<h2>Introduction</h2> <p>En &eacute;cho &agrave; la mont&eacute;e en puissance des crises &eacute;cologiques, climatiques, socio-&eacute;conomiques et sanitaires dans le d&eacute;bat public, la question environnementale s&rsquo;immisce dans un nombre croissant de disciplines scientifiques, comme en t&eacute;moignent l&rsquo;&eacute;mergence de la psychologie environnementale, de l&rsquo;&eacute;conomie &eacute;cologique ou de l&rsquo;anthropologie de la nature. Depuis les ann&eacute;es 2000, deux courants distincts tentent d&rsquo;associer certaines de ces disciplines&nbsp;: la science de la durabilit&eacute; (SD) et les humanit&eacute;s environnementales (HE)<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>.</p> <p>La SD se d&eacute;finit comme une science contribuant au d&eacute;veloppement durable, qui vise &agrave; ce que les soci&eacute;t&eacute;s ne d&eacute;passent ni un &laquo;&nbsp;plafond &eacute;cologique&nbsp;&raquo;, fix&eacute; par diff&eacute;rentes limites plan&eacute;taires (Rockstr&ouml;m et al., 2009), ni un &laquo;&nbsp;plancher social&nbsp;&raquo; d&eacute;fini par les composantes du bien-&ecirc;tre humain (Raworth, 2012). Ce courant se d&eacute;finit ainsi par les questions et probl&egrave;mes qu&rsquo;il aborde, en l&rsquo;occurrence les &laquo;&nbsp;probl&egrave;mes complexes&nbsp;&raquo; de durabilit&eacute;, plut&ocirc;t que par les disciplines qu&rsquo;il mobilise (Clark &amp; Dickson, 2003 ; Kates, 2011). En outre, la SD rompt avec la neutralit&eacute; dont se pr&eacute;valent habituellement les sciences de la nature, et assume une posture engag&eacute;e et un lien plus fort entre les scientifiques et la soci&eacute;t&eacute; (Clark &amp; Dickson, 2003). Enfin, la SD a une vis&eacute;e transformatrice&nbsp;: les connaissances produites doivent conduire &agrave; des actions concr&egrave;tes et transformer les interactions entre les humains et leur environnement (Kates, 2011).</p> <p>De leur c&ocirc;t&eacute;, les HE t&eacute;moignent d&rsquo;une volont&eacute; croissante des sciences humaines et sociales d&rsquo;investir le champ des &eacute;tudes environnementales, en plaidant pour des approches interdisciplinaires et un dialogue entre les sciences et les soci&eacute;t&eacute;s (Rose et al., 2012&nbsp;; Granjou, 2017). Les HE visent &agrave; enrichir les sciences de l&rsquo;environnement d&rsquo;analyses historiques, sociales, culturelles, politiques et &eacute;thiques (Rose et al., 2012). Tout comme la SD, elles entendent rompre avec une structuration de la science en silos&nbsp;: elles se d&eacute;finissent d&rsquo;abord par leur objet et leurs questions d&rsquo;&eacute;tude, c&rsquo;est-&agrave;-dire les interrelations complexes entre les humains, leurs activit&eacute;s et l&rsquo;environnement, plut&ocirc;t que par leur ancrage disciplinaire (Celka et al., 2020). Enfin, les HE proposent une science engag&eacute;e, voire transgressive (e.g. Hamilton et Neimanis, 2019).</p> <p>Ainsi, en d&eacute;pit de gen&egrave;ses diff&eacute;renci&eacute;es, les ambitions de ces deux courants convergent pour f&eacute;d&eacute;rer des recherches autour des questions environnementales et red&eacute;finir et renforcer les relations science-soci&eacute;t&eacute;. Ces deux courants font aussi l&rsquo;objet d&rsquo;une reconnaissance institutionnelle croissante (au sein de l&rsquo;UNESCO, des programmes ANR, de revues d&eacute;di&eacute;es ou de parcours de Master). Notre objectif dans le cadre du pr&eacute;sent article est de mieux comprendre les contours respectifs de ces deux courants scientifiques et d&rsquo;identifier leurs &eacute;ventuelles diff&eacute;rences et compl&eacute;mentarit&eacute;s. Il semble en effet que tous deux soient engag&eacute;s dans deux dynamiques convergentes, mais avec des trajectoires oppos&eacute;es, les HE cherchant &agrave; int&eacute;grer les dimensions biophysiques de l&rsquo;environnement dans les sciences humaines et sociales, tandis que la SD part des sciences de la nature et de l&rsquo;ing&eacute;nieur pour int&eacute;grer davantage les dimensions sociales des questions &eacute;cologiques. Compte tenu de leurs ambitions respectives, les deux courants se rencontrent-ils au milieu du gu&eacute;, ou apportent-ils des regards contrast&eacute;s sur les enjeux environnementaux ?