<h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Introduction </span></span></span></span></span></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Depuis les ann&eacute;es 1980, l&rsquo;activit&eacute; de nomination int&eacute;resse une recherche &agrave; la crois&eacute;e de la s&eacute;mantique et de l&rsquo;analyse du discours, avec notamment les travaux de Kleiber (1981, 1983, 2001, 2003) et Siblot (2001), ou plus r&eacute;cemment de (Frath, 2015).&nbsp; Cette contribution se propose de d&eacute;crire une activit&eacute; de nomination d&rsquo;un r&eacute;f&eacute;rent atypique par l&rsquo;exp&eacute;rience qu&rsquo;il a constitu&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;le camp de Rivesaltes&nbsp;&raquo;, camp d&rsquo;internement construit dans les ann&eacute;es 1930 pr&egrave;s de Perpignan. Comment les t&eacute;moins, intern&eacute;s dans les ann&eacute;es 1939 &agrave; 1941 et interrog&eacute;s dans les ann&eacute;es 2008 &agrave; 2014, parlent-ils du camp de Rivesaltes ? Le nomment-ils de la m&ecirc;me fa&ccedil;on ? Nous tenterons de mettre en lumi&egrave;re l&rsquo;atypicit&eacute; qui s&rsquo;est cristallis&eacute;e dans la nomination de ce r&eacute;f&eacute;rent, en explorant le corpus des t&eacute;moignages de Rivesaltes<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[1]</span></span></span></span></span></a>. On montrera que c&rsquo;est l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue, l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;internement, qui est hors-norme dans notre cas et non le discours lui-m&ecirc;me. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Apr&egrave;s avoir d&eacute;fini la notion de nomination en analyse du discours (i), on rel&egrave;vera les diff&eacute;rentes nominations du camp de Rivesaltes dans les t&eacute;moignages en distinguant nominations communes et nominations divergentes (ii).</span></span></span></p> <ol> <li style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">D&eacute;finition de la nomination </span></span></span></span></span></span></span></span></li> </ol> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La nomination est un proc&eacute;d&eacute; discursif tr&egrave;s observ&eacute; par les analystes du discours, notamment &agrave; travers les travaux pionniers de Paul Siblot qui consid&egrave;re que la nomination permet au locuteur de se positionner par rapport &agrave; l&rsquo;objet nommer&nbsp;&laquo;&nbsp;en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elle cat&eacute;gorise l&rsquo;objet nomm&eacute;, positionne l&rsquo;instance nommante &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de ce dernier&nbsp;&raquo; (1997&nbsp;: 42), c&rsquo;est-&agrave;-dire que la nomination peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme un marquage identitaire. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Produire un discours n&eacute;cessite une s&eacute;lection de mots qui correspondent au contexte et au message que le locuteur souhaite transmettre &agrave; son interlocuteur. Autrement dit, pour nommer, il faut puiser dans son r&eacute;pertoire lexical dans le but de cat&eacute;goriser un objet du monde. Nommer un r&eacute;f&eacute;rent peut ainsi se faire par s&eacute;lection ou par invention d&rsquo;un nouveau signe (Siblot, Steuckardt, 2017, 304-308). La premi&egrave;re op&eacute;ration sous-tend l&rsquo;existence d&rsquo;une cat&eacute;gorie socialement approuv&eacute;e, la seconde consiste &agrave; l&rsquo;invention d&rsquo;une nouvelle cat&eacute;gorie. Cette derni&egrave;re cat&eacute;gorie consiste soit &agrave; engendrer de nouveaux signifiants, soit &agrave; attribuer un nouveau signifi&eacute; &agrave; un r&eacute;f&eacute;rent qui existe d&eacute;j&agrave;. Par exemple, le mot <i>pied</i> signifie &agrave; l&rsquo;origine&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Partie&nbsp;inf&eacute;rieure&nbsp;articul&eacute;e &agrave;&nbsp;l&#39;extr&eacute;mit&eacute;&nbsp;de&nbsp;la jambe, pouvant reposer &agrave; plat sur le sol et&nbsp;permettant&nbsp;la&nbsp;station&nbsp;verticale et la marche&nbsp;&raquo; (<i>Le Petit Robert</i>, 2021). Par la suite, un autre signifi&eacute; s&rsquo;est ajout&eacute; &laquo;&nbsp;Unit&eacute; de mesure&nbsp;&raquo;, attest&eacute; depuis le XI<sup>e</sup> si&egrave;cle selon le <i>Petit Robert</i>, et un autre vers le milieu du XII<sup>e</sup> &laquo;&nbsp;Base, support&nbsp;&raquo;, attest&eacute; depuis le XII<sup>e</sup> si&egrave;cle. Le locuteur peut aussi inventer unnouveau signifiant, comme c&rsquo;est le cas pour le mot <i>covidiot </i>cr&eacute;&eacute; pendant la crise sanitaire, et qui a int&eacute;gr&eacute; l&rsquo;<i>Urban Dictionary<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[2]</span></span></span></b></span></span></a>. </i>Employ&eacute; pour d&eacute;finir les personnes qui ne respectent pas et qui ignorent le protocole sanitaire, il s&rsquo;est vite r&eacute;pandu sur la toile gr&acirc;ce aux r&eacute;seaux sociaux. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La nomination peut donc &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e non seulement comme une activit&eacute; linguistique, mais aussi comme une activit&eacute; sociale car elle d&eacute;pend d&rsquo;un choix, des repr&eacute;sentations du locuteur, de param&egrave;tres sociaux&nbsp;: la famille, l&rsquo;&acirc;ge, la profession, etc. </span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">1.1 Nommer, c&rsquo;est actualiser et cat&eacute;goriser</span></span></span></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">L&rsquo;actualisation est un processus de contextualisation, car actualiser un mot est une op&eacute;ration linguistique qui permet de &laquo;&nbsp;passer des potentialit&eacute;s de la langue &agrave; la r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;un discours&nbsp;&raquo; (Bres, 2017, p.&nbsp;17) D&eacute;trie, Siblot, Verine, Steuckardt, 2017, p. 16). Autrement dit, on passe du virtuel au r&eacute;el. Actualiser un nom revient &agrave; lui attribuer un marquage grammatical par l&rsquo;emploi des d&eacute;terminants. Par ces marqueurs, le locuteur d&eacute;termine son positionnement vis-&agrave;-vis du r&eacute;f&eacute;rent partant du postulat que chaque d&eacute;terminant a un sens, a une valeur bien significative. Margot Schwarzschild, dans son &eacute;nonc&eacute; &laquo;&nbsp;Oui, vraiment c&#39;&eacute;tait une femme courageuse. Et c&#39;&eacute;tait une femme formidable, jusqu&#39;&agrave; sa fin o&ugrave; elle est morte ici dans cette chambre et qu&#39;on l&#39;a vue, qu&#39;on a fait les adieux avec elle, en 2001&nbsp;&raquo; (Margot, 2007), actualise le nom <i>femme</i> par le d&eacute;terminant ind&eacute;fini <i>une</i>. L&rsquo;actualisation par l&rsquo;ind&eacute;fini appr&eacute;hende le groupe nominal <i>une femme</i> comme un exemplaire ind&eacute;termin&eacute; de la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;des femmes courageuses&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;des femmes formidables&nbsp;&raquo;. Donc, quand un locuteur actualise un nom, il actualise tout un programme de sens. </span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">1.2 Nommer, c&rsquo;est repr&eacute;senter</span></span></span></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Par la nomination, le locuteur marque sa repr&eacute;sentation du r&eacute;f&eacute;rent. Cette repr&eacute;sentation apparait sous forme de jugement qu&rsquo;il soit appr&eacute;ciatif ou d&eacute;pr&eacute;ciatif. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le nom attribu&eacute; au r&eacute;f&eacute;rent d&eacute;pend du v&eacute;cu et de l&rsquo;exp&eacute;rience personnelle du locuteur. Si le r&eacute;f&eacute;rent est nomm&eacute; par exemple par un axiologique d&eacute;pr&eacute;ciatif, cela supposerait que le locuteur aurait eu une mauvaise exp&eacute;rience, et c&rsquo;est cette exp&eacute;rience qui aurait construit sa repr&eacute;sentation. Dans les t&eacute;moignages de Rivesaltes, le camp fait l&rsquo;objet de plusieurs repr&eacute;sentations li&eacute;es intrins&egrave;quement au v&eacute;cu concentrationnaire des intern&eacute;s. En ce qui concerne l&rsquo;espace, certains, comme Norbert, consid&egrave;rent le camp comme un endroit &laquo;&nbsp;o&ugrave; on avait peur&nbsp;&raquo; (Norbert, 2008). Cette repr&eacute;sentation de l&rsquo;espace se rapporte &agrave; son v&eacute;cu de jeune enfant intern&eacute; qui avait peur des deux gardiens qui passaient la nuit &agrave; inspecter les &icirc;lots avec leur cravache. Son souvenir des gardiens en train de cravacher les intern&eacute;s, aussi incertain soit-il &laquo;&nbsp;je crois qu&#39;il frappait les gens&nbsp;&raquo;, a fait na&icirc;tre en lui cette peur. Ce ressenti et cette appr&eacute;hension ont forg&eacute; sa vision de l&rsquo;espace concentrationnaire qui devient, par le v&eacute;cu, un espace hostile o&ugrave; la peur r&egrave;gne.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">Je me rappelle &eacute;galement que dans l&#39;&icirc;lot, il y avait un homme et une femme qui &eacute;taient gardiens, c&#39;&eacute;tait des Fran&ccedil;ais. C&#39;&eacute;tait des Fran&ccedil;ais. Elle, je la vois toujours elle &eacute;tait &eacute;lanc&eacute;e, svelte, blonde et lui il &eacute;tait plut&ocirc;t petit. Ils se promenaient toujours ensemble et les gens disaient qu&#39;ils &eacute;taient fr&egrave;re et s&oelig;ur, mais ne se ressemblaient pas. Et euh, mais lui il avait un &hellip;, je ne sais pas comment on dit en fran&ccedil;ais, un kn&uuml;ppel ? Une cravache. Une cravache dans la main, <a name="_Hlk99468603">je crois qu&#39;il frappait les gens</a>. Et, euh, et, et eux, ils surveillaient. Et elle &eacute;tait toujours v&ecirc;tue d&#39;une, d&#39;une sorte de, comme une infirmi&egrave;re, d&#39;une sorte de manteau blanc. Et ce dont je me rappelle encore c&#39;est de, ce sont des, des, des impressions d&#39;enfants, ce sont, c&#39;&eacute;tait ses sandales, c&#39;&eacute;tait des sandales que je n&#39;avais pas vu avant alors &ccedil;a m&#39;est rest&eacute; dans la m&eacute;moire alors mais ils, ils, ils, marchent, ils marchaient dans l&#39;&icirc;lot toujours ensemble et ce dont je me rappelle aussi c&#39;est que le soir, la nuit quand on &eacute;tait couch&eacute;, oui, ils venaient inspecter qu&#39;on &eacute;tait tous l&agrave;. Mais elle &eacute;tait garde ou elle &eacute;tait infirmi&egrave;re ? Elle &eacute;tait probablement garde &eacute;galement oui. Vous aviez peur d&#39;eux ? Oui, c&#39;&eacute;tait un camp o&ugrave; on avait peur. Et il &eacute;tait possible &hellip; voil&agrave; (Norbert, 2008)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; de Josefa &laquo;&nbsp;Je me faisais une illusion &agrave; Rivesaltes, que j&#39;allais sortir de ce camp, de cette mis&egrave;re parce que c&#39;&eacute;tait une mis&egrave;re &eacute;pouvantable ! (Josefa, 2008), on retrouve le m&ecirc;me processus de repr&eacute;sentation de l&rsquo;espace li&eacute; au v&eacute;cu de l&rsquo;intern&eacute;. Cependant,&nbsp;l&rsquo;espace concentrationnaire n&rsquo;est plus un espace qui favorise la crainte des intern&eacute;s mais un espace de &laquo;&nbsp;mis&egrave;re &eacute;pouvantable&nbsp;&raquo;. Le substantif f&eacute;minin <i>mis&egrave;re</i> renforc&eacute; par le superlatif intensif <i>&eacute;pouvantable</i>, attribuent &agrave; l&rsquo;espace un caract&egrave;re p&eacute;joratif. La repr&eacute;sentation de Josefa est nourrie par la faim et la soif &eacute;prouv&eacute;es au camp de Rivesaltes et &agrave; la tristesse engendr&eacute;e par le sentiment d&rsquo;abandon. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Ces passages montrent que la nomination de l&rsquo;objet est une sorte d&rsquo;&eacute;tiquette qui d&eacute;pend &eacute;troitement du statut et du v&eacute;cu du locuteur. Dans notre travail, nous chercherons &agrave; identifier les diff&eacute;rentes repr&eacute;sentations que les locuteurs portent sur le camp de Rivesaltes.</span></span></span></p> <ol start="2"> <li style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Rep&eacute;rage des &eacute;nonc&eacute;s et des concordances </span></span></span></span></span></span></span></span></li> </ol> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans le cadre de cet article, on travaillera non seulement sur des &eacute;nonc&eacute;s comportant le groupe nominal <i>camp de Rivesaltes</i> dont le nombre atteint les 146 occurrences<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[3]</span></span></span></span></span></a>, mais aussi sur tous les &eacute;nonc&eacute;s faisant r&eacute;f&eacute;rence au camp de Rivesaltes sans que soit employ&eacute; le groupe nominal <i>camp de Rivesaltes</i>. Nous avons relev&eacute; 21 &eacute;nonc&eacute;s de ce type. C&rsquo;est le contexte et souvent la pr&eacute;sence du nom <i>Rivesaltes</i> dans le cotexte qui nous ont permis de les rep&eacute;rer, comme par exemple dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; de Margot &laquo;&nbsp;Je sais que tout &agrave; coup on a fait nos bagages et qu&#39;on nous a dit qu&#39;on allait &agrave; Rivesaltes, que c&#39;&eacute;tait un camp de famille&nbsp;&raquo; (Margot, 2007).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La requ&ecirc;te a fait ressortir plusieurs fonctions endoss&eacute;es par le groupe nominal. Nous avons identifi&eacute; six fonctions<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[4]</span></span></span></span></span></a>, mais la plus fr&eacute;quente est celle de compl&eacute;ment circonstanciel de lieu avec un pourcentages de 36 %, comme dans cet &eacute;nonc&eacute; de Margot&nbsp;: &laquo;&nbsp;Et nous, comme enfants, nous n&#39;&eacute;tions pas encore baptis&eacute;s ; c&#39;est seulement apr&egrave;s, dans un camp, dans le camp de Rivesaltes que nous avons &eacute;t&eacute; baptis&eacute;es par un cur&eacute; catholique &raquo; (Margot, 2007). Le camp se d&eacute;crit par sa spatialit&eacute; et par sa particularit&eacute; &agrave; permettre de baptiser les enfants intern&eacute;s. Notre analyse repose sur cette fonction.</span></span></span></p> <ol start="3"> <li style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Les diff&eacute;rentes nominations </span></span></span></span></span></span></span></span></li> </ol> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Quand il s&rsquo;agit de parler du camp de Rivesaltes, les locuteurs lui attribuent soit des nominations/des &eacute;tiquettes communes, soit des nominations distinctes. Cela nous renseigne sur le rapport que ces derniers entretiennent avec l&rsquo;espace concentrationnaire (d&rsquo;internement). Ce rapport varie d&rsquo;un groupe de locuteurs &agrave; un autre.</span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal">3.1 Les repr&eacute;sentations communes</span></span></span></span></span></span></h2> <ul> <li style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">Un lieu de c&eacute;l&eacute;brations religieuses</span></span></span></b></span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le camp de Rivesaltes est dit par les t&eacute;moins comme un espace o&ugrave; la pratique religieuse &eacute;tait permise.&nbsp; En effet, au camp, les c&eacute;l&eacute;brations religieuses &eacute;taient tr&egrave;s pr&eacute;sentes, ainsi le pr&eacute;cise Boitel&nbsp;: &laquo; L&rsquo;activit&eacute; religieuse au sein du camp est assez vivace et cela est valable pour chaque confession&nbsp;&raquo; (2001&nbsp;: 160). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans les t&eacute;moignages ci-dessous, les locuteurs par le verbe <i>baptiser</i> et les groupes nominaux <i>cur&eacute; catholique</i>, <i>une chapelle</i>, <i>le temple</i> forment l&rsquo;isotopie de la religion. Ils sacralisent un espace du camp.