<p>Agathe MELLA ‒ Fran&ccedil;ois Billetdoux, je vais vous demander de rassembler vos souvenirs et de nous donner vos mani&egrave;res de voir sur ce que fut la recherche &agrave; la radio. D&rsquo;abord qu&rsquo;est-ce que &ccedil;a veut dire &laquo;&nbsp;la recherche &agrave; la radio&nbsp;&raquo; dans votre esprit&nbsp;? La recherche de quoi&nbsp;? Et comment&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Si on parle de mon approche personnelle, elle est adolescente puisque je devais avoir dix-sept ans quand je suis entr&eacute; au Club d&rsquo;Essai de la radiodiffusion fran&ccedil;aise, et j&rsquo;y suis entr&eacute; parce que je voulais faire un peu de radio. J&rsquo;&eacute;tais int&eacute;ress&eacute; par la radio et j&rsquo;essayais de placer &agrave; l&rsquo;&eacute;poque une &eacute;mission. J&rsquo;avais fait un projet et il m&rsquo;avait &eacute;t&eacute; renvoy&eacute; par Jean Th&eacute;venot qui s&rsquo;occupait des vari&eacute;t&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;poque &agrave; la RTF. Il m&rsquo;avait dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est trop litt&eacute;raire. &raquo; J&rsquo;&eacute;tais all&eacute; voir &Eacute;tienne Lalou, lequel avait repouss&eacute; mon projet en me disant&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est trop vari&eacute;t&eacute;s. &raquo; Et voil&agrave; qu&rsquo;en mars 1946 s&rsquo;ouvre le Club d&rsquo;Essai. Il y avait un an que je travaillais &agrave; cette &eacute;mission et nous &eacute;tions quatre&nbsp;: un musicien, Hubert Degex&nbsp;; Jean Valmont, un com&eacute;dien&nbsp;; Picaud, une com&eacute;dienne, et moi. On connaissait l&rsquo;&eacute;mission par c&oelig;ur. On est arriv&eacute;s au studio. Et nous avons pu aussit&ocirc;t enregistrer la premi&egrave;re &eacute;mission [des&nbsp;<em>&Acirc;nes rouges</em>] sans aucune difficult&eacute;. Ensuite, pratiquement, s&rsquo;est engag&eacute;e une s&eacute;rie. Au d&eacute;part, il n&rsquo;y en avait qu&rsquo;une que j&rsquo;avais travaill&eacute;e pendant un an. Ensuite, j&rsquo;en ai fait une toutes les semaines&hellip;</p> <p>Agathe MELLA ‒ Qui &eacute;tait directeur du Club d&rsquo;Essai, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Jean Tardieu.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Et cette &eacute;poque, c&rsquo;&eacute;tait laquelle&nbsp;? En quelle ann&eacute;e aviez-vous dix-sept ans&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ En 1946.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Tout de suite apr&egrave;s la guerre.</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ J&rsquo;ai toujours cru depuis lors ‒ bien qu&rsquo;ayant eu des approches beaucoup plus difficiles&nbsp;‒ que c&rsquo;&eacute;tait le r&ecirc;ve m&ecirc;me, et que ce r&ecirc;ve &eacute;tait la chose la plus juste qui soit. Le Club occupait un tr&egrave;s bel h&ocirc;tel particulier rue de l&rsquo;Universit&eacute;. J&rsquo;avais la possibilit&eacute; d&rsquo;avoir des studios. Il y avait des ing&eacute;nieurs qui &eacute;taient merveilleux&nbsp;: Raymond Verch&egrave;re, Jean Godet, Jacques Poullin, et tout &eacute;tait possible. Alors, ce n&rsquo;est pas l&rsquo;id&eacute;e de recherche qui pr&eacute;domine pour moi, c&rsquo;est cette id&eacute;e que tout &eacute;tait possible. Par cons&eacute;quent, je me suis laiss&eacute; aller d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on &laquo;&nbsp;&agrave; inventer&nbsp;&raquo; la radio, puisqu&rsquo;&agrave; cette &eacute;poque c&rsquo;&eacute;tait possible. Et c&rsquo;est le d&eacute;but, pour moi, de l&rsquo;approche de la recherche. Il faut ajouter que ce Club d&rsquo;Essai n&rsquo;est pas n&eacute; de rien puisqu&rsquo;il pr&eacute;existait. Le Studio d&rsquo;Essai avait &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; pendant l&rsquo;Occupation par Pierre Schaeffer&nbsp;: il a &eacute;t&eacute; la premi&egrave;re station radio &agrave; &eacute;mettre &agrave; la Lib&eacute;ration. Pratiquement, il s&rsquo;y &eacute;tait pass&eacute; un certain nombre de travaux, avec Jacques Copeau par exemple. Des travaux de recherche sur le plan technique, toute une s&eacute;rie d&rsquo;intuitions propres &agrave; Pierre Schaeffer. Il y avait donc un soubassement important, qui &eacute;tait quand m&ecirc;me dans l&rsquo;air du temps et dont des gens comme moi ont pu profiter. A l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; ce Club d&rsquo;Essai s&rsquo;est ouvert, on y trouvait Maurice Cazeneuve qui est devenu l&rsquo;un des premiers metteurs en ondes et qui voulait traiter la radiodiffusion comme on traitait le cin&eacute;ma. Et il y r&eacute;ussissait, ma foi. Il y avait sur le plan des &eacute;missions dramatiques Paul‑Louis Mignon qui, lui, essayait de faire intervenir toute la litt&eacute;rature dramatique de notre &eacute;poque. Tous ces gens sortant de la guerre avaient le sentiment, l&agrave;, d&rsquo;une ouverture.</p> <h2>LA RECHERCHE&nbsp;: TOUTES LES DIRECTIONS<br /> &nbsp;</h2> <p>Agathe MELLA ‒ Mais de mauvaises langues disent que dans la recherche, on cherche&hellip; ce qu&rsquo;on cherche&nbsp;! Et apr&egrave;s tout, ce n&rsquo;est pas si b&ecirc;te. En effet, faire de la recherche, c&rsquo;est se poser des questions sur les voies diff&eacute;rentes que l&rsquo;on pourrait emprunter. Est-ce que ces voies tiennent &agrave; des recherches de fond, de forme, de style, de langage, de moyens de communication, ou bien est-ce que c&rsquo;est tout &agrave; la fois&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ C&rsquo;est tout &agrave; la fois. Mais selon les p&eacute;riodes o&ugrave; l&rsquo;on pratique et selon ce qu&rsquo;on a &agrave; faire, on favorise tel ou tel aspect. L&agrave;, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, je dirais que, pour ma part, &ccedil;a a &eacute;t&eacute; bien davantage une recherche des hommes. J&rsquo;ai fait &eacute;norm&eacute;ment travailler des gens jeunes que je faisais venir r&eacute;guli&egrave;rement dans nos studios, beaucoup dans le domaine des vari&eacute;t&eacute;s. J&rsquo;ai fait d&eacute;buter des tas de gens&hellip;</p> <p>Agathe MELLA ‒ Difficile domaine que celui des vari&eacute;t&eacute;s&nbsp;!