<h2><strong>1. Introduction</strong></h2> <p>De un golpe, en unos minutos, rompimos el cord&oacute;n umbilical que nos un&iacute;a a veinte generaciones: con los muebles que hab&iacute;an sido de nuestros abuelos, con el paisaje familiar que acompa&ntilde;ara el despertar a la vida de nuestros padres; con los juguetes con que hab&iacute;amos jugado nosotros y jugaban todav&iacute;a nuestros hijos, perdimos quiz&aacute; para siempre el derecho de ser hijos de alguna parte. Porque el d&iacute;a que regresemos a Espa&ntilde;a, seremos ya extranjeros en ella, marcados y diferenciados por la huella terrible de todo lo vivido (Montseny, 1977 : 22).</p> <p>Lors des Olympiades de 431 av. J.-C., Euripide a pr&eacute;sent&eacute; la trag&eacute;die M&eacute;d&eacute;e. La d&eacute;mocratie ath&eacute;nienne, qui avait constitu&eacute; l&#39;un des moments les plus extraordinaires du monde classique, a &eacute;t&eacute; condamn&eacute;e. Avec la ligue dirig&eacute;e par Sparte aux portes de l&#39;Attique, la guerre du P&eacute;loponn&egrave;se commen&ccedil;ait, marquant la fin de la p&eacute;riode d&eacute;mocratique et de l&#39;h&eacute;g&eacute;monie d&#39;Ath&egrave;nes sur les territoires de l&#39;Hellade. La M&eacute;d&eacute;e d&#39;Euripide, po&egrave;te de &laquo; l&#39;agonie gigantesque du monde &raquo;, pour reprendre les mots d&#39;Edith Hamilton, exprime cette inqui&eacute;tude face &agrave; la d&eacute;faite politique &agrave; travers un personnage mythique qui repr&eacute;sente l&#39;envers de la citoyennet&eacute;, fondement des polis grecs : la condition de l&#39;apatride, de l&#39;&eacute;tranger. M&eacute;d&eacute;e, l&#39;h&eacute;ro&iuml;ne, incarne l&#39;exil dans son expression tragique la plus intense :</p> <p>Terre ancestrale, maison des miens, que jamais je ne sois proscrite et ne m&egrave;ne une vie am&egrave;re et sans issue, le plus p&eacute;nible des maux. Que la mort, que la mort me prenne avant que n&#39;arrive la fin de mes jours ; aucune douleur n&#39;est pire que la perte de la patrie. (Euripide, traduction de l&rsquo;auteure).</p> <p>Ces vers du monologue de M&eacute;d&eacute;e expriment la douleur intol&eacute;rable de sa condition, et lorsqu&#39;on &eacute;crit sur l&#39;exil et la souffrance humaine, ils nous viennent rapidement &agrave; l&#39;esprit pour leur valeur anthropologique et psychologique universelle.</p> <p>Pour les personnes qui ont d&ucirc; quitter le pays en 1939, l&#39;exil a &eacute;galement repr&eacute;sent&eacute; une rupture biographique d&#39;une telle ampleur, ind&eacute;l&eacute;bile et d&eacute;terminante, qu&#39;elle a marqu&eacute; le reste de leur vie. Une rupture qui symbolisait la perte de leur propre identit&eacute;, leur refusant la possibilit&eacute; de choisir, de fixer des objectifs futurs, de d&eacute;finir un projet de vie et d&#39;agir en cons&eacute;quence. Une rupture, en d&eacute;finitive, qui a in&eacute;vitablement transform&eacute; cette diaspora r&eacute;publicaine et tout ce qui s&#39;ensuivit en l&#39;une des formes de r&eacute;pression directe les plus dures, traumatisantes et percutantes contre l&#39;individu.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>2. &laquo; Autant d&#39;exils que d&#39;exil&eacute;s. L&#39;exil en tant que rupture profonde et les r&eacute;seaux de solidarit&eacute; et de soutien mutuel en tant que salut. Le cas du camp d&rsquo;Agde &raquo;</strong></h2> <p>Pour les personnes qui ont emprunt&eacute; le chemin de l&#39;exil en 1939, les passages frontaliers franco-espagnols sont devenus une rupture totale et absolue avec tout ce qu&#39;ils laissaient derri&egrave;re eux. Cet &laquo; espace de transit &raquo; s&#39;est transform&eacute; en un court laps de temps en symbole de rupture inexorable, de fuite, avec des moments de changement, de risque, de douleur, de d&eacute;sorganisation et surtout d&#39;inconnu (Mart&iacute;nez-S&aacute;nchez, 2003: 266-267).</p> <p>Le r&eacute;cit de Federica Montseny offre un regard personnel, sensible et dramatique. Elle traverse la fronti&egrave;re avec des milliers de r&eacute;fugi&eacute;s, accompagn&eacute;e d&#39;un fils de quelques mois, d&#39;une fille de cinq ans et d&#39;une m&egrave;re mourante. Le d&eacute;sespoir face &agrave; la maladie, au froid ou au manque de nourriture est partag&eacute; par tous les d&eacute;plac&eacute;s.</p> <p><em>El drama vivido por m&iacute; y por mi familia se repite al infinito, multiplicado, como ya dije, por miles de otras vidas. No sufrimos ni m&aacute;s ni menos de lo que han sufrido, en esos espantosos a&ntilde;os de lucha y de exilio, millares de seres, en Espa&ntilde;a y fuera de ella.</em></p> <p><em>En otras ocasiones ya he dicho que si todos los que nos vimos envueltos en esa cat&aacute;strofe narr&aacute;semos nuestra vida, la aventura pat&eacute;tica y extraordinaria de nuestras existencias, se recoger&iacute;a un documento hist&oacute;rico de capital importancia, de valor incalculable, que superar&iacute;a a cuanto la imaginaci&oacute;n m&aacute;s exuberante hubiese podido elucubrar en horas de exaltaci&oacute;n o de insomnio. Nos toc&oacute; vivir unos a&ntilde;os tr&aacute;gicos, un momento de la Historia, en que los valores m&aacute;s grandes y m&aacute;s excelsos del ser humano fueron sumergidos bajo una ola de barbarie jam&aacute;s vista hasta esas fechas</em>. (Montseny, 1977 : 235).</p> <p>Avec le passage de la fronti&egrave;re et l&#39;internement dans les camps de concentration du sud de la France, un univers inconnu et traumatisant s&#39;est ouvert pour ces r&eacute;fugi&eacute;s. Les &eacute;go-documents de l&#39;&eacute;poque r&eacute;v&egrave;lent que cette rupture a ouvert des blessures, difficilement gu&eacute;rissables, qui ont directement affect&eacute; leur sentiment d&#39;identit&eacute; et d&#39;identification personnelle, marquant un avant et un apr&egrave;s ind&eacute;l&eacute;biles.</p> <p>C&#39;est dans ce contexte que je souhaite accorder une attention particuli&egrave;re &agrave; la survie dans les camps de concentration, en me focalisant sur la vie quotidienne des r&eacute;publicains espagnols, et surtout des Catalans intern&eacute;s au camp d&#39;Agde. Ce camp pr&eacute;sentait une caract&eacute;ristique particuli&egrave;re : la haute concentration d&#39;hommes d&#39;origine catalane dans une seule enceinte, le camp num&eacute;ro 3, &eacute;galement appel&eacute; &laquo; camp des Catalans &raquo;. Malgr&eacute; un contexte de vie extr&ecirc;mement pr&eacute;caire, pour les r&eacute;fugi&eacute;s catalans, le fait d&#39;&ecirc;tre regroup&eacute;s avec une majorit&eacute; de compatriotes parlant la m&ecirc;me langue, de pouvoir s&#39;identifier &agrave; un collectif, a favoris&eacute; l&#39;articulation d&#39;un r&eacute;seau de solidarit&eacute; et d&#39;action communautaire. Cette dynamique a permis une plus grande capacit&eacute; de r&eacute;sistance face aux exp&eacute;riences et aux adversit&eacute;s de la vie quotidienne dans le camp, contrairement aux hommes qui les ont v&eacute;cues dans l&#39;individualit&eacute;, priv&eacute;s de ces m&eacute;canismes de soutien.