<h3>Abstract</h3> <p>&ldquo;Autofiction often borders on black magic&rdquo;, states Chlo&eacute; Delaume in an interview with Barbara Havercroft. With this title, &ldquo;Chlo&eacute; with vampires&rdquo; which refers to the TV serial&nbsp;<em>Buffy the vampire slayer</em>&nbsp;and Delaume&rsquo;s book&nbsp;<em>By night I am Buffy Summers</em>, we intend to look for extra-literal basis in Delaume&rsquo;s work, as well as the performative trends in several of her books, as linked with death and her wish to provoke &ldquo;the reader&rsquo;s nausea&rdquo;.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>autofiction, magic, Delaume, vampire, intertextuality</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>Lorsque [l&rsquo;&eacute;crivain] publie un livre, il l&acirc;che dans la foule anonyme des hommes et des femmes une nu&eacute;e [&hellip;] de vampires secs, assoiff&eacute;s de sang, qui se r&eacute;pandent au hasard en qu&ecirc;te de lecteurs. &Agrave; peine un livre s&rsquo;est-il abattu sur un lecteur qu&rsquo;il se gonfle de sa chaleur et de ses r&ecirc;ves. Il fleurit, s&rsquo;&eacute;panouit, devient enfin ce qu&rsquo;il est&nbsp;: un monde imaginaire foisonnant o&ugrave; se m&ecirc;lent indistinctement [&hellip;] les intentions de l&rsquo;&eacute;crivain et les fantasmes du lecteur. Ensuite, la lecture termin&eacute;e, le livre &eacute;puis&eacute;, abandonn&eacute; par le lecteur, attendra un autre vivant afin de f&eacute;conder &agrave; son tour son imagination [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.</p> </blockquote> <p>Ces r&eacute;flexions de Michel Tournier proposent de d&eacute;finir le livre, et non l&rsquo;&eacute;crivain, comme un vampire, qui va se nourrir du lecteur. Or le vampire en litt&eacute;rature a de multiples usages, depuis le litt&eacute;ral (le personnage) jusqu&rsquo;aux nombreuses fonctions m&eacute;taphoriques. Il m&rsquo;a sembl&eacute; que cette image pouvait constituer une clef de lecture du travail de Chlo&eacute; Delaume, d&rsquo;autant qu&rsquo;elle nous est obligeamment fournie par l&rsquo;auteur &agrave; divers moments de l&rsquo;&oelig;uvre. Parmi ces usages, on d&eacute;nombrera le vampire litt&eacute;ral (dont on verra qu&rsquo;il acc&egrave;de tr&egrave;s vite au second degr&eacute;) par exemple dans&nbsp;<em>La nuit je suis Buffy Summers&nbsp;</em><a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, le vampire intertextuel, le vampire psychologique (m&ecirc;me si l&rsquo;auteur casse sur la t&ecirc;te d&rsquo;un psy qu&rsquo;on esp&egrave;re imaginaire un cendrier de bonne qualit&eacute; ‒ c&rsquo;est du Baccarat&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>), vampire qui se rencontre entre autres dans&nbsp;<em>Une femme avec personne dedans,&nbsp;</em>le vampire performatif et le vampire m&eacute;tatextuel. Quant au vampire autofictionnel, il est en facteur commun avec tous ces avatars de la vari&eacute;t&eacute;, dont on va voir qu&rsquo;ils sont &eacute;troitement articul&eacute;s.</p> <p>Assez t&ocirc;t dans&nbsp;<em>La nuit je suis Buffy Summers</em>, le personnage d&eacute;clare &laquo;&nbsp;Je m&rsquo;appelle Buffy Summers. Je suis un personnage de fiction &raquo; (LN 32). Or le titre et cette d&eacute;claration font &eacute;cho avec le leitmotiv &laquo;&nbsp;Je m&rsquo;appelle Chlo&eacute; Delaume, je suis un personnage de fiction&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;, qui est pr&eacute;cis&eacute;ment la signature de Chlo&eacute; Delaume, son auto-pr&eacute;sentation. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un roman interactif, sur le mod&egrave;le des &laquo;&nbsp;livres dont vous &ecirc;tes le h&eacute;ros&nbsp;&raquo;. Ce type de livre, d&rsquo;origine anglo-saxonne, fonctionne sur le principe de choix multiples propos&eacute;s au lecteur, choix qui offrent des bifurcations possibles &agrave; l&rsquo;histoire.&nbsp;<em>La nuit je suis Buffy Summers</em>&nbsp;est</p> <blockquote> <p>une jolie utilisation nostalgique des Livres dont vous &ecirc;tes le h&eacute;ros, immens&eacute;ment populaires durant les sept ou huit ann&eacute;es qui suivirent la parution du&nbsp;<em>The Warlock of Firetop Mountain</em>, de Steve Jackson et Ian Livingstone, en 1982, avec leurs choix multiples num&eacute;rot&eacute;s en fin de paragraphe permettant au lecteur de d&eacute;velopper une lecture &laquo; interactive &raquo;. [&hellip;] Surprenante, r&eacute;ussie parodie, rus&eacute;e et inqui&eacute;tante, d&rsquo;un livre dont vous et Buffy seriez les h&eacute;ros&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>.</p> </blockquote> <p>&Agrave; ce titre, le livre de Delaume joue avec la fronti&egrave;re des genres, ou plus pr&eacute;cis&eacute;ment avec leur hi&eacute;rarchie&nbsp;: les &laquo;&nbsp;livres dont vous &ecirc;tes le h&eacute;ros&nbsp;&raquo; n&rsquo;appartiennent pas &agrave; la &laquo;&nbsp;bonne&nbsp;&raquo; litt&eacute;rature&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>, hi&eacute;rarchie que refuse implicitement l&rsquo;auteur.