<h2>Introduction</h2> <p>Avec l&rsquo;arriv&eacute;e du moustique tigre (<i>Aedes albopictus</i>) en France hexagonale depuis 2014, la lutte antivectorielle (LAV) s&rsquo;inscrit dans un objectif de sant&eacute; publique et de pr&eacute;vention des risques sanitaires. En effet, ce moustique peut transmettre aux &ecirc;tres humains des virus comme celui de la dengue, du chikungunya ou du Zika et fait, depuis 2006, l&rsquo;objet d&rsquo;une surveillance renforc&eacute;e (Minist&egrave;re de la Sant&eacute; et de la Pr&eacute;vention, 2023&nbsp;; EID M&eacute;diterran&eacute;e, 2019).</p> <p>Il existe plusieurs niveaux de surveillance et d&rsquo;alerte. &Agrave; chaque niveau, correspond une s&eacute;rie de r&eacute;ponses administratives et techniques, allant de la simple mise en &oelig;uvre de proc&eacute;dures de surveillance (d&eacute;tection) &agrave; des op&eacute;rations de d&eacute;moustication, et &agrave; des actions d&rsquo;information destin&eacute;es aux professionnels de sant&eacute; et de communication aupr&egrave;s du public (cf. par exemple le site de signalement du moustique tigre, Minist&egrave;re de la sant&eacute;, 2023).</p> <p>En ce qui concerne les moustiques, chacun d&rsquo;entre nous ne cherche pas &agrave; les distinguer syst&eacute;matiquement. Les uns &eacute;voquent les moustiques, qu&rsquo;ils piquent ou non, qu&rsquo;ils soient dangereux pour la sant&eacute; ou non. Les autres les ignorent. Tous les inscrivent dans une vision du monde &agrave; la fois commune et particuli&egrave;re. Pourtant, malgr&eacute; leurs particularit&eacute;s, quand ils ne disparaissent pas dans le classement changeant de ce qui nous pr&eacute;occupe individuellement ou collectivement, les moustiques restent la cible d&rsquo;actions qui visent &agrave; r&eacute;duire leur nuisance. Pr&eacute;occupations, pratiques et comportements se d&eacute;veloppent ainsi en fonction de constructions rationnelles ou imaginaires, c&rsquo;est-&agrave;-dire de nos perceptions de &laquo;&nbsp;mondes&nbsp;&raquo; : prise en compte du respect de l&rsquo;environnement, de la biodiversit&eacute;, risques acceptables, d&eacute;finition de la sant&eacute;, du bien-&ecirc;tre, de la qualit&eacute; de vie, positions &eacute;thiques&hellip;</p> <p>Dans ce contexte et dans la suite de travaux pr&eacute;c&eacute;dents r&eacute;alis&eacute;s en France hexagonale sur l&rsquo;implantation de l<i>&rsquo;aedes albopictus</i> et le risque sanitaire vectoriel (notamment Pecaud, 1991&nbsp;; Vernazza-Licht et al., 2011&nbsp;; Raude et al., 2012&nbsp;; Mieulet et Claeys, 2016&nbsp;; Simard et al., 2017) nous pr&eacute;sentons dans cet article les r&eacute;sultats d&rsquo;une recherche financ&eacute;e par l&rsquo;ANSES (programme Environnement, Sant&eacute;, Travail, 2017) qui avait pour objectif de recueillir des informations, selon des disciplines vari&eacute;es et les concepts et m&eacute;thodes qui leur sont attach&eacute;s, sur les croyances, logiques d&rsquo;actions et pratiques en mati&egrave;re de pr&eacute;vention contre les moustiques tigres et sur la lutte anti-vectorielle (LAV) dans deux d&eacute;partements de la fa&ccedil;ade Atlantique (Loire Atlantique, Vend&eacute;e), situ&eacute;s en amont du front d&rsquo;invasion de l&rsquo;<i>aedes albopictus</i>.</p> <p>Les r&eacute;sultats de cette recherche s&rsquo;appuient sur l&rsquo;approche &laquo; One Health &raquo; qui prend en compte les liens &eacute;troits entre la sant&eacute; humaine, celle des animaux et l&rsquo;&eacute;tat &eacute;cologique global de la plan&egrave;te (WHO, 2023) et s&rsquo;inscrit &agrave; ce titre dans le champ des humanit&eacute;s environnementales, dans la mesure o&ugrave; s&rsquo;instaure autour de nos r&eacute;sultats un dialogue entre disciplines du champ des sciences humaines essentiellement et des sciences du vivant (Blanc et al., 2017&nbsp;; Chon&eacute; et al., 2018).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>M&eacute;thodologie</h2> <p>Pour mener &agrave; bien ce projet de recherches interdisciplinaire, nous avons r&eacute;alis&eacute; des enqu&ecirc;tes&nbsp;aupr&egrave;s des professionnels de sant&eacute; (m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes, pharmaciens d&rsquo;officines), ainsi qu&rsquo;en population g&eacute;n&eacute;rale.</p> <p>Pour chacune de ces populations, des enqu&ecirc;tes dites qualitatives (sous la forme d&rsquo;entretiens, de monographies ou retours d&rsquo;exp&eacute;rience) ont &eacute;t&eacute; associ&eacute;es &agrave; des enqu&ecirc;tes quantitatives (par questionnaires). Les donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; recueillies au long de la fa&ccedil;ade Atlantique de la France hexagonale (Loire Atlantique et Vend&eacute;e), ce choix &eacute;tant d&eacute;fini par la dynamique spatiale d<i>&#39;Aedes albopictus</i>, le rythme de son installation, les diff&eacute;rentes techniques ou pratiques utiles &agrave; la LAV, ainsi que le r&ocirc;le et l&#39;enr&ocirc;lement des populations concern&eacute;es.</p> <p>- S&rsquo;agissant des professionnels de sant&eacute; notre objectif a &eacute;t&eacute; de caract&eacute;riser dans les d&eacute;partements de Loire Atlantique et Vend&eacute;e les perceptions de la LAV et du risque vectoriel que repr&eacute;sentent l&rsquo;<i>Aedes albopictus </i>et le moustique en g&eacute;n&eacute;ral.</p> <p>L&rsquo;enqu&ecirc;te qualitative s&rsquo;est appuy&eacute;e sur des entretiens men&eacute;s en 2018 et 2019 et des observations (2018/2022). Sur la base de la notion de syst&egrave;me socio-&eacute;cologique qui correspond &agrave; la prise en compte de la conjonction entre des donn&eacute;es naturelles et des actions humaines, quatre zones d&rsquo;enqu&ecirc;tes ont &eacute;t&eacute; d&eacute;limit&eacute;es : celle du marais breton (entre Saint-Gilles et Bourgneuf-en-Retz), la zone littorale touristique expos&eacute;e aux mar&eacute;es&nbsp;; les lieux, o&ugrave; l&rsquo;<i>Aedes albopictus </i>a &eacute;t&eacute; d&eacute;tect&eacute; (Fontenay le Comte - 85, et p&eacute;riurbain au sud de Nantes - 44) et le reste du territoire qui n&rsquo;a pas de caract&eacute;ristiques particuli&egrave;res en mati&egrave;re d&rsquo;implantation des moustiques.</p> <p>Des enqu&ecirc;tes quantitatives ont &eacute;t&eacute; conduites en collaboration avec les Unions R&eacute;gionales des M&eacute;decins Lib&eacute;raux (URML) et des pharmaciens (URPS Pharmaciens) des Pays de la Loire aupr&egrave;s de l&rsquo;ensemble des m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes lib&eacute;raux (1600) et des pharmaciens (636) de Loire-Atlantique et de Vend&eacute;e pour renseigner un questionnaire en ligne au cours des mois de d&eacute;cembre 2019 et janvier 2020. Au total 145 m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et 67 pharmaciens ont r&eacute;pondu &agrave; l&rsquo;enqu&ecirc;te (soit des taux de participation de respectivement 9,2&nbsp;% et 10, 5&nbsp;%).