<h3>Abstract</h3> <p>The digital fame of Fran&ccedil;ois Bon and his site is today indisputable : Fran&ccedil;ois Bon is from now on inseparable of his &ldquo;laboratory&rdquo;, the structure of which is of an extraordinary complexity and which became its brand. In the approach of Fran&ccedil;ois Bon creation and promotion are closely imbricated and his objective is to participate, from the inside, in the construction of an alternative internet capable of resisting the standardization. Active on the social networks he interacts with a community of authors and readers, but he also appreciates the solitude. Here the work is not conceived as an outcome, it is constantly updated, worked again and lets see what usually we hide&nbsp;: the failures and the experimentations.&nbsp;In this perspective we can wonder to what extent Tiers Livre&nbsp;works in the creation of an ambivalent author&rsquo;s figure, at the same time powerful and fragile. In the digital space the author is brought to build himself its legitimity. The old author&rsquo;s&nbsp;models are redefined and new models are emerging.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Introduction<br /> &nbsp;</h2> <p>Inscrit d&egrave;s ses d&eacute;buts dans un h&eacute;ritage litt&eacute;raire lib&eacute;r&eacute; des normes (d&rsquo;o&ugrave; les r&eacute;f&eacute;rences fr&eacute;quentes dans ses oeuvres et ses propos &agrave; Rabelais ou Cervant&egrave;s), Fran&ccedil;ois Bon est aussi l&rsquo;un des premiers &agrave; s&rsquo;&ecirc;tre int&eacute;ress&eacute; aux possibilit&eacute;s offertes &agrave; l&rsquo;&eacute;crivain par l&rsquo;informatique et l&rsquo;internet, &laquo;&nbsp;lieu privil&eacute;gi&eacute; de&nbsp;friction du langage et du monde&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>&nbsp;&raquo;.&nbsp;Il est &agrave; l&rsquo;initiative de la cr&eacute;ation &agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute; de 1997 du site remue.net, mais l&rsquo;aventure est avant tout collective ; espace ouvert, sans but lucratif, irrigu&eacute; par l&rsquo;enthousiasme et l&rsquo;amiti&eacute;, le site s&rsquo;accro&icirc;t et devient l&rsquo;un des lieux de r&eacute;f&eacute;rence de la litt&eacute;rature sur le r&eacute;seau, fer de lance dont l&rsquo;objectif est de promouvoir un internet alternatif. &Agrave; partir de 2001, il est r&eacute;gi par un collectif d&rsquo;individus tr&egrave;s diff&eacute;rents les uns des autres, mais unis autour de &laquo;&nbsp;l&rsquo;id&eacute;e de litt&eacute;rature comme acte et capacit&eacute;&nbsp;de dire et d&rsquo;inventer&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;&raquo;.&nbsp;Pas de manifeste, mais un rapport &agrave; la litt&eacute;rature &agrave; venir qui rel&egrave;ve de l&rsquo;interrogation et de la recherche. En 2004, il s&rsquo;&eacute;loigne de remue.net concentrant ses interventions sur un autre site, plus personnel cette fois, Tiers Livre, &oelig;uvre int&eacute;grant son propre laboratoire, offrant un ensemble de donn&eacute;es (recherches, &eacute;changes, prises d&rsquo;&eacute;criture r&eacute;currentes sur un m&ecirc;me th&egrave;me, forums o&ugrave; Fran&ccedil;ois Bon intervient sur les questions qui le pr&eacute;occupent, &eacute;criture collective) qui permettent d&rsquo;appr&eacute;hender la naissance du texte et sa relation &agrave; ce qui l&rsquo;environne. Le site est la m&eacute;moire vive de l&rsquo;&oelig;uvre de Fran&ccedil;ois Bon, son &laquo;&nbsp;arbre&nbsp;&raquo;, sa base de donn&eacute;es, constamment r&eacute;actualis&eacute;e, remodel&eacute;e. Ici pas de religion de l&rsquo;&oelig;uvre l&eacute;ch&eacute;e comme aboutissement de la r&eacute;flexion d&rsquo;un auteur, mais une d&eacute;marche qui laisse voir ce que d&rsquo;ordinaire on cache : les &eacute;checs, les t&acirc;tonnements, les d&eacute;couragements. A la figure blanchotienne de l&rsquo;auteur en retrait se substitue ici l&rsquo;ic&ocirc;ne d&rsquo;un auteur en omnipr&eacute;sence : cette pr&eacute;sence toutefois n&rsquo;est jamais exposition de soi, mais travail introspectif au contact d&rsquo;un monde &laquo;&nbsp;en bascule&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;&raquo;, de plus en plus complexe. La figure de l&rsquo;auteur Fran&ccedil;ois Bon semble &eacute;pouser cette complexit&eacute;, ces tensions, ces ambivalences aussi.</p> <p>Fran&ccedil;ois Bon se place constamment en d&eacute;s&eacute;quilibre (&laquo;&nbsp;savoir tenir dans les mains l&rsquo;association&nbsp;des flux faibles et flux denses&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;), cherchant d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment la position du risque, &laquo;&nbsp;&eacute;crivain-Janus&nbsp;&raquo; comme le d&eacute;signe Gilles Bonnet dans l&rsquo;ouvrage qu&rsquo;il lui consacre, &laquo;&nbsp;capable de tenir les comptes des pertes et des disparitions comme d&rsquo;<em>Avancer dans l&rsquo;impr&eacute;dictible&nbsp;</em><a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;&raquo;, de l&eacute;gitimer son exp&eacute;rience par des prises de positions intransigeantes et p&eacute;remptoires comme de t&eacute;moigner de l&rsquo;incertitude de l&rsquo;auteur contemporain &agrave; se placer dans le monde, &eacute;crivain dont tout le travail dit la tension de l&rsquo;inscription n&eacute;cessaire (la marque, la trace) et de l&rsquo;effacement. Cette figure auctoriale mouvante signifie-t-elle que l&rsquo;auteur comme r&eacute;f&eacute;rence et autorit&eacute; est mort&nbsp;? Dans quelle mesure le Tiers Livre &oelig;uvre-t-il &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;une auctorialit&eacute; in&eacute;dite&nbsp;? C&rsquo;est ce que nous voudrions examiner ici.</p> <h2>1. L&rsquo;e-reputation de Fran&ccedil;ois Bon<br /> &nbsp;</h2> <p>Pour l&rsquo;&eacute;crivain d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, exister en ligne est-il devenu une n&eacute;cessit&eacute; ? Pour certains en tout cas, cette identit&eacute; num&eacute;rique, cette e-r&eacute;putation, constitue m&ecirc;me un engagement politique et esth&eacute;tique et peut &ecirc;tre l&rsquo;occasion de s&rsquo;exprimer autrement, d&rsquo;explorer de nouvelles formes. C&rsquo;est le cas notamment de Fran&ccedil;ois Bon, &laquo;&nbsp;grand secoueur de litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, comme il aime se d&eacute;finir lui-m&ecirc;me.</p> <h3>1.1. La construction d&rsquo;un territoire&nbsp;: les domaines de Fran&ccedil;ois Bon</h3> <p>L&rsquo;identit&eacute; num&eacute;rique passe d&rsquo;abord par un nom de domaine : &laquo;&nbsp;Lors de ma premi&egrave;re connexion Internet, aurais-je pu avoir l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;il m&rsquo;y faudrait un nom&nbsp;?&nbsp;On obtenait un identifiant Compuserve, une sorte de code de service. Acheter un nom de domaine m&rsquo;aurait alors sembl&eacute; de la m&ecirc;me pr&eacute;tention que ce que d&eacute;nonce Nietzsche quand il dit&nbsp;: &ldquo;Il fait partie de mon bonheur de n&rsquo;&ecirc;tre pas propri&eacute;taire&rdquo;&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo;. Val&egrave;re Novarina s&rsquo;est dot&eacute; le premier de son propre domaine, novarina.com, tandis que Fran&ccedil;ois Bon r&eacute;serve remue.net (il avait d&rsquo;abord envisag&eacute; hapax.net, mais le nom &eacute;tait d&eacute;j&agrave; pris). Le nom d&eacute;finitif du site lui fut sugg&eacute;r&eacute; par la question d&rsquo;un universitaire am&eacute;ricain lors d&rsquo;un colloque &agrave; Philadelphie : &laquo;&nbsp;la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise remue-t-elle encore ?&nbsp;&raquo; et sans doute aussi par le recueil de po&egrave;mes d&rsquo;Henri Michaux,&nbsp;<em>La nuit remue</em>.</p> <blockquote> <p>L&rsquo;identifiant Twitter aussi doit &ecirc;tre choisi avec soin : &laquo;&nbsp;pas trop long pour ne pas manger la moiti&eacute; du message retransmis. Et si possible bien rep&eacute;r&eacute; en retour vers votre blog (ou page Facebook) &ndash; comme sur Facebook, on n&rsquo;aime pas trop les compl&egrave;tement anonymes (et on s&rsquo;embarrasse pas de leur r&eacute;pondre). Moi c&rsquo;est @fbon&nbsp;&raquo;.&nbsp;@fbon comme &laquo;&nbsp;une carte de visite personnelle et compl&egrave;te&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;@publie.net strictement r&eacute;serv&eacute; &agrave; l&rsquo;activit&eacute; &eacute;dition num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p>Fran&ccedil;ois Bon a ouvert une page personnelle, mise en ligne en 1997, qui lui permet de m&eacute;diatiser son activit&eacute; et de soutenir et prolonger son engagement comme animateur d&rsquo;ateliers d&rsquo;&eacute;criture (par des liens et des suggestions de lecture). Cr&eacute;&eacute; en 2001, remue.net, dont le projet est de diffuser la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise contemporaine, se transforme rapidement en structure associative lorsque Fran&ccedil;ois Bon d&eacute;cide de &laquo;&nbsp;reprendre la barre d&rsquo;un petit d&eacute;riveur de r&eacute;gate en solo&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;retrouver le go&ucirc;t de la vague&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo;. Le petit d&eacute;riveur prend pour nom Tiers Livre, point d&rsquo;aboutissement actuel de la pr&eacute;sence num&eacute;rique de Fran&ccedil;ois Bon. Ce nom fait directement r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Rabelais, l&rsquo;un de ses auteurs f&eacute;tiches&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, dont les textes, recopi&eacute;s sans scanner, sont parmi les premiers qu&rsquo;il met en libre acc&egrave;s sur la toile (apr&egrave;s&nbsp;<em>Les Fleurs du mal</em>) : &laquo;&nbsp;Hors la haute r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Rabelais et ce livre tout entier bas&eacute; sur la diffraction des diff&eacute;rents usages de la parole dans son rapport au monde, l&rsquo;id&eacute;e est bien transparente : il ne s&rsquo;agit plus seulement d&rsquo;une m&eacute;diation du livre via le r&eacute;seau, mais d&rsquo;une pr&eacute;sence tierce du livre, un livre &agrave; c&ocirc;t&eacute; des livres&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Le souci constant de Fran&ccedil;ois Bon est d&rsquo;accro&icirc;tre l&rsquo;accessibilit&eacute; de ses travaux, de ses archives, mais aussi des &oelig;uvres de ceux qui d&eacute;fendent la cr&eacute;ation contemporaine et l&rsquo;invention litt&eacute;raire, quel que soit le support utilis&eacute;. &Ecirc;tre &agrave; la fois ouvert et exigeant : tel est son credo. Tandis que le syst&egrave;me &eacute;ditorial traditionnel est en passe de dispara&icirc;tre comme instance de validation symbolique de l&rsquo;&eacute;crivain, Fran&ccedil;ois Bon est l&rsquo;un des premiers &agrave; explorer d&rsquo;autres chemins : il lance en 2008 la plateforme d&rsquo;&eacute;dition num&eacute;rique en ligne, publie.net, qu&rsquo;il portera pendant plusieurs ann&eacute;es avant de passer la main &agrave; Gwen Catal&aacute; en janvier 2014. Depuis 2008, publie.net &oelig;uvre pour la d&eacute;mocratisation de la lecture num&eacute;rique, met &agrave; disposition des lecteurs un ouvrage num&eacute;rique pour le prix d&rsquo;un livre de poche, un catalogue constamment mis &agrave; jour, un abonnement &agrave; une importante offre num&eacute;rique dont une majorit&eacute; d&rsquo;in&eacute;dits. En 2013, il cr&eacute;e le magazine fictions en ligne nerval.fr proposant plus de deux cents pages en acc&egrave;s libre et, sous la rubrique &laquo;&nbsp;carnets&nbsp;&raquo;, une s&eacute;lection de textes dans une mise en page&nbsp;<em>InDesign</em>&nbsp;soign&eacute;e, &agrave; t&eacute;l&eacute;charger moyennant quinze euros &laquo;&nbsp;une fois pour toutes&nbsp;&raquo; (les abonn&eacute;s &agrave; Tiers Livre en b&eacute;n&eacute;ficient automatiquement).</p> <h3>1.2. Une cha&icirc;ne-auteur</h3> <p>La diffraction est un concept cl&eacute; pour qui veut comprendre la d&eacute;marche cr&eacute;ative de Fran&ccedil;ois Bon et la structure de Tiers Livre que Ren&eacute; Audet et Simon Brousseau ont analys&eacute;es dans leur article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Pour une po&eacute;tique de la diffraction de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;. Bon multiplie les exp&eacute;riences et les modes d&rsquo;&eacute;criture, s&rsquo;exprime sur plusieurs registres et ses traces diss&eacute;min&eacute;es dans tant de sites forment, comme l&rsquo;explique Gilles Bonnet, une &oelig;uvre ouverte, infinie, une &laquo;&nbsp;cha&icirc;ne auteur&nbsp;&raquo; se substituant &agrave; l&rsquo;ancienne cha&icirc;ne du livre, &laquo;&nbsp;riche d&rsquo;une activit&eacute; plurielle&nbsp;&raquo; : &laquo;&nbsp;l&rsquo;activit&eacute; de l&rsquo;&eacute;crivain appara&icirc;t divis&eacute;e en branches, li&eacute;es mais distinctes, au c&oelig;ur d&rsquo;un&nbsp;<em>&eacute;cosyst&egrave;me</em>&nbsp;profus&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;. Ces branches ont pour nom : remue.net, Tiers Livre, publie.net, nerval.fr., autant de points de contact interactifs faisant de la marque, ou de la constellation fbon, une entit&eacute; vivante, un r&eacute;seau d&rsquo;interd&eacute;pendances. Fran&ccedil;ois Bon lui-m&ecirc;me utilise le terme d&rsquo;&nbsp;<em>&eacute;cosyst&egrave;me&nbsp;</em><a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;pour d&eacute;signer ce &laquo;&nbsp;principe de profusion&nbsp;&raquo;,&nbsp; selon l&rsquo;expression de S&eacute;bastien Rongier : &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon transforme son site en ses sites afin de prolonger l&rsquo;infini du bord absent. Et les r&eacute;seaux sociaux offrent d&rsquo;autres prolongements&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>. &raquo;</p> <h2>2. De quelques &eacute;tiquettes&hellip;<br /> &nbsp;</h2> <p>Dans l&rsquo;espace num&eacute;rique public, l&rsquo;auteur est amen&eacute; &agrave; construire lui-m&ecirc;me le cadre de sa l&eacute;gitimit&eacute; et sa propre identit&eacute;. Les mod&egrave;les auctoriaux anciens&nbsp; se trouvent mis en question et d&eacute;plac&eacute;s. L&rsquo;auteur les probl&eacute;matise pour en faire les pivots d&rsquo;une red&eacute;finition du statut de l&rsquo;auteur &agrave; l&rsquo;&egrave;re du web 2.0.