<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Face au discours &eacute;crit et au discours oral,&nbsp;le discours int&eacute;rieur appara&icirc;t comme un laiss&eacute; pour compte dans les investigations linguistiques. Le discours int&eacute;rieur d&eacute;signe tout type de production verbale psychique int&eacute;rioris&eacute;e, et est caract&eacute;ris&eacute; par une double sp&eacute;cificit&eacute; &eacute;nonciative qui fait de lui un discours &agrave; part, qui semble s&rsquo;extraire des normes discursives&nbsp;: d&rsquo;abord, par le fait qu&rsquo;&eacute;nonciateur et destinataire repr&eacute;sentent la m&ecirc;me entit&eacute;, d&rsquo;autre part par le fait que le discours int&eacute;rieur n&rsquo;offre pas de corpus accessible &agrave; autrui, sinon au titre de reconstructions et repr&eacute;sentations secondes. Ces deux sp&eacute;cificit&eacute;s font du discours int&eacute;rieur un discours qui &eacute;chappe &agrave; la norme, au sens de Dubois et al.&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout ce qui est d&#39;usage commun et courant dans une communaut&eacute; linguistique ; la norme correspond alors &agrave; l&#39;institution sociale que constitue la langue. &raquo; (Dubois et al., 1973 : 342). Le discours int&eacute;rieur n&rsquo;&eacute;tant par d&eacute;finition insaisissable, il ne peut &ecirc;tre soumis &agrave; des ph&eacute;nom&egrave;nes de normalisation par une institution, qu&rsquo;elle soit une institution ext&eacute;rieure au langage ou encore une institution d&rsquo;ordre langagi&egrave;re r&eacute;gie par des normes prescriptives (grammaire, morphosyntaxe, lexique&hellip;). L&rsquo;analyse du discours int&eacute;rieur ne peut se faire qu&rsquo;&agrave; condition de renoncer &agrave; l&rsquo;analyse directe de cet objet qui &eacute;chappe par essence &agrave; l&rsquo;observation. Il faut accepter les limites de ce projet d&rsquo;analyse, et recourir &agrave; l&rsquo;analyse des repr&eacute;sentations ext&eacute;rioris&eacute;es des productions int&eacute;rieures. Dans cette perspective, les repr&eacute;sentations litt&eacute;raires du discours int&eacute;rieur peuvent &eacute;clairer les ph&eacute;nom&egrave;nes qui s&rsquo;y passent dans et par le langage.&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Dans l&rsquo;&oelig;uvre de H. Broch (1945) <i>Der Tod des Vergil</i>, l&rsquo;auteur fait le r&eacute;cit des dix-huit derni&egrave;res heures de la vie du po&egrave;te Virgile, qui se livre dans un monologue int&eacute;rieur &agrave; la 3<sup>e</sup>&nbsp;personne&nbsp;du singulier &agrave; une m&eacute;ditation sur le r&ocirc;le de l&rsquo;art o&ugrave; se m&ecirc;lent conversations, r&ecirc;ves, r&eacute;alit&eacute; et r&eacute;miniscences. Dans cette &oelig;uvre<i> </i>se d&eacute;ploie un flot de parole int&eacute;rieure continu qui s&lsquo;&eacute;tend sur pr&egrave;s de cinq cent&nbsp;pages tout en pr&eacute;sentant un mode de textualisation particuli&egrave;rement hors-normes, original et d&eacute;routant. Les phrases les plus longues s&rsquo;&eacute;tendent sur plus de huit&nbsp;pages et ne pr&eacute;sentent aucune segmentation en paragraphes, ce qui rend la lecture et l&rsquo;intelligibilit&eacute; de ces passages tr&egrave;s ardus. En l&rsquo;absence de la norme typographique n&eacute;cessaire au balisage cognitif de la lecture, ni l&rsquo;unit&eacute; phrastique, ni l&rsquo;unit&eacute; paragraphique ne semblent &ecirc;tre des unit&eacute;s linguistiques pertinentes pour appr&eacute;hender le discours endophasique. Il convient donc au lecteur de s&rsquo;abstraire des normes habituelles du contrat de communication entre le lecteur et l&rsquo;auteur que P. Charaudeau d&eacute;finit comme &laquo;&nbsp;la condition pour que les partenaires d&rsquo;un acte de langage se comprennent un minimum et puissent interagir en co-construisant du sens&nbsp;&raquo; (Charaudeau 2002&nbsp;: 138). Cette &oelig;uvre semble donc passer de toute norme linguistique et textuelle. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Nous verrons en quelle mesure le discours int&eacute;rieur fait appara&icirc;tre des ph&eacute;nom&egrave;nes de textualisation hors-normes. Nous verrons d&rsquo;abord que (1) si le caract&egrave;re hors-normes est une caract&eacute;ristique inh&eacute;rente du discours endophasique, cette absence de normativit&eacute; reste un enjeu fondamental (2) dont les cons&eacute;quences apparaissent dans la r&eacute;ception de l&rsquo;&oelig;uvre de Hermann Broch. Nous verrons enfin (3) de quelle mani&egrave;re l&rsquo;auteur repousse les normes afin de pallier les &eacute;l&eacute;ments de textualisation du discours et comment ce discours parvient &agrave; &laquo;&nbsp;faire texte&nbsp;&raquo; (Adam 2015).</span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">1. Le discours int&eacute;rieur : un discours qui &eacute;chappe fondamentalement &agrave; la norme</span></span></h3> <h4 style="text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">1.1. Le discours endophasique: un discours longtemps marginalis&eacute; dans les champs de la linguistique</span></span></h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">La longue marginalisation de ce type de discours dans l&rsquo;analyse des sciences du langage appara&icirc;t d&rsquo;embl&eacute;e dans la pluralit&eacute; de ses d&eacute;nominations&nbsp;: &laquo;&nbsp;parole int&eacute;rieure&nbsp;&raquo;, le nom plus savant &laquo; endophasie&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;langage int&eacute;rieur&nbsp;&raquo; ou encore &laquo;&nbsp;parole subvocalis&eacute;e&nbsp;&raquo;. Le flou terminologique de ce ph&eacute;nom&egrave;ne est caract&eacute;ristique de l&rsquo;absence de l&rsquo;int&eacute;gration de ce sujet dans le champ scientifique, et r&eacute;v&egrave;le une relative absence de normativisation dans l&rsquo;&eacute;tude de ce type de discours.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">La question de la parole int&eacute;rieure fait partie des premiers questionnements en philosophie, mais longtemps elle &eacute;t&eacute; per&ccedil;ue comme un ph&eacute;nom&egrave;ne extralinguistique. Le fait qu&rsquo;une langue puisse &ecirc;tre mentalis&eacute;e est souvent mentionn&eacute; comme universel linguistique, mais il s&rsquo;agit ici d&rsquo;une propri&eacute;t&eacute; qui d&eacute;passe celle du langage, pouvant concerner tout signal, musique ou bruit. Les premi&egrave;res investigations sur le discours int&eacute;rieur r&eacute;apparaissent &agrave; la&nbsp;fin du XX&egrave;me si&egrave;cle par le biais de la m&eacute;decine, sous l&rsquo;initiative de Broca et sa d&eacute;couverte de l&rsquo;aire du langage articul&eacute;, prouvant &eacute;galement l&rsquo;existence de la parole int&eacute;rieure par l&rsquo;&eacute;tude de l&rsquo;aphasie. En 1881, le philosophe Victor Egger publie la premi&egrave;re monographie sur le discours endophasique <i>La parole int&eacute;rieure.