<h3>Abstract</h3> <p>Much has been written about&nbsp;humor in Billetdoux&rsquo;s theater:&nbsp;a humour both tender and cruel&nbsp;that comes&nbsp;from close observation of human suffering, even when it seems totally unrealistic. However rarely has been drawn attention to the metaphysical dimension of his work behind the humor, and to the constant presence of death. This is the subject of this article, through the analysis of&nbsp;three examples:&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>,&nbsp;<em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Comment va le monde, M&ocirc;ssieu ? Il tourne, M&ocirc;ssieu !&nbsp;</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Introduction<br /> &nbsp;</h2> <p>On a beaucoup parl&eacute; de l&rsquo;humour de Fran&ccedil;ois Billetdoux, humour &agrave; la fois tendre et cruel qui na&icirc;t de l&rsquo;observation attentive, m&ecirc;me lorsqu&rsquo;elle para&icirc;t totalement irr&eacute;aliste, de la souffrance humaine. Il entretient en effet un rapport au langage bien particulier, en partie h&eacute;rit&eacute; de son passage &agrave; la radio o&ugrave; il a travaill&eacute; en permanence sur les mille facettes de la langue parl&eacute;e mais aussi de sa participation &agrave; des spectacles de cabaret, chez Milord l&rsquo;Arsouille ou &agrave; L&rsquo;Ecluse o&ugrave; il interpr&egrave;te lui-m&ecirc;me les &laquo; monologues &agrave; dire &raquo;, toujours teint&eacute;s d&rsquo;insolite, qu&rsquo;il compose. D&egrave;s&nbsp;<em>Tchin-Tchin</em>&nbsp;en 1959&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>, pi&egrave;ce avec laquelle le public le d&eacute;couvre vraiment&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, la presse, unanime, saluant la naissance d&rsquo;un nouvel auteur, met l&rsquo;accent sur cet humour. Morvan Lebesque dans&nbsp;<em>Carrefour&nbsp;</em><a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;y voit &laquo;&nbsp;un miracle de tendresse et d&rsquo;ironie&nbsp;&raquo;. Dans&nbsp;<em>Le Parisien lib&eacute;r&eacute;</em>, Georges Lerminier, s&eacute;duit par la fantaisie langagi&egrave;re, trouve le spectacle &laquo;&nbsp;&eacute;norm&eacute;ment spirituel, vaguement inqui&eacute;tant&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;. Il ajoute qu&rsquo;on &laquo; y retrouve le ton du Billetdoux des &eacute;missions po&eacute;tico-farfelues de la radio. Il y entre pas mal de pr&eacute;ciosit&eacute;, une pr&eacute;ciosit&eacute; ironique, tr&egrave;s consciente &raquo;. Quant &agrave; Paul-Louis Mignon, qui appr&eacute;cie particuli&egrave;rement le &laquo;&nbsp;tragique optimiste de la pi&egrave;ce&nbsp;&raquo;, il &eacute;crit&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&rsquo;humour avec lequel F. Billetdoux consid&egrave;re les choses a l&rsquo;originalit&eacute; de n&rsquo;&ecirc;tre pas une arme de d&eacute;fense, il n&rsquo;est pas un moyen de dissimuler un d&eacute;sespoir secret, il affirme au contraire une sagesse, la certitude qu&rsquo;au bout de la nuit, il est possible de conna&icirc;tre le plaisir de vivre&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>.</p> </blockquote> <p>C&rsquo;est &eacute;galement cette langue singuli&egrave;re que retient de lui, lorsqu&rsquo;a sonn&eacute; l&rsquo;heure des bilans, Colette Godard dans l&rsquo;article n&eacute;crologique qu&rsquo;elle lui consacre dans&nbsp;<em>Le Monde</em>&nbsp;le jeudi 28 novembre 1991&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Il [&hellip;] b&acirc;tit en r&ecirc;ve des nuits peupl&eacute;es de mots lumineux, de fant&ocirc;mes inquiets, de copains bien vivants. Homme de radio, les distorsions sonores rendues possibles par la technique le fascinent. Et, com&eacute;dien, le langage, la fa&ccedil;on dont se jouent les multiples sens des phrases.</p> </blockquote> <p>Il en est de m&ecirc;me pour Poirot-Delpech dans le m&ecirc;me num&eacute;ro du&nbsp;<em>Monde</em>&nbsp;qui se ressouvient du plaisir des mots que lui procura<em>&nbsp;Tchin-Tchin</em>&nbsp;:</p> <blockquote> <p>La gr&acirc;ce existe, nous l&rsquo;avons rencontr&eacute;e, un soir de 1959 au Th&eacute;&acirc;tre de Poche. Un couple de soiffards trinquaient,&nbsp;<em>Tchin-Tchin</em>, &agrave; la sant&eacute; des mots, ces adorables faux-fr&egrave;res. Elle, c&rsquo;&eacute;tait Katarina Renn, &agrave; l&rsquo;accent germanique, lunatique, inspir&eacute;e. Lui, c&rsquo;&eacute;tait l&rsquo;auteur, Billetdoux, distillant ses propres r&eacute;pliques avec une gourmandise surprise. Sous le regard d&rsquo;un certain Claude Berri, le futur producteur, Billetdoux imposait sa silhouette et son style d&rsquo;adolescent poupin, l&rsquo;&oelig;il et la bouche luisant de tendresse inqui&egrave;te, douloureuse. En plein th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;absurde &eacute;tait n&eacute; un cousin antillais&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;de Boris Vian, plus tourment&eacute; et lyrique, plus russe, &agrave; sa fa&ccedil;on.</p> </blockquote> <p>Si donc l&rsquo;humour, le brio langagier, ont &eacute;t&eacute; soulign&eacute;s tout au fil de la carri&egrave;re de Billetdoux, en revanche rarement a &eacute;t&eacute; attir&eacute;e l&rsquo;attention sur la dimension m&eacute;taphysique de son &oelig;uvre qui se cache derri&egrave;re cet humour, sur la pr&eacute;sence permanente de la mort, de la vieillesse qui en est l&rsquo;antichambre, sur le d&eacute;sarroi face &agrave; la question, &eacute;ternellement sans r&eacute;ponse, de l&rsquo;existence, de la place de l&rsquo;homme dans l&rsquo;univers, ce que je voudrais faire ici, &agrave; travers l&rsquo;analyse de trois pi&egrave;ces,&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe,</em>&nbsp;<em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em>,&nbsp;<em>Comment va le monde, M&ocirc;ssieu&nbsp;? Il tourne, M&ocirc;ssieu&nbsp;!