<h3>Abstract</h3> <p>This paper considers the way in which literary writings and scientific texts describing places and the character of their inhabitants was associated in France, in the Pyrenees, during the XIXth century, before one could witness the progressive separation of these narrative types. These descriptions were frequently using the notion of picturesque. But they were also led by a temptation, that of recourse to exoticism, which strengthened the primitivism of the places that were described. The aim of the paper is then to understand the processes of use of these two categories and to put them in relation with the differentiation of the modes of description. The development of scientific approaches during the first third of the XXth century has led to a delegitimation of the utilization of these notions. Nevertheless, the paper shows that it has not completely neutralized the mechanisms of individualization of spaces that was associated with their use.</p> <h3>Keywords</h3> <p>literature, exoticism, science, picturesque, descriptions, Pyrenees</p> <p>&nbsp;</p> <p>Cet article envisage la mani&egrave;re dont r&eacute;cits &agrave; dimension litt&eacute;raire et textes scientifiques de description des lieux et du caract&egrave;re de leurs habitants ont pu &ecirc;tre associ&eacute;s en France au cours du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, avant que l&rsquo;on assiste &agrave; une s&eacute;paration progressive de ces genres narratifs. Or ce travail de description, qu&rsquo;il ressortisse au domaine des r&eacute;cits de voyage, des guides touristiques ou encore des travaux pr&eacute;-ethnologiques, mobilisait fortement la cat&eacute;gorie du pittoresque, code esth&eacute;tique et cognitif de perception et de repr&eacute;sentation en accord avec les espaces qu&rsquo;il s&rsquo;agissait de d&eacute;crire, ici les Pyr&eacute;n&eacute;es fran&ccedil;aises, sur lesquelles se centre le propos. Cependant, cet usage du pittoresque comportait aussi une constante tentation, celle d&rsquo;un passage &agrave; l&rsquo;exotisme, qui tendait &agrave; renforcer l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; et la primitivit&eacute; des espaces et populations plac&eacute;s sous le regard. Dans le premier tiers du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, l&rsquo;avanc&eacute;e de la professionnalisation des sciences de description des hommes et des territoires (g&eacute;ographie, ethnologie) a conduit &agrave; repousser l&rsquo;usage de la cat&eacute;gorie de pittoresque ainsi que cette tentation de l&rsquo;exotisme. Cependant, a-t-elle r&eacute;ellement neutralis&eacute; les m&eacute;canismes plus profonds dont le recours &agrave; ces notions &eacute;tait la manifestation&nbsp;?</p> <p>On sait qu&rsquo;&agrave; la faveur du d&eacute;veloppement du thermalisme et des villes d&rsquo;eaux (Luchon, Bar&egrave;ges, etc.) ainsi que de la vogue des &laquo;&nbsp;grands tours&nbsp;&raquo;, voyages de formation des jeunes nobles europ&eacute;ens&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>, les Pyr&eacute;n&eacute;es sont devenues une destination de choix d&egrave;s le XVIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, engouement qui connut sans doute son apog&eacute;e au si&egrave;cle suivant. Alors &agrave; la mode, le passage par ce massif a laiss&eacute; de nombreuses traces &eacute;crites, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de celles d&rsquo;Arthur Young d&egrave;s 1787&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, de Gustave Flaubert en 1840&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, de Victor Hugo en 1843&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;ou encore d&rsquo;Hippolyte Taine en 1855&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Ces voyages sont rapidement devenus assez codifi&eacute;s. Sites &agrave; visiter, sommets &agrave; gravir, paysages contempl&eacute;s, impressions laiss&eacute;es, caract&eacute;risation des m&oelig;urs des habitants ob&eacute;issaient &agrave; un canon o&ugrave; le pittoresque prenait une place centrale, ce qui a conduit &agrave; l&rsquo;institutionnalisation de certaines figures sociales et esth&eacute;tiques comme celles du contrebandier, du p&acirc;tre, de la jeune paysanne, etc., personnages r&eacute;currents des lithographies de ce si&egrave;cle.</p> <p>Les ann&eacute;es 1850 furent cependant celles d&rsquo;une s&eacute;paration progressive des registres de description et des formes de d&eacute;placement. Si, au XVIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle et au d&eacute;but du suivant, le r&eacute;cit de voyage permettait de r&eacute;unir en un seul les discours du savant, de l&rsquo;esth&egrave;te et de l&rsquo;administrateur, l&rsquo;&eacute;clatement des pratiques de voyage au milieu du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle a conduit &agrave; la disjonction des genres et &agrave; la sp&eacute;cialisation avanc&eacute;e du discours savant, comme &agrave; l&rsquo;autonomisation du discours touristique&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>. Pour autant, cette s&eacute;paration, si elle &eacute;tait bien perceptible dans la diff&eacute;renciation des productions textuelles, ne l&rsquo;&eacute;tait pas encore r&eacute;ellement pour ce qui est des milieux sociaux qui, &agrave; une &eacute;chelle locale, d&eacute;partementale ou r&eacute;gionale, &eacute;taient impliqu&eacute;s dans ce travail de d&eacute;couverte des Pyr&eacute;n&eacute;es. Or, plus qu&rsquo;&agrave; partir de la venue de visiteurs ext&eacute;rieurs renomm&eacute;s ou qui le sont devenus, la description des lieux fut tr&egrave;s fortement port&eacute;e et soutenue par tous ceux qui, n&rsquo;en r&eacute;sidant pas trop loin, voire y habitant, faisaient des montagnes leurs lieux d&rsquo;excursion ou d&rsquo;exp&eacute;dition, ou &agrave; tout le moins l&rsquo;objet de leur curiosit&eacute; et de leur attirance.</p> <p>Dans cette seconde moiti&eacute; du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, ce travail de description fut effectu&eacute; par les acteurs de diff&eacute;rentes sc&egrave;nes sociales entrecrois&eacute;es, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des membres des soci&eacute;t&eacute;s litt&eacute;raires ou d&rsquo;&eacute;rudition d&eacute;partementales et r&eacute;gionales ou de ceux des soci&eacute;t&eacute;s excursionnistes, qui participaient au mouvement pyr&eacute;n&eacute;iste&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>. Bien que composites, les milieux sociaux impliqu&eacute;s dans ces soci&eacute;t&eacute;s &eacute;taient finalement assez homog&egrave;nes socialement, regroupant ce que l&rsquo;on peut appel&eacute; une &eacute;lite de capacit&eacute;s constitu&eacute;e de nobles et de bourgeois, mais aussi de professions lib&eacute;rales et de fonctionnaires ayant quelque rang, notamment dans l&rsquo;enseignement&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>. Cette homog&eacute;n&eacute;it&eacute; sociale relative servait de support au d&eacute;veloppement de sociabilit&eacute;s communes, li&eacute;es &agrave; la fr&eacute;quentation de ces diverses soci&eacute;t&eacute;s. Cette fr&eacute;quentation reposait elle-m&ecirc;me sur un bagage de culture classique et de go&ucirc;t pour les belles-lettres, sur une curiosit&eacute; &eacute;rudite et sur des centres d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts savants assez &eacute;clectiques. De la sorte, les divers acteurs de ces sc&egrave;nes sociales &eacute;taient d&rsquo;ardents polygraphes, publiant des textes dans de tr&egrave;s nombreux genres&nbsp;: romans, r&eacute;cits de voyage, &oelig;uvres de po&eacute;sie, voire pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre, articles dans la presse quotidienne, textes dans des revues scientifiques, notices, m&eacute;moires, etc. Lorsqu&rsquo;un marquage de leur activit&eacute; existait (plut&ocirc;t &eacute;crivain, plut&ocirc;t savant ou plut&ocirc;t promoteur du tourisme), &agrave; la faveur de la diff&eacute;renciation des genres narratifs &eacute;voqu&eacute;e ci-dessus, celui-ci &eacute;tait n&eacute;anmoins compens&eacute; par l&rsquo;existence de ces r&eacute;seaux de connaissance et de sociabilit&eacute; s&eacute;cants. D&egrave;s lors, ces mondes formaient une n&eacute;buleuse plut&ocirc;t bourgeoise, tout autant savante que litt&eacute;raire, et apte de par ces entrecroisements &agrave; appliquer &agrave; la r&eacute;alit&eacute; un ensemble d&rsquo;optiques d&rsquo;appr&eacute;ciation et de codes de description finalement partag&eacute;s.</p> <p>Par ailleurs, ces r&eacute;dacteurs et descripteurs de territoires, gr&acirc;ce &agrave; leur proximit&eacute; g&eacute;ographique avec les Pyr&eacute;n&eacute;es, &eacute;taient bien positionn&eacute;s pour s&eacute;lectionner les lieux servant de support &agrave; leur activit&eacute;. D&eacute;fricheurs d&rsquo;inconnus et confront&eacute;s &agrave; l&rsquo;engouement dont les Pyr&eacute;n&eacute;es &eacute;taient l&rsquo;objet, ils essayaient de s&rsquo;&eacute;carter des sentiers battus et des lieux touristiques pour en d&eacute;couvrir d&rsquo;autres jusque-l&agrave; n&eacute;glig&eacute;s. Cela les conduisait &agrave; s&rsquo;orienter vers des zones per&ccedil;ues comme recul&eacute;es au sein d&rsquo;un massif lui-m&ecirc;me d&eacute;j&agrave; consid&eacute;r&eacute; de la sorte aux yeux des regards &laquo;&nbsp;modernistes&nbsp;&raquo;. Parmi ces zones, on retrouve notamment un d&eacute;partement, celui de l&rsquo;Ari&egrave;ge, peu concern&eacute; ou plus tardivement et de mani&egrave;re plus limit&eacute;e par la vogue du tourisme thermal et dont la notori&eacute;t&eacute; comme destination &eacute;tait bien inf&eacute;rieure &agrave; celle d&rsquo;autres lieux des Pyr&eacute;n&eacute;es centrales. Les territoires composant ce d&eacute;partement apparaissaient alors comme des espaces d&rsquo;exploration int&eacute;ressants, int&eacute;r&ecirc;t sous-tendu par leur appr&eacute;ciation &agrave; l&rsquo;aune de l&rsquo;alternative s&eacute;parant, et combinant r&eacute;guli&egrave;rement, pr&eacute;servation des m&oelig;urs et arri&eacute;ration.