodes qui visent &agrave; fournir des outils op&eacute;ratoires pour appr&eacute;hender la complexit&eacute;. Souvent bas&eacute;s sur des approches multi-agents ils permettent, techniquement, une investigation plus fouill&eacute;e que les approches analytiques (ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;auto-&eacute;mergence, de bifurcation, de chaos, etc.). Beaucoup de centres de recherche ont ainsi fleuri&nbsp; &agrave; travers le monde pour produire ces outils employ&eacute;s dans des domaines allant de la biologie (par exemple sur l&rsquo;analyse des processus auto-organis&eacute;s dans les &eacute;cosyst&egrave;mes) &agrave; la sociologie (par exemple sur l&rsquo;&eacute;mergence des r&eacute;seaux sociaux). Malgr&eacute; leur sophistication technique et la puissance de traitement qu&rsquo;ils poss&egrave;dent, notamment gr&acirc;ce aujourd&rsquo;hui aux algorithmes d&rsquo;Intelligence Artificielle, les syst&egrave;mes complexes n&rsquo;impliquent pas, par eux-m&ecirc;mes, un changement de paradigme &eacute;pist&eacute;mologique, une r&eacute;flexion &eacute;thique et politique comme la pens&eacute;e complexe le requiert. Cette confusion conduira d&rsquo;ailleurs l&rsquo;auteur &agrave; distinguer &laquo;&nbsp;complexit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;complexit&eacute; restreinte&nbsp;&raquo; (Morin, 2007)⁠.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">La pens&eacute;e complexe d&rsquo;Edgar Morin invite d&rsquo;abord &agrave; &laquo;&nbsp;bien penser&nbsp;&raquo; c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; d&eacute;velopper un raisonnement favorisant la conscience et la mod&eacute;lisation des ph&eacute;nom&egrave;nes &eacute;tudi&eacute;s par leurs interactions avec les autres ph&eacute;nom&egrave;nes constitutifs de leur environnement et non en cherchant &agrave; en contr&ocirc;ler ou r&eacute;duire les effets par un souci de simplification castratrice. C&rsquo;est la simplification (et non la simplicit&eacute;) qui est le contraire de la complexit&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire la d&eacute;marche logique suivie pour caract&eacute;riser et d&eacute;former le ph&eacute;nom&egrave;ne &eacute;tudi&eacute; en fonction de nos sch&eacute;mas de pens&eacute;e. La complexit&eacute; n&rsquo;est donc pas une forme de d&eacute;gradation de l&rsquo;environnement par rapport &agrave; la capacit&eacute; humaine &agrave; comprendre et &agrave; agir. Elle n&rsquo;est ni une bo&icirc;te noire, ni une bo&icirc;te de Pandore. Elle n&rsquo;invite pas &agrave; &laquo;&nbsp;botter en touche&nbsp;&raquo; ou au renoncement dans un monde o&ugrave; l&rsquo;individu a de plus en plus de mal &agrave; en comprendre les dysfonctionnements et changements. La complexit&eacute;, n&rsquo;est pas ce mot &laquo;&nbsp;passe-partout&nbsp;&raquo; pour expliquer <i>a posteriori</i> la catastrophe inattendue produite par le battement d&rsquo;aile d&rsquo;un quelconque papillon on ne sait o&ugrave;&nbsp;! Enfin, et peut-&ecirc;tre surtout, elle n&rsquo;est pas une qu&ecirc;te infinie et insatiable visant &agrave; d&eacute;couvrir les enchev&ecirc;trements de causes et de connaissances permettant d&rsquo;expliquer pourquoi ce papillon a pu, &agrave; un moment donn&eacute;, &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;un tel d&eacute;chainement. Quand bien m&ecirc;me nous pourrions d&eacute;couvrir ce myst&egrave;re, quelle utilit&eacute; justifierait un tel effort&nbsp;? Comme pr&eacute;venait Morin d&egrave;s la fin du premier tome de <i>la M&eacute;thode&nbsp;:</i> <i>&laquo;&nbsp;&agrave; supposer que nous voudrions une observation exhaustive sur un objet, nous serions entrain&eacute;s dans une spirale infinie auxquelles participe cet objet et dont il proc&egrave;de [&hellip;] La connaissance port&eacute;e &agrave; l&rsquo;absolue est autodestructrice&nbsp;&raquo;</i> (1977, pp. 355&ndash;356)⁠.