<h3><strong>Abstract</strong></h3> <p>Within the vast logosphere created by radio in the twentieth century, the writer&#39;s interview is a &#39;legion&#39; genre in France, abundant in both quantity and diversity. A key mode of mediating literature in the public arena, this genre - a product of the newspaper civilisation&nbsp;before it also became that of radio and television - has accompanied the history of literature through the media and commercial changes that have affected it.</p> <p>Interviews first appeared on the airwaves in the 1920s ; Fr&eacute;d&eacute;ric Lef&egrave;vre&#39;s Radio-Dialogues on Radio-Paris from 1930 to 1940, derived from his famous series Une heure avec... published in Les Nouvelles litt&eacute;raires, gave it its first lustre. The genre flourished particularly in the 1950s, which saw the birth of both the major media phenomenon of serial interviews and the arrival on the scene of black-and-white television, involving writers in its major literary event Lectures pour tous (1953-1968). In the 1970s and 1980s, radio and television shared the two most popular cultural interview series : Jacques Chancel&#39;s Radioscopie on France Inter (1968-1982, 1988-1990) and Bernard Pivot&#39;s Apostrophes on Antenne 2 (1975-1990). The 1980s marked a major turning point in this episodic history: while writers continued to respond to requests from these two &#39;historic&#39; media, cultural programmes for the general public undeniably made less room for them, while purely literary programmes became increasingly rare outside France Culture, which was transformed, despite itself, into a niche radio station. A new page is being turned.</p> <p>This dossier focuses on the period following the post-war period, which, if we take as an indicator the institutional development of the medium&#39;s most original and specific format, the interview serial, we can identify with the years 1960-1985. Two dates symbolically mark the beginning and the end of this period: the birth of France Culture at the very end of 1963, and the reform of the channel in 1984.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Au sein de la vaste logosph&egrave;re cr&eacute;&eacute;e par la radio au cours du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, l&rsquo;entretien d&rsquo;&eacute;crivain est en France un genre &laquo;&nbsp;l&eacute;gion&nbsp;&raquo;, abondant aussi bien en quantit&eacute; qu&rsquo;en diversit&eacute;. Mode d&eacute;terminant de la m&eacute;diation de la litt&eacute;rature dans l&rsquo;espace public, ce genre, produit de la civilisation du journal&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>&nbsp;avant d&rsquo;&ecirc;tre, aussi, celui de la radio et de la t&eacute;l&eacute;vision, accompagne l&rsquo;histoire des lettres dans les mutations &agrave; la fois m&eacute;diatiques et commerciales qui l&rsquo;affectent.</p> <p>La pratique de l&rsquo;entretien fait son apparition sur les ondes d&egrave;s les ann&eacute;es 1920&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;; les&nbsp;<em>Radio-Dialogues</em>&nbsp;de Fr&eacute;d&eacute;ric Lef&egrave;vre sur Radio-Paris de 1930 &agrave; 1940, d&eacute;riv&eacute;s de sa c&eacute;l&egrave;bre s&eacute;rie&nbsp;<em>Une heure avec&hellip;</em>&nbsp;publi&eacute;e dans&nbsp;<em>Les Nouvelles litt&eacute;raires&nbsp;</em><a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, lui donnent son premier lustre&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>. Le genre est particuli&egrave;rement florissant dans les ann&eacute;es 1950, qui voient na&icirc;tre &agrave; la fois le ph&eacute;nom&egrave;ne m&eacute;diatiquement majeur des entretiens-feuilletons et l&rsquo;entr&eacute;e en sc&egrave;ne de la t&eacute;l&eacute;vision en noir et blanc, associant les &eacute;crivains dans son grand rendez-vous litt&eacute;raire&nbsp;<em>Lectures pour tous</em>&nbsp;(1953-1968)&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Dans les ann&eacute;es 1970-1980, radio et t&eacute;l&eacute;vision se partagent les deux s&eacute;ries d&rsquo;entretiens culturels les plus populaires&nbsp;:&nbsp;<em>Radioscopie</em>&nbsp;de Jacques Chancel sur France Inter (1968-1982, 1988-1990) et&nbsp;<em>Apostrophes</em>&nbsp;de Bernard Pivot sur Antenne 2 (1975-1990). Les ann&eacute;es 1980 marquent un tournant majeur dans cette histoire &agrave; &eacute;pisodes&nbsp;: si les &eacute;crivains continuent de r&eacute;pondre aux sollicitations de ces deux m&eacute;dias &laquo;&nbsp;historiques&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>, les &eacute;missions culturelles grand public leur font ind&eacute;niablement moins de place, tandis que les &eacute;missions purement litt&eacute;raires se rar&eacute;fient hors de France Culture, transform&eacute;e malgr&eacute; elle en radio de niche. Une page se tourne alors.</p> <p>Ce dossier a choisi de s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; l&rsquo;&eacute;tape qui suit celle de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre et que, en consid&eacute;rant comme indicateur l&rsquo;&eacute;volution institutionnelle du format le plus original et sp&eacute;cifique du m&eacute;dium, l&rsquo;entretien-feuilleton, on peut identifier aux ann&eacute;es 1960-1985. Deux dates en marquent symboliquement le d&eacute;but et la fin&nbsp;: la naissance de France Culture &agrave; la toute fin de 1963&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>, la r&eacute;forme de la cha&icirc;ne &agrave; la rentr&eacute;e 1984&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>.</p> <h2>1. P&eacute;riodisation<br /> &nbsp;</h2> <p>La naissance de France Culture, r&eacute;solument con&ccedil;ue comme une radio du livre, du savoir et de la connaissance pour tous (m&ecirc;me si elle peine en pratique &agrave; &eacute;largir son audience), marque la pleine normalisation du genre dans les programmes de la radio d&rsquo;&Eacute;tat. Comme l&rsquo;&eacute;crit en 1963 Francis Cr&eacute;mieux en pr&eacute;sentant ses entretiens avec Aragon, &laquo;&nbsp;l&rsquo;entretien radio a maintenant ses passeports, et les juristes l&rsquo;assimilent &agrave; une &ldquo;&oelig;uvre de cr&eacute;ation&rdquo;. Ils ont raison&nbsp;; c&rsquo;est le cadeau de la radio &agrave; l&rsquo;histoire litt&eacute;raire de la seconde partie du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. On ne pourra plus ignorer ces parenth&egrave;ses orales que les plus grands parmi nos &eacute;crivains ont trac&eacute;es devant les micros ouverts&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>.&nbsp;&raquo; Le ph&eacute;nom&egrave;ne ne touche que marginalement France Inter (s&eacute;ries avec Fran&ccedil;ois Mauriac, Andr&eacute; Chamson, Andr&eacute; Maurois, Andr&eacute; Obey, Yves Gandon, Paul Guth, Michel Butor), o&ugrave;&nbsp;<em>Radioscopie</em>&nbsp;de Jacques Chancel r&egrave;gne en ma&icirc;tre &agrave; partir de 1969, avec son format quotidien d&rsquo;une heure rarement modifi&eacute; (exemple en 1980, quand Chancel re&ccedil;oit Albert Cohen pour 5 &eacute;missions). Sur France Culture en revanche, il explose&nbsp;: l&rsquo;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-8/3048-entretiens-feuilletons-d-ecrivain-1963-1986-un-premier-inventaire" target="_blank">essai d&rsquo;inventaire</a>&nbsp;&eacute;tabli par Pierre-Marie H&eacute;ron d&eacute;nombre plus de deux cents entretiens-feuilletons litt&eacute;raires de tous formats, diffus&eacute;s au rythme d&rsquo;une petite dizaine de s&eacute;ries par an,&nbsp;allant jusqu&rsquo;&agrave; une vingtaine en 1969-1970 et 1970-1971, une quinzaine en 1971-1972 et dans les trois ann&eacute;es qui suivent la r&eacute;forme de 1975. Il n&rsquo;est pas rare qu&rsquo;un m&ecirc;me &eacute;crivain se pr&ecirc;te &agrave; plusieurs reprises au jeu de l&rsquo;entretien-feuilleton, &agrave; quelques ann&eacute;es de distance&nbsp;: Aragon en 1963 et 1971, Soupault en 1963-1964 et 1975, Adamov en 1964 et 1969, Ionesco en 1964 et 1975, Malraux