</p> <p>- S&rsquo;agissant de la population g&eacute;n&eacute;rale, une enqu&ecirc;te a &eacute;t&eacute; conduite aupr&egrave;s d&#39;un &eacute;chantillon issu de la population g&eacute;n&eacute;rale en Vend&eacute;e pour d&rsquo;une part, appr&eacute;cier la perception des risques associ&eacute;s aux maladies &agrave; transmission vectorielle aupr&egrave;s d&rsquo;une population g&eacute;n&eacute;rale vivant dans un territoire o&ugrave; <i>Aedes albopictus</i> est implant&eacute; ou en cours d&rsquo;implantation (Vend&eacute;e) et d&rsquo;autre part, pour identifier les diff&eacute;rentes pratiques et strat&eacute;gies adaptatives adopt&eacute;es par les riverains potentiellement expos&eacute;s afin de faire face au risque, ou de &laquo;&nbsp;composer&nbsp;&raquo; avec celui-ci. Une pr&eacute;enqu&ecirc;te qualitative a &eacute;t&eacute; men&eacute;e par entretiens semi-directifs en face &agrave; face. Trente entretiens ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;s autour de 4 grandes th&eacute;matiques (connaissances sur le moustique tigre et le risque de transmission, exposition et risque per&ccedil;us, pratiques de pr&eacute;vention adopt&eacute;es et la communication autour du moustique tigre). Les donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; analys&eacute;es par analyse lexicom&eacute;trique avec le logiciel Iramuteq, (Ratinaud &amp; D&eacute;jean, 2009). Dans un second temps, une enqu&ecirc;te par questionnaires a permis, sur la base de l&rsquo;utilisation d&rsquo;&eacute;chelles, de calculer les scores n&eacute;cessaires au test statistique des mod&egrave;les. Les donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; recueillies aupr&egrave;s d&rsquo;un &eacute;chantillon repr&eacute;sentatif (&eacute;chantillon par quota) de 1005 participants&nbsp;(60.7 % de femmes et 39.3 % d&rsquo;hommes ; &acirc;ge moyen : 49.8 ; 56,8 % d&rsquo;actifs) vivant dans le d&eacute;partement de Vend&eacute;e. La collecte des donn&eacute;es s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute;e par t&eacute;l&eacute;phone.</p> <p>- Une monographie aupr&egrave;s de la population g&eacute;n&eacute;rale de Loire Atlantique (deux quartiers urbains, une commune rurale et touristique c&ocirc;ti&egrave;re) proposait une r&eacute;flexion &eacute;pist&eacute;mologique sur les m&eacute;thodes d&rsquo;enqu&ecirc;tes dans le domaine de la pr&eacute;vention des risques sanitaires, plus pr&eacute;cis&eacute;ment celui de l&rsquo;activit&eacute; sociale des populations concern&eacute;es. Le travail de terrain a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute; dans des conditions dites &laquo;&nbsp;normales&nbsp;&raquo; et pendant une p&eacute;riode de confinement impos&eacute; par l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie du COVID 19. Une m&eacute;thode dite d&rsquo;entretiens non-directifs a &eacute;t&eacute; mise en &oelig;uvre. Elle s&rsquo;est inspir&eacute;e des options de la microsociologie o&ugrave; les th&egrave;mes et les r&ocirc;les d&rsquo;interviewer et d&rsquo;interview&eacute; sont &agrave; peine d&eacute;finis <i>a priori</i> et permettent, au moment de l&rsquo;analyse qui en est faite ensuite d&rsquo;identifier diff&eacute;rents aspects de la construction dynamique et collective des savoirs re&ccedil;us ou partag&eacute;s. Le th&egrave;me de la pr&eacute;vention des risques a &eacute;t&eacute; propos&eacute; &agrave; l&rsquo;ensemble des personnes rencontr&eacute;es, que ces derni&egrave;res partagent ou non le &laquo;&nbsp;territoire&nbsp;&raquo; de leur r&eacute;sidence spatiale et culturelle avec <i>Aedes albopictus</i>.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Les principaux r&eacute;sultats</h2> <h3>La perception du risque et les pratiques de pr&eacute;vention chez les professionnels de sant&eacute;</h3> <p>L&rsquo;enqu&ecirc;te par questionnaire men&eacute;e aupr&egrave;s des m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens de Loire-Atlantique et Vend&eacute;e montre qu&rsquo;une part importante de ces professionnels - pr&egrave;s de la moiti&eacute; des pharmaciens et plus de la moiti&eacute; des m&eacute;decins - consid&egrave;rent que le risque de survenue dans les dix prochaines ann&eacute;es d&rsquo;une &eacute;pid&eacute;mie locale de dengue, zika ou chikungunya (pathologies possiblement transmises par le moustique tigre) est faible (cf. fig 1)</p> <p><img height="250" src="https://www.numerev.com/img/ck_7_27_image-20240522221112-1.png" width="448" /><img height="256" src="https://www.numerev.com/img/ck_7_27_image-20240522221123-2.png" width="448" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Fig.1&nbsp;- Probabilit&eacute; de survenue d&rsquo;une &eacute;pid&eacute;mie dans les dix prochaines ann&eacute;es dans le d&eacute;partement d&rsquo;exercice, selon les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens enqu&ecirc;t&eacute;s. Source : Enqu&ecirc;te sur les pratiques et logiques d&rsquo;action des m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens en mati&egrave;re de lutte antivectorielle en 44 et 85 (nov. 2019). Exploitation ORS Pays de la Loire</em></p> <p>Interrog&eacute;s sur leurs pratiques et perceptions concernant les diff&eacute;rentes m&eacute;thodes de lutte antivectorielle, m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens r&eacute;pondent diff&eacute;remment sur leurs pratiques de conseil en mati&egrave;re de lutte contre les piq&ucirc;res de moustiques mais s&rsquo;accordent sur les m&eacute;thodes de protection collectives m&eacute;caniques (&eacute;liminer ou couvrir tous les lieux ou objets susceptibles de contenir des eaux stagnantes, installation de moustiquaires aux fen&ecirc;tres&hellip;) qu&rsquo;ils estiment &ecirc;tre &laquo;&nbsp;les moyens les plus adapt&eacute;s localement&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ils sont peu nombreux &agrave; se sentir en premi&egrave;re ligne pour la transmission des conseils et recommandations en mati&egrave;re de LAV, et consid&egrave;rent majoritairement que les agences et autorit&eacute;s sanitaires sont mieux plac&eacute;es pour cela. Toutefois m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens pourraient constituer un r&eacute;seau mobilisable pour cette lutte, plus de 80 % d&rsquo;entre eux se disant int&eacute;ress&eacute;s par une formation &agrave; ce sujet.</p> <p>Cette diff&eacute;rence d&rsquo;implication et de pratiques entre les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et les pharmaciens d&rsquo;officine se retrouvent dans l&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain r&eacute;alis&eacute;e par les anthropologues en Loire Atlantique et Vend&eacute;e.</p> <p>Pour les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes la pr&eacute;sence des moustiques tigres n&rsquo;a aucun impact dans leur pratique m&eacute;dicale comme l&rsquo;indique le verbatim suivant&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ici dans le coin il y a des moustiques, on se fait piquer parfois mais ce n&rsquo;est pas un probl&egrave;me, personne n&rsquo;en parle. Et il n&rsquo;y a pas de plainte&nbsp;&raquo; (m&eacute;decin g&eacute;n&eacute;raliste, Pornic).