</p> <h3>&nbsp;2.1. &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>&eacute;crivain</em>&nbsp;fran&ccedil;ais n&eacute; en 1953 &raquo;</h3> <p>Fran&ccedil;ois Bon a des r&eacute;ticences &agrave; utiliser le terme&nbsp;<em>&eacute;crivain</em>&nbsp;pour se d&eacute;signer : &laquo;&nbsp;Je n&rsquo;ai pas une identit&eacute; d&rsquo;&eacute;crivain&nbsp;&raquo; affirme-t-il dans une interview de 2011&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>. Si &ecirc;tre &eacute;crivain signifie pratiquer un&nbsp;<em>m&eacute;tier</em>&nbsp;relevant de l&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire, alors Fran&ccedil;ois Bon ne l&rsquo;est pas en effet : &laquo;&nbsp;je n&rsquo;ai jamais &eacute;t&eacute; un &eacute;crivain professionnel&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le m&eacute;tier ne m&rsquo;aide pas pour l&rsquo;entreprise nouvelle, o&ugrave; on avance par vertige&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;&raquo;. Il pr&eacute;f&egrave;re la condition, ou la posture, de l&rsquo;amateur : &laquo;&nbsp;Amateur : l&rsquo;apprentissage &agrave; toujours refaire sur et pour soi-m&ecirc;me. Un geste libre, parce que nulle commande en amont, nulle&nbsp;r&eacute;compense, nul &eacute;gard ni retour&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&raquo;. Patrice Flichy, dans sa &laquo;&nbsp;sociologie des passions ordinaires &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique&nbsp;&raquo; intitul&eacute;e&nbsp;<em>Le Sacre de l&rsquo;amateur&nbsp;</em><a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a><em>,&nbsp;</em>l&rsquo;&eacute;voque aussi, comme Alexandre Gefen : &laquo;&nbsp;De la litt&eacute;rature d&rsquo;&eacute;crivains au sens traditionnel du terme, nous sommes pass&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;vocation d&rsquo;amateurs voire &agrave; une compl&egrave;te d&eacute;mocratisation de l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;&raquo;. Alain Viala, dans ses travaux sur l&rsquo;&eacute;mergence de la notion d&rsquo; &eacute;crivain &agrave; l&rsquo;&acirc;ge classique&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>, souligne que c&rsquo;est &agrave; l&rsquo;&eacute;poque durant laquelle l&rsquo;espace litt&eacute;raire s&rsquo;est constitu&eacute; en champ social que le nom d&rsquo;&eacute;crivain est devenu une valeur associ&eacute;e &agrave; la publication de livres imprim&eacute;s : l&rsquo;&eacute;crivain acc&egrave;de alors au premier rang de dignit&eacute; parmi les hommes de lettres. Fran&ccedil;ois Bon ne s&rsquo;&eacute;prouve pas &eacute;crivain dans ce sens-l&agrave;, et, imaginant un auteur anonyme, participe au mouvement de d&eacute;sanctuarisation de la litt&eacute;rature, avance dans l&rsquo;impr&eacute;dictible, dans &laquo;&nbsp;le tunnel des &eacute;critures &eacute;tranges&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Fran&ccedil;ois Bon sait bien qu&rsquo;une partie de sa l&eacute;gitimit&eacute; lui vient encore de son pass&eacute; d&rsquo;auteur de l&rsquo;imprim&eacute;. Invit&eacute; &agrave; Montpellier pour ces journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tude consacr&eacute;es &agrave; son site, il r&eacute;agissait dans un billet : &laquo;&nbsp;Tiers Livre objet d&rsquo;&eacute;tude c&rsquo;est un choix par d&eacute;faut [&hellip;] c&rsquo;est prendre, parmi les types qui ont des ampoules &eacute;lectriques, celui qu&rsquo;on reconna&icirc;t parce qu&rsquo;il vient de l&rsquo;&eacute;poque des bougies&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; ailleurs il s&rsquo;&eacute;tonne de la remarque d&rsquo;un jeune blogueur (dont le travail lui semble pourtant &laquo;&nbsp;d&rsquo;un enjeu bien autre que les rituels des premiers romans des rentr&eacute;es litt&eacute;raires&nbsp;&raquo;) : &laquo;&nbsp;Oui, mais vous vous avez des livres publi&eacute;s&nbsp;&raquo; et Fran&ccedil;ois Bon de commenter : &laquo;&nbsp;comme si ce travail de niche en litt&eacute;rature contemporaine l&eacute;gitimait le travail de site&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. Le poids symbolique de l&rsquo;imprim&eacute; l&rsquo;emporte encore ( l&rsquo;universit&eacute;, comme il le souligne souvent, a sa part de responsabilit&eacute; dans cet &eacute;tat de fait) et sur le site lui-m&ecirc;me le processus d&rsquo;auctorialisation propre au r&eacute;gime de l&rsquo;imprim&eacute; n&rsquo;est pas totalement n&eacute;glig&eacute;&nbsp; : ainsi s&rsquo;affiche, dans la rubrique &laquo;&nbsp;Livres &amp; publications&nbsp;&raquo;, la couverture d&rsquo;&nbsp;<em>Autobiographie des objets</em>&nbsp;paru chez Seuil en 2012 ou, dans la Librairie du site, la r&eacute;f&eacute;rence &laquo;&nbsp;<em>recevoir ou offrir un livre papier&nbsp;&raquo;</em>&nbsp;ou, dans la web-autobiographie, l&rsquo;avertissement qu&rsquo;en cliquant sur les couvertures des livres on peut les recevoir chez soi (gr&acirc;ce &agrave; un basculement vers&nbsp;le site d&rsquo;Amazon). Dans la &laquo;&nbsp;biblioth&egrave;que num&eacute;rique &raquo;, on peut t&eacute;l&eacute;charger certains textes de l&rsquo;auteur sur&nbsp;ordinateur, liseuse, tablette ou smartphone (d&rsquo;autres encore sont disponibles dans l&rsquo;espace WIP). Un rapprochement s&rsquo;&eacute;tablit entre l&rsquo;activit&eacute; d&rsquo;&eacute;criture en ligne et celle que Bon m&egrave;ne dans le r&eacute;gime &eacute;ditorial traditionnel. Les deux univers vont encore coexister un certain temps.</p> <p>Le terme&nbsp;<em>&eacute;crivain</em>&nbsp;est trop restrictif pour embrasser tous les territoires de Fran&ccedil;ois Bon : il faut peut-&ecirc;tre lui pr&eacute;f&eacute;rer celui d&rsquo;&nbsp;<em>auteur</em>&nbsp;; Gilles Bonnet lui substitue le n&eacute;ologisme par lui forg&eacute; d&rsquo;&nbsp;<em>&eacute;cranvain</em>&nbsp;&nbsp;: dans un &laquo;&nbsp;espace postmoderne d&eacute;centr&eacute; et plurifocal&nbsp;&raquo;, le statut de l&rsquo;&eacute;crivain se trouve &laquo;&nbsp;d&eacute;port&eacute; vers la communaut&eacute; induite par le Web 2.0&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;&raquo;. Dans&nbsp;la notice &laquo;&nbsp;tr&egrave;s br&egrave;ve&nbsp;&raquo; qu&rsquo;il met &agrave; disposition des internautes, Fran&ccedil;ois Bon se d&eacute;signe&nbsp;comme un &ldquo;artiste transmedia&rdquo;&nbsp;&nbsp;et la mention faite aux livres imprim&eacute;s dans les notices pr&eacute;c&eacute;dentes (notice &agrave; &laquo;&nbsp;abr&eacute;ger&nbsp;&raquo; et notice &nbsp;&laquo;&nbsp;br&egrave;ve&nbsp;&raquo;) dispara&icirc;t : &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon, &eacute;crivain (dernier quart du XXe si&egrave;cle) puis artiste transmedia (premier quart du XXIe si&egrave;cle) a invent&eacute;, cod&eacute;, r&eacute;dig&eacute; &amp; publi&eacute; le site tierslivre.net&nbsp;&raquo;. Puis, dans la notice &laquo;&nbsp;encore plus br&egrave;ve&nbsp;&raquo;,&nbsp; il supprime toute &eacute;tiquette et ne retient que tr&egrave;s peu de choses, le lien vers son site. En m&ecirc;me temps, dans ce peu il y a tout, tous les mondes de Fran&ccedil;ois Bon : &laquo; A laiss&eacute; peu de renseignements sur lui-m&ecirc;me, sinon un site web. &raquo;</p> <p>Au sein de Tiers Livre, Fran&ccedil;ois Bon prend une part active dans la m&eacute;diation de son image. Une rubrique &laquo; fran&ccedil;ois bon&nbsp;&raquo; assez dense, avec notices biographiques, CV et photos, autobiographie audio, agenda et web-autobiographie, est install&eacute;e sur la page d&rsquo;accueil. Quatre-vingt-quinze liens marqu&eacute;s d&rsquo;un ast&eacute;risque conduisent le lecteur &laquo;&nbsp;un peu partout dans l&rsquo;histoire de ce site, cette page en est donc une des cartes d&rsquo;acc&egrave;s&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;individu auteur fait corps avec le site, l&rsquo;arborescence de celui-ci &eacute;pouse les m&eacute;andres de la biographie.</p> <p>&nbsp;L&rsquo;auteur fait peu &agrave; peu de son existence une fiction v&eacute;cue, constamment model&eacute;e et remodel&eacute;e comme l&rsquo;architecture du site. Il fa&ccedil;onne une &laquo;&nbsp;web-autobiographie&nbsp;<em>mall&eacute;able&nbsp;</em><a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;accompagn&eacute;e d&rsquo;une&nbsp;<em>time line</em>&nbsp;et mise &agrave; jour de fa&ccedil;on permanente. Elle comporte quelques photographies personnelles qui s&rsquo;ajoutent aux portraits r&eacute;alis&eacute;s par des photographes professionnels (Emmanuelle Marchadour pour les &eacute;ditions du Seuil, ou Jean-Luc Bertini), aux&nbsp;<em>selfies</em>&nbsp;r&eacute;alis&eacute;s dans le TGV et aux exp&eacute;riences de&nbsp;<em>videoself&nbsp;</em><a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>. Ces deux derni&egrave;res formes d&rsquo;autoportraits sont plus en accord avec la d&eacute;marche de Fran&ccedil;ois Bon, celle du refus de la mise en sc&egrave;ne d&rsquo;un produit l&eacute;ch&eacute;, d&rsquo;une &oelig;uvre achev&eacute;e. La web-autobiographie est enrichie d&rsquo;un acc&egrave;s possible par le mot cl&eacute; &laquo;&nbsp;autobiographies partielles&nbsp;&raquo; &agrave; d&rsquo;autres textes relatant des exp&eacute;riences individuelles (Par exemple&nbsp; &laquo;&nbsp;Citray | Comment je ne suis pas devenu musicien&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;ou &laquo;&nbsp;journal | liste de mon bureau&nbsp;<a href="#_ftnref29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;qui nous fait p&eacute;n&eacute;trer dans l&rsquo;intimit&eacute; de l&rsquo;auteur) auxquels s&rsquo;ajoutent les articles de &laquo;&nbsp;Autobiographie des objets&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;et de la s&eacute;rie &laquo;&nbsp;Histoire de mes livres&nbsp;&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;je voudrais inaugurer une s&eacute;rie non limit&eacute;e, bas&eacute;e ici sur ce rapport mat&eacute;riel aux livres, dans ma propre histoire&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;&raquo;, une &laquo;&nbsp;autobiographie des livres&nbsp;&raquo;, pendant de &laquo;&nbsp;Autobiographie des objets&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Mais qui est donc Fran&ccedil;ois Bon ?&nbsp;&raquo; titre le journaliste Laurent Martinet lors de la parution de&nbsp;<em>Autobiographie des objets&nbsp;</em>qui &eacute;voque soixante-quatre objets en autant de courts chapitres semblables &agrave; des posts de blog. Il &eacute;crit dans son article : &laquo;&nbsp;Dans son autobiographie des objets, le h&eacute;raut du num&eacute;rique Fran&ccedil;ois Bon d&eacute;voile ses souvenirs tr&egrave;s concrets. Int&eacute;ressant mais un peu frustrant pour qui voudrait comprendre vraiment le personnage&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo;. Peut-&ecirc;tre l&rsquo;auteur r&eacute;pondrait-il &agrave; cette question en citant Bob Dylan, comme il le fait dans la biographie qu&rsquo;il lui consacre : &laquo;&nbsp;Pour me comprendre il faut aimer les puzzles&nbsp;&raquo; : &laquo;&nbsp;Chaque &eacute;v&eacute;nement ici comme une pi&egrave;ce du puzzle. Pas possible de traiter un flux : chaque pi&egrave;ce comme une carte immobile, avec ses contours bien visibles&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;. Au lecteur de reconstituer le puzzle, de cheminer sur les traces de Fran&ccedil;ois Bon, d&rsquo;&eacute;pouser les plis et les replis de la personnalit&eacute; d&rsquo;un auteur &laquo;&nbsp;invisible, mais se montrant&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;expression de Valentin Burger.</p> <p>Car&nbsp;l&rsquo;auteur offre en effet, au sein de Tiers Livre, une visibilit&eacute; sur son travail : il commente ses choix, exhibe et analyse les enjeux de sa d&eacute;marche, &laquo;&nbsp;combine l&rsquo;informatif et le cr&eacute;atif&nbsp;&raquo;, privil&eacute;gie la &laquo;&nbsp;monstration de l&rsquo;<em>atelier&nbsp;</em><a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo;, et s&rsquo;expose constamment dans son activit&eacute; de cr&eacute;ation. En activant l&rsquo;archive interne par un m&eacute;canisme de reprise et de remont&eacute;e des textes anciens (le site sans cesse revisite sa propre histoire et gr&acirc;ce &agrave; la [m&agrave;j] des textes transforme l&rsquo;oeuvre en&nbsp;<em>work in progress</em>&nbsp;perp&eacute;tuel), en int&eacute;grant aussi son oeuvre dans une cha&icirc;ne de textes produits par d&rsquo;autres (des auteurs &agrave; imiter et des auteurs repoussoirs), Fran&ccedil;ois Bon travaille sa l&eacute;gitimit&eacute;, fait figure de leader par l&rsquo;acuit&eacute; de sa r&eacute;flexion sur le num&eacute;rique, mais aussi par l&rsquo;anciennet&eacute; de ses engagements.</p> <h3>2.2. Le pionnier</h3> <p>Fran&ccedil;ois Bon revient fr&eacute;quemment sur les premiers pas de l&rsquo;internet litt&eacute;raire&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>&nbsp;non sans fiert&eacute; d&rsquo;avoir contribu&eacute; avec quelques-uns, en 1997 et 1998&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>, &agrave; l&rsquo;invention d&rsquo;un nouveau monde, l&rsquo;Internet litt&eacute;raire. Cette pr&eacute;histoire transform&eacute;e en r&eacute;cit des origines fonde l&rsquo;aventure &eacute;ditoriale. Pourtant l&rsquo;auteur dit ne pas beaucoup appr&eacute;cier l&rsquo;&eacute;tiquette de&nbsp;<em>pionnier</em>&nbsp; qu&rsquo;on lui attribue souvent : &laquo;&nbsp;D&rsquo;une part, ce n&rsquo;est pas la conqu&ecirc;te de l&rsquo;Ouest&hellip;et, d&rsquo;autre part,&nbsp;la premi&egrave;re caract&eacute;ristique du web, c&rsquo;est le&nbsp;<em>faire ensemble&nbsp;</em><a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo;. Au singulier, il pr&eacute;f&egrave;re donc le pluriel : &laquo;&nbsp;Hommage aux pionniers&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;&raquo;. Comme l&rsquo;explique Valentin Burger dans son travail sur publie.net, si la plateforme d&rsquo;&eacute;dition num&eacute;rique fut d&rsquo;abord le projet d&rsquo;un homme seul, autour de cette solitude s&rsquo;est peu &agrave; peu constitu&eacute; un groupe. Par le proc&eacute;d&eacute; de la &laquo;&nbsp;lettre aux auteurs&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;(il y en eut plusieurs), envoy&eacute;e &agrave; ses connaissances pour leur expliquer son projet et leur proposer de s&rsquo;engager &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s, Fran&ccedil;ois Bon sut se constituer progressivement une &eacute;quipe de fid&egrave;les et motiver ses troupes. Lors de la cr&eacute;ation de remue.net, huit ans auparavant, le cercle des membres fondateurs est plus resserr&eacute;, il fait appel aux amis de fa&ccedil;on plus informelle. &Agrave; Jean-Marie Barnaud, par exemple, il envoie ce mail au printemps 2000 : &laquo;&nbsp;si tu veux faire partie des membres fondateurs, c&rsquo;est volontiers, et plus &ndash; mais dans ce cas il faudrait remplir le paragraphe ad hoc dans la &ldquo;d&eacute;claration&rdquo; ins&eacute;r&eacute;e apr&egrave;s les statuts ci-joints, et me renvoyer &ndash; la contrainte sera une bouffe annuelle &agrave; Paname&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&hellip;&nbsp;&raquo;&nbsp;; par la suite, &laquo;&nbsp;jour apr&egrave;s jour les courriels r&eacute;daction pleuvent, pluie tropicale, chaude, drue, revigorante, arrosant &agrave; chaque fois la trentaine d&rsquo;ent&ecirc;t&eacute;s tendus vers l&rsquo;horizon&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>&nbsp;&raquo;. Fran&ccedil;ois Bon les a &laquo;&nbsp;harponn&eacute;s&raquo; et embarqu&eacute;s dans &laquo;&nbsp;l&rsquo;aventure&nbsp;&raquo; : le terme est r&eacute;current, allusion au voyage dans le grand oc&eacute;an du Web. Il fait m&ecirc;me figure de p&egrave;re spirituel : &laquo;&nbsp;voil&agrave; qu&rsquo;il me pousse comme un gamin qu&rsquo;on forcerait &agrave; apprendre &agrave; rouler tout seul&nbsp;&raquo; &eacute;crit Jean-Michel Defromont, qui porte sur lui un regard attendri : &laquo;&nbsp;je me souviens de ses lunettes qui &eacute;coutaient&nbsp;&raquo;.