<h3>Abstract</h3> <p>This article is an analysis of the postcolonial stakes of the literary recreation of precolonial Africa in the novel&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>&nbsp;(2013), published by the Francophone woman writer L&eacute;onora Miano. What makes the novel original in the contemporary literary landscape comes from the fact that she dramatizes the specific African memories of slavery, which have been rarely evoked in African literature, especially in French. In the novel, the evocation of this story goes through a fictional immersion based on the characters&rsquo; point of view and an africanization of the French language. The stakes of the writers&rsquo;s aesthetic project is thus dual. Firstly, while rewriting the beginnings of slavery and slave trade from a &ldquo;Subsaharan&rdquo; point of view, she wanted, philosophically and politically, to present history through an inversion of perspective and an africanized representation of reality. She also wished, symbolically and morally, to give back their humanity to the victims of this terrible history, who didn&rsquo;t leave traces neither in the European memory nor in the African one. But can Francophone writers, and more generally postcolonial writers, emancipate themselves from the Western representation of history and from the Western views on the others, even more so when their books are intended to Western readers? Can L&eacute;onora Miano escape from a &ldquo;postcolonial exotic&rdquo;, which Graham Huggan considers as being a constituent element of writing and reading within a world market of books controlled by the West? Moreover, by evoking Africa before the encounter with Europe, doesn&rsquo;t she paradoxically share the primitivist conceptions of the first Africanist ethnologists and their quest for the origins of Africa, whereas she tries to overthrow the Western scholarly discourse about Africa?</p> <h2>Keywords<br /> &nbsp;</h2> <p>exoticism, La Saison de l&#39;ombre, L&eacute;onora Miano, Francophone literature, sub-Saharan Africa, slave trade, postcolonialism</p> <p>&nbsp;</p> <p>L&eacute;onora Miano, n&eacute;e au Cameroun, &agrave; Douala, en 1973, est une auteure africaine d&rsquo;expression fran&ccedil;aise qui vit en France depuis 1991&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. Elle a publi&eacute; &agrave; ce jour une quinzaine de livres, en majorit&eacute; des romans, ainsi que deux pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre et deux recueils de conf&eacute;rences,&nbsp;<em>Habiter la fronti&egrave;re&nbsp;</em><a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;et&nbsp;<em>L&rsquo;imp&eacute;ratif transgressif&nbsp;</em><a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, o&ugrave; elle formule des consid&eacute;rations essentielles pour comprendre sa cr&eacute;ation litt&eacute;raire et sa pens&eacute;e politique. Elle a longtemps &eacute;t&eacute; publi&eacute;e par les &eacute;ditions Plon, puis, depuis 2013, par Grasset. Ses pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre et ses conf&eacute;rences sont publi&eacute;es depuis 2012 par une petite maison d&rsquo;&eacute;dition, L&rsquo;Arche. Son &oelig;uvre est de plus en plus reconnue en France, notamment &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, o&ugrave; plusieurs th&egrave;ses, soutenues ou en cours, lui sont consacr&eacute;es, ainsi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. Elle a &eacute;galement obtenu plusieurs prix litt&eacute;raires, et notamment le prix Femina en 2013 pour son roman&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre&nbsp;</em><a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>.