en 1967, 1974 et 1981, Marcel Arland en 1967 et 1972, Julien Green en janvier et novembre 1969, Michel Butor en 1967 et 1973, Julien Gracq en 1968 et 1977, Delteil en 1969 et 1971, Louis Guilloux en 1969 et 1975, Claude Simon en 1971 et 1976, Jean Tardieu en 1972 et 1985, Robert Mallet en 1972 et 1977, Michel Deguy en 1975 et 1978 et, seuls &eacute;crivains &eacute;trangers dans ce cas, Alejo Carpentier en 1964 et 1975, Jorge Luis Borges en 1965 et 1978. Du c&ocirc;t&eacute; des intervieweurs, des adeptes de l&rsquo;entretien cumulent les s&eacute;ries, comme Pierre de Boisdeffre lui-m&ecirc;me, directeur de la Radiodiffusion de 1964 &agrave; 1968, Pierre Lhoste, Georges Charbonnier, Francis Cr&eacute;mieux, Francine Mallet, ou les &eacute;crivains Roger Vrigny, Jean Thibaudeau et Jean Daive. Une nouveaut&eacute; de la r&eacute;forme de 1975 est de relancer et renforcer le recours &agrave; des &eacute;crivains dans le r&ocirc;le de l&rsquo;intervieweur&nbsp;: Roger Grenier, Pierre Oster, Joseph Guglielmi, Bernard Delvaille, Michel Chaillou, Georges Perec, &Eacute;douard Maunick, Jean Daive, Michel Butor&hellip; L&rsquo;allure des s&eacute;ries est durant les premi&egrave;res ann&eacute;es tr&egrave;s variable&nbsp;: certaines sont quotidiennes, d&rsquo;autres pluri-hebdomadaires, hebdomadaires ou mensuelles. Certaines comptent trois, quatre, cinq ou six &eacute;pisodes, d&rsquo;autres dix (seize s&eacute;ries), douze (treize s&eacute;ries) ou quinze (trois s&eacute;ries). Et les &eacute;pisodes, selon les s&eacute;ries, peuvent durer 12, 15, 20, 30, 40, 45 minutes ou une heure. Un format courant pr&eacute;domine cependant&nbsp;: jusqu&rsquo;en d&eacute;cembre 1972, 6 &eacute;missions de 15 &agrave; 20 mn (53 s&eacute;ries, un quart du corpus), hebdomadaires ou pluri-hebdomadaires jusqu&rsquo;en 1969 (18 s&eacute;ries), quotidiennes ensuite (lundi-samedi)&nbsp;; &agrave; partir de janvier 1973, 5 &eacute;missions quotidiennes de 15 mn en journ&eacute;e (lundi-vendredi)&nbsp;; &agrave; partir d&rsquo;avril 1975, 5 &eacute;missions quotidiennes de 25 &agrave; 30 mn en soir&eacute;e (lundi-vendredi) (50 s&eacute;ries, un quart du corpus).</p> <p>La naissance de France Culture marque aussi la compl&egrave;te banalisation du genre, au sens o&ugrave; il n&rsquo;est plus besoin d&rsquo;&ecirc;tre un &eacute;crivain c&eacute;l&egrave;bre ou un &laquo;&nbsp;grand &eacute;crivain&nbsp;&raquo; pour avoir droit &agrave; cette forme de cons&eacute;cration. Petit &agrave; petit, c&rsquo;est l&rsquo;ensemble du champ litt&eacute;raire qui est transform&eacute; en vivier, comme en t&eacute;moigne un rapide relev&eacute; de noms pour les cinq premi&egrave;res ann&eacute;es (remarquons aussi l&rsquo;extension du genre aux litt&eacute;ratures &eacute;trang&egrave;res)&nbsp;: Audiberti, Soupault, Aragon, Germaine Beaumont, Jean Cassou, Arthur Adamov, Alejo Carpentier, Ionesco, Mauriac, Borges, Andr&eacute; Chamson, Andr&eacute; Beucler, Ilya Ehrenbourg, Andr&eacute; Maurois, Andr&eacute; Obey, Andr&eacute; Salmon, Jean Giono, Jos&eacute; Bergamin, Armand Salacrou, Pierre Mac Orlan, Emmanuel Robl&egrave;s, princesse Bibesco, Roland Dorgel&egrave;s, Salvador de Madariaga, &Eacute;tiemble, Yves Gandon, Michel Butor, Armand Lanoux, Edm&eacute;e de la Rochefoucauld, Francis Ponge, Maria Le Hardouin, Max Aub, Violette Leduc, Andr&eacute; Malraux, Fran&ccedil;oise Mallet-Joris, Roland Barthes, Marcel Arland, Maurice Druon, Louis Martin-Chauffier, Michel Leiris, Paul Guth, Emmanuel Berl, Jean Grenier.</p> <p>En 1978, ann&eacute;e de lancement des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;par Alain Veinstein, charg&eacute; depuis 1975 de coordonner la production des entretiens-feuilletons, le genre conna&icirc;t un coup d&rsquo;arr&ecirc;t aussi brutal qu&rsquo;inopin&eacute;&nbsp;: aucune s&eacute;rie identifi&eacute;e en 1978-1979, une l&rsquo;ann&eacute;e suivante (cinq &eacute;missions avec Albert Cohen, dans &laquo;&nbsp;Radioscopie&nbsp;&raquo;), deux en 1980-1981 (cinq &eacute;missions de 25 mn avec Marguerite Duras, quinze d&rsquo;une heure avec Andr&eacute; Malraux), aucune les deux ann&eacute;es suivantes&hellip; C&rsquo;est une quasi extinction, jusqu&rsquo;&agrave; la r&eacute;forme de 1984.</p> <p>En 1984, l&rsquo;arriv&eacute;e de Jean-Marie Borzeix change la donne&nbsp;: dans un contexte d&rsquo;explosion des radios libres et de coupes budg&eacute;taires importantes, l&rsquo;ancien r&eacute;dacteur en chef des&nbsp;<em>Nouvelles litt&eacute;raires</em>&nbsp;et ancien directeur des &eacute;ditions du Seuil veut &laquo;&nbsp;moins de professeurs et plus de journalistes&nbsp;&raquo;, afin de tourner plus encore la cha&icirc;ne vers le monde pr&eacute;sent et tous les aspects de la culture. Il introduit, par petites touches, plus de direct, d&rsquo;actualit&eacute;, d&rsquo;information non culturelle, de d&eacute;bats d&rsquo;id&eacute;es, de documentaires. Mais en contrepartie, il suscite la cr&eacute;ation en janvier 1985 d&rsquo;une grille de nuit quotidienne,&nbsp;<em>Les Nuits de France Culture</em>, dont la vocation est de rappeler, entretenir et valoriser le patrimoine sonore de la cha&icirc;ne, dont les grandes s&eacute;ries d&rsquo;entretiens qui ont fait l&rsquo;orgueil de la cha&icirc;ne durant quelques d&eacute;cennies&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>. Deux ans plus tard, &agrave; la rentr&eacute;e 1987, le genre fait son retour dans les programmes de jour, au sein d&rsquo;une &eacute;mission quotidienne aujourd&rsquo;hui encore bien connue,&nbsp;<em>&Agrave; voix nue</em>, con&ccedil;ue par Alain Trutat. La particularit&eacute; de la s&eacute;rie, sous-titr&eacute;e &laquo;&nbsp;Grands entretiens d&rsquo;hier et d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;&raquo;, est d&rsquo;y faire alterner selon un principe de rotation bien r&eacute;gl&eacute; les archives anciennes et r&eacute;centes et les s&eacute;ries in&eacute;dites, auxquelles sont appliqu&eacute;es un m&ecirc;me format standard de cinq &eacute;missions quotidiennes de 30 mn, du lundi au vendredi. Pour le genre de l&rsquo;entretien-feuilleton, la r&eacute;forme de 1984 et ses suites signifient donc &agrave; la fois un retour en gr&acirc;ce et un changement de r&eacute;gime, au sens o&ugrave; ses grandes heures sont d&egrave;s lors massivement transform&eacute;es en objet de m&eacute;moire, dans&nbsp;<em>Les Nuits de France Culture</em>&nbsp;d&rsquo;abord, qui officialise le principe des archives, puis dans&nbsp;<em>&Agrave; voix nue</em>. Avec l&rsquo;essor de cette &laquo;&nbsp;radio de patrimoine&nbsp;&raquo; toutes directions incarn&eacute;e aussi par des s&eacute;ries comme&nbsp;<em>Une vie, une &oelig;uvre</em>&nbsp;(depuis 1984),&nbsp;<em>Le bon plaisir de&hellip;</em>&nbsp;(1984-1999),&nbsp;<em>Profils perdus</em>&nbsp;(1987-1995) ou&nbsp;<em>Radio archives</em>&nbsp;(1987-1999), une grande &eacute;poque de la France litt&eacute;raire semble d&eacute;sormais achev&eacute;e, perp&eacute;tu&eacute;e sur les ondes sur le mode nostalgique de la rediffusion&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>, que c&eacute;l&egrave;brent &agrave; l&rsquo;envi et peut-&ecirc;tre mythifient &agrave; mesure qu&rsquo;elle s&rsquo;&eacute;loigne ceux qui l&rsquo;ont connue, avec le v&oelig;u, chez certains, qu&rsquo;elle ne soit pas compl&egrave;tement r&eacute;volue&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Ce genre difficile de l&rsquo;entretien radiophonique avec un &eacute;crivain, Jacques Chancel (France-Inter), Philippe Caloni et Alain Veinstein (France Culture), Patrick Ferla (Radio Suisse romande), et parfois Alain Finkielkraut (France Culture) lorsqu&rsquo;il renonce au d&eacute;bat &agrave; trois pour le t&ecirc;te &agrave; t&ecirc;te, l&rsquo;ont magnifi&eacute;. Ils l&rsquo;ont fait en un temps o&ugrave; la radio s&rsquo;offrait encore le luxe du temps. Dur&eacute;e moyenne&nbsp;: une heure. Mais une vraie heure, qui ne soit pas mang&eacute;e par de la publicit&eacute; ou des disques toutes les cinq minutes. [&hellip;]</p> <p>Les archives litt&eacute;raires de Radio France sont d&rsquo;une richesse que l&rsquo;on n&rsquo;ose dire patrimoniale car le mot fait fuir tant il pue la naphtaline. Esp&eacute;rons que [&hellip;] l&rsquo;entretien radiophonique avec un &eacute;crivain n&rsquo;est pas mort&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>.