<h2>1. Introduction</h2> <p>L&rsquo;arabe dialectal marocain ou la Darija &eacute;tait g&eacute;n&eacute;ralement consid&eacute;r&eacute; comme une langue exclusivement orale utilis&eacute;e pour communiquer oralement dans des contextes informels. Cependant, depuis les ann&eacute;es 2000 et surtout avec l&rsquo;av&egrave;nement du web interactif 2.0, l&rsquo;&eacute;criture en Darija est devenue courante et largement pratiqu&eacute;e sur les espaces num&eacute;riques. Ce passage &agrave; l&rsquo;&eacute;criture est consid&eacute;r&eacute; comme &eacute;tant <q>informel</q> (Caubet&nbsp;2017&nbsp;: 116) dans le sens o&ugrave; premi&egrave;rement, il a lieu dans des contextes informels et, deuxi&egrave;mement, il est pratiqu&eacute; en dehors du contr&ocirc;le ou intervention de l&rsquo;&Eacute;tat.</p> <p>En effet, en l&rsquo;absence d&rsquo;une standardisation officielle, des habitudes conscientes ou inconscientes d&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe dialectal marocain se sont d&eacute;velopp&eacute;es sur ces plateformes num&eacute;riques (r&eacute;seaux sociaux, WhatsApp, forums, revues &eacute;lectroniques&hellip;), produisant deux tendances d&rsquo;&eacute;criture. L&rsquo;une, utilisant la graphie arabe, cherche une ad&eacute;quation aux nomes de l&rsquo;arabe standard et veut ainsi s&rsquo;en rapprocher. L&rsquo;autre, purement phon&eacute;tique, &eacute;chappe &agrave; toutes normes, adopte deux types de graphie latine et arabe ainsi que des chiffres &agrave; force d&rsquo;un usage r&eacute;p&eacute;t&eacute;.</p> <p>Ces deux tendances d&rsquo;&eacute;criture se d&eacute;veloppent d&rsquo;une mani&egrave;re individuelle et spontan&eacute;e et aboutissent &agrave; une &laquo;&nbsp;conventionnalisation&nbsp;&raquo; par la force de l&rsquo;&eacute;change et de l&rsquo;usage r&eacute;p&eacute;t&eacute;. En ce sens, Dominique Caubet (2017&nbsp;: 3) parle d&rsquo;un <q>apprentissage collectif, non-institutionnel</q> qui rel&egrave;ve du Do It Yourself et le d&eacute;crit comme <q>une action spontan&eacute;e et collective d&rsquo;acquisition de la lecture et de l&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;une langue non-codifi&eacute;e</q> (<em>ibid</em>.). Cependant, s&rsquo;il semble y avoir une &laquo;&nbsp;conventionnalisation&nbsp;&raquo; dans certaines pratiques, l&rsquo;analyse des habitudes orthographiques r&eacute;elles adopt&eacute;es par les auteurs montre qu&rsquo;ils ne partagent pas toujours les m&ecirc;mes normes orthographiques et les divergences sont assez saillantes.</p> <p>&Agrave; cet &eacute;gard, plusieurs questions s&rsquo;imposent&nbsp;: Existe-t-il des normes qui structurent les comportements orthographiques des usagers de l&rsquo;arabe dialectal marocain sur les environnements num&eacute;riques&nbsp;? Assiste-t-on &agrave; une fabrication des normes linguistiques sur ces plateformes num&eacute;riques&nbsp;? Ou s&rsquo;agit-il d&rsquo;une entreprise individuelle libre et atypique&nbsp;?</p> <h2>2. Objectif et m&eacute;thode</h2> <p>Notre objectif dans cette &eacute;tude est d&rsquo;analyser les pratiques et les habitudes orthographiques r&eacute;elles observ&eacute;es dans la graphie latine et la graphie arabe de l&rsquo;arabe dialectal marocain sur les environnements num&eacute;riques, en mettant en exergue les normes adopt&eacute;es dites non institutionnelles instaur&eacute;es par l&rsquo;usage r&eacute;p&eacute;t&eacute;.</p> <p>Le cadre th&eacute;orique que nous avons adopt&eacute; s&rsquo;apparente &agrave; la relation entre norme et usage. En effet, nous faisons r&eacute;f&eacute;rence dans cette contribution aux deux acceptions du mot &laquo;&nbsp;norme&nbsp;&raquo; telles qu&rsquo;&eacute;voqu&eacute;es par Gilles Siouffi et Agn&egrave;s Steuckardt (2007&nbsp;: X).</p> <blockquote> <p>La plus ancienne (&hellip;) est celle de &laquo;&nbsp;r&egrave;gle, loi d&rsquo;apr&egrave;s laquelle on doit se diriger&nbsp;&raquo; (Littr&eacute;, 1877, article &laquo;&nbsp;Norme&nbsp;&raquo;)&nbsp;; la seconde (&hellip;) (issue de la sociologie), norme signifie &laquo;&nbsp;&eacute;tat habituel, r&eacute;gulier, conforme &agrave; la majorit&eacute; des cas&nbsp;&raquo; (Robert historique, 1992, article &laquo;&nbsp;Norme&nbsp;&raquo;)</p> </blockquote> <p>En pratique, ces deux acceptions de norme marquent leur pr&eacute;sence dans l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe dialectal marocain sur les espaces num&eacute;riques : (1) <q>norme objective, observable, [&hellip;] qui renvoie &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de fr&eacute;quence ou tendance</q> (ibid.), c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; l&rsquo;usage r&eacute;p&eacute;t&eacute;. Et, (2) <q>norme subjective, syst&egrave;me de valeurs historiquement situ&eacute;&nbsp;&hellip; </q>, (Fran&ccedil;oise Gadet 2003&nbsp;:19) dans la mesure o&ugrave;, en empruntant &agrave; l&rsquo;arabe standard et/ou au fran&ccedil;ais des normes d&eacute;j&agrave; historiquement &eacute;tablies. Reste &agrave; savoir si les deux normes s&#39;appuient l&#39;une sur l&#39;autre (Gilles Siouffi et Agn&egrave;s Steuckardt 2007&nbsp;: X), pour former cette orthographe qui semble en construction pour l&#39;arabe dialectal marocain &eacute;crit, ou si les divergences sont si importantes que cette entreprise semble bien lointaine.