<p>Article</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La relation entre le discours normatif et les normes langagi&egrave;res est au c&oelig;ur des travaux de Jacques Derrida. Le discours normatif trouve son fondement &agrave; partir du registre logoth&eacute;orique. </span></span></span></span></span></span><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;histoire occidentale traditionnelle s&rsquo;est toujours pr&eacute;sent&eacute;e comme logocentriste. Celle-ci gravite autour de la notion de logos, qui renvoie &agrave; deux concepts&nbsp;: Raison et Langage. Mais cette focalisation a toujours discr&eacute;dit&eacute; la dimension langagi&egrave;re du logos. Notons que la philosophie traditionnelle a toujours effac&eacute; la dimension mat&eacute;rielle et sensible du signe pour ne retenir que le p&ocirc;le de la raison, pens&eacute; comme sens pur, id&eacute;al. C&rsquo;est pourquoi de l&rsquo;avis de Derrida, cette philosophie est fondamentalement logoth&eacute;orique et id&eacute;aliste. Ceci implique une certaine d&eacute;finition de l&rsquo;&ecirc;tre et la valorisation d&rsquo;un certain type de vie&nbsp;: l&rsquo;id&eacute;ale de contemplation et l&rsquo;acquisition d&rsquo;un savoir total, tableau du vrai.&nbsp; D&rsquo;apr&egrave;s Derrida, cet oubli &agrave; propos du langage et constitutive de la philosophie traditionnelle proviendrait des analyses et de l&rsquo;exp&eacute;rience de la voix, mieux de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; oral exprimant l&rsquo;id&eacute;e. </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;expression orale est un signifiant l&eacute;ger, si proche du sujet parlant dont il ne peut se d&eacute;faire. &nbsp;&laquo; La voix est l&rsquo;&ecirc;tre aupr&egrave;s de soi dans la forme de l&rsquo;universalit&eacute;, comme conscience. La voix est la conscience&nbsp;&raquo;.</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> La culture occidentale valorise la voix&nbsp;: elle est pr&eacute;sence imm&eacute;diate. L&rsquo;&eacute;criture dans ce sens n&rsquo;en serait qu&rsquo;un substitut. Rappelons que dans la m&eacute;taphysique, &laquo;&nbsp;le logos pens&eacute; comme centre de l&rsquo;&ecirc;tre avait impos&eacute; &lsquo;&rsquo;le concept pr&eacute;&eacute;minent d&rsquo;une pr&eacute;sence&rsquo;&rsquo; qui peut &ecirc;tre celle de Dieu, celle des Id&eacute;es de Platon ou celle de l&rsquo;essence thomiste&nbsp;&raquo; (Mattei, 2006, p. 67).&nbsp; C&rsquo;est donc &laquo;&nbsp;sur ces pivots que tournent les rayons du sens&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>).&nbsp; C&rsquo;est &agrave; travers ces rayons que se fondent un discours normatif.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est le centre qui constitue et commande le discours normatif.&nbsp; </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tous les discours qui ne s&rsquo;inscrivent pas dans le registre du logos sont consid&eacute;r&eacute;s comme hors norme. Cette logique tire son soubassement de l&rsquo;histoire universelle. Cet universel n&rsquo;appartient pas par essence &agrave; une culture particuli&egrave;re. Mais il reste que cet universel a &eacute;t&eacute; d&eacute;couvert et mis en pratique par la culture occidentale (<i>Ibid,</i> p.70). On peut citer des &eacute;v&egrave;nements dont la port&eacute;e furent universelle&nbsp;: la philosophie n&eacute;e en Gr&egrave;ce, l&rsquo;humanisme en terre italienne, les Lumi&egrave;res en France. Ces donn&eacute;es historiques ont montr&eacute; &laquo;&nbsp;la supr&eacute;matie m&eacute;thodologique, scientifique, &eacute;thique et politique de la culture occidentale sur les autres cultures&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>). C&rsquo;est &agrave; partir de l&agrave; que la pens&eacute;e humaine a fond&eacute; son &eacute;difice intellectuel et construit ses architectures spirituelles en Occident&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>). Cette m&ecirc;me pens&eacute;e a dirig&eacute; son regard &agrave; travers les autres, vers elle-m&ecirc;me pour mieux assurer son identit&eacute; <i>(Idem</i>). En effet, &laquo;&nbsp;la raison cherche son autre, sachant bien qu&rsquo;en lui elle ne poss&egrave;dera rien d&rsquo;autre qu&rsquo;elle-m&ecirc;me, elle qu&ecirc;te seulement sa propre infinit&eacute;&nbsp;&raquo; (Hegel, 1934, p. 204). L&rsquo;Occident imposera aux autres peuples un discours qualifi&eacute; de normatif.