<h2>Introduction</h2> <p>Que nous l&#39;acceptions ou non, nous sommes investis d&#39;une responsabilit&eacute; inconnue des g&eacute;n&eacute;rations ant&eacute;rieures, celle de laisser aux g&eacute;n&eacute;rations futures une terre habitable, et celle de ne pas alt&eacute;rer nos conditions biologiques d&#39;existence. Faute de quoi nos descendants ne pourraient ni progresser, ni exercer leur propre responsabilit&eacute; (Jonas, 1979). La fragilit&eacute; du monde et notre puissance modifient ainsi radicalement l&#39;ordre de grandeur de nos obligations morales. Nous sommes devenus responsables de l&#39;existence m&ecirc;me des g&eacute;n&eacute;rations futures et de la perp&eacute;tuation des processus biologiques et &eacute;cologiques, condition de toute forme de vie, humaine y compris.</p> <p>Cette nouvelle &egrave;re g&eacute;ologique, l&rsquo;Anthropoc&egrave;ne, pensons-nous, est propice &agrave; une recomposition des savoirs. Les d&eacute;couvertes de la m&eacute;canique quantique et les lois de la relativit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale ont propuls&eacute; les soci&eacute;t&eacute;s dans un champ de connaissances sans &eacute;quivalent historique&nbsp;: la science &eacute;tait bonne et toute bonne pour reprendre la formule de Michel Serres (1990). L&rsquo;usage militaire de la fission nucl&eacute;aire a pr&eacute;cipit&eacute; de nombreux physiciens et ing&eacute;nieurs vers le champ de la biologie. C&rsquo;est le cas de James Watson, dont l&rsquo;apport conceptuel du biologiste Francis Crick, combin&eacute; aux techniques utilis&eacute;es en physique, ont permis la d&eacute;couverte de l&rsquo;ADN et de percer les secrets de la Vie (Monod, 1970). Nous ma&icirc;trisons aujourd&rsquo;hui les processus physiques dans l&rsquo;infiniment grand et l&rsquo;infiniment petit&nbsp;; nous manipulons le vivant &agrave; l&rsquo;aide de &laquo;&nbsp;ciseaux&nbsp;mol&eacute;culaires &raquo; CRISPR-Cas9, &agrave; l&rsquo;origine de la biologie de synth&egrave;se (Doudna et Charpentier, 2014). A l&rsquo;&eacute;chelle globale, par le jeu des communications instantan&eacute;es et plan&eacute;taires, nous pesons sur la Terre (Elhacham et al., 2020). Va-t-on voir &eacute;merger une nouvelle discipline, comme jadis&nbsp;la biologie mol&eacute;culaire ? Sommes-nous &agrave; nouveau entr&eacute;s dans un moment propice &agrave; la recomposition des savoirs&nbsp;?</p> <p>Depuis l&rsquo;&eacute;poque moderne, les sciences humaines et sociales occidentales se sont form&eacute;es &agrave; la faveur du dualisme humains-nature (Descola, 2005), c&rsquo;est-&agrave;-dire de l&rsquo;affirmation selon laquelle les soci&eacute;t&eacute;s constituent un ph&eacute;nom&egrave;ne sp&eacute;cifique, r&eacute;gi par des lois propres, diff&eacute;rentes des lois de la nature. Les humanit&eacute;s environnementales &eacute;tudient la mutation &eacute;cologique de nos soci&eacute;t&eacute;s, constituant un nouveau paradigme de la pens&eacute;e &eacute;cologique dont les deux traits originaux sont l&rsquo;affirmation des limites &agrave; la croissance mat&eacute;rielle et la critique de l&rsquo;anthropocentrisme (Blanc et al., 2017). Le corpus des humanit&eacute;s environnementales repose sur deux axiomes&nbsp;(i) les relations des soci&eacute;t&eacute;s &agrave; elles-m&ecirc;mes ne peuvent &ecirc;tre comprises sans y int&eacute;grer les relations &agrave; la nature&nbsp;; (ii) il faut repenser la soci&eacute;t&eacute; et le changement social en fonction de la relation des communaut&eacute;s humaines aux autres vivants. Quatre champs disciplinaires sont commun&eacute;ment investis, &agrave; savoir&nbsp;(i) l&rsquo;anthropologie de la nature, (ii) la philosophie environnementale, (iii) l&rsquo;&eacute;thique environnementale, (iv) l&rsquo;&eacute;conomie &eacute;cologique (Blanc et al., 2017).