<h3>Abstract</h3> <p>The article concerns the relationship between the theatrical works of Fran&ccedil;ois Billetdoux and the world of sound and the radio. It addresses three main issues: 1: voices of inner and metaphysical nature which can be heard in the studied works; 2: speech situations where characters speak as though they were the radio broadcasting stations (asymmetrical communication); 3: effects that make up the &ldquo;soundscape&rdquo; of the works and items related to the radio technology. The article also proposes a useful criteria grid for analyzing the monologue forms of discourse characteristic of the dramaturgy of Fran&ccedil;ois Billetdoux.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>radio, theatre, Fran&ccedil;ois Billetdoux, sound, monologue</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>1. Remarques pr&eacute;alables</strong><br /> &nbsp;</h2> <p>&laquo;&nbsp;Aussi un texte de th&eacute;&acirc;tre ne s&rsquo;&eacute;crit-il pas seulement pour l&rsquo;&oelig;il et l&rsquo;imaginaire d&rsquo;un lecteur. Il doit pouvoir &ecirc;tre dit, en passant par la voix qui ne se limite pas &agrave; la bouche. Il doit pouvoir &ecirc;tre entendu, en passant par l&rsquo;ou&iuml;e qui ne se limite pas &agrave; l&rsquo;oreille.&nbsp;&raquo; C&rsquo;est Fran&ccedil;ois Billetdoux qui s&rsquo;exprime ainsi dans la pr&eacute;face de&nbsp;<em>R&eacute;veille-toi, Philadelphie&nbsp;!</em>&nbsp;en ao&ucirc;t 1988&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>, en nous donnant une certaine indication ‒&nbsp;sinon l&rsquo;indication essentielle&nbsp;‒ pour comprendre avec quelle largeur de vue il consid&egrave;re les probl&egrave;mes du son et de la voix dans une &oelig;uvre th&eacute;&acirc;trale. Cette conception tr&egrave;s profonde, quasi m&eacute;taphysique, de la perception sensorielle n&rsquo;&eacute;tonne point chez cet auteur qui, d&egrave;s ses premiers textes, n&rsquo;a eu de cesse d&rsquo;explorer les possibilit&eacute;s et les limites de la th&eacute;&acirc;tralit&eacute;.</p> <p>Les qualit&eacute;s d&rsquo;exp&eacute;rimentateur qui caract&eacute;risent Billetdoux sont d&rsquo;ailleurs toujours mises en avant par tous ceux qui s&rsquo;int&eacute;ressaient &agrave; son &oelig;uvre. Pierre Marcabru appelle Billetdoux un &laquo;&nbsp;exp&eacute;rimentateur-n&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;&raquo;. Genevi&egrave;ve Latour le pr&eacute;sente comme un &laquo;&nbsp;homme d&rsquo;innovations&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;De la sc&egrave;ne, de l&rsquo;&eacute;cran, du micro, il conna&icirc;t toutes les techniques dont il se sert avec bonheur au service de son th&eacute;&acirc;tre&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;, &eacute;crit-elle, pour conclure&nbsp;: &laquo;&nbsp;Plus le temps passe et plus il se consacre au travail de laboratoire&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;&raquo;. Bertrand Poirot-Delpech affirme que Billetdoux a op&eacute;r&eacute; des &laquo;&nbsp;progr&egrave;s irreversibles dans l&rsquo;approche des personnages et la technique dramatique&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo;. Mathilde La Bardonnie, pour finir, voit en Billetdoux un &laquo;&nbsp;exp&eacute;rimentateur radiophonique&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo;. En effet, tr&egrave;s sensible au potentiel artistique des diff&eacute;rents codes s&eacute;miotiques, Billetdoux ne pouvait pas passer &agrave; c&ocirc;t&eacute; de cet ingr&eacute;dient fondamental de la mise en sc&egrave;ne qu&rsquo;est la phonosph&egrave;re du spectacle. Dans le corpus th&eacute;&acirc;tral de l&rsquo;auteur, celle-ci s&rsquo;av&egrave;re d&rsquo;une richesse exceptionnelle, et m&eacute;riterait un examen approfondi et ordonn&eacute;. La t&acirc;che d&eacute;passant, bien entendu, les limites d&rsquo;un article, je vais me concentrer&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;sur les trois principales cat&eacute;gories de ph&eacute;nom&egrave;nes &agrave; travers lesquelles on per&ccedil;oit le singulier travail du son dans le th&eacute;&acirc;tre de Billetdoux, ainsi que certains &eacute;l&eacute;ments radiophoniques et qualit&eacute;s radiog&eacute;niques de ses pi&egrave;ces, &agrave; savoir les appels, les effets sonores&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;et la communication asym&eacute;trique.</p> <h2><strong>2. &laquo;</strong><strong>Dans la mer immense des ondes&nbsp;&raquo;</strong><br /> &nbsp;</h2> <p>Avant d&rsquo;effectuer le relev&eacute; des &eacute;l&eacute;ments sonores et &laquo;&nbsp;radioactifs&nbsp;&raquo; chez Billetdoux, ouvrons une br&egrave;ve parenth&egrave;se et relisons une de ses derni&egrave;res chansons.&nbsp;<em>Jamais ne sont l&agrave; ceux qu&rsquo;on aime</em>, chant&eacute;e en finale de la derni&egrave;re pi&egrave;ce de Billetdoux&nbsp;<em>Appel de personne &agrave; personne</em>, refl&egrave;te, en miniature, tout ce dont il sera question ci-apr&egrave;s. Texte tr&egrave;s r&eacute;v&eacute;lateur en ce qui concerne les grands th&egrave;mes de la dramaturgie billetdulcienne, il a aussi fourni, comme on le verra, la citation-phare qui figure dans le titre du pr&eacute;sent article.</p> <blockquote> <p>Jamais ne sont l&agrave; ceux qu&rsquo;on aime</p> <p>quand on pleure entre quatre murs.</p> <p>Ceux qu&rsquo;on aime s&rsquo;en vont si vite</p> <p>sans qu&rsquo;on sache apr&egrave;s quoi ils courent.</p> <p>Mais aujourd&rsquo;hui, si je m&rsquo;&eacute;gare</p> <p>dans la montagne ou dans les rues</p> <p>il suffit que j&rsquo;ose un murmure</p> <p>pour qu&rsquo;un inconnu me retrouve</p> <p>Ref.</p> <p>Je ne serai plus seule au monde.</p> <p>Quelqu&rsquo;un me parle dans le vent.</p> <p>Je peux m&rsquo;en aller n&rsquo;importe o&ugrave;.</p> <p>Le vent, le vent me suit partout.</p> <p>Je ne connais pas son visage.</p> <p>Je ne connais pas son pays.</p> <p>Pourquoi risquer d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;&ccedil;ue&nbsp;?</p> <p>Je ne connais que sa voix chaude.</p> <p>Il me dit&nbsp;: nous sommes tout deux</p> <p>sur une m&ecirc;me longueur d&rsquo;ondes.</p> <p>Je lui dis&nbsp;: je ne vous crois pas.</p> <p>Mais quel bonheur qu&rsquo;il me r&eacute;ponde.</p> <p>[Ref.]</p> <p>Il me suit jusque dans ma chambre.</p> <p>Je n&rsquo;ai plus peur quand je m&rsquo;endors.</p> <p>Il me dit de faire attention</p> <p>partout &agrave; la moindre des choses.</p> <p>Nous ne parlons plus que d&rsquo;amour,</p> <p>du moins de ce qui lui ressemble.</p> <p>Je ne dirai pas ce que c&rsquo;est</p> <p>mais tout est beau et tout m&rsquo;enchante,</p> <p>[Ref.]</p> <p>La nuit le jour n&rsquo;importe l&rsquo;heure</p> <p>j&rsquo;entends qu&rsquo;on me parle d&rsquo;ailleurs.</p> <p>Alors je quitte mon journal.</p> <p>Je n&rsquo;ai plus peur du temps qui passe.</p> <p>Il m&rsquo;a d&eacute;nich&eacute;e dans le ciel</p> <p>par la trace d&rsquo;une colombe.</p> <p>Pourvu qu&rsquo;il ne me perde pas</p> <p>Dans la mer immense des ondes.</p> <p>Je ne serai plus seule au monde.</p> <p>Quelqu&rsquo;un me parle dans le vent.</p> <p>Je m&rsquo;en vais trouver ma voilure.</p> <p>Alors bon vent bon vent bon vent&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;!</p> </blockquote> <p>Tout est l&agrave;, donc, en filigrane&nbsp;: un personnage d&eacute;doubl&eacute; qui monologue, un appel myst&eacute;rieux qui transite par les ondes&nbsp;; un &eacute;metteur que l&rsquo;on n&rsquo;entend pas et que l&rsquo;on entend quand m&ecirc;me d&rsquo;une certaine mani&egrave;re&nbsp;; un r&eacute;cepteur-d&eacute;codeur qui croit entendre une voix, mais ne sait pas qui c&rsquo;est, une situation initiale de solitude qui finit par &ecirc;tre surmont&eacute;e en quelque sorte. Il y a aussi et surtout l&rsquo;&eacute;ther, cet espace de diffusion de la voix o&ugrave; les ondes se propagent, &eacute;lectromagn&eacute;tiques, t&eacute;l&eacute;pathiques, m&eacute;taphysiques. Voici les &eacute;l&eacute;ments-cl&eacute;s qu&rsquo;il &eacute;tait important de pr&eacute;senter succinctement au d&eacute;but du parcours, pour op&eacute;rer une certaine mise en perspective.</p> <p>La parenth&egrave;se ferm&eacute;e, passons en revue tout ce qui, chez Billetdoux, a trait au son, &agrave; la radio, aux effets acoustiques.