</p> <p>Le niveau de connaissances sur les maladies vectorielles et notamment sur la question de la transmission reste limit&eacute;. Ce r&eacute;sultat est diff&eacute;rent du sud de la France o&ugrave; les m&eacute;decins faisaient &eacute;tat d&rsquo;une g&ecirc;ne importante de leur client&egrave;le et montraient une meilleure connaissance des arboviroses (Vernazza-Licht et al., 2012).</p> <p>Les m&eacute;decins se disent tr&egrave;s occup&eacute;s au quotidien par les pathologies de leurs patients et estiment que c&rsquo;est aux autorit&eacute;s sanitaires de prendre en charge ces questions qui, pour eux sont du ressort de la sant&eacute; publique. Ils ont d&rsquo;ailleurs tendance &agrave; consid&eacute;rer que la question du moustique tigre et/ou du chikungunya (souvent assimil&eacute;s verbalement), est un ph&eacute;nom&egrave;ne &laquo;&nbsp;m&eacute;diatique&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;exotique&nbsp;&raquo; dans leur r&eacute;gion.</p> <p>En revanche, en mati&egrave;re de prise en consid&eacute;ration des risques vectoriels par la population ils s&rsquo;accordent sur le fait &laquo;&nbsp;qu&rsquo;ici on ne parle pas du tigre, les gens parlent beaucoup plus des tiques et de Lyme&nbsp;&raquo;.</p> <p>Autour de la prise en charge m&eacute;dicale et des relations patients/m&eacute;decins, ressort &eacute;galement la probl&eacute;matique majeure du &laquo;&nbsp;d&eacute;sert m&eacute;dical&nbsp;&raquo; en particulier en Vend&eacute;e par manque de professionnels de sant&eacute;, situation qui participe &agrave; la marginalisation du questionnement sur le moustique et son risque sanitaire.</p> <p>Chez les pharmaciens de ville interrog&eacute;s le discours est diff&eacute;rent. La pr&eacute;sence des moustiques et leur nuisance sont appr&eacute;ci&eacute;es &agrave; partir des plaintes des clients et de l&rsquo;&eacute;tat des ventes de r&eacute;pulsifs (chacun consulte sur l&rsquo;ordinateur son &eacute;volution des ventes pour attester son discours).</p> <p>Ce sont surtout dans les zones des marais et sur le littoral atlantique, ainsi qu&rsquo;&agrave; Fontenay le Comte o&ugrave; est implant&eacute; l&rsquo;<i>Aedes albopictus</i> que les pharmaciens font &eacute;tat des probl&egrave;mes li&eacute;s la pr&eacute;sence du moustique. Quelques verbatim illustrent bien ce discours r&eacute;curent : &laquo;&nbsp;Les piqures de moustiques c&rsquo;est un conseil fr&eacute;quent chez nous, sur toute la c&ocirc;te, les gens se font bouffer, &hellip;&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;Dans les marais bretons ce n&rsquo;est pas ce qui manque en mati&egrave;re de moustiques&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;On ne vend que &ccedil;a (r&eacute;pulsifs) l&rsquo;&eacute;t&eacute; m&ecirc;me en bord de mer parce qu&rsquo;il y a des marais. Ils viennent acheter des produits avant et apr&egrave;s. &hellip;/ on vend plein de produits apr&egrave;s-piq&ucirc;re pour les grosses r&eacute;actions, on en vend &eacute;norm&eacute;ment l&rsquo;&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;Les gens viennent surtout pour des plaintes li&eacute;es aux moustiques, ils ont de grosses r&eacute;actions. Ils montrent des &laquo;&nbsp;grosses plaques endur&eacute;es&nbsp;&raquo;. L&rsquo;&eacute;t&eacute; c&rsquo;est &ccedil;a, souvent&nbsp;&raquo;.</p> <p>Certains pharmaciens expliquent que les clients en parlent, s&rsquo;interrogent, et m&ecirc;me s&rsquo;inqui&egrave;tent &agrave; propos du moustique tigre et estiment que les m&eacute;dias ont un r&ocirc;le d&rsquo;amplification de la peur &laquo;&nbsp;quand ils en entendent parler &agrave; la t&eacute;l&eacute;, ils viennent en parler au pharmacien m&ecirc;me s&rsquo;il n&rsquo;y a rien&nbsp;&raquo;.</p> <p>S&rsquo;agissant de leur r&ocirc;le, les pharmaciens insistent sur l&rsquo;importance du conseil et leurs interactions avec les clients &agrave; propos des moustiques (piq&ucirc;re, conseil pour les voyages). Ils se consid&egrave;rent g&eacute;n&eacute;ralement comme &laquo;&nbsp;acteurs de premi&egrave;re ligne&nbsp;&raquo; en mati&egrave;re de pr&eacute;vention.</p> <p>Concernant les produits r&eacute;pulsifs, ils essaient d&rsquo;avoir un &eacute;ventail diversifi&eacute; des produits disponibles sur le march&eacute; et privil&eacute;gient les produits mentionn&eacute;s &laquo;&nbsp;naturels&nbsp;&raquo; mais globalement le choix des produits reste un choix financier.</p> <p>Les bracelets, r&eacute;put&eacute;s sans efficacit&eacute;, sont en vente dans la plupart des pharmacies et les pharmaciens expliquent que &laquo;&nbsp;les laboratoires disent qu&rsquo;ils sont efficaces&nbsp;&raquo;. Ce sont ces m&ecirc;mes laboratoires qui assurent, de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, leur formation sur les produits et sur les m&eacute;dicaments.</p> <p>En milieu rural, certaines pharmacies vendent des produits r&eacute;pulsifs aux chasseurs en pr&eacute;vention des tiques et insectes piqueurs mais en particulier pour leurs chiens (produits v&eacute;t&eacute;rinaires).</p> <p>Interrog&eacute;s sur les probl&egrave;mes sp&eacute;cifiques de sant&eacute; sur leur secteur, les pharmaciens citent&nbsp;: l&rsquo;asthme, la toxicomanie, la maladie de Lyme et les tiques (les gens viennent se les faire enlever ont-ils expliqu&eacute;), le diab&egrave;te, l&rsquo;hypertension, la d&eacute;pression, beaucoup d&rsquo;allergies. Comme les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes interrog&eacute;s les pharmaciens soul&egrave;vent le probl&egrave;me du contexte de prise en charge de la sant&eacute; dans leur zone consid&eacute;r&eacute;e par eux comme un &laquo;&nbsp;d&eacute;sert m&eacute;dical&nbsp;&raquo;.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Les perceptions de la population dans le d&eacute;partement de la Vend&eacute;e</h3> <p>L&rsquo;analyse des r&eacute;sultats de la pr&eacute;enqu&ecirc;te qualitative pr&eacute;sent&eacute;s dans les figures 2 et 3 met en avant un discours organis&eacute; en 5 classes th&eacute;matiques li&eacute;es &agrave; la communication/information (classe 1&nbsp;; 26,3%), au risque vectoriel (classe 5, 23,5%), &agrave; la gestion de l&rsquo;eau et &agrave; la biodiversit&eacute; (classe 4&nbsp;; 21,3%), aux comportements de protection via l&rsquo;utilisation de r&eacute;pulsifs (classe 2&nbsp;; 14,6%) ainsi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;exposition et &agrave; la protection au domicile (classe 3&nbsp;; 14,2%). Le discours semble refl&eacute;ter un risque &eacute;mergent avec une certaine sensibilisation au risque (connaissance de ce dernier, des arboviroses, de la reproduction, de la pr&eacute;sence d&rsquo;<i>Aedes albopictus </i>en Vend&eacute;e) avec cependant des connaissances floues et relatives. Le discours concernant <i>Aedes albopictus</i> est en effet bien souvent appuy&eacute; par l&rsquo;illustration, ou la confusion, avec d&rsquo;autres &laquo; esp&egrave;ces nuisibles &raquo; comme le frelon asiatique. L&rsquo;exposition per&ccedil;ue au moustique tigre semble finalement assez faible dans l&rsquo;environnement proche. Il appara&icirc;t comme un d&eacute;sagr&eacute;ment et non un v&eacute;ritable risque. Le risque semble relativis&eacute; que ce soit par rapport &agrave; un ailleurs (Guadeloupe, Sud de la France), &agrave; d&rsquo;autres risques (voiture, cancer, Lyme) ou &agrave; d&rsquo;autres nuisances (mouches). L&rsquo;analyse r&eacute;v&egrave;le une organisation du corpus selon 4 facteurs structurants. Le premier (31,41%) diff&eacute;rencie les classes 4, 3 et 2, des classes 1 et 5, r&eacute;v&eacute;lant une opposition entre ce qui rel&egrave;ve d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; des comportements et du v&eacute;cu dans l&rsquo;environnement (exposition et comportements de protection) et de l&rsquo;autre, des savoirs et perception du risque (communication et connaissances du risque vectoriel). Le second (24,81%), oppose des &eacute;l&eacute;ments de contexte (communication, environnement) &agrave; des &eacute;l&eacute;ments li&eacute;s au risque vectoriel et aux comportements de protection (comportements de protection, exposition et risque vectoriel).