<h3>Abstract</h3> <p>This paper deals with the relationships between Fran&ccedil;ois Bon&rsquo;s website, Tiers Livre, and the contemporary city. The website is designed &ldquo;as a city&rdquo; and visits the various aspects of the urban landscape, trying to grasp its mutations. Travelling from the world of the fl&acirc;neur to the cyber world of the nomad, Tiers Livre draws a complex urban cartography, which goes from the demolition of former landmarks to the creation of a new order. To express such an hybrid nature, Bon uses digital resources to offer multiple and democratic representations of the city. By collecting everyday images of the urban space, the web-writing shapes fictions of the ordinary, comparing the dystopic representations of modern cities and the utopia of a &ldquo;digital urbanity&rdquo;.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>fiction, web-writing,&nbsp;contemporary city, digital urbanity</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Parler de la ville chez Fran&ccedil;ois Bon peut &agrave; la fois para&icirc;tre peu ambitieux et trop ambitieux. Peu ambitieux&nbsp;: la ville a d&eacute;j&agrave; fait l&rsquo;objet de nombreuses &eacute;tudes critiques, parmi lesquelles on pourra citer celles de Dominique Viart, Gianfranco Rubino, Pierre Hyppolite ou Henri Garric&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. Mais ces critiques ont &eacute;tudi&eacute; la ville dans les livres de Fran&ccedil;ois Bon. Est-ce &agrave; dire que l&rsquo;&eacute;criture-web de la ville est encore un terrain vierge&nbsp;? Non plus, comme en t&eacute;moignent les pages que Gilles Bonnet consacre &agrave; la ville fantastique et dystopique Tiers Livre&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>. Mais la ville Tiers Livre d&eacute;borde, elle rel&egrave;ve d&rsquo;une &laquo;&nbsp;carte des mondes parall&egrave;les&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;&raquo;. Ce titre que l&rsquo;on trouve dans &laquo;&nbsp;Recherche d&rsquo;un nouveau monde&nbsp;&raquo; &eacute;voque l&rsquo;hypoth&egrave;se de la physique quantique selon laquelle &laquo;&nbsp;&agrave; chaque instant une infinit&eacute; de mondes vient &agrave; l&rsquo;existence, et que ces mondes prolif&egrave;rent de mani&egrave;re absolument incalculable&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;. R&eacute;gie par une double tension parataxique et cin&eacute;tique, la ville semble vou&eacute;e &agrave; cette pluralit&eacute; qui se d&eacute;robe &agrave; toute saisie synth&eacute;tique.</p> <p>Henri Garric partait de ce m&ecirc;me constat lorsqu&rsquo;il envisageait la ville dans les romans de Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;: &laquo;&nbsp;la ville est partout mais il n&rsquo;y a plus de villes&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;&raquo;. On assiste en revanche &agrave; une &laquo;&nbsp;g&eacute;n&eacute;ralisation de la cartographie&nbsp;&raquo; de sorte que &laquo;&nbsp;la grille est partout [&hellip;] et ne peut plus distinguer une ville donn&eacute;e de ce qui l&rsquo;entoure, ni particulariser, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de la ville, des quartiers, des sous-ensembles&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo;. T&eacute;moins de &laquo;&nbsp;la crise de la repr&eacute;sentation urbaine&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo;, les romans de Bon manifestent l&rsquo;inad&eacute;quation de leurs outils face &agrave; cette g&eacute;n&eacute;ralisation de la ville. Ils ne sauraient parvenir &agrave; la synth&egrave;se des fragments de cette banalit&eacute; g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e. Le site apporte une alternative &agrave; la question que posaient les livres de Bon&nbsp;: &laquo;&nbsp;que devient le roman, d&egrave;s lors que dispara&icirc;t l&rsquo;ad&eacute;quation entre une ville et un livre, qui a fait les beaux jours du r&eacute;alisme&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo; Le Tiers Livre r&eacute;introduit l&rsquo;id&eacute;e de cartographie, mais c&rsquo;est pour d&eacute;border toute cartographie officielle, pour y int&eacute;grer des mondes possibles&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, collecter ind&eacute;finiment des images braconni&egrave;res pr&eacute;lev&eacute;es &agrave; la repr&eacute;sentation d&eacute;j&agrave; constitu&eacute;e de la ville. Cette cartographie rel&egrave;ve de ces parcours nomades des marcheurs qui cr&eacute;ent, selon Michel de Certeau, &laquo;&nbsp;du fragmentaire et du discontinu dans le lieu total et organis&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&raquo;.</p> <p>Plus qu&rsquo;un livre, le site, fonci&egrave;rement ouvert &agrave; la r&eacute;&eacute;criture constante, est un observatoire de la ville saisie &agrave; toutes ses &eacute;chelles &ndash; de la petite ville de province &agrave; la ville des villes am&eacute;ricaines, New York &ndash; et selon toute une palette de genres (autobiographie, journal, br&egrave;ves, etc.). Le Tiers Livre, v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;&oelig;uvre-archive profond&eacute;ment mosa&iuml;qu&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo; tend &agrave; cet assemblage synth&eacute;tique auquel ne pouvait pr&eacute;tendre le livre. Apr&egrave;s avoir comment&eacute; l&rsquo;essai de R&eacute;gine Robin intitul&eacute;&nbsp;<em>M&eacute;gapolis,&nbsp;</em>Bon met l&rsquo;accent sur l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la cr&eacute;ation num&eacute;rique pour dire la &laquo;&nbsp;fracture&nbsp;&raquo; de la ville contemporaine&nbsp;:</p> <blockquote> <p>oui, d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment, le vieil outil du r&eacute;cit lin&eacute;aire, c&rsquo;est cette vieille tringle dont Michon parle pour Rimbaud, je la garde. Mais peut-&ecirc;tre c&rsquo;est ce qui m&rsquo;am&egrave;ne &agrave; travailler &agrave; ce site avec villes (ou bien&nbsp;: ce site&nbsp;<em>comme</em>&nbsp;une ville), voyages et images, arborescences continues, quartiers et zones d&eacute;sert&eacute;es, chantiers effac&eacute;s, et pr&eacute;f&eacute;rer mon site d&eacute;sormais &agrave; tout r&ecirc;ve de livre&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;?</p> </blockquote> <p>Plus qu&rsquo;un livre instaurant un mode de lecture contraignant, lin&eacute;aire, le site permet de jouer plus librement de ce que Dominique Rabat&eacute; et Pierre Schoentjes ont appel&eacute; des &laquo;&nbsp;microfictions&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;&raquo;, formes fragmentaires qui ne disent pas la nostalgie d&rsquo;une totalit&eacute;, mais qui font de la discontinuit&eacute; et de l&rsquo;inach&egrave;vement les garants m&ecirc;mes d&rsquo;une relance ou d&rsquo;une continuation. Le site est con&ccedil;u &laquo;&nbsp;avec villes&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;<em>comme</em>&nbsp;une ville&nbsp;&raquo;&nbsp;: l&rsquo;italique insiste sur la conversion de la mati&egrave;re urbaine plurielle en mod&egrave;le structurel. R&eacute;gie par la circulation, la m&eacute;tamorphose et la transformation&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>, l&rsquo;&eacute;criture-web se veut &laquo;&nbsp;mobile&nbsp;&raquo;, en &eacute;cho au titre de Butor, de mani&egrave;re &agrave; rendre compte des dynamiques multiples de la ville d&rsquo;aujourd&rsquo;hui.</p> <p>Plut&ocirc;t que de dresser l&rsquo;inventaire des villes multiples Tiers Livre, il semble plus int&eacute;ressant de d&eacute;finir les diff&eacute;rents modes de circulation entre ces mondes parall&egrave;les, qui enrichissent notre savoir de la ville. Trois modes de circulation, susceptibles de se superposer au sein d&rsquo;un m&ecirc;me fragment, peuvent &ecirc;tre envisag&eacute;s : le premier a trait &agrave; la remont&eacute;e arch&eacute;ologique des villes ant&eacute;rieures &agrave; l&rsquo;&eacute;criture-web. La stratification des temps et le d&eacute;placement des archives participent d&rsquo;une remise en circulation de l&rsquo;ancien par les nouveaux supports. Le second mode serait celui du nomadisme urbain, renvoyant &agrave; une saisie de la ville contemporaine dans la brutalit&eacute; de ses &eacute;clats. Enfin le dernier mode serait celui de la fl&acirc;nerie qui peut &ecirc;tre rattach&eacute; &agrave; la recherche d&rsquo;un urbanisme virtuel commun.</p> <h2>1. Remont&eacute;e/revenance des villes souterraines&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a><br /> &nbsp;</h2> <p>Comme Ren&eacute; Audet et Simon Brousseau l&rsquo;ont not&eacute;, Tiers Livre engage une lutte contre la fossilisation des textes pass&eacute;s, si bien qu&rsquo;il faut comprendre sa &laquo;&nbsp;stratification&nbsp;&raquo; comme une &laquo;&nbsp;constante retravers&eacute;e &ndash; des th&egrave;mes, des lieux&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;&raquo;. Cette remarque para&icirc;t d&rsquo;autant plus pertinente lorsqu&rsquo;on la rapporte aux textes attach&eacute;s &agrave; la ville. En 2010, &agrave; la faveur d&rsquo;un travail sur la ville am&eacute;ricaine, Bon op&egrave;re un &laquo;&nbsp;retour sur Bobigny, cit&eacute; Karl-Marx&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;: ce processus de relecture de soi ne vaut pas reprise statique &agrave; l&rsquo;identique, mais exhumation par morcellement. La ville ne saurait &ecirc;tre abord&eacute;e sans ces processus d&rsquo;extraction ou de res&eacute;mantisation de textes ensevelis, sciemment oubli&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>. La remise en circulation de fragments, facilit&eacute;e par le support num&eacute;rique, arrache les extraits &agrave; leur contexte d&rsquo;origine,<em>&nbsp;D&eacute;cor ciment</em>, pour les retraverser au prisme de l&rsquo;autobiographie, les documenter, les enrichir. Bon int&egrave;gre une photo scann&eacute;e aux fragments de&nbsp;<em>D&eacute;cor ciment</em>&nbsp;et pars&egrave;me son texte introducteur d&rsquo;hyperliens aux fonctions diverses. Le premier renvoie au contexte dans lequel s&rsquo;inscrit ce &laquo;&nbsp;retour sur Bobigny&nbsp;&raquo;&nbsp;: le projet &laquo;&nbsp;Une travers&eacute;e de Buffalo&nbsp;&raquo;. Ce lien-bifurcation&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;m&egrave;ne &agrave; un autre parcours pluriel, divergent, dans la ville. Le lien suivant s&rsquo;apparente davantage &agrave; une incise&nbsp;: si l&rsquo;on clique sur les mots &laquo;&nbsp;il y a longtemps&nbsp;&raquo; s&rsquo;affichent des &eacute;l&eacute;ments d&eacute;pos&eacute;s par Fran&ccedil;ois Bon sur son site en 1998.