</p> <p>Quant &agrave; la d&eacute;marche emprunt&eacute;e, elle est descriptive dans le sens o&ugrave; elle nous conduit &agrave; d&eacute;crire les habitudes et les comportements adopt&eacute;s dans l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe marocain&nbsp;; elle est aussi comparative dans la mesure o&ugrave; elle &eacute;voque des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;&eacute;criture semblables ou divergents par comparaison avec une autre vari&eacute;t&eacute; de l&rsquo;arabe, &agrave; savoir l&rsquo;arabe standard.</p> <p>Les exemples choisis pour cette contribution sont issus de plusieurs supports num&eacute;riques, &agrave; savoir, un recueil des articles r&eacute;dig&eacute;s en arabe dialectal marocain dans deux journaux &eacute;lectroniques connus pour leur utilisation de la darija, &laquo;&nbsp;goud.ma&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;kifache.com&nbsp;&raquo;, une collection des publications en arabe marocain sur les r&eacute;seaux sociaux num&eacute;riques, notamment Facebook, ainsi que plusieurs interactions num&eacute;riques d&rsquo;un groupe d&rsquo;&eacute;tudiants marocains sur WhatsApp.</p> <h2>3. Bref Rappel du paysage linguistique marocain</h2> <p>Le paysage linguistique marocain est marqu&eacute; par la coexistence de plusieurs langues et vari&eacute;t&eacute;s linguistiques : outre les deux langues officielles, l&#39;arabe et l&#39;amazigh, il y a l&#39;arabe marocain ou darija, qui existe en plusieurs vari&eacute;t&eacute;s, l&#39;amazigh, qui existe &eacute;galement en plusieurs vari&eacute;t&eacute;s, et le fran&ccedil;ais et l&#39;espagnol, qui sont deux langues h&eacute;rit&eacute;es de la p&eacute;riode coloniale.</p> <p>Ces diff&eacute;rentes langues ont chacune leur histoire, leur syst&egrave;me, leur statut et leurs fonctions. En ce qui concerne l&rsquo;arabe dialectal marocain (Darija), objet de notre contribution, il est consid&eacute;r&eacute; comme une langue orale non standard, sans statut officiel. Malgr&eacute; cela, il tire sa force d&rsquo;une <q>une mouvance sociale qui la porte, le poids de sa masse parlante, la vastitude de son r&eacute;pertoire et la vitalit&eacute; de la culture qu&rsquo;elle v&eacute;hicule&nbsp;</q> (Boukous&nbsp;2021 :121). En ce sens, les chiffres parlent d&rsquo;eux-m&ecirc;mes&nbsp;: selon les statistiques du Haut-Commissariat au Plan, il est la premi&egrave;re langue maternelle de 72% de la population du Maroc et est parl&eacute; par 90% de la population, car il joue &eacute;galement le r&ocirc;le de langue v&eacute;hiculaire entre arabophones et berb&eacute;rophones.</p> <h2>4. Le passage &agrave; l&rsquo;&eacute;crit de l&rsquo;arabe dialectal marocain et standardisation</h2> <p>L&rsquo;&eacute;criture en arabe marocain dialectal n&rsquo;est pas un fait nouveau, en r&eacute;alit&eacute;, son utilisation &agrave; l&rsquo;&eacute;crit remonte &agrave; des &eacute;crits anciens de la litt&eacute;rature et de l&rsquo;art populaires associ&eacute;s &agrave; l&rsquo;oralit&eacute; tels que les po&egrave;mes de Malhoun et de Zajal et le th&eacute;&acirc;tre populaire. Ensuite, comme l&rsquo;ont soulign&eacute; plusieurs chercheurs marocains et &eacute;trangers, depuis les ann&eacute;es 2000, on assiste &agrave; une augmentation int&eacute;ressante de l&rsquo;usage &eacute;crit de l&rsquo;arabe dialectal marocain dans diff&eacute;rents domaines, la presse &eacute;crite notamment le magazine Nichan et le journal Al Massae (Aguad&eacute; 2006, 2012, Miller 2012), la publicit&eacute; (Miller 2012, 2015, 2017), le Code de la route (Messaoudi 2002), l&rsquo;internet (Atifi 2003, Berjaoui 2001, Caubet 2016, Moscoso 2009, Berjaoui 2002), les SMS (Ben&iacute;tez-Fern&aacute;ndez 2003, Caubet 2004) et enfin les r&eacute;seaux sociaux (Caubet 2012, 2013) qui ont donn&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe dialectal marocain un &eacute;lan tr&egrave;s important.</p> <p>&Agrave; propos de ce passage &agrave; l&rsquo;&eacute;crit de la darija sur les environnements num&eacute;riques, Dominique Caubet parle d&rsquo;une <q>litt&eacute;ratie num&eacute;rique</q> qui se d&eacute;veloppe par <q>le biais d&rsquo;un apprentissage collectif, non institutionnel</q> (Caubet 2017&nbsp;: 391). Catherine Miller va jusqu&rsquo;&agrave; dire qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une <q>standardisation et d&rsquo;une institutionnalisation par les usagers</q> (Miller 2017&nbsp;:109) d&rsquo;une darija &eacute;crite contemporaine. &Agrave; l&rsquo;inverse, Gunvor Mejdell &eacute;voque une <q>d&eacute;-standardisation</q> (Gunvor 2017&nbsp;: 68) de la langue arabe produite par l&rsquo;av&egrave;nement de la communication num&eacute;rique et l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe vernaculaire et mixte.