<h3>Abstract</h3> <p>&ldquo;I&nbsp;have&nbsp;always been very interested in soliloquy, monologue. And I continued all the time. And I continue, &rdquo; confided Billetdoux in 1987. The first section of the paper &nbsp;traces &nbsp;the author&rsquo;s practice with monologue at his beginnings (cabarets, radio, theater), before turning to texts&nbsp;written in 1968 and 1969 for theater and radio and published&nbsp;in 1996 by Actes Sud &ndash; Papiers under the title&nbsp;<em>Monologues</em>:&nbsp;<em>Leonore</em>,&nbsp;<em>Anatolie</em>,&nbsp;<em>Julie Mad</em>,&nbsp;<em>Bagage</em>,&nbsp;<em>Gnagna</em>,&nbsp;<em>Machin-tout-court</em>,&nbsp;<em>Pilaf</em>&nbsp;and stereo play&nbsp;<em>Ai-je dit que j&rsquo;&eacute;tais bossu&nbsp;?&nbsp;</em>[Did I say that I was a hunchback?]</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Huit textes, les uns con&ccedil;us pour la sc&egrave;ne, le dernier pour la radio, sont r&eacute;unis sous le titre g&eacute;n&eacute;rique&nbsp;<em>Monologues</em>&nbsp;dans un volume du &laquo;&nbsp;Catalogue d&rsquo;un dramaturge&nbsp;&raquo; publi&eacute; par Actes Sud ‒ Papiers en 1996&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. Les sept premiers, tous &eacute;crits en mai 1968, ont &agrave; l&rsquo;origine &eacute;t&eacute; compos&eacute;s pour un &laquo;&nbsp;jeu th&eacute;&acirc;tral&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?,</em>&nbsp;d&rsquo;abord intitul&eacute;&nbsp;<em>Je n&rsquo;&eacute;tais pas chez moi</em>, qualifi&eacute; de &laquo;&nbsp;septuor&nbsp;&raquo; en sous-titre, qui a donn&eacute; lieu &agrave; deux repr&eacute;sentations &agrave; Paris en septembre 1968&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>. Le volume accueille aussi une &laquo;&nbsp;&eacute;tude&nbsp;&raquo; st&eacute;r&eacute;ophonique pour la radio,&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em>, dat&eacute;e de 1969 mais diffus&eacute;e en 1971 au sein d&rsquo;une &eacute;mission plus vaste con&ccedil;ue et r&eacute;alis&eacute;e par Billetdoux pour l&rsquo;Atelier de cr&eacute;ation radiophonique de France Culture,&nbsp;<em>Combien avez-vous d&rsquo;oreilles&nbsp;?</em>&nbsp;Tous ces textes s&rsquo;inscrivent dans un ensemble d&rsquo;&laquo;&nbsp;exercices&nbsp;&raquo; ou d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;tudes&nbsp;&raquo; entrepris apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;chec de&nbsp;<em>Silence&nbsp;! L&rsquo;Arbre remue encore&hellip;,&nbsp;</em>en 1967, quand Billetdoux d&eacute;cide de ne plus &eacute;crire de pi&egrave;ce de th&eacute;&acirc;tre &laquo;&nbsp;dans la grande lign&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>L&rsquo;&eacute;dition du volume chez Actes Sud ‒ Papiers venant cinq ans apr&egrave;s la mort de Billetdoux, il n&rsquo;est pas s&ucirc;r que le titre finalement choisi soit de lui&nbsp;: le volume a longtemps &eacute;t&eacute; annonc&eacute; en effet sous le titre&nbsp;<em>Personnages</em>&nbsp;‒&nbsp;nous y reviendrons&nbsp;‒ compl&eacute;t&eacute; du sous-titre &laquo;&nbsp;Monologues et soliloques&nbsp;&raquo;. Billetdoux mettait-il des distinctions techniques fortes entre les deux termes&nbsp;? Le sous-titre le sugg&egrave;re, mais ce n&rsquo;est pas clair. Un article de Witold Wołowski qui leur est consacr&eacute; passe plusieurs diff&eacute;rences possibles en revue, pour finalement s&rsquo;arr&ecirc;ter &agrave; celle-ci&nbsp;: le soliloque a lieu sans t&eacute;moin, le monologue devant t&eacute;moin&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Selon cette distinction simple, deux textes seulement sont essentiellement des soliloques&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Julie Mad&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Bagage&nbsp;&raquo;. Mais on doit noter aussi qu&rsquo;&agrave; leur cr&eacute;ation en 1968, les sept premiers textes &eacute;taient tous appel&eacute;s &laquo;&nbsp;soliloques&nbsp;&raquo; par leur auteur, pour une tout autre raison cependant, qui est sa r&eacute;pugnance, dit-il &agrave; Lucien Attoun peu avant la cr&eacute;ation, &agrave; employer &laquo;&nbsp;le mot de monologue qui risque d&rsquo;&eacute;voquer des num&eacute;ros d&rsquo;acteurs d&eacute;testables et surann&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo;. D&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, le sous-titre envisag&eacute; pour la r&eacute;&eacute;dition chez Actes Sud &ndash; Papiers propose bien les deux mots c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te et non l&rsquo;un &agrave; la place de l&rsquo;autre&hellip;</p> <p>Quoi qu&rsquo;il en soit, il est int&eacute;ressant de noter qu&rsquo;en composant ces textes, Billetdoux pensait aussi aux &laquo;&nbsp;num&eacute;ros&nbsp;&raquo; non du th&eacute;&acirc;tre, mais du cabaret, qu&rsquo;il avait lui-m&ecirc;me pratiqu&eacute;s dans sa jeunesse, et comme auteur et comme interpr&egrave;te, dont certains nous sont parvenus gr&acirc;ce &agrave; un disque Philips &eacute;dit&eacute; en 1961 et conserv&eacute; &agrave; la BnF. Mais plus important que l&rsquo;exp&eacute;rience du cabaret a &eacute;t&eacute; l&rsquo;exp&eacute;rience de la radio, o&ugrave; Billetdoux a travaill&eacute; plus de dix ans &agrave; partir de 1946, comme auteur, producteur, animateur et r&eacute;alisateur et qui a &eacute;t&eacute; pour lui l&rsquo;occasion d&rsquo;un &laquo;&nbsp;travail sur la parole et la voix&nbsp;&raquo; et plus largement sur &laquo;&nbsp;la manipulation et des sons et des formes, et des syntaxes&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;La radio, ce sont mes universit&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo;, dira-t-il &agrave; plusieurs reprises.</p> <p>Nous nous proposons ici, apr&egrave;s avoir retrac&eacute; succinctement les premi&egrave;res &eacute;tapes qui conduisent Billetdoux du monologue de cabaret au th&eacute;&acirc;tre, de voir ce qu&rsquo;il en est de son rapport au monologue en 1968-1971, dates de cr&eacute;ation des textes publi&eacute;s dans&nbsp;<em>Monologues</em>.</p> <h2><strong>1. Cabaret et radio. Exercices et apprentissages</strong><br /> &nbsp;</h2> <h3>1.1. Les d&eacute;buts de Billetdoux auteur, producteur, interpr&egrave;te et r&eacute;alisateur</h3> <p>Billetdoux fait ses d&eacute;buts &agrave; la radio en 1946 au Club d&rsquo;Essai anim&eacute; par le po&egrave;te Jean Tardieu, comme auteur, producteur, interpr&egrave;te et r&eacute;alisateur d&rsquo;&eacute;missions de vari&eacute;t&eacute;s, jou&eacute;es en studio et sans public d&rsquo;abord, puis devant public aussi, notamment au th&eacute;&acirc;tre Agn&egrave;s Capri, 24 rue de la Gaiet&eacute; (&eacute;mission &laquo;&nbsp;Le Grand Sympathique&nbsp;&raquo; en 1946-1947). Ses &eacute;missions&nbsp;<em>Les Anes rouges</em>,&nbsp;<em>L&rsquo;heure de vari&eacute;t&eacute;s</em>,&nbsp;<em>La Foire Saint-Germain</em>, proposent toutes des &laquo;&nbsp;pots-pourris&nbsp;&raquo;, comme dit un journaliste&nbsp;: &laquo;&nbsp;Vous mettez ensemble des chansons, des sketches, des interviews, des bouts de reportage, des faits divers, des petites histoires, des improvisations, vous secouez le tout &eacute;nergiquement et vous passez &agrave; l&rsquo;antenne&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>.&nbsp;&raquo; Il y est en bonne compagnie, puisqu&rsquo;il y fait des &eacute;missions avec un Roland Dubillard (Am&eacute;d&eacute;e), une Agn&egrave;s Capri, un Jacques Dufilho. Jusqu&rsquo;en 1957, soit un an avant&nbsp;<em>Tchin-Tchin</em>, il garde des attaches avec le monde des cabarets po&eacute;tiques et &laquo;&nbsp;d&rsquo;avant-garde&nbsp;&raquo;, notamment en faisant jouer cette ann&eacute;e-l&agrave; aux Trois-Baudets, dirig&eacute; par Jacques Canetti, un spectacle de vari&eacute;t&eacute;s intitul&eacute;&nbsp;<em>Hi-Fi</em>, avec des sketches et chansons sur les inconv&eacute;nients du t&eacute;l&eacute;phone.</p> <p>Apr&egrave;s ses d&eacute;buts au Club d&rsquo;Essai (1946-1948), les ann&eacute;es 1950 sont fastes&nbsp;: en m&ecirc;me temps qu&rsquo;il &eacute;crit ses premi&egrave;res pi&egrave;ces polici&egrave;res pour la radio (<em>Les Nuages</em>,&nbsp;<em>Un soir de demi-brume</em>), il se produit sur la sc&egrave;ne de cabarets po&eacute;tiques fameux&nbsp;: Milord l&rsquo;Arsouille, l&rsquo;&Eacute;cluse&hellip; en interpr&eacute;tant des monologues de sa composition. Dans&nbsp;<em>Treize pi&egrave;ces &agrave; louer</em>, au Th&eacute;&acirc;tre du Quartier Latin en 1951-1952, il ouvre le spectacle avec un &laquo;&nbsp;Prologue&nbsp;&raquo;, repris en juillet 1953 &agrave; la Rose rouge, qui fait entendre une suite de discours, &laquo; celui du cur&eacute; &agrave; ses ouailles, du chef militant dans un meeting, du monsieur distingu&eacute; dans un c&eacute;nacle litt&eacute;raire, du maire dans une r&eacute;union municipale, du bonimenteur dans une &eacute;mission publique, etc.&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;cinq mani&egrave;res de pr&eacute;senter un spectacle&nbsp;&raquo; dit un autre journaliste, selon que l&rsquo;on se trouve &laquo;&nbsp;dans une r&eacute;union mondaine, une s&eacute;ance de patronage, un meeting politique ou une &eacute;mission de Jean Nohain&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Fin 1952-d&eacute;but 1953, chez Milord l&rsquo;Arsouille dans un spectacle dont la t&ecirc;te d&rsquo;affiche est Francis Claude, et chez Agn&egrave;s Capri, Billetdoux joue quatre autres monologues&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le bon p&egrave;re&nbsp;&raquo; (4 mn 45), &laquo;&nbsp;Elle est pas belle la vie ?&nbsp;&raquo; (2 mn 50), &laquo;&nbsp;L&rsquo;autodidacte&nbsp;&raquo; (4 mn 30) et &laquo;&nbsp;La b&ecirc;te&nbsp;&raquo; (1 mn 40), soit &laquo;&nbsp;les confidences d&rsquo;un p&egrave;re de famille, d&rsquo;une brute primitive, d&rsquo;un autodidacte vaniteux&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;, d&rsquo;un alcoolique content de son sort. &laquo;&nbsp;Ce sont des morceaux d&rsquo;une grande v&eacute;rit&eacute; psychologique, &agrave; quoi il manque peut-&ecirc;tre, pour qu&rsquo;ils portent compl&egrave;tement, ce brin d&rsquo;outrance caricaturale qui fait plus vrai que le vrai&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.&nbsp;&raquo; On peut les &eacute;couter &agrave; la BnF, enregistr&eacute;s sur disque Philips&nbsp;<a href="#_ftnref14" name="_ftnref14">[14]</a>. Certains de ses monologues passent aussi sur les ondes&nbsp;: par exemple&nbsp;<em>&Agrave; la chasse comme &agrave; la chasse</em>, repris en 1959 &agrave; la radio dans&nbsp;<em>Suite pour orchestre et gens bizarres</em>, ou&nbsp;<em>Monologue</em>&nbsp;diffus&eacute; en 1961 dans l&rsquo;&eacute;mission &laquo;&nbsp;Dimanche dans un fauteuil&nbsp;&raquo; et publi&eacute; dans&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne</em>&nbsp;avec le texte de&nbsp;<em>Comment va le monde M&ocirc;ssieu&nbsp;? Il tourne M&ocirc;ssieu&nbsp;!