</p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-1.png"><img alt="Doc. 1 ‒ Capture d’écran de Tiers Livre, page dédiée à la genèse de Décor ciment. " loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-1-300x161.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-1-300x161.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-1-1024x548.png 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-1-810x434.png 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-1.png 1109w" style="width: 300px; height: 161px;" /></a></p> <p><small>Doc. 1&nbsp;‒&nbsp;Capture d&rsquo;&eacute;cran de Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/livres/DecorCiment.html" target="_blank">page</a>&nbsp;d&eacute;di&eacute;e &agrave; la gen&egrave;se de&nbsp;<em>D&eacute;cor ciment.&nbsp;</em></small></p> <p>V&eacute;ritable plong&eacute;e dans la gen&egrave;se du texte, aper&ccedil;u sur les carnets et sur les photos s&eacute;pia de Bobigny, le lien propose &eacute;galement un article de l&rsquo;&eacute;crivain publi&eacute; par l&rsquo;hebdomadaire&nbsp;<em>R&eacute;volution</em>&nbsp;en 1991.</p> <p><em>&nbsp;<a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-2.png"><img alt="Doc. 2 ‒ Capture d’écran de Tiers Livre, page dédiée à la genèse de Décor ciment." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-2-300x214.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-2-300x214.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-2-810x577.png 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-2.png 817w" style="width: 300px; height: 214px;" /></a></em></p> <p><small>Doc. 2&nbsp;‒&nbsp;Capture d&rsquo;&eacute;cran de Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/livres/DecorCiment.html" target="_blank">page</a>&nbsp;d&eacute;di&eacute;e &agrave; la gen&egrave;se de&nbsp;<em>D&eacute;cor ciment</em><em>.</em></small></p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-3.png"><img alt="Doc. 3 ‒ Capture d’écran de Tiers Livre, page dédiée à la genèse de Décor ciment." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-3-300x217.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-3-300x217.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-3-810x587.png 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-3.png 812w" style="width: 300px; height: 217px;" /></a></p> <p><small>Doc. 3&nbsp;‒&nbsp;Capture d&rsquo;&eacute;cran de Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/livres/DecorCiment.html" target="_blank">page</a>&nbsp;d&eacute;di&eacute;e &agrave; la gen&egrave;se de<em>&nbsp;D&eacute;cor ciment.</em></small></p> <p>Cette strate suppl&eacute;mentaire manifeste l&rsquo;ambition de d&eacute;-figement des sources qui nourrissent en amont l&rsquo;&eacute;criture de la ville. Le site fait remonter la &laquo;&nbsp;langue fant&ocirc;me&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;&raquo; de villes ensevelies, se retourne sur ses propres fondations. Le r&eacute;agencement des archives fait ressurgir la ville par &eacute;clats de textes et d&rsquo;images h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes. Il remet en circulation le sens d&rsquo;un texte toujours &agrave; vif, &agrave; l&rsquo;image de ces morts qui hantent les sous-sols de la ville, se d&eacute;placent dans ses franges ou sur les toits des buildings&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>. R&eacute;crire le paysage urbain est une mani&egrave;re de revisiter des textes ou des lieux matriciels, mais aussi de les r&eacute;articuler selon l&rsquo;arborescence restreinte et dense du site. Telle est peut-&ecirc;tre la fonction de l&rsquo;apparente digression propos&eacute;e par le lien qui nous ram&egrave;ne aux machines &agrave; &eacute;crire, et plus fondamentalement &agrave; cet autre projet d&rsquo;autobiographie des objets. En faisant le lien de la ville aux objets, Bon remonte en amont vers ce &laquo;&nbsp;temps machine&nbsp;&raquo; qui d&eacute;plie par le modeste biais de l&rsquo;objet ordinaire toute une trajectoire d&rsquo;&eacute;criture. Les derniers liens de cette page &laquo;&nbsp;Retour &agrave; Bobigny&nbsp;&raquo; sont &agrave; ce titre particuli&egrave;rement remarquables. Le clic ne convie pas &agrave; la bifurcation vers une autre ville ni au retour vers un avant-web. Il incite l&rsquo;internaute &agrave; mesurer les multiples prolongements et les r&eacute;percussions concr&egrave;tes de la fiction autour de Bobigny. Un lien renvoie ainsi &agrave; un texte prononc&eacute; dans le cadre d&rsquo;un colloque &laquo;&nbsp;Urbanit&eacute;s&nbsp;&raquo; en octobre 2000&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>. Outre les d&eacute;bats des intervenants, ce lien fait entendre les voix de l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture. Cette polyphonie des hyperliens s&rsquo;accro&icirc;t &agrave; mesure que l&rsquo;on clique sur les liens suivants. Les mots &laquo;&nbsp;Pantin&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Bobigny&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;d&eacute;c&egrave;s par balle &agrave; Bobigny&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;retour &agrave; Karl-Marx&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;mots-cl&eacute;s&nbsp;&raquo; figurent le va-et-vient entre le pr&eacute;sent de l&rsquo;&eacute;criture et un pass&eacute; qui hante encore l&rsquo;auteur, qui ressurgit brutalement au d&eacute;tour d&rsquo;un fait divers ou par le biais des &eacute;nonc&eacute;s frappants de l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture. En cliquant sur &laquo;&nbsp;Pantin&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;mots-cl&eacute;s&nbsp;&raquo;, le lecteur d&eacute;couvre des sommaires qui illustrent cette tension vers l&rsquo;inach&egrave;vement de l&rsquo;&eacute;criture de la ville de Bobigny. La collection des bribes de textes au statut variable est une mani&egrave;re de r&eacute;int&eacute;grer dans le contexte du site ce qui risque de se disperser. Mais si &laquo;&nbsp;l&rsquo;art de collectionner est une forme de ressouvenir pratique<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo; o&ugrave; chaque &eacute;l&eacute;ment renseigne sur sa gen&egrave;se et son histoire, Bon ne fige pas pour autant sa collection. L&rsquo;acte de citation ou de d&eacute;-figement num&eacute;rique ne dit pas le d&eacute;sir de s&rsquo;approprier mais de donner acc&egrave;s &agrave;&nbsp;: c&rsquo;est bien l&rsquo;image d&rsquo;un&nbsp;<em>Passagenwerk</em>&nbsp;num&eacute;rique qui demeure la plus pertinente ici.</p> <p>Ce processus de retravers&eacute;e de strates anciennes par l&rsquo;interm&eacute;diaire du num&eacute;rique touche &eacute;galement &agrave; la g&eacute;ographie intime. Il en va ainsi de ce texte d&eacute;di&eacute; &agrave; Saint-Michel en l&rsquo;Herm, la ville natale retravers&eacute;e &agrave; partir du logiciel&nbsp;<em>Google Street view&nbsp;</em><a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>. Partant d&rsquo;images surplombantes de la terre vue du ciel, qui rappellent les images d&eacute;sormais classiques de Yann Arthus Bertrand, l&rsquo;auteur op&egrave;re des zooms de plus en plus serr&eacute;s pour &laquo;&nbsp;nettoyer&nbsp;&raquo; l&rsquo;image de ses &laquo;&nbsp;verrues&nbsp;&raquo; de lotissements neufs, pour retrouver le&nbsp;<em>propre&nbsp;</em>du souvenir. Mais cet effacement fait d&rsquo;abord exister ce nouveau paysage urbain. L&rsquo;acc&egrave;s au pass&eacute;, virtuellement promis par les captures d&rsquo;&eacute;cran de&nbsp;<em>Google Earth,&nbsp;</em>s&rsquo;obscurcit paradoxalement dans le gros plan&nbsp;: &laquo;&nbsp;et pour se retrouver soi, l&rsquo;obligation d&rsquo;agrandir au flou&nbsp;&raquo;. Or c&rsquo;est cet obstacle technique qui lib&egrave;re la mati&egrave;re po&eacute;tique, la pellicule infime du biograph&egrave;me. Jouant de la variation des &eacute;chelles, Bon complexifie le rapport &agrave; la ville natale, dont la reconnaissance doit passer par la d&eacute;familiarisation de la perspective. Les images de la cartographie officielle, agrandies ou red&eacute;coup&eacute;es par l&rsquo;auteur, font appara&icirc;tre l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; dans le cadre familier. La cartographie d&eacute;payse de mani&egrave;re &agrave; faire surgir, selon le processus de l&rsquo;image dialectique, l&rsquo;Autrefois dans le Maintenant&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>. Le texte prend la mesure de la beaut&eacute; d&rsquo;une &laquo;&nbsp;vision d&rsquo;ensemble&nbsp;&raquo; mais dresse le constat d&rsquo;une &laquo;&nbsp;r&eacute;duction des restes&nbsp;&raquo;, formule associ&eacute;e au d&eacute;placement des morts. Changeant d&rsquo;&eacute;chelles et de point d&rsquo;&eacute;nonciation, Bon s&rsquo;installe dans les images prises par la voiture&nbsp;<em>Google</em>&nbsp;pour explorer un territoire suppos&eacute;ment connu qui est sans cesse objet de red&eacute;couvertes. Ce que valorise le texte, ce sont les &agrave;-c&ocirc;t&eacute;s, les points de fuite&nbsp;: ce qui d&eacute;borde de l&rsquo;image, les pistes qui ne sont pas suivies par le logiciel, qui sont celles de la maison, ou au contraire les pistes sugg&eacute;r&eacute;es, telle cette &laquo;&nbsp;venelle&nbsp;&raquo; qui ouvre sur &laquo;&nbsp;les r&ecirc;ves&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-4.png"><img alt="Doc. 4 ‒  Capture d’écran de Tiers Livre, « Saint-Michel en l’Herm ». En ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-4-300x285.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-4-300x285.