&nbsp; La raison occidentale ram&egrave;ne le multiple de la r&eacute;alit&eacute; &agrave; l&rsquo;identique dans la mesure o&ugrave; elle soumet toutes les autres cultures &agrave; l&rsquo;esprit critique (Mattei, 2006, p. 71). &nbsp;Tous les autres discours qui ne s&rsquo;y conforment pas sont nomm&eacute;s discours anti-normatifs. C&rsquo;est contre cette vision du monde que va s&rsquo;inscrire une m&eacute;taphysique du d&eacute;centrement ou de la d&eacute;centration&nbsp;&raquo;. En effet, le &laquo;&nbsp;renversement du platonisme&nbsp;&raquo; (Deleuze, 1969, p. 292) va c&eacute;der la place &agrave; la d&eacute;construction du Logos et du Centre. Toutefois, &laquo;&nbsp;la critique r&eacute;cente du logocentrisme &agrave; chercher &agrave; abolir ce centre d&rsquo;&eacute;manation du sens&nbsp;&raquo; (Mattei, 2006, p.67), au &laquo;&nbsp;profit de la reconnaissance des autres formes de cultures&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>) et des autres discours consid&eacute;r&eacute;s comme hors norme. C&rsquo;est &laquo;&nbsp;pr&eacute;cis&eacute;ment cette supr&eacute;matie que les critiques du logocentrisme et de l&rsquo;ethnocentrisme r&eacute;cusent en rejetant l&rsquo;ensemble de la culture occidentale&nbsp;&raquo; (<i>Ibid</i>, pp. 67-68). C&rsquo;est toute la tradition occidentale comme centre qui &laquo;&nbsp;est mise en proc&egrave;s et jug&eacute;e coupable&nbsp;&raquo; (Good, 2005, p.293)<sup>.</sup> Tel est l&rsquo;enjeu de l&rsquo;acentrique. </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le discours acentrique sort de la norme &eacute;dict&eacute;e par le centre. Derrida parle de discours hors norme pour montrer justement le d&eacute;centrement litt&eacute;raire avec la m&eacute;tropole. On peut comprendre &agrave; partir de l&agrave; le vocable de &laquo;&nbsp;litt&eacute;rature mineure&nbsp;&raquo; (Deleuze, Guattari, 1975, p.29). Elle se veut comme une &laquo;&nbsp;d&eacute;territorialisation de la langue&nbsp;&raquo; (<i>Ibid,</i> p.33). C&rsquo;est contre cette vision du monde qui impose et d&eacute;finit un discours normatif qu&rsquo;on peut comprendre la d&eacute;construction. La lecture de Jacques Derrida peut-elle nous &eacute;clairer cette situation&nbsp;? Le discours hors norme peut-il &ecirc;tre reconnu face &agrave; la culture universaliste de la raison occidentale&nbsp;? C&rsquo;est &agrave; ces questions que veut r&eacute;pondre notre projet en pr&eacute;sentant les enjeux de la pens&eacute;e de Derrida sur l&rsquo;inter culturalit&eacute;. A partir de l&rsquo;approche du structuralisme g&eacute;n&eacute;tique, il est question d&rsquo;analyser et de donner une r&eacute;ponse signification sur le sujet du discours hors norme</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">I- </span></span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Jacques Derrida et la variabilit&eacute; des discours</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">La philosophie</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp;traditionnelle a toujours li&eacute; le discours &agrave; son origine, &agrave; sa forme, &agrave; sa source logocentriste. Cette philosophie est une question d&rsquo;organisation et un discours sur le cadre. C&rsquo;est ce syst&egrave;me de cadrage comme normatif que Jacques Derrida</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp;cherche &agrave; fissurer et &agrave; fragiliser. Soucieux et d&eacute;sireux de d&eacute;placer le cadre, Jacques Derrida veut montrer la variabilit&eacute; du discours. Celui-ci n&rsquo;est qu&rsquo;une construction</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp;arbitraire et non un r&eacute;sultat structur&eacute; qui d&eacute;pend de son auteur. C&rsquo;est contre cette permanence solide et absolue d&rsquo;un discours, que Jacques Derrida affirme qu&rsquo;&laquo;&nbsp;on peut tenir <i>De la&nbsp; Grammatologie</i>, comme un long essai articul&eacute; en deux parties (&hellip;) au milieu duquel on pourra brocher l&rsquo;&eacute;criture</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp;et la diff&eacute;rence&nbsp;&raquo;</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp; (Derrida, 1978, p.53),</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"> et il ajoute&nbsp; dans <i>Les Positions</i>:&laquo;&nbsp;inversement, on peut