</p> <p>Le camp a progressivement mais d&eacute;finitivement subi un processus de catalanisation, le distinguant des autres camps du syst&egrave;me concentrationnaire fran&ccedil;ais. Comme l&#39;a exprim&eacute; l&#39;ancien Ministre r&eacute;gional de la culture de la <em>Generalitat de Catalunya</em>, Carles Pi i Sunyer, une &laquo; entit&eacute; propre &raquo; avait &eacute;t&eacute; donn&eacute;e &agrave; ce camp.<sup><a href="#_ftn1">[1]</a></sup> En ce sens, le po&egrave;te Agust&iacute; Bartra, environ un mois plus tard, en juin 1939, soulignait dans une lettre adress&eacute;e au m&ecirc;me Pi i Sunyer une id&eacute;e qui synth&eacute;tise tr&egrave;s clairement le sentiment r&eacute;current dans les lettres et m&eacute;moires envoy&eacute;es depuis le camp par les r&eacute;fugi&eacute;s catalans :</p> <p><em>En realitat aquest camp &eacute;s una petita Catalunya fora de Catalunya. Es t&eacute; escassament el sentiment d&rsquo;&eacute;sser-ne fora, ja que els contactes amb els francesos s&oacute;n ben rars i la vida di&agrave;ria es produeix normalment dins d&rsquo;un clima catalan&iacute;ssim. Tots els r&egrave;tols dels carrers de barraques s&oacute;n en catal&agrave; (carrer de Pau Casals, carrer de Rafael de Casanovas, avinguda de Pi i Maragall, etc.)</em>.<sup><a href="#_ftn2">[2]</a></sup></p> <p>Le sentiment d&#39;appartenance au collectif catalan en exil a &eacute;t&eacute; d&#39;une grande importance pour les r&eacute;fugi&eacute;s du camp d&#39;Agde. D&#39;apr&egrave;s leurs lettres et m&eacute;moires, on peut d&eacute;duire que les Catalans regroup&eacute;s dans ce camp se consid&eacute;raient comme des &laquo; privil&eacute;gi&eacute;s &raquo;, ce qui les r&eacute;confortait et rendait leur r&eacute;clusion plus &laquo; supportable &raquo;. La d&eacute;shumanisation qui mena&ccedil;ait chaque intern&eacute; pouvait &ecirc;tre combattue par ce que Jos&eacute; Mar&iacute;a Naharro-Calder&oacute;n a appel&eacute; &laquo; les droits de concentration &raquo;. En plus de faire r&eacute;f&eacute;rence aux divisions nationales ou &agrave; l&#39;adh&eacute;sion politique &agrave; un parti, cela conf&eacute;rait &agrave; cette union identitaire, &laquo; nationale &raquo; et &agrave; ce r&eacute;seau de solidarit&eacute;, une plus grande capacit&eacute; de r&eacute;sistance face aux exp&eacute;riences et aux adversit&eacute;s quotidiennes, contrairement &agrave; ceux qui vivaient ces situations dans l&#39;individualit&eacute;, sans ce r&eacute;seau d&#39;action collective autour d&#39;eux (Naharro-Calder&oacute;n, 2017 : 82). Ils &eacute;taient ensemble dans un pays &eacute;tranger, avec une langue inconnue pour la majorit&eacute;, o&ugrave; la symbolique d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment maintenue par eux, comme la langue catalane, les hymnes et les r&eacute;f&eacute;rences nationales, &eacute;tait cruciale dans le processus de catalanisation absolue que le camp d&#39;Agde a v&eacute;cu, le rendant singulier et diff&eacute;rent des autres camps du syst&egrave;me concentrationnaire fran&ccedil;ais.</p> <p>Le terme &laquo; identit&eacute; &raquo; a &eacute;t&eacute; utilis&eacute; dans tant de domaines de connaissance qu&#39;il est difficile d&#39;en d&eacute;finir pr&eacute;cis&eacute;ment les caract&eacute;ristiques et de les appliquer &agrave; notre cas (Brubakers, 2001: 66-85). &Agrave; cet &eacute;gard, des psychologues comme Anna Mi&ntilde;arro et Teresa Morandi opposent, dans leurs &eacute;tudes sur l&#39;impact de l&#39;exil depuis la psychologie et la psychanalyse, deux termes souvent confondus et utilis&eacute;s indiff&eacute;remment : identit&eacute; et identification. Elles nuancent la signification de chacun et exposent quelques exemples d&rsquo; &laquo; identification avec... &raquo; : &laquo; Je me sens catalan en France..., je sens que je fais partie des r&eacute;fugi&eacute;s espagnols en France &raquo;; les exil&eacute;s s&#39;identifient &agrave; un ensemble de personnes dans le m&ecirc;me contexte et la m&ecirc;me situation qu&#39;eux. L&#39;identit&eacute;, en revanche, fait partie du tissu vivant de l&#39;individu, qui se reconstruit et se forge continuellement, &laquo; chacun &agrave; sa mani&egrave;re... &raquo; (Mi&ntilde;arro &amp; Morandi, 2009: 10). La formation de cette &laquo; nouvelle identit&eacute; du Moi &raquo; est largement influenc&eacute;e par des facteurs familiaux et sociaux, ainsi que par :</p> <ul> <li>Les facteurs culturels et ethniques d&eacute;j&agrave; acquis par chaque individu.</li> <li>Les facteurs singuliers d&eacute;termin&eacute;s individuellement : chaque individu a les siens (influenc&eacute;s par son environnement familial et social le plus direct) ; la cr&eacute;ation de sa conscience morale. Une conjoncture historique particuli&egrave;re influence &eacute;galement directement l&#39;individu.</li> <li>Les valeurs morales, religieuses... socio-culturelles de la soci&eacute;t&eacute; d&#39;accueil, ce que l&#39;on peut appeler : le nouveau milieu social. La &laquo; nouvelle quotidiennet&eacute; &raquo; qu&#39;il faut d&#39;abord conna&icirc;tre pour s&#39;y assimiler ensuite (Guinsberg, 2005 : 168).</li> <li>Le niveau de coh&eacute;sion entre les membres d&#39;un groupe et le sentiment d&#39;appartenance &agrave; ce groupe.</li> <li>Et la langue, dans ce cas la langue catalane, est d&eacute;cisive en tant que principal trait d&eacute;terminant de cette identit&eacute; en exil.</li> </ul> <p>Prendre en compte ces facteurs qui d&eacute;terminent et fa&ccedil;onnent l&#39;identit&eacute; individuelle, ainsi que l&#39;importance de la subjectivit&eacute; des exp&eacute;riences dans les camps et en exil en g&eacute;n&eacute;ral, signifie qu&#39;il existe autant d&#39;exils que de personnes ayant v&eacute;cu ces situations, chacune avec son propre v&eacute;cu.