</p> <h2><strong>3. Appel(s)</strong><br /> &nbsp;</h2> <p>La premi&egrave;re notion qu&rsquo;il faut absolument mettre en relief quand on parle des structures sonores dans le th&eacute;&acirc;tre de Billetdoux est celle d&rsquo;<em>appel</em>&nbsp;ou des&nbsp;<em>appels</em>, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit l&agrave; de toute une famille de ph&eacute;nom&egrave;nes. Tant&ocirc;t mat&eacute;riels (purement acoustiques), tant&ocirc;t psychologiques ou m&eacute;taphysiques, les appels se retrouvent dans presque toutes les pi&egrave;ces de Billetdoux, m&ecirc;me dans certains textes appartenant &agrave; la veine&nbsp;<em>n&eacute;oboulevardi&egrave;re</em>&nbsp;que j&rsquo;exclus ici de mon propos. Tous ces nombreux appels qui retentissent dans les pi&egrave;ces de Billetdoux peuvent se regrouper en quelques cat&eacute;gories g&eacute;n&eacute;rales&nbsp;:</p> <ol> <li>des appels qui font revenir le protagoniste &agrave; un endroit auquel il &eacute;tait attach&eacute; &agrave; une &eacute;poque donn&eacute;e, et qu&rsquo;il avait ensuite quitt&eacute; pour des raisons plus ou moins obscures (on les ignore pour la plupart du temps). Ce genre d&rsquo;appel a lieu dans six pi&egrave;ces&nbsp;:&nbsp;<em>Bien amicalement</em>,&nbsp;<em>Comment va le monde&nbsp;?, Silence, l&rsquo;arbre remue encore, Rintru pa trou tar hin&nbsp;!&nbsp;</em>et&nbsp;<em>La Nostalgie, camarade.</em></li> <li>des appels lanc&eacute;s par des personnages solitaires qui ont rencontr&eacute; quelqu&rsquo;un sans lui parler, qui croient avoir rendez-vous avec un inconnu, ou qui s&rsquo;adressent &agrave; une personne absente de leur univers. Ceci est le cas ans&nbsp;<em>Femmes Parall&egrave;les, Ne m&rsquo;attendez pas ce soir, Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?&nbsp;</em>et<em>&nbsp;Appel de personne &agrave; personne.</em></li> <li>des appels prenant la forme de souvenirs lointains soudainement ranim&eacute;s, ou de souvenirs transform&eacute;s en appels pressants, quasi vocaux&nbsp;; c&rsquo;est ce que l&rsquo;on voit se produire dans&nbsp;<em>Il faut passer par les nuages&nbsp;</em>et dans&nbsp;<em>&Agrave; la nuit la nuit</em>&nbsp;dans une moindre proportion.</li> <li>une cat&eacute;gorie&nbsp;<em>open</em>&nbsp;o&ugrave; se regroupent des appels d&rsquo;autres types&nbsp;: les invocations de&nbsp;<em>Has been bird</em>, les ululements du loup dans&nbsp;<em>R&eacute;veille-toi, Philadelphie&nbsp;!</em>&nbsp;ou encore les recherches-enqu&ecirc;tes o&ugrave; le protagoniste poursuit un objectif qui devient une&nbsp;<em>vocation</em>, comme par exemple Mathieu dans&nbsp;<em>Pitchi Poi</em>.</li> </ol> <p><em>&nbsp;</em>Que veut dire tout cela&nbsp;? Cela veut dire tout d&rsquo;abord que les structures profondes du th&eacute;&acirc;tre de Billetdoux ont souvent un caract&egrave;re sonore ou para-sonore, dans la mesure o&ugrave; il s&rsquo;agit l&agrave; assez souvent d&rsquo;une entente t&eacute;l&eacute;pathique, m&eacute;taphysique entre les personnages qui captent des messages immat&eacute;riaux purement intentionnels. Ensuite appara&icirc;t le probl&egrave;me technique du rendu sc&eacute;nique de toutes ces instances (r&eacute;)clamantes. En fait, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;une voix per&ccedil;ue int&eacute;rieurement par un personnage ou d&rsquo;une voix qu&rsquo;il entend r&eacute;ellement, le spectateur, lui, va devoir en &ecirc;tre inform&eacute; par un stimulus sensoriel concret, parce qu&rsquo;il faut bien donner &agrave; toutes ces &eacute;tranges&nbsp;<em>voix</em>&nbsp;une forme sensible. Il serait logique qu&rsquo;au niveau de la mise en sc&egrave;ne ce soit le plus souvent, pour tous les cas de figure, un stimulus sonore. Le tableau ci-dessous reprend la question des appels pi&egrave;ce par pi&egrave;ce&nbsp;:</p> <table> <tbody> <tr> <td> <table> <tbody> <tr> <td width="243"><strong>Titre de la pi&egrave;ce</strong></td> <td width="371"><strong>Type d&rsquo;appel</strong></td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>A la nuit, la nuit</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Les souvenirs de Marie-Louise et de Jean-Pierre appellent respectivement Beno&icirc;t et Marthe.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Bien amicalement</em></strong></td> <td width="371">Ren&eacute; appelle l&rsquo;autre Ren&eacute; au moyen d&rsquo;un t&eacute;l&eacute;gramme.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Comment va le monde&hellip;&nbsp;?</em></strong></td> <td width="371">Job est appel&eacute; par la voix d&rsquo;une femme (Guillaume).</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Il faut passer par les nuages</em></strong></td> <td width="371">Martin (un jeune garcon mort) appelle Claire.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Has been bird</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Marybird (morte) est appell&eacute;e et interpell&eacute;e par diff&eacute;rents groupes de personnages.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Pitchi-Po&iuml; ou la parole donn&eacute;e</em></strong></td> <td width="371">Pas d&rsquo;appel au sens strict. Mathieu cherche &agrave; travers toute l&rsquo;Europe la femme juive qui lui avait confi&eacute; une enfant pendant la guerre.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Silence&nbsp;! l&rsquo;arbre remue encore&hellip;</em></strong></td> <td width="371">Octobre, revenant dans son village, suit la voix d&rsquo;Aur&eacute;lie qu&rsquo;il entend dans son esprit.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Femmes parall&egrave;les</em></strong></td> <td width="371">Monologues o&ugrave; les personnages s&rsquo;adressent &agrave; des interlocuteurs absents parfois avec des appels.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Rintru pa trou tar hin&nbsp;!</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Un appel fait revenir le protagoniste (Marco Paulo) &agrave; la maison.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em></strong></td> <td width="371">Evang&eacute;line et Bonaventure s&rsquo;appellent l&rsquo;un l&rsquo;autre sans se rencontrer.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Les Veuves</em></strong></td> <td width="371">Les veuves appellent L&rsquo;Oncle Rouge-et-or (retour du protagoniste &agrave; l&rsquo;endroit qu&rsquo;il avait quitt&eacute;).</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>La nostalgie, camarade</em></strong></td> <td width="371">Un appel myst&eacute;rieux (celui d&rsquo;Eug&eacute;nie&nbsp;?) fait revenir Bougre de Jacques au th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; il avait travaill&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;poque.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Pas d&rsquo;appel au sens propre du terme. Pourtant, Emmanuel invite sa voisine Enrika &agrave; l&rsquo;<em>appeler</em>. L&rsquo;interjection&nbsp;: &laquo;&nbsp;Appelez-moi&nbsp;!&nbsp;&raquo; revient comme un refrain.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>R&eacute;veille-toi, Philadelphie&nbsp;!</em></strong></td> <td width="371">Le Loup appelle Philadelphie.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Appel de personne &agrave; personne</em></strong></td> <td width="371">L&rsquo;Oiseleur Z&rsquo;Ail&eacute; (un merle) appelle Rachel. Celle-ci se sent appel&eacute;e par une voix inconnue.</td> </tr> </tbody> </table> </td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <h2>4. Communication asym&eacute;trique<br /> &nbsp;</h2> <p>Le deuxi&egrave;me probl&egrave;me dont il est impossible de faire abstraction quand on parle des pi&egrave;ces de Billetdoux est la communication qui n&rsquo;en est pas une et qui pourtant, parfois, s&rsquo;accomplit quand m&ecirc;me dans une certaine mesure et dans un certain sens. Paul-Louis Mignon &eacute;crivait ceci &agrave; propos des pi&egrave;ces de Billetdoux&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] la soci&eacute;t&eacute; humaine s&rsquo;y repr&eacute;sente de fa&ccedil;on sordide&nbsp;; les &ecirc;tres se cherchent, se rencontrent, mais demeurent &eacute;trangers, solitaires&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;. Sordide n&rsquo;est sans doute pas le bon mot, mais &agrave; part cela, l&rsquo;observation est tout &agrave; fait juste&nbsp;: les personnages de Billetdoux se cherchent, mais demeurent &eacute;trangers les uns aux autres. Tr&egrave;s juste me para&icirc;t &eacute;galement une autre remarque, de Jean-Luc Dejean, relevant que dans toutes les &oelig;uvres de Billetdoux &laquo;&nbsp;l&rsquo;humour et la douleur se confondent dans ce carrefour des solitudes, le langage&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;. Jean-Luc Dejean a raison d&rsquo;insister sur le langage, car la solitude chez Billetdoux est une solitude tr&egrave;s expressive, tr&egrave;s langagi&egrave;re&nbsp;; elle se dit, elle n&rsquo;en finit pas de se dire, comme chez Beckett et d&rsquo;autres ma&icirc;tres de la parole solitaire ou solitude parlante.