</p> </blockquote> <p>La&nbsp;p&eacute;riodisation expos&eacute;e ci-dessus ne vaut peut-&ecirc;tre pas pour l&rsquo;entretien radiophonique d&rsquo;&eacute;crivain en g&eacute;n&eacute;ral, notamment pour cette esp&egrave;ce rapide et sommaire, plus proprement journalistique, qui pr&eacute;f&egrave;re le nom d&rsquo;interview et ob&eacute;it plus &eacute;troitement aux rythmes de l&rsquo;actualit&eacute;. Mais on la propose &agrave; titre d&rsquo;indicateur au moins dans ce dossier.</p> <h2>2. Entretiens-feuilletons<br /> &nbsp;</h2> <p>Pour faire droit &agrave; la diversit&eacute; des formes d&rsquo;entretien rencontr&eacute;es, les &eacute;tudes sont r&eacute;parties en deux volets.</p> <p>Le premier revient sur l&rsquo;entretien-feuilleton, genre propice &agrave; l&rsquo;explication approfondie par un &eacute;crivain, en compagnie d&rsquo;un journaliste ou d&rsquo;un autre &eacute;crivain, de son &oelig;uvre et de ses id&eacute;es sur la litt&eacute;rature. Deux collectifs se sont int&eacute;ress&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence du genre apr&egrave;s la seconde guerre mondiale et &agrave; sa premi&egrave;re d&eacute;cennie d&rsquo;existence&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>. Ce qui semble assez naturel&nbsp;: la recherche a toujours tendance &agrave; concentrer ses efforts, pour commencer, sur des moments inauguraux. Mais la suite de son histoire restait jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent largement inconnue. Il &eacute;tait impossible &eacute;videmment, vu l&rsquo;ampleur du corpus, de pratiquer plus que des sondages. Du moins avons-nous cherch&eacute; une certaine diversit&eacute;, en veillant &agrave; ce que les grands profils d&rsquo;&eacute;crivain (romanciers, po&egrave;tes, dramaturges) soient repr&eacute;sent&eacute;s&nbsp;; que certains d&rsquo;entre eux illustrent les inflexions id&eacute;ologiques du moment (influence des sciences humaines, th&egrave;me de la &laquo;&nbsp;mort de l&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;&hellip;)&nbsp;; enfin, que les corpus pr&eacute;c&egrave;dent et suivent la r&eacute;forme de 1975 entra&icirc;n&eacute;e par la dissolution de l&rsquo;ORTF (1974), qui a aussi son importance dans l&rsquo;approche du genre. L&rsquo;&eacute;chantillon ainsi r&eacute;uni fait appara&icirc;tre des continuit&eacute;s bien s&ucirc;r, mais &eacute;galement des nouveaut&eacute;s, qui sont peut-&ecirc;tre surtout des &eacute;carts momentan&eacute;s, dans la mesure o&ugrave; ces d&eacute;veloppements n&rsquo;ont pas eu beaucoup d&rsquo;imitateurs.</p> <h3><strong>2.1. Nouveaut&eacute;s</strong></h3> <p>La premi&egrave;re nouveaut&eacute; touche &agrave; l&rsquo;objet des entretiens. On la trouve d&egrave;s le d&eacute;but de la p&eacute;riode, dans les entretiens d&rsquo;Audiberti et d&rsquo;Adamov avec Georges Charbonnier diffus&eacute;s en 1963 et 1964, qu&rsquo;on peut sans h&eacute;siter classer dans la tendance socratique et plus globalement philosophique du genre&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>, &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me oppos&eacute; de l&rsquo;interview de reportage illustr&eacute;e, au sein de l&rsquo;esp&egrave;ce feuilleton, par des journalistes comme Andr&eacute; Parinaud ou Pierre Lhoste&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>. Ce qui en effet int&eacute;resse Charbonnier, universitaire &eacute;pris de sciences humaines, ce ne sont pas seulement les &oelig;uvres de ses interlocuteurs, qu&rsquo;il s&rsquo;agirait de pr&eacute;senter ou raconter au public, de replacer dans un contexte, une carri&egrave;re&nbsp;: ce sont les syst&egrave;mes esth&eacute;tiques qui les gouvernent. C&rsquo;est aussi, un cran au-dessus, la d&eacute;finition de l&rsquo;&Eacute;crivain et de la Litt&eacute;rature (avec majuscules). Une telle pr&eacute;occupation n&rsquo;&eacute;tait pas inexistante auparavant, mais elle s&rsquo;impose ici pour la premi&egrave;re fois, dans ces ann&eacute;es 1960 riches en d&eacute;bats sur les nouveaux chemins &agrave; donner &agrave; la critique litt&eacute;raire au contact des sciences humaines&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>, comme l&rsquo;objectif central d&rsquo;un genre o&ugrave; domine la tendance &laquo;&nbsp;confessionnelle&nbsp;&raquo;. Dans cette voie, Charbonnier, qui de 1955 &agrave; 1976 aura men&eacute; plus de vingt s&eacute;ries d&rsquo;entretiens avec des grands noms de la culture contemporaine, se montrera plus audacieux encore avec Butor (1967), &agrave; ses yeux le seul &eacute;crivain &laquo;&nbsp;syst&eacute;matique&nbsp;&raquo; de son temps, et avec Barthes (1967 aussi), avec&nbsp;qui il s&rsquo;agira &laquo;&nbsp;de d&eacute;finir l&rsquo;&eacute;criture, les rapports de l&rsquo;&eacute;crivain avec l&rsquo;&eacute;criture, et d&rsquo;esquisser les rapports du lecteur avec l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Une deuxi&egrave;me nouveaut&eacute; vient du contournement de la convention chronologique qui organise&nbsp;<em>grosso modo</em>&nbsp;la majorit&eacute; des entretiens-feuilletons, m&ecirc;me quand leurs promoteurs ‒ c&rsquo;est le cas du fondateur du genre, Jean Amrouche ‒ d&eacute;fendent une vision plus proustienne que beuvienne du rapport vie-&oelig;uvre. Les entretiens du martiniquais C&eacute;saire avec son fr&egrave;re en &laquo;&nbsp;parole insulaire&nbsp;&raquo; le po&egrave;te Edouard Maunick en 1976, &eacute;tudi&eacute;s ici par Florian Alix, en sont une bonne illustration. Si d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; en effet ils entrent avec bonheur dans l&rsquo;allure &laquo;&nbsp;&agrave; sauts et &agrave; gambades&nbsp;&raquo; du style de conversation promu par la (jeune) tradition &laquo;&nbsp;franco-fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo; du genre&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>, de l&rsquo;autre ils d&eacute;fendent l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un rapport &agrave; l&rsquo;espace culturellement plus structurant que le rapport au temps. Privil&eacute;giant une approche g&eacute;ographique, nourrie d&rsquo;une vision m&eacute;taphorique de la Martinique, ils font de l&rsquo;espace insulaire la cl&eacute; de lecture de l&rsquo;identit&eacute; de C&eacute;saire et de l&rsquo;imaginaire de son &oelig;uvre.</p> <p>Troisi&egrave;me nouveaut&eacute;&nbsp;: la rupture avec le mod&egrave;le conversationnel. C&rsquo;est l&rsquo;originalit&eacute; formelle de la s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;missions tir&eacute;e de l&rsquo;entretien de Georges Perros avec Jean Daive, po&egrave;te nouveau venu &agrave; France Culture, examin&eacute;e par C&eacute;line Pardo dans un bel article, fluide et sensible. On est en 1975, une nouvelle r&eacute;forme de France Culture a lieu, conseill&eacute;e dans l&rsquo;ombre du directeur Yves Jaigu par Alain Veinstein&nbsp;; il s&rsquo;agit de faire du neuf, de &laquo;&nbsp;moderniser&nbsp;&raquo; le genre. Sans que le degr&eacute; de responsabilit&eacute; de l&rsquo;intervieweur soit clairement &eacute;tabli, le r&eacute;sultat en est un dispositif sans questions (elles sont remplac&eacute;es par de laconiques &laquo;&nbsp;ponctuations&nbsp;&raquo; du propos ajout&eacute;es au montage), offrant &agrave; l&rsquo;auditeur la parole libre d&rsquo;un po&egrave;te vagabondant autour du fil conducteur propos&eacute; (l&rsquo;ordre de parution de ses livres, et pour finir ses lectures). Ce proc&eacute;d&eacute; du dialogue &laquo;&nbsp;monologis&eacute;&nbsp;&raquo; semble