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-4.png 652w" style="width: 300px; height: 285px;" /></a></p> <p><small>Doc. 4&nbsp;‒&nbsp; Capture d&rsquo;&eacute;cran de Tiers Livre,&nbsp;&laquo;&nbsp;Saint-Michel en l&rsquo;Herm&nbsp;&raquo;. En ligne&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2999" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p>Par ces effractions dans une cartographie imaginaire, le texte du retour &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;&icirc;le&nbsp;&raquo; de l&rsquo;enfance se fait l&rsquo;&eacute;cho des r&ecirc;veries de Simon, sillonnant, dans&nbsp;<em>La Presqu&rsquo;&icirc;le</em>&nbsp;de Gracq, les routes d&rsquo;un pays &laquo;&nbsp;qui se redessine sous les yeux &agrave; chaque virage comme s&rsquo;il se r&eacute;inventait&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;&raquo;. En suivant le logiciel qui sert &agrave; contr&ocirc;ler le r&eacute;el, Bon fait resurgir les zones troubles, irr&eacute;ductibles d&rsquo;une m&eacute;moire invisible, remontant involontairement, comme sous le coup d&rsquo;un choc. La succession des images entra&icirc;ne le remont&eacute;e d&rsquo;&icirc;les invisibles, de &laquo;&nbsp;labyrinthes int&eacute;rieurs&nbsp;&raquo;, sous la surface quadrill&eacute;e des cartes du &laquo;&nbsp;village global&nbsp;&raquo;. Le r&eacute;cit auto-g&eacute;ographique d&eacute;stabilise le cadrage standardis&eacute; du r&eacute;el. L&rsquo;Odyss&eacute;e intime, cybern&eacute;tique, interroge les reconfigurations de l&rsquo;espace urbain contemporain, rejoignant &agrave; sa mani&egrave;re les exp&eacute;riences de d&eacute;rives urbaines men&eacute;es par un Philippe Vasset ou par ces architectes italiens r&eacute;unis sous le nom de&nbsp;<em>Stalker</em>. Dans la filiation crois&eacute;e du situationnisme et de Perec, il s&rsquo;agit de repenser l&rsquo;inconscient de nos villes dans leurs failles et leurs friches.</p> <p>Le texte-r&eacute;seau &laquo;&nbsp;imagin&eacute; comme une ville aux galeries souterraines&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo; renvoie le lecteur &laquo;&nbsp;d&rsquo;une face du site &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>&nbsp;&raquo; par les hyperliens, ces liens-incises op&eacute;rant toute sorte de forages dans une forme d&rsquo;inconscient du texte. Cette mani&egrave;re de retisser la &laquo;&nbsp;marqueterie&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;&raquo; mal jointe ou disjointe de la Toile est une fa&ccedil;on de recomposer incessamment la ville-mosa&iuml;que des archives. Comme l&rsquo;affirme Emman&uuml;el Souchier, &laquo;&nbsp;l&rsquo;Internet prolonge ce mouvement de &ldquo;l&rsquo;archive&rdquo; (Foucault, 1969) qui reconfigure en permanence le d&eacute;j&agrave; &eacute;crit. Mais c&rsquo;est aussi un lieu o&ugrave; les usages se d&eacute;posent et s&rsquo;exposent&nbsp;: un acteur peut ainsi y donner &agrave; voir ce qu&rsquo;il a fait sous forme d&rsquo;un programme destin&eacute; &agrave; l&rsquo;activit&eacute; des autres&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>. &raquo; Redisposant la masse d&rsquo;un d&eacute;j&agrave; &eacute;crit ou d&rsquo;un d&eacute;j&agrave; vu (clich&eacute;s photographiques) sur la ville, la pratique de l&rsquo;archive sans fin Tiers Livre n&rsquo;incite pas le lecteur &agrave; se reconna&icirc;tre, &agrave; retrouver son chemin dans des voies balis&eacute;es. Elle le convie bien plut&ocirc;t &agrave; errer et se perdre avec l&rsquo;auteur du site.</p> <h2>2. Nomadisme (sub)urbain<br /> &nbsp;</h2> <p>Loin de quadriller le paysage urbain, Fran&ccedil;ois Bon le d&eacute;stabilise. Il fa&ccedil;onne des trajectoires qui rel&egrave;ve d&rsquo;une forme de nomadisme urbain. Pour bien comprendre ce mode de circulation dans la ville, nous pouvons nous appuyer sur les travaux r&eacute;cents de Bruce B&eacute;gout. Dans une somme d&rsquo;articles r&eacute;unis sous le titre de&nbsp;<em>Suburbia</em>, le philosophe &eacute;voque les cons&eacute;quences de l&rsquo;&eacute;mergence mondiale de cet &laquo;&nbsp;espace d&eacute;centr&eacute;, non hi&eacute;rarchis&eacute; et &eacute;galitaire&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;&raquo; qu&rsquo;est la&nbsp;<em>suburbia</em>. L&rsquo;autonomisation de cette &laquo;&nbsp;sous-ville&nbsp;&raquo; a pour cons&eacute;quence la disparition du fl&acirc;neur au profit du nomade. Alors que le fl&acirc;neur &laquo;&nbsp;cherche &agrave; suspendre sa relation quotidienne avec la ville en se d&eacute;faisant de son attachement par la th&eacute;rapie du choc de la confrontation avec l&rsquo;inconnu&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo;, le nomade de la&nbsp;<em>suburbia</em>, est un &laquo;&nbsp;automobiliste&nbsp;&raquo; qui cherche, dans sa distance avec la ville, &laquo;&nbsp;une familiarit&eacute; vivant dans l&rsquo;&eacute;trange&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;. Pour l&rsquo;errant motoris&eacute;, la perte est au fondement de l&rsquo;exp&eacute;rience de la ville. &laquo;&nbsp;Le&nbsp;<em>Dasein</em>&nbsp;actuel, &eacute;crit B&eacute;gout, erre sur les &eacute;changeurs autoroutiers et passe son temps dans les caf&eacute;t&eacute;rias le long de routes colonis&eacute;es par les panneaux de signalisation, les enseignes g&eacute;antes et les hangars d&eacute;cor&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.&nbsp;&raquo; Si la&nbsp;<em>suburbia</em>&nbsp;d&eacute;crite par B&eacute;gout concentre la n&eacute;gativit&eacute; d&rsquo;une &eacute;poque, elle contient toutefois en germe &laquo;&nbsp;les ferments des folies &agrave; venir, la r&eacute;volte de la cr&eacute;ativit&eacute; humaine face &agrave; un environnement l&eacute;nifiant et insignifiant&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo;. Ce d&eacute;tour par la r&eacute;flexion de B&eacute;gout permet d&rsquo;envisager le nomadisme de certains textes et montages photographiques r&eacute;alis&eacute;s par Fran&ccedil;ois Bon &agrave; partir de la ville observ&eacute;e &laquo;&nbsp;en voiture&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>&nbsp;&raquo;. Ce nomadisme, comme l&rsquo;a not&eacute; Gilles Bonnet, rompt avec toute t&eacute;l&eacute;ologie du r&eacute;cit&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>. Porteur d&rsquo;un regard neuf sur les objets de l&rsquo;infra-ordinaire, il privil&eacute;gie la parataxe de fragments composites, l&rsquo;asynd&egrave;te et la s&eacute;rie.</p> <p>Ce nomadisme fixe un pr&eacute;sent incertain, pr&eacute;caire, tout comme il d&eacute;route le monde ancien, dont font partie les productions ant&eacute;rieures. Les livres de l&rsquo;avant-web demandent ainsi &agrave; &ecirc;tre re-nomm&eacute;s pour ne pas &ecirc;tre trop rapidement &eacute;tiquet&eacute;s et donc oubli&eacute;s. La mise en ligne d&rsquo;<em>Autoroute</em>&nbsp;sur&nbsp;<em>publie.net</em>&nbsp;t&eacute;moigne de ce passage d&rsquo;un r&eacute;cit de l&rsquo;errance sur autoroute &agrave; l&rsquo;errance du r&eacute;cit sur l&rsquo;autoroute Tiers Livre&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>. Contrecarrant l&rsquo;efficace suppos&eacute;e d&rsquo;une &laquo;&nbsp;autoroute de l&rsquo;information&nbsp;&raquo; fig&eacute;e dans sa m&eacute;taphore, Bon d&eacute;double la gen&egrave;se et la r&eacute;ception d&rsquo;<em>Autoroute</em>&nbsp;en invitant son lecteur &agrave; emprunter les &laquo;&nbsp;sentiers qui bifurquent&nbsp;&raquo; sur son site. La page intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;de comment&nbsp;&ldquo;autoroute&rdquo;&nbsp;et pourquoi&nbsp;?&nbsp;&raquo; propose sur ses seuils des parcours parall&egrave;les. Avant m&ecirc;me d&rsquo;entrer dans &laquo;&nbsp;l&rsquo;histoire fictive d&rsquo;un roman&nbsp;&raquo;, un lien renvoie au &laquo;&nbsp;cahier de pr&eacute;paration&nbsp;&raquo; d&rsquo;<em>Autoroute</em>. Jouant des fronti&egrave;res entre intime et public, entre fiction et document, l&rsquo;hyperlien exhibe &eacute;galement la coupure entre une &eacute;criture sur papier et une &eacute;criture sur ordinateur. Expos&eacute; partiellement dans les marges de la gen&egrave;se, l&rsquo;avant-texte, tr&eacute;sor des g&eacute;n&eacute;ticiens, est pr&eacute;sent&eacute; comme&nbsp; objet d&rsquo;une transaction possible&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>. &Agrave; l&rsquo;autre extr&eacute;mit&eacute; du texte &laquo;&nbsp;de commet &ldquo;autoroute&rdquo; et pourquoi&nbsp;&raquo;, le lecteur d&eacute;couvre &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une note de bas de page un lien renvoyant &agrave; un forum. L&rsquo;espace de discussion au design minimaliste et gris&acirc;tre a gard&eacute; la trace des lectures des &eacute;tudiants am&eacute;ricains et des discussions engag&eacute;es avec l&rsquo;&eacute;crivain en 2005&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>. Vestige du web, compos&eacute; dans un fran&ccedil;ais &agrave; la syntaxe parfois approximative, le forum fait entendre les voix d&rsquo;une critique spontan&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>, officieuse et &eacute;ph&eacute;m&egrave;re sous la surface &laquo;&nbsp;officielle&nbsp;&raquo; et trompeuse du dossier de presse&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>. D&eacute;doublement de la gen&egrave;se, stratification de la r&eacute;ception&nbsp;: le d&eacute;placement du roman dans le contexte web convertit le support en &eacute;changeur, transpose le mod&egrave;le de l&rsquo;autoroute &agrave; la structure du r&eacute;seau, inaugurant de nouveaux parcours de lectures possibles.