</p> <p>Selon Rogers Brubaker, certains de ces facteurs, tels que la langue, le sentiment d&#39;appartenance &agrave; un groupe et son niveau de coh&eacute;sion, conf&egrave;rent &agrave; l&#39;identit&eacute; de l&#39;individu une profonde conscience de groupe. Cette similitude peut &ecirc;tre per&ccedil;ue de mani&egrave;re objective (comme une similarit&eacute; &laquo; en soi &raquo;) ou de mani&egrave;re subjective, comme dans le cas qui nous int&eacute;resse, une similitude exp&eacute;riment&eacute;e ou per&ccedil;ue, souvent manifest&eacute;e sous forme de solidarit&eacute; ou d&#39;un sentiment d&#39;action collective avec d&#39;autres membres de ce groupe commun (Brubakers, 2001: 66-85).</p> <p>Et dans ce sens, Mi&ntilde;arro et Morandi ajoutent que cette identit&eacute; partag&eacute;e entre les intern&eacute;s s&#39;articule en grande partie comme un contrepoids &agrave; la rupture, au d&eacute;racinement et &agrave; la s&eacute;paration que repr&eacute;sente l&#39;exil, qu&#39;ils d&eacute;crivent comme : &laquo; l&#39;une des pires formes de r&eacute;pression, un choc, une perte traumatique des racines identitaires de l&#39;individu et du collectif, qui les marque pour le reste de leur vie &raquo; (Mi&ntilde;arro &amp; Morandi, 2009: 83). La rupture pour les exil&eacute;s qui ont fui vers la France a &eacute;t&eacute; dure, douloureuse et empreinte de douleur, car ces hommes et ces femmes ne partaient pas &laquo; volontairement &raquo; &agrave; la recherche d&#39;un avenir meilleur, mais fuyaient, chass&eacute;s de chez eux, de leur village, de leur ville, pouss&eacute;s par l&#39;avanc&eacute;e de la Guerre Civile, par les bombardements et les attaques de l&#39;arm&eacute;e franquiste. Selon Leon et Rebeca Grinberg, ces individus &eacute;prouvent un sentiment d&#39;impuissance qui pourrait &ecirc;tre similaire, par leur rupture et leur s&eacute;paration, au traumatisme de la naissance et &agrave; la perte de la m&egrave;re protectrice. Les liens qu&#39;ils entretenaient ont &eacute;t&eacute; rompus, on les a arrach&eacute;s &agrave; leurs espaces familiers et de confiance et en m&ecirc;me temps, on les consid&egrave;re comme des &eacute;trangers dans le pays d&#39;accueil, pouvant subir discriminations et humiliations pour la simple raison d&#39;&ecirc;tre l&agrave; (Grinberg &amp; Grinberg, 1996: 13).</p> <p>Ceux qui avaient laiss&eacute; leur famille ou une partie d&#39;entre elle chez eux, portaient en m&ecirc;me temps la culpabilit&eacute; envers ceux rest&eacute;s derri&egrave;re eux, ceux qui n&rsquo;avaient pas pu fuir, dans l&#39;incertitude de quand ils pourraient les retrouver et quel destin les attendait sous le r&eacute;gime de Franco. Avec l&#39;exil et la fuite en France, un tournant s&rsquo;est produit dans la vie des personnes qui a vol&eacute; en &eacute;clats, une forme directe de r&eacute;pression extr&ecirc;mement dure contre la personne (Mi&ntilde;arro, 2010: 19-29). Ils ne savent pas ce qui va se passer, on pourrait d&eacute;crire cela comme : &laquo; l&#39;incertitude du lendemain dans un pays totalement inconnu &raquo;. Une id&eacute;e que le philologue catalan Pompeu Fabra refl&egrave;te dans une conversation avec sa femme et que sa fille Carola transcrit. Il savait seulement qu&#39;ils partaient en exil et qu&#39;ils ne reviendraient pas, va-t-il fait remarquer &agrave; sa femme dans un bref dialogue :</p> <p><em>No us feu il&middot;lusions perqu&egrave; nosaltres no tornarem. Ara, les nostres </em><em>filles, no ho s&eacute;. Nosaltres &ndash;li deia a la meva mare&ndash; no tornarem&rdquo;.</em><sup><a href="#_ftn3"><em><strong>[3]</strong></em></a></sup><em> I la meva mare deia: Quines sortides que fem! No sortim mai de casa i ara hem d&rsquo;anar com uns captaires! El meu pare sols li responia: Mira, el que hem de fer &eacute;s callar i aguantar el tipus, perqu&egrave; no hi ha res a fer. No protestis ni facis res...</em><em>&raquo; </em>(Pi&ntilde;ol, 1991 : 61).</p> <p>Mi&ntilde;arro et Morandi, dans leurs travaux, analysent les exp&eacute;riences de vie de certains t&eacute;moins r&eacute;publicains espagnols pass&eacute;s par les camps fran&ccedil;ais ainsi que de certains survivants des camps d&#39;extermination nazis. L&#39;id&eacute;e qui revient constamment est l&#39;importance qu&#39;ils accordent &agrave; la coh&eacute;sion du groupe, au sentiment d&#39;appartenance et d&#39;identification avec les individus composant ce collectif. Selon elles, les intern&eacute;s qui ont accept&eacute; leur situation comme une r&eacute;alit&eacute; in&eacute;vitable, en tentant de s&#39;adapter et en tissant quelques connaissances et des liens d&rsquo;amiti&eacute;, ont pu supporter l&#39;internement dans de meilleures conditions psychologiques, la r&eacute;sistance et le r&eacute;seau de solidarit&eacute; dont parlait Naharro-Calder&oacute;n. On pouvait observer chez ces personnes une timidit&eacute; de solidarit&eacute; au d&eacute;part, une confiance, une amiti&eacute; et un int&eacute;r&ecirc;t pour d&#39;autres r&eacute;fugi&eacute;s qui, comme eux, se trouvaient dans le m&ecirc;me espace. Ils s&#39;identifiaient &agrave; l&#39;autre personne ou groupe de personnes et &agrave; leur souffrance, ce qui leur permettait en m&ecirc;me temps de mieux supporter la leur. Cette identification et cette pr&eacute;occupation pour les autres devaient &ecirc;tre ambivalentes, car leurs compagnons de baraque, avec qui ils partageaient des moments de distraction et d&#39;autres plus difficiles, &agrave; qui ils avaient donn&eacute; une aspirine ou un morceau de pain ou de caf&eacute; parce qu&#39;il &eacute;tait malade, pouvaient dispara&icirc;tre soudainement parce qu&#39;ils avaient &eacute;t&eacute; envoy&eacute;s dans le terrible ch&acirc;teau de Collioure, mourir, s&#39;enr&ocirc;ler dans les Compagnies de Travailleurs &Eacute;trangers ou dans la L&eacute;gion &Eacute;trang&egrave;re, retourner en Espagne ou partir en bateau vers l&#39;Am&eacute;rique (Mi&ntilde;arro, 2012: 33-41).</p> <p>Dans le &laquo; camp des Catalans &raquo; d&#39;Agde, ce sentiment d&#39;appartenance et d&#39;identification en tant que catalans dans le camp a &eacute;t&eacute; d&eacute;terminant, et nous avons des exemples &agrave; travers les &eacute;go-documents qui nous permettent de saisir, m&ecirc;me par petites touches, les &laquo; sentiments ou l&#39;&eacute;tat d&#39;esprit &raquo; du moment o&ugrave; le document a &eacute;t&eacute; &eacute;crit, contemporain dans le cas des lettres et post&eacute;rieur dans celui des m&eacute;moires. Comme Agust&iacute; Bartra, apr&egrave;s &ecirc;tre pass&eacute; par le camp d&#39;Argel&egrave;s et avant d&#39;arriver &agrave; celui d&#39;Agde, se r&eacute;confortait d&#39;avoir trouv&eacute; d&#39;autres exil&eacute;s catalans :</p> <p><em>Ac&iacute; la vida va lliscant, lenta i mon&ograve;tona. En general tots els catalans estan satisfets de trobar-se en aquest camp junts. Les condicions d&rsquo;exist&egrave;ncia &mdash;o millor, de subsist&egrave;ncia&mdash; s&oacute;n superiors a les dels altres camps, si b&eacute; el cansament de la gent s&rsquo;accentua, despr&eacute;s de tres mesos de lleure for&ccedil;at. Els primers dies d&rsquo;estada ac&iacute; s&rsquo;entretenien fent-se tauletes, prestatges, taulers, etc. i passejant molt. Totes les nits es canta en totes les barraques. A la nostra, &agrave;dhuc es canta ja una can&ccedil;&oacute; rossellonesa.