</p> <p>Cette arri&eacute;ration suppos&eacute;e se retrouve tr&egrave;s directement dans les fonds d&rsquo;archives et les documents d&rsquo;&eacute;poque&nbsp;: habitants &laquo;&nbsp;plus malheureux que les n&egrave;gres&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;populations enti&egrave;res abruties par l&rsquo;ignorance, par la mis&egrave;re [&hellip;] qui les placent bien au-dessous de la brute&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;pays arri&eacute;r&eacute;, mis&eacute;rable&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;caract&egrave;re f&eacute;roce&nbsp;&raquo; de ces populations, acquis suite &agrave; une trop grande proximit&eacute; &laquo;&nbsp;avec les ours et les loups&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;, reviennent r&eacute;guli&egrave;rement pour qualifier les lieux et ceux qui y vivent. Cette tentation de l&rsquo;exotisme, renvoi vers une alt&eacute;rit&eacute; primitiviste, est donc pour ainsi dire constitutive des regards port&eacute;s sur cette portion des Pyr&eacute;n&eacute;es &ndash; qui n&rsquo;est pas la seule concern&eacute;e d&rsquo;ailleurs. Elle fut n&eacute;anmoins estomp&eacute;e, si ce n&rsquo;est masqu&eacute;e, par un usage puissant du registre du pittoresque, beaucoup plus &agrave; m&ecirc;me de susciter l&rsquo;attrait, d&egrave;s lors que les milieux impliqu&eacute;s dans la description du territoire &eacute;taient aussi ceux qui, &agrave; partir de la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;et du d&eacute;but du si&egrave;cle suivant, &oelig;uvraient au d&eacute;veloppement du tourisme.</p> <p>Comment pittoresque et exotisme s&rsquo;ordonnent-ils dans ces descriptions du territoire&nbsp;? Cet ordonnancement est-il fonction des genres narratifs ou est-il li&eacute; &agrave; ce que l&rsquo;on pourrait appeler un &eacute;tagement des repr&eacute;sentations, l&rsquo;exotisme prenant le pas sur le pittoresque lorsque l&rsquo;on &laquo;&nbsp;remonte&nbsp;&raquo; &agrave; la fois les &laquo;&nbsp;niveaux&nbsp;&raquo; de civilisation et les vall&eacute;es pour aller vers les espaces montagnards per&ccedil;us comme les plus recul&eacute;s&nbsp;? Comment l&rsquo;appui sur ces deux cat&eacute;gories &eacute;volue-t-il avec la transformation des esth&eacute;tiques et la diff&eacute;renciation et la sp&eacute;cialisation des discours&nbsp;? Pour r&eacute;pondre &agrave; ces questions, l&rsquo;article proc&eacute;dera en trois temps, en progressant chronologiquement et en mettant en regard diff&eacute;rentes descriptions relevant de plusieurs genres. L&rsquo;attention sera tout d&rsquo;abord port&eacute;e sur divers textes datant du tout d&eacute;but du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle issus d&rsquo;un m&ecirc;me auteur, qui portent l&rsquo;empreinte des savoirs naturalistes des Lumi&egrave;res et du romantisme. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ces documents est que, ant&eacute;rieurs &agrave; la p&eacute;riode de diff&eacute;renciation des modes de description qui s&rsquo;ouvre &agrave; partir du milieu de ce m&ecirc;me si&egrave;cle, ils conjoignent des discours qui se s&eacute;pareront par la suite et qu&rsquo;ils permettent de cerner les tensions qui animent ce regard du voyageur et les logiques qui l&rsquo;ordonnent. Dans un second moment, l&rsquo;analyse sera appuy&eacute;e sur un corpus d&rsquo;&eacute;crits datant du dernier quart de ce m&ecirc;me si&egrave;cle. Ils permettent de signaler &agrave; la fois la s&eacute;paration des registres narratifs, la polarisation des repr&eacute;sentations entre les deux valeurs, positives et n&eacute;gatives, de la primitivit&eacute; et les logiques d&rsquo;organisation du passage du pittoresque &agrave; l&rsquo;exotisme, fortement corr&eacute;l&eacute;es &agrave; la place prise par un discours rationaliste et moderniste et &agrave; un ensemble de transformations socio-&eacute;conomiques. Enfin, une derni&egrave;re section sera consacr&eacute;e &agrave; la fixation et &agrave; la combinaison des r&eacute;pertoires de repr&eacute;sentation ainsi qu&rsquo;&agrave; la mont&eacute;e en puissance, durant le premier tiers du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, d&rsquo;une l&eacute;gitimit&eacute; scientifique dans le travail de description, qui renvoyait quelque peu au second plan, ou &agrave; tout le moins &agrave; un plan diff&eacute;rent, les discours analogues op&eacute;rant &agrave; partir d&rsquo;autres positions et selon d&rsquo;autres objectifs.</p> <h2>1. Savoirs naturalistes et &eacute;tagement des repr&eacute;sentations (d&eacute;but du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle)<br /> &nbsp;</h2> <p>Le d&eacute;veloppement d&rsquo;un int&eacute;r&ecirc;t litt&eacute;raire et scientifique pour les massifs montagneux est sans conteste &agrave; mettre au cr&eacute;dit du XVIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. Outre leur fr&eacute;quentation encore limit&eacute;e pour les bienfaits de leurs eaux thermales ou dans le cadre de voyages de formation, on assiste en effet &agrave; cette p&eacute;riode &agrave; l&rsquo;essor d&rsquo;une curiosit&eacute; &agrave; leur &eacute;gard, qui d&eacute;bouche sur les premi&egrave;res ascensions &ndash; le Mont-Blanc en 1786 dans les Alpes, le Mont-Perdu en 1802 dans les Pyr&eacute;n&eacute;es. Cette curiosit&eacute; est elle-m&ecirc;me corr&eacute;l&eacute;e &agrave; deux &eacute;l&eacute;ments d&eacute;terminants&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;essor des sciences naturelles et les grands voyages d&rsquo;exploration qui &eacute;largissent les horizons et apportent aux savants un tr&eacute;sor d&rsquo;observations neuves&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.&nbsp;&raquo; Si les figures de l&rsquo;homme de sciences et de l&rsquo;explorateur ont donc jou&eacute; un r&ocirc;le central dans ce que l&rsquo;on appelle fr&eacute;quemment (mais assez improprement) la &laquo;&nbsp;d&eacute;couverte&nbsp;&raquo; de ces espaces, et plus sp&eacute;cifiquement ici des Pyr&eacute;n&eacute;es, celle-ci mobilisa d&rsquo;autres ressorts&nbsp;: place importante des &eacute;motions, travail de description et de narration &ndash; soit &laquo;&nbsp;ascensionner, sentir et &eacute;crire&nbsp;&raquo;, selon la devise fix&eacute;e ult&eacute;rieurement par Henri Beraldi en 1898 dans son ouvrage&nbsp;<em>Cent ans aux Pyr&eacute;n&eacute;es</em>, retra&ccedil;ant les grands moments de leur conqu&ecirc;te.</p> <p>L&rsquo;ensemble de ces aspects se retrouve dans les &eacute;crits r&eacute;dig&eacute;s au tout d&eacute;but du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle dans le cadre de la statistique d&eacute;partementale napol&eacute;onienne&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;par Pierre Dardenne, professeur de math&eacute;matiques &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole centrale de l&rsquo;Ari&egrave;ge. Contribuant aux savoirs administratifs alors en essor&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>, ces textes combinent une description th&eacute;matis&eacute;e du d&eacute;partement et le r&eacute;cit de divers &laquo;&nbsp;voyages&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;expression qu&rsquo;utilise l&rsquo;auteur, effectu&eacute;s dans des vall&eacute;es et montagnes environnantes. Bien qu&rsquo;il ne soit pas un pyr&eacute;n&eacute;iste aussi renomm&eacute; que d&rsquo;autres, les &eacute;crits de Dardenne poss&egrave;dent de nombreuses qualit&eacute;s. Leur auteur, homme de lettres dans le sens tr&egrave;s large que Voltaire donne &agrave; ce terme dans&nbsp;<em>L&rsquo;Encyclop&eacute;die</em>, explore, mesure, herborise, recueille des min&eacute;raux, d&eacute;crit les lieux, les monuments et les habitants, cite les Anciens, fait part de ses &eacute;motions et couche tout cela par &eacute;crit. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ces textes r&eacute;side cependant plus encore dans le fait qu&rsquo;un fil directeur, t&eacute;nu mais identifiable, unifie et ordonne ces diff&eacute;rents aspects qui, plus tard, rel&egrave;veront de genres narratifs distincts.