</em></p> <h2>1. Le suicide imparable<br /> &nbsp;</h2> <p>Apr&egrave;s avoir tent&eacute; de cerner dans&nbsp;<em>Tchin-Tchin</em>&nbsp;et dans&nbsp;<em>Le Comportement des &eacute;poux Bredburry</em>&nbsp;(1960) le myst&egrave;re des relations amoureuses, Billetdoux, &eacute;crivant&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe&nbsp;</em>(1961), se penche sur l&rsquo;&eacute;nigme du suicide et sur l&rsquo;inaptitude de l&rsquo;homme &agrave; emp&ecirc;cher son semblable de commettre l&rsquo;irr&eacute;parable. Il se place d&rsquo;ailleurs dans l&rsquo;h&eacute;ritage de Camus, de</p> <blockquote> <p><em>Noces</em>&nbsp;d&rsquo;abord, un cri naturel, puis en parall&egrave;le les deux qui datent de 1942 et qui vont de l&rsquo;indiff&eacute;rence &agrave; la parole d&rsquo;un Job sans interlocuteur.&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;tranger</em>&nbsp;se transforme &agrave; travers&nbsp;<em>Le Mythe</em>&nbsp;<em>de Sisyphe</em>&nbsp;qui d&eacute;bute par&nbsp;: &laquo; Il n&rsquo;y a qu&rsquo;un probl&egrave;me philosophique vraiment s&eacute;rieux&nbsp;: c&rsquo;est le suicide&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>et plus loin&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Ah&nbsp;! &Ecirc;tre l&agrave; au moment o&ugrave; quelqu&rsquo;un veut attenter &agrave; sa propre vie&nbsp;! L&rsquo;en emp&ecirc;cher&nbsp;! Trouver quoi dire&nbsp;! Le fait est que le suicide ne saurait &ecirc;tre pour moi d&rsquo;abord et seulement une&nbsp;<em>hypoth&egrave;se philosophique&nbsp;</em><a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>.</p> </blockquote> <p>Dans l&rsquo;&eacute;trange auberge d&rsquo;Europe centrale de<em>&nbsp;Va donc chez T&ouml;rpe</em>&nbsp;viennent se retirer tous les d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;s du pays car la propri&eacute;taire, une certaine Ursula T&ouml;rpe, sait comprendre leur d&eacute;go&ucirc;t de l&rsquo;existence et les apaiser, les persuader de continuer &agrave; vivre. Or voici que depuis un certain temps elle n&rsquo;y parvient plus et qu&rsquo;au contraire on y meurt beaucoup plus qu&rsquo;ailleurs.</p> <blockquote> <p>&Agrave; leur arriv&eacute;e, ils esp&egrave;rent encore&nbsp;<em>quelque chose d&rsquo;autre</em>&nbsp;: un au-del&agrave; d&rsquo;eux-m&ecirc;mes. H&eacute;las&nbsp;! Mademoiselle T&ouml;rpe, ancienne R&eacute;sistante, n&rsquo;identifie plus l&rsquo;ennemi &agrave; combattre. Elle n&rsquo;en peut plus de faire face seule &agrave; tant de d&eacute;sesp&eacute;rances. &Agrave; son tour, elle appelle au secours ou, si l&rsquo;on pr&eacute;f&egrave;re, &agrave;&nbsp;<em>une autre conscience&nbsp;</em><a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>.</p> </blockquote> <p>Cette &laquo;&nbsp;autre conscience&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est l&rsquo;inspecteur de police, Karl T&ouml;pfer, qui vient sur sa demande inspecter les lieux pour enqu&ecirc;ter sur cette vague de suicides. Interrogeant un &agrave; un tous les pensionnaires, Klaus von Karadine, un hobereau, Tsilla Mamadou, un &eacute;tudiant noir, Stephan Pocoresco, un juif, etc.&hellip; il d&eacute;couvre avec effroi que ces &ecirc;tres aspirent &agrave; la mort et se rend compte qu&rsquo;ils ne viennent l&agrave; que pour mettre un terme &agrave; leur existence. Essayant en vain de saisir leurs mobiles (l&rsquo;alcool, la maladie, l&rsquo;amour, l&rsquo;argent&nbsp;?), il finit par s&rsquo;apercevoir que rien ne manque &agrave; ces malheureux, sinon&hellip; le d&eacute;sir de vivre.</p> <blockquote> <p>Dites-moi, est-ce que vous n&rsquo;avez pas tout ce qu&rsquo;il vous faut pour &ecirc;tre heureux&nbsp;? La sant&eacute;, la nourriture, le logement, l&rsquo;avenir, la vie&nbsp;? Il n&rsquo;y a rien d&rsquo;autre peut-&ecirc;tre, mais cela vous l&rsquo;avez. Alors&nbsp;! Et qu&rsquo;est-ce que vous voulez d&rsquo;autre&nbsp;? J&rsquo;ai essay&eacute; de le faire entendre &agrave; chacun d&rsquo;entre vous tout &agrave; l&rsquo;heure, mais vous m&rsquo;avez consid&eacute;r&eacute; comme une brute imb&eacute;cile&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>.</p> </blockquote> <p>Billetdoux fait remarquer que &laquo;&nbsp;l&rsquo;inspecteur T&ouml;pfer, le personnage-moteur de l&rsquo;action, r&eacute;p&egrave;te enfantinement&nbsp;: &ldquo;Je veux comprendre&rdquo;&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>.&nbsp;&raquo; La femme de m&eacute;nage se moque de lui et de cette pr&eacute;tention &agrave; comprendre&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Et il y a des petits messieurs bavards qui viennent faire les coqs dans les bonnes maisons, et qui se pavanent, et qui tournicotent, et qui poussent des cris, et qui voudraient que les autres expliquent ce qu&rsquo;ils ne comprennent pas dans leur cervelle de coqs&nbsp;! J&rsquo;en ai vu toute ma vie, mon gar&ccedil;on, des comiques de votre esp&egrave;ce. Ils posent des questions et c&rsquo;est tout ce qu&rsquo;ils savent faire&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;inspecteur est d&rsquo;autant plus surpris qu&rsquo;il rappelle, dans sa tirade inaugurale, que la premi&egrave;re fois qu&rsquo;il se rendit dans ce village, dans cette auberge, la joie r&eacute;gnait, on y dansait&nbsp;; que la deuxi&egrave;me fois il y vint pour se cacher car c&rsquo;&eacute;tait la guerre, cette deuxi&egrave;me guerre mondiale qui, il en a conscience, a marqu&eacute; un seuil dans l&rsquo;histoire de l&rsquo;Europe si bien que l&rsquo;homme n&rsquo;a plus la m&ecirc;me place dans le monde qu&rsquo;avant.