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Et nous, comme enfants, nous n&#39;&eacute;tions pas encore baptis&eacute;s ; c&#39;est seulement apr&egrave;s, dans un camp, dans le camp de Rivesaltes que nous avons &eacute;t&eacute; baptis&eacute;es par un cur&eacute; catholique (Margot, 2007)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Il y avait une chapelle, au camp de Rivesaltes, y&#39;avait une chapelle, comme il y a eu le, le temple (Antonio, 2008)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La pr&eacute;sence juive au camp &eacute;tait importante, les f&ecirc;tes comme la Bar Mitzvah &eacute;taient fr&eacute;quentes. L&eacute;on revient sur la c&eacute;l&eacute;bration de cette derni&egrave;re par le biais du verbe <i>r&eacute;unir</i> et du substantif <i>cadeau</i>. Ainsi, par &laquo;&nbsp;on a fait la Bar Mitzvah&nbsp;&raquo;, le locuteur entend f&ecirc;ter ou c&eacute;l&eacute;brer, car ces pratiques rel&egrave;vent des festivit&eacute;s juives.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">c. [&hellip;] on a fait la Bar Mitzvah &agrave; Rivesaltes. Et du monde y en avait suffisamment pour pouvoir faire la Bar Mitzvah c&#39;est &agrave; dire les hommes, on a donc r&eacute;uni, on a &hellip;, j&#39;ai fait ma Bar Mitzvah au camp de Rivesaltes. Et la seule chose que je n&#39;oublierai jamais c&#39;est mon cadeau de Bar Mitzvah (L&eacute;on, 2009)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">Donc, le camp de Rivesaltes autorisait les c&eacute;l&eacute;brations religieuses qui &eacute;taient tr&egrave;s importantes pour les intern&eacute;s, ce qui expliquerait la permanence de leur(s) souvenir(s).</span></span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu de sortie et d&rsquo;entr&eacute;e</b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans le camp, les entr&eacute;es et les sorties faisaient partie des responsabilit&eacute;s de la structure administrative. Le camp de Rivesaltes recevait, lib&eacute;rait et attribuait des permissions de d&eacute;placements aux intern&eacute;s. Ces permissions &eacute;taient sous la responsabilit&eacute; du chef de camp&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] et attribue &eacute;galement les permissions&nbsp;&raquo; (Boitel, 2001&nbsp;: 52). Dans les t&eacute;moignages, la th&eacute;matique du d&eacute;placement est la plus repr&eacute;sent&eacute;e<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[5]</span></span></span></span></span></a>, elle repr&eacute;sente 25 % des &eacute;nonc&eacute;s. Elle est signifi&eacute;e par des verbes de mouvement, comme dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; d&rsquo;Hilda qui pr&eacute;sente le camp de Rivesaltes, par l&rsquo;emploi du verbe de mouvement <i>sortir</i>, comme un espace duquel on peut sortir <i>librement</i>, alors que Paul appr&eacute;hende l&rsquo;espace par une approche analogique implicite. Le camp de Rivesaltes devient un lieu d&rsquo;&eacute;vasion telle une prison o&ugrave; le prisonnier n&rsquo;a qu&rsquo;un seul souhait&nbsp;: retrouver sa libert&eacute;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Donc votre p&egrave;re est, est venu travailler sur Vierzon ? Oui. Il est sorti du camp de Rivesaltes &hellip; Oui, il est, il est sorti du camp de Rivesaltes et il a &eacute;t&eacute; travailler dans une ferme hein (Julia, 2014)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Alors, euh, je reviens &agrave; mon, mon &eacute;vasion du camp de Rivesaltes. Nous, c&#39;&eacute;tait, c&#39;&eacute;tait pas du tout l&eacute;gal parce que on n&#39;avait pas de famille, personne ne pouvait nous recevoir, y&#39;avait absolument personne, pas de famille (Paul, 2008)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le camp, c&rsquo;est aussi un lieu d&rsquo;entr&eacute;e. Norbert le repr&eacute;sente comme un lieu dans lequel les intern&eacute;s sont plac&eacute;s sans qu&rsquo;ils aient le choix. Il l&rsquo;exprime par le verbe <i>mettre </i>qui suppose un acte de force. Ils se sont retrouv&eacute;s au camp de Rivesaltes sans qu&rsquo;ils ne puissent rien faire. Margot, par la locution adverbiale <i>de nouveau</i>, d&eacute;finie le camp de Rivesaltes comme un lieu o&ugrave; on peut y retourner. On sort, on s&rsquo;&eacute;vade, on y acc&egrave;de et on y retourne.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">c. Alors l&agrave;, encore une fois, je ne sais pas exactement comment nous avons voyag&eacute; &agrave; Rivesaltes, que &ccedil;a ait &eacute;t&eacute; par camion, &ccedil;a a &eacute;t&eacute; par train, mais nous sommes all&eacute;s &agrave; &hellip; nous, nous, on nous a mis dans le camp de Rivesaltes, dans l&#39;&icirc;lot K (Norbert, 2008)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">d. C&rsquo;est pour &ccedil;a qu&#39;on est de nouveau all&eacute; dans ce camp de Rivesaltes et c&#39;est l&agrave; qu&#39;il y a eu ce triage (Margot, 2007)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">L&rsquo;analyse des occurrences a permis de relever que les t&eacute;moins cat&eacute;gorisent le camp de Rivesaltes plus comme un lieu o&ugrave; on arrive qu&rsquo;un lieu d&rsquo;o&ugrave; on part, c&rsquo;est ce qui renvoie &agrave; l&rsquo;id&eacute;ologie concentrationnaire, &agrave; l&rsquo;id&eacute;ologie vichyste dont l&rsquo;objectif &eacute;tait l&rsquo;exclusion de ces &eacute;trangers nomm&eacute;s les &laquo;&nbsp;ind&eacute;sirables&nbsp;&raquo; du reste de la soci&eacute;t&eacute; et non de les lib&eacute;rer, ainsi l&rsquo;affirme Joutard&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais, jamais, un camp n&rsquo;a subsist&eacute; sur une aussi longue dur&eacute;e comme lieu d&rsquo;enfermement de mise &agrave; l&rsquo;&eacute;cart&nbsp;&raquo; (2015&nbsp;: 5). Les femmes privil&eacute;gient les verbes <i>sortir (3)</i>, <i>aller </i>(2), <i>retourner (1)</i>, <i>quitter (1)</i>, <i>arriver (1)</i>, <i>d&eacute;m&eacute;nager (1), interner (1) et ramener (1)</i>, alors que les hommes ont plus tendance &agrave; employer les verbes<i> arriver (4),</i> <i>envoyer (4)</i>, <i>sortir (2), mettre (2)</i>, <i>r&eacute;int&eacute;grer (1)</i>, <i>emmener (1), interner (1), transf&eacute;rer (1), transporte (1) et</i><i> </i><i>venir (1)</i>. Le d&eacute;placement &eacute;tait de mise au camp de Rivesaltes.</span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu o&ugrave; on reste </b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans une douzaine d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s, les t&eacute;moins configurent le camp de Rivesaltes, par le locatif, comme un camp o&ugrave; on reste. Ce locatif se traduit par l&rsquo;emploi du verbe <i>&ecirc;tre</i>. Les locuteurs se situent, se localisent dans l&rsquo;espace concentrationnaire. L&eacute;on le fait en situant les hommes en souffrance au camp de Rivesaltes. Leur souffrance est la cons&eacute;quence d&rsquo;une longue p&eacute;riode d&rsquo;internement. L&rsquo;adverbe temporel <i>longtemps</i> intensifi&eacute; par <i>tr&egrave;s</i> transforment le camp &agrave; un espace difficile &agrave; quitter.