<div class="entry-content"> <h3 style="text-align: justify;">Abstract</h3> By offering a new version of <em>Limite</em>, first published in 1985, on his web site, Tiers Livre, Fran&ccedil;ois Bon becomes not only a rewriter, but also a re-<em>wreader</em>, and his own editor. Such a work tends to propose an archeology of his books, a new kind of autobiography, and gives a portrait of the web writer, which I&rsquo;d like to call an <em>&eacute;cranvain</em>. <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify; margin-left: 240px;">&laquo; [&hellip;]&nbsp;si chaque auteur, lorsqu&rsquo;il saute dans l&rsquo;inconnu, le fait avec l&rsquo;id&eacute;e acquise du support qui l&rsquo;accueille (ainsi m&ecirc;me pour nous avec le num&eacute;rique) <a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;">Le geste de relecture, comme apr&egrave;s-coup et retour amont, contrevient <em>a priori</em> aux usages du Web comme &agrave; la po&eacute;tique du blog. D&eacute;volu principalement &agrave; la diffusion ultra-rapide du &laquo;&nbsp;m&ecirc;me&nbsp;&raquo; sur le r&eacute;seau&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, en une horizontalit&eacute; o&ugrave; la communication, dans l&rsquo;instant, prime sur la transmission patrimoniale, Internet pr&eacute;f&egrave;re <em>relier</em>, par le principe m&ecirc;me de la navigation, d&eacute;clin&eacute; en pratiques de partage &ndash;&nbsp;<em>share</em>&nbsp;&ndash; plut&ocirc;t que <em>relire</em>. L&rsquo;ordre ant&eacute;chronologique qui pr&eacute;vaut au sein d&rsquo;un blog condamne de m&ecirc;me &agrave; une obsolescence programm&eacute;e, et rapide, les billets post&eacute;s par leur auteur, f&ucirc;t-il &eacute;crivain. Pour autant, contre ce principe catastrophique de la &laquo;&nbsp;fosse &agrave; bitume&nbsp;&raquo; comme &laquo;&nbsp;recouvrement permanent&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;&raquo;, Tiers Livre contribue par la reprise num&eacute;rique de textes de Fran&ccedil;ois Bon d&rsquo;abord publi&eacute;s en version papier, &agrave; l&rsquo;institution d&rsquo;une &laquo;&nbsp;biblioth&egrave;que sans murs&nbsp;&raquo;, pierre &agrave; l&rsquo;&eacute;difice de ce &laquo; r&ecirc;ve de la biblioth&egrave;que universelle&nbsp;&raquo; tel que le formule Roger Chartier par exemple&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>. D&eacute;tournement et extension de la pratique inh&eacute;rente au blog de la <em>mise &agrave; jour</em>, la relecture num&eacute;rique, parce qu&rsquo;elle relie, l&rsquo;&eacute;poque de la gen&egrave;se du texte et de sa publication originelle &agrave; une nouvelle &eacute;nonciation, parce qu&rsquo;elle rapproche des &eacute;l&eacute;ments &eacute;pars du texte, propose en r&eacute;alit&eacute; une r&eacute;appropriation originale des contraintes et des modalit&eacute;s d&rsquo;utilisation d&rsquo;un support neuf. D&egrave;s lors, le site-blog peut acc&eacute;der au double statut d&rsquo;&laquo;&nbsp;op&eacute;rateur de m&eacute;moire&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;&raquo; gardien, au sein d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; massivement r&eacute;gie par le souci de l&rsquo;enregistrement, d&rsquo;&oelig;uvres litt&eacute;raires peu ou mal disponibles en version papier, et de laboratoire ouvert, la &laquo;&nbsp;reprise num&eacute;rique&nbsp;&raquo; signifiant en r&eacute;alit&eacute; &laquo;&nbsp;recr&eacute;ation&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo; et non simple duplication, en prolongement du principe du lire/&eacute;crire cher aux internautes et aux blogueurs&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">&Eacute;crire un blog, c&rsquo;est r&eacute;agencer des &eacute;nonc&eacute;s ant&eacute;rieurs et faire surgir du nouveau dans des textes plus anciens relus en &eacute;cho &agrave; des livres, des &eacute;v&eacute;nements contemporains. Le travail de la citation, la mise en &eacute;criture &agrave; partir de la lecture constituent le blog et red&eacute;finissent l&rsquo;histoire litt&eacute;raire et le canon par la constitution de la r&eacute;ception&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La relecture num&eacute;rique, rem&eacute;diatisation d&rsquo;un texte ancien, d&eacute;cline donc une telle po&eacute;tique de la remise en circulation, en <em>re</em>lire/<em>r&eacute;</em>crire, <em>se</em> relire/ <em>se</em> r&eacute;crire.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_Un_geste_editorial"><strong style="line-height: 1.5;">1. Un geste &eacute;ditorial</strong></span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Rendre &agrave; nouveau accessibles des textes comme <em>Limite</em>, initialement publi&eacute; par les &eacute;ditions de Minuit en 1985 et repris par Fran&ccedil;ois Bon en 2010 sur Tiers Livre, c&rsquo;est proposer &laquo;&nbsp;une nouvelle &eacute;tape de diffusion, o&ugrave; l&rsquo;auteur a un r&ocirc;le central&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo;. Le relecteur se posant en &laquo;&nbsp;&eacute;diteur id&eacute;al de son &oelig;uvre&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;&raquo;, la relecture num&eacute;rique s&rsquo;&eacute;rigera en geste fort de r&eacute;appropriation d&rsquo;un texte ancien propos&eacute; sur un support in&eacute;dit. Quelle meilleure r&eacute;ponse que la reprise par l&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me, sur son propre site, de ses textes, &agrave; l&rsquo;entreprise d&eacute;cri&eacute;e de num&eacute;risation par la BnF de livres indisponibles &agrave; la vente&nbsp;? Se relire <em>vs </em>&laquo;&nbsp;ReLire&nbsp;&raquo;, donc&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>. Si toute r&eacute;p&eacute;tition institue le sujet qui r&eacute;p&egrave;te comme seul rep&egrave;re fixe, recteur, alors la relecture num&eacute;rique affirme bien les droits de l&rsquo;auteur, dont le versant &eacute;conomique, tr&egrave;s fr&eacute;quemment abord&eacute; sur Tiers Livre par Fran&ccedil;ois Bon, n&rsquo;est qu&rsquo;un pan. Augmenter <em>M&eacute;canique</em> ou bient&ocirc;t <em>Paysage fer</em> d&rsquo;archives et de photographies, r&eacute;viser <em>Rolling Stones, une biographie</em> ou compl&eacute;ter <em>Rock&rsquo;n roll, un portrait de Led Zeppelin</em> de vid&eacute;os et d&rsquo;extraits sonores, r&eacute;-institue une autorit&eacute; auctoriale permettant de &laquo;&nbsp;garder [la] ma&icirc;trise d&rsquo;&oelig;uvre&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;. Au-del&agrave; d&rsquo;un acte de r&eacute;sistance &agrave; une logique &eacute;ditoriale souvent d&eacute;nonc&eacute;e, la reprise num&eacute;rique confond l&rsquo;auteur et l&rsquo;&eacute;diteur&nbsp;: voil&agrave; Fran&ccedil;ois Bon affranchi de la tutelle d&rsquo;un J&eacute;r&ocirc;me Lindon qui avait impos&eacute; une ponctuation qu&rsquo;il jugeait &laquo;&nbsp;expressive&nbsp;&raquo; mais que le jeune &eacute;crivain n&rsquo;appr&eacute;ciait gu&egrave;re. Relire et republier <em>Limite</em> autorise donc le parricide &eacute;ditorial pour un salutaire retour &agrave; l&rsquo;&eacute;tat premier du texte comme &laquo;&nbsp;dispositif initial&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;, particuli&egrave;rement significatif pour <em>Limite</em>, dont l&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me ne poss&egrave;de plus le manuscrit.