</p> <p>Par-del&agrave; des choix techniques, les bouleversements actuels nous obligent &agrave; une transformation importante de nos relations au vivant, de nos attitudes et syst&egrave;mes de valeurs individuels comme collectifs. Certes, la g&eacute;ographie culturelle et la g&eacute;ographie sociale observent, interpr&egrave;tent les comportements et les repr&eacute;sentations des humains, y compris dans leurs relations &agrave; l&rsquo;environnement, au travers par exemple du concept-cl&eacute; de m&eacute;diance (Berque, 1990). La g&eacute;ographie environnementale observe, analyse et mod&eacute;lise des interactions entre les activit&eacute;s humaines et l&rsquo;environnement (Mathevet &amp; Godet, 2015). Habitabilit&eacute; pour les uns, solidarit&eacute; pour les autres. Les enjeux des crises contemporaines requi&egrave;rent une traduction &eacute;thique mais aussi ontologique (Barnett, 2018). Il s&rsquo;agit de d&eacute;velopper des modes de vie moins d&eacute;pendants des &eacute;nergies fossiles, sans faire supporter leurs co&ucirc;ts socio-&eacute;cologiques aux plus faibles ou plus isol&eacute;s. S&rsquo;il y a un domaine complexe, difficile &agrave; explorer et &agrave; spatialiser, c&rsquo;est celui de relations entre nous humains avec les autres collectifs du vivant, ces autres avec qui nous partageons d&eacute;j&agrave; tant, sans le savoir (Latour, 2018&nbsp;; Descola, 2005). L&rsquo;enjeu d&rsquo;une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; est de formaliser et spatialiser les attachements, afin de rendre compte de la diversit&eacute; des tensions, d&rsquo;ouvrir des champs d&rsquo;action d&eacute;mocratique et de redonner toute leur place &agrave; nos interactions avec les collectifs du vivant.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Retisser le lien entre humains et collectifs du vivant</h2> <p>La t&acirc;che est ambitieuse. L&rsquo;humanit&eacute; est &agrave; pr&eacute;sent urbaine&nbsp;: en Europe, nous sommes plus de 70% &agrave; vivre en ville (Kabisch et Haase, 2009). Or la plupart des citadins n&rsquo;ont pas conscience de l&rsquo;&eacute;rosion sans pr&eacute;c&eacute;dent de la faune et de la flore et de la d&eacute;gradation des processus &eacute;cologiques en cours, percevant la biodiversit&eacute; au m&ecirc;me titre que le ciel &eacute;toil&eacute;. Ainsi, les &eacute;toiles naissent et meurent &agrave; des millions d&rsquo;ann&eacute;es-lumi&egrave;re&nbsp;; la lumi&egrave;re de leur scintillement semble immuable &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle d&rsquo;une vie. Rien ne change, elles sont toujours l&agrave; et pourtant elles sont mortes pour la plupart. C&rsquo;est le m&ecirc;me ph&eacute;nom&egrave;ne avec les processus d&rsquo;effondrement des populations animales et v&eacute;g&eacute;tales. Chaque jour, les citadins ouvrent leurs volets. Rien ne semble changer dans le paysage urbain environnant et les mouvements des quelques esp&egrave;ces sous leurs yeux leur donnent l&rsquo;impression d&rsquo;un immuable tableau. Or l&rsquo;&eacute;rosion de la biodiversit&eacute;, largement document&eacute;e, s&rsquo;inscrit bien dans nos territoires, y compris urbains (IPBES, 2019).