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">La pens&eacute;e complexe ne pr&eacute;tend pas chercher &agrave; conna&icirc;tre un ph&eacute;nom&egrave;ne dans son int&eacute;gralit&eacute; (c&rsquo;est-&agrave;-dire de mani&egrave;re exhaustive), mais &agrave; le comprendre dans son int&eacute;grit&eacute; (c&rsquo;est-&agrave;-dire par rapport &agrave; sa propre dynamique auto-g&eacute;n&eacute;rative en lien avec son environnement). Elle r&eacute;v&egrave;le les limites de la raison logique classique que nous mobilisons en recherche, dans le monde professionnel comme dans notre quotidien. Ainsi, au sein des organisations appelle-t-elle une strat&eacute;gie par laquelle, l&rsquo;acteur <i>&laquo;&nbsp;cr&eacute;&eacute; des formes et des structures nouvelles, tente de faire sens dans le magma par des sp&eacute;cifications et des cl&ocirc;tures provisoires dans son environnement, qui lui conf&egrave;rent pour un temps, les bases de son identit&eacute;.&nbsp;&raquo;</i> (Martinet, 2006, p. 42)⁠. La pens&eacute;e complexe constitue un appel &agrave; reconsid&eacute;rer nos sch&eacute;mas de pens&eacute;e et nos modes d&rsquo;action. Pour autant, elle n&rsquo;est pas exclusive, ne vise pas non plus, comme cela est souvent per&ccedil;u, &agrave; supplanter l&rsquo;approche d&eacute;terministe positiviste mais &agrave; la transgresser aux endroits o&ugrave; elle cesse d&rsquo;&ecirc;tre op&eacute;rationnelle (Morin &amp; Le Moigne, 1999, p. 150).</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">De tous bords, et dans tous les domaines, la complexit&eacute; appelle &agrave; l&rsquo;imagination, &agrave; l&rsquo;innovation, bref &agrave; la strat&eacute;gie qui seule permet d&rsquo;avancer dans l&rsquo;al&eacute;atoire et l&rsquo;incertain (Morin, 1970, p. 178)⁠. Elle rend caduque une pens&eacute;e et une science closes repli&eacute;es sur elles-m&ecirc;mes. <i>&laquo;&nbsp;Il est tonique de s&rsquo;arracher au ma&icirc;tre mot qui explique tout, &agrave; la litanie qui pr&eacute;tend tout r&eacute;soudre. Il est tonique enfin de consid&eacute;rer, le monde, la vie, l&rsquo;homme, la connaissance, l&rsquo;action comme syst&egrave;mes ouverts.&nbsp;&raquo;</i> (Morin, 1973, p. 260)⁠.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Le probl&egrave;me est que dans les mani&egrave;res avec lesquelles la recherche reste op&eacute;r&eacute;e de nos jours, demeure un h&eacute;ritage des dogmes positivistes qui ont tendance &agrave; soutenir le quasi-r&eacute;flexe de chercher &agrave; simplifier les probl&egrave;mes en isolant l&rsquo;objet de recherche de cette complexit&eacute; qui lui est inh&eacute;rente. La compr&eacute;hension des ph&eacute;nom&egrave;nes naturels ou sociaux conduit &agrave; &ecirc;tre expos&eacute; &agrave; leur propre complexit&eacute;. Pour les &eacute;tudier, il convient d&rsquo;avoir un mode de raisonnement qui n&rsquo;est pas celui de la rationalit&eacute; math&eacute;matique d&eacute;terministe. Simon parlera de <i>bounded rationality</i>, concept mal traduit et interpr&eacute;t&eacute;e comme &laquo;&nbsp;rationalit&eacute; limit&eacute;e&nbsp;&raquo; en faisant r&eacute;f&eacute;rence en fait, non &agrave; la raison, mais aux capacit&eacute;s de calculs de l&rsquo;&ecirc;tre humain (bien s&ucirc;r limit&eacute;es). Morin en 1979 fera plut&ocirc;t la distinction moins ambigu&euml; entre &laquo;&nbsp;rationalit&eacute; ferm&eacute;e&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;rationalit&eacute; ouverte&nbsp;&raquo;. Ainsi, inspir&eacute; de la th&eacute;orie des syst&egrave;mes, de la cybern&eacute;tique et de la th&eacute;orie de l&rsquo;information de Shannon, le paradigme Morinien, propose donc d&rsquo;autres principes pour se repr&eacute;senter un objet de recherche et le mod&eacute;liser. Ceux-ci ne sont pas exclusifs mais imbriqu&eacute;s dans un ensemble conceptuel &agrave; appr&eacute;hender dans sa globalit&eacute; et son articulation.