</p> <p style="text-align: justify;">La relecture-r&eacute;criture tardive, tend donc, en se d&eacute;ployant comme geste arch&eacute;ologique, &agrave; l&rsquo;<em>invention</em> du manuscrit de l&rsquo;&oelig;uvre, &agrave; la fois imagin&eacute; et red&eacute;couvert. L&rsquo;ironie point ici, puisque le support num&eacute;rique est cens&eacute;, pr&eacute;cis&eacute;ment, supprimer les versions de travail d&rsquo;un texte, pour n&rsquo;en retenir que l&rsquo;ultime, bonne &agrave; tirer. &Agrave; l&rsquo;autre extr&eacute;mit&eacute; du processus, Bon s&rsquo;emploie &eacute;galement &agrave; corriger la r&eacute;ception originale de l&rsquo;&oelig;uvre. Puisque relire n&rsquo;est pas relire un texte, mais &eacute;galement la r&eacute;ception de ce texte, la publication num&eacute;rique par Publie.net de <em>Daewoo</em> lui permet ainsi d&rsquo;orienter la nouvelle lecture de l&rsquo;&oelig;uvre, en modifiant certains intertitres. Chaque entretien pr&eacute;sent&eacute; au fil de l&rsquo;&oelig;uvre est ainsi d&eacute;sormais explicitement qualifi&eacute; de &laquo;&nbsp;fictif&nbsp;&raquo;, dans la table des mati&egrave;res de la version Publie.net, ce qui r&eacute;pond tardivement &agrave; une lecture originelle, majoritairement persuad&eacute;e, &agrave; tort, de la v&eacute;racit&eacute; de ces entretiens, souvent assimil&eacute;s aux pratiques habituelles des sociologues.</p> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;Revenir&nbsp;&agrave; la forme initiale en amont de la premi&egrave;re publication&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;&raquo; ou modifier apr&egrave;s-coup certains intertitres, contrevient &agrave; l&rsquo;id&eacute;e re&ccedil;ue d&rsquo;une d&eacute;sinterm&eacute;diation inh&eacute;rente &agrave; la publication num&eacute;rique des textes litt&eacute;raires. Bon impose et souligne une m&eacute;diation qui s&rsquo;autorise autant de son statut d&rsquo;auteur du texte que de responsable de sa propulsion sur le r&eacute;seau, de r&eacute;dacteur de Tiers Livre que de fondateur de Publie.net&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>. Assumant y compris la mat&eacute;rialit&eacute; m&ecirc;me du texte, son intervention sur le code et le souci de l&rsquo;ergonomie de l&rsquo;&oelig;uvre num&eacute;rique, pens&eacute;e en fonction d&rsquo;une convergence devenue indispensable, Bon enrichit le texte originel d&rsquo;une nouvelle &laquo;&nbsp;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale&nbsp;&raquo; entendue comme &laquo;&nbsp;ce par quoi le texte peut exister mat&eacute;riellement, socialement, culturellement&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo;. Bien des textes de Bon abandonneront d&rsquo;ailleurs leur &eacute;tiquette g&eacute;n&eacute;rique lorsqu&rsquo;ils seront republi&eacute;s en version num&eacute;rique, au profit de leur inscription au sein de collections de Publie.net&nbsp;: <em>Prison</em>, ainsi, int&egrave;gre &laquo;&nbsp;Temps r&eacute;els&nbsp;&raquo; mais n&rsquo;est plus revendiqu&eacute; comme &laquo;&nbsp;r&eacute;cit&nbsp;&raquo; comme c&rsquo;&eacute;tait le cas sur la couverture initiale des &eacute;ditions Verdier&nbsp;; <em>Un fait divers</em> n&rsquo;est plus d&rsquo;abord un &laquo;&nbsp;roman&nbsp;&raquo; mais un maillon de la m&ecirc;me collection. Valorisant la mention de la collection, ce &laquo;&nbsp;paratexte le plus typiquement &eacute;ditorial<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;&raquo;, Bon ach&egrave;ve la fusion des instances et des responsabilit&eacute;s, d&eacute;finitoire du passage du statut de l&rsquo;&eacute;crivain &agrave; celui de l&rsquo;&eacute;cranvain.</p> <p style="text-align: justify;">La reprise de <em>Limite</em> para&icirc;t embl&eacute;matique de tels enjeux, en cela qu&rsquo;elle exhibe un <em>final cut</em>, certes tardif, et contribue, contre d&rsquo;ailleurs un discours volontiers tenu par Fran&ccedil;ois Bon lui-m&ecirc;me sur la dilution de la notion classique d&rsquo;auteur au profit d&rsquo;une ouverture au collectif, &agrave; asseoir l&rsquo;existence d&rsquo;une &oelig;uvre assum&eacute;e dans sa coh&eacute;rence et sa continuit&eacute;. Est-ce ainsi un hasard si c&rsquo;est le deuxi&egrave;me livre de l&rsquo;auteur qui fut choisi pour un tel exercice de relecture publique, quand pr&eacute;cis&eacute;ment, rappelle Philippe Lejeune, &laquo;&nbsp;peut-&ecirc;tre n&rsquo;est-on v&eacute;ritablement auteur qu&rsquo;&agrave; partir d&rsquo;un second livre, quand le nom propre inscrit en couverture devient le &ldquo;facteur commun&rdquo; d&rsquo;au moins deux textes&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;? &Agrave; la colonne &laquo;&nbsp;Du m&ecirc;me auteur&nbsp;&raquo; succ&egrave;de la rubrique &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon, fictions et exp&eacute;rimentations&nbsp;&raquo;, regroupant texte nativement num&eacute;riques et &oelig;uvres immigr&eacute;es, voire l&rsquo;ensemble du site Tiers Livre. Parce que citation, la relecture num&eacute;rique donne &agrave; lire son texte en un feuilletage polyphonique qui ressortit &agrave; la connotation autonymique, non exactement sur le mode du &laquo;&nbsp;comme je dis&nbsp;&raquo;, mais sur celui du &laquo;&nbsp;comme j&rsquo;&eacute;crivais&nbsp;&raquo;. L&rsquo;auteur r&eacute;crit <em>Limite</em> sans &laquo;&nbsp;recopier le livre tel qu&rsquo;il a paru&nbsp;&raquo;, mais &laquo;&nbsp;essaye de l&rsquo;assumer avec ce qu&rsquo;[il a] appris&nbsp;&raquo; depuis&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>&nbsp;; avec ce qu&rsquo;il a <em>&eacute;crit</em>.