<p>Au sein de la vaste logosph&egrave;re cr&eacute;&eacute;e par la radio au cours du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, l&rsquo;entretien d&rsquo;&eacute;crivain est en France un genre &laquo;&nbsp;l&eacute;gion&nbsp;&raquo;, abondant aussi bien en quantit&eacute; qu&rsquo;en diversit&eacute;. Mode d&eacute;terminant de la m&eacute;diation de la litt&eacute;rature dans l&rsquo;espace public, ce genre, produit de la civilisation du journal&nbsp;avant d&rsquo;&ecirc;tre, aussi, celui de la radio et de la t&eacute;l&eacute;vision, accompagne l&rsquo;histoire des lettres dans les mutations &agrave; la fois m&eacute;diatiques et commerciales qui l&rsquo;affectent.</p> <p>La pratique de l&rsquo;entretien fait son apparition sur les ondes d&egrave;s les ann&eacute;es 1920&nbsp;; les&nbsp;<em>Radio-Dialogues</em>&nbsp;de Fr&eacute;d&eacute;ric Lef&egrave;vre sur Radio-Paris de 1930 &agrave; 1940, d&eacute;riv&eacute;s de sa c&eacute;l&egrave;bre s&eacute;rie&nbsp;<em>Une heure avec&hellip;</em>&nbsp;publi&eacute;e dans&nbsp;<em>Les Nouvelles litt&eacute;raires</em>, lui donnent son premier lustre. Le genre est particuli&egrave;rement florissant dans les ann&eacute;es 1950, qui voient na&icirc;tre &agrave; la fois le ph&eacute;nom&egrave;ne m&eacute;diatiquement majeur des entretiens-feuilletons et l&rsquo;entr&eacute;e en sc&egrave;ne de la t&eacute;l&eacute;vision en noir et blanc, associant les &eacute;crivains dans son grand rendez-vous litt&eacute;raire&nbsp;<em>Lectures pour tous</em>&nbsp;(1953-1968). Dans les ann&eacute;es 1970-1980, radio et t&eacute;l&eacute;vision se partagent les deux s&eacute;ries d&rsquo;entretiens culturels les plus populaires&nbsp;:&nbsp;<em>Radioscopie</em>&nbsp;de Jacques Chancel sur France Inter (1968-1982, 1988-1990) et&nbsp;<em>Apostrophes</em>&nbsp;de Bernard Pivot sur Antenne 2 (1975-1990). Les ann&eacute;es 1980 marquent un tournant majeur dans cette histoire &agrave; &eacute;pisodes&nbsp;: si les &eacute;crivains continuent de r&eacute;pondre aux sollicitations de ces deux m&eacute;dias &laquo;&nbsp;historiques&nbsp;&raquo;, les &eacute;missions culturelles grand public leur font ind&eacute;niablement moins de place, tandis que les &eacute;missions purement litt&eacute;raires se rar&eacute;fient hors de France Culture, transform&eacute;e malgr&eacute; elle en radio de niche. Une page se tourne alors.</p> <p>Ce dossier a choisi de s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; l&rsquo;&eacute;tape qui suit celle de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre et que, en consid&eacute;rant comme indicateur l&rsquo;&eacute;volution institutionnelle du format le plus original et sp&eacute;cifique du m&eacute;dium, l&rsquo;entretien-feuilleton, on peut identifier aux ann&eacute;es 1960-1985. Deux dates en marquent symboliquement le d&eacute;but et la fin&nbsp;: la naissance de France Culture &agrave; la toute fin de 1963, la r&eacute;forme de la cha&icirc;ne &agrave; la rentr&eacute;e 1984.</p>