</p> <p>Errer en nomade dans le site-ville, c&rsquo;est se situer r&eacute;solument dans l&rsquo;apr&egrave;s de la &laquo;&nbsp;bascule&nbsp;&raquo;. Nulle n&rsquo;est plus &agrave; m&ecirc;me de porter cet arrachement d&rsquo;un monde stable &agrave; l&rsquo;autre nomade que l&rsquo;&eacute;criture-web au statut variable, mouvant, soumise &agrave; l&rsquo;amendement, l&rsquo;ajout, le commentaire ou l&rsquo;effacement au jour le jour. &Agrave; l&rsquo;image de l&rsquo;autoroute r&eacute;elle se superpose ainsi celle de l&rsquo;autoroute virtuelle, instaurant un pacte de lecture instable, impr&eacute;visible. En un clic, l&rsquo;internaute peut susciter une nouvelle s&eacute;rie d&rsquo;images de la ville ou une catastrophe&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>. Dans le texte qu&rsquo;il consacre au bouleversement introduit par la voiture dans l&rsquo;&eacute;criture, Bon met en &eacute;vidence ce glissement&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous avons remplac&eacute; la voiture, comme vecteur mat&eacute;riel d&rsquo;un lien d&rsquo;&eacute;largissement de notre communaut&eacute;, par l&rsquo;informatique, nos ordinateurs neufs prennent plus de place dans nos conversations que nos probl&egrave;mes de&nbsp;<em>diesel common rail&nbsp;</em><a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;&eacute;criture cin&eacute;tique de la ville doit se comprendre depuis les outils du num&eacute;rique aujourd&rsquo;hui. Il n&rsquo;est pas indiff&eacute;rent que le constat d&rsquo;une virtualisation croissante de la ville prenne place dans une note du &laquo;&nbsp;petit journal&nbsp;&raquo; narrant une trajectoire sur autoroute aux alentours de Toronto: &laquo;&nbsp;la ville autrefois &eacute;tait message, selon qu&rsquo;on y marchait&nbsp;&raquo;, tandis qu&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;aujourd&rsquo;hui [&hellip;], les petites annonces se font en d&eacute;ambulant chez soi l&agrave; o&ugrave; la ville physique co&iuml;ncide avec cette ville qui la reproduit dans le monde virtuel&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;&raquo;. &Eacute;voquant la modification de cet objet ordinaire que sont les petites annonces, le micro-r&eacute;cit figure lui-m&ecirc;me une &laquo;&nbsp;petite annonce&nbsp;&raquo; pla&ccedil;ant dans des liens-incises les images triviales et instables de ce temps &agrave; venir dont il faut de toute urgence se saisir.</p> <p><em>&nbsp;<a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-5.png"><img alt="Doc. 5 ‒  Capture d’écran du compte twitter de Boston Pizza @BP Brockville, novembre 2013." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-5-300x219.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-5-300x219.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-5.png 764w" style="width: 300px; height: 219px;" /></a></em></p> <p><small>Doc. 5&nbsp;‒&nbsp; Capture d&rsquo;&eacute;cran du compte twitter de Boston Pizza @BP Brockville, novembre 2013.</small></p> <p>Le Tiers Livre nous fait migrer sur son site d&rsquo;un &laquo;&nbsp;monde parall&egrave;le&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;autre, posant la vitesse et le d&eacute;doublement comme ressort de l&rsquo;&eacute;criture et de la lecture. Les flux du web d&eacute;multiplient les &eacute;crans de la ville, les fictions possibles, esquiss&eacute;es, &agrave; la mani&egrave;re de Borges, &agrave; partir d&rsquo;hypoth&egrave;ses fragmentaires, d&rsquo;incises, ou encore, &agrave; la mani&egrave;re de Breton, &agrave; partir d&rsquo;images tenant lieu de description. La mati&egrave;re n&eacute;gative de la&nbsp;<em>suburbia</em>, ses images pauvres, ses rebuts et sa pollution sonore, se trouve r&eacute;cup&eacute;r&eacute;e par &eacute;clats, &agrave; l&rsquo;image de cette &eacute;glise d&eacute;molie au profit d&rsquo;une autoroute &agrave; Qu&eacute;bec&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>.</p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-6.png"><img alt="Doc. 6 ‒ Capture d’écran de Tiers Livre, « Québec, adieux | 5, une démolition », en ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-6-300x176.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-6-300x176.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-6.png 743w" style="width: 300px; height: 176px;" /></a></p> <p><small>Doc. 6&nbsp;‒&nbsp;Capture d&rsquo;&eacute;cran de Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Qu&eacute;bec, adieux | 5, une d&eacute;molition&nbsp;&raquo;, en ligne&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article959" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p>La page s&rsquo;ouvre sur une photo exposant le monument en ruines, se poursuit sur une chronique du s&eacute;jour &agrave; Qu&eacute;bec centr&eacute;e sur le croisement entre l&rsquo;ancien et le nouveau, l&rsquo;&eacute;glise &eacute;ventr&eacute;e et l&rsquo;autoroute toute-puissante. Dernier t&eacute;moin du monument perdu, le texte multiplie les images d&rsquo;une destruction, en int&eacute;grant une vid&eacute;o <em>YouTube</em> reproduisant en acc&eacute;l&eacute;r&eacute; la mise en pi&egrave;ces du lieu sacr&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>. Par la multiplication des supports, des prises de vue et des prises de position sur la destruction du monument, la page dramatise moins l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement lui-m&ecirc;me que sa repr&eacute;sentation, renouant avec la distanciation brechtienne &agrave; l&rsquo;&egrave;re de l&rsquo;interm&eacute;dialit&eacute;. La sc&eacute;nographie du ch&oelig;ur de la cit&eacute;-ch&oelig;ur de l&rsquo;&eacute;glise film&eacute;e et photographi&eacute;e, ch&oelig;ur des voix dissonantes de Qu&eacute;bec- colore d&rsquo;&eacute;tranget&eacute; le paysage urbain familier des villes modernes. Outre le d&eacute;calage France/Canada port&eacute; par le r&eacute;cit, la page offre des plans resserr&eacute;s sur l&rsquo;&eacute;glise ou l&rsquo;&eacute;crase au contraire dans des plans &eacute;loign&eacute;s, qui font ressortir la tour en arri&egrave;re-plan et l&rsquo;autoroute au premier-plan. La page se cl&ocirc;t sur une s&eacute;rie d&rsquo;images de l&rsquo;&eacute;glise recadr&eacute;e selon diff&eacute;rents angles, formats, &eacute;clairages et distances.</p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-7.png"><img alt="Doc. 7 ‒ Capture d’écran de Tiers Livre, « Québec, adieux | 5, une démolition », en ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-7-300x169.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-7-300x169.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-7-1024x577.png 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-7-810x456.png 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-7.png 1058w" style="width: 300px; height: 169px;" /></a></p> <p><small>Doc. 7&nbsp;‒ Capture d&rsquo;&eacute;cran de Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Qu&eacute;bec, adieux | 5, une d&eacute;molition&nbsp;&raquo;, en ligne&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article959" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p>Par cette multiplication des focales, Bon fait appara&icirc;tre la partition politique et les int&eacute;r&ecirc;ts &eacute;conomiques qui gouvernent le paysage urbain. La derni&egrave;re image accentue symptomatiquement la s&eacute;paration entre deux mondes, celui de l&rsquo;autoroute escamotant l&rsquo;&eacute;glise. Cette poursuite m&eacute;lancolique d&rsquo;un lointain dans le proche t&eacute;moigne d&rsquo;une persistance auratique dans le montage des reproductions iconiques.</p> <p>Le nomade tend &agrave; se r&eacute;approprier l&rsquo;urbain en convertissant ses images en traces famili&egrave;res. Mais le montage de couloirs d&rsquo;images &eacute;tendus en longueur sur des pages au format impr&eacute;visible contribue &eacute;galement &agrave; m&eacute;tamorphoser la mati&egrave;re urbaine en support onirique, &agrave; partir duquel se perdre. Bon explique &agrave; plusieurs reprises ne pas avoir su trier ses photos, les redisposant sans ordre, se fiant &agrave; la seule g&eacute;om&eacute;trie des images&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>. &Agrave; ce d&eacute;sordre s&eacute;miotique correspond une politique de l&rsquo;&eacute;criture-web. L&rsquo;interm&eacute;dialit&eacute; lib&egrave;re un point de vue critique sur les bouleversements pathog&egrave;nes qui affectent le paysage urbain. Le &laquo;&nbsp;petit journal&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;carr&eacute;s urbains&nbsp;&raquo; disent de mani&egrave;re privil&eacute;gi&eacute;e l&rsquo;appauvrissement d&rsquo;un monde, sa n&eacute;gativit&eacute;, comme en t&eacute;moignent les titres &laquo;&nbsp;maison qu&rsquo;on tue&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;fin d&rsquo;un garage&nbsp;&raquo;. Aux maisons anciennes des livres de Balzac se substitue cet &laquo;&nbsp;<em>&eacute;talement urbain</em>&nbsp;banalis&eacute; de blocs cubiques trois &eacute;tages&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>&nbsp;&raquo;. Les &laquo;&nbsp;fictions dans un paysage&nbsp;&raquo; imaginent &eacute;galement une ville dystopique, fond&eacute;e sur le &laquo;&nbsp;on&nbsp;&raquo; interchangeable, le retour du m&ecirc;me. La microfiction &laquo;&nbsp;photocopier les mondes&nbsp;&raquo; expose ce risque de l&rsquo;uniformisation sous l&rsquo;apparente revendication des diff&eacute;rences&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>. La ville sillonn&eacute;e en nomade menace le sujet d&rsquo;une ali&eacute;nation, d&rsquo;une d&eacute;possession d&rsquo;identit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>.</p> <table width="454"> <tbody> <tr> <td><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautgauche.png"><img alt="hautgauche - Doc. 8 – Capture d’écran de : François Bon, « carrés urbains | parking, Poitiers ». En ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautgauche-300x204.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautgauche-300x204.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautgauche-145x100.png 145w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautgauche-380x260.png 380w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautgauche.png 763w" style="width: 300px; height: 204px;" /></a></td> <td><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautdroite.png"><img alt="hautdroite - Doc. 8 – Capture d’écran de : François Bon, « carrés urbains | parking, Poitiers ». En ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautdroite-300x270.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautdroite-300x270.