</p> <p>Si le suicide appara&icirc;t &agrave; tous les pensionnaires de l&rsquo;auberge comme devoir &ecirc;tre leur destin, c&rsquo;est qu&rsquo;ils &eacute;prouvent le sentiment qu&rsquo;ils sont d&eacute;j&agrave; touch&eacute;s par l&rsquo;aile de la mort. L&rsquo;un d&rsquo;eux, Pocoresco, d&eacute;clare&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Mais nous sommes d&eacute;j&agrave; morts, jetons un coup d&rsquo;&oelig;il&nbsp;! Le fumier est sous la peau. Cette odeur de b&ecirc;te qui respire mal, que ni le froid, ni la pluie, ni rien ne disperse, c&rsquo;est nous-m&ecirc;mes&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;inspecteur voudrait &eacute;viter les prochains suicides mais se trouve totalement d&eacute;muni face &agrave; la d&eacute;tresse humaine. Impuissant, il assiste &agrave; la mort d&rsquo;un des pensionnaires qui se tue sous ses yeux. L&rsquo;enqu&ecirc;te n&rsquo;a pas abouti, ses tentatives pour ramener les d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;s &agrave; la vie non plus. Lui-m&ecirc;me va ressortir de l&rsquo;exp&eacute;rience totalement d&eacute;sempar&eacute;, ayant perdu toutes ses certitudes. Dans cette pi&egrave;ce aux accents m&eacute;taphysiques, que Billetdoux pensait d&rsquo;abord intituler&nbsp;<em>H&ocirc;tel de l&rsquo;esp&eacute;rance et des noy&eacute;s r&eacute;unis&nbsp;</em><a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>, c&rsquo;est toute l&rsquo;insoluble difficult&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre qu&rsquo;il interroge &agrave; travers deux personnages, l&rsquo;inqui&eacute;tante T&ouml;rpe, avatar d&eacute;grad&eacute; de psychopompe, et l&rsquo;inspecteur d&eacute;sarm&eacute; qui ne trouve aucune r&eacute;ponse &agrave; ses questions. Ce n&rsquo;est pas un hasard s&rsquo;il interpr&egrave;te lui-m&ecirc;me &agrave; la cr&eacute;ation le r&ocirc;le de l&rsquo;Inspecteur qui essaie vainement de sonder les c&oelig;urs et se heurte &agrave; ce myst&egrave;re de l&rsquo;existence que tout son th&eacute;&acirc;tre met en sc&egrave;ne. Cette pi&egrave;ce parabole dit, &agrave; travers un humour grin&ccedil;ant, la piti&eacute; et la sympathie qu&rsquo;il porte &agrave; l&rsquo;humanit&eacute; souffrante.</p> <blockquote> <p><em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>&nbsp;n&rsquo;est pas une pi&egrave;ce rassurante [&hellip;]. Mais c&rsquo;est un apologue ambigu et g&eacute;n&eacute;reux sur la fameuse&nbsp;<em>difficult&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre</em>, une de ces &oelig;uvres bizarres, intrigantes, inqui&eacute;tantes,&nbsp;‒&nbsp;affectueuse, somme toute, qui nous rappellent que la v&eacute;rit&eacute; ne s&rsquo;obtient jamais en soumettant les autres &agrave; la question, mais qu&rsquo;on s&rsquo;en rapproche en se posant, tous ensemble, les vraies questions, les questions de vie, de mort ou d&rsquo;amour [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>.</p> </blockquote> <p>La pi&egrave;ce est cr&eacute;&eacute;e le 28 septembre 1961 au Festival de Li&egrave;ge en Belgique avec un grand succ&egrave;s et repr&eacute;sent&eacute;e le lendemain au Studio des Champs-&Eacute;lys&eacute;es &agrave; Paris dans la mise en sc&egrave;ne d&rsquo;Antoine Bourseiller&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>. Tous, Robert Kanters dans&nbsp;<em>L&rsquo;Express</em>, Pierre Marcabru dans&nbsp;<em>Arts</em>, Roger Nimier dans&nbsp;<em>Le Nouveau Candide,</em>&nbsp;applaudissent tant le dialogue &eacute;blouissant que le d&eacute;cor, saisissant dans sa sobri&eacute;t&eacute;, ainsi que le jeu des acteurs. Bertrand Poirot-Delpech dans&nbsp;<em>Le Monde</em>&nbsp;est dithyrambique, saluant dans le th&eacute;&acirc;tre de Billetdoux une voie dramatique qui vient renouveler l&rsquo;Avant-Garde des ann&eacute;es cinquante, &laquo; d&eacute;passant le constat de faillite inspir&eacute; &agrave; ses devanciers par l&rsquo;incoh&eacute;rence des choses et des mots&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&Agrave; l&rsquo;Avant-Garde tout intellectuelle des ann&eacute;es cinquante, condamn&eacute;e aux poubelles de Beckett, il fait succ&eacute;der une Avant-Garde qui pourrait s&rsquo;appeler celle du c&oelig;ur et de l&rsquo;envie de vivre envers et contre tout. Ce besoin &eacute;minemment moderne de transcender les vieilles notions d&rsquo;absurdit&eacute; et de mort, il fallait, pour le traduire en termes d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, des tr&eacute;sors de sensibilit&eacute;, d&rsquo;ironie, d&rsquo;invention po&eacute;tique&hellip; et de technique th&eacute;&acirc;trale. Billetdoux les poss&egrave;de miraculeusement, avec son art des ruptures tendres et burlesques, d&rsquo;o&ugrave; naissent par m&eacute;garde des r&ecirc;ves infinis. L&rsquo;auteur de&nbsp;<em>Tchin-Tchin</em>&nbsp;est devenu un grand po&egrave;te de la nuit&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>.</p> </blockquote> <p>Billetdoux est d&eacute;sormais un auteur reconnu, comme en t&eacute;moigne en cette m&ecirc;me ann&eacute;e 1961 la parution aux &eacute;ditions de La Table Ronde du&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre I&nbsp;</em><a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a><em>.