</p> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est &eacute;galement l&rsquo;&eacute;criture du blog qui p&eacute;n&egrave;tre dans le texte initial pour le contaminer heureusement. Quand il ajoute la mention des&nbsp;lumi&egrave;res crues &laquo;&nbsp;dans la nuit p&acirc;le et le <em>halo de la ville</em>, une sir&egrave;ne au loin&nbsp;&raquo;&nbsp;&agrave; la page 58 de <em>Limite</em>, &agrave; la rentr&eacute;e 2010, Fran&ccedil;ois Bon ne se souvient-il pas de ses r&eacute;cents s&eacute;jours en Am&eacute;rique du nord, ainsi que de trois articles &eacute;crits sur Tiers Livre, entre janvier et juillet 2010, qui tous accordaient une place centrale &agrave; ce m&ecirc;me syntagme du &laquo;&nbsp;halo de la ville&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;?</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_Un_geste_autobiographique"><strong style="line-height: 1.5;">2. Un geste autobiographique</strong></span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;exp&eacute;rience personnelle, dont le blog par d&eacute;finition se veut le d&eacute;positaire partiel, se transfuse l&eacute;gitimement dans un &eacute;crit accueilli par le m&ecirc;me support. C&rsquo;est qu&rsquo;il appartient en propre &agrave; la relecture de l&rsquo;&oelig;uvre par son auteur de consacrer le livre originel comme fruit d&rsquo;une exp&eacute;rience du sujet, qui aurait acc&eacute;d&eacute; dans un second temps, celui de la publication, &agrave; une forme d&rsquo;exemplarit&eacute;. Or, la relecture, d&eacute;volue par nature &agrave; l&rsquo;articulation de l&rsquo;individuel &agrave; l&rsquo;histoire collective&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>, b&eacute;n&eacute;ficie de la capacit&eacute; du blog &agrave; rendre poreuse la fronti&egrave;re entre sph&egrave;re publique et sph&egrave;re priv&eacute;e. Un paratexte g&eacute;n&eacute;tique, vou&eacute; &agrave; la reconstitution des circonstances ayant pr&eacute;valu &agrave; la r&eacute;daction, comme un &laquo;&nbsp;making-of&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>&nbsp;&raquo; de <em>Limite</em> peut d&egrave;s lors l&eacute;gitimement se d&eacute;ployer dans cet espace tiers. Lorsqu&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;merge nettement un souvenir autobiographique&nbsp;&raquo;, tels les coups re&ccedil;us au lyc&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>, c&rsquo;est dans cette zone paratextuelle qu&rsquo;il vient se ficher, pour constituer le &laquo;&nbsp;roman de <em>Limite</em>&nbsp;&raquo;, soit le r&eacute;cit initiatique d&rsquo;une conqu&ecirc;te progressive de l&rsquo;&eacute;criture. Se b&acirc;tit alors un ethos de l&rsquo;auteur, que le paratexte g&eacute;n&eacute;tique, insistant sur la dimension agonistique du passage &agrave; l&rsquo;acte d&rsquo;&eacute;criture, teinte de t&eacute;nacit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;D&rsquo;o&ugrave; le fait&nbsp;: je continue. Aujourd&rsquo;hui encore, je continue&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est en r&eacute;alit&eacute; tout Tiers Livre qui contribue &agrave; cette construction &eacute;thique, tant, m&ecirc;me au-del&agrave; de la rubrique &laquo;&nbsp;Grognes et soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;, les prises de position pol&eacute;miques qui &eacute;maillent le site ne peuvent qu&rsquo;influencer ma lecture de <em>Limite</em> republi&eacute; &agrave; quelques encablures &agrave; peine. C&rsquo;est que &laquo;&nbsp;le blogueur fait s&eacute;cession&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;pensant son fief, qui comme une bulle, qui comme un &icirc;lot de r&eacute;sistance, chaque blogueur, au fil des billets, affine son ethos par diff&eacute;renciation, scissiparit&eacute;. [&hellip;] D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;importance, quantitative et qualitative, des billets critiques et autres &ldquo;coups de gueule&rdquo; [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;&raquo;. Lire <em>Limite</em> dans sa republication num&eacute;rique, c&rsquo;est donc aussi le (re)lire &agrave; travers l&rsquo;ethos num&eacute;rique de son auteur, et donc le lire probablement comme un texte &agrave; l&rsquo;orientation pol&eacute;mique plus pr&eacute;gnante que dans sa version originale. C&rsquo;est le recevoir &eacute;galement comme le fruit d&rsquo;une relecture, avatar de ce ressassement inh&eacute;rent &agrave; la po&eacute;tique du blog. Lire <em>Limite</em> dans sa republication num&eacute;rique, c&rsquo;est le relire enfin comme &eacute;l&eacute;ment dans un parcours d&rsquo;&eacute;crivain qui se donne &agrave; lire ici dans ses attaches biographiques. La relecture tardive construit en effet le texte original en alt&eacute;rit&eacute;, construction sur le mode de cet &laquo;&nbsp;&eacute;trangement&nbsp;&raquo; dont Derrida faisait la caract&eacute;ristique premi&egrave;re de l&rsquo;ordinateur, et qui seule permet au sujet d&rsquo;&eacute;prouver sa singularit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>. Une telle objectivation, sensible &agrave; l&rsquo;&eacute;cart temporel s&eacute;parant la premi&egrave;re publication papier de la reprise num&eacute;rique, d&eacute;cline d&rsquo;ailleurs la condition double de tout internaute, sujet qui accepte de devenir objet de &laquo;&nbsp;l&rsquo;engagement&nbsp;&raquo; des autres&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;: au bas de chaque feuilleton de <em>Limite</em> s&rsquo;inscrit bien, ainsi, le d&eacute;compte des internautes ayant consacr&eacute; au moins une minute &agrave; cette page.</p> <p style="text-align: justify;">Tiers Livre ne peut plus donc se concevoir seulement comme &laquo;&nbsp;un livre &agrave; c&ocirc;t&eacute; des livres&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo;, mais comme l&rsquo;espace num&eacute;rique d&eacute;volu &agrave; ce que j&rsquo;appellerai <em>autoblographie</em>. Le site devient cette &laquo;&nbsp;armoire &agrave; livres&nbsp;&raquo; qui figurait &agrave; l&rsquo;horizon d&rsquo;<em>Autobiographie des objets</em>. Relisant ses propres livres, republi&eacute;s, augment&eacute;s et comment&eacute;s, Bon en fait des textes d&rsquo;alluvions, d&eacute;positaire de traces qu&rsquo;il appartient d&eacute;sormais au lecteur de saisir. D&eacute;marche arch&eacute;ologique, le paratexte g&eacute;n&eacute;tique fait scintiller diff&eacute;remment le texte originel, doublant la temporalit&eacute; horizontale de ma lecture d&rsquo;une temporalit&eacute; verticale issue de ce carottage dans les circonstances de la r&eacute;daction. Ce sont donc des indices que la relecture pr&eacute;l&egrave;ve, dans des paragraphes paratextuels marqu&eacute;s au sceau de la discontinuit&eacute; et de la fragmentation du propos. L&rsquo;introduction &agrave; la relecture-r&eacute;criture des pages 24 &agrave; 34 de <em>Limite</em> se scande ainsi par exemple en &laquo;&nbsp;S&eacute;quence accident du travail&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;S&eacute;quence urgences