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Y a que les hommes que c&#39;&eacute;tait, on sentait que c&#39;&eacute;taient des hommes qui avaient beaucoup souffert et qui, qui &eacute;taient d&eacute;j&agrave; depuis tr&egrave;s longtemps au camp de Rivesaltes (L&eacute;on, 2009)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Rester dans le camp signifie &ecirc;tre enferm&eacute; contre son gr&eacute;, contre sa volont&eacute;. C&rsquo;est pour cette raison que Norbert d&eacute;crit le camp de Rivesaltes par l&rsquo;adjectif <i>atroce</i>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Est-ce que vous avez d&#39;autres souvenirs de Rivesaltes, en g&eacute;n&eacute;ral, d&#39;autres anecdotes ? Non. Seulement ce, ce, ce, ce camp atroce qui &hellip;, o&ugrave; on &eacute;tait enferm&eacute; (Norbert, 2008) </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">M&ecirc;me si les locuteurs reviennent sur la th&eacute;matique du d&eacute;placement, ils n&rsquo;oublient pas pour autant la premi&egrave;re fonction du camp de Rivesaltes&nbsp;: interner et exclure. </span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Un lieu o&ugrave; se d&eacute;roule l&#39;activit&eacute; des t&eacute;moins&nbsp;</span></b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le camp de Rivesaltes &eacute;tait un lieu de travail. On retrouve des travailleurs administratifs et du gardiennage, des travailleurs des &OElig;uvres de Secours et des travailleurs intern&eacute;s. Ces derniers s&rsquo;occupaient de l&rsquo;entretien du camp impos&eacute; par le chef du camp, le d&eacute;clare Boitel&nbsp;: &laquo;&nbsp;La vie quotidienne au camp est th&eacute;oriquement codifi&eacute;e et r&eacute;gl&eacute;e. Chaque intern&eacute; se doit de respecter les horaires et les consignes du chef du camp du lever au coucher &raquo; (2001&nbsp;: 127).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Ici, Hilda et Antonio d&eacute;terminent l&rsquo;activit&eacute; au camp de Rivesaltes par le travail d&rsquo;Andr&eacute;e Salomon, membre de l&rsquo;OSE, mais aussi par le travail du quotidien des intern&eacute;s. L&rsquo;activit&eacute; professionnelle est d&eacute;sign&eacute;e par le verbe <i>travailler</i>. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Andr&eacute;e Salomon. Je sais qu&#39;elle travaillait au camp de Rivesaltes, euh, de la part de l&#39;OSE, et euh, j&#39;ai fait sa connaissance apr&egrave;s la guerre, finalement (Hilda, 2009)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Euh &hellip; lui, il avait &hellip; moi, j&#39;avais onze ans, lui il avait treize ans, il a deux ans de plus que moi, il travaillait &agrave; l&#39;entretien du camp : arracher de l&#39;herbe, parce que le camp de Rivesaltes y&#39;avait pas un arbre, il n&#39;y avait rien, pas une touffe d&#39;herbe. Parce qu&#39;il fallait que &ccedil;a disparaisse dans la journ&eacute;e m&ecirc;me, hein (Antonio, 2008)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les activit&eacute;s dont il s&rsquo;agit sont aussi celles que les &oelig;uvres d&rsquo;enfants ont mis en place pour aider et &eacute;gayer le quotidien de ces derniers, comme Delmas, membre de la CIMADE qui a permis aux enfants de rejoindre des groupes de scoutisme les &laquo;&nbsp;louveteaux&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;&eacute;claireurs&nbsp;&raquo;, ce qui repr&eacute;sente la partie divertissement du camp.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">c. Bon, au camp de Rivesaltes, y&#39;a eu d&#39;autres activit&eacute;s. Par exemple &hellip; &hellip; organis&eacute;es par qui ? Alors, organis&eacute;es par les Eclaireurs de France. Les &eacute;claireurs unionistes, qu&#39;on appelait. Qui &eacute;taient &agrave; ob&eacute;dience protestante. Y&#39;avait un monsieur, qui s&#39;appelait M. Delmas. Qui venait de la r&eacute;gion de Tautavel, par-l&agrave;, de Mont-Agel, et qui &hellip; avait organis&eacute; ce qu&#39;on appelait les louveteaux, les plus jeunes, et puis les &eacute;claireurs. Donc mon fr&egrave;re en faisait partie. Moi, j&#39;avais &eacute;t&eacute; dans les louveteaux, ma s&oelig;ur, plus jeune, et mon fr&egrave;re, ils n&#39;y &eacute;taient pas. Alors, l&agrave;, y&#39;avait un avantage, c&#39;est qu&#39;ils, ils nous aidaient un peu au niveau, euh &hellip; des v&ecirc;tements surtout (Antonio, 2008)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">En bref, le camp est non seulement un espace de travail mais aussi un espace de distraction pour les enfants.</span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu de vie commune&nbsp;: rencontre, accouchement, cuisine, organisation</b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">L&rsquo;espace concentrationnaire parait comme un lieu de vie ordinaire o&ugrave; on peut cuisiner, faire des rencontres ou encore construire de petites anecdotes. Ce passage narratif de Florentino est une anecdote d&rsquo;enfance, car il se rappelle par le verbe de la m&eacute;moire <i>je m&rsquo;en rappelle</i> de lorsqu&rsquo;il allait &agrave; l&rsquo;&eacute;cole du camp. Il justifie la persistance de ce fragment de m&eacute;moire par l&rsquo;aspect amusant de la sc&egrave;ne &laquo;&nbsp;on a bien rigol&eacute;&nbsp;&raquo;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Je vais vous raconter une autre anecdote, l&agrave;, sur le camp de Rivesaltes. Donc, le camp de Rivesaltes, &ccedil;a changeait compl&egrave;tement et en plus, il y avait des classes, il y avait, ils ont fait &hellip; tous les enfants qui &eacute;taient au camp allaient &agrave; l&#39;&eacute;cole. Il y avait des institutrices qui faisaient les &hellip; des Fran&ccedil;aises, hein, qui faisaient les cours. Et un jour, je m&#39;en rappelle, parce que on a bien rigol&eacute;, il y avait une institutrice qui dit : &laquo; Bon, les enfants, on va faire un petit tour dans le camp, on va se promener un peu, pour sortir un peu, pas rester tout le temps &hellip; &raquo;. Et alors, elle les a fait sortir, bien align&eacute;s et puis elle dit : &laquo; Bon, je voudrais bien que vous chantiez. On va se promener, mais que vous chantiez &raquo;. Alors toutes les mamans &eacute;taient au bord de, de la route, l&agrave;-bas, pour voir ces enfants l&agrave;-bas et ils commencent &agrave; chanter, et puis ils ont chant&eacute; une chanson de la guerre d&#39;Espagne (Florentino, 2009)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les anecdotes concernent &eacute;galement les rencontres que les t&eacute;moins ont pu faire lors de leur internement tel est le cas d&rsquo;Ir&egrave;ne qui se souvient de sa rencontre avec les Gitans du camp. Elle se rappelle de l&rsquo;intensit&eacute; de leur beaut&eacute; par l&rsquo;emploi de l&rsquo;adjectif <i>belle</i> et le superlatif <i>magnifique</i>, de la couleur de leurs robes, de leur danse, de leur chant.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. J&#39;ai m&ecirc;me rencontr&eacute; les Gitans au camp de Rivesaltes. Elles &eacute;taient belles ces filles. Elles avaient encore de, des robes de couleur sur elles. Elles &eacute;taient magnifiques et puis elles dansaient, elles chantaient (Ir&egrave;ne, 2013)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Pierre insiste par la r&eacute;p&eacute;tition du groupe nominal <i>les cuisines</i> sur la pr&eacute;sence de ces derni&egrave;res au camp de Rivesaltes. L&rsquo;emploie du pluriel suppose une collectivit&eacute; au sein du camp &laquo;&nbsp;Y&rsquo;avait les cuisines, hein, y&#39;avait les cuisines, au camp de Rivesaltes, hein, y&#39;avait les cuisines&nbsp;&raquo; (Pierre, 2009)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La vie d&rsquo;internement &agrave; Rivesaltes a permis des accouchements, des naissances qui avaient lieu &agrave; la maternit&eacute; d&rsquo;Elne. Employ&eacute; en tant que CCL, Firmo d&eacute;termine le camp comme un espace o&ugrave; les relations &eacute;taient permises, o&ugrave; la vie &eacute;tait permise &laquo;&nbsp;Au camp de Rivesaltes, ce que je, ce que j&#39;entendais c&#39;est que y&#39;avait des femmes qui &eacute;taient enceintes, et on les envoyait &agrave; la maternit&eacute; d&#39;Elne. &Ccedil;a, oui&nbsp;&raquo; (Firmo, 2011)</span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu gard&eacute; </b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les t&eacute;moins parlent du camp de Rivesaltes comme un camp surveill&eacute; ou gard&eacute;. En effet, Le camp de Rivesaltes jouissait d&rsquo;un dispositif de surveillance. Dans ces &eacute;nonc&eacute;s, les locuteurs utilisent des verbes <i>garder</i> et <i>surveiller</i> pour reprendre le cheminement de garde du camp de la Seconde Guerre mondiale, c&rsquo;est ce qu&rsquo;on