<sup><a href="#_ftn4"><strong>[4]</strong></a></sup></em></p> <p>Joan Manresa, quelques ann&eacute;es apr&egrave;s &ecirc;tre sorti du camp, a &eacute;crit dans le journal <em>L&#39;Emigrant</em> au sujet des Catalans dans le camp, qu&#39;il appelait :</p> <p><em>El conjunt, una &agrave;mplia comunitat [...] ageguts damunt la palla bruta de les barraques d&rsquo;Agde, record&agrave;vem, m&eacute;s que les odioses hores de la brutalitat feixista, de bombardeigs criminals i d&rsquo;angoixa de temps de guerra, les gl&ograve;ries i la joia de Catalunya dels temps de pau. [...] Els carrers i carrerons i places de Barcelona, els concerts al Liceu, els del Palau de la M&uacute;sica Catalana i els de Belles Arts.<sup><a href="#_ftn5"><strong>[5]</strong></a></sup></em></p> <p>L&#39;importance du concept de communaut&eacute; soulign&eacute; par Manresa est essentielle pour tisser le r&eacute;seau de solidarit&eacute; que nous avons mentionn&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment, et rendre les exp&eacute;riences et la duret&eacute; de l&#39;exil et des camps plus supportables. Cependant, l&#39;exp&eacute;rience de l&#39;exil &eacute;tait in&eacute;vitablement v&eacute;cue individuellement par chacune des personnes qui avaient travers&eacute; la fronti&egrave;re vers la France, et les traumatismes et le d&eacute;sespoir dans la vie quotidienne sont devenus insupportables dans certains cas.</p> <p>Pere Vives, initialement intern&eacute; dans le camp d&#39;Argel&egrave;s avant d&#39;arriver &agrave; Agde, exprimait son abattement et sa nostalgie pour ses s&oelig;urs le 31 octobre 1939 avec ces mots :</p> <p><em>Ten&eacute;is toda la raz&oacute;n en quejaros que no os escribo. Prometo escribir con m&aacute;s frecuencia que hasta ahora. Puede que alg&uacute;n d&iacute;a os escriba una carta. </em><em>Ahora no s&eacute;. Parece como si os hubiera olvidado. Lo parece solo. Hablo mucho de vosotras con los amigos. Y cuando hablo es como si ese pasado inexplicable se me hiciera de golpe demasiado grande para mi coraz&oacute;n y no me cupiera en &eacute;l. De momento prefiero deciros que estoy bien y que pienso mucho en vosotras. Alg&uacute;n d&iacute;a mi coraz&oacute;n se pondr&aacute; a gritar </em><em>y os escribir&eacute;. Ahora no hay m&aacute;s que silencio y una tranquilidad podrida</em> (Vives i Clav&eacute;, 1972 : 61)<em>.</em></p> <p>Aussi dans les m&eacute;moires de Juan Moreu Estrada peut-on lire comment la nostalgie, la captivit&eacute; forc&eacute;e, les humiliations, les repr&eacute;sailles, la monotonie du quotidien, l&#39;incertitude sur la dur&eacute;e de leur s&eacute;jour au camp... &eacute;taient tr&egrave;s pr&eacute;sentes dans la vie des intern&eacute;s. Il se plaignait de:</p> <p><em>Hem deixat el camp horror&oacute;s </em>[en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; celui de Saint-Cyprien],<em> per anar a tancar-nos en un altre m&eacute;s ben acomodat, &eacute;s cert, per&ograve; igualment mon&ograve;ton i trist, doncs la inactivitat fa que les jornades semblin segles... </em>(Moreu, 2017 : 122)<em>.</em></p> <p>La construction d&#39;un espace social &agrave; l&#39;int&eacute;rieur du camp et des baraques est devenue une n&eacute;cessit&eacute;, ce que Juan Carlos P&eacute;rez Guerrero consid&egrave;re comme les strat&eacute;gies et tactiques de &laquo; la r&eacute;sistance passive &raquo; en confrontation avec la monotonie du quotidien au camp. Passive, mais offrant des outils aux intern&eacute;s pour survivre non seulement &agrave; l&#39;inactivit&eacute; physique, mais leur permettant &eacute;galement de transformer l&#39;espace transitoire, dans ce cas le camp, en un espace &laquo; habitable, vivable &raquo; pour contrer la perte de moral et d&#39;anxi&eacute;t&eacute; (P&eacute;rez, 2008: 58).</p> <h2><strong>3. &laquo; La sortie des camps. La peur du d&eacute;racinement &agrave; jamais &raquo;</strong></h2> <p>Mais ces camps de concentration fran&ccedil;ais, o&ugrave; se trouvaient la plupart des Espagnols, ne pouvaient &ecirc;tre qu&#39;une situation transitoire. Selon le rapport pr&eacute;sent&eacute; par la Commission des Finances le 9 mars 1939 &agrave; la Chambre des D&eacute;put&eacute;s, le gouvernement fran&ccedil;ais avait principalement trois options devant le probl&egrave;me des r&eacute;fugi&eacute;s espagnols : le retour en Espagne, l&#39;&eacute;migration vers l&#39;Am&eacute;rique du Sud ou &quot;profiter&quot; d&#39;une minorit&eacute;, non plus en tant que r&eacute;fugi&eacute;s, mais en tant que main-d&#39;&oelig;uvre. La grande priorit&eacute; des autorit&eacute;s fran&ccedil;aises, et o&ugrave; elles ont d&eacute;ploy&eacute; le plus d&#39;efforts pour encourager les r&eacute;fugi&eacute;s et faciliter la proc&eacute;dure, a &eacute;t&eacute; le rapatriement vers l&#39;Espagne franquiste, car elles ont toujours consid&eacute;r&eacute; l&#39;accueil des r&eacute;fugi&eacute;s espagnols comme provisoire (Dreyfus-Armand, 1999: 72).</p> <p>Depuis la <em>Retirada</em> et jusqu&#39;&agrave; l&#39;occupation d&#39;une partie de la France par l&#39;arm&eacute;e nazie, les mouvements des r&eacute;fugi&eacute;s dans l&#39;ensemble des camps du syst&egrave;me concentrationnaire fran&ccedil;ais sont variables et complexes : transferts d&#39;intern&eacute;s entre les camps, retours en Espagne, &eacute;migration vers l&#39;Am&eacute;rique (principalement les r&eacute;fugi&eacute;s disposant de moyens &eacute;conomiques et de relations personnelles leur permettant d&#39;entreprendre le voyage) et, pour ceux qui ne pouvaient ni partir en Am&eacute;rique ni se permettre de retourner en Espagne franquiste en raison des graves cons&eacute;quences que cela entra&icirc;nerait, la sortie des camps par le biais des Compagnies de Travailleurs &Eacute;trangers a &eacute;t&eacute; l&#39;option choisie majoritairement pour mettre fin aux mois de r&eacute;clusion. L&#39;enr&ocirc;lement dans la L&eacute;gion &eacute;trang&egrave;re ou dans les R&eacute;giments de Marche de Volontaires &Eacute;trangers a &eacute;galement absorb&eacute; un certain nombre de r&eacute;fugi&eacute;s qui se sont engag&eacute;s dans ces unit&eacute;s militaris&eacute;es pour sortir des camps.