</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Oui, et qui pour moi, &eacute;tait un monde en naissance. &Agrave; l&rsquo;&eacute;poque, les Fran&ccedil;ais chantaient mal&nbsp;; il y avait les premiers interpr&egrave;tes &agrave; la guitare&nbsp;; Jacques Donai, Francis Lemarque, etc.&nbsp;; il y avait les gens qui inventaient le cabaret. C&rsquo;&eacute;tait, &agrave; la Rose Rouge, Yves Robert. Yves Robert venait comme bruiteur dans mes &eacute;missions. Par la suite, j&rsquo;ai fait chanter pour la premi&egrave;re fois Mouloudji, avec beaucoup de difficult&eacute;s. Puisque le Club &eacute;tait ouvert, toutes sortes d&rsquo;hommes pouvaient venir l&agrave;, et dans des styles relativement diff&eacute;rents, mais ayant tout de m&ecirc;me un caract&egrave;re un petit peu litt&eacute;raire. Pour r&eacute;sumer ce qu&rsquo;a &eacute;t&eacute; le Club d&rsquo;Essai, c&rsquo;est difficile, il faudrait beaucoup de temps&nbsp;!</p> <p>Agathe MELLA ‒ C&rsquo;&eacute;tait une p&eacute;pini&egrave;re qui &eacute;tait cens&eacute;e d&eacute;couvrir des sources de telle mani&egrave;re que les directeurs des cha&icirc;nes de programmes ‒&nbsp;dont j&rsquo;&eacute;tais &agrave; l&rsquo;&eacute;poque&nbsp;‒ puissent en b&eacute;n&eacute;ficier, puissent dire &laquo;&nbsp;&Ccedil;a, c&rsquo;est r&eacute;ussi&nbsp;! maintenant, on passe par les grandes cha&icirc;nes. &raquo; Je me souviens que ce fut pour moi un tr&egrave;s fructueux moyen d&rsquo;alimenter France-Inter. Par exemple, le fameux &laquo;&nbsp;Masque et la Plume&nbsp;&raquo; sortait du Club d&rsquo;Essai. Je me souviens m&ecirc;me que Tardieu m&rsquo;avait fait des reproches en me disant&nbsp;: &laquo;&nbsp;Vous venez me &ldquo;piquer&rdquo; mes &eacute;missions. &raquo; Je r&eacute;pondais&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je croyais que vous &eacute;tiez fait pour &ccedil;a&nbsp;!&nbsp;&raquo; Par la suite, il en a un peu convenu, parce qu&rsquo;il est loin d&rsquo;&ecirc;tre b&ecirc;te&hellip; et il a &eacute;t&eacute; au contraire ravi de voir que sa production fleurissait ailleurs. Alors, ces fameux&nbsp;<em>Anes Rouges</em>, on y chantait, on y dansait, qu&rsquo;y faisait-on&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ C&rsquo;&eacute;tait une &eacute;mission qui &eacute;tait diff&eacute;rente chaque semaine et qui permettait de faire venir des interpr&egrave;tes.</p> <p>Agathe MELLA ‒&nbsp;Est-ce que vous croyez qu&rsquo;on en trouverait encore dans les archives&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Il para&icirc;t que oui puisque le groupe des Espaces radiophoniques ayant fait une exposition l&rsquo;ann&eacute;e derni&egrave;re, ou l&rsquo;ann&eacute;e d&rsquo;avant, a r&eacute;ussi &agrave; trouver un exemplaire que je n&rsquo;ai pas pu entendre, mais qui existe encore&hellip;&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a></p> <p>Agathe MELLA ‒ &hellip; ayant &eacute;chapp&eacute; au d&eacute;sastre qui frappe de temps en temps les archives de la radio.</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒&nbsp;Peut-&ecirc;tre que la phonoth&egrave;que n&rsquo;est pas compl&egrave;tement appauvrie dans ce domaine. Il y a un album qui est tr&egrave;s important, &laquo;&nbsp;Dix ans d&rsquo;essais radiophoniques 1942‑1952&nbsp;&raquo;, qui avait &eacute;t&eacute; fait par Schaeffer&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>. Il est assez indicatif d&rsquo;un certain nombre de recherches qui avaient eu lieu &agrave; ce moment-l&agrave; ‑ non compris dedans, la recherche concernant la naissance de la musique concr&egrave;te qui tr&egrave;s rapidement est venue en marge. J&rsquo;y ai un petit peu particip&eacute;, en d&eacute;couvrant l&agrave; les travaux de classement, qui &eacute;taient primordiaux pour Schaeffer. Il y avait &agrave; ce moment-l&agrave;&nbsp;: Ferrari, Poullin&hellip; Tout cela se passait en m&ecirc;me temps&nbsp;; de m&ecirc;me, se passait en m&ecirc;me temps le fait que, rue de l&rsquo;Universit&eacute;, se faisaient les premiers entretiens radiophoniques avec Georges Charbonnier, avec Jean Amrouche.</p> <p>Agathe MELLA ‒&nbsp;Ah&nbsp;! les premiers entretiens &agrave; proprement parler, ceux qui ont eu tant de succ&egrave;s et &agrave; juste titre, n&rsquo;&eacute;taient pas connus avant qu&rsquo;ils n&rsquo;aient d&eacute;but&eacute;&hellip;</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Ils ont d&eacute;but&eacute; l&agrave;, oui.