<h3>Abstract</h3> <p>In this paper, we analyse the website Tiers Livre through a semiotical point of view. We underline the correspondences, echos and tensions that caracterize the relationships between formal and cultural writings in this website. The way tools and technical devices are at the heart of the study of the author, the way Fran&ccedil;ois Bon adresses his public and commits in his blog lead us to describe the author&rsquo;s&nbsp;<i>ethos</i>. The way his texts are written in his blog is analysed in depth as they reveal the tension between the&nbsp;<i>architext</i>&nbsp;and the way the author appropriates it. We consider Tiers Livre&nbsp;as a website in which the ethos of a humanistic author is renewed.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>writing, Tiers Livre, author, architext,&nbsp;editorial statement,&nbsp;screen writings</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Introduction<br /> &nbsp;</h2> <p>Cr&eacute;&eacute; d&egrave;s 1997, soit dans ce qui a constitu&eacute; une premi&egrave;re p&eacute;riode de l&rsquo;histoire d&rsquo;Internet &ndash; bien avant l&rsquo;&egrave;re des blogs et des outils facilitant la publication en ligne &ndash; le site personnel de Fran&ccedil;ois Bon a &eacute;t&eacute; l&rsquo;un des premiers sites d&rsquo;&eacute;crivains sur le web. En plus de quinze ann&eacute;es d&rsquo;existence, il a beaucoup &eacute;volu&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>, s&rsquo;est diversifi&eacute;, s&rsquo;est &eacute;tendu en volume comme dans son projet. Espace multim&eacute;diatique, &agrave; la fois atelier, laboratoire, &laquo;&nbsp;web magazine&nbsp;&raquo; et journal, Tiers Livre constitue une exp&eacute;rience polygraphique singuli&egrave;re et unique. Comme dispositif pluriel d&rsquo;&eacute;critures et de lectures, donnant &agrave; lire, &agrave; &eacute;couter, &agrave; regarder, Tiers Livre offre notamment une posture d&rsquo;auteur engag&eacute; dans une r&eacute;flexion profonde sur les mutations de l&rsquo;&eacute;crit en r&eacute;gime num&eacute;rique et sur les outils qui en composent le paysage &ndash; du moins est-ce l&agrave; l&rsquo;approche que nous d&eacute;velopperons ici. Le site illustre pleinement l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une &eacute;criture litt&eacute;raire qui bascule, d&rsquo;une culture scripturaire qui, dans l&rsquo;environnement num&eacute;rique se construit&nbsp;<em>&agrave; partir</em>&nbsp;des formes anciennes et cherche parall&egrave;lement l&rsquo;innovation formelle et esth&eacute;tique. D&rsquo;un point de vue s&eacute;miotique, Tiers Livre appara&icirc;t en effet comme un m&eacute;lange de couches s&eacute;diment&eacute;es, un feuilletage culturel de formes et de signes issus d&rsquo;une part de l&rsquo;histoire du livre et de l&rsquo;&eacute;crit, et d&rsquo;autre part de propositions qui auscultent toutes les formes en devenir, qui en sont l&rsquo;avant-garde tout autant que des manifestations de la distanciation avec laquelle il convient, pour Fran&ccedil;ois Bon, de les envisager.</p> <p>Nous aborderons ainsi le site en tant que mati&egrave;re textuelle &agrave; appr&eacute;hender, par les frottements, les alt&eacute;rations et les &eacute;chos qui en travaillent les formes, en proposant ici des hypoth&egrave;ses de lecture. Nous focaliserons d&rsquo;abord notre attention sur la dimension performative du dispositif, en ce que ce dernier&nbsp; illustre pleinement la r&eacute;flexion d&rsquo;un &eacute;crivain-&eacute;diteur&nbsp;<em>in medias res,&nbsp;</em>sur les mutations associ&eacute;es au num&eacute;rique. Le site est un espace de mise en forme et de mise en sc&egrave;ne de ces questionnements toujours repris &agrave; nouveaux frais, dans lequel Fran&ccedil;ois Bon place l&rsquo;outil d&rsquo;&eacute;criture au c&oelig;ur de sa po&eacute;tique et de son discours. Dans un second temps, nous analyserons la mani&egrave;re dont le site donne &agrave; voir un jeu d&rsquo;&eacute;critures entre celles qui proc&egrave;dent des outils techniques et des choix d&rsquo;ing&eacute;nierie informatique qui le soutiennent et&nbsp; celles qui rel&egrave;vent de l&rsquo;<em>ethos</em>&nbsp;num&eacute;rique d&rsquo;un &eacute;crivain : le texte d&rsquo;&eacute;cran se donne &agrave;&nbsp;<em>voir</em>&nbsp;en effet, dans le site, comme un espace de danse formelle, de n&eacute;gociation entre les formes pr&eacute;vues par l&rsquo;architexte et celles qui proc&egrave;dent d&rsquo;une marque &laquo; Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>La textualit&eacute; que le site de Fran&ccedil;ois Bon donne &agrave; appr&eacute;hender d&rsquo;un point de vue formel, logistique, s&eacute;miotique, communicationnel est ainsi pleinement nourrie d&rsquo;une r&eacute;flexion sur ce qui fait&nbsp;<em>texte</em>&nbsp;&agrave; l&rsquo;heure des pratiques massives de publication en ligne, des outils d&rsquo;&eacute;criture et de lecture industrialis&eacute;s, et des jeux de tensions entre des cultures diff&eacute;rentes qui affleurent dans les formes num&eacute;riques du texte. S&rsquo;affirme ainsi une pratique de la textualit&eacute; plus que jamais incarn&eacute;e, &eacute;paisse, ancr&eacute;e dans l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une &laquo;&nbsp;mat&eacute;rialit&eacute;&nbsp;au carr&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;&raquo; plut&ocirc;t que dans celle&nbsp;&ndash; fondatrice n&eacute;anmoins d&rsquo;une id&eacute;ologie de la communication pr&eacute;gnante et fortement circulante dans l&rsquo;espace social, de &laquo;&nbsp;d&eacute;mat&eacute;rialisation&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;. En creux se forge &eacute;galement un&nbsp;<em>ethos</em>&nbsp;auctorial qui se construit dans le rapport au num&eacute;rique, qui joue sur les diff&eacute;rentes images que peuvent lui renvoyer les m&eacute;dias et qui forge, &agrave; travers un site dense, en perp&eacute;tuel chantier, une image d&rsquo;auteur en mouvement, en acte.</p> <h2>1. Le Tiers Livre comme dispositif performatif<br /> &nbsp;</h2> <h3>1.1. Une pens&eacute;e active de l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale</h3> <p>La r&eacute;flexion que m&egrave;ne Fran&ccedil;ois Bon depuis des ann&eacute;es sur les outils de l&rsquo;&eacute;criture entre pleinement en r&eacute;sonance avec des travaux acad&eacute;miques qui, &agrave; la suite d&rsquo;un Roger Chartier&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;ou d&rsquo;un Donald Francis MacKenzie&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a> &ndash;&nbsp;envers lesquels l&rsquo;&eacute;crivain assume souvent sa dette&nbsp;&ndash; s&rsquo;emploient &agrave; penser ce que les formes font au sens, ou encore ce que les outils et supports d&rsquo;&eacute;criture et de lecture font &agrave; la textualit&eacute;. Les &eacute;crits d&rsquo;&eacute;cran&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;et les m&eacute;dias informatis&eacute;s sont &agrave; cet &eacute;gard particuli&egrave;rement prescripteurs dans la mesure o&ugrave; ils imposent des formes, des structures, des normes aux textes tout en en permettant l&rsquo;apparition &agrave; l&rsquo;&eacute;cran. Concr&egrave;tement, les logiciels de traitement de texte (Word, Open Office) sont des architextes&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>, tout comme un dispositif d&rsquo;&eacute;criture tel que Facebook, ou le syst&egrave;me de gestion de contenu Spip&nbsp; utilis&eacute; par Fran&ccedil;ois Bon dans Tiers Livre<em>.</em>&nbsp;&Agrave; ce titre, ils &nbsp;incarnent des figures d&eacute;finies et industrialis&eacute;es du texte, de l&rsquo;&eacute;criture et de la communication, dans leurs rapports avec la pens&eacute;e, la parole, l&rsquo;image, la m&eacute;moire&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>.</p> <p>Les exemples de la r&eacute;flexivit&eacute; de l&rsquo;&eacute;crivain sur ses outils d&rsquo;&eacute;criture sont multiples dans les textes pr&eacute;sents sur Tiers livre. Dans&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre,&nbsp;</em>Fran&ccedil;ois Bon &eacute;voque par exemple la tension qui existe entre la forme de texte encapsul&eacute;e dans l&rsquo;outil de&nbsp;<em>traitement de texte</em>, qui connote la page A4 et ses usages bureautiques, et la pratique d&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;un auteur&nbsp;: &laquo;&nbsp; Le d&eacute;clic, ici, c&rsquo;est qu&rsquo;est d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sent dans votre traitement de texte sa destination suppos&eacute;e, et qu&rsquo;elle prend pour norme la page photocopi&eacute;e, le document de bureau. Or ceci ne nous concerne plus, depuis longtemps&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo;. Tiers livre peut d&egrave;s lors &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute; comme un espace dans lequel l&rsquo;auteur tente de sortir des formes pr&eacute;format&eacute;es propos&eacute;es par ces outils, de l&rsquo;&eacute;nonciation architextuelle qu&rsquo;ils imposent, fond&eacute;e sur une certaine id&eacute;e de la communication &eacute;crite, et la naturalisant. Il s&rsquo;agit pour lui de composer avec des outils dont il conna&icirc;t les limites et les &laquo;&nbsp;pouvoirs exorbitants&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo; pour construire un environnement in&eacute;dit : &agrave; la fois laboratoire, &oelig;uvre en devenir, refuge, atelier. Un espace d&rsquo;&eacute;criture et de publication qui ne soit pas d&eacute;pendant des formes standardis&eacute;es, et moins encore des enjeux &eacute;conomiques et strat&eacute;giques li&eacute;s aux outils informatiques&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Ne pas d&eacute;pendre des autres, ou le moins possible : du jour au lendemain, il y a quelques mois, Google change le script de son moteur personnalis&eacute; de recherche par site, et le remplace par une version payante. Je m&rsquo;en acquitte et maintiens l&rsquo;outil, mais combien de sites ont liquid&eacute; &agrave; ce moment-l&agrave; leur propre fonction recherche&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&nbsp;?</p> </blockquote> <p>Fran&ccedil;ois Bon a une conscience pleinement aiguis&eacute;e quant aux multiples couches logicielles et architextuelles qui viennent composer, dans l&rsquo;espace de son site, une &eacute;nonciation &eacute;ditoriale&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;polyphonique et ajouter &agrave; sa voix, celles d&rsquo;autres acteurs aux forts pouvoirs symboliques et &eacute;conomiques.