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">&bull;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Le principe syst&eacute;mique</i> implique que r&eacute;duire un ph&eacute;nom&egrave;ne en isolant ses diff&eacute;rents composants est une approche r&eacute;ductrice. En effet, un syst&egrave;me (biologique, naturel, social ou autre) est plus que la somme de ses parties, car des qualit&eacute;s ou propri&eacute;t&eacute;s nouvelles apparaissent dans l&rsquo;organisation que les composants ne poss&egrave;dent pas seuls. En m&ecirc;me temps, le syst&egrave;me est moins que la somme des parties, car certaines qualit&eacute;s des composants sont inhib&eacute;es par l&rsquo;organisation de l&rsquo;ensemble. Un syst&egrave;me doit donc &ecirc;tre &eacute;tudi&eacute; conjointement dans sa globalit&eacute; et dans le d&eacute;tail de ses composants. L&rsquo;enjeu n&rsquo;est donc pas d&rsquo;identifier l&rsquo;influence marginale de &laquo;&nbsp;facteurs isol&eacute;s&nbsp;&raquo;, mais la mani&egrave;re dont ils se combinent mutuellement, s&rsquo;autoalimentent tout en montrant comment ils sont eux-m&ecirc;mes influenc&eacute;s par le syst&egrave;me auquel ils contribuent.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">&bull;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Le principe hologrammatique</i> est proche du pr&eacute;c&eacute;dent en ce sens qu&rsquo;il rejette la s&eacute;paration entre les niveaux macro et micro. Il met en relief que l&rsquo;on ne peut pas conna&icirc;tre le syst&egrave;me sans en conna&icirc;tre les composants, de m&ecirc;me qu&rsquo;il est impossible de conna&icirc;tre les composants sans conna&icirc;tre le syst&egrave;me dont ils font partie. Notre corps est constitu&eacute; de cellules vivantes dont chacune poss&egrave;de la totalit&eacute; du patrimoine g&eacute;n&eacute;tique. Au niveau social, une soci&eacute;t&eacute; est constitu&eacute;e d&rsquo;individus (dans laquelle ils se d&eacute;veloppent, s&rsquo;&eacute;duquent, travaillent, etc.)&nbsp;; et chez chaque individu la soci&eacute;t&eacute; est &eacute;galement pr&eacute;sente (par le langage, la culture, les normes, etc.). Ceci ne signifie pas qu&rsquo;un ph&eacute;nom&egrave;ne ne peut &ecirc;tre &eacute;tudi&eacute; autrement que dans son int&eacute;gralit&eacute;, mais que l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;une des parties de ce ph&eacute;nom&egrave;ne, ne peut se faire qu&rsquo;&agrave; la lumi&egrave;re de ses interd&eacute;pendances avec les autres parties et avec le tout. Ce principe rejoint l&rsquo;argument &eacute;voqu&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment selon lequel, la complexit&eacute; se retrouve derri&egrave;re chaque objet de recherche.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">&bull;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Le principe de boucle r&eacute;troactive,</i> inspir&eacute; de la th&eacute;orie des syst&egrave;mes, montre comment dans les ph&eacute;nom&egrave;nes naturels et sociaux, l&rsquo;effet agit sur la cause, et qu&rsquo;ils ne sont donc pas mus par de simples liens de cause &agrave; effet dont il reviendrait &agrave; en mesurer la force. Comme dans un syst&egrave;me hom&eacute;ostatique en biologie ou de chauffage o&ugrave; le thermostat r&eacute;gule le niveau de chaleur &agrave; produire, la boucle r&eacute;troactive rompt l&rsquo;id&eacute;e de lin&eacute;arit&eacute; de la relation entre les parties d&rsquo;un syst&egrave;me et vise &agrave; maintenir un &eacute;tat d&rsquo;&eacute;quilibre apparent qui est en fait une succession d&rsquo;&eacute;tats de d&eacute;s&eacute;quilibres et de r&eacute;&eacute;quilibres. La r&eacute;troaction n&rsquo;est donc pas, comme la cybern&eacute;tique tend &agrave; le mod&eacute;liser, une correction lin&eacute;aire visant &agrave; annuler les effets d&rsquo;une autre action lin&eacute;aire, c&rsquo;est un processus r&eacute;cursif visant &agrave; se rapprocher d&rsquo;un &eacute;quilibre.