</p> <p>D&egrave;s les lointaines racines de la sociologie, l&#39;homme explique la nature au moins autant que la nature explique l&#39;homme.&nbsp;&laquo; L&#39;homme a influ&eacute;, plus anciennement et plus universellement qu&#39;on ne pensait, sur le monde vivant &raquo; selon Vidal de la Blache. Cette mani&egrave;re de concevoir les relations des humains et de l&#39;environnement marque la r&eacute;flexion de Maximilien Sorre, un des p&egrave;res fondateurs de l&rsquo;&eacute;cologie humaine (Acot et Drouin, 1997). Aldo Leopold (1949) faisait d&eacute;j&agrave; le constat, dans l&rsquo;Almanach d&rsquo;un comt&eacute; des sables que&nbsp;&laquo; le progr&egrave;s n&#39;est pas de faire &eacute;clore des routes dans des paysages d&eacute;j&agrave; merveilleux mais de faire &eacute;clore la r&eacute;ceptivit&eacute; dans des cerveaux humains qui ne le sont pas encore &raquo;. En 2003, Rosenzweig nous invitait &agrave; une &eacute;cologie de la r&eacute;conciliation, pour remettre du lien avec la nature &agrave; partir de nos modes de vie et de notre empreinte &eacute;cologique. Les aires prot&eacute;g&eacute;es, mais aussi les parcs et jardins constituent des territoires privil&eacute;gi&eacute;s pour cette reconnexion avec le vivant, en tant que lieux de liens, de dialogue et d&rsquo;&eacute;change. Un nombre croissant de travaux en sciences sociales nous r&eacute;v&egrave;le l&rsquo;importance de nos liens d&rsquo;attachement &agrave; la nature dans la fabrique du sens, des identit&eacute;s et des cultures, ainsi que dans la construction des territoires (Diaz et al., 2015&nbsp;; Silvain, 2020&nbsp;; Schr&ouml;ter et al., 2020). Que serait la Camargue sans ses chevaux et ses taureaux, mais surtout sans ses marais et ses flamants roses ? (Mathevet, 2020). Enfin, respecter la nature, c&rsquo;est aussi respecter l&rsquo;autre&nbsp;: comme les travaux de psychologie le documentent, se frotter &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; des autres collectifs du vivant facilite le ressourcement, la connaissance et le respect de soi comme des autres (Kaplan et Peterson, 1993).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Territorialiser les liens avec les collectifs du vivant par la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;</h2> <p>Si les humanit&eacute;s environnementales se proposent d&rsquo;&eacute;tudier la mutation &eacute;cologique de nos soci&eacute;t&eacute;s selon les concepts, m&eacute;thodes et outils de l&rsquo;anthropologie de la nature, de la philosophie environnementale, de l&rsquo;&eacute;thique environnementale et de l&rsquo;&eacute;conomie &eacute;cologique, alors la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; peut constituer un cinqui&egrave;me et nouveau champ disciplinaire. L&rsquo;objectif est de territorialiser cet enjeu au service des projets de territoire, en partant du principe que le territoire est au fondement d&rsquo;un projet de soci&eacute;t&eacute;. D&rsquo;ailleurs, n&rsquo;est-ce pas la notion de projet qui est &agrave; l&rsquo;origine de ce qui fait territoire ou ne le fait pas&nbsp;? Aujourd&rsquo;hui, des institutions internationales, comme l&rsquo;UICN, se saisissent de ce concept en pr&ocirc;nant un&nbsp;&laquo; vouloir habiter autrement la Terre &raquo; (Sarr, 2017), apr&egrave;s avoir constat&eacute; que trop de territoires ont &eacute;t&eacute; engag&eacute;s sur des trajectoires aux cons&eacute;quences