</p> <p>D&rsquo;autre part, les bifurcations propos&eacute;es &agrave; tout moment, m&ecirc;me si elles ne sont pas sans exemple dans la litt&eacute;rature-papier&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>, font &eacute;videmment signe du c&ocirc;t&eacute; de la litt&eacute;rature num&eacute;rique avec les liens, les renvois hypertextuels. On pourrait faire le m&ecirc;me type d&rsquo;analyse avec&nbsp;<em>Corpus Simsi&nbsp;</em><a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;ou&nbsp;<em>Certainement pas&nbsp;</em><a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, mais la sp&eacute;cificit&eacute; de&nbsp;<em>Buffy</em>&nbsp;est pr&eacute;cis&eacute;ment le motif vampirique. D&rsquo;autant plus que le livre est lui-m&ecirc;me un emprunt &laquo;&nbsp;vampirique&nbsp;&raquo; &agrave; la s&eacute;rie t&eacute;l&eacute;vis&eacute;e&nbsp;<em>Buffy contre les vampires</em>. Cette s&eacute;rie appartient &agrave; ce que Martin Winckler appelle des &laquo;&nbsp;fictions-miroirs&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire des fictions qui cultivent l&rsquo;intertextualit&eacute; et &laquo;&nbsp;s&rsquo;interrogent ouvertement sur leur propre &eacute;laboration&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo;. Ce qui invite potentiellement le lecteur (ou le t&eacute;l&eacute;spectateur) &agrave; s&rsquo;interroger aussi, voire &agrave; participer. Le livre de Delaume est plus pr&eacute;cis&eacute;ment fond&eacute; sur un &eacute;pisode de la s&eacute;rie<em>&nbsp;Buffy&nbsp;</em><a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;qui met en question tout ce qui a pr&eacute;c&eacute;d&eacute;&nbsp;: l&rsquo;&eacute;pisode se situe dans un h&ocirc;pital psychiatrique et sugg&egrave;re que, depuis le d&eacute;but de la s&eacute;rie, Buffy est une schizophr&egrave;ne, toutes ses aventures ne sont que des projections mentales.</p> <p>Delaume va jouer avec les &eacute;l&eacute;ments s&eacute;mantiques fournis par la s&eacute;rie, mais en pratiquant des&nbsp;<em>crossover</em>&nbsp;et en modifiant le pacte g&eacute;n&eacute;rique, notamment en proposant au lecteur une s&eacute;rie de choix qui modifient son parcours de lecture, m&ecirc;me si sa libert&eacute; est finalement restreinte.</p> <h2>1. Vampire et intertexte<br /> &nbsp;</h2> <p>La th&eacute;matique du vampire, on l&rsquo;a dit, est &agrave; multiples entr&eacute;es. J&rsquo;examinerai en premier lieu le fait que l&rsquo;&eacute;criture est une op&eacute;ration de vampirisation des &eacute;critures ant&eacute;rieures. Delaume en a parfaitement conscience, &agrave; preuve la description qu&rsquo;elle fait des op&eacute;rations d&rsquo;&eacute;criture dans un entretien avec Barbara Havercroft&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&rsquo;&eacute;crivain est un fossoyeur&nbsp;: des si&egrave;cles d&rsquo;histoire litt&eacute;raire, alignement des urnes et&nbsp;<em>Necronomicon&nbsp;</em><a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>. Chaque lourd volume vous toise, tant d&rsquo;&oelig;uvres vous contemplent, classiques, modernes et avant-garde. [&hellip;] pratiquer l&rsquo;&eacute;criture c&rsquo;est user du charnier mis &agrave; disposition, pr&eacute;lever dans les entrailles un motif ici-m&ecirc;me, tricoter sa syntaxe sur des nervures anciennes, si fragiles que souvent elles se changent en poussi&egrave;re au premier point de croix. Tous mes livres sont b&acirc;tis sur des monticules d&rsquo;os et &agrave; base de fragments de moult cages thoraciques&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;intertextualit&eacute; est certes un ph&eacute;nom&egrave;ne g&eacute;n&eacute;ral, mais dans le cas de&nbsp;<em>Buffy</em>&nbsp;elle est &eacute;troitement li&eacute;e au genre du texte&nbsp;: en effet, le fait que le livre soit cens&eacute; interactif induit notamment qu&rsquo;il fonctionne avec un personnel, des d&eacute;cors, des actions reconnaissables par le lecteur. Au premier chef, l&rsquo;usage du personnel de la s&eacute;rie&nbsp;: Buffy et ses compagnons, r&eacute;duits &agrave; une initiale, W pour Willow, A pour Alex, ou X pour Xander, nom d&rsquo;Alex dans la s&eacute;rie d&rsquo;origine, tandis que les m&eacute;chants sont nomm&eacute;s&nbsp;: Spike, qui est un vampire, garde son nom, ainsi que Cordelia. En second lieu, des sc&egrave;nes canoniques. Par exemple, la s&eacute;quence 58 est un compendium de situations st&eacute;r&eacute;otyp&eacute;es&nbsp;: d&eacute;sastre imminent et sauvetage in extremis. L&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne, captive, est entra&icirc;n&eacute;e dans des souterrains, cern&eacute;e par des hommes encagoul&eacute;s, ligot&eacute;e sur un pentacle, incantations, surgissement de Zarathoustra r&eacute;veill&eacute; par les incantations, il estourbit les m&eacute;chants, tous les gentils arrivent, couverts de sang mais heureux,&nbsp;<em>the end</em>&nbsp;(LN 110-115). Sauf que ce n&rsquo;est pas&nbsp;<em>the end</em>&nbsp;; la s&eacute;quence suivante r&eacute;crit la pr&eacute;c&eacute;dente, mais finit mal&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je suis d&eacute;sol&eacute;, dit le m&eacute;decin. Cette fois-ci nous l&rsquo;avons perdue&nbsp;&raquo; (LN 119). On reviendra sur cette fin.</p> <p>En troisi&egrave;me lieu, le livre puise dans l&rsquo;encyclop&eacute;die du fantastique, de la science-fiction, de la&nbsp;<em>fantasy</em>, fond&eacute;e sur une culture filmique et t&eacute;l&eacute;visuelle, m&ecirc;me si, &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan, il y a la tradition &laquo;&nbsp;gothique&nbsp;&raquo;&nbsp;: dans&nbsp;<em>Le Monde&nbsp;</em><a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>, Alain Morvan, qui a procur&eacute; dans La Pl&eacute;iade une &eacute;dition de cinq romans gothiques (<em>Frankenstein</em>,&nbsp;<em>Le Moine, Le ch&acirc;teau d&rsquo;Otrante</em>, etc.<em>)&nbsp;</em>d&eacute;clarait son affection pour&nbsp;<em>Buffy contre les vampires.&nbsp;</em>Le champ s&eacute;mantique du vampirisme est pr&eacute;sent sous la forme &eacute;minente (car unique) d&rsquo;un dessin, repr&eacute;sentant un pieu, qui ponctue &agrave; intervalles r&eacute;guliers les rubriques &laquo;&nbsp;Salubrit&eacute; Mentale&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Habitation Corporelle&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo;. Examinons quelques exemples de ces intrusions.