avoir &eacute;t&eacute; de mode apr&egrave;s 1975&nbsp;: on le trouve exp&eacute;riment&eacute; &agrave; grande &eacute;chelle par &Eacute;dith Lansac et Gilbert Maurice Duprez dans l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<em>De la nuit</em>&nbsp;(France Culture, 1975-1977), &eacute;tudi&eacute;e dans la deuxi&egrave;me partie de ce dossier (Christophe Deleu), ainsi que dans les premiers mois de&nbsp;<em>Bruits de pages</em>, le magazine litt&eacute;raire des d&eacute;buts de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, aussi &eacute;tudi&eacute; en deuxi&egrave;me partie (Galia Yanoshevsky). Dans la s&eacute;rie avec Perros, il aboutit &agrave; cr&eacute;er un contraste assez inconfortable entre la voix improvisatrice du po&egrave;te et celles, trop &eacute;tudi&eacute;es, appr&ecirc;t&eacute;es, de Jean Daive et de la com&eacute;dienne Mich&egrave;le Cohen qui ponctuent les &eacute;missions apr&egrave;s-coup de brefs propos et lectures de passages. Pourtant, malgr&eacute; la d&eacute;fiance de Perros vis-&agrave;-vis de l&rsquo;exercice, et d&rsquo;une certaine mani&egrave;re malgr&eacute; lui, une &laquo;&nbsp;&oelig;uvre radiophonique &agrave; part enti&egrave;re&nbsp;&raquo; se cr&eacute;e l&agrave;, par la seule force de pr&eacute;sence du po&egrave;te au micro, &eacute;chappant de tous c&ocirc;t&eacute;s &agrave; la mise en forme de sa parole, de sa voix, de sa pens&eacute;e, dans une souveraine indiff&eacute;rence &agrave; leur esth&eacute;tisation.</p> <p>Dans les entretiens de Jean Tortel avec Joseph Guglielmi et Liliane Giraudon diffus&eacute;s en 1976, eux aussi command&eacute;s par Alain Veinstein, l&rsquo;entorse au mod&egrave;le conversationnel courant est d&rsquo;un autre ordre, et semble d&eacute;river du souci des intervieweurs d&rsquo;approcher la po&eacute;sie de l&rsquo;auteur comme un tout, port&eacute; par une vision g&eacute;n&eacute;ratrice d&rsquo;un style et notamment d&rsquo;un lexique propre. Le proc&eacute;d&eacute; consiste &agrave; utiliser au fil de la conversation, des listes de mots pris dans ce &laquo;&nbsp;vocabulaire tortellien&nbsp;&raquo; et &agrave; faire parler le po&egrave;te dessus. Des lectures les compl&egrave;tent, &laquo;&nbsp;aussi peu attentives &agrave; la chronologie de l&rsquo;&oelig;uvre que les &eacute;changes dialogu&eacute;s&nbsp;&raquo; en d&eacute;pit du &laquo;&nbsp;sch&eacute;ma grossi&egrave;rement chronologique&nbsp;&raquo; (Catherine Soulier) des entretiens planifi&eacute; avant les enregistrements, trop peu sollicit&eacute; en pratique pour &ecirc;tre utile aux auditeurs.</p> <h3><strong>2.2. Paradoxe</strong></h3> <p>Dans la derni&egrave;re s&eacute;rie &eacute;tudi&eacute;e ici, les entretiens de Robbe-Grillet avec Thibaudeau (1975), on sera peut-&ecirc;tre surpris de ne pas trouver de grande nouveaut&eacute; formelle&nbsp;: de la part de chef du file du Nouveau Roman et d&rsquo;un ancien de Tel Quel, tous deux m&eacute;fiants vis-&agrave;-vis de notions jug&eacute;es p&eacute;rim&eacute;es en 1957 par le premier (le personnage, l&rsquo;histoire, l&rsquo;engagement&hellip;), on pouvait s&rsquo;attendre &agrave; plus de r&eacute;flexion critique sur les formes de discours et les enjeux litt&eacute;raires et m&eacute;diatiques d&rsquo;un genre o&ugrave; l&rsquo;auteur est n&eacute;cessairement pr&eacute;sent en personne, et plus de r&eacute;appropriation. Mais on sait que Robbe-Grillet, remarquable conf&eacute;rencier, d&eacute;batteur et parleur par ailleurs, a un rapport essentiellement utilitaire &agrave; la parole&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>, laquelle n&rsquo;est pas &agrave; ses yeux le lieu o&ugrave; se joue sa qualit&eacute; d&rsquo;&eacute;crivain, mais seulement son image publique. C&rsquo;est bien pourquoi, comme le montre l&rsquo;article de Jochen Mecke, la question centrale de ces entretiens est celle de la posture&nbsp;: il s&rsquo;agit pour Robbe-Grillet, au lendemain des colloques de Cerisy qui ont consacr&eacute; l&rsquo;appellation du groupe, de conforter, en racontant &agrave; sa mani&egrave;re son parcours artistique (litt&eacute;rature et cin&eacute;ma surtout), une image d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;ternel d&eacute;butant&nbsp;&raquo; r&eacute;volutionnaire, celui gr&acirc;ce &agrave; qui une avant-garde d&rsquo;abord non reconnue a &eacute;t&eacute; consacr&eacute;e. L&rsquo;autobiographie intellectuelle y est instrumentalis&eacute;e au service d&rsquo;une entreprise m&eacute;diatique de persuasion, dans laquelle l&rsquo;auteur des&nbsp;<em>Gommes</em>&nbsp;et son interlocuteur se livrent &agrave; une justification de l&rsquo;&oelig;uvre et du personnage public de l&rsquo;auteur.</p> <h2>3. Magazines et autres &eacute;missions<br /> &nbsp;</h2> <p>Le second volet du dossier met d&rsquo;abord en avant, dans des articles consacr&eacute;s &agrave; Roger Vrigny, Jos&eacute; Artur, Jacques Chancel et Alain Veinstein, le genre du magazine, o&ugrave; quelques intervieweurs r&eacute;guliers conduisent la plupart des interviews ‒ le mot s&rsquo;av&egrave;re ici souvent plus adapt&eacute; que celui d&rsquo;entretien, sans le disqualifier non plus. Cette forme de s&eacute;rialit&eacute; est &agrave; vrai dire la plus courante &agrave; la radio, mais elle s&rsquo;av&egrave;re d&rsquo;une multiformit&eacute; redoutable, par la vari&eacute;t&eacute; d&rsquo;enjeux, d&rsquo;usages et de combinaisons &agrave; laquelle l&rsquo;interview d&rsquo;&eacute;crivain se pr&ecirc;te. On la trouve dans des &eacute;missions litt&eacute;raires comme dans des &eacute;missions culturelles (o&ugrave; les &eacute;crivains sont souvent bien repr&eacute;sent&eacute;s, sans &ecirc;tre toujours les plus nombreux). Elle peut former le tout de ces &eacute;missions ou seulement une ou plusieurs de ses parties, &agrave; des endroits variables, en lien ou non avec l&rsquo;actualit&eacute;, etc. Exemples&nbsp;: dans&nbsp;<em>Un livre&hellip; des voix,</em>&nbsp;une des plus fameuses &eacute;missions de France Culture, environ 3900 &eacute;missions sur trente ans (1<sup>er</sup>&nbsp;avril 1968-30 juillet 1999), qui s&rsquo;organise autour d&rsquo;un livre r&eacute;cemment paru ou &agrave; para&icirc;tre dont elle fait entendre des extraits lus par des com&eacute;diens, l&rsquo;interview de l&rsquo;auteur n&rsquo;est pas syst&eacute;matique, alterne parfois avec une pr&eacute;face parl&eacute;e, parfois augment&eacute;e d&rsquo;une postface, et, quand elle a lieu, est men&eacute;e non par le producteur, mais parle r&eacute;alisateur de l&rsquo;&eacute;mission. Dans&nbsp;<em>Nouveau R&eacute;pertoire dramatique</em>&nbsp;(1969-2002) en revanche, &eacute;mission de Lucien Attoun visant &agrave; diffuser et faire conna&icirc;tre le th&eacute;&acirc;tre vivant et in&eacute;dit de son temps, l&rsquo;audition de la pi&egrave;ce est syst&eacute;matiquement pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e d&rsquo;un entretien de 5 &agrave; 15 mn avec l&rsquo;auteur (ou &agrave; d&eacute;faut avec l&rsquo;adaptateur ou le traducteur), sur son parcours, son th&eacute;&acirc;tre, ses id&eacute;es sur le th&eacute;&acirc;tre, la pi&egrave;ce qui va &ecirc;tre diffus&eacute;e. Dans&nbsp;<em>Allegro&hellip; ma non troppo</em>&nbsp;(1973-1983), &eacute;mission litt&eacute;raire de divertissement anim&eacute;e par Fran&ccedil;oise Treussard et Bertrand J&eacute;r&ocirc;me (qu&rsquo;on retrouve aux commandes, &agrave; partir de 1984, de la c&eacute;l&egrave;bre &eacute;mission de jeux radiophoniques et litt&eacute;raires&nbsp;<em>Des Papous dans la t&ecirc;te&nbsp;</em>sur France Culture), chaque &eacute;mission fait entendre une ou des interviews, mais sans accorder de traitement de faveur aux &eacute;crivains, qui sont en fait peu nombreux, tous suppos&eacute;s &laquo;&nbsp;grand public&nbsp;&raquo; (auteurs de romans policiers ou &agrave; succ&egrave;s), jamais invit&eacute;s ni interrog&eacute;s pour leur &oelig;uvre mais seulement pour parler des m&oelig;urs de la vie litt&eacute;raire ou de tout autre chose, et sont en somme surtout attendus, comme les autres interview&eacute;s, sur leur capacit&eacute; &agrave; faire passer un bon moment &agrave; l&rsquo;auditeur.