d&eacute;sastreuses pour les humains et les autres &ecirc;tres vivants (Blandin et Marage, 2021). Ces institutions, pour initier de nouvelles trajectoires locales, invitent &agrave; &eacute;laborer des projets de territoire visant de nouvelles fa&ccedil;ons d&rsquo;organiser la vie des humains et des autres vivants, afin de concr&eacute;tiser le d&eacute;sir de &laquo; mieux-vivre ensemble &raquo;&nbsp;: il s&rsquo;agit d&egrave;s lors d&rsquo;engager tous les territoires dans une mutation &eacute;cologique ma&icirc;tris&eacute;e par les acteurs locaux dans le cadre d&rsquo;une gouvernance participative et d&eacute;mocratique (Blandin et Marage, 2021). Ainsi, le territoire doit &ecirc;tre &agrave; la fois le signifiant et le signifi&eacute;&nbsp;: il est cet espace g&eacute;ographique et historique, ce syst&egrave;me complexe qui r&eacute;sulte d&rsquo;un pass&eacute; partag&eacute;, v&eacute;cu et d&rsquo;un destin, d&rsquo;une destination souhait&eacute;e, d&rsquo;un sens dans ses trois acceptions&nbsp;: (i) le sens est ce qui donne &agrave; la fois la direction de la mutation &eacute;cologique, c&rsquo;est le registre de l&rsquo;utile&nbsp;; (ii) le sens est la signification de cette mutation dans le registre du social et du politique et (iii) le sens est la sensation, dans le registre de l&rsquo;esth&eacute;tique et de la qualit&eacute; et du cadre de vie.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Proposition d&rsquo;un cadre th&eacute;orique pour une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;</h3> <p>Plusieurs pistes s&rsquo;ouvrent alors pour une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; dans les projets de territoire. Cette g&eacute;ographie nous invite &agrave; observer, d&eacute;crire, mod&eacute;liser et spatialiser les interactions entre les humains et les collectifs du vivant, &agrave; partir des concepts apport&eacute;s par Judith Butler (2016) et repris par Joshua Barnett (2018). Judith Butler (2016) part du concept de relationalit&eacute; pour reformuler les enjeux politiques et &eacute;thiques du vivre ensemble &agrave; partir des corps, en ce qu&rsquo;ils refl&egrave;tent le monde et qu&rsquo;ils constituent notre premi&egrave;re maison. L&rsquo;objectif de cet article est donc de proposer &agrave; leur suite une relationalit&eacute; comprise dans trois dimensions spatiales, sur la base de concepts doubles repr&eacute;sentant la condition initiale et son aboutissement :</p> <ul> <li> <p><strong>Exposition et pr&eacute;carit&eacute;</strong>&nbsp;: O&ugrave; se situent les collectifs du vivant expos&eacute;s &agrave; des risques&nbsp;? O&ugrave; se trouvent les humains responsables de leur maintien&nbsp;? O&ugrave; transitent ces interd&eacute;pendances mutuelles&nbsp;?</p> </li> <li> <p><strong>Infrastructures et coexistence</strong>&nbsp;: O&ugrave; se localisent les institutions, aiguill&eacute;es par les citoyens, garantissant la coexistence et la rencontre des humains avec les collectifs du vivant&nbsp;? O&ugrave; se situent ces infrastructures&nbsp;?</p> </li> <li> <p><strong>Assembl&eacute;es et assemblages</strong>&nbsp;: Les espaces de d&eacute;bat public favorisent une gouvernance territoriale incluant les collectifs du vivant&nbsp;: o&ugrave; sont-ils&nbsp;? Sont-ils mis en place&nbsp;?