</i> Apr&egrave;s les domaines de la philosophie et la linguistique clinique, c&rsquo;est ensuite dans la litt&eacute;rature du XX&egrave;me si&egrave;cle que resurgit la question de l&rsquo;endophasie, face &agrave; la crise du sujet. De nouvelles formes d&rsquo;endophasie sont explor&eacute;es, que ce soit par le biais de l&rsquo;&eacute;criture automatique ou par le monologue int&eacute;rieur.&nbsp;</span></span><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Sa prise en compte comme ph&eacute;nom&egrave;ne linguistique a longtemps &eacute;t&eacute; marginale, mais on voit r&eacute;appara&icirc;tre aujourd&rsquo;hui l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour cet objet d&rsquo;&eacute;tudes au sein des sciences du langage, que ce soit gr&acirc;ce &agrave; G. Bergounioux (2001, 2004), A. Rabatel (1998, 2001, 2021) ou encore S. Smadja (2021, 2022).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cette activit&eacute; verbale continue est estim&eacute;e par Bergounioux comme &eacute;tant notre activit&eacute; langagi&egrave;re principale au quotidien&nbsp;: &laquo;&nbsp;seize heures de fonctionnement endophasique (environ 60 000 secondes), &agrave; raison de dix phon&egrave;mes par seconde, c&rsquo;est plus d&rsquo;un demi-million de phon&egrave;mes par jour. Encore la parole int&eacute;rieure, plus vive, plus syncop&eacute;e, plus elliptique, doit-elle atteindre des valeurs sensiblement plus &eacute;lev&eacute;es&nbsp;&raquo; (Bergounioux 2004&nbsp;: 23). Malgr&eacute; la pr&eacute;dominance de ce type d&rsquo;activit&eacute; verbale, on constate pourtant au sein des &eacute;tudes linguistiques que cet objet d&rsquo;&eacute;tude est pourtant largement marginalis&eacute; en sciences du langage. Lorsqu&rsquo;il est mentionn&eacute;, ce n&rsquo;est que dans une description en n&eacute;gatif du discours profess&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Quant au discours non ext&eacute;rioris&eacute;, non prononc&eacute;, ce qu&#39;on appelle le langage int&eacute;rieur, ce n&#39;est qu&#39;un substitut elliptique et allusif du discours explicite et ext&eacute;rioris&eacute;. D&#39;ailleurs, le dialogue soutient m&ecirc;me le discours int&eacute;rieur, comme l&#39;ont d&eacute;montr&eacute; une s&eacute;rie d&#39;observations, de Peirce &agrave; Vygotski.&nbsp;&raquo; (Jakobson [1952], 32). Le discours int&eacute;rieur est alors per&ccedil;u seulement comme une forme inachev&eacute;e du discours ext&eacute;rioris&eacute;. L&rsquo;&eacute;tude du discours int&eacute;rieur peut n&eacute;anmoins apporter des &eacute;clairages fondamentaux pour l&rsquo;&eacute;tude du langage en g&eacute;n&eacute;ral, et constitue ce que G. Bergougnioux nomme &laquo;&nbsp;l&rsquo;envers non formalisable du projet scientifique de la linguistique.&nbsp;&raquo; (2004&nbsp;: 60).</span></span></p> <h4 style="text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">1.2. Un type de discours qui &eacute;chappe &agrave; toute st&eacute;r&eacute;otypisation</span></span></h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Depuis les premi&egrave;res descriptions du XIX&egrave;me si&egrave;cle, Le discours int&eacute;rieur a &eacute;t&eacute; analys&eacute; comme un discours a-normal, qui, d&rsquo;une part se distingue du discours verbalis&eacute; ext&eacute;rioris&eacute; oral ou &eacute;crit, et qui d&rsquo;autre part &eacute;chappe &agrave; toute tentative de st&eacute;r&eacute;otypisation. En effet, comme l&rsquo;explique S.&nbsp;Smadja (2021), il existe autant de formes de discours int&eacute;rieurs qu&rsquo;il n&rsquo;existe de discours int&eacute;rieurs. Afin de rendre compte de la diversit&eacute; de ces formes, il convient davantage de recourir &agrave; une description scalaire variant entre les deux mod&egrave;les principaux&nbsp;que sont la forme pr&eacute;dicative, et la forme en expansion.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Le mod&egrave;le Vygotski-Egger semble encore la position dominante aujourd&rsquo;hui. Ainsi dans le champ des sciences cognitives et de la psychologie, Alain Morin repr&eacute;sente ainsi la syntaxe de la parole int&eacute;rieure en 2012&nbsp;: </span></span></p> <p class="MsoQuote" style="text-align:justify; margin-top:11px; margin-right:57px; margin-bottom:11px; margin-left:57px"><q><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040">&nbsp;The semantic aspect of speech becomes most prominent as its syntactic and phonological dimensions move to the background. Unlike social speech, inner speech is predicative: it is syntactically compressed, condensed, and abbreviated. [&hellip;] the predicative nature of inner speech explains why it is experienced as a series of fragmented units &ndash; not as a smooth sequence of fully developed verbal images.&nbsp;(Morin 2012 : 429)</span></span></span></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cette conception de la parole endophasique comme &eacute;tant r&eacute;duite &agrave; sa dimension s&eacute;mantique, au d&eacute;triment de ses caract&eacute;ristique syntaxiques et phonologiques, s&rsquo;appuie ici implicitement sur la conception Vygotskienne d&rsquo;une parole endophasique r&eacute;duite &agrave; la pr&eacute;dication condens&eacute;e et abr&eacute;g&eacute;e.</span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">En parall&egrave;le, une autre conception s&rsquo;&eacute;labore dans le champ de la psychologie anglo-saxonne, celle du postulat de l&rsquo;existence de plusieurs mod&egrave;les endophasiques, &agrave; savoir une forme syncop&eacute;e et une forme en expansion (Fernyhough 2013&nbsp;cit&eacute; par S. Smadja (2021(b)&nbsp;: 15-16), reprise &eacute;galement par Gilles Philippe &laquo;&nbsp;le monologue sera con&ccedil;u soit comme un flux ininterrompu et donnera lieu &agrave; un travail sur la phrase longue, soit comme un discours par bribes, et donnera lieu &agrave; un travail sur la phrase courte.&nbsp;&raquo; (Philippe 2009&nbsp;: 103).