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_hautdroite.png 635w" style="width: 300px; height: 270px;" /></a></td> </tr> <tr> <td><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieugauche.png"><img alt="milieugauche - Doc. 8 – Capture d’écran de : François Bon, « carrés urbains | parking, Poitiers ». En ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieugauche-300x298.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieugauche-300x298.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieugauche-150x150.png 150w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieugauche.png 544w" style="width: 300px; height: 298px;" /></a></td> <td><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieudroite.png"><img alt="milieudroite - Doc. 8 – Capture d’écran de : François Bon, « carrés urbains | parking, Poitiers ». En ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieudroite-300x298.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieudroite-300x298.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieudroite-150x150.png 150w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_milieudroite.png 545w" style="width: 300px; height: 298px;" /></a></td> </tr> <tr> <td><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basgauche.png"><img alt="basgauche - Doc. 8 – Capture d’écran de : François Bon, « carrés urbains | parking, Poitiers ». En ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basgauche-300x268.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basgauche-300x268.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basgauche.png 569w" style="width: 300px; height: 268px;" /></a></td> <td><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basdroite.png"><img alt="basdroite - Doc. 8 – Capture d’écran de : François Bon, « carrés urbains | parking, Poitiers ». En ligne ici." loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aur%C3%A9lie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basdroite-300x297.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basdroite-300x297.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basdroite-150x150.png 150w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Aurélie-Adler_TiersLivre_Illustration-8_basdroite.png 555w" style="width: 300px; height: 297px;" /></a></td> </tr> </tbody> </table> <p><small>Doc. 8 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran de&nbsp;: Fran&ccedil;ois Bon, &laquo;&nbsp;carr&eacute;s urbains&nbsp;<em>| parking, Poitiers&nbsp;&raquo;</em>. En ligne&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1137" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p>Sur la premi&egrave;re photographie appara&icirc;t la silhouette standard de l&rsquo;individu du code de la route, esquissant un mouvement vers la droite, comme pour indiquer la direction de la sortie. La seconde photo repr&eacute;sente une place de parking, soit une premi&egrave;re impasse, puisque l&rsquo;horizon est mur&eacute;. La photo suivante fait r&eacute;appara&icirc;tre la silhouette courant cette fois-ci vers une sortie surlign&eacute;e par la couleur verte. Mais les images 4 et 5 interdisent tout franchissement. La derni&egrave;re photo, identique &agrave; la premi&egrave;re, manifeste cependant un changement de taille&nbsp;: une fl&egrave;che indiquant la gauche contredit le mouvement de la silhouette allant &agrave; droite. Il est devenu impossible de sortir du parking, labyrinthe dans lequel nous sommes conduits &agrave; errer &agrave; la mani&egrave;re des personnages de Beckett qui, dans&nbsp;<em>Quad</em>, &eacute;prouvent la forme du carr&eacute; jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;puisement, selon l&rsquo;expression de Deleuze&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>. Caract&eacute;ristique de ce nomadisme urbain, cette usure du r&eacute;cit et des images est particuli&egrave;rement frappante dans la vid&eacute;o intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Halifax marchandises et souterrains&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>&nbsp;&raquo; qui montre l&rsquo;&eacute;crasement du sujet s&rsquo;enfon&ccedil;ant par degr&eacute;s dans les cercles infernaux d&rsquo;un monde r&eacute;ifi&eacute;. Le mouvement circulaire de la cam&eacute;ra capte des images et des sons pr&eacute;caires &agrave; hauteur des objets. Les individus crois&eacute;s sont fuyants, priv&eacute;s de leur visage, coup&eacute; par l&rsquo;angle de vue d&rsquo;une cam&eacute;ra tenue au poing. La courte s&eacute;quence hypermobile se referme par un plan sur des jeux vid&eacute;os install&eacute;s au sous-sol, invitant incessamment le joueur &agrave; tirer sur toute silhouette humaine. Ces espaces sans issue et sans sujet appellent une forme d&rsquo;exorcisation par saturation&nbsp;: la s&eacute;rialisation des images pauvres et la r&eacute;p&eacute;tition des sons industriels d&eacute;roulent la pellicule sans fin de la marchandise comme pour conjurer l&rsquo;&eacute;puisement qui la sous-tend.</p> <p>Ce qui sauve le nomade de l&rsquo;enfermement, c&rsquo;est la m&eacute;diation, l&rsquo;acc&egrave;s &ndash; qui est lui-m&ecirc;me devenu objet d&rsquo;une fiction &ndash; qui rend toujours possible l&rsquo;&eacute;change et le partage.</p> <h2>3. Fl&acirc;nerie et communaut&eacute; num&eacute;rique<br /> &nbsp;</h2> <p>&Agrave; l&rsquo;appauvrissement de la ville moderne, le site de Bon oppose une interaction humaine enrichie par les ressources du web. Il contribue ainsi &agrave; fa&ccedil;onner un urbanisme num&eacute;rique qui accro&icirc;t les liens et les galeries souterraines de cr&eacute;ation et de subversion de la surface de la ville. Si Le Tiers Livre peut &ecirc;tre compar&eacute; &agrave; une zone urbaine, c&rsquo;est aussi parce que le site est une plate-forme int&eacute;grant les &eacute;critures collectives men&eacute;es en atelier, une plate-forme sous la licence des&nbsp;<em>Creative Commons</em>&nbsp;qui travaille &agrave; enrichir le patrimoine commun en mettant en partage une somme de textes menac&eacute;s par l&rsquo;oubli &eacute;ditorial&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>, un site dialoguant en permanence avec d&rsquo;autres blogs voisins. Citation m&eacute;tonymique,&nbsp;<em>cut-up</em>&nbsp;via mots-cl&eacute;s dans un corpus num&eacute;ris&eacute;, collage et greffe sont les modes de circulation rhizomatiques de l&rsquo;arborescence num&eacute;rique.</p> <p>Si la fl&acirc;nerie ne fait plus partie de notre exp&eacute;rience de la ville, cette exp&eacute;rience se reporte en revanche dans l&rsquo;&eacute;criture num&eacute;rique. Bon fl&acirc;ne dans les galeries du web, telles qu&rsquo;elles sont &eacute;labor&eacute;es par d&rsquo;autres, dans les blogs et les comptes&nbsp;<em>twitter</em>, partageant un extrait, le commentant, l&rsquo;exposant comme tel. L&rsquo;exp&eacute;rience des&nbsp;<em>Vases communicants</em>&nbsp;constitue un bel embl&egrave;me de cette circulation horizontale partant d&rsquo;une contrainte&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>&nbsp;qui r&eacute;v&egrave;le la richesse d&rsquo;un texte dans ce geste de d&eacute;contextualisation permis par le num&eacute;rique. C&rsquo;est cette discontinuit&eacute; polyphonique qu&rsquo;il faut prendre en consid&eacute;ration lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de penser la ville avec Fran&ccedil;ois Bon. La ville ne se construit que sur le franchissement des seuils s&eacute;parant des mondes. L&rsquo;auteur fait &eacute;cho aux voix des anonymes qui ont men&eacute; l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;un atelier d&rsquo;&eacute;criture dans le RER C, par exemple. Par le biais de m&eacute;talepses num&eacute;riques, il nous fait franchir des seuils entre les mondes ench&acirc;ssants et les mondes ench&acirc;ss&eacute;s. Il introduit ainsi la voix de ceux qui &eacute;crivent r&eacute;guli&egrave;rement sur supports num&eacute;riques, Arnaud Ma&iuml;setti, S&eacute;bastien Rongier, Mahigan Lepage, Philippe Diaz alias Pierre M&eacute;nard&nbsp;: il serait difficile de dresser l&rsquo;inventaire de toutes ces voix et de tous ces extraits de livres que Fran&ccedil;ois Bon donne &agrave; conna&icirc;tre, mettant en parall&egrave;le l&rsquo;ancien et le nouveau, le moi et l&rsquo;autre, selon la m&eacute;thode adopt&eacute;e en atelier d&rsquo;&eacute;criture. La section des &laquo;&nbsp;Invit&eacute;s &amp; vases communicants&nbsp;&raquo; met en &eacute;vidence cette relation constructive pour le site qui trouve &agrave; s&rsquo;alimenter dans le branchement ou le partage avec d&rsquo;autres blogs. Avant de mettre un extrait en ligne, Bon prend soin de commenter ou de recontextualiser, de mettre en regard la pratique de son h&ocirc;te. Pr&eacute;sentant la po&eacute;sie d&rsquo;&Eacute;ric Dubois, Bon valorise &laquo;&nbsp;cette sorte d&rsquo;&acirc;pret&eacute; qui la ram&egrave;ne sans cesse au r&eacute;el, o&ugrave; cette frange de la grande ville et ses vies humbles sont la mati&egrave;re essentielle&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>&nbsp;&raquo;. On identifie ici les passerelles d&rsquo;un auteur &agrave; l&rsquo;autre, entre le travail men&eacute; par Fran&ccedil;ois Bon aupr&egrave;s des SDF de Nancy et celui d&rsquo;&Eacute;ric Dubois. La d&eacute;contextualisation est aussi revalorisation. L&agrave; encore, il s&rsquo;agit de dresser une cartographie de mondes parall&egrave;les, partant des villes int&eacute;rieures des lectures personnelles pour aller vers l&rsquo;inconnu, se saisir d&rsquo;une onde de choc esth&eacute;tique, jaillissant de ces blogs depuis les quatre coins du globe.