</p> </li> </ul> <table border="1" cellspacing="0" style="width:100%;" width="633"> <colgroup> <col width="174" /> <col width="213" /> <col width="202" /> </colgroup> <tbody> <tr> <td> <p style="text-align: center;">Dimension de la relationalit&eacute;</p> </td> <td> <p style="text-align: center;">Type/forme de lien</p> </td> <td> <p style="text-align: center;">Exemple d&rsquo;actions dans les territoires</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Exposition et pr&eacute;carit&eacute;</p> </td> <td> <p>Accorder de la consid&eacute;ration</p> <p>Ressentir une responsabilit&eacute;</p> <p>Se sentir embarqu&eacute;s sur la m&ecirc;me terre&nbsp;</p> <p>Viser un mieux-vivre ensemble</p> <p>Prendre soin&nbsp;; Nourrir/Arroser</p> <p>R&eacute;duire les pollutions</p> </td> <td> <p>Charte de l&rsquo;arbre</p> <p>Permis de v&eacute;g&eacute;taliser</p> <p>Centres de soin de la faune sauvage</p> <p>ONG protection animale/v&eacute;g&eacute;tale</p> <p>Plan z&eacute;ro &eacute;mission</p> <p>Z&eacute;ro Phyto en ville</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Infrastructure et coexistence</p> </td> <td> <p>Planter&nbsp;; introduire</p> <p>Vivre ensemble avec les commensaux</p> <p>Laisser-&ecirc;tre, laisser place</p> <p>Tenir compte des d&eacute;placements</p> </td> <td> <p>PLU&nbsp;: arbres et espaces class&eacute;s</p> <p>St&eacute;rilisation d&rsquo;animaux</p> <p>Pieds d&rsquo;arbres v&eacute;g&eacute;talis&eacute;s&nbsp;</p> <p>For&ecirc;t urbaine</p> <p>Perm&eacute;abilisation des sols</p> <p>Coefficient de biotope</p> <p>Trame brune, trame noire</p> <p>Rivi&egrave;res &agrave; ciel ouvert</p> <p>Continuit&eacute; &eacute;cologique</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Assembl&eacute;e et assemblage</p> </td> <td> <p>Mieux-vivre ensemble avec les collectifs du vivant</p> <p>Co-produire des politiques de mieux-vivre ensemble avec les collectifs du vivant</p> </td> <td> <p>Ateliers de concertation</p> <p>Budgets participatifs</p> <p>Plan Biodiversit&eacute;</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p style="text-align: center;"><em>Figure 1 : Les trois dimensions de la relationalit&eacute;, leur forme et leur application en milieu urbain (Marage et J&eacute;gou 2022)</em></p> <p>Une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; &eacute;coute les collectifs du vivant, les fait &laquo;&nbsp;parler&nbsp;&raquo;, r&eacute;v&eacute;ler leur pr&eacute;sence &agrave; notre monde d&rsquo;humains et tente de les faire entrer dans nos processus de gouvernance. Il convient, dans ce cas, de r&eacute;analyser la place des Syst&egrave;mes Socio-&Eacute;cologiques (SES). Le concept de relationalit&eacute; et sa g&eacute;ographie offrent une nouvelle perspective pour comprendre quels sont les processus sociaux et mat&eacute;riels qui favorisent ou entravent l&rsquo;habitabilit&eacute; et la solidarit&eacute; d&rsquo;un syst&egrave;me socio-&eacute;cologique (Lejano, 2019). La g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; cherche &agrave; comprendre un syst&egrave;me non pas tant comme un ensemble d&#39;entit&eacute;s en interaction (r&eacute;seaux sociaux, r&eacute;seaux et connectivit&eacute;s &eacute;cologiques) mais en mettant l&rsquo;accent sur la localisation et la spatialisation de ces relations. L&rsquo;objectif est de mieux r&eacute;v&eacute;ler et comprendre la richesse des pratiques qui guident un syst&egrave;me socio-&eacute;cologique.