</p> <h2>UN INSTRUMENT SOCIAL ET CIVILISATEUR<br /> &nbsp;</h2> <p>Agathe MELLA ‒ En somme, il fallait trouver des formes, de nouvelles mani&egrave;res d&rsquo;expression. Croyez-vous qu&rsquo;actuellement ‒&nbsp;ce n&rsquo;est pas tout &agrave; fait l&rsquo;objet de notre entretien&nbsp;‒ il y ait encore un terrain &agrave; explorer&nbsp;? Est-ce qu&rsquo;on n&rsquo;a pas battu tous les buissons&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Je crois qu&rsquo;il y a forc&eacute;ment un terrain &agrave; explorer. J&rsquo;ai plut&ocirc;t le sentiment d&rsquo;une r&eacute;gression actuellement, par un d&eacute;veloppement trop important d&rsquo;une certaine forme de radio molle. Il m&rsquo;a &eacute;t&eacute; donn&eacute;, apr&egrave;s mon passage au Club d&rsquo;Essai, d&rsquo;affronter un nouveau probl&egrave;me, parce que l&agrave; aussi, j&rsquo;&eacute;tais, tr&egrave;s jeune, directeur des programmes pour la radio aux Antilles et je me suis occup&eacute; de l&rsquo;installation de la RTF &agrave; la Martinique, &agrave; la Guadeloupe et en Guyane. Tout particuli&egrave;rement, je m&rsquo;occupais de la radio &agrave; Fort-de-France ‒&nbsp;et donc l&agrave;, pour ma part, j&rsquo;ai d&eacute;couvert une chose primordiale, qui est l&rsquo;importance sociale de l&rsquo;instrument. Cet aspect-l&agrave;, qui est un des aspects qui m&rsquo;a beaucoup int&eacute;ress&eacute; par la suite, m&rsquo;&eacute;tant occup&eacute; beaucoup des probl&egrave;mes des radios locales, par exemple, cet aspect-l&agrave; pour moi, date de trente ans. Me trouvant &agrave; la Martinique dans une esp&egrave;ce de province fran&ccedil;aise, mais dans un environnement particulier&nbsp;: celui des Cara&iuml;bes, et avec des probl&egrave;mes humains et politiques d&rsquo;une autre nature, j&rsquo;ai d&eacute;couvert en quoi la radiodiffusion &eacute;tait un instrument social&hellip;</p> <p>Agathe MELLA ‒ Mais vous voulez dire &laquo;&nbsp;social&nbsp;&raquo; dans ce sens qu&rsquo;il favorise la communication, ou bien, aussi, un instrument civilisateur&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Civilisateur, par n&eacute;cessit&eacute; parce que l&agrave; aussi, il ouvre. Il y avait eu une p&eacute;riode assez difficile apr&egrave;s la guerre. Pour ma part ‒&nbsp;bien s&ucirc;r l&agrave; encore les vari&eacute;t&eacute;s m&rsquo;ont bien aid&eacute;&nbsp;‒ j&rsquo;ai relanc&eacute; le Carnaval. Et relancer le Carnaval, &ccedil;a veut dire que, tout d&rsquo;un coup, les jeunes Antillais &eacute;crivaient des chansons d&rsquo;actualit&eacute; ‑ ils n&rsquo;&eacute;crivaient toujours que des chansons d&rsquo;actualit&eacute;. Chaque &eacute;v&eacute;nement peut provoquer une chanson.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Comme actuellement en Am&eacute;rique latine.</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Donc c&rsquo;est une action sociale, c&rsquo;est une lib&eacute;ration. Il m&rsquo;a &eacute;t&eacute; donn&eacute; de lire des po&egrave;mes&nbsp;‒&nbsp;chose qui ne se faisait pas facilement peut-&ecirc;tre &agrave; Paris et qui l&agrave;-bas &eacute;tait fort bien entendue, y compris m&ecirc;me les po&egrave;mes de C&eacute;saire&nbsp;‒ ce qui a choqu&eacute; un peu puisqu&rsquo;il &eacute;tait maire communiste et en m&ecirc;me temps un po&egrave;te un peu difficile. Eh bien c&rsquo;est formidablement bien entendu par une population qui &eacute;tait sensible au lyrisme. Donc, entre le Carnaval et la grande litt&eacute;rature, le mouvement &eacute;tait de m&ecirc;me nature, et il se passait quelque chose dont maintenant j&rsquo;ai encore des &eacute;chos de personnes qui avaient douze ans &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, et qui avaient le sentiment qu&rsquo;on leur ouvrait le monde. D&rsquo;autant plus que, &eacute;tant nourri de beaucoup d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments de phonoth&egrave;que que je pouvais avoir emport&eacute;s, j&rsquo;apportais aussi des novations.</p> <h2>VITESSE ET RADIO &laquo;&nbsp;MOLLE&nbsp;&raquo;&hellip;<br /> &nbsp;</h2> <p>Agathe MELLA ‒ Vous aviez donc l&rsquo;impression que vous &eacute;tiez en mesure d&rsquo;ouvrir des voies. Revenons aux temps pr&eacute;sents. Vous parliez de radiodiffusion molle. Vous voulez dire que peut-&ecirc;tre on ne se donne pas assez de peine pour rechercher quoi que ce soit qui ne soit pas le tout venant qui se pr&eacute;sente imm&eacute;diatement &agrave; l&rsquo;esprit ou au micro&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Oui, je vais vous donner un exemple pour faire image, mais il y en aurait beaucoup d&rsquo;autres. Vous avez un compositeur canadien, de Vancouver, qui s&rsquo;appelle Murray Scheffer. II s&rsquo;est passionn&eacute; pour ce qu&rsquo;on appelle &laquo;&nbsp;le paysage sonore&nbsp;&raquo;, en analysant tout ce qui est dans l&rsquo;environnement sonore, partant de l&rsquo;id&eacute;e que nous vivons dans un monde dont nous ne mesurons pas assez qu&rsquo;il est plein de significations pour l&rsquo;oreille. Donc il a organis&eacute; ‑ mais sur un plan presque mondial ‑ toute une s&eacute;rie de travaux sur le &laquo;&nbsp;paysage sonore&nbsp;&raquo;. Et, par rapport &agrave; la radio, il dit, par exemple, qu&rsquo;il faudrait se pr&eacute;occuper du style de la programmation. Si vous &eacute;coutez les bandes sur la M.F. actuellement, tout ce qui passe, tout le monde parle &agrave; la m&ecirc;me vitesse&nbsp;; tout le monde a l&rsquo;air d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;cipit&eacute;, tout le monde &eacute;voque &laquo;&nbsp;le temps qui m&rsquo;est imparti&nbsp;&raquo;&nbsp;; tout le monde est press&eacute;. Pourquoi ne pas essayer d&rsquo;adopter un rythme diff&eacute;rent sur le plan de la station&nbsp;?</p> <p>Agathe MELLA ‒ Rythme de la parole&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Rythme en g&eacute;n&eacute;ral. Par exemple, on se dit&nbsp;: tout le monde, dans le syst&egrave;me urbain, vit dans la pr&eacute;cipitation. Rien n&rsquo;emp&ecirc;che de faire une station o&ugrave; on dit&nbsp;: l&agrave;, nous avons le temps&nbsp;; l&agrave;, nous avons le loisir&hellip;</p> <p>Agathe MELLA ‒ L&agrave; ce serait une recherche de rythme.