retrouve dans le passage d&rsquo;Antonio qui affirme que les fonctionnaires de Minist&egrave;re de l&rsquo;Air avaient comme mission de garder le camp &laquo;&nbsp;C&#39;&eacute;tait &hellip; le camp de Rivesaltes &eacute;tait gard&eacute; par des fonctionnaires du Minist&egrave;re de l&#39;Air&nbsp;&raquo; (Antonio, 2008)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Ainsi, le gardien devait maintenir l&rsquo;ordre et le calme dans le camp. Pilar revient sur les rondes et les contr&ocirc;les r&eacute;guliers que faisaient les surveillants. Ce gardien dont il s&rsquo;agit dans son t&eacute;moignage est qualifi&eacute; par le groupe nominal &laquo;&nbsp;un officier fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;. Son r&ocirc;le est soulign&eacute; par le verbe <i>surveiller&nbsp;</i>:<i> </i>&laquo;&nbsp;Donc ils sont retourn&eacute;s au camp de Rivesaltes. Et l&agrave;, un soir, un officier fran&ccedil;ais faisait le tour du camp, il surveillait le camp, et il a vu une poubelle bouger&nbsp;&raquo; (Pilar, 2009)</span></span></span></p> <ul> <li style="margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">Un lieu immense </span></span></span></b></span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Quand l&rsquo;interviewer demande &agrave; la locutrice Margot si le camp &eacute;tait grand, sa r&eacute;ponse &eacute;tait affirmative et imm&eacute;diate. D&rsquo;abord, elle r&eacute;pond en reprenant l&rsquo;adjectif de son interlocuteur <i>grand</i>, puis elle r&eacute;insiste sur l&rsquo;&eacute;tendue de la superficie de l&rsquo;espace par le superlatif <i>tr&egrave;s grand</i>.&nbsp; Dans une derni&egrave;re intervention, par le verbe modalisateur <i>savoir</i> &agrave; la forme n&eacute;gative, elle d&eacute;clare qu&rsquo;elle ne se rappelait pas du nombre de baraques &agrave; cause de la superficie du camp.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Y&#39;avait &hellip; il &eacute;tait grand ce camp ? Le camp &eacute;tait &hellip; Le souvenir que vous avez ? </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Le camp &eacute;tait grand tr&egrave;s grand. Je ne sais pas combien de baraques par c&oelig;ur je ne pourrais pas vous dire combien de baraques (Margot, 2007)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Enfin, quand il s&rsquo;agit de parler de la superficie du camp, les t&eacute;moins ont tendance &agrave; qualifier le camp de Rivesaltes par des adjectifs, comme<i> grand </i>et <i>immense </i>mais aussi par des intensifs<i> tr&egrave;s grand, si grand. </i></span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal">3.2 Les repr&eacute;sentations divergentes </span></span></span></span></span></span></h2> <h3 style="margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal">3.2.1 Dans le discours des femmes</span></span></span></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans cette premi&egrave;re sous-partie, nous recenserons les diff&eacute;rentes cat&eacute;gorisations &eacute;nonc&eacute;es par les locuteurs f&eacute;minins. Nous commencerons par les repr&eacute;sentations pr&eacute;sentent uniquement dans le discours des femmes juives, puis dans le discours des deux groupes (femmes juives et espagnoles). </span></span></span></p> <h4 style="margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">3.2.1.1 Dans le discours des femmes juives</span></span></span></span></span></span></span></h4> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu de s&eacute;paration</b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans les camps d&rsquo;internement y compris dans le camp de Rivesaltes, la s&eacute;paration des familles, des m&egrave;res de leur(s) enfant(s) &eacute;tait une pratique r&eacute;currente. Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, la s&eacute;paration consistait &agrave; s&eacute;parer les hommes des femmes et des enfants dans un &icirc;lot diff&eacute;rent, comme le pr&eacute;cise Boitel&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les femmes, jeunes filles et enfants de moins de 16 ans sont s&eacute;par&eacute;s des hommes (de plus de 16 ans) (2001&nbsp;: 148), mais aussi &agrave; s&eacute;parer les enfants de leur m&egrave;re afin de les sauver de la vie d&rsquo;internement. La s&eacute;paration &eacute;tait tr&egrave;s difficile pour l&rsquo;enfant qu&rsquo;on arrache &agrave; sa m&egrave;re et pour la m&egrave;re qui doit se s&eacute;parer de son enfant afin de lui sauver la vie au risque de ne plus le revoir. Cette op&eacute;ration de sauvetage &eacute;tait sous l&rsquo;autorit&eacute;s des Secours pour enfants comme l&rsquo;OSE&nbsp;: &laquo;&nbsp;N&eacute;anmoins, la t&acirc;che la plus d&eacute;licate pour l&rsquo;OSE est de convaincre les parents de se s&eacute;parer de leurs enfants &raquo; (Boitel, 2001&nbsp;: 124). Les femmes juives parlent de cette s&eacute;paration, comme dans le t&eacute;moignage de Frida. Le camp de Rivesaltes, ayant la fonction du CCL, il est d&eacute;crit comme un lieu de s&eacute;paration entre m&egrave;re et filles &laquo;&nbsp;nous sommes s&eacute;par&eacute;es&nbsp;&raquo;. Le camp devient un endroit o&ugrave; on est oblig&eacute; de supporter le poids de la s&eacute;paration.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">Une m&egrave;re, une m&egrave;re, c&#39;est la principale chose de, de tout enfant. Et apr&egrave;s avoir pass&eacute; de temps tellement difficile pendant, pendant tout le temps jusqu&#39;&agrave; nous, nous sommes s&eacute;par&eacute;es dans, dans le camp de Rivesaltes, alors c&#39;est, c&#39;est incroyable, incroyable. Et jusqu&#39;&agrave;, jusqu&#39;&agrave; maintenant que je suis d&eacute;j&agrave; une vieille femme, quand j&#39;y pense, les, les larmes sont l&agrave; et mais, mais &ccedil;a fait mal d&#39;y penser [Elle a les larmes aux yeux] et de savoir comment est-ce que ma m&egrave;re a support&eacute; de, de, de, d&#39;&eacute;lever, de faire quelque chose avec sa petite fille sous des conditions comme &ccedil;a (Frida, 2012)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Cette repr&eacute;sentation du camp n&rsquo;est pas relevable dans les &eacute;nonc&eacute;s des autres groupes de t&eacute;moins. La s&eacute;paration, ce sentiment douloureux, reste ancrer dans la m&eacute;moire des femmes juives. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu administratif </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le camp de Rivesaltes a un dispositif administratif qui comprend en premier lieu le responsable du camp que les t&eacute;moins nomment ici <i>directeur </i>ou <i>chef du camp</i>. Le chef du camp avait l&rsquo;autorit&eacute; absolue sur l&rsquo;ensemble du camp, comme le souligne Boitel&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le chef de camp est charg&eacute; de commander l&rsquo;ensemble du camp. Il a autorit&eacute; sur les fonctionnaires et employ&eacute;s du camp, en particulier sur le ou les commissaires de police sp&eacute;ciale. Le service de sant&eacute; &eacute;galement (&hellip;)&nbsp;&raquo; (2000&nbsp;: 51). Le camp en tant qu&rsquo;un lieu administratif est pr&eacute;sent dans les &eacute;nonc&eacute;s des femmes juives. Dans l&rsquo;extrait de Hilda, l&rsquo;autorit&eacute; du chef du camp se pr&eacute;cise par les permissions et les laisser-passer qu&rsquo;il attribuait aux intern&eacute;s. D&rsquo;ailleurs, elle insiste par les n&eacute;gations que sans son intervention, Friedel Bohny-Reiter, membre de la Croix-Rouge suisse, n&rsquo;aurait pas pu la faire sortir du camp. Dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; d&rsquo;Ir&egrave;ne, on retrouve l&rsquo;&eacute;nonciation de la promesse du chef du camp car il &eacute;tait le seul &agrave; pouvoir permettre &agrave; sa m&egrave;re de quitter Rivesaltes et de rejoindre son mari au camp de Gurs.