</p> <p>Or, s&rsquo;il semble y avoir une &laquo;&nbsp;litt&eacute;ratie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, une &laquo;&nbsp;standardisation&nbsp;&raquo; ou encore une &laquo;&nbsp;d&eacute;-standardisation&nbsp;&raquo;, l&rsquo;observation des pratiques orthographiques r&eacute;elles des usagers sur les espaces num&eacute;riques montre qu&rsquo;il y a certes une &laquo;&nbsp;normalisation&nbsp;&raquo; de l&rsquo;usage de la darija &eacute;crite, mais la &laquo;&nbsp;normativisation&nbsp;&raquo; de cette langue semble &ecirc;tre un long chemin &agrave; parcourir. En d&#39;autres termes, si l&#39;utilisation de l&#39;&eacute;criture de cette langue est devenue un fait normal dans la communication num&eacute;rique, l&#39;&eacute;tablissement de normes orthographiques sp&eacute;cifiques &agrave; cette langue semble &ecirc;tre une entreprise d&eacute;licate, car d&#39;une part les divergences observ&eacute;es dans les pratiques d&#39;&eacute;criture sont tr&egrave;s pr&eacute;sentes, d&#39;autre part parce que la question des normes linguistiques est controvers&eacute;e dans le contexte sociolinguistique marocain, compte tenu du profil des utilisateurs, de leurs intentions et de leurs id&eacute;ologies. Ainsi, on peut s&#39;interroger sur la l&eacute;gitimit&eacute; de qualifier en termes de d&eacute;viances ou de transgressions les divergences observ&eacute;es dans les pratiques orthographiques des utilisateurs de l&#39;arabe dialectal marocain &agrave; l&#39;&eacute;crit, d&#39;autant plus qu&#39;il n&#39;y a pas d&#39;accord sur ce qui constitue les normes orthographiques de la darija.</p> <h2>5. Normes et pratiques de l&rsquo;arabe marocain &eacute;crit sur les espaces num&eacute;riques</h2> <p>Au d&eacute;but, l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe dialectal se limitait &agrave; la graphie latine sur les claviers fran&ccedil;ais, faute de ne pas pouvoir avoir l&rsquo;acc&egrave;s aux claviers arabes. La graphie arabe a commenc&eacute; &agrave; arriver au Maroc en 2009 avec la g&eacute;n&eacute;ralisation des claviers arabes et l&rsquo;interface arabe de Facebook. Et &agrave; partir de 2014-2015, avec l&rsquo;arriv&eacute;e des claviers t&eacute;l&eacute;chargeables sur les smartphones, l&rsquo;utilisation des claviers arabes est devenue plus courante.</p> <p>Nous allons dans un premier temps d&eacute;crire et analyser les habitudes orthographiques constat&eacute;es dans la graphie arabe, puis dans un second temps nous aborderons la graphie latine.</p> <h3>5.1. Analyse des habitudes orthographiques dans la graphie arabe</h3> <p>En adoptant une d&eacute;marche comparative, nous tenterons de comparer l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe dialectal marocain avec une autre vari&eacute;t&eacute; de l&rsquo;arabe, &agrave; savoir l&rsquo;arabe standard. L&rsquo;objectif est d&rsquo;&eacute;voquer des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;&eacute;criture semblables ou divergents.</p> <h4>5.1.1. Les interdentales&nbsp;: not&eacute;es, bien que non-r&eacute;alis&eacute;es &agrave; l&rsquo;oral</h4> <p>Les interdentales, ṯ, ḏ et ḏ̣ de l&rsquo;arabe standard qui sont g&eacute;n&eacute;ralement pass&eacute;es aux dentales avoisinantes &agrave; savoir t, d, et ḍ et donc non r&eacute;alis&eacute;es en arabe dialectale marocain, on les retrouve souvent transcrites.</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Exemples&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(1) <b>ظروف</b> معنكشة (<i>ḏ̣urūf mʔankša </i>&laquo; des conditions difficiles &raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(2) لحماق <b>هذا</b> &nbsp;(<i>l-ḥmāq haḍa</i>̄ &laquo;&nbsp;c&rsquo;est la folie&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(3) ربعين درهم <b>وكثر</b>&nbsp; (<i>rbʔīn dərham w kṯ̣ar </i>&laquo;&nbsp;quarante dirhams et plus&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(4) خاصو <b>كثر</b> من <b>ثمن</b> السلعة (<i>xāṣū kṯ̣ar mən ṯ̣aman s-səlʔa </i>&laquo;&nbsp;il doit augmenter le prix de la marchandise&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p>Cependant, elles sont peu &eacute;crites dans les d&eacute;ictiques et les conjonctions.