ins&eacute;rer <i>De la Grammatologie</i> au milieu de <i>L&rsquo;Ecriture et&nbsp; la Diff&eacute;rence</i>, de telle sorte que [si les] deux &lsquo;volumes&rsquo; s&rsquo;inscrivent au milieu, l&rsquo;un de l&rsquo;autre, cela tient (&hellip;) d&rsquo;une &eacute;trange g&eacute;om&eacute;trie&nbsp;&raquo; (Derrida, 1971, pp. 12-13). L&rsquo;&oelig;uvre derridienne se pr&eacute;sente ainsi comme une architecture complexe. C&rsquo;est une &oelig;uvre qui se soustrait d&rsquo;un ordre normatif. </span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Si avec Jacques Derrida</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">, &eacute;crire c&rsquo;est d&eacute;placer les textes, il y a lieu de dire que les textes de l&rsquo;auteur <i>De la Grammatologie</i> n&rsquo;ont ni d&eacute;but, ni fin. S&rsquo;appuyant sur une dialectique originaire sans fin, les textes de Jacques Derrida sont greff&eacute;s sur d&rsquo;autres textes. Ce philosophe questionne syst&eacute;matiquement les bords, les marges, les titres de textes et r&eacute;inscrit ces marques dans les textes. Ce qu&rsquo;il vise, c&rsquo;est essentiellement le fait</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp;que la forme &eacute;crite isole chaque texte du contexte de son origine ou de sa gen&egrave;se. Rompant avec tout signifi&eacute; et tout r&eacute;f&eacute;r&eacute;, le texte derridien est une cha&icirc;ne de significations qui ne veut rien dire et ne d&eacute;signe rien (Hottois, 2002, p.458). En ce sens, l&rsquo;&eacute;criture</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp;est &laquo;&nbsp;a &ndash; r&eacute;f&eacute;rentielle&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>). Par &eacute;crit, ce qui est dit devient ind&eacute;pendant de l&rsquo;esprit de l&rsquo;auteur. C&rsquo;est dire que l&rsquo;&eacute;criture, en tant que &laquo;&nbsp;archi&nbsp;&raquo;, &eacute;chappe au &laquo;&nbsp;r&eacute;gime du vouloir dire&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>). L&rsquo;&eacute;criture se r&eacute;f&egrave;re uniquement &agrave; elle-m&ecirc;me, &laquo;&nbsp;sans jamais pouvoir se saisir fermement et bloquer le mouvement m&eacute;taphorique&nbsp;&raquo; (<i>Ibid</i>, p. 459). En ce sens, l&rsquo;&eacute;criture est &laquo;&nbsp;auto&ndash;r&eacute;f&eacute;rentielle&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>). Le signifiant devient d&egrave;s lors&nbsp;la cha&icirc;ne qui ne cesse de se d&eacute;ployer. Tel est l&rsquo;enjeu de la d&eacute;construction. Le travail subversif de la d&eacute;construction</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp;a pour objectif de d&eacute;blayer les hi&eacute;rarchies des concepts fondamentaux, notamment renverser la norme &eacute;tablie par la logique logocentriste. C&rsquo;est donc contre le pouvoir que s&rsquo;&eacute;tablir un discours hors-norme. Pr&eacute;cisons avec Foucault que &laquo;&nbsp;la norme se d&eacute;finit non pas du tout comme une loi naturelle, mais par le r&ocirc;le d&rsquo;exigence et de coercition qu&rsquo;elle est capable d&rsquo;exercer par rapport aux domaines auxquels elle s&rsquo;applique&nbsp;&raquo; (Foucault, 1999, p.46). On peut dire &agrave; ce sujet que &agrave; la suite de Foucault que la norme est porteuse d&rsquo;une pr&eacute;tention de pouvoir. Il s&rsquo;agit de d&eacute;construire tous les discours normatifs. Cette d&eacute;construction vise ainsi la pens&eacute;e occidentale. Cette derni&egrave;re est plac&eacute;e sous le signe de la raison et de la norme. Toutes les cultures doivent se conformer &agrave; cette logique. D&rsquo;ailleurs &laquo;&nbsp;Descartes est d&eacute;nonc&eacute; mais aussi Hegel, car la dialectique retrouve toujours l&rsquo;un et le m&ecirc;me au terme du d&eacute;tour par l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; (Hottois, 2002, p. 423). Les philosophes de la diff&eacute;rence comme Foucault, Derrida, Deleuze d&eacute;font les identifications, les hi&eacute;rarchies, le lexique m&eacute;taphysique associ&eacute; &agrave; la norme. Soulignons que les hommes doivent se conformer et s&rsquo;aligner sur lesdites normes. Objectiv&eacute;s, le permis et l&rsquo;interdit tendent &agrave; se confondre avec le possible et l&rsquo;impossible ( <i>Ibid</i>, p. 430). Il en d&eacute;coule que le savoir est la mani&egrave;re dont le pouvoir s&rsquo;impose aux individus. Le savoir-pouvoir