</p> <p style="text-align: center;"><img height="590" src="https://www.numerev.com/img/ck_7_27_image-20240522222526-3.png" width="638" /></p> <p style="text-align: center;"><i>Fig. 2&nbsp;: R&eacute;sultats de l&rsquo;analyse descendante hi&eacute;rarchique</i></p> <p style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img height="454" src="https://www.numerev.com/img/ck_7_27_image-20240522222631-4.png" width="654" /></p> <p style="text-align: center;"><i>Fig. 3&nbsp;: R&eacute;sultats de l&rsquo;Analyse Factorielle des Correspondances</i></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p>Les r&eacute;sultats de l&rsquo;enqu&ecirc;te quantitative permettent de pr&eacute;ciser certains aspects et notamment&nbsp;:</p> <p>- S&rsquo;agissant de la connaissance du moustique tigre (MT)&nbsp;: 85 % des participants ont d&eacute;j&agrave; entendu parler du MT, 72% pensent qu&rsquo;il est pr&eacute;sent en Vend&eacute;e, et 38,4% pr&egrave;s de leur logement. Les personnes qui vivent en zone Littorale et Rurale Sud jugent que le MT est davantage pr&eacute;sent aux environs du logement (CHI2=10.6, p=.014). 80,5 % des participants pensent que le MT peut transmettre une ou des maladies en Vend&eacute;e, et 64% pr&egrave;s de leur logement. Les r&eacute;sultats r&eacute;v&egrave;lent donc une connaissance de la pr&eacute;sence du MT en Vend&eacute;e malgr&eacute; son caract&egrave;re &eacute;mergent, ainsi qu&rsquo;une perception du risque vectoriel pour la majorit&eacute; des participants.</p> <p>- S&rsquo;agissant de l&rsquo;exposition au moustique commun (MC) et au moustique tigre (MT)&nbsp;: les participants se disent &laquo;&nbsp;peu g&ecirc;n&eacute;s&nbsp;&raquo; par le MC au quotidien (score de 3,3 sur 10). Le score de g&ecirc;ne est n&eacute;anmoins significativement plus &eacute;lev&eacute; sur la zone littorale. 23,6% pensent qu&rsquo;ils ont d&eacute;j&agrave; vu un MT en Vend&eacute;e, et 19,3% pr&egrave;s de leur logement. 59,6 % pensent qu&rsquo;ils sont expos&eacute;s au MT en Vend&eacute;e et 50% pr&egrave;s de leur logement. Mais 80% pensent qu&rsquo;ils n&rsquo;ont jamais &eacute;t&eacute; piqu&eacute;s par un MT. Les r&eacute;sultats relatifs &agrave; l&rsquo;exposition per&ccedil;ue au MT r&eacute;v&egrave;lent une concordance entre une faible perception de la pr&eacute;sence du MT et un pourcentage &eacute;lev&eacute; de personnes qui pensent ne jamais avoir &eacute;t&eacute; piqu&eacute;es. Ceci est n&eacute;anmoins associ&eacute; pour pr&egrave;s de 60 % des participants au sentiment d&rsquo;&ecirc;tre expos&eacute;.</p> <p>- S&rsquo;agissant de la perception du risque&nbsp;:&nbsp;la perception du risque pour soi et ses proches face &agrave; la transmission de maladies par le MT est &laquo;&nbsp;moyenne&nbsp;&raquo; (score de 4,5 sur 10) et on n&rsquo;observe pas de diff&eacute;rence significative en fonction des zones. De m&ecirc;me, la probabilit&eacute; per&ccedil;ue de d&eacute;velopper une maladie associ&eacute;e au MT en Vend&eacute;e et aux abords du logement est &laquo;&nbsp;moyenne&nbsp;&raquo; (respectivement 4,7 et 4,2) et &laquo;&nbsp;ind&eacute;pendante&nbsp;&raquo; de la zone de r&eacute;sidence. 60,5 % des participants pensent qu&rsquo;il est possible de contracter l&rsquo;une des trois maladies en Vend&eacute;e, et 51,4% aux abords du logement. Par ailleurs, la gravit&eacute; per&ccedil;ue des maladies vectorielles associ&eacute;es au MT est &laquo;&nbsp;importante&nbsp;&raquo; (score de 8 sur 10).</p> <p>- S&rsquo;agissant des d&eacute;terminants des comportements de protection&nbsp;: uniquement 29,7% des participants disent se prot&eacute;ger tr&egrave;s fr&eacute;quemment et fr&eacute;quemment des piqures des moustiques en &eacute;t&eacute; sur leur lieu de vie, 35,8% affirmant qu&rsquo;ils n&rsquo;utilisent pas de pratiques de protection. Une r&eacute;gression logistique men&eacute;e sur la variable d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &laquo;&nbsp;comportement de protection <em>vs</em> pas de protection&nbsp;&raquo; montre que la fr&eacute;quence des piqures, la g&ecirc;ne occasionn&eacute;e, l&rsquo;exposition per&ccedil;ue aux environs du logement et la possibilit&eacute; d&rsquo;action contribuent &agrave; expliquer que les personnes se prot&egrave;gent contre les piqures de moustique.</p> <p>Afin d&rsquo;identifier les comportements utilis&eacute;s pour se pr&eacute;munir des piqures de moustique, et ceci sans induire de r&eacute;ponse, une question ouverte a &eacute;t&eacute; utilis&eacute;e. Le codage de cette question ouverte permet de cat&eacute;goriser les comportements en 8 classes exclusives bas&eacute;es sur le croisements de cinq cat&eacute;gories (cf. fig. 4) : 1) insecticides/m&eacute;thodes chimiques (r&eacute;pulsifs &agrave; appliquer sur la peau ; spirales &agrave; br&ucirc;ler ; diffuseur &agrave; brancher ; insecticides &agrave; vaporiser &hellip;)&nbsp;; 2) r&eacute;pulsifs &laquo; naturels &raquo; (huiles essentielles ; plantes anti-moustiques ; bougies citronnelles &hellip;)&nbsp;; 3) m&eacute;thodes &laquo; m&eacute;caniques &raquo; (moustiquaires ; raquette &eacute;lectriques ; ventilateur ou climatisation&hellip;)&nbsp;; 4) adaptation des comportements (adapter sa tenue vestimentaire ; &eacute;viter de sortir durant les heures d&rsquo;activit&eacute; du moustique ; fermer les fen&ecirc;tres &hellip;)&nbsp;; 5) gestion des points d&rsquo;eau (suppression des points d&rsquo;eau stagnantes ; couvrir les r&eacute;cipients r&eacute;cup&eacute;rateurs d&rsquo;eau, retirer les coupelles &hellip;). Les m&eacute;thodes &laquo;&nbsp;m&eacute;caniques&nbsp;&raquo;, l&rsquo;adaptation des comportements et la gestion des points d&rsquo;eau ont &eacute;t&eacute; regroup&eacute;s au sein d&rsquo;une cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;comportements pr&eacute;conis&eacute;s&nbsp;&raquo; par les organismes de sant&eacute;. Le croisement de ces 3 classes restantes permet de classer les participants en fonction de leurs pratiques&nbsp;: uniquement chimique&nbsp;; chimique + &laquo;&nbsp;naturel&nbsp;&raquo;&nbsp;; uniquement &laquo;&nbsp;naturel&nbsp;&raquo;&nbsp;; uniquement