</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Il est possible de faire une recherche sur la programmation et sur le style du programme. Ce qui est une autre id&eacute;e que celle qui consiste &agrave; dire &laquo;&nbsp;On va chercher une nouvelle &eacute;mission&nbsp;&raquo;. On peut penser en terme de programmation. Eh bien, on pouvait esp&eacute;rer qu&rsquo;il y aurait parmi les stations, parmi les 1200 qui sont apparues en France, qu&rsquo;il y en aurait qui prendraient un style, un ton. &Ccedil;a n&rsquo;a pas eu lieu d&rsquo;une fa&ccedil;on &eacute;vidente.</p> <p>[&hellip;]</p> <h2>JAZZ ET AUTRES NOUVEAUT&Eacute;S<br /> &nbsp;</h2> <p>Agathe MELLA ‒ Nous venons de faire un d&eacute;tour sur le pr&eacute;sent, et je ne le regrette pas, Mais je voudrais que nous revenions un petit peu au temps du Club d&rsquo;Essai. Vous avez nomm&eacute; pas mal de personnes qui ont particip&eacute;&nbsp;; les&nbsp;<em>Anes rouges</em>&nbsp;ont dur&eacute; combien de temps&nbsp;? Plus d&rsquo;une ann&eacute;e&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Deux ans.</p> <p>Agathe MELLA ‒ &Agrave; part&nbsp;<em>Les Anes rouges</em>, est-ce que vous pouvez nous mettre sur la piste d&rsquo;autres &eacute;missions qu&rsquo;il faudrait essayer de d&eacute;terrer dans les archives de cette maison&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Peu &agrave; peu, je suis venu &agrave; m&rsquo;occuper d&rsquo;un ensemble de programmes et il y a eu beaucoup d&rsquo;&eacute;missions qui ont &eacute;t&eacute; faites &agrave; mon instigation. Pratiquement, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, je ne sais pas si vous vous souvenez de Sim Coppens&nbsp;? C&rsquo;&eacute;tait &laquo;&nbsp;La voix de l&rsquo;Am&eacute;rique&nbsp;&raquo;, eh bien, c&rsquo;&eacute;tait la seule &eacute;mission qui existait sur le jazz. J&rsquo;ai fait entrer au Club d&rsquo;Essai Andr&eacute; Francis et Andr&eacute; Hodeir et les premi&egrave;res &eacute;missions sur le jazz ont commenc&eacute; l&agrave;.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Comment est-ce qu&rsquo;un directeur de programmes ne pensait pas &agrave; programmer le jazz&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Le jazz, c&rsquo;&eacute;tait une des formes qui &eacute;tait dans l&rsquo;esprit de quelques-uns. A l&rsquo;&eacute;poque je connaissais un peu le jazz parce que j&rsquo;&eacute;tais all&eacute; chez Dullin et qu&rsquo;il y avait, chez Dullin, Michel Carrier et Claude Desailly qui avaient cr&eacute;&eacute; la premi&egrave;re discoth&egrave;que avec leurs disques 78 tours. Et il y avait tout un petit milieu qui s&rsquo;int&eacute;ressait au jazz, mais ce n&rsquo;&eacute;tait pas encore d&rsquo;usage courant&nbsp;: c&rsquo;&eacute;tait la jeunesse. Il y avait aussi Bernard Blin qui est arriv&eacute; &agrave; ce moment-l&agrave; au Club d&rsquo;Essai. Bernard Blin, lui, avait des pr&eacute;occupations concernant donc une radio utile, et il a commenc&eacute; par faire des clubs de jeunes et l&agrave; aussi &ccedil;a a &eacute;t&eacute; l&rsquo;amorce de choses qui sont venues par la suite. Vous aviez Jacques Peuchmaurd qui, lui, s&rsquo;est assez vite int&eacute;ress&eacute; &agrave; d&rsquo;autres aspects&nbsp;; par exemple, il a &eacute;t&eacute; le premier, vraiment, &agrave; faire une &eacute;mission en utilisant les archives historiques. Cette &eacute;mission s&rsquo;intitulait &laquo;&nbsp;Les Illusions perdues&nbsp;&raquo;, sauf erreur, et racontait ce qui s&rsquo;est pass&eacute; avant-guerre, 34, 36, la guerre d&rsquo;Espagne, Hitler, etc. C&rsquo;&eacute;tait quelque chose qui &eacute;tait &eacute;galement nouveau.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Et il y avait des archives&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ II y en avait. Donc, vous voyez, il s&rsquo;est pass&eacute; beaucoup de choses, et puis il y avait des tentations&nbsp;: il y avait Constantin &OElig;conomo que je n&rsquo;ai jamais revu, qui, lui, &eacute;tait plut&ocirc;t du c&ocirc;t&eacute; sciences humaines. On ne parlait pas encore beaucoup de sciences humaines, mais il fouinait du c&ocirc;t&eacute; des chercheurs du type CNRS. Il y avait l&agrave; &eacute;galement toute cette approche sociale, qui &eacute;tait difficile&nbsp;; il faut se rappeler qu&rsquo;il y avait le d&eacute;but des&nbsp;<em>Temps modernes</em>, que les probl&egrave;mes se posaient d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on politiquement. A l&rsquo;int&eacute;rieur du Club d&rsquo;Essai, bien des interrogations aussi se faisaient jour sur la nature des enregistrements qu&rsquo;on pourrait effectuer. Il faut se rappeler que nous avons commenc&eacute; au Club d&rsquo;Essai avec des moyens techniques d&rsquo;une certaine nature. L&rsquo;usage le plus courant, c&rsquo;&eacute;tait le disque souple qui &eacute;tait assez difficile &agrave; manier. Puis il y a eu le Philips-Miller qui a &eacute;t&eacute; un r&ecirc;ve.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Mais &ccedil;a se conservait mal&nbsp;!</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Et puis le grand d&eacute;part quand m&ecirc;me a &eacute;t&eacute; le fait de la bande magn&eacute;tique. D&egrave;s que la bande magn&eacute;tique est arriv&eacute;e, l&rsquo;approche des probl&egrave;mes de radio a enti&egrave;rement chang&eacute;. La radio, ce sont mes universit&eacute;s. Pratiquement, le montage magn&eacute;tophone m&rsquo;a appris sur le terrain toutes sortes de probl&egrave;mes phon&eacute;tiques que je n&rsquo;aurais pas appris aussi bien &agrave; la Sorbonne. Et le travail que j&rsquo;ai pu faire pour monter les entretiens de Jean Amrouche avec Giono par exemple, sur la forme du discours de Giono, sur ses r&eacute;p&eacute;titions, sur ses h&eacute;sitations, sur les moments o&ugrave; &agrave; certains mots il se mettait &agrave; galoper, o&ugrave; le r&eacute;cit prenait forme. Voyez, c&rsquo;est quelque chose de passionnant. Ce qu&rsquo;il y avait en moi d&rsquo;acteur et d&rsquo;auteur a beaucoup appris en travaillant sur une bande magn&eacute;tique. Alors, est-ce qu&rsquo;on doit appeler &ccedil;a de la recherche&nbsp;? &Ccedil;a a &eacute;t&eacute; une recherche pour moi formidable.