</p> <p>Bien qu&rsquo;ils ne l&rsquo;am&egrave;nent pas &agrave; plus de 30 kilom&egrave;tres de son domicile, les voyages de cet auteur vers des lieux pour lui inconnus&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;sont pr&eacute;sent&eacute;s comme de v&eacute;ritables explorations, qui correspondent tout &agrave; fait aux codes organisant les entreprises de ce type &agrave; cette p&eacute;riode&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>. Se d&eacute;pla&ccedil;ant &agrave; pied accompagn&eacute; de quelques &eacute;l&egrave;ves ou de coll&egrave;gues, mobilisant les outils (barom&egrave;tre et thermom&egrave;tre de mani&egrave;re tr&egrave;s classique) et les connaissances de son &eacute;poque (min&eacute;ralogie, g&eacute;ologie naissante, travaux de Ramond de Carbonni&egrave;res ou de Saussure), Dardenne organise son r&eacute;cit autour du d&eacute;roulement de ses p&eacute;riples, indiquant tout ce qu&rsquo;il a vu&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>, exp&eacute;riment&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>, senti&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;et imagin&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> <p>Les relations de ces voyages furent initialement plac&eacute;es &agrave; la suite du texte principal, soit l&rsquo;<em>Essai sur la statistique du d&eacute;partement de l&rsquo;Ari&egrave;ge</em>, non publi&eacute; bien qu&rsquo;il fut remis au pr&eacute;fet en 1805&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>. Elles fournissent une partie des informations de cet essai, mais correspondent aussi &agrave; des sondages pr&eacute;cis et circonscrits dans un mat&eacute;riau plus large, trait&eacute; de fa&ccedil;on transversale dans la statistique descriptive. L&rsquo;analyse de l&rsquo;ensemble permet d&rsquo;identifier un principe g&eacute;n&eacute;ral d&rsquo;ordonnancement du discours et de ses diverses composantes, que l&rsquo;on pourrait qualifier de stratigraphie altitudinale. Cette stratigraphie organise l&rsquo;&eacute;tagement des repr&eacute;sentations autour de la place importante accord&eacute;e &agrave; la topographie, au climat et &agrave; la g&eacute;ologie, aux diff&eacute;rences entre le haut et le bas, elles-m&ecirc;mes li&eacute;es &agrave; celles entre le chaud et le froid et &agrave; la nature du sol. Ce principe de r&eacute;partition assure aussi l&rsquo;agencement de la perception des lieux et de leurs habitants, des formes esth&eacute;tiques qui leur sont li&eacute;es comme des &eacute;motions de l&rsquo;auteur.</p> <p>Pour le comprendre, notons tout d&rsquo;abord que Dardenne propose un tableau du d&eacute;partement o&ugrave; il remarque qu&rsquo;il est &laquo;&nbsp;compos&eacute; de montagnes et de plaines&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. Bien que tr&egrave;s m&eacute;ridional, &laquo;&nbsp;le voisinage des Pyr&eacute;n&eacute;es rend ce d&eacute;partement plus froid qu&rsquo;il ne devrait l&rsquo;&ecirc;tre par sa position&nbsp;&raquo;, de telle mani&egrave;re que le climat y est selon lui divis&eacute; en deux, plus chaud dans la plaine, plus sain dans les montagnes&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>. Passant du climat aux hommes, il indique l&rsquo;existence de deux types humains, soit une esp&egrave;ce &laquo;&nbsp;belle, grande, vigoureuse, l&rsquo;autre petite, d&eacute;fectueuse et comme rabougrie&nbsp;&raquo;, ce qu&rsquo;il suppose li&eacute; parmi d&rsquo;autres causes possibles &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;inconsistance des &eacute;l&eacute;mens [sic], qui passent ici dans un m&ecirc;me jour, dans une m&ecirc;me heure, du froid au chaud, de l&rsquo;humide au sec&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;&raquo;. Il porte aussi son attention aux coutumes locales (mariages et fun&eacute;railles, croyances et superstitions), objets par la suite classiques de l&rsquo;attention ethnographique. Mais il ne recoupe pas ces diff&eacute;rentes caract&eacute;ristiques (topographie, climat, constitution physique, coutumes) en les ins&eacute;rant dans une r&eacute;partition g&eacute;oculturelle associant territoire, type humain, activit&eacute;s et pratiques culturelles. S&rsquo;il pr&eacute;sente bien en quelques mots le &laquo;&nbsp;caract&egrave;re des habitants de l&rsquo;Ari&egrave;ge&nbsp;&raquo; dans des notes annexes, la typologie utilis&eacute;e par l&rsquo;auteur n&rsquo;est pas construite autour de la d&eacute;limitation stricte d&rsquo;ensembles g&eacute;ographiques et humains et de leurs qualit&eacute;s&nbsp;: le montagnard est &laquo;&nbsp;un peu plus&nbsp;&raquo; cr&eacute;dule que l&rsquo;habitant de la plaine, le paysan est soup&ccedil;onneux et m&eacute;fiant mais n&eacute;anmoins, plus haut dans les p&acirc;turages de montagne, le berger a une vie simple, &laquo;&nbsp;ni p&eacute;nible ni triste&nbsp;&raquo; et jouit d&rsquo;une libert&eacute; sans bornes. L&rsquo;agriculture est &laquo;&nbsp;en bon &eacute;tat partout&nbsp;&raquo; bien que la nature soit &laquo;&nbsp;plus fraiche, plus vivante&nbsp;&raquo; dans les montagnes que dans les plaines, les meilleures terres se trouvant dans des fonds de vall&eacute;es qui b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;une fumure abondante. Ainsi, l&rsquo;auteur n&rsquo;&eacute;tablit pas un syst&egrave;me de distribution diff&eacute;rentielle des qualit&eacute;s o&ugrave; toutes se recoupent pour distinguer des espaces et les populations qui y r&eacute;sident&nbsp;: plaine&nbsp;<em>versus</em>&nbsp;montagne; Est du d&eacute;partement (ancien comt&eacute; de Foix)&nbsp;<em>versus</em>&nbsp;sa partie ouest (ancienne vicomt&eacute; du Couserans) entre autres d&eacute;coupages possibles.</p> <p>Les repr&eacute;sentations de l&rsquo;auteur sont par contre assez fortement structur&eacute;es autour du principe de stratigraphie altitudinale mentionn&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment. Celui-ci est tout &agrave; fait perceptible dans le r&eacute;cit de deux voyages effectu&eacute;s vers les sommets. Ils le conduisent tout d&rsquo;abord dans des vall&eacute;es qu&rsquo;il ne conna&icirc;t pas. Il y d&eacute;couvre de nombreux &laquo;&nbsp;sites pittoresques et d&eacute;licieux&nbsp;&raquo;, &agrave; l&rsquo;aspect &laquo;&nbsp;riant et fertile&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;&raquo;. La description qui est faite de certains d&rsquo;entre eux comporte un caract&egrave;re agreste et bucolique&nbsp;: cama&iuml;eux de cultures, village entour&eacute; de hameaux et d&rsquo;habitations dispers&eacute;s, torrents qui serpentent et animent la sc&egrave;ne, jeunesse nombreuse, fra&icirc;che et vigoureuse. Le recours &agrave; la notion de pittoresque comme expression des sentiments rel&egrave;ve du privil&egrave;ge de&nbsp;la vue caract&eacute;ristique de l&rsquo;&eacute;poque et de la d&eacute;marche de l&rsquo;auteur&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>. Cette notion s&rsquo;applique alors &agrave; un tableau vivant, &agrave; l&rsquo;esth&eacute;tique contrast&eacute;e et chatoyante, plus qu&rsquo;&agrave; la caract&eacute;risation d&rsquo;une particularit&eacute; locale&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>.</p> <p>Cependant, cette repr&eacute;sentation et les &eacute;motions qu&rsquo;elle suscite ne sont pas celles d&rsquo;une Arcadie pyr&eacute;n&eacute;enne rousseauiste. Cette derni&egrave;re est plut&ocirc;t &agrave; rechercher &agrave; un niveau d&rsquo;&eacute;l&eacute;vation sup&eacute;rieur, sur les douces croupes herbeuses des montagnes pastorales, &laquo;&nbsp;lieux &eacute;lev&eacute;s et sauvages&nbsp;&raquo;, mais aussi &laquo;&nbsp;p&acirc;turages &eacute;clatants de verdure&nbsp;&raquo; o&ugrave; &laquo;&nbsp;bondissent de nombreux troupeaux&nbsp;&raquo; et o&ugrave; s&rsquo;exprime cette simplicit&eacute; des m&oelig;urs, heureux repos des bons montagnards &laquo;&nbsp;dont les anciens po&egrave;tes ont chant&eacute; les bienfaits&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;&raquo;. L&agrave; Dardenne, qui cite Horace et Virgile, retrouve ce qui faisait &laquo;&nbsp;le bonheur des premiers peuples de la terre&nbsp;&raquo;. Associ&eacute; &agrave; une sensibilit&eacute; o&ugrave; pointe le romantisme&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>, le p&acirc;tre existe donc pour se fondre dans un canon, tendant vers l&rsquo;atemporalit&eacute;. Pour autant, &agrave; hauteur quasi-&eacute;gale, les impressions de l&rsquo;auteur sont diff&eacute;rentes lorsqu&rsquo;il se rend dans une vall&eacute;e proche au cours d&rsquo;un autre voyage, partant &agrave; l&rsquo;ascension du mont Valier, sommet notable de l&rsquo;ouest du d&eacute;partement de l&rsquo;Ari&egrave;ge. Cette vall&eacute;e, plus encaiss&eacute;e, &laquo;&nbsp;noire, froide, pierreuse, peu f&eacute;conde&nbsp;&raquo;, am&egrave;ne Dardenne &agrave; consid&eacute;rer que &laquo;&nbsp;l&rsquo;humeur&nbsp;&raquo; des bergers qui y vivaient, qui lui parurent &laquo;&nbsp;moins gais et moins heureux&nbsp;&raquo; que ceux rencontr&eacute;s lors de son premier voyage, &laquo;&nbsp;devait se ressentir de ce site triste et monotone, tandis que l&rsquo;enjouement des bergers [de la vall&eacute;e o&ugrave; il s&rsquo;&eacute;tait rendu auparavant] r&eacute;pondait bien aux charmants, pittoresques, riches p&acirc;turages, aux croupes &eacute;largies et herbeuses o&ugrave; sont situ&eacute;es leurs cabanes&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;&raquo;. Alors qu&rsquo;il consid&egrave;re que l&rsquo;&eacute;tat de cette vall&eacute;e r&eacute;sulte de sa proximit&eacute; avec les cimes et des &laquo;&nbsp;ruines&nbsp;&raquo; (rochers) qui en tomberaient, on per&ccedil;oit combien le d&eacute;terminisme topographique et g&eacute;ologique sert de vecteur &agrave; l&rsquo;ordonnancement des repr&eacute;sentations de l&rsquo;esth&eacute;tique paysag&egrave;re, des caract&eacute;ristiques morales des hommes qui y vivent ainsi qu&rsquo;&agrave; la structuration des &eacute;motions.