</p> <p>Cependant, concentrons-nous sur les r&eacute;&eacute;migrations vers l&#39;Am&eacute;rique. Pour beaucoup des r&eacute;fugi&eacute;s espagnols enferm&eacute;s dans les camps de concentration fran&ccedil;ais, l&#39;option pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e, bien que non majoritaire, pour sortir de l&#39;univers concentrationnaire &eacute;tait l&#39;&eacute;migration en Am&eacute;rique du Sud. Le gouvernement fran&ccedil;ais &eacute;tait &eacute;galement int&eacute;ress&eacute; par cette issue, mais les premiers efforts pour la concr&eacute;tiser n&#39;ont pas donn&eacute; les r&eacute;sultats imm&eacute;diats escompt&eacute;s. Les &eacute;migrations ont &eacute;t&eacute;, en g&eacute;n&eacute;ral, assez modestes. La Commission des Finances de la Chambre des D&eacute;put&eacute;s, lors de sa session du 14 mars 1939 lors du d&eacute;bat sur les r&eacute;fugi&eacute;s espagnols, a inform&eacute; que :</p> <p>Un certain pays qui admet chaque ann&eacute;e l&#39;immigration d&#39;un certain nombre - par ailleurs tr&egrave;s faible - de r&eacute;fugi&eacute;s espagnols, n&#39;a pas voulu augmenter ce nombre, m&ecirc;me d&#39;un seul, malgr&eacute; les circonstances r&eacute;ellement exceptionnelles et m&ecirc;me tragiques existantes. Un autre pays a exprim&eacute; sa disposition &agrave; recevoir un groupe d&#39;Espagnols, &agrave; condition qu&#39;ils soient de certaine r&eacute;gion, profession et religion, et &agrave; condition que le transport soit pay&eacute;. Un troisi&egrave;me a offert, faute d&#39;h&eacute;bergement, une contribution financi&egrave;re qui ne correspond m&ecirc;me pas &agrave; ce que nous d&eacute;pensons en une journ&eacute;e (Pla, 2000: 95).</p> <p>Il est possible d&#39;interpr&eacute;ter que le premier pays mentionn&eacute; par la Commission &eacute;tait le Mexique, le deuxi&egrave;me le Chili ou la R&eacute;publique dominicaine, et le troisi&egrave;me l&#39;Union sovi&eacute;tique. Cependant, sans plus de contexte, il est difficile de confirmer avec certitude les pays exacts auxquels la Commission faisait r&eacute;f&eacute;rence.</p> <p>La peur du d&eacute;racinement et de l&#39;incertitude quant &agrave; leur avenir dans ces nouveaux pays d&#39;accueil &eacute;tait intense et g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e. Ils avaient laiss&eacute; derri&egrave;re eux trois ann&eacute;es de guerre civile, un long exode vers la France, le pays qui les avait pour la plupart accueillis dans des camps de concentration aux conditions de survie d&eacute;plorables. Ce &laquo; passage de la fronti&egrave;re &raquo;, plus que jamais, repr&eacute;sentait un espace g&eacute;n&eacute;rateur de souvenirs et en m&ecirc;me temps d&#39;oublis. L&#39;incertitude et les doutes quant &agrave; savoir si la meilleure option de vie pour eux &eacute;tait de traverser l&#39;Atlantique se r&eacute;p&eacute;taient &agrave; chaque fois dans leurs lettres et leurs m&eacute;moires. Pere Vives d&eacute;crivait ces incertitudes &agrave; Agust&iacute; Bartra depuis le camp de Saint-Cyprien le 14 d&eacute;cembre 1939 :</p> <p><em>Potser tu de Par&iacute;s estant ho veus d&rsquo;una altra manera. Per mi em sembla tan miracul&oacute;s aix&ograve; d&rsquo;anar a Am&egrave;rica que no hi crec gaire. Hi crec com quan era infant creia en el cel [...].</em></p> <p><em>M&rsquo;han tornat a venir unes ganes boges d&rsquo;anar a Am&egrave;rica. Punt de converg&egrave;ncia de dos desigs que han anat madurant dintre meu. Les ganes de fugir d&rsquo;aquesta Europa enfollida, de tota aquesta bestialitat desfrenada i del desig de veure gent i terres noves. Aquests darrers temps havia amanyagat la il&middot;lusi&oacute; de tornar a casa, a Catalunya. Ja s&eacute; que &eacute;s una il&middot;lusi&oacute; de derrotat, per&ograve; el neguit furi&oacute;s d&rsquo;anar net, de no haver de rentar la roba, em va fer donar cr&egrave;dit a una carta de casa.</em></p> <p><em>No podr&eacute; deixar mai de creure en la meva terra, i aquesta fe no em deixar&agrave;, vagi on vagi. Em penso que &eacute;s massa tard i les arrels s&oacute;n massa pregones perqu&egrave; valgui la pena de pensar en un possible perill de desarrelament. Per&ograve; com la carta de casa, la teva, m&rsquo;ha fet venir ganes d&rsquo;anar a Am&egrave;rica. Les ganes de tornar a casa i les d&rsquo;anar a Am&egrave;rica coexisteixen en mi fa temps</em> (Vives i Clav&eacute;, 1972 : 45)<em>.</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Pour beaucoup des r&eacute;fugi&eacute;s qui d&eacute;cidaient d&#39;entreprendre le voyage et avaient la chance de figurer sur l&#39;une des listes d&#39;embarquement, une fois qu&#39;ils traversaient l&#39;Atlantique, l&#39;&eacute;loignement physique ainsi que la rupture &eacute;motionnelle et psychologique avec leur pays d&#39;origine devenaient plus &eacute;vidents, plus douloureux dans de nombreux cas. En effet, d&#39;apr&egrave;s leurs lettres et leurs m&eacute;moires, beaucoup de ces r&eacute;fugi&eacute;s &eacute;taient conscients, au fond d&#39;eux-m&ecirc;mes, qu&#39;ils partaient pour ne jamais revenir. L&#39;id&eacute;e d&#39;un &eacute;ventuel retour, qui avait &eacute;t&eacute; pr&eacute;sente pendant leur exil en France, principalement en raison de la proximit&eacute; g&eacute;ographique &ndash;de nombreuses r&eacute;f&eacute;rences depuis les camps sur la plage faisaient allusion au Canigou comme une figure r&eacute;currente pour sa proximit&eacute; avec la Catalogne &ndash;, leur procurait du r&eacute;confort et de l&#39;espoir d&#39;un exil de courte dur&eacute;e, sachant qu&#39;ils &eacute;taient proches et pourraient revenir bient&ocirc;t.</p> <p>Le journal <em>El Poble Catal&agrave;</em> mentionnait &eacute;galement la grande importance que cette montagne avait pour les intern&eacute;s (Rovira i Virgili, 1989: 64-65).<sup><a href="#_ftn6">[6]</a> </sup>Dans un article &eacute;crit depuis le camp de Saint-Cyprien, elle est d&eacute;crite comme :</p> <p><em>En aquestes hores de dolor apartats de la terra p&agrave;tria, els homes de cor treballen malgrat les filferrades i la sorra, i les barraques de fusta, els ulls fits ens les muntanyes, aquestes muntanyes blaves del Canig&oacute; i el cor a la terra tan estimada i &eacute;s aix&iacute; com fem p&agrave;tria, malgrat tot, i &eacute;s aix&iacute;, com molt b&eacute; diu la sardana, que Catalunya viu !