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Le Club d&rsquo;Essai a pris fin pour laisser la place &agrave; un service de la recherche&nbsp;? Ou y a-t-il eu un hiatus&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Il y a eu un hiatus.</p> <h2>SCHAEFFER&nbsp;: NAISSANCE DES CHOSES A PARTIR DU BROUILLON DES RENCONTRES<br /> &nbsp;</h2> <p>Agathe MELLA ‒ La fin du Club d&rsquo;Essai, c&rsquo;est &agrave; quel moment&nbsp;? En somme, &ccedil;a a commenc&eacute; en 46, pr&eacute;c&eacute;d&eacute; par le Studio d&rsquo;Essai. Pourquoi a‑t-on ferm&eacute; le Club d&rsquo;Essai&nbsp;? C&rsquo;&eacute;tait une p&eacute;pini&egrave;re merveilleuse. Dieu sait si je l&rsquo;ai v&eacute;cu&nbsp;!</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Mais je ne me souviens pas de la fin avec &eacute;vidence&hellip; Je me souviens d&rsquo;avoir travaill&eacute; au d&eacute;but du Service de la Recherche, mais je situe, pour moi, ce d&eacute;but apr&egrave;s avoir travaill&eacute; encore avec Pierre Schaeffer et apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; directeur des programmes de la SORAFOM (la Soci&eacute;t&eacute; de Radiodiffusion de la France d&rsquo;Outre Mer) o&ugrave;, ma foi, il s&rsquo;agissait l&agrave; aussi d&rsquo;inventer des radios dans des pays qui n&rsquo;&eacute;taient pas encore ind&eacute;pendants, et &ccedil;a a &eacute;t&eacute; une exp&eacute;rience consid&eacute;rable. II me semble que le d&eacute;but du Service de la Recherche ou de l&rsquo;un de ses moments, c&rsquo;est celui o&ugrave; ayant &eacute;t&eacute; mis &agrave; la porte, Schaeffer a dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne veux plus rien faire&hellip; Les gens me d&eacute;go&ucirc;tent&hellip; Je vais reprendre mon petit travail&hellip;, un petit instrument de rien du tout&hellip; Repartir du c&ocirc;t&eacute; de la musique. Peut-&ecirc;tre essayer cela un peu&hellip; du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;image en m&ecirc;me temps&nbsp;&raquo;. Il m&rsquo;a demand&eacute; mon avis. Je lui ai dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mon avis, je vais te le donner, il est tout simple. Tu dis&nbsp;: &ldquo;J&rsquo;ai besoin de rien du tout&rdquo; et petit &agrave; petit &ccedil;a va augmenter et prendre sa place&nbsp;&raquo;.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Le Service de la Recherche, c&rsquo;est une autre paire de manches qui appartient plus ou moins &agrave; Pierre Schaeffer. Est-ce que vous y avez personnellement contribu&eacute;&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Au d&eacute;but, &agrave; la conception. Avec Schaeffer, il y avait des r&eacute;unions&nbsp;; on participait &agrave; des r&eacute;unions, et le brouillon des rencontres finit par donner naissance &agrave; toutes sortes de choses. Et l&agrave;, je n&rsquo;ai pas poursuivi directement avec le Service de la Recherche, sauf occasionnellement, parce que c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; j&rsquo;ai d&eacute;velopp&eacute; mes activit&eacute;s du c&ocirc;t&eacute; du th&eacute;&acirc;tre, et donc j&rsquo;ai eu une longue p&eacute;riode o&ugrave; j&rsquo;ai n&eacute;glig&eacute; un peu&hellip;</p> <p>Agathe MELLA ‒&nbsp;Est-ce que vous pouvez d&eacute;finir en quoi votre manipulation d&rsquo;un instrument radio vous a aid&eacute; ou orient&eacute; dans ce que vous avez produit pour votre th&eacute;&acirc;tre&nbsp;? Ou est-ce que ce sont des compartiments compl&egrave;tement diff&eacute;rents&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Je dirai que deux perspectives se sont ouvertes peu &agrave; peu en moi&nbsp;: l&rsquo;une, &ccedil;a a &eacute;t&eacute; une interrogation sur le processus de cr&eacute;ation, en g&eacute;n&eacute;ral, savoir ce que j&rsquo;appelle aujourd&rsquo;hui &laquo;&nbsp;le petit moteur du griot&nbsp;&raquo;. Pourquoi&nbsp;? Qu&rsquo;est-ce qui se passe&nbsp;? Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;il peut y avoir de commun dans diff&eacute;rentes formes d&rsquo;expression&nbsp;? Et l&rsquo;autre approche a &eacute;t&eacute; celle, qui appara&icirc;t d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on gr&acirc;ce aux travaux que j&rsquo;ai pu faire &agrave; la radio&nbsp;; c&rsquo;est une pr&eacute;occupation sur la parole et la voix. Donc, c&rsquo;est le probl&egrave;me de fond, le rapport entre la parole et l&rsquo;&eacute;criture et qui pour moi, va d&eacute;boucher sur ce qui est le plus important, &agrave; mon sens, sur le plan de la recherche, remonter jusqu&rsquo;au commencement&nbsp;: jusqu&rsquo;au logos, jusqu&rsquo;au Verbe, jusqu&rsquo;&agrave; tout ce qui est essentiel sur le plan spirituel.