</p> <p>Avec remue.net et publie.net se construit un r&eacute;seau relationnel dense et un&nbsp;<em>ethos</em>&nbsp;collectif de pionniers partageant une &eacute;thique de la litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; du marketing : &laquo;&nbsp;sortir radicalement des r&egrave;gles momifi&eacute;es de l&rsquo;&eacute;dition bourgeoise, le manifester, s&rsquo;installer ailleurs&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;&raquo;. Le collectif de publie.net est soud&eacute; par une forme de fraternit&eacute; et partage le m&ecirc;me souci de reconnaissance : faire entrer l&rsquo;&eacute;criture web dans le champ litt&eacute;raire, concevoir la litt&eacute;rature comme un objet &agrave; construire ensemble, l&rsquo;horizontalit&eacute; de la communaut&eacute; s&rsquo;opposant &agrave; la verticalit&eacute; de l&rsquo;ancienne cha&icirc;ne du livre. D&eacute;j&agrave; en 2001 dans &laquo;&nbsp;Volont&eacute;&nbsp;&raquo;, un article pour&nbsp;<em>Politis,</em>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon &eacute;voque sa conception de l&rsquo;engagement en ces termes :</p> <blockquote> <p>Il se trouve que pour marcher dans l&rsquo;obscur et y nouer le langage, nous recourons au partage, &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience faite ensemble, au pacte [&hellip;] Nous n&rsquo;avons d&rsquo;autre choix que miser ensemble sur le tapis du risque. Et savoir ce qui nous est&nbsp;<em>l&rsquo;imm&eacute;diat</em>&nbsp;<em>pr&eacute;sent</em>, dans la complexit&eacute; du monde tout pr&egrave;s, qui nous baigne, exige qu&rsquo;on proc&egrave;de &agrave; cette multiplication des paroles : le m&ecirc;me ciel ne vaut pas de la m&ecirc;me fa&ccedil;on pour tous. Pour dire ce qui est l&agrave; tout pr&egrave;s, j&rsquo;ai besoin de le traverser, et pour que ma parole y tienne, qu&rsquo;elle fasse aussi lever les autres paroles qui le nomment&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>.</p> </blockquote> <h3>2.3. Le pol&eacute;miste</h3> <p>Dans son analyse &eacute;tymologique du terme&nbsp;<em>auctor</em>, Antoine Compagnon privil&eacute;gie le sens propre du verbe&nbsp;<em>augere</em>, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;promouvoir&nbsp;&raquo;. L&rsquo;<em>auctor</em>&nbsp;est &laquo;&nbsp;celui qui promeut&nbsp;&raquo;, qui prend une initiative et qui fonde. Fran&ccedil;ois Bon est un fondateur, qui, depuis l&rsquo;origine, s&rsquo;int&eacute;resse aux bouleversements que les litt&eacute;ratures en ligne induisent s&rsquo;agissant des formes de pens&eacute;e et d&rsquo;&eacute;criture, un d&eacute;fricheur, qui passe sa &laquo;&nbsp;premi&egrave;re nuit de connexion via [son] modem et le num&eacute;ro Compuserve&nbsp;[&hellip;]&nbsp;&agrave;&nbsp;<em>explorer&nbsp;</em><a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;les ressources proprement litt&eacute;raires&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;&raquo;, avec le sentiment d&rsquo;avoir pris le maquis, amplifi&eacute; ensuite par celui d&rsquo;&eacute;crire hors des r&eacute;seaux traditionnels de publication. La personnalit&eacute; de Fran&ccedil;ois Bon, &laquo;&nbsp;en tant que figure litt&eacute;raire et e-veilleur, marque l&rsquo;entreprise collective publie.net d&rsquo;une empreinte forte&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Les d&eacute;clarations successives de Bon sur son site tendent &agrave; b&acirc;tir l&rsquo;image de marque de la coop&eacute;rative d&rsquo;&eacute;dition num&eacute;rique, pr&eacute;sent&eacute;e non &ldquo;comme une roue de secours pour textes en mal d&rsquo;&eacute;dition, mais un laboratoire pour nouveaux modes de lecture&rdquo;. L&rsquo;omnipr&eacute;sence obstin&eacute;e du webmaster de Tiers Livre,&nbsp;qui ne craint gu&egrave;re la pol&eacute;mique dans ses nombreux billets consacr&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;dition num&eacute;rique, b&acirc;tit un ethos d&rsquo;&eacute;diteur qui contribuera &agrave; terme &agrave; consolider le pouvoir de validation symbolique de Publie.net&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>.</p> </blockquote> <p>Pour Fran&ccedil;ois Bon, la sc&egrave;ne litt&eacute;raire est le lieu d&rsquo;un combat, d&rsquo;un &laquo;&nbsp;assaut contre la fronti&egrave;re&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>&nbsp;&raquo;. Il est de ceux qui acceptent le risque de se d&eacute;faire de leurs rep&egrave;res ant&eacute;rieurs pour affronter l&rsquo;inconnu ; &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; des &eacute;crivains &laquo;&nbsp;immobiles&nbsp;&raquo;, il recherche l&rsquo;instabilit&eacute; et le questionnement. Il est de la trempe des &laquo;&nbsp;grands secoueurs de litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, pas de la race des &laquo;&nbsp;&eacute;crivains imperturbables&nbsp;&raquo; qui &laquo;&nbsp;s&rsquo;assoient le matin &agrave; leur table, et continuent leur roman&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;auteur, pol&eacute;miste, se d&eacute;marque par ses coups de gueule, ses prises de position p&eacute;remptoires et ne d&eacute;daigne pas la provocation (pensons au retentissant &laquo;&nbsp;merde au livre&nbsp;&raquo; qui conclut le fragment 110 de&nbsp;<em>Tumulte&nbsp;</em><a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>). Deux exemples sont particuli&egrave;rement significatifs : lorsque la BNF, en mars 2013, rend disponible sur ReLIRE, une liste de soixante-mille livres indisponibles du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, livres sous droits d&rsquo;auteur, Fran&ccedil;ois Bon lui reproche de piller ses armoires et de mettre en ligne ses ouvrages sans lui avoir demand&eacute; son avis : la tribune (&laquo;&nbsp;auteurs, contre l&rsquo;&Eacute;tat voleur, r&eacute;clamez vos droits&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>&nbsp;!&nbsp;&raquo;) est reprise et diffus&eacute;e sur les r&eacute;seaux sociaux, o&ugrave; peut s&rsquo;exprimer&nbsp;une r&eacute;volte&nbsp;citoyenne contre le tout gratuit au m&eacute;pris des auteurs. Autre exemple : la guerre d&rsquo;&eacute;dition avec Gallimard en janvier 2012 (&agrave; propos d&rsquo;une nouvelle traduction au format num&eacute;rique du&nbsp;<em>Vieil Homme et la mer&nbsp;</em><a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>) &agrave; l&rsquo;occasion de laquelle Fran&ccedil;ois Bon affirme avoir jet&eacute; &agrave; la benne &agrave; ordure toute sa collection Pl&eacute;iade de 156 volumes et laisse &eacute;clater sa col&egrave;re sur Twitter.</p> <p>Mais la provocation n&rsquo;est jamais gratuite ni exploit&eacute;e dans un but publicitaire, elle est au service d&rsquo;un engagement sinc&egrave;re en faveur de la litt&eacute;rature : &laquo;&nbsp;Je ne sais pas si ces auteurs, trop timides pour se pr&eacute;occuper du Net, sont vraiment conscients des risques qu&rsquo;ils encourent : non pour leur publicit&eacute;, mais comme si nous n&rsquo;avions pas chacun, &agrave; notre place, &agrave; d&eacute;fendre l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me de la litt&eacute;rature dans la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>&nbsp;&raquo;. Fran&ccedil;ois Bon, tr&egrave;s sensible &agrave; l&rsquo;espace internet comme &laquo;&nbsp;lieu privil&eacute;gi&eacute; de friction du langage et du monde&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>&nbsp;&raquo;, explique sans rel&acirc;che, endosse l&rsquo;habit du r&eacute;sistant, fustigeant inlassablement le passage rat&eacute; des &eacute;diteurs au num&eacute;rique, la vieille symbolique verticale, le livre homoth&eacute;tique&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>, la &laquo;&nbsp;goujaterie de la liste ReLIRE&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>&nbsp;&raquo;, l&rsquo;aveuglement des &eacute;crivains par rapport &agrave; une institution litt&eacute;raire moribonde, la frilosit&eacute; de l&rsquo;universit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des nouvelles technologies.</p> <p>Il y a donc chez Fran&ccedil;ois Bon une posture tr&egrave;s revendicatrice, presque manifestaire,&nbsp; qui peut rappeler le discours des avant-gardes, dans la mise en avant du collectif, dans l&rsquo;esth&eacute;tique du bref (&laquo;&nbsp;lancer des mots&nbsp;&raquo; avec le &laquo;&nbsp;risque du plantage&nbsp;&raquo;). Mais sur beaucoup d&rsquo;aspects, le foss&eacute; se creuse : rien &agrave; voir avec une avant-garde ferm&eacute;e sur elle-m&ecirc;me puisque Fran&ccedil;ois Bon veut promouvoir un mod&egrave;le de rencontre entre auteurs et lecteurs. Quant au messianisme de l&rsquo;avant-garde, pour laquelle la valeur est uniquement dans le futur dans une n&eacute;cessaire table-rase du pass&eacute;, il ne correspond pas au projet de Fran&ccedil;ois Bon qui est plut&ocirc;t celui d&rsquo;une copr&eacute;sence du pass&eacute;, du pr&eacute;sent et du futur, comme l&rsquo;explique Mahigan Lepage. La question de l&rsquo;engagement est &eacute;galement red&eacute;finie ici&nbsp;: tandis que dans les avant-gardes, l&rsquo;articulation esth&eacute;tique/politique est &eacute;troite, pour Fran&ccedil;ois Bon et son r&eacute;seau &laquo;&nbsp;l&rsquo;action authentiquement politique est avant tout un fait de parole agonistique qui appara&icirc;t entre les hommes&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>&nbsp;&raquo;. Si l&rsquo;on veut appr&eacute;cier la port&eacute;e politique de l&rsquo;&oelig;uvre de Bon, il faut interroger d&rsquo;abord l&rsquo;invention esth&eacute;tique.</p> <h2>3. Un rapport dialectique permanent entre geste collectif et aventure individuelle<br /> &nbsp;</h2> <h3>3.1. Le web naturellement pense pluriel&nbsp;: la culture du lien</h3> <p>D&eacute;j&agrave; en 2001 dans &laquo;&nbsp;Volont&eacute;&nbsp;&raquo; un article pour&nbsp;<em>Politis</em>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon &eacute;voque sa conception de l&rsquo;engagement en ces termes :</p> <blockquote> <p>Il se trouve que pour marcher dans l&rsquo;obscur et y nouer le langage, nous recourons au partage, &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience faite ensemble, au pacte. [&hellip;] Nous n&rsquo;avons d&rsquo;autre choix que miser ensemble sur le tapis du risque. Et savoir ce qui nous est&nbsp;<em>l&rsquo;imm&eacute;diat</em>&nbsp;<em>pr&eacute;sent</em>, dans la complexit&eacute; du monde tout pr&egrave;s, qui nous baigne, exige qu&rsquo;on proc&egrave;de &agrave; cette multiplication des paroles : le m&ecirc;me ciel ne vaut pas de la m&ecirc;me fa&ccedil;on pour tous. Pour dire ce qui est l&agrave; tout pr&egrave;s, j&rsquo;ai besoin de le traverser, et pour que ma parole y tienne, qu&rsquo;elle fasse aussi lever les autres paroles qui le nomment&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>.</p> </blockquote> <p>La &laquo;&nbsp;forme arachn&eacute;enne des &eacute;changes crois&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;sur le Web permet de r&eacute;aliser ce projet. Le web, &laquo;&nbsp;grosse b&ecirc;te bizarre que chacun de nous entretient de ses rythmes&nbsp;<a href="#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;est &laquo;&nbsp;myriade de sentes &eacute;troites&nbsp;<a href="#_ftn62" name="_ftnref62">[62]</a>&nbsp;&raquo;, espace d&rsquo;action, &laquo;&nbsp;des actions d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo;, et d&rsquo;interaction, et le site web un lieu de construction de relations : &laquo;&nbsp;Quand nous on parle de la cr&eacute;ation web, nous on pense nu&eacute;es de blogs et d&rsquo;&eacute;critures qui sans cesse interchangent, on pense partages et contaminations entre blogs, on pense non pas H&eacute;&eacute;&eacute;crivain dans le web, mais r&eacute;flexion collective sur cette alliance du code et de l&rsquo;&eacute;crit qui catalyse lentement en nouvelles formes narratives, o&ugrave; chacun s&rsquo;essaye &agrave; son tour sur la piste ouverte par un autre&nbsp;<a href="#_ftn63" name="_ftnref63">[63]</a>&nbsp;&raquo;. Le site est un agr&eacute;gateur de r&eacute;f&eacute;rences qui &laquo;&nbsp;assure une certaine centralisation&nbsp;&raquo;, un lieu d&rsquo;accueil, &laquo;&nbsp;une sorte de&nbsp;<em>hub</em>&nbsp;un p&ocirc;le&nbsp;<a href="#_ftn64" name="_ftnref64">[64]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;au sein de l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me r&eacute;ticulaire du Web. Alexandra Saemmer, dans&nbsp;<em>Portraits de l&rsquo;&eacute;crivain contemporain</em>, choisit l&rsquo;image du&nbsp;<em>noeud</em>&nbsp; : &laquo;&nbsp;l&rsquo;auteur sur le web ressemble ainsi plut&ocirc;t &agrave; un n&oelig;ud dans un r&eacute;seau, &agrave; une &eacute;toile tridimensionnelle reli&eacute;e &agrave; d&rsquo;autres &eacute;toiles&nbsp;<a href="#_ftn65" name="_ftnref65">[65]</a>&nbsp;&raquo;. Fran&ccedil;ois Bon, du haut de sa &laquo;&nbsp;tour de contr&ocirc;le&nbsp;<a href="#_ftn66" name="_ftnref66">[66]</a>&nbsp;&raquo;, son interface Netvibes, suit plus d&rsquo;une centaine de sites. Il lance l&rsquo;exp&eacute;rience des vases communicants (deux auteurs &eacute;changent leur plateforme le temps d&rsquo;un texte que chacun signe chez l&rsquo;autre) : &laquo;&nbsp;Il ne s&rsquo;agit pas de se rendre visible ou de promouvoir sa camelote, mais simplement de travailler en atelier ouvert et se doter de plus de force parce qu&rsquo;on a le droit d&rsquo;aller se balader dans l&rsquo;atelier de l&rsquo;autre&nbsp;<a href="#_ftn67" name="_ftnref67">[67]</a>&nbsp;&raquo;.&nbsp; Depuis le 5 mars 2012, la s&eacute;rie &laquo;&nbsp;dimanche 3 blogs + un coda&nbsp;&raquo; constitue un moyen de courcircuiter le discours critique ou de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;tablir autrement&nbsp;<a href="#_ftn68" name="_ftnref68">[68]</a>&nbsp;&raquo;. Les fonctions assum&eacute;es autrefois par les &eacute;diteurs et les revues sont prises en charge par les auteurs et r&eacute;alis&eacute;es de mani&egrave;re collective. La pr&eacute;sence sur le web permet de faire r&eacute;seau. Ces auteurs mettent en visibilit&eacute; les liens tiss&eacute;s entre eux, donnent &agrave; voir leurs proximit&eacute;s, dans une logique de notori&eacute;t&eacute; relationnelle. Le r&eacute;seau joue un r&ocirc;le crucial dans la construction de la r&eacute;putation&nbsp;<a href="#_ftn69" name="_ftnref69">[69]</a>.