</p> <p>Tous ses &eacute;crits sont li&eacute;s &agrave; deux r&eacute;alit&eacute;s majeures, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; l&rsquo;Afrique subsaharienne, et de l&rsquo;autre la diaspora africaine, qu&rsquo;elle explore dans deux directions, d&rsquo;une part en Europe, particuli&egrave;rement en France, dans le cadre de ce qu&rsquo;elle appelle d&rsquo;un mot-valise les exp&eacute;riences et les identit&eacute;s &laquo;&nbsp;afrop&eacute;ennes&nbsp;&raquo;, et d&rsquo;autre part au sein de cet espace g&eacute;ographique, historique et culturel que Paul Gilroy appelle l&rsquo;&laquo;&nbsp;Atlantique noir&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;&raquo;, particuli&egrave;rement aux Antilles fran&ccedil;aises et aux &Eacute;tats-Unis, qui lui permet de mettre en sc&egrave;ne les exp&eacute;riences &laquo;&nbsp;afrodescendantes&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo;. Sur son ancien site internet&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>, elle se d&eacute;crivait elle-m&ecirc;me comme une &laquo;&nbsp;pionni&egrave;re des lettres afrodiasporiques francophones&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo;.&nbsp; Sa d&eacute;marche, sa pens&eacute;e politique et son &eacute;criture litt&eacute;raire l&rsquo;inscrivent globalement dans le champ des th&eacute;ories postcoloniales&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, m&ecirc;me si elle utilise rarement ce terme, de m&ecirc;me que pendant longtemps elle n&rsquo;a cit&eacute; aucun des principaux th&eacute;oriciens du postcolonialisme, dont elle mentionne pour la premi&egrave;re fois quelques noms dans son livre&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>&nbsp;en 2016&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>.</p> <p>En effet, m&ecirc;me si le mot &laquo;&nbsp;postcolonial&nbsp;&raquo; est pratiquement absent de ses &eacute;crits, de ses interventions m&eacute;diatiques et de sa &laquo;&nbsp;posture&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo; d&rsquo;&eacute;crivaine, il s&rsquo;agit pour elle de d&eacute;coloniser le regard sur l&rsquo;Afrique et de proposer un renversement de la perspective historique en faveur d&rsquo;un point de vue subsaharien et afrodiasporique. Par ailleurs, comme de nombreux autres &eacute;crivains francophones postcoloniaux africains et antillais du &laquo;&nbsp;triangle atlantique fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;, pour reprendre le titre du livre de Christopher Miller&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>, comme l&rsquo;&eacute;crivain ivoirien Ahmadou Kourouma ou l&rsquo;&eacute;crivain martiniquais Patrick Chamoiseau, elle travaille parall&egrave;lement le fran&ccedil;ais dans le sens d&rsquo;un &laquo;&nbsp;write back&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;&raquo; litt&eacute;raire, d&rsquo;une r&eacute;appropriation de la langue h&eacute;rit&eacute;e de la colonisation fran&ccedil;aise. Dans l&rsquo;une de ses conf&eacute;rences, &laquo;&nbsp;Habiter la fronti&egrave;re&nbsp;&raquo;, elle d&eacute;finit son &eacute;criture interculturelle en ce sens. D&eacute;crivant sa propre identit&eacute; comme &eacute;tant &laquo;&nbsp;dans l&rsquo;&eacute;cho des cultures qui [l&rsquo;]habitent : africaine, europ&eacute;enne, africaine-am&eacute;ricaine, carib&eacute;enne&nbsp;&raquo;, elle explique qu&rsquo;elle &eacute;crit &laquo;&nbsp;ce qu&rsquo;elle est&nbsp;&raquo; et que son esth&eacute;tique est &laquo;&nbsp;frontali&egrave;re&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;elle utilise la langue fran&ccedil;aise, mais ses r&eacute;f&eacute;rences, les images qu&rsquo;elle d&eacute;ploie sur la page, appartiennent &agrave; d&rsquo;autres sph&egrave;res. [&hellip;] &Eacute;crire&nbsp;<em>en fran&ccedil;ais</em>, ce n&rsquo;est pas &eacute;crire&nbsp;<em>fran&ccedil;ais</em><a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>. &raquo; C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs sur la base de cette diff&eacute;rence critique vis-&agrave;-vis du fran&ccedil;ais hexagonal et de la tradition litt&eacute;raire fran&ccedil;aise et au nom de cet &laquo;&nbsp;usage transgressif&nbsp;de la francophonie<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo; qu&rsquo;elle se revendique explicitement comme une auteure &laquo;&nbsp;francophone&nbsp;&raquo;, quand beaucoup d&rsquo;auteurs francophones sont en revanche r&eacute;ticents &agrave; utiliser ce terme, qui les qualifie souvent n&eacute;gativement en les marginalisant dans le champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>.