</p> <p>Ici un dossier volumineux pourrait se (r)ouvir concernant les techniques adialectiques, adialogiques et paradialogiques &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans le th&eacute;&acirc;tre de Billetdoux, lesquelles j&rsquo;ai recens&eacute;es en 2005&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>. Au lieu de refaire le parcours d&eacute;j&agrave; fait, je me limiterai &agrave; une r&eacute;capitulation tabulaire, tr&egrave;s succincte, qui insiste surtout sur la mani&egrave;re dont se trouve construite la plateforme interlocutoire dans les pi&egrave;ces ici s&eacute;lectionn&eacute;es&nbsp;:</p> <table> <tbody> <tr> <td> <table> <tbody> <tr> <td width="243"><strong>Titre de la pi&egrave;ce</strong></td> <td width="371"><strong>Type de la plateforme interlocutoire et structure &eacute;nonciative</strong></td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>&Agrave; la nuit, la nuit</em></strong></td> <td width="371">Communication virtuelle&nbsp;: jeux de r&ocirc;les.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Bien amicalement</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Une rencontre par quiproquo. R&egrave;glement de comptes entre anciens amis (communication &laquo;&nbsp;par procuration&nbsp;&raquo; entre Carducci et Gabri&egrave;le).</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Comment va le monde&hellip;&nbsp;?</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">R&eacute;duction bi-logale&nbsp;: sur 300 personnages, 2 seulement parlent&nbsp;; communication asym&eacute;trique fr&eacute;quente&nbsp;; chansons en arri&egrave;re fond.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Il faut passer par les nuages</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Suite de monodiscours qui se r&eacute;pondent avec d&eacute;calage ou restent sans r&eacute;ponse&nbsp;; polylogues oniriques&nbsp;; toute une gamme de proc&eacute;d&eacute;s adialogiques et paradialogiques.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Has been bird</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Communication asym&eacute;trique&nbsp;; Marybird constitue un foyer focal o&ugrave; convergent des voix et des discours orchestr&eacute;s venant depuis &laquo;&nbsp;la salle&nbsp;&raquo;.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Pitchi-Po&iuml; ou la parole donn&eacute;e</em></strong></td> <td width="371">Reportage filmique&nbsp;; sc&egrave;nes dialogu&eacute;es&nbsp;+&nbsp;dialogue d&rsquo;enregistrements et t&eacute;moignages&nbsp;; utilisation de&nbsp;<em>voice off&nbsp;</em>de l&rsquo;acteur, y compris quand celui-ci est &agrave; l&rsquo;image.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Silence&nbsp;! l&rsquo;arbre remue encore&hellip;</em></strong></td> <td width="371">Plateforme interlocutoire incoh&eacute;rente&nbsp;: les r&eacute;cits des &eacute;v&eacute;nements faits&nbsp;<em>a posteriori</em>&nbsp;alternent avec les &eacute;v&eacute;nements montr&eacute;s en direct&nbsp;; style enqu&ecirc;te par endroits&nbsp;; monologues d&eacute;lirants d&rsquo;Octobre.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Femmes parall&egrave;les</em></strong></td> <td width="371">Soliloques, monologues, quasi-monologues. Divers degr&eacute;s d&rsquo;absence de l&rsquo;allocutaire. Divers proc&eacute;d&eacute;s de prise en charge du discours de l&rsquo;interlocuteur absent.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Rintru pa trou tar hin&nbsp;!</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Enqu&ecirc;te polici&egrave;re et journalistique (+&nbsp;reconstitution)&nbsp;; dialogue normal + dialogue de t&eacute;moignages, de voix enregistr&eacute;es, etc., emploi de&nbsp;<em>voice off</em>.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em></strong></td> <td width="371">Disjonction chronotopique de la plateforme d&rsquo;interlocution. Juxtaposition de monologues d&rsquo;&Eacute;vang&eacute;line et de Bonaventure. Mixages sur l&rsquo;axe pass&eacute;&nbsp;/&nbsp;pr&eacute;sent.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Les Veuves</em></strong></td> <td width="371">Dialogue quasi-normal. &Eacute;puration rh&eacute;torique, discours r&eacute;duit au minimum&nbsp;; r&eacute;pliques adialectiques (questions sans r&eacute;ponse, exclamations, souhaits, etc.).</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>La nostalgie, camarade</em></strong></td> <td width="371">Polylogues&nbsp;: solos&nbsp;+&nbsp;flashes&nbsp;; nombreuses r&eacute;pliques t&eacute;l&eacute;phoniques&nbsp;; sc&egrave;nes oniriques avec chuchotements, borborygmes, voix lointaines, lamentos etc.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em></strong><strong>&nbsp;</strong></td> <td width="371">Double structure interlocutoire&nbsp;: 1&nbsp;: communication intrapersonnelle (voix r&eacute;elle et voix int&eacute;rieure du protagoniste)&nbsp;; 2&nbsp;: Emmanuel &eacute;coute par la cloison les cris d&rsquo;Enrika et les bruits produits dans son appartement.</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>R&eacute;veille-toi, Philadelphie&nbsp;!</em></strong></td> <td width="371">D&eacute;doublement diachronique du personnage (Phila), nombreuses r&eacute;pliques t&eacute;l&eacute;phoniques (Velt), monologues chant&eacute;s (complainte&nbsp;<em>Laraou raou</em>).</td> </tr> <tr> <td width="243"><strong><em>Appel de personne &agrave; personne</em></strong></td> <td width="371">Incompatibilit&eacute; statutaire des interlocuteurs (femme / oiseau)&nbsp;; communication bilat&eacute;ralement asym&eacute;trique&nbsp;; le dialogue se mue par endroits en un r&eacute;cit form&eacute; par l&rsquo;alternance des interventions de L&rsquo;Oiseleur et Mocking Bird.</td> </tr> </tbody> </table> </td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p>En regardant sous un angle radiophonique tous les personnages que Billetdoux fait soliloquer ou monologuer dans ses pi&egrave;ces, on peut affirmer qu&rsquo;ils font comme s&rsquo;ils &eacute;taient autant de stations de radio individuelles&nbsp;: ils &eacute;mettent leurs messages et attendent que leurs interlocuteurs passent un beau jour un coup de fil interactif au studio duquel le message &eacute;tait parti. Cela est peut-&ecirc;tre une vision un peu simplificatrice, mais la formule n&rsquo;est pas tout &agrave; fait fausse. Dans le th&eacute;&acirc;tre de Billetdoux, la communication interpersonnelle s&rsquo;effectue &agrave; peu pr&egrave;s de cette mani&egrave;re-l&agrave;, dans bon nombre de pi&egrave;ces.</p> <p>On pourrait enfin, dans un dessein plus p&eacute;dagogique ‒&nbsp;et aussi pour introduire un &eacute;l&eacute;ment neuf et concret dans cette s&eacute;quence&nbsp;‒ proposer une grille d&rsquo;analyse permettant d&rsquo;examiner toutes les formes monodiscursives (mono-formes et/ou mono-s&eacute;quences) qui abondent dans la dramaturgie de Billetdoux et qui en font l&rsquo;une des caract&eacute;ristiques essentielles&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>.</p> <table> <tbody> <tr> <td> <table> <tbody> <tr> <td width="206"><strong>Crit&egrave;re</strong></td> <td width="501"><strong>Pistes d&rsquo;analyses, questions &agrave; (se) poser</strong><strong>&nbsp;</strong></td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>1: Proportions (en %) et impact dans l&rsquo;ensemble de l&rsquo;&oelig;uvre</strong></td> <td width="501">S&rsquo;agit-il d&rsquo;un monodiscours autonome (<em>mono-forme</em>) ou ins&eacute;r&eacute; dans un discours englobant (<em>mono-s&eacute;quence</em>)&nbsp;? Quelle partie de l&rsquo;&oelig;uvre est occup&eacute;e par les s&eacute;quences monodiscursives&nbsp;? Quelle est l&rsquo;importance des mono-s&eacute;quences dans l&rsquo;&eacute;conomie de l&rsquo;&oelig;uvre&nbsp;? La mono-s&eacute;quence provoque-t-elle des anachronies (prolepses / analepses), des ralentissements/acc&eacute;l&eacute;rations de l&rsquo;action&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>2: Filiations g&eacute;n&eacute;riques du monodiscours + intertexte</strong></td> <td width="501">&Agrave; quels genres de discours s&rsquo;apparentent les monodiscours donn&eacute;s (journal d&rsquo;information, &eacute;mission radiophonique,&nbsp;<em>one-person-show</em>, tirade classique, mono-r&eacute;cit, etc.)