</p> <p>&nbsp;</p> <h2>M&eacute;thodes</h2> <p>Nous avons conduit une analyse de la litt&eacute;rature scientifique associ&eacute;e &agrave; ces deux courants &agrave; travers deux requ&ecirc;tes standardis&eacute;es sur la base de donn&eacute;es Scopus. Un des enjeux centraux pour la recherche de cette litt&eacute;rature &eacute;tait de d&eacute;limiter les contours respectifs de chacun des deux courants. Or, premi&egrave;rement, la SD et les HE sont tous deux des courants aux contours flous qui ne tracent pas de fronti&egrave;re pr&eacute;cise entre les travaux qui en font partie et ceux qui sont en dehors. Par exemple, les travaux en &eacute;cologie politique qui s&rsquo;int&eacute;ressent aux relations de pouvoir autour des enjeux environnementaux font-ils partie des HE, de la SD, des deux courants, ou au contraire d&rsquo;aucun des deux&nbsp;? Et qu&rsquo;en est-il pour les travaux en psychologie environnementale, en &eacute;conomie &eacute;cologique, ou encore en ethno&eacute;cologie&nbsp;? A notre connaissance, aucune r&eacute;f&eacute;rence reconnue unanimement dans la sph&egrave;re acad&eacute;mique ne permet de r&eacute;pondre &agrave; ces questions. Deuxi&egrave;mement, d&eacute;limiter ces contours selon notre propre expertise (&agrave; supposer que cela aurait &eacute;t&eacute; possible) aurait induit un raisonnement tautologique puisque les r&eacute;sultats obtenus &agrave; propos des diff&eacute;rences et similarit&eacute;s entre les deux courants auraient &eacute;t&eacute; directement li&eacute;s &agrave; nos choix initiaux de d&eacute;limitation entre les deux courants.</p> <p>Compte tenu de ces deux difficult&eacute;s, notre strat&eacute;gie de recherche a &eacute;t&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre aussi neutre que possible dans l&rsquo;identification des deux corpus bibliographiques&nbsp;; nous avons utilis&eacute; les expressions (en anglais) &laquo;&nbsp;science de la durabilit&eacute;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;humanit&eacute;s environnementales&nbsp;&raquo; pour les identifier, ce qui a men&eacute; &agrave; la constitution de deux corpus h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes en termes de nombre de r&eacute;f&eacute;rences (1872 documents au total&nbsp;; Figure&nbsp;1). Autrement dit, notre s&eacute;lection de publications et nos analyses se sont concentr&eacute;es sur les travaux se revendiquant explicitement d&rsquo;au moins l&rsquo;un des deux courants, &eacute;vitant ainsi tout raisonnement circulaire mais ne nous permettant sans doute pas de les capter dans toute leur complexit&eacute; (voir Section 4).</p> <p>&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="278" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601093933-2.png" width="752" /></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><em>Figure&nbsp;1&nbsp;: Identification de deux corpus bibliographiques et nombre de r&eacute;f&eacute;rences consid&eacute;r&eacute;es. Les termes de nos deux requ&ecirc;tes ont &eacute;t&eacute; cherch&eacute;s dans les titres, r&eacute;sum&eacute;s et mots-cl&eacute;s des publications (requ&ecirc;tes soumises le 27/08/2021).</em></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p>Nous avons ensuite conduit une cartographie bibliographique de chaque courant &agrave; l&rsquo;aide du logiciel VOSviewer (van Eck et Waltman, 2010), en explorant l&#39;&eacute;volution du nombre annuel de publications, les revues les plus repr&eacute;sent&eacute;es, les auteur.ices les plus prolifiques et les publications et journaux les plus cit&eacute;s. Nous avons &eacute;galement analys&eacute; la co-occurrence des mots-cl&eacute;s renseign&eacute;s par les auteur.ices pour identifier les principales th&eacute;matiques abord&eacute;es par chacun des deux courants de recherche, et &eacute;tudi&eacute; les liens de co-citations entre journaux pour &eacute;valuer le degr&eacute; de dialogue entre les deux.