exige que tout soit dit, explicit&eacute;, analys&eacute; et objectiv&eacute;. C&rsquo;est dans le discours que le pouvoir et le savoir s&rsquo;articulent. Tous les discours qui ne s&rsquo;inscrivent pas dans ce registre sont consid&eacute;r&eacute;s comme hors norme. C&rsquo;est la raison pour laquelle &laquo;&nbsp;la norme, ce n&rsquo;est pas simplement, ce n&rsquo;est m&ecirc;me pas un principe d&rsquo;intelligibilit&eacute;&nbsp;; c&rsquo;est un &eacute;l&eacute;ment &agrave; partir duquel un certain exercice du pouvoir se trouve fond&eacute; et l&eacute;gitim&eacute;&nbsp;&raquo; (Foucault, 1975, p. 46). Pour rappel, la philosophie classique a toujours soumis le discours &agrave; la loi de la r&eacute;f&eacute;rence. Tout discours qui ne s&rsquo;inscrit pas dans cette dynamique est consid&egrave;re comme hors norme. Foucault suppose que dans toute soci&eacute;t&eacute; la production du discours est &agrave; la fois contr&ocirc;l&eacute;e s&eacute;lectionn&eacute;e, organis&eacute;e et distribu&eacute;e par un certain nombre de proc&eacute;dures. ( Foucault, 1971). Il faut donc d&eacute;construire ce discours normatif pour laisser surgir d&rsquo;autres types de discours consid&egrave;res jusque-l&agrave; comme hors-norme.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">La d&eacute;construction se pr&eacute;sente donc comme une critique du discours normatif. La contestation du discours normatif impos&eacute; par le logocentrisme issu du centre rabat les hi&eacute;rarchies, l&rsquo;ordre. Pour Barthes, il s&rsquo;agit de d&eacute;passer ici la &laquo;&nbsp;litt&eacute;rature &agrave; une sorte de langue basique&nbsp;&raquo; &eacute;loign&eacute;e du langage litt&eacute;raire. Et pour l&rsquo;auteur du <i>Degr&eacute; z&eacute;ro de l&rsquo;&eacute;criture suivi de Nouveaux essais critiques</i>, ce d&eacute;passement fait appel &agrave; une &eacute;criture blanche.&nbsp; C&rsquo;est une &eacute;criture infid&egrave;le plate et atonale. C&rsquo;est donc une &eacute;criture neutre. Elle s&rsquo;ouvre &agrave; une pens&eacute;e libre et multiple. La d&eacute;construction qui en d&eacute;coule suppose une maxime&nbsp;: &laquo;&nbsp;plus d&rsquo;une langue&nbsp;&raquo; (Derrida, 1996, p. 2). Il faut plus d&rsquo;une langue, car une n&rsquo;est jamais assez. La devise de la d&eacute;construction serait alors un imp&eacute;ratif pluriel. Un seul discours ne peut en r&eacute;alit&eacute; que r&eacute;ducteur. &nbsp;Il faut sortir d&rsquo;une logique monolingue. Celle-ci nous enfermerait dans le diktat d&rsquo;une langue particuli&egrave;re. Or, la parole dit &laquo;&nbsp;toujours autre chose que ce qu&rsquo;elle dit &raquo; (Derrida, 1988, p.56). C&rsquo;est la raison pour laquelle on peut dire avec Derrida&nbsp;: &laquo;&nbsp;je n&rsquo;ai qu&rsquo;une langue et ce n&rsquo;est pas la mienne&nbsp;&raquo; (Derrida, 1996, p.13). Ce principe remet en question le discours conventionnel et normatif. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">II- </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Jacques Derrida et l&rsquo;ethnologie&nbsp;: vers la reconnaissance des discours anti-normatifs</span></span></b></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Cette discipline </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">offre un point d&rsquo;ancrage d&eacute;cisif, pour l&rsquo;&eacute;tablissement des liens avec le reste du monde (Nkolo Foe, 2008, p. 149). Et &agrave; partir de l&agrave;, &laquo;&nbsp;le constructivisme social, parti de [&hellip;] l&rsquo;ethnologie, a conquis des territoires de plus en plus &eacute;tendus&nbsp;&raquo; (Couturier, 2021, 176). Soyons plus claire. Derrida accorde une grande importance &agrave; la question de l&rsquo;ethnologie dans son rapport &agrave; l&rsquo;autre. Pour lui, la sp&eacute;cificit&eacute; de l&rsquo;ethnologie est qu&rsquo;elle s&rsquo;adresse &agrave; une r&eacute;gion sp&eacute;cifique. C&rsquo;est &agrave; partir de l&agrave; que les discours hors normes ont &eacute;t&eacute; reconsid&eacute;r&eacute;s. &nbsp;Pour s&rsquo;en convaincre, revenons sur le texte <i>Tristes Tropiques</i> avec le chapitre &laquo;&nbsp;la le&ccedil;on d&rsquo;&eacute;critures&nbsp;&raquo;. Cet &eacute;pisode permet &agrave; L&eacute;vi-Strauss de montrer que les Indiens Nambikwara sont un &laquo;&nbsp;peuple sans &eacute;criture&nbsp;&raquo; ( Goldschmit, 2003, p.55).