&nbsp;? Y a-t-il des r&eacute;f&eacute;rences &agrave; d&rsquo;autres textes/&oelig;uvres (allusions, citations)&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>3: Situation du sujet parlant</strong></td> <td width="501">Pour quelle raison le sujet parlant s&rsquo;exprime en monodiscours (&agrave; cause de quels d&eacute;ficits, quelles contraintes)&nbsp;? O&ugrave; se trouve-t-il&nbsp;? Qui est-il&nbsp;? &Agrave; qui s&rsquo;adresse-t-il&nbsp;? Veut-il obtenir une r&eacute;ponse ou non&nbsp;? Pourquoi&nbsp;? Quelle est son attitude vis-&agrave;-vis de l&rsquo;allocutaire&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>4: Situation de l&rsquo;allocutaire</strong></td> <td width="501">Peut-on rep&eacute;rer un/des destinataires dans le monodiscours (participants ratifi&eacute;s et non-ratifi&eacute;s)&nbsp;? Dans l&rsquo;affirmative, comment sont-ils rendus pr&eacute;sents&nbsp;? ou quelles sont les modalit&eacute;s de leur absence (corporelle, visuelle, auditive, inaptitude &agrave; interagir)&nbsp;? De quelle mani&egrave;re les &eacute;ventuels propos ou r&eacute;actions de l&rsquo;allocutaire sont-ils/elles pris en charge par le sujet parlant/pensant&nbsp;? Quel effet la pr&eacute;sence/absence de l&rsquo;allocutaire exerce-t-elle sur le monologuant&nbsp;? Y a-t-il dans le monodiscours des&nbsp;<em>stimuli</em>&nbsp;sensoriels extralinguistiques ou non-linguistiques qui favorisent son d&eacute;veloppement&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>5: Finalit&eacute; dramaturgique</strong></td> <td width="501">Pourquoi une s&eacute;quence donn&eacute;e est-elle monodiscursive&nbsp;? Doit-elle vraiment l&rsquo;&ecirc;tre&nbsp;? L&rsquo;auteur emploie-t-il une strat&eacute;gie communicationnelle sp&eacute;cifique&nbsp;? op&egrave;re-t-il un tour de force&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>6: Fonctions artistiques</strong></td> <td width="501">Quelles fonctions artistiques le monodiscours remplit-il (images, visions, effet po&egrave;me)&nbsp;? Quelles sont les fontions rh&eacute;torico-pragmatiques du langage utilis&eacute; dans le monodiscours&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>7: Structure</strong></td> <td width="501">Comment la mono-s&eacute;quence est-elle construite&nbsp;? Peut-on y rep&eacute;rer des parties&nbsp;? Si oui, comment s&rsquo;articulent-elles entre elles (lin&eacute;arit&eacute;, circularit&eacute;, r&eacute;p&eacute;titivit&eacute;, parent&eacute; avec des formes monologales connues, etc.)&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>8: Type et mode de communication</strong></td> <td width="501">S&rsquo;agit-il d&rsquo;un&nbsp;<em>soliloque</em>, d&rsquo;un&nbsp;<em>quasi-monologue</em>&nbsp;ou d&rsquo;un&nbsp;<em>monologue</em>&nbsp;? Le monodiscours imite-t-il la parole solitaire ou plut&ocirc;t la pens&eacute;e silencieuse (dans quelle mesure le discours du monologuant est-il articul&eacute;, non-articul&eacute;, chaotique)&nbsp;? Peut-on noter la pr&eacute;sence d&rsquo;appareils tel qu&rsquo;un microphone&nbsp;? Dans l&rsquo;affirmative, quel type de situation de communication se trouve d&eacute;fini par leur usage&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>9: Interactions entre diff&eacute;rents niveaux et secteurs de l&rsquo;organisation textuelle</strong></td> <td width="501">Que peut-on dire des relations entre l&rsquo;appareil didascalique (qui est aussi une forme de monodiscours parfois) et le monodiscours &eacute;tudi&eacute;&nbsp;? Y a-t-il des interactions entre la parole auctoriale et celle du sujet parlant&nbsp;? Comment le monodiscours s&rsquo;inscrit-il dans l&rsquo;architecture de l&rsquo;<em>univers de l&rsquo;&oelig;uvre</em>&nbsp;?</td> </tr> <tr> <td width="206"><strong>10: Jeu d&rsquo;acteur, mise en sc&egrave;ne et d&eacute;cors</strong></td> <td width="501">Quelles contraintes ou quel type de jeu sont impos&eacute;s &agrave; l&rsquo;acteur (aux acteurs) par la forme monodiscursive choisie par l&rsquo;auteur&nbsp;? Comment spatialiser ce monodiscours (accessoires &agrave; utiliser, d&eacute;cors, praticables &agrave; mettre en place, effets sonores, lumineux, autres)&nbsp;?</td> </tr> </tbody> </table> </td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <h2>5. Personnages, ph&eacute;nom&egrave;nes et objets li&eacute;s &agrave; l&rsquo;univers du son<br /> &nbsp;</h2> <p>En lisant les textes de Billetdoux, on remarque un certain nombre de ph&eacute;nom&egrave;nes, de faits, de personnages et d&rsquo;objets qui ont trait &agrave; l&rsquo;acoustique et plus particuli&egrave;rement au monde de la radio. On distinguera tout d&rsquo;abord des pi&egrave;ces que l&rsquo;on pourrait appeler&nbsp;<em>st&eacute;r&eacute;ophoniques</em>&nbsp;(avec, bien &eacute;videmment, toutes les r&eacute;serves que l&rsquo;on peut &eacute;mettre vis-&agrave;-vis de cette &eacute;tiquette). En effet, dans quelques-unes des pi&egrave;ces de Billetdoux, on d&eacute;tecte des tentatives pour obtenir, par diff&eacute;rents moyens, des effets de st&eacute;r&eacute;ophonie (il s&rsquo;agit surtout de&nbsp;<em>Silence, l&rsquo;arbre remue encore&nbsp;! Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em>,&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu</em>&nbsp;<em>?</em>,&nbsp;<em>R&eacute;veille-toi, Philadelphie&nbsp;!</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Appel de personne &agrave; personne</em>). La st&eacute;r&eacute;ophonie s&rsquo;obtient l&agrave; par deux strat&eacute;gies du d&eacute;doublement du personnage&nbsp;: d&eacute;doublement diachronique et synchronique.</p> <p>La premi&egrave;re pi&egrave;ce bas&eacute;e sur la st&eacute;r&eacute;ophonie diachronique est&nbsp;<em>Silence, l&rsquo;arbre remue encore&nbsp;!</em>&nbsp;o&ugrave; l&rsquo;on a affaire &agrave; la juxtaposition des r&eacute;pliques prononc&eacute;es &agrave; des moments temporels diff&eacute;rents. En effet, l&rsquo;histoire du protagoniste, Octobre, est racont&eacute;e deux fois, et ceci presque simultan&eacute;ment, puisque les &eacute;v&eacute;nements montr&eacute;s en direct alternent avec les r&eacute;cits faits&nbsp;<em>a posteriori</em>&nbsp;des m&ecirc;mes &eacute;v&eacute;nements. &Agrave; part ce t&eacute;l&eacute;scopage temporel,&nbsp;<em>Silence&hellip;</em>&nbsp;pose encore un autre probl&egrave;me sonore&nbsp;: celui de la Voix d&rsquo;Aur&eacute;lie, la femme du protagoniste, qui parle &agrave; celui-ci dans le vent, ou dans son esprit, et qui op&egrave;re un t&eacute;l&eacute;guidage de son mari.</p> <p>Diff&eacute;rent et &agrave; la fois semblable est le cas de&nbsp;<em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em>&nbsp;o&ugrave; le personnage de Bonaventure est montr&eacute; &agrave; la fois comme enfant et adulte. Cette pi&egrave;ce, qualifi&eacute;e par Jean-Pierre Miquel de &laquo;&nbsp;petit bijou de spectacle&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo;, est d&rsquo;ailleurs con&ccedil;ue comme une&nbsp;<em>Instrumentation</em>. &Agrave; la place de la liste habituelle de&nbsp;<em>dramatis personae</em>, on y trouve en fait une liste d&rsquo;instruments dans laquelle figurent entre autres&nbsp;: Le Vroum (&laquo;&nbsp;objet sonore&nbsp;&raquo;), des voix enregistr&eacute;es et &laquo;&nbsp;une suite de bruitages en st&eacute;r&eacute;ophonie&nbsp;&raquo;, comme le pr&eacute;cise la didascalie (p.