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ainsi le discours int&eacute;rieur est un discours hors-normes par excellence qui &eacute;chappe &agrave; l&rsquo;entreprise de formalisation. Dans <i>Der Tod des Vergil</i>, Hermann Broch repr&eacute;sente le discours int&eacute;rieur comme un ph&eacute;nom&egrave;ne continu comme une voix sous-jacente qui est constamment pr&eacute;sente, qui se d&eacute;ploie dans un flux ininterrompu, s&rsquo;&eacute;tendant sur pr&egrave;s de dix pages, sans interruption. Sur le plan syntaxique, la phrase Brochienne se d&eacute;ploie sous la forme d&rsquo;une hyperhypotaxe, dans une expansion des subordonn&eacute;es &agrave; droite de la phrase. </span></span><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"> </span></span></span></span></span></p> <h4 style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">1.3. La double contradiction inh&eacute;rente au discours int&eacute;rieur</span></span></strong></h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Le discours int&eacute;rieur est un type de discours contradictoire, hors-normes sur le plan de la doxa logique. En effet la premi&egrave;re contradiction endophasique appara&icirc;t dans l&rsquo;impossible constitution de corpus de ce discours. Selon D. Bottineau, le langage int&eacute;rieur fait partie des &laquo;&nbsp;ph&eacute;nom&egrave;nes inobservables et exp&eacute;rimentalement instables&nbsp;&raquo; si bien que son analyse ne peut &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute;e qu&rsquo;&agrave; condition de renoncer aux d&eacute;marches exp&eacute;rimentales traditionnelles. Face &agrave; ce paradoxe, seule une mod&eacute;lisation du discours int&eacute;rieur, simul&eacute;e de mani&egrave;re ext&eacute;rioris&eacute;e, &agrave; l&rsquo;oral ou &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, est envisageable. Les &oelig;uvres de fiction qui pr&eacute;tendent rendre compte du discours int&eacute;rieur offrent alors au linguiste une base d&rsquo;&eacute;tude non n&eacute;gligeable, puisqu&rsquo;elles reposent n&eacute;cessairement sur une conscience &eacute;pilinguistique. Le discours int&eacute;rieur litt&eacute;raire s&rsquo;appuie sur un rapport personnel &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience endophasique comme fondements &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;une stylisation litt&eacute;raire de la parole endophasique. La d&eacute;marche scientifique est limit&eacute;e&nbsp;: on ne peut remonter de la repr&eacute;sentation romanesque &agrave; r&eacute;alit&eacute; psychique. Cependant cette &eacute;tude nous permet de voir comment une communaut&eacute; culturelle a pu concevoir cette r&eacute;alit&eacute; psycholinguistique &agrave; un certain moment, tout en permettant de r&eacute;aliser une enqu&ecirc;te sur l&rsquo;imaginaire linguistique de cette &eacute;poque. C&rsquo;est &eacute;galement la position de D. Cohn qui estime que la repr&eacute;sentation du disc int&eacute;rieur est une sp&eacute;cificit&eacute; litt&eacute;raire (1981). La repr&eacute;sentation fictionnelle est une mod&eacute;lisation de la pens&eacute;e int&eacute;rieure repr&eacute;sent&eacute;e dans le roman, selon un ensemble de partis pris et proc&eacute;d&eacute;s qui fondent sa coh&eacute;rence. L&rsquo;analyse en contexte litt&eacute;raire nous permet ainsi d&rsquo;&eacute;tudier un ensemble de marqueurs significatifs d&rsquo;ordre morpho-syntaxiques ou rythmiques qui vont permettre de faire reconna&icirc;tre un &eacute;nonc&eacute; comme relevant du discours int&eacute;rieur.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">La deuxi&egrave;me contradiction du discours endophasique, qui en fait aussi un discours hors-normes, est l&rsquo;absence suppos&eacute;e de l&rsquo;allocuteur. L&rsquo;absence d&rsquo;allocuteur renforce la complexit&eacute; de ce type de discours non-adress&eacute; ou auto-adress&eacute;, car pourquoi se parler &agrave; soi-m&ecirc;me si l&rsquo;on n&rsquo;a rien &agrave; communiquer qui ne soit d&eacute;j&agrave; su&nbsp;? C&rsquo;est justement cette particularit&eacute; qui justifie l&rsquo;&eacute;tude du discours int&eacute;rieur comme un discours atypique, qui ne reprend pas n&eacute;cessairement les codes de l&rsquo;oralit&eacute; (con&ccedil;u comme plus informel). Ce type de discours se d&eacute;ploie en dehors des normes communicationnelles.&nbsp;</span></span><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">En effet un moyen de lever cette contradiction est, pour reprendre G. Philippe (2001&nbsp;: 97) la tension qui existe entre primat communicationnel et primat cognitif du langage. Pour l&rsquo;appr&eacute;hender, il convient de renoncer au primat communicationnel du langage, c&rsquo;est-&agrave;-dire prendre en compte que la langue n&rsquo;a pas n&eacute;cessairement pour vocation premi&egrave;re la communication. La fonction communicationnelle peut toutefois demeurer si le discours int&eacute;rieur se d&eacute;veloppe sous la forme d&rsquo;une dialogisation int&eacute;rieure (&agrave; soi-m&ecirc;me, &agrave; un autre, ou &agrave; personne mais comme si on parlait &agrave; un autre). Mais une deuxi&egrave;me fonction essentielle du discours int&eacute;rieur est la fonction cognitive du langage. L&rsquo;acte de nommer ou de pr&eacute;diquer reste premier, ce qui t&eacute;moigne qu&rsquo;un processus mental qui viendrait avant la fonction communicative. </span></span><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">L&rsquo;Endophasie, ou parole int&eacute;rieure, concerne &agrave; la fois l&rsquo;intimit&eacute; et le rapport du sujet aux normes ext&eacute;rieures. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne affecte ainsi &eacute;galement le proc&eacute;d&eacute; de textualisation en cours dans l&rsquo;&oelig;uvre.</span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><font face="Times New Roman, serif"><span style="font-size: 14.6667px;">2. Les enjeux de la complexit&eacute; textuelle du discours int&eacute;rieur chez H. Broch</span></font></h3> <h4 style="text-align: justify;">2.1. <span style="font-family: &quot;Times New Roman&quot;, serif; font-size: 11pt;">L&#39;illisibilit&eacute; du discours int&eacute;rieur</span></h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Le discours litt&eacute;raire se pr&eacute;vaut de ses qualit&eacute;s hors-normes. Comme l&rsquo;explicite S. Bikialo, &laquo;&nbsp;Le discours litt&eacute;raire est un discours hors-normes en puissance&nbsp;&raquo; (S. Bikialo,&nbsp;2019 : 11). Le discours litt&eacute;raire est cens&eacute; renouveler et repousser les normes, ou se doit de recr&eacute;er une nouvelle norme. L&rsquo;objet m&ecirc;me de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire est pr&eacute;cis&eacute;ment le signifiant, la langue. Face aux discours de la norme c&rsquo;est l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; qui domine. Les formes hors-normes servent alors de signal d&rsquo;alarme sur les jougs de la normativit&eacute; du langage.