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">&bull;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Le principe de boucle r&eacute;cursive</i>, en lien avec le principe pr&eacute;c&eacute;dent, est cette boucle g&eacute;n&eacute;ratrice au sein de laquelle les produits et les effets sont &agrave; leur tour producteurs et causateurs de ce qui les produit. Les individus construisent la soci&eacute;t&eacute; de par leurs interactions, et celle-ci, en tant que tout &eacute;mergeant, produit l&rsquo;humanit&eacute; des individus en leur apportant le langage, la culture, les normes, etc. Les motivations intrins&egrave;ques (le salaire par exemple) et extrins&egrave;ques (la reconnaissance par exemple) stimulent ces individus &agrave; r&eacute;aliser un travail, mais c&rsquo;est &eacute;galement le fait d&rsquo;agir qui, en retour, leur permet de prendre conscience de leurs v&eacute;ritables motivations.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">&bull;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Le principe d&rsquo;autonomie,</i> &eacute;galement qualifi&eacute; &laquo;&nbsp;principe d&rsquo;auto-&eacute;co-organisation&nbsp;&raquo;, pr&eacute;cise que les syst&egrave;mes biologiques et sociaux sont autonomes dans leur organisation et dans leur production, mais qu&rsquo;ils d&eacute;pendent de leur environnement pour entretenir cette autonomie. Le d&eacute;veloppement d&rsquo;un arbre n&rsquo;est pas pr&eacute;programm&eacute; (aucun arbre ne poussera &agrave; l&rsquo;identique d&rsquo;un autre), il est donc autonome dans sa croissance tout en puisant dans les sources d&rsquo;&eacute;nergie de son environnement (lumi&egrave;re, eau, sol, etc.). M&ecirc;me chose pour un humain, m&ecirc;me chose pour une organisation et un groupe social.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">&bull;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Le principe dialogique </i>recommande de ne pas exclure, comme nous avons tendance &agrave; le faire, des notions qui apparaissent comme oppos&eacute;es. D&egrave;s le premier tome de <i>la M&eacute;thode</i>, Morin montre comment les notions d&rsquo;ordre / d&eacute;sordre sont intrins&egrave;ques &agrave; la cr&eacute;ation et au fonctionnement des syst&egrave;mes et ce, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de la formation d&rsquo;une &eacute;toile, des particules physiques ou des syst&egrave;mes biologiques. Plus une organisation est complexe, plus elle est apte &agrave; accueillir du d&eacute;sordre (Morin, 1977, p. 354)⁠. En recherche, il convient de faire sens avec des paradoxes et des contradictions pouvant &ecirc;tre vus comme les deux faces d&rsquo;une m&ecirc;me pi&egrave;ce. Par exemple, l&rsquo;acceptation n&rsquo;est pas incompatible avec le rejet (un individu peut accepter de faire quelque chose sous contrainte ou r&eacute;signation tout en la rejetant), une d&eacute;sorganisation n&rsquo;est pas incompatible avec la notion d&rsquo;organisation (une <i>ad-hocratie</i> est une forme d&rsquo;organisation informelle).</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">&bull;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Le principe de r&eacute;introduction du connaissant</i> dans toute connaissance. Tout objet ou processus artificiel contient les traces de son cr&eacute;ateur, toute connaissance (th&eacute;orique ou pratique) est une &oelig;uvre de l&rsquo;esprit d&rsquo;un &ecirc;tre humain &agrave; un moment donn&eacute;, dans un contexte donn&eacute; et avec une intention donn&eacute;e. Comme l&rsquo;&eacute;crivait L&eacute;vi-Strauss (1950)⁠ &icirc;<i>dans une science où l&rsquo;observateur est de m&ecirc;me nature que son objet, l&rsquo;observateur est lui-m&ecirc;me une partie de son observation&nbsp;&raquo;</i>. Selon la pens&eacute;e complexe, il n&rsquo;est donc pas suffisant de reconna&icirc;tre la non neutralit&eacute; du chercheur observateur ou cr&eacute;ateur. Outre le d&eacute;tail du contexte et du protocole scientifique, le chercheur doit faire sa propre anthropologie et d&eacute;voiler quelles &eacute;taient ses croyances, intentions, &eacute;tats d&rsquo;esprits li&eacute;s &agrave; son projet.