</p> <p>Cette pratique d&rsquo;&eacute;criture plurielle, initi&eacute;e dans le cadre des ateliers d&rsquo;&eacute;criture, passe par l&rsquo;&eacute;coute et le respect de la parole de l&rsquo;autre, selon une &eacute;thique qu&rsquo;a comment&eacute; Dominique Viart&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>. La bascule num&eacute;rique donne une nouvelle inflexion &agrave; cet &eacute;change en le pla&ccedil;ant plus encore sous le signe de l&rsquo;anthologie et de l&rsquo;amiti&eacute;, deux notions d&eacute;velopp&eacute;es par Milad Doueihi dans son essai&nbsp;<em>Pour un humanisme num&eacute;rique</em>, cit&eacute; par Bon dans le &laquo;&nbsp;Livre &amp; l&rsquo;Internet&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>&nbsp;&raquo;. La forme ancienne de l&rsquo;anthologie, pratique de lettr&eacute;s, &eacute;rode les fronti&egrave;res entre l&rsquo;auteur et le lecture et rend compte de la sociabilit&eacute; num&eacute;rique. Pour Doueihi, &laquo;&nbsp;la nouvelle interactivit&eacute; [&hellip;] se nourrit d&rsquo;&eacute;changes constitu&eacute;s essentiellement par la transmission et la circulation de fragments d&rsquo;informations de tout genre, ins&eacute;r&eacute;s dans des contextes nouveaux et inattendus. L&rsquo;anthologie, dans ce sens &eacute;largi du terme, est &agrave; la fois la forme et le format par excellence du savoir num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>&nbsp;&raquo;. D&eacute;sacralisant l&rsquo;auteur, l&rsquo;&eacute;criture-web devient communaut&eacute; des r&eacute;seaux, comparable &agrave; la ville, &eacute;crit encore Doueihi, &eacute;tant donn&eacute; que la &laquo;&nbsp;culture num&eacute;rique est de plus en plus une culture ambulante, une culture du d&eacute;placement dans un espace hybride&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a>&nbsp;&raquo;. Appuyant sa r&eacute;flexion sur Aristote, Cic&eacute;ron et Bacon, Doueihi d&eacute;veloppe une conception &eacute;galitariste de l&rsquo;amiti&eacute; fond&eacute;e sur le refus de la quantification et l&rsquo;expression des opinions et des affects. La plateforme hospitali&egrave;re Tiers Livre manifeste cette nouvelle sociabilit&eacute; num&eacute;rique.</p> <p>La collecte anthologique des images de la ville chez soi et chez les autres participe d&rsquo;une forme d&rsquo;urbanit&eacute; num&eacute;rique, visant &agrave; renseigner sur les nouveaux usages de cette ville-web, usages encore &agrave; d&eacute;finir et qui se d&eacute;finissent dans une recherche commune. C&rsquo;est ainsi que l&rsquo;on peut comprendre les recommandations de Fran&ccedil;ois Bon lorsqu&rsquo;il expose les bilans de ses exp&eacute;rimentations num&eacute;riques. La ville n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; ces points d&rsquo;informations r&eacute;capitulatifs&nbsp;: parmi les repr&eacute;sentations saisissantes de ces circulations plurielles, citons la section Tiers Livre d&eacute;di&eacute;e &agrave; la &laquo;&nbsp;zone urbaine&nbsp;&raquo; dans &laquo;&nbsp;le petit journal&nbsp;&raquo;, ou encore la s&eacute;rie r&eacute;cente des &laquo;&nbsp;ronds-points urbains&nbsp;&raquo;. Citons encore l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture en ligne consacr&eacute; &agrave; la ville&nbsp;<a href="#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a>, ces listes des &laquo;&nbsp;blogs qui bloguent&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;tout autour du monde&nbsp;<a href="#_ftn62" name="_ftnref62">[62]</a>&nbsp;&raquo;, ou encore ce &laquo;&nbsp;tour de blogs avec images ville&nbsp;<a href="#_ftn63" name="_ftnref63">[63]</a>&nbsp;&raquo; datant de 2009. Des verbes &agrave; l&rsquo;infinitif introduisent un nombre croissant d&rsquo;hyperliens&nbsp;: Bon transmet un mode d&rsquo;emploi pour soi et les autres, destin&eacute; &agrave; renouveler nos modes de lecture. La d&eacute;marche suivie fait appara&icirc;tre une lecture composite, faite de va-et-vient par le biais d&rsquo;hyperliens entre les pratiques des autres et les siennes. C&rsquo;est une lecture-&eacute;criture r&eacute;active -outre qu&rsquo;elle active des liens, elle r&eacute;agit &agrave; des questions pos&eacute;es. Elle relaye ainsi l&rsquo;interrogation de Mahigan Lepage sur &laquo;&nbsp;cette recherche sur la ville&nbsp;&raquo; qui pourrait d&eacute;boucher sur un &laquo;&nbsp;texte global, rassemblant d&rsquo;un seul auteur pluriel tous ces auteurs chacun &agrave; leur t&acirc;che&nbsp;<a href="#_ftn64" name="_ftnref64">[64]</a>&nbsp;&raquo;. La page assume pleinement son r&ocirc;le de passage. Elle indique au lecteur de Tiers Livre les outils par lesquels peuvent se &laquo;&nbsp;casser les cloisons&nbsp;&raquo; entre les supports et les pratiques&nbsp;: pearltrees, flux rss, feedly.</p> <p>Par ses pratiques et ses usages du web, Fran&ccedil;ois Bon, comme ses amis blogueurs, participe de cet &laquo;&nbsp;urbanisme virtuel&nbsp;&raquo; que Milad Doueihi consid&egrave;re comme &laquo;&nbsp;le site de la culture anthologique naissante, de cette culture &agrave; la fois lettr&eacute;e et populaire, savante et amatrice&nbsp;<a href="#_ftn65" name="_ftnref65">[65]</a>&nbsp;&raquo;. Cet urbanisme de l&rsquo;&eacute;criture num&eacute;rique nous para&icirc;t d&rsquo;autant plus pr&eacute;cieux qu&rsquo;il fait contrepoids aux figures n&eacute;gatives de la ville contemporaine. Bon sonde la n&eacute;gativit&eacute; de l&rsquo;espace urbain, interroge ces espaces de l&rsquo;infra-ordinaire qui &eacute;chappent &agrave; la cartographie standard. Le site accro&icirc;t consid&eacute;rablement les perspectives ouvertes par les livres. En d&eacute;multipliant les images de la ville, Bon complexifie sa repr&eacute;sentation. Fiction de la ville, le site r&eacute;articule le sensible en introduisant un m&eacute;compte dans l&rsquo;ordre des corps, des places et des fonctions&nbsp;<a href="#_ftn66" name="_ftnref66">[66]</a>. En r&eacute;v&eacute;lant l&rsquo;inaper&ccedil;u demeur&eacute; hors-champ, l&rsquo;auteur propose d&rsquo;autres configurations du commun tout comme il d&eacute;sordonne les partitions admises du litt&eacute;raire (monde de l&rsquo;&eacute;dition papier/ &eacute;dition num&eacute;rique&nbsp;; images d&rsquo;amateur, images de photographes consacr&eacute;s, etc.). Par la s&eacute;rie et le partage, le site accro&icirc;t les espaces d&rsquo;une fiction du politique, o&ugrave; la chronique dystopique d&rsquo;un ordre policier de la ville s&rsquo;effeuille dans le d&eacute;bordement des images d&rsquo;un infra-monde qui demande &agrave; &ecirc;tre nomm&eacute;.<strong>&nbsp;</strong></p> <h3>Notes<br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Dominique Viart,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. &Eacute;tude de l&rsquo;&oelig;uvre</em>, Paris, Bordas, &laquo;&nbsp;&Eacute;crivains au pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, 2008&nbsp;; Gianfranco Rubino, &laquo;&nbsp;Espace(s)&nbsp;&raquo; et Pierre Hippolyte, &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon &ndash; Edward Hopper&nbsp;: peinture, architecture et fiction&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon, &eacute;clats de r&eacute;alit&eacute;</em>, Dominique Viart, Jean-Bernard Vray (dir.), Saint-&Eacute;tienne, Publications de l&rsquo;Universit&eacute; de Saint-&Eacute;tienne, 2010, p. 109 et suiv.&nbsp;; et p. 235-248&nbsp;; Henri Garric,&nbsp;<em>Portraits de villes&nbsp;: marches et cartes&nbsp;: la repr&eacute;sentation urbaine dans les discours contemporains,&nbsp;</em>Paris, Honor&eacute; Champion, &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de litt&eacute;rature g&eacute;n&eacute;rale et compar&eacute;e&nbsp;&raquo;, 2007.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Gilles Bonnet,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>, Ch&ecirc;ne-Bourg, La Braconni&egrave;re, 2011, p. 185&nbsp;<em>et sq</em>.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;carte des mondes parall&egrave;les&nbsp;&raquo;, premi&egrave;re<em>&nbsp;mise en ligne 1er novembre 2006 et derni&egrave;re modification le 1er d&eacute;cembre 2008,&nbsp;</em>Tiers Livre, en ligne&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article588">ici</a>.<em>&nbsp;</em></p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Marie-Laure Ryan, &laquo;&nbsp;Des mondes possibles aux univers parall&egrave;les&nbsp;&raquo;, 4 mai 2006, en ligne sur Fabula&nbsp;<a href="http://www.fabula.org/atelier.php?Des_mondes_possibles_aux_univers_parall%26egrave%3Bles" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Henri Garric,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 497.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a><em>&nbsp;Id</em>., p. 505.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;<em>Id.</em>, p. 497.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a><em>&nbsp;Id.</em>, p. 498.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Marie-Laure Ryan,&nbsp;<em>art. cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Nous reprenons les &eacute;l&eacute;ments expos&eacute;s par Henri Garric,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 23&nbsp;<em>et suiv</em>.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Ren&eacute; Audet, Simon Brousseau, &laquo;&nbsp;Pour une po&eacute;tique de la diffraction de l&rsquo;oeuvre litt&eacute;raire num&eacute;rique&nbsp;: l&rsquo;archive, le texte et l&rsquo;oeuvre &agrave; l&rsquo;estompe&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Prot&eacute;e</em>, vol. 39, n&ordm; 1, 2011&nbsp;: &laquo;&nbsp;Esth&eacute;tiques num&eacute;riques&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;10. En ligne&nbsp;<a href="https://www.erudit.org/fr/revues/pr/2011-v39-n1-pr5004899/1006723ar/" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1746" target="_blank">article 1746</a>.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Dominique Rabat&eacute;, Pierre Schoentjes, &laquo;&nbsp;Micro-scopies&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Revue de critique de fixxion fran&ccedil;aise contemporaine</em>, n&deg; 1, 2010 : &laquo;&nbsp;Micro / Macro&nbsp;&raquo;. En ligne&nbsp;<a href="https://journals.openedition.org/fixxion/3861" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Emman&uuml;el Souchier, Yves Jeanneret, Jo&euml;lle Le Marec (dir.),&nbsp;<em>Lire, &eacute;crire, r&eacute;crire. Objets, signes et pratiques des m&eacute;dias informatis&eacute;s</em>, Paris, BPI, 2003, p. 20.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Nous empruntons ce titre &agrave; l&rsquo;une des entr&eacute;es de la s&eacute;rie science remix&nbsp;: &laquo;&nbsp;13.08.30| des villes souterraines&nbsp;&raquo; (<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3715" target="_blank">article 3715</a>).