</p> <p>Dans une autre &eacute;tude consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre de L&eacute;onora Miano&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>, j&rsquo;ai analys&eacute; les modalit&eacute;s et les ambigu&iuml;t&eacute;s de l&rsquo;&laquo;&nbsp;humanisme postcolonial&nbsp;&raquo; de son &eacute;criture m&eacute;morielle du &laquo;&nbsp;triangle atlantique&nbsp;&raquo; ou de l&rsquo;&laquo;&nbsp;Atlantique noir&nbsp;&raquo;, qui me para&icirc;t aller de plus en plus clairement, au fil des &oelig;uvres, dans le sens d&rsquo;un diff&eacute;rentialisme &laquo;&nbsp;afrodiasporique&nbsp;&raquo;. Je voudrais explorer ici les enjeux postcoloniaux de la recr&eacute;ation litt&eacute;raire de l&rsquo;Afrique pr&eacute;coloniale dans son roman&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>, qui raconte l&rsquo;histoire du peuple des Mulongo, vivant dans une r&eacute;gion ind&eacute;termin&eacute;e d&rsquo;Afrique subsaharienne. Les Mulongo sont trahis et captur&eacute;s par un autre peuple, les Bwele, qui sont &agrave; la t&ecirc;te d&rsquo;un empire multiculturel riche et puissant, et vendus &agrave; une troisi&egrave;me communaut&eacute;, les Isedu, un peuple de la c&ocirc;te atlantique qui commerce avec les Europ&eacute;ens, auxquels ils vendent comme esclaves les prisonniers qu&rsquo;ils ont captur&eacute;s. L&rsquo;&eacute;crivaine pr&eacute;cisait sur son ancien site internet que ce roman &eacute;tait une fiction et non un &laquo;&nbsp;roman historique&nbsp;&raquo;, et que le lieu et le temps &eacute;taient d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment vagues et &laquo;&nbsp;symboliques&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>&nbsp;&raquo;. Ce roman a marqu&eacute; un tournant dans l&rsquo;histoire litt&eacute;raire fran&ccedil;aise et francophone, car tr&egrave;s peu d&rsquo;&eacute;crivains africains avaient auparavant abord&eacute; l&rsquo;histoire de la traite transatlantique depuis le &laquo;&nbsp;versant africain de l&rsquo;Atlantique&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;&raquo;, pour reprendre l&rsquo;expression d&rsquo;Achille Mbembe. Pour la litt&eacute;rature subsaharienne francophone, on peut mentionner Yambo Ouologuem qui, dans le&nbsp;<em>Devoir de violence&nbsp;</em><a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>, a &eacute;voqu&eacute; une autre histoire de l&rsquo;esclavage, parall&egrave;le &agrave; la traite transatlantique, celle du trafic transsaharien organis&eacute; pendant des si&egrave;cles dans le cadre d&rsquo;un commerce avec les esclavagistes arabes, ainsi que le roman&nbsp;<em>Esclaves&nbsp;</em><a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>&nbsp;de Kangni Alem, qui raconte la destitution du roi d&rsquo;Abomey Adandozan, oppos&eacute; &agrave; la poursuite du commerce transatlantique des esclaves. Le roman de L&eacute;onora Miano tire donc son int&eacute;r&ecirc;t et son originalit&eacute; dans le paysage litt&eacute;raire contemporain de sa mani&egrave;re d&rsquo;aborder frontalement ce qu&rsquo;elle nomme elle-m&ecirc;me le &laquo;&nbsp;grand impens&eacute; des litt&eacute;ratures subsahariennes&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;&raquo;, pour r&eacute;tablir et interroger les m&eacute;moires sp&eacute;cifiquement africaines de l&rsquo;esclavage.</p> <p>Dans le roman, l&rsquo;&eacute;vocation de cette histoire passe par une immersion fictionnelle prenant pour pivot le point de vue des personnages&nbsp;et une africanisation de la langue. Il me semble que le &laquo;&nbsp;projet esth&eacute;tique&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&eacute;crivaine, qui a souhait&eacute; explicitement &laquo;&nbsp;lever les silences&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;faire revivre des &ecirc;tres dont l&rsquo;Histoire ne semble avoir gard&eacute; nulle trace&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;, comme elle le revendiquait sur son ancien site internet, poss&egrave;de un double enjeu. L&rsquo;intention de l&rsquo;&eacute;crivaine, d&rsquo;une part, &eacute;tait d&rsquo;ordre philosophique et politique. En r&eacute;&eacute;crivant les d&eacute;buts de l&rsquo;esclavage et de la traite transatlantique, non pas d&rsquo;un point de vue &laquo;&nbsp;africain&nbsp;&raquo;, car pour