&nbsp;</em><a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>.</p> <h3>1.2. Billetdoux animateur de vari&eacute;t&eacute;s</h3> <p>La radio donne aussi &agrave; l&rsquo;&eacute;crivain l&rsquo;occasion de s&rsquo;entra&icirc;ner &agrave; jouer un autre &laquo;&nbsp;personnage&nbsp;&raquo;,&nbsp;de journaliste plus que d&rsquo;acteur cette fois, qui est l&rsquo;animateur d&rsquo;&eacute;mission de vari&eacute;t&eacute;s. Pendant trois ans en effet, de 1951 &agrave; 1954, pour des &eacute;missions de Francis Claude (c&eacute;l&egrave;bre humoriste de l&rsquo;&eacute;poque) comme&nbsp;<em>La Roue tourne</em>&nbsp;en 1952 sur la Cha&icirc;ne parisienne o&ugrave; il joue le r&ocirc;le de &laquo;&nbsp;Monsieur Leb&acirc;ton&nbsp;&raquo; (sous-entendu &laquo;&nbsp;dans les roues&nbsp;&raquo;), Billetdoux donne la r&eacute;plique au meneur de jeu, fait les liaisons entre deux vedettes, deux disques, deux parties d&rsquo;une &eacute;mission, donne un billet, une chronique. Les textes sont souvent &eacute;crits &agrave; l&rsquo;avance, dialogues comme monologues. Et Billetdoux monologue autant qu&rsquo;il dialogue sinon plus. Or, loin de traiter la fonction &agrave; la l&eacute;g&egrave;re, il y impose un style bien &agrave; lui, jusque dans une &eacute;mission comme&nbsp;<em>Tentez votre chance</em>&nbsp;sur Paris Inter (ex&nbsp;<em>Jour de chance</em>), &eacute;mission de la Loterie nationale, o&ugrave; il s&rsquo;agit de meubler le temps entre les tirages des num&eacute;ros gagnants&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Cette &eacute;mission ne trancherait peut-&ecirc;tre pas sur la liste copieuse des &laquo;&nbsp;vari&eacute;t&eacute;s&nbsp;&raquo; sans les soins exceptionnels que M. Billetdoux accorde aux &laquo;&nbsp;liaisons&nbsp;&raquo;. Son &laquo;&nbsp;planning de chansons trac&eacute; &ndash;&nbsp;et il faut reconna&icirc;tre que son choix, tr&egrave;s heureusement ne s&rsquo;&eacute;gare pas vers les sentiers battus, &ndash;&nbsp;notre producteur prend sa plume et trousse avec esprit un petit &laquo;&nbsp;&agrave; propos&nbsp;&raquo; en guise de pr&eacute;face &agrave; chaque num&eacute;ro du programme.</p> <p>Il parle de la pluie et du beau temps, des autres et de lui-m&ecirc;me (les auditeurs aiment beaucoup qu&rsquo;on les prenne pour confidents). Sa technique a l&rsquo;air d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la port&eacute;e du premier venu. Mais le proc&eacute;d&eacute; importe moins que l&rsquo;&eacute;tincelle qui l&rsquo;anime [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>.</p> </blockquote> <p>Citons aussi en 1954-1955,&nbsp;<em>Ce n&rsquo;est pas tous les jours dimanche</em>&nbsp;sur Paris-Inter, une &eacute;mission de 40 mn diffus&eacute;e le dimanche &agrave; 15h50. Elle propose une s&eacute;lection de nouveaux disques de vari&eacute;t&eacute;s, mais est aussi tout autre chose, comme le pr&eacute;cise l&rsquo;auteur dans une interview pour&nbsp;<em>La Semaine radiophonique</em>&nbsp;en octobre 1954&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est une &eacute;mission libre, o&ugrave; je passe de la musique, du chant, des po&egrave;mes, de la prose, et m&ecirc;me des petits sketches&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>&nbsp;Entre l&rsquo;animateur d&rsquo;&eacute;mission &agrave; une voix et le diseur de monologues dans les cabarets et sur les ondes qui le pr&eacute;c&egrave;de et le suit, nous voyons une continuit&eacute;, car Billetdoux, dans ce genre de sketch, s&rsquo;est fait une sp&eacute;cialit&eacute; du monologue de caract&egrave;re&nbsp;: il ne pratique pas le monologue-pot-pourri, qui passe d&rsquo;un sujet &agrave; un autre, du coq-&agrave;-l&rsquo;&acirc;ne, pour faire rire un peu de tout, mais il fait &agrave; chaque fois parler un type&nbsp;<a href="#_ftnref18" name="_ftnref18">[18]</a>. La diff&eacute;rence entre le diseur et l&rsquo;animateur est que le second ne cherche pas &agrave; faire rire de lui-m&ecirc;me, alors que le premier veut faire rire du personnage qu&rsquo;il incarne en le transformant par l&rsquo;exag&eacute;ration burlesque en type comique. Ses mani&egrave;res de parler, de penser, d&rsquo;&ecirc;tre, sont gentiment grossies ou exag&eacute;r&eacute;es. Le monologue se veut piquant, ing&eacute;nieux, incongru, il appuie sur les travers, les maladresses ou les na&iuml;vet&eacute;s du personnage, il cr&eacute;pite de bons mots et traits d&rsquo;esprit. Il va bon train aussi, il ne reprend pas souffle, il ne respire pas au sens o&ugrave; il n&rsquo;int&egrave;gre pas le silence comme une valeur, mais seulement la parole et les gestes. Car ces &laquo;&nbsp;num&eacute;ros&nbsp;&raquo; de cabaret sont avant tout des spectacles, exigeant une pr&eacute;sence sc&eacute;nique, une habilet&eacute; &agrave; jouer de la voix et de la diction, du geste et des mimiques, des accessoires et du rapport au public&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>.</p> <p>Ce type de monologue a sa place sur les ondes de la radio de l&rsquo;&eacute;poque, m&ecirc;me si la part de l&rsquo;&oelig;il n&rsquo;y trouve pas son compte. Un grand nombre d&rsquo;&eacute;missions de vari&eacute;t&eacute;s sont en effet enregistr&eacute;es en public et retransmises telles quelles sans trop de scrupules sur les cons&eacute;quences du changement de m&eacute;dium. Il faudrait savoir jusqu&rsquo;o&ugrave; Billetdoux, quand il animait &agrave; ses d&eacute;buts des &eacute;missions de vari&eacute;t&eacute;s radiophoniques pour le Club d&rsquo;Essai comme&nbsp;<em>Les Anes rouges</em>&nbsp;ou&nbsp;<em>La Foire Saint-Germain</em>, prenait r&eacute;ellement en compte le fait qu&rsquo;avec la radio, non seulement on ne voit pas ce qui se passe mais qu&rsquo;on &eacute;coute autrement ce qu&rsquo;on entend du fait de l&rsquo;entendre sans voir&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>. Dans les ann&eacute;es Cinquante en tout cas, il semble assez &laquo;&nbsp;soucieux de la diff&eacute;rence des genres et des techniques&nbsp;&raquo;, comme il l&rsquo;&eacute;crit en pr&eacute;ambule d&rsquo;une petite pi&egrave;ce radiophonique,&nbsp;<em>Bien amicalement</em>, qu&rsquo;il laisse publier dans&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-Sc&egrave;ne</em>&nbsp;en 1959 tout en pr&eacute;cisant qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas &laquo;&nbsp;une &oelig;uvre sc&eacute;nique&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il y a bien des silences dans ce texte qui appartiennent strictement pour moi &agrave; l&rsquo;espace sonore, ainsi qu&rsquo;un mouvement dramatique &agrave; inscrire dans la dur&eacute;e propre aux &oelig;uvres pour l&rsquo;oreille seule. Tout n&rsquo;est pas dit dans les mots&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.&nbsp;&raquo; Mais faute d&rsquo;avoir pu &eacute;couter ses monologues radiodiffus&eacute;s de l&rsquo;&eacute;poque, je ne peux gu&egrave;re aller ici au-del&agrave; de l&rsquo;hypoth&egrave;se que Billetdoux int&egrave;gre la diff&eacute;rence de m&eacute;dium dans son interpr&eacute;tation ou son &eacute;criture de monologues &agrave; la radio, avec ce que cela suppose de concentration sur l&rsquo;&eacute;coute, donc aussi le son, le rythme, le silence, et l&rsquo;intensit&eacute; de l&rsquo;instant puisqu&rsquo;&agrave; la radio l&rsquo;auditeur peut prendre l&rsquo;&eacute;coute et la quitter &agrave; tout moment et que, dit Billetdoux, &laquo;&nbsp;il faut convaincre tout de suite&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h3><strong>1.3. R&ocirc;le de la radio l&rsquo;&eacute;volution artistique de Billetdoux</strong></h3> <p>Ce qu&rsquo;il faut souligner en revanche, c&rsquo;est le r&ocirc;le d&eacute;cisif que la radio, bien plus que le cabaret, a jou&eacute; dans l&rsquo;&eacute;volution th&eacute;&acirc;trale et plus g&eacute;n&eacute;ralement artistique de Billetdoux&nbsp;: &laquo;&nbsp;La radio&nbsp;&raquo;, aimait-il &agrave; r&eacute;p&eacute;ter, &laquo;&nbsp;ce sont mes universit&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. La radio en effet lui apprend &eacute;couter et &agrave; entendre autrement&nbsp;; &agrave; comprendre l&rsquo;importance du mat&eacute;riau sonore et de l&rsquo;univers proprement sonore dans le langage humain. Elle est le m&eacute;dium de son &eacute;ducation de l&rsquo;oreille, gr&acirc;ce en particulier &agrave; son travail de r&eacute;alisateur &agrave; partir de 1946. Billetdoux &eacute;voque &agrave; plusieurs reprises, parmi les grands moments, ses manipulations millim&eacute;triques sur la voix de Giono en 1953, quand il monte les entretiens radio de l&rsquo;&eacute;crivain avec Taos et Jean Amrouche&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Des circonstances &ndash; heureuses &ndash; m&rsquo;ont permis de faire de la phonologie sans le savoir, gr&acirc;ce au montage radiophonique. En particulier, j&rsquo;ai pu manipuler la voix de Jean Giono [&hellip;] il avait un plaisir &agrave; la venue des mots dans sa bouche, &agrave; cette aventure des mots qui prennent forme sonore dans l&rsquo;espace et dans le temps [&hellip;] son accent m&eacute;ridional ajoutait par le phras&eacute; une esp&egrave;ce de chair, qui manque au parler pointu que l&rsquo;on enseigne, fran&ccedil;ais squelettique et guind&eacute; par le souci litt&eacute;ral du discours. Entre autres choses, il m&rsquo;int&eacute;ressait de constater que Jean Giono &eacute;crivait &laquo;&nbsp;avec accent&nbsp;&raquo; [et qu&rsquo;ainsi une phrase de lui] lue &agrave; plat prend de la valeur juste lorsqu&rsquo;elle est dite et entendue selon la musique propre &agrave; cet instrument qu&rsquo;&eacute;tait Jean Giono&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>.