</p> <p>En compl&eacute;ment, nous avons r&eacute;alis&eacute; une analyse lexicale sur la base des r&eacute;sum&eacute;s disponibles avec le logiciel IraMuteQ (http://www.iramuteq.org/). Nous avons men&eacute; une analyse en groupes hi&eacute;rarchiques descendants (DHCA64), chaque groupe contenant les articles dont les r&eacute;sum&eacute;s utilisent un champ lexical proche. Les mots composant ce lexique sont en outre caract&eacute;ris&eacute;s par leur distance relative les uns par rapport aux autres, ce qui permet de les situer dans un espace &agrave; plusieurs dimensions, et de les regrouper en diff&eacute;rentes classes lexicales. Ainsi, chaque classe se caract&eacute;rise par la pr&eacute;sence/absence de mots, ainsi que par la sur-repr&eacute;sentation de certains mots. Par ailleurs, un test de distribution du &chi;2 a permis d&rsquo;estimer si une classe lexicale donn&eacute;e est statistiquement associ&eacute;e &agrave; un corpus donn&eacute; (SD ou HE), autrement dit d&rsquo;&eacute;valuer si un corpus donn&eacute; utilise davantage que l&rsquo;autre une classe lexicale donn&eacute;e.</p> <p>Enfin, une s&eacute;lection de documents (op&eacute;r&eacute;e en combinant un &eacute;chantillonnage raisonn&eacute; et un &eacute;chantillonnage al&eacute;atoire) issus des deux corpus a &eacute;t&eacute; analys&eacute;e de fa&ccedil;on qualitative et cod&eacute;e selon une grille d&rsquo;analyse articul&eacute;e autour de trois grandes th&eacute;matiques&nbsp;: la vis&eacute;e transformatrice des travaux, la place accord&eacute;e &agrave; la co-construction des savoirs et la prise en compte des dimensions sensibles des relations soci&eacute;t&eacute;s-environnements. Nous avons formul&eacute; des hypoth&egrave;ses sur le positionnement de ces deux courants face &agrave; ces trois th&eacute;matiques, que nous avons confirm&eacute;es ou infirm&eacute;es gr&acirc;ce &agrave; nos lectures.</p> <p>Les r&eacute;sultats obtenus par ces trois analyses et pr&eacute;sent&eacute;s ci-apr&egrave;s demeurent pr&eacute;liminaires &agrave; ce stade, et doivent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme tel. Ils esquissent n&eacute;anmoins les diff&eacute;rences et similarit&eacute;s cl&eacute;s entre la SD et les HE qu&rsquo;il s&rsquo;agirait de pr&eacute;ciser et de nuancer par des analyses plus approfondies.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>R&eacute;sultats</h2> <h3>Deux courants qui pr&eacute;sentent un d&eacute;calage temporel</h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">La SD apparait dans la litt&eacute;rature index&eacute;e dans Scopus d&egrave;s 2001 tandis que le courant des HE gagne en visibilit&eacute; surtout &agrave; partir de 2010 (Figure&nbsp;2). Ce d&eacute;calage de dix ans explique en partie que le corpus HE soit moins volumineux que le corpus SD.</p> <p>&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="382" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601094403-3.png" width="506" /></p> <p style="text-indent: -21pt; margin-bottom: 11px; margin-left: 48px; text-align: center;"><em>Figure&nbsp;2&nbsp;: &Eacute;volution temporelle du nombre de documents composant les deux corpus.</em></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-21pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px">&nbsp;</p> <h3>Des communaut&eacute;s scientifiques diff&eacute;rentes et une interconnaissance limit&eacute;e</h3> <p>L&rsquo;analyse quantitative montre que la SD et les HE constituent deux courants scientifiques distincts, entre lesquels les liens sont t&eacute;nus. Le premier indicateur de cette diff&eacute;renciation concerne les revues dans lesquelles les chercheur.ses des deux courants publient. Sur l&rsquo;ensemble des revues investies par la SD et les HE (468), seules 22 revues sont communes (Figure&nbsp;3), dont seulement deux (<em>GAIA</em> et <em>Ambio</em>) comptent parmi les 20 principales revues.