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Les dispositifs de la relationalit&eacute;</h3> <p>Lorsqu&rsquo;un groupe humain s&rsquo;inscrit dans une d&eacute;marche de reconnaissance des interd&eacute;pendances socio-&eacute;cologiques d&rsquo;un territoire, il construit de l&rsquo;action collective et accro&icirc;t sa r&eacute;silience aux crises, renfor&ccedil;ant ses liens de solidarit&eacute; &eacute;cologique (Mathevet, 2015&nbsp;; 2018). L&rsquo;intendance &eacute;cologique, qui prend soin et veille, se d&eacute;finit comme un mode de gestion responsable des activit&eacute;s humaines, limitant leurs impacts sur l&rsquo;environnement afin de conserver la biodiversit&eacute; et les paysages, leurs valeurs d&rsquo;usages et de non-usages pour les humains et les collectifs du vivant. Le droit doit viser la question du bien commun, ainsi que des communs comme r&eacute;servoirs de ressources communes (Ostrom, 2010). Le bien commun, c&rsquo;est ce que l&rsquo;on d&eacute;fend contre toutes formes de pollutions&nbsp;: industrielles et agricoles mais &eacute;galement d&rsquo;autres plus insidieuses&nbsp;(sonores, lumineuses). C&rsquo;est d&rsquo;abord l&rsquo;habitabilit&eacute; de la plan&egrave;te qui est &agrave; pr&eacute;server (Bourg, 2018).</p> <p>Parmi les moyens, les initiatives citoyennes vont-elles faire &eacute;merger un nouveau mode d&rsquo;organisation plus horizontal, coll&eacute;gial et consensuel, de type &laquo; <em>no leader</em> &raquo; ? C&rsquo;est le processus d&rsquo;<em>empowerment</em>, de capacitation citoyenne selon la d&eacute;finition de William Ninacs (2008), qui porte en elle des valeurs &eacute;thiques de coop&eacute;ration, d&rsquo;utilit&eacute; sociale et de non-lucrativit&eacute;. Cette gouvernance citoyenne s&rsquo;accompagne d&rsquo;une empathie&nbsp;: penser selon les repr&eacute;sentations des autres, investir les difficult&eacute;s individuelles et collectives pour partager des r&eacute;f&eacute;rences et cr&eacute;er du sens en commun. Le m&eacute;nagement des temporalit&eacute;s ne peut &ecirc;tre que crucial face &agrave; l&rsquo;imminence&nbsp;: synchronisation des d&eacute;cisions de l&rsquo;autorit&eacute; publique avec la soci&eacute;t&eacute;, dilatation du lien entre connaissance et action, acc&eacute;l&eacute;ration du partage de la connaissance. Cela peut se traduire par une &laquo;&nbsp;perte de temps&nbsp;&raquo; &agrave; jouer pour d&eacute;lib&eacute;rer ou r&eacute;organiser des services d&rsquo;une collectivit&eacute; (Mathevet, 2015). Les dispositifs de jeux s&eacute;rieux permettent de se mettre &agrave; la place des diverses parties prenantes pour explorer de fa&ccedil;on participative les interd&eacute;pendances socio-&eacute;cologiques d&rsquo;un territoire mais aussi de donner une valeur sociale, &eacute;conomique et symbolique aux interd&eacute;pendances (Bont&eacute; et al., 2019).</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Une prax&eacute;ologie des projets de territoire&nbsp;renouvel&eacute;e avec la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;</h3> <p>Comment co-produire avec les collectifs du vivant&nbsp;dans un projet de territoire ? Il y a bien dans le projet de territoire une <em>poi&egrave;sis</em> au sens o&ugrave; ce sont des id&eacute;es et des repr&eacute;sentations (graphiques, orales et &eacute;crites) de la mise en valeur d&#39;un paysage ou d&#39;un lieu, et c&rsquo;est aussi une <em>praxis</em>, en ce sens ou ce sont des outils et des processus, en g&eacute;n&eacute;ral collectifs, de conception et de cr&eacute;ation de paysages r&eacute;els ou imaginaires. Pour reprendre le n&eacute;ologisme de Catherine et Rapha&euml;l Larr&egrave;re (1997), comment passer de la <em>praxis</em> (les comportements, les valeurs qui sont de plus en plus partag&eacute;es), pour aller vers une <em>oikopoi&egrave;sis</em>, une &laquo; capacit&eacute; des hommes &agrave; faire de la nature leur demeure &raquo; (Di Chiro, 2014) ? Patrick Blandin et Donato Bergandi parlaient en 2000 d&rsquo;&eacute;cologie transactionnelle. Comment parler aujourd&rsquo;hui d&rsquo;une g&eacute;ographie transactionnelle, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;&nbsp;?