pr&eacute;conis&eacute;&nbsp;; pr&eacute;conis&eacute; + chimique&nbsp;; pr&eacute;conis&eacute; + naturel&nbsp;; rien&nbsp;; pr&eacute;conis&eacute; + chimique + &laquo;&nbsp;naturel&nbsp;&raquo;. La distribution des fr&eacute;quences montre que 33.3% des participants disent ne pas se prot&eacute;ger. On enregistre un pourcentage &eacute;quivalent de personnes qui disent utiliser uniquement des m&eacute;thodes chimiques (17.8%) ou &laquo;&nbsp;naturelles&nbsp;&raquo; (17%), quand 22% des participants disent utiliser les m&eacute;thodes pr&eacute;conis&eacute;es &laquo;&nbsp;seules ou associ&eacute;es&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: center;"><img height="198" src="https://www.numerev.com/img/ck_7_27_image-20240522223046-5.png" width="460" /></p> <p style="text-align: center;"><i>Fig. 4 : distribution des comportements de protection</i></p> <p style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img height="252" src="https://www.numerev.com/img/ck_7_27_image-20240522223128-6.png" width="400" /></p> <p style="text-align: center;"><i>Fig. 5 : score de perception du risque en fonction du comportement</i></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p>Le type de strat&eacute;gie utilis&eacute;e varie significativement avec le niveau de perception des risques (F = 4.27&nbsp;; p &lt; .001) (cf. fig. 5) : les individus qui n&rsquo;utilisent aucune strat&eacute;gie pour se pr&eacute;munir des moustiques ou de leurs piq&ucirc;res ont un niveau de perception des risques significativement plus faible que les autres, suivi par les individus utilisant des m&eacute;thodes naturelles, puis ceux utilisant les m&eacute;thodes pr&eacute;conis&eacute;es seules ou combin&eacute;es aux m&eacute;thodes &laquo;&nbsp;naturelles&nbsp;&raquo;. Le niveau de perception des risques augmente significativement pour les personnes qui utilisent les m&eacute;thodes chimiques seules ou combin&eacute;es.</p> <p>Selon l&rsquo;attitude &laquo;&nbsp;&eacute;cocentr&eacute;e&nbsp;&raquo; versus &laquo;&nbsp;anthropocentr&eacute;e&nbsp;&raquo; des personnes enqu&ecirc;t&eacute;es on note des diff&eacute;rences&nbsp;: les participants pr&eacute;sentent une attitude plut&ocirc;t anthropocentr&eacute;e face &agrave; l&rsquo;existence du moustique&nbsp;(score moyen d&rsquo;attitude &eacute;cocentr&eacute;e de 3.23/10) ; plus cette attitude est &eacute;cocentr&eacute;e, moins la vuln&eacute;rabilit&eacute; per&ccedil;ue face aux maladies transmises par le MT est &eacute;lev&eacute;e (r = -0,102&nbsp;; p = 0.003).</p> <p>Par ailleurs, plus une personne est &eacute;cocentr&eacute;e plus elle pr&eacute;sente un score de &quot;coping&quot; &eacute;lev&eacute; centr&eacute; sur la minimisation du risque (r = 0,128&nbsp;; p &lt; 0.001). On rel&egrave;ve par ailleurs une attitude plus &eacute;cocentr&eacute;e quand on ne se prot&egrave;ge pas (F=6.21 ; p &lt;.001).</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Enqu&ecirc;te qualitative par monographies aupr&egrave;s de la population g&eacute;n&eacute;rale en Loire Atlantique</h3> <p>L&rsquo;analyse des rencontres des terrains et leur confrontation aux cadres th&eacute;oriques de la ph&eacute;nom&eacute;nologie a permis d&rsquo;&eacute;clairer en partie une approche de la pr&eacute;vention des risques et une mod&eacute;lisation des pratiques et des projections &eacute;voqu&eacute;es. Elle s&rsquo;est inspir&eacute;e du concept de <i>&laquo;&nbsp;</i>champ de forces<i>&nbsp;&raquo;</i> que Kurt Lewin (1997) utilisait pour caract&eacute;riser la psychologie sociale, permettant ainsi de mettre en avant les contradictions des acteurs porteurs ou non de rationalit&eacute;s existantes ou revendiqu&eacute;es. Beaucoup de discours provoqu&eacute;s ont revendiqu&eacute; la valeur sociale attribu&eacute;e &agrave; la raison. Sans que cela soit paradoxal, les contradictions apparentes ont &eacute;t&eacute; remises en question au cours des entretiens. Aux yeux des acteurs, elles ont constitu&eacute; autant de sources de stabilit&eacute; de l&rsquo;orientation de l&rsquo;activit&eacute; sociale, et de raisons de la permanence des rapports entre les &ecirc;tres vivants, ici les individus, <i>Aedes albopictus</i> (r&eacute;el ou pens&eacute;) et l&rsquo;environnement de chacun d&rsquo;eux.</p> <p>Les circonstances de recherche impos&eacute;es par la pand&eacute;mie attach&eacute;e au COVID 19, nous ont donn&eacute; l&rsquo;occasion de v&eacute;rifier l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que repr&eacute;sente une approche pluridisciplinaire reposant sur deux concepts : le <i>&laquo;&nbsp;social&nbsp;&raquo;</i> tel que le d&eacute;finit Hannah Arendt, c&rsquo;est-&agrave;-dire le &laquo;&nbsp;monde <i>v&eacute;cu&nbsp;&raquo;</i> qu&rsquo;Edmund Husserl tente de sauver de l&rsquo;an&eacute;antissement que lui promet le triomphe des sciences en g&eacute;n&eacute;ral. Pour le &laquo;&nbsp;social&nbsp;&raquo;, la remarque d&rsquo; Hannah Arendt &agrave; propos du jeune Marx et de &laquo; son refus de prendre en compte l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle la diff&eacute;rence entre la vie de l&rsquo;homme et celle de l&rsquo;animal est la ratio, ou la pens&eacute;e&nbsp;&raquo; fut particuli&egrave;rement document&eacute;e ; Pour le &laquo;&nbsp;monde v&eacute;cu&nbsp;&raquo;, la r&eacute;duction ph&eacute;nom&eacute;nologique (ἐ&pi;&omicron;&chi;ή) se devait d&rsquo;abandonner deux croyances&nbsp;: la possibilit&eacute; d&rsquo;une approche &laquo;&nbsp;naturelle&nbsp;&raquo; du monde, l&rsquo;&ecirc;tre humain &eacute;tant condamn&eacute; &agrave; prendre en compte les repr&eacute;sentations qu&rsquo;il s&rsquo;en fait&nbsp;; le rejet, m&ecirc;me provisoire des abstractions que sont les sciences. Telles sont pour la ph&eacute;nom&eacute;nologie les conditions pour acc&eacute;der aux &laquo; choses m&ecirc;mes &raquo;. Beaucoup d&rsquo;entretiens expriment cette recherche chaotique. Pourtant, le constater pourrait aider &agrave; mettre fin &agrave; la rivalit&eacute; entre quantitatif et qualitatif r&eacute;gnante notamment au sein des sciences humaines et sociales.</p> <p>La recherche a enfin confirm&eacute; l&rsquo;importance d&rsquo;une r&eacute;flexion sur l&rsquo;usage des repr&eacute;sentations mentales comme &eacute;l&eacute;ments de compr&eacute;hension de l&rsquo;activit&eacute; de pr&eacute;vention, leur l&eacute;gitimit&eacute; et leur r&ocirc;le dans une orientation volontaire de celle-l&agrave;. Une remise en cause de ces repr&eacute;sentations, leur remplacement (possible ?) tend &agrave; imposer des orientations rationnelles de l&rsquo;activit&eacute; de pr&eacute;vention des risques. Pourtant, les id&eacute;es re&ccedil;ues et les dangers objectiv&eacute;s n&rsquo;entretiennent gu&egrave;re de rapports de causalit&eacute;. Ils alimentent des lectures du monde, et, si leur rapprochement inspire de nouvelles mani&egrave;res de faire, leur reconnaissance scelle l&rsquo;impossibilit&eacute; de r&eacute;duire la pr&eacute;vention &agrave; une intention instrumentale nourrie des seules sciences (Sciences et humaines et sociales comprises). Des connaissances objectiv&eacute;es des dangers mena&ccedil;ant la sant&eacute; humaine, les repr&eacute;sentations d&rsquo;une <i>doxa</i> admise touchant les risques identifi&eacute;s par ces connaissances, ne peuvent m&eacute;caniquement &ecirc;tre d&eacute;duites des repr&eacute;sentations particuli&egrave;res puis des activit&eacute;s de pr&eacute;vention sur lesquelles agir et dont les entretiens ont t&eacute;moign&eacute; de l&rsquo;existence active.