</em></p> <h2>2. Le spectre de la vieillesse<br /> &nbsp;</h2> <p><strong>&nbsp;</strong>Comme dans<em>&nbsp;Va donc chez T&ouml;rpe</em>, la mort plane d&egrave;s le lever de rideau dans&nbsp;<em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em>&nbsp;(1971), ce &laquo; po&egrave;me-spectacle &raquo;, selon la d&eacute;nomination de Billetdoux, dans lequel un vieil homme nomm&eacute; ‒&nbsp;antiphrase comique&nbsp;‒ Bonaventure, r&ocirc;le tenu l&agrave; encore par Billetdoux lui-m&ecirc;me, qui porte un &laquo; maquillage-masque disant vieillesse &raquo;, d&eacute;clare&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Ainsi je meurs</p> <p>comme un insecte</p> <p>comique</p> <p>alors</p> <p>qu&rsquo;on ne m&rsquo;emb&ecirc;te plus&nbsp;!</p> <p><em>Au public, fortement.</em></p> <p>Ne me dites pas que je n&rsquo;ai pas chang&eacute;&nbsp;!</p> <p>Maintenant j&rsquo;ai pris peur.</p> <p>Mais vous-m&ecirc;me, comment allez-vous, camarades&nbsp;?</p> <p>N&rsquo;est-il pas regrettable qu&rsquo;en prenant de l&rsquo;&acirc;ge</p> <p>on ne puisse plus au fur et &agrave; mesure aller mieux qu&rsquo;avant&nbsp;?</p> <p><em>Difficultueusement, il se d&eacute;tourne et va vers l&rsquo;&Eacute;pouvantail aux Miroirs, qui est comme qui dirait ferm&eacute;.</em></p> <p>Avec toutes les choses qui m&rsquo;emp&acirc;tent</p> <p>sans compter les doutes</p> <p>nous n&rsquo;irons plus bien loin&hellip;</p> <p><em>&nbsp;</em></p> <p><em>Se regardant.</em></p> <p>C&rsquo;est l&rsquo;automne</p> <p>les bajoues tombent</p> <p>les cernes jaunissent</p> <p>ne parlons pas des poils&hellip;</p> <p><em>&nbsp;</em></p> <p><em>Il ouvre l&rsquo;&Eacute;pouvantail, se regardant successivement dans chacune des trois parties&hellip;</em></p> <p>Je r&ecirc;vais d&rsquo;&ecirc;tre un aigle</p> <p>je me croyais un lion</p> <p>me voil&agrave; ruminant&hellip;</p> <p>Il s&rsquo;assied.</p> <p>&Agrave; trop se ralentir</p> <p>on se tient moins qu&rsquo;un arbre</p> <p>on meurt plus vite qu&rsquo;un caillou<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>.</p> </blockquote> <p>Avec la pr&eacute;sence de l&rsquo;&Eacute;pouvantail aux Miroirs, &eacute;pouvantail sur lequel Bonaventure lit sa vieillesse, c&rsquo;est une atmosph&egrave;re de conte qui baigne cette pi&egrave;ce qui pourrait avoir comme sous-titre les deux &acirc;ges de la vie. &Agrave; c&ocirc;t&eacute; de Bonaventure, se tient &Eacute;vang&eacute;line, une jolie jeune fille nonchalamment allong&eacute;e dans un hamac, figure all&eacute;gorique de la jeunesse. Sa futilit&eacute; contraste avec l&rsquo;inqui&eacute;tude qui assaille l&rsquo;homme.</p> <blockquote> <p>Moi, je ne vois plus que trois endroits o&ugrave; vivre&nbsp;:</p> <p>en Californie ‒&nbsp;on the beach&nbsp;‒</p> <p>aux Galeries Lafayette</p> <p>et l&rsquo;&eacute;t&eacute; dans un magnolia&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>.</p> </blockquote> <p>Apr&egrave;s avoir contempl&eacute; dans les trois miroirs de l&rsquo;&eacute;pouvantail sa d&eacute;cr&eacute;pitude, c&rsquo;est dans le visage d&rsquo;&Eacute;vang&eacute;line, devenue l&rsquo;&eacute;pouvantail, que Bonaventure interroge avec angoisse sa vieillesse.</p> <p>L&rsquo;atmosph&egrave;re est tout aussi inqui&eacute;tante dans&nbsp;<em>Les Veuves</em>&nbsp;(1975), pi&egrave;ce elle aussi compos&eacute;e &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;un conte, dans laquelle le Vieil Oncle, r&ocirc;le &agrave; nouveau tenu par Billetdoux lui-m&ecirc;me, parti tr&egrave;s loin, revient au pays natal au soir de sa vie, et essaie de diff&eacute;rer ce retour qu&rsquo;il appr&eacute;hende car il a le sentiment d&rsquo;aller &agrave; la rencontre de sa mort. Aussi, alors que toutes les femmes de ce village o&ugrave; il n&rsquo;y a plus que des veuves guettent son arriv&eacute;e avec impatience, crie-t-il, comme Bonaventure&nbsp;: &laquo; Ne m&rsquo;attendez pas ce soir &raquo;&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>. Le reflet du visage dans le miroir y est tout aussi angoissant. Chrysalide, l&rsquo;une des crapaudines, &laquo; interroge le miroir et ses compagnes&nbsp;:</p> <blockquote> <p>‒&nbsp;Est-ce que j&rsquo;ai chang&eacute;&nbsp;?</p> <p>Est-ce que</p> <p>j&rsquo;ai chang&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;?</p> </blockquote> <p>Il en va de m&ecirc;me dans&nbsp;<em>Tchin-Tchin</em>&nbsp;o&ugrave; dans le village du h&eacute;ros, C&eacute;sar&eacute;o, &laquo;&nbsp;&hellip; toutes les femmes sont en deuil d&rsquo;on ne sait qui&hellip;&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. Le vieil homme qu&rsquo;inqui&egrave;te l&rsquo;approche du terme, on le voit, est un personnage r&eacute;current dans le th&eacute;&acirc;tre de Billetdoux.</p> <h2><strong>3.&nbsp;Les tribulations funestes de la guerre</strong><br /> &nbsp;</h2> <p>Poursuivant, apr&egrave;s un interm&egrave;de comique,&nbsp;<em>Pour Finalie</em>&nbsp;‒&nbsp;commande d&rsquo;Antoine Bourseiller pour le spectacle collectif&nbsp;<em>Chemises de nuit</em>, auquel participent Ionesco et Vauthier avec&nbsp;<em>D&eacute;lire &agrave; deux</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Badadesques</em>&nbsp;‒ le questionnement m&eacute;taphysique engag&eacute; dans&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe,&nbsp;</em>Billetdoux, dans&nbsp;<em>Comment va le monde, M&ocirc;ssieu? Il tourne, M&ocirc;ssieu!