</p> </blockquote> <p>D&rsquo;o&ugrave; il ressort chez Billetdoux, au th&eacute;&acirc;tre dans les ann&eacute;es 1955-1967, &agrave; la radio, &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision, une obsession dramaturgique du mat&eacute;riau sonore. La radio d&eacute;place les enjeux du th&eacute;&acirc;tre non seulement du visuel au sonore, mais de la parole &agrave; sa musique si l&rsquo;on peut dire. En 1971, dans la belle s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;missions intitul&eacute;e&nbsp;<em>Oc&eacute;an du th&eacute;&acirc;tre</em>, Billetdoux confessera qu&rsquo;il a &eacute;crit toutes ses pi&egrave;ces en suivant les voix de ses personnages&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Lorsque j&rsquo;en vins &agrave; composer des ouvrages dramatiques, dans la plupart des cas, ce furent des voix qui me guid&egrave;rent. Je n&rsquo;&eacute;crivais pas &laquo;&nbsp;sur mesure&nbsp;&raquo; comme on dit. Ce n&rsquo;&eacute;tait ni leur talent, ni leur emploi, ni rien d&rsquo;eux qui m&rsquo;attachait &agrave; eux. Je cherchais en moi ce que le son de leurs voix me disait jusqu&rsquo;&agrave; ce que survienne quelque chose que je dois nommer &laquo;&nbsp;myst&egrave;re de l&rsquo;incarnation&nbsp;&raquo; [&hellip;] Le fait est que telle ou telle voix entendue &laquo;&nbsp;module&nbsp;&raquo; en moi un personnage qui s&rsquo;incarne en une suite de &laquo;&nbsp;figures&nbsp;&raquo; lesquelles empruntent &agrave; l&rsquo;argile des mots et que je nourris de mon souffle, il me semble. [&hellip;]</p> <p>&Agrave; retenir qu&rsquo;il y a des gens dont je porte la voix en moi, dont je porte les sonorit&eacute;s. Les circonstances ont permis que je puisse &laquo;&nbsp;composer&nbsp;&raquo; &agrave; partir de certaines d&rsquo;entre elles, par exemple celles d&rsquo;Agn&egrave;s Capri, de Cora Vaucaire, de Katharina Renn et de Madeleine Renaud. L&agrave; aussi, il y a eu &laquo;&nbsp;passage&nbsp;&raquo;, de leur voix &agrave; la mienne, par l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>.</p> </blockquote> <p>Cela est sensible d&egrave;s la premi&egrave;re pi&egrave;ce jou&eacute;e de Billetdoux,&nbsp;<em>&Agrave; la nuit la nuit</em>, cr&eacute;&eacute;e en 1955&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>, mais s&rsquo;accentue &agrave; partir de&nbsp;<em>Comment va le monde M&ocirc;ssieu&nbsp;? Il tourne M&ocirc;ssieu&nbsp;!</em></p> <p>La radio permet aussi &agrave; Billetdoux de renouveler son &eacute;criture th&eacute;&acirc;trale en lui faisant d&eacute;couvrir dans le monologue une forme &eacute;l&eacute;mentaire de la parole humaine, de toute parole humaine, pr&eacute;c&eacute;dant le dialogue. Son int&eacute;r&ecirc;t est de r&eacute;v&eacute;ler, mieux que le dialogue, ce que porte en lui un personnage&nbsp;: le monologue est une int&eacute;riorit&eacute;, dit-il en substance&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>. Une pi&egrave;ce dialogu&eacute;e est la forme &eacute;volu&eacute;e que prend le monologue d&rsquo;un auteur donnant vie &agrave; plusieurs de ces&nbsp;<em>moi</em>&nbsp;possibles, avec chacun sa voix propre, son dedans et sa musique, comme il soulignera dans&nbsp;<em>Oc&eacute;an du th&eacute;&acirc;tre</em>&nbsp;en 1972&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>.</p> <p>On comprend dans cette perspective non seulement pourquoi le monologue investit de fa&ccedil;on compl&egrave;tement inhabituelle les grandes pi&egrave;ces de Billetdoux, mais aussi pourquoi il est conduit, apr&egrave;s&nbsp;<em>Silence&nbsp;! L&rsquo;Arbre remue encore&hellip;</em>, &agrave; un d&eacute;passement du th&eacute;&acirc;tre &laquo;&nbsp;dans la grande lign&eacute;e&nbsp;&raquo; par un retour &agrave; la forme &eacute;l&eacute;mentaire du monologue, sur sc&egrave;ne comme &agrave; la radio, dans&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em>&nbsp;en 1968 et dans&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em>&nbsp;r&eacute;dig&eacute; peu apr&egrave;s, en 1969<em>.</em></p> <h2><strong>2. Personnages et monologues&nbsp;: le &laquo;&nbsp;besoin de spectacle&nbsp;&raquo;</strong><br /> &nbsp;</h2> <h3><strong>2.1. Monologues et situations dramatiques</strong></h3> <p>Je ne peux pas m&rsquo;arr&ecirc;ter ici aux multiples facettes et emplois du monologue dans les pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre, bien catalogu&eacute;s par Witold Wołowski dans son &eacute;tude publi&eacute;e en 2005&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;et dans l&rsquo;article &eacute;crit pour ce dossier.&nbsp;<em>Comment va le monde M&ocirc;ssieu&nbsp;? Il tourne M&ocirc;ssieu&nbsp;!</em>&nbsp;o&ugrave; l&rsquo;influence du cabaret (music-hall) se fait sentir par l&rsquo;emploi rythmique de chansons en plus des monologues parl&eacute;s d&rsquo;un des deux personnages (Hubert Schluz)&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>,&nbsp;<em>Il faut passer par les nuages</em>, dont tout le premier mouvement consiste en un ballet de monologues de tous les personnages&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>, d&rsquo;autres pi&egrave;ces, m&eacute;riteraient des d&eacute;veloppements&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>. Mais il faut souligner ce qui change quand Billetdoux tourne le dos au th&eacute;&acirc;tre &laquo;&nbsp;dans la grande lign&eacute;e&nbsp;&raquo;. Dans les deux pi&egrave;ces cit&eacute;es, l&rsquo;auteur pratique un monologue d&rsquo;action&nbsp;: un monologue court ou tr&egrave;s court (de quelques lignes &agrave; une page et demie), adress&eacute; par un personnage &agrave; un ou plusieurs autres pr&eacute;sents sur sc&egrave;ne, qui l&rsquo;entendent et y r&eacute;pondent par une action. Le jeu des monologues permet d&rsquo;ext&eacute;rioriser l&rsquo;int&eacute;riorit&eacute; des personnages, mais dans la limite permise par la qualit&eacute; des interlocuteurs et par les n&eacute;cessit&eacute;s de l&rsquo;orchestration g&eacute;n&eacute;rale. Dans&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em>&nbsp;en revanche, puis dans&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em>&nbsp;les &laquo;&nbsp;situations dramatiques&nbsp;&raquo; con&ccedil;ues par l&rsquo;auteur permettent aux monologues de durer, et donc aux personnages d&rsquo;aller plus loin, voire bien plus loin, dans l&rsquo;expression de ce qui les habite.</p> <p>Pr&eacute;cisons avant d&rsquo;aller plus loin que ces &laquo;&nbsp;situations dramatiques&nbsp;&raquo; ne sont pas toutes des situations de soliloque au sens o&ugrave; le personnage qui parle n&rsquo;a aucune oreille pour l&rsquo;&eacute;couter&nbsp;: Billetdoux propose avec ces deux &oelig;uvres des &laquo;&nbsp;&eacute;tudes&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;exercices&nbsp;&raquo;, et prend donc bien soin de varier &agrave; chaque fois la formule. Certains s&rsquo;installent ainsi entre soliloque et monologue&nbsp;: ce sont des monologues devant t&eacute;moin mais &laquo;&nbsp;jusqu&rsquo;&agrave; un certain point&nbsp;&raquo;, o&ugrave; l&rsquo;auditeur est &agrave; la fois proche et loin&nbsp;: L&eacute;onore, barricad&eacute;e dans sa chambre, parle &agrave; Dieu&nbsp;; la petite Gnagna, pas rassur&eacute;e dans le lit inconnu de la ferme o&ugrave; ses parents l&rsquo;emm&egrave;nent chasser, interrompt plusieurs fois son soliloque pour s&rsquo;adresser &agrave; celui ou celle qui ferme la porte puis qui &eacute;teint la lumi&egrave;re du couloir, puis qui au matin ouvre grand la porte&nbsp;; Machin le joueur de jazz et de cartes tambourine longtemps &agrave; une porte qui &agrave; la fin s&rsquo;ouvre. Dans&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em>&nbsp;la parole s&rsquo;installe entre le monologue et le dialogue&nbsp;: Emmanuel s&rsquo;adresse &agrave; une femme, Enrika M&eacute;thode, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; de la cloison de son appartement, mais aussi &agrave; un moment dans l&rsquo;obscurit&eacute; de sa chambre o&ugrave; il a r&eacute;ussi &agrave; entrer. Celle-ci lui r&eacute;pond ou semble le faire mais par des g&eacute;missements, non par des mots&nbsp;: une didascalie parle &agrave; ce propos de &laquo;&nbsp;dialogue&nbsp;&raquo; tout court, plut&ocirc;t que de monologue. On a donc plut&ocirc;t affaire &agrave; un monologue-dialogue, qui est d&rsquo;ailleurs dialogue pur dans un passage o&ugrave; Emmanuel parle dans le couloir avec le pilote de ligne venu visiter la femme.</p> <h3><strong>2.2. Proc&eacute;d&eacute;s du cabaret</strong></h3> <p>Notre propos du d&eacute;but &eacute;voquait la premi&egrave;re carri&egrave;re de Billetdoux dans le domaine des vari&eacute;t&eacute;s&nbsp;: c&rsquo;est bien aux &laquo;&nbsp;monologues &agrave; dire&nbsp;&raquo; du cabaret que pense l&rsquo;auteur en concevant&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?&nbsp;</em>Ce &laquo;&nbsp;jeu th&eacute;&acirc;tral&nbsp;&raquo; sans dialogues ni intrigue commune aux personnages joue au fond avec une situation &eacute;l&eacute;mentaire qui est celle du diseur devant son public. Il la complique, en obligeant chaque acteur &agrave; se soucier aussi de l&rsquo;orchestration d&rsquo;ensemble des soliloques, tout en la prenant comme point de d&eacute;part. C&rsquo;est ce que Billetdoux souligne dans l&rsquo;entretien d&eacute;j&agrave; cit&eacute; avec Lucien Attoun&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&rsquo;acteur est oblig&eacute; d&rsquo;assurer et de d&eacute;fendre son personnage, mettons comme il devrait le faire au music-hall &ndash; sans le support d&rsquo;une intrigue, sans recours &agrave; un partenaire, par la pr&eacute;sence &ndash; mais aussi en jouant avec l&rsquo;ensemble o&ugrave; il s&rsquo;ins&egrave;re. S&rsquo;il n&rsquo;en profite pas au fur et &agrave; mesure ou s&rsquo;il ne s&rsquo;inscrit pas dans le mouvement g&eacute;n&eacute;ral, il se perd et la tension baisse. Aucun leader ne peut s&rsquo;affirmer en sc&egrave;ne contre les autres ou en leur nom. C&rsquo;est l&agrave; un jeu proprement et terriblement d&eacute;mocratique&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>.</p> </blockquote> <p>Pour permettre aux interpr&egrave;tes de&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em>&nbsp;de &laquo;&nbsp;d&eacute;fendre [leur] personnage&nbsp;&raquo;, Billetdoux, et c&rsquo;est un autre emprunt au cabaret, recourt au vieux proc&eacute;d&eacute; du contraste&nbsp;: il les type, exag&egrave;re ce qui les qualifie, grossit ce qui les distingue. Chacun d&rsquo;eux, dit l&rsquo;avis, &laquo;&nbsp;parle sa langue et transpose &agrave; sa fa&ccedil;on la r&eacute;alit&eacute; douteuse. Aujourd&rsquo;hui, cela vaut encore la peine de faire contraster ces nuances.