</p> <p>TOUT LE MONDE DEVRAIT FAIRE DU TH&Eacute;&Acirc;TRE</p> <p>Agathe MELLA ‒&nbsp;Vous voulez dire le lien de la pens&eacute;e et de&hellip;</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ De l&rsquo;origine&nbsp;: &laquo;&nbsp;Au commencement &eacute;tait le Verbe. &raquo; Ma foi, si je n&rsquo;avais pas eu une approche concr&egrave;te de tous les probl&egrave;mes qui se posent par rapport &agrave; la voix, &agrave; la parole, par rapport &agrave; la vocalisation, aux aspects concrets qui se pr&eacute;sentaient &agrave; moi&hellip; j&rsquo;en suis arriv&eacute;, si vous voulez, &agrave; une sorte de ce que j&rsquo;appelle modestement une m&eacute;taphysique concr&egrave;te. Et cette m&eacute;taphysique concr&egrave;te est fond&eacute;e sur cette r&eacute;flexion qui a &eacute;t&eacute; possible &agrave; partir de mes travaux personnels o&ugrave; la radio a &eacute;t&eacute; un instrument tr&egrave;s positif ‑ donc vous voyez, c&rsquo;est beaucoup. Je pense un peu &ccedil;a au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;: qu&rsquo;est-ce qui est important au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;? La premi&egrave;re repr&eacute;sentation ‑ mais le plus important, ce sont les r&eacute;p&eacute;titions, le plus important, c&rsquo;est ce qui se passe avant&nbsp;; c&rsquo;est la gestation. Et tout le monde devrait faire du th&eacute;&acirc;tre parce que c&rsquo;est l&rsquo;instrument d&rsquo;&eacute;ducation par excellence. De m&ecirc;me en ce qui concerne la radio, je trouve extraordinairement formateur le travail qu&rsquo;on peut faire sur la manipulation et des sons et des formes, et des syntaxes, la grammaire sonore et les probl&egrave;mes que pose ensuite la r&eacute;flexion sur les r&eacute;seaux. On a l&agrave; une base pour la formation des adolescents, consid&eacute;rable. On consid&egrave;re beaucoup ces techniques dans leurs applications ext&eacute;rieures, dans leur consommation alors qu&rsquo;elles ont une extr&ecirc;me valeur sur le plan de la recherche de soi-m&ecirc;me. Ma foi, pour moi, c&rsquo;est une d&eacute;cision tr&egrave;s restrictive que de d&eacute;velopper l&rsquo;informatique et la micro-informatique dans les &eacute;coles, alors que ce n&rsquo;est qu&rsquo;un des moyens qui doivent &ecirc;tre utilis&eacute;s.</p> <p>Agathe MELLA ‒ &Eacute;videmment, ceux auxquels vous faites allusion sont beaucoup plus profonds. On parle communication. Mais est-ce que le meilleur moyen de permettre aux gens de communiquer ne serait pas justement de les laisser faire du th&eacute;&acirc;tre&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Assur&eacute;ment.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Ce serait beaucoup plus profond, &agrave; la fois comme approche et comme r&eacute;sultats, puisque &ccedil;a permettrait de partir de soi-m&ecirc;me pour aller en projection. Parce que, il me semble que ce qu&rsquo;on nous raconte sur la communication actuellement reste tr&egrave;s superficiel. Malheureusement, nous ne pouvons pas faire le d&eacute;tour par le th&eacute;&acirc;tre que vous avez si brillamment mis sur pied, parce que ce n&rsquo;est pas l&rsquo;objet de notre entretien. Je voudrais que vous reveniez au moment o&ugrave;, &agrave; la radio, vous avez tent&eacute; dans des productions o&ugrave; vous &eacute;tiez &agrave; la fois le producteur, l&rsquo;auteur et le r&eacute;alisateur, de produire quelque chose qui, une fois de plus, sorte des sentiers battus, et constitue une oeuvre compl&egrave;te en soi. Nous avons parl&eacute; tout &agrave; l&rsquo;heure de s&eacute;ries comme&nbsp;<em>Les Anes rouges</em>. Est-ce que vous pouvez trouver dans votre t&ecirc;te deux ou trois autres productions&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Pratiquement, les premi&egrave;res approches que j&rsquo;ai pu faire, je suis toujours dessus. C&rsquo;est que je me suis toujours beaucoup int&eacute;ress&eacute; &agrave; tout ce qui est de l&rsquo;ordre du soliloque, du monologue. Et j&rsquo;ai continu&eacute; tout le temps. Et je continue encore. On a beaucoup, en litt&eacute;rature, parl&eacute; du monologue int&eacute;rieur, l&agrave;, l&rsquo;approche est d&rsquo;une autre nature. Donc ce probl&egrave;me de quelqu&rsquo;un tout seul, qui parle, m&rsquo;a toujours &eacute;t&eacute; comme un point de r&eacute;flexion.</p> <p>Agathe MELLA ‒ &Ccedil;a vous para&icirc;t compatible avec le th&eacute;&acirc;tre&nbsp;? Avec la sc&egrave;ne&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Oui, d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on, et j&rsquo;ai fait toute une s&eacute;rie de travaux autour de monologues. Je continue &agrave; penser qu&rsquo;il y a l&agrave; un des noyaux int&eacute;ressants sur le plan dramatique, avant le dialogue. Pratiquement, les premi&egrave;res pi&egrave;ces que j&rsquo;ai pu &eacute;crire, je les ai &eacute;crites pour la radio avec l&rsquo;avantage que, comme c&rsquo;&eacute;taient des productions de Pierre V&eacute;ry et Germaine Beaumont,&nbsp;<em>Les Ma&icirc;tres du myst&egrave;re</em>, il y avait un petit &eacute;lan du c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;ouvrages &agrave; caract&egrave;re un peu policier, fond&eacute;s sur des faits divers. Ce furent donc des exercices. J&rsquo;ai commenc&eacute; par ces exercices avant de revenir &agrave; mon envie profonde qui &eacute;tait le th&eacute;&acirc;tre. Et puis il m&rsquo;est arriv&eacute; &agrave; l&rsquo;occasion des commandes faites par Alain Trutat ‒&nbsp;dont on ne dira jamais assez l&rsquo;importance qu&rsquo;il a eue pour beaucoup, beaucoup de gens, sur le plan du rapport entre l&rsquo;&eacute;criture et l&rsquo;instrument radiophonique. De temps &agrave; autre, Alain Trutat me demandait de faire un Atelier de Cr&eacute;ation Radiophonique, ou d&rsquo;&eacute;crire &agrave; l&rsquo;occasion des Prix Italia. Et j&rsquo;ai fait un certain nombre d&rsquo;exercices.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Mais encore&nbsp;? Sortez-moi des titres, pour que je les recherche&hellip;</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ L&rsquo;un qui m&rsquo;a beaucoup int&eacute;ress&eacute; &agrave; faire&nbsp;<em>Ai-je dit que j&rsquo;&eacute;tais bossu&nbsp;?</em>, que Roger Blin a repris apr&egrave;s au th&eacute;&acirc;tre ‒&nbsp;mais que j&rsquo;ai fait pour la radio.&nbsp;<em>Ai-je dit que j&rsquo;&eacute;tais bossu&nbsp;?</em>, &ccedil;a a &eacute;t&eacute; un travail sur la st&eacute;r&eacute;o.