</p> <p>En bref, la monnaie courante des interviews d&rsquo;&eacute;crivain s&rsquo;inscrit dans un cadre pr&eacute;existant et contraignant, dont le dispositif (format et but de l&rsquo;&eacute;mission, notori&eacute;t&eacute;, identit&eacute; de l&rsquo;intervieweur, destinataires&hellip;) demande souvent &agrave; &ecirc;tre pris en compte. Il y avait donc lieu, dans ce volet du dossier plus sp&eacute;cialement, et dans le prolongement des quelques &eacute;tudes existantes portant sur les intervieweurs d&rsquo;&eacute;crivains&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>, de situer r&eacute;solument la focale du c&ocirc;t&eacute; des formes et formats, en g&eacute;n&eacute;ral n&eacute;glig&eacute;s par les chercheurs en litt&eacute;rature qui, lorsqu&rsquo;ils &eacute;tudient des entretiens, se concentrent essentiellement sur les contenus et les auteurs, en raison d&rsquo;une tr&egrave;s naturelle inclination disciplinaire&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>. Le pli n&rsquo;est pas compl&egrave;tement pris encore de consid&eacute;rer l&rsquo;entretien comme une performance au sens donn&eacute; aujourd&rsquo;hui &agrave; ce mot&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>, dont la valeur propre, sans &ecirc;tre toujours artistique, peut l&rsquo;&ecirc;tre aussi &agrave; l&rsquo;occasion.</p> <p>Dans ce deuxi&egrave;me volet, le choix a &eacute;t&eacute; fait d&rsquo;&eacute;tudier quatre s&eacute;ries illustres, dont certaines, encyclop&eacute;diques, ont totalis&eacute; des milliers d&rsquo;&eacute;missions sur plusieurs d&eacute;cennies, pour tenter de saisir &agrave; travers des exemples remarquables quelques grandes tendances du genre durant la p&eacute;riode. Une cinqui&egrave;me s&eacute;rie,&nbsp;<em>De la nuit</em>&nbsp;(1975-1977), &eacute;mission quotidienne de nuit, en diff&eacute;r&eacute;, de cinquante minutes, compl&egrave;tement insolite et hors-normes, &eacute;tudi&eacute;e par Christophe Deleu, compl&egrave;te cet ensemble en t&eacute;moignant &agrave; sa mani&egrave;re de la tendance des ann&eacute;es 1970 &agrave; la&nbsp;<em>normalisation</em>&nbsp;de la figure de l&rsquo;&eacute;crivain, en m&ecirc;me temps que d&rsquo;un d&eacute;sir de sortir des habitudes de l&rsquo;entretien pour faire entendre les voix d&rsquo;&eacute;crivain autrement&nbsp;: coup&eacute;es de leur source, anonymis&eacute;es, m&ecirc;l&eacute;es &agrave; d&rsquo;autres&hellip; et, ainsi priv&eacute;es de leur identit&eacute; civile et sociale, donn&eacute;es &agrave; entendre pour elles-m&ecirc;mes et ce qu&rsquo;elles disent. Pour ne pas en rester &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des formes de l&rsquo;interview dans ces &eacute;missions en contexte fran&ccedil;ais, les deux derniers articles du dossier proposent aussi une br&egrave;ve incursion du c&ocirc;t&eacute; des postures d&rsquo;&eacute;crivain. Guido Gallerani analyse la pratique et la th&eacute;orisation de l&rsquo;interview radiophonique chez Roland Barthes, consciemment partag&eacute;e &agrave; partir de 1975 entre l&rsquo;interview d&rsquo;id&eacute;es et l&rsquo;interview personnelle ‒&nbsp;la seule qui permette &agrave; la fois de dire&nbsp;<em>je&nbsp;</em>et d&rsquo;impliquer vraiment le corps, la voix, l&rsquo;imaginaire du parleur. Il montre aussi comment, via les interviews du second type, s&rsquo;op&egrave;re dans la posture publique de Barthes, au cours des ann&eacute;es 1970, un d&eacute;placement de la figure de l&rsquo;<em>intellectuel</em>&nbsp;vers celle de l&rsquo;<em>amateur</em>. J&eacute;r&ocirc;me Meizoz et Fran&ccedil;ois Vallotton nous entra&icirc;nent quant &agrave; eux en Suisse romande, pour d&eacute;crire plusieurs &eacute;missions remarquables des ann&eacute;es 1960-1990, en les situant dans la tradition m&eacute;diatique du pays, avant de montrer sur trois exemples (Jacques Chessex, Anne-Lise Grob&eacute;ty, Nicolas Bouvier) l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des sources audiovisuelles dans l&rsquo;approche de l&rsquo;&laquo;&nbsp;identit&eacute; m&eacute;diatique&nbsp;&raquo; des &eacute;crivains.</p> <p>Concernant les &eacute;missions s&eacute;rielles &eacute;tudi&eacute;es dans les quatre premiers articles, il a paru int&eacute;ressant de s&eacute;parer les &eacute;missions culturelles, o&ugrave; les &eacute;crivains ne sont pas les seuls interview&eacute;s, des &eacute;missions purement litt&eacute;raires et, dans chaque cas, de mettre en parall&egrave;le des s&eacute;ries contrastant fortement entre elles d&rsquo;une mani&egrave;re ou d&rsquo;une autre. Soit, pour les &eacute;missions culturelles (articles de David Martens et Marine Beccarelli)&nbsp;:&nbsp;<em>Radioscopie</em>&nbsp;(1968-1982, 1988-1990), &eacute;mission quotidienne d&rsquo;une heure diffus&eacute;e en fin d&rsquo;apr&egrave;s-midi en direct et en studio, exclusivement compos&eacute;e d&rsquo;entretiens en t&ecirc;te-&agrave;-t&ecirc;te, et&nbsp;<em>Le Pop Club</em>&nbsp;(1965-2005), &eacute;mission quotidienne de vari&eacute;t&eacute;s et de nuit en direct et hors-studio&nbsp;; les deux sur France-Inter. Et, pour les &eacute;missions litt&eacute;raires (articles de Pierre-Marie H&eacute;ron et Galia Yanoshevsky)&nbsp;:&nbsp;<em>La Matin&eacute;e litt&eacute;raire</em>&nbsp;(1966-1984), magazine hebdomadaire d&rsquo;1h45 puis 1h30 le matin en studio, associant direct et diff&eacute;r&eacute;, et&nbsp;<em>Bruits de pages&nbsp;</em>(1978-1980), magazine mensuel puis bi-mensuel d&rsquo;1h20 le soir, en direct et en diff&eacute;r&eacute; aussi&nbsp;; les deux sur France Culture.</p> <h3>3.1. Deux&nbsp;magazines culturels sur France-Inter :&nbsp;<em>Radioscopie&nbsp;</em>et&nbsp;<em>Le Pop Club</em></h3> <p><em>Radioscopie</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Le Pop Club</em>, dont l&rsquo;id&eacute;e ou la conception reviennent en tout ou partie au directeur de France-Inter d&rsquo;alors, Roland Dhordain, illustrent ce que celui-ci appelait, apr&egrave;s d&rsquo;autres, les &laquo;&nbsp;deux &eacute;coles de l&rsquo;interview&nbsp;&raquo;, celle de la courtoisie et celle de la &laquo;&nbsp;muflerie&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>. Avec Chancel, &laquo;&nbsp;le torero socratique&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;&raquo;, l&rsquo;intervieweur met des gants pour parvenir &agrave; ses fins, se montre affable, concern&eacute;, g&eacute;n&eacute;reux de son admiration&nbsp;; ce qui lui permet aussi de mieux faire accepter, &laquo;&nbsp;entre deux pattes de velours&nbsp;&raquo;, le &laquo;&nbsp;coup de griffe&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;quand il survient. Dans&nbsp;<em>Le Pop Club</em>&nbsp;en revanche, Jos&eacute; Artur s&rsquo;inscrit d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment dans la tradition de l&rsquo;interview impertinente, qui r&eacute;pond pour lui au style de l&rsquo;&eacute;poque (&laquo;&nbsp;en 1965, pour se faire entendre, il fallait provoquer beaucoup&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;&raquo;). Il s&rsquo;agit d&rsquo;y parler &laquo;&nbsp;comme si tu parlais chez toi &agrave; table avec des copains&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo;, donc de traiter les &eacute;crivains non comme des &eacute;crivains, mais comme des copains&hellip; tout en sachant, comme dirait Cocteau&nbsp;<em>jusqu&rsquo;o&ugrave; aller trop loin</em>&nbsp;(Artur revendique le sens de la limite dans l&rsquo;irrespect). Deux approches compl&egrave;tement diff&eacute;rentes, donc, de l&rsquo;interview, d&eacute;terminant c&ocirc;t&eacute; intervieweur deux personnages d&rsquo;intervieweur &agrave; jouer. Et une convergence paradoxale&nbsp;: au fond, m&ecirc;me si les deux