h&ocirc;pital&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>&nbsp;&raquo;, quand tel retour sur <em>Calvaire des chiens</em> convoque un certain Brocq, &laquo;&nbsp;un cousin de ma grand-m&egrave;re&nbsp;&raquo; ou encore les parleurs de Damvix&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est que ces paratextes, conform&eacute;ment d&rsquo;ailleurs &agrave; la po&eacute;tique propre &agrave; la relecture, qui est lecture pr&eacute;hensive de citation et donc de pr&eacute;l&egrave;vement, viennent puiser dans le flux textuel originel quelques &eacute;clats, de ceux qui r&eacute;veillent des souvenirs autobiographiques. Chaque <em>punctum</em>, comme biograph&egrave;me, n&rsquo;est convoqu&eacute; qu&rsquo;en tant qu&rsquo;il &eacute;claire l&rsquo;&eacute;criture de tel passage de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire examin&eacute;e, et prend fr&eacute;quemment, d&rsquo;ailleurs, la forme de consid&eacute;rations transtextuelles&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je voulais ce livre selon la trag&eacute;die grecque&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp;&raquo;. Nommons donc <em>bibliograph&egrave;mes</em> ces instants o&ugrave; la biographie se confond avec la gen&egrave;se des &eacute;crits de l&rsquo;auteur dans ses rapports &agrave; la biblioth&egrave;que. Ils participent de cette entreprise plus g&eacute;n&eacute;rale de circulation du discours auctorial, de son pr&eacute;sent d&rsquo;&eacute;crivain &agrave; ses textes ant&eacute;rieurs comme aux autres ouvrages qui l&rsquo;auront accompagn&eacute; dans son &eacute;criture.</p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;auteur de la partie haute de tel feuilleton de <em>Limite</em>, espace tabulaire ouvert aux quatre vents &ndash; je peux d&eacute;cider de partir vers une autre zone du site, voire vers un autre site comme nerval.fr ‒&nbsp;est-il le m&ecirc;me que celui de la suite du texte, lisible en un espace &eacute;cranique cette fois lin&eacute;aire&nbsp;‒ auteur qui lui-m&ecirc;me dialogue avec celui de la version originale de <em>Limite</em> dans les ann&eacute;es 1983-1984&hellip; ?</p> <p style="text-align: justify;"><a class="fancybox image" href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Gilles-Bonnet_TiersLivre_Illustration-1.png"><img alt="Doc. 1 – Capture d’écran." class="alignnone size-medium wp-image-618" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Gilles-Bonnet_TiersLivre_Illustration-1-300x169.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Gilles-Bonnet_TiersLivre_Illustration-1-300x169.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Gilles-Bonnet_TiersLivre_Illustration-1-1024x576.png 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Gilles-Bonnet_TiersLivre_Illustration-1-810x455.png 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Gilles-Bonnet_TiersLivre_Illustration-1-1140x641.png 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Gilles-Bonnet_TiersLivre_Illustration-1.png 1366w" style="width: 300px; height: 169px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 1&nbsp;&ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran.</small></p> <p style="text-align: justify;">Oui, mais c&rsquo;est alors la fonction discriminante de la &laquo;&nbsp;fonction-auteur&nbsp;&raquo; telle que d&eacute;finie par Foucault qui se trouve contest&eacute;e. La copr&eacute;sence sur un m&ecirc;me support, Tiers Livre, de billets appartenant &agrave; des &eacute;tiquettes g&eacute;n&eacute;riques diverses, ainsi qu&rsquo;&agrave; des statuts multiples &ndash;&nbsp;billet d&rsquo;humeur, mais tram&eacute; de consid&eacute;rations litt&eacute;raires, album photos, critique litt&eacute;raire et artistique, autocommentaires paratextuels, textes nativement num&eacute;riques et livres papier republi&eacute;s, voire r&eacute;crits&hellip;&nbsp;&ndash; &eacute;rode la port&eacute;e des anciennes distinctions et des proc&egrave;s en l&eacute;gitimit&eacute; litt&eacute;raire. Quand le site, orn&eacute; sur sa page d&rsquo;accueil du nom d&rsquo;auteur &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon&nbsp;&raquo;, appara&icirc;t comme mobile textuel, au sein duquel se brouillent et se recomposent les rapports transtextuels, o&ugrave; faire passer d&egrave;s lors le tamis de la fonction-auteur gr&acirc;ce auquel l&rsquo;on pouvait distinguer un discours &agrave; vocation litt&eacute;raire, qui ne serait &laquo;&nbsp;pas une parole quotidienne, indiff&eacute;rente, une parole qui s&rsquo;en va, qui flotte et passe&nbsp;&raquo;&nbsp;? Comment affirmer en cons&eacute;quence qu&rsquo;&laquo;&nbsp;il y a dans une civilisation comme la n&ocirc;tre un certain nombre de discours qui sont pourvus de la fonction &ldquo;auteur&rdquo;, tandis que d&rsquo;autres en sont d&eacute;pourvus&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;? &Eacute;criture polyrythmique &ndash;&nbsp;de l&rsquo;instantan&eacute; du micro-blogging &agrave; la ressaisie patiente du texte entier de <em>Limite</em>&nbsp;&ndash; et multim&eacute;dia, la litt&eacute;rature num&eacute;rique exige la prise en compte non plus tant de l&rsquo;identit&eacute; auctoriale, assise par le champ du livre papier, que du nouveau paradigme de <em>l&rsquo;identit&eacute; num&eacute;rique</em>. Fran&ccedil;ois Bon est bien l&rsquo;auteur d&rsquo;un site, qui publie ses cr&eacute;ations multiples, mais accueille &eacute;galement des voix autres, celles de lecteurs invit&eacute;s &agrave; prendre part &agrave; un dialogue, ou celle d&rsquo;autres internautes &eacute;crivains &ndash;&nbsp;auteurs de blogs auxquels renvoie constamment la zone de Tiers Livre consacr&eacute;e &agrave; la prescription de sites amis via un bouquet de liens&nbsp;&ndash;, auteurs convi&eacute;s un vendredi par mois, lors du rituel des &laquo;&nbsp;vases communicants&nbsp;&raquo;, &agrave; inscrire leurs textes au c&oelig;ur m&ecirc;me du dispositif Tiers Livre. Fran&ccedil;ois Bon prolonge &eacute;galement son activit&eacute; sur sa page Facebook, comme sur la cha&icirc;ne Tiers Livre de YouTube, qui h&eacute;berge ses nombreuses vid&eacute;os, quand il ne tweete pas&hellip; Une telle diss&eacute;mination de traces, constitue l&rsquo;enjeu neuf de la construction d&rsquo;une identit&eacute;, pour l&rsquo;&eacute;crivain engag&eacute; sur Internet, voire dont Internet est devenu le c&oelig;ur de son travail, et qui affronte d&eacute;sormais de nouveaux al&eacute;as, dont cette &laquo;&nbsp;ombre num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, r&eacute;sidu involontaire de passages priv&eacute;s sur la Toile. N&eacute;gocier avec Internet et ses mod&egrave;les de d&eacute;veloppement &eacute;conomiques, jusqu&rsquo;&agrave; r&eacute;sister &agrave; certaines de ses logiques pour &laquo;&nbsp;contaminer Internet de l&rsquo;int&eacute;rieur&nbsp;&raquo; selon un mot d&rsquo;ordre inscrit dans un article du site, intitul&eacute; pr&eacute;cis&eacute;ment &laquo;&nbsp;si la litt&eacute;rature peut mordre&nbsp;encore&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a> &raquo;, ne serait-ce pas &eacute;riger l&rsquo;identit&eacute; num&eacute;rique en nouvelles identit&eacute; et autorit&eacute; auctoriales&nbsp;? &Agrave; la fois &eacute;crivant et &eacute;crivain, le second englobant ici le premier, engag&eacute; dans une chronique du quotidien accueillie par le blog, comme dans l&rsquo;interrogation &agrave; vif de la langue et d&rsquo;un &laquo;&nbsp;comment &eacute;crire&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;, na&icirc;trait alors la figure de l&rsquo;<em>&eacute;cranvain</em>, auteur d&rsquo;une &oelig;uvre plurielle et complexe, mobile, quotidiennement requestionn&eacute;e en m&ecirc;me temps qu&rsquo;archiv&eacute;e, revendiqu&eacute;e en m&ecirc;me temps que partag&eacute;e, relue en m&ecirc;me temps que rouverte.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="3_Loeuvre_rouverte"><strong style="line-height: 1.5;">3. L&rsquo;&oelig;uvre rouverte</strong></span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Parce que discours sur soi m&eacute;diatis&eacute; par les textes lus ou &eacute;crits, au sein m&ecirc;me d&rsquo;un texte pluriel et r&eacute;ticulaire en cours d&rsquo;&eacute;criture, l&rsquo;autobiographie s&rsquo;affirme ici dynamique et mobile, autant performative que r&eacute;flexive. Sa propre constitution implique non le respect fig&eacute; d&rsquo;une &oelig;uvre ant&eacute;rieure contempl&eacute;e &agrave; distance, mais la r&eacute;ouverture, pour inventaire et invention, de ces jalons essentiels.</p> <p style="text-align: justify;">D&eacute;volue &agrave; la bri&egrave;vet&eacute;, la po&eacute;tique du Web exige un nouveau s&eacute;quen&ccedil;age des textes originaux. Bon reprend ainsi, pour l&rsquo;inverser, la chronologie habituelle de la publication en feuilleton, telle qu&rsquo;inaugur&eacute;e par le Balzac de <em>La Vieille Fille</em> en 1836. La publication tardive en feuilleton fournit le rythme et le cadre d&rsquo;un d&eacute;coupage <em>a posteriori</em> de <em>Limite</em>, propos&eacute; en une douzaine de livraisons, conform&eacute;ment &agrave; l&rsquo;empilement s&eacute;riel des billets, constitutif de la <em>sc&eacute;nographie</em> du blog, au sens o&ugrave; &laquo;&nbsp;un texte qui rel&egrave;ve de la sc&egrave;ne g&eacute;n&eacute;rique romanesque peut s&rsquo;&eacute;noncer, par exemple, &agrave; travers la sc&eacute;nographie du journal intime, du r&eacute;cit de voyage, de la conversation au coin du feu, de l&rsquo;&eacute;change &eacute;pistolaire&hellip;&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;&Agrave; chaque fois&nbsp;&raquo;, poursuit Dominique Maingueneau, &laquo;&nbsp;la sc&egrave;ne sur laquelle le lecteur se voit assigner une place, c&rsquo;est une sc&egrave;ne narrative construite par le texte, une &ldquo;sc&eacute;nographie&rdquo;&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>&nbsp;&raquo;. La relecture num&eacute;rique sur Tiers Livre abandonne donc le chapitre ou la partie comme unit&eacute;s de lecture pertinentes du texte, pour la s&eacute;rie de s&eacute;quences, int&eacute;gr&eacute;es au final &agrave; une liste, selon l&rsquo;usage canonique des sites structur&eacute;s en cat&eacute;gories appel&eacute;es par des onglets ou nuages de tags. <em>Limite</em> n&rsquo;est plus seulement un titre sur une couverture, mais un lien qui ouvre aux contenus d&rsquo;une base de donn&eacute;es, elle-m&ecirc;me &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;une base de donn&eacute;es de niveau sup&eacute;rieur, le site. Sans doute <em>Limite</em>, juxtaposition d&eacute;j&agrave; plus spatialis&eacute;e que temporelle <a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>, de monologues, &oelig;uvre fragmentaire et mosa&iuml;que polyphonique, pr&eacute;sentait-il des pr&eacute;dispositions &eacute;videntes &agrave; un devenir-num&eacute;rique. Le texte de <em>Limite</em> appara&icirc;t m&ecirc;me d&eacute;sormais comme une mise en abyme de l&rsquo;ensemble du site con&ccedil;u comme &laquo;&nbsp;livre d&rsquo;un type neuf&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;fait de toutes ces voix crois&eacute;es, accueillies, partag&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&oelig;uvre republi&eacute;e sur nouveau support continue de se lire, &agrave; l&rsquo;instar de sa version premi&egrave;re, mais se <em>consulte</em> &eacute;galement, comme toute publication inf&eacute;od&eacute;e au format du fichier qui &laquo;&nbsp;se pr&ecirc;te &agrave; merveille &agrave; l&rsquo;&eacute;criture du fragment&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;&raquo;. Si l&rsquo;article 2262 de Tiers Livre choisit de reproduire les pages 59 &agrave; 65 de <em>Limite</em>, c&rsquo;est autant pour tenir compte de l&rsquo;exigence de bri&egrave;vet&eacute; inh&eacute;rente au m&eacute;dium num&eacute;rique, pr&eacute;cis&eacute; comme blog par un &laquo;&nbsp;aujourd&rsquo;hui&nbsp;&raquo; initial, que pour sugg&eacute;rer, par un choix d&rsquo;orientation paratextuelle donc, une coh&eacute;rence et un sens propres &agrave; ces pages, que ne mettait pas en relief la version papier. Ou comment la contrainte m&eacute;diatique autorise une herm&eacute;neutique tardive du roman de 1985&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">[&hellip;] aujourd&rsquo;hui, non pas une suite de monologues, mais un seul. Parce qu&rsquo;il est long, c&rsquo;est vrai &ndash;&nbsp;pas facile de l&rsquo;articuler avec d&rsquo;autres. Mais plus profond&eacute;ment, parce que d&rsquo;un coup j&rsquo;y prenais l&rsquo;espace [&hellip;] de faire entrer dans la trame narrative un fonctionnement enti&egrave;rement abstrait&nbsp;: la reproduction sociale&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Chaque s&eacute;quence de <em>Limite</em>, pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e d&rsquo;un tel chapeau paratextuel, participe pleinement d&rsquo;une po&eacute;tique des <em>seuils</em> en quoi l&rsquo;on peut reconna&icirc;tre une sp&eacute;cificit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture web, toujours en tension, de basculer par exemple d&rsquo;un fragment textuel &agrave; un document iconique ou d&rsquo;un hyperlien &agrave; son r&eacute;f&eacute;rent. La republication de <em>Limite</em> rejoue, &agrave; chaque fragment propos&eacute; sur Tiers