</p> <p>Ces derni&egrave;res sont particuli&egrave;rement puissantes lorsque l&rsquo;auteur se confronte &agrave; la haute montagne, l&agrave; o&ugrave; la v&eacute;g&eacute;tation est r&eacute;duite et o&ugrave; il n&rsquo;y a plus &acirc;me qui vive. Elle est en effet con&ccedil;ue comme un paysage des forces telluriques et des m&eacute;t&eacute;ores, paysage de destruction. La force des &eacute;l&eacute;ments qu&rsquo;elle concentre en fait le r&eacute;sum&eacute;&nbsp;d&rsquo;une histoire naturelle, celle de la terre, ici directement perceptible&nbsp;: les ruisseaux au bruit effrayant s&rsquo;attaquent contin&ucirc;ment au calcaire comme au granit, les rochers arrach&eacute;s &agrave; la montagne sont pens&eacute;s comme les vestiges de son alt&eacute;ration. &laquo;&nbsp;Action continuelle du sec et de l&rsquo;humide, du chaud et du froid, s&eacute;jour &eacute;ternel des vents, des nuages, des glaces et de tous les m&eacute;t&eacute;ores destructeurs&nbsp;&raquo;, la montagne est l&rsquo;histoire d&rsquo;une ruine, terme r&eacute;current, donnant &agrave; contempler des sites &laquo;&nbsp;pittoresques, sauvages, affreux&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo;. Par leur r&eacute;union, ces trois qualificatifs signalent bien l&rsquo;existence de tensions dans les sensibilit&eacute;s orient&eacute;es vers le romantisme &agrave; venir&nbsp;: le pittoresque demeure une sc&egrave;ne digne d&rsquo;&ecirc;tre peinte, la montagne devenant spectacle, mais il est marqu&eacute; par la pr&eacute;sence et par la rudesse de ces &eacute;l&eacute;ments qui provoquent un saisissement d&rsquo;effroi m&ecirc;l&eacute; d&rsquo;admiration, face &agrave; la grandeur et au sublime qui s&rsquo;en d&eacute;gagent.</p> <p>On comprend de la sorte que le bonheur pastoral plus temp&eacute;r&eacute; des Arcadies pyr&eacute;n&eacute;ennes se situe, dans l&rsquo;&eacute;tagement des repr&eacute;sentations et des paysages, entre la &laquo;&nbsp;pure culture&nbsp;&raquo;, celle des paysans industrieux des fonds de vall&eacute;es, et la &laquo;&nbsp;pure nature&nbsp;&raquo;, celle d&rsquo;une montagne sublime mais autodestructrice. Le p&acirc;tre anhistorique, support d&rsquo;&eacute;motions, canon esth&eacute;tique, entre ainsi en correspondance avec la topographie et la g&eacute;ologie, de telle mani&egrave;re que, comme le notait le g&eacute;ographe Serge Briffaud, &laquo;&nbsp;les normes de l&rsquo;&eacute;motion esth&eacute;tique recoupent celles de l&rsquo;intelligibilit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h2>2. Diff&eacute;renciation des genres narratifs, polarisation des repr&eacute;sentations et &eacute;tagement de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; (fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle)<br /> &nbsp;</h2> <p><strong>&nbsp;</strong>Alors que le r&eacute;cit de Dardenne conjoint discours scientifique et description de voyage, genre administratif (le cadre de la statistique) et esth&eacute;tique, soixante-dix ou quatre-vingts ans plus tard, ce point de vue totalisant a &eacute;clat&eacute;. Esth&eacute;tique, tourisme et science ne tiennent plus dans un seul et m&ecirc;me texte. Cet &eacute;clatement fut aussi associ&eacute; &agrave; une polarisation assez classique des repr&eacute;sentations. Le territoire et ses habitants sont alors pris entre la c&eacute;l&eacute;bration d&rsquo;une forme g&eacute;n&eacute;rale et la stigmatisation d&rsquo;une figure particuli&egrave;re, d&rsquo;un &eacute;tat social&nbsp;: antique paysan de Virgile ou ce paysan crasseux de telle vall&eacute;e&nbsp;qui ne conna&icirc;t rien &agrave; l&rsquo;agriculture. On le per&ccedil;oit ais&eacute;ment en mettant en parall&egrave;le les descriptions de deux vall&eacute;es ari&eacute;geoises effectu&eacute;es &agrave; deux ans d&rsquo;&eacute;cart par deux auteurs aux perspectives et descriptions assez fortement antagoniques. Le premier, L. Manaud de Boisse, sur lequel peu d&rsquo;informations sont disponibles, est &eacute;crivain, laur&eacute;at de l&rsquo;Acad&eacute;mie des sciences, inscriptions et belles lettres de Toulouse, auteur de descriptions historiques d&rsquo;une micror&eacute;gion de l&rsquo;Ouest du d&eacute;partement et d&rsquo;une &laquo;&nbsp;promenade&nbsp;&raquo; &agrave; travers elle qui retiendra notre attention&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>. Le second est un m&eacute;decin hydrologue, Louis Fugairon, par ailleurs docteur &egrave;s-sciences et membre des soci&eacute;t&eacute;s g&eacute;ologique et botanique de France, qui a publi&eacute; divers travaux touchant aux sciences naturelles et &agrave; l&rsquo;hydrologie, mais aussi &agrave; l&rsquo;anthropologie physique &ndash; il avait suivi les cours de l&rsquo;&Eacute;cole d&rsquo;anthropologie de Paris. Il publie en 1880 un texte intitul&eacute;&nbsp;<em>Les Ax&eacute;ens ou les habitants du canton d&rsquo;Ax</em><em>&nbsp;aux points de vue physique, intellectuel, moral et industriel&nbsp;</em><a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>. Ces deux ouvrages de Manaud de Boisse et de Fugairon, qui concernent des vall&eacute;es de montagne, l&rsquo;une de l&rsquo;Ouest et l&rsquo;autre de l&rsquo;Est du d&eacute;partement, permettent d&rsquo;appr&eacute;hender ce que l&rsquo;on peut appeler la structuration des deux faces, positive et n&eacute;gative, de la primitivit&eacute;, donnant lieu &agrave; sa c&eacute;l&eacute;bration ou &agrave; sa condamnation.</p> <table> <tbody> <tr> <td width="300"><strong>Valeur positive. Manaud de Boisse&nbsp;: genre des r&eacute;cits d&rsquo;excursion, registre narratif descriptif et esth&eacute;tique.</strong></td> <td width="307"><strong>Valeur n&eacute;gative. Louis Fugairon&nbsp;: genre de la description pr&eacute;sent&eacute;e comme objective, registre narratif descriptif de la science, int&eacute;r&ecirc;t port&eacute; &agrave; l&rsquo;agronomie et &agrave; l&rsquo;anthropologie physique.</strong></td> </tr> <tr> <td width="300">Type physique&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] la race [de la vall&eacute;e], peu m&ecirc;l&eacute;e de sang &eacute;tranger, est, sans contredit la plus belle [de la micror&eacute;gion]. Les hommes sont grands, forts et robustes. Les femmes sont brillantes de sant&eacute; et de fra&icirc;cheur.&nbsp;&raquo;</td> <td width="307">Type physique&nbsp;: un type dominant, au teint blanc bruni par le soleil, cheveux noirs, cr&acirc;ne brachyc&eacute;phale. Un autre type moins fr&eacute;quent se rapprochant du type arabe. &laquo;&nbsp;Sans &ecirc;tre bien laid, un type physique qui n&rsquo;est pas beau.&nbsp;&raquo;</td> </tr> <tr> <td width="300">V&ecirc;tement&nbsp;: &laquo;&nbsp;La vall&eacute;e est remarquable par le costume de ses habitants, les femmes surtout. Ces singularit&eacute;s tendent &agrave; dispara&icirc;tre. Mais tel qu&rsquo;il est, ce costume traditionnel, les anciens de [la vall&eacute;e] tiennent &agrave; le garder.&nbsp;&raquo; Rien sur ce que l&rsquo;on trouve sous la coiffe [cf. colonne suivante].</td> <td width="307">V&ecirc;tement des femmes&nbsp;: robe en drap. Coiffure&nbsp;: le&nbsp;<em>couffat</em>&nbsp;[sorte de capuche avec rebord laissant d&eacute;passer une m&egrave;che de cheveux]. &laquo;&nbsp;Il r&eacute;sulte de ce mode de coiffure que les femmes ne peignent jamais que les cheveux qui paraissent tandis que les autres s&rsquo;embrouillent et forment avec la sueur et la crasse une sorte de cro&ucirc;te infecte.&nbsp;&raquo;</td> </tr> <tr> <td width="300">Habitation&nbsp;: n&rsquo;a pas vu la salet&eacute; et la promiscuit&eacute; [cf. colonne suivante].</td> <td width="307">Habitation&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] d&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, on peut dire que c&rsquo;est la salet&eacute; et la promiscuit&eacute; dans toute leur splendeur. L&rsquo;escalier est couvert de fiente de poule et de boue, tous les meubles sont crasseux et les murs enfum&eacute;s.&nbsp;&raquo;</td> </tr> <tr> <td width="300">Vie g&eacute;n&eacute;rale&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] que vous &ecirc;tes heureux, que je porte votre envie&nbsp;! Vous seuls connaissez les vrais biens de la vie.&nbsp;&raquo;</td> <td width="307">Vie g&eacute;n&eacute;rale&nbsp;: &laquo;&nbsp;Condamn&eacute;s aux travaux forc&eacute;s &agrave; perp&eacute;tuit&eacute;, ils ne connaissent aucun des plaisirs de la vie. D&rsquo;une ignorance absolue, il ne savent pas comment sortir de leur triste &eacute;tat&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;[&hellip;] primitive existence.&nbsp;&raquo;</td> </tr> <tr> <td width="300">Agriculture et &eacute;levage du b&eacute;tail&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] bassin le plus fertile et le plus vert qu&rsquo;il soit possible de voir.&nbsp;&raquo;</td> <td width="307">Agriculture et &eacute;levage du b&eacute;tail&nbsp;: vaches mal nourries, ex&eacute;crables fromages, agriculture et &eacute;levage encore &laquo;&nbsp;dans l&rsquo;enfance.&nbsp;&raquo;</td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p><small><strong>Doc. 1&nbsp;&ndash; Tableau de la polarisation primitiviste des caract&egrave;res locaux. Tableau &eacute;tabli &agrave; partir de L. Manaud de Boisse,&nbsp;<em>Promenade &agrave; travers le Saint-Gironnais (Audinac, Aulus)</em>, Toulouse, Saint-Girons, 1878 et Louis Fugairon,<em>&nbsp;Les Ax&eacute;ens ou les habitants du canton d&rsquo;Ax</em><em>&nbsp;aux points de vue physique, intellectuel, moral et industriel</em>, Foix, Gadrat ain&eacute;, 1880.</strong></small></p> <p>&nbsp;</p> <p>On per&ccedil;oit ais&eacute;ment combien l&rsquo;&eacute;clatement des genres discursif est donc aussi associ&eacute; &agrave; l&rsquo;expression d&rsquo;un &eacute;cart marqu&eacute; entre la version sombre du primitivisme, celle de l&rsquo;arri&eacute;ration, et sa face plus positive, celle de la pr&eacute;servation d&rsquo;une simplicit&eacute; de m&oelig;urs, soutenue par le registre du pittoresque &ndash; bien que l&rsquo;emploi de cette cat&eacute;gorie ne soit pas ici directement perceptible, suite au travail de synth&egrave;se effectu&eacute; pour la r&eacute;alisation de ce tableau.