&nbsp;</em>(1964), &laquo;&nbsp;une aventure tragi-comique&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;&raquo; porte pour la premi&egrave;re fois le drame sur la sc&egrave;ne du monde. Par son titre, qui est un emprunt &agrave;&nbsp;<em>Timon d&rsquo;Ath&egrave;nes&nbsp;</em><a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>, il place explicitement la pi&egrave;ce sous le signe de Shakespeare&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;mais aussi des&nbsp;<em>Pens&eacute;es</em>&nbsp;de Pascal qu&rsquo;il cite dans sa &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face&nbsp;&raquo; de 1990&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Je ne sais qui m&rsquo;a mis au monde, ni ce que c&rsquo;est que le monde, ni que moi-m&ecirc;me&nbsp;; je suis dans une ignorance terrible de toutes choses&nbsp;; je ne sais ce que c&rsquo;est que mon corps, que mes sens, que mon &acirc;me et cette partie de moi qui pense ce que je dis, qui fait r&eacute;flexion sur tout et sur elle-m&ecirc;me, et ne se conna&icirc;t non plus que le reste. Je vois ces effroyables espaces de l&rsquo;univers qui m&rsquo;enferme, et je me trouve attach&eacute; &agrave; un coin de cette vaste &eacute;tendue, sans que je sache pourquoi je suis plut&ocirc;t plac&eacute; en ce lieu qu&rsquo;en un autre, ni pourquoi ce peu de temps qui m&rsquo;est donn&eacute; &agrave; vivre m&rsquo;est assign&eacute; &agrave; ce point plut&ocirc;t qu&rsquo;&agrave; un autre de toute l&rsquo;&eacute;ternit&eacute; qui m&rsquo;a pr&eacute;c&eacute;d&eacute; et de toute celle qui me suit. [&hellip;] Tout ce que je connais est que je dois bient&ocirc;t mourir, mais ce que j&rsquo;ignore le plus est cette mort m&ecirc;me que je ne saurais &eacute;viter&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>.</p> </blockquote> <p>Il narre, sous un mode burlesque, l&rsquo;errance d&rsquo;un soldat fran&ccedil;ais, Hubert Schluz, qui parvient &agrave; s&rsquo;&eacute;vader en 1944 d&rsquo;un camp de concentration de Sil&eacute;sie avec un soldat am&eacute;ricain, Job&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>. C&rsquo;est &agrave; toute la monstruosit&eacute; de la grande Histoire que sont confront&eacute;s les deux h&eacute;ros, jet&eacute;s comme Candide dans &laquo;&nbsp;une boucherie h&eacute;ro&iuml;que&nbsp;&raquo;. Les deux hommes, qui s&rsquo;entraident pendant la d&eacute;b&acirc;cle, deviennent compagnons d&rsquo;infortune. Schluz, un banlieusard gringalet et timide, un inv&eacute;t&eacute;r&eacute; bavard &agrave; qui sa na&iuml;vet&eacute; joue bien des tours, r&ecirc;ve de tenir une gargote au bord de la Marne tandis que l&rsquo;Am&eacute;ricain, un homme pragmatique qui fonce, brutal, sans se poser de questions, sans se pr&eacute;occuper de ceux qui l&rsquo;entourent, veut retourner dans son Texas natal pour y construire une ville. Bien que tout semble devoir les s&eacute;parer, les malheurs qu&rsquo;ils vivent ensemble font na&icirc;tre entre eux une solide amiti&eacute; que rien ne viendra entamer. Job, sous le charme, ne se lasse pas d&rsquo;&eacute;couter les propos truculents de Schluz, tant&ocirc;t gouailleur tant&ocirc;t raisonneur. Quant &agrave; Schluz, s&eacute;duit par la force hercul&eacute;enne de Job, il renonce &agrave; tout pour le suivre, &agrave; sa femme, &agrave; son pays, &agrave; ses copains, et il l&rsquo;accompagne jusqu&rsquo;au fin fond du Texas. Petits points perdus dans un monde apocalyptique, les deux hommes parcourent ensemble des milliers de kilom&egrave;tres, de la Sil&eacute;sie au Texas, en passant par Paris, New-York, etc&hellip;, jusqu&rsquo;&agrave; ce que s&rsquo;ach&egrave;ve lamentablement leur d&eacute;risoire &eacute;pop&eacute;e. Enfin parvenu au Texas, Job est abattu par trois cow-boys, laissant, seul au milieu des derricks, le malheureux Schluz qui r&ecirc;ve pourtant toujours d&rsquo;ouvrir un bistrot. &Agrave; travers la pitoyable odyss&eacute;e du couple, c&rsquo;est sur la mis&egrave;re de la condition humaine que s&rsquo;interroge Billetdoux. Dans cette sorte de roman picaresque port&eacute; &agrave; la sc&egrave;ne, c&rsquo;est toute la fragilit&eacute; de l&rsquo;homme ballott&eacute; dans un univers violent et chaotique, mais c&rsquo;est aussi la force de son instinct de vie qu&rsquo;il repr&eacute;sente. Pi&egrave;ce cosmique comme l&rsquo;a voulu son auteur qui d&eacute;clare dans son &laquo; Avant-propos &raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Quant au d&eacute;cor et &agrave; la musique, j&rsquo;ai r&ecirc;v&eacute; dans cette entreprise qu&rsquo;ils soient la terre et le ciel, par quoi nous nous sommes envol&eacute;s dans le temps et dans l&rsquo;espace et dans la gravitation&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>.</p> </blockquote> <p>Mise en sc&egrave;ne par Billetdoux lui-m&ecirc;me, la pi&egrave;ce est cr&eacute;&eacute;e le 11 mars 1964 au Th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;Ambigu&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>. Dans cette &oelig;uvre qu&rsquo;il qualifie de &laquo;&nbsp;western m&eacute;taphysique&nbsp;&raquo;, sans doute ironiquement par r&eacute;f&eacute;rence &agrave; ce &laquo;&nbsp;western endiabl&eacute;&nbsp;&raquo; qu&rsquo;est, selon Beckett,&nbsp;<em>En attendant Godot</em>, Billetdoux, d&eacute;sireux de &laquo;&nbsp;composer une orchestration multiforme autour de deux solistes&nbsp;&raquo;, r&eacute;alise une exp&eacute;rience sc&eacute;nique originale. Face aux deux protagonistes, il place une douzaine de mimes qui incarnent les quelques soixante-quinze personnages que rencontrent Schluz et Job au cours de leur interminable p&eacute;riple. Quoique muets, ils ne sont pas pour autant de simples figurants. Billetdoux les qualifie de personnages au sens plein du terme. Il donne l&rsquo;exemple de Madeleine, la femme de Schluz ou des trois cow-boys meurtriers qui sont annonc&eacute;s par le dialogue, puis nomm&eacute;s, affirmant qu&rsquo;ils sont non seulement utiles &agrave; l&rsquo;intrigue mais aussi qu&rsquo;ils sont &laquo;&nbsp;n&eacute;cessairement autres que ce que Job et Hubert en disent, sinon il n&rsquo;y aurait pas rencontre, ce choc de volont&eacute;s oppos&eacute;es qui a force de loi au th&eacute;&acirc;tre. Et ces gens-l&agrave; pourraient prononcer des r&eacute;pliques, mais ils se taisent, et c&rsquo;est chaque fois par un mutisme particulier qu&rsquo;ils r&eacute;pondent et le plus souvent par un acte qui s&rsquo;ensuit. Ils interviennent, ils sont&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>.