</p> <p>Dans ces prises de position, il b&eacute;n&eacute;ficie du soutien d&rsquo;un certain nombre de fid&egrave;les, notamment lors du conflit avec Gallimard, lorsqu&rsquo;un mouvement de solidarit&eacute; se forme par l&rsquo;interm&eacute;diaire des r&eacute;seaux sociaux et un appel est lanc&eacute; pour d&eacute;fendre la&nbsp;nouvelle traduction. Fran&ccedil;ois Bon recense dans Tiers Livre les billets blog relayant l&rsquo;affaire&nbsp;<a href="#_ftn70" name="_ftnref70">[70]</a>. Les titres de certains de ces billets sont &eacute;vocateurs : &laquo;&nbsp;Gallimard l&rsquo;a amer&nbsp;&raquo; par Claro, &laquo;&nbsp;Appui &agrave; Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;&raquo; par Beno&icirc;t M&eacute;lan&ccedil;on, &laquo;&nbsp;En faveur du Vieil homme et la mer&nbsp;&raquo; par Laurent Margantin, &laquo;&nbsp;Qui se gallimarrera le dernier&nbsp;&raquo; par Korben, &laquo;&nbsp;C&rsquo;est &agrave; la cr&eacute;ation qu&rsquo;ils en veulent&nbsp;&raquo; par Mahigan Lepage, &laquo;&nbsp;stupide Gallimardise&nbsp;&raquo; par Jean-Michel Sala&uuml;n, et &laquo;&nbsp;Le vieil homme et la mer pour Madeleine&nbsp;&raquo; par Philippe de Jonckheere qui &eacute;crit :</p> <blockquote> <p>Il ne faut pas &ecirc;tre psychanalyste pour voir dans cette affaire des ramifications &eacute;videntes, les peigne-culs du vieux monde voient leur influence et leur pouvoir s&rsquo;effriter, &ccedil;a les frustre, ils d&eacute;cident de faire un exemple et quelle aubaine, ils vont pouvoir se faire l&rsquo;auteur d&rsquo;<em>Apr&egrave;s le livre</em>. C&rsquo;est minable. Pour ne pas mettre en p&eacute;ril l&rsquo;&eacute;difice publie.net, Fran&ccedil;ois a retir&eacute; sa traduction. Ben moi, cela ne me va pas du tout, cette histoire. J&rsquo;ai toujours pr&ecirc;t&eacute; mes bouquins. Et j&rsquo;en offre aussi assez souvent. Aujourd&rsquo;hui, c&rsquo;est l&rsquo;anniversaire de ma grande fille Madeleine, 13 ans, alors Madeleine, je t&rsquo;offre&nbsp;<em>le Vieil homme et la mer</em>&nbsp;d&rsquo;Ernest Hemingway dans sa nouvelle traduction de Fran&ccedil;ois, et Madeleine, comme je te l&rsquo;ai appris, il FAUT pr&ecirc;ter ses livres, donc Madeleine vous pr&ecirc;te son exemplaire du&nbsp;<em>Vieil homme et la mer</em>. [&hellip;] Et soyez vous-m&ecirc;me un miroir, mettez ce pr&eacute;cieux fichier &agrave; la disposition de tous&nbsp;<a href="#_ftn71" name="_ftnref71">[71]</a>.</p> </blockquote> <p>S&eacute;bastien Rongier, dans son billet intitul&eacute; &laquo;&nbsp;65 euros et 18 centimes&nbsp;&raquo; relaie lui aussi l&rsquo;affaire et en profite pour rendre hommage &agrave; Fran&ccedil;ois Bon en ces termes :</p> <blockquote> <p>C&rsquo;est un sympt&ocirc;me ? Ce ne serait en effet qu&rsquo;un sympt&ocirc;me s&rsquo;il ne s&rsquo;inscrivait pas dans une hostilit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale aux questions num&eacute;riques, des inflexions et des tentatives, lesquelles ne s&rsquo;inscrivent pas dans une doctrine &eacute;conomique majoritaire. Un sympt&ocirc;me qui induirait une petite litanie :&nbsp;<em>There is no alternative</em>. Pens&eacute;e qui refuse d&eacute;sormais la marge ou ne la pense que dans son r&eacute;gime d&rsquo;int&eacute;gration. Cela fait maintenant une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es que j&rsquo;avance (avec quelques autres) au milieu des aventures num&eacute;riques de Fran&ccedil;ois. Parce qu&rsquo;il accueille, donne une place, fait confiance. Ce qui se passe sur remue.net et publie.net ? Une aventure humaine et num&eacute;rique de partage autour de la litt&eacute;rature&nbsp;! [&hellip;] Tout ce qu&rsquo;on gagne l&agrave;-dedans, c&rsquo;est le go&ucirc;t de ce commun, le go&ucirc;t de la litt&eacute;rature et des amiti&eacute;s Aucun&nbsp;<em>capital&nbsp;</em>&agrave; partager ! D&eacute;sol&eacute;. [&hellip;] Alors, ayons, &agrave; cet instant, la na&iuml;vet&eacute; de croire que c&rsquo;est cela qui fait peur &agrave; certains. Sans doute ont-ils oubli&eacute; ?</p> <p>D&eacute;cid&eacute;ment l&rsquo;&eacute;poque est sombre. Mais demain, on continue&nbsp;<a href="#_ftn72" name="_ftnref72">[72]</a>.</p> </blockquote> <p>M&ecirc;me si l&rsquo;id&eacute;ologie libertaire se heurte parfois &agrave; la loi du march&eacute; et &agrave; la r&eacute;manence de questions juridiques classiques (comme les droits de diffusion), les thurif&eacute;raires du tout num&eacute;rique d&eacute;fendent avec t&eacute;nacit&eacute; les m&ecirc;mes valeurs : &eacute;thique du partage, regard d&eacute;complex&eacute; sur les milieux du livre et de la culture, travail fond&eacute; sur la coll&eacute;gialit&eacute;. Cette culture web, &laquo;&nbsp;culture du lien&nbsp;&raquo;, prend l&rsquo;allure d&rsquo;un affrontement entre progressistes et conservateurs, progr&egrave;s&nbsp;<em>versus</em>&nbsp;d&eacute;cadence. Le ton, d&eacute;complex&eacute;, volontiers potache pour exprimer le plus s&eacute;rieux, est neuf, les preuves d&rsquo;amiti&eacute; s&rsquo;affichent sur le web, les relations avec les lecteurs sont plus directes et fr&eacute;quentes : &laquo;&nbsp;une autre conception de l&rsquo;identit&eacute; est &agrave; construire, non plus l&rsquo;intime, ce dedans du dedans (<em>intimus</em>), mais le voisinage, ce partage du m&ecirc;me chemin (<em>vicinus</em>), non plus le moi-je, mais le toi et moi, le&nbsp;<em>mutuel&nbsp;</em><a href="#_ftn73" name="_ftnref73">[73]</a>.<em>&nbsp;</em>&raquo;</p> <p>Cette &laquo;&nbsp;rh&eacute;torique du collectif&nbsp;<a href="#_ftn74" name="_ftnref74">[74]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;englobe aussi le lecteur, qui ne doit pas subir en consommateur passif, mais participer&nbsp; activement &agrave; la cr&eacute;ation et soutenir l&rsquo;effort commun par ses t&eacute;l&eacute;chargements : &laquo;&nbsp;Ainsi quand vous nous envoyez un courrier&nbsp;<em>Je suis int&eacute;ress&eacute; par votre projet publie.net</em>, t&acirc;chez qu&rsquo;on puisse avoir mesur&eacute; cet int&eacute;r&ecirc;t par les t&eacute;l&eacute;chargements effectu&eacute;s des premiers textes et d&eacute;couvertes propos&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn75" name="_ftnref75">[75]</a>&nbsp;!&nbsp;&raquo;&nbsp;Le principe de l&rsquo;abonnement est vital pour la petite entreprise, comme ce sera le cas pour Tiers Livre, mais il est aussi un moyen de souder la communaut&eacute;, de reconstituer un &eacute;quivalent des &laquo;&nbsp;cabinets de lecture&nbsp;&raquo;&nbsp;des XVII<sup>e</sup>&nbsp;et XVIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cles&nbsp;<a href="#_ftn76" name="_ftnref76">[76]</a>.</p> <p>Pour Fran&ccedil;ois Bon, une fois abandonn&eacute;es les r&ecirc;nes de publie.net, le syst&egrave;me d&rsquo;abonnement install&eacute; sur Tiers Livre en mai 2013 pour l&rsquo;acc&egrave;s aux ressources ateliers d&rsquo;&eacute;criture, aux pages pro et web-livres, est un moyen d&rsquo;&eacute;largir le cercle des fid&egrave;les. La taille du public, du r&eacute;seau de lecteurs autour du site, sa qualit&eacute; sont des &eacute;l&eacute;ments de la constitution de la valeur : Fran&ccedil;ois Bon affiche &agrave; intervalles r&eacute;guliers les statistiques de consultation du site et cl&ocirc;t chaque billet en indiquant le nombre de visiteurs, assorti de la formule : &laquo;&nbsp;Merci aux visiteurs qui ont consacr&eacute; 1 minute au moins &agrave; cette page&nbsp;&raquo;. L&rsquo;auteur sollicite l&rsquo;appui des lecteurs pour le site, sa fabrication, son entretien, son &eacute;volution : &laquo;&nbsp;plus qu&rsquo;un abonnement, une communaut&eacute; &ndash; exercer ensemble r&eacute;flexion, orientation, dialogue et partage&nbsp;<a href="#_ftn77" name="_ftnref77">[77]</a>. &raquo;&nbsp;&Agrave; l&rsquo;origine, un bouton #partenaires situ&eacute; en colonne de gauche permettait d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; la page d&rsquo;abonnement g&eacute;r&eacute;e par publie.net, puis il y eut le lancement le 7 janvier 2014 de l&rsquo;espace WIP (<em>Work In Progress</em>) pour les abonn&eacute;s de Tiers Livre :</p> <blockquote> <p>Chaque semaine il y aura un mini bouquet de r&eacute;alisations simples, t&eacute;l&eacute;chargeables&nbsp; via un PDF liss&eacute; sur InDesign ou au format epub pour les liseuses et Mobi pour les Kindle : des ressources strictement hors commerce, chaque semaine elles changeront, pas d&rsquo;ISBN, juste un petit num&eacute;ro d&rsquo;opus&nbsp;[&hellip;]&nbsp;je souhaite que celles et ceux qui soutiennent mon site, par cet abonnement particulier, puissent disposer d&rsquo;un confort suppl&eacute;mentaire pour acc&eacute;der tout simplement au chantier, &agrave; l&rsquo;atelier&nbsp;<a href="#_ftn78" name="_ftnref78">[78]</a>.</p> </blockquote> <p>Enfin, le 1er mars 2014,&nbsp; l&rsquo;espace WIP est r&eacute;organis&eacute;, avec abonnement sans limite de temps (&laquo;&nbsp;20 euros une fois pour toutes&nbsp;&raquo;). Cet espace de ressources t&eacute;l&eacute;chargeables se d&eacute;couple en pages work in progress, pages archives avec livres num&eacute;riques et livres pdf, pages podcasts, fiches ateliers d&rsquo;&eacute;criture et traductions. R&eacute;guli&egrave;rement un courriel de l&rsquo;auteur est adress&eacute; &agrave; chaque abonn&eacute; pour l&rsquo;informer des nouveaux textes mis en ligne, les lettres aux lecteurs se substituant aux lettres aux auteurs. Les lecteurs peuvent aussi, en appuyant sur l&rsquo;onglet &laquo;&nbsp;soutenir tiers livre&nbsp;&raquo;, r&eacute;gler la somme de 75 euros et recevoir en &eacute;change un disque de Dominique Pifar&eacute;ly. Pour Fran&ccedil;ois Bon, dans le prolongement logique de l&rsquo;exp&eacute;rience publie.net, cet espace est l&rsquo;occasion de poursuivre l&rsquo;exploration d&rsquo;un autre type de relation auteur-lecteur sans d&eacute;daigner l&rsquo;utilisation des outils et des strat&eacute;gies les plus modernes du management ou du marketing, mais en les vidant ironiquement de leur fonction purement mercantile.</p> <h3>3.2. Eloge de la solitude comme prolongement de l&rsquo;&ecirc;tre avec les autres</h3> <p>Si l&rsquo;articulation entre exp&eacute;rimentation internet et progression collective est &eacute;troite, il y a aussi chez Fran&ccedil;ois Bon une volont&eacute; d&rsquo;ind&eacute;pendance. &Agrave; la n&eacute;cessit&eacute; toujours r&eacute;affirm&eacute;e du contact et de la visibilit&eacute; propre &agrave; la culture web se m&ecirc;le plus sp&eacute;cifiquement chez lui la tentation du repli incarn&eacute;e dans l&rsquo;image du jardin secret (et la figure du jardinier : &laquo;&nbsp;je travaille depuis longtemps &agrave; mon arbre&nbsp;<a href="#_ftn79" name="_ftnref79">[79]</a>&nbsp;&raquo;) : &laquo;&nbsp;Mon site c&rsquo;est mon lieu de vie, refuge, jardin o&ugrave; on m&rsquo;emmerde pas, et du coup pas trop envie qu&rsquo;on vienne y voir&nbsp;<a href="#_ftn80" name="_ftnref80">[80]</a>&nbsp;&raquo;. R&eacute;action pour le moins surprenante chez celui qui milite pour un &laquo;&nbsp;atelier ouvert&nbsp;&raquo;. Le besoin se fait sentir en tous cas de poss&eacute;der des sites plus &eacute;ph&eacute;m&egrave;res li&eacute;s &agrave; des exp&eacute;riences d&rsquo;&eacute;criture ponctuelles, parfois anonymes, ou des sites priv&eacute;s comme ce fbon.fr, qui lui sert d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;entrep&ocirc;t technique&nbsp;<a href="#_ftn81" name="_ftnref81">[81]</a>&nbsp;&raquo;. Fran&ccedil;ois Bon a un penchant pour les coins de for&ecirc;ts au Qu&eacute;bec o&ugrave; quelques-uns de ses amis ont une cabane : &laquo;&nbsp;ce r&ecirc;ve &agrave; moi inaccessible a-t-il un &eacute;quivalent web ? Le souhait d&rsquo;un espace tr&egrave;s vaste avec zones inatteignables, nappes souterraines et rivi&egrave;res&nbsp;<a href="#_ftn82" name="_ftnref82">[82]</a>&nbsp;&raquo;. Entre progression collective et cheminement individuel, Fran&ccedil;ois Bon ne veut pas choisir, mais les met en tension, &agrave; la recherche d&rsquo;une sociabilit&eacute; sans ali&eacute;nation : &laquo;&nbsp;j&rsquo;aime internet parce qu&rsquo;il me permet des dialogues parfois tr&egrave;s intenses, qui respectent mon besoin priv&eacute; de silence&nbsp;<a href="#_ftn83" name="_ftnref83">[83]</a>&nbsp;&raquo;. Ce go&ucirc;t de la solitude ne signifie ni repli sur soi, ni solipsisme, mais prolongement sur la sc&egrave;ne int&eacute;rieure de l&rsquo;&ecirc;tre avec les autres et inversement, comme le dit Thierry Crouzet, &laquo;&nbsp;plus je me lie aux autres, plus je suis libre&nbsp;<a href="#_ftn84" name="_ftnref84">[84]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h2>4. L&rsquo;&eacute;crivain comme marque<br /> &nbsp;</h2> <p><strong>&nbsp;</strong>Fran&ccedil;ois Bon est&nbsp;<em>auctor</em>, selon l&rsquo;&eacute;tymologie latine, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;celui qui accro&icirc;t, qui fait pousser et qui fonde&nbsp;&raquo;. Avec les lectures publiques, les performances, les ateliers d&rsquo;&eacute;criture, le site, le magazine nerval.fr, la page facebook et le compte Twitter, et r&eacute;cemment au sein de Tiers Livre l&rsquo;espace WIP (<em>Work In Progress</em>) qui offre aux abonn&eacute;s un acc&egrave;s aux pages pro, podcasts, travaux en cours, archives, ressources ateliers d&rsquo;&eacute;critures et &agrave; des ebooks (avec chaque semaine un ajout ou une reprise), Fran&ccedil;ois Bon ne cesse de multiplier et de varier les formes de communication litt&eacute;raire et propose &laquo;&nbsp;un changement radical de paradigme dans l&rsquo;&eacute;conomie&nbsp;m&ecirc;me du rapport auteur/&eacute;dition&nbsp;<a href="#_ftn85" name="_ftnref85">[85]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;en &eacute;laborant ce que Dominique Viart nomme&nbsp;une litt&eacute;rature &laquo;&nbsp;rhizomatique&nbsp;<a href="#_ftn86" name="_ftnref86">[86]</a>&nbsp;&raquo;. La th&egrave;se de la &laquo;&nbsp;mort de l&rsquo;auteur&nbsp;&raquo; est ancienne : Antoine Compagnon dans ses cours au Coll&egrave;ge de France&nbsp;<a href="#_ftn87" name="_ftnref87">[87]</a>&nbsp;a rappel&eacute; l&rsquo;importance de l&rsquo;article de Roland Barthes publi&eacute; en 1968, &laquo;&nbsp;la mort de l&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;, de la conf&eacute;rence de Michel Foucault en 1969, &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un auteur ?&nbsp;&raquo;, et des th&eacute;ories de Maurice Blanchot dans le contexte du post-structuralisme. Elles trouvent en apparence un prolongement avec la figure de l&rsquo;auteur anonyme dans le monde collaboratif de l&rsquo;internet.</p> <p>Pourtant, loin de dissoudre la figure de l&rsquo;auteur, certains sites ou blogs la perp&eacute;tuent et la renforcent tout en la transformant : ceux initi&eacute;s par des &eacute;crivains ayant acquis un statut d&rsquo;auteur de litt&eacute;rature dans le r&eacute;gime de l&rsquo;imprim&eacute;. C&rsquo;est notamment le cas d&rsquo;Eric Chevillard&nbsp;<a href="#_ftn88" name="_ftnref88">[88]</a>, et surtout de Fran&ccedil;ois Bon. Ce dernier semble d&eacute;placer les fronti&egrave;res classiques de l&rsquo;auctorialit&eacute; par une d&eacute;multiplication de soi &agrave; travers le r&eacute;seau qui pourrait s&rsquo;apparenter &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;une forme de marque-auteur.</p> <p>La marque, au sens de &laquo;&nbsp;trace&nbsp;&raquo;&nbsp;et d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;entaille&nbsp;&raquo;, est une notion qui fait particuli&egrave;rement sens dans l&rsquo;&oelig;uvre de Fran&ccedil;ois Bon. Il faut la mettre en relation avec le projet r&eacute;aliste qui est au fondement de son &eacute;criture depuis les d&eacute;buts et&nbsp;<em>Sortie d&rsquo;usine.