</p> <h3>1.2. Le num&eacute;rique comme comp&eacute;tence n&eacute;cessaire pour l&rsquo;auteur</h3> <p>Dans cette perspective, Fran&ccedil;ois Bon milite r&eacute;guli&egrave;rement pour la ma&icirc;trise des outils d&rsquo;&eacute;criture et de lecture, tout en reconnaissant le vertige num&eacute;rique qui nous emporte et dont nous ne connaissons pas les d&eacute;veloppements futurs.&nbsp; S&rsquo;il proclame qu&rsquo;il n&rsquo;est pas un &laquo; &eacute;picier du web &raquo;, en effet, il n&rsquo;en demeure pas moins un artisan majeur qui observe son outil, le met &agrave; distance, tout autant qu&rsquo;en creux de sa po&eacute;tique sur le web.</p> <p>D&rsquo;abord, au coeur de ce vertige, il invite les auteurs &agrave; penser les outils, &agrave; s&rsquo;approprier les formes et les formats qui en composent le paysage, sous peine d&rsquo;&ecirc;tre laiss&eacute;s de c&ocirc;t&eacute;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Un double mouvement : se saisir du &laquo;&nbsp;code&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est assurer notre libert&eacute; d&rsquo;auteur quant aux formes mat&eacute;rielles de ce qu&rsquo;on &eacute;crit, donc oui, approprions-nous le vocabulaire des flux et formats comme les auteurs de la Renaissance se sont saisis de la page imprim&eacute;e et de son vocabulaire, et de ce qu&rsquo;elle changeait &agrave; l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me du livre. Et du m&ecirc;me coup gardons &eacute;cart&nbsp;: on ne s&rsquo;&eacute;rigera pas plus sp&eacute;cialiste de l&rsquo;informatique qu&rsquo;on ne l&rsquo;est de l&rsquo;histoire de l&rsquo;&eacute;crit et du livre&nbsp;[&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>.</p> </blockquote> <p>Cette invitation peut du reste parfois prendre une forme provocante, comme lorsqu&rsquo;il brosse un portrait incisif des &laquo; &eacute;crivains imperturbables&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo; qui d&eacute;nigrent Internet, et l&rsquo;ensemble des outils informatis&eacute;s avec lesquels eux-m&ecirc;mes &eacute;crivent, mais qu&rsquo;ils m&eacute;prisent peu ou prou&nbsp;&ndash;&nbsp;la litt&eacute;rature se faisant n&eacute;cessairement&nbsp;<em>ailleurs</em>, et autrement.</p> <p>On le sait, Fran&ccedil;ois Bon proclame depuis de longues ann&eacute;es, l&rsquo;urgence pour les auteurs et artisans du web d&rsquo;acqu&eacute;rir une comp&eacute;tence num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>, au sens o&ugrave; l&rsquo;entend &eacute;galement Milad Doueihi&nbsp;: pourquoi les &eacute;crivains en seraient-ils exclus sinon en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; un imaginaire mythologique, obsol&egrave;te et d&eacute;sincarn&eacute;&nbsp;? Toute la difficult&eacute; r&eacute;side dans le fait qu&rsquo;il faut disposer d&rsquo;un minimum de savoir-faire et ne pas consid&eacute;rer que l&rsquo;&eacute;crivain (&laquo;&nbsp;H&eacute;&eacute;&eacute;crivain &raquo;, comme il l&rsquo;&eacute;crit&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3659" target="_blank">par ailleurs</a>) se salit les mains &agrave; envisager les probl&eacute;matiques li&eacute;es au r&eacute;f&eacute;rencement&nbsp; de son site ou &agrave; s&rsquo;astreindre &agrave; publier r&eacute;guli&egrave;rement sur ce m&eacute;dia&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Combien d&rsquo;auteurs nouvellement arriv&eacute;s sur blog ou site se d&eacute;couragent faute de la masse critique suffisante, qu&rsquo;on n&rsquo;obtient&nbsp;&ndash;&nbsp;aurait dit Julien Gracq&nbsp;&ndash;&nbsp;qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;anciennet&eacute;&nbsp;? ou faute de disposer d&rsquo;un minimum de savoir partag&eacute; sur la partie</p> </blockquote> <p>de leurs pages, et ce qu&rsquo;on doit y ins&eacute;rer pour un r&eacute;f&eacute;rencement transparent&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&nbsp;?</p> <p>L&rsquo;outil technique et les langages informatiques, dans Tiers Livre, sont d&egrave;s lors l&rsquo;objet d&rsquo;une po&eacute;tique en creux qui rompt avec toute image de l&rsquo;&eacute;crivain inspir&eacute;, sacralis&eacute; et d&eacute;tach&eacute; de toute mat&eacute;rialit&eacute; : r&eacute;gler son instrument de travail, l&rsquo;ordinateur, le traitement de texte est aussi n&eacute;cessaire, pour Fran&ccedil;ois Bon, que pour le pianiste d&rsquo;accorder son piano&nbsp;: &laquo;&nbsp;Et si le point de d&eacute;part, c&rsquo;&eacute;tait d&rsquo;abord ce qui nous pousse &agrave; &eacute;crire ? Pour le musicien, sortir l&rsquo;instrument de l&rsquo;&eacute;tui. Pour celui qui &eacute;crit : un logiciel, une machine&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>.&nbsp;&raquo; Ainsi peut-on lire, entre autres, une entr&eacute;e intitul&eacute;e &laquo; et vous, votre Mac, il carbure &agrave; quoi&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;?&nbsp;&raquo; (16 ao&ucirc;t 2012) dans laquelle il&nbsp; d&eacute;crit, une par une, toutes les ic&ocirc;nes qui composent son &laquo; bureau &raquo; &agrave; l&rsquo;&eacute;cran et l&rsquo;usage qu&rsquo;il fait de chacun de ces outils qui rel&egrave;vent globalement de la multiplicit&eacute; des gestes d&rsquo;&eacute;criture et de lecture composant la &laquo;&nbsp;lettrure&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;&raquo; en r&eacute;gime num&eacute;rique. Les commentaires des lecteurs font remonter des utilisations diff&eacute;rentes, des compl&eacute;ments d&rsquo;information et l&rsquo;ensemble compose le portrait d&rsquo;un auteur-artisan en prise avec le r&eacute;el, qui ouvre son laboratoire tout autant que sa caisse &agrave; outils. En outre, Tiers Livre rec&egrave;le de conseils techniques &agrave; l&rsquo;adresse des divers profils de lecteurs du site que l&rsquo;on suppose : chercheurs, auteurs, &eacute;crivains, artistes, m&eacute;tiers du livre, &eacute;tudiants, etc. Fran&ccedil;ois Bon se pose ici encore en utilisateur r&eacute;fl&eacute;chi d&rsquo;un ensemble d&rsquo;outils d&rsquo;&eacute;criture qui participent, en quelque sorte, dans l&rsquo;environnement num&eacute;rique de &laquo;&nbsp;l&rsquo;accastillage du texte&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>&nbsp;&raquo; qu&rsquo;&eacute;voquait Hubert Nyssen, &agrave; savoir tout le processus de toilettage, de mise en forme par lequel l&rsquo;&eacute;diteur transforme le texte de l&rsquo;auteur en livre. Car la particularit&eacute; d&rsquo;un dispositif comme Tiers Livre est aussi que le texte est d&eacute;j&agrave;, sur le site, un objet sp&eacute;cifique, toilett&eacute;, &eacute;ditorialis&eacute; par l&rsquo;&eacute;crivain lui-m&ecirc;me, fort de ses exp&eacute;riences d&rsquo;&eacute;diteur&nbsp;&ndash; associ&eacute;es notamment &agrave; Publie.net.</p> <p>D&egrave;s lors, les instruments d&rsquo;&eacute;criture et de lecture que sont les architextes sont mis au centre du dispositif d&rsquo;&eacute;criture et de publication lui-m&ecirc;me, comme objets &agrave; am&eacute;liorer, &agrave; penser, &agrave; mettre en perspective, mais aussi &agrave; incorporer dans l&rsquo;oeuvre m&ecirc;me, comme objets de po&eacute;tique. Ouvrir le &laquo;&nbsp;capot&nbsp;&raquo; de l&rsquo;ordinateur, de ses diverses couches informatiques et des logiciels qui interviennent dans l&rsquo;activit&eacute; d&rsquo;un auteur, c&rsquo;est aussi&nbsp;&ndash;&nbsp;et peut-&ecirc;tre avant tout&nbsp;&ndash; mettre ces architextes et les discours marketing qui les accompagnent &agrave; distance&nbsp;: inviter les auteurs &agrave; ma&icirc;triser ces outils revient &agrave; d&eacute;signer comme telles les strat&eacute;gies des ing&eacute;nieurs et commerciaux qui les construisent dans l&rsquo;imaginaire social et &agrave; en formuler les enjeux politiques et id&eacute;ologiques. D&rsquo;autant que nombre d&rsquo;outils d&rsquo;&eacute;criture sont adress&eacute;s d&rsquo;un point de vue marketing explicitement aux &eacute;crivains en leur promettant une cr&eacute;ativit&eacute; renouvel&eacute;e, en forgeant l&rsquo;id&eacute;e non plus d&rsquo;un&nbsp;<em>auteur-m&eacute;dium</em>&nbsp;d&rsquo;une inspiration ext&eacute;rieure, mais d&rsquo;un&nbsp;<em>m&eacute;dium-auteur</em>, en somme d&rsquo;une technologie garante d&rsquo;inspiration&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>. On ne s&rsquo;&eacute;tonnera pas par cons&eacute;quent que la photographie&nbsp;&ndash; au m&ecirc;me titre que le contenu des articles sur Tiers Livre, en compl&eacute;ment des romans de Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;&ndash; vienne c&eacute;l&eacute;brer discr&egrave;tement l&rsquo;outil dans une s&eacute;rie intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Histoire de mes livres&nbsp;&raquo;, et que le pied &agrave; coulisse de son p&egrave;re serve moins d&rsquo;indicateur d&rsquo;&eacute;chelle que d&rsquo;objet symbolique et biographique&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>. L&rsquo;enjeu l&agrave; est important dans la mesure o&ugrave; il contrebalance toute une tradition mythologique de l&rsquo;&eacute;crivain pour lequel l&rsquo;instrument d&rsquo;&eacute;criture (plume, stylo, machine &agrave; &eacute;crire, ordinateur) peut &eacute;ventuellement constituer un f&eacute;tiche&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;quant au processus qu&rsquo;il met en jeu, mais n&rsquo;est pas l&rsquo;adjuvant de l&rsquo;inspiration.</p> <p>Dans cette perspective, Tiers Livre est un dispositif performatif, un site porte voix et un atelier qui donne &agrave; voir&nbsp;<em>l&rsquo;&eacute;crivain outill&eacute;</em>&nbsp;tout autant que&nbsp;<em>l&rsquo;&eacute;criture accastill&eacute;e</em>. Fran&ccedil;ois Bon y montre comment les outils prescrivent des formes sp&eacute;cifiques qu&rsquo;il convient de ma&icirc;triser et qui sont d&rsquo;autant plus pr&eacute;gnantes qu&rsquo;elles sont peu ou prou invisibles et de surcro&icirc;t naturalis&eacute;es. Au c&oelig;ur des processus d&rsquo;industrialisation du texte qui caract&eacute;risent les m&eacute;dias informatis&eacute;s et l&rsquo;environnement num&eacute;rique, c&rsquo;est plus que jamais le portrait de l&rsquo;&eacute;crivain comme&nbsp;<em>artisan</em>&nbsp;qu&rsquo;il brosse. Mieux, la monstration et la mise &agrave; distance des outils devient dans cette approche une condition de l&rsquo;auctorialit&eacute;. S&rsquo;affirme l&agrave;, en tout &eacute;tat de cause, une posture d&rsquo;auteur&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;forte, une identit&eacute; auctoriale fond&eacute;e sur l&rsquo;exhibition et la mise &agrave; disposition des outils, l&rsquo;ouverture de l&rsquo;atelier et le rejet affirm&eacute; de l&rsquo;image d&rsquo;Epinal d&rsquo;&eacute;crivain en chambre&nbsp;&ndash; il n&rsquo;est que de songer aux multiples prises de position de l&rsquo;auteur dans le champ &eacute;ditorial, &agrave; son intense activit&eacute; en ateliers d&rsquo;&eacute;criture, &agrave; sa pratique de l&rsquo;enseignement, etc.