</p> <p>Le plus souvent, il s&rsquo;agit d&rsquo;allusions ponctuelles, assez faciles &agrave; rep&eacute;rer pour le lecteur familier de cette culture, et portant essentiellement sur des personnages. Ainsi la dame qui tient une b&ucirc;che dans ses bras (LN 34) est un personnage de la s&eacute;rie&nbsp;<em>Twin Peaks</em>&nbsp;de David Lynch, ce qui est confirm&eacute; par l&rsquo;apparition de Laura Palmer (LN 45), h&eacute;ro&iuml;ne (morte) de la s&eacute;rie. De m&ecirc;me Bree Van de Kamp (LN 86), sortie de la s&eacute;rie&nbsp;<em>Desperate Housewives,&nbsp;</em>dont l&rsquo;obsession du rangement et de la propret&eacute; est bien utile quand il s&rsquo;agit d&rsquo;&eacute;liminer quelques cadavres, ou Locke (LN 98) et le vol 815 d&rsquo;Oceanic Airlines, en provenance de&nbsp;<em>Lost</em>. Mais les s&eacute;ries t&eacute;l&eacute;vis&eacute;es, famili&egrave;res certes aux &laquo;&nbsp;jeunes lecteurs&nbsp;&raquo; suppos&eacute;s de&nbsp;<em>Buffy</em>, ne sont pas la seule source intertextuelle. Le cin&eacute;ma est &eacute;galement convoqu&eacute;, avec des allusions parfois plus d&eacute;licates &agrave; rep&eacute;rer. Certes, on identifie assez vite un certain St&eacute;phane Blandichon, dont le nom ne nous dit rien, mais qui nous devient familier quand nous apprenons qu&rsquo;il a fait ses &eacute;tudes &agrave; Poudlard, dans la section Serpentard, o&ugrave; il a pass&eacute; son Master de Sorcellerie sur le sujet suivant&nbsp;: &laquo;&nbsp;De l&rsquo;utilisation de la litt&eacute;rature pour conqu&eacute;rir le monde.&nbsp;&raquo; (LN 70) Cet &eacute;mule de Harry Potter d&eacute;finit ainsi son programme, qui pourrait bien avoir inspir&eacute; l&rsquo;auteur&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Nous avons oubli&eacute; d&rsquo;&eacute;vider les personnages de fiction. Puiser l&rsquo;&eacute;nergie des h&eacute;ros de l&eacute;gende, aspirer l&rsquo;essence fictionnelle dont ils sont constitu&eacute;s. Se gorger de la vitalit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture. &Agrave; terme r&eacute;diger un roman dans le seul but de s&rsquo;emparer de la vigueur de ses personnages. (LN 70)</p> </blockquote> <p>La s&eacute;rie des films inspir&eacute;s de l&rsquo;&oelig;uvre de J.K.&nbsp;Rowling appartient peu ou prou au m&ecirc;me univers culturel que les s&eacute;ries t&eacute;l&eacute;vis&eacute;es. Plus difficile est de cerner &agrave; quoi fait allusion le personnage qui d&eacute;clare&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Le soleil vert, depuis longtemps, on sait que c&rsquo;est de la chair humaine. [&hellip;]</p> <p>On n&rsquo;a pas toujours mang&eacute; les morts dans les soci&eacute;t&eacute;s occidentalis&eacute;es du xxi<sup>&egrave;me</sup>&nbsp;si&egrave;cle. On pr&eacute;f&eacute;rait les animaux, c&rsquo;est eux qu&rsquo;on tuait expr&egrave;s pour &ccedil;a.&nbsp;(LN 21-22)</p> </blockquote> <p>car la r&eacute;f&eacute;rence au film de Richard Fleischer,&nbsp;<em>Soylent Green&nbsp;</em>(1973), dont le titre fran&ccedil;ais est&nbsp;<em>Soleil vert</em>, est moins imm&eacute;diate que dans les exemples pr&eacute;c&eacute;dents. Plus difficile encore de d&eacute;crypter le nom de Sutter Cane (LN 101), qui renvoie au film de John Carpenter,&nbsp;<em>In the mouth of Madness</em>&nbsp;(1994) (en fran&ccedil;ais,&nbsp;<em>L&rsquo;Antre de la folie</em>)&nbsp;: la th&eacute;matique du film, par l&rsquo;ind&eacute;cidabilit&eacute; qu&rsquo;elle programme entre le &laquo;&nbsp;r&eacute;el&nbsp;&raquo; et la &laquo;&nbsp;folie&nbsp;&raquo;, est en r&eacute;sonance &eacute;vidente avec celle de&nbsp;<em>La nuit je suis Buffy Summers&nbsp;</em><a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>. D&rsquo;autant que l&rsquo;un des inspirateurs de Carpenter est pr&eacute;cis&eacute;ment Lovecraft, d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute; &agrave; propos de l&rsquo;imaginaire&nbsp;<em>Necronomicon</em>, et qui ressurgit dans l&rsquo;invocation &agrave; Cthulhu, dans une langue inconnue mais compr&eacute;hensible pour les lecteurs de&nbsp;<em>L&rsquo;appel de Cthulhu</em>&nbsp;(LN 100), identification confirm&eacute;e peu apr&egrave;s par le nom m&ecirc;me de l&rsquo;&eacute;crivain&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;auteure n&rsquo;entendait pas. Pour faire peur &agrave; ses personnages, elle avait invoqu&eacute; un illustre Grand Ancien qui lui d&eacute;vorait le cr&acirc;ne&nbsp;<em>&agrave; cet instant maudit. Nul ne saurait d&eacute;crire le monstre&nbsp;</em><a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&hellip;&nbsp;&raquo; (LN 102).</p> <p>Dans tous ces cas, les &laquo;&nbsp;emprunts&nbsp;&raquo; sont &agrave; la fois des hommages (Lovecraft), des clins d&rsquo;&oelig;il &agrave; une culture partag&eacute;e avec le lecteur (<em>Harry Potter</em>) mais aussi des d&eacute;tournements (Bree Van de Kamp.) Surtout, ils constituent des &eacute;tayages&nbsp;: le lecteur, dans la mesure o&ugrave; il a affaire &agrave; une encyclop&eacute;die dont il partage les r&eacute;f&eacute;rences, accepte plus volontiers de s&rsquo;immerger dans un univers fictionnel&nbsp;; &agrave; la limite, il accepte le pivotement qui lui est propos&eacute; entre son &laquo;&nbsp;r&eacute;el&nbsp;&raquo; et ce qu&rsquo;il lit. C&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment la question pos&eacute;e par l&rsquo;&eacute;pisode de&nbsp;<em>Buffy</em>, comme dans le cas de Sutter Cane et d&rsquo;autres, et qui renouvelle agr&eacute;ablement la question canonique &agrave; la fin d&rsquo;un r&eacute;cit d&rsquo;&eacute;pouvante&nbsp;: &laquo;&nbsp;&eacute;tait-ce un r&ecirc;ve&nbsp;?&nbsp;&raquo;</p> <h2>2. Vampire et psychologie<br /> &nbsp;</h2> <p>Quittons provisoirement&nbsp;<em>Buffy&nbsp;</em>pour examiner&nbsp;<em>Une femme avec personne dedans.