&nbsp;</em>Alors m&ecirc;me que Fran&ccedil;ois Bon est encore aux &Eacute;ditions de Minuit, chapelle du Nouveau Roman, il initie un &laquo;&nbsp;retour&nbsp;&raquo; au r&eacute;el et s&rsquo;oriente d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment vers &laquo;&nbsp;<em>Une exp&eacute;rience du monde</em>&nbsp;&ndash; et du monde le plus&nbsp;concret et le plus abrutissant&nbsp;<a href="#_ftn89" name="_ftnref89">[89]</a>&nbsp;&raquo;, qui sera d&eacute;sormais sa signature, sa patte d&rsquo;ouvrier des mots, sa marque, cette entaille du r&eacute;el dans le texte : &laquo;&nbsp;Toute fiction, un livre m&ecirc;me, est une plaque grav&eacute;e &agrave; l&rsquo;outil port&eacute; dans la main, le sillon dans le m&eacute;tal opaque et brut&nbsp;<a href="#_ftn90" name="_ftnref90">[90]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;&eacute;crivain travaille la r&eacute;alit&eacute; comme un mat&eacute;riau, et se donne pour exigence de &laquo;&nbsp;modeler la phrase au monde comme pour&nbsp;<em>marquer le texte</em>&nbsp;de son empreinte&nbsp;<a href="#_ftn91" name="_ftnref91">[91]</a>&nbsp;&raquo;. Ainsi s&rsquo;op&egrave;re ce que Bon appelle, &agrave; la fin de&nbsp;<em>Sortie d&rsquo;usine</em>, &laquo;&nbsp;le renversement de l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;usine en usine comme &eacute;criture&nbsp;<a href="#_ftn92" name="_ftnref92">[92]</a>&nbsp;&raquo;. Aussi l&rsquo;&oelig;uvre porte-t-elle les stigmates d&rsquo;un monde disparu, &laquo;&nbsp;cette vie incrust&eacute;e dans le texte&nbsp;<a href="#_ftn93" name="_ftnref93">[93]</a>&nbsp;&raquo;. En 2004 il choisit comme titre de roman le nom d&rsquo;une marque,&nbsp;<em>Daewoo</em>, &laquo;&nbsp;l&rsquo;empreinte, celle de la main des ouvriers&nbsp;<a href="#_ftn94" name="_ftnref94">[94]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;sur des t&eacute;l&eacute;visions et des voitures. Les lettres de l&rsquo;enseigne sont progressivement d&eacute;mont&eacute;es, l&rsquo;usine a ferm&eacute; : les lettres disparaissent au fil du r&eacute;cit, mais l&rsquo;&eacute;criture vient investir la marque et se faire elle-m&ecirc;me usine, pour maintenir intacte la trace&nbsp;<a href="#_ftn95" name="_ftnref95">[95]</a>, &laquo;&nbsp;Refuser.&nbsp;Faire face &agrave; l&rsquo;effacement m&ecirc;me&nbsp;<a href="#_ftn96" name="_ftnref96">[96]</a>&nbsp;&raquo;. Plus r&eacute;cemment, Fran&ccedil;ois Bon, dans&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>, se r&ecirc;ve en &eacute;crivain d&rsquo;un seul livre qui &laquo;&nbsp;serait fait de toutes nos traces, porterait &agrave; jamais toutes&nbsp;les cicatrices et les coupures&nbsp;<a href="#_ftn97" name="_ftnref97">[97]</a>&nbsp;&raquo;. Cette &oelig;uvre totale fantasm&eacute;e est &agrave; l&rsquo;origine de Tiers Livre, un labyrinthe de pr&egrave;s de six mille articles. Depuis une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es maintenant, la figure de Fran&ccedil;ois Bon auteur exc&egrave;de en effet largement le livre imprim&eacute;, investit le site, se construit discursivement dans les billets quotidiens, les d&eacute;bats, les entretiens, les tweets, que l&rsquo;on serait tent&eacute; de qualifier de &laquo;&nbsp;paratexte&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est pourtant dans l&rsquo;articulation de tous ces discours que prend vie l&rsquo;&oelig;uvre de Fran&ccedil;ois Bon, son livre en construction, son &laquo;&nbsp;arbre&nbsp;&raquo;, fait de toutes ses traces et dans l&rsquo;&eacute;corce duquel patiemment il imprime sa marque.</p> <p>Il y a une &laquo;&nbsp;puissance&nbsp;&raquo; de Fran&ccedil;ois Bon, une formidable &eacute;nergie de travail qui fait songer dans une certaine mesure &agrave; celle de cet autre cr&eacute;ateur d&rsquo;une &oelig;uvre-monde, Balzac, dont il est du reste un grand lecteur. Mais cette puissance, textuellement mise en abyme dans la figure de la machine, m&eacute;taphore du travail de l&rsquo;&eacute;crivain, dans les r&eacute;f&eacute;rences nombreuses au compact, au solide, &agrave; la densit&eacute; du fer, celle de la m&eacute;canique paternelle&nbsp;<a href="#_ftn98" name="_ftnref98">[98]</a>, se m&ecirc;le &eacute;trangement &agrave; une sorte de fragilit&eacute;, une inqui&eacute;tude, celle de l&rsquo;exp&eacute;rimentation po&eacute;tique et du t&acirc;tonnement vers l&rsquo;inconnu. La marque &eacute;voque a priori quelque chose de fig&eacute;, de fixe. Or tout le travail de Fran&ccedil;ois Bon tend vers l&rsquo;instable, l&rsquo;inachev&eacute;, le mouvant. En p&eacute;riode de transition num&eacute;rique, l&rsquo;auteur chemine &laquo;&nbsp;&agrave; t&acirc;tons&nbsp;&raquo; : &laquo;&nbsp;O&ugrave; je suis, moi, l&agrave;-dedans ? Tiraill&eacute; ou contradictoire ? Non, plut&ocirc;t sur un mode d&rsquo;ambivalence&nbsp;<a href="#_ftn99" name="_ftnref99">[99]</a>&nbsp;&raquo;. Cette &eacute;trange association de force et de fragilit&eacute; est sans doute la marque de fabrique de l&rsquo;auteur, sa signature.</p> <h3>4.1. L&rsquo;auteur &agrave; la manoeuvre, &laquo;&nbsp;les mains dans le cambouis&nbsp;&raquo;</h3> <p>La soci&eacute;t&eacute; du spectacle a vu &eacute;merger une cat&eacute;gorie d&rsquo;auteurs de plus en plus r&eacute;pandue, celle de l&rsquo;&eacute;crivain-vedette, &agrave; laquelle, on l&rsquo;a compris, Fran&ccedil;ois Bon n&rsquo;appartient pas. Assez peu m&eacute;diatis&eacute; en tant que personnalit&eacute; litt&eacute;raire, Fran&ccedil;ois Bon n&rsquo;est pas un &laquo;&nbsp;artiste-performance&nbsp;&raquo; qui se substituerait, sous le regard du &laquo;&nbsp;lecteur-spectateur&nbsp;&raquo;, au livre lui-m&ecirc;me, &laquo;&nbsp;la figure auctoriale apparaissant comme un moyen spectaculaire d&rsquo;&eacute;limination des significations profondes de l&rsquo;&oelig;uvre&nbsp;<a href="#_ftn100" name="_ftnref100">[100]</a>&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est &agrave; une rencontre avec le texte en construction qu&rsquo;il convie le lecteur en lui ouvrant, gr&acirc;ce &agrave; Tiers Livre, son &laquo;&nbsp;atelier&nbsp;&raquo; (mise en ligne des versions de texte en cours), en lui faisant partager ses t&acirc;tonnements dans &laquo;&nbsp;une alchimie de l&rsquo;individuel et du collectif&nbsp;<a href="#_ftn101" name="_ftnref101">[101]</a>&nbsp;&raquo;. Pour lui, internet est moins un outil de m&eacute;diation ou de circulation de l&rsquo;image spectaculaire de l&rsquo;auteur qu&rsquo;un nouvel espace de cr&eacute;ation o&ugrave; peut encore s&rsquo;exprimer &laquo;&nbsp;la raret&eacute; de cet ultra-contemporain essentiel &agrave; nos soci&eacute;t&eacute;s consommatrices&nbsp;<a href="#_ftn102" name="_ftnref102">[102]</a>&nbsp;&raquo;. Il faut, dit-il, &laquo;&nbsp;contaminer internet de l&rsquo;int&eacute;rieur pour ne pas le laisser aux d&eacute;molisseurs du monde&nbsp;<a href="#_ftn103" name="_ftnref103">[103]</a>&nbsp;&raquo;. Il est &eacute;galement tr&egrave;s actif sur les r&eacute;seaux sociaux (Facebook, Twitter) et per&ccedil;oit tout le potentiel cr&eacute;ateur de ces outils de masse qu&rsquo;il juge indispensables &agrave; la visibilit&eacute; de l&rsquo;auteur. R&eacute;guli&egrave;rement il d&eacute;plore l&rsquo;&eacute;vidente r&eacute;ticence de l&rsquo;&eacute;crivain d&rsquo;aujourd&rsquo;hui &agrave; &laquo;&nbsp;mettre les mains dans le cambouis pour se faire un site, installer la disponibilit&eacute; num&eacute;rique de son travail (et la r&eacute;mun&eacute;ration qui l&rsquo;accompagne)&nbsp;&raquo; : &laquo;&nbsp;Peur de perdre ce statut mirifique, l&rsquo;&eacute;crivain&nbsp;<a href="#_ftn104" name="_ftnref104">[104]</a>&nbsp;?&nbsp;&raquo;.</p> <p>&nbsp;Difficile de soup&ccedil;onner Fran&ccedil;ois Bon de mercantilisation, lui qui affirme qu&rsquo;il &laquo;&nbsp;d&eacute;teste l&rsquo;id&eacute;e de &ldquo;com&rdquo; sous toutes ses formes&nbsp;<a href="#_ftn105" name="_ftnref105">[105]</a>&nbsp;&raquo;. Pour publie.net, il d&eacute;clare vouloir &laquo;&nbsp;garder la ma&icirc;trise d&rsquo;une petite structure&nbsp;<a href="#_ftn106" name="_ftnref106">[106]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;je ne suis pas un &eacute;picier du web&nbsp;<a href="#_ftn107" name="_ftnref107">[107]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;proclame-t-il haut et fort, &laquo;&nbsp;la cr&eacute;ation contemporaine radicale n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; un vecteur de grande diffusion publique. Pas envie de me polluer &agrave; la pub et au marketing, je pr&eacute;f&egrave;re assumer une position artiste&nbsp;<a href="#_ftn108" name="_ftnref108">[108]</a>&nbsp;&raquo;. Publie.net est en effet un laboratoire o&ugrave;, aux antipodes du best-seller, s&rsquo;inventent des &eacute;critures, des pratiques &eacute;ditoriales et des modes de lecture ; c&rsquo;est aussi le lieu o&ugrave; s&rsquo;exp&eacute;rimente une forme alternative d&rsquo;&eacute;conomie du livre, face &agrave; &laquo;&nbsp;ces g&eacute;ants froids de la vente en ligne&nbsp;&raquo;, &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;norme masse vulgaire, commer&ccedil;ante ou muette&nbsp;<a href="#_ftn109" name="_ftnref109">[109]</a>&nbsp;&raquo;. Fran&ccedil;ois Bon n&rsquo;a pas imprim&eacute; sa marque sur la toile &agrave; coups d&rsquo;op&eacute;rations marketing. Il ne fait pas &laquo;&nbsp;&eacute;v&eacute;nement&nbsp;&raquo;. Mais il a, depuis le d&eacute;but de l&rsquo;aventure Web, patiemment creus&eacute; son sillon dans ce nouveau media persuad&eacute; qu&rsquo;il y va de la survie de notre litt&eacute;rature : &laquo; &Agrave; trop se prot&eacute;ger, on dispara&icirc;t sans trace&nbsp;<a href="#_ftn110" name="_ftnref110">[110]</a>&nbsp;&raquo;, l&rsquo;aphorisme conclut un chapitre de m&eacute;ditation sur la disparition de la culture celte que Bon met en relation avec un refus des b&eacute;n&eacute;fices de l&rsquo;&eacute;criture.</p> <p>Le num&eacute;rique offre des voies alternatives &agrave; la visibilit&eacute;. M&ecirc;me si Fran&ccedil;ois Bon insiste sur le fait que son site est bien un site-&oelig;uvre et pas une vitrine d&rsquo;&eacute;crivain, un lieu de constitution et de transformation de son &eacute;criture et non pas la m&eacute;diatisation de son travail d&rsquo;auteur, il n&rsquo;en reste pas moins que performativement le site est aussi une vitrine et un espace de mise en sc&egrave;ne. On peut donc s&rsquo;autoriser &agrave; l&rsquo;appr&eacute;hender sous l&rsquo;angle de la communication. Dans la d&eacute;marche de Fran&ccedil;ois Bon cr&eacute;ation et promotion sont &eacute;troitement imbriqu&eacute;es dans le m&ecirc;me environnement num&eacute;rique, mis en tension. Comme le souligne Thierry Crouzet : &laquo;&nbsp;le blog est un salon du livre permanent o&ugrave; vous vous pr&ecirc;tez &agrave; des performances. C&rsquo;est votre boutique d&rsquo;&eacute;crivain public dans une rue plus ou moins obscure du Nouveau Monde&nbsp;<a href="#_ftn111" name="_ftnref111">[111]</a>&nbsp;&raquo;. Arnaud Ma&iuml;setti, d&eacute;crivant l&rsquo;&eacute;cran selon Fran&ccedil;ois Bon, y voit &laquo;&nbsp;un grand plateau de th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, un &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;tre de rue&nbsp;&raquo;. L&rsquo;auteur, metteur en sc&egrave;ne, pose le cadre, &laquo;&nbsp;le carr&eacute; de l&rsquo;&eacute;cran dans lequel s&rsquo;engouffre tout&nbsp;&raquo;, il intercepte &laquo;&nbsp;les exp&eacute;riences du monde&nbsp;<a href="#_ftn112" name="_ftnref112">[112]</a>&nbsp;&raquo;, et harangue les spectateurs. Certains titres accrochent l&rsquo;attention&nbsp;<a href="#_ftn113" name="_ftnref113">[113]</a>, par exemple la formule &laquo;&nbsp;l&rsquo;avenir du livre c&rsquo;est qu&rsquo;on pourra s&rsquo;en passer&nbsp;<a href="#_ftn114" name="_ftnref114">[114]</a>&nbsp;&raquo;, mais qui est aussi, de l&rsquo;aveu de l&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me, &laquo;&nbsp;une phrase de fatigue et d&rsquo;interrogation profonde&nbsp;&raquo;. L&rsquo;auteur est en permanence &agrave; la manoeuvre, &laquo;&nbsp;les mains dans le cambouis&nbsp;<a href="#_ftn115" name="_ftnref115">[115]</a>&nbsp;&raquo;, pour b&acirc;tir son identit&eacute; num&eacute;rique. La question de la ma&icirc;trise de l&rsquo;identit&eacute; num&eacute;rique est importante pour Fran&ccedil;ois Bon, comme dans la pratique g&eacute;n&eacute;rale du web : &laquo;&nbsp;Essentiel ma&icirc;triser votre identit&eacute; num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn116" name="_ftnref116">[116]</a>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;bagarrez-vous sur le web, apprenez &agrave; ma&icirc;triser votre identit&eacute; num&eacute;rique, c&rsquo;est votre taf, pas celui de votre &eacute;diteur papier&nbsp;<a href="#_ftn117" name="_ftnref117">[117]</a>&nbsp;&raquo;. A l&rsquo;origine Fran&ccedil;ois Bon installe son travail sur le web, parce qu&rsquo;il estime qu&rsquo;il n&rsquo;a pas le choix. Il fallait lancer le chantier : &laquo;&nbsp;Le site lui-m&ecirc;me o&ugrave; je suis l&rsquo;artisan aussi bien par le texte que par l&rsquo;ergonomie, la navigation, le codage&nbsp;<a href="#_ftn118" name="_ftnref118">[118]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;aventure publie.net lui permet d&rsquo;approfondir ensuite ce &laquo;&nbsp;v&eacute;ritable&nbsp;<em>artisanat</em>&nbsp;num&eacute;rique&nbsp;&raquo; :</p> <blockquote> <p>L&rsquo;envie aussi qu&rsquo;on propose, qu&rsquo;on sorte des routines en boucle &ndash; les libraires tristes de ce qu&rsquo;on leur met sur leurs tables par paquets de sorties conformes, le num&eacute;rique englu&eacute; dans le vendre &agrave; tout prix, les sites moches parce que pas soign&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn119" name="_ftnref119">[119]</a>.</p> <p>Cela suppose une ma&icirc;trise, m&ecirc;me imparfaite, d&rsquo;outils complexes comme InDesign (pour la mise en page &ndash; il ne suffit pas d&rsquo;enregistrer un fichier traitement de texte au format PDF pour &eacute;chapper &agrave; la grisaille) ou Coda (l&rsquo;affinage de la sc&eacute;nographie d&rsquo;un site est un travail permanent, un site qui n&rsquo;&eacute;volue pas tourne vite &agrave; la grisaille aussi, et idem l&rsquo;utilisation des plateformes toutes faites)&nbsp;<a href="#_ftn120" name="_ftnref120">[120]</a>.</p> <p>L&rsquo;atelier invisible du site, c&rsquo;est cette r&eacute;flexion &agrave; sans cesse affiner, d&eacute;placer, reconstruire pour la pr&eacute;sentation et la mise en page. Effort parfois harassant, mais artisanat indispensable&nbsp;<a href="#_ftn121" name="_ftnref121">[121]</a>.</p> </blockquote> <p>Espace d&rsquo;expression et de m&eacute;diation, le site a une identit&eacute; visuelle imm&eacute;diatement reconnaissable. La patte et la signature de&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon se reconnaissent &agrave; la conception graphique, &agrave; son impact visible. Le bandeau d&rsquo;abord, dont le fond est constitu&eacute; d&rsquo;une photographie sur laquelle vient s&rsquo;inscrire le nom du site. La photographie est chang&eacute;e p&eacute;riodiquement, ce qui place d&rsquo;embl&eacute;e le site sous le signe du renouvellement permanent. Jusqu&rsquo;&agrave; il y a peu, le m&ecirc;me design du bandeau se retrouvait pour les deux autres sites de Fran&ccedil;ois Bon, nerval.fr et the lovecraft monument, comme autant de d&eacute;clinaisons d&rsquo;une m&ecirc;me marque fran&ccedil;ois bon. Le style s&rsquo;exporte aussi : Fran&ccedil;ois Bon construit &laquo;&nbsp;&agrave; peine perdue&nbsp;&raquo;, le site de son ami architecte Emmanuel Delabranche, &laquo;&nbsp;fondations, dalles et murs&nbsp;<a href="#_ftn122" name="_ftnref122">[122]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;: il reprend le bandeau photographique et&nbsp; la m&ecirc;me police de caract&egrave;re arrondie pour le titre.