<sup><a href="#_ftn7"><strong>[7]</strong></a></sup></em></p> <p>Des phrases comme &laquo;l&#39;impossibilit&eacute; de retourner dans notre ch&egrave;re Catalogne&raquo;, &laquo;notre patrie bien-aim&eacute;e&raquo;, &laquo;notre terre regrett&eacute;e&raquo;, &laquo;nous n&#39;oublierons jamais la terre qu&#39;ils nous ont forc&eacute;s &agrave; quitter&raquo;, &laquo;nous esp&eacute;rons qu&#39;un jour nous pourrons retourner&raquo;, &laquo;notre devoir est de rester en exil jusqu&#39;&agrave; ce que nous puissions rentrer chez nous avec dignit&eacute;&raquo;, entre autres, apparaissent de mani&egrave;re continue dans les lettres envoy&eacute;es depuis les camps<sup><a href="#_ftn8">[8]</a></sup> &agrave; des personnes qui, en raison de leur position, pouvaient les aider &agrave; en sortir, ou du moins, &agrave; am&eacute;liorer leur vie en tant que d&eacute;tenus, un exemple &eacute;vident &eacute;tant les lettres re&ccedil;ues par le ministre r&eacute;gional, Carles Pi i Sunyer en exil (Ara&ntilde;&oacute; &amp; Garcia, 2020: 307-332).</p> <p>Coloma Feliubadal&oacute;, dans une lettre envoy&eacute;e depuis S&egrave;te le 19 juillet 1939, transmettait ainsi &agrave; ce membre du gouvernement catalan ses doutes et ses craintes &agrave; propos de quitter l&#39;Europe :</p> <p><em>Farem b&eacute; el meu marit i jo, junt amb els fills, de marxar a M&egrave;xic? Fa tanta pena allunyar-se de la terra que un tant estima! Cap pa&iacute;s del m&oacute;n em sembla tan bonic com la nostra Catalunya. Per&ograve; si restem ac&iacute; el que farem &eacute;s morir-se de mica en mica. Un consell vostre, amic! De v&oacute;s, per a mi tindr&agrave; un gran valor.<sup><a href="#_ftn9"><strong>[9]</strong></a></sup></em></p> <p>En revanche, il convient de souligner que l&#39;&eacute;migration vers l&#39;Am&eacute;rique du Sud a &eacute;t&eacute; l&#39;une des options auxquelles les r&eacute;fugi&eacute;s enferm&eacute;s dans les camps ont pu recourir, et ceux qui ont pu y &eacute;migrer l&#39;ont v&eacute;cue ainsi. L&#39;&eacute;crivain Llu&iacute;s Ferran de Pol d&eacute;crit dans ses m&eacute;moires le d&eacute;part du port de S&egrave;te le 23 mai 1939 &agrave; bord du navire Sinaia en direction de Porto Rico et de Veracruz, o&ugrave; il est arriv&eacute; le 13 juin. Un sentiment d&#39;espoir, de renaissance, de &laquo; nouvelle vie &raquo;, mais sans oublier ce qu&#39;ils avaient d&ucirc; laisser derri&egrave;re eux en France, mais aussi ce qu&#39;ils avaient perdu depuis leur point de d&eacute;part:</p> <p><em>Ja som a port. Mai la frase no ha tingut m&eacute;s relleu, per a mi. S&iacute;, hem arribat a port segur, despr&eacute;s d&#39;uns quants mesos desesperats. &Eacute;s cert, encara caminem entre soldats, per&ograve; no &eacute;s igual que uns soldats t&#39;acompanyin &mdash;o t&#39;empenyin&mdash; a la captivitat o que acordonin el cam&iacute; que et porta a la llibertat. Tant de bo que per a tots els milers i milers d&#39;internats hagu&eacute;s sonat aquesta hora. Ells resten als sorrals, a la fam, a la submissi&oacute;: quin dest&iacute; els espera?...</em></p> <p><em>A poc a poc, el mar s&#39;empassa el senyal del nostre pas. Ja no veiem S&egrave;te, nom&eacute;s una massa muntanyosa. I, encara amb Val&eacute;ry, ens diem: Le vent se l&egrave;ve... Il faut tenter de vivre!</em></p> <p><em>Provar de viure, prou: per&ograve; encara som davant les costes on uns quants noms de poble evoquen la nostra derrota: Cotlliure, Sant Cebri&agrave;, Argelers, el Barcar&egrave;s... En els seus camps de concentraci&oacute; jeu una joventut malaguanyada. I amb una mica de vergonya, feli&ccedil; i emmelangit alhora, em dic que s&iacute;, que el vent s&#39;al&ccedil;a i que b&eacute; cal provar de viure... Per&ograve; sense oblidar que, anem all&agrave; on anem, serem per sempre, els fills d&#39;una derrota...</em> (Ferran de Pol, 2009: 100-106).</p> <p>Sentiment d&rsquo;espoir, de renaissance, de &laquo; nouvelle vie &raquo;, mais sans oublier ce qu&#39;ils avaient d&ucirc; laisser derri&egrave;re eux en France, mais aussi ce qu&#39;ils avaient perdu depuis &agrave; partir de son d&eacute;part avec la <em>Retirada</em>. Dans le m&ecirc;me sens, Artur Blad&eacute; i Desumbila d&eacute;crivait dans ses m&eacute;moires cet espoir am&eacute;ricain comme une &laquo; solution &raquo; au long s&eacute;jour des r&eacute;fugi&eacute;s r&eacute;publicains entre les barbel&eacute;s:</p> <p><em>Molts, la immensa majoria </em>[des exil&eacute;s],<em> dels qui resten nom&eacute;s tenen una esperan&ccedil;a: que les organitzacions pol&iacute;tiques i sindicals a les quals pertanyen, els treguin dels camps i els facilitin un passatge per embarcar a M&egrave;xic &ndash;o cap a on sigui. El cas &eacute;s sortir de l&rsquo;infern en qu&egrave; es troben, un infern que, pel que expliquen, nom&eacute;s s&rsquo;aguanta en funci&oacute; del nombre i del mutu encoratjament i, en darrer terme, per l&rsquo;esperan&ccedil;a d&rsquo;embarcar. Dos vaixells &ndash;el Sinaia i l&rsquo;Ipanema&ndash; han transportat ja a M&egrave;xic uns tres milers de refugiats arrencats, com qui diu, dels horribles camps filferrats </em>(Blad&eacute; i Desumvila, 2007 : 231).</p> <p>De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, Josep Bartol&iacute;, qui a pu &eacute;migrer au Mexique, dans certains de ses dessins, transmettait l&#39;espoir d&#39;un avenir meilleur lors des voyages vers l&#39;Am&eacute;rique pour sortir des camps, soulignant : &laquo;&iexcl;Sed Fuertes! &iexcl;No os vencer&aacute;n! Detr&aacute;s del mar, junto a la luz, est&aacute; la libertad&raquo; (Bartol&iacute; &amp; Molins, 1944 : 67).</p> <p>Avec le d&eacute;clenchement de la Seconde Guerre mondiale et une fois que certains de ces r&eacute;fugi&eacute;s, une poign&eacute;e d&rsquo;entre eux, ont pu embarquer pour l&#39;Am&eacute;rique du Sud, l&#39;id&eacute;e d&#39;un retour possible en Catalogne dans un avenir proche s&#39;est finalement &eacute;vanouie. Le fait de traverser l&#39;Atlantique les impressionnait non seulement territorialement mais aussi psychologiquement, le nombre de jours de voyage &agrave; bord des navires les menant en Am&eacute;rique les &eacute;loignait de leurs espoirs de retour. Ramon Frontera &eacute;tait tr&egrave;s clair, il pr&eacute;f&eacute;rait ne pas avoir &agrave; traverser l&#39;oc&eacute;an en raison de la possibilit&eacute; de ne pas revenir des terres am&eacute;ricaines:</p> <p><em>&Eacute;s veritablement agradable veure que encara hi ha persones que tenen sensibilitat i senten el goig de l&rsquo;agra&iuml;ment, en resum, em diu que ja fa gestions per a assolir l&rsquo;autoritzaci&oacute; d&rsquo;entrada a l&rsquo;Argentina, oferint-me la seva casa i demanant-me dades personals per aquestes gestions que realitza. Com que tot aix&ograve; &eacute;s lent de tramitaci&oacute;, penso enviar-li per si arrib&eacute;s el moment, d&rsquo;utilitzar-ho, encara que com podeu suposar, el tenir que passar l&rsquo;Atl&agrave;ntic &eacute;s cosa que fa pensar i millor que fos possible evitar-ho, ja que el dif&iacute;cil no &eacute;s pas el fet d&rsquo;anar-hi, sin&oacute; la seguretat de qu&egrave; tindr&agrave;s assegurat el retorn, doncs hem de suposar que un dia o altre, a prop o lluny&agrave;, tornarem amb dignitat a Catalunya.