&nbsp;&raquo; Mani&egrave;res de parler, temp&eacute;raments, situations, tout sert &agrave; les contraster. L&eacute;onore est une d&eacute;vote de province, d&eacute;j&agrave; grand-m&egrave;re, tromp&eacute;e par son mari coureur, fain&eacute;ant, ivrogne et parasite. Anatolie est un personnage &laquo;&nbsp;&agrave; trois &eacute;tages&nbsp;&raquo; de fille seule cherchant &agrave; se donner des airs de femme mais aussi, ce soir-l&agrave;, &agrave; se mentir sur le retour de son grand amour d&rsquo;avant&nbsp;; Julie Mad, une &laquo;&nbsp;folle&nbsp;&raquo; comme l&rsquo;indique son nom, est &laquo;&nbsp;clown, du pays septentrional de l&rsquo;innocence, dans la cat&eacute;gorie &ldquo;Auguste de soir&eacute;e&rdquo;&nbsp;&raquo;, dit (un peu excessivement) la didascalie liminaire&hellip;</p> <p>Les didascalies soulignent &agrave; gros traits ces contrastes, mais aussi l&rsquo;usage, pour les trois premiers personnages au moins, d&rsquo;un grand nombre d&rsquo;accessoires, autre ressource habituelle du sketch de cabaret. &laquo;&nbsp;[&hellip;] ceux qui n&rsquo;ont pas exerc&eacute; au cabaret, au music-hall, au cirque&nbsp;&raquo;, &eacute;crit Billetdoux dans la pr&eacute;face de 1986 &agrave; sa premi&egrave;re pi&egrave;ce de th&eacute;&acirc;tre&nbsp;<em>&Agrave; la nuit la nuit</em>, ignorent souvent que les accessoires parlent. [&hellip;] Ils r&eacute;clament d&rsquo;&ecirc;tre choisis et soign&eacute;s de pr&egrave;s.&nbsp;&raquo; Chez L&eacute;onore, les accessoires de son jeu sont d&rsquo;abord ses mimiques&nbsp;: &laquo;&nbsp;elle baisse la t&ecirc;te &agrave; tout propos, porte la t&ecirc;te de c&ocirc;t&eacute; par compassion, ou bien la courbe en hochant la t&ecirc;te, ou encore offre son visage au plafond, etc.&nbsp;&raquo; Chez Julie Mad, tout devient accessoire d&rsquo;un jeu qui s&rsquo;emballe jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;parpillement f&eacute;brile et &laquo;&nbsp;au fastueux d&eacute;sordre d&rsquo;affaires accumul&eacute;es&nbsp;&raquo;, v&ecirc;tements, sac, ustensiles de m&eacute;nage, de toilette, de maquillage et &laquo;&nbsp;tout le contenu de ses tiroirs et de ses placards&nbsp;&raquo;, etc. Ici et l&agrave;, les &laquo;&nbsp;accessoires&nbsp;&raquo; de jeu sont moins voyants, comme dans&nbsp;<em>Bagage</em>&nbsp;ou&nbsp;<em>Gnagna</em>&nbsp;; cela est fonction du &laquo;&nbsp;personnage&nbsp;&raquo; que joue le personnage. Dans le dernier monologue de&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em>, ils semblent se concentrer dans l&rsquo;&eacute;locution du personnage Pilaf, qui s&rsquo;est invent&eacute;, pr&eacute;cise la didascalie &laquo;&nbsp;un langage &ldquo;petit-n&egrave;gre&rdquo;, qu&rsquo;il transforme au gr&eacute; des rencontres&nbsp;&raquo; et dont il va jouer encore dans la cellule de prison o&ugrave; on l&rsquo;a jet&eacute;, tout battu, r&acirc;lant, crachant, suant et agonisant qu&rsquo;il est, pour s&rsquo;int&eacute;resser lui-m&ecirc;me. Ce langage dans lequel il trouve un abri l&rsquo;exalte et la magnifie &agrave; la fois dans sa d&eacute;tresse, raison pour laquelle sans doute le soliloque, dispos&eacute; en vers libres, prend l&rsquo;allure d&rsquo;un po&egrave;me&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.</p> <h3><strong>2.3. Jouer un personnage, besoin permanent de l&rsquo;humanit&eacute;</strong></h3> <p>Au-del&agrave; de ces emprunts, c&rsquo;est l&rsquo;importance structurale donn&eacute;e &agrave; la forme du monologue dans la conception des deux &oelig;uvres de 1968 et 1969 qui fait sens. Quel sens&nbsp;? Le premier titre envisag&eacute; pour le volume,&nbsp;<em>Personnages</em>, nous met sur la piste&nbsp;: ce qui r&eacute;unit en profondeur les deux &oelig;uvres publi&eacute;es dans ce volume, c&rsquo;est qu&rsquo;elles font voir ou entendre, &agrave; travers cette forme &laquo;&nbsp;&eacute;l&eacute;mentaire&nbsp;&raquo; de la parole qu&rsquo;est le monologue, un besoin &eacute;l&eacute;mentaire pr&eacute;sent en tout homme, qui est de se donner en repr&eacute;sentation, de jouer un personnage, peu ou prou et m&ecirc;me, comme Pilaf, dans les situations le plus graves. En apparence, Billetdoux ne fait que reprendre ici le th&egrave;me s&eacute;culaire de la com&eacute;die humaine. Mais son originalit&eacute; est d&rsquo;en faire une lecture r&eacute;solument positive et optimiste, qu&rsquo;il explicite dans l&rsquo;entretien avec Lucien Attoun donn&eacute; &agrave; l&rsquo;occasion de la cr&eacute;ation de&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?&nbsp;</em>:</p> <blockquote> <p>Fran&ccedil;ois Billetdoux ‒&nbsp;Le th&eacute;&acirc;tre est partout comme le besoin de spectacle en g&eacute;n&eacute;ral existe chez tous. Le spectacle est dans la vie et peut permettre de magnifier et de mieux voir.&nbsp;[&hellip;]</p> <p>Lucien Attoun&nbsp; ‒&nbsp;Est-ce avec ce souci que vous avez &eacute;crit&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em></p> <p>Fran&ccedil;ois Billetdoux ‒&nbsp;Certainement&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>.</p> </blockquote> <p>Ce &laquo;&nbsp;besoin de spectacle&nbsp;&raquo;, de th&eacute;&acirc;tre, c&rsquo;est au fond un besoin de cr&eacute;ation, de d&eacute;veloppement, de pl&eacute;nitude, de r&ecirc;ve, que Billetdoux juge bien plus fondamental que le besoin sexuel par exemple, dont &laquo;&nbsp;la rengaine&nbsp;[&hellip;]&nbsp;sert de bible au marketing g&eacute;n&eacute;ral&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>&nbsp;&raquo;. Bien plus fondamental, dans la mesure o&ugrave; il permet &agrave; chacun de &laquo;&nbsp;s&rsquo;&eacute;lever par approfondissement&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;&raquo;, comme il le dit des personnages d&rsquo;<em>&Agrave; la nuit la nuit</em>, en allant jusqu&rsquo;au bout d&rsquo;une v&eacute;rit&eacute; qu&rsquo;il porte au fond de soi, de la faire passer de la nuit &agrave; la lumi&egrave;re. &laquo;&nbsp;En une nuit&nbsp;&raquo;, dit l&rsquo;avertissement, &laquo;&nbsp;chaque personnage suit son cours&nbsp;&raquo;, avec comme point commun avec les autres de faire entendre la m&ecirc;me m&eacute;lodie de &laquo;&nbsp;la petite esp&eacute;rance&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo;. L&eacute;onore, barricad&eacute;e dans sa chambre, donne libre cours &agrave; son espoir d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; sa brute de mari&nbsp;; Anatolie &agrave; son amour pour Maravilla, partie au loin, qu&rsquo;une lettre d&rsquo;elle a raviv&eacute;&nbsp;; Julie Mad &agrave; l&rsquo;illusion d&rsquo;avoir sembl&eacute; int&eacute;resser l&rsquo;homme qui l&rsquo;a renvers&eacute;e en voiture l&rsquo;apr&egrave;s-midi et lui aurait donn&eacute; rendez-vous le lendemain matin &agrave; l&rsquo;aube&nbsp;; Gnagna joue la petite fille sage pour se rassurer, etc. La diversit&eacute; m&ecirc;me des &acirc;ges, de la petite fille au vieil homme, est l&agrave; pour sugg&eacute;rer la permanence de ce besoin de th&eacute;&acirc;tre.</p> <p>La particularit&eacute; ici de&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em>&nbsp;‒&nbsp;et sa limite apparemment en 1968&nbsp;‒ est d&rsquo;avoir voulu tester aussi le besoin de cr&eacute;ation des diff&eacute;rents partenaires de la repr&eacute;sentation, de l&rsquo;auteur au metteur en sc&egrave;ne, aux com&eacute;diens et au public&nbsp;: &laquo;&nbsp;Maintenant le temps est venu de reprendre enfin la phrase de Lautr&eacute;amont&nbsp;: &ldquo;La po&eacute;sie doit &ecirc;tre faite par tous et pour tous.&rdquo; Je suis persuad&eacute; que, beaucoup plus gravement que les refoulements [sexuels] dont on nous parle beaucoup en ces temps, il y a un refoulement du besoin cr&eacute;atif chez l&rsquo;homme. C&rsquo;est un besoin immense chez tout homme qu&rsquo;il s&rsquo;agit de d&eacute;velopper&nbsp;&raquo; dit alors Billetdoux &nbsp;&agrave; Lucien Attoun&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>. Chacun, de l&rsquo;auteur au public, est donc invit&eacute; &agrave; &laquo;&nbsp;jouer sa partie&nbsp;&raquo; dans le d&eacute;roulement d&rsquo;un spectacle al&eacute;atoire&nbsp;: les sept monologues, &agrave; choisir parmi neuf&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>, de dur&eacute;e-papier diff&eacute;rente, sont faits pour &ecirc;tre dits simultan&eacute;ment, au rythme d&eacute;cid&eacute; par le metteur en sc&egrave;ne mais aussi par les com&eacute;diens. Pour &eacute;viter la cacophonie, chaque com&eacute;dien, tel un instrument, doit s&rsquo;accorder aux autres dans un entrelacs concertant, tous les personnages jouant une m&ecirc;me &laquo;&nbsp;petite m&eacute;lodie&nbsp;&raquo; qui est celle de la &laquo;&nbsp;petite esp&eacute;rance&nbsp;&raquo;. Mais libre aussi au public, dit l&rsquo;auteur dans un entretien in&eacute;dit donn&eacute; avant la cr&eacute;ation, de n&rsquo;&eacute;couter qu&rsquo;un des personnages, ou deux, ou trois.</p> <h3><strong>2.4.&nbsp;</strong><em>7 + Quoi&nbsp;?&nbsp;</em>ou la cr&eacute;ation du monde</h3> <p>On imagine bien le risque qu&rsquo;il y a &agrave; faire jouer ainsi sept personnages et de fait, l&rsquo;exp&eacute;rience a d&rsquo;abord &eacute;t&eacute; tent&eacute;e avec trois monologues en juillet 1968 au Festival de Spol&egrave;te (Italie), sous le titre&nbsp;<em>Je n&rsquo;&eacute;tais pas chez moi&nbsp;</em>:&nbsp;<em>L&eacute;onore, Anatolie, Julie Mad</em>. Elle a &eacute;t&eacute; reprise avec les m&ecirc;mes textes, sous le titre&nbsp;<em>Femmes parall&egrave;les</em>, en septembre 1968 au Th&eacute;&acirc;tre du Gymnase dans un montage de Michel Cacoyannis, en novembre 1970 &agrave; la Com&eacute;die-Fran&ccedil;aise dans un montage de Jean-Pierre Miquel. L&rsquo;ann&eacute;e suivante, trois autres monologues ont &eacute;t&eacute; mix&eacute;s &agrave; la radio, sous le titre&nbsp;<em>Niania la nuit</em>&nbsp;:&nbsp;<em>Bagage, Gnagna, Machin-tout-court&nbsp;</em><a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>.&nbsp;<em>Pilaf</em>, de son c&ocirc;t&eacute;, a fait l&rsquo;objet d&rsquo;une version radiophonique, incluant un monologue de femme, en 1971, pour l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<em>Combien as-tu d&rsquo;oreilles&nbsp;?&nbsp;</em><a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a><em>,</em>&nbsp;version pr&eacute;sent&eacute;e comme &oelig;uvre autonome au concours du Prix Italia 1972.