</p> <p>La page d&rsquo;accueil aussi ne cesse de bouger, comme Tiers Livre ne cesse de se reconfigurer. S&eacute;bastien Rongier analyse ici m&ecirc;me la strat&eacute;gie d&rsquo;architecture du site qui ne cesse de subvertir la logique de verticalit&eacute; pour &eacute;pouser la forme benjaminienne de constellation et commentant la d&eacute;finition par Walter Benjamin de l&rsquo;oeuvre d&rsquo;art comme &laquo;&nbsp;singuli&egrave;re trame d&rsquo;espace et de temps&nbsp;&raquo;, il s&rsquo;arr&ecirc;te sur la notion de &laquo;&nbsp;trame&nbsp;&raquo; qui lui semble renvoyer &agrave; l&rsquo;id&eacute;e du texte tissu et &agrave; celle du carrefour. Ces deux id&eacute;es sont mat&eacute;rialis&eacute;es aussi par la structure de la page d&rsquo;accueil du site dans sa derni&egrave;re mouture : un quadrillage dans lequel chaque cellule pr&eacute;sente une ou plusieurs destinations du site class&eacute;es par rubriques et qui pourrait faire songer au principe du carroyage dans une fouille arch&eacute;ologique. Il est vrai que le lecteur de Tiers livre peut avoir le sentiment, une fois engag&eacute; dans ce labyrinthe, d&rsquo;&ecirc;tre un arch&eacute;ologue. Arch&eacute;ologue l&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me, qui ne cesse de faire remonter les articles anciens pour les compl&eacute;ter et les confronter &agrave; la r&eacute;alit&eacute; pr&eacute;sente. Pour Fran&ccedil;ois Bon, l&rsquo;&eacute;cran est &agrave; la fois &laquo;&nbsp;un enfouissement et un arbre&nbsp;<a href="#_ftn123" name="_ftnref123">[123]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h3>4.2. Un internet&nbsp;<em>vintage</em></h3> <p>En convoquant de fa&ccedil;on r&eacute;currente l&rsquo;image de l&rsquo;atelier ou celle de la petite boutique d&rsquo;artisan &agrave; l&rsquo;&eacute;cart de l&rsquo;industrie du livre, Fran&ccedil;ois Bon d&eacute;fend donc un &laquo;&nbsp;artisanat&nbsp;&raquo; num&eacute;rique et une conception &laquo;&nbsp;r&eacute;tro&nbsp;&raquo; de la cr&eacute;ation sur le Web : &laquo;&nbsp;ce mardi &agrave; Berkeley, &eacute;coutant Nicolas Nova et James Bridle, je prenais conscience de ma propre sp&eacute;cificit&eacute; : site vintage, parce que d&eacute;pendant d&rsquo;un certain rapport traditionnel de l&rsquo;auteur &agrave; son travail, organisant l&rsquo;arborescence en ligne de ce travail, et globalement &eacute;tanche aux prouesses algorithmiques de l&rsquo;invention textuelle&nbsp;<a href="#_ftn124" name="_ftnref124">[124]</a>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;j&rsquo;y exerce un travail d&eacute;calqu&eacute; de mes premiers apprentissages &ndash; pas forc&eacute;ment &agrave; 60 balais qu&rsquo;on peut se projeter sur les cr&ecirc;tes o&ugrave; on voit danser ceux qui arrivent&nbsp;<a href="#_ftn125" name="_ftnref125">[125]</a>&nbsp;&raquo;, et ailleurs il &eacute;voque sa &laquo;&nbsp;propre peur de la technique [&hellip;] je sais tr&egrave;s bien ne plus ma&icirc;triser en totalit&eacute; l&rsquo;outil que j&rsquo;exploite. Jusqu&rsquo;&agrave; quand pourrons-nous d&eacute;fendre un internet vintage&nbsp;<a href="#_ftn126" name="_ftnref126">[126]</a>&nbsp;?&nbsp;&raquo;.</p> <p>Comment interpr&eacute;ter ces r&eacute;f&eacute;rences au&nbsp;<em>vintage</em>&nbsp;de la part de Fran&ccedil;ois Bon, une notion qui, par ailleurs, conna&icirc;t aujourd&rsquo;hui un extraordinaire engouement et constitue l&rsquo;un des arguments marketing les plus efficaces ? Le mot a d&rsquo;abord servi &agrave; qualifier un mill&eacute;sime ancien pour les spiritueux ou les vins. Mais il est surtout utilis&eacute; pour d&eacute;signer les v&ecirc;tements anciens de marques prestigieuses refl&eacute;tant un moment particulier de l&rsquo;histoire de la mode. Le v&ecirc;tement&nbsp;<em>vintage</em>&nbsp;est associ&eacute; &agrave; une certaine authenticit&eacute;. Le ph&eacute;nom&egrave;ne s&rsquo;est empar&eacute; de plusieurs autres secteurs, celui de l&rsquo;automobile, du design, du cin&eacute;ma et de la musique (notamment les guitares fabriqu&eacute;es par les grandes marques, comme les c&eacute;l&egrave;bres guitares Gibson dont Fran&ccedil;ois Bon est amateur : &laquo;&nbsp;je crois que j&rsquo;aime mon site comme j&rsquo;aime les Gibson vintage de San Francisco&nbsp;<a href="#_ftn127" name="_ftnref127">[127]</a>&nbsp;&raquo;). La r&eacute;f&eacute;rence au&nbsp;<em>vintage</em>&nbsp;n&rsquo;est pas anecdotique pour Fran&ccedil;ois Bon ; plusieurs aspects la motivent en profondeur. Chez lui l&rsquo;esth&eacute;tique vintage commande d&rsquo;abord les choix graphiques du site : &laquo;&nbsp;le bandeau &agrave; bords arrondis, les polices de caract&egrave;re parfois comme des joyaux et aussi une certaine id&eacute;e du web con&ccedil;u comme livre, mais un livre autre, tiers&nbsp;<a href="#_ftn128" name="_ftnref128">[128]</a>&nbsp;&raquo;. La formule longtemps inscrite &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du bandeau, &laquo;&nbsp;web magazine depuis 1997 par fran&ccedil;ois bon&nbsp;&raquo;, est un clin d&rsquo;&oelig;il aussi au filon du r&eacute;tro utilis&eacute; par de multiples entreprises aujourd&rsquo;hui, m&ecirc;me les plus r&eacute;centes, pour se donner une image d&rsquo;authenticit&eacute;. Le&nbsp;<em>vintage</em>&nbsp;ensuite r&eacute;introduit du r&eacute;cit dans un monde frapp&eacute; par l&rsquo;&eacute;puisement des grands mythes. C&rsquo;est une tendance qui convoque l&rsquo;histoire et la m&eacute;moire et valorise ce qui a dur&eacute;, ce qui est imperm&eacute;able &agrave; la mode. Comment ne pas voir qu&rsquo;il y a chez Fran&ccedil;ois Bon une attraction tr&egrave;s forte de la tradition : le pr&eacute;sent de son oeuvre est tram&eacute; de r&eacute;manences et de traces litt&eacute;raires intimes, de ces livres qui l&rsquo;ont fait (Quichotte, Rabelais, Proust, Saint-Simon, Rimbaud, Baudelaire, Rilke&hellip;) : &laquo;&nbsp;ils sont &agrave; eux tous ce qui nous permet de nous consid&eacute;rer nous-m&ecirc;mes&nbsp;<a href="#_ftn129" name="_ftnref129">[129]</a>&nbsp;&raquo;. Dans&nbsp;<em>Autobiographie des objets</em>, Fran&ccedil;ois Bon &laquo;&nbsp;c&egrave;de &agrave; la ph&eacute;nom&eacute;nologie du souvenir&nbsp;<a href="#_ftn130" name="_ftnref130">[130]</a>&nbsp;&raquo;, il &eacute;crit une v&eacute;ritable ode au&nbsp;<em>vintage</em>, &agrave; ces objets qui appartiennent, comme lui, &agrave; un monde disparu et fait l&rsquo;inventaire de tout ce qui raconte sa propre vie ( le transistor, la d&eacute;panneuse Dodge, la DS 19, la lettreuse Dymo ou le briquet Zippo) : &laquo;&nbsp;Contrairement &agrave; ceux d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, dont l&rsquo;obsolescence est programm&eacute;e pour de vulgaires raisons mercantiles et dont l&rsquo;existence ne se compte qu&rsquo;en poign&eacute;es de saisons, ces objets fatigu&eacute;s ont la particularit&eacute; d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; fabriqu&eacute;s pour durer, passer d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;ration l&rsquo;autre, survivre aux morts&nbsp;<a href="#_ftn131" name="_ftnref131">[131]</a>&nbsp;&raquo;. S&rsquo;habiller&nbsp;<em>vintage</em>&nbsp;suppose une certaine culture et le v&ecirc;tement ancien prend toute sa valeur du fait qu&rsquo;il est associ&eacute; &agrave; d&rsquo;autres pi&egrave;ces, neuves. Fran&ccedil;ois Bon revient constamment aux oeuvres les plus anciennes qu&rsquo;il fait dialoguer avec les plus contemporaines. Il pratique aussi l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des r&eacute;f&eacute;rences typique du postmodernisme (&agrave; l&rsquo;oppos&eacute; de la culture hi&eacute;rarchis&eacute;e d&eacute;crite par Bourdieu dans&nbsp;<em>La Distinction</em>), comme autant de go&ucirc;ts personnels, de marqueurs identitaires. Et ce&nbsp;<em>vintage</em>&nbsp;dit qui est Fran&ccedil;ois Bon et qui sont ceux qui l&rsquo;accompagnent dans son aventure. Comme la marque&nbsp;<em>vintage</em>&nbsp;est porteuse d&rsquo;une histoire, Tiers Livre ne cesse de revisiter nostalgiquement les d&eacute;buts de l&rsquo;Internet et de constituer sa propre histoire : &laquo;&nbsp;se d&eacute;tacher des recherches techniques conditionnant l&rsquo;avanc&eacute;e textuelle [&hellip;] mais savoir que mon propre chemin textuel suppose d&rsquo;avancer en profondeur dans la fa&ccedil;on dont le site, en lui-m&ecirc;me, est une histoire qui se raconte&nbsp;<a href="#_ftn132" name="_ftnref132">[132]</a>&nbsp;&raquo;. Certains aussi ont port&eacute; le&nbsp;<em>vintage</em>&nbsp;sur le terrain militant en le pr&eacute;sentant comme une r&eacute;action contre la massification de la mode et une fa&ccedil;on de ne pas en suivre tous les diktats, contre l&rsquo;uniformit&eacute; et la globalit&eacute;, une contre-mode. Le travail de Fran&ccedil;ois Bon est anim&eacute; d&rsquo;un souci de r&eacute;sister aux &laquo;&nbsp;mastodontes du net qui nivellent les pratiques&nbsp;<a href="#_ftn133" name="_ftnref133">[133]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;et publie.net constitue une arme contre &laquo;&nbsp;la best-sellerisation normative&nbsp;<a href="#_ftn134" name="_ftnref134">[134]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h2>Conclusion<br /> &nbsp;</h2> <p>La notori&eacute;t&eacute; num&eacute;rique de Fran&ccedil;ois Bon et de son site est aujourd&rsquo;hui incontestable : &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;crivain d&rsquo;un seul livre&nbsp;<a href="#_ftn135" name="_ftnref135">[135]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;est d&eacute;sormais indissociable de Tiers Livre, qui est devenu sa marque, son arbre. Actif sur les r&eacute;seaux sociaux (il &laquo;&nbsp;exp&eacute;ritweete depuis avril 2008&nbsp;&raquo;), il interagit et dialogue avec une v&eacute;ritable communaut&eacute; d&rsquo;auteurs et de lecteurs dont il est l&rsquo;un des principaux animateurs. Il peut embrasser les techniques nouvelles, les modes, les outils marketing, sans abdiquer pour autant les exigences d&rsquo;&eacute;criture : &laquo;&nbsp;l&rsquo;apparition de nouveaux supports [&hellip;] cr&eacute;e de nouveaux usages de lecture, devenus massifs, qu&rsquo;il est pr&eacute;cis&eacute;ment de notre responsabilit&eacute; d&rsquo;investir avec le meilleur sinon c&rsquo;est la r&eacute;serve d&rsquo;indien&nbsp;<a href="#_ftn136" name="_ftnref136">[136]</a>&nbsp;&raquo;. Il les utilise ironiquement, les subvertit ou s&rsquo;en distancie. Il s&rsquo;expose tout en se m&eacute;nageant des lieux de repli, des marges, o&ugrave; il peut s&rsquo;isoler : &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;cran, cadre qui isole et d&eacute;limite, est une garantie de discr&eacute;tion. Savoir toujours mesurer soi-m&ecirc;me ce qu&rsquo;on laisse transpara&icirc;tre de priv&eacute; et quelle barri&egrave;re, ou fiction, on &eacute;tablit pour d&eacute;limiter l&rsquo;&eacute;change public&nbsp;<a href="#_ftn137" name="_ftnref137">[137]</a>&nbsp;&raquo;. En se d&eacute;marquant il &eacute;difie son identit&eacute; num&eacute;rique, loin de toute strat&eacute;gie de communication, loin de tout cynisme, avan&ccedil;ant &agrave; t&acirc;tons. L&rsquo;auteur aux aguets, e&nbsp;&ndash;&nbsp;veilleur exigeant, rebelle aux compromis, s&rsquo;abandonne en m&ecirc;me temps &agrave; l&rsquo;impr&eacute;dictible, po&egrave;te &laquo;&nbsp;qui ouvre dans la langue un v&eacute;ritable puits : &eacute;troite ouverture noire, tr&egrave;s profonde, dangereuse&nbsp;&raquo;.<em>&nbsp;&laquo;&nbsp;</em>&Agrave; la fois aux aguets et dans l&rsquo;abandon&nbsp;&raquo;, comme&nbsp;<em>Saint-Augustin &eacute;crivant&nbsp;</em>&nbsp;de Carpaccio&nbsp;<a href="#_ftn138" name="_ftnref138">[138]</a><em>.&nbsp;</em>Projet&eacute; dans un monde mouvant, dangereux parce qu&rsquo;il liquide les positions acquises &agrave; commencer par le statut de l&rsquo;&eacute;crivain, l&rsquo;auteur avance avec l&rsquo;inconnu devant soi, il lui faut&nbsp;descendre &laquo;&nbsp;dans le Maelstr&ouml;m&nbsp;<a href="#_ftn139" name="_ftnref139">[139]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;et s&rsquo;abandonner au flux du langage tout en s&rsquo;interrogeant, au fil m&ecirc;me de son parcours, sur la progression de l&rsquo;&eacute;criture, avec humilit&eacute; et non sans humour : &laquo;&nbsp;Prenons comme immense chance d&rsquo;&ecirc;tre nous-m&ecirc;mes saisis par la mutation en cours, et que notre &eacute;criture pi&eacute;g&eacute;e par de nouvelles formes de lecture et de diffusion, nous contraigne au saut (et pour finir il l&acirc;che son iPad et saute)&nbsp;<a href="#_ftn140" name="_ftnref140">[140]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h3>Notes<br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Vers un Internet de litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article929" target="_blank">article 929</a>.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;remue.net, &laquo;&nbsp;L&rsquo;ours des remueurs et des remueuses&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="https://remue.net/ours" target="_blank">article 1846</a>.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Gilles Bonnet,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>, Ch&ecirc;ne-Bourg, &Eacute;ditions la Baconni&egrave;re, 2012.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon, Tiers Livre, &laquo;&nbsp;journal |&eacute;crire comme rendez-vous&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1564" target="_blank">article 1564</a>.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Gilles Bonnet,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 18.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>, Paris, Seuil, 2011, p. 62.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Twitter mode d&rsquo;emploi&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2010" target="_blank">article 2010</a>.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;O&ugrave; en sont les pionniers du Net&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article69" target="_blank">article 69</a>.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>La Folie Rabelais</em>, Paris, Minuit, 1990.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>, op. cit., p. 64.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;<em>Prot&eacute;e</em>, vol. 39, n&deg; 1, &laquo;&nbsp;Esth&eacute;tiques num&eacute;riques, textes, structures, figures&nbsp;&raquo;, Bertrand Gervais &amp;&nbsp;Alexandra Saemmer (dir.), printemps 2011, p. 9-22.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Gilles Bonnet,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>,&nbsp;<em>op.cit.