&nbsp;&raquo; D&rsquo;autres sont l&agrave; pour figurer les foules. Ce sont, comme il l&rsquo;explique &eacute;galement, &laquo;&nbsp;les d&eacute;port&eacute;s, les soldats am&eacute;ricains, les soutiers qui ne sont muets que de langue. Ils forment images et signifient&nbsp;: ils meurent, ils tuent, ils ob&eacute;issent, ils repr&eacute;sentent et, &agrave; mes yeux, se tiennent au bord de danser.&nbsp;&raquo; Ceux qui chantent ont une fonction chorique, tel le jeune soldat SS&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Je ne sais rien de qui me m&egrave;ne,</p> <p>je crois en mon cheminement.</p> <p>[&hellip;]</p> <p>Qui me dira donc qui me m&egrave;ne</p> <p>et o&ugrave; va mon cheminement&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>?</p> </blockquote> <p>Tous ont pour r&ocirc;le de repr&eacute;senter le monde dans lequel &eacute;voluent, en proie au d&eacute;sarroi, les deux h&eacute;ros. &laquo;&nbsp;C&rsquo;est toute une g&eacute;n&eacute;ration &eacute;perdue par la guerre qui dit ses doutes&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Le d&eacute;cor g&eacute;om&eacute;trique con&ccedil;u par Jacques No&euml;l contribua &agrave; cr&eacute;er une impression d&rsquo;immensit&eacute; dont Philippe Dechartre souligne la pertinence. C&rsquo;est &laquo;&nbsp;un immense espace courbe qui a la rigueur et la fascination m&eacute;taphysique d&rsquo;une &eacute;quation. Dans cette masse sculpturale fa&ccedil;onn&eacute;e d&rsquo;une seule main s&rsquo;ouvre l&rsquo;ombilic g&eacute;ant du monde, inexorable point de fuite vers o&ugrave; convergent et disparaissent les hommes et les femmes du drame&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.&nbsp;&raquo; Bertrand Poirot-Delpech dans&nbsp;<em>Le Monde</em>&nbsp;admire lui aussi la force du d&eacute;cor qui suscite chez le spectateur &laquo;&nbsp;des effrois d&rsquo;Apocalypse&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo;. Elsa Triolet dans&nbsp;<em>Les Lettres fran&ccedil;aises</em>&nbsp;le 19 mars 1964 a &eacute;galement per&ccedil;u la force de l&rsquo;interrogation m&eacute;taphysique que porte ici Billetdoux&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Un spectacle qui n&rsquo;est ni facile, ni simple. Sa structure cin&eacute;matographique, ses images, ses donn&eacute;es appartiennent aux jours d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, th&eacute;&acirc;tralement, humainement et philosophiquement&nbsp;[&hellip;]. La pi&egrave;ce respire l&rsquo;air de notre temps, notre atmosph&egrave;re vici&eacute;e, porteuse de germes, nos obsessions&hellip; Or, m&ecirc;me sa m&eacute;taphysique a la chair et les os des hommes d&rsquo;aujourd&rsquo;hui.</p> </blockquote> <h2>Conclusion<br /> &nbsp;</h2> <p>Si la mort est l&rsquo;angoisse qui irrigue toute l&rsquo;&oelig;uvre du po&egrave;te dramatique, c&rsquo;est qu&rsquo;il l&rsquo;a rencontr&eacute;e tr&egrave;s t&ocirc;t, comme il en t&eacute;moigne lui-m&ecirc;me dans sa &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face&nbsp;&raquo; &agrave;&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>, sous-titr&eacute;e &laquo;&nbsp;Un peu d&rsquo;air&nbsp;! Un peu d&rsquo;air&nbsp;!&nbsp;&raquo;</p> <blockquote> <p>D&eacute;j&agrave; la mort fait partie de ma famille, o&ugrave; l&rsquo;on a beaucoup disparu sans rien me dire.</p> <p>Ma m&egrave;re a &eacute;t&eacute; enlev&eacute;e de sa chambre en cachette quand j&rsquo;avais sept ans. Plus tard on me racontera qu&rsquo;elle avait attrap&eacute; un coup de vent froid en montant jusqu&rsquo;o&ugrave; elle n&rsquo;aurait pas d&ucirc;&nbsp;: au premier &eacute;tage de la tour Eiffel. En ce temps-l&agrave;, on avait quelque honte &agrave; mourir de tuberculose, cette consomption par mal d&rsquo;amour, romantique et contagieuse.</p> <p>Dans le m&ecirc;me immeuble, le concierge a &eacute;t&eacute; d&eacute;couvert dans la cave, asphyxi&eacute; par les &eacute;manations de la chaudi&egrave;re d&rsquo;o&ugrave; dont il avait la charge. Puis, sous l&rsquo;Occupation allemande, notre voisine de palier au deuxi&egrave;me &eacute;tage, rondelette et rigolote, qui &eacute;tait juive hongroise, par panique une nuit s&rsquo;est jet&eacute;e par la fen&ecirc;tre.</p> <p>Enfin, vers l&rsquo;&acirc;ge de quinze ans ‒&nbsp;je m&rsquo;assure encore mal de l&rsquo;ordre des choses dans mon pass&eacute;&nbsp;‒, j&rsquo;ai appris que l&rsquo;abb&eacute; Marie, p&egrave;re missionnaire et cur&eacute; de Saint-Pierre de Montmartre, auquel on avait confi&eacute; mon enfance orpheline, s&rsquo;&eacute;tait&nbsp;<em>donn&eacute; la mort</em>, comme m&rsquo;a dit. Puis par hasard un soir que mon p&egrave;re dont j&rsquo;ignorais tout avait lui aussi mis fin &agrave; ses jours d&rsquo;une balle au c&oelig;ur alors qu&rsquo;il avait vingt-trois ans et que j&rsquo;avais deux mois.</p> <p>On comprendra que l&rsquo;inqui&eacute;tude du suicide me soit consubstantielle&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>.</p> </blockquote> <p>Il y a pour lui d&rsquo;abord ce scandale ontologique de la mort individuelle. Il en est un autre, historique, lui, celui de la mort de masse, perp&eacute;tr&eacute;e par l&rsquo;homme, cette esp&egrave;ce d&rsquo;autodestruction &agrave; laquelle le si&egrave;cle dans lequel il a v&eacute;cu, si&egrave;cle qui a d&eacute;pass&eacute; en barbarie tous les pr&eacute;c&eacute;dents, lui a donn&eacute; d&rsquo;assister.