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Discussion&nbsp;</h2> <p>Nos r&eacute;sultats rejoignent en partie ceux mis en &eacute;vidence dans la litt&eacute;rature ciblant la question de l&rsquo;implantation du moustique tigre sur le littoral m&eacute;diterran&eacute;en. Dans le sud, l&rsquo;expansion du moustique tigre n&rsquo;a pu &ecirc;tre arr&ecirc;t&eacute;e par les m&eacute;thodes de LAV et le moustique a gagn&eacute; progressivement le nord de l&rsquo;hexagone et notamment la fa&ccedil;ade atlantique (Calba et al, 2018, Claeys et Mieulet, 2013).</p> <p>La plupart des travaux de recherches en France ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;s sur des zones du littoral m&eacute;diterran&eacute;en (Corse comprise) o&ugrave; le moustique tigre <i>Aedes albopictus</i> &eacute;tait d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sent depuis plusieurs ann&eacute;es et parfois en densit&eacute; importante (Bley et al., 2017&nbsp;; Raude et al., 2012&nbsp;; Cardoso et al., 2016&nbsp;; Le Tyrant et al., 2015, 2019).</p> <p>En termes de connaissance et de perceptions du risque, nos r&eacute;sultats vont dans le m&ecirc;me sens que ce que l&rsquo;on retrouve dans la litt&eacute;rature (Raude et al., 2012 ; Molho et al., 2018).</p> <p>Une enqu&ecirc;te conduite aupr&egrave;s des g&eacute;n&eacute;ralistes dans les Bouches du Rh&ocirc;ne (Attan&eacute; et al., 2010) avait montr&eacute; que les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes ne se diff&eacute;renciaient pas de la population g&eacute;n&eacute;rale dans leur perception du risque sanitaire li&eacute; &agrave; l&rsquo;environnement. C&rsquo;est &eacute;galement le cas en Vend&eacute;e o&ugrave; les professionnels de sant&eacute; ne se distinguent pas de la population g&eacute;n&eacute;rale en termes de connaissance des modes et habitudes de vie du moustique tigre, ni des modalit&eacute;s de transmission des maladies qu&rsquo;il est susceptible de transmettre. En effet, 20 % seulement des m&eacute;decins ont connaissance de la n&eacute;cessit&eacute; des deux conditions (pr&eacute;sence locale du moustique tigre &laquo;&nbsp;et&nbsp;&raquo; d&rsquo;une personne porteuse du virus ayant contract&eacute; la maladie au cours d&rsquo;un voyage en zone end&eacute;mique) pour initier une cha&icirc;ne de transmission et, &eacute;ventuellement, une &eacute;pid&eacute;mie.</p> <p>En population g&eacute;n&eacute;rale, comme chez les professionnels de sant&eacute;, les r&eacute;sultats r&eacute;v&egrave;lent une connaissance de la pr&eacute;sence du moustique tigre en Vend&eacute;e malgr&eacute; son caract&egrave;re &eacute;mergent, ainsi qu&rsquo;une perception du risque vectoriel pour la majorit&eacute; des participants. Dans la population g&eacute;n&eacute;rale, la perception du risque pour soi et ses proches face &agrave; la transmission de maladies par <i>Aedes albopictus</i> est moyenne, ainsi que la probabilit&eacute; per&ccedil;ue de d&eacute;velopper une maladie associ&eacute;e au moustique tigre en Vend&eacute;e. Concernant la vuln&eacute;rabilit&eacute; per&ccedil;ue, Daniel Bley et al. (2017) avaient d&eacute;j&agrave; montr&eacute; qu&rsquo;en 2012, dans le sud de la France, les individus se sentaient peu vuln&eacute;rables face &agrave; l&rsquo;<i>Aedes albopictus</i> mais que ce niveau de vuln&eacute;rabilit&eacute; semblait avoir augment&eacute; entre 2014 et 2015, en lien avec l&rsquo;augmentation de la nuisance per&ccedil;ue. Par ailleurs, nos r&eacute;sultats montrent que la gravit&eacute; per&ccedil;ue des maladies vectorielles associ&eacute;es &agrave; <i>Aedes albopictus</i> est importante pour la population comme pour les pharmaciens, ce point rejoignant les r&eacute;sultats d&rsquo;&eacute;tudes men&eacute;es en population g&eacute;n&eacute;rale dans des aires g&eacute;ographiques o&ugrave; le moustique tigre est implant&eacute;, mais non &eacute;pid&eacute;miques, depuis de nombreuses ann&eacute;es (Molho et al., 2018 ;&nbsp; Raude et al., 2012).</p> <p>Concernant les pratiques de protection de la population, on retrouve le lien d&eacute;j&agrave; identifi&eacute; dans la litt&eacute;rature (Raude et al., 2012) entre perception d&rsquo;exposition, fr&eacute;quence des piq&ucirc;res et pratiques de protection, le niveau de protection augmentant avec le sentiment d&rsquo;exposition et la fr&eacute;quence des piqures<i>. </i>Pour la mesure des pratiques de protection, nous avons choisi, de fa&ccedil;on originale, de les interroger sur la base d&rsquo;une question ouverte afin de limiter les biais g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par la question ferm&eacute;e qui impose des choix aux participants&nbsp;; ces r&eacute;sultats restent n&eacute;anmoins auto-rapport&eacute;s. Ils montrent que la majorit&eacute; de la population n&rsquo;utilise pas les m&eacute;thodes pr&eacute;conis&eacute;es, leur pr&eacute;f&eacute;rant les protections chimiques seules ou associ&eacute;es &agrave; d&rsquo;autres types de protection. Molho et al.&nbsp;(2018) ont identifi&eacute; les m&ecirc;mes r&eacute;sultats dans le cadre du Barom&egrave;tre Sant&eacute; 2016 en France hexagonale. Nos r&eacute;sultats montrent &eacute;galement de fa&ccedil;on originale qu&rsquo;une part non n&eacute;gligeable de la population pr&eacute;f&egrave;re se tourner vers une protection consid&eacute;r&eacute;e comme &laquo;&nbsp;naturelle&nbsp;&raquo; (huiles essentielles, citronnelle &hellip;). En ce sens, le choix m&eacute;thodologique d&rsquo;une approche qualitative monographique a &eacute;galement confirm&eacute; l&rsquo;importance d&rsquo;une r&eacute;flexion sur l&rsquo;usage des repr&eacute;sentations mentales comme &eacute;l&eacute;ments de compr&eacute;hension de l&rsquo;activit&eacute; de pr&eacute;vention, leur l&eacute;gitimit&eacute; et leur r&ocirc;le dans une orientation volontaire de celle-l&agrave;.</p> <p>En mati&egrave;re d&rsquo;organisation du syst&egrave;me sanitaire, nos r&eacute;sultats font ressortir la faible communicabilit&eacute; entre les diff&eacute;rents acteurs de la LAV sur les territoires (ARS, op&eacute;rateurs de d&eacute;moustication), les collectivit&eacute;s, pr&eacute;fecture, les professionnels de sant&eacute;. Ils permettent &eacute;galement d&rsquo;identifier l&rsquo;absence d&rsquo;implication et d&rsquo;information des pharmaciens d&rsquo;officine et des param&eacute;dicaux dans le processus de LAV pilot&eacute; par les ARS depuis 2019.