Livre, le sc&eacute;nario d&rsquo;un nouveau d&eacute;part, et ob&eacute;it &agrave; la temporalit&eacute; propre au Web&nbsp;: c&rsquo;est par fil RSS ou abonnement &agrave; Twitter que peut me parvenir en effet la nouvelle d&rsquo;un ajout par l&rsquo;auteur de tel ou tel passage relu&nbsp;; et ma lecture d&egrave;s lors s&rsquo;accommodera de l&rsquo;interruption et de la reprise, contribuant plus largement &agrave; &laquo;&nbsp;une narration fragment&eacute;e du monde faite d&rsquo;ajouts successifs&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;&raquo;. La relecture ins&egrave;re par ailleurs, entre l&rsquo;adh&eacute;rence du texte &agrave; son support premier et une conception d&rsquo;inspiration h&eacute;g&eacute;lienne de l&rsquo;id&eacute;alit&eacute; du texte, ind&eacute;pendant de tout support, l&rsquo;historicit&eacute; et l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; de l&rsquo;acte de production comme mise &agrave; distance <em>et</em> r&eacute;appropriation, on l&rsquo;a vu, de l&rsquo;&oelig;uvre originale. Une telle &eacute;rosion de l&rsquo;id&eacute;alit&eacute; du texte ne compromet pas son extraction du support premier, et autorise son adaptation, partielle, au support d&rsquo;accueil, en l&rsquo;occurrence num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>. Dans le m&ecirc;me mouvement, la &laquo;&nbsp;perte d&rsquo;aura&nbsp;&raquo; orchestr&eacute;e par la reproductibilit&eacute; technique infinie de l&rsquo;&oelig;uvre originale d&eacute;sormais propuls&eacute;e sur Internet se voit largement compens&eacute;e par la nouvelle &laquo;&nbsp;authenticit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;&raquo; que lui conf&egrave;re l&rsquo;exploration de sa gen&egrave;se par un paratexte arch&eacute;ologique qui la radiographie, comme on le ferait d&rsquo;un tableau.</p> <p style="text-align: justify;">D&egrave;s lors se laisse deviner, gr&acirc;ce &agrave; la relecture tardive, une &oelig;uvre d&eacute;finie comme &laquo;&nbsp;unique apparition d&rsquo;un lointain, si proche soit-il&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>&nbsp;&raquo;. Mieux qu&rsquo;un texte, la relecture tend en effet &agrave; renouer avec l&rsquo;&eacute;criture comme <em>&eacute;v&eacute;nement</em>, et donc &agrave; r&eacute;gresser jusqu&rsquo;au geste initial, cette bascule en &eacute;criture. Plus qu&rsquo;un geste d&rsquo;autorit&eacute; qui voudrait forclore le sens d&rsquo;une &oelig;uvre, la relecture vient ici rouvrir les &oelig;uvres anciennes, &laquo;&nbsp;transformer le livre en exp&eacute;rience Web ouverte et mouvante&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;&raquo;. Si la po&eacute;tique de la relecture, parce qu&rsquo;elle semble combler d&rsquo;anciennes vacances, ne faisant qu&rsquo;indiquer par l&agrave; m&ecirc;me l&rsquo;incompl&eacute;tude d&eacute;finitive du texte relu, inach&egrave;ve le texte, et se pr&ecirc;te donc &agrave; une telle revitalisation tardive, c&rsquo;est qu&rsquo;elle croise &eacute;galement l&rsquo;instabilit&eacute; du texte num&eacute;rique, toujours susceptible de modifications ult&eacute;rieures, &laquo;&nbsp;&oelig;uvre ouverte, prot&eacute;iforme et constamment &eacute;volutive&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>&nbsp;&raquo;. Ainsi <em>Rock&rsquo;n roll</em>, texte clos, publi&eacute; en version papier, redevient-il sur Tiers Livre &laquo;&nbsp;un atelier ouvert, avec ajout permanent de liens et de r&eacute;visions&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;&raquo;. De m&ecirc;me, relecture et po&eacute;tique Web convergent dans la continuation num&eacute;rique imagin&eacute;e par Bon pour <em>Autobiographie des objets</em>&nbsp;: la liste des entr&eacute;es continue en effet &agrave; s&rsquo;enrichir sur Tiers Livre, m&ecirc;me apr&egrave;s la parution en livre de poche du texte et pose la question centrale&nbsp;: &laquo;&nbsp;quand et comment se finit un livre, s&rsquo;il se continue quand m&ecirc;me&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;?&nbsp;&raquo; Si un jour Fran&ccedil;ois Bon injecte ses &laquo;&nbsp;Cahiers de Marseille&nbsp;&raquo; dans la relecture de <em>Limite</em> sur Tiers Livre, l&rsquo;avant-texte parach&egrave;vera&hellip; cet inach&egrave;vement d&rsquo;une &oelig;uvre <em>in progress</em>, &eacute;toil&eacute;e dans l&rsquo;&eacute;ventail paradigmatique de ses possibles, celui-l&agrave; m&ecirc;me que la publication papier avait autoritairement repli&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>. De tels ajouts sont d&rsquo;ailleurs devenus depuis peu un lieu d&rsquo;offrande, destin&eacute; aux abonn&eacute;s &agrave; Tiers Livre, et dispos&eacute;s dans l&rsquo;espace WIP du site.</p> <p style="text-align: justify;">Sym&eacute;triquement &agrave; la publication sur Tiers Livre de textes &laquo;&nbsp;avant maturation&nbsp;&raquo;, qui permettent la distance d&rsquo;o&ugrave; observer mieux pour leur auteur &laquo;&nbsp;l&rsquo;objet en fabrique&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>,&nbsp;&raquo; la relecture tardive contribue &agrave; la m&ecirc;me exposition d&rsquo;un chantier, mais rouvert apr&egrave;s fermeture. D&egrave;s lors, c&rsquo;est bien s&ucirc;r l&rsquo;&eacute;criture pr&eacute;sente qui se retrempe dans le geste original, red&eacute;couvert dans son intensit&eacute; par la relecture. Tout comme <em>Rock&rsquo;n roll</em> se sera &eacute;crit en repassant obsessionnellement par l&rsquo;ouverture, ce concert &agrave; Earl&rsquo;s Court, &laquo;&nbsp;pour grimper la tension&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>&nbsp;&raquo; et hisser l&rsquo;&eacute;criture &agrave; son degr&eacute; d&rsquo;intensit&eacute;, les textes contemporains de Fran&ccedil;ois Bon semblent s&rsquo;&eacute;crire en repassant par les textes ant&eacute;rieurs, que leur republication en formats num&eacute;riques lui donne l&rsquo;occasion de reprendre, voire de r&eacute;crire&nbsp;; de recr&eacute;er.</p> <h3 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">Notes<br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Fran&ccedil;ois Bon, Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://http ://www.tierslivre.net/spip/spip. php?article3770" target="_blank">article 3770</a>. On ne peut que souscrire &agrave; ce qu&rsquo;&eacute;crit ainsi Pascale Hell&eacute;gouarc&rsquo;h&nbsp;: &laquo;&nbsp;La question du support para&icirc;t essentielle dans les diverses formes d&rsquo;une litt&eacute;rature qualifi&eacute;e de num&eacute;rique, invitant &agrave; une r&eacute;flexion sur la posture et l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriales. Elle entra&icirc;ne des cons&eacute;quences en termes de r&eacute;ception, de rapport &agrave; la lecture, &agrave; l&rsquo;institution et, partant, de l&eacute;gitimit&eacute; dans un champ culturel dont les codes se trouvent boulevers&eacute;s.