</p> <p>&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="372" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601094532-5.png" width="792" /></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><em>Figure&nbsp;3&nbsp;: Principales revues des courants SD et HE.</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Deuxi&egrave;mement, sur le total d&rsquo;environ 4500 auteur.ices comptabilis&eacute;.es dans ce travail (3958 pour la SD, 561 pour les HE), seuls 26 auteur.ices sont r&eacute;pertori&eacute;.es dans les deux corpus (Figure&nbsp;4). Par ailleurs, parmi les 20 principaux auteur.ices qui alimentent chacun des deux corpus, aucun n&rsquo;est commun aux deux (Figure 4).</p> <p>&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="426" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601094658-7.png" width="908" /></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><em>Figure&nbsp;4&nbsp;: Principaux auteur.ices publiant dans les courants de la SD et des HE.</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Finalement, la SD et les HE &eacute;voluent dans des p&eacute;rim&egrave;tres distincts, dans lesquels les auteur.ices et les revues ne se recoupent que tr&egrave;s peu. Pour aller plus loin, nous avons explor&eacute; les liens d&rsquo;inter-citations entre les principales revues. Nous avons mis en &eacute;vidence que les articles publi&eacute;s dans les revues sp&eacute;cialistes des HE (<em>Geography Compass</em>, <em>Cultural Studies Review</em>, <em>Dialogues in Human Geography</em> ou encore <em>Anthropocene Review</em>) ne sont que tr&egrave;s peu cit&eacute;es dans les revues relatives &agrave; la SD (comme <em>Sustainability Science</em>, <em>Sustainability </em>ou <em>Ecological Economics</em>) (Figure 5). Par ailleurs, les chercheur.ses qui publient dans les &lsquo;revues SD&rsquo; citent des publications de 16 revues SD et 5 revues HE ou mixtes, ce qui n&rsquo;est pas le cas pour les &lsquo;revues HE&rsquo; qui se citent relativement peu entre elles (Figure 5). Le courant des HE semble ainsi plus disparate et moins f&eacute;d&eacute;r&eacute; que le courant de la SD.</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-indent: 35.4pt; margin-bottom: 11px; text-align: center;"><img height="764" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601094750-8.png" width="922" /></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><em>Figure 5&nbsp;: Liens d&rsquo;inter-citations entre les revues des deux corpus. Les revues encadr&eacute;es contribuaient au corpus HE, tandis que les autres ne contribuaient qu&#39;au corpus SD.</em></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h3>Des th&eacute;matiques distinctes autour des enjeux environnementaux</h3> <p>Nous avons analys&eacute; les th&eacute;matiques abord&eacute;es par ces deux courants en nous int&eacute;ressant aux mots-cl&eacute;s renseign&eacute;s par les auteur.ices eux-m&ecirc;mes. Parmi les 44 mots-cl&eacute;s utilis&eacute;s dans les HE, une dizaine qualifient des enjeux environnementaux (<em>global change, pollution, biodiversity</em>), huit les questions de pouvoir, de justice et d&rsquo;in&eacute;galit&eacute;s, six sont associ&eacute;s &agrave; des concepts et ontologies (<em>new materialism, posthumanism, anthropocene</em> ou <em>environementalism</em>), et enfin cinq renvoient aux dimensions sensibles des relations soci&eacute;t&eacute;-environnement (Figure&nbsp;6). A l&rsquo;inverse, les aspects d&rsquo;interface science-soci&eacute;t&eacute; et d&rsquo;&eacute;ducation sont peu repr&eacute;sent&eacute;s dans les mots-cl&eacute;s.