&nbsp; Les Nambikwara &laquo;&nbsp;utilisent plusieurs dialectes, plusieurs syst&egrave;mes selon les situations&nbsp;&raquo; (Derrida, 1967, 158). Ils sont proscrits de l&rsquo;emploi du nom propre. Pour Derrida, l&rsquo;effacement du nom propre par ce peuple n&#39;est pas le fait d&rsquo;un &laquo;&nbsp;peuple sans &eacute;criture&nbsp;&raquo; comme le pense L&eacute;vi-Strauss. L&rsquo;effacement du nom est la r&eacute;sultante de la structure universelle de l&rsquo;&eacute;criture ou du <i>graphein</i>. Notons qu&rsquo;&laquo;&nbsp;il y a &eacute;criture d&egrave;s que le nom propre est ratur&eacute; dans un syst&egrave;me. Il y a &lsquo;&rsquo;sujet&rsquo;&rsquo; d&egrave;s que cette oblit&eacute;ration du propre se produit, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&egrave;s l&rsquo;appara&icirc;tre du propre et d&egrave;s le premier matin du langage&nbsp;&raquo; (<i>Ibid</i>, p.159). L&rsquo;expression de &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; sans &eacute;criture&nbsp;&raquo; ne r&eacute;pondrait &agrave; aucune r&eacute;alit&eacute; ni aucun concept. Cette expression rel&egrave;ve de l&rsquo;onirisme ethnocentrique de l&rsquo;&eacute;criture. Cet ethnocentrisme de L&eacute;vi-Strauss est d&eacute;fini par le refus d&rsquo;accorder &laquo;&nbsp;&lsquo;&rsquo; la dignit&eacute; d&rsquo;&eacute;critures aux signes non alphab&eacute;tiques&rsquo;&rsquo;&nbsp;&raquo; (Goldschmit, 2003, p. 56). On a donc affaire &agrave; un &laquo;&nbsp;fantasme ethnocentrique&nbsp;&raquo; (<i>Ibid,</i> p. 57)&sect;. En effet, la &laquo;&nbsp;le&ccedil;on d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo; dans <i>Tristes Tropiques</i> </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">nous enseigne que le chef Nambikwara apprend l&rsquo;&eacute;criture sans en comprendre la fonction ou plut&ocirc;t il comprend sa fonction d&rsquo;asservissement avant de comprendre sa fonction li&eacute; &agrave; la signification et &agrave; la communication. (Derrida, 1967, 178). Pour L&eacute;vi-Strauss il est &eacute;vident que les Nambikwara ne savent pas &eacute;crire. A cette ignorance, il faut ajouter le fait qu&rsquo;ils ne savent pas dessiner &agrave; l&rsquo;exception de quelques pointill&eacute;s ou zigzags. </span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Dans <i>La vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara</i>, L&eacute;vi-Strauss soutien que les Nambikwara donn&egrave;rent un nom &agrave; l&rsquo;acte d&rsquo;&eacute;crire. Pour eux, cet acte renvoie &agrave; <i>iekariukedjtu</i> c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;faire des raies&nbsp;&raquo;. Derrida commente cette th&egrave;se de L&eacute;vi-Strauss. Pour l&rsquo;auteur de <i>La voix et le ph&eacute;nom&egrave;ne</i>, les peuples &agrave; &eacute;criture r&eacute;duirait aussi ce mot &agrave; une signification gestuelle assez pauvre. Il poursuit&nbsp;: C&rsquo;est un peu comme si l&rsquo;on disait que telle langue n&rsquo;a aucun mot pour d&eacute;signer l&rsquo;&eacute;criture &ndash; et que par cons&eacute;quent ceux qui la pratiquent ne savent pas &eacute;crire- sous pr&eacute;texte qu&rsquo;ils se servent de ce mot qui veut dire &lsquo;&rsquo;gratter, &lsquo;&rsquo;graver&rsquo;&rsquo;, &lsquo;&rsquo;&eacute;corcher&rsquo;&rsquo;, &lsquo;&rsquo;inciser&rsquo;&rsquo; &lsquo;&rsquo;tracer&rsquo;&rsquo;, &lsquo;&rsquo;imprimer&rsquo;&rsquo;, etc (<i>Ibid</i>, p. 140).</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">L&rsquo;octroi de l&rsquo;&eacute;criture &agrave; un peuple ne renvoie gu&egrave;re au sens que ce dernier, donne &agrave; ce mot. Derrida s&rsquo;oppose &agrave; cette conception qui voudrait que pour d&eacute;signer un peuple &agrave; &eacute;criture, il faudrait que ce peuple ait un mot qui signifie exactement l&rsquo;&eacute;criture au sens &eacute;troit. Il interroge et critique cette approche ethnocentriste qui ne reconnait que l&rsquo;&eacute;criture normatif du centre&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;ethnocentrisme n&rsquo;est il pas toujours trahi par la pr&eacute;cipitation avec laquelle il se satisfait de certaines traductions ou de certains &eacute;quivalents domestiques&nbsp;?