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Mais euh, non, je n&#39;ai pas de haine contre quelqu&#39;un non. Personnellement, non certainement pas. M&ecirc;me pas contre le directeur du camp de Rivesaltes. Vous connaissez le nom du directeur de Rivesaltes ? Non. Euh et m&ecirc;me pas, contre lui, parce qu&#39;apr&egrave;s tout, s&#39;il avait pas permis qu&#39;on nous sorte, Friedel n&#39;aurait pas pu nous lib&eacute;rer, apr&egrave;s. Quand le convoi est parti, il lui a quand m&ecirc;me donn&eacute; un laissez-passer, pour pouvoir sortir du camp, autrement on n&#39;aurait pas pu quitter le camp pour retourner &agrave; Pringy (Hilda, 2009)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Mais il n&#39;est pas descendu comme cela, il a voulu que le chef du camp de Rivesaltes lui fasse la promesse, s&#39;il accepte de descendre dans la mine, que ma maman puisse le rejoindre, qui &eacute;tait au camp de Gurs, elle est repartie, ils sont repartis au camp de Gurs (Ir&egrave;ne, 2013)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le dispositif administratif du camp de Rivesaltes regroupait d&rsquo;autres fonctionnaires, cependant l&rsquo;analyse des occurrences et des cooccurrences nous a permis d&rsquo;identifier que le statut du chef de camp. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un camp de famille</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le groupe nominal &laquo;&nbsp;camp de famille&nbsp;&raquo; est tr&egrave;s peu employ&eacute;. On ne retrouve que deux occurrences. Dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; d&rsquo;Amira par exemple&nbsp;: &laquo; Et apr&egrave;s quelques mois &agrave; Gurs, c&#39;est fait d&eacute;j&agrave; en 41, enfin la moiti&eacute; de 41, on pouvait aller dans des camps de famille et Rivesaltes &eacute;tait annonc&eacute; comme un camp de famille&nbsp;&raquo; (Amira, 2012), le verbe de parole <i>annoncer</i> permet d&rsquo;identifier l&rsquo;orientation dialogique de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; en l&rsquo;attribuant &agrave; un tiers qui pourrait, dans ce contexte, &ecirc;tre les autorit&eacute;s de l&rsquo;&eacute;poque.&nbsp; Autrement dit, cette nomination n&rsquo;est pas celle de la locutrice Amira, elle rentre en &eacute;cho avec une nomination ant&eacute;rieure, ce que Bakhtine appelle le <a name="_Hlk114406803"><i>dialogisme interdiscursif</i>.</a> On retrouve le m&ecirc;me ph&eacute;nom&egrave;ne dialogique dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; de Margot&nbsp;: &laquo; Je sais que tout &agrave; coup on a fait nos bagages et qu&#39;on nous a dit qu&#39;on allait &agrave; Rivesaltes, que c&#39;&eacute;tait un camp de famille (Margot, 2007).<span style="font-size:10.0pt"> Elle </span>attribue elle aussi le groupe nominal &agrave; une autre instance. Donc, le G.N groupe nominal <i>camp de famille</i> n&rsquo;est pas une cat&eacute;gorisation propre aux t&eacute;moins mais &agrave; d&rsquo;autres instances. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un camp pas comme les autres</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans certains passages, on peut lire que les t&eacute;moins d&eacute;crivent le camp de Rivesaltes par l&rsquo;adjectif <i>diff&eacute;rent. </i>Ce dernier<i> </i>est souvent pr&eacute;c&eacute;d&eacute; ou suivi d&rsquo;un adverbe d&rsquo;intensit&eacute; <i>compl&eacute;tement</i> ou <i>vraiment</i>, ce qui accentue le degr&eacute; de diff&eacute;rence. Il n&rsquo;&eacute;tait pas comme les autres camps, Brens par exemple, car il &eacute;tait difficile &agrave; quitter ou encore, comme le souligne Frida, c&rsquo;&eacute;tait un camp tr&egrave;s pauvre en nourriture o&ugrave; souvent les intern&eacute;s &eacute;taient oblig&eacute;s de voler pour pouvoir se nourrir et survivre, c&rsquo;est ce qui fait sa particularit&eacute;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">De Brens et en, envoy&eacute;s &agrave; Rivesaltes. Euh, je ne me rappelle pas que je &hellip; Seulement ce qui m&#39;&eacute;claire main &hellip; jusqu&#39;&agrave; maintenant, c&#39;est que tout le monde avait l&#39;impression et &agrave; la fin du compte c&#39;est, c&#39;&eacute;tait vraiment la v&eacute;rit&eacute;, que euh, Rivesaltes &eacute;tait quelque chose d&#39;autre. C&#39;&eacute;tait un camp diff&eacute;rent, c&#39;&eacute;tait un camp vraiment qui, euh, qui &eacute;tait &hellip;, ou il y avait tr&egrave;s, tr&egrave;s peu &agrave; manger, o&ugrave; il y avait des gens qui, qui volaient et parce que pour rester en vie, il fallait faire des, des choses atroces (Frida, 2012)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">En effet, au camp de Rivesaltes la souffrance des intern&eacute;s &eacute;tait pr&eacute;gnante, comme le t&eacute;moigne Bohny-Reiter&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ils &eacute;taient l&agrave;, mourant, dans une baraque &agrave; gauche et &agrave; droite. Dans certaines baraques, des hommes ne pouvaient plus tenir debout et restaient couch&eacute;s. On voyait le voisin regardant dans l&rsquo;assiette de celui qui allait mourir. La faim faisait perdre toute dignit&eacute; aux hommes&nbsp;&raquo; (Bohny-Reiter cit&eacute;e par Boitel, 2001&nbsp;: 182).</span></span></span></p> <h4 style="margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">3.2.1.2 Dans le discours des femmes juives et espagnoles</span></span></span></span></span></span></span></h4> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu de mis&egrave;re </b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La mis&egrave;re du camp de Rivesaltes est relat&eacute;e de fa&ccedil;on r&eacute;currente (elle repr&eacute;sente 6 % des &eacute;nonc&eacute;s)<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[6]</span></span></span></span></span></a> uniquement par les femmes espagnoles et par les femmes juives, comme Julia. &Agrave; la fin de son entretien, sur un ton &eacute;l&eacute;giaque, elle insiste sur le mot <i>mis&egrave;re</i>, r&eacute;p&eacute;t&eacute; 2 fois. Ayant v&eacute;cu dans le camp de Rivesaltes, elle le cat&eacute;gorise parmi les camps difficiles o&ugrave; la mis&egrave;re &eacute;tait de vigueur dans le quotidien des intern&eacute;s. Par le verbe modalisateur <i>vouloir</i>, elle renforce sa volont&eacute; &agrave; faire connaitre aux autres cette mis&egrave;re personnellement v&eacute;cu car elle a eu un impact non seulement sur son pass&eacute; mais aussi sur son pr&eacute;sent. Ce souvenir est rest&eacute; vif.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. &Ccedil;a m&#39;a fait plaisir que vous &ecirc;tes venu me voir. Pourquoi ? Ben pour parler de du camp de Rivesaltes et de la mis&egrave;re qu&#39;on a eue. Ben &eacute;coutez, merci &agrave; vous. J&#39;esp&egrave;re que les gens de Rivesaltes euh, que si, comme eux ils disent qu&#39;ils ont eu la mis&egrave;re plus que dans les camps, que je voudrais bien en voir un pour lui dire la v&eacute;rit&eacute; (Julia, 2014)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans ce dernier &eacute;nonc&eacute;, Ir&egrave;ne appuie cette cat&eacute;gorisation du camp par la n&eacute;gation qui renvoie &agrave; l&rsquo;absence de soin et de m&eacute;dicaments, ce qui a &eacute;t&eacute; &agrave; l&rsquo;origine de la mort de sa camarade diab&eacute;tique. Elle r&eacute;introduit la n&eacute;gation totale dans la seconde partie de sa narration. Cette fois-ci, elle argumente par son propre v&eacute;cu, de la pleur&eacute;sie qu&rsquo;elle a eue &eacute;tant jeune au camp de Rivesaltes. Par absence de moyens, les soins &eacute;taient tr&egrave;s primaires. Ses soins se limitaient &agrave; l&rsquo;envelopper de savon noir &laquo;&nbsp;avec une linge&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. On est parti en janvier 41. Et ma grand- m&egrave;re est morte avant. Elle est partie avant &agrave; Lannemezan. Comme beaucoup de personnes &acirc;g&eacute;es on l&#39;a d&eacute;plac&eacute; parce que c&#39;&eacute;tait impossible, il y avait pas de m&eacute;dicaments