</p> <p>Parall&egrave;lement &agrave; cette monstration de l&rsquo;outil d&rsquo;&eacute;criture sur Tiers Livre, il faut aborder &agrave; pr&eacute;sent les modalit&eacute;s selon lesquelles&nbsp;<em>l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;outil</em>&nbsp;<em>architextuel</em>&nbsp;est travaill&eacute;e, de l&rsquo;int&eacute;rieur, par l&rsquo;auteur. Fran&ccedil;ois Bon utilise en effet les formes propres &agrave; l&rsquo;outil informatique pour composer des pages qui, visuellement et s&eacute;miotiquement se situent &agrave; la crois&eacute;e de plusieurs cultures : celle h&eacute;rit&eacute;e de l&rsquo;imprim&eacute;, celle du livre et celle d&rsquo;<em>apr&egrave;s</em>&nbsp;le livre. Les pages de Tiers Livre donnent ainsi &agrave; voir une po&eacute;tique formelle de l&rsquo;outil num&eacute;rique tout en affirmant une identit&eacute; d&rsquo;&eacute;crivain forte.</p> <h2>2. Le site comme jeu d&rsquo;&eacute;critures ou le texte &agrave; la crois&eacute;e des chemins<br /> &nbsp;</h2> <p>Le discours auctorial pr&eacute;sent sur Tiers Livre assume, nous l&rsquo;avons vu, une posture d&rsquo;auteur qui d&eacute;fend la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une comp&eacute;tence num&eacute;rique pour les &eacute;crivains et de l&rsquo;engagement plein dans un humanisme num&eacute;rique. Qu&rsquo;en est-il &agrave; pr&eacute;sent de l&rsquo;image du texte donn&eacute; &agrave; lire&nbsp;: quelles formes, quels h&eacute;ritages se laissent saisir dans la mati&egrave;re textuelle&nbsp;? L&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me visuel et graphique du site donne &agrave; voir nous semble-t-il en permanence une confrontation d&rsquo;&eacute;critures vari&eacute;es : les formes textuelles issues de l&rsquo;imprim&eacute; dansent avec les formes propres au num&eacute;rique, tandis que les standards propos&eacute;s par l&rsquo;architexte sont soumis au&nbsp;<em>travail</em>&nbsp;de Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;<em>accastilleur</em>. Tiers Livre constitue ainsi un texte d&rsquo;&eacute;cran polyphonique, complexe, feuillet&eacute; de diverses couches culturelles, dans lesquelles les &eacute;nonciations et les &eacute;critures jouent, s&rsquo;accordent ou rentrent en tension.</p> <h3>2.1.&nbsp;Jeu d&rsquo;&eacute;critures entre le livre et son apr&egrave;s, entre les cultures du texte</h3> <p>Spip est utilis&eacute; par de multiples internautes pour composer des pages web et offrir des contenus tr&egrave;s divers. Cependant, une fois n&rsquo;est pas coutume, l&rsquo;architexte encapsule des formes qui correspondent &agrave; une certaine id&eacute;e de la communication &eacute;crite et des pratiques de lecture des internautes. O&ugrave; se situe d&egrave;s lors la marque de l&rsquo;&eacute;crivain dans ce type d&rsquo;environnement logistique qui rel&egrave;ve parfois trop du &laquo;&nbsp;moule &agrave; texte&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;&raquo;, mais qui n&rsquo;en demeure pas moins pr&eacute;gnante dans plusieurs des sites qu&rsquo;il a cr&eacute;&eacute;s&nbsp;? N&rsquo;y a-t-il pas en effet une forme commune perceptible &agrave; des sites comme Tiers Livre, Nerval.fr, Lovecraftmonument.com<em>&nbsp;</em>?</p> <h4>2.1.1. Un site d&rsquo;&eacute;crivain</h4> <p>S&rsquo;il s&rsquo;agit pour l&rsquo;&eacute;crivain de s&rsquo;emparer de ces outils d&rsquo;&eacute;criture, de publication, de r&eacute;f&eacute;rencement et de visibilit&eacute; pour d&eacute;fendre sa position et sa pratique litt&eacute;raire dans un environnement complexe, on peut se demander dans quelle mesure l&rsquo;approche d&rsquo;un Fran&ccedil;ois Bon se distingue de celle d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;auteurs&nbsp;&raquo; aux pratiques communicationnelles et m&eacute;diatiques qui ne s&rsquo;inscrivent pas n&eacute;cessairement dans une vis&eacute;e esth&eacute;tique ou litt&eacute;raire. En d&rsquo;autres termes, par rapport &agrave; une fonction-auteur d&eacute;voy&eacute;e, g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e &agrave; travers les blogs, les syst&egrave;mes de gestion de contenu, et automatis&eacute;e par les architextes eux-m&ecirc;mes&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>, qu&rsquo;est-ce qui le signale, sur le plan s&eacute;miotique et visuel comme proc&eacute;dant d&rsquo;un &eacute;crivain, dans l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale&nbsp;? &Eacute;tienne Candel et Gustavo Gomez-Mejia identifient deux marqueurs du livresque et de la litt&eacute;rature&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>&nbsp;sur le site&nbsp;: d&rsquo;une part l&rsquo;utilisation des italiques, qui renvoie &agrave; un usage de la langue que l&rsquo;on peut qualifier de litt&eacute;raire, reposant sur des &laquo;&nbsp;effets de sens&nbsp;&raquo; riches&nbsp;; d&rsquo;autre part le recours &agrave; une police &agrave; empattements pour le corps des articles (le Garamond notamment) qui s&rsquo;inscrit dans les pratiques &eacute;ditoriales classiques et lettr&eacute;es. &Agrave; l&rsquo;inverse, on rel&egrave;vera que la police sans serif (Museo Sans) utilis&eacute;e notamment pour les titres, connote quant &agrave; elle davantage un environnement informatique et num&eacute;rique. En creux de ces jeux typographiques s&rsquo;affirme encore cette posture d&rsquo;auteur assumant un h&eacute;ritage classique tout comme des engagements sans cesse renouvel&eacute;s dans le contemporain de l&rsquo;auteur et de ses fonctions.</p> <p>&Agrave; observer de pr&egrave;s la mise en forme de chaque article, il convient d&rsquo;&eacute;voquer deux indices suppl&eacute;mentaires qui concourent &agrave; le d&eacute;tacher discr&egrave;tement et &agrave; le d&eacute;gager de tout usage bureautique simplement trivial. En effet, le mince filet noir vertical qui s&eacute;pare le texte des articles de la marge gauche (contenant des titres de rubriques) le signale comme espace textuel &eacute;ditorialis&eacute;, renvoyant aux pratiques &eacute;ditoriales d&rsquo;organisation d&rsquo;une maquette. Plus encore, il instaure une dynamique de lecture en relevant d&rsquo;une forme de&nbsp;<em>dispositio</em>&nbsp;visuelle, pragmatique et proc&egrave;de des traditionnelles fonctions partitives et relatives du cadre&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>. Ensuite,&nbsp; le fond d&rsquo;&eacute;cran de couleur l&eacute;g&egrave;rement ros&eacute;e&nbsp;&ndash; en r&eacute;f&eacute;rence l&agrave; encore aux pratiques &eacute;ditoriales optimisant le contraste texte/caract&egrave;res pour la lecture&nbsp;&ndash; manifeste une culture du texte, comme objet &agrave; accastiller pour le rendre&nbsp;<em>lisible</em>. En outre, cette couleur connote l&rsquo;univers associ&eacute; aux papiers nobles tels que ceux de la collection La Pl&eacute;iade. Ces deux marqueurs cr&eacute;ent ainsi un espace visuel de lecture qui renvoie &agrave; la page issue de l&rsquo;histoire de l&rsquo;imprim&eacute; tant la mat&eacute;rialit&eacute; du texte ainsi mis en forme transf&egrave;re &laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;&eacute;cran [&hellip;] la litt&eacute;rarit&eacute; comme connotation&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp;&raquo;. &Agrave; travers cette mise en espace du texte, si discr&egrave;te soit-elle, s&rsquo;impose, une fois de plus l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale comme un &eacute;l&eacute;ment majeur de l&rsquo;&eacute;nonciation auctoriale. On retrouve dans cette facture en d&eacute;finitive assez classique des articles qui composent le site une sobri&eacute;t&eacute; toute&nbsp;livresque, humaniste et litt&eacute;raire, qui renvoie &agrave; l&rsquo;&eacute;pure du codex imprim&eacute; et &agrave; l&rsquo;id&eacute;e que le travail de l&rsquo;&eacute;crivain se joue&nbsp;<em>dans</em>&nbsp;la page. Cette litt&eacute;rarit&eacute; connot&eacute;e &agrave; travers la mise en sc&egrave;ne et la maquette de la&nbsp; page-&eacute;cran s&rsquo;oppose &agrave; des formes plus tabulaires, plus fr&eacute;quentes&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>, et renvoyant davantage &agrave; des contenus informationnels et m&eacute;diatiques.</p> <h4>2.1.2. L&rsquo;hypertexte comme &laquo; grammaire narrative &raquo; pour l&rsquo;&eacute;crivain</h4> <p>Pour autant, d&egrave;s la page d&rsquo;accueil se m&ecirc;lent les cultures : celle-ci se donne apparemment &agrave; lire comme une maquette de presse, privil&eacute;giant les listes, organis&eacute;e en rubriques et sous-rubriques et parcourue de bandes horizontales qui viennent scander la verticalit&eacute; de la page et renforcer la s&eacute;miotique visuelle de l&rsquo;organisation, sa&nbsp;<em>raison graphique&nbsp;</em><a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>. Or, &agrave; la scruter, on sent percer davantage la culture num&eacute;rique et les pratiques qu&rsquo;autorise l&rsquo;hypertexte dans la mesure o&ugrave; celles-ci vont permettre &agrave; l&rsquo;&eacute;crivain des associations, des rapprochements qui vont au-del&agrave; de la page per&ccedil;ue comme entit&eacute; singuli&egrave;re. Cette &eacute;criture qui fonctionne comme chambre d&rsquo;&eacute;chos en creux de la page caract&eacute;rise certaines pratiques d&rsquo;&eacute;crivains, par opposition notamment aux usages massifs du blog comme simple dispositif &eacute;ditorial d&rsquo;empilement des articles&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>. Comme le rappelle Christian Vandendorpe&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Proust concevait son &oelig;uvre comme une cath&eacute;drale, soit un espace &agrave; trois dimensions o&ugrave; tous les &eacute;l&eacute;ments sont organiquement reli&eacute;s et se r&eacute;pondent dans des symbolismes complexes. Fondamentalement, tout &eacute;crivain vise &agrave; cr&eacute;er dans l&rsquo;esprit du lecteur un r&eacute;seau &ndash; hypertextuel avant la lettre, o&ugrave; se r&eacute;pondent des dizaines, voire des milliers, d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.</p> </blockquote> <p>Ce r&eacute;seau de correspondances constitutive de l&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire trouve ainsi dans la technicit&eacute; de l&rsquo;hypertexte le moyen de favoriser des circulations in&eacute;dites, voire de cr&eacute;er une litt&eacute;rature proprement num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>.