<sup><a href="#_ftn10"><strong>[10]</strong></a> </sup></em></p> <p>Ainsi, nous pouvons penser que le sentiment de Frontera et de tant d&#39;autres &eacute;tait fond&eacute; sur la notion de &laquo; retour &raquo; comme un concept indissociable de l&#39;exp&eacute;rience v&eacute;cue en exil. Ce que Florence Guilhem a appel&eacute; &laquo; l&#39;obsession du retour &raquo; (Guilhem, 2005), le souvenir de la Catalogne, de la nation, qu&#39;ils ont laiss&eacute;e derri&egrave;re eux en partant, est id&eacute;alis&eacute; par les souvenirs des ann&eacute;es pass&eacute;es ; cette id&eacute;e du retour est id&eacute;alis&eacute;e et fa&ccedil;onn&eacute;e selon chaque individu, &eacute;tant intrins&egrave;quement li&eacute;e &agrave; l&#39;exil lui-m&ecirc;me (Aznar, 1999: 51-68). De m&ecirc;me, Remei Oliva souligne que :</p> <p><em>Algunos que tendr&iacute;an relaciones con pol&iacute;ticos del exterior, pudieron salir para Am&eacute;rica, entre los miles que se hab&iacute;an apuntado. Fue a primeros de septiembre. S&oacute;lo lo supimos unos d&iacute;as antes de la salida y nos entristecimos. &iexcl;Cu&aacute;nto les envidi&aacute;bamos! En realidad, no quer&iacute;amos dejar Francia para irnos a Am&eacute;rica. Est&aacute;bamos convencidos de que Franco no aguantar&iacute;a mucho tiempo; estando en Francia nos sent&iacute;amos cerca de Espa&ntilde;a</em> (Oliva, 2006 : 69).</p> <p>Autrement dit, l&#39;id&eacute;e d&#39;un &laquo; retour proche&raquo; car le r&eacute;gime franquiste ne durerait pas longtemps, fait que certains r&eacute;fugi&eacute;s, comme Oliva, n&rsquo;envisagent pas l&#39;embarquement. Ils restent en France car de cette mani&egrave;re, le retour sera plus simple et plus rapide, ce qui est une conception que l&#39;on retrouve &agrave; plusieurs reprises dans bon nombre d&#39;&eacute;go-documents. De m&ecirc;me, nous pouvons lire dans les lettres du musicien Pau Casals &agrave; Jaume Creus, le 20 mars 1948, &eacute;crites depuis son exil &agrave; Prades : <em>&laquo;[...] Que la seva salut sigui bona. Cal que quan arribem a casa<sup><a href="#_ftn11"><strong>[11]</strong></a></sup> ens presentem de manera a no fer ll&agrave;stima a ning&uacute;. Molts s&rsquo;alegrarien de veure&rsquo;ns vells i malmesos&raquo;<sup>.<a href="#_ftn12"><strong>[12]</strong></a></sup></em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Contrairement &agrave; ces exil&eacute;s, nous trouvons &eacute;galement de nombreuses r&eacute;f&eacute;rences aux exil&eacute;s qui partent et arrivent en Am&eacute;rique. Beaucoup d&#39;entre eux pr&eacute;voient que ce sera un exil permanent ou qu&#39;ils auront beaucoup de difficult&eacute;s &agrave; revenir, croyant profond&eacute;ment qu&#39;ils mourront loin de chez eux. August Pi i Sunyer, dans une lettre &agrave; son fr&egrave;re Carles depuis Caracas le 3 mai 1942, se lamentait :</p> <p><em>Nosaltres enyorant sempre i m&eacute;s &laquo;el mite&raquo; de Roses.<a href="#_ftn13"><sup><strong><sup>[13]</sup></strong></sup></a> Per&ograve; no s&#39;hi pot fer res damunt dels impulsos afectius, emocionals... Qui pogu&eacute;s &eacute;sser-hi, menjant sardineta i jugant al domin&oacute;. Ja veus que les aspiracions no poden &eacute;sser m&eacute;s modestes...<sup><a href="#_ftn14"><strong>[14]</strong></a></sup></em></p> <p>Et 24 juillet, dans une autre lettre, il ajoutait :</p> <p><em>Que la Carmen</em> [en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Carmen Cuberta, &eacute;pouse de Carles Pi i Sunyer]<em> es cuidi i cuideu-vos tots. El que em fa m&eacute;s p&agrave;nic &eacute;s pensar que pogu&eacute;s deixar els ossos per aquestes terres, que no pogu&eacute;s tornar a morir tranquil&middot;lament a Roses. Cal, doncs, cuidar la salut i veure de no estar malalt per no deixar-hi la pell.<sup><a href="#_ftn15"><strong>[15]</strong></a> </sup></em></p> <p>Les deux fr&egrave;res Pi i Sunyer, &agrave; la fois Carles et August, sont d&eacute;c&eacute;d&eacute;s en exil, August au Mexique le 12 janvier 1965 et Carles &agrave; Caracas le 15 mars 1971. Tous deux ont cependant demand&eacute; que leurs d&eacute;pouilles soient transf&eacute;r&eacute;es au cimeti&egrave;re de Roses une fois le dictateur d&eacute;c&eacute;d&eacute;, tout comme Pau Casals, mort en exil le 22 octobre 1973 &agrave; San Juan de Puerto Rico et transf&eacute;r&eacute; &agrave; El Vendrell (Baix Pened&egrave;s, Catalogne) en 1979, conform&eacute;ment &agrave; la volont&eacute; exprim&eacute;e par le musicien.</p> <h2><strong>4. Conclusion</strong></h2> <p>Phryn&eacute; Pigenet souligne que :</p> <p>La d&eacute;faite des R&eacute;publicains et leur arriv&eacute;e massive en France, alors que la Catalogne soumise et humili&eacute;e passait sous la botte franquiste, n&#39;a pas r&eacute;duit la revendication identitaire. Elle l&#39;a politis&eacute;e un peu plus. Les Catalans exil&eacute;s, d&eacute;positaires d&#39;un h&eacute;ritage priv&eacute; de tout droit &agrave; la citoyennet&eacute; ultra-pyr&eacute;n&eacute;enne, ont fait de la pr&eacute;servation de l&#39;identit&eacute; catalane le combat, non plus d&#39;une &eacute;lite, mais de toute une communaut&eacute; impliqu&eacute;e dans la restauration de la d&eacute;mocratie (Pigenet, 2012, 79).</p> <p>Dans l&#39;exil catalan, ils ne se sentaient pas seulement les vaincus de la guerre, mais ils &eacute;taient aussi conscients, comme le reste des r&eacute;fugi&eacute;s r&eacute;publicains espagnols, de tout ce qu&#39;ils avaient laiss&eacute; derri&egrave;re eux lorsqu&#39;ils avaient franchi la fronti&egrave;re et quitt&eacute; le pays. Ils &eacute;taient convaincus qu&#39;entre leurs mains, en exil, se trouvait la survie de la culture et de la langue catalanes, qui avaient &eacute;t&eacute; an&eacute;anties dans l&#39;Espagne franquiste.