</p> <p>Concernant le rapport &agrave; la nature et &agrave; l&rsquo;environnement nos travaux mettent en &eacute;vidence un lien int&eacute;ressant avec les pratiques de protection et de LAV utilisant des produits chimiques (r&eacute;pulsifs, biocides) et ce, tant pour la population g&eacute;n&eacute;rale que pour les professionnels de sant&eacute;. Ce rapport &agrave; la nature s&rsquo;actualise diff&eacute;remment en fonction des groupes et confirme des r&eacute;sultats obtenus sur le littoral m&eacute;diterran&eacute;en (Vernazza-Licht et al., 2012, 2013). Dans le discours des pharmaciens, on a pu noter par exemple un flou autour de la toxicit&eacute; des produits r&eacute;pulsifs vendus. Ils mettent en avant l&rsquo;autorisation de mise sur le march&eacute; des produits pour &eacute;noncer les protections d&rsquo;usage aux usagers, m&ecirc;me quand ils &eacute;mettent, lors des entretiens, des r&eacute;serves sur la toxicit&eacute; potentielle du produit.</p> <p>En population g&eacute;n&eacute;rale, les entretiens men&eacute;s dans le cadre de la monographie mettent en lumi&egrave;re les raisons de la permanence des rapports entre les &ecirc;tres vivants, ici les individus, <i>Aedes albopictus</i> (r&eacute;el ou pens&eacute;) et l&rsquo;environnement. L&rsquo;&eacute;tude quantitative a permis de montrer en outre que les participants qui mettent en avant des attitudes pro-environnementales se sentent moins vuln&eacute;rables face aux maladies transmises par le moustique tigre, et ont plus tendance &agrave; minimiser le risque et qu&rsquo;on rel&egrave;ve une attitude plus &eacute;cocentr&eacute;e chez les personnes qui ne se prot&egrave;gent pas.</p> <p>En termes de jeux d&rsquo;acteurs, nos travaux aupr&egrave;s des professionnels de sant&eacute; montrent une faible, voire une absence, d&rsquo;interconnaissance entre les acteurs de l&rsquo;environnement et du sanitaire. On identifie en effet une faible capacit&eacute; de diffusion de l&rsquo;information pertinente, sur les personnes susceptibles de recevoir cette information et une faible ad&eacute;quation avec le niveau d&rsquo;information de la population, tout ceci associ&eacute; &agrave; des changements r&eacute;glementaires qui imposent et limitent l&rsquo;action (les pharmaciens et les param&eacute;dicaux sont par exemple exclus du dispositif). Ce constat nous am&egrave;ne &agrave; nous interroger sur la r&eacute;partition des r&ocirc;les&nbsp;: la distinction existant actuellement entre les acteurs charg&eacute;s de la gestion de la nuisance environnementale et les acteurs en charge de la pr&eacute;vention et la gestion du risque sanitaire est-elle pertinente pour une gestion optimale du risque li&eacute; &agrave; la pr&eacute;sence croissante de l&rsquo;<i>aedes albopictus</i> dans la r&eacute;gion et de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale sur l&rsquo;hexagone&nbsp;?</p> <p>Du c&ocirc;t&eacute; de la population, nos r&eacute;sultats renouvellent l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la prise en compte des perceptions et repr&eacute;sentations dans le cadre de la mise en place des politiques publiques de sant&eacute;. Les comportements de protection sont en effet tr&egrave;s d&eacute;pendants de la repr&eacute;sentation du risque et de la mani&egrave;re dont l&rsquo;individu envisage ses propres capacit&eacute;s &agrave; se prot&eacute;ger ou &agrave; pr&eacute;venir le risque.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Propos conclusif</h2> <p>Nous avons mis en &eacute;vidence que sur ces deux d&eacute;partements o&ugrave; <i>Aedes</i><i> albopictus</i> est encore peu pr&eacute;sent, les connaissances et les pratiques de pr&eacute;vention s&rsquo;inscrivent dans une dynamique territoriale <i>infra</i> d&eacute;partementale.</p> <p>Dans les socio-&eacute;cosyst&egrave;mes (marais et mar&eacute;es) o&ugrave; les populations sont expos&eacute;es &agrave; la nuisance culicidienne, celles-ci font &eacute;tat d&rsquo;une g&ecirc;ne plus importante, confirm&eacute;e par le discours des pharmaciens qui adaptent leur offre en produits r&eacute;pulsifs. On retrouve les m&ecirc;mes tendances dans les zones o&ugrave; le moustique tigre est implant&eacute; (Fontenay le Comte, 85). Ailleurs le danger est connu mais le risque n&rsquo;est pas per&ccedil;u, ni par les professionnels de sant&eacute;, ni par la population.</p> <p>Dans les territoires o&ugrave; le moustique tigre est r&eacute;cemment implant&eacute; et encore peu abondant, nous avons mis en &eacute;vidence une faible perception du risque que ce soit chez les professionnels de sant&eacute; qui sont demandeurs de formation sur la question du moustique tigre, qu&rsquo;en population g&eacute;n&eacute;rale.</p> <p>On a aussi relev&eacute; la faiblesse de la prise en compte de la probl&eacute;matique globale environnement/sant&eacute; en particulier pour les intervenants charg&eacute;s de la LAV, entre ceux qui g&egrave;rent l&rsquo;aspect sanitaire et ceux qui g&egrave;rent la nuisance. Les tendances actuelles accentuent le foss&eacute; entre nuisance environnementale et risque sanitaire. La disparition, cons&eacute;cutive au d&eacute;cret de 2019, de l&rsquo;EID Atlantique est embl&eacute;matique de ce foss&eacute;.</p> <p>Par ailleurs, l&rsquo;exp&eacute;rience des territoires du sud littoral ne semble pas avoir &eacute;t&eacute; comprise et adapt&eacute;e aux territoires nouvellement investis par le moustique tigre. Il n&rsquo;y a pas, semble-t-il, d&rsquo;anticipation au niveau des institutions sanitaires (DGS/ARS, Pr&eacute;fecture) et on peut faire le constat qu&rsquo;elles ne pourront emp&ecirc;cher la progression du moustique tigre sur le territoire avec le risque de probl&egrave;mes sanitaires.</p> <p>Dans la poursuite des analyses issues de notre projet de recherche et des travaux qui ont &eacute;t&eacute; conduits sur le plan qualitatif et quantitatif, on peut consid&eacute;rer que plusieurs aspects restent plus largement &agrave; &eacute;tudier. D&rsquo;abord celui de mieux consid&eacute;rer le niveau d&rsquo;&eacute;chelle spatiale dans la caract&eacute;risation du risque et s&rsquo;int&eacute;resser aux modalit&eacute;s permettant de mettre en lien, politiques et acteurs nationaux avec les acteurs locaux qui ont une connaissance du terrain.</p> <p>En mati&egrave;re de communication, une r&eacute;flexion devrait &ecirc;tre engag&eacute;e sur les messages &eacute;crits et visuels utilis&eacute;s dans la lutte anti vectorielle &agrave; destination des populations et notamment sur &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un message sanitaire&nbsp;? &laquo;&nbsp;Quels sont les producteurs, les destinataires, les r&eacute;seaux d&rsquo;information et de transmission&nbsp;?&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Quels impacts et quels retours sur les incompr&eacute;hensions et interrogations&nbsp;?&nbsp;&raquo; &hellip;</p> <p>Enfin, il nous semble n&eacute;cessaire de diff&eacute;rencier, au plan th&eacute;orique et op&eacute;rationnel, le risque vectoriel de la nuisance et le risque vectoriel li&eacute; au moustique tigre des autres risques vectoriels ou sanitaires li&eacute;s &agrave; l&rsquo;environnement.