</p> <p>La mati&egrave;re m&ecirc;me du contenu de la page d&rsquo;accueil de Tiers Livre, les voies de traverse&nbsp; m&eacute;nag&eacute;es d&eacute;ploient une organisation de l&rsquo;hypertextualit&eacute;, de la bifurcation, de la redondance aussi parfois. Fran&ccedil;ois Bon &eacute;crit &agrave; cet &eacute;gard&nbsp;: &laquo; Pour qui fait d&rsquo;un site Web son chantier principal d&rsquo;&eacute;criture, la proposition de circulation qu&rsquo;on y induit est un des &eacute;l&eacute;ments principaux de la grammaire narrative&nbsp;&ndash; et plus rien de lin&eacute;aire comme dans l&rsquo;ancienne &laquo;&nbsp;table des mati&egrave;res&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>&nbsp;&raquo;. La dimension tabulaire de la page d&rsquo;accueil rentre ainsi en tension avec les chemins d&rsquo;acc&egrave;s et de navigation pr&eacute;vus par l&rsquo;auteur, sans cesse mouvants et r&eacute;invent&eacute;s. De fait, Fran&ccedil;ois Bon s&rsquo;emploie &agrave; d&eacute;jouer toute lin&eacute;arit&eacute; dans le processus de lecture&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Le site Web ne comporte pas en lui-m&ecirc;me d&rsquo;architecture, puisqu&rsquo;&agrave; chaque moment on peut modifier son arborescence, r&eacute;organiser des rubriques, et qu&rsquo;il ne se donne jamais en entier, n&rsquo;ayant pas d&rsquo;&eacute;paisseur. Il n&rsquo;est lisible et il n&rsquo;est forme qu&rsquo;en tant que mouvement, circulation, navigation&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;hypertexte devient donc l&rsquo;outil d&rsquo;une &eacute;conomie &eacute;ditoriale et narrative qui conduit le lecteur &agrave; accepter de se perdre, non pas dans un d&eacute;dale, mais dans un espace vivant qui favorise les &eacute;chos en s&eacute;rie et la s&eacute;rendipit&eacute;.</p> <h4>2.1.3. L&rsquo;outil mis en abyme, la po&eacute;tique de l&rsquo;<em>underscore</em>&nbsp;et de la&nbsp;<em>pipe</em></h4> <p>Si l&rsquo;architexte organise et pr&eacute;suppose des formes sp&eacute;cifiques, l&rsquo;identit&eacute; visuelle des pages web cr&eacute;&eacute;es par Fran&ccedil;ois Bon se singularise aussi par l&rsquo;utilisation de certains signes typographiques dans des usages qui lui sont propres &ndash; m&ecirc;me s&rsquo;ils ont pu &ecirc;tre repris ailleurs. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;&eacute;nonciation auctoriale se laisse saisir, entre autres, &agrave; travers la formulation s&eacute;miotique des titres des articles qui font en effet intervenir deux types de signes que nous allons &eacute;voquer successivement.</p> <p>D&rsquo;abord, l&rsquo;<em>underscore</em>, &eacute;galement appel&eacute; en typographie &laquo;&nbsp;tiret bas&nbsp;&raquo;, est un caract&egrave;re typographique introduit au d&eacute;part sur les machines &agrave; &eacute;crire pour souligner les mots, en le pla&ccedil;ant par-dessus les caract&egrave;res d&eacute;j&agrave; tap&eacute;s. Il est aussi souvent utilis&eacute; en informatique pour remplacer les espaces. Sur Tiers Livre, l&rsquo;<em>underscore</em>&nbsp;est utilis&eacute; de plusieurs mani&egrave;res: il permet de relier les mots-clefs entre eux dans la liste de termes autorisant les recherches th&eacute;matiques&nbsp;; il est employ&eacute; comme&nbsp; puce&nbsp; typographique pour identifier un titre d&rsquo;article dans une liste d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments (voir doc. 1)&nbsp;; il sert enfin &agrave; apparier, dans les sommaires, la vignette image avec le titre d&rsquo;article aff&eacute;rent (voir doc. 2).</p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/1.jpg"><img alt="Doc. 1 – Utilisations de l’underscore et de la barre verticale sur les pages du Tiers Livre." loading="lazy" sizes="(max-width: 1957px) 100vw, 1957px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/1-e1434044765266.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/1-e1434044765266.jpg 1391w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/1-e1434044765266-300x194.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/1-e1434044765266-1024x662.jpg 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/1-e1434044765266-810x524.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/1-e1434044765266-1140x737.jpg 1140w" style="width: 1957px; height: 1266px;" /></a></p> <p><small>Doc. 1&nbsp;&ndash; Utilisations de l&rsquo;<em>underscore</em>&nbsp;et de la barre verticale sur les pages du Tiers Livre.</small></p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/2.jpg"><img alt="Doc. 2 – Poétique de la titraille, entre underscore et pipe." loading="lazy" sizes="(max-width: 1919px) 100vw, 1919px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/2-e1434044916492.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/2-e1434044916492.jpg 1383w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/2-e1434044916492-300x195.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/2-e1434044916492-1024x666.jpg 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/2-e1434044916492-810x527.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/2-e1434044916492-1140x742.jpg 1140w" style="width: 1919px; height: 1249px;" /></a></p> <p><small>Doc.&nbsp;2 &ndash; Po&eacute;tique de la titraille, entre&nbsp;<em>underscore</em>&nbsp;et&nbsp;<em>pipe</em>.</small></p> <p>Cette s&eacute;miotique de la titraille met ainsi en &eacute;vidence les liens entretenus entre les &eacute;l&eacute;ments reli&eacute;s (les mots-clefs entre eux, l&rsquo;image et le titre), les rapports d&rsquo;appartenance. Au sein d&rsquo;un un site dense, foisonnant, vertigineux parfois, l&rsquo;&eacute;nonciation auctoriale r&eacute;introduit les jonctions et&nbsp;<em>compose</em>&nbsp;l&rsquo;hypertexte pour que se donnent &agrave;&nbsp;<em>voir</em>, d&egrave;s la page d&rsquo;accueil, certains des jeux de correspondances am&eacute;nag&eacute;s par l&rsquo;auteur. Fran&ccedil;ois Bon fait l&agrave; encore la liaison entre des pratiques issues de l&rsquo;imprim&eacute;&nbsp;&ndash; celles notamment d&rsquo;un outil d&rsquo;&eacute;criture associ&eacute; au travail de l&rsquo;&eacute;crivain, la machine &agrave; &eacute;crire&nbsp;&ndash; et les pratiques informatiques d&rsquo;&eacute;criture, en perp&eacute;tuelle innovation. Sur Tiers Livre, le tiret bas connote l&rsquo;&eacute;criture num&eacute;rique et la mise en relation, la circulation dans un texte feuillet&eacute; et vaste &ndash; celui du site dans toute sa complexit&eacute;.</p> <p>Ensuite, on peut relever l&rsquo;utilisation de barres verticales pour s&eacute;parer les grandes rubriques annonc&eacute;es dans le coin gauche sup&eacute;rieur de la page d&rsquo;accueil, mais aussi dans le libell&eacute; des titres des articles&nbsp;: la&nbsp;<em>pipe&nbsp;</em>reliant ainsi le fragment &agrave; la s&eacute;rie &agrave; laquelle il appartient. Cette barre verticale, utilis&eacute;e comme sur-rubrique, donc comme &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;organisation visuelle et rh&eacute;torique de la page, renvoie &eacute;galement &agrave; l&rsquo;&eacute;criture informatique et aux outils syntaxiques des d&eacute;veloppeurs.</p> <p>Ces signes typographiques, d&eacute;tourn&eacute;s de leur fonction syntaxique dans le code informatique viennent habiter la page de l&rsquo;auteur, hybridant des marqueurs forts de l&rsquo;imprim&eacute; et d&rsquo;autres modalit&eacute;s de textualisation. Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;<em>fait jouer</em>&nbsp;ensemble les signes, les codes et les cultures auxquelles ils sont commun&eacute;ment associ&eacute;s pour proposer un texte nourri de plusieurs &eacute;critures, un texte travaill&eacute;&nbsp;&ndash; de l&rsquo;int&eacute;rieur comme en surface&nbsp;&ndash; par des couches d&rsquo;&eacute;criture et des m&eacute;diations diff&eacute;rentes, un texte fondamentalement dialogique. L&rsquo;image du texte &agrave; l&rsquo;&eacute;cran livre ainsi une po&eacute;tique polyphonie du signe typographique dans un jeu d&rsquo;&eacute;chos entre les imaginaires.</p> <h3>2.2. Jeux d&rsquo;&eacute;critures entre l&rsquo;architexte et la marque de l&rsquo;&eacute;crivain</h3> <p>Comme outil de publication pr&eacute;format&eacute;, tout architexte prescrit des formes graphiques, &eacute;ditoriales, avec lesquelles l&rsquo;auteur doit&nbsp;<em>composer.</em>&nbsp;Les pratiques les plus courantes des syst&egrave;mes de gestion de contenus ne modifient gu&egrave;re les standards de l&rsquo;architexte pr&eacute;cis&eacute;ment parce que ces derniers permettent de publier des contenus assez simplement. Tiers Livre est un espace o&ugrave; cette n&eacute;gociation entre des formes pr&eacute;vues, standardis&eacute;es et d&rsquo;autres plus personnelles, se laisse saisir dans l&rsquo;image du texte d&rsquo;&eacute;cran. De fait, ce jeu d&rsquo;&eacute;critures appara&icirc;t aussi dans d&rsquo;autres sites r&eacute;alis&eacute;s par Fran&ccedil;ois Bon (tels que Nerval.fr, Lovecraftunlimited, &agrave; travers une architecture similaire et &eacute;ventuellement des usages typographiques communs), ou dans&nbsp; des sites et collectifs proches de l&rsquo;auteur tels que Remue.net, le site de l&rsquo;&eacute;crivain S&eacute;bastien Rongier, etc. Cette tension entre prescription formelle de l&rsquo;architexte et &eacute;ditorialisation de l&rsquo;auteur est particuli&egrave;rement patente sur Tiers Livre &agrave; travers plusieurs &eacute;l&eacute;ments que nous allons envisager &agrave; pr&eacute;sent.</p> <h4>2.2.1. Signature d&rsquo;auteur&nbsp;<em>vs</em>&nbsp;signature d&rsquo;article</h4> <p>Dans tout dispositif num&eacute;rique de type CMS construit via des architextes, au bas de chaque article, on trouve g&eacute;n&eacute;ralement une mention syst&eacute;matique du nom ou du pseudonyme de l&rsquo;auteur associ&eacute; &agrave; une date de publication. Sur Tiers Livre, chaque &laquo;&nbsp;page&nbsp;&raquo; consacr&eacute;e &agrave; un article est ainsi d&eacute;coup&eacute;e, entre autres, en deux espaces distincts&nbsp;: celui du texte et celui d&eacute;volu &agrave; la signature. Situ&eacute;e au dessous du texte, selon les protocoles r&eacute;dactionnels classiques, le bloc signature vient clore l&rsquo;article et se singulariser par sa mise en forme (un bloc &agrave; la typographie sans empattements, en italique, align&eacute; sur la marge droite du texte), comme un &eacute;l&eacute;ment du p&eacute;ritexte.</p> <p>Dans une premi&egrave;re formulation&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;de cet ensemble que forme la signature donc, sous chaque article du site, figuraient deux types d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s compl&eacute;mentaires r&eacute;partis sur quatre lignes qui illustraient bien cette mise en tension des &eacute;critures et des &eacute;nonciations : la signature d&rsquo;auteur et la signature d&rsquo;article, la seconde int&eacute;grant la premi&egrave;re (voir doc.&nbsp;3).