</p> <p>Mais le chiffre sept a pour Billetdoux son importance&nbsp;: il renvoie ici, semble-t-il, aux sept jours de la cr&eacute;ation du monde. Les sept personnages, tous tr&egrave;s contrast&eacute;s, certains typiques d&rsquo;autres excentriques, repr&eacute;sentent le monde en r&eacute;duction, chacun de nous, non pas seul avec soi-m&ecirc;me mais proche des autres du fait qu&rsquo;il partage avec eux une m&ecirc;me humaine condition, r&eacute;sum&eacute;e dans l&rsquo;avertissement de 1996 par les mots &laquo;&nbsp;douleur&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;esp&eacute;rance&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>. &nbsp;Le &laquo;&nbsp;jeu&nbsp;&raquo; dramatique consiste donc &agrave; rejouer la cr&eacute;ation du monde, un monde malheureusement bien nocturne (tous les monologue ont lieu la nuit)&nbsp;et bien imparfait&nbsp;; d&rsquo;o&ugrave; le titre initial de&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em>&nbsp;qui pose la question d&rsquo;un compl&eacute;ment, d&rsquo;un plus dans l&rsquo;ordre du &laquo;&nbsp;quoi&nbsp;&raquo;, non du combien, c&rsquo;est-&agrave;-dire dans l&rsquo;ordre du contenu. Peu importe en effet le nombre de personnages, d&rsquo;instruments, puisque tous jouent la m&ecirc;me &laquo;&nbsp;m&eacute;lodie&nbsp;&raquo;&nbsp;: la question est plut&ocirc;t de savoir ce qui peut advenir au fond de chaque spectateur &agrave; l&rsquo;&eacute;coute de ces &laquo;&nbsp;prochain[s] plus douloureux que soi-m&ecirc;me, et si proche[s], appelant&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>&nbsp;&raquo;. Le jeu, &eacute;crit Billetdoux, &laquo;&nbsp;devrait favoriser des tensions et des intensit&eacute;s &eacute;tranges, mais &eacute;videntes au fond de nous&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un jeu &eacute;minemment &laquo;&nbsp;politique&nbsp;&raquo; malgr&eacute; les apparences, au sens o&ugrave; ces monologues et soliloques concertants invitent chaque spectateur &agrave; r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;&laquo;&nbsp;appel&nbsp;&raquo; d&rsquo;un prochain, non d&rsquo;un &eacute;tranger, qui est celui de sa condition humaine, faite &agrave; la fois de douleur d&rsquo;&ecirc;tre et d&rsquo;esp&eacute;rance.</p> <h3><em>2.5. Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em>&nbsp;ou l&rsquo;amour du &laquo;&nbsp;voisin&nbsp;&raquo;</h3> <p>Dans&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em>&nbsp;aussi, dont l&rsquo;histoire commence un soir et se termine &agrave; l&rsquo;aube suivante par la mort du vieil horloger Emmanuel, tout se passe la nuit, et en grande partie dans le noir. Un vieil homme seul dans un appartement perdu au septi&egrave;me &eacute;tage d&rsquo;un grand ensemble&nbsp;; une femme seule dans l&rsquo;appartement voisin, une artiste slave, qu&rsquo;un accident cloue au lit depuis trois semaines&nbsp;; deux solitudes dans ce grand ensemble anonyme&hellip; Mais comme dans&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em>&nbsp;cette &laquo;&nbsp;couleur nocturne&nbsp;&raquo; que Billetdoux demande de garder dans la version sc&eacute;nique cr&eacute;&eacute;e dix ans plus tard par Roger Blin&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>, et qui nous parle de la condition humaine, n&rsquo;emp&ecirc;che pas d&rsquo;entendre, en laissant les personnages suivre leurs cours, s&rsquo;&eacute;lever la m&eacute;lodie de l&rsquo;esp&eacute;rance. Poursuivant dans sa conviction que &laquo;&nbsp;notre t&ecirc;te est un nid d&rsquo;oiseaux&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;, que l&rsquo;existence humaine est model&eacute;e par le son plus que par l&rsquo;image, par l&rsquo;oreille plus que par l&rsquo;&oelig;il, le pari de Billetdoux, qui&nbsp; &eacute;crit ici sa premi&egrave;re composition st&eacute;r&eacute;ophonique (suivra&nbsp;<em>Niania la nuit</em>), est d&rsquo;entra&icirc;ner l&rsquo;auditeur &agrave; devenir tout oreille. Le sous-titre de l&rsquo;&oelig;uvre, indique d&rsquo;embl&eacute;e ici son ambition musicale et lyrique&nbsp;: c&rsquo;est un &laquo;&nbsp;oratorio&nbsp;&raquo;, qui demande donc &agrave; l&rsquo;auditeur &laquo;&nbsp;une attention analogue &agrave; celle que n&eacute;cessite une &oelig;uvre musicale,&nbsp; o&ugrave; la succession des tensions et l&rsquo;architecture mouvante du th&egrave;me et des motifs importent davantage que le d&eacute;veloppement lin&eacute;aire du discours&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>.&nbsp;&raquo; En effet&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Le plus important n&rsquo;est pas ce qu&rsquo;on dit, le sens litt&eacute;ral ne repr&eacute;sentant que la partie faible dans les trois valeurs par lesquelles se fonde&nbsp;<em>la pr&eacute;sence d&rsquo;une voix juste</em>. D&rsquo;abord joue la musique des mots dans leur prof&eacute;ration, secondement l&rsquo;expression la plus profonde qui est celle des symboles&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>.</p> </blockquote> <p><em>&nbsp;</em><em>Combien as-tu d&rsquo;oreilles&nbsp;?</em>, titre de l&rsquo;&eacute;mission encadrant la premi&egrave;re diffusion de l&rsquo;&oelig;uvre, est aussi une interpellation &agrave; retrouver &laquo;&nbsp;le go&ucirc;t de soigner l&rsquo;oreille fabuleuse que nous sommes&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>&nbsp;&raquo;. Le choix du m&eacute;dium radiophonique pour cette &oelig;uvre et la &laquo;&nbsp;monstruosit&eacute;&nbsp;&raquo; du personnage principal vont dans ce sens&nbsp;: &laquo;&nbsp;La bosse du vieil horloger Emmanuel est invisible. Mais il a cependant un vice de conformation au regard de la soci&eacute;t&eacute; urbaine d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;: il &eacute;coute, il est tout-oreille&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>.&nbsp;&raquo; Comme le disait d&eacute;j&agrave; le po&egrave;te et homme de radio Carlos Larronde dans les ann&eacute;es Trente, la radio ne fait pas de nous des aveugles, mais des surauditifs, comme l&rsquo;est dans l&rsquo;&oelig;uvre Emmanuel, dont la bosse n&rsquo;est pas celle qu&rsquo;on imagine.</p> <p>Et c&rsquo;est cette extr&ecirc;me sensibilit&eacute; du personnage aux sons qui l&rsquo;environnent qui va le conduire, en suivant son cours, &agrave; &eacute;couter du dedans les g&eacute;missements de sa voisine Enrika M&eacute;thode (s&eacute;quences 1, 2, 3, 6, 7, 14), &agrave; y sentir le mal de solitude dont elle souffre, &agrave; devenir &laquo;&nbsp;amoureux par l&rsquo;oreille&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>&nbsp;&raquo; de cette &laquo;&nbsp;&acirc;me s&oelig;ur&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>&nbsp;&raquo;, jusqu&rsquo;&agrave; entrer avec elle &agrave; la fin de l&rsquo;&oelig;uvre dans de v&eacute;ritables &laquo;&nbsp;noces&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>&nbsp;&raquo; vocales, par-del&agrave; la cloison de leur deux appartements.</p> <p>Si &laquo;&nbsp;l&rsquo;expression la plus profonde&nbsp;&raquo; est &laquo;&nbsp;celle des symboles&nbsp;&raquo;, sans doute se d&eacute;voile-t-il dans ces noces des deux personnages, dont une note assez ratur&eacute;e de Billetdoux laisse entendre qu&rsquo;ils repr&eacute;sentent un homme et son &acirc;me&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&hellip; faire valoir l&rsquo;essentiel&nbsp;: [une sorte de] dialogue entre [un homme et son &acirc;me] / les deux personnages principaux</p> <p>[&hellip;]</p> <p>[L&rsquo;&acirc;me &ndash; repr&eacute;sent&eacute;e par Madame M&eacute;thode] / La femme &ndash; Madame M&eacute;thode &ndash; / [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a></p> </blockquote> <p>La &laquo;&nbsp;musique&nbsp;&raquo; d&rsquo;Enrika, ou l&rsquo;ouverture &agrave; l&rsquo;amour du &laquo;&nbsp;voisin&nbsp;&raquo; (du prochain) comme cl&eacute; de l&rsquo;existence humaine.&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?</em>&nbsp;comme variation, aussi sur la parabole claud&eacute;lienne du couple Animus et Anima, ce dr&ocirc;le de m&eacute;nage de l&rsquo;esprit et de l&rsquo;&acirc;me&nbsp;?&nbsp;Animus, un jour, surprend Anima &laquo;&nbsp;qui chantait toute seule, derri&egrave;re la porte ferm&eacute;e&nbsp;: une curieuse chanson, quelque chose qu&rsquo;il ne connaissait pas, pas moyen de trouver les notes ou les paroles ou la clef&nbsp;; une &eacute;trange et merveilleuse chanson&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>.&nbsp;&raquo; De m&ecirc;me l&rsquo;horloger hypersensible aux bruits de ses voisins, irrit&eacute; par la pollution sonore du monde moderne, trouve le chemin de son &acirc;me, en &eacute;coutant &laquo;&nbsp;du dedans&nbsp;&raquo; les g&eacute;missements de sa voisine Enrika M&eacute;thode (&laquo;&nbsp;methodos&nbsp;&raquo;&nbsp;: recherche d&rsquo;une voie, d&rsquo;un chemin), &laquo;&nbsp;&eacute;trange et merveilleuse chanson&nbsp;&raquo; qui lib&egrave;re en lui, dit aussi Billetdoux, &laquo;&nbsp;un immense amour&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>C&rsquo;est une bien belle musique que l&rsquo;auteur de<em>&nbsp;Comment va le monde M&ocirc;ssieu&nbsp;? Il tourne M&ocirc;ssieu&nbsp;!&nbsp;</em>d&eacute;sire faire entendre, dans cette &oelig;uvre comme en r&eacute;alit&eacute; dans toute son &oelig;uvre, &agrave; ceux qui ont des oreilles pour entendre.</p> <h2>Documents<br /> &nbsp;</h2> <h3>1. Deux monologues &agrave; dire de Billetdoux</h3> <p>Monologues &laquo;&nbsp;L&rsquo;Autodidacte&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;La b&ecirc;te&nbsp;&raquo;. Transcription (partielle pour le premier) d&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;enregistrement de 1952 au cabaret Milord l&rsquo;Arsouille, repris dans un&nbsp;disque 45 t. Philips,&nbsp;1961&nbsp;(BnF, cote&nbsp;NUMAUD- 8829607).</p> <h4><strong>1.1<em>&nbsp;L&rsquo;Autodidacte</em></strong></h4> <p>Ce n&rsquo;est pas parce que je ne suis pas all&eacute; dans les &eacute;coles que je ne suis pas intelligent. Je dirai m&ecirc;me que c&rsquo;est parce que je suis intelligent, que &ccedil;a ne m&rsquo;a pas g&ecirc;n&eacute; d&rsquo;aller dans les &eacute;coles. Vous voyez je pense&nbsp;! Au d&eacute;but je n&rsquo;osais pas. M&ecirc;me dans mon for int&eacute;rieur, je faisais des citations plut&ocirc;t&nbsp;! Mais maintenant, je pense par moi-m&ecirc;me et tout haut, sans texte pr&eacute;par&eacute; ni rien, en quelque sorte / j&rsquo;improvise de la pens&eacute;e&nbsp;! C&rsquo;est que, tel que vous me voyez je me suis fait moi-m&ecirc;me, &agrave; la force du poignet, et remarquez bien que je n&rsquo;ai m&ecirc;me pas eu &agrave; suivre les cours du soir&nbsp;: la pratique, l&rsquo;exp&eacute;rience, ont voulu que petit &agrave; petit [<em>prononc&eacute; peti &agrave; peti</em>]&nbsp;<em>(rires)</em>, je connaisse les choses depuis le bas de l&rsquo;&eacute;chelle comme qui dirait en les touchant du doigt&nbsp;<em>(rires)</em>. Par la suite, j&rsquo;ai potass&eacute; dans des manuels jusqu&rsquo;&agrave; des 10 et 11 heures du soir (<em>rires)</em>&nbsp;Puis j&rsquo;ai pris sur moi de me rendre &agrave; des conf&eacute;rences, me for&ccedil;ant &agrave; &eacute;couter, m&ecirc;me si je ne comprenais pas&nbsp;<em>(rires)</em>&nbsp;ou si j&rsquo;avais sommeil&nbsp;<em>(rires)</em>&nbsp;[&hellip;] Ce que l&rsquo;avenir me r&eacute;serve je l&rsquo;ignore encore&hellip; Cependant / j&rsquo;&oelig;uvre tous les matins&nbsp;<em>(rires)</em>, avant de me rendre &agrave; mon labeur&nbsp;<em>(rires)</em>. C&rsquo;est ainsi que ce matin com<u>me</u>&nbsp;chaque jour j&rsquo;ai travaill&eacute; au dictionnaire, c&rsquo;est-&agrave;-dire que&nbsp;<em>primo</em>, je me rappel&eacute; ce que j&rsquo;avais appris la veille, &agrave; savoir / les termes vaurien&nbsp;<em>(rires un peu)</em>, vautour&nbsp;<em>(rires un peu)</em>, vautrer&nbsp;<em>(un peu)</em>, qui signifie&hellip; se rouler dans la boue&nbsp;<em>(rires)</em>, vavassal ou vavasseur&nbsp;<em>(rires un peu)</em>&nbsp;et veau petit de la vache&nbsp;!