au camp de Rivesaltes. Je vous ai dit une camarade qui est morte diab&eacute;tique. (&hellip;) Il y avait pas de m&eacute;dicaments. Et moi, on me faisait des enveloppements de savon noir avec un linge autour pour attirer, pour tirer dehors la, les, les, la maladie des poumons : la pleur&eacute;sie. J&#39;avais la pleur&eacute;sie au camp de Rivesaltes (Ir&egrave;ne, 2013)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La mis&egrave;re est une variable commune aux camps d&rsquo;internement de la Seconde Guerre Mondiale, et le camp de Rivesaltes n&rsquo;a pas fait l&rsquo;exception. </span></span></span></p> <ol start="2"> <li style="text-align:justify; margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal">Dans le discours des hommes</span></span></span></span></span></span></li> </ol> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans cette seconde sous-partie, nous nous focaliserons sur les repr&eacute;sentations propres aux locuteurs masculins. Nous verrons cela dans le discours commun aux d&eacute;port&eacute;s juifs et aux r&eacute;fugi&eacute;s espagnols, dans celui des locuteurs masculins espagnols et dans le discours des locuteurs masculins juifs.</span></span></span></p> <h4 style="text-align:justify; margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">3.2.2.1 Dans le discours <a name="_Hlk121754329">des d&eacute;port&eacute;s juifs et des r&eacute;fugi&eacute;s espagnols</a></span></span></span></span></span></span></span></h4> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu d&rsquo;appartenance </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Pour les t&eacute;moins masculins, d&eacute;port&eacute;s juifs ou r&eacute;fugi&eacute;s espagnols, le camp de Rivesaltes &eacute;tait telle une demeure, un espace d&rsquo;identification. Antonio marque cette appartenance spatiale par le verbe <i>venir </i>et <i>vivre</i>. Il identifie les enfants juifs par leur rattachement au camp de Rivesaltes. L&eacute;on va encore plus loin dans la nomination du camp. Il le d&eacute;finit comme son &laquo;&nbsp;lieu de r&eacute;sidence&nbsp;&raquo;, ce qui renforce le sentiment de proximit&eacute; de l&rsquo;homme et de l&rsquo;espace qui apparait sous forme de fatalit&eacute;. Les hommes ne pouvaient plus se voir en dehors des murs invisibles du camp. Cette nomination exprime une sorte de r&eacute;signation de la part de ces derniers, une sorte d&rsquo;&eacute;l&eacute;gie sous-entendue.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Et l&agrave;, y&#39;avait des enfants juifs avec moi qui venaient aussi du camp de Rivesaltes ou d&#39;autres camps et nous avons v&eacute;cu quelques, quelques semaines l&agrave; (Antonio, 2008)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Donc notre lieu de r&eacute;sidence c&#39;&eacute;tait le camp de Rivesaltes, voil&agrave; (L&eacute;on, 2009)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La vie au camp apparait ainsi chez certains t&eacute;moins comme une sorte de fatalit&eacute;. La vie concentrationnaire s&rsquo;est impos&eacute;e &agrave; eux. Le camp est devenu leur point de rep&egrave;re.</span></span></span></p> <h4 style="margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">3.2.2.2 Dans le discours des locuteurs masculins espagnols</span></span></span></span></span></span></span></h4> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu o&ugrave; on peut s&rsquo;instruire </b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La scolarisation des enfants faisait partie du programme de Vichy, car ils repr&eacute;sentaient une grande population. C&rsquo;&eacute;tait les &OElig;uvres comme L&rsquo;ORT qui s&rsquo;occupaient de leur &eacute;ducation, l&rsquo;indique Boitel&nbsp;: &laquo;&nbsp;Sur ce point, le camp de Rivesaltes est tout &agrave; fait original. La forte pr&eacute;sence infantile, va contribuer &agrave; l&rsquo;engagement intense des &OElig;uvres. Gr&acirc;ce &agrave; leur t&eacute;nacit&eacute;, Vichy d&eacute;cide d&rsquo;ouvrir des &eacute;coles&nbsp;&raquo; (2001&nbsp;: 151). Florentino est le seul t&eacute;moin espagnol qui revient sur la scolarisation des enfants du camp de Rivesaltes. Par <i>tous</i>, il qualifie toute la collectivit&eacute; infantile du camp de Rivesaltes. Ainsi, se dresse l&rsquo;isotopie de l&rsquo;&eacute;cole par les mots <i>&eacute;cole</i>, <i>institutrices</i> et <i>cours</i>. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="_Hlk104471756"><span style="font-size:10.0pt">Donc, le camp de Rivesaltes, &ccedil;a changeait compl&egrave;tement et en plus, il y avait des classes, il y avait, ils ont fait &hellip; tous les enfants qui &eacute;taient au camp allaient &agrave; l&#39;&eacute;cole. Il y avait des institutrices qui faisaient les &hellip; des Fran&ccedil;aises, hein, qui faisaient les cours (Florentino, 2009)</span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">De de fait, le camp de Rivesaltes n&rsquo;&eacute;tait pas seulement un lieu d&rsquo;internement, il &eacute;tait aussi un lieu o&ugrave; les enfants intern&eacute;s pouvaient acc&eacute;der &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation. </span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu d&rsquo;occupation </b></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Cette th&eacute;matique ne revient que rarement dans les t&eacute;moignages. On la retrouve dans le t&eacute;moignage d&rsquo;Antonio qui revient par le verbe <i>occuper</i> sur l&rsquo;occupation du camp de Rivesaltes en novembre 1942 par les Allemands &laquo;&nbsp;Euh, les autorit&eacute;s allemandes d&eacute;cident d&#39;occuper le camp de Rivesaltes&nbsp;&raquo; (Antonio, 2008). Dans les &eacute;nonc&eacute;s de ce r&eacute;fugi&eacute; espagnol, le camp de Rivesaltes devient un lieu occup&eacute; non par les intern&eacute;s du camp mais par les autorit&eacute;s allemandes.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un camp militaire</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Avant qu&rsquo;il se transforme en camp d&rsquo;internement, le camp de Rivesaltes avait comme vocation initiale d&rsquo;&ecirc;tre un camp militaire. Cependant, ce qui nous para&icirc;t peu inattendu dans ces t&eacute;moignages c&rsquo;est la raret&eacute; de cette cat&eacute;gorisation, mise &agrave; part dans un extrait d&rsquo;Antonio qui, par l&rsquo;anaphorisation, se r&eacute;f&egrave;re &agrave; la fonction militaire de cet ancien camp quand il &eacute;nonce :&nbsp;&laquo;&nbsp;D&#39;ailleurs c&#39;&eacute;tait un camp militaire et des militaires avaient v&eacute;cu l&agrave; lorsque c&#39;&eacute;tait en bon &eacute;tat&nbsp;&raquo; (Antonio, 2010). Ce renvoi est int&eacute;ressant car il dresse un parall&egrave;le avec deux p&eacute;riodes diff&eacute;rentes&nbsp;: le camp avant et pendant l&rsquo;internement. Autrement dit, quand le camp &eacute;tait en bon &eacute;tat et quand il s&rsquo;est d&eacute;grad&eacute; lors de la phase d&rsquo;internement.</span></span></span></p> <ol start="3"> <li style="margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">Dans <a name="_Hlk121754387">le discours des locuteurs masculins juifs </a></span></span></span></span></span></span></span></li> </ol> <p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu qui attise la peur</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les locuteurs juifs se rappellent de la peur qu&rsquo;inspirait le camp de Rivesaltes quand par exemple L&eacute;on r&eacute;pond par l&rsquo;affirmation &agrave; la question de son interlocuteur : &laquo;&nbsp;Oui, c&#39;&eacute;tait un camp o&ugrave; on avait peur&nbsp;&raquo; (Norbert, 2008). D&rsquo;autres le d&eacute;crivent par l&rsquo;adjectif p&eacute;joratif <i>atroce</i> car ils &eacute;taient enferm&eacute;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;Est-ce que vous avez d&#39;autres souvenirs de Rivesaltes, en g&eacute;n&eacute;ral, d&#39;autres anecdotes ? Non. Seulement ce, ce, ce, ce camp atroce qui &hellip;, o&ugrave; on &eacute;tait enferm&eacute;&nbsp;&raquo; (Norbert, 2008). Cependant, dans cet espace lugubre, la maltraitance n&rsquo;&eacute;tait pas de mise, ainsi se souvient L&eacute;on&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je n&#39;ai pas connaissance de quelqu&#39;un qui a &eacute;t&eacute; maltrait&eacute; dans le camp de Rivesaltes &raquo; (L&eacute;on, 2009). Le groupe verbal &agrave; la forme n&eacute;gative d&eacute;ment la pr&eacute;sence de tout acte de maltraitance physique au camp de Rivesaltes.