&nbsp;8). Ces bruitages sont nombreux et vari&eacute;s&nbsp;: ce sont des &eacute;chos, des cris musicaux, des cris d&rsquo;enfants, des bruits de train, de grille, de scie m&eacute;canique, de marteau de porte, de voiles en plastique, de pas de danse ex&eacute;cut&eacute;s au ralenti, de vol de mouettes, de voiture qui d&eacute;marre, de dynamitage&hellip; La didascalie signale m&ecirc;me une &laquo;&nbsp;maison sonore&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;22) et une &laquo;&nbsp;poursuite sonore&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;46). Tout cela forme donc un&nbsp;<em>soundscape</em>&nbsp;tr&egrave;s riche. Un autre proc&eacute;d&eacute; int&eacute;ressant &agrave; relever ici est celui du duo flute-violoncelle&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;qui fait pendant au dialogue d&rsquo;&Eacute;vang&eacute;line et Bonaventure &agrave; un moment donn&eacute; de la pi&egrave;ce et qui peut &ecirc;tre qualifi&eacute; de&nbsp;<em>blanding&nbsp;</em><a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>. La musique va d&rsquo;ailleurs assumer, tout au long de la pi&egrave;ce, des t&acirc;ches mim&eacute;tiques tr&egrave;s concr&egrave;tes, puisqu&rsquo;on trouve dans le texte des &laquo;&nbsp;blessures musicales&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;11,&nbsp;15), des &laquo;&nbsp;appels musicaux&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;14), des &laquo;&nbsp;cris musicaux&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;16), des &laquo;&nbsp;menaces musicales&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;18), etc. Dans&nbsp;<em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em>&nbsp;on notera m&ecirc;me des moments o&ugrave; les personnages utilisent le micro (p.&nbsp;20).</p> <p>M&ecirc;me chose, enfin, pour<em>&nbsp;R&eacute;veille-toi, Philadelphie</em>&nbsp;! o&ugrave; le personnage principal subit lui aussi une sorte de d&eacute;doublement qui fait que nous entendons parler en m&ecirc;me temps Philadelphie jeune fille et Philadelphie vieille femme. Mais cette fois-ci, le proc&eacute;d&eacute; est beaucoup plus discret, si bien qu&rsquo;il risque de passer inaper&ccedil;u, si on ne lit pas la pi&egrave;ce de fa&ccedil;on attentive. Le technicien du son devrait bien entendu s&rsquo;interroger ici sur les moyens les plus ad&eacute;quats pour donner une existence sc&eacute;nique au &laquo;&nbsp;loup&nbsp;&raquo; que l&rsquo;on ne voit jamais et qui doit pourtant faire sentir sa pr&eacute;sence dans la sonosph&egrave;re&nbsp;: comment rendre ses hurlements qui apparaissent d&egrave;s les premi&egrave;res sc&egrave;nes, comment rendre le &laquo;&nbsp;grincement lupin&nbsp;&raquo; que l&rsquo;on entend vers la fin du texte (p.&nbsp;107)&nbsp;?</p> <p>Pour la cat&eacute;gorie de la st&eacute;r&eacute;ophonie synchronique, deux textes sont &agrave; prendre en compte. Le premier &ndash;&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em>&nbsp;<em>&ndash;&nbsp;</em>est explicitement con&ccedil;u pour &ecirc;tre &laquo;&nbsp;vu en st&eacute;r&eacute;ophonie&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;70). Au point de vue &eacute;nonciatif, la pi&egrave;ce est faite du monologue d&rsquo;un vieil homme, Emmanuel, qui parle/pense &agrave; deux voix (r&eacute;elle et int&eacute;rieure) et qui s&rsquo;adresse &agrave; sa voisine s&eacute;par&eacute;e de lui par une cloison, si bien qu&rsquo;Emmanuel n&rsquo;a qu&rsquo;une vision auditive (ou&nbsp;<em>&eacute;coute aveugle&nbsp;</em><a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>) de ce qui se passe de l&rsquo;autre c&ocirc;ft&eacute; du mur&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>. La didascalie sugg&egrave;re ici ouvertement qu&rsquo;on pourrait utiliser deux haut-parleurs pour difuser les deux voix du personnage (p.&nbsp;70).</p> <p>La deuxi&egrave;me pi&egrave;ce &agrave; d&eacute;doublement synchronique,&nbsp;<em>Appel de personne &agrave; personne</em>, est une mini-op&eacute;rette. Elle a m&ecirc;me, selon le mot de l&rsquo;auteur, une version radiophonique en bonne et due forme. Dans&nbsp;<em>Appel&hellip;</em>, nous voyons donc un autre personnage se scinder en deux&nbsp;: Rachel. Comme Philadelphie ou encore Marybird (dans&nbsp;<em>Has been bird</em>), elle est second&eacute;e par son Double, mais cette dualit&eacute; ne s&rsquo;accentue pourtant que vers la fin de l&rsquo;histoire o&ugrave; la femme subit une sorte de transfiguration psychologique et spirituelle que nous apprenons par la voix de ce Double, justement. Cependant, ce qui para&icirc;t plus important ici, c&rsquo;est tout une s&eacute;rie d&rsquo;effets sonores et musicaux qui font de cette &oelig;uvre un v&eacute;ritable conte musical&nbsp;: chansons, comptines, danses, ballades, berceuses, cris d&rsquo;oiseaux, &eacute;quivalences m&eacute;triques, vocaliques, consonantiques, bruits de pas, de gouttes d&rsquo;eau tombant du robinet, onomatop&eacute;es, etc. Dans la version discographique (tr&egrave;s jolie, soit dit en passant), on peut noter en particulier des effets de&nbsp;<em>fade-in</em>&nbsp;et&nbsp;<em>fade-out</em>&nbsp;tr&egrave;s classiques (apparition / disparition progressive des sons, des chants, des musiques).</p> <p>&Eacute;tant donn&eacute; l&rsquo;inventivit&eacute; de Billetdoux dans le domaine dramaturgique, les autres pi&egrave;ces du corpus pr&eacute;sentent chacune un cas particulier de la structuration du paysage sonore, si bien qu&rsquo;il est n&eacute;cessaire de les d&eacute;crire un &agrave; un, s&eacute;par&eacute;ment, sans recours aux crit&egrave;res g&eacute;n&eacute;raux et subsumants. C&rsquo;est l&rsquo;ordre chronologique de la composition qui va d&eacute;terminer le cours de l&rsquo;expos&eacute;.</p> <p>La premi&egrave;re pi&egrave;ce importante de Billetdoux,&nbsp;<em>&Agrave; la nuit la nuit</em>, ne contient pas beaucoup de ph&eacute;nom&egrave;nes acoustiques qui se d&eacute;marquent comme tels, l&rsquo;auteur exploitant ici d&rsquo;autres effets et/ou contraintes formelles. Ce qu&rsquo;on peut relever, c&rsquo;est juste le fait que Marthe chante une chanson en s&rsquo;accompagnant de la guitare et qu&rsquo;elle met en marche pendant quelques minutes &laquo;&nbsp;un vieux phono&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;47)&nbsp;; &agrave; part cela, il n&rsquo;y a pas vraiment ici de choses &agrave; retenir sur le plan auditif.</p> <p>Il en est de m&ecirc;me, &agrave; mon avis, de&nbsp;<em>Bien amicalement,&nbsp;</em>m&ecirc;me si Billetdoux lui-m&ecirc;me semble contester cet &eacute;tat de choses. En effet, il &eacute;crit &agrave; son propos ceci<em>&nbsp;</em>: &laquo;&nbsp;Il y a bien des silences dans ce texte qui appartiennent strictement pour moi &agrave; l&rsquo;espace sonore, ainsi qu&rsquo;un mouvement dramatique &agrave; inscrire dans la dur&eacute;e propre aux &oelig;uvres pour l&rsquo;oreille seule. Tout n&rsquo;est pas dit dans les mots&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>.&nbsp;&raquo; La d&eacute;claration, &agrave; mon humble opinion, peut pr&ecirc;ter &agrave; controverse. Il faudrait, en fait, entendre la pi&egrave;ce &agrave; la radio, mise en ondes par l&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me de pr&eacute;f&eacute;rence, pour voir comment il entendait utiliser les silences dont il parle. Ceux-ci en tout cas ne sont m&ecirc;me pas signal&eacute;s dans le dialogue par des didascalies ad&eacute;quates. Le soin de les rep&eacute;rer et d&rsquo;en mesurer la longueur a &eacute;t&eacute; laiss&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;quipe r&eacute;alisatrice&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> <p>Dans&nbsp;<em>Pitchi Po&iuml;&hellip;</em>, qui se pr&eacute;sente comme un m&eacute;lange de documents visuels et sonores s&rsquo;organisant en un film-reportage, c&rsquo;est surtout la pr&eacute;sence de langues &eacute;trang&egrave;res et d&rsquo;accents &eacute;trangers qui para&icirc;t auditivement saillante. Tout cela vient du grand r&ecirc;ve de Billetdoux qui sous-tend ce t&eacute;l&eacute;-film, &agrave; savoir celui de cr&eacute;er une &oelig;uvre vraiment europ&eacute;enne. &Eacute;tant donn&eacute; la forme sc&eacute;naristique de l&rsquo;&oelig;uvre (sc&eacute;narisation&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;psychologique et technique), l&rsquo;adaptation radiophonique serait assez facile &agrave; r&eacute;aliser. Rien qu&rsquo;en supprimant la vision et en compactant la dur&eacute;e, on obtiendrait une &eacute;mission de radio tout &agrave; fait int&eacute;ressante.</p> <p><em>Ritru pa trou tar hin&nbsp;!