</em>, p. 234-235.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;de l&rsquo;auteur comme &eacute;cosyst&egrave;me&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2227" target="_blank">article 2227</a>.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;S&eacute;bastien Rongier, &laquo;&nbsp;Tiers Livre, une structure en constellation&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-1/3001-tiers-livre-une-structure-en-constellation" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;[Pr&eacute;cedemment]&nbsp;<a href="https://komodo21.fr/figures-dauteur/Interlignage.fr/2011/01/interview-francois-bon" target="_blank">Interlignage.fr/2011/01/interview-francois-bon</a></p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Je n&rsquo;ai jamais &eacute;t&eacute; un &eacute;crivain professionnel&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2697" target="_blank">article 2697</a>.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Patrice Flichy,&nbsp;<em>Le Sacre de l&rsquo;amateur : sociologie des passions ordinaires &agrave; l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique</em>, Paris, Seuil, &laquo;&nbsp;La r&eacute;publique des id&eacute;es&nbsp;&raquo;, 2010. Le titre fait &eacute;cho&nbsp; &agrave; l&rsquo;ouvrage de Paul B&eacute;nichou&nbsp;<em>Le</em>&nbsp;<em>Sacre de l&rsquo;&eacute;crivain.</em></p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Alexandre Gefen, &laquo;&nbsp;Le devenir num&eacute;rique de la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;,<em>&nbsp;Implications philosophiques.org, espace de recherche et de diffusion</em>, 19 juin 2012.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Alain Viala,&nbsp;<em>Naissance de l&rsquo;&eacute;crivain. Sociologie de la litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;&acirc;ge classique</em>, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, &laquo;&nbsp;Le sens commun&nbsp;&raquo;, 1985.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Tiers Livre, rubrique 102.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Tiers Livre d&eacute;pouille &amp; cr&eacute;ation &ndash; le site web comme objet d&rsquo;&eacute;tude universitaire ?&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3659" target="_blank">article 3659</a>.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;&ccedil;a manque d&rsquo;hauteurs&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2063" target="_blank">article 2063</a>.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Gilles Bonnet, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&Eacute;cranvain et la nouvelle-&eacute;cran : pour une po&eacute;tique de la microfiction num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, disponible en ligne&nbsp;<a href="https://komodo21.fr/figures-dauteur/ceh.ilch.uminho.pt/publicacoes.cehum_simpomicro_gillesbonnet.pdf" target="_blank">ici</a>.&nbsp;Voir aussi l&rsquo;article qu&rsquo;il a sign&eacute; dans ce dossier, &laquo;&nbsp;On relit toujours avec de soi : l&rsquo;&eacute;cranvain en son site&nbsp;&raquo;&nbsp;:&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-1/3065-on-relit-toujours-avec-de-soi-l-ecranvain-en-son-site" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon | CV bio [m&agrave;j permanente]&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;videoself | du soi fant&ocirc;me&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://tierslivre.net/krnk/spip.php?article1686" target="_blank">article 1686</a>.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2236" target="_blank">article 2236</a>.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1578" target="_blank">article 1578</a>.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?rubrique69" target="_blank">rubrique 69</a>.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;histoire de mes livres, s&eacute;rie | le sommaire&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3688" target="_blank">article 3688</a>.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;<a href="http://www.lexpress.fr/culture/livre/autobiographie-des-objets_1162779.html" target="_blank">www.lexpress.fr/culture/livre/autobiographie-des-objets_1162779.html</a>, publi&eacute; le 24/09/2012.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Bob Dylan, une biographie</em>, Paris, Albin Michel, p. 460.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;Valentin Burger,&nbsp;<em>Publie.net, un autre visage d&rsquo;internet</em>,&nbsp; m&eacute;moire de M2 &laquo;&nbsp;Monde du Livre&nbsp;&raquo; r&eacute;dig&eacute; en 2010, Universit&eacute; d&rsquo;Aix-Marseille 1, p. 70, disponible en ligne&nbsp;<a href="http://fr.calameo.com/read/000383456473532d09fc1" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;Voir &laquo;&nbsp;12 ans de Web &agrave; chaque seconde&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2050" target="_blank">article 2050</a>, &laquo;&nbsp;petite tentative d&rsquo;autobiographie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3674" target="_blank">article 3674</a>.</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;Pierre Perroud, le fondateur d&rsquo;Athena, Michel Pierssens fondateur du site Maldoror, les membres de l&rsquo;Association des biblioth&eacute;caires universels li&eacute;s au Conservatoire des arts et m&eacute;tiers.</p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp;Propos recueillis par courriel le 01/09/2012 par V&eacute;ronique Anger-de Friberg : &laquo;&nbsp;Quand Fran&ccedil;ois Bon, figure incontournable de l&rsquo;&eacute;dition num&eacute;rique, r&eacute;volutionne le petit monde de l&rsquo;&eacute;dition fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/quand-francois-bon-figure-122019" target="_blank">ici</a></p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;cran et le livre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article253" target="_blank">article 253</a>.</p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Publie.net&nbsp;: lettre aux auteurs&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1070" target="_blank">article 1070</a>.</p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a>&nbsp;Remue.net, Jean-Marie Barnaud,&nbsp; dans &laquo;&nbsp;Dix ans et &ccedil;a remue encore&nbsp;&raquo;, rubrique 248, article 2555.</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a>&nbsp;Remue.net, Jean-Michel Defromont dans&nbsp;<em>ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a>&nbsp;Mobile.twitter.com /fbon/status/185046809729708032, 16:52, mercredi 28 mars 2012.</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a>&nbsp;Paru dans le dossier &laquo;&nbsp;Litt&eacute;rature. L&rsquo;engagement aujourd&rsquo;hui&nbsp;&raquo;, coordonn&eacute; par Christophe Kantcheff,&nbsp;<em>Politis</em>, n&deg; 642, semaine du 15 au 21 mars 2001.</p> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a>&nbsp;C&rsquo;est nous qui soulignons.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;O&ugrave; en sont les pionniers du Net&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article=69" target="_blank">article 69</a>.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a>&nbsp;Valentin Burger,&nbsp;<em>Publie.net, un autre visage d&rsquo;internet</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 97</p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a>&nbsp;Gilles Bonnet,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 232-233.</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon cite &agrave; plusieurs reprises cette formule de Franz Kafka, reprise aussi en exergue de &laquo;&nbsp;l&rsquo;ours des remueurs et des remueuses&nbsp;&raquo; (remue.net, article 1846).</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>&nbsp;, p. 221.</p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Portrait de moi en perdu de l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo; dans&nbsp;<em>Tumulte</em>, Paris, Fayard, 2006, p. 231.</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3447" target="_blank">article 3447</a>.</p> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a>&nbsp;Selon Gallimard les droits d&rsquo;&eacute;dition de ce texte, tomb&eacute; dans le domaine public aux &Eacute;tats-Unis et au Canada, lui appartiennent. L&rsquo;&eacute;diteur demande &agrave; l&rsquo;&eacute;crivain des dommages et int&eacute;r&ecirc;ts pour l&rsquo;ensemble des copies vendues, soit 22 exemplaires. La diffusion constitue pour l&rsquo;&eacute;diteur un &laquo;&nbsp;acte de contrefa&ccedil;on&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;&Agrave; propos des blogs&nbsp;&raquo;, enqu&ecirc;te du&nbsp;<em>Magazine Litt&eacute;raire</em>,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article592" target="_blank">article 592</a>.</p> <p><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Vers un internet de litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;,<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article929" target="_blank">&nbsp;article 929</a>.</p> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Le livre sera homoth&eacute;tique (ou ne sera pas)&nbsp;&raquo;, article 2003.</p> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Pro | auteurs, contre l&rsquo;Etat voleur r&eacute;clamez vos droits&nbsp;!&nbsp;&raquo;, &nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3447" target="_blank">article 3447</a>.</p> <p><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a>&nbsp;St&eacute;phane Inkel, &laquo;&nbsp;Arch&eacute;ologie du politique chez Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>@nalyse</em>s, vol. 7, n&deg;1, hiver 2012,&nbsp;<a href="https://uottawa.scholarsportal.info/ojs/index.php/revue-analyses/article/view/385/298?id=1908" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a>&nbsp;Article paru dans&nbsp;<em>Politis</em>&nbsp;le 15 mars 2001&nbsp;:&nbsp;<a href="http://editions-verdier.fr/2014/03/20/politis-15-mars-2001-par-francois-bon/" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a>&nbsp;Laurent Demanze, &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon : un auteur au pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, compte-rendu de lecture de l&rsquo;ouvrage de Dominique Viart,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon, &Eacute;tude de l&rsquo;oeuvre</em>, Paris, Bordas, 2008, Acta fabula, revue des parutions, document 4569,&nbsp;<a href="http://www.fabula.org/revue/document4569.php" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;dimanche 3 blogs&nbsp;&raquo;, article 3506.</p> <p><a href="#_ftnref62" name="_ftn62">[62]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref63" name="_ftn63">[63]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Tiers Livre d&eacute;pouille &amp; cr&eacute;ation &mdash; le site web comme objet d&rsquo;&eacute;tude universitaire&nbsp;?&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3659" target="_blank">article 3659</a>.</p> <p><a href="#_ftnref64" name="_ftn64">[64]</a>&nbsp;Valentin Burger,&nbsp;<em>Publie.net, un autre visage de l&rsquo;Internet</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 100.</p> <p><a href="#_ftnref65" name="_ftn65">[65]</a>&nbsp;Alexandra Saemmer, &laquo;&nbsp;Auteurs en r&eacute;seau&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Portraits de l&rsquo;&eacute;crivain contemporain</em>, Jean-Fran&ccedil;ois Louette &amp;&nbsp;Roger-Yves Roche (dir.), Seyssel, Champ Vallon, 2003, p. 326.</p> <p><a href="#_ftnref66" name="_ftn66">[66]</a>&nbsp;Propos recueillis par V&eacute;ronique Anger-de Friberg le 01/09/2012 (par courriel)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Quand Fran&ccedil;ois Bon, figure incontournable de l&rsquo;&eacute;dition num&eacute;rique, r&eacute;volutionne le petit monde de l&rsquo;&eacute;dition fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;, en ligne&nbsp;<a href="http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/quand-francois-bon-figure-122019" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref67" name="_ftn67">[67]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref68" name="_ftn68">[68]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref69" name="_ftn69">[69]</a>&nbsp;Sur cette question on pourra consulter l&rsquo;article de Val&eacute;rie Beaudouin, &laquo;&nbsp;Trajectoires et r&eacute;seau des &eacute;crivains sur le Web, construction de la notori&eacute;t&eacute; et du march&eacute;&nbsp;&raquo;,&nbsp;&nbsp;<em>R&eacute;seaux</em>, La D&eacute;couverte, n&deg;175, mai 2012, p. 107-144.</p> <p><a href="#_ftnref70" name="_ftn70">[70]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;addendum 2 : le web, c&rsquo;est quand m&ecirc;me quelque chose&hellip;&nbsp;&raquo;, dans&nbsp; Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Il y a un an : Gallimard versus publie.net&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2788" target="_blank">article 2788</a>.</p> <p><a href="#_ftnref71" name="_ftn71">[71]</a>&nbsp;Philippe de Jonckheere, desordre.net, le bloc-notes du d&eacute;sordre, 2 d&eacute;cembre 2012.</p> <p><a href="#_ftnref72" name="_ftn72">[72]</a>&nbsp;C&rsquo;est-&agrave;-dire le montant des dommages et int&eacute;r&ecirc;ts demand&eacute;s par Gallimard, correspondant aux vingt-deux t&eacute;l&eacute;chargements de la traduction de Fran&ccedil;ois Bon.</p> <p><a href="#_ftnref73" name="_ftn73">[73]</a>&nbsp;Christophe Genin, &laquo; &ldquo;Culture num&eacute;rique&rdquo; : une contradiction dans les termes&nbsp;?&nbsp;&raquo;, communication pr&eacute;sent&eacute;e au colloque &laquo;&nbsp;Digital Culture and&nbsp;Heritage&nbsp;&raquo;, Haus der Kulturen der Welt, Berlin, 31 Ao&ucirc;t 2004-2 septembre 2004, en ligne&nbsp;<a href="http://www.archimuse.com/publishing/ichim04/0461_Genin.pdf" target="_blank">ici</a>&nbsp;(format pdf, p.&nbsp;17).</p> <p><a href="#_ftnref74" name="_ftn74">[74]</a>&nbsp;L&rsquo;expression est de Valentin Burger,&nbsp;<em>op. cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref75" name="_ftn75">[75]</a>&nbsp;Tiers Livre &laquo; Publie.net/lettre aux auteurs, 3&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1070" target="_blank">article 1070</a>.</p> <p><a href="#_ftnref76" name="_ftn76">[76]</a>&nbsp;Il s&rsquo;agit d&rsquo;offrir, en l&rsquo;&eacute;change d&rsquo;un abonnement annuel, l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une grande partie des productions litt&eacute;raires du temps, mais aussi &agrave; des feuilles de nouvelles et &agrave; des usuels (dictionnaires). Ces cabinets, ou clubs du livre, sont aussi des lieux de sociabilit&eacute; &agrave; la mani&egrave;re des salons culturels o&ugrave; les lecteurs se r&eacute;unissent autour d&rsquo;une biblioth&egrave;que pour discuter du livre et de son contenu.</p> <p><a href="#_ftnref77" name="_ftn77">[77]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;#WIP_ | t&eacute;l&eacute;chargement mode d&rsquo;emploi&nbsp;&raquo;, &nbsp;art. 3608.</p> <p><a href="#_ftnref78" name="_ftn78">[78]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;abonn&eacute;s, lancement de l&rsquo;espace WIP&nbsp;&raquo;, &nbsp;art. 3837.