&nbsp;&raquo; En effet, &laquo;&nbsp;dire qu&rsquo;un peuple ne sait pas &eacute;crire parce qu&rsquo;on peut traduire par &lsquo;&rsquo;faire des raies&rsquo;&rsquo; le mot dont il se sert pour d&eacute;signer l&rsquo;acte d&rsquo;inscrire, n&rsquo;est-ce pas comme si on lui refusait la &lsquo;&rsquo;parole&rsquo;&rsquo;&nbsp;en traduisant le mot &eacute;quivalent par &lsquo;&rsquo;crier&rsquo;&rsquo;, &lsquo;&rsquo;chanter&rsquo;&rsquo; ou &lsquo;&rsquo;souffler&rsquo;&rsquo;&nbsp;?&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>). D&rsquo;apr&egrave;s L&eacute;vi-Strauss, cette technique qui consiste &agrave; &laquo;&nbsp;faire des raies&nbsp;&raquo; n&rsquo;a rien d&rsquo;autre qu&rsquo;une signification esth&eacute;tique. Il remarque que les Nambikwara ne savent ni &eacute;crire, ni dessiner, &agrave; l&rsquo;exception de quelques marques de pointill&eacute;s et zigzags. Or pour Derrida, il ne s&rsquo;agit pas seulement de dessins montrant un homme ou un singe, mais un sch&egrave;me d&eacute;crivant, expliquant, et &eacute;crivant une g&eacute;n&eacute;alogie et une structure sociale. Ainsi l&rsquo;origine de l&rsquo;&eacute;criture est li&eacute;e au souci de sauvegarder l&rsquo;arbre g&eacute;n&eacute;alogique. La sc&egrave;ne de l&rsquo;&eacute;criture de L&eacute;vi-Strauss n&rsquo;est donc &laquo;&nbsp;donc pas la sc&egrave;ne de l&rsquo;origine, seulement celle de l&rsquo;imitation de l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo; (Derrida, 1967, 185). L&rsquo;archi-&eacute;criture donc se r&eacute;clame Derrida n&rsquo;est pas une &eacute;criture au sens restreint du terme, oppos&eacute;e &agrave; la parole, mais c&rsquo;est une &eacute;criture g&eacute;n&eacute;rale. En d&eacute;l&eacute;gitimant la notion de peuple sans &eacute;criture, Derrida sort du discours normatif du centre. Pour lui, le discours des Nambikwara est consid&eacute;r&eacute; comme hors norme parce qu&rsquo;il ne respecte pas les canons logocentriques. La d&eacute;construction du logocentrique a permis la reconnaissance des autres peuples. C&rsquo;est dans ce sillage que les subaltern et les postcolonialism studies sont n&eacute;s. </span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">III- </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">La reconnaissance des discours consid&eacute;r&eacute;s comme hors normes des <i>postcolonialism </i>et <i>subaltern studies</i></span></span></b></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Les partisans de la <i>French theory</i> comme Jacques Derrida ont remis en question les discours normatifs et les grands r&eacute;cits de nature t&eacute;l&eacute;ologique provenant du centre. C&rsquo;est dans ce contexte qu&rsquo;est nait le postcolonialisme. Au fondement de cette philosophie, il faut voir Hannah Arendt. Ce dernier peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme l&rsquo;anc&ecirc;tre fondateur du postcolonialisme (Amselle, 2008, 27). S&rsquo;inspirant </span></span></span></span></span><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&laquo;&nbsp;d&rsquo;Edmund Burke et de sa critique radicale de la R&eacute;volution fran&ccedil;aise, Hannah Arendt n&rsquo;a cess&eacute; de d&eacute;fendre les droits des peuples aux d&eacute;pens des droits de l&rsquo;homme&nbsp;&raquo;. Et pour lui, il fallait s&rsquo;attaquer au colonialisme. L&rsquo;auteur de <i>l&rsquo;imp&eacute;rialisme. Les origines du totalitarisme,</i> pense qu&rsquo;il existe un lien &eacute;troit entre le nazisme et le colonialisme europ&eacute;en (<i>Idem</i>). C&rsquo;est la raison pour laquelle il se livre &laquo;&nbsp;&agrave; une critique d&eacute;vastatrice de la pr&eacute;tention humaniste des d&eacute;mocraties occidentales&nbsp;&raquo;. Il a analys&eacute; et montr&eacute; que &laquo;&nbsp;la d&eacute;fense des droits de l&rsquo;homme et du citoyen s&rsquo;arr&ecirc;tait &agrave; la porte des colonies europ&eacute;ennes&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>). C&rsquo;est dans cette &laquo;&nbsp;veine anti-et postcolonialiste&nbsp;&raquo; que s&rsquo;inscrit Fanon (<i>Ibid</i>, p. 28). L&rsquo;auteur de <i>Peau noire, masques blancs</i> d&eacute;construit le discours normatif de l&rsquo;occident. Pour lui, le salut de l&rsquo;humanit&eacute; ne pourra venir que de l&rsquo;&eacute;mancipation des damn&eacute;s de la terre. C&rsquo;est dans ce contexte qu&rsquo;immerge l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;Edward Sa&iuml;d. Sa philosophie a influenc&eacute; les <i>subaltern studies.