</em>&nbsp;n&rsquo;affiche pas non plus beaucoup d&rsquo;effets sonores sp&eacute;cifiques sauf l&rsquo;usage des enregistrements sur bande magn&eacute;tique effectu&eacute;s lors de l&rsquo;enqu&ecirc;te polici&egrave;re qui constitue l&rsquo;armature de l&rsquo;intrigue. Ce que l&rsquo;on doit signaler en outre dans&nbsp;<em>Ritru pas&hellip;</em>, c&rsquo;est le curieux personnage de Ouaoua d&eacute;finit comme &laquo;&nbsp;parleur audio-visuel&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;10). Il est clair, dans ces conditions que le dispositif sc&eacute;nique de cette pi&egrave;ce doit n&eacute;cessairement comporter un certain nombre d&rsquo;appareils &eacute;l&eacute;ctroacoustiques permettant non seulement la reproduction des voix, mais surtout la figuration des personnages (comme Ouaoua) dont le fonctionnement repose sur une association entre le corps humain et l&rsquo;objet inanim&eacute;.</p> <p><em>Comment va le monde&hellip;</em>&nbsp;est une &oelig;uvre o&ugrave; l&rsquo;on remarque une organisation assez sp&eacute;ciale de l&rsquo;espace sonore. En effet, gr&acirc;ce &agrave; une s&eacute;rie de couplets qui ponctuent la pi&egrave;ce, on entend cet espace se diviser en deux dans le sens de la profondeur. Il y a l&rsquo;espace de l&rsquo;action et &laquo;&nbsp;la marge de l&rsquo;action&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;52), comme le dit Billetdoux. Dans cette marge, on voit &eacute;voluer tout un groupe de personnages secondaires, qui chantent et qui ne vivent que par ce chant. Billetdoux emploie &agrave; propos de&nbsp;<em>Comment va le monde&hellip;&nbsp;</em>le terme de&nbsp;<em>contrepoint</em>&nbsp;(p.&nbsp;51), qui serait selon lui une sorte de principe organisateur de cette pi&egrave;ce. Mais du point de vue de la mise en sc&egrave;ne du son, plut&ocirc;t que de parler de contrepoint, il faudrait peut &ecirc;tre s&rsquo;exprimer en termes de plans sonores, puisqu&rsquo;on a ici affaire &agrave; un jeu classique entre le plan proche et le plan moyen, ou plut&ocirc;t entre le plan moyen et &eacute;loign&eacute;, le plan proche &eacute;tant r&eacute;serv&eacute;, dans la technique radiophonique, &agrave; produire d&rsquo;autres types d&rsquo;effets (voix int&eacute;rieure, proximit&eacute; spatiale par rapport &agrave; l&rsquo;auditeur, etc).</p> <p>Pour ce qui est de&nbsp;<em>Il faut passer par les nuages</em>, il importe de signaler tout d&rsquo;abord l&rsquo;agencement musical des parties (<em>allegretto ma non troppo</em>&nbsp;/&nbsp;<em>andantino</em>&nbsp;/&nbsp;<em>scherzo grave</em>&nbsp;/&nbsp;<em>allegro path&eacute;tique</em>&nbsp;/&nbsp;<em>aubade</em>). &Agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de cette macro-structure dynamico-rythmique, Billetdoux s&rsquo;ing&eacute;nie &agrave; exploiter divers types de nuances vocales&nbsp;: nous avons ainsi la&nbsp;<em>mezza voce</em>, les voix transform&eacute;es par le t&eacute;l&eacute;phone, les lectures de lettres, les conf&eacute;rences, etc. Parmi tous ces effets sonores, il y en a un qui constitue un certain d&eacute;fi pour la mise en sc&egrave;ne de la pi&egrave;ce&nbsp;: les interventions du personnage fantomatique de Clos-Martin, ce revenant qui &laquo;&nbsp;jaillit par petites bulles de la conscience de Claire&nbsp;&raquo;, comme le dit avec justesse Sheila Louinet&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>.&nbsp;<em>Idem</em>&nbsp;pour la fin de la pi&egrave;ce o&ugrave;, avec le cauchemar de Claire (une s&eacute;quence polylogale tr&egrave;s complexe), un autre vaste champ de man&oelig;uvres acoustiques s&rsquo;ouvre au metteur en sc&egrave;ne.</p> <p><em>Has been bird&nbsp;</em>est une pi&egrave;ce-reportage o&ugrave;, encore une fois, tout repose sur une orchestration de discours plut&ocirc;t que sur un v&eacute;ritable dialogue. Ce qui saute aux yeux ici, c&rsquo;est le r&ocirc;le fondamental de deux personnages, reporter et speaker, qui prononcent la grande majorit&eacute; des r&eacute;pliques. Ces deux personnages-l&agrave;, avec une foule d&rsquo;autres voix, chorales ou individuelles, constituent ce que j&rsquo;appelle un&nbsp;<em>macro-actant</em>&nbsp;narratif s&rsquo;opposant spatialement aux protagonistes. On doit noter aussi, dans&nbsp;<em>Has been bird</em>, un emploi fr&eacute;quent de la voix basse et du silence, ainsi que le fait, fondamental pour notre optique, que le discours du reporter ressemble parfois &agrave; celui d&rsquo;un journaliste qui effectue une relation en direct pour la radio. En fait, le reporter de&nbsp;<em>Has been bird</em>&nbsp;se comporte comme si le public ne voyait pas la sc&egrave;ne.</p> <p>Dans les monologues des&nbsp;<em>Femmes parall&egrave;les</em>, les personnages, selon la prescription explicite de l&rsquo;auteur, doivent &ecirc;tre trait&eacute;s comme des&nbsp;<em>instruments&nbsp;</em>(p.&nbsp;9). Ce postulat, tant qu&rsquo;il reste th&eacute;orique, para&icirc;t anodin, mais dans la pratique il risque de s&rsquo;av&eacute;rer difficile &agrave; r&eacute;aliser. Il est certes vrai que chacun des sept monologueurs adopte une autre diction, une autre prosodie et que chacun parle un autre langage. Il n&rsquo;en reste pas moins que cette instrumentation-l&agrave; repose essentiellement sur les contrastes de tonalit&eacute;s tr&egrave;s g&eacute;n&eacute;raux. En tout cas, les monologues r&eacute;unis sous le titre g&eacute;n&eacute;rique de&nbsp;<em>Femmes parall&egrave;les</em>&nbsp;pourraient donner lieu &agrave; des analyses acoustiques plus minutieuses.</p> <p><em>La Nostalgie, camarade&nbsp;</em>est par contre une pi&egrave;ce &agrave; nombreux effets sonores proprement dits, et c&rsquo;est sans doute l&rsquo;une des pi&egrave;ces les mieux travaill&eacute;es de ce c&ocirc;t&eacute;-l&agrave;. Elle rappelle de ce point de vue&nbsp;<em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir,</em>&nbsp;avec l&rsquo;usage des &eacute;chos (fig.&nbsp;2), du jeu du violon (fig.&nbsp;5), des voix&nbsp;<em>off</em>&nbsp;(fig.&nbsp;8), du t&eacute;l&eacute;phone (tout au long de la pi&egrave;ce). On y rep&egrave;re en outre des bruits de d&eacute;molition (mart&egrave;lements, stridences, coups m&eacute;talliques) et un effet strictement radiophonique de&nbsp;<em>cross-fade&nbsp;</em>dans la s&eacute;quence 7 o&ugrave; les stridences se transforment en cris d&rsquo;oiseaux, les cris d&rsquo;oiseaux en sonneries de t&eacute;l&eacute;phone, les sonneries de t&eacute;l&eacute;phone en sifflets de train, d&rsquo;ambulance etc.</p> <p>Enfin,&nbsp;<em>Les</em>&nbsp;<em>Veuves</em>, sorte d&rsquo;<em>intermedial performance</em>, conjuguant th&eacute;&acirc;tre, marionnettes, musique (et ponctuellement t&eacute;l&eacute;vision), tout en &eacute;tant surtout bas&eacute; sur les &eacute;l&eacute;ments visuels, rec&egrave;le pourtant pourtant une curiosit&eacute; importante&nbsp;: le curieux dispositif de &laquo;&nbsp;la croix sonore qui r&eacute;percute aux quatre vents&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;24) &ndash;&nbsp;un v&eacute;ritable appareil &eacute;metteur gr&acirc;ce auquel les filles appellent l&rsquo;Oncle Rouge-et-or.</p> <p>On pourrait conclure en une phrase: la dramatugie de Billetdoux ne sonne pas creux.</p> <h3>Notes<br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Les r&eacute;f&eacute;rences bibliographiques compl&egrave;tes des pi&egrave;ces mentionn&eacute;es ou examin&eacute;es se trouvent dans la bibliographie de fin d&rsquo;article.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;V.&nbsp;<a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/francois-billetdoux/" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Billetdoux ou Le Magicien du Th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, en ligne&nbsp;<a href="http://www.%20regietheatrale.%20com/%20index/%20index/%20thematiques/%20auteurs/%20Billetdoux/%20francois-billetdoux-8.html" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;En ligne&nbsp;<a href="http://%20g.latour-theatre.%20pagesperso-orange.%20fr/%20thematiques/%20auteurs/%20Billetdoux/%20francois-billetdoux-accueil.html" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Billetdoux ou Le Magicien du Th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>op. cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Bertrand Poirot-Delpech,&nbsp;<em>Le Monde,&nbsp;</em>24 octobre 1964.