</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;R. Audet, S. Brousseau,&nbsp;<em>art. cit.</em>, p. 14.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2151" target="_blank">article 2151</a>.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Sur cette n&eacute;cessit&eacute; de l&rsquo;oubli dans le rapport &agrave; la m&eacute;moire num&eacute;rique, voir Milad Doueihi,&nbsp;<em>Pour un humanisme num&eacute;rique</em>, Paris, Le Seuil, &laquo;&nbsp;La librairie du XXI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, 2011, p. 150-151.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Sur ce terme, nous renvoyons &agrave; Alexandra Saemmer,&nbsp;<em>Mati&egrave;res textuelles sur support num&eacute;rique</em>, Saint-&Eacute;tienne, Publications de l&rsquo;Universit&eacute; de Saint-&Eacute;tienne, 2007, p. 97.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;L&rsquo;expression est de Michon cit&eacute;e par Laurent Demanze qui &eacute;voque pour sa part la langue litt&eacute;raire contemporaine comme une &laquo;&nbsp;langue morte&nbsp;&raquo; qui pense le pass&eacute; suivant le mod&egrave;le de la survivance ou de l&rsquo;anachronisme&nbsp;(&laquo;&nbsp;Les mots de la fin. La mort et la langue litt&eacute;raire&nbsp;&raquo;, in &nbsp;<em>Fins de la litt&eacute;rature, Esth&eacute;tiques et discours de la fin</em>, Dominique Viart et Laurent Demanze (dir.), Armand Colin, t.1, 2011, p. 61).</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Voir &laquo;&nbsp;fiction dans un paysage | la ville, les morts, la mer&nbsp;&raquo; (<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3523" target="_blank">article 3523</a>), &nbsp;ou encore &laquo;&nbsp;de pourquoi ces morts sur les toits&nbsp;&raquo; (<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3746" target="_blank">article 3746</a>).</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;[Pr&eacute;c&eacute;demment] en ligne&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/arch/01_banlieue.html" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Walter Benjamin,&nbsp;<em>Paris, capitale du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, Le livre des passages</em>&nbsp;[1982], &eacute;ditions du Cerf, 3<sup>e</sup>&nbsp;&eacute;dition, 2002, p. 222.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2999" target="_blank">article 2999</a>.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Pour W. Benjamin, le &laquo;&nbsp;Maintenant&nbsp;&raquo; et l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;Autrefois&nbsp;&raquo; entrent en tension dans l&rsquo;image dialectique qui suspend le cours de l&rsquo;histoire&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il ne faut pas dire que le pass&eacute; &eacute;claire le pr&eacute;sent ou que le pr&eacute;sent &eacute;claire le pass&eacute;. Une image, au contraire, est ce en quoi l&rsquo;Autrefois rencontre le Maintenant dans un &eacute;clair pour former une constellation&nbsp;&raquo;&nbsp;(<em>Paris, capitale du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, Le livre des passages</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 478).</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;Nous empruntons la formule &agrave; Arnaud Ma&iuml;setti qui commente la nouvelle de Gracq sur son site&nbsp;dans&nbsp;&laquo;&nbsp;Julien Gracq | la Presqu&rsquo;&icirc;le&nbsp;&raquo; (<a href="http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article86" target="_blank">article 86</a>).</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;Alexandra Saemmer, &laquo;&nbsp;<em>Tumulte</em>&nbsp;en ligne. L&rsquo;&eacute;criture num&eacute;rique de Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;: figures d&rsquo;interface, figures de dispositif &nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Eclats de r&eacute;alit&eacute;</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 259.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a><em>&nbsp;Id.</em>, p. 256.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Saint-Michel en l&rsquo;Herm&nbsp;&raquo;, &nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2999" target="_blank">article 2999</a>.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;Emman&uuml;el Souchier, in&nbsp;<em>L&rsquo;&eacute;criture des m&eacute;dias informatis&eacute;s, espaces de pratiques</em>, C&eacute;cile Tardy et Yves Jeanneret (dir.), Paris, Herm&egrave;s, Lavoisier, 2007, p. 476.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;Bruce B&eacute;gout,&nbsp;<em>Suburbia</em>, Paris, Inculte, 2013, p. 13.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;&nbsp;<em>Id.</em>, p. 18.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a><em>&nbsp; Id.</em>, p. 20.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a><em>&nbsp; Id.</em>, p. 20-21.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a><em>&nbsp; Id.</em>, p. 22.</p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp; Tel est le titre du texte in&eacute;dit paru dans le volume des actes du colloque consacr&eacute;&nbsp;&agrave; Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>&Eacute;clats de r&eacute;alit&eacute;</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp; Gilles Bonnet,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 250.</p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;de comment&nbsp;&ldquo;autoroute&rdquo;&nbsp;et pourquoi&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1454" target="_blank">article 1454</a>,&nbsp;<em>premi&egrave;re mise en ligne 22 octobre 2008 et derni&egrave;re modification le 11 avril</em>&nbsp;2014.<em>&nbsp;</em></p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;Au fait, si collectionneur ou fac int&eacute;ress&eacute;, je vendrais volontiers ce cahier et un ou deux carnets qui vont avec, prendre contact, &ccedil;a me soulagerait bien par les temps qui courent. Je fais m&ecirc;me bundle avec le stylo&nbsp;&raquo;&nbsp;(&laquo;&nbsp;Autoroute, le cahier de r&ecirc;ve et de pr&eacute;paration&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3929" target="_blank">article 3929</a>,&nbsp;premi&egrave;re mise en ligne 12 avril 2014 et derni&egrave;re modification le 25 mai 2014)</p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;En ligne&nbsp;<a href="http://www.network54.com/Forum/377876/thread/1111684139/last-1114031131/F.+Bon%2C+Autoroute" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a>&nbsp; Nous empruntons la formule &agrave; Albert Thibaudet qui d&eacute;finit la &laquo;&nbsp;critique spontan&eacute;e&nbsp;&raquo; comme la critique qui exprime le go&ucirc;t du jour, qui entretient l&rsquo;enthousiasme autour d&rsquo;un livre dans les conversations mais aussi &laquo;&nbsp;dans les succ&eacute;dan&eacute;s de la parole, que sont les lettres, les journaux intimes, les notes personnelles&nbsp;&raquo;, &agrave; quoi il faudrait ajouter ici les forums et les blogs&nbsp;(Albert Thibaudet,&nbsp;<em>Physiologie de la critique</em>, Les Belles Lettres, Paris, 2013, p. 52).</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a>&nbsp; Fran&ccedil;ois Bon insiste sur le malentendu autour d&rsquo;<em>Autoroute</em>&nbsp;consid&eacute;r&eacute; comme le fruit d&rsquo;une enqu&ecirc;te r&eacute;elle sur le terrain alors que l&rsquo;ensemble du livre est une fiction.</p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a>&nbsp; Prenant appui sur les analyses d&rsquo;Alexandra Saemmer, Gilles Bonnet note que le lien hypertexte est dot&eacute; d&rsquo;une fonction d&eacute;ictique, cr&eacute;ative et &laquo;&nbsp;catastrophique&nbsp;&raquo;&nbsp;dans la mesure o&ugrave; son activation peut conduire l&rsquo;internaute aussi bien &agrave; une nouvelle page qu&rsquo;&agrave; la destruction&nbsp;(<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 246 et suiv.).</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a><em>&nbsp;&Eacute;clats de r&eacute;alit&eacute;</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 28.</p> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;petites annonces&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article895" target="_blank">article 895</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification 7 mars 2010.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;Qu&eacute;bec, adieux |5, une d&eacute;molition&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article959" target="_blank">article 959</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 20 juin 2010.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;D&eacute;molition de l&rsquo;&eacute;glise Saint-Vincent de Paul&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="https://www.youtube.com/watch?v=RW0OugFmGHM" target="_blank">vid&eacute;o mise en ligne</a>&nbsp;sur YouTube le 22 f&eacute;vrier 2010.</p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;quotidienne&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article916" target="_blank">article 916</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 16 avril 2010&nbsp;: &laquo;&nbsp;ces images, je les fixe pour leur qualit&eacute; abstraite, une g&eacute;om&eacute;trie, un caract&egrave;re monochrome, une r&eacute;currence. Une fois archiv&eacute;e, je ne sais m&ecirc;me plus la retrouver dans la m&eacute;tropole balay&eacute;e par le zoom et le pav&eacute; tactile de l&rsquo;ordinateur. Ce sont des images perdues, comme perdu le lieu qu&rsquo;elles d&eacute;signent. Je pourrais ais&eacute;ment les rep&eacute;rer&nbsp;: il suffirait de recopier ou de faire une copie &eacute;cran des coordonn&eacute;es de g&eacute;olocalisation &ndash; mais je ne m&rsquo;y d&eacute;cide pas. [&hellip;] L&rsquo;id&eacute;e de perdre le lieu sit&ocirc;t que je le fixe est pour moi une condition de la fable&nbsp;: ville qui s&rsquo;invente, mais ne s&rsquo;invente pas dans la ville r&eacute;elle (les quatre villes) qui me servent de source et rep&egrave;re&nbsp;&ndash; s&rsquo;invente ici, dans la phrase et l&rsquo;image, par leur s&eacute;paration m&ecirc;me.