</p> <p>La qualit&eacute; constitue une propri&eacute;t&eacute; essentielle &agrave; cette <em>oikopoi&egrave;sis</em>&nbsp;: les productions communes sont conditionn&eacute;es par la qualit&eacute; des relations (Chabot, 2019). Cela signifie qu&rsquo;il faut se mettre d&rsquo;accord sur l&rsquo;&eacute;tat de notre territoire partag&eacute; et porter un jugement de valeur au travers de l&rsquo;&eacute;valuation. L&rsquo;&eacute;valuation de la qualit&eacute; paysag&egrave;re permet en particulier le retour du sensible et du sauvage&nbsp;:&nbsp;&laquo; il n&#39;y a pas d&#39;autre moyen si nous voulons engranger la moisson esth&eacute;tique que la nature est capable d&#39;offrir &agrave; la culture &raquo; selon Aldo Leopold (1949). Sans c&eacute;der &agrave; une vision romantique, il semble &eacute;vident que la dimension sensible doive &ecirc;tre int&eacute;gr&eacute;e &agrave; la d&eacute;finition d&rsquo;un &laquo; bon projet &raquo;, comme l&rsquo;ont montr&eacute; Beno&icirc;t Boutefeu et Paul Arnould (2006) &agrave; propos du gestionnaire de for&ecirc;ts. L&rsquo;autorit&eacute; publique se voit donc confier un bien public &agrave; la fois mat&eacute;riel et id&eacute;el, physique et symbolique, un v&eacute;ritable &laquo; objet hybride &raquo; selon Bruno Latour.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Mettre en &oelig;uvre la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; dans des projets de territoire, l&rsquo;animal, comme m&eacute;dia</h2> <p>La g&eacute;ographie animale (Bortolamiol et al., 2017) s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute;e d&rsquo;abord par l&rsquo;analyse des grands pr&eacute;dateurs et ongul&eacute;s dans les aires prot&eacute;g&eacute;es (Poinsot et Saldaqui, 2012). D&eacute;sormais tous les animaux peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s, dans des relations tr&egrave;s vari&eacute;es, comme le montre le dernier num&eacute;ro de la <em>Documentation Photographique</em>, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Humains et animaux, une g&eacute;ographie de relations&nbsp;&raquo; (Estebanez, 2022). N&eacute;anmoins, le patrimoine naturel ne comprend pas toujours un patrimoine animal, plus souvent &agrave; g&eacute;om&eacute;trie variable que le patrimoine v&eacute;g&eacute;tal, en fonction des &eacute;ventuelles frictions avec les humains. Pourtant l&rsquo;animal constitue un moyen particuli&egrave;rement signifiant pour pratiquer la relationalit&eacute;, car il pose d&rsquo;autant plus, par sa propre pr&eacute;sence, la question du sauvage.</p> <p>En ville en particulier, la majorit&eacute; animale est soit domestique, soit &laquo;&nbsp;nuisible&nbsp;&raquo; (blattes, pigeons, ragondins, rats). Comment trouver une place pour les animaux commensaux, majorit&eacute; oubli&eacute;e de nos espaces humanis&eacute;s, dont le r&eacute;gime alimentaire se rapproche de plus en plus du n&ocirc;tre&nbsp;? En ville les renards sont tir&eacute;s et les &eacute;tourneaux-sansonnets effarouch&eacute;s. Certains animaux peuvent &ecirc;tre recherch&eacute;s dans la ruche urbaine, comme les abeilles domestiques, ce qui peut se faire au d&eacute;triment des abeilles sauvages. Seuls quelques animaux prot&eacute;g&eacute;s parviennent &agrave; acqu&eacute;rir un droit de cit&eacute;, notamment les batraciens et les reptiles, l&eacute;zards et chauve-souris.