</p> <p>Exemples&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(5) <b>هاد</b> الأحداث ( <i>hād l-ʔaḥdāṯ </i>&laquo;&nbsp;ces &eacute;v&eacute;nements&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(6) <b>داك</b> الشي &nbsp;(<i>dāk š-šī </i>&laquo;&nbsp;c&rsquo;est &ccedil;a&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(7) ديال <b>هاد</b> الوقت &nbsp;(<i>dyāl hād l-waqt </i>&laquo;&nbsp;de ce temps&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(8) <b>ودوك</b> الملايرية &nbsp;(<i>w dūk l-mlayriyya </i>&laquo;&nbsp;et ces milliardaires&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p>Ainsi, l&rsquo;existence de l&rsquo;&eacute;criture de ces interdentales peut &ecirc;tre justifi&eacute;e par la recherche de r&eacute;gularit&eacute; en s&rsquo;approchant le plus possible des normes de l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe standard.</p> <h4>5.1.2. Assimilations et aph&eacute;r&egrave;ses&nbsp;: pr&eacute;sence de deux comportements orthographiques</h4> <p>Pour les assimilations et les aph&eacute;r&egrave;ses, on note deux comportements orthographiques dans leur notation&nbsp;:</p> <p>Certains usagers suivent les normes de l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe standard en ne marquant pas les assimilations et les aph&eacute;r&egrave;ses comme le prescrit la norme de cette langue. D&rsquo;autres ont tendance &agrave; &eacute;crire <strong>phon&eacute;tiquement</strong>, en fondant parfois les formes des mots, comme dans l&rsquo;exemple (9) <em>fin mālqa raṣu</em>, &eacute;crit <em>fimālqa raṣu</em>, avec une assimilation de la derni&egrave;re consonne de la pr&eacute;position fin &agrave; la particule ma-. De m&ecirc;me, l&rsquo;indice de personne <em><strong>n-</strong></em> assimil&eacute; par la consonne initiale <em><strong>r </strong></em>du verbe, dispara&icirc;t dans la graphie (10) <em>bġitu-na n-rәžʕu l-lūr, </em>&eacute;crit<em> bġitu-na rәžʕu l-lū</em>r. Enfin dans l&rsquo;expression (11) <em>bāš yqdər yxdəm ʔawtani</em>, le mot <em>ʔawdtani </em>prononc&eacute; <em>ʔawtani</em> avec aph&eacute;r&egrave;se de <strong><em>d</em></strong>. on le trouve &eacute;crit comme il se prononce.</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(9) </span></span></span></b><b><span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">فمالقى</span></span></span></b><span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> راسو</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> ( <b><i>fin mālqa </i></b><i>raṣu </i>&laquo;&nbsp;o&ugrave; il se trouve&nbsp;&raquo;, &eacute;crit <b><i>fimālqa </i></b><i>raṣu</i>)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(10) <b>رجعو</b> لل</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">ور</span></span></span> <span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">بغتونا</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> ( <i>bġitu-na <b>n-rәžʕu</b> l-lūr </i>&laquo; vous voulez que&nbsp;nous retournions en arri&egrave;re, &eacute;crit <i>bġitu-na <b>rәžʕu</b> l-lūr </i>)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(11) باش يقدر يخدم <b>عاوتان</b> &nbsp;(<i>bāš yqdər yxdəm <b>ʔawdtani</b> </i>&laquo;&nbsp;pour qu&rsquo;il puisse travailler encore&nbsp;&raquo;, &eacute;crit <i>bāš yqdər yxdəm <b>ʔawtani</b> </i>)&nbsp;</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <h4 style="margin-top: 3px; margin-left: 48px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-weight:bold">5.1.3. Les voyelles longues&nbsp;: un probl&egrave;me r&eacute;current dans l&rsquo;arabe marocain ayant des r&eacute;percussions sur son &eacute;criture</span></span></span></span></span></h4> <p>La question des voyelles longues en parlers de l&rsquo;arabe marocain est discutable. Le probl&egrave;me phonologique de savoir si telle voyelle est effectivement r&eacute;alis&eacute;e longue, ou seulement moyenne est souvent pos&eacute; par les linguistes. Ce probl&egrave;me a &eacute;videmment des r&eacute;percussions sur l&rsquo;orthographe de l&rsquo;arabe marocain dialectal. En effet, on remarque des diff&eacute;rences d&rsquo;un usager &agrave; l&rsquo;autre et parfois chez le m&ecirc;me usager.</p> <p>Par exemple, &agrave; la conjugaison suffixale, dans l&rsquo;indice de personnes &agrave; la 2&egrave;me pers. du singulier -ti, la voyelle est br&egrave;ve. Mais on peut la trouver &eacute;crite avec une longue&nbsp;:<em> kūntī, bqitī, ymšī</em></p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(12) كنتي</span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> (<i>kūntī </i>&laquo;&nbsp;tu &eacute;tais&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(13) <b>بقيتي</b> تما &nbsp;( <i>bqitī təma </i>&laquo;&nbsp;tu es rest&eacute; l&agrave;&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(14) <b>يمشي</b> لبلادو&nbsp; (<i>ymšī l-blādu</i>̄ &laquo;&nbsp;qu&rsquo;il parte &agrave; son pays&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p>Il en est de m&ecirc;me des pronoms affixes de la 3e personne du masculin singulier, r&eacute;alis&eacute;s [u] en arabe dialectal&nbsp;; ils sont tr&egrave;s majoritairement &eacute;crits ū&nbsp;: <em>sləʔtū, l-blādū.