</p> <p>Ce registre ambivalent d&rsquo;un pittoresque teint&eacute; d&rsquo;exotisme primitiviste, o&ugrave; ces deux codes d&rsquo;appr&eacute;ciation et de description sont r&eacute;unis par la sym&eacute;trie qu&rsquo;ils entretiennent, est aussi mobilis&eacute; dans le cadre du discours touristique. On le retrouve notamment chez un ancien professeur de math&eacute;matiques au lyc&eacute;e Louis-le-Grand originaire du d&eacute;partement, membre de diverses soci&eacute;t&eacute;s savantes, darwiniste et positiviste comtien, qui a publi&eacute; en 1872 un&nbsp;<em>Souvenir des Pyr&eacute;n&eacute;es</em>, guide &agrave; vocation touristique qui concerne l&rsquo;Ari&egrave;ge<em>,&nbsp;</em>revu et augment&eacute;e d&egrave;s 1873<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>. Dans ce texte consacr&eacute; &agrave; une vall&eacute;e situ&eacute;e entre les deux &eacute;voqu&eacute;es ci-dessus et o&ugrave; se d&eacute;veloppe une petite ville d&rsquo;eau, la montagne n&rsquo;est plus qu&rsquo;un support pour les excursions assez norm&eacute;es du thermalisme. Comme l&rsquo;&eacute;voque l&rsquo;auteur, on y trouvera tout ce que le baigneur attend&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Gaves imp&eacute;tueux, pr&eacute;cipices &agrave; pic, encaissement des montagnes, grottes, for&ecirc;ts ombreuses, lacs, neiges &eacute;ternelles se m&ecirc;lent et se superposent, comme pour concentrer dans un coin de la cha&icirc;ne les beaut&eacute;s les plus sauvages et les plus pittoresques des Pyr&eacute;n&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>.</p> </blockquote> <p>Le traitement descriptif et la qualification des habitants changent aussi quelque peu de registre par rapport au d&eacute;but du si&egrave;cle, passant de l&rsquo;intemporalit&eacute; du p&acirc;tre virgilien &agrave; un t&eacute;moignage vivant de l&rsquo;histoire. Les Pyr&eacute;n&eacute;es renferment alors &laquo;&nbsp;si j&rsquo;ose dire, un monde aussi ignor&eacute; du reste de la France que les for&ecirc;ts vierges du Br&eacute;sil ou de la Guyane&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo;. Et, au fond des vall&eacute;es, &laquo;&nbsp;c&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;abrit&eacute; du courant des invasions, s&rsquo;est conserv&eacute; dans toute la rudesse de sa physionomie primitive l&rsquo;Ib&egrave;re des anciens &acirc;ges&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;&raquo;. Lui qui a visit&eacute; l&rsquo;Am&eacute;rique du Sud entre 1858 et 1860, estime avoir &agrave; faire &agrave; &laquo;&nbsp;une population primitive, &agrave; une terre vierge&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>&nbsp;&raquo;. T&eacute;moignage de l&rsquo;histoire, le primitif l&rsquo;est parce qu&rsquo;il en est jusque-l&agrave; rest&eacute; en dehors, les maisons, &laquo;&nbsp;ou plut&ocirc;t les cabanes recouvertes de chaumes&nbsp;&raquo;, rappelant &laquo;&nbsp;la hutte celtique telle que l&rsquo;ont vue C&eacute;sar, Diodore et Strabon&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;&raquo;. Mais l&rsquo;auteur doit aussi compenser ce th&egrave;me primitiviste de mani&egrave;re &agrave; rendre la destination attirante. Heureusement pour les touristes adeptes du thermalisme, la hutte a disparu, remplac&eacute;e par des maisons &laquo;&nbsp;portant des chemin&eacute;es&raquo;. De plus&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Le sifflement de la locomotive, qu&rsquo;on entend d&eacute;j&agrave; [dans le bourg-centre &agrave; proximit&eacute;, o&ugrave; le train &eacute;tait arriv&eacute; en 1866], avertit le p&acirc;tre des hautes vall&eacute;es que son tour est venu de d&eacute;poser sa vieille d&eacute;froque celtique, et de se laisser absorber dans la grande unit&eacute; fran&ccedil;aise&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;&eacute;clatement des registres discursifs et l&rsquo;autonomisation progressive d&rsquo;un discours touristique, la repr&eacute;sentation de ce paysan entrant dans l&rsquo;histoire, &eacute;vincent les conceptions d&rsquo;une montagne qui t&eacute;moignait de l&rsquo;histoire naturelle de la terre et qui servait de support &agrave; la caract&eacute;risation des hommes. D&eacute;sormais le sch&egrave;me du culturalisme est bien install&eacute;, avec son corollaire qu&rsquo;est l&rsquo;id&eacute;e de la disparition prochaine des m&oelig;urs et coutumes, nostalgie moderniste envers un monde qui se transforme. Ce culturalisme n&rsquo;est cependant pas compl&egrave;tement dissoci&eacute; d&rsquo;une d&eacute;termination par le milieu et par la nature. Territoires, &laquo;&nbsp;races&nbsp;&raquo; et culture sont li&eacute;s, pr&eacute;cis&eacute;ment dans l&rsquo;association des secondes &agrave; des espaces identifiables (la montagne comme milieu conservatoire) et circonscrits (les vall&eacute;es, con&ccedil;ues comme des unit&eacute;s naturelles) o&ugrave; existent des m&oelig;urs sp&eacute;cifiques. &Agrave; la diff&eacute;rence des conceptions d&rsquo;un Dardenne au d&eacute;but du XVIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, ces dimensions se recoupent pleinement et l&rsquo;ordonnancement de leur liaison se modifie, le d&eacute;coupage g&eacute;ographique et selon les principes de l&rsquo;anthropologie physique comme du folklore naissants prenant le pas sur la stratigraphie altitudinale naturaliste qui avait cours moins d&rsquo;un si&egrave;cle plus t&ocirc;t.</p> <p>Dans l&rsquo;ordre scientifique, les choses ont aussi &eacute;volu&eacute;. Cette stratigraphie demeure d&rsquo;actualit&eacute; mais ses logiques se sont modifi&eacute;es. On le retrouve notamment dans le compte rendu d&rsquo;une exp&eacute;dition scientifique organis&eacute;e en 1886 au sommet de la m&ecirc;me montagne que celle qui avait &eacute;t&eacute; gravie par Dardenne en 1801, le mont Valier. Relat&eacute;e dans les pages du&nbsp;<em>Bulletin de la soci&eacute;t&eacute; de g&eacute;ographie de Toulouse</em>, cette exp&eacute;dition regroupe divers savants toulousains ou locaux&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;&eacute;quip&eacute;s comme s&rsquo;ils ne devaient &laquo;&nbsp;s&rsquo;arr&ecirc;ter qu&rsquo;aux antipodes&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>&nbsp;&raquo;. &Agrave; cette date, le discours de la g&eacute;ologie s&rsquo;est fortement sp&eacute;cialis&eacute; : il n&rsquo;est plus question que de pli synclinal, roches jurassiques, schistes siluriens &agrave; graptolites, etc. De plus, le passage de la vall&eacute;e &agrave; la montagne et &agrave; ses p&acirc;turages est devenu un itin&eacute;raire menant directement du pittoresque &agrave;&nbsp;l&rsquo;exotisme, caract&eacute;ris&eacute;s tous deux par un principe de distance &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la civilisation. Le groupe passe ainsi par une &laquo;&nbsp;d&eacute;licieuse vall&eacute;e et ses bons habitants, aux m&oelig;urs simples et primitives&nbsp;&raquo;, porteur d&rsquo;un &laquo;&nbsp;costume pittoresque&nbsp;&raquo; qui &laquo;&nbsp;produit un effet merveilleux&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;&raquo;. Si cette notion de pittoresque demeure associ&eacute;e &agrave; des formes morales et esth&eacute;tiques, notons que l&rsquo;application du principe de d&eacute;coupage g&eacute;oculturel des ensembles territoriaux et humains et la singularisation des m&oelig;urs qui l&rsquo;accompagne conduisent &agrave; ce qu&rsquo;elle serve d&eacute;sormais &agrave; d&eacute;signer la &laquo;&nbsp;couleur locale&nbsp;&raquo;, dont l&rsquo;un des embl&egrave;mes &agrave; cette p&eacute;riode est le costume. Quittant les vall&eacute;es, les membres de cette exp&eacute;dition arrivent jusqu&rsquo;aux alpages et aux bergers, dont le narrateur consid&egrave;re qu&rsquo;&laquo;&nbsp;aucun &ecirc;tre civilis&eacute; ne parvient jusqu&rsquo;&agrave; eux&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;ils logent dans des cabanes &laquo;&nbsp;semblables &agrave; celles des esquimaux&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;&raquo; et que leurs outils, &laquo;&nbsp;dignes de nos anc&ecirc;tres pr&eacute;historiques, peuvent figurer dans notre mus&eacute;e ethnographique comme provenant d&rsquo;une tribu du centre de l&rsquo;Afrique sauvage&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;examen se poursuit autour de consid&eacute;rations g&eacute;n&eacute;ralement appliqu&eacute;es &agrave; des populations lointaines et visant &agrave; &eacute;valuer leur degr&eacute; de civilisation. L&rsquo;auteur remarque que &laquo;&nbsp;la poterie est inconnue&nbsp;&raquo; et que les montagnards &laquo;&nbsp;n&rsquo;ont jamais eu la plus simple notion des distances&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>&nbsp;&raquo;. Nous sommes donc loin des heureux p&acirc;tres aux douces m&oelig;urs rencontr&eacute;s un si&egrave;cle avant.