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Dans l&rsquo;&oelig;uvre de H. Broch, <i>Der Tod des Vergil (dTdV </i>plus loin), la complexit&eacute; de l&rsquo;&oelig;uvre fait appara&icirc;tre des ph&eacute;nom&egrave;nes hors-normes qui conduisent &agrave; l&rsquo;illisibilit&eacute;. Le plus long paragraphe de l&rsquo;&oelig;uvre (12 pages en allemand) contient diff&eacute;rents &eacute;pisodes narratifs, descriptifs ainsi que des dialogues. Il se d&eacute;ploie dans l&rsquo;absence de &laquo;&nbsp;ponctuation blanche&nbsp;&raquo; (Favriaud 2011) en un seul paragraphe sans alin&eacute;a. Cette forme correspond &agrave; vision du discours int&eacute;rieur comme parole d&eacute;pourvue d&rsquo;allocuteur, qui s&rsquo;effectue en bloc sans pr&eacute;occupation des recoupages en blocs de sens qui seraient n&eacute;cessaires dans le cadre du contrat de communication. La r&eacute;alit&eacute; psychologique du paragraphe est affirm&eacute;e depuis 1969 par Koen, Becker et Young, qui parviennent &agrave; d&eacute;montrer dans leurs travaux empiriques que la segmentation en paragraphes facilite la lecture et permet de regrouper des ensembles et unit&eacute;s de sens pour faciliter le travail de m&eacute;morisation et pour acc&eacute;der plus facilement &agrave; l&rsquo;organisation topique du texte. La ponctuation et les marqueurs de segmentation&nbsp;d&rsquo;un texte sont souvent envisag&eacute;es, avant les fonctions esth&eacute;tiques du texte (rythmiques, stylistiques&hellip;) comme ayant une fonction normative li&eacute;e &agrave; la clart&eacute; du discours, &agrave; son organisation, &agrave; sa hi&eacute;rarchisation, son ordonnancement. Elles correspondent &agrave; la fonction normative du langage. Toute pr&eacute;sence de ponctuation t&eacute;moigne d&rsquo;une internalisation des normes.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Chez Broch en revanche, la complexit&eacute; textuelle est renforc&eacute;e par une &laquo;&nbsp;hyper-coh&eacute;sion&nbsp;&raquo;. J&rsquo;entends par <i>hyper-coh&eacute;sion</i>&nbsp;la surrepr&eacute;sentation des marques de coh&eacute;sion dans une syntaxe phrastique pourtant coh&eacute;rente, mais produisant l&rsquo;effet inverse&nbsp;: une absence de segmentation du texte qui s&rsquo;&eacute;labore dans un continuum infini qui entrave la lisibilit&eacute; du texte. La mauvaise r&eacute;ception de cette &oelig;uvre dans la sph&egrave;re germanique s&rsquo;explique en partie en raison du style herm&eacute;tique de l&rsquo;&oelig;uvre, de la longueur et de la complexit&eacute; des phrases. Plusieurs &eacute;tudes se sont attel&eacute;es &agrave; mesurer la lisibilit&eacute; d&rsquo;un texte en fonction de la longueur des mots, du nombre de mots et de la complexit&eacute; des phrases en allemand (Klare 1963&nbsp;; Groeben 1978)&nbsp;: &eacute;valuent la compr&eacute;hension d&rsquo;une phrase allemande &agrave; une moyenne de 25 &agrave; 29 mots pour un texte de sp&eacute;cialit&eacute;, alors que les phrases les plus longues chez H. Broch contiennent pr&egrave;s de 540 mots par phrase. Cette absence de segmentation, d&rsquo;espaces et &laquo;&nbsp;ponctuation blanche&nbsp;&raquo; remet ainsi en question l&rsquo;&eacute;chelle de l&rsquo;unit&eacute; textuelle pertinente pour aborder l&rsquo;analyse du discours int&eacute;rieur.</span></span></p> <h4 style="text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">2.2. L&#39;influence de la complexit&eacute; normative sur la r&eacute;ception de l&#39;oeuvre&nbsp;</span></span></h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">La publication de l&rsquo;&oelig;uvre originale en 1945 a souffert d&rsquo;une tr&egrave;s mauvaise r&eacute;ception dans la sph&egrave;re germanique en raison de son style jug&eacute; trop herm&eacute;tique&nbsp;: Paul Goodman, sp&eacute;cialiste du roman anglais, d&eacute;finit <i>Der Tod des Vergil</i> comme &laquo;&nbsp;une logorrh&eacute;e qui dissimulait mal le vide de la pens&eacute;e&nbsp;&raquo; (cit&eacute; par Bier, 1974&nbsp;: 241). La tr&egrave;s grande complexit&eacute; de la lisibilit&eacute;&nbsp;a &eacute;galement renforc&eacute; le sentiment hors-normes de l&rsquo;&oelig;uvre, dont son classement g&eacute;n&eacute;rique n&rsquo;est, jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui, toujours pas stabilis&eacute;, oscillant entre le classement en tant que po&eacute;sie ou que roman. </span></span></p> <p style="text-align:justify">Les effets de l&rsquo;absence de segmentation textuelle et de l&rsquo;hyper-coh&eacute;sion sont &eacute;galement visibles notamment dans l&rsquo;&eacute;tude des traductions de cette &oelig;uvre, par l&rsquo;ajout de marques de segmentation typographiques, comme le montre la figure suivante&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><img height="438" src="https://www.numerev.com/img/ck_2801_28_image.png" width="571" /></p> <p class="MsoCaption" style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><span style="font-style:normal">Figure 1&nbsp;: fin de paragraphe signifi&eacute; par un ast&eacute;risque dans l&rsquo;&eacute;dition fran&ccedil;aise</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Tandis que le paragraphe le plus long est s&eacute;par&eacute; dans l&rsquo;&eacute;dition allemande par un simple alin&eacute;a (sans saut de ligne), l&rsquo;&eacute;dition fran&ccedil;aise de <em>La Mort de Virgile</em>&nbsp;(lmdV) quant &agrave; elle pr&eacute;sente un saut de lignes et une d&eacute;marcation par un ast&eacute;risque avant le texte. Il s&rsquo;agit ici d&rsquo;une forte modification par rapport &agrave; l&rsquo;original, d&rsquo;un changement majeur qui affecte toute la lecture de l&rsquo;&oelig;uvre. L&rsquo;&eacute;dition traduite fran&ccedil;aise fait ainsi le choix d&rsquo;a&eacute;rer visuellement l&rsquo;&oelig;uvre, permettant ainsi de faciliter la lecture du texte, modifiant ainsi la r&eacute;ception de l&rsquo;&oelig;uvre et l&rsquo;exp&eacute;rience immersive de lecture. Cette recomposition &eacute;ditoriale dans la version fran&ccedil;aise qui a pour volont&eacute; de pallier cette hyper-coh&eacute;sion, t&eacute;moigne de ce fait la difficult&eacute; d&rsquo;appr&eacute;hender ce texte qui s&rsquo;affranchit de tout balisage textuel et des normes textuelles traditionnelles. </span></span><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Si la textualit&eacute; paraphrastique n&rsquo;est pas ici visuelle, elle repose en revanche sur des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;&eacute;coute.</span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><font face="Times New Roman, serif"><span style="font-size: 14.6667px;">3. Une textualit&eacute; rythmique pour repousser les normes du langage</span></font></h3> <p><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le discours endophasique poss&egrave;de une textualit&eacute; qui repose sur des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;&eacute;coute du langage et conduisent &agrave; une s&eacute;mantique du rythme (Meschonnic&nbsp;1982 :210) qui prime sur le mot. La complexit&eacute; voire l&rsquo;illisibilit&eacute; de l&rsquo;&oelig;uvre sont des signaux d&rsquo;alerte m&eacute;talinguistiques qui indiquent que le langage ne permet plus de dire le r&eacute;el. L&rsquo;auteur cherche dans cette repr&eacute;sentation de parole int&eacute;rieure &agrave; repousser les limites du langage humain, ce qui dans <i>Der Tod des Vergil</i> va &ecirc;tre mis en exergue par l&rsquo;utilisation de certains ph&eacute;nom&egrave;nes morphosyntaxiques qui d&eacute;rogent &agrave; la norme.