s&eacute;ries sont culturelles, la litt&eacute;rature y conserve une place &agrave; part, eu &eacute;gard au prestige dont elle b&eacute;n&eacute;ficie en France&hellip; et qu&rsquo;elle exerce sur deux producteurs autodidactes des Lettres, qui se sont cultiv&eacute;s seuls et savourent leur plaisir de rencontrer des grands de ce monde approch&eacute;s dans les livres. Ainsi, comme le souligne Marine Beccarelli, les &eacute;crivains ont droit &agrave; un traitement de faveur dans&nbsp;<em>Le Pop Club&nbsp;</em>: 55 minutes d&rsquo;interview au lieu de dix &agrave; quinze pour les autres invit&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>. Quant &agrave; Jacques Chancel, venu comme Jos&eacute; Artur du monde des vari&eacute;t&eacute;s, sa passion pour la litt&eacute;rature induit un comportement d&rsquo;intervieweur lui aussi d&eacute;cal&eacute; par rapport aux attentes d&rsquo;une &eacute;mission culturelle, comme le met en &eacute;vidence David Martens en analysant des interviews<em>&nbsp;a priori&nbsp;</em>non litt&eacute;raires de&nbsp;<em>Radioscopie</em>&nbsp;: l&agrave; o&ugrave; un intervieweur culturel, adaptant ses questions &agrave; son interlocuteur, parlerait prioritairement de m&eacute;decine avec un m&eacute;decin, de politique avec un ministre ou de musique avec un musicien, Chancel se flatte d&rsquo;avoir avec tous des &laquo;&nbsp;conversations&nbsp;&raquo; (et non des interviews), se pla&icirc;t &agrave; citer les grands auteurs, &agrave; faire le lettr&eacute;, et ne manque jamais de tirer &agrave; un moment ou un autre ses interlocuteurs du c&ocirc;t&eacute; de la litt&eacute;rature. Comme si ce talentueux &laquo;&nbsp;passeur&nbsp;&raquo;, anim&eacute; d&rsquo;un &nbsp;secret d&eacute;sir d&rsquo;&ecirc;tre lui-m&ecirc;me un auteur, n&rsquo;avait de cesse de faire passer tous ses interlocuteurs, &eacute;crivains ou non, et le grand public qui l&rsquo;aime et l&rsquo;&eacute;coute les yeux ferm&eacute;s, dans l&rsquo;espace des Belles-Lettres consacr&eacute; par des si&egrave;cles de culture fran&ccedil;aise.</p> <h3>3.2. Deux magazines litt&eacute;raires&nbsp;sur France Culture:&nbsp;<em>La Matin&eacute;e litt&eacute;raire</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Bruits de pages</em></h3> <p>Entre&nbsp;<em>La Matin&eacute;e litt&eacute;raire</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Bruits de pages</em>, concern&eacute;s eux aussi par le clivage g&eacute;n&eacute;ral courtoisie/muflerie, le principal contraste est d&rsquo;un autre ordre. Notons d&rsquo;abord ce qui rapproche les deux s&eacute;ries&nbsp;: leurs producteurs et principaux conducteurs d&rsquo;interview, Vrigny et Veinstein, l&rsquo;un romancier, l&rsquo;autre po&egrave;te, sont des &eacute;crivains, non de simples journalistes. Autrement dit, ils parlent &agrave; leurs interlocuteurs de pair &agrave; pair, investis de la l&eacute;gitimit&eacute; qui vient de leur condition d&rsquo;&eacute;crivain et pas seulement de l&rsquo;autorit&eacute; qui vient de leur fonction. Ce qui les oppose rel&egrave;ve un peu de la querelle des Anciens et des Modernes&nbsp;: ils n&rsquo;invitent pas les m&ecirc;mes auteurs, ne recommandent pas les m&ecirc;mes livres, ne sont pas li&eacute;s aux m&ecirc;mes &eacute;diteurs (le premier est toute sa vie un auteur Gallimard, le second est proche des &eacute;ditions Orange Export Ltd), n&rsquo;ont pas la m&ecirc;me conception de la litt&eacute;rature. Ils n&rsquo;ont pas non plus le m&ecirc;me regard sur l&rsquo;industrie du livre. Vrigny, lui-m&ecirc;me prix Femina 1963, tout en critiquant &laquo;&nbsp;le climat de show-business qui asphyxie la vie litt&eacute;raire&nbsp;&raquo;, ne consid&egrave;re pas que les bons &eacute;crivains soient desservis par le syst&egrave;me des prix litt&eacute;raires, des r&eacute;seaux d&rsquo;influence, des coups m&eacute;diatiques, qui au contraire leur permet d&rsquo;avoir des lecteurs ou plus de lecteurs, et &laquo;&nbsp;L&rsquo;Invit&eacute; de la semaine&nbsp;&raquo;, la principale s&eacute;quence d&rsquo;interview de son magazine, joue volontiers le jeu de cette m&eacute;diatisation d&rsquo;un &eacute;crivain qui fait l&rsquo;actualit&eacute;. Veinstein, en revanche, pour qui seule compte la litt&eacute;rature &laquo;&nbsp;en mouvement&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;en formation&nbsp;&raquo;, se plaint que les m&eacute;dias n&rsquo;en aient que pour les &laquo;&nbsp;mauvais livres&nbsp;&raquo;, la litt&eacute;rature industrielle, les &laquo;&nbsp;best-sellers fabriqu&eacute;s &agrave; la h&acirc;te&nbsp;&raquo;, de sorte que&nbsp;<em>Bruits de pages</em>&nbsp;sert avant tout de&nbsp;<em>faire du bruit</em>&nbsp;en faveur des vrais &eacute;crivains qu&rsquo;il veut faire conna&icirc;tre et de leurs livres trop peu lus.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>Relativement modeste par sa focalisation presque exclusive sur la France et par la p&eacute;riode retenue (1960-1985), ce dossier s&rsquo;inscrit dans le prolongement de travaux envisageant la pratique de l&rsquo;entretien d&rsquo;&eacute;crivain dans la presse &eacute;crite et dans le livre&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>, au croisement du journalisme et de la litt&eacute;rature&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>. Il n&rsquo;est cependant pas sans ambitions. D&rsquo;une part, il propose de mieux conna&icirc;tre une facette de l&rsquo;histoire de la litt&eacute;rature longtemps oubli&eacute;e, en raison de l&rsquo;inaccessibilit&eacute; relative des supports qui en gardent la trace (jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;av&egrave;nement de la num&eacute;risation des archives) et de son suppos&eacute; moindre prix au regard de l&rsquo;&oelig;uvre elle-m&ecirc;me. De ce point de vue, il s&rsquo;inscrit dans un certain air du temps de la recherche litt&eacute;raire dans le monde francophone, qui s&rsquo;int&eacute;resse volontiers aujourd&rsquo;hui, non seulement &agrave; la m&eacute;diatisation des &eacute;crivains et &agrave; leurs activit&eacute;s publiques (au-del&agrave; du seul domaine de la presse), mais &agrave; tout ce qui peut entrer dans une compr&eacute;hension plus large du domaine de la litt&eacute;rature, bien au-del&agrave; des seules formes du livre&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>. D&rsquo;autre part, les articles r&eacute;unis font avancer notre connaissance de l&rsquo;histoire de la radio dans son versant litt&eacute;raire, ce qui n&rsquo;est pas n&eacute;gligeable, dans un pays qui s&rsquo;est longtemps vu et se pense encore largement comme &laquo;&nbsp;le pays de la litt&eacute;rature&nbsp;&raquo; (Pierre Lepape) et dont la radio, par tradition, fait une large place aux &eacute;crivains. Les analyses produites peuvent par cons&eacute;quent servir de r&eacute;f&eacute;rences et de relais &agrave; des travaux futurs.</p> <p>Avis aux chercheurs et aux curieux d&eacute;sireux de se plonger dans l&rsquo;atmosph&egrave;re sonore d&rsquo;une &eacute;poque qui a compt&eacute; dans l&rsquo;histoire culturelle du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Dominique Kalifa, Philippe R&eacute;gnier, Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty, Alain Vaillant (dir.).&nbsp;<em>La&nbsp;</em><em>Civilisation du journal</em>, Paris, Nouveau Monde &eacute;ditions, 2011.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Voir &agrave; ce sujet les pages de Christopher Todd sur les &eacute;missions parl&eacute;es de l&rsquo;entre-deux-guerres, dans&nbsp;<em>Pierre Descaves, t&eacute;moin et pionnier de la radio</em>, Lewiston / Queenstown / Lampeter, The Edwin Mellen Press, 2000, 2 vol.&nbsp;; ouvrage dont le fil biographique se nourrit d&rsquo;un vaste panorama de la radio de l&rsquo;&eacute;poque.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Bruno Curatolo (dir.), &laquo;&nbsp;<em>Les Nouvelles litt&eacute;raires</em>&nbsp;: une id&eacute;e de litt&eacute;rature&nbsp;?