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">Alors que nos mod&egrave;les &eacute;ducatifs, nous ont appris, &agrave; d&eacute;finir et isoler un p&eacute;rim&egrave;tre d&rsquo;&eacute;tude afin de contenir le ph&eacute;nom&egrave;ne &eacute;tudi&eacute; dans un cadre simplificateur, la pens&eacute;e complexe nous appelle &agrave; relier nos objets d&rsquo;&eacute;tude aux autres dimensions de l&rsquo;environnement (interne et externe &agrave; l&rsquo;entreprise). Il s&rsquo;agit de s&rsquo;efforcer de ne pas simplifier le probl&egrave;me, mais au contraire &agrave; entrevoir la complexit&eacute; qui le lie &agrave; son environnement. Cela n&rsquo;implique pas d&rsquo;embrasser toute les connaissances de tous les domaines li&eacute;s &agrave; son sujet mais de mettre en exergue les liens en question afin de faire sens de la complexit&eacute; dudit sujet. Le probl&egrave;me est moins que la connaissance scientifique se soit d&eacute;velopp&eacute;e par discipline, que les cl&ocirc;tures que ces disciplines ont dessin&eacute;es autour d&rsquo;elles. La transdisciplinarit&eacute; est plus un exercice visant &agrave; &laquo;&nbsp;cr&eacute;er des ponts&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;une accumulation encyclop&eacute;dique de connaissances dispers&eacute;es. Face aux <i>&laquo;&nbsp;faiblesses du mode de connaissance qui nous a &eacute;t&eacute; inculqu&eacute; : celui-ci nous fait disjoindre ce qui est ins&eacute;parable et r&eacute;duire &agrave; un seul &eacute;l&eacute;ment ce qui forme un tout &agrave; la fois un et multiple ; il s&eacute;pare et compartimente les savoirs au lieu de les relier ; il se borne &agrave; pr&eacute;voir le probable alors que surgit sans cesse l&rsquo;inattendu&nbsp;&raquo;</i> <a citationitems="" name="ADDIN_CSL_CITATION_{">(Morin, 2020, p. 42)</a>⁠.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><span style="font-size:15.0pt">L&rsquo;inattendue pand&eacute;mie du Covid aurait pu &ecirc;tre l&rsquo;occasion de reconsid&eacute;rer profond&eacute;ment nos sch&eacute;mas de pens&eacute;e et nos modalit&eacute;s d&rsquo;action, mais l&rsquo;arriv&eacute;e d&rsquo;un vaccin aura visiblement suffi &agrave; la soci&eacute;t&eacute; de &laquo;&nbsp;tourner la page&nbsp;&raquo; de sa foi &eacute;branl&eacute;e dans la puissance triomphante de la science soumettant la nature &agrave; ses propres certitudes. Actuellement, l&rsquo;inattendu ne cesse de surgir de mani&egrave;re conjointe au travers du d&eacute;r&egrave;glement climatique, de la guerre en Ukraine, de l&rsquo;inflation, de la perte du pouvoir d&rsquo;achat. Cette crise multidimensionnelle, sans pr&eacute;c&eacute;dent est donc, de nouveau, l&rsquo;occasion d&rsquo;adopter une pens&eacute;e propre &agrave; affronter les probl&egrave;mes que les complexit&eacute;s posent &agrave; chacun en tant qu&rsquo;individu, citoyen, et humain, emport&eacute; dans l&rsquo;aventure de la mondialisation. La pens&eacute;e complexe n&rsquo;&eacute;tant pas une m&eacute;thodologie dont il suffirait d&rsquo;appliquer une liste de r&egrave;gles, mais un mod&egrave;le mental qui se distingue des mod&egrave;les rationnels classiques, se pose la question de notre responsabilit&eacute; dans nos mod&egrave;les d&rsquo;enseignements envers nos &eacute;tudiants essentiellement form&eacute;s &agrave; circonscrire, simplifier et r&eacute;soudre des &laquo;&nbsp;probl&egrave;mes&nbsp;&raquo; sans forc&eacute;ment apprendre, en premier lieu, &agrave; &laquo;&nbsp;bien les penser&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px">&nbsp;</p> <h3 style="margin-top:11px; margin-bottom:11px"><span style="font-size:16pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Baskerville">R&eacute;f&eacute;rences</span></span></span></h3> </div> <div class="WordSection1"> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Lecompte F. (2023), <i>Edgar Morin en suivant la voie</i>, l&rsquo;Archipel.