</p> <blockquote> <p>Jusqu&rsquo;&agrave; la pubert&eacute;, les r&eacute;cits des anciens combattants de 14-18 ‒&nbsp;surtout ceux des&nbsp;<em>gueules</em>&nbsp;<em>cass&eacute;es</em>&nbsp;que l&rsquo;on regardait discr&egrave;tement comme des monstres&nbsp;‒ ou les &eacute;chos de la guerre d&rsquo;Espagne et des luttes ouvri&egrave;res dans les rues de Paris m&rsquo;environnaient davantage que ceux des&nbsp;<em>ann&eacute;es folles</em>. Ah&nbsp;! Comme j&rsquo;&eacute;coutais&nbsp;! Dans l&rsquo;&eacute;tonnement.</p> <p>[&hellip;]</p> <p>&Agrave; la Lib&eacute;ration, apr&egrave;s avoir fr&eacute;quent&eacute; les cadavres des bombardements a&eacute;riens par service civique et salu&eacute; ceux de mes amis fusill&eacute;s, j&rsquo;ai parcouru Paris de part en part, gr&acirc;ce &agrave; une carte de journaliste, et j&rsquo;ai vu les femmes tondues et le lynchage des prisonniers allemands. Quelques semaines plus tard, je suis all&eacute; &agrave; la rencontre, d&rsquo;h&ocirc;tel en h&ocirc;tel ‒&nbsp;ils avaient droit au luxe dans leur costume ray&eacute; jaune et noir&nbsp;‒ des premiers rescap&eacute;s des&nbsp;<em>camps de la mort lente</em>.</p> <p>Ma voix a mu&eacute; vite. J&rsquo;ai d&ucirc; parler en homme pr&eacute;matur&eacute;ment, par enfance humili&eacute;e, th&egrave;me connu. J&rsquo;irai jusqu&rsquo;&agrave; dire &laquo; en vieillard pr&eacute;coce &raquo;. L&rsquo;une des origines peut-&ecirc;tre de mon go&ucirc;t du comique, par d&eacute;guisement.</p> <p>Je ne me suis pas r&eacute;sign&eacute;, je ne me r&eacute;signe pas au non-sens.</p> <p>[&hellip;]</p> <p>Il y avait eu la r&eacute;pression de cette r&eacute;volte premi&egrave;re en Hongrie et il y avait&nbsp;<em>la question</em>&nbsp;de la torture en Alg&eacute;rie perp&eacute;tr&eacute;e par nous autres. Plus &laquo; aig&ucirc;ment &raquo; que jamais, j&rsquo;ai ressenti comme nous &eacute;tions poss&eacute;d&eacute;s depuis plus d&rsquo;un si&egrave;cle en Europe par un subtil processus de d&eacute;p&eacute;rissement suicidaire&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>.</p> </blockquote> <p>Ce sont donc ces deux angoisses qu&rsquo;il a port&eacute;es &agrave; la sc&egrave;ne dans toutes ses pi&egrave;ces, qu&rsquo;elles soient intimistes ou qu&rsquo;elles repr&eacute;sentent le th&eacute;&acirc;tre du monde, ce sentiment que l&rsquo;homme porte la mort en lui comme le ver au milieu de la pomme, cette conscience que l&rsquo;Europe est en perdition. Dans trois des pi&egrave;ces consid&eacute;r&eacute;es ici, Billetdoux qui est &agrave; la fois po&egrave;te et homme de plateau s&rsquo;est distribu&eacute; lui-m&ecirc;me &agrave; la cr&eacute;ation dans le r&ocirc;le principal, le Vieil Homme de&nbsp;<em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em>, le Vieil Oncle dans&nbsp;<em>Les Veuves</em>, l&rsquo;Inspecteur dans<em>&nbsp;Va donc chez T&ouml;rpe</em>, ou bien a r&eacute;alis&eacute; la mise en sc&egrave;ne dans<em>&nbsp;Comment va le monde, M&ocirc;ssieu&nbsp;? Il tourne, M&ocirc;ssieu&nbsp;!</em>, ce qui est une fa&ccedil;on de montrer au public qu&rsquo;il se place au c&oelig;ur du drame, que cette exp&eacute;rience de la mort et de la destruction est sienne, mais qu&rsquo;elle est &eacute;galement celle de tout homme, et de ce fait de l&rsquo;impliquer davantage, de l&rsquo;obliger &agrave; se sentir directement concern&eacute;.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;La pi&egrave;ce est cr&eacute;&eacute;e avec succ&egrave;s le 26 janvier 1959 au Th&eacute;&acirc;tre de Poche-Montparnasse, dirig&eacute; par Ren&eacute;e Delmas et &Eacute;tienne Bierry, dans la mise en sc&egrave;ne de Fran&ccedil;ois Darbon, avec, dans les r&ocirc;les principaux, Katharina Renn (Mrs Pam&eacute;la Puffy-Picq), Francois Billetdoux (C&eacute;sar&eacute;o Grimaldi) en alternance avec Roland Dubillard. Traduite en dix-neuf langues, elle fera bien vite le tour du monde.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Il a d&eacute;j&agrave; &eacute;crit pour le th&eacute;&acirc;tre avant 1959 et a &eacute;t&eacute; jou&eacute;. En m&ecirc;me temps qu&rsquo;il a publi&eacute; son premier roman,&nbsp;<em>L&rsquo;Amiral,</em>&nbsp;il a mont&eacute; en 1955 au Th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;&OElig;uvre un spectacle intitul&eacute;&nbsp;<em>Les Plus Beaux M&eacute;tiers du monde</em>&nbsp;dans lequel il a mis en sc&egrave;ne deux courtes pi&egrave;ces,&nbsp;<em>Au Jour le jour</em>&nbsp;de Jean Cosmos et sa premi&egrave;re com&eacute;die,&nbsp;<em>&Agrave; la nuit la nuit,</em>&nbsp;mais ce spectacle est rest&eacute; confidentiel.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Cit&eacute; dans&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-Sc&egrave;ne</em>, n&deg; 193<em>,</em>&nbsp;18 mars 1959.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Allusion au fait que pendant deux ans, en 1949 et en 1950, Billetdoux est le directeur artistique de Radio-Martinique.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1989, &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face. Un peu d&rsquo;air! Un peu d&rsquo;air&nbsp;!&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;6.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;<em>Id.</em>&nbsp;p.&nbsp;9. Les italiques sont de Billetdoux. Il en est de m&ecirc;me dans les citations suivantes.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;53.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>, &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face&nbsp;&raquo; d&eacute;j&agrave; cit&eacute;e, p.&nbsp;8.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>, p.&nbsp;22.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;<em>Id.,</em>&nbsp;p.&nbsp;24.