</span></span></p> <h4><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">3.1. L&#39;attaque rh&eacute;matique comme moule rythmique</span></span></h4> <p><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;attaque rh&eacute;matique est une forme de topicalisation sur-repr&eacute;sent&eacute;e dans <i>Der Tod des Vergil</i> qui conduit &agrave; une rythmique particuli&egrave;re. Ce choix de lin&eacute;arisation met en exergue le pr&eacute;dicat (le rh&egrave;me) avant le sujet de la phrase, comme dans la phrase &laquo;&nbsp;bleu est le ciel&nbsp;&raquo;, par exemple. Selon la dynamique communicationnelle (Firbas, 1964), l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; affirmatif non‑marqu&eacute; s&rsquo;ouvre habituellement sur l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment connu et le moins informatif d&rsquo;un &eacute;nonc&eacute;, le th&egrave;me, et se cl&ocirc;t par le constituant qui v&eacute;hicule l&rsquo;information nouvelle la plus essentielle, le rh&egrave;me. En allemand, l&rsquo;attaque rh&eacute;matique est un type de topicalisation qui construit une lin&eacute;arisation marqu&eacute;e (Schanen et Confais, 1989&nbsp;: 923) dans laquelle la premi&egrave;re position de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; est occup&eacute;e par l&rsquo;unit&eacute; la plus dynamique, qui porte l&rsquo;accent contrastif de la phrase. Bien que la structure syntaxique allemande accepte tout type d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments situ&eacute;s dans le <i>Vorfeld</i>, qu&rsquo;ils soient th&eacute;matiques ou rh&eacute;matiques,<b> </b>sans que l&rsquo;interpr&eacute;tation de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; n&rsquo;en soit affect&eacute;e, le placement de constituants rh&eacute;matiques en attaque d&rsquo;&eacute;nonc&eacute; t&eacute;moigne en revanche d&rsquo;une lin&eacute;arisation qui s&rsquo;accompagne d&rsquo;une accentuation et qui est un renversement de la lin&eacute;arisation neutre. Dans l&rsquo;&oelig;uvre de Hermann Broch, l&rsquo;omnipr&eacute;sence de ce moule syntaxique combin&eacute;e &agrave; la r&eacute;p&eacute;tition de m&ecirc;mes attaques rh&eacute;matiques conduisent &agrave; une focalisation de cette topicalisation.</span></span></p> <p class="MsoQuote" style="text-align:justify; margin-top:11px; margin-right:57px; margin-bottom:11px; margin-left:57px"><q><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"><span class="CitationCar" style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"><b>(1a)</b></span></span><b> Leiser</b> rieselten die Gew&auml;sser, <b>leiser</b> die Brunnen, <b>und sehr leise</b> fl&uuml;sterte es in seiner Seele, in seinem Herzen, in seinem Atem, <b>sehr leise </b>fl&uuml;sterte es in ihm und aus ihm: &laquo;Ich liebe dich.&raquo;-&laquo;Ich liebe dich&raquo;, kam es so unh&ouml;rbar zur&uuml;ck, als sei es blo&szlig; ein stummer Druck ihrer H&auml;nde. (DTdV: 279) [mise en forme par K.D]</span></span></span></q></p> <p class="MsoQuote" style="text-align:justify; margin-top:11px; margin-right:57px; margin-bottom:11px; margin-left:57px"><q><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"><span class="CitationCar" style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"><b>(1b) Plus silencieusement</b></span></span><span class="CitationCar" style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"> ruisselaient les eaux, </span></span><span class="CitationCar" style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"><b>plus silencieusement</b></span></span><span class="CitationCar" style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"> les fontaines, et </span></span><span class="CitationCar" style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"><b>tr&egrave;s silencieusement</b></span></span><span class="CitationCar" style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"> un murmure s&rsquo;&eacute;leva dans son c&oelig;ur, dans</span></span> son souffle, <b>tr&egrave;s </b><span class="CitationCar" style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040"><b>silencieusement</b></span></span> un murmure s&rsquo;&eacute;leva en lui et s&rsquo;&eacute;chappa de lui : &laquo;&nbsp;Je t&rsquo;aime. &ndash; Je t&rsquo;aime &raquo;, lui fut-il r&eacute;pondu, r&eacute;ponse inaudible, comme si elle n&rsquo;&eacute;tait qu&rsquo;une pression muette de leurs mains. <a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:#404040">[1]</span></span></span></span></span></a></span></span></span></q></p> <div> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">En (1a), la r&eacute;p&eacute;tition des adverbes &laquo;&nbsp;<i>leiser</i>&nbsp;&raquo; plac&eacute;s en attaque rh&eacute;matique cr&eacute;ent un rythme binaire, amplifi&eacute; par la variation par l&rsquo;adjonction d&rsquo;un intensif &laquo;&nbsp;<i>sehr leise</i>&nbsp;&raquo;. Sur le plan s&eacute;mantique, on constate ici que la triplication de l&rsquo;adjectif au degr&eacute; 1 signifiant &laquo;&nbsp;plus silencieusement&nbsp;&raquo; est ici, contrairement &agrave; sa signification, martel&eacute;, et mis en position saillante en attaque rh&eacute;matique, cr&eacute;ant ainsi une figure sonore contradictoire. La r&eacute;p&eacute;tition conduit &agrave; un rythme musical, port&eacute; d&rsquo;une part par l&rsquo;accent de phrase sur &laquo;&nbsp;leiser&nbsp;&raquo;, et d&rsquo;autre part par la triplication, qui, comme l&rsquo;a d&eacute;velopp&eacute; le Groupe Mu, est un seuil &agrave; partir duquel la r&eacute;p&eacute;tition peut se faire rythme (Groupe &micro;, 1977). En effet, le rythme na&icirc;t &agrave; la fois de la r&eacute;p&eacute;tition et de l&rsquo;attente de cet &eacute;l&eacute;ment r&eacute;p&eacute;t&eacute;, une attente qui devient &laquo;&nbsp;une anticipation rythmique&nbsp;&raquo; (Groupe &micro;, 1977:149-150). A partir du triolet, le son prend le pas sur l&rsquo;intellection. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne est mis en exergue par la topicalisation qui met en exergue un &eacute;l&eacute;ment fondamental du discours int&eacute;rieur&nbsp;: les &laquo;&nbsp;subjectiv&egrave;mes&nbsp;&raquo; (Kerbrat‑Orecchioni, 1999&nbsp;: 99). En effet, selon G. Bergougnioux, le discours int&eacute;rieur n&rsquo;a pas seulement pour vocation de nommer ou d&eacute;nommer&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;usage de la langue est moins requis pour dire le monde qu&rsquo;elle n&rsquo;est la fa&ccedil;on de le produire&nbsp;&raquo; (2004&nbsp;: 148-149). S&rsquo;il y a certes une forme de d&eacute;terminisme linguistique dans notre repr&eacute;sentation du monde, le langage participe &eacute;galement &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience perceptive du monde. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Par le moule syntaxique et rythmique choisi en allemand par H. Broch pour caract&eacute;riser l&rsquo;endophasie, il fait advenir en premi&egrave;re position le pr&eacute;dicat, soit des &eacute;l&eacute;ments perceptifs, au comparatif, ce qui renforce encore l&rsquo;expression de la subjectivit&eacute; de l&rsquo;&eacute;nonciateur, puisqu&rsquo;il nous fait parvenir un point de vue subjectif de la source &eacute;nonciative Virgile qui prend en charge la description. L&rsquo;omnipr&eacute;sence de ces attaques rh&eacute;matiques cr&eacute;e une r&eacute;gularit&eacute; rythmique qui parvient &agrave; une structuration rythmique du paragraphe.</span></span></p> <h4 style="text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">3.2. Cr&eacute;ation d&#39;un idiolecte int&eacute;rieur qui repose sur des ph&eacute;nom&egrave;nes de r&eacute;p&eacute;tition</span></span></h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Dans cette &oelig;uvre qui comporte une tr&egrave;s forte coh&eacute;sion, la r&eacute;p&eacute;tition joue un r&ocirc;le de liage micro-textuel et m&eacute;so-textuel. On peut qualifier de &laquo;&nbsp;r&eacute;p&eacute;tition r&eacute;ticulaire&nbsp;&raquo; (Prak-Derrington 2021) l&rsquo;ensemble des r&eacute;p&eacute;titions phon&eacute;tiques, lexicales ou syntaxiques qui assurent la coh&eacute;sion de l&rsquo;&oelig;uvre, car la r&eacute;p&eacute;tition fonctionne comme une seule macro-figure et non comme plusieurs figures isol&eacute;es. Selon E.&nbsp;Prak‑Derrington (2021&nbsp;: 137-170), la r&eacute;p&eacute;tition organise le discours en unit&eacute;s sonores et produit une coh&eacute;sion rythmique. La r&eacute;p&eacute;tition d&rsquo;un lex&egrave;me, qu&rsquo;elle soit s&eacute;mantique ou non, remotive la texture sonore du signifiant. La cr&eacute;ation lexicale en allemand, par le jeu des r&eacute;p&eacute;titions et de la composition lexicale cr&eacute;e un r&eacute;seau de r&eacute;p&eacute;tition qui va assurer une coh&eacute;sion textuelle. C&rsquo;est le cas par exemple du mot &laquo;&nbsp;<em>nackt</em>&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;nu&nbsp;&raquo;), qui r&eacute;appara&icirc;t dans l&rsquo;&oelig;uvre &agrave; pr&egrave;s de 89 reprises&nbsp;:</span></span></p> <p class="MsoQuote" style="text-align:justify; margin-top:11px; margin-right:57px; margin-bottom:11px; margin-left:57px"><q><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040">(2a)&bdquo;<u>Nackt</u> ist das Menschliche, wo immer es durchbricht, <u>nackt</u> ist sein Anfang und Ende, und auf <u>nacktwunder</u> Haut scheuern die Fesseln der Pflicht; doch <u>nackt</u> ist selbst der Titan, <u>Nacktheit</u> sein Heldenmut, und tritt er dem Vater entgegen, es geschieht ohne H&uuml;lle und Wehr, <u>nacktbrennend</u> sind seine H&auml;nde, in denen zur Erde hernieder das entrissene Feuer er tr&auml;gt.&raquo; (dTdV : 252)</span></span></span></q></p> <p class="MsoQuote" style="text-align:justify; margin-top:11px; margin-right:57px; margin-bottom:11px; margin-left:57px"><q><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:#404040">(2b) &laquo; L&rsquo;humanit&eacute; est <u>nue</u>, en quelque lieu qu&rsquo;elle &eacute;merge, <u>nus</u> son commencement et sa fin, et les cha&icirc;nes du devoir &eacute;corchent la peau <u>nue</u> et bless&eacute;e ; mais <u>nu</u> est le Titan lui-m&ecirc;me, <u>nudit&eacute;</u> son h&eacute;ro&iuml;sme ; et quand il affronte son p&egrave;re, il le fait sans bouclier ni d&eacute;fense, <u>nues</u> et br&ucirc;lantes sont les mains dans lesquelles il fait descendre sur terre le feu arrach&eacute;. &raquo; (lmdV: 335)</span></span></span></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">En (2a), les six r&eacute;p&eacute;titions du lex&egrave;me &laquo;&nbsp;<i><u>nackt</u></i>&nbsp;&raquo; construisent ce passage en unit&eacute; sonore, dans laquelle la rythmique prend le pas sur le sens. Ici encore les &eacute;l&eacute;ments r&eacute;p&eacute;t&eacute;s sont ins&eacute;r&eacute;s en position saillante en attaque rh&eacute;matique. Cette r&eacute;p&eacute;tition cr&eacute;e une macro-figure qui se d&eacute;ploie dans toute l&rsquo;&oelig;uvre, conduisant &agrave; des formes de composition lexicales ad hoc dont le sens est assez flou&nbsp;comme &laquo;&nbsp;<i><u>nackwund</u></i>&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;<i><u>nacktbrennend</u></i>&nbsp;&raquo; &agrave; comprendre comme des compos&eacute;s parataxiques. Cette macro-figure r&eacute;appara&icirc;t une trentaine de pages plus loin, dans deux compos&eacute;s ad-hoc dont la lecture semble encore une fois incertaine&nbsp;(3) <i>&laquo;&nbsp;in der unmittelbaren <u>Wirklichkeitsnacktheit</u> des Geschehens gab es kein [...] </i><i>&Uuml;berlegen, und in n&auml;mlicher <u>nackt-durchsichtiger</u> Unmittelbarkeit dr&auml;ngte Plotia (dTdV : 283)</i><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><sup><sup><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></sup></sup></a>&ldquo;. L&rsquo;auteur joue ici avec les normes de la langue, utilisant la facilit&eacute; de la langue allemande &agrave; cr&eacute;er des compos&eacute;s lexicaux, sans pour autant en expliciter le sens. Les difficult&eacute;s de lecture de cet idiolecte hors-normes est lev&eacute; par l&rsquo;endophasie. En effet, comme explicit&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment (1.2.), un mod&egrave;le tr&egrave;s influent et pourtant incomplet de repr&eacute;sentation de discours int&eacute;rieur est le mod&egrave;le Vygotski-Egger repr&eacute;sentant l&rsquo;endophasie sous une forme condens&eacute;e et abr&eacute;g&eacute;e, par une syntaxe pr&eacute;dicative. Ce mod&egrave;le correspond &agrave; la repr&eacute;sentation de parole int&eacute;rieure qu&rsquo;en fait Hermann Broch par son utilisation de la composition lexicale qui fait appara&icirc;tre des compos&eacute;s de type parataxique (<i>nackt-durchsichtig</i>), c&rsquo;est-&agrave;-dire des compos&eacute;s dans lesquels les deux &eacute;l&eacute;ments du mot n&rsquo;ont pas de rapport de d&eacute;termination entre eux, soit un type de compos&eacute; pourtant largement minoritaire dans la langue allemande face aux compos&eacute;s lexicaux hypotaxiques. L&rsquo;&eacute;conomie de langage de la composition s&rsquo;adapte particuli&egrave;rement bien au discours endophasique puisqu&rsquo;elle permet d&rsquo;exprimer une concentration de sensations. Ces compos&eacute;s cr&eacute;ent des ph&eacute;nom&egrave;nes de &laquo;&nbsp;condensation endophasique&nbsp;&raquo; (Smadja&nbsp;2021 :&nbsp; 584), soit des processus de condensation d&rsquo;exp&eacute;riences sensorielles, m&eacute;morielles ou &eacute;motionnelles. Il parvient &eacute;galement &agrave; simuler la rapidit&eacute; du discours int&eacute;rieur, par l&rsquo;&eacute;vocation de la collocation lexicale &bdquo;<i>die nackte Wirklichkeit</i>&ldquo; subsum&eacute;e dans le compos&eacute; &bdquo;<i>Wirklichkeitsnacktheit</i>&ldquo;. Ces compos&eacute;s r&eacute;sument en un mot des ph&eacute;nom&egrave;nes v&eacute;cus, ou renvoient &agrave; ce qu&rsquo;on a dit avant, sans devoir le r&eacute;p&eacute;ter. Ainsi dans la phrase (4) &bdquo;<i>es