</span></span></span></p> <h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Conclusion </span></span></span></span></span></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le t&eacute;moignage appara&icirc;t comme un lieu propice &agrave; la nomination, sans que cette derni&egrave;re soit une caract&eacute;ristique propre &agrave; ce genre discursif. M&ecirc;me si on retrouve des nominations communes aux groupes d&rsquo;intern&eacute;s, certaines divergent d&rsquo;un groupe &agrave; un autre : la nomination du camp de Rivesaltes varie selon le sexe du t&eacute;moin et selon ses origines. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La repr&eacute;sentation de l&rsquo;espace concentrationnaire chez les femmes juives se construit essentiellement autour de la s&eacute;paration, de l&rsquo;enfermement et de la mis&egrave;re. Cette derni&egrave;re est la plus relev&eacute;e. Elle repr&eacute;sente 6 % des &eacute;nonc&eacute;s. Quand il s&rsquo;agit de nommer le camp de Rivesaltes, les locutrices emploient souvent un ton &eacute;l&eacute;giaque. Le camp de Rivesaltes est un espace dans lequel elles ont souffert de diff&eacute;rentes mani&egrave;res. &nbsp;D&rsquo;autres &eacute;nonc&eacute;s sont plus neutres. Les locutrices nomment le camp par sa fonctionnalit&eacute; administrative, par son statut de camp de famille ou encore par ce qui fait sa singularit&eacute;. Elles le d&eacute;finissent par rapport aux autres camps par l&rsquo;adjectif <i>diff&eacute;rent</i>. Cependant, la nomination du camp de Rivesaltes comme un camp propice &agrave; la mis&egrave;re est pr&eacute;sente non seulement dans le t&eacute;moignage des juives, mais aussi dans ceux des espagnoles. En effet, la th&eacute;matique de la mis&egrave;re est relative &agrave; la pr&eacute;carit&eacute; de la vie d&rsquo;intern&eacute; et au manque d&rsquo;hygi&egrave;ne. En parall&egrave;le, les hommes se d&eacute;tachent l&eacute;g&egrave;rement de cette souffrance du v&eacute;cu qu&rsquo;on retrouve dans le discours des femmes. Le temps &eacute;l&eacute;giaque est quasiment absent. Cela n&rsquo;emp&ecirc;che qu&rsquo;on peut relever une sorte d&rsquo;&eacute;l&eacute;gie dans les mots de l&rsquo;appartenance. Ils parlent du camp comme si c&rsquo;&eacute;tait un &laquo;&nbsp;lieu de r&eacute;sidence &raquo; ou &laquo; une maison &raquo;, ce qui renvoient &agrave; une sorte de fatalit&eacute; du destin. Et m&ecirc;me si les hommes juifs pr&eacute;f&egrave;rent mettre l&rsquo;accent sur l&rsquo;aspect lugubre du camp en insistant sur le sentiment de peur, les hommes espagnols le repr&eacute;sentent d&rsquo;une fa&ccedil;on beaucoup plus neutre et distanci&eacute;e. Ils pas<span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">sent </span>d&rsquo;un lieu o&ugrave; les enfants pouvaient s&rsquo;instruire &agrave; un ancien camp militaire et &agrave; un camp anciennement occup&eacute; par les autorit&eacute;s allemandes. En r&eacute;sum&eacute;, le camp de Rivesaltes jouit de diverses repr&eacute;sentations pour la majorit&eacute; p&eacute;joratives signal&eacute;es par la peur, la violence et la mis&egrave;re.</span></span></span></p> <h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Bibliographie </span></span></span></span></span></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Bakhtine, M. (1975). <i>Esth&eacute;tique et th&eacute;orie du roman</i>, traduit du russe par Daria Olivier, pr&eacute;face de Michel Aucouturier. Paris&nbsp;: Gallimard.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Bres, J. (2017), &laquo;&nbsp;Actualisation&nbsp;&raquo;, C. D&eacute;trie, P. Siblot, B. Verine, A. Steuckardt, <i>Termes et concepts pour l&rsquo;analyse du discours. Une approche prax&eacute;matique</i>, Paris, Champion, p.&nbsp;17-21.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Bres, J., Nowakovska, A., &amp; Sarale, J-M. (2019). <i>Petite grammaire alphab&eacute;tique du dialogisme</i>. Paris&nbsp;: Garnier.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Gary-Prieur, M.-N. (1991). <i>Grammaire du nom propre</i>. Paris : PUF</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Gary-Prieur, M.-N. (1989). Quand le r&eacute;f&eacute;rent d&rsquo;un nom propre se multiplie. <i>Mod&egrave;les linguistiques</i> II-2. p. 119-133.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Kripke, S. (1982). <i>La logique des noms propres</i>. Paris : Minuit.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Siblot, P. (1987). Signifiance du nom propre. <i>Cahiers de prax&eacute;matique</i> 8, Montpellier : Publications de l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier III. p. 97-116.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Siblot, P. (1999). Appeler les choses par leur nom, in Akin S. (&eacute;d.). <i>Noms et re-noms</i>, Rouen, Publications de l&rsquo;universit&eacute; de Rouen. p.&nbsp;12-31.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Siblot P., Steuckardt A. (2017). &laquo;&nbsp;N&eacute;ologie&nbsp;&raquo;, C. D&eacute;trie, P. Siblot, B. Verine, A. Steuckardt, <i>Termes et concepts pour l&rsquo;analyse du discours. Une approche prax&eacute;matique</i>, Paris, Champion, p.&nbsp;304-308.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[1]</span></span></span></span></span></a> Le corpus se compose de vingt-huit t&eacute;moignages, voir 883095 mots, de r&eacute;fugi&eacute;s espagnols et de d&eacute;port&eacute;s juifs, d&eacute;tenus au camp de Rivesaltes pendant la Seconde Guerre mondiale (1941-1942). Il a &eacute;t&eacute; collect&eacute; et transcrit dans le cadre de l&rsquo;Equipex Matrice entre 2007 et 2014 sera trait&eacute; &agrave; l&rsquo;appui du logiciel textom&eacute;trique <i>TXM</i>.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[2]</span></span></span></span></span></a> Dictionnaire anglophone en ligne cr&eacute;&eacute; en 1999. La base de ce dictionnaire s&rsquo;enrichit gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;intervention des internautes inscrits. Il est consid&eacute;r&eacute; parmi les dictionnaires les plus visit&eacute;s.</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[3]</span></span></span></span></span></a> La requ&ecirc;te pour l&rsquo;identification des occurrences avec GN : [frlemma=&quot;camp&quot;] [frlemma=&quot;de&quot;] [frlemma=&quot;Rivesaltes&quot;]</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[4]</span></span></span></span></span></a> Hormis la fonction CCL, le G.N est un C.O.I (19 %), un compl&eacute;ment du nom (12 %), un locatif (8 %), un sujet (7 %), et un C.O.D (6 %).</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[5]</span></span></span></span></span></a> Un lieu de vie commune 15 %, un lieu d&rsquo;enfermement 12 %, un lieu o&ugrave; se d&eacute;roule l&rsquo;activit&eacute; du t&eacute;moin 6 %, un lieu immense 6 %, un lieu de c&eacute;l&eacute;brations religieuses 4 %, un lieu gard&eacute; 4 %.</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[6]</span></span></span></span></span></a> Un lieu d&rsquo;appartenance 2 %, un lieu de s&eacute;paration 1 %, un lieu administratif 1 %, un camp de famille 1 %, un camp diff&eacute;rent 1%, un lieu o&ugrave; on peut s&rsquo;instruire 1 %, un lieu d&rsquo;occupation 1 %, un camp militaire 1 %, un lieu de peur sans maltraitance physique1 %.</span></span></p> </div> </div>