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Le monde tourne, Billetdoux est mort&nbsp;&raquo;<em>,</em>&nbsp;<em>Lib&eacute;ration</em>, 27 novembre 1991.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Cette intervention a un caract&egrave;re expiatoire. J&rsquo;essaie par l&agrave; de r&eacute;parer une sorte de faute originelle que j&rsquo;avais commise il y a 15 ans, et que j&rsquo;ai perp&eacute;tr&eacute;e ensuite, inconciemment, pendant un certain nombre d&rsquo;ann&eacute;es. En effet, lorsque je commen&ccedil;ais &agrave; &eacute;crire sur le th&eacute;&acirc;tre de Fran&ccedil;ois Billetdoux, &agrave; la fin des des ann&eacute;es 1990, ainsi que dans quelques-unes de mes publications post&eacute;rieures, je n&rsquo;ai pas assez insist&eacute; sur l&rsquo;impact que les activit&eacute;s radiophoniques et m&eacute;diatiques de l&rsquo;auteur avaient pu avoir sur sa dramaturgie. La journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tudes sur Billetdoux (et la radio) organis&eacute;e &agrave; Montpellier par Pierre-Marie H&eacute;ron en avril 2015 a &eacute;t&eacute; une excellente occasion pour revenir en arri&egrave;re et r&eacute;viser les choses sous cet aspect-l&agrave;.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Il importe cependant de remarquer que le th&eacute;&acirc;tre de Billetdoux ne saurait &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute; seulement sous cet angle-l&agrave;. Certes, Billetdoux a travaill&eacute; &agrave; la Radio pendant de longues ann&eacute;es, mais il s&rsquo;est &eacute;galement frott&eacute;, et fortement, &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision, au cin&eacute;ma, &agrave; la musique, de sorte que ses textes dramatiques portent de fait diff&eacute;rentes marques et empreintes&nbsp;: radiophoniques, t&eacute;l&eacute;visuelles, cin&eacute;matographiques, musicales. La t&eacute;l&eacute;vision est pr&eacute;sente dans&nbsp;<em>Rintru pas&hellip;,</em>&nbsp;le cin&eacute;ma et la t&eacute;l&eacute; dans&nbsp;<em>Pitchi po&iuml;..,&nbsp;</em>le&nbsp;<em>happenning</em>&nbsp;dans&nbsp;<em>Les Veuves</em>, la musique dans&nbsp;<em>Appel de personne &agrave; personne&nbsp;</em>; nous assistons en outre &agrave; une sorte d&rsquo;op&eacute;ra fun&egrave;bre avec&nbsp;<em>Has been bird</em>&nbsp;et &agrave; une esp&egrave;ce de&nbsp;<em>one-person-show</em>&nbsp;avec&nbsp;<em>Femmes Parall&egrave;les</em>. Dans le r&eacute;pertoire de Billetdoux on trouvera m&ecirc;me une interrogation sur le t&eacute;l&eacute;phone dans le spectacle d&rsquo;<em>HiFi</em>. Ce n&rsquo;est donc pas seulement la radio qui a inform&eacute; l&rsquo;&oelig;uvre th&eacute;&acirc;trale de cet auteur et il serait un peu partial, dans ces conditions-l&agrave;, de faire de la piste radiophonique l&rsquo;unique perspective d&rsquo;analyse.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;<em>Appel de personne &agrave; personne</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1992, p.&nbsp;47-48.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne,</em>&nbsp;n<sup>o</sup>&nbsp;193, p.&nbsp;6.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais d&rsquo;aujourd&rsquo;hui</em>, Paris, Nathan, 1971, p.&nbsp;119.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Witold Wołowski,&nbsp;<em>L&rsquo;adialogisme et la po&eacute;tisation du texte dramatique dans le th&eacute;&acirc;tre de Fran&ccedil;ois Billetdoux</em>, Lublin, TN KUL, 2005.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Le pr&eacute;sent tableau s&rsquo;inspire d&rsquo;un certain nombre de travaux portant sur les diff&eacute;rentes formes monodiscursives, en particulier des &eacute;tudes conversationnistes (C.&nbsp;Kerbrat-Orecchioni), de l&rsquo;ouvrage collectif dirig&eacute; par F.&nbsp;Fix et F.&nbsp;Toudoire-Surlapierre,&nbsp;<em>Le Monologue au th&eacute;&acirc;tre (1950-2000). La Parole solitaire</em>&nbsp;(Dijon, E.U.D., 2006), et surtout de mes propres travaux&nbsp;: &laquo;&nbsp;Absence de personnage de th&eacute;&acirc;tre dans&nbsp;<em>Les Chaises</em>&nbsp;d&rsquo;Eug&egrave;ne Ionesco et dans&nbsp;<em>Comment va le monde</em>&nbsp;de Fran&ccedil;ois Billetdoux&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Roczniki Humanistyczne</em>, t.&nbsp;XLVIII, z.&nbsp;5, 2000, p.&nbsp;25-72&nbsp;; &laquo;&nbsp;Aux origines de l&rsquo;adialogisme th&eacute;&acirc;tral&nbsp;:&nbsp;<em>Le Cantique des Cantiques</em>&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Roczniki Humanistyczne</em>, t.&nbsp;LII, z.&nbsp;5, 2004, p.&nbsp;87-97&nbsp;; &laquo;&nbsp;Soliloque, quasi-monologue, monologue&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Roczniki Humanistyczne</em>, LIII, z.&nbsp;5, 2005, p.&nbsp;81-104&nbsp;;&nbsp;<em>L&rsquo;adialogisme et la po&eacute;tisation du texte dramatique dans le th&eacute;&acirc;tre de Fran&ccedil;ois Billetdoux</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>&nbsp;; &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;une r&eacute;plique th&eacute;&acirc;trale&nbsp;?&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Romanica Cracoviensia</em>, 5&nbsp;/&nbsp;2005, p.&nbsp;147-159&nbsp;;&nbsp;<em>Du texte dramatique au texte narratif. Proc&eacute;d&eacute;s interf&eacute;rentiels et formes hybrides dans le th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais du xx<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Lublin, Wydawnictwo KUL, 2007.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne</em>, 571, septembre 1975, p.&nbsp;20.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Comme le soulignent J.&nbsp;Bachura et A.&nbsp;Pawlik, la musique (rarement autonome au point de vue s&eacute;miotique dans le th&eacute;&acirc;tre radiophonique) doit toujours &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme co-cr&eacute;atrice des significations dans les pi&egrave;ces con&ccedil;ues pour la radio. V. &laquo;&nbsp;Znaczeniowa funkcja muzyki w słuchowisku&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Folia Litteraria Polonica</em>, 3, (17), 2012, p.&nbsp;162.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Pour une br&egrave;ve description des techniques de base utilis&eacute;es dans les pi&egrave;ces radiophoniques, v. Richard James Gray,&nbsp;<em>French radio drama from the interwar to the Postwar period</em>&nbsp;(1922-1973), dissertation disponible&nbsp;<a href="http://www.%20lib.%20utexas.%20edu/%20etd/%20d/2006/%20grayiir41468/%20grayiir41468.pdf" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Le terme est de Rudolf Arnheim,&nbsp;<em>Radio</em>, trad. Lambert Barth&eacute;l&eacute;my en collab. avec Gilles Moutot, Paris, Van Dieren, 2005 (&eacute;d. originale 1936), p.&nbsp;219.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;On a ici affaire &agrave; une situation&nbsp;<em>acousmatique</em>&nbsp;au sens schaefferien du terme. V. Pierre Schaeffer,&nbsp;<em>Trait&eacute; des objets musicaux</em>, Paris, Seuil, 1966&nbsp;; ainsi que les remarques int&eacute;ressantes de Philippe Baudoin, &laquo;&nbsp;Le transistor et le philosophe. Pour une esth&eacute;tique de l&rsquo;&eacute;coute radiophonique&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Klesis. Revue Philosophique,&nbsp;</em>juin 2007, p.&nbsp;1-18<em>.</em></p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne</em>, n&deg;193, 15 mars 1959, p.&nbsp;25.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Dans le cas des &oelig;uvres th&eacute;&acirc;trales &eacute;crites expr&egrave;s pour la radio, il est d&rsquo;ailleurs int&eacute;ressant d&rsquo;examiner en d&eacute;tail leur pouvoir de visualisation. Un sp&eacute;cialiste du th&eacute;&acirc;tre radiophonique, J&oacute;zef Mayen, soutenait nagu&egrave;re que le facteur essentiel d&eacute;terminant la sp&eacute;cificit&eacute; de ce genre de th&eacute;&acirc;tre r&eacute;side bien dans sa capacit&eacute; d&rsquo;engendrer des images visuelles dans l&rsquo;esprit des auditeurs. Lorsqu&rsquo;un drame destin&eacute; &agrave; la radio semble acoustiquement d&eacute;ficitaire, il faut peut-&ecirc;tre examiner plus en profondeur ses qualit&eacute;s picturales qui activent l&rsquo;imagination du public, sans quoi on ne saurait vraiment juger de son adaptabilit&eacute; radiophonique (J.&nbsp;Mayen,&nbsp;<em>Radio a literatura</em>, Warszawa, Wiedza Powszechna, 1965, p.