</p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/3-e1434045156705.jpg"><img alt="Doc. 3 – Le bloc signature dans une première version." loading="lazy" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/3-e1434045079432-300x148.jpg" style="width: 300px; height: 148px;" /></a></p> <p><small>Doc.&nbsp;3 &ndash; Le bloc signature dans une premi&egrave;re version.</small></p> <p>La signature d&rsquo;auteur, premi&egrave;re ligne du bloc signature &eacute;tait exprim&eacute;e ainsi: &laquo;&nbsp;&eacute;crit ou propos&eacute; par&nbsp;: _Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;&raquo;. Ces deux parties de la mention &eacute;taient articul&eacute;es par un tiret bas, qui pr&eacute;c&eacute;dait le nom &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;&raquo;.&nbsp; Car &laquo;&nbsp;_ Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas &eacute;quivalent &agrave; &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;&raquo;&nbsp;: l&rsquo;auteur du site est distingu&eacute; de son identit&eacute; civile, l&rsquo;&eacute;nonciation auctoriale ainsi s&eacute;par&eacute;e de toute autre forme de prise de parole. En d&rsquo;autres termes, &agrave; travers ce choix de l&rsquo;<em>underscore</em>&nbsp;dans la signature, c&rsquo;est, en toute hypoth&egrave;se, l&rsquo;engagement de l&rsquo;auteur comme responsable de son texte, comme construisant son&nbsp;<em>ethos</em>&nbsp;qui se donne &agrave; voir jusque dans le r&eacute;gime (typo)graphique. Le choix de ce signe cristallise l&rsquo;ensemble d&rsquo;une d&eacute;marche originale, le tiret bas remplissant plusieurs fonctions. D&rsquo;une part, il souligne le nom de l&rsquo;auteur, au sens propre, comme dans les pratiques associ&eacute;es &agrave; la machine &agrave; &eacute;crire o&ugrave; le tiret bas &eacute;tait un caract&egrave;re de soulignement. Par cette connotation d&rsquo;insistance, cette saillance, il se donne comme signe d&rsquo;autorit&eacute;, au sens plein du terme. D&rsquo;autre part, il lie le texte et son auteur : le tiret bas fait office de lien ici entre la fin de l&rsquo;article et sa signature, l&rsquo;un &eacute;tant indissociable de l&rsquo;autre. En somme, l&rsquo;<em>underscore</em>&nbsp;attach&eacute; au nom sous la forme d&rsquo;un pr&eacute;fixe exprime l&rsquo;auctorialit&eacute; en acte, et, corollairement, le travail de l&rsquo;&eacute;crivain. Il connote d&egrave;s lors l&rsquo;espace de l&rsquo;&eacute;criture, et il authentifie le texte&nbsp;&ndash; la signature envisag&eacute;e en tant que preuve unique &ndash; comme relevant d&rsquo;un travail d&rsquo;&eacute;crivain.</p> <p>Mais cette premi&egrave;re formulation de la signature d&rsquo;auteur a&nbsp; d&eacute;sormais disparu, au profit d&rsquo;une expression plus neutre, ou du moins dans laquelle tous les signes typographiques (les deux points, l&rsquo;<em>underscore</em>) ont peu ou prou disparu&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>&eacute;crit ou propos&eacute; par Fran&ccedil;ois Bon</em>&nbsp;&raquo; (voir doc.&nbsp;4).</p> <p><em><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/4.jpg"><img alt="Doc. 4 – La seconde version du bloc signature." loading="lazy" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/4-e1434045320468.jpg" style="width: 1887px; height: 387px;" /></a></em></p> <p><small>Doc.&nbsp;4 &ndash; La seconde version du bloc signature.</small></p> <p>Toutefois, en soulignant que l&rsquo;auteur de l&rsquo;article peut &ecirc;tre diff&eacute;rent du propri&eacute;taire du site (&laquo;&nbsp;&eacute;crit ou propos&eacute; par&nbsp;&raquo;), Fran&ccedil;ois Bon inscrit sa pratique dans un collectif, dans un compagnonnage qui d&eacute;finit aussi son auctorialit&eacute; par les ant&eacute;c&eacute;dents auxquels il renvoie et par l&rsquo;image d&rsquo;auteur ainsi fa&ccedil;onn&eacute;e. Qu&rsquo;il soit auteur ou non du texte&nbsp;<em>donn&eacute; &agrave; lire</em>, Fran&ccedil;ois Bon assume ici soit une &eacute;nonciation auctoriale, soit une &eacute;nonciation &eacute;ditoriale, soit un composite form&eacute; de ces deux aspects, qui ne font que renforcer son ethos et son&nbsp;<em>autorit&eacute;</em>&nbsp;sur le plan textuel et symbolique.</p> <p>Notons &eacute;galement que dans cette seconde version, le bloc signature est resserr&eacute; sur trois lignes. Le travail formel ainsi accompli sur la signature accr&eacute;dite toutefois l&rsquo;hypoth&egrave;se que l&rsquo;ethos de l&rsquo;auteur est bien en jeu ici, dans cette r&eacute;&eacute;criture de la signature qui se donne &agrave; pr&eacute;sent dans une sobri&eacute;t&eacute; qui, par l&rsquo;histoire formelle qui la pr&eacute;c&egrave;de, n&rsquo;en est pas moins nourrie et n&rsquo;en exprime pas moins une posture forte. Mieux, comme acte performatif&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>, la signature pr&eacute;sente au bas de chaque article r&eacute;affirme la posture d&rsquo;auctorialit&eacute; de Fran&ccedil;ois Bon, par-del&agrave; les param&eacute;trages techniques automatiques de l&rsquo;architexte. Car dans cette seconde version, la formule d&rsquo;auctorialit&eacute; est associ&eacute;e aux formes et normes juridiques de la mise en circulation du texte par la liaison &eacute;tablie, &agrave; travers le tiret bas qui les relie, avec la licence&nbsp;<em>Creative Commons</em>&nbsp;&agrave; laquelle l&rsquo;auteur rattache ses contenus (BY-NC-SA).</p> <p>La suite de la signature d&rsquo;article met &eacute;galement en valeur les composantes particuli&egrave;res de la r&eacute;daction et de la publication en r&eacute;gime num&eacute;rique. Elle insiste d&rsquo;abord sur la temporalit&eacute; sp&eacute;cifique de l&rsquo;&eacute;criture et de la publication en ligne dans la mesure o&ugrave; le contenu initial est &eacute;ventuellement assorti par la suite d&rsquo;ajouts eux-m&ecirc;mes dat&eacute;s rappelant que le texte num&eacute;rique d&rsquo;&eacute;crivain se caract&eacute;rise par son empilement &eacute;ditorial et chronologique (une note est ajout&eacute;e au-dessus de l&rsquo;article originel et se signale sur le plan s&eacute;miotique comme d&eacute;pendante, comme fragment ajout&eacute;&nbsp;<em>a posteriori</em>). La derni&egrave;re ligne de ce bloc signature met quant &agrave; lui l&rsquo;accent sur le processus de lecture dans lequel s&rsquo;inscrit toute &eacute;criture en ligne et, au-del&agrave;, toute&nbsp;<em>lettrure&nbsp;</em><a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>. En effet, la phrase &laquo;&nbsp;merci aux 401 visiteurs qui ont consacr&eacute; 1 minute au moins &agrave; cette page&nbsp;&raquo; renvoie l&rsquo;&eacute;criture-lecture &agrave; un processus fondamentalement vivant et social, mais aussi symbolique. L&rsquo;auteur remercie ses lecteurs, comme pour rappeler que toute activit&eacute; d&rsquo;&eacute;criture porte en elle un pacte intrins&egrave;que, un programme de lecture, une interpellation du lecteur &agrave; venir. En contexte num&eacute;rique aussi, le lecteur&nbsp;<em>d&eacute;sire&nbsp;</em><a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;l&rsquo;auteur d&rsquo;un texte, lequel, par cette mention inscrit explicitement son activit&eacute; sous le signe de l&rsquo;&eacute;change. Mais le web est aussi un environnement dans lequel l&rsquo;auteur conna&icirc;t mieux les pratiques de lecture de ses lecteurs&nbsp;&ndash; fussent-ils des &laquo;&nbsp;visiteurs&nbsp;&raquo;&nbsp;&ndash; que dans le monde de l&rsquo;imprim&eacute;, du moins sur le plan statistique, dans la mesure o&ugrave; il sait quelles pages sont consult&eacute;es, en combien de temps, etc. La pr&eacute;cision relative &agrave; la dur&eacute;e minimale de lecture (&laquo;&nbsp;au moins une minute&nbsp;&raquo;) se situe pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; rebours d&rsquo;un imaginaire marketing et commercial de la navigation sur le web qui privil&eacute;gie la captation imm&eacute;diate, les taux de clics et de conversion. L&rsquo;&eacute;criture-lecture propos&eacute;e par Fran&ccedil;ois Bon avec Tiers Livre ne proc&egrave;de pas de cette approche et la lettrure se rapporte davantage &agrave; une perspective humaniste qu&rsquo;&agrave; une logique m&eacute;trique. Du reste, le bouton figurant au-dessous du bloc signature et relayant son activit&eacute; sur Twitter par la mention &laquo;&nbsp;suivre @fbon&nbsp;&raquo; et l&rsquo;espace d&eacute;di&eacute; aux messages des lecteurs confirment l&rsquo;id&eacute;e que l&rsquo;auteur agit bien &laquo;&nbsp;selon une expectative sociale, une &eacute;conomie entretenue conjointement par l&rsquo;auteur et ses lecteurs&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>&nbsp;&raquo;. En d&rsquo;autres termes, si le processus d&rsquo;auctorialit&eacute; est inscrit en creux de la page et r&eacute;affirm&eacute; &agrave; travers les diff&eacute;rents signes que nous venons d&rsquo;&eacute;voquer, Fran&ccedil;ois Bon souligne &eacute;galement l&rsquo;&eacute;conomie scripturaire&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;dans laquelle il situe sa d&eacute;marche &agrave; travers Tiers Livre et par cons&eacute;quent la distribution des r&ocirc;les dans le cadre du processus de constitution du texte. Sous les formes s&rsquo;ancrent en effet les &eacute;nonciations, les interactions et les postures.</p> <h4>2.2.2. Les marques de l&rsquo;intervention de l&rsquo;auteur dans l&rsquo;architexte</h4> <p>D&rsquo;autres pratiques d&rsquo;intervention de l&rsquo;auteur sont observables, notamment dans la marge droite de l&rsquo;&eacute;cran (voir doc. 5), qui peut &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;e comme un espace textuel de maillage entre l&rsquo;&eacute;nonciation proprement auctoriale et l&rsquo;&eacute;nonciation plus largement &eacute;ditoriale et architextuelle. Se donne &agrave; lire, particuli&egrave;rement, dans cet espace marginal, un concentr&eacute; de la dialectique&nbsp;&ndash; ou de la tension&nbsp;&ndash; existant entre une logique d&rsquo;&eacute;criture culturelle et une logique d&rsquo;&eacute;criture formelle&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>, qui se traduit &agrave; la surface de l&rsquo;&eacute;cran par un &laquo;&nbsp;mixage&nbsp;&raquo; ou une hybridation d&eacute;cupl&eacute;e entre ces deux univers.</p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Oriane-Deseilligny_TiersLivre_Illustration-5bis.bmp"><img alt="Doc. 5 – La marge à droite de l’article, partie supérieure." loading="lazy" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Oriane-Deseilligny_TiersLivre_Illustration-5bis.bmp" style="width: 261px; height: 575px;" /></a></p> <p><small>Doc.&nbsp;5 &ndash; La marge &agrave; droite de l&rsquo;article, partie sup&eacute;rieure.