elle le nom et l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;Afrique sont en effet une cr&eacute;ation coloniale, mais plut&ocirc;t &laquo;&nbsp;subsaharien&nbsp;&raquo;, en amont de ce que l&rsquo;&eacute;crivain et philosophe Valentin-Yves Mudimbe a appel&eacute; de son c&ocirc;t&eacute; l&rsquo;&laquo;&nbsp;invention de l&rsquo;Afrique&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;&raquo;, il s&rsquo;agissait pour elle de pr&eacute;senter cette histoire en inversant la perspective habituelle et en africanisant les modes de repr&eacute;sentation du r&eacute;el. D&rsquo;autre part, gr&acirc;ce au pouvoir d&rsquo;&eacute;vocation de la litt&eacute;rature, L&eacute;onora Miano visait &eacute;galement, dans une perspective symbolique et morale, &agrave; rendre leur humanit&eacute; aux victimes de cette histoire terrible, qui ont laiss&eacute; peu de traces ou de souvenirs dans la m&eacute;moire europ&eacute;enne comme dans la m&eacute;moire africaine des &eacute;v&eacute;nements, en incarnant litt&eacute;rairement leur drame. Sur son ancien site internet, elle faisait en effet remarquer que ces populations n&rsquo;existent que comme prisonniers sur les gravures et les dessins europ&eacute;ens de l&rsquo;&eacute;poque et qu&rsquo;il n&rsquo;y a aucun pratiquement aucun document &eacute;voquant leur vie ant&eacute;rieurement &agrave; leur capture et leur vente aux Europ&eacute;ens, si bien que les &laquo;&nbsp;repr&eacute;sentations que nous en avons ne permettent, en aucun cas, de nous rappeler que quelqu&rsquo;un, quelque part, connaissait leur nom et les ch&eacute;rissait&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Mais les &eacute;crivains francophones, et plus g&eacute;n&eacute;ralement les &eacute;crivains postcoloniaux, peuvent-ils se lib&eacute;rer si ais&eacute;ment de la repr&eacute;sentation occidentale de l&rsquo;histoire et de son point de vue sur les autres,&nbsp;<em>a fortiori</em>&nbsp;lorsque leurs livres sont destin&eacute;s principalement &agrave; des lecteurs occidentaux&nbsp;? L&rsquo;&eacute;crivaine, qui manifeste une conscience particuli&egrave;rement aigu&euml; de l&rsquo;in&eacute;galit&eacute; des termes des &eacute;changes culturels et des contraintes du march&eacute; &eacute;ditorial fran&ccedil;ais, tente d&rsquo;&eacute;viter consciemment le pi&egrave;ge de l&rsquo;exotisme sous toutes ses formes, et d&rsquo;&eacute;chapper notamment &agrave; ce que Graham Huggan appelle un &laquo;&nbsp;exotisme postcolonial&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;&raquo;. Cependant, j&rsquo;aimerais montrer que sa position domin&eacute;e dans le champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais entra&icirc;ne au moins deux sortes d&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; dans ce roman. L&rsquo;obligation de prendre en compte les contraintes du lectorat impos&eacute;es par la structure parisiano-centr&eacute;e du march&eacute; fran&ccedil;ais de l&rsquo;&eacute;dition la conduit d&rsquo;une part &agrave; adopter ce que j&rsquo;appellerai une &laquo;&nbsp;esth&eacute;tique du compromis&nbsp;&raquo;, o&ugrave; le d&eacute;centrement par rapport &agrave; une vision fran&ccedil;aise de l&rsquo;histoire est limit&eacute; par la n&eacute;cessit&eacute; de rester lisible pour les lecteurs fran&ccedil;ais, qui constituent son lectorat principal. Ce choix pragmatique de ne pas adopter une forme litt&eacute;raire plus radicale, et d&rsquo;opter plut&ocirc;t pour un d&eacute;paysement mesur&eacute;, int&egrave;gre un potentiel d&rsquo;exotisme postcolonial dans la r&eacute;ception fran&ccedil;aise du livre. D&rsquo;autre part, on peut se demander si l&rsquo;&eacute;crivaine, qui vise pourtant &agrave; renverser le discours savant, tout particuli&egrave;rement ethnologique, sur l&rsquo;Afrique, ne prend pas le risque de retrouver finalement la vis&eacute;e primitiviste des premiers africanistes, obs&eacute;d&eacute;s, comme par exemple Marcel Griaule, par la qu&ecirc;te d&rsquo;une Afrique &laquo;&nbsp;premi&egrave;re&nbsp;&raquo;, dans la puret&eacute; authentique de ses origines.