</p> <h2>RECHERCHES CLANDESTINES DANS LA MAISON RONDE<br /> &nbsp;</h2> <p>Agathe MELLA ‒ Ah oui&nbsp;! La st&eacute;r&eacute;o &ccedil;a a &eacute;t&eacute; pour vous un nouvel instrument, ou un instrument plus perfectionn&eacute;, en tout cas&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Une n&eacute;cessit&eacute;. Une n&eacute;cessit&eacute; et en pensant que c&rsquo;&eacute;tait quelque chose qui m&eacute;ritait d&rsquo;&ecirc;tre approfondi effectivement par rapport &agrave; des approches en relief. Et je me suis int&eacute;ress&eacute; &agrave; cet aspect-l&agrave; en pensant qu&rsquo;on pouvait aller beaucoup plus loin et qu&rsquo;on a encore beaucoup &agrave; faire. La st&eacute;r&eacute;o est quelque chose qui appara&icirc;t comme normal. Ce n&rsquo;est pas encore &eacute;vident que la technique ait tout &agrave; fait suivi, enfin puisse r&eacute;pondre &agrave; quelque chose qui, dans l&rsquo;homme, implique une projection dans l&rsquo;espace. Alors, il y a des approches qui sont faites par des musiciens, tr&egrave;s consid&eacute;rables, mais il y a encore beaucoup &agrave; faire dans ce domaine. Et pendant un certain temps, pendant pr&egrave;s de deux ans on a travaill&eacute; d&rsquo;une fa&ccedil;on tout &agrave; fait b&eacute;n&eacute;vole, et m&ecirc;me clandestine.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Comment, clandestine&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒&nbsp;Clandestine&nbsp;! Nous venions le soir &agrave; Radio France dans des studios, des ing&eacute;nieurs du son et quelques metteurs en ondes comme Jacques-Adrien Blondeau par exemple, les ing&eacute;nieurs du son&nbsp;: Madeleine Sola&nbsp;; il y avait Arlette Dave, il y avait le groupe de Chardonnier&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>; il y avait Bernard Assine&nbsp;; tout ce petit groupe se r&eacute;unissait le soir, dans cette maison qui est souvent vide le soir, et nous faisions nos exp&eacute;riences.</p> <p>Agathe MELLA ‒ C&rsquo;est de la recherche, dans la mesure o&ugrave; ce n&rsquo;est pas l&rsquo;exploitation.</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Et puis, nous &eacute;tions int&eacute;ress&eacute;s par ce dialogue qui, h&eacute;las, n&rsquo;est pas assez courant, ou trop occasionnel. Les ing&eacute;nieurs de Radio France faisaient des recherches sur la st&eacute;r&eacute;o et par exemple sur le probl&egrave;me du micro. Ce micro double pour la st&eacute;r&eacute;o. L&agrave;, je venais avec mes sentiments, mon intuition des choses, obligeant &agrave; une r&eacute;flexion d&rsquo;ordre technique, par les probl&egrave;mes que je pouvais poser en tant qu&rsquo;auteur, en tant qu&rsquo;acteur. Nous avons fait &ccedil;a pendant deux ans.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Cette clandestinit&eacute; a dur&eacute; pendant deux ans&nbsp;! C&rsquo;est tr&egrave;s m&eacute;ritoire parce que, franchement, rien ne vous y obligeait, ensuite, c&rsquo;&eacute;tait parfaitement d&eacute;sint&eacute;ress&eacute;.</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Tout &agrave; fait, mais d&eacute;sint&eacute;ress&eacute;. Quelque chose m&rsquo;int&eacute;ressait au fond&nbsp;! Mais c&rsquo;&eacute;tait d&eacute;sint&eacute;ress&eacute; sur le plan pratique.</p> <p>Agathe MELLA ‒&nbsp;[&hellip;] &Agrave; partir des ann&eacute;es 73, que s&rsquo;est-il encore pass&eacute; de novateur &agrave; quoi vous avez particip&eacute;&nbsp;?</p> <h2>DANS UN ORGANISME, LE SOUCI DES R&Eacute;SULTATS PR&Eacute;VAUT SUR CELUI DE LA RECHERCHE<br /> &nbsp;</h2> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ L&agrave;, &agrave; cause de l&rsquo;&eacute;clatement de l&rsquo;ORTF, il y a eu une p&eacute;riode d&rsquo;h&eacute;sitations. Mais &agrave; la demande de Jacqueline Baudrier, j&rsquo;ai cr&eacute;&eacute; une Cellule d&rsquo;&eacute;tudes prospectives qui est devenue commune &agrave; Radio France et &agrave; l&rsquo;INA en pensant qu&rsquo;il fallait r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; l&rsquo;avenir de la radio sous ses diff&eacute;rentes formes. Et c&rsquo;&eacute;tait un des domaines que le Service de la Recherche ne recouvrait pas &agrave; l&rsquo;origine. Il &eacute;tait dirig&eacute; &agrave; ce moment-l&agrave; par Jacques Poullin&nbsp;; on s&rsquo;est retrouv&eacute;. Pierre Emmanuel &eacute;tait pr&eacute;sident de l&rsquo;INA, et comme il avait un grand souci de la parole et comme il entendait bien quel &eacute;tait le mien, j&rsquo;ai essay&eacute;. Comme tous les gens de la recherche le savent, on essaye et on est toujours d&eacute;&ccedil;u, parce que c&rsquo;est tr&egrave;s tr&egrave;s difficile &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un organisme, quel qu&rsquo;il soit, de faire de la recherche&nbsp;; la plupart des gens sont plus soucieux de r&eacute;sultats que de recherche.</p> <p>Agathe MELLA ‒ L&rsquo;exploitation d&eacute;vore des moyens, d&eacute;vore des cr&eacute;dits, d&eacute;vore les personnes.</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Il est tr&egrave;s difficile de faire comprendre quelque chose qui n&rsquo;existe pas encore. Et m&ecirc;me si on le pressent, ou si on l&rsquo;&eacute;tudie formellement. J&rsquo;ai &eacute;norm&eacute;ment travaill&eacute; sur le probl&egrave;me des r&eacute;seaux, des radios locales.