</p> <p>Cet &eacute;clatement des genres discursifs, et l&rsquo;oscillation qui les caract&eacute;rise entre pittoresque et exotisme, masque finalement trois choses. La premi&egrave;re, c&rsquo;est la proximit&eacute; qui unit ces diff&eacute;rents discours de la fin du XIX<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle, qui sont organis&eacute;s autour d&rsquo;un m&ecirc;me sch&egrave;me polaris&eacute; de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; g&eacute;ographique, culturelle et historique. La seconde, c&rsquo;est qu&rsquo;ils sont le produit d&rsquo;un milieu social assez homog&egrave;ne comme indiqu&eacute; en introduction, celui de la notabilit&eacute; savante et litt&eacute;raire qui se retrouvait dans les soci&eacute;t&eacute;s des lettres, sciences et arts qui se multipliaient &agrave; cette &eacute;poque&nbsp;&ndash;&nbsp;point d&eacute;velopp&eacute; dans la section suivante. La troisi&egrave;me, c&rsquo;est que le glissement dans les repr&eacute;sentations du territoire et de ses habitants, qui accentue l&rsquo;alternative entre les deux valeurs du primitivisme, fut tr&egrave;s directement li&eacute; aux changements socio&eacute;conomiques perceptibles sur la p&eacute;riode. Dans le domaine des transports, le d&eacute;veloppement des r&eacute;seaux routiers et ferr&eacute;s transformait les fonds de vall&eacute;es en bouts du monde (puisque les routes n&rsquo;allaient pas plus loin)&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>. Les avanc&eacute;es dans le domaine de l&rsquo;agriculture renvoyaient celle pratiqu&eacute;e en montagne au rang d&rsquo;archa&iuml;sme, alors qu&rsquo;elle tenait encore la comparaison avec celle de la plaine au d&eacute;but du si&egrave;cle. Enfin, l&rsquo;on assistait &agrave; un fort d&eacute;veloppement de la production industrielle et &agrave; sa concentration, tr&egrave;s g&eacute;n&eacute;ralement &agrave; distance des zones de montagne, dont l&rsquo;inexorable d&eacute;peuplement avait d&eacute;but&eacute; au milieu du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>. Sous cet angle, l&rsquo;&eacute;volution des structures mentales et celle des structures socio&eacute;conomiques se recoupaient largement.</p> <h2>3. Institution des r&eacute;pertoires et l&eacute;gitimit&eacute; des discours descripteurs<br /> &nbsp;</h2> <p><strong>&nbsp;</strong>Les m&eacute;canismes relatifs aux registres de description actifs durant cette fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle le demeur&egrave;rent au d&eacute;but du suivant. N&eacute;anmoins, quelques &eacute;volutions furent perceptibles. L&rsquo;on a tout d&rsquo;abord assist&eacute; &agrave; une mont&eacute;e en puissance du r&eacute;f&eacute;rentiel du pittoresque et &agrave; la fixation de son association avec la notion de couleur locale. Cat&eacute;gorie &agrave; la mode et support du portrait de m&oelig;urs, ce pittoresque servait aussi la promotion de la singularit&eacute; des lieux, pendant que le tourisme s&rsquo;organisait et que ses promoteurs tentaient d&rsquo;&eacute;largir le cercle des visiteurs au-del&agrave; des seuls adeptes des eaux thermales. De plus, si les r&eacute;pertoires diff&eacute;renci&eacute;s de repr&eacute;sentation de cette singularit&eacute; s&rsquo;institutionnalisaient, ils gagnaient aussi en syst&eacute;maticit&eacute;, se combinant pour caract&eacute;riser des espaces circonscrits et les distinguer des autres. De fait, alors que la dissociation des genres narratifs s&rsquo;est poursuivie, elle fut n&eacute;anmoins compens&eacute;e par des formes d&rsquo;association entre eux.</p> <p>&Agrave; la fin du XIX<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle et au d&eacute;but du suivant, outre la sp&eacute;cialisation du discours touristique, on assiste au d&eacute;veloppement de la litt&eacute;rature dite r&eacute;gionaliste&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>&nbsp;comme &agrave; l&rsquo;autonomisation accentu&eacute;e, &agrave; la faveur de l&rsquo;avanc&eacute;e de la structuration des disciplines, des approches g&eacute;ographique, historique, arch&eacute;ologique et pr&eacute;historique, mais aussi ethnographique ou folklorique. Pour autant, les acteurs qui prirent en charge localement ces diff&eacute;rents registres narratifs, de par les relations entrecrois&eacute;es qui les unissaient suite &agrave; leur appartenance &agrave; des milieux sociaux proches ainsi qu&rsquo;aux cercles de notabilit&eacute; d&eacute;partementaux ou r&eacute;gionaux, &eacute;taient &agrave; m&ecirc;me de d&eacute;velopper leurs activit&eacute;s en tirant parti du r&eacute;seau de ces relations. Ce faisant, ils &eacute;tendaient les supports susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre mobilis&eacute;s dans le travail qu&rsquo;ils menaient de singularisation des territoires, d&rsquo;&eacute;tablissement des richesses et des particularit&eacute;s locales. Les formes de combinaison d&eacute;passant le contingentement grandissant des discours furent de diff&eacute;rents types. L&rsquo;une d&rsquo;entre elles rel&egrave;ve de la polygraphie&nbsp;: auteur r&eacute;gionaliste publiant aussi des contes en langue d&rsquo;Oc et des ouvrages peu sp&eacute;cialis&eacute;s de description et de promotion du territoire&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>&nbsp;; pr&eacute;historien, anthropologue et folkloriste publiant de nombreux articles scientifiques dans ces domaines mais aussi divers souvenirs, notices et articles de journaux tout en participant au mouvement folklorique et touristique&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>. Cette combinaison prit aussi place au sein d&rsquo;un seul et m&ecirc;me texte, lorsque son auteur entendait par exemple relier cr&eacute;ation litt&eacute;raire et savoirs scientifiques, dans une ode &agrave; la petite patrie acqu&eacute;rant le statut ambivalent d&rsquo;une &laquo;&nbsp;fiction de v&eacute;rit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>&nbsp;&raquo;. Ce caract&egrave;re fictif de la v&eacute;rit&eacute; se retrouve aussi dans les rapprochements qui op&eacute;raient au c&oelig;ur du discours savant pour appuyer le processus de singularisation territoriale et culturelle, lui-m&ecirc;me fond&eacute; sur l&rsquo;usage d&rsquo;une imagerie pacifi&eacute;e du pittoresque. Ainsi, l&rsquo;un des membres de ces r&eacute;seaux de notabilit&eacute; savante en Ari&egrave;ge, promoteur du r&eacute;veil des langues d&rsquo;Oc, d&eacute;veloppeur du tourisme, cr&eacute;ateur des premi&egrave;res f&ecirc;tes folkloriques qui venaient en appui de ce d&eacute;veloppement, historien local et acteur important des soci&eacute;t&eacute;s d&rsquo;&eacute;rudition du d&eacute;partement, pouvait associer ces diff&eacute;rentes occupations et th&eacute;matiques pour les valoriser dans des lieux plus centraux. Ce fut notamment le cas lorsqu&rsquo;il pr&eacute;senta en 1925 au congr&egrave;s national des soci&eacute;t&eacute;s savantes organis&eacute; &agrave; Paris, une communication sur &laquo;&nbsp;le Couserans [partie ouest du d&eacute;partement de l&rsquo;Ari&egrave;ge, tirant son nom d&rsquo;un ancien&nbsp;<em>pagus</em>&nbsp;romain] consid&eacute;r&eacute; comme une v&eacute;ritable r&eacute;gion orographique, hydrographique, ethnique, linguistique, historique, &eacute;conomique, administrative et intellectuelle&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>&nbsp;&raquo;. S&rsquo;il est difficile de r&eacute;unir plus de traits distinctifs (ou suppos&eacute;s tels), l&rsquo;on peut aussi remarquer &agrave; sa lecture que ce texte cumule finalement toutes les perspectives d&eacute;velopp&eacute;es depuis le dernier quart du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, autant en termes de propri&eacute;t&eacute;s des discours (les deux valeurs du primitivisme), que de capitalisation des diff&eacute;rents proc&eacute;d&eacute;s d&rsquo;institution d&rsquo;une image territoriale et culturelle savante, mise au service de la promotion de la zone g&eacute;ographique en question. Et cette promotion ne pouvait que prendre appui sur une description faisant de cette zone une terre de nature et de culture pr&eacute;serv&eacute;e o&ugrave; certaines femmes portent encore au quotidien les costumes locaux, &laquo;&nbsp;vrai parc naturel de 250&nbsp;000 hectares&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>&nbsp;&raquo;. Le pittoresque en son jardin.</p> <p>Pour autant, dans les ann&eacute;es 1930, la partition des registres narratifs et la professionnalisation des savoirs a conduit &agrave; ce que la tentation de l&rsquo;exotisme soit repouss&eacute;e ou en tout cas att&eacute;nu&eacute;e et d&eacute;plac&eacute;e. Les autochtones &laquo;&nbsp;plus malheureux que les n&egrave;gres&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>&nbsp;&raquo; et les sauvages sont beaucoup moins perceptibles dans les discours, bien que celui sur les retards, notamment &eacute;conomiques, se d&eacute;veloppe, lui, assez fortement, prolongeant l&rsquo;emploi de cette th&eacute;matique de l&rsquo;arri&eacute;ration. De plus, le recours savant au pittoresque n&rsquo;est plus envisageable&nbsp;: il appara&icirc;t dat&eacute;, la vogue est pass&eacute;e et d&rsquo;un point de vue scientifique, il est per&ccedil;u comme &laquo;&nbsp;trop litt&eacute;raire&nbsp;&raquo;. Les descriptions pittoresques et/ou primitivistes ont bien jou&eacute; un r&ocirc;le central dans la fixation des objets et centres d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t ethnographiques et dans l&rsquo;&eacute;laboration de principes de r&eacute;partition g&eacute;oculturelle des ensembles humains, mais leurs conditions de recevabilit&eacute; s&rsquo;amenuisent. Pour autant, plus que l&rsquo;id&eacute;e de leur disparition dans le discours scientifique, on pourrait avancer celle de leur recodage. Ainsi, par exemple, l&rsquo;ethnographie locale, qui correspond alors &agrave; ce que l&rsquo;on appelle la science du folklore, se d&eacute;veloppe au travers de relations de proximit&eacute; avec la pr&eacute;histoire et l&rsquo;ethnographie des populations lointaines. Pour comprendre telle superstition pyr&eacute;n&eacute;enne, on la rapproche de modes de pens&eacute;e analogues observables en Australie ou ailleurs, modes de pens&eacute;e que l&rsquo;on pr&ecirc;te aussi aux chasseurs-cueilleurs du n&eacute;olithique ayant fr&eacute;quent&eacute; les Pyr&eacute;n&eacute;es et laiss&eacute; des traces de leur passage dans les grottes orn&eacute;es alors r&eacute;cemment d&eacute;couvertes. Les croyances contemporaines locales observables sont ainsi rapport&eacute;es &agrave; celles qui viennent du fond des &acirc;ges ou de l&rsquo;ailleurs &laquo;&nbsp;primitif&nbsp;&raquo; le plus lointain, marque d&rsquo;une attraction pour l&rsquo;exotisme toujours pr&eacute;sente&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>.