&nbsp;<em>Secundo</em>&nbsp;j&rsquo;ai poursuivi en &eacute;tudiant les d&eacute;finitions de&nbsp;: vedette, vectur, v&eacute;dique, mais surtout la s&eacute;rie v&eacute;g&eacute;tal, v&eacute;g&eacute;tarien, v&eacute;g&eacute;tation et v&eacute;g&eacute;ter, terme utilis&eacute; par les m&eacute;diocres&nbsp;<em>(rires)</em>.&nbsp;<em>Tertio</em>, j&rsquo;ai pr&eacute;vu que j&rsquo;irai demain jusqu&rsquo;&agrave; v&eacute;hicule, [&hellip;] Notons en passant que j&rsquo;exerce en outre ma diction&nbsp;! Brouette. Brouette&nbsp;<em>(rires)</em>. En effet un<u>e</u>&nbsp;bon<u>ne</u>&nbsp;diction, c&rsquo;est la moiti&eacute; de la pens&eacute;e&nbsp;<em>(rires)</em>. Tout le reste n&rsquo;est que vocabulaire&nbsp;<em>(rires fournis)</em>. Je termine en signalan<u>t</u>&nbsp;&agrave; votre attention que si j&rsquo;en suis arriv&eacute; o&ugrave; j&rsquo;en suis arriv&eacute;, c&rsquo;est gr&acirc;ce &agrave; un<u>e</u>&nbsp;pei<u>ne</u>&nbsp;acharn<u>&eacute;e</u>, prise &agrave; l&rsquo;abri des plaisirs qui d&eacute;t&eacute;riorent actuellement la plupart des couches de la soci&eacute;t&eacute;. [&hellip;] Je vous remercie de votre attention&nbsp;<em>(applaudissements)</em>.</p> <h4><strong>1.2<em>&nbsp;La b&ecirc;te</em></strong></h4> <p>Mon pote, dans la vie y&rsquo;a que deux probl&egrave;mes&nbsp;: avoir soif, et boire&nbsp;<em>(rires)</em>. Mon p&egrave;re i mangeait un hareng-saur tous les matins / pour avoir soif&nbsp;<em>(rires)</em>&nbsp;et il est mort d&rsquo;une cirrhose du foie&nbsp;<em>(rires)</em>&nbsp;&agrave; 102 ans&nbsp;<em>(rires)</em>. Alors moi je suis ses traces. Mais faut qu&rsquo;j&rsquo;vous dise&nbsp;: moi j&rsquo;suis brute comm&rsquo; tout. J&rsquo;ai peur de rien.&nbsp;<em>(ton bas)&nbsp;</em>Ni Dieu ni flics. Mais j&rsquo;ai peur de faire mal. Et quand j&rsquo;fas mal &ccedil;a m&rsquo;fait chialer. Et j&rsquo;aime pas chialer. Alors je bois&nbsp;<em>(rires)</em>. &Agrave; mon onzi&egrave;me verre je sais plus c&rsquo;que j&rsquo;fais alors &ccedil;a m&rsquo;&eacute;meut plus. Alors je cogne&nbsp;<em>(rires)</em>. Alors &ccedil;a m&rsquo;donne soif&nbsp;<em>(rires forts)</em>&nbsp;Alors je r&rsquo;bois&nbsp;!&nbsp;<em>(rires)</em>&nbsp;Et apr&egrave;s&nbsp;<em>(cri&eacute;)&nbsp;</em>je casse&nbsp;<em>(rires)</em>. N&rsquo;importe quoi&nbsp;! Comme une b&ecirc;te&nbsp;! Ou alors je bats les femmes&nbsp;! La mienne c&rsquo;est diff&eacute;rent&nbsp;<em>(rires)</em>. La mienne elle&nbsp;<em>(ton confident, r&ecirc;veur)</em>&nbsp;j&rsquo;l&rsquo;emm&egrave;ne &agrave; la campagne. Pr&egrave;s d&rsquo;une rivi&egrave;re. L&agrave; ousque y a des moustiques (<em>ooh&hellip;</em>) Et j&rsquo;en profite pour lui fout&rsquo; des gifles&nbsp;!&nbsp;<em>(rires)</em>&nbsp;<em>(cri&eacute;)</em>&nbsp;&agrave; jeun&nbsp;!&nbsp;<em>(rires</em>,<em>&nbsp;homme plut&ocirc;t)</em>. Comme &ccedil;a elle tait sa gueule&nbsp;<em>(rires)</em>. Sinon on la baffe&nbsp;<em>(rires)</em>. Moi j&rsquo;suis un primitif&nbsp;<em>(rires)</em>. Faut qu&rsquo;je vive comme une b&ecirc;te&nbsp;! Mais c&rsquo;est pas facile tous les jours. J&rsquo;ai la soci&eacute;t&eacute; contre moi&nbsp;!&nbsp;<em>(rires)</em>&nbsp;Elle pige rien &agrave; rien la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;! Elle con&ccedil;oit pas&nbsp;<em>(vocif&eacute;r&eacute;)</em>&nbsp;qu&rsquo;y a des gens i faut qu&rsquo;i vivent comme des b&ecirc;tes&nbsp;!&nbsp;<em>(rires)</em>&nbsp;Mon Dieu j&rsquo;ai soif pas vous&nbsp;?&nbsp;<em>(rires et applaudissements)</em>.</p> <h3>2. Textes de Billetdoux &agrave; propos de&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu ?</em></h3> <h4>2.1. Pri&egrave;re d&rsquo;ins&eacute;rer</h4> <p><em>Texte manuscrit et dactylographi&eacute; avec note au crayon :&nbsp;&laquo;&nbsp;Document remis &agrave; M. Mercier le 29/5/80 /&nbsp;Pour pub&nbsp;&raquo;,&nbsp;BnF, Fonds Billetdoux, cote 4-COL-162 (250).</em></p> <p>Ai-je dit que je suis bossu ?</p> <p>Non. Ma bosse du vieil horloger Emmanuel est invisible. Mais il a cependant un vice de conformation au regard de la soci&eacute;t&eacute; urbaine d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;: il &eacute;coute, il est tout-oreille.</p> <p>Et voil&agrave; qu&rsquo;au septi&egrave;me &eacute;tage de l&rsquo;immeuble moderne qu&rsquo;il habite, dans une banlieue typique des grandes villes, il va jusqu&rsquo;&agrave; entendre un soir le sens &eacute;l&eacute;mentaire des g&eacute;missements d&rsquo;une &eacute;trang&egrave;re &agrave; peine aper&ccedil;ue, sa voisine qu&rsquo;il devine comme une &acirc;me s&oelig;ur derri&egrave;re la cloison fragile.</p> <p>&Agrave; vouloir lui porter secours, il donne naissance dans la nuit &agrave; un lamento inattendu&hellip;</p> <h4>2.2. Article</h4> <p><em>Pr&eacute;sentation de Fran&ccedil;ois Billetdoux &laquo;&nbsp;pour servir d&rsquo;introduction &agrave; son &oelig;uvre st&eacute;r&eacute;ophonique&nbsp;:&nbsp;</em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;?<em>&nbsp;[&hellip;] qui repr&eacute;senta l&rsquo;ORTF au Prix Italia 1970&nbsp;&raquo;,</em>&nbsp;Cahiers litt&eacute;raires de l&rsquo;ORTF<em>, n&deg;8, 15-30 janvier 1971, p. 3-4</em>.</p> <p>Dans la banlieue d&rsquo;une grande ville, au septi&egrave;me &eacute;tage d&rsquo;un immeuble neuf, deux appartements de part et d&rsquo;autre d&rsquo;une cloison fragile. &Agrave; gauche une femme bless&eacute;e dans un accident g&eacute;mit. &Agrave; droite, un vieil horloger tremble pour cette &eacute;trang&egrave;re.</p> <p>Il veille sur elle, de l&rsquo;oreille, nuit et jour, l&rsquo;invente, lui parle en lui-m&ecirc;me et se parle jusqu&rsquo;au plus aigu du c&oelig;ur. Ce soir, il croit pressentir qu&rsquo;elle &eacute;touffe de la plus secr&egrave;te douleur, celle qui vient de la solitude.</p> <p>&laquo;&nbsp;Fais quelque chose, Emmanuel&nbsp;&raquo;, se dit le vieil homme, comme on lui a dit souvent tout au long de sa vie, dans son enfance au loin, &agrave; travers les guerres, devant la m&eacute;diocrit&eacute; des choses. Et il ne sait pas pourquoi peu &agrave; peu s&rsquo;ouvre en lui le cri d&rsquo;un immense amour, &agrave; quoi fait r&eacute;ponse son &acirc;me s&oelig;ur, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; de la cloison, par une plainte de plus en plus haute, comme en des noces. Il meurt au petit jour.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>Cet ouvrage a &eacute;t&eacute; con&ccedil;u en marge d&rsquo;&eacute;tudes et de travaux de recherche, poursuivis parall&egrave;lement en diff&eacute;rents domaines d&rsquo;expression et dont l&rsquo;objet ne saurait &ecirc;tre d&eacute;fini en quelques lignes. Indiquons&nbsp;:</p> <p>Le&nbsp;<u>th&egrave;me</u>&nbsp;&eacute;voque un probl&egrave;me dont les donn&eacute;es sont encore peu ou mal inventori&eacute;es&nbsp;: la pollution atmosph&eacute;rique par les mati&egrave;res et les effets d&rsquo;ordre sonore.</p> <p>Le choix d&rsquo;un tel th&egrave;me a &eacute;t&eacute; fait &agrave; titre d&rsquo;exercice, en vue en fonction des pr&eacute;occupations proprement actuelles concernant &laquo;&nbsp;le milieu urbain&nbsp;&raquo;.</p> <p>Le&nbsp;<u>traitement</u>&nbsp;s&rsquo;inscrit dans la lign&eacute;e d&rsquo;une s&eacute;rie d&rsquo;essais portant sur le monologue consid&eacute;r&eacute; en tant que forme &eacute;l&eacute;mentaire de ce qu&rsquo;il est convenu de nommer &laquo;&nbsp;situation dramatique&nbsp;&raquo;, au-del&agrave; des notions de conflit et d&rsquo;intrigue.</p> <p>En outre, il a &eacute;t&eacute; tent&eacute; ici d&rsquo;&eacute;tablir un rapport autre que celui du dialogue et du duo, entre l&rsquo;expression parl&eacute;e et l&rsquo;expression chant&eacute;e, ce genre de rapports ouvrant de nouvelles possibilit&eacute;s au langage lyrique.</p> <p>Il a &eacute;t&eacute; demand&eacute; &agrave; l&rsquo;artiste du chant, par improvisations concert&eacute;es, de maintenir ses variations au-del&agrave; du cri mais en de&ccedil;&agrave; du chant, en sorte de mettre en valeur les &laquo;&nbsp;passages&nbsp;&raquo; de l&rsquo;un &agrave; l&rsquo;autre.</p> <p>La&nbsp;<u>composition</u>&nbsp;de l&rsquo;ensemble est de nature musicale. Pour l&rsquo;&eacute;quilibre, un &laquo;&nbsp;graphisme sonore&nbsp;&raquo; a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute; &agrave; partir d&rsquo;une guitare &eacute;lectrique, fond&eacute; notamment sur des trajectoires et des &laquo;&nbsp;taches&nbsp;&raquo; de diverses couleurs, permettant de signaler l&rsquo;environnement par &eacute;pure, de prolonger la r&eacute;sonance des motifs et de rendre sensibles les affinit&eacute;s de th&egrave;me avec l&rsquo;espace.</p> <p>Le&nbsp;<u>propos</u>&nbsp;g&eacute;n&eacute;ral tend &agrave; pr&eacute;parer l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une &laquo;&nbsp;partition dramatique&nbsp;&raquo;, r&eacute;unissant les &eacute;l&eacute;ments disparates qui peuvent entrer dans la constitution d&rsquo;une &eacute;criture sp&eacute;cifiquement radiophonique.</p> <p>Enfin, les moyens propres &agrave; la&nbsp;<u>st&eacute;r&eacute;ophonie</u>&nbsp;ont &eacute;t&eacute; utilis&eacute;s jusqu&rsquo;aux termes actuels des plus r&eacute;centes exp&eacute;rimentations quant &agrave; l&rsquo;ouverture et &agrave; la profondeur du champ sonore, les inscriptions ponctuelles, l&rsquo;usage du gros plan et les d&eacute;placements.</p> <p>&nbsp; <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> </p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;<em>Monologues</em>, Arles, Actes-Sud &ndash; Papiers, 1996. R&eacute;impression en 2015.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;F. Billetdoux, &laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;touffe au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, entretien avec Lucien Attoun,&nbsp;<em>Les Nouvelles litt&eacute;raires</em>, 6 f&eacute;vrier 1969, p.