</small></p> <p>Cette marge droite est compos&eacute;e de quatre espaces formels renvoyant &agrave; quatre rubriques caract&eacute;ristiques des architextes, et singuli&egrave;rement des blogs. De haut en bas, on peut identifier d&rsquo;abord un espace d&eacute;di&eacute; aux &laquo;&nbsp;articles les plus r&eacute;cents&nbsp;&raquo;, selon une formule linguistique fig&eacute;e dans les CMS, &agrave; laquelle succ&egrave;dent une rubrique listant les commentaires des lecteurs puis une liste de mots-clefs et enfin les ic&ocirc;nes des marques propri&eacute;taires, signes-passeurs activant l&rsquo;insertion dans des r&eacute;seaux sociotechniques notamment (Twitter, google +, Facebook, etc.).</p> <p>Dans cette verticalit&eacute; de l&rsquo;espace marginal, se donne &agrave; voir un jeu d&rsquo;&eacute;critures entre le rubricage pr&eacute;vu par l&rsquo;architexte dans des formes standardis&eacute;es &ndash; qui incluent &eacute;galement les &laquo;&nbsp;petites formes&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;&raquo; qui composent la grammaire des dispositifs d&rsquo;&eacute;ditorialisation &ndash; et l&rsquo;empreinte de l&rsquo;auteur Fran&ccedil;ois Bon dans la d&eacute;nomination des espaces et leur saillance &agrave; l&rsquo;&eacute;cran. L&rsquo;auteur y intervient pour signaler visuellement et s&eacute;miotiquement la nouveaut&eacute; et le travail de l&rsquo;&eacute;nonciation auctoriale dans l&rsquo;&eacute;criture formelle et informatique. L&rsquo;architexte est travaill&eacute; par l&rsquo;auteur, m&eacute;diateur de son propre travail sur le web, qui ajoute &agrave; l&rsquo;&eacute;nonciation architextuelle sa marque&nbsp;<em>en r&eacute;glant</em>&nbsp;les param&egrave;tres d&rsquo;affichage et en d&eacute;nommant les contenus&nbsp;<em>&agrave; sa fa&ccedil;on.</em>&nbsp;Si la rubrique sup&eacute;rieure &laquo;&nbsp;les plus r&eacute;cents&nbsp;&raquo; s&rsquo;inscrit dans un libell&eacute; tr&egrave;s standardis&eacute;, celle renvoyant aux commentaires des lecteurs est plus originale dans sa mise en &oelig;uvre&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>. En l&rsquo;intitulant &laquo;&nbsp;vous participez&nbsp;&raquo;, Fran&ccedil;ois Bon s&rsquo;inscrit peu ou prou dans une autre culture&nbsp;&ndash; sinon une id&eacute;ologie, celle de la &laquo;&nbsp;participation&nbsp;&raquo;, du &laquo;&nbsp;participativisme&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;. Elle a trait aussi plus sp&eacute;cifiquement aux modalit&eacute;s d&rsquo;&eacute;change entre l&rsquo;&eacute;crivain et ses lecteurs, &agrave; une forme de d&eacute;l&eacute;gation d&rsquo;&eacute;nonciation et au r&eacute;gime d&rsquo;abonnement payant par lequel certains lecteurs acc&egrave;dent &agrave; des contenus suppl&eacute;mentaires&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>. Ench&acirc;ss&eacute;e entre les articles de l&rsquo;auteur et les mots-clefs favorisant la circulation dans les contenus du site, cette rubrique marginale donne la voix aux lecteurs, accueille leur &eacute;nonciation dans un jeu d&rsquo;encadrement &eacute;ditorial&nbsp;&ndash; puisque c&rsquo;est toujours l&rsquo;espace auctorial qui recueille la parole du lecteur. Dans ces conditions, l&rsquo;&eacute;nonciation lectorielle telle qu&rsquo;elle est encadr&eacute;e par l&rsquo;auctorialit&eacute; rel&egrave;ve de ce r&eacute;gime d&rsquo;auctorialit&eacute; sp&eacute;cifique que&nbsp;<em>met en &oelig;uvre</em>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon dans le Tiers Livre.</p> <p>Signalons ensuite une derni&egrave;re r&eacute;&eacute;criture des petites formes pr&eacute;vues par les dispositifs architextuels : les ic&ocirc;nes des marques propri&eacute;taires qui invitent &agrave; le &laquo;&nbsp;suivre&nbsp;&raquo; sur les diff&eacute;rents logiciels de r&eacute;seaux sociaux (tumblr, Del.icio.us, Linkedin, Twitter, Wikio, etc) sont pass&eacute;es&nbsp;<em>au filtre</em>&nbsp;de l&rsquo;auteur: elles sont rendues opaques, de taille minimale pour &ecirc;tre reconnues mais pour ne pas non plus prendre le pas sur le texte d&rsquo;auteur, sur l&rsquo;oeuvre. Leur visibilit&eacute; est param&eacute;tr&eacute;e, elle affleure &agrave; la surface du texte comme pour sugg&eacute;rer qu&rsquo;elles n&rsquo;en sont pas constitutives, qu&rsquo;elles rel&egrave;vent de cette &eacute;criture formelle &eacute;voqu&eacute;e par Jean Davallon, de ces formes nomades normalis&eacute;es et industrialis&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>&nbsp;convoqu&eacute;es de site en site qui sont mises en texte dans l&rsquo;espace d&rsquo;un &eacute;cran.</p> <p>Il y aurait assur&eacute;ment d&rsquo;autres &eacute;l&eacute;ments attestant du travail sur l&rsquo;architexte r&eacute;alis&eacute; par l&rsquo;auteur&nbsp;; nombre d&rsquo;entre eux interviennent sans doute dans l&rsquo;&eacute;criture m&ecirc;me des pages et du code, en amont de ce qui se laisse appr&eacute;hender sur la surface de l&rsquo;&eacute;cran. Mais pour finir, focalisons-nous sur les &eacute;l&eacute;ments textuels qui instancient la &laquo;&nbsp;grammaire narrative&nbsp;&raquo; &eacute;voqu&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment par Fran&ccedil;ois Bon. Ce dernier organise la circulation des lecteurs en rupture avec les formes classiques de navigation&nbsp;&ndash; du moins celles pr&eacute;sentes dans de nombreux sites (menus d&eacute;roulants, onglets, etc.). Il privil&eacute;gie en effet le voisinage des articles et la circulation th&eacute;matique via les index et les mots-clefs en s&rsquo;adressant dans une premi&egrave;re version directement aux lecteurs&nbsp;: &laquo;&nbsp;Suivez les mots-clefs&nbsp;!&nbsp;&raquo;.&nbsp; Mais surtout, il introduit un surcro&icirc;t de s&eacute;rendipit&eacute; dans le mode de navigation dans son site avec la mention &laquo;&nbsp;Au petit bonheur des mots-clefs&nbsp;&raquo; (voir doc. 6).</p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Oriane-Deseilligny_TiersLivre_Illustration-6.bmp"><img alt="Doc. 6 – La marge à droite de l’article, partie inférieure." loading="lazy" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Oriane-Deseilligny_TiersLivre_Illustration-6.bmp" style="width: 253px; height: 394px;" /></a></p> <p><small>Doc. 6 &ndash;&nbsp;La marge &agrave; droite de l&rsquo;article, partie inf&eacute;rieure.</small></p> <p>Si la pratique d&rsquo;Internet est d&eacute;j&agrave; gouvern&eacute;e par le fait de trouver quelque chose qu&rsquo;on ne cherche pas, Fran&ccedil;ois Bon joue avec cette modalit&eacute; dans la grammaire qu&rsquo;il installe sur le site. Il programme du &laquo; hasard &raquo; pour la circulation du lecteur, il en fait m&ecirc;me un sens de lecture pour un lecteur, une valeur constitutive de son image d&rsquo;auteur.</p> <h2>Conclusion<br /> &nbsp;</h2> <p>Tiers livre illustre bien la rencontre entre des formes issues des architextes, ob&eacute;issant &agrave; des &laquo;&nbsp;traitements purement logistiques et logiques&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>&nbsp;&raquo; et des formes &laquo;&nbsp;sociales et signifiantes&nbsp;&raquo;. Par ses &eacute;volutions incessantes, le site donne &agrave; voir les processus que sont avant tout ces &eacute;critures&nbsp;&ndash; leur dimension &eacute;volutive, les alt&eacute;rations, reprises et hybridations qui en caract&eacute;risent la circulation dans l&rsquo;espace social. Dans la dialectique entre &eacute;criture formelle et &eacute;criture culturelle qui se joue sur le terrain du texte num&eacute;rique, un auteur comme Fran&ccedil;ois Bon, qui prend en charge une partie de la dimension &eacute;ditoriale et interroge les formes de l&rsquo;int&eacute;rieur, forge de fait un&nbsp;<em>ethos</em>&nbsp;d&rsquo;auteur riche et complexe. Fran&ccedil;ois Bon assume une mise en &oelig;uvre d&rsquo;un certain r&eacute;gime d&rsquo;auctorialit&eacute; &ndash; un humanisme renouvel&eacute;&nbsp;&ndash; dans un environnement technique caract&eacute;ris&eacute; par &laquo;&nbsp;l&rsquo;allongement des m&eacute;diations&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a><em>&nbsp;&raquo;</em>, c&rsquo;est-&agrave;-dire la complexification de l&rsquo;intrication et de la n&eacute;gociation permanente entre les diff&eacute;rents acteurs de la textualit&eacute; num&eacute;rique, leurs pratiques, leurs logiques et leurs cultures. Ses&nbsp;<em>mani&egrave;res de faire</em>&nbsp;le texte num&eacute;rique sont mises en discours et incarn&eacute;es sur Tiers Livre dans une mat&eacute;rialit&eacute; num&eacute;rique feuillet&eacute;e. Au pouvoir des formats et des prescripteurs informatiques, &agrave; leur apparente imm&eacute;diatet&eacute;, Fran&ccedil;ois Bon r&eacute;pond par une mise en lisibilit&eacute; de leur naturalisation&nbsp;: il invite &agrave; se saisir des outils pour mieux les textualiser aussi avec leurs propres pratiques auctoriales. A c&ocirc;t&eacute; des textes sign&eacute;s donn&eacute;s &agrave; lire sur le site, son &oelig;uvre d&rsquo;auteur se poursuit donc par l&rsquo;utilisation de formes circulantes, triviales&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>, st&eacute;r&eacute;otyp&eacute;es r&eacute;&eacute;crites &agrave; l&rsquo;aune de ses engagements d&rsquo;auteur, d&rsquo;&eacute;diteur et de citoyen en contexte num&eacute;rique.</p> <h3>Notes<br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Voir l&rsquo;article de St&eacute;phane Bikialo et Martin Rass &laquo;&nbsp;Les espaces du site&nbsp;: fbon et le r&eacute;seau&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-1/3000-les-espaces-du-site-fbon-et-le-reseau" target="_blank">dans ce dossier</a>.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Nous renvoyons ici aux journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tude organis&eacute;es par le GRIPIC (universit&eacute; Paris Sorbonne) et le RIRRA 21 (universit&eacute; Montpellier 3), les 14 juin et 12 septembre 2013 et intitul&eacute;es &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;crivain comme marque&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Yves Jeanneret,&nbsp;<em>Y a-t-il (vraiment) des technologies de l&rsquo;information et de la communication&nbsp;?</em>, Presses du Septentrion, 2000, p.&nbsp;161.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Sur la critique de la notion de d&eacute;mat&eacute;rialisation, voir notamment Pascal Robert, &laquo;&nbsp;Critique de la d&eacute;mat&eacute;rialisation&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Communication &amp; langages</em>, 2004, n&ordm; 140, p.&nbsp;55-68.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>, &Eacute;ditions du Seuil, 2011, p.&nbsp;13.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Daniel Francis McKenzie,&nbsp;<em>La Bibliographie et la sociologie des textes</em>, pr&eacute;face de Roger Chartier, &eacute;ditions du Cercle de la Librairie, 1991.