&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Traces et cailloux, de l&rsquo;&eacute;cran au papier&nbsp;: m&eacute;moire en jeu&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Auteur en r&eacute;seau, les r&eacute;seaux de l&rsquo;auteur</em>, O. Deseillligny &amp; S.&nbsp;Ducas (dir.), Paris, Presses universitaires Paris Ouest, 2013, p.&nbsp;207).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Au sens o&ugrave; Jean-Fran&ccedil;ois Foget et Bruno Patino d&eacute;finissent le &laquo;&nbsp;m&ecirc;me&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Sur Internet, le m&ecirc;me est un contenu cit&eacute;, copi&eacute;, d&eacute;tourn&eacute;, diffus&eacute; de fa&ccedil;on rapide&nbsp;&raquo;, appartenant &agrave; un &laquo;&nbsp;processus de r&eacute;plique et de propagation tenant de la mode, de la fi&egrave;vre passag&egrave;re, de l&rsquo;&eacute;clat de rire partag&eacute; ou de l&rsquo;indignation subite&nbsp;&raquo; (<em>La Condition num&eacute;rique</em>, Paris, Grasset, 2013, p.&nbsp;126-127.)</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article791" target="_blank">art. 791</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Dans Origgi Gloria &amp; Arikha Noga (dir.), <em>Text-e. Le texte &agrave; l&rsquo;heure d&rsquo;Internet</em>, Paris, Bpi/Centre Pompidou, 2003, p.&nbsp;25&nbsp;: &laquo;&nbsp;La communication &agrave; distance des textes &eacute;lectroniques rend pensable, sinon possible, l&rsquo;universelle disponibilit&eacute; du patrimoine &eacute;crit.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> Isabelle Escolin-Contensou, &laquo;&nbsp;Le blog, nouvel espace litt&eacute;raire entre tradition et reterritorialisation&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Les Blogs. &Eacute;criture d&rsquo;un nouveau genre&nbsp;?</em>, Christelle Couleau &amp; Pascale Hell&eacute;gouarc&rsquo;h (dir.), Paris, L&rsquo;Harmattan, 2010, p.&nbsp;20.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> F. Bon, propos liminaire de <em>Limite</em> republi&eacute; chez Publie.net, 2013&nbsp;: &laquo;&nbsp;Recopier, annoter&nbsp;: le num&eacute;rique comme recr&eacute;ation&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> I. Escolin-Contensou, <em>art. cit.</em>, p.&nbsp;20-21.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1865" target="_blank">art. 1865</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> Mireille Hilsum, <em>La Relecture de l&rsquo;&oelig;uvre par ses &eacute;crivains m&ecirc;mes</em>, Paris, Kim&eacute;, &laquo;&nbsp;Cahiers de Marge&nbsp;&raquo;, 2007, p.&nbsp;13.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3654" target="_blank">art. 3654</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> Tiers Livre,&nbsp;art. 3184.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2262" target="_blank">art. 2262</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2242" target="_blank">art. 2242</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai r&eacute;alis&eacute; moi-m&ecirc;me les e-pubs de <em>Prison</em> et d&rsquo;<em>Un fait divers&nbsp;</em>&raquo;, aime-t-il ainsi &agrave; pr&eacute;ciser (Tiers Livre, art. 3184).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> Yves Jeanneret &amp; Emmanuel Souchier, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale dans les &eacute;crits d&rsquo;&eacute;cran&nbsp;&raquo;, <em>Communication et Langages</em>, n<sup>o</sup>145, sept. 2005, p.&nbsp;6. Cette &eacute;nonciation d&eacute;signe donc &laquo;&nbsp;l&rsquo;ensemble de ce qui contribue &agrave; la production mat&eacute;rielle des formes qui donnent au texte sa consistance, son &ldquo;image de texte&rdquo;&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>.).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> G&eacute;rard Genette, <em>Seuils</em>, Paris, Seuil, 1987, p.&nbsp;26.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> <em>Le Pacte autobiographique</em>, Paris, Seuil, 1975, p.&nbsp;23.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2262" target="_blank">art. 2262</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> Se reporter &agrave; deux articles de la face B (59 et 67) ainsi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2198" target="_blank">article 2198</a> de Tiers Livre. Les modifications sont les suivantes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ta respiration &agrave; bout te laisse essouffl&eacute; au milieu de terrain dans le jeu un instant immobile apr&egrave;s l&rsquo;avalanche de vitesse, le retour de manivelle pr&ecirc;t. Tout l&rsquo;effort pour simplement se replier.&nbsp;&raquo; (<em>Limite</em>, 1985, p.&nbsp;58) / &laquo;&nbsp;Ta respiration &agrave; bout te laisse essouffl&eacute; au milieu de terrain<em>, bourrade d&rsquo;un copain comme on flatte un bon cheval mais j&rsquo;aurais fait pareil</em>, dans le jeu un instant immobile <em>apr&egrave;s l&rsquo;alerte, les lumi&egrave;res m&ecirc;me plus crues dans la nuit p&acirc;le et le halo de la ville, une sir&egrave;ne au loin</em>.&nbsp;&raquo; (<em>Limite</em>, 2010, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2261" target="_blank">art. 2261</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> V.&nbsp;Aur&eacute;lie Loiseleur, &laquo;&nbsp;Une mise en regard des <em>M&eacute;ditations</em>&nbsp;: les commentaires de Lamartine&nbsp;&raquo;, in <em>La Relecture de l&rsquo;&oelig;uvre par ses &eacute;crivains m&ecirc;mes</em>, <em>op.&nbsp;cit</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2242" target="_blank">art. 2242</a>&nbsp;: &laquo;&nbsp;republication num&eacute;rique de mon deuxi&egrave;me livre [&hellip;] avec commentaires et making-of&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> Tiers Livre,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2276" target="_blank">art. 2276</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> <em>Ibid</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> Christ&egrave;le Couleau, &laquo;&nbsp;Se donner un genre&nbsp;: pour une po&eacute;tique du blog&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Les Blogs. &Eacute;critures d&rsquo;un nouveau genre&nbsp;?</em>, <em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;187.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> Jacques Derrida, <em>Papier Machine</em>, Paris, Galil&eacute;e, 2001, p.