</p> <p>Une exp&eacute;rience extr&ecirc;me, traumatisante, par son ampleur et sa soudainet&eacute;, il s&#39;agit de l&#39;exode le plus consid&eacute;rable qui se soit jamais produit &agrave; une fronti&egrave;re fran&ccedil;aise. Son souvenir hante encore aujourd&#39;hui les m&eacute;moires de bien des survivants, mais un silence prolong&eacute; l&#39;a entour&eacute; et il est demeur&eacute; longtemps oubli&eacute; dans les replis de l&rsquo;histoire (Dreyfus-Armand, 1999: 42).</p> <p>Elle laissera une empreinte difficile &agrave; oublier, dans de nombreux cas, une blessure qui perdurera toute leur vie.</p> <h2><strong>Bibliographie cit&eacute;e</strong></h2> <p>Ara&ntilde;&oacute;, L. &amp; Garcia, J.V. (2020). La identitat i la p&egrave;rdua en l&rsquo;epistolari del primer exili del conseller Carles Pi i Sunyer (1939-1940). <em>Afers</em>, 96-97, 307-332.</p> <p>Bartol&iacute;, J. &amp; Molins, N. (1944). <em>Campos de Concentraci&oacute;n 1939-194&hellip;</em> M&eacute;xico D.C. : Ediciones Iberia.</p> <p>Blad&eacute; i Desumbila, A. (2007). <em>L&rsquo;exiliada</em>. Barcelona : Cosset&agrave;nia.</p> <p>Brubakers, R. (2001). Au-del&agrave; de l&rsquo;identit&eacute;. <em>Actes de la Recherche en Science Sociales</em>, 139, 66-85.</p> <p>Dreyfus-Armand, G. (1999). <em>L&rsquo;exil des r&eacute;publicains espagnols en France. De la Guerre civile &agrave; la mort de Franco</em>. Par&iacute;s: &Eacute;ditions Albin Michel.</p> <p>Eur&iacute;pides, <em>Medea</em>, trad. Jaume Almirall &amp; Maria Rosa Llabr&eacute;s, v. 647-651.</p> <p>Ferran de Pol, Ll. (2003). <em>Campo de concentraci&oacute;n (1939),</em> &eacute;dit&eacute; par Josep-Vicent Garcia i Raffi. Barcelona: Publicacions de l&rsquo;Abadia de Montserrat.</p> <p>Ferran de Pol, Ll. (2009). <em>Un de tants</em>, &eacute;dit&eacute; par Josep-Vicent Garcia i Raffi. Barcelona: Club Editor.</p> <p>Grinberg, L. &amp; Grinberg, R. (1996). <em>Migracion y Exilio. Estudio Psicoanal&iacute;tico</em>. Madrid: Biblioteca Nueva.</p> <p>Guilhem, F. (2005). <em>L&rsquo;obsession du retour. Les r&eacute;publicains espagnols, 1939-1975</em>. Toulouse: Presses universitaires de Mirail.</p> <p>Guinsberg, E. (2005). Migraciones, exilios y traumas ps&iacute;quicos, <em>Pol&iacute;tica y Cultura</em>, 23, 161-180.</p> <p>Mart&iacute;nez-S&aacute;nchez, A. (2003). Cadena de recuerdos. La huida y el cruce de fronteras en la memoria del exilio republicano de 1939. Una experiencia traum&aacute;tica.<em> Revista De Historia &laquo;Jer&oacute;nimo Zurita&raquo;</em>, 101, 265-295. <u><a href="https://doi.org/10.36707/zurita.v0i101.589">https://doi.org/10.36707/zurita.v0i101.589</a></u></p> <p>Mi&ntilde;arro, A. &amp; Morandi, T. (2009). Repressi&oacute;, silenci, mem&ograve;ria i salut mental. Trauma i transmissi&oacute;, <em>Quaderns de salut mental</em>, 5.</p> <p>Mi&ntilde;arro, A. (2010). Presentaci&oacute;, <em>Traumas. Ni&ntilde;os de la guerra y del exilio, </em>Associaci&oacute; per a la Mem&ograve;ria Hist&ograve;rica i Democr&agrave;tica del Baix Llobregat, 3.</p> <p>Mi&ntilde;arro, A. (2012). Camp d&rsquo;Argelers: el rastre (rostre) de la viol&egrave;ncia, <em>Intercambios, papeles de psicoan&aacute;lisis/Intercanvis, papers de psicoan&agrave;lisi.</em> Associaci&oacute; Intercanvis, 28.</p> <p>Montseny, F. (1977). <em>El &eacute;xodo. Pasi&oacute;n y muerte de los espa&ntilde;oles en Francia</em>. 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Barcelone, mai 2024.</p> <h2>Notes</h2> <p><sup><a href="#_ftnref1">[1]</a></sup> Camp d&#39;Agde, 17 mai 1939; AFCPS Ca16Cp534.</p> <p><sup><a href="#_ftnref2">[2]</a></sup> Camp d&rsquo;Agde, 11 juin 1939; AFCPS Ca2Cp64.</p> <p><sup><a href="#_ftnref3">[3]</a></sup> En ce moment, Pompeu Fabra avait d&eacute;j&agrave; plus de 70 ans, et comme il le pr&eacute;voyait, il ne retourna jamais en Catalogne. Il mourut le 25 d&eacute;cembre 1948 en exil &agrave; Prades.</p> <p><sup><a href="#_ftnref4">[4]</a></sup> Camp d&#39;Agde, 17 mai 1939; AFCPS Ca2Cp64.</p> <p><sup><a href="#_ftnref5">[5]</a></sup> &laquo; Ruta d&rsquo;exili. Agde &raquo;, <em>L&rsquo;Emigrant</em>, 14 janvier 1946.</p> <p><sup><a href="#_ftnref6">[6]</a></sup> Ou le chapitre &laquo; Visiones del Canig&oacute; &raquo; d&eacute;di&eacute; par Llu&iacute;s Ferran de Pol o&ugrave; il met en avant la repr&eacute;sentation de la montagne comme un symbole, &eacute;galement, de puret&eacute;, de tranquillit&eacute;, de libert&eacute; : &laquo;<em>Hacia poniente, se yergue la mole reconfortante del Canig&oacute;. </em><em>Su masa pura de resbaladizo cono es de una blancura absoluta. Quiz&aacute;s hay demasiada pureza de color en su masa, quiz&aacute; sus l&iacute;neas tienen excesiva severidad, pero, en contraste con nuestra miseria, parece una abstracci&oacute;n, casi una idea; es un buen motivo de fuga, de evasi&oacute;n para nuestro esp&iacute;ritu&raquo;</em> (Llu&iacute;s Ferran de Pol, 2003 : 65-67).</p> <p><sup><a href="#_ftnref7">[7]</a></sup> &laquo; Catalans a Fran&ccedil;a. S&rsquo;ha estrenat una sardana... &raquo;, <em>El Poble Catal&agrave;</em>, 5 janvier 1940.</p> <p><sup><a href="#_ftnref8">[8]</a></sup> Principalement dans les Archives nationales de Catalogne : ANC. Fons Generalitat de Catalunya (Exili) et les unit&eacute;s de catalogage : 323, 350, 353, 385, 386 et 411.</p> <p><sup><a href="#_ftnref9">[9]</a></sup> S&egrave;te, 19 juillet 1939 ; AFCPS Ca8Cp267.</p> <p><sup><a href="#_ftnref10">[10]</a></sup> Perpignan, 3 avril 1939 ; AFCPS Ca9Cp288.</p> <p><sup><a href="#_ftnref11">[11]</a> </sup>Dans une autre lettre &agrave; Creus, en date du 13 mai 1945, il avait not&eacute; : <em>&laquo; [&hellip;] La nostra alegria &eacute;s gran. Ara, que aviat ens deixin tornar a casa&raquo;</em>, faisant une fois de plus r&eacute;f&eacute;rence au retour comme &eacute;tant presque imminent. Lettre de Pau Casals &agrave; Jaume Creus. Collection Jaume Creus i Ventura.</p> <p><sup><a href="#_ftnref12">[12]</a></sup> Prada de Conflent, 20 mars 1948. Collection Jaume Creus i Ventura.</p> <p><sup><a href="#_ftnref13">[13]</a></sup> La ville de Roses dans l&#39;Alt Empord&agrave; (Catalogne) &eacute;tait l&#39;origine de la famille et o&ugrave; les fr&egrave;res Pi i Sunyer passaient leurs &eacute;t&eacute;s dans leur enfance. Pendant l&#39;exil, Roses repr&eacute;sentait d&#39;abord l&#39;espoir du retour, puis le souvenir et la nostalgie du pays perdu apr&egrave;s l&#39;exil.</p> <p><sup><a href="#_ftnref14">[14]</a></sup> Caracas, 3 mai 1942 ; AFCPS.</p> <p><sup><a href="#_ftnref15">[15]</a> </sup>Caracas, 24 juillet 1942; AFCPS.</p>