&nbsp;&raquo;, colloque Fabula, f&eacute;vrier 2012, [En ligne], URL&nbsp;: http://www.fabula.org/colloques/sommaire1451.php</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Pierre-Marie H&eacute;ron, &laquo;&nbsp;Les radio-dialogues de Fr&eacute;d&eacute;ric Lef&egrave;vre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Lieux litt&eacute;raires</em>, &laquo;&nbsp;L&rsquo;interview d&rsquo;&eacute;crivain&nbsp;&raquo;, n&deg;9-10, novembre 2006, p.&nbsp;149-172.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Sophie de Closets,&nbsp;<em>Quand la t&eacute;l&eacute;vision aimait les &eacute;crivains&nbsp;: &laquo;&nbsp;Lectures pour tous&nbsp;&raquo;, 1953-1968</em>, Bruxelles, De Boeck&nbsp;/&nbsp;Bry-sur-Marne, INA, 2004.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Il n&rsquo;existe pas aujourd&rsquo;hui d&rsquo;ouvrage de r&eacute;f&eacute;rence sur l&rsquo;histoire de la culture &agrave; la radio en France. Sur la cha&icirc;ne culturelle de l&rsquo;ORTF puis Radio France, on peut lire&nbsp;<em>50 ans de France Culture</em>, d&rsquo;Anne-Marie Autissier et Emmanuel Laurentin (Paris, Flammarion, 2013), illustr&eacute; et bien document&eacute;&nbsp;; sur les &eacute;missions litt&eacute;raires &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision,&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;crivain sacrifi&eacute;, vie et mort de l&rsquo;&eacute;mission litt&eacute;raire</em>, de Patrick Tudoret, bien inform&eacute; aussi mais assez pol&eacute;mique (Lormont, le Bord de l&rsquo;Eau&nbsp;/&nbsp;Bry-sur-Marne, Ina, coll. &laquo;&nbsp;Penser les m&eacute;dias&nbsp;&raquo;, 2009).</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Le nom de la cha&icirc;ne s&rsquo;&eacute;crit avec trait d&rsquo;union jusqu&rsquo;en 1984.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Anne-Marie Autissier et Emmanuel Laurentin,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;86-93, donnent un aper&ccedil;u des grandes &eacute;volutions de programmes de France Culture au fil des r&eacute;formes et changements de direction.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Dix entretiens avec Aragon pr&eacute;sent&eacute;s par Francis Cr&eacute;mieux&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Cahiers litt&eacute;raires de l&rsquo;ORTF</em>, 2e ann&eacute;e, n&deg;&nbsp;3, 3-16 novembre 1963 p.&nbsp;9-11.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Voir Marine Beccarelli,&nbsp;<em>Les Nuits du bout des ondes. Introduction &agrave; l&rsquo;histoire de la radio nocturne en France, 1945-2013</em>, Bry-sur-Marne, Ina, 2014.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Et de l&rsquo;&eacute;dition, papier ou sonore&nbsp;: la collection &laquo;&nbsp;Les Grandes Heures&nbsp;&raquo; (Ina / Radio France), qui rassemble aujourd&rsquo;hui autour de 40 titres, est lanc&eacute;e en 1994 pour &laquo;&nbsp;p&eacute;renniser les grands entretiens radiophoniques d&rsquo;artistes, cin&eacute;astes, &eacute;crivains et intellectuels qui ont marqu&eacute; le XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;&raquo; (propos de l&rsquo;&eacute;diteur). En 2013, ann&eacute;e de comm&eacute;moration des 50 ans de France Culture, l&rsquo;Ina et Radio France s&rsquo;associent aux &eacute;ditions de la Table Ronde pour republier ou publier une transcription de douze de ces s&eacute;ries, diffus&eacute;es entre 1950 et 2000 (<em>Les Grandes Heures</em>, Paris, 2013, 472 p.)</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Pierre Assouline, blog&nbsp;<em>La R&eacute;publique (des livres)</em>, billet &laquo;&nbsp;Les &eacute;crivains se confessent &agrave; la radio comme nulle part ailleurs&nbsp;&raquo;, 1<sup>er</sup>&nbsp;d&eacute;cembre 2013. En ligne&nbsp;: http://larepubliquedeslivres.com/les-ecrivains-se-confessent-la-radio-comme-nulle-part-ailleurs/. Consult&eacute; le 16 mars 2018.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Pierre-Marie H&eacute;ron (dir.),&nbsp;<em>Les &eacute;crivains &agrave; la radio&nbsp;: les Entretiens de Jean Amrouche</em>, Montpellier, Publications de Montpellier 3, 2000&nbsp;;&nbsp;<em>&Eacute;crivains au micro. Les entretiens-feuilletons &agrave; la radio fran&ccedil;aise dans les ann&eacute;es cinquante</em>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. &laquo;&nbsp;Interf&eacute;rences&nbsp;&raquo;, 2010.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Suzanne Guellouz,&nbsp;<em>Le dialogue</em>, Paris, PUF, coll. &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ratures modernes&nbsp;&raquo;, 1992.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Sur l&rsquo;interview de presse parl&eacute;e, il n&rsquo;y a pas &agrave; notre connaissance de travaux r&eacute;cents. On peut consulter&nbsp;: Arlette Dupont,&nbsp;Henri Vaume, &laquo;&nbsp;La radio interroge&nbsp;: de l&rsquo;interview-rite &agrave; l&rsquo;interview-confession&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>in</em>&nbsp;Jean Tardieu (dir.),&nbsp;<em>Grandeurs et faiblesses de la radio</em>, Paris, Unesco, 1969, p.&nbsp;119-146, et, pour une approche linguistique, Patrick Charaudeau (dir.),&nbsp;<em>Aspects du discours radiophonique</em>, Paris, Didier-&Eacute;rudition, 1984 (chapitres &laquo;&nbsp;Probl&egrave;mes d&rsquo;analyse des m&eacute;dias, d&eacute;finition d&rsquo;un genre&nbsp;: l&rsquo;interview&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Comparaison des interviews&nbsp;: type Jos&eacute; Artur et type Jacques Chancel&nbsp;&raquo;). Le num&eacute;ro sp&eacute;cial des&nbsp;<em>Cahiers de prax&eacute;matique</em>&nbsp;[en ligne], 61 | 2013&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le discours radiophonique en pratiques&nbsp;&raquo;, sld notre coll&egrave;gue de Paul-Val&eacute;ry Montpellier Laurent Faur&eacute;, n&rsquo;aborde pas sp&eacute;cifiquement le genre. Sur l&rsquo;interview de presse &eacute;crite (qui n&rsquo;a formellement pas grand-chose &agrave; voir avec la pr&eacute;c&eacute;dente), voir Jean-Marie Seillan, &laquo;&nbsp;L&rsquo;interview&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>in</em>&nbsp;Dominique Kalifa, Philippe R&eacute;gnier, Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty, Alain Vaillant, Alain (dir.).&nbsp;<em>La&nbsp;</em><em>Civilisation du journal</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p.&nbsp;1025-1040, ainsi que sa pr&eacute;sentation fouill&eacute;e des&nbsp;<em>Interviews</em>&nbsp;de Joris-Karl Huysmans, Paris, Champion, 2002, p.&nbsp;7-90.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Voir Georges Poulet (dir.),&nbsp;<em>Les chemins actuels de la critique</em>, actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 2-12 septembre 1966, textes revus et publi&eacute;s par Jean Ricardou, Paris, Plon, 1967.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Georges Charbonnier, &laquo;&nbsp;De la litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Cahiers litt&eacute;raires de l&rsquo;ORTF</em>, 6e ann&eacute;e, n&deg;2, 7-21 octobre 1967, p.&nbsp;39.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Ils l&rsquo;investissent de leur vision du monde insulaire, qui assimile la circulation de la parole d&rsquo;un th&egrave;me &agrave; un autre &agrave; un archipel de paroles, un cabotage d&rsquo;&icirc;le en &icirc;le, dans lequel le mouvement emp&ecirc;che la cl&ocirc;ture et l&rsquo;&eacute;touffement, sans pour autant &eacute;loigner des horizons familiers, des racines.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Voir Galia Yanoshevsky, &laquo;&nbsp;Alain Robbe-Grillet et la parole (vive)&nbsp;: Entretiens et oralit&eacute;&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>in</em>&nbsp;Christian Milat et Roger-Michel Allemand (dir.),&nbsp;<em>Alain Robbe-Grillet : balises pour le XXI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Ottawa/Paris, Presses de l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Ottawa et les Presses Sorbonne Nouvelle, 2010, p. 66-75, et&nbsp;<em>Les Discours du Nouveau Roman. Essais, entretiens, d&eacute;bats</em>, Villeneuve d&rsquo;Ascq, Presses du Septentrion, 2006, p.