</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="margin-bottom: 11px; text-align: center;"><img height="514" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601094940-9.png" width="908" /></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><em>Figure&nbsp;6&nbsp;: Cartographie des 44 mots-cl&eacute;s les plus utilis&eacute;s dans le corpus HE.</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>En ce qui concerne le corpus de la SD, les mots-cl&eacute;s qui sont bien repr&eacute;sent&eacute;s concernent les enjeux environnementaux, les approches syst&eacute;miques, l&rsquo;&eacute;valuation &eacute;cologique (<em>sustainability assessment, life cycle analysis</em>), l&rsquo;interface science-soci&eacute;t&eacute;, l&rsquo;&eacute;ducation et la transformation. Les mots-cl&eacute;s portant sur les rapports de pouvoir, les in&eacute;galit&eacute;s, les concepts et les ontologies sont quant &agrave; eux minoritaires (Figure&nbsp;7).</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="498" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601095050-10.png" width="860" /></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><em>Figure&nbsp;7&nbsp;: Cartographie des 47 mots-cl&eacute;s les plus utilis&eacute;s dans le corpus SD.</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Sur la base de cette analyse, nous avons compar&eacute; les occurrences de chaque th&eacute;matique dans les deux corpus (Figure 8). Cette comparaison sugg&egrave;re que les HE se focalisent notamment sur les dimensions politiques et ontologiques des enjeux environnementaux, alors que la SD met l&rsquo;accent sur l&rsquo;am&eacute;lioration des connaissances via une approche syst&eacute;mique, ainsi que sur la diffusion de ces connaissances que ce soit via les interfaces science-soci&eacute;t&eacute;-politique ou l&rsquo;&eacute;ducation et l&rsquo;apprentissage social.</p> <p>&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="418" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601095129-11.png" width="926" /></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><em>Figure 8&nbsp;: Comparaison des occurrences des th&eacute;matiques dans les deux corpus.</em></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h3>Des convergences et similarit&eacute;s, une interconnaissance &agrave; d&eacute;velopper</h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Si la cartographie bibliographique a r&eacute;v&eacute;l&eacute; des divergences entre la SD et les HE, l&rsquo;analyse lexicale (portant sur les r&eacute;sum&eacute;s) et l&rsquo;analyse qualitative (portant sur l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; d&rsquo;une s&eacute;lection de documents) permettent de nuancer ce constat et de mettre en avant des convergences. L&rsquo;analyse lexicale montre l&rsquo;existence de cinq groupes lexicaux, qui couvrent plus de 95% des r&eacute;sum&eacute;s, et qui sont tous pr&eacute;sents dans les deux corpus. Par rapport &agrave; une distribution purement al&eacute;atoire, la SD mobilise davantage la Classe 1 et les HE mobilisent davantage les Classes 3 et 4 (Figure 9).</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="648" src="https://www.numerev.com/img/ck_2885_27_image-20230601095209-12.png" width="908" /></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><em>Figure 9&nbsp;: Extrait de l&rsquo;analyse lexicale.</em></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p>La premi&egrave;re hypoth&egrave;se que nous avons formul&eacute;e dans le cadre de l&rsquo;analyse qualitative est que &laquo;&nbsp;les vis&eacute;es transformatrices de la SD sont plut&ocirc;t technicistes, ciblant les socio-&eacute;cosyst&egrave;mes en recherchant des effets tangibles et mesurables ; les vis&eacute;es transformatrices des HE sont plus radicales, elles ciblent le politique, les ontologies et les modes de pens&eacute;e dominants&nbsp;&raquo; (notre propre formulation). Une partie de nos lectures issues du corpus SD vise effectivement des