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>, &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;8.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Claude Roy, &laquo;&nbsp;Un apologue ambigu et g&eacute;n&eacute;reux&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-Sc&egrave;ne Th&eacute;&acirc;tre</em>, n&deg;273, octobre 1962.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Avec les d&eacute;cors de Pace. La distribution r&eacute;unit Michel Daquin (Klaus von Karadine), Christiane Ribes (Ada), Fran&ccedil;ois Billetdoux (l&rsquo;Inspecteur Karl T&ouml;pfer), Yves P&eacute;neau (Gustav), Chantal Darget (Opportune), Katharina Renn (Ursula T&ouml;rpe), Yves Kerboul (Hans Meyer), Charles Millot (St&eacute;phan Pocoresco), Dia Fara (Tsilla Mamadou), Andr&eacute; Weber (Piotr Ollendorf), etc. La pi&egrave;ce est jou&eacute;e pendant un an &agrave; Paris avec un immense succ&egrave;s.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Bertrand Poirot-Delpech, &laquo;&nbsp;L&rsquo;avant-garde du c&oelig;ur&nbsp;&raquo;, cit&eacute; dans&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne</em>&nbsp;n&deg;273, octobre 1962.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Contient&nbsp;<em>&Agrave; la Nuit la nuit, Tchin-Tchin, Le Comportement des &eacute;poux Bredburry</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;<em>Ne m&rsquo;attendez pas ce soir</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1994, p.&nbsp;9-10.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;<em>Id.,</em>&nbsp;p.&nbsp;10.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;<em>Les Veuves</em>,&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-Sc&egrave;ne Th&eacute;&acirc;tre</em>&nbsp;n&deg;571, p.&nbsp;26.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;<em>Id.,</em>&nbsp;p.&nbsp;23.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;<em>Tchin-Tchin</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1998, p.&nbsp;20.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;<em>Comment va le monde, M&ocirc;ssieu? Il tourne, M&ocirc;ssieu!</em>, Arles, Actes Sud-Papiers, 1990, &laquo;&nbsp;Avant-propos pour la premi&egrave;re &eacute;dition, 1964&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;7.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Comment va le monde&nbsp;? ‒&nbsp;Il s&rsquo;use, Monsieur, &agrave; mesure qu&rsquo;il grandit.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>Comment va le monde, M&ocirc;ssieu?&hellip;&nbsp;</em>Dans les royaumes de William Shakespeare, d&rsquo;o&ugrave; la question m&rsquo;est venue [&hellip;]&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Pr&eacute;face&nbsp;&raquo;), p.&nbsp;15.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;<em>Comment va le monde, M&ocirc;ssieu? Il tourne, M&ocirc;ssieu!</em>, &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face. Tout seul sous la lampe&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;15.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Dois-je insister en soulignant en quoi il s&rsquo;agit plut&ocirc;t de l&rsquo;Ancien Testament&nbsp;?&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>id.</em>, p.&nbsp;19.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Avant-propos pour la premi&egrave;re &eacute;dition&nbsp;&raquo;, d&eacute;j&agrave; cit&eacute;, p.&nbsp;8.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;La musique est de Joseph Kosma. Andr&eacute; Weber (Hubert Schluz), et Jess Hahn (Job) interpr&egrave;tent les r&ocirc;les des deux soldats.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-Sc&egrave;ne Th&eacute;&acirc;tre</em>, &nbsp;n&deg; 311, 15 mai 1964.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;<em>Comment va le monde, M&ocirc;ssieu? Il tourne, M&ocirc;ssieu!</em>, p.&nbsp;23-24.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;<em>Comment va le monde, M&ocirc;ssieu? Il tourne, M&ocirc;ssieu!</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit</em>., &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face. Tout seul sous la lampe&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;18.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;Cit&eacute; dans&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-Sc&egrave;ne Th&eacute;&acirc;tre</em>, n&deg; 311,&nbsp;<em>op. cit</em>.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;<em>Va donc chez T&ouml;rpe</em>, &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face&nbsp;&raquo; d&eacute;j&agrave; cit&eacute;e, p.&nbsp;5.</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;<em>Id.</em>&nbsp;p.&nbsp;5-6.</p> <h3>Auteur</h3> <p><strong>Marie-Claude Hubert</strong> est professeur &eacute;m&eacute;rite de litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; Aix-Marseille Universit&eacute;. Sp&eacute;cialiste du th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais du XXe si&egrave;cle (depuis son premier ouvrage :&nbsp;<em>Langage et corps fantasm&eacute; dans le th&eacute;&acirc;tre des ann&eacute;es cinquante : Beckett,</em>&nbsp;<em>Ionesco, Adamov</em>, Corti, 1984), notamment de Lenormand, Vitrac, Montherlant, Genet, Beckett, Ionesco, Adamov, Audiberti, elle a publi&eacute; de nombreux ouvrages sur le th&eacute;&acirc;tre, &eacute;dit&eacute; pour Gallimard Folio/Th&eacute;&acirc;tre plusieurs pi&egrave;ces. Avec une &eacute;quipe compos&eacute;e de chercheurs fran&ccedil;ais et &eacute;trangers, elle a dirig&eacute; le&nbsp;<em>Dictionnaire Beckett</em>&nbsp;(Honor&eacute; Champion, 2011) et le&nbsp;<em>Dictionnaire Jean Genet</em>&nbsp;(Honor&eacute; Champion, 2014).</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>