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Emmanu&euml;l Souchier, Yves Jeanneret, Jo&euml;lle Le Marec (dir).,&nbsp;<em>Lire, &eacute;crire, r&eacute;crire, Objets, signes et pratiques des m&eacute;dias informatis&eacute;s</em>, &Eacute;ditions de la Biblioth&egrave;que Publique d&rsquo;Information, &laquo; &Eacute;tudes et recherche&nbsp;&raquo;, 2003.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Emmanu&euml;l Souchier &amp; Yves Jeanneret, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale dans les &eacute;crits d&rsquo;&eacute;cran&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm;145, 2005, p.&nbsp;3-15.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>op.cit.,</em>&nbsp;p.&nbsp;20.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Val&eacute;rie Jeanne Perrier, &laquo;&nbsp;Des outils d&rsquo;&eacute;criture aux pouvoirs exorbitants ? &raquo;,&nbsp;<em>R&eacute;seaux</em>, vol. 3, n&deg; 137, 2006, p.&nbsp;97-131</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Tiers Livre<em>,</em>&nbsp;&laquo;&nbsp;Digression. Ce que serait le site d&rsquo;une seule histoire.&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3749" target="_blank">article 3749</a>.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Emmanu&euml;l Souchier, &laquo;&nbsp;L&rsquo;image du texte. Pour une th&eacute;orie de l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les Cahiers de m&eacute;diologie</em>, n&ordm;&nbsp;6, 1998, p. 137-145&nbsp;; &laquo;&nbsp;Formes et pouvoirs de l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm;&nbsp;154, septembre 2007, p.&nbsp;23-38.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>,&nbsp;<em>op.cit</em>., p. 13</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;<em>Id</em>., p.&nbsp;219.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Milad Doueihi,&nbsp;<em>Pour un humanisme num&eacute;rique,&nbsp;</em>Seuil, 2011.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Digression&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>art. cit</em>.,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3749" target="_blank">article 3749</a>.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;17.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;et vous, votre Mac, il carbure &agrave; quoi&nbsp;?&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3052" target="_blank">article 3052</a>.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Emmanu&euml;l Souchier, &laquo;&nbsp;La &ldquo;lettrure&rdquo; &agrave; l&rsquo;&eacute;cran. Lire &amp; &eacute;crire au regard des m&eacute;dias informatis&eacute;s&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm; 174, d&eacute;cembre 2012, p.&nbsp;85-108.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Hubert Nyssen,&nbsp;<em>Du texte au livre, les avatars du sens</em>, Nathan, 1993.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Oriane Deseilligny &amp; Caroline Ang&eacute;, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;criture inspir&eacute;e des <em>homo viator</em> contemporains&nbsp;&raquo;, <em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm;174, d&eacute;cembre 2012, p.&nbsp;45.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Tiers Livre, &laquo;&nbsp;Histoire de mes livres, le sommaire&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3688" target="_blank">article 3688</a>.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Claire Bustarret, &laquo;&nbsp;Les Instruments d&rsquo;&eacute;criture, de l&rsquo;indice au symbole&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Genesis</em>, n&ordm; 10, 1996, p.&nbsp;175-191.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;J&eacute;r&ocirc;me Meizoz, &laquo;&nbsp;Ce que l&rsquo;on fait dire au silence&nbsp;: posture, ethos, image d&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Argumentation et analyse du discours</em>, n&ordm;3, 2009, consult&eacute; le 29 septembre 2014. En ligne&nbsp;<a href="http://aad.revues.org/667" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;Val&eacute;rie Jeanne Perrier,&nbsp;<em>art.cit</em>.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;Nous renvoyons l&agrave; notamment &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de m&eacute;dium-auteur &eacute;voqu&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;&Eacute;tienne Candel &amp; Gustavo Gomez Mejia, &laquo;&nbsp;&Eacute;crire l&rsquo;auteur : la pratique &eacute;ditoriale comme construction socioculturelle de la litt&eacute;rarit&eacute; des textes sur le Web&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Auteur en r&eacute;seau, les r&eacute;seaux de l&rsquo;auteur</em>, Oriane&nbsp; Deseilligny &amp; Sylvie Ducas (dir.), Presses universitaires de Paris Ouest, &laquo;&nbsp;Orbis litterarum&nbsp;&raquo;, 2013, p.&nbsp;49-71.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Annette Beguin-Verbrugge,&nbsp;<em>Images en texte, images du texte. Dispositifs graphiques et communication &eacute;crite</em>, Presses universitaires du Septentrion, &laquo;&nbsp;Information-communication&nbsp;&raquo;, 2006.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;<em>Id.,</em>&nbsp;p.&nbsp;54.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;En cela, le site de Fran&ccedil;ois Bon &eacute;voque celui d&rsquo;un autre &eacute;crivain, po&egrave;te, Jean-Michel Maulpoix, qui a cherch&eacute; &agrave; retrouver la sobri&eacute;t&eacute; du livre, en creux m&ecirc;me de l&rsquo;&eacute;cran et de ses formes sp&eacute;cifiques (<a href="http://www.maulpoix.net/" target="_blank">ici</a>). Pour une premi&egrave;re approche de ce site, voir&nbsp;: Oriane Deseilligny, &laquo;&nbsp;Maulpoix.net : dans l&rsquo;intimit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture po&eacute;tique&nbsp;&raquo;, <em>Genesis</em>&nbsp;[En ligne], vol.&nbsp;32, 2011. Mis en ligne le 24 juillet 2012, consult&eacute; le 07 octobre 2014.&nbsp;En ligne&nbsp;<a href="http://genesis.revues.org/496">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;Jack Goody,&nbsp;<em>La Raison graphique. La domestication de la pens&eacute;e sauvage</em>, &Eacute;ditions de Minuit, 1979.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;Voir&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-1/3001-tiers-livre-une-structure-en-constellation" target="_blank">l&rsquo;article de S&eacute;bastien Rongier</a>&nbsp;sur Tiers Livre, dans lequel il montre comment Fran&ccedil;ois Bon susbtitue la logique de l&rsquo;arborescence &agrave; celle de l&rsquo;empilement sur son site.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;Christian Vandendorpe,&nbsp;<em>Du papyrus &agrave; l&rsquo;hypertexte</em>, Paris, La D&eacute;couverte, 1999, p.&nbsp;46.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;Jean Cl&eacute;ment, &laquo; L&rsquo;hypertexte de fiction, naissance d&rsquo;un nouveau genre&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Litt&eacute;rature et informatique : la litt&eacute;rature g&eacute;n&eacute;r&eacute;e par ordinateur</em>, Alain Vuillemin &amp; Michel Lenoble (dir.), Artois Presses Universit&eacute;, Arras, 1995. En ligne&nbsp;<a href="http://vadeker.net/essais/hypertexte_fiction.htm" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;265.</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp;Il faut pr&eacute;ciser que le protocole de signature d&rsquo;article a &eacute;volu&eacute; depuis que s&rsquo;est tenu le colloque, en pr&eacute;sence de l&rsquo;auteur, en novembre 2013. Les remarques et hypoth&egrave;ses que nous avions formul&eacute;es alors quant &agrave; une premi&egrave;re disposition de ce que l&rsquo;on peut appeler le &laquo;&nbsp;bloc&nbsp;&raquo; signature, d&eacute;doubl&eacute;e, ont sans doute &eacute;t&eacute; entendues par Fran&ccedil;ois Bon qui a revu le protocole global depuis. Il nous semble int&eacute;ressant d&rsquo;&eacute;voquer les modifications formelles apport&eacute;es &agrave; la signature pour comprendre quels en sont les enjeux sur le plan de l&rsquo;auctorialit&eacute;. Nous proposons donc un ensemble d&rsquo;hypoth&egrave;ses d&rsquo;interpr&eacute;tations dans les lignes suivantes.</p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;B&eacute;atrice Fraenkel, &laquo;&nbsp;La signature : du signe &agrave; l&rsquo;acte&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Soci&eacute;t&eacute;s &amp; Repr&eacute;sentations</em>, 2008/1 n&ordm;&nbsp;25, p.&nbsp;13-23.</p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;Emmanu&euml;l Souchier, &laquo;&nbsp;La &laquo; &ldquo;lettrure&rdquo; &agrave; l&rsquo;&eacute;cran. Lire &amp; &eacute;crire au regard des m&eacute;dias informatis&eacute;s&nbsp;&raquo;,<em>&nbsp;art.cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a>&nbsp;Roland Barthes,&nbsp;<em>Le Plaisir du texte</em>, Seuil, 1973, p.&nbsp;45-46.</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a>&nbsp;&Eacute;tienne Candel, Gustavo Gomez Mejia,&nbsp;<em>art. cit</em>., p.&nbsp;57.</p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a>&nbsp;L&rsquo;&eacute;conomie scripturaire renvoie ici &agrave; sa formalisation par Michel de Certeau&nbsp;dans&nbsp;<em>L&rsquo;Invention du quotidien</em>.&nbsp;<em>Arts de faire</em>,&nbsp; Gallimard, 1990, p.&nbsp;1995&nbsp;<em>et suiv</em>.</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a>&nbsp;Jean Davallon, &laquo;&nbsp;Conclusion&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;conomie des &eacute;critures sur le web</em>,&nbsp;Jean Davallon (dir.), vol.1,&nbsp;<em>Traces d&rsquo;usages dans un corpus de sites de tourisme</em>, Herm&egrave;s/Lavoisier, 2012, p.&nbsp;243-269.</p> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a>&nbsp;&Eacute;tienne Candel, Val&eacute;rie Jeanne-Perrier, Emmanu&euml;l Souchier, &laquo;&nbsp;Petites formes, grands desseins&nbsp;: d&rsquo;une grammaire des &eacute;nonc&eacute;s &eacute;ditoriaux &agrave; la standardisation des &eacute;critures&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;conomie des &eacute;critures sur le web.&nbsp;</em>Vol.1,&nbsp;<em>Traces d&rsquo;usages dans un corpus de sites de tourisme</em>,&nbsp;<em>op.cit.</em>, p.&nbsp;165-202.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp;Notons du reste que les commentaires ne sont pas &eacute;tiquet&eacute;s comme tels, ce qui les r&eacute;duirait &agrave; la glose d&rsquo;un texte premier, mais sont explicitement d&eacute;sign&eacute;s comme des &laquo;&nbsp;messages&nbsp;&raquo;, le cas &eacute;ch&eacute;ant, au dessous des articles. La d&eacute;nomination l&agrave; encore met l&rsquo;accent sur le geste &eacute;ditorial et auctorial qui pr&eacute;side &agrave; la r&eacute;daction d&rsquo;un message et lui donne du sens en soi.