transformations directes, via des solutions techniques et pratiques, avec une recherche d&rsquo;effets tangibles sur le terrain (Childers et al., 2014). Toutefois, dans de nombreux &eacute;crits, associ&eacute;s &agrave; la SD comme aux HE, il ressort que ces transformations directes s&rsquo;accompagnent de changements plus profonds, concernant les repr&eacute;sentations ou les modes de pens&eacute;es dominants (Blaise et al., 2017 ; Taylor &amp; Pacini-Ketchabaw, 2015), l&rsquo;identit&eacute; ou les valeurs (Brown et al., 2019 ; Celka et al., 2020), les approches scientifiques (Bennett &amp; Roth, 2019) ou encore les relations internationales (Burke et al., 2016). Ainsi, nos lectures sugg&egrave;rent que les vis&eacute;es transformatrices de la SD et des HE se recoupent &agrave; certains endroits, et que par cons&eacute;quent les deux courants pourraient partager davantage de choses que ce que ne laissent entendre les analyses quantitatives.</p> <p>La seconde hypoth&egrave;se concerne la co-construction des savoirs&nbsp;: &laquo; bien que la SD et les HE aient en commun de s&#39;int&eacute;resser &agrave; l&#39;analyse des jeux d&#39;acteurs au sein des processus de co-construction, les HE s&rsquo;int&eacute;ressent davantage aux relations de pouvoir, avec la volont&eacute; de renverser les rapports de force&nbsp;&raquo; (notre propre formulation). Nos lectures ont confirm&eacute; que si les deux courants cherchent &agrave; impliquer des acteur.ices non-acad&eacute;miques dans la production de connaissances, ils le font dans une perspective diff&eacute;rente, en particulier vis-&agrave;-vis de la place donn&eacute;e aux jeux de pouvoir. Pour les HE, ces derniers sont un objet d&rsquo;&eacute;tude &agrave; part enti&egrave;re, investi &agrave; travers des approches postcoloniales ou f&eacute;ministes par exemple (Blaise et al., 2017 ; DeLoughrey et al., 2015 ; Pain, 2019 ; Taylor &amp; Pacini-Ketchabaw, 2015). Dans la SD, les rapports de force sont davantage un point de vigilance dans la mise en place de d&eacute;marches multi-acteur.ices qu&rsquo;une probl&eacute;matique en tant que telle (Alr&oslash;e et al., 2017). Finalement, les deux courants ont des objectifs diff&eacute;rents, ce qui se r&eacute;percute sur la mani&egrave;re dont sont impliqu&eacute;s les acteur.ices non-acad&eacute;miques. La SD parle de &laquo;&nbsp;co-construction des savoirs&nbsp;&raquo; comme d&rsquo;un imp&eacute;ratif normatif&nbsp;; les chercheur.ses sont invit&eacute;s &agrave; jouer un r&ocirc;le concret dans la mise en place de dispositifs d&rsquo;innovations multi-acteur.ices (Miller &amp; Wyborn, 2020). Pour les HE, qui parlent davantage de &laquo;&nbsp;r&eacute;gimes de production de la v&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo;, il s&rsquo;agit d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; d&eacute;j&agrave; &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre&nbsp;: les chercheur.ses observent des rapports de force existants, voire agissent sur eux parfois &laquo;&nbsp;de l&rsquo;int&eacute;rieur&nbsp;&raquo;, &agrave; travers des postures d&rsquo;immersion, voire de militantisme (Burke et al., 2016). On constate donc ici deux approches et postures relativement distinctes entre SD et HE sur la question de la co-construction des savoirs. Une analyse plus approfondie serait utile pour mieux comprendre si ces deux fa&ccedil;ons d&rsquo;aborder la co-construction sont d&eacute;finitivement oppos&eacute;es et irr&eacute;conciliables, ou si au contraire elles peuvent &ecirc;tre mobilis&eacute;es de mani&egrave;re compl&eacute;mentaire pour mieux r&eacute;pondre aux enjeux environnementaux actuels.