&nbsp;1. L&rsquo;entretien pr&eacute;sente aussi ce &laquo;&nbsp;jeu th&eacute;&acirc;tral&nbsp;&raquo; comme &laquo;&nbsp;le premier Exercice d&rsquo;une s&eacute;rie d&rsquo;&Eacute;tudes sc&eacute;niques &agrave; caract&egrave;re exp&eacute;rimental&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Spectacle annonc&eacute; dans&nbsp;<em>Le Figaro</em>&nbsp;du 17 septembre 1968. &laquo;&nbsp;Sept personnages, plac&eacute;s devant sept portes, symbolisant sept lieux diff&eacute;rents, n&rsquo;ont aucun rapport entre eux soliloquent et se d&eacute;battent chacun dans une situation dramatique particuli&egrave;re. Le spectateur est libre de choisir, d&rsquo;&eacute;couter l&rsquo;un ou l&rsquo;autre personnage, sans se pr&eacute;occuper de son voisin, comme dans la vie&nbsp;&raquo; (Genevi&egrave;ve Latour, &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Billetdoux&nbsp;&raquo;, en ligne&nbsp;<a href="http://www.regietheatrale.com/index/index/thematiques/auteurs/Billetdoux/francois-billetdoux-5.html">ici</a>).</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;F. Billetdoux, &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai &eacute;crit ma derni&egrave;re pi&egrave;ce&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les Nouvelles litt&eacute;raires</em>, 17 ao&ucirc;t 1967.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Witold Wołowski, &laquo;&nbsp;Soliloque, quasi-monologue, monologue&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Roczniki Humanistyczne</em>, LIII, z.&nbsp;5, 2005, p.&nbsp;81-104.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Ils virent au monologue &agrave; la fin.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Sept plus moi&nbsp;&raquo;, dactylographie corrig&eacute;e par l&rsquo;auteur d&rsquo;un entretien de 1968 avec Lucien Attoun initialement destin&eacute; &agrave; accompagner le retour de Billetdoux &agrave; la sc&egrave;ne, avec&nbsp;<em>7 + Quoi&nbsp;?</em>, un an apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;chec de&nbsp;<em>Silence&nbsp;! L&rsquo;Arbre remue encore&hellip;</em>&nbsp;au XXe Festival d&rsquo;Avignon, BnF, D&eacute;partement des Arts du Spectacle, Fonds Billetdoux, 4-COL-162 (651). L&rsquo;entretien est publi&eacute; dans&nbsp;<em>Les Nouvelles litt&eacute;raires</em>, sous une forme abr&eacute;g&eacute;e et tr&egrave;s remani&eacute;e, sous le titre d&eacute;j&agrave; cit&eacute; &laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;touffe au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;. Le Fonds Billetdoux conserve aussi le manuscrit d&rsquo;un premier jet de l&rsquo;entretien et sa mise au net dactylographi&eacute;e.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Entretien avec Agathe Mella, ancienne directrice de France-Inter puis de France-Culture,&nbsp;<em>Cahiers d&rsquo;Histoire de la Radiodiffusion</em>, n&deg;32, mars 1992, p. 56-72. Repris dans Pierre-Marie H&eacute;ron (dir.),&nbsp;<em>Les &eacute;crivains hommes de radio (1940-1970)</em>. Montpellier, Publications de Montpellier III, 2001.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;BnF, Fonds Billetdoux, Recueil de coupures de presse 1946-juin 1957, cote 4-COL-162 (818), article s.l. de 1946 sign&eacute; J.B. Dans une interview de 1946 &agrave; Jean Espagnac conserv&eacute;e dans le m&ecirc;me recueil, Jean Tardieu fait l&rsquo;&eacute;loge du jeune homme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les vari&eacute;t&eacute;s&nbsp;? Eh bien, c&rsquo;est le m&eacute;rite de Fran&ccedil;ois Billetdoux de les avoir fait sortir de la vulgarit&eacute; et de la simple chansonnette. L&rsquo;essentiel de son effort est compris dans les&nbsp;<em>Anes rouges</em>. Po&eacute;sie, parodie, satire, il y a de tout cela dans son &eacute;mission.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Gis&egrave;le Martini, &laquo;&nbsp;Pot-pourri de spectacles &agrave; la Rose rouge&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Combat</em>, juillet 1953 (Fonds Billetdoux, Recueil de coupures de presse 1946-juin 1957,&nbsp;<em>loc. cit.</em>).</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;S.&nbsp;n., &laquo;&nbsp;Petite suite en r&eacute;. Michel de R&eacute; au Club de Paris&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Arts</em>, janvier 1954 (Fonds Billetdoux, Recueil de coupures de presse 1946-juin 1957,&nbsp;<em>loc. cit.</em>).</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;C. M&eacute;gret, &laquo;&nbsp;Les Vari&eacute;t&eacute;s&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Carrefour</em>, d&eacute;cembre 1952 (Fonds Billetdoux, Recueil de coupures de presse 1946-juin 1957,&nbsp;<em>loc. cit.</em>).</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;<em>Monologues pour rire</em>. Face 1&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le bon p&egrave;re&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Elle est pas belle la vie&nbsp;?&nbsp;&raquo;. Face 2&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;autodidacte&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;La b&ecirc;te&nbsp;&raquo;. Enregistrement public chez Milord l&rsquo;Arsouille. Le dossier &laquo;&nbsp;Monologues pour rire&nbsp;&raquo; conserv&eacute; au Fonds Billetdoux de la BnF, cote 4-COL-162 (678), contient le texte de quelques autres sketches.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Remarquons &agrave; ce stade que Billetdoux &eacute;crit aussi dans les ann&eacute;es Cinquante quelques sketches dialogu&eacute;s (<em>Op&eacute;ra biographique</em>,&nbsp;<em>&Agrave; la chasse comme &agrave; la chass</em>e&hellip;).</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;P. D., &laquo;&nbsp;Les liaisons de M. Billetdoux&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Le Monde</em>, ao&ucirc;t 1954 (Fonds Billetdoux, Recueil de coupures de presse 1946-juin 1957,&nbsp;<em>loc. cit.</em>).</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ois Billetdoux nous parle de ses &eacute;missions&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>La Semaine radiophonique</em>&nbsp;en octobre 1954. &laquo;&nbsp;En dehors de ce travail de radio&nbsp;&raquo;, ajoute l&rsquo;auteur, je m&rsquo;&eacute;parpille en diverses activit&eacute;s, je pr&eacute;sente un num&eacute;ro de cabaret, j&rsquo;&eacute;cris quelques chansons, et naturellement, je couve des projets&hellip; Et quels projets&nbsp;: une com&eacute;die musicale avec Jean Wiener, et un roman, un vrai roman s&eacute;rieux pour La Table ronde &raquo; (Fonds Billetdoux, Recueil de coupures de presse 1946-juin 1957,&nbsp;<em>loc. cit.</em>).</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Oc&eacute;an du th&eacute;&acirc;tre</em>, s&eacute;rie diffus&eacute;e en 1972 (voir&nbsp;<em>infra</em>), Billetdoux &eacute;claire aussi les racines psychologiques de son go&ucirc;t pour ce genre de monologue&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] je manquais de racines et par jeux radiophoniques je pus me faire la preuve que j&rsquo;avais plusieurs &ldquo;voix&rdquo;&hellip; Ces personnages, je pus aussi les &eacute;prouver au cabaret&nbsp;&raquo; (BnF, Fonds Billetdoux, 4-COL-178 (573-576), sixi&egrave;me &eacute;mission).</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Billetdoux, au Club d&rsquo;Essai, a fait travailler un Roland Dubillard (Am&eacute;d&eacute;e), plus tard un Jacques Dufilho.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>La Foire Saint-Germain</em>, on sent qu&rsquo;il s&rsquo;agit de spectacle en public, mais la gaiet&eacute; entra&icirc;nante de l&rsquo;ensemble emporte le morceau.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Avant-Sc&egrave;ne</em>, n&deg;193, 15 mars 1959, p.&nbsp;25. Pi&egrave;ce polici&egrave;re &agrave; deux personnages &eacute;crite pour l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<em>Grand prix de Paris</em>, anim&eacute;e par Pierre Cour.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;<em>Ibidem</em>.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Entretien avec Agathe Mella,&nbsp;<em>op. cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Billetdoux,&nbsp;<em>Oc&eacute;an du th&eacute;&acirc;tre</em>.&nbsp;<em>Douze et une &eacute;missions radio</em>, avec la collaboration d&rsquo;Odette Aslan, France-Culture, s&eacute;rie&nbsp;<em>Les Chemins de la Connaissance</em>, &agrave; partir du 4 mars 1972, sixi&egrave;me &eacute;mission, &laquo;&nbsp;La parole donn&eacute;e&nbsp;&raquo;. Texte complet de la s&eacute;rie au Fonds Billetdoux de la BnF, 4-COL-178 (573-576).</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Billetdoux,&nbsp;<em>Oc&eacute;an du th&eacute;&acirc;tre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., neuvi&egrave;me &eacute;mission, &laquo;&nbsp;La tentation de l&rsquo;essentiel&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;V. &laquo;&nbsp;D&eacute;but d&rsquo;enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo;, l&rsquo;avant-propos &eacute;crit par l&rsquo;auteur en 1986 pour la r&eacute;&eacute;dition de la pi&egrave;ce chez Actes Sud, dans le volume&nbsp;<em>Petits drames comiques</em>.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu&nbsp;</em>? les deux voix d&rsquo;Emmanuel, &laquo;&nbsp;l&rsquo;une dite r&eacute;elle, en situation&nbsp;; l&rsquo;autre dite int&eacute;rieure, quasi monophonique, marginale&nbsp;&raquo;, ont toutes les deux &laquo;&nbsp;un caract&egrave;re confidentiel, sauf &agrave; la fin o&ugrave; celle dite r&eacute;elle s&rsquo;&eacute;panouit&nbsp;&raquo; (note liminaire,&nbsp;<em>Monologues</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;79).</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Une id&eacute;e dont Michel Polac a fait une &eacute;mission fameuse et durable des ann&eacute;es Cinquante&nbsp;:&nbsp;<em>Lecture &agrave; une voix</em>. Billetdoux y sera deux fois l&rsquo;unique lecteur de ses pi&egrave;ces, en 1965 (<em>Le Comportement des &eacute;poux Bredburry</em>)&nbsp;; en 1968 (larges extraits de&nbsp;<em>Pour Finalie</em>).</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Witold Wołowski,&nbsp;<em>L&rsquo;adialogisme et la po&eacute;tisation du texte dramatique dans le th&eacute;&acirc;tre de Fran&ccedil;ois Billetdoux</em>, Lublin, TN KUL, 2005.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;L&rsquo;influence du cabaret est sensible dans&nbsp;<em>Comment va le monde M&ocirc;ssieu&nbsp;? Il tourne M&ocirc;ssieu&nbsp;!&nbsp;</em>avec l&rsquo;emploi des chansons, qui sont des monologues, mais pas dans les monologues parl&eacute;s.