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a>&nbsp;Marie Despr&egrave;s-Lonnet, Dominique Cotte, &laquo;&nbsp;La m&eacute;diation en question(s)&nbsp;: de l&rsquo;empilement au collapsus&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;&eacute;conomie des &eacute;critures sur le web</em>,<em>&nbsp;op. cit</em>., p.&nbsp;116.</p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a>&nbsp;Notons que par leur abonnement, les lecteurs acc&egrave;dent &agrave; l&rsquo;espace &laquo;&nbsp;WIP&nbsp;&raquo;, qui contient des ressources, dossiers et contenus in&eacute;dits.</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a>&nbsp;&Eacute;tienne Candel, Val&eacute;rie Jeanne-Perrier, Emmanu&euml;l Souchier, &laquo;&nbsp;Petites formes, grands desseins&nbsp;: d&rsquo;une grammaire des &eacute;nonc&eacute;s &eacute;ditoriaux &agrave; la standardisation des &eacute;critures&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>art. cit</em>.</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a>&nbsp;Yves Jeanneret,&nbsp;<em>Critique de la trivialit&eacute;, op. cit.,&nbsp;</em>p.&nbsp;421.</p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp;Jean Davallon, &laquo;&nbsp;Conclusion&nbsp;&raquo;, dans Jean Davallon (dir.),&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;conomie des &eacute;critures sur le web</em>. Vol.1,&nbsp;<em>Traces d&rsquo;usages dans un corpus de sites de tourisme</em>,&nbsp;<em>art.cit</em>.</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a>&nbsp;Nous renvoyons ici aux travaux d&rsquo;Yves Jeanneret sur la trivialit&eacute; des formes culturelles&nbsp;:&nbsp;<em>Penser la trivialit&eacute;. Volume 1</em><em> </em><em>: La vie triviale des &ecirc;tres culturels</em>, &Eacute;d. Herm&egrave;s-Lavoisier, &laquo;&nbsp;Communication, m&eacute;diation et construits sociaux&nbsp;&raquo;, 2008&nbsp;;&nbsp;<em>Critique de la trivialit&eacute;. Les m&eacute;diations de la communication, enjeu de pouvoir</em>, &eacute;ditions Non standard, &laquo;&nbsp;SIC Recherches en sciences de l&rsquo;information et de la communication&nbsp;&raquo;, 2014.</p> <h3>Bibliographie<br /> &nbsp;</h3> <p>AMOSSY,&nbsp;Ruth, &laquo;&nbsp;La double nature de l&rsquo;image d&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;, <em>Argumentation et Analyse du Discours&nbsp;</em>[En ligne], n&ordm;3, 2009, mis en ligne le 15 octobre 2009. Consult&eacute; le 07 octobre 2014. En ligne&nbsp;<a href="http://aad.revues.org/662" target="_blank">ici</a>.</p> <p>BEGUIN-VERBRUGGE, Annette, <em>Images en texte, images du texte. Dispositifs graphiques et communication &eacute;crite</em>, Presses universitaires du Septentrion, &laquo;&nbsp;Information-communication&nbsp;&raquo;, 2006.</p> <p>BON, Fran&ccedil;ois,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>, Paris, Seuil, 2011.</p> <p>BUSTARRET, Claire, &laquo;&nbsp;Les instruments d&rsquo;&eacute;criture, de l&rsquo;indice au symbole&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Genesis</em>, n&ordm; 10, 1996, p.&nbsp;175-191.</p> <p>CL&Eacute;MENT, Cl&eacute;ment, &laquo; L&rsquo;hypertexte de fiction, naissance d&rsquo;un nouveau genre ? &raquo;, dans&nbsp;<em>Litt&eacute;rature et informatique : la litt&eacute;rature g&eacute;n&eacute;r&eacute;e par ordinateur</em>, Alain Vuillemin &amp; Michel Lenoble (dir.), Artois Presses Universit&eacute;, Arras, 1995. En ligne&nbsp;<a href="http://vadeker.net/essais/hypertexte_fiction.htm" target="_blank">ici</a>.</p> <p>CERTEAU, Michel de,&nbsp;<em>L&rsquo;Invention du quotidien</em>.&nbsp;<em>Arts de faire</em>, Paris, Gallimard, 1990.</p> <p>DAVALLON, Jean (dir.),&nbsp;<em>L&rsquo;&eacute;conomie des &eacute;critures sur le web</em>. Vol.1,&nbsp;<em>Traces d&rsquo;usages dans un corpus de sites de tourisme</em>, Herm&egrave;s/Lavoisier, 2012.</p> <p>CANDEL, &Eacute;tienne, JEANNE-PERRIER, Val&eacute;rie &amp; SOUCHIER, Emmanu&euml;l, &laquo;&nbsp;Petites formes, grands desseins&nbsp;: d&rsquo;une grammaire des &eacute;nonc&eacute;s &eacute;ditoriaux &agrave; la standardisation des &eacute;critures&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;</em><em>&Eacute;</em><em>conomie des &eacute;critures sur le web.&nbsp;</em>Vol.1,&nbsp;<em>Traces d&rsquo;usages dans un corpus de sites de tourisme</em>, Jean Davallon (dir.) Herm&egrave;s/Lavoisier, 2012<em>.</em>, p.&nbsp;165-202.</p> <p>CANDEL, &Eacute;tienne, &amp; GOMEZ-MEJIA, Gustavo, &laquo;&nbsp;&Eacute;crire l&rsquo;auteur : la pratique &eacute;ditoriale comme construction socioculturelle de la litt&eacute;rarit&eacute; des textes sur le Web&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Auteur en r&eacute;seau, les r&eacute;seaux de l&rsquo;auteur</em>, Oriane&nbsp; Deseilligny &amp; Sylvie Ducas (dir.), Presses universitaires de Paris Ouest, &laquo;&nbsp;Orbis litterarum&nbsp;&raquo;, 2013, p. 49-71.</p> <p>DESEIILIGNY, Oriane, &laquo; Maulpoix.net : dans l&rsquo;intimit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture po&eacute;tique &raquo;,&nbsp;<em>Genesis</em>&nbsp;[En ligne], vol.&nbsp;32, 2011. Mis en ligne le 24 juillet 2012, consult&eacute; le 07 octobre 2014.&nbsp;En ligne&nbsp;<a href="http://genesis.revues.org/496" target="_blank">ici</a>.</p> <p>DESEIILIGNY, Oriane, ANG&Eacute;, Caroline, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;criture inspir&eacute;e des <em>homo viator</em> contemporains&nbsp;&raquo;, <em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm;&nbsp;174, d&eacute;cembre 2012, p.&nbsp;45.</p> <p>DESPR&Egrave;S-LONNET, Marie, COTTE,&nbsp;Dominique, &laquo;&nbsp;La M&eacute;diation en question(s)&nbsp;: de l&rsquo;empilement au collapsus&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;</em><em>&Eacute;</em><em>conomie des &eacute;critures sur le web.&nbsp;</em>Vol.1,&nbsp;<em>Traces d&rsquo;usages dans un corpus de sites de tourisme</em>, Jean Davallon (dir.) Herm&egrave;s/Lavoisier, 2012<em>.</em>, p.&nbsp;92-163.</p> <p>DOUEIHI, Milad,&nbsp;<em>Pour un humanisme num&eacute;rique,&nbsp;</em>Paris, Seuil, 2011.</p> <p>FRAENKELi, B&eacute;atrice, &laquo; La signature : du signe &agrave; l&rsquo;acte&nbsp;&raquo;, <em>Soci&eacute;t&eacute;s &amp; Repr&eacute;sentations</em>, 2008/1 n&deg; 25, p.&nbsp;13-23.</p> <p>GODY Jack,&nbsp;<em>La Raison graphique. La domestication de la pens&eacute;e sauvage</em>, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1979.</p> <p>JEANNERET, Yves,&nbsp;<em>Critique de la trivialit&eacute;. Les m&eacute;diations de la communication, enjeu de pouvoir</em>, &eacute;ditions Non standard, &laquo;&nbsp;SIC Recherches en sciences de l&rsquo;information et de la communication&nbsp;&raquo;, 2014.</p> <p>&mdash;,&nbsp;<em>Penser la trivialit&eacute;. Volume 1</em> &nbsp;<em>: La vie triviale des &ecirc;tres culturels</em>, &Eacute;d. Herm&egrave;s-Lavoisier, &laquo;&nbsp;Communication, m&eacute;diation et construits sociaux&nbsp;&raquo;, 2008.</p> <p>&mdash;,&nbsp;<em>Y a-t-il (vraiment) des technologies de l&rsquo;information et de la communication&nbsp;?</em>, Villeneuve d&rsquo;Ascq, Presses du Septentrion, 2000.</p> <p>JEANNE PERRIER, Val&eacute;rie, &laquo;&nbsp;Des outils d&rsquo;&eacute;criture aux pouvoirs exorbitants ? &raquo;,&nbsp;<em>R&eacute;seaux</em>, vol. 3, n&ordm; 137, 2006, p. 97-131.</p> <p>McKENZIE, Donald Francis,&nbsp;<em>La Bibliographie et la sociologie des textes</em>, pr&eacute;face de Roger Chartier, Paris, &eacute;ditions du Cercle de la Librairie, 1991.</p> <p>MEIZOZ, J&eacute;r&ocirc;me, &laquo;&nbsp;Ce que l&rsquo;on fait dire au silence&nbsp;: posture, ethos, image d&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Argumentation et analyse du discours</em>, n&ordm;3, 2009, consult&eacute; le 29 septembre 2014. En ligne&nbsp;<a href="http://aad.revues.org/667" target="_blank">ici</a>.</p> <p>NYSSEN, Hubert,&nbsp;<em>Du texte au livre, les avatars du sens</em>, Paris, Nathan, 1993.</p> <p>ROBERT, Pascal, &laquo;&nbsp;Critique de la d&eacute;mat&eacute;rialisation&nbsp;&raquo;, <em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm;140, 2004, p.&nbsp;55-68.</p> <p>SOUCHIER, Emmanu&euml;l, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Image du texte. Pour une th&eacute;orie de l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les Cahiers de m&eacute;diologie</em>, n&ordm;&nbsp;6, 1998, p.&nbsp;137-145.</p> <p>&mdash;, &laquo;&nbsp;Formes&nbsp; et pouvoirs de l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm;&nbsp; 154, septembre 2007, p.&nbsp;23-38.</p> <p>&mdash;, &laquo;&nbsp;La ʽlettrureʼ&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;&eacute;cran. Lire &amp; &eacute;crire au regard des m&eacute;dias informatis&eacute;s&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm;&nbsp;174, d&eacute;cembre 2012, p.&nbsp;85-108.</p> <p>SOUCHIER, Emmanu&euml;l, JEANNERET, Yves &amp; LE MAREC, Jo&euml;lle (dir).,&nbsp;<em>Lire, &eacute;crire, r&eacute;crire, Objets, signes et pratiques des m&eacute;dias informatis&eacute;s</em>, &Eacute;ditions de la Biblioth&egrave;que Publique d&rsquo;Information, &laquo; &Eacute;tudes et recherche&nbsp;&raquo;, 2003.</p> <p>&mdash;, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale dans les &eacute;crits d&rsquo;&eacute;cran&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Communication &amp; langages</em>, n&ordm;&nbsp;145, 2005.</p> <p>VANDENDORPE,&nbsp;&nbsp;Christian,&nbsp;<em>Du papyrus &agrave; l&rsquo;hypertexte</em>, Paris, La D&eacute;couverte, 1999.</p> <h3>Autrice</h3> <p><strong>Oriane Deseilligny</strong>&nbsp;est ma&icirc;tre de conf&eacute;rences en Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication &agrave; l&rsquo;IUT de Villetaneuse (universit&eacute; Paris Nord) depuis 2008. Apr&egrave;s sa th&egrave;se consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;criture de soi sur le web (2006), elle s&rsquo;est int&eacute;ress&eacute;e aux blogs de voyage, aux skyblogs, et &eacute;tudie plus largement, au sein du GRIPIC (Celsa &ndash; universit&eacute; Paris-Sorbonne), les m&eacute;tamorphoses des pratiques d&rsquo;&eacute;criture ordinaires (blogs, recommandations, commentaires&hellip;) et litt&eacute;raires en contexte num&eacute;rique. &Agrave; cet &eacute;gard, elle a co-dirig&eacute; avec Sylvie Ducas la publication d&rsquo;un ouvrage consacr&eacute; aux recompositions de la figure de l&rsquo;auteur et de l&rsquo;&eacute;crivain sur Internet&nbsp;:&nbsp;<em>L&rsquo;Auteur en r&eacute;seau, les r&eacute;seaux de l&rsquo;auteur</em>, Presses universitaires de Paris Ouest, 2013. Ses derniers travaux portent sur les modalit&eacute;s de la pr&eacute;sence sur le web d&rsquo;&eacute;crivains fran&ccedil;ais.</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>