</em></p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(15) سلعتو</span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> (<i>sləʔtū </i>&laquo;&nbsp;sa marchandise&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(16) يمشي <b>لبلادو</b> (<i>ymšī l-blādū </i>&laquo;&nbsp;qu&rsquo;il parte &agrave; son pays&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p>On trouve des allongements &eacute;galement dans des mots qui n&rsquo;en contiennent pas par exemple&nbsp;: <em>mūškīl, mūškīla.</em></p> <ul> <li style="margin-left: 40px;">(17) <strong>موشكيل</strong> (<em>mūškīl</em> &laquo;&nbsp;probl&egrave;me&nbsp;&raquo;)</li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(18) <b>موشكيلة</b> حقيقية هادي (<i>mūškīla ḥaqīqiyya hādi</i>̄ &laquo;&nbsp;une vraie probl&eacute;matique celle-l&agrave;&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <h4>5.1.4. La n&eacute;gation</h4> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">La particule de n&eacute;gation <em><strong>ma </strong></em>pose &eacute;galement probl&egrave;me dans sa notation. Deux questions se posent, la premi&egrave;re concerne sa longueur, la deuxi&egrave;me est son rattachement ou pas &agrave; la forme verbale. En effet, on trouve une forme longue qui n&rsquo;est pas rattach&eacute;e &agrave; la forme verbale ماقبلتيهاش مابغيتيش ; comme on peut trouver une forme br&egrave;ve, attach&eacute;e &agrave; la forme verbale&nbsp;: <span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">مكيفوتوش</span></span></span></span></span></span></p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(19)ماقبلتيهاش</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> (<i>māqbəltīhāš </i>&laquo; tu ne l&rsquo;as pas accept&eacute;e&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(20) </span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">مابغيتيش</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> (<i>mābġītīš </i>&laquo;&nbsp;tu n&rsquo;as pas voulu &raquo;) ou une forme br&egrave;ve </span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">مكيفوتوش</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> (<i>makayfūtūš </i>&laquo;&nbsp;ils ne d&eacute;passent pas&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p>Les pluriels des verbes sont majoritairement &eacute;crits&nbsp; &laquo;&nbsp;<strong>و&nbsp;</strong>&raquo;&nbsp;ou parfois &laquo;&nbsp;<strong>وا&nbsp;</strong>&raquo; comme en arabe standard&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(21)قادو</span></span></span></b><span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> لينا</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> ( <i>qādd<b>ū</b> līna </i>&laquo;&nbsp;faites-nous&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(22) نبيعو نشريو ( <i>nbīʔū nšrīw </i>&laquo;&nbsp;nous vendons et nous achetons&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(23) نسمعو</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">ا</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> ليها </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;(&nbsp;<i>nsmʔū līha </i>&laquo;&nbsp;on l&rsquo;&eacute;coute&nbsp;&raquo;)</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p>De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, deux tendances d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;en caract&egrave;res arabes peuvent &ecirc;tre observ&eacute;es dans les comportements orthographiques des usagers de l&rsquo;arabe dialectal marocain sur les environnements num&eacute;riques :</p> <p style="margin-left: 40px;">- La premi&egrave;re tend &agrave; &ecirc;tre la plus r&eacute;guli&egrave;re possible en respectant autant que faire se peut les normes de l&rsquo;arabe standard. On la trouve surtout sur les sites web des journaux &eacute;lectroniques.</p> <p style="margin-left: 40px;">- La seconde est irr&eacute;guli&egrave;re, divergente purement phon&eacute;tique, rel&acirc;ch&eacute;e, &eacute;chappant &agrave; toutes normes, pratiqu&eacute;e notamment sur les r&eacute;seaux sociaux num&eacute;riques.</p> <h3>5.2. Analyse des habitudes orthographiques dans la graphie latine</h3> <p>Les habitudes d&rsquo;&eacute;criture en graphie latine sont apparues &agrave; partir des ann&eacute;es 2000 avec l&rsquo;apparition des t&eacute;l&eacute;phones portables pour envoyer des SMS. &Agrave; cette &eacute;poque, les claviers arabes n&rsquo;&eacute;taient pas disponibles, on cherchait donc &agrave; adapter des phon&egrave;mes marocains &agrave; la graphie latine en recourant notamment aux chiffres pour transcrire les graph&egrave;mes manquants. Par ailleurs, les normes de l&rsquo;orthographe fran&ccedil;aise sont bien pr&eacute;sentes dans ces habitudes d&rsquo;&eacute;criture.