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;maison qu&rsquo;on tue&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1090" target="_blank">article 1090</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 9 f&eacute;vrier 2011.</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;fiction dans un paysage | photocopier des mondes&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3448" target="_blank">article 3448</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 27 mars 2013.</p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp; Voir la page &laquo;&nbsp;visa d&rsquo;entr&eacute;e&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1818" target="_blank">article 1818</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 23 juin 2009.</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a>&nbsp;On pense &eacute;galement &agrave;&nbsp;<em>erre&nbsp;</em>: &laquo;&nbsp;jeu vid&eacute;o benjaminien&nbsp;&raquo;&nbsp;(Gilles Bonnet,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 251).</p> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a>&nbsp; Voir la vid&eacute;o post&eacute;e par Fran&ccedil;ois Bon sur&nbsp;<em>YouTube</em>&nbsp;le 14 mars 2009, en ligne&nbsp;<a href="http://www.youtube.com/watch?v=oD2XHr6iT1I" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a>&nbsp; Voir l&rsquo;avertissement de Bon pr&eacute;sentant un extrait des&nbsp;<em>Villes invisibles,&nbsp;</em>texte d&rsquo;Italo Calvino &laquo;&nbsp;sous s&eacute;questre Gallimard&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Italo Calvino | Le voyageur dans la carte&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3620" target="_blank">article 3620</a>,&nbsp;1&egrave;re mise en ligne 24 juillet 2013 et derni&egrave;re modification le 9 mars 2014). Apr&egrave;s la republication du livre par Gallimard, Bon note le &laquo;&nbsp;cynisme&nbsp;&raquo; d&rsquo;une maison qui ne r&eacute;&eacute;dite pas pour autant les&nbsp;<em>Le&ccedil;ons am&eacute;ricaines</em>, moins lucratives (&laquo;&nbsp;Gallimard contre Calvino&nbsp;: ou la litt&eacute;rature au pays des ploucs&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3973" target="_blank">article 3973</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 18 mai 2014).<em>&nbsp;</em></p> <p><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a>&nbsp; La contrainte consiste &agrave; &eacute;crire le premier vendredi du mois, &eacute;crire chez un autre, voir &laquo;&nbsp;&ldquo;Vases communicants&rdquo;, c&rsquo;est important&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2258" target="_blank">article 2258</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 15 septembre 2010.</p> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a><em>&nbsp; &laquo;&nbsp;#vaseco | &Eacute;ric Dubois, &eacute;crivain dans la cit&eacute;&nbsp;&raquo;,</em>&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3568" target="_blank">article 3568</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 7 juin 2013.</p> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a>&nbsp; Dominique Viart,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon, &eacute;tude de l&rsquo;oeuvre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 108.</p> <p><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;Une pens&eacute;e du web&nbsp;: Milad Doueihi&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2804" target="_blank">article 2804</a>, premi&egrave;re mise en ligne 4 mars 2012 et derni&egrave;re modification le 22 juillet 2013.</p> <p><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a>&nbsp; Milad Doueihi,&nbsp;<em>Pour un humanisme num&eacute;rique</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 110.</p> <p><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a><em>&nbsp; Id</em>, p. 87.</p> <p><a href="#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a>&nbsp; Fran&ccedil;ois Bon &eacute;voque le projet de l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture &laquo;&nbsp;&Eacute;crire la ville&nbsp;&raquo; men&eacute; &agrave; la BnF&nbsp;(&laquo;&nbsp;&eacute;crire la ville | la parole aux auteurs&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1460" target="_blank">article 1460</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 28 octobre 2008.<em>&nbsp;</em></p> <p><a href="#_ftnref62" name="_ftn62">[62]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;blogs qui bloguent&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1987" target="_blank">article 1987</a>, premi&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 31 d&eacute;cembre 2009.<em>&nbsp;</em></p> <p><a href="#_ftnref63" name="_ftn63">[63]</a><em>&nbsp;&nbsp;</em>&laquo;<em>&nbsp;blogs des villes&nbsp;&raquo;</em>,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1784" target="_blank">article 1784</a>, 1&egrave;re mise en ligne et derni&egrave;re modification le 20 mai 2009.<em>&nbsp;</em></p> <p><a href="#_ftnref64" name="_ftn64">[64]</a><em>&nbsp; Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref65" name="_ftn65">[65]</a>&nbsp; Milad Doueihi,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 17.</p> <p><a href="#_ftnref66" name="_ftn66">[66]</a>&nbsp; On peut dire &agrave; propos de Bon ce que Jacques Ranci&egrave;re d&eacute;clare &agrave; propos des artistes&nbsp;: &laquo;&nbsp;[les] artistes [&hellip;] se proposent de changer les rep&egrave;res de ce qui est visible et &eacute;non&ccedil;able, de faire voir ce qui n&rsquo;&eacute;tait pas vu, de faire voir autrement ce qui &eacute;tait trop ais&eacute;ment vu, de mettre en rapport ce qui ne l&rsquo;&eacute;tait pas, dans le but de produire des ruptures dans le tissu sensible des perceptions et dans la dynamique des affects. C&rsquo;est l&agrave; le travail de la fiction. La fiction n&rsquo;est pas la cr&eacute;ation d&rsquo;un monde imaginaire oppos&eacute; au monde r&eacute;el. Elle est le travail qui op&egrave;re des&nbsp;<em>dissensus</em>, qui change les modes de pr&eacute;sentation sensible et les formes d&rsquo;&eacute;nonciation en changeant les cadres, les &eacute;chelles ou les rythmes, en construisant des rapports nouveaux entre l&rsquo;apparence et la r&eacute;alit&eacute;, le singulier et le commun, le visible et sa signification &raquo;&nbsp;(<em>Le Spectateur &eacute;mancip&eacute;</em>, Paris, La Fabrique &eacute;ditions, 2008, p. 72).</p> <h3>Bibliographie<br /> &nbsp;</h3> <p>AUDET, Ren&eacute;, BROUSSEAU, Simon, &laquo;&nbsp;Pour une po&eacute;tique de la diffraction de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire num&eacute;rique&nbsp;: l&rsquo;archive, le texte et l&rsquo;&oelig;uvre &agrave; l&rsquo;estompe&nbsp;&raquo;, dans Gervais, Bertrand et Saemmer, Alexandra (dir.),&nbsp;<em>Esth&eacute;tiques num&eacute;riques. Textes, structures, figures</em>,&nbsp;<em>Prot&eacute;e</em>, vol. 39, n&ordm; 1, 2011.</p> <p>B&Eacute;GOUT, Bruce,&nbsp;<em>Suburbia</em>, Paris, Editions Inculte, 2013.</p> <p>BENJAMIN, Walter,&nbsp;<em>Paris, capitale du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, Le livre des passages</em>, [1982], &eacute;ditions du Cerf, 3e &eacute;dition, 2002.</p> <p>BONNET, Gilles,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>, Ch&ecirc;ne-Bourg, La Braconni&egrave;re, 2011.</p> <p>DEMANZE, Laurent, &laquo;&nbsp;Les mots de la fin. La mort et la langue litt&eacute;raire&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Fins de la litt&eacute;rature, Esth&eacute;tiques et discours de la fin</em>, D.&nbsp;Viart, &amp; L.&nbsp;Demanze (dir.), Armand Colin, t.1,&nbsp;2011.</p> <p>DOUEIHI, Milad,&nbsp;<em>Pour un humanisme num&eacute;rique</em>, Paris, Le Seuil, &laquo;&nbsp;La librairie du XXI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, 2011.</p> <p>GARRIC, Henri,&nbsp;<em>Portraits de villes&nbsp;: marches et cartes&nbsp;: la repr&eacute;sentation urbaine dans les discours contemporains,&nbsp;</em>Paris, H. Champion, &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de litt&eacute;rature g&eacute;n&eacute;rale et compar&eacute;e&nbsp;&raquo;, 2007.</p> <p>RABAT&Eacute;, Dominique, SCHOENTEJES, Pierre,&nbsp;<em>Micro / Macro</em>,&nbsp;<em>Revue de critique de fixxion fran&ccedil;aise contemporaine</em>&nbsp;n&deg; 1, 2010 [en ligne&nbsp;<a href="https://journals.openedition.org/fixxion/3849?lang=en" target="_blank">ici</a>].</p> <p>RANCI&Egrave;RE, Jacques,&nbsp;<em>Le Spectateur &eacute;mancip&eacute;</em>, Paris, La Fabrique &eacute;ditions, 2008.</p> <p>SAEMMER, Alexandra,&nbsp;<em>Mati&egrave;res textuelles sur support num&eacute;rique</em>, Saint-&Eacute;tienne, Publications de l&rsquo;Universit&eacute; de Saint-&Eacute;tienne, 2007.</p> <p>SOUCHIER, Emman&uuml;el, JEANNERET, Yves, LE MAREC, Jo&euml;lle (dir.),&nbsp;<em>Lire, &eacute;crire, r&eacute;crire. Objets, signes et pratiques des m&eacute;dias informatis&eacute;s</em>, Paris, BPI, 2003.</p> <p>TARDY, C&eacute;cile,&nbsp;JEANNERET, Yves (dir.),&nbsp;<em>L&rsquo;&eacute;criture des m&eacute;dias informatis&eacute;s, espaces de pratiques</em>, Paris, Herm&egrave;s, Lavoisier, 2007</p> <p>THIBAUDET, Albert,&nbsp;<em>Physiologie de la critique</em>, (1930), Les Belles Lettres, Paris, 2013.</p> <p>VIART, Dominique,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. &Eacute;tude de l&rsquo;&oelig;uvre</em>, Paris, Bordas, &laquo; &Eacute;crivains au pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, 2008.</p> <p>VIART, Dominique, VRAY, Jean-Bernard (dir.),&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon, &eacute;clats de r&eacute;alit&eacute;</em>, Saint-Etienne, Publications de l&rsquo;Universit&eacute; de Saint-&Eacute;tienne, 2010.</p> <h3>Autrice</h3> <p><strong>Aur&eacute;lie Adler</strong>&nbsp;est Ma&icirc;tre de conf&eacute;rences &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Picardie Jules-Verne. Elle a publi&eacute;&nbsp;<em>&Eacute;</em><em>clats des vies muettes&nbsp;</em>(Presses de la Sorbonne-Nouvelle, 2012), un essai tir&eacute; de sa th&egrave;se consacr&eacute;e aux r&eacute;cits de vie dans la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise des ann&eacute;es 1980 &agrave; nos jours.</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>