&nbsp;145-157.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Voir notamment les articles de Pierre-Marie H&eacute;ron sur les s&eacute;ries de Fr&eacute;d&eacute;ric Lef&egrave;vre et Andr&eacute; Gillois (&laquo;&nbsp;Les radio-dialogues de Fr&eacute;d&eacute;ric Lef&egrave;vre&nbsp;&raquo;, art. cit.&nbsp;; &laquo;&nbsp;De l&rsquo;impertinence dans les interviews d&rsquo;&eacute;crivain&nbsp;: l&rsquo;exemple de la s&eacute;rie radiophonique&nbsp;<em>Qui &ecirc;tes-vous&nbsp;?</em>&nbsp;(1949-1951)&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Argumentation et analyse du discours&nbsp;</em><em>[</em>revue en ligne], n&deg;12, Galia Yanoshevsky (dir.), 2014)&nbsp;; David Martens et Christophe Meur&eacute;e, &laquo;&nbsp;L&rsquo;intervieweur face au discours litt&eacute;raire&nbsp;: strat&eacute;gies de positionnement chez Madeleine Chapsal, Jacques Chancel et Bernard Pivot&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Argumentation et Analyse du Discours</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>&nbsp;[En ligne], URL&nbsp;: http://journals.openedition.org/aad/1639, ainsi que&nbsp;<em>Secrets d&rsquo;&eacute;crivains. Enqu&ecirc;te sur les entretiens litt&eacute;raires</em>, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2014.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Tr&egrave;s souvent, dans les &eacute;tudes sur auteur, l&rsquo;entretien est per&ccedil;u et trait&eacute; comme une source secondaire permettant &agrave; la critique d&rsquo;avancer, notamment en confirmant ou en infirmant certaines de ses hypoth&egrave;ses.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Voir J&eacute;r&ocirc;me Meizoz,&nbsp;<em>La litt&eacute;rature &laquo;&nbsp;en personne&nbsp;&raquo;. Sc&egrave;ne m&eacute;diatique et formes d&rsquo;incarnation</em>, Gen&egrave;ve, Slatkine, 2016&nbsp;; Jan Baetens,&nbsp;<em>&Agrave; voix haute. Po&eacute;sie et lecture publique</em>, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2016&nbsp;; Olivier Penot-Lacassagne et Ga&euml;lle Th&eacute;val (dir.),&nbsp;<em>Po&eacute;sie &amp; Performance</em>, Editions nouvelles C&eacute;cile Defaut, 2018.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Roland Dhordain,&nbsp;<em>Le Roman de la radio, de la TSF aux radios libres</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit.,</em>&nbsp;p.&nbsp;214.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Gabriel Matzneff, &laquo;&nbsp;Jacques Chancel ou le torero socratique&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Le Figaro litt&eacute;raire</em>, 22 f&eacute;vrier 1971.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;Jos&eacute; Artur<em>, Parlons de moi, y&rsquo;a que &ccedil;a qui m&rsquo;int&eacute;resse</em>, Paris, Robert Laffont, 1988, p.&nbsp;196.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;Jos&eacute; Artur, entretien avec Marine Beccarelli, 10 mai 2012,&nbsp;<em>in</em>&nbsp;Marine Beccarelli,&nbsp;<em>Les Nuits du bout des ondes. Introduction &agrave; l&rsquo;histoire de la radio nocturne en France, 1945-2013</em>, Bry-sur-Marne, Ina, 2014, p.&nbsp;189.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Notons que le genre d&eacute;contract&eacute; et provocateur de Jos&eacute; Artur appara&icirc;t d&rsquo;autant mieux comme un style voulu et travaill&eacute; qu&rsquo;il para&icirc;t contredire son respect des &eacute;crivains.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Anneleen Masschelein, Christophe Meur&eacute;e, David Martens et St&eacute;phanie Vanasten, &laquo;&nbsp;The Literary Interview. Toward a Poetics of a Hybrid Genre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Poetics today</em>, vol.&nbsp;35, 1-2, 2014, p.&nbsp;1-50. Voir &eacute;galement Martine Lavaud, Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty (dir.).&nbsp;<em>Lieux litt&eacute;raires</em>, n&deg;9-10, novembre 2006&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;interview d&rsquo;&eacute;crivain&nbsp;&raquo;&nbsp;; John Rodden,&nbsp;<em>Performing the Literary Interview</em>, Lincoln, University of Nebraska Press, 2007; ainsi que Galia Yanoshevsky,<em>&nbsp;L&rsquo;Entretien litt&eacute;raire. L&rsquo;anatomie d&rsquo;un genre</em>, Paris, Classiques Garnier, &agrave; para&icirc;tre.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;Les deux s&rsquo;y rencontrent souvent. Pour des approches relativement contrast&eacute;es de la &laquo;&nbsp;litt&eacute;rarit&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;entretien d&rsquo;&eacute;crivain en g&eacute;n&eacute;ral, voir David Martens et Christophe Meur&eacute;e, &laquo;&nbsp;Ceci n&rsquo;est pas une interview. Litt&eacute;rarit&eacute; conditionnelle de l&rsquo;entretien d&rsquo;&eacute;crivain&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Po&eacute;tique</em>, n&deg;&nbsp;177, 2015, p.&nbsp;113-130&nbsp;; Galia Yanoshevsky, &laquo;&nbsp;On the Literariness of the Author Interview&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Poetics today</em>, vol. 37, n&deg;&nbsp;1, 2016, p.&nbsp;181-213.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;Voir par exemple C&eacute;line Pardo,&nbsp;<em>La Po&eacute;sie hors du livre.&nbsp;</em><em>&Eacute;tude sur les m&eacute;diations orales de la po&eacute;sie en France de 1945 aux ann&eacute;es soixante,&nbsp;</em>Paris, PUPS, 2015&nbsp;; St&eacute;phane Hirschi, Corinne Legoy, Serge Linar&egrave;s, Alexandra Saemmer, Alain Vaillant (dir.),&nbsp;<em>La Po&eacute;sie d&eacute;livr&eacute;e</em>, Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, coll. &laquo;&nbsp;Orbis litterarum&nbsp;&raquo;, 2017&nbsp;; colloque international &laquo;&nbsp;Extension du domaine des lettres&nbsp;&raquo;, Claude P&eacute;rez et Alexandre Gefen (dir.), Aix en Provence et Marseille, 14-16 septembre 2017. On peut &eacute;galement songer au programme ANR &laquo;&nbsp;Litt&eacute;pub&nbsp;&raquo; dirig&eacute; par Myriam Boucharenc et Laurence Guellec (http://littepub.net/).</p> <h3><strong>Auteurs</strong></h3> <p><strong>Pierre-Marie H&eacute;ron&nbsp;</strong>est<strong>&nbsp;</strong>professeur de litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier et membre de l&rsquo;Institut universitaire de France. Il anime &agrave; Montpellier un programme de recherche sur les &eacute;crivains et la radio en France (XX-XXI<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cles), et a dirig&eacute; huit ouvrages sur le sujet. Derniers titres parus&nbsp;:&nbsp;<em>Aventures radiophoniques du Nouveau Roman</em>&nbsp;(avec Fran&ccedil;oise Joly et Annie Pibarot) en 2017 et&nbsp;<em>Po&eacute;sie sur les ondes</em>&nbsp;(avec Marie Joqueviel-Bourjea et C&eacute;line Pardo) en 2018, aux Presses universitaires de Rennes.</p> <p><strong>David Martens</strong>,&nbsp;professeur de litt&eacute;rature fran&ccedil;aise moderne et contemporaine &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Louvain (KU Leuven), o&ugrave; il assure la direction du programme &laquo; La Fabrique du patrimoine litt&eacute;raire. Les collections d&rsquo;essais biographiques illustr&eacute;s en France (1944-2014) &raquo;. Ses travaux portent sur la figure de l&rsquo;&eacute;crivain telle qu&rsquo;elle se constitue, se communique, se m&eacute;diatise dans le champ litt&eacute;raire et plus largement culturel de son temps&nbsp;:&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;crivain vu par la photographie</em>&nbsp;(2017),&nbsp;<em>Secrets d&rsquo;&eacute;crivains. Enqu&ecirc;te sur les entretiens litt&eacute;raires</em>&nbsp;(2014),&nbsp;<em>&Eacute;crivains : modes d&rsquo;emploi</em>&nbsp;(2012).&nbsp;<em>L&rsquo;&eacute;crivain, un objet culturel</em>&nbsp;(2012). Il a conduit un colloque sur&nbsp;<em>L&rsquo;interview litt&eacute;raire</em>&nbsp;dont les actes vont para&icirc;tre aux PUR.</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>