</p> <p>Agathe MELLA ‒ R&eacute;seaux&nbsp;? Vous voulez dire infrastructures&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Oui. H&eacute;las, sur le plan des radios locales, on a eu le tort de ne pas me suivre, mais c&rsquo;est l&rsquo;habitude. Je me suis int&eacute;ress&eacute; depuis 1972, aux probl&egrave;mes des satellites et vous voyez que les premiers satellites ne vont sortir qu&rsquo;en 1986&nbsp;! Et d&egrave;s ce moment-l&agrave;, j&rsquo;ai engag&eacute; des dialogues o&ugrave; j&rsquo;&eacute;tais un des rares hommes de programmes &agrave; rencontrer r&eacute;guli&egrave;rement des ing&eacute;nieurs. Et je me suis beaucoup int&eacute;ress&eacute; &agrave; la fois, au sein du Conseil de l&rsquo;Audiovisuel avec Jean D&rsquo;Arcy et quelques autres, &agrave; tous les probl&egrave;mes se posant sur l&rsquo;avenir. Et je d&eacute;fendais l&rsquo;importance du son. L&rsquo;importance du son et l&rsquo;importance de la radio. Sur le plan de l&rsquo;importance de la radio, je d&eacute;fendais l&agrave; encore le fait que l&rsquo;instrument radiophonique devait &ecirc;tre mis au service d&rsquo;un certain nombre d&rsquo;objectifs qu&rsquo;on appellerait sociaux enfin, pour r&eacute;pondre &agrave; des probl&egrave;mes de soci&eacute;t&eacute;. La seule grande exp&eacute;rience que j&rsquo;ai pu faire, &ccedil;a a &eacute;t&eacute; Radio Solitude en C&eacute;vennes. Dans le Massif Central en voie de d&eacute;sertification, je souhaitais montrer que les nouvelles techniques devaient permettre d&rsquo;am&eacute;liorer les conditions de vie dans une r&eacute;gion en difficult&eacute;. Et pratiquement, on a fait une exp&eacute;rience dans des conditions difficiles, mais enfin&hellip;</p> <p>Agathe MELLA ‒ Pendant combien de temps&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ &Ccedil;a a &eacute;t&eacute; sur une dizaine de jours.</p> <p>Agathe MELLA ‒ Mais c&rsquo;&eacute;tait suffisant pour que ce soit exemplaire&nbsp;?</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ C&rsquo;&eacute;tait suffisant pour que ce soit une premi&egrave;re investigation. C&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;ensuite, il aurait fallu poursuivre et d&eacute;velopper. C&rsquo;est ce qui n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; possible.</p> <p>Agathe MELLA ‒ On ne sait jamais. Les suites ne sont pas forc&eacute;ment imm&eacute;diates.</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Et puis ce n&rsquo;est pas forc&eacute;ment celles qu&rsquo;on conduit. Il faut &ecirc;tre &laquo;&nbsp;donneur de semence&nbsp;&raquo; comme disait Claudel, mais pratiquement, j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; un peu agac&eacute; de voir que tout le monde rab&acirc;chait b&ecirc;tement &laquo;&nbsp;Nous sommes dans une civilisation de l&rsquo;image&nbsp;&raquo; et je disais &laquo;&nbsp;Mais non, mais non, nous sommes dans une civilisation du son&nbsp;&raquo;. Mais on ne le sait pas. J&rsquo;avais quelques boutades qui me permettaient d&rsquo;expliquer les choses. Je disais &laquo;&nbsp;Essayez donc de demander &agrave; vos proches ou aux t&eacute;l&eacute;spectateurs en g&eacute;n&eacute;ral de fermer la bande son de la t&eacute;l&eacute;vision entre 19 h et 21 h. Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;il reste&nbsp;?&nbsp;&raquo; Donc le son est l&agrave;, l&rsquo;image n&rsquo;est pas tr&egrave;s tr&egrave;s nourrissante. Partant d&rsquo;une r&eacute;flexion quand m&ecirc;me plus large, j&rsquo;ai organis&eacute; le premier colloque du genre ‒&nbsp;il n&rsquo;y en a pas eu de second&nbsp;‒ qui &eacute;tait&nbsp;<em>L&rsquo;Homme d&rsquo;aujourd&rsquo;hui dans la soci&eacute;t&eacute; sonore</em>. On s&rsquo;aper&ccedil;oit qu&rsquo;il y a eu &eacute;norm&eacute;ment de probl&egrave;mes li&eacute;s encore une fois &agrave; la parole. Au fond de l&rsquo;homme il y a ce rapport qu&rsquo;il faut &eacute;tablir avec toutes les techniques de sonorisation, de diffusion. Il faut &eacute;galement &eacute;tudier par rapport &agrave; l&rsquo;oreille, parce qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas seulement l&rsquo;&eacute;mission, il y a la r&eacute;ception.</p> <p>Agathe MELLA ‒ D&rsquo;ailleurs, la survie de la radio, son d&eacute;veloppement, apr&egrave;s l&rsquo;apparition de la t&eacute;l&eacute;vision, vous donnent enti&egrave;rement raison. Je dois dire que b&ecirc;tement &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, j&rsquo;ai cru que la t&eacute;l&eacute;vision &eacute;craserait la radio. Eh bien non. Vous venez d&rsquo;en donner la raison&nbsp;: le son a une telle importance que la radio ne fut pas &eacute;cras&eacute;e et qu&rsquo;on ne voit pas pourquoi elle le serait&nbsp;!</p> <p>Fran&ccedil;ois BILLETDOUX ‒ Et puis il y a peut-&ecirc;tre d&rsquo;autres d&eacute;veloppements possibles. Je regrette un petit peu ce que je vous disais au d&eacute;but sur la floraison de tant de radios sans objectifs. Quelques unes vont tenir. Mais il y a certainement mieux &agrave; faire. Et j&rsquo;esp&egrave;re qu&rsquo;il y aura moins de radios, mais davantage d&rsquo;objectifs.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Dans l&rsquo;&eacute;mission qu&rsquo;il fait l&rsquo;ann&eacute;e suivante, Billetdoux produit plusieurs enregistrements retrouv&eacute;s.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Anthologie &eacute;dit&eacute;e en 1953, revue et augment&eacute;e en 1961, qui a fait l&rsquo;objet d&rsquo;une nouvelle &eacute;dition en 1994 par l&rsquo;INA et Phonurgia Nova.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Cet ing&eacute;nieur du son (n&eacute; en 1926) participe dans les ann&eacute;es 1960 aux travaux sur la st&eacute;r&eacute;ophonie men&eacute;s au sein du service des &eacute;tudes de la RTF, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;au Groupe de recherches musicales cr&eacute;e par Pierre Schaeffer&nbsp; dans la lign&eacute;e du Groupe de musique concr&egrave;te. Il prend en 1972 la direction du Groupe central de prise de son de l&rsquo;ORTF, dont il s&rsquo;agit ici.</p>