</p> <p>Enfin, la derni&egrave;re hypoth&egrave;se que nous avons formul&eacute;e concerne les dimensions sensibles des relations soci&eacute;t&eacute;-environnement&nbsp;: &laquo; si elles int&egrave;grent toutes les deux les dimensions sensibles, le courant de la SD les aborde de fa&ccedil;on p&eacute;riph&eacute;rique via des approches syst&eacute;miques (e.g. mod&eacute;lisation participative) tandis que les HE les traitent de mani&egrave;re qualitative et en font un objet central de recherche&nbsp;&raquo; (notre propre formulation). Nos lectures confirment que, dans la SD, les dimensions sensibles sont &eacute;mergentes, c&rsquo;est-&agrave;-dire marginales mais en d&eacute;veloppement (Heinrichs, 2019). Ces dimensions sont abord&eacute;es via des concepts comme l&rsquo;attachement ou la valeur relationnelle (Brown et al., 2019 ; Stenseke, 2018), ou sont int&eacute;gr&eacute;es dans des cadres d&rsquo;analyse plus larges, comme celui des socio-&eacute;cosyst&egrave;mes, &agrave; travers les concepts de services &eacute;cosyst&eacute;miques culturels par exemple (de Groot &amp; Braat, 2015 ; Musacchio, 2009 ; Wu, 2013). En revanche, la place des dimensions sensibles est centrale, voire inh&eacute;rente, aux HE. Elles sont &agrave; la fois un objet de recherche, une posture de recherche et un moyen de diffuser la connaissance, par exemple &agrave; travers des dispositifs artistiques (Neimanis et al., 2015). Malgr&eacute; ces diff&eacute;rences, la SD et les HE convergent dans une certaine mesure&nbsp;: ces deux courants reconnaissent le r&ocirc;le transformateur que peut avoir la prise en compte de ces dimensions sensibles, postulant que l&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;cologie int&eacute;rieure&nbsp;&raquo; ou le &laquo;&nbsp;monde int&eacute;rieur&nbsp;&raquo; des individus est en partie &agrave; l&rsquo;origine des probl&egrave;mes environnementaux et que sa transformation peut donc apporter des solutions &agrave; certains grands d&eacute;fis actuels (Ives, 2020). Ainsi, nos lectures sugg&egrave;rent que l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t croissant de la SD pour les dimensions sensibles des relations soci&eacute;t&eacute;-environnement s&rsquo;inspire, du moins en partie, des travaux des HE. Cela t&eacute;moigne qu&rsquo;un enrichissement d&rsquo;un courant par l&rsquo;autre semble possible, voire m&ecirc;me souhait&eacute; par certain.es auteur.ices, dans une perspective de compr&eacute;hension renouvel&eacute;e et plus holistique des probl&eacute;matiques environnementales.</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2>Limites de notre approche et pistes d&rsquo;approfondissement</h2> <p>La pr&eacute;sente &eacute;tude comporte plusieurs limites. Des biais existent en relation avec le choix de la base de donn&eacute;es Scopus car certaines recherches sont sous-repr&eacute;sent&eacute;es, en particulier celles qui sont publi&eacute;es dans des revues non-anglophones, qui ne sont pas orient&eacute;es vers l&rsquo;international, qui sont faiblement cit&eacute;es, qui sont issues du monde non-occidental, ou qui sont issues des sciences humaines et sociales (Mongeon &amp; Paul-Hus, 2016 ; Zhu &amp; Liu, 2020). Les analyses quantitatives et lexicales pourraient &ecirc;tre enrichies par de nouvelles requ&ecirc;tes, avec des mots-cl&eacute;s suppl&eacute;mentaires ou en utilisant de nouvelles bases de donn&eacute;es. Ensuite, l&rsquo;analyse quantitative invisibilise les &eacute;l&eacute;ments marginaux num&eacute;riquement parlant, mais pourtant r&eacute;v&eacute;lateurs de certains processus, par exemple le fait que les relations sciences-soci&eacute;t&eacute;s sont trait&eacute;es de longue date par les Humanit&eacute;s. Enfin, comme &eacute;voqu&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment, en se focalisant sur les publications &eacute;voquant explicitement (dans leurs titre, mots-cl&eacute;s ou r&eacute;sum&eacute;) la SD ou les HE, nos r&eacute;sultats ne portent finalement que sur ce qui pourrait &ecirc;tre vu comme &laquo;&nbsp;les noyaux centraux&nbsp;&raquo; de ces deux courants et ne tiennent pas compte de tous les travaux qui gravitent de mani&egrave;re plus ou moins rapproch&eacute;e autour de ces noyaux. Pourtant, on peut supposer que ces travaux p&eacute;riph&eacute;riques introduisent un degr&eacute; suppl&eacute;mentaire de diversit&eacute;, voire d&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute;, dans ces deux courants. Un &eacute;largissement de la focale pourrait &ecirc;tre judicieux pour des comparaisons futures, avec une approche par exemple ciblant les travaux de certain.es auteur.ices cl&eacute;s, ou encore par couplage bibliographique (i.e. constitution des corpus sur la base des r&eacute;f&eacute;rences cit&eacute;es).