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;V. dans ce dossier l&rsquo;article de Jean Bardet&nbsp; sur &laquo;&nbsp;Le go&ucirc;t de l&rsquo;exp&eacute;rimentation sonore dans&nbsp;<em>Il faut passer par les nuages</em>&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;L&rsquo;esprit du cabaret, o&ugrave; le spectacle allie musique (chanson) et th&eacute;&acirc;tre (sketch), impr&egrave;gne profond&eacute;ment la structure des pi&egrave;ces ult&eacute;rieures de Billetdoux, comme elle oriente toutes ses &laquo;&nbsp;&eacute;tudes&nbsp;&raquo;, sc&eacute;niques ou radiophoniques, sous des mod&egrave;les musicaux vari&eacute;s.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;F. Billetdoux, &laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;touffe au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, entretien avec Lucien Attoun, dactylographie du premier jet,&nbsp;<em>op. cit.</em>,</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;En ne bruitant presque aucun des sons et mouvements du personnage indiqu&eacute;s ou sugg&eacute;r&eacute;s dans les didascalies, la version radiophonique de&nbsp;<em>Pilaf</em>, sous-titr&eacute;e &laquo;&nbsp;po&egrave;me dramatique&nbsp;&raquo; et r&eacute;alis&eacute;e par l&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me (in&nbsp;<em>Combien as-tu d&rsquo;oreilles&nbsp;?</em>, France Culture, ACR, 17 janvier 1971, dur&eacute;e 22 mn 50),&nbsp;donne plus d&rsquo;importance encore au langage du personnage, tout en l&rsquo;englobant dans un ensemble qui le musicalise et l&rsquo;&eacute;loigne plus encore&nbsp;du genre &laquo;&nbsp;sketch&nbsp;&raquo;. Elle ajoute en effet &agrave; la version sc&eacute;nique une voix de femme, &laquo;&nbsp;la femme qui attend&nbsp;&raquo;, d&eacute;doubl&eacute;e en voix parl&eacute;e (Andromaque Tsoucalas) et voix chant&eacute;e (Josette Aristarque), et des interventions &agrave; la guitare (S&eacute;bastien Maroto)&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] &eacute;coutez-bien&nbsp;&raquo;, dit Billetdoux en introduisant l&rsquo;&oelig;uvre dans&nbsp;<em>Combien as-tu d&rsquo;oreilles&nbsp;?</em>, &laquo;&nbsp;comment la musique donne un sens aussi bien par le chant ou par la guitare que l&rsquo;information transmise &agrave; travers un langage apatride&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;F. Billetdoux, &laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;touffe au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, entretien avec Lucien Attoun, dactylographie du premier jet,&nbsp;<em>op. cit.</em>, f.&nbsp;8.</p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;F.&nbsp;Billetdoux, &laquo;&nbsp;D&eacute;but d&rsquo;enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo;, in&nbsp;<em>Petits drames comique</em>s, Arles, Actes Sud &ndash; Papiers, 1987 (pr&eacute;face de 1986 &agrave; la r&eacute;&eacute;dition de&nbsp;<em>&Agrave; la nuit la nuit</em>).</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp;F. Billetdoux,&nbsp;<em>Monologues</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>.</p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;F. Billetdoux, &laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;touffe au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, entretien avec Lucien Attoun, dactylographie du premier jet,&nbsp;<em>op. cit.</em>, f.&nbsp;7. La version publi&eacute;e donne&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] j&rsquo;en suis arriv&eacute; &agrave; croire que le moment est venu &ndash; peut-&ecirc;tre particuli&egrave;rement en France &ndash; pour que commence &agrave; &ecirc;tre possiblement r&eacute;alisable ce qu&rsquo;annon&ccedil;ait Lautr&eacute;amont&nbsp;: &ldquo;La po&eacute;sie faite par tous et pour tous.&rdquo; Assur&eacute;ment c&rsquo;est l&agrave; une vision id&eacute;aliste, mais lorsqu&rsquo;on &eacute;touffe, il n&rsquo;y a plus le choix. Pour ma part, j&rsquo;&eacute;touffe et il me para&icirc;t que l&rsquo;art est devenu le besoin primordial en Occident.&nbsp;&raquo; (<em>op. cit.</em>)</p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;Deux autres monologues,&nbsp;<em>Glocks</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Segond</em>, rest&eacute;s in&eacute;dits, devaient en effet permettre de varier encore un peu plus le jeu.</p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a>&nbsp;<em>Niania la nuit</em>, &laquo;&nbsp;&Eacute;tude de Fran&ccedil;ois Billetdoux&nbsp;&raquo;, r&eacute;al. st&eacute;r&eacute;ophonique de Georges Peyrou, France-Culture, 27 mars 1971, dans le cadre de la 10e Journ&eacute;e mondiale du th&eacute;&acirc;tre (prod.&nbsp;: Lucien Attoun et Georges Peyrou)<em>.&nbsp;</em>Dactylographie conserv&eacute;e au Fonds Billetdoux de la BnF et au Bureau des manuscrits de Radio France. Comme pour&nbsp;<em>Femmes parall&egrave;les</em>&nbsp;&agrave; la sc&egrave;ne, libert&eacute; est laiss&eacute;e au r&eacute;alisateur d&rsquo;orchestrer les interf&eacute;rences entre les trois soliloques ‒&nbsp;rebaptis&eacute;s &Eacute;l&eacute;ment X (<em>Gnagna</em>), &Eacute;l&eacute;ment Y (<em>Bagage</em>), &Eacute;l&eacute;ment Z (<em>Machin-tout-court</em>)&nbsp;‒, avec la contrainte suppl&eacute;mentaire d&rsquo;&eacute;viter toute superposition de voix, encore plus cacophonique pour une oreille seule qu&rsquo;au th&eacute;&acirc;tre.&nbsp; Notons que dans l&rsquo;&eacute;dition de&nbsp;<em>Monologues</em>, c&rsquo;est<em>&nbsp;Pilaf</em>&nbsp;et non&nbsp;<em>Machin-tout-court</em>&nbsp;qui est associ&eacute; &agrave;&nbsp;<em>Bagage&nbsp;</em>et&nbsp;<em>Gnagna</em>, dans une note &eacute;voquant&nbsp;&laquo;&nbsp;la composition de la pr&eacute;sentation sc&eacute;nique&nbsp;&raquo; (<em>op. cit.</em>, p.&nbsp;68).</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a>&nbsp;<em>op. cit.</em>.</p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a>&nbsp;On pointera dans cette Note liminaire l&rsquo;affleurement d&rsquo;un vocabulaire discr&egrave;tement religieux, avec l&rsquo;emploi du mot &laquo;&nbsp;prochain&nbsp;&raquo;&nbsp;et la mise entre guillemets de l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;petite esp&eacute;rance&nbsp;&raquo;, qui renvoie &agrave; Charles P&eacute;guy et par lui &agrave; un certain proph&eacute;tisme spirituel fran&ccedil;ais du XXe si&egrave;cle (<em>Le Porche du myst&egrave;re de la deuxi&egrave;me vertu</em>, 1912&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce qui m&rsquo;&eacute;tonne, dit Dieu, c&rsquo;est l&rsquo;esp&eacute;rance. / Et je n&rsquo;en reviens pas. / Cette petite esp&eacute;rance qui n&rsquo;a l&rsquo;air de rien du tout. / Cette petite fille esp&eacute;rance.&nbsp;&raquo;)</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a>&nbsp;Avis de l&rsquo;auteur en t&ecirc;te de&nbsp;<em>Monologues</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>.</p> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp;L&rsquo;&eacute;dition du texte chez Actes Sud &ndash; Papiers donne la version sc&eacute;nique, pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e d&rsquo;un&nbsp;Avis&nbsp;de l&rsquo;auteur &eacute;crit pour la cr&eacute;ation de la pi&egrave;ce.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Carte blanche &agrave;&hellip; Fran&ccedil;ois Billetdoux. En quoi la radiodiffusion a des rapports avec le son&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Micro et cam&eacute;ra</em>, n&deg;54, 1974, p.&nbsp;10.</p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a>&nbsp;Manuscrit de la 1<sup>&egrave;re</sup>&nbsp;version du texte ci-dessus, passage retir&eacute; de la version finale.</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a>&nbsp;<em>Id.</em>, p.&nbsp;9.</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.&nbsp; Le &laquo;&nbsp;prospectus&nbsp;&raquo; (pr&eacute;face parl&eacute;e) de&nbsp;<em>Combien as-tu d&rsquo;oreilles&nbsp;?</em>&nbsp;s&rsquo;ouvre sur ces mots&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ici, Fran&ccedil;ois Billetdoux / Ici, c&rsquo;est &agrave; quelques-uns que je parle. / &Agrave; ceux qui ont le d&eacute;sir d&rsquo;entendre et le besoin d&rsquo;&eacute;couter.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp;F.&nbsp;Billetdoux, texte manuscrit destin&eacute; &agrave; la publicit&eacute; de l&rsquo;&oelig;uvre, dat&eacute; du 29 mai 1980, BnF, Fonds Billetdoux, cote 4-COL-162 (250). Reproduit ci-apr&egrave;s dans la section &laquo;&nbsp;Documents&nbsp;&raquo;. Le titre de l&rsquo;&oelig;uvre est emprunt&eacute; au&nbsp;<em>Moulin de Pologne</em>&nbsp;de Giono&nbsp;: c&rsquo;est la question que pose le narrateur &agrave; son auditoire au milieu de son r&eacute;cit.</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a>&nbsp;<em>Monologues</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p.&nbsp;96.</p> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a>&nbsp;F. Billetdoux, texte de pr&eacute;sentation de l&rsquo;&oelig;uvre,&nbsp;<em>Cahiers litt&eacute;raires de l&rsquo;ORTF</em>, n&deg;8, 15-30 janvier 1971, p. 3-4. Reproduit ci-apr&egrave;s dans la section &laquo;&nbsp;Documents&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a>&nbsp;<em>Cahiers litt&eacute;raires de l&rsquo;ORTF</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>,</p> <p><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>Ai-je dit que je suis bossu ?</em>&nbsp;: oratorio en quelque sorte&nbsp;&raquo;, BnF, Fonds Billetdoux, cote COL-162 (251).</p> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;R&eacute;flexions et propositions sur le vers fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; (1925), repris dans&nbsp;<em>R&eacute;flexions sur la po&eacute;sie</em>, Gallimard, 1963, &laquo;&nbsp;Folio Essais&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a>&nbsp;<em>Cahiers litt&eacute;raires de l&rsquo;ORTF</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>,</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Auteur</h3> <p><strong>Pierre-Marie H&eacute;ron&nbsp;</strong>est professeur de Litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier et membre de l&rsquo;Institut universitaire de France.&nbsp;A notamment publi&eacute; des &eacute;tudes sur Genet (Gallimard, 2003), Jouhandeau (PU Limoges, 2009) et Cocteau (PUR, 2010).&nbsp;Sp&eacute;cialiste des relations entre les &eacute;crivains et la radio en France au XXe si&egrave;cle, il a dirig&eacute; plusieurs ouvrages sur le sujet. Derniers titres parus&nbsp;:&nbsp;<em>&Eacute;crivains au micro. Les entretiens-feuilletons &agrave; la radio fran&ccedil;aise dans les ann&eacute;es cinquante</em>&nbsp;(PUR, 2010);&nbsp;<em>Jean Cocteau. Pratiques du m&eacute;dia radiophonique&nbsp;</em>(co-dir. avec Serge Linar&egrave;s, Minard, 2013),&nbsp;<em>Les radios de Philippe Soupault</em>&nbsp;(dir., Komodo 21, 2015).</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>