stanken die sterbenden <u>Nacktgreise</u> in den schwarzen Kerkerkammern<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></b></span></span></a></i>&ldquo; (dTdV : 396), le compos&eacute; est une forme d&rsquo;auto-dialogisme, reprenant la description d&rsquo;un vieillard nu issue du d&eacute;but de l&rsquo;&oelig;uvre. Ce compos&eacute; qui est &agrave; comprendre comme un substantif et son adjectif, fait &eacute;cho au souvenir de la vue des mis&egrave;res de la rue, et consacre simultan&eacute;ment le personnage en figure all&eacute;gorique de la pauvret&eacute;. La plasticit&eacute; de la langue allemande et sa capacit&eacute; &agrave; cr&eacute;er des lex&egrave;mes compos&eacute;s est utilis&eacute;e &agrave; des fins textuelles. Les r&eacute;p&eacute;titions lexicales dont les variations successives permettent de cr&eacute;er un r&eacute;seau, font &eacute;merger une nouvelle s&eacute;mantique des lex&egrave;mes, et renforcent la coh&eacute;sion du discours. Cette coh&eacute;sion rythmique de la r&eacute;p&eacute;tition qui est une coh&eacute;sion sonore et perceptive est en ad&eacute;quation avec une repr&eacute;sentation sonore de l&rsquo;endophasie, de la voix int&eacute;rieure qui r&eacute;sonne en nous. La tension qui existe entre normes de productions langagi&egrave;res et la forme anormale du discours dans <i>Der Tod des Vergil</i> de Hermann Broch est ainsi lev&eacute;e par l&rsquo;endophasie, qui reconstruit une norme qui est celle d&rsquo;une mat&eacute;rialit&eacute; sonore, et non d&rsquo;une mat&eacute;rialit&eacute; textuelle visuelle.</span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Conclusion</span></span></h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">L&rsquo;endophasie est par d&eacute;finition un discours hors-normes &agrave; la fois en tant qu&rsquo;objet d&rsquo;&eacute;tude longtemps marginalis&eacute; dans les champs de la linguistique, mais &eacute;galement en tant que type de discours dont l&rsquo;analyse m&ecirc;me n&eacute;cessite d&rsquo;abandonner toute ambition normative. L&rsquo;&eacute;tude du discours int&eacute;rieur n&eacute;cessite d&rsquo;&eacute;laborer des outils scientifiques qui s&rsquo;&eacute;cartent du cadre m&eacute;thodologique traditionnel de l&rsquo;analyse du discours communicationnel oral et/ou &eacute;crit. Face &agrave; ce discours insaisissable pour autrui comme pour soi-m&ecirc;me, il convient d&rsquo;accepter qu&rsquo;il ne puisse y avoir qu&rsquo;un acc&egrave;s indirect &agrave; ce type discours, et que l&rsquo;&eacute;tude de ses repr&eacute;sentations est &agrave; consid&eacute;rer comme objet d&rsquo;analyse l&eacute;gitime. Au-del&agrave;, l&rsquo;&eacute;tude du discours int&eacute;rieur permet de mettre en relief l&rsquo;absence de normes qui r&eacute;gissent l&rsquo;envers du langage. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Si le refus de la norme est une propri&eacute;t&eacute; habituellement valoris&eacute;e de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire, la repr&eacute;sentation endophasique qu&rsquo;&eacute;labore H. Broch dans <i>Der Tod des Vergil</i>, t&eacute;moigne des difficult&eacute;s de lisibilit&eacute; de ce type de discours, par la remise en question des conventions textuelles et morphosyntaxiques. Face &agrave; l&rsquo;absence de &laquo;&nbsp;ponctuation blanche&nbsp;&raquo; et de segmentation paragraphique, il convient au lecteur de placer les normes ailleurs. Ni le paragraphe, ni la phrase semblent ainsi les unit&eacute;s linguistiques pertinentes pour l&rsquo;analyse de l&rsquo;endophasie, qui n&rsquo;est pas organis&eacute;e autour de normes visuelles, mais autour de ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;&eacute;coute (polyphonie, rythme, souffle). Le discours int&eacute;rieur est ainsi une repr&eacute;sentation de la gen&egrave;se de la pens&eacute;e sous la forme d&rsquo;une voix int&eacute;rieure qui se parle et qui s&rsquo;&eacute;coute.</span></span></p> <h3 style="text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Bibliographie</span></span></h3> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Adam, J.-M. (Ed.). (2015). <i>Faire texte: fronti&egrave;res textuelles et op&eacute;rations de textualisation</i>, Besan&ccedil;on, France: Presses universitaires de Franche-Comt&eacute;.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Adam, J.-M. (2018). <i>Le paragraphe: entre phrases et texte</i>, Malakoff, France: Armand Colin.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Bergounioux, G. (2001). Esquisse d&rsquo;une histoire n&eacute;gative de l&rsquo;endophasie. <i>Langue fran&ccedil;aise</i>, 132(1), 3&ndash;25.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Bergounioux, G. (2004). <i>Le moyen de parler</i>, Lagrasse (Aude): Verdier.</span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Bergounioux, G. (2022). La parole int&eacute;rieure en litt&eacute;rature. Dujardin entre psychologie et symbolisme. <i>SHS Web of Conferences</i>, 138, 05005. </span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Broch, H. (1990). <i>La Mort de Virgile</i>. </span><span lang="DE" style="font-size:12.0pt">(A. Kohn, Trans.), Paris: Gallimard.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="DE" style="font-size:12.0pt">Broch, H. &nbsp;[</span><span style="font-size:12.0pt">1945</span><span lang="DE" style="font-size:12.0pt">]. <i>Der Tod des Vergil</i>. </span><span style="font-size:12.0pt">(P. M. L&uuml;tzeler, Ed.), Francfort-sur-le-Main: Suhrkamp, 2007. </span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Charaudeau, P., Maingueneau, D., &amp; Adam, J.-M. (2002). <i>Dictionnaire d&rsquo;analyse du discours</i>, Paris: Seuil.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Cohn, D. C. (1981). <i>La transparence int&eacute;rieure: modes de repr&eacute;sentation de la vie psychique dans le roman</i>, Paris: &Eacute;ditions du Seuil.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="background:#fdfdfd"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:#383838">Dubois, J., Marcellesi, J-B., M&eacute;yel, J-P. et al. (1973).&nbsp;</span></span></span><i style="font-variant-ligatures:normal; font-variant-caps:normal; orphans:2; text-align:start; widows:2; -webkit-text-stroke-width:0px; text-decoration-thickness:initial; text-decoration-style:initial; text-decoration-color:initial; word-spacing:0px">Dictionnaire de linguistique</i><span style="font-variant-ligatures:normal; text-align:start; -webkit-text-stroke-width:0px"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="orphans:2"><span style="widows:2"><span style="text-decoration-thickness:initial"><span style="text-decoration-style:initial"><span style="text-decoration-color:initial"><span style="float:none"><span style="word-spacing:0px">. Paris : Larousse.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Dubois, J., &amp; Groupe Mu. (1977). <i>Rh&eacute;torique de la po&eacute;sie: lecture lin&eacute;aire, lecture tabulaire</i>, Bruxelles, Belgique: &Eacute;d. Complexe.