</em>&nbsp;De ce texte on ne retiendra que la relation entre l&rsquo;auteur et sa lectrice, qui est une variation sur le motif du vampire, mais pas exactement dans le sens sugg&eacute;r&eacute; par Tournier. Mais il faut pr&eacute;ciser d&rsquo;embl&eacute;e que le savoir psy que d&eacute;tient &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence l&rsquo;auteur ne l&rsquo;emprisonne pas. Elle ironise &agrave; plusieurs reprises sur les pr&eacute;tentions des analystes &agrave; &laquo;&nbsp;comprendre&nbsp;&raquo; ou commenter son histoire, son mal-&ecirc;tre&nbsp;: dans&nbsp;<em>Le Cri du sablier</em>&nbsp;intervient de loin en loin un psy qui fait chaque fois fausse route, et dont le texte finit par d&eacute;noncer le caract&egrave;re fictif&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Il me fallait seulement dialogue &agrave; l&rsquo;avatar un double ficel&eacute; r&ocirc;ti pour enfourner proprette ma post-consomption&nbsp;[&hellip;] Car depuis le d&eacute;but tout n&rsquo;&eacute;tait qu&rsquo;autopsy<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;auto-analyse forge ses propres outils, m&ecirc;me si elle fait usage de ceux que l&rsquo;analyse peut lui fournir.</p> <p><em>Une femme avec personne dedans</em>&nbsp;relate l&rsquo;identification pathologique d&rsquo;une lectrice &agrave; l&rsquo;&eacute;crivain, difficilement supportable pour celle-ci, car elle lui pr&eacute;sente un miroir, mais d&eacute;formant. Le manuscrit de la lectrice lui appara&icirc;t comme &laquo;&nbsp;un d&eacute;calque malsain de [ses] trois premiers livres. [&hellip;] sa langue [&hellip;] &acirc;nonnait les stigmates de la mienne &raquo; (UF 8). La narratrice s&rsquo;interroge sur la carence qui a provoqu&eacute; cette assimilation morbide&nbsp;: &laquo;&nbsp;qui pouvait &agrave; ce point &ecirc;tre devenu&nbsp;<em>aphone</em>&nbsp;pour se greffer fil blanc, au vif des cordes vocales, mes polypes &eacute;trangers&nbsp;?&nbsp;&raquo; (UF 8) Nous reviendrons sur cette &eacute;mergence de la voix, voix emp&ecirc;ch&eacute;e d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, voix d&eacute;rob&eacute;e/d&eacute;robante de l&rsquo;autre. La lectrice finit par &eacute;noncer son but&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Je veux &ecirc;tre &agrave; mon tour Chlo&eacute; Delaume</em>&nbsp;&raquo; (UF 12). Face &agrave; l&rsquo;impossible de cette demande, la narratrice tente de donner un conseil&nbsp;: &laquo;&nbsp;cesser d&rsquo;aspirer mon ombre&nbsp;&raquo; (UF 8), c&rsquo;est-&agrave;-dire&nbsp;: cesser d&rsquo;&ecirc;tre (ou d&rsquo;essayer d&rsquo;&ecirc;tre) mon vampire. Mais la lectrice se suicide. Son secret&nbsp;: elle a &eacute;t&eacute; victime d&rsquo;un inceste, et l&rsquo;&eacute;criture ne lui a pas permis de surmonter son trauma. Commentaire, implacable mais lucide, de la narratrice&nbsp;: &laquo;&nbsp;Elle n&rsquo;avait pas saisi qu&rsquo;une plaie seule ne chante gu&egrave;re &raquo; (UF 11).</p> <p>Ce suicide, point de d&eacute;part du livre, ouvre ou plut&ocirc;t accompagne une crise dans la vie de la narratrice, qui se dit &laquo;&nbsp;exsangue&nbsp;&raquo; (UF 9). Les ruptures, liaisons et d&eacute;liaisons &eacute;voqu&eacute;es sont renvoy&eacute;es &agrave; une cause unique&nbsp;:</p> <blockquote> <p><em>&Ecirc;tre en moins</em>, c&rsquo;est la cause. J&rsquo;ai d&eacute;sert&eacute; mon corps il y a des ann&eacute;es [&hellip;] J&rsquo;ignorais que la vacance pouvait &ecirc;tre visible pour une &acirc;me ext&eacute;rieure. [&hellip;] Un qui suis-je, n&rsquo;est-ce pas, qui suis-je. Peut-&ecirc;tre bien une femme avec personne dedans.&nbsp;(UF 15-16)</p> </blockquote> <p>Je m&rsquo;enfonce au divan, une enfant laiss&eacute;e seule, toujours seule. L&rsquo;ennui. L&rsquo;ennui, le vide. L&rsquo;angoisse qui creuse, les os trou&eacute;s, l&rsquo;attente attire les morts vivants (UF 27).</p> <p>Et de fait, les morts-vivants sont bien arriv&eacute;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mon c&oelig;ur a l&rsquo;&acirc;ge d&rsquo;une reine vampire&nbsp;&raquo; (UF 35). Comme le prouve l&rsquo;exp&eacute;rience du miroir, bien connue de tous les lecteurs de Bram Stoker et autres&nbsp;: &laquo;&nbsp;mon reflet n&rsquo;y est plus &raquo; (UF 86). La narratrice a donc bien &eacute;t&eacute; vampiris&eacute;e (&laquo;&nbsp;exsangue&nbsp;&raquo;), toutefois la cons&eacute;quence n&rsquo;est pas la mort, ou la transformation en un nouveau vampire qui r&eacute;pandrait &agrave; son tour la mal&eacute;diction, mais la perte du langage, ou de la parole. Le lecteur est confront&eacute; &agrave; deux chapitres quasi-vides, l&rsquo;un intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Calliope, mutisme&nbsp;&raquo;, l&rsquo;autre &laquo;&nbsp;Calliope, autisme&nbsp;&raquo;, qui ne comportent qu&rsquo;une phrase chacun&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ceci est le r&eacute;cit de ma propre Apocalypse&nbsp;&raquo; (UF 69). &laquo;&nbsp;Ceci est le r&eacute;cit de ma propre Apocalypse, il ne faudrait pas l&rsquo;oublier&nbsp;&raquo; (UF 99). Calliope, muse de la po&eacute;sie, de l&rsquo;&eacute;loquence, est donc ici &agrave; contre-emploi, mais la r&eacute;f&eacute;rence &eacute;rudite ne doit pas masquer la terreur, car c&rsquo;est un mutisme qui remonte loin, &agrave; l&rsquo;enfance et au silence impos&eacute; par l&rsquo;entourage&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Vous f&ucirc;tes t&eacute;moin cuisine d&eacute;nouement innommable pour tout individu beno&icirc;tement format&eacute;. Chaque membre de la famille redoutait qu&rsquo;un matin vous l&acirc;chiez le r&eacute;cit au petit d&eacute;jeuner. Vous f&ucirc;tes enfant rustine du silence implor&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>.