</p> <h4>5.2.1. Utilisation des chiffres pour des graph&egrave;mes manquants</h4> <p>Les chiffres 9, 7, 5 et 3 sont utilis&eacute;s, par ressemblances avec les lettres arabes (<span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt">ق</span>, ح, <span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt">خ</span>, ع), pour transcrire respectivement les phon&egrave;mes /q/, /ḥ/, /x/, /ʔ/ inexistants dans le syst&egrave;me phon&eacute;tique fran&ccedil;ais :</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(24) Le 9 pour le /q/ </span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(par ressemblance &agrave; la lettre qaf ق de l&rsquo;arabe) : <i>matwaf9ich</i> &laquo; n&rsquo;accepte pas &raquo;, <i>b9a</i> &laquo; reste &raquo;, <i>tri9ek</i> &laquo; ta route &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(25) Le 7 pour le /ḥ/ </span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(par ressemblance &agrave; la lettre ḥa </span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">ح</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> de l&rsquo;arabe) : <i>7yatek</i> &laquo; ta vie &raquo;, <i>7a9ou</i> &laquo; son droit &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(26) Le 5 pour le /x</span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">/ (par ressemblance &agrave; la lettre kha</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">خ </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(tr&egrave;s rare)) : <i>5ay</i> &laquo; mon fr&egrave;re &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(27) Le 3 pour le /ʔ/ </span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(par ressemblance &agrave; la lettre ʔayn </span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-MA" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">ع</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> de l&rsquo;arabe) : <i>y3tewak</i> &laquo; ils te donnent &raquo;, <i>ba3da</i> &laquo; quand-m&ecirc;me &raquo;, <i>rja3t</i> &laquo; je suis retourn&eacute; &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p>Il est &agrave; noter que les doublets (gh/r, ḥ/h,kh/5) sont tr&egrave;s fr&eacute;quents ce qui cr&eacute;e des confusions, mais il semble que cela n&rsquo;affecte pas la compr&eacute;hension gr&acirc;ce au travail de reconstruction du sens par le d&eacute;chiffrage et la lecture (Caubet 2017).</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(28) Le /ġ/ est transcrit gh ou r, </span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">avec un risque de confusion avec le phon&egrave;me /r/ : <i>ratb9a</i> / <i>ghatb9a</i> &laquo; tu resteras&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(29) Le /ḥ/ et le /h / </span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">: <i>yferhek ou yfer7ek </i>&laquo; te rend heureux &raquo;, <i>hyatek</i>, <i>7yatek</i> &laquo; ta vie &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(30) Le /x/ est transcrit kh, x ou 5 </span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">: <i>khouya</i> /<i>xouya</i>/ <i>5ouya</i> &laquo; mon fr&egrave;re &raquo; </span></span></span></span></span></span></li> </ul> <h4>5.2.2. Influence des normes de l&rsquo;orthographe fran&ccedil;aise</h4> <p>Dans la graphie latine, l&rsquo;influence des normes de l&rsquo;orthographe fran&ccedil;aise est importante ; on trouve par exemple&nbsp;:</p> <p style="margin-left: 40px;">-<strong> Les digrammes</strong>&nbsp;: groupe de deux lettres repr&eacute;sentant un seul phon&egrave;me.</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(31) gh</span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> <b>pour le ghayn [ġ] </b>: <i>lmaghrib</i> &laquo; le Maroc &raquo;, <i>sghir</i> &laquo; petit &raquo;, <i>ghali</i> &laquo; cher &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(32) ss</span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> <b>pour [s] </b>: <i>nnass</i> &laquo; les gens &raquo;, <i>ybouss li rassi </i>&laquo; il m&rsquo;embrasse la t&ecirc;te &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(33) ch</span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> <b>pour [š] </b>: <i>3ayech</i> &laquo; il vit &raquo;, <i>makayench</i> &laquo; il n&rsquo;y a pas &raquo;, <i>3lach</i> &laquo; pourquoi &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(34) kh</span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> <b>pour [x]: </b><i>lkhout</i> &laquo; les fr&egrave;res &raquo;, <i>wakha</i> &laquo; d&rsquo;accord &raquo;, <i>khdma</i> &laquo; travail &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(35) ou</span></span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> <b>pour [u] </b>: <i>douk</i> &laquo; ceux &raquo;, <i>bedlihoum</i> &laquo; change les &raquo;, <i>walou</i> &laquo; rien &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p style="margin-left: 40px;">-<strong> </strong><strong>Le e muet du fran&ccedil;ais</strong> qui apparait souvent en fin de mot&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(36) <i>kifache</i> &laquo; comment &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(37) <i>nichane</i> &laquo; direct &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p style="margin-left: 40px;"><strong>- Le ə, voyelle d&rsquo;aperture moyenne</strong> de l&rsquo;arabe marocain se trouve not&eacute; e (voyelle du fran&ccedil;ais)&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(38) <i>3ayech</i> &laquo; il vit &raquo;</span></span></span></span></span></span></li> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(39) <i>gales</i> &laquo; assis &raquo; </span></span></span></span></span></span></li> </ul> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><strong><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">-</span></span></span></span></span></span> La g&eacute;mination </strong>est parfois marqu&eacute;e par une double consonne parfois n&rsquo;est pas marqu&eacute;e bien qu&rsquo;elle existe &agrave; l&rsquo;oral.</p> <ul> <li style="margin-left: 80px;">(40) bzzaf / bzaf &laquo; beaucoup &raquo;</li> </ul> <p>En g&eacute;n&eacute;ral, plusieurs proc&eacute;d&eacute;s sont adopt&eacute;s, mais il n&rsquo;y a pas des r&eacute;gularit&eacute;s. Cette &eacute;criture est principalement phon&eacute;tique, rel&acirc;ch&eacute;e, pratiqu&eacute;e surtout sur des espaces informels notamment les r&eacute;seaux sociaux.</p> <p>Par ailleurs, le choix du clavier latin permet une alternance codique arabe marocain/fran&ccedil;ais tr&egrave;s fluide. Ainsi tous les &eacute;l&eacute;ments de cette alternance jouissent d&rsquo;un statut &eacute;gal et se fusionnent au point de produire une langue difficilement dissociable comme dans extrait ci-dessous o&ugrave; il est presque impossible de distinguer les deux langues&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 80px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(41) &laquo;&nbsp;La femme arabe est (&hellip;) la seule et l&rsquo;unique fautive <i>tsbar otskot</i>. Ben oui <i>ach daha</i> <i>t3ich</i> avec son temps, <i>tdkhol lfacebook, ach daha tdir</i> une photo de profil <i>halal 3leikom</i> <i>wa haram 3aleyna</i> = skyzophr&eacute;nie&nbsp;&raquo;</span></span></span><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></a></span></span></span></li> </ul> <h2>6. Discussion des r&eacute;sultats<span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-weight:bold">&nbsp;</span></span></span></h2> <p>Les similitudes et les divergences pr&eacute;sent&eacute;es ci-avant sont loin d&rsquo;&ecirc;tre exhaustives, mais elles nous donnent une vision g&eacute;n&eacute;rale sur les habitudes orthographiques des usagers de l&rsquo;arabe dialectal &agrave; l&rsquo;&eacute;crit sur les environnements num&eacute;riques.</p> <p>Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des habitudes&nbsp;inconscientes ou des d&eacute;cisions conscientes, <q>la mani&egrave;re d&rsquo;&eacute;crire n&rsquo;est jamais neutre</q> (Miller 2017&nbsp;: 91)&nbsp;; ces choix orthographiques sont &agrave; consid&eacute;rer comme des ph&eacute;nom&egrave;nes m&eacute;talinguistiques, socialement conditionn&eacute;s, qui mettent en lumi&egrave;re les attitudes des usagers &agrave; l&#39;&eacute;gard de l&rsquo;utilisation &eacute;crite de l&rsquo;arabe dialectale marocain et la relation qu&rsquo;ils entretiennent avec l&rsquo;arabe dialectal et l&rsquo;arabe standard. &laquo;&nbsp;Veulent-ils s&rsquo;approcher de l&rsquo;arabe standard&nbsp;? Ou, au contraire veulent-ils marquer une rupture entre l&rsquo;arabe dialectal et le standard&nbsp;?&nbsp;&raquo;. &Agrave; titre d&rsquo;exemple, un locuteur dont l&rsquo;id&eacute;ologie linguistique est pro-arabe penche pour suivre les normes de l&rsquo;arabe standard dans l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe dialectal marocain afin d&rsquo;&ecirc;tre plus ad&eacute;quat avec cette langue.</p> <p>Dans ce sens, il faut souligner que le rapport de la darija &agrave; l&rsquo;arabe standard est tr&egrave;s discutable&nbsp;au Maroc ; d&rsquo;un point de vue diglossique (si on se base sur la d&eacute;finition classique de la diglossie faite par Ferguson en 1959), l&rsquo;arabe standard est consid&eacute;r&eacute; comme la vari&eacute;t&eacute; haute (H), jouit g&eacute;n&eacute;ralement d&#39;un grand prestige, remplit des fonctions formelles et il est utilis&eacute; pour tous les usages &eacute;crits. En revanche, l&rsquo;arabe dialectal (Darija), la vari&eacute;t&eacute; basse (L), est utilis&eacute; dans la communication orale et informelle, il n&#39;a pas d&#39;orthographe officielle standard. Son &eacute;criture tol&egrave;re, par la force de l&rsquo;&eacute;crit, une certaine influence des normes historiques de l&rsquo;arabe standard lors de l&rsquo;utilisation de la graphie arabe ou du fran&ccedil;ais lors de l&rsquo;utilisation de la graphie latine vu que cette derni&egrave;re jouit, elle aussi, d&rsquo;un grand prestige aupr&egrave;s des locuteurs marocains. En somme, le mode &eacute;crit tire dans certaine mesure les usagers vers des formes standards, par la force des conventions d&rsquo;&eacute;criture.