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Favriaud, M. (2004). Quelques &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;une th&eacute;orie de la ponctuation blanche -par la po&eacute;sie contemporaine. <i>L&rsquo;information grammaticale</i>, 102(1), 18&ndash;23.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">Firbas, J. (1964). On defining the theme in functional sentence analysis, <i>Travaux linguistiques de Prague </i>(1), 267&ndash;280.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Jakobson, R., [1952]. <i>Essais de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</i>, Paris, France: Editions de Minuit, 1963.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Kerbrat-Orecchioni, C. (1999). <i>L&rsquo;&eacute;nonciation: de la subjectivit&eacute; dans le langage</i>, 4e &eacute;dition., Paris: Armand Colin.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Meschonnic, H. (1982). Qu&rsquo;entendez-vous par oralit&eacute;? <i>Langue fran&ccedil;aise</i>, 56(1), 6&ndash;23.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Morin, A. (2012). Inner Speech. In <i>Encyclopedia of Human Behavior</i>. doi:<a href="https://doi.org/10.1016/B978-0-12-375000-6.00206-8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">10.1016/B978-0-12-375000-6.00206-8</a></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Prak-Derrington, E. (2018). Unit&eacute;s de sens, unit&eacute;s de son : les figures rythmiques de la r&eacute;p&eacute;tition. In M. Monte, S. Thonnerieux, &amp; P. Wahl, eds., <i>Stylistique et m&eacute;thode. Quels paliers de pertinence textuels ?</i>, Presses Universitaires de Lyon, 207&ndash;221.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Prak-Derrington, E. (2020). La r&eacute;p&eacute;tition figurale. Une signifiance incarn&eacute;e. In V. Magri &amp; P. Wahl, eds., <i>R&eacute;p&eacute;tition et signifiance. L&rsquo;invention po&eacute;tique</i>, Lambert-Lucas, 29&ndash;47.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Prak-Derrington, E. (2021). <i>Magies de la r&eacute;p&eacute;tition</i>. <i>Magies de la r&eacute;p&eacute;tition</i>, Lyon: ENS &Eacute;ditions. </span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Philippe, G. (1997). <i>Le discours en soi: la repr&eacute;sentation du discours int&eacute;rieur dans les romans de Sartre</i>, Paris, France: H. Champion.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Rabatel, A. (2001). Les repr&eacute;sentations de la parole int&eacute;rieure: Monologue int&eacute;rieur, discours direct et indirect libres, point de vue. <i>Langue fran&ccedil;aise</i>, (132), 72&ndash;95.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Rabatel, A. (2009). <i>Homo narrans: pour une analyse &eacute;nonciative et interactionnelle du r&eacute;cit</i>, Limoges: Lambert-Lucas.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Rabatel, A. (2021). Discours direct libre et parole int&eacute;rieure. <i>Pratiques. Linguistique, litt&eacute;rature, didactique</i>, (191&ndash;192). doi:<a href="https://doi.org/10.4000/pratiques.10832" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">10.4000/pratiques.10832</a></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Schanen, F., &amp; Confais, J.-P. (1989). <i>Grammaire de l&rsquo;allemand: formes et fonctions</i>, Paris: A. Colin.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="background:#fdfdfd"><span style="color:black">Siouffi, G., &amp; Steuckardt, A. (&eacute;ds). (2007).&nbsp;</span></span><i style="font-variant-ligatures:normal; font-variant-caps:normal; orphans:2; text-align:start; widows:2; -webkit-text-stroke-width:0px; text-decoration-thickness:initial; text-decoration-style:initial; text-decoration-color:initial; word-spacing:0px">Les linguistes et la norme</i><span style="font-variant-ligatures:normal; text-align:start; -webkit-text-stroke-width:0px"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="orphans:2"><span style="widows:2"><span style="text-decoration-thickness:initial"><span style="text-decoration-style:initial"><span style="text-decoration-color:initial"><span style="float:none"><span style="word-spacing:0px">. Berne : Peter Lang</span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="background:#fdfdfd"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:#383838">.</span></span></span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Smadja, S. (2021a). <i>La parole int&eacute;rieure: qu&rsquo;est-ce que se parler veut dire ?</i>, Paris: Hermann.</span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Smadja, S. (2021b). <i>Pour une grammaire endophasique: un moi locuteur-auditeur</i>, Vol.I, Paris:&nbsp;Hermann.</span></span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Smadja, S. (2021c). <i>Pour une grammaire endophasique: une syntaxe, une s&eacute;mantique et une prosodie de la conscience</i>, Vol. </span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">II, Paris: Hermann.</span></span></span></p> <p><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Vygotski, L. S., Piaget, J., S&egrave;ve, F., Clot, Y. P., &amp; S&egrave;ve, L. P. (2013). </span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Pens&eacute;e et langage</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, Paris: La Dispute.</span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;dans la <u>nudit&eacute;</u> de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement, dans sa r&eacute;alit&eacute; imm&eacute;diate, il n&rsquo;y a pas de place pour une r&eacute;flexion [...], et avec la m&ecirc;me <u>nudit&eacute; transparente</u> et imm&eacute;diate, Plotia le pressait.&nbsp;&raquo; (LmdV&nbsp;:374)</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-indent:1cm; text-align:justify">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn2"> <p align="left" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;les vieillards nus, en train de mourir, puaient dans l&rsquo;obscurit&eacute; des cachots qui leur servaient de chambre.&nbsp;&raquo; (LmdV&nbsp;:382)</span></span></span></p> </div> </div> <p>&nbsp;</p> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-indent:1cm"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[1]</span></span></a> Traduction litt&eacute;rale par KD adapt&eacute;e &agrave; partir de la traduction fran&ccedil;aise de Albert Kohn qui ne pr&eacute;sente pas la m&ecirc;me structure rythmique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le ruissellement des eaux, le ruissellement des fontaines se faisait plus l&eacute;ger, et tr&egrave;s l&eacute;ger un murmure s&rsquo;&eacute;leva dans son &acirc;me, dans son c&oelig;ur, tr&egrave;s l&eacute;ger un murmure s&rsquo;&eacute;leva en lui et s&rsquo;&eacute;chappa de lui[&hellip;]&nbsp;&raquo; (LmdV: 370)</span></span></p> </div> </div> <p>&nbsp;</p>