</p> <p>Ces territorialit&eacute;s animales urbaines incluent une liminarit&eacute; avec les humains. A partir du concept de voisinage, Jo&euml;lle Zask (2020) propose une &laquo;&nbsp;alliance&nbsp;&raquo; avec les animaux dans la cit&eacute;. Un droit &agrave; la mobilit&eacute;, d&rsquo;existence et plus simplement un droit d&rsquo;&ecirc;tre l&agrave; pourrait &ecirc;tre ainsi reconnu &agrave; un certain nombre de collectifs du vivant, en tant qu&rsquo;usagers, eux aussi, de l&rsquo;espace (Butler, 2016).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Conclusion</h2> <p>Les collectifs du vivant doivent, maintenant, participer &agrave; l&rsquo;administration des territoires, &agrave; leur intendance. Pour reprendre l&rsquo;id&eacute;e de Philippe Descola, les Modernes &eacute;taient cens&eacute;s poss&eacute;der la nature. Aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;id&eacute;e est d&rsquo;&ecirc;tre &laquo; poss&eacute;d&eacute; &raquo;, soi-m&ecirc;me, par un milieu de vie, pour pouvoir tisser une intimid&eacute; profonde entre humains et collectifs du vivant. L&rsquo;humilit&eacute; doit remplacer la vanit&eacute; ; la r&eacute;ciprocit&eacute; doit remplacer la domination. Il faut trouver les moyens d&rsquo;habiter diff&eacute;remment le monde (Saar, 2017&nbsp;; Blandin et Marage, 2021). La g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; pourrait ainsi constituer un cinqui&egrave;me champ des humanit&eacute;s environnementales.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>Acot, Pascal, Drouin, Jean-Marc (1997). L&#39;introduction en France des id&eacute;es de l&#39;&eacute;cologie scientifique am&eacute;ricaine dans l&#39;entre-deux-guerres. <em>Revue d&#39;histoire des sciences</em>, t.50, vol. 4, 461-479.</p> <p>Barnett, Joshua Trey (2018). Thinking ecologically with Judith Butler<em>. Culture, Theory and Critique</em>, vol. 59, No 1, 20-39.</p> <p>Blanc, Guillaume, Demeulenaere, Elise, et Feuerhahn, Wolf (2017). <em>Humanit&eacute;s environnementales&nbsp;: enqu&ecirc;tes et contre-enqu&ecirc;tes</em>. Paris : Presses universitaires de la Sorbonne.</p> <p>Blandin, Patrick, et Bergandi, Donato (2000). A l&#39;aube d&#39;une nouvelle &eacute;cologie ? Il faut admettre qu&#39;il n&#39;y a plus la nature d&#39;un c&ocirc;t&eacute;, l&#39;homme de l&#39;autre. <em>La Recherche</em>, No 332, 56-59.</p> <p>Blandin, Patrick, et Marage, Damien (dir.), Michel Barnaud, Gilles Benest, S&eacute;verine Carrez, Fr&eacute;d&eacute;ric Ducarme, Christiane Garnero-Morena, Fr&eacute;d&eacute;ric Gosselin, Barbara Livoreil, Jean-Pierre Rogel, Laurent Simon - (2021). <em>L&rsquo;avenir du vivant. Nos valeurs pour l&rsquo;action</em>. Paris : UICN.</p> <p>Berque, Augustin (1990). <em>M&eacute;diance. De milieux en paysage</em>. Montpellier : Reclus.</p> <p>Bortolamiol, Sarah, Raymond, Richard, et Simon, Laurent (2017). Territoires des humains et territoires des animaux : &eacute;l&eacute;ments de r&eacute;flexion pour une g&eacute;ographie animale. <em>Annales de g&eacute;ographie</em>, vol. 176, No 4, 387-407.</p> <p>Bonte, Bruno et al. (2019). 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