</p> </blockquote> <p>Mais mutisme et autisme ‒&nbsp;apanages de la narratrice&nbsp;‒ sont paradoxalement des auxiliaires de l&rsquo;&eacute;criture, loin toutefois de l&rsquo;&eacute;criture-sublimation, ou consolation, comme l&rsquo;a peut-&ecirc;tre cru la lectrice&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&Eacute;crire pour ne pas mourir, &ccedil;a ne peut avoir de sens. J&rsquo;&eacute;cris pour d&eacute;construire&nbsp;: modifier le r&eacute;el, la fiction et la langue sont des outils guerriers. [&hellip;] je suis de N&eacute;m&eacute;sis une enfant naturelle,&nbsp;<em>le don de qui est d&ucirc;</em>&nbsp;j&rsquo;en ai fait ma mission, seule la vengeance m&rsquo;anime [&hellip;] mon &acirc;me est un hachoir. (UF 74-75)</p> </blockquote> <p>Apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;vocation du &laquo;&nbsp;d&eacute;sastre &eacute;tranger&nbsp;&raquo; (UF 76) &ndash; m&ecirc;me le d&eacute;sastre n&rsquo;est pas de l&rsquo;ordre du &laquo;&nbsp;propre&nbsp;&raquo;, il est invasion&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;‒ le dernier chapitre, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;De l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;&nbsp;&raquo;, change de registre, devient interactif, et par l&agrave; humoristique. Il fait appel au lecteur qu&rsquo;il suppose &laquo;&nbsp;attendant lascivement la suite des &eacute;v&eacute;nements&nbsp;&raquo; (UF 111)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Au milieu est ma vie. Laquelle me souhaitez-vous&nbsp;?&nbsp;&raquo; (UF 112) Suit un questionnaire, sur le mod&egrave;le familier des magazines f&eacute;minins, dont le r&eacute;sultat permet de savoir lequel des chapitres suivants vous est destin&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.&nbsp;<em>Le temps des noyaux</em>&nbsp;est une r&eacute;ponse&nbsp;<em>post mortem</em>&nbsp;&agrave; la lectrice, ou &agrave; tout lecteur&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ne m&rsquo;investissez pas en surface &agrave; transferts, entrez en votre Je [&hellip;] &Eacute;crivez-vous vous-m&ecirc;me, quelle vie vous souhaitez-vous&nbsp;&raquo; (UF139).</p> <p><em>Une femme avec personne dedans</em>&nbsp;(2012) est post&eacute;rieur &agrave;&nbsp;<em>La nuit je suis Buffy Summers</em>&nbsp;(2007) alors qu&rsquo;on serait tent&eacute; de croire que cette fin interactive, qui intervient &agrave; la fin d&rsquo;un roman non interactif, pr&eacute;pare le passage de l&rsquo;un &agrave; l&rsquo;autre. En fait cette absence de fl&eacute;chage pourrait &ecirc;tre la marque de ce refus des hi&eacute;rarchies de genres d&eacute;j&agrave; signal&eacute;.</p> <h2>3. Performativit&eacute; du vampire<br /> &nbsp;</h2> <p>L&rsquo;enfant du&nbsp;<em>Cri du sablier</em>, prise dans la violence du p&egrave;re (et de la m&egrave;re), prie&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dieu vous qui &ecirc;tes si bon et si juste exaucez ma pri&egrave;re par piti&eacute; tuez mon p&egrave;re et je promets d&rsquo;&ecirc;tre sage et de devenir bonne s&oelig;ur et de plus jamais monter sur les marches de l&rsquo;autel&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>.&nbsp;&raquo; Curieusement, elle ne prie pas pour la mort de sa m&egrave;re, alors que celle-ci n&rsquo;est pas mal non plus&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Combien de fois ma fille mon tourment mon d&eacute;go&ucirc;t ai-je esp&eacute;r&eacute; qu&rsquo;enfin tu ne sois qu&rsquo;un mirage. [&hellip;] Ma Chlo&eacute; mon erreur comprends-tu ton pr&eacute;nom je te crachais en mars &agrave; la vie &agrave; ma mort pensant t&rsquo;inoculer cancer du n&eacute;nuphar et [&hellip;] j&rsquo;ai fini premi&egrave;re enterr&eacute;e en juillet&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>.</p> </blockquote> <p>On sait que &laquo;&nbsp;Chlo&eacute;&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas le pr&eacute;nom natif de l&rsquo;auteur, c&rsquo;est le pr&eacute;nom de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne de&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;cume des jours</em>, qui meurt d&rsquo;un n&eacute;nuphar dans le poumon&nbsp;: or la m&egrave;re (dans la fiction) prononce le pr&eacute;nom que l&rsquo;auteur s&rsquo;est donn&eacute; bien apr&egrave;s la mort de la m&egrave;re, comme une signature, un aval.</p> <p>Dieu, pour une fois, r&eacute;pond, et m&ecirc;me il exauce le v&oelig;u&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Tu as voulu du p&egrave;re la chute irr&eacute;m&eacute;diable la chute au mar&eacute;cage parricide &eacute;cumant. J&rsquo;acc&egrave;de &agrave; ta requ&ecirc;te. Mais contre pr&eacute;l&egrave;vement. Un modique tribu (<em>sic</em>)&nbsp;: je t&rsquo;enl&egrave;ve la maman. Ton souhait est exauc&eacute;. Maintenant il faut payer. [&hellip;] Car ma petite sir&egrave;ne, vois j&rsquo;ai coup&eacute; la queue. A pr&eacute;sent donne ta voix&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>.</p> </blockquote> <p>Quelles ont pu &ecirc;tre les cons&eacute;quences, pour l&rsquo;enfant puis pour l&rsquo;adulte, de cette efficacit&eacute; de la pens&eacute;e magique&nbsp;? L&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me y a r&eacute;fl&eacute;chi, et s&rsquo;en explique&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&rsquo;autofiction s&rsquo;approche souvent de la magie noire. Le Je n&rsquo;est pas le Moi, il exige des rituels et souvent des victimes. La femme de Doubrovsky, en lisant le manuscrit du&nbsp;<em>Livre Bris&eacute;</em>, a bu de la vodka jusqu&rsquo;&agrave; ce que mort s&rsquo;en suive. Le p&egrave;re de Christine Angot est mort, lui aussi, d&rsquo;avoir lu&nbsp;<em>L&rsquo;Inceste</em>. Il est fort possible que les &eacute;crivains aient depuis fort longtemps perdu le pouvoir de changer le monde, mais la particularit&eacute; de l&rsquo;autofiction, c&rsquo;est qu&rsquo;elle manipule du vivant, les corps et les &acirc;mes sont r&eacute;els, et au-dessus du grimoire nous sourit N&eacute;m&eacute;sis. La d&eacute;esse de la vengeance, mais plus pr&eacute;cis&eacute;ment &ldquo;le don de ce qui est d&ucirc;&rdquo;. Le projet de mon roman&nbsp;<em>Dans ma maison sous terre</em>&nbsp;&eacute;tait de tuer ma grand-m&egrave;re. &Ccedil;a a bien fonctionn&eacute;, mais je n&rsquo;ai aucun m&eacute;rite, elle &eacute;tait tellement vieille. Par contre, je l&rsquo;ai pay&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>.