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">L&eacute;vi-Strauss C. (1950), &ldquo;Introduction à l&rsquo;&oelig;uvre de Marcel Mauss&rdquo;, in Mauss, M. (Ed.), <i>Sociologie et Anthropologie</i>, Presses universitaires de France, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Martinet A.-C. (2006), &ldquo;Strat&eacute;gie et pens&eacute;e complexe&rdquo;, <i>Revue Fran&ccedil;aise de Gestion</i>, vol. 32, n&deg;160, pp. 31&ndash;46.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Meissonier R. (2021), <i>Epist&eacute;mologie en sciences sociales : entre histoire et personnages</i>, L&rsquo;Harmattan, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Le Moigne J.-L. (1977), <i>La th&eacute;orie du syst&egrave;me g&eacute;n&eacute;ral</i>, Presses Universitaires de France.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (1951), <i>L&rsquo;homme et la mort</i>, Corr&eacute;a.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (1959), <i>Autocritique</i>, Editions du Seuil, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (1970), <i>Introduction &agrave; la pens&eacute;e complexe</i>, ESF.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (1973), <i>Le paradigme perdu : la nature humaine</i>, Editions du Seuil, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (1977), <i>La m&eacute;thode, tome 1 : la nature de la nature</i>, Editions du Seuil, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (1980), <i>La m&eacute;thode, tome 2 : la vie de la vie</i>, Editions du Seuil, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (1986), <i>La m&eacute;thode, tome 3 : la connaissance de la connaissance</i>, Editions du Seuil, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (1991), <i>La m&eacute;thode, tome 4 : les id&eacute;es</i>, Editions du Seuil, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (2001), <i>La m&eacute;thode, tome 5 : l&rsquo;humanit&eacute; de l&rsquo;humanit&eacute;</i>, Editions du Seuil, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (2004), <i>La m&eacute;thode, tome 6 : &eacute;thique</i>, Editions du Seuil, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (2007), &ldquo;Intelligence de la complexit&eacute; : &eacute;pist&eacute;mologie et pragmatique&rdquo;, in Le Moigne, J.-L. and Morin, E. (Eds.), <i>Intelligence de La Complexit&eacute; : &Eacute;pist&eacute;mologie et Pragmatique, Actes Du Colloque de Cerisy</i>, Editions de L&rsquo;Aube.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (2014), <i>Enseigner &agrave; vivre</i>, Babel.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (2019), <i>Les souvenirs viennent &agrave; ma rencontre</i>, Fayard, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. (2020), <i>Changeons de voie. les le&ccedil;ons du coronavirus</i>, Deno&euml;l, Paris.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Morin E. &amp; Le Moigne J.-L. (1999), <i>L&rsquo;intelligence de la complexit&eacute;</i>, L&rsquo;Harmattan.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Rodriguez Zoya L.G. &amp; Roggero P. (2011), &ldquo;Sur le lien entre pens&eacute;e et syst&egrave;me complexes&rdquo;, <i>Herm&egrave;s, La Revue</i>, vol. 2, n&deg;60, pp. 151&ndash;156.</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">Roggero P. (2008), &ldquo;Pour une sociologie d&rsquo;après La Méthode&rdquo;, <i>Communications</i>, n&deg;82, pp. 143&ndash;159.</span></span></p> </div> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">&nbsp;</span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville">&nbsp;</span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Baskerville"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Baskerville">[1]</span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt">Pour une retranscription plus compl&egrave;te, voir <i>Autocritique</i> (1959)⁠, <i>Les souvenirs viennent &agrave; ma m&eacute;moire (2019)</i>⁠, ainsi que le r&eacute;cent ouvrage de Francis Lecompte,<i> Edgar Morin en suivant la voie (2023)</i>⁠ dont la compl&eacute;tude biographique permet de d&eacute;couvrir la g&eacute;n&egrave;se des pens&eacute;es du philosophe.</span></span></span></p> </div> </div>