</p> <p><a href="#_ftnref79" name="_ftn79">[79]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>,<em>&nbsp;op. cit</em>., p. 202.</p> <p><a href="#_ftnref80" name="_ftn80">[80]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;D&eacute;pouille et cr&eacute;ation&nbsp;&raquo;, &nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3659" target="_blank">art. 3659</a>.</p> <p><a href="#_ftnref81" name="_ftn81">[81]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;la collection de nos noms de domaine constitue-t-elle un texte ?&nbsp;&raquo;, &nbsp;art. 2329.</p> <p><a href="#_ftnref82" name="_ftn82">[82]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref83" name="_ftn83">[83]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;[reprise] bruit de fond et cr&eacute;ation : blogs d&rsquo;&eacute;crivains&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article592" target="_blank">art. 592</a>.</p> <p><a href="#_ftnref84" name="_ftn84">[84]</a>&nbsp;Blog de Thierry Crouzet, &ldquo;comment un auteur peut-il exister en ligne ?&ldquo;, 17/11/2012.</p> <p><a href="#_ftnref85" name="_ftn85">[85]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;#WIP_ | t&eacute;l&eacute;chargement mode d&rsquo;emploi&nbsp;&raquo;, &nbsp;art. 3608.</p> <p><a href="#_ftnref86" name="_ftn86">[86]</a>&nbsp;Il emprunte ce mot &agrave; Gilles Deleuze.</p> <p><a href="#_ftnref87" name="_ftn87">[87]</a>&nbsp;&laquo; Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un auteur ? : cours d&rsquo;Antoine Compagnon&nbsp;&raquo; :<a href="http://www.fabula.org/compagnon/auteur.php" target="_blank">&nbsp;ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref88" name="_ftn88">[88]</a>&nbsp;Ugo Ruiz : &laquo;&nbsp;Ethos et blog d&rsquo;&eacute;crivain : le cas de L&rsquo;Autofictif d&rsquo;Eric Chevillard&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Contextes,&nbsp;</em>n&deg; 13, &laquo;&nbsp;L&rsquo;ethos en question&nbsp;&raquo;, 2013.</p> <p><a href="#_ftnref89" name="_ftn89">[89]</a>&nbsp;Dominique Viart, Fran&ccedil;ois Bon. &Eacute;tude de l&rsquo;&oelig;uvre, Paris, Bordas, coll. &laquo;&nbsp;&Eacute;crivains au pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, n&deg; 4, 2008, p. 8.</p> <p><a href="#_ftnref90" name="_ftn90">[90]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,<em>&nbsp;Le Solitaire</em>, Montolieu, Deyrolle, 1996, p. 23.</p> <p><a href="#_ftnref91" name="_ftn91">[91]</a>&nbsp;Dominique Viart,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon.&nbsp; &Eacute;tude de l&rsquo;&oelig;uvre</em>,&nbsp;<em>op. cit.,</em>&nbsp;p. 17.</p> <p><a href="#_ftnref92" name="_ftn92">[92]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Sortie d&rsquo;usine</em>, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1982, p. 165.</p> <p><a href="#_ftnref93" name="_ftn93">[93]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,<em>&nbsp;La Folie Rabelais</em>, Paris,&nbsp; &Eacute;ditions de Minuit, 1990. Citation plac&eacute;e par Gilles Bonnet en exergue de son ouvrage, &nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. D&rsquo;un monde en bascule</em>, Ch&ecirc;ne-Bourg, Editions La Baconni&egrave;re, 2011, p. 9.</p> <p><a href="#_ftnref94" name="_ftn94">[94]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Finalement, on appelle roman un livre parce que&hellip;&nbsp;&raquo;, entretien accord&eacute; &agrave; Sylvain Bourmeau, pour les Inrockuptibles,&nbsp; :<a href="http://www.tierslivre.net/livres/DW/inrocks.html" target="_blank">&nbsp;ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref95" name="_ftn95">[95]</a>&nbsp;On pourra lire &agrave; ce sujet l&rsquo;article de Mahigan Lepage, &laquo;&nbsp;<a href="http://hors-sol.net/revue/mahigan-lepage-la-machinerie-du-roman-1/" target="_blank">La machinerie du roman (<em>Daewoo&nbsp;</em>de Fran&ccedil;ois Bon)</a>&nbsp;&raquo;, revue hors-sol.net, 7 f&eacute;vrier 2012.</p> <p><a href="#_ftnref96" name="_ftn96">[96]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Daewoo</em>, Paris, Fayard, 2004, p. 9.</p> <p><a href="#_ftnref97" name="_ftn97">[97]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 199.</p> <p><a href="#_ftnref98" name="_ftn98">[98]</a>&nbsp;On peut, sur ce point, se reporter &agrave; l&rsquo;article de Christine J&eacute;rusalem, &laquo;&nbsp;Les m&eacute;caniques optiques de Fran&ccedil;ois Bon : l&rsquo;&eacute;crivain en photographe&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Traces photographiques, traces autobiographiques</em>, dir. Dani&egrave;le M&eacute;aux et Jean-Bernard Vray, publications de l&rsquo;Universit&eacute; de Saint-Etienne, 2004, p. 245.</p> <p><a href="#_ftnref99" name="_ftn99">[99]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;histoire de mes livres, s&eacute;rie&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3688" target="_blank">art. 3688</a>.</p> <p><a href="#_ftnref100" name="_ftn100">[100]</a>&nbsp;Melliandro Mendes Gallinari, &laquo;&nbsp;La &ldquo;clause auteur&rdquo; : l&rsquo;&eacute;crivain, l&rsquo;<em>ethos</em>&nbsp;et le discours litt&eacute;raire&nbsp;&raquo;,&nbsp;&nbsp;<em>Argumentation&nbsp;&sect;&nbsp;Analyse du Discours</em>,&nbsp; revue &eacute;lectronique du groupe ADARR, &laquo;&nbsp;Ethos discursif et image d&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;, 3/2009, aad.revues.org/663.</p> <p><a href="#_ftnref101" name="_ftn101">[101]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;abonn&eacute;s, lancement de l&rsquo;espace WIP&nbsp;&raquo;, &nbsp;art. 3837.</p> <p><a href="#_ftnref102" name="_ftn102">[102]</a>&nbsp;Pr&eacute;sentation g&eacute;n&eacute;rale de la maison d&rsquo;&eacute;dition publie.net :&nbsp;<a href="http://www.publie.net/la-maison-dedition/" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref103" name="_ftn103">[103]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo; si la litt&eacute;rature peut mordre encore&nbsp;&raquo;, art. 519.</p> <p><a href="#_ftnref104" name="_ftn104">[104]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 199.</p> <p><a href="#_ftnref105" name="_ftn105">[105]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon : La litt&eacute;rature est une construction r&eacute;trospective&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.magazine-litteraire.com/" target="_blank">www.magazine-litteraire.com</a>, 4/05/2012.</p> <p><a href="#_ftnref106" name="_ftn106">[106]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon, ultra-moderne &eacute;diteur : un entretien&nbsp;&raquo; par Emmanuel Tugny, Blogs.mediapart.fr, 23/01/2013.</p> <p><a href="#_ftnref107" name="_ftn107">[107]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;&laquo;&nbsp;de l&rsquo;auteur comme &eacute;cosyst&egrave;me&nbsp;&raquo;, art. 2227.</p> <p><a href="#_ftnref108" name="_ftn108">[108]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon, ultra-moderne &eacute;diteur : un entretien&nbsp;&raquo; art. cit.</p> <p><a href="#_ftnref109" name="_ftn109">[109]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;si la litt&eacute;rature peut mordre encore&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article519" target="_blank">art. 519</a>.</p> <p><a href="#_ftnref110" name="_ftn110">[110]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;de se peindre en bleu pour mourir&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2323" target="_blank">&nbsp;art. 2323</a>.</p> <p><a href="#_ftnref111" name="_ftn111">[111]</a>&nbsp;Blog de Thierry Crouzet, &ldquo;comment un auteur peut-il exister en ligne ?&ldquo;, 17/11/2012.</p> <p><a href="#_ftnref112" name="_ftn112">[112]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Tiers Livre :&nbsp;&ldquo;le th&eacute;&acirc;tre c&rsquo;est dedans&rdquo;&nbsp;&raquo;, article&nbsp;d&rsquo;Arnaud Ma&iuml;setti dans le pr&eacute;sent dossier :&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-1/3080-tiers-livre-le-theatre-c-est-dedans" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref113" name="_ftn113">[113]</a>&nbsp;Thierry Crouzet insiste lui-m&ecirc;me dans son blog sur l&rsquo; importance de choisir des titres percutants : &laquo;&nbsp;il faut soigner les titres. Comme ils capturent l&rsquo;attention, ne craignez pas de provoquer,&nbsp;&ldquo;Soyez un peu journaliste&ldquo;&nbsp;&raquo;,&nbsp;&ldquo;comment un auteur peut-il exister en ligne&nbsp;?&ldquo;, 17/11/2012.</p> <p><a href="#_ftnref114" name="_ftn114">[114]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo; l&rsquo;avenir du livre c&rsquo;est qu&rsquo;on pourra s&rsquo;en passer&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3736" target="_blank">art. 3736</a>.</p> <p><a href="#_ftnref115" name="_ftn115">[115]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;&laquo;&nbsp;l&rsquo;Internet comme fosse &agrave; bitume&nbsp;&raquo;,<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article749" target="_blank">&nbsp;art. 749</a>.</p> <p><a href="#_ftnref116" name="_ftn116">[116]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;auteurs &sect; droits num&eacute;riques : un r&eacute;sum&eacute;&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2017" target="_blank">art. 2017</a></p> <p><a href="#_ftnref117" name="_ftn117">[117]</a>&nbsp;Interview de Fran&ccedil;ois Bon par Laurent Martinet,&nbsp;&nbsp;&laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon : &laquo;&nbsp;On n&rsquo;a m&ecirc;me plus besoin du terme &lsquo;livre&rsquo;&nbsp;&raquo;, lexpress.fr, 17/03/2011.</p> <p><a href="#_ftnref118" name="_ftn118">[118]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;&laquo;&nbsp;#Berkeley&nbsp;&raquo;,<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3674" target="_blank">&nbsp;article 3674</a>.</p> <p><a href="#_ftnref119" name="_ftn119">[119]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;abonn&eacute;s, lancement de l&rsquo;espace WIP&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3837" target="_blank">art. 3837</a>.</p> <p><a href="#_ftnref120" name="_ftn120">[120]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;#WIP 5 | l&rsquo;abonnement &agrave; perp&eacute;tuit&eacute;, c&rsquo;est parti&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3898" target="_blank">art. 3898</a>.</p> <p><a href="#_ftnref121" name="_ftn121">[121]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;#WIP 4 | lentement mais s&ucirc;rement&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3884" target="_blank">art. 3884</a>.</p> <p><a href="#_ftnref122" name="_ftn122">[122]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;remerciements&nbsp;&raquo;, &agrave;peineperdue.fr, art. 6.</p> <p><a href="#_ftnref123" name="_ftn123">[123]</a>&nbsp;Arnaud Ma&iuml;setti,&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-1/3080-tiers-livre-le-theatre-c-est-dedans" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref124" name="_ftn124">[124]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;digression | ce que serait le site d&rsquo;une seule histoire&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3749" target="_blank">art. 3749</a>.</p> <p><a href="#_ftnref125" name="_ftn125">[125]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;&laquo;&nbsp;Tiers Livre d&eacute;pouille &sect; cr&eacute;ation &ndash; le site web comme objet d&rsquo;&eacute;tude universitaire&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3659" target="_blank">art. 3659</a>.</p> <p><a href="#_ftnref126" name="_ftn126">[126]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;&laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;cran et le livre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article253" target="_blank">art. 253</a>.</p> <p><a href="#_ftnref127" name="_ftn127">[127]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;&laquo;&nbsp;digression | ce que serait le site d&rsquo;une seule histoire&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3749" target="_blank">art. 3749</a>.</p> <p><a href="#_ftnref128" name="_ftn128">[128]</a>&nbsp;Mahigan Lepage,&nbsp;<em>le dernier des mahigan, travellings,&nbsp;</em>&laquo;&nbsp;le web comme cin&eacute;ma&nbsp;&raquo;, mahigan.ca, art. 485.</p> <p><a href="#_ftnref129" name="_ftn129">[129]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;si la litt&eacute;rature peut mordre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article519" target="_blank">art. 519</a>.</p> <p><a href="#_ftnref130" name="_ftn130">[130]</a>&nbsp;J&eacute;r&ocirc;me Garcin,&nbsp;<em>Le Nouvel Observateur</em>&nbsp;du 20/07/2012.</p> <p><a href="#_ftnref131" name="_ftn131">[131]</a>&nbsp;J&eacute;r&ocirc;me Garcin, &laquo;&nbsp;C&rsquo;est tout Bon&nbsp;&raquo;,&nbsp;&nbsp;<em>Le Nouvel Observateur</em>&nbsp;du 23/08/2012.</p> <p><a href="#_ftnref132" name="_ftn132">[132]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref133" name="_ftn133">[133]</a>&nbsp;Dominique Viart,&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois Bon. &Eacute;tude de l&rsquo;oeuvre</em>,<em>&nbsp;op. cit.</em>, p. 150.</p> <p><a href="#_ftnref134" name="_ftn134">[134]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;l&rsquo;avenir du livre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1009" target="_blank">art. 1009</a>.</p> <p><a href="#_ftnref135" name="_ftn135">[135]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>, &laquo;&nbsp;nous serions alors chacun l&rsquo;&eacute;crivain d&rsquo;un seul livre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>op.cit.</em>, p. 199.</p> <p><a href="#_ftnref136" name="_ftn136">[136]</a>&nbsp;Tiers Livre,&nbsp;&laquo;&nbsp;L&rsquo;Eclat contre Numilog : mauvaise pioche&nbsp;&raquo;, art. 1482.</p> <p><a href="#_ftnref137" name="_ftn137">[137]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>,<em>&nbsp;op.cit.</em>, p. 194.</p> <p><a href="#_ftnref138" name="_ftn138">[138]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Apr&egrave;s le livre | qu&rsquo;est-ce que je regarde quand j&rsquo;&eacute;cris ?&nbsp;&raquo;, art. 2392.</p> <p><a href="#_ftnref139" name="_ftn139">[139]</a><em>&nbsp;Une descente dans le Maelstr&ouml;m</em>, nouvelle d&rsquo;Edgar Poe publi&eacute;e en 1841 : Fran&ccedil;ois Bon l&rsquo;&eacute;voque &agrave; plusieurs reprises, notamment dans &laquo;&nbsp;reconnaissances &agrave; Edgar Poe&nbsp;&raquo;, &nbsp;art. 1315.</p> <p><a href="#_ftnref140" name="_ftn140">[140]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;petite tentative d&rsquo;autobiographie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, art. 3674.</p> <h3>Autrice</h3> <p><strong>Florence Th&eacute;rond&nbsp;</strong>est ma&icirc;tre de conf&eacute;rences en litt&eacute;rature g&eacute;n&eacute;rale et compar&eacute;e &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Montpellier Paul-Val&eacute;ry. Elle travaille sur&nbsp;l&rsquo;extr&ecirc;me contemporain et notamment sur la litt&eacute;rature num&eacute;rique. Elle anime au sein du RIRRA21 le programme &laquo;&nbsp;la litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;heure du num&eacute;rique : nouvelles pratiques, nouvelles postures&nbsp;&raquo;.</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>