</p> <p>Ces m&eacute;canismes de r&eacute;duction des tentations litt&eacute;raires ou fictionnelles au sein du discours scientifique et de d&eacute;placement/recodage du pittoresque et de l&rsquo;exotisme primitiviste sont aussi perceptibles au sein de la discipline g&eacute;ographique. En effet, cette derni&egrave;re se d&eacute;veloppe et se sp&eacute;cialise fortement dans la premi&egrave;re moiti&eacute; du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>. Cela donne lieu &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;une &eacute;cole de g&eacute;ographie &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Toulouse autour de Daniel Faucher, nomm&eacute; dans cette ville en 1926. Celui-ci produit alors un discours scientifique novateur de description des territoires et oriente fortement son attention vers les Pyr&eacute;n&eacute;es, quasi&nbsp;<em>terra incognita</em>&nbsp;pour la g&eacute;ographie moderne. Son travail et celui des &eacute;tudiants et coll&egrave;gues qu&rsquo;il regroupe autour de lui d&eacute;classent de mani&egrave;re non-n&eacute;gligeable les discours savants des acteurs de l&rsquo;&eacute;rudition soci&eacute;taire, finalement renvoy&eacute;s au rang d&rsquo;amateurs&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a>. D&eacute;veloppant une g&eacute;ographie sp&eacute;cialis&eacute;e voulue comme pleinement scientifique, son travail ne remet pourtant pas en cause la r&eacute;partition des ensembles territoriaux et culturels op&eacute;r&eacute;e ant&eacute;rieurement&nbsp;<a href="#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a>. De plus, au-del&agrave; de l&rsquo;analyse du milieu physique, le d&eacute;coupage g&eacute;ographique de ces ensembles &eacute;tait effectu&eacute; en mobilisant la notion de &laquo;&nbsp;genres de vie&nbsp;&raquo;, soit l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une interrelation singuli&egrave;re entre les propri&eacute;t&eacute;s du milieu et celles des hommes. De la sorte, cette approche g&eacute;oculturelle, tout en s&rsquo;&eacute;tant constitu&eacute;e contre elle, se situait dans le droit fil de l&rsquo;usage ant&eacute;rieur de la notion de pittoresque, elle aussi associ&eacute;e &agrave; ces proc&eacute;d&eacute;s singularistes.</p> <p>Ainsi, les distances prises &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des notions de pittoresque et d&rsquo;exotisme, distances elles-m&ecirc;mes ins&eacute;r&eacute;es dans un ensemble d&rsquo;&eacute;volutions des genres narratifs et des modes de description, n&rsquo;ont pas emp&ecirc;ch&eacute; ces deux cat&eacute;gories de demeurer actives, au travers d&rsquo;un travail de d&eacute;placement et de recodage qui est finalement une constante sur la p&eacute;riode et dans les lieux qui retenaient mon attention. De ce point de vue, malgr&eacute; leur s&eacute;paration progressive, science et litt&eacute;rature restent bel et bien unies par une parent&eacute; secr&egrave;te.</p> <h2><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Jean Boutier, &laquo;&nbsp;Le grand tour : une pratique d&rsquo;&eacute;ducation des noblesses europ&eacute;ennes (XVI<sup>e</sup>-XVIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cles)&nbsp;&raquo;, dans Jean Boutier, Fran&ccedil;ois Moreau, Gilles Bertrand, Pierre-Yves Baurepaire &amp; Isabelle Laboulais-Lesage (dir.),&nbsp;<em>Le voyage &agrave; l&rsquo;&eacute;poque moderne</em>, Presses de l&rsquo;universit&eacute; de Paris-Sorbonne, 2004, p.&nbsp;7-21.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Arthur Young,&nbsp;<em>Voyages en France</em>&nbsp;[1794], Paris, &Eacute;ditions Tallandier, 2009.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Gustave Flaubert,&nbsp;<em>Voyage dans les Pyr&eacute;n&eacute;es et en Corse</em>&nbsp;[1983], Paris, Albatros, 2000.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Victor Hugo,&nbsp;<em>Voyage aux Pyr&eacute;n&eacute;es, de Bordeaux &agrave; Gavarnie en passant par le Pays Basque</em>&nbsp;[1868], Pau, &Eacute;ditions Cairn, 2014.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Hippolyte Taine,&nbsp;<em>Voyage aux Pyr&eacute;n&eacute;es</em>&nbsp;[1867], Paris, Fran&ccedil;ois Bourin &eacute;diteur, 2010.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Serge Briffaud,&nbsp;<em>Naissance d&rsquo;un paysage. La montagne pyr&eacute;n&eacute;enne &agrave; la crois&eacute;e des regards, XVI<sup>e</sup>-XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Toulouse, AGM/Archives de Hautes-Pyr&eacute;n&eacute;es/CIMA-CNRS/Universit&eacute; de Toulouse II, 1994&nbsp;; Catherine Bertho-Lavenir,&nbsp;<em>La roue et le stylo. Comment nous sommes devenus touristes</em>, Paris, Odile Jacob, 1999.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Le pyr&eacute;n&eacute;isme est le mouvement scientifique, sportif et artistique de d&eacute;couverte, de conqu&ecirc;te, d&rsquo;exploration, de description et d&rsquo;&eacute;criture des Pyr&eacute;n&eacute;es et de leurs sommets qui a pris forme &agrave; la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle et qui constitue le pendant de l&rsquo;alpinisme&nbsp;&ndash;&nbsp;bien qu&rsquo;il poss&egrave;de certaines sp&eacute;cificit&eacute;s.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Voir Arnauld Chandivert, &laquo;&nbsp;Circulations savantes et production des identit&eacute;s territoriales dans les Pyr&eacute;n&eacute;es centrales (1880-1930)&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Actes du 142<sup>e</sup>&nbsp;congr&egrave;s national du CTHS, Circulations montagnardes, circulations europ&eacute;ennes</em>, &agrave; para&icirc;tre.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Lettre du sous-pr&eacute;fet de Saint-Girons (ouest du d&eacute;partement) au pr&eacute;fet, 31 octobre 1849, Archives d&eacute;partementales de l&rsquo;Ari&egrave;ge, 5M63.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;<em>Annales de la Soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;agriculture et des arts du d&eacute;partement de l&rsquo;Ari&egrave;ge</em>, 1839, cit&eacute; dans Pierre Feral, &laquo;&nbsp;Le r&ocirc;le de la soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;agriculture de l&rsquo;Ari&egrave;ge dans la modernisation agricole du Couserans&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Bulletin de la Soci&eacute;t&eacute; arch&eacute;ologique, historique, litt&eacute;raire et scientifique du Gers,&nbsp;</em>1976, n&ordm;&nbsp;4, p.&nbsp;124.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Pierre-Fran&ccedil;ois Brun, pr&eacute;fet de l&rsquo;Ari&egrave;ge, 1806, cit&eacute; dans Alain Bourneton,&nbsp;<em>L&rsquo;Ari&egrave;ge au temps de Napol&eacute;on</em>, Cahors, &Eacute;ditions du Boulbi, 1990, p.&nbsp;401.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Numa Broc,&nbsp;<em>Les montagnes au si&egrave;cle des Lumi&egrave;res. Perception et repr&eacute;sentation</em>, Paris, CTHS, 1991, p.&nbsp;18.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Soit le lancement sous le Directoire d&rsquo;une entreprise de description des d&eacute;partements fran&ccedil;ais relay&eacute;e par les pr&eacute;fets et poursuivie durant la p&eacute;riode napol&eacute;onienne. Voir &agrave; ce sujet Marie-No&euml;lle Bourguet,&nbsp;<em>D&eacute;chiffrer la France. La statistique d&eacute;partementale &agrave; l&rsquo;&eacute;poque napol&eacute;onienne</em>, Paris, &Eacute;ditions des archives contemporaines, 1988.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Isabelle Laboulais, &laquo;&nbsp;La Fabrique des savoirs administratifs&nbsp;&raquo;, dans St&eacute;phane Van Damne (dir.),&nbsp;<em>Histoire des sciences et des savoirs, tome 1, De la Renaissance aux Lumi&egrave;res</em>, Paris, Seuil, 2015, p.&nbsp;447-463.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;N&eacute; &agrave; Toulouse en 1768, Dardenne prit ses fonctions &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole centrale de l&rsquo;Ari&egrave;ge en 1799.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Marie-No&euml;lle Bourguet, &laquo;&nbsp;L&rsquo;explorateur&nbsp;&raquo;, dans Michel Vovelle (dir.),&nbsp;<em>L&rsquo;Homme des Lumi&egrave;res</em>, Paris, Seuil, 1996, p.&nbsp;285-346.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;De la baryte carbonat&eacute;e et des pyrites martiales, du&nbsp;<em>Rhododandrum ferrugineum</em>&nbsp;dont l&rsquo;&eacute;clat des p&eacute;tales le &laquo;&nbsp;ravissait de plaisir&nbsp;&raquo;, des eaux d&rsquo;un lac mesur&eacute;e &agrave; &laquo;&nbsp;+ 13&deg;7&nbsp;&raquo;, une vall&eacute;e &laquo;&nbsp;riante, pittoresque&nbsp;&raquo; ou un &laquo;&nbsp;m&eacute;chant village d&rsquo;un aspect fort d&eacute;plaisant&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Des nuits dans la &laquo;&nbsp;chaumine&nbsp;&raquo; de bergers avec qui sont partag&eacute;s des repas, un orage en haute montagne.