&nbsp;156&nbsp;: l&rsquo;ordinateur restitue une &laquo;&nbsp;quasi-imm&eacute;diatet&eacute; du texte&nbsp;&raquo; et en m&ecirc;me temps donne l&rsquo;impression d&rsquo;un &laquo;&nbsp;Autre d&eacute;miurgique&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;destinataire invisible&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;t&eacute;moin omnipr&eacute;sent&nbsp;&raquo; nous renvoyant &laquo;&nbsp;sans attendre, en face &agrave; face, l&rsquo;image objectiv&eacute;e de notre parole aussit&ocirc;t stabilis&eacute;e et traduite en la parole de l&rsquo;Autre.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> V. J-F. Fogel &amp; B. Patino, <em>La Condition num&eacute;rique,</em> <em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;56&nbsp;: l&rsquo;internaute &laquo;&nbsp;est le sujet qui souscrit &agrave; la proposition d&rsquo;avoir de nouveaux amis dont l&rsquo;existence est d&eacute;termin&eacute;e par un programme l&rsquo;ayant pris pour objet d&rsquo;une recherche. Il est le sujet qui suit de quelle mani&egrave;re son action en ligne devient l&rsquo;objet de renvois de liens &agrave; travers le r&eacute;seau.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> Tel &eacute;tait le projet original, relat&eacute; dans <em>Apr&egrave;s le livre</em>, Paris, Seuil, 2011, p.&nbsp;64.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2246" target="_blank">art. 2246</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> <em>Id</em>., <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article789" target="_blank">art. 789</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> <em>Id</em>., <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2246" target="_blank">art. 2246</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> Michel Foucault, &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un auteur&nbsp;?&raquo;, dans&nbsp;<em>Dits et &eacute;crits</em>, Paris, Gallimard, &nbsp;t. 1, 1994, p.&nbsp;798.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article519" target="_blank">art. 519</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> Roland Barthes, <em>Essais critiques</em>, Paris, Seuil, &laquo;&nbsp;Points&nbsp;&raquo;, 1981, p.&nbsp;154&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;crivain est un homme qui absorbe radicalement le pourquoi du monde dans un comment &eacute;crire&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;Les &eacute;crivants, eux, sont des hommes &ldquo;transitifs&rdquo;&nbsp;; ils posent une fin (t&eacute;moigner, expliquer, enseigner) dont la parole n&rsquo;est qu&rsquo;un moyen.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> Dominique Maingueneau, <em>Le Discours litt&eacute;raire</em>, Paris, Armand Colin, 2004, p.&nbsp;192.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> Sur ce primat de la spatialisation au d&eacute;triment de la temporalit&eacute;, caract&eacute;ristique des &oelig;uvres con&ccedil;ues sur m&eacute;dias informatiques, se reporter &agrave; Lev Manovich, <em>Le Langage des nouveaux m&eacute;dias</em>, Dijon, Les Presses du r&eacute;el, 2010, p.&nbsp;178.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2057" target="_blank">art. 2057</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> Philippe Lejeune, <em>&laquo;&nbsp;Cher &eacute;cran&hellip;&nbsp;&raquo; Journal personnel, ordinateur, Internet</em>, Paris, Seuil, 2000, p.&nbsp;422.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2262" target="_blank">art. 2262</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a> <em>La Condition num&eacute;rique</em>, <em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;20-21.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a> Sur cette question, on se reportera &agrave; Jean-Claude Monod, <em>&Eacute;crire. &Agrave; l&rsquo;heure du tout-message</em>, Paris, Flammarion, 2013, p.&nbsp;129-131.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a> V. Walter Benjamin, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;art &agrave; l&rsquo;heure de sa reproductibilit&eacute; technique&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>&OElig;uvres compl&egrave;tes</em>, tome 3, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Folio Essais&nbsp;&raquo;, 2000, p.&nbsp;274.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a> <em>Id</em>., p.&nbsp;280.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a> Extrait du paratexte marginal qui accompagne toutes les s&eacute;quences de <em>Limite</em> republi&eacute; sur Tiers Livre.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1961" target="_blank">art. 1961</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a> <em>Id</em>., <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3454" target="_blank">art. 3454</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a> <em>Id</em>., <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3028#38" target="_blank">art. 3028#38</a>&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Autobiographie des objets</em> / compl&eacute;ments, extensions (41)&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a> V. G&eacute;rard Genette, <em>Seuils</em>, <em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;369-370&nbsp;: &laquo;&nbsp;Car le plus important, mais aussi le plus ambigu des effets d&rsquo;avant-texte est peut-&ecirc;tre la mani&egrave;re dont, entourant le texte &ldquo;final&rdquo; de toute la masse, parfois &eacute;norme, de ses &eacute;tats pass&eacute;s, l&rsquo;&eacute;tude g&eacute;n&eacute;tique confronte ce qu&rsquo;il est &agrave; ce qu&rsquo;il fut, &agrave; ce qu&rsquo;il aurait pu &ecirc;tre, ce qu&rsquo;il a failli devenir, contribuant ainsi &agrave; relativiser, selon le v&oelig;u de Val&eacute;ry, la notion d&rsquo;ach&egrave;vement, &agrave; brouiller la trop fameuse &ldquo;cl&ocirc;ture&rdquo;, et &agrave; d&eacute;sacraliser la notion m&ecirc;me de Texte [&hellip;], l&rsquo;&oelig;uvre est toujours peu ou prou <em>in progress</em> [&hellip;] &raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a> Tiers Livre, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article621" target="_blank">art. 621</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a> <em>Id</em>., <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1137" target="_blank">art. 1137</a>.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;"><strong>Gilles Bonnet</strong> est ma&icirc;tre de conf&eacute;rences HDR &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Jean Moulin-Lyon 3, o&ugrave; il dirige l&rsquo;&eacute;quipe MARGE (E.A. 3712). Ses travaux actuels concernent &agrave; la fois la litt&eacute;rature du XIX<sup>e</sup> et la litt&eacute;rature num&eacute;rique.</p> <p style="text-align: justify;"><strong>Copyright</strong></p> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>