</p> <p>Ces comportements orthographiques d&eacute;pendent &eacute;galement du profil des utilisateurs ainsi que de leur prononciation li&eacute;e &agrave; leurs diff&eacute;rents contextes r&eacute;gionaux et culturels (Boukous, 1995). Ainsi, pour un m&ecirc;me mot, diff&eacute;rentes orthographes sont utilis&eacute;es. Par exemple, le mot <em>muhim</em> &laquo;&nbsp;important&nbsp;&raquo; a plusieurs translitt&eacute;rations diff&eacute;rentes&nbsp;: <em>mohim, mouhim, mohime,mouhime, moheme, mouheme, mohem, mouhem</em>&hellip;. Par ailleurs, un locuteur plut&ocirc;t francophone ou ayant re&ccedil;u son enseignement en langue fran&ccedil;aise au cours de son parcours scolaire ou professionnel, et donc plus &agrave; l&rsquo;aise avec le clavier latin, utilisera ce clavier pour transcrire l&rsquo;arabe dialectal marocain. En revanche, un locuteur plus arabophone, dont la scolarisation est faite majoritairement en langue arabe standard, recourt &eacute;videmment &agrave; l&rsquo;utilisation du clavier arabe.</p> <h2>7. Conclusion</h2> <p>Pour conclure, peut-on dire donc que l&rsquo;arabe dialectal marocain, langue qui n&rsquo;a pas de normes orthographiques, est en train d&rsquo;en fabriquer dans la pratique sur les espaces num&eacute;riques&nbsp;?</p> <p>D&rsquo;une part, d&rsquo;apr&egrave;s notre analyse, que ce soit en graphie arabe ou en graphie latine, il semble qu&rsquo;on assiste &agrave; la mise en place des formes nouvelles d&rsquo;orthographe et des r&eacute;gularit&eacute;s en construction. En effet, nous avons pu identifier deux tendances dans l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;arabe dialectal marocain&nbsp;: la premi&egrave;re cherche &agrave; &ecirc;tre la plus r&eacute;guli&egrave;re possible en respectant les normes de l&rsquo;arabe standard et en voulant ainsi s&rsquo;en rapprocher, et l&rsquo;autre, &agrave; caract&egrave;re plut&ocirc;t phon&eacute;tique, tr&egrave;s influenc&eacute;e par l&rsquo;orthographe fran&ccedil;aise, adopte des symboles et des chiffres par l&rsquo;usage r&eacute;p&eacute;t&eacute;. D&rsquo;autre part, il para&icirc;t qu&rsquo;en absence d&rsquo;un am&eacute;nagement officiel, les divergences sont bien pr&eacute;sentes plus que les r&eacute;gularit&eacute;s. Ces divergences sont li&eacute;es &agrave; plusieurs facteurs, d&rsquo;une part, aux profils des usagers (leur scolarisation, leurs id&eacute;ologies linguistiques, s&rsquo;ils sont plut&ocirc;t arabophones ou bilingues, la vari&eacute;t&eacute; de l&rsquo;arabe marocain qu&rsquo;ils parlent&hellip;), aux contextes des &eacute;crits (presses &eacute;lectroniques, forums, r&eacute;seaux sociaux&hellip;); d&rsquo;autre part, elles sont d&rsquo;ordre linguistique relatives &agrave; des ph&eacute;nom&egrave;nes linguistiques connexes &agrave; la structure interne de l&rsquo;arabe marocain &agrave; savoir la question des voyelles longues, les interdentales, le probl&egrave;me d&eacute;licat du schwa, les assimilations, etc., ainsi que le rapport de la Darija &agrave; l&rsquo;arabe standard.</p> <p>Finalement, il faut souligner que le fait de rester &laquo;&nbsp;hors-normes&nbsp;&raquo; permet une certaine cr&eacute;ativit&eacute; et libert&eacute; d&rsquo;expression. Il ne semble pas y avoir de contraintes tangibles sur la mani&egrave;re d&rsquo;&eacute;crire puisque la notion de faute n&rsquo;existe pas et chaque utilisateur improvise sa propre orthographe et est donc plus libre de s&rsquo;exprimer.</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</h2> <p>Aguade, J. (2006). &laquo;Writing dialect in Morocco &raquo;. <em>EDNA</em> 10: 253&ndash;274.</p> <p>Aguad&eacute;, J. (2012). &laquo;Monarquia, dialecto e insolencia en Marruecos: el caso Nichane&raquo;. 441&ndash;464 in <em>De los manuscritos medievales a internet: la presencia del arabe vernaculo en las fuentes escrita</em>s, edited by Mohamed Meouak, Pablo Sanchez &amp; Angeles Vicente. Zaragoza: Universidad de Zaragoza.</p> <p>Atifi, H. (2003). &laquo; La variation culturelle dans les communications en ligne : analyse ethnographique des forums de discussions marocains &raquo;.<em> Langage et Soci&eacute;t&eacute;</em> 104: 57&ndash; 82.</p> <p>Ben&iacute;tez Fern&aacute;ndez, M. 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Berne: Peter Lang.</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">[1</span></span></span></span></span></a></span></span><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">]</a> Extrait d&rsquo;une publication sur Facebook montrant l&rsquo;intrication du fran&ccedil;ais et de l&rsquo;arabe marocain au point de ne former qu&rsquo;une seule langue</p> </div> </div>