</i> La philosophie subalterniste s&rsquo;inspire des travaux de Gramsci, Foucault, Derrida. La finalit&eacute; de cette philosophie c&rsquo;est d&rsquo;&eacute;tablir la reconnaissance des discours consid&eacute;r&eacute;s comme hors normes. Autrement dit, la philosophie subalterniste consiste &laquo;&nbsp;&agrave; privil&eacute;gier le recueil de l&rsquo;expression des gens d&rsquo;en bas-des opprim&eacute;s, des domin&eacute;s, des subordonn&eacute;s, des hors castes, en un mot des subalternes&nbsp;-au d&eacute;triment des id&eacute;es, des opinions et des points de vue de l&rsquo;&eacute;lite&nbsp;&raquo; (<i>Ibid,</i> p.29). Il est donc question de sortir du discours normatif de l&rsquo;occident colonisateur. En s&rsquo;appuyant sur la d&eacute;construction de Derrida, Spivak cherche &agrave; mettre en lumi&egrave;re le caract&egrave;re inaudible de la voix de la femme subalterne. Le discours colonial consid&egrave;re comme normatif a oblit&eacute;r&eacute; la pens&eacute;e subalterne. Spivak prend l&rsquo;exemple de la <i>sati</i>. Ne pouvant pas se comprendre dans la logique logocentriste, la sati s&rsquo;est pr&eacute;sent&eacute;e comme un anti-discours face &agrave; la pens&eacute;e occidentale. Spivak &laquo;&nbsp;montre que sa signification est devenue incompr&eacute;hensible puisqu&rsquo;elle a &eacute;t&eacute; r&eacute;duite au ph&eacute;nom&egrave;ne de l&rsquo;immolation de la veuve et, &agrave; ce titre assimil&eacute;e &agrave; une coutume barbare&nbsp;&raquo;. (<i>Ibid,</i> p.144) Parceque incompris, le discours de Spivak se pr&eacute;sente comme un discours hors norme. Il faut donc sortie de ce discours du centre. Cette sortie exige que le discours soit provincialiser. En d&rsquo;autres termes &laquo;&nbsp; &agrave; faire ravaler sa superbe&nbsp; &agrave; l&rsquo;Occident tout en se d&eacute;fendant d&rsquo;&oelig;uvrer dans un sens relativiste ou indig&eacute;niste&nbsp;&raquo; (<i>Ibid,</i> p.30). C&rsquo;est un effort de d&eacute;centrement de l&rsquo;Europe et de multipolarisation des discours que s&rsquo;assigne la logique subalterne. L&rsquo;anthologie de la pens&eacute;e subalterniste telle qu&rsquo;analys&eacute;e par le s&eacute;n&eacute;galais Mamadou Diouf en est un exemple. Pour cet auteur, il s&rsquo;agit d&rsquo;un manifeste &laquo;&nbsp;revendiquant la possibilit&eacute; pour les Africains de s&rsquo;exprimer ind&eacute;pendamment des cadres de pens&eacute;e europ&eacute;ens&nbsp;&raquo; (<i>Idem</i>). Cette restitution et reconnaissance du discours hors norme telle que qualifier par le discours normatif occidental fut le cheval de bataille des <i>subaltern studies</i> et <i>postcolonialism studies</i>. C&rsquo;est donc une remise en question du discours normatif et de l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; de l&rsquo;Europe sur les autres peuples. </span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Conclusion</span></span></b></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Le discours postcolonial conteste les normes du discours colonial car ce dernier a v&eacute;hicul&eacute; les valeurs europ&eacute;ennes. Toutefois, on peut dire que le discours postcolonial peut &ecirc;tre envisag&eacute; non tant comme un discours exclusivement destin&eacute; &agrave; la d&eacute;nonciation des normes que comme l&rsquo;&eacute;nonciation de nouvelles normes (Labaune-Demeule, 2013, pp.173-174). Il s&rsquo;agit de proposer une r&eacute;vision des normes, l&rsquo;objectif &eacute;tant de reconsid&eacute;rer les discours hors normes. Il en est ainsi pr&eacute;cise Samir Amin, l&rsquo;Europe s&rsquo;est arrog&eacute;e le monopole de la rationalit&eacute;. Elle est parvenue &agrave; s&rsquo;assurer la mainmise sur l&rsquo;ensemble de la plan&egrave;te et &agrave; nier tous les discours non europ&eacute;ens. Illustrons avec un penseur comme Paulin Hountondji. Longtemps consid&eacute;r&eacute; comme discours hors norme, la pharmacop&eacute;e africaine sera condamn&eacute;e par le centre comme pens&eacute;e non rationnelle. Elle sera discr&eacute;dit&eacute;e et rejet&eacute;e car elle n&#39;ob&eacute;it pas aux canons occidentaux L&rsquo;auteur de <i>Sur la &laquo;&nbsp;philosophie africaine&nbsp;&raquo;</i> renoue avec la saisie intuitive de la sp&eacute;cificit&eacute; des savoirs africains. Il est question ici d&rsquo;un r&eacute;-enracinement dans l&rsquo;espace africain de toute une s&eacute;rie de savoirs (Amselle, 