</p> <h2>1. Le projet d&rsquo;un humanisme postcolonial<br /> &nbsp;</h2> <p>Au plan philosophique et politique, le projet de l&rsquo;&eacute;crivaine partage la vis&eacute;e intellectuelle des diff&eacute;rents postcolonialismes. Dans plusieurs de ses conf&eacute;rences publi&eacute;es dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>, elle appelle &agrave; &laquo;&nbsp;s&rsquo;&eacute;manciper des cat&eacute;gorisations&nbsp;&raquo; europ&eacute;ennes inad&eacute;quates, souvent imp&eacute;rialistes et &laquo;&nbsp;raciales&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo;, et elle revendique pour les Subsahariens &laquo;&nbsp;la capacit&eacute; &agrave; user de mots justes pour se dire &agrave; soi-m&ecirc;me&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>&nbsp;&raquo;. Dans&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>, qui &laquo;&nbsp;ambitionne de saisir l&rsquo;instant d&rsquo;un basculement [&hellip;] entre la disparition du monde connu et l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;un univers nouveau, dont nul ne sait encore rien&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;&raquo;, elle cherche plus particuli&egrave;rement &agrave; se d&eacute;gager de la vision europ&eacute;enne pour donner &agrave; la place un point de vue subsaharien sur l&rsquo;histoire des d&eacute;buts de la traite transatlantique et la mani&egrave;re dont la demande des Europ&eacute;ens en esclaves a cr&eacute;&eacute; un commerce extr&ecirc;mement profitable pour certains notables subsahariens, qui les a pouss&eacute;s &agrave; capturer &agrave; grande &eacute;chelle un nombre croissant de prisonniers au sein d&rsquo;autres peuples subsahariens. En fondant son roman sur l&rsquo;histoire des Mulongo qui, du fait de l&rsquo;&eacute;loignement et des difficult&eacute;s d&rsquo;acc&egrave;s de leur habitat, sont rest&eacute;s plus longtemps que d&rsquo;autres peuples &agrave; l&rsquo;&eacute;cart de ce commerce, dont ils d&eacute;couvrent progressivement la r&eacute;alit&eacute; lorsqu&rsquo;ils comprennent qu&rsquo;ils en sont d&eacute;sormais les victimes, l&rsquo;&eacute;crivaine, comme elle l&rsquo;indiquait sur son ancien site internet, a voulu &laquo;&nbsp;rester au plus pr&egrave;s d&rsquo;une perception subsaharienne non encore influenc&eacute;e par la rencontre avec l&rsquo;Europe&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp;&raquo;, pour saisir cette histoire dans ses commencements et dans le regard originel des protagonistes.</p> <p>Le roman cherche donc &agrave; &laquo;&nbsp;&eacute;pouse[r]&nbsp;&raquo; la &laquo;&nbsp;vision de ses personnages, des habitants de territoires subsahariens &agrave; l&rsquo;&eacute;poque pr&eacute;coloniale et ne connaissant du monde qu&rsquo;eux-m&ecirc;mes et leurs voisins imm&eacute;diats&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;&raquo;. La romanci&egrave;re a voulu imaginer l&rsquo;Afrique centrale et &eacute;quatoriale avant le choc et le traumatisme de la rencontre avec l&rsquo;Europe, et reconstituer l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;esclavage et de la &laquo;&nbsp;traite&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo; dans le regard des victimes &laquo;&nbsp;africaines&nbsp;&raquo; d&rsquo;une trag&eacute;die qu&rsquo;elles n&rsquo;ont pas comprise dans les termes et les concepts occidentaux impos&eacute;s post&eacute;rieurement au plan culturel sous l&rsquo;effet de la domination coloniale politique et culturelle europ&eacute;enne sur l&rsquo;Afrique. Le point de vue du roman, comme l&rsquo;&eacute;crivaine le dit elle-m&ecirc;me, est clairement &laquo;&nbsp;afro-centr&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;. Il vise &agrave; rapporter l&rsquo;histoire &agrave; travers les cat&eacute;gories culturelles endog&egrave;nes de ses personnages, en excluant notamment le concept de &laquo;&nbsp;race&nbsp;&raquo;, europ&eacute;en et colonial, qui participe d&rsquo;une &laquo;&nbsp;vision euro-centr&eacute;e&nbsp;&raquo; qui n&rsquo;a &laquo;&nbsp;pas de sens pour les habitants des espaces concern&eacute;s par le texte&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>&nbsp;&raquo;. Comme elle me l&rsquo;a pr&eacute;cis&eacute;, elle a souhait&eacute; travailler &laquo;&nbsp;sur l&rsquo;exp&eacute;rience interne du