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>Attan&eacute;, A., Bouchayer, F., Matte&iuml;, J.C., Langewiescge, K., Gruenais M.E. (2010). Attitudes et connaissances des m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes face aux risques environmentaux. In Vernazza-Licht N., Gruenais, M.E., Bley D. (dir.), <i>Soci&eacute;t&eacute;s, environnements, sant&eacute;. </i>Montpellier : IRD Editions, 147-170.</p> <p>Blanc, G., Demeulenaere, E., Feuerhahn, W., (2017). <i>Humanit&eacute;s environnementales. Enqu&ecirc;tes et contre-enqu&ecirc;tes</i>. Paris : Editions de la Sorbonne.</p> <p>Bley, D., Pecaud, D., Raude, J., Cardoso, E., Rougeyron, F. et al. (2017). <i>Repr&eacute;sentation des dangers et d&eacute;finition des risques sanitaires dus &agrave; l&rsquo;installation d&rsquo;Aedes Albopictus dans les territoires m&eacute;tropolitains</i> <em>: rapport de fin de contrat du programme RDT</em>. [Rapport de recherche] MEDDE, 89 p. (hal-01987065).</p> <p>Calba, C., Franke, F., Chaud, C., Decoppet, A., Pigaglio, L., Auzer-Caillaud, M., No&euml;l, H. (2018). Circulation autochtone de chikungunya dans deux communes du Var, Ao&ucirc;t-septembre 2017. <i>Bulletin &Eacute;pid&eacute;miologique Hebdomadaire, </i>(24), 504-509.</p> <p>Cardoso, E., Bley, D., Vernazza-Licht, N., Raude, J. (2016). Analyse compar&eacute;e des discours sur les risques sanitaires li&eacute;s &agrave; l&rsquo;implantation d&rsquo;<em>A&egrave;des albopictus</em> dans deux zones du littoral m&eacute;diterran&eacute;en (conurbation azur&eacute;enne et m&eacute;tropole marseillaise). In Robert S. et Melin H. (dir.), <i>Habiter le littoral, enjeux contemporains</i>. Marseille : PUP-PUAM Editions, 327-342.&nbsp;(hal-01294450).</p> <p>Chon&eacute;, A., Hajek, I., Hamman, Ph. (2018). <i>Guide des humanit&eacute;s environnementales</i>. Villeneuve-d&#39;Ascq : Presse universitaires du Septentrion.</p> <p>Claeys, C., &amp; Mieulet, E. (2013). The spread of asian tiger mosquitoes and related health risks along the french riviera : an analysis of reactions and concerns amongst the local population. <i>International review of social research, 3</i>(2), 151-173. doi : 10.1515/irsr-2013-0018</p> <p>EID M&eacute;diterran&eacute;e (2019). Surveillance du moustique <i>Aedes albopictus</i> en France m&eacute;tropolitaine. Bilan 2019. https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/bilan_surv_albopictus_2019.pdf</p> <p>Le Tyrant, M., Vernazza-Licht, N., Bley, D. (2015). &laquo; On s&rsquo;y attendait ! &hellip; &raquo;. Analyse anthropologique des mesures sanitaires engag&eacute;es face &agrave; l&rsquo;expansion du moustique &laquo; Tigre &raquo; en r&eacute;gion PACA-Corse.&nbsp;<i>DEMESURE</i>, Association fran&ccedil;aise d&rsquo;ethnologie et d&rsquo;anthropologie, Juin 2015, Toulouse, France.&nbsp;<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01985385" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank">&lang;hal-01985385&rang;</a></p> <p>Le Tyrant, M., Bley, D., Leport, Alfandari, Gu&eacute;gan, J.F. (2019). Low to medium-low risk perception for dengue, chikungunya and Zika outbreaks by infectious diseases physicians in France, Western Europe.&nbsp;<i>BMC Public Health</i>, BioMed Central, 19 (1), 1014.&nbsp;<a href="https://dx.doi.org/10.1186/s12889-019-7317-9" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank">&lang;10.1186/s12889-019-7317-9&rang;</a>.&nbsp;<a href="https://www.hal.inserm.fr/inserm-02299184" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank">&lang;inserm-02299184&rang;</a></p> <p>Lewin, K. (1997).&nbsp;<i>R&eacute;soudre les conflits sociaux : th&eacute;orie des champs en sciences sociales</i>.&nbsp;Washington, DC : American Psychological Association.</p> <p>Minist&egrave;re de la sant&eacute; et de la pr&eacute;vention. (2023). Cartes de pr&eacute;sence du moustique tigre (<i>Aedes albopictus</i>) en France m&eacute;tropolitaine. <a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine" style="color:blue; text-decoration:underline">https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine</a></p> <p>Minist&egrave;re de la sant&eacute; et de la pr&eacute;vention. (2023). Site de signalement du moustique tigre. https://signalement-moustique.anses.fr/signalement_albopictus/</p> <p>Mieulet, E., &amp; Claeys, C. (2016). (In)acceptabilit&eacute;s environnementales et/ou sanitaires : dilemmes autour de la d&eacute;moustication du littoral m&eacute;diterran&eacute;en fran&ccedil;ais. <em>VertigO</em>, 16(1). doi : 10.4000/vertigo.16940</p> <p>Molho, S., Gautier, A., Paty, M. C. &amp; Jestin, C. (2018). Repr&eacute;sentations et comportements de pr&eacute;vention des arboviroses en France m&eacute;tropolitaine : Barom&egrave;tre sant&eacute; 2016. <i>Bulletin &Eacute;pid&eacute;miologique Hebdomadaire, </i>(24), 510-517.</p> <p>P&eacute;caud, D. (1991), Moustiques et territoire. Quand <em>&AElig;descaspius, &AElig;desdetritus </em>et d&#39;autres s&#39;invitent en presqu&#39;&icirc;le gu&eacute;randaise. <i>Espaces et soci&eacute;t&eacute;s</i>, 3, n&deg;146, 105-121.</p> <p>Raude, J., Chinfatt, K. Huang, P., Betansedi, C. O., Katumba, K., Vernazza-Licht, N., &amp; Bley, D. (2012). Public perceptions and behaviours related to the risk of infection with <i>Aedes</i> mosquito-borne diseases : a cross-sectional study in Southeastern France. <i>BMJ Open, 2</i>(6 ). doi:10.1136/bmjopen-2012-002094</p> <p>Ratinaud, P., D&eacute;jean, S. (2009). <i>IRaMuteQ: impl&eacute;mentation de la m&eacute;thode ALCESTE d&rsquo;analyse du texte dans un logiciel libre, Mod&eacute;lisation Appliqu&eacute;e aux Sciences Humaines et Sociales</i>. Toulouse : Editions Le Mirail.</p> <p>Simard, F., Ferraudi&egrave;re, L., Yebakima, A., (2017). Alerte aux moustiques. Montpellier : IRD Editions.</p> <p>Vernazza-Licht N., Bley D., Raude J., (2012). &laquo;&nbsp;Comment les professionnels de sant&eacute; confront&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence de nouvelles arboviroses g&egrave;rent l&rsquo;interface sant&eacute;/environnement&nbsp;&raquo;. <i>LIENS 2012 - Les Interfaces : Enjeux de Natures, de Sciences et de Soci&eacute;t&eacute;s</i>, May 2012, Aix-en-Provence.&nbsp;<a href="https://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20120302006" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank">&lang;10.1051/shsconf/20120302006&rang;</a>.&nbsp;<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01292899" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank">&lang;hal-01292899&rang;</a></p> <p>Vernazza-Licht N. (2013). De la nuisance au risque sanitaire, quel r&ocirc;le pour les professionnels de sant&eacute; dans la prise en charge des maladies transmissibles vectorielles.&nbsp; <i>Journ&eacute;e &eacute;tude du CNEV Sciences humaines et sociales et lutte antivectorielle</i>, CNEV ; Institut Pasteur, Juin 2013, Paris.&nbsp;<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01294410" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank">&lang;hal-01294410&rang;</a></p> <p>World Health Organization (2023). <a href="https://www.who.int/health-topics/one-health#tab=tab_1" style="color:blue; text-decoration:underline">One health (who.int)</a></p>