2008, p.77). La revendication des savoirs africains ind&eacute;pendants du centre constitue pour Hountondji la voie royale de l&rsquo;Afrique. Il s&rsquo;agit pour lui de&nbsp;faire en sorte que les Africains r&eacute;habilitent et se r&eacute;approprient des savoirs ou des discours qui ont &eacute;t&eacute; marginalis&eacute;s, consid&eacute;r&eacute;s comme hors norme, subalternis&eacute;s par l&rsquo;occident (<i>Ibid,</i> p.78). Il est question pour les Africains de dresser une &eacute;pist&eacute;mologie alternative face aux pr&eacute;tentions universalistes et h&eacute;g&eacute;moniques (<i>Idem</i>)</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt">&nbsp;</p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt">Bibliographie</span></b></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Amselle, J-L. (2008). <i>L&rsquo;Occident d&eacute;croch&eacute;. Enqu&ecirc;tes sur les postcolonialismes</i>, Paris&nbsp;: Stock.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Barthes, R. (1972). <i>Le Degr&eacute; z&eacute;ro de l&rsquo;&eacute;criture suivi de Nouveaux essais critiques</i>, Paris&nbsp;: Seuil.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Couturier, B. (2021). <i>Puritanisme, victimisation, identitarisme, censure&hellip;L&rsquo;enqu&ecirc;te d&rsquo;un baby-boomer sur les mythes de la g&eacute;n&eacute;ration &laquo;&nbsp;woke&nbsp;&raquo;,</i> Paris&nbsp;: l&rsquo;Observatoire.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Deleuze, G. (1969). <i>La logique du sens</i>, Paris&nbsp;: Minuit, 1969.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Deleuze, G., Guattari, F. (1975). <i>Kafka. Pour une litt&eacute;rature Mineure</i>, Paris&nbsp;: Minuit.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Derrida</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><i>,</i> J.<i> Positions,</i> (1971).<i> </i>Paris&nbsp;: Minuit.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Derrida, J. (1967). <i>De la Grammatologie</i>, Paris&nbsp;: Minuit.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Derrida, J. (1996). <i>Le monolinguisme de l&rsquo;autre ou la proth&egrave;se d&rsquo;origine,</i> Paris&nbsp;: Galil&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; Derrida, J. (1988). M&eacute;moires pour Paul de Man, Paris&nbsp;: Galil&eacute;e. </span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;Derrida, J. (1967). <i>De la Grammatologie</i>, Paris&nbsp;: Minuit.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;Derrida, J. (1997). &laquo;&nbsp;Le papier ou moi, vous savez&hellip;&nbsp;&raquo;, <i>Cahiers de m&eacute;diologie,</i> n&deg; 4, 33-57.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;Foucault, M. (1999). &nbsp;<i>Les Anormaux. Cours au Coll&egrave;ge de France. 1974-1975</i>, Paris&nbsp;: Le Seuil.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;Foucault, M. (1971). <i>L&rsquo;Ordre du discours</i>, Paris&nbsp;: Gallimard</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;Goldschmit, M. (2003). <i>Jacques Derrida. Une introduction,</i> Paris&nbsp;: Poche.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Good, G. (2005). &laquo;&nbsp;Presentism&nbsp;&raquo;, In <i>Daphne</i> Patai, Wilfrido H. Corrral, <i>Theory&rsquo;s Empire</i>, Columbia&nbsp;: <span style="background:white"><span style="color:#231f20">Columbia University Press</span></span>.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Hottois, G. (2002). De la Renaissance &agrave; la postmodernit&eacute;. Une histoire de la philosophie moderne et contemporaine, Bruxelles&nbsp;: De Boeck.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Hegel, GWF. (1939). <i>Ph&eacute;nom&eacute;nologie de l&rsquo;Esprit</i>, Paris&nbsp;: Aubier.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">L&eacute;vy, P. (1997). <i>L&#39;intelligence collective : pour une anthropologie du cyberspace</i>. Paris : La d&eacute;couverte, 1997.</span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Mattei, J.F (2006). <i>La crise du sens</i>, Nantes&nbsp;: C&eacute;cile Defaut.</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;Nkolo Foe (2008). <i>Le postmodernisme et le nouvel esprit du capitalisme. Sur une philosophie globale d&rsquo;Empire</i>, Dakar&nbsp;: CODESRIA.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px">&nbsp;</p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt">&nbsp;</p>