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Des enchantements, des peurs, de la curiosit&eacute;, des sentiments de pl&eacute;nitude.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Des bergers qui seraient des bandits, des montagnes &agrave; l&rsquo;infini, vivre une ann&eacute;e &agrave; pr&egrave;s de 3000 m&egrave;tres pour y &eacute;tudier la nature.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Ce travail in&eacute;dit a &eacute;t&eacute; publi&eacute; en 1990 &ndash; Alain Bourneton,&nbsp;<em>L&rsquo;Ari&egrave;ge au temps de Napol&eacute;on, Cahors</em>, &Eacute;ditions du Boulbi, 1990.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 130.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 158.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 159.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;77.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;Sur cet aspect dans les d&eacute;marches scientifiques ou dans la contemplation paysag&egrave;re, se reporter &agrave; Marie-No&euml;lle Bourguet &amp; Pierres-Yves Lacour, &laquo;&nbsp;Les mondes naturalistes&nbsp;&raquo;, dans St&eacute;phane Van Damne (dir.),&nbsp;<em>Histoire des sciences et des savoirs, tome 1, De la Renaissance aux Lumi&egrave;res</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;261, et Alain Corbin,&nbsp;<em>L&rsquo;Homme dans le paysage</em>, Paris, &Eacute;ditions Textuel, 2001.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Odile Parsis-Barub&eacute;, &laquo; Introduction &raquo;, dans Jean-Pierre Lethuillier &amp; Odile Parsis-Barub&eacute; (dir.),&nbsp;<em>Le Pittoresque. M&eacute;tamorphoses d&rsquo;une qu&ecirc;te dans l&rsquo;Europe moderne et contemporaine</em>, Paris, Garnier, 2012, p.&nbsp;11-26.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Alain Bourneton,&nbsp;<em>L&rsquo;Ari&egrave;ge au temps de Napol&eacute;on</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;55. L&rsquo;influence du Rousseau de&nbsp;<em>Julie ou la nouvelle H&eacute;lo&iuml;se</em>&nbsp;(1761) et, surtout, de Ramond de Carbonni&egrave;res et de son&nbsp;<em>Voyages au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des Hautes-Pyr&eacute;n&eacute;es</em>&nbsp;(1801) semble assez &eacute;vidente sur ce point.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;Le terme n&rsquo;est utilis&eacute; qu&rsquo;une seule fois, &agrave; propos d&rsquo;un paysage contrast&eacute; et sauvage autour d&rsquo;une cascade.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;Alain Bourneton,&nbsp;<em>L&rsquo;Ari&egrave;ge au temps de Napol&eacute;on</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;83-84.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 93.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;Serge Briffaud,&nbsp;<em>Naissance d&rsquo;un paysage</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 325.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;L. Manaud de Boisse,&nbsp;<em>Promenade &agrave; travers le Saint-Gironnais (Audinac, Aulus)</em>, Toulouse, Saint-Girons, 1878.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;Louis Fugairon,&nbsp;<em>Les Ax&eacute;ens ou les habitants du canton d&rsquo;Ax</em><em>&nbsp;aux points de vue physique, intellectuel, moral et industriel</em>, Foix, Gadrat a&icirc;n&eacute;, 1880,</p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;Adolphe d&rsquo;Assier,&nbsp;<em>Souvenir des Pyr&eacute;n&eacute;es. Aulus les Bains et ses environs</em>, Toulouse, Librairie Gimet, 1872.</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;18.</p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;6.</p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;22.</p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;3.</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;162.</p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a>&nbsp;F&eacute;lix R&eacute;gnault, Eug&egrave;ne Trutat, Fran&ccedil;ois Cau-Durban.</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a>&nbsp;F&eacute;lix R&eacute;gnault, &laquo;&nbsp;Le Mont Valier&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Bulletin de la soci&eacute;t&eacute; de g&eacute;ographie de Toulouse</em>, n&deg;&nbsp;3, 1886, p.&nbsp;118-128.</p> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;120-121.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p&nbsp;123.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;124.</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a>&nbsp;Robert Marconis,&nbsp;<em>Midi-Pyr&eacute;n&eacute;es, XIXe-XXe si&egrave;cles. Transports, espace, soci&eacute;t&eacute;s</em>, Toulouse, Milan, 1986.</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a>&nbsp;Andr&eacute; Etchelecou,&nbsp;<em>Transition d&eacute;mographique et syst&egrave;me coutumier dans les Pyr&eacute;n&eacute;es occidentales</em>, Paris, INED &amp; PUF, 1991.</p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp;Anne-Marie Thiesse,&nbsp;<em>&Eacute;crire la France. Le mouvement litt&eacute;raire r&eacute;gionaliste de langue fran&ccedil;aise entre la Belle &Eacute;poque et la Lib&eacute;ration</em>, Paris, PUF, 1991&nbsp;; Sylvie Sagnes (dir.),&nbsp;<em>Litt&eacute;rature r&eacute;gionaliste et ethnologie</em>, Arles, Museon arlaten, Ethnop&ocirc;le Garae &amp; Actes Sud, 2015.</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a>&nbsp;Ce fut le cas de la romanci&egrave;re Isabelle Sandy en Ari&egrave;ge.</p> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a>&nbsp;Ce fut le cas du pr&eacute;historien Henri B&eacute;gouen.</p> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a>&nbsp;Ce fut le cas de l&rsquo;homme de lettres et professeur de philosophie Bernard Sarrieu. Voir Arnauld Chandivert, &laquo;&nbsp;&Agrave; l&rsquo;&eacute;cole des Pyr&eacute;n&eacute;es. Pratiques d&rsquo;&eacute;critures et regards ethnographiques dans le premier tiers du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Litt&eacute;rature r&eacute;gionaliste et ethnologie</em>, Sylvie Sagnes (dir.), Arles, Museon arlaten, Ethnop&ocirc;le Garae &amp; Actes Sud, 2015, p.&nbsp;131-149.</p> <p><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a>&nbsp;Louis de Bardies, &laquo;&nbsp;Le Couserans&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Bulletin de la soci&eacute;t&eacute; ari&eacute;geoise des sciences, lettres et arts</em>, 1922-1926, p.&nbsp;275-279.</p> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>, p.&nbsp;278.</p> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a>&nbsp;Voir l&rsquo;introduction de cet article.</p> <p><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a>&nbsp;Voir notamment &agrave; ce sujet les travaux du pr&eacute;historien et folkloriste Joseph V&eacute;zian&nbsp;: Olivier de Marliave (dir.),&nbsp;<em>Carnets ari&eacute;geois</em>, Toulouse, ESPER, 1988.</p> <p><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a>&nbsp;Voir Vincent Berdoulay, 1981,&nbsp;<em>La formation de l&rsquo;&eacute;cole fran&ccedil;aise de g&eacute;ographie</em>, Paris, Biblioth&egrave;que nationale&nbsp;; Paul Claval (dir.),&nbsp;<em>Autour de Vidal de la Blache</em>, Paris, &Eacute;ditions du CNRS, 1993&nbsp;; Guy Baudelle, Marie-Vic Ozouf-Marignier &amp; Marie-Claire Robic (dir.),&nbsp;<em>G&eacute;ographes en pratique (1870-1945). Le terrain, le livre, la cit&eacute;</em>, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2001&nbsp;; Marie-Claire Robic (dir.),&nbsp;<em>Couvrir le monde. Un grand XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle de g&eacute;ographie fran&ccedil;aise</em>, Paris, ADPF &amp; Minist&egrave;re des Affaires &eacute;trang&egrave;res, 2006.</p> <p><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a>&nbsp;Ainsi, par exemple, Daniel Faucher donne des cours au sein de la Soci&eacute;t&eacute; de g&eacute;ographie de Toulouse, dont la revue avait accueilli le compte rendu de l&rsquo;exp&eacute;dition effectu&eacute;e en 1886 au sommet du mont Valier abord&eacute;e ant&eacute;rieurement dans cet article.</p> <p><a href="#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a>&nbsp;Voir notamment Daniel Faucher, &laquo;&nbsp;L&rsquo;originalit&eacute; physique des Pyr&eacute;n&eacute;es de l&rsquo;Ari&egrave;ge&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Revue g&eacute;ographique des Pyr&eacute;n&eacute;es et du Sud-Ouest</em>, 1937, n&deg;&nbsp;8-4, p.&nbsp;287-299.</p> <h3>Auteur</h3> <p><strong>Arnauld Chandivert</strong>&nbsp;est ma&icirc;tre de conf&eacute;rences au d&eacute;partement d&rsquo;ethnologie de l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry &ndash; Montpellier 3 et membre du LERSEM, &eacute;quipe CERCE. Ses travaux portent sur l&rsquo;histoire de l&rsquo;ethnologie, sur les r&eacute;f&eacute;rences aux patrimoines et &agrave; la culture dans l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;appartenances collectives ainsi que sur leur mise en valeurs (morale et &eacute;conomique). Il a notamment coordonn&eacute; en 2015 avec Sylvie Sagnes un num&eacute;ro sp&eacute;cial d&rsquo;<em>Ethnologie fran&ccedil;aise</em>&nbsp;portant sur la promotion contemporaine des &laquo;&nbsp;petites capitales&nbsp;&raquo; ainsi que divers articles concernant les Pyr&eacute;n&eacute;es, en traitant par exemple des liens entre ethnologie et litt&eacute;rature r&eacute;gionaliste.</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>