</p> <p>Les pistes d&rsquo;approfondissement de ce travail concernent &eacute;galement l&rsquo;analyse qualitative, qui reste &agrave; affiner gr&acirc;ce &agrave; la lecture d&rsquo;un plus grand nombre d&rsquo;&eacute;crits et gr&acirc;ce &agrave; une approche qui permettrait aussi de mieux appr&eacute;hender les trajectoires et &eacute;volutions de chacun des deux courants. Un travail qualitatif plus soutenu permettrait en effet une meilleure mise en coh&eacute;rence des trois approches, quantitative, lexicale et qualitative. Une autre piste d&rsquo;approfondissement consisterait &agrave; interroger l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; interne de chacun de ces courants, en analysant les divergences d&rsquo;approches, de d&eacute;marches et d&rsquo;objectifs au sein des travaux se r&eacute;clamant de la SD ou des HE. Un travail sur la vari&eacute;t&eacute; de d&eacute;finitions de ces deux courants pourrait &eacute;galement &ecirc;tre entrepris.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Conclusion</h2> <p>L&rsquo;&eacute;tude pr&eacute;sent&eacute;e ici, bien que pr&eacute;liminaire, tend &agrave; montrer que la SD et les HE sont engag&eacute;es dans des dynamiques convergentes en d&eacute;pit d&rsquo;ancrages &eacute;pist&eacute;mologiques distincts. Par exemple, au sein de la SD, on voit de nouvelles th&eacute;matiques de recherche &eacute;merger, notamment le d&eacute;passement de la dichotomie entre nature et culture, la mobilisation des arts et la prise en compte des relations de pouvoir. Sur ces questions, les HE ont men&eacute; de nombreuses r&eacute;flexions, notamment &agrave; travers les approches post-humanistes ou &eacute;co-f&eacute;ministes, qui pourraient &ecirc;tre sources d&rsquo;inspiration. A l&rsquo;inverse, les HE ont la volont&eacute; d&rsquo;alimenter un dialogue int&eacute;gr&eacute; entre sciences humaines et sociales d&rsquo;une part, et sciences biophysiques d&rsquo;autre part. Sur ce point, la SD semble avoir fait un pas d&eacute;cisif, notamment via la mobilisation des concepts de socio-&eacute;cosyst&egrave;mes et des approches de mod&eacute;lisation multi-acteur.ices.</p> <p>Pour conclure, notre &eacute;tude r&eacute;v&egrave;le l&rsquo;existence d&rsquo;un espace pour des rencontres fertiles entre les courants SD et HE, qui pr&eacute;sentent des domaines de compl&eacute;mentarit&eacute;. L&rsquo;enjeu des interactions &agrave; venir est d&rsquo;&eacute;viter de durcir l&rsquo;opposition entre la posture de radicalit&eacute; politique des HE et la posture pragmatique de la SD. A l&rsquo;issue de ce travail, nous retenons qu&rsquo;au-del&agrave; des distinctions observ&eacute;es entre la SD et les HE, il semble exister un espace pour un dialogue constructif entre ces deux courants qui commence &agrave; &ecirc;tre investi par certains chercheurs, ne serait-ce qu&rsquo;au sein du collectif de l&rsquo;UMR SENS auquel les auteur.rice.s appartiennent.</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2>R&eacute;f&eacute;rences</h2> <p>Alr&oslash;e, H. F., Sautier, M., Legun, K., Whitehead, J., Noe, E., Moller, H., &amp; Manhire, J. (2017). Performance versus Values in Sustainability Transformation of Food Systems. <em>Sustainability</em> 2017, Vol. 9, Page 332, 9(3), 332. https://doi.org/10.3390/SU9030332</p> <p>Bennett, N. J., &amp; Roth, R. (2019). 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