</p> </blockquote> <p>La performativit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture est donc articul&eacute;e, non pas &agrave; l&rsquo;autobiographie, mais &agrave; l&rsquo;autofiction.</p> <h2>4. Fiction, autofiction<br /> &nbsp;</h2> <p>Retour &agrave;&nbsp;<em>Buffy.</em></p> <p>Le pacte de base de la litt&eacute;rature, c&rsquo;est le maintien d&rsquo;une fronti&egrave;re ferme entre l&rsquo;univers de la fiction et l&rsquo;univers du lecteur, m&ecirc;me s&rsquo;il y a suspension d&rsquo;incr&eacute;dulit&eacute; pendant le temps de la lecture. Des textes du type de&nbsp;<em>Continuit&eacute; des parcs</em>&nbsp;de Cortazar&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;sont, en principe, l&rsquo;exception. Or, dans&nbsp;<em>Je suis Buffy Summers</em>, le &laquo;&nbsp;d&eacute;rapage&nbsp;&raquo; est une constante. La fiction contamine le r&eacute;el, &agrave; preuve&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout a d&eacute;rap&eacute; quelques ann&eacute;es apr&egrave;s que le premier personnage de fiction ait (<em>sic</em>) &eacute;t&eacute; &eacute;lu gouverneur de Californie&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo; (LN 35)&nbsp;? Mais ce d&eacute;rapage ne consolide pas pour autant le statut des personnages de fiction, et les voix narratives s&rsquo;en inqui&egrave;tent&nbsp;: &laquo;&nbsp;Personnage de fiction, c&rsquo;est la m&eacute;moire des hommes qui nous maintient en vie au-del&agrave; de nos aventures grav&eacute;es dans un airain dont les supports varient&nbsp;&raquo; (LN 32).</p> <p>Un personnage toutefois a un statut &agrave; part dans le texte, c&rsquo;est Clotilde&nbsp;: elle semble se situer au m&ecirc;me niveau que les autres mais elle est peut-&ecirc;tre un avatar de C[h]lo&eacute;, c&rsquo;est du moins ce que l&rsquo;on peut croire d&rsquo;abord, comme le sugg&eacute;rerait ce qu&rsquo;elle d&eacute;clare&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Je ne m&rsquo;entends pas si bien avec le reste du groupe [&hellip;] Je suis une pi&egrave;ce rapport&eacute;e. [&hellip;] Ils disent que je suis parano&iuml;aque, qu&rsquo;on m&rsquo;&eacute;crit au m&ecirc;me niveau qu&rsquo;eux, que je n&rsquo;ai pris la place de personne, et que jamais ils ne pensent &agrave; &ccedil;a. [&hellip;] Laisse-toi &eacute;crire n&rsquo;importe comment si tu veux. Mais moi je ne suivrai plus la moindre des lignes impos&eacute;es. &Agrave; partir de maintenant je me d&eacute;solidarise de cette narration.&nbsp;(LN 46-47)</p> </blockquote> <p>Cette libert&eacute; qu&rsquo;elle prend pourrait nous faire penser qu&rsquo;elle est l&rsquo;auteur, ou l&rsquo;un des auteurs possibles. Clotilde ne peut pourtant pas &ecirc;tre confondue avec &laquo;&nbsp;l&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;, elle se distingue&nbsp;de &laquo;&nbsp;son &eacute;crivain&nbsp;&raquo;:</p> <blockquote> <p>Je suis une borderline tout ce qu&rsquo;il y a de plus classique, je n&rsquo;ai aucun pouvoir magique. [&hellip;] Avant, l&agrave; o&ugrave; j&rsquo;&eacute;tais, mon utilit&eacute;, je ne sais pas. Mon insertion sociale non plus. Mais au moins j&rsquo;&eacute;crivais des livres. [&hellip;] Je n&rsquo;ai jamais &eacute;t&eacute; h&eacute;ro&iuml;ne principale, et &ccedil;a c&rsquo;est assez triste, voire d&eacute;cevant, pour un personnage de fiction. J&rsquo;&eacute;tais &eacute;crivaine terroriste, je posais des bombes dans les salons. Je m&rsquo;amusais &eacute;norm&eacute;ment mais la police m&rsquo;a attrap&eacute;e. Mon &eacute;crivain n&rsquo;a rien pu faire [&hellip;] (LN 85-86)</p> </blockquote> <p>Discutant avec &laquo;&nbsp;Vous&nbsp;&raquo;, qui incarne la nouvelle Buffy, elle la met en garde&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Je crois que notre auteure est furieuse [&hellip;] Tu &eacute;tais l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne, tu avais le pouvoir et tr&egrave;s souvent le choix. C&rsquo;est pas tellement fr&eacute;quent, elle &eacute;tait laxiste avec toi. A mon avis elle t&rsquo;aimait bien, elle doit &ecirc;tre extr&ecirc;mement d&eacute;&ccedil;ue.&nbsp;(LN 101)</p> </blockquote> <p>Clotilde interpelle alors l&rsquo;auteur, mais &laquo;&nbsp;l&rsquo;auteure n&rsquo;entendait pas. Pour faire peur &agrave; ses personnages, elle avait invoqu&eacute; un illustre Grand Ancien qui lui d&eacute;vorait le cr&acirc;ne&nbsp;<em>&agrave; cet instant maudit. Nul ne saurait d&eacute;crire le monstre&hellip;</em>&nbsp;&raquo;, monstre que nous avons d&eacute;j&agrave; rencontr&eacute;.</p> <h2>5. O&ugrave; se situe donc l&rsquo;auteur autofictionnel&nbsp;?<br /> &nbsp;</h2> <p>Si on examine la diss&eacute;mination des pronoms personnels, on constate que &laquo;&nbsp;Vous&nbsp;&raquo; d&eacute;signe le lecteur, mais aussi la nouvelle Buffy, ce qui revient au m&ecirc;me puisque le joueur/la joueuse est cens&eacute; s&rsquo;identifier au h&eacute;ros du jeu&nbsp;; les &laquo;&nbsp;Je&nbsp;&raquo; (Miss Mildred, Clotilde&hellip;) sont variables, de m&ecirc;mes que les &laquo;&nbsp;Il&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Elle&nbsp;&raquo;. Le seul pronom qui semble vraiment &laquo;&nbsp;personnel&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est le &laquo;&nbsp;Tu&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tu ne commets le meurtre qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur. Tu ne sais lutter que contre toi. Ton h&eacute;ritage c&rsquo;est un sang rance, ton histoire inscrite aux cellules tu as voulu y &eacute;chapper.