&nbsp;208).</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Au sens o&ugrave; l&rsquo;entend G&eacute;rard Leblanc dans&nbsp;<em>Sc&eacute;narios du r&eacute;el</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 1997, p.&nbsp;9. V. aussi Julie Rou&eacute;,&nbsp;<em>La question du &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo;. Trait&eacute; de l&rsquo;intime dans le documentaire radiophonique</em>, en ligne&nbsp;<a href="http://www.acsr.be/wp-content/uploads/la_question_du_je.pdf" target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Sheila Louinet, compte rendu du spectacle de Jean-Claude Penchennat au Th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;&Eacute;p&eacute;e-de-Bois &agrave; Paris, en ligne&nbsp;<a href="http://www.%20lestroiscoups.%20com/%20article-il-faut-passer-par-les-nuages-de-fran-ois-billetdoux-critique-de-sheila-louinet-theatre-de-l-epee-de-bois-a-paris-58793706.html" target="_blank">ici</a>.</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3>Corpus</h3> <p><em>Bien amicalement</em>,&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne</em>, n&deg;193, mars 1959.</p> <p><em>Comment va le monde, m&ocirc;ssieu? Il tourne, m&ocirc;ssieu!</em>, in&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre 2</em>, Paris, La table Ronde, 1964.</p> <p><em>Il faut passer par les nuages</em>, in&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre 2</em>, Paris, La Table Ronde, 1964.</p> <p><em>Has been bird</em>, pi&egrave;ce in&eacute;dite, achev&eacute;e en octobre 1966, coll. part..</p> <p><em>Rintru pa trou tar hin!</em>&nbsp;pi&egrave;ce in&eacute;dite, publi&eacute;e en brochure &agrave; l&rsquo;occasion de la premi&egrave;re repr&eacute;sentation au Th&eacute;&acirc;tre de la Ville (Paris), en avril 1970.</p> <p><em>Les Veuves</em>,&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne</em>, n&deg;571, septembre 1975.</p> <p><em>Silence! L&rsquo;Arbre remue encore&hellip;</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1986.</p> <p><em>&Agrave; la nuit la nuit</em>, in&nbsp;<em>Petits drames comiques</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1987.</p> <p><em>R&eacute;veille-toi, Philadelphie!</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1988.</p> <p><em>Appel de personne &agrave; parsonne</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1992.</p> <p><em>Pitchi-Po&iuml; ou la parole donn&eacute;e</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1992.</p> <p><em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir!</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1994.</p> <p><em>Femmes parall&egrave;les</em>, in&nbsp;<em>Monologues</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1996.</p> <p><em>Ai-je dit que je suis bossu?</em>, in&nbsp;<em>Monologues</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1996.</p> <p><em>La nostalgie, camarade</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1997.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Bibliographie</h3> <p>ARNHEIM&nbsp;Rudolf,&nbsp;<em>Radio&nbsp;</em>[1936], Paris, Van Dieren &eacute;diteur, 2005.</p> <p>BACHURA Joanna, pawlik Aleksandra, &laquo;&nbsp;Znaczeniowa funkcja muzyki w słuchowisku&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Folia Litteraria Polonica</em>, 3, (17), 2012, p.&nbsp;162-170.</p> <p>BAUDOUIN&nbsp;Philippe, &laquo;&nbsp;Le transistor et le philosophe. Pour une esth&eacute;tique de l&rsquo;&eacute;coute radiophonique&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Klesis. Revue Philosophique,&nbsp;</em>Juin 2007, p.&nbsp;1-18<em>.</em></p> <p>DEJEAN Jean-Luc,&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais d&rsquo;aujourd&rsquo;hui</em>, Paris, Nathan, 1971.</p> <p>FIX&nbsp;Florence &amp; TOUDOIRE-SURLAPIERRE Fr&eacute;d&eacute;rique,&nbsp;<em>Le Monologue au th&eacute;&acirc;tre (1950-2000). La Parole solitaire</em>, Dijon, E.U.D., 2006.</p> <p>GRAY&nbsp;Richard James,&nbsp;<em>French radio drama from the interwar to the Postwar period</em>&nbsp;(1922-1973), en ligne&nbsp;<a href="http://www.%20lib.%20utexas.%20edu/%20etd/%20d/%202006/%20grayiir41468/%20grayiir41468.pdf" target="_blank">ici</a>.</p> <p>LATOUR&nbsp;Genevi&egrave;ve, &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Billetdoux ou Le Magicien du Th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>www. regietheatrale. com</em></p> <p>LEBLANC&nbsp;G&eacute;rard,&nbsp;<em>Sc&eacute;narios du r&eacute;el</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 1997.</p> <p>MAYEN&nbsp;J&oacute;zef,&nbsp;<em>Radio a literatura. Szkice</em>, Warszawa, Wiedza Powszechna, 1965.</p> <p>MIGNON Paul-Louis, &laquo;&nbsp;Billetdoux Fran&ccedil;ois&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne</em>, n&deg;193, mars 1959, p.&nbsp;6.</p> <p>MIQUEL&nbsp;Jean-Pierre, &laquo;&nbsp;Le grand auteur fran&ccedil;ais de sa g&eacute;n&eacute;ration&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne</em>, n&deg;571, septembre 1975, p.&nbsp;20-21.</p> <p>ROU&Eacute;&nbsp;Julie,&nbsp;<em>La question du &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo;. Trait&eacute; de l&rsquo;intime dans le documentaire radiophonique</em>, www.acsr.be/wp-content/uploads/la_question_du_je.pdf</p> <p>SCHAEFFER&nbsp;Pierre,&nbsp;<em>Trait&eacute; des objets musicaux</em>, Paris, Seuil, 1966.</p> <p>WOŁOWSKI Witold,&nbsp;<em>L&rsquo;adialogisme et la po&eacute;tisation du texte dramatique dans le th&eacute;&acirc;tre de Fran&ccedil;ois Billetdoux</em>, Lublin, TN KUL, 2005.</p> <p>&ndash; &laquo; <em>Du texte dramatique au texte narratif. Proc&eacute;d&eacute;s interf&eacute;rentiels et formes hybrides dans le th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais du xx<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em> &raquo;, Lublin, Wydawnictwo KUL, 2007.</p> <p>&ndash; &laquo;&nbsp;Absence de personnage de th&eacute;&acirc;tre dans&nbsp;<em>Les Chaises</em>&nbsp;d&rsquo;Eug&egrave;ne Ionesco et dans&nbsp;<em>Comment va le monde</em>&nbsp;de Fran&ccedil;ois Billetdoux&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Roczniki Humanistyczne</em>, XLVIII, z.&nbsp;5, 2000, p.&nbsp;25-72.</p> <p>&ndash; &laquo;&nbsp;Aux origines de l&rsquo;adialogisme th&eacute;&acirc;tral&nbsp;:&nbsp;<em>Le Cantique des Cantiques</em>&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Roczniki Humanistyczne</em>, t.&nbsp;LII, z.&nbsp;5, 2004, p.&nbsp;87-97.</p> <p>&ndash; &laquo;&nbsp;Soliloque, quasi-monologue, monologue&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Roczniki Humanistyczne</em>, LIII, z.&nbsp;5, 2005, p.&nbsp;81-104.</p> <p><em>&ndash;</em>&nbsp;&laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;une r&eacute;plique th&eacute;&acirc;trale&nbsp;?&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Romanica Cracoviensia</em>, 5&nbsp;/&nbsp;2005, p.&nbsp;147-159.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Auteur</h3> <p><strong>Witold Wołowski</strong>&nbsp;est&nbsp;professeur de lettres &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Catholique de Lublin Jean Paul II (Pologne). Sp&eacute;cialiste du th&eacute;&acirc;tre francophone du XXe si&egrave;cle, th&eacute;oricien de la litt&eacute;rature et du spectacle th&eacute;&acirc;tral. Domaines de recherche privil&eacute;gi&eacute;s&nbsp;: hybridit&eacute; g&eacute;n&eacute;rique en litt&eacute;rature, didascalies, interactions entre le th&eacute;&acirc;tre et d&rsquo;autres m&eacute;dia. Principaux ouvrages monographiques&nbsp;: 2005&nbsp;:&nbsp;<em>L&rsquo;adialogisme et la po</em><em>&eacute;</em><em>tisation du texte dramatique dans le th</em><em>&eacute;&acirc;</em><em>tre de Fran</em><em>&ccedil;</em><em>ois Billetdoux</em>, Lublin, TN KUL&nbsp;; 2007&nbsp;:&nbsp;<em>Du texte dramatique au texte narratif. Proc</em><em>&eacute;</em><em>d</em><em>&eacute;</em><em>s interf</em><em>&eacute;</em><em>rentiels et formes hybrides dans le th</em><em>&eacute;&acirc;</em><em>tre fran</em><em>&ccedil;</em><em>ais du XX<sup>e</sup>&nbsp;si</em><em>&egrave;</em><em>cle</em>, Lublin, Wydawnictwo KUL&nbsp;; 2015&nbsp;:&nbsp;<em>Didascalies et didascalit</em><em>&eacute;</em><em>&nbsp;au th</em><em>&eacute;&acirc;</em><em>tre et non seulement</em>, Lublin, Wydawnictwo KUL (sous presse).</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>