&nbsp;&raquo; (LN117) Ce &laquo;&nbsp;Tu&nbsp;&raquo; est au centre de la s&eacute;quence finale, mais c&rsquo;est un centre immobile, cern&eacute; par les voix, car cette derni&egrave;re s&eacute;quence est une sorte de strette infernale, &agrave; voix multiples.</p> <p>Les voix ennemies, sous couleur d&rsquo;exempter &laquo;&nbsp;Buffy&nbsp;&raquo; de sa responsabilit&eacute; ‒&nbsp;&laquo;&nbsp;(Ce qui se passe en vrai, ce n&rsquo;est pas de ta faute. C&rsquo;est une tare g&eacute;n&eacute;tique. [&hellip;] Tu es atteinte, mon ange, d&rsquo;une maladie terrible. Tu dois &ecirc;tre n&eacute;e comme &ccedil;a, l&rsquo;inn&eacute; de la souffrance&nbsp;&raquo; (LN 118)&nbsp;‒ l&rsquo;incitent &agrave; revenir &laquo;&nbsp;au r&eacute;el&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; l&rsquo;h&ocirc;pital, &agrave; la normalisation pathologique. Les voix amies, qui sont les voix de la fiction, l&rsquo;appellent au contraire&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Ecirc;tre l&rsquo;&Eacute;lue pour soi ce n&rsquo;est peut-&ecirc;tre pas grand-chose mais tu resteras vivante, avec nous oui, vivante, car ici est ton monde. Renonce &agrave; leur l&agrave;-bas, pour eux tu ne seras rien qu&rsquo;une &eacute;ni&egrave;me schizophr&egrave;ne&nbsp;&raquo; (LN 119). &laquo;&nbsp;Buffy&nbsp;&raquo; s&rsquo;&eacute;chappe dans la mort, ultime libert&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je suis d&eacute;sol&eacute;, dit le m&eacute;decin. Cette fois-ci nous l&rsquo;avons perdue&nbsp;&raquo; (LN 119). Ce qui &eacute;tait la fin de l&rsquo;&eacute;pisode de la s&eacute;rie originale.</p> <p>Dans cette strette, le lecteur retrouve les &eacute;l&eacute;ments qui lui sont familiers depuis les premiers livres de l&rsquo;auteur, la folie familiale et ses cons&eacute;quences sur la vie de l&rsquo;enfant puis de l&rsquo;adulte, mais ces &eacute;l&eacute;ments sont modul&eacute;s dans le registre vampirique de la s&eacute;rie, donc ludiques (&laquo;&nbsp;En guise d&rsquo;arme un f&eacute;mur est brandi c&oelig;ur de poing [&hellip;] la salle est un marais de sang, etc.&nbsp;&raquo; LN 118-9) ce qui laisse au lecteur la libert&eacute; de lire au degr&eacute; qu&rsquo;il voudra. Le tragique (incontestable) de l&rsquo;histoire, Chlo&eacute; Delaume ne l&rsquo;a jamais modul&eacute; au premier degr&eacute;. Ce que n&rsquo;avait pas compris la lectrice d&rsquo;<em>Une femme avec personne dedans</em>. Et l&rsquo;auteur Delaume n&rsquo;en reste pas &agrave; &laquo;&nbsp;la plaie seule&nbsp;&raquo;.</p> <p>Il y a peut-&ecirc;tre une efficacit&eacute; particuli&egrave;re dans la s&eacute;rie&nbsp;<em>Buffy</em>. En 2002, j&rsquo;avais organis&eacute; avec Martin Winckler une d&eacute;cade &agrave; Cerisy sur les s&eacute;ries t&eacute;l&eacute;vis&eacute;es, et une soir&eacute;e &eacute;tait consacr&eacute;e &agrave;&nbsp;<em>Buffy</em>&nbsp;: c&rsquo;&eacute;tait un &eacute;pisode o&ugrave; les vampires avaient d&eacute;rob&eacute; la voix des habitants de tout un village, et donc tous les humains de cet &eacute;pisode &eacute;taient muets. Le lendemain, une participante du colloque &eacute;tait frapp&eacute;e d&rsquo;aphasie&hellip; Heureusement, par-del&agrave; le drame et la psychose, la voix de l&rsquo;&eacute;crivain continue de &laquo;&nbsp;chanter&nbsp;&raquo;.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Michel Tournier,&nbsp;<em>Le Vol du vampire</em>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Id&eacute;es&nbsp;&raquo;, 1981, p.&nbsp;12-13.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Chlo&eacute; Delaume,&nbsp;<em>La nuit je suis Buffy Summers</em>, Alfortville, &Eacute;ditions &Egrave;re, 2007. D&eacute;sormais LN. Les r&eacute;f&eacute;rences seront donn&eacute;es dans le corps du texte.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Chlo&eacute; Delaume,&nbsp;<em>Une femme avec personne dedans</em>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, &laquo;&nbsp;Fiction et Cie&nbsp;&raquo;, 2012. D&eacute;sormais UF. Les r&eacute;f&eacute;rences seront donn&eacute;es dans le corps du texte. &laquo;&nbsp;Un jour un th&eacute;rapeute a &eacute;mis l&rsquo;hypoth&egrave;se selon laquelle mes tentatives de suicide suivaient le mod&egrave;le paternel, le mod&egrave;le, la pulsion de mort en h&eacute;ritage, une singerie pour m&rsquo;en rapprocher. Je lui ai cass&eacute; le nez avec le cendrier. Un baccarat, pas de la camelote, le cabinet &eacute;tait &agrave; Saint-Cloud&nbsp;&raquo; (UF 93).</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;D&eacute;claration notamment dans Chlo&eacute; Delaume,&nbsp;<em>La r&egrave;gle du Je</em>, Paris, Presses universitaires de France, 2010, p.&nbsp;5, 21, 35, 44, 79. Voir aussi Chlo&eacute; Delaume, &laquo;&nbsp;S&rsquo;&eacute;crire mode d&rsquo;emploi&nbsp;&raquo;, dans Claude Burgelin, Isabelle Grell et Roger-Yves Roche (dir.),&nbsp;<em>Autofiction(s)&nbsp;: Colloque de Cerisy</em>, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2010, p.&nbsp;109.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;<a href="http://charybde2.wordpress.com/" target="_blank">Charybde2</a>, blog consult&eacute; le 2 f&eacute;vrier 2014.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Lors de la publication de mon&nbsp;<em>Atelier d&rsquo;&eacute;criture</em>&nbsp;(premi&egrave;re &eacute;dition&nbsp;: Paris, Bordas, 1989), j&rsquo;avais propos&eacute; en guise de sous-titre &laquo;&nbsp;Un livre dont vous &ecirc;tes le h&eacute;ros&nbsp;&raquo;, et le responsable de la collection avait r&eacute;pondu en substance&nbsp;: vous ne connaissez certainement pas, mais c&rsquo;est un intitul&eacute; tr&egrave;s bas de gamme&hellip;</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;V. Raymond Queneau, &laquo;&nbsp;Un conte &agrave; votre fa&ccedil;on&nbsp;&raquo;&nbsp;[1967], dans&nbsp;Oulipo,<em>&nbsp;La litt&eacute;rature potentielle</em>, Paris, Gallimard, 1973, p.&nbsp;273-276.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Chlo&eacute; Delaume,&nbsp;<em>Corpus Simsi</em>, Paris, &Eacute;ditions L&eacute;o Scheer, 2003.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Chlo&eacute; Delaume,&nbsp;<em>Certainement pas</em>, Paris, &Eacute;ditions Verticales, 2004.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Martin Winckler,&nbsp;<em>Les Miroirs de la vie. Histoire des s&eacute;ries am&eacute;ricaines</em>, Paris, Le Passage, 2002, p.&nbsp;80.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;L&rsquo;&eacute;pisode 17 de la sixi&egrave;me saison.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Le&nbsp;<em>Necronomicon</em>&nbsp;est un livre mal&eacute;fique, mais imaginaire, invent&eacute; par H.P.&nbsp;Lovecraft. Apr&egrave;s lui, d&rsquo;autres auteurs de&nbsp;<em>fantasy</em>&nbsp;ont repris ce titre, au point de faire croire &agrave; son existence. Pour finir, le titre a &eacute;t&eacute; &laquo;&nbsp;d&eacute;clin&eacute;&nbsp;&raquo; en plusieurs r&eacute;alisations.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Le soi est une fiction&nbsp;: Chlo&eacute; Delaume s&rsquo;entretient avec Barbara Havercroft&nbsp;&raquo;, dans Barbara Havercroft et Michael Sheringham (dir.),&nbsp;<em>Fictions de soi/Self-fictions</em>, num&eacute;ro de la&nbsp;<em>Revue critique de fixxion fran&ccedil;aisecontemporaine / Critical Review of Contemporary French Fixxion</em>, n&deg;4, juin 2012, p.&nbsp;126.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Double page &laquo;&nbsp;Fort acc&egrave;s de fi&egrave;vre gothique&nbsp;&raquo; (<em>Le Monde</em>&nbsp;du 31 octobre 2014). Alain Morvan, &laquo;&nbsp;Un monde sans peur est un monde qui fait peur&nbsp;&raquo;, propos recueillis par Fran&ccedil;ois Angelier&nbsp;: &laquo;&nbsp;Touchant le cin&eacute;ma et les s&eacute;ries t&eacute;l&eacute;vis&eacute;es, je suis assez s&eacute;v&egrave;re avec &ldquo;Twilight&rdquo;, mais la s&eacute;rie &ldquo;Buffy contre les vampires&rdquo; m&rsquo;a sembl&eacute; int&eacute;ressante&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;3.)</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Il y a bien un autre graphisme, en bas de page impaire, repr&eacute;sentant une paire de d&eacute;s, mais contrairement au pr&eacute;c&eacute;dent il n&rsquo;est pas inclus dans le texte.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Rappelons que le livre est fond&eacute; sur l&rsquo;&eacute;pisode o&ugrave; est sugg&eacute;r&eacute; que toutes les aventures de Buffy ne sont que fantasmes schizophr&eacute;niques.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Les mots en italiques citent&nbsp;<em>L&rsquo;appel de Cthulhu.</em></p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Chlo&eacute; Delaume,&nbsp;<em>Le Cri du sablier</em>, Tours, Farrago, 2001, p.&nbsp;122-123.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;<em>Le Cri du sablier, op.cit.</em>, p.&nbsp;82. Les lecteurs de Delaume savent &agrave; quel drame familial il est fait allusion&nbsp;: le meurtre de la m&egrave;re par le p&egrave;re, le suicide de ce dernier, pr&eacute;c&eacute;d&eacute; par un geste de menace meurtri&egrave;re vis-&agrave;-vis de l&rsquo;enfant qui y assiste.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Nous avons volontairement laiss&eacute; de c&ocirc;t&eacute; des pans entiers du r&eacute;cit et l&rsquo;&eacute;vocation des relations avec Igor ou la Clef.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;J&rsquo;ai une majorit&eacute; de B, mon chapitre est donc&nbsp;<em>B5, F7, dame cavalier</em>&nbsp;(UF 130), un hymne &agrave; la d&eacute;construction.&nbsp;<em>Lilith dolorosa</em>&nbsp;(UF 119-128) est un hymne &agrave; la nulliparit&eacute; et le r&eacute;cit du meurtre de la femme aim&eacute;e qui annonce qu&rsquo;elle veut avoir un enfant.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;<em>Le Cri du sablier, op.cit.</em>, p.&nbsp;37.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;65.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;80. Dans le conte d&rsquo;Andersen, la petite sir&egrave;ne, amoureuse d&rsquo;un humain, veut &ecirc;tre semblable &agrave; lui&nbsp;: elle obtient des jambes &agrave; la place de sa queue de sir&egrave;ne, mais devient muette.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Entretien cit&eacute; avec Barbara Havercroft.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;Julio Cortazar, &laquo;&nbsp;Continuit&eacute; des parcs&nbsp;&raquo; [1956]<em>,&nbsp;</em>dans<em>&nbsp;Les Armes secr&egrave;tes</em>, traduit de l&rsquo;espagnol par Laure Bataillon, Paris, Gallimard, 1973.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;Il s&rsquo;agit de l&rsquo;acteur Arnold Schwarzenegger, qui n&rsquo;est &eacute;videmment pas un &laquo;&nbsp;personnage de fiction&nbsp;&raquo; mais que le public a pu confondre avec les r&ocirc;les qu&rsquo;il a incarn&eacute;s (<em>Terminator&hellip;</em>).</p> <h3><strong>Auteur</strong></h3> <p><strong>Anne Roche</strong>, professeur &eacute;m&eacute;rite &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Aix-Marseille, sp&eacute;cialiste de litt&eacute;rature fran&ccedil;aise et francophone des xx<sup>&egrave;me</sup>&nbsp;et xxi<sup>&egrave;me</sup>&nbsp;si&egrave;cles, est l&rsquo;auteur d&rsquo;une vingtaine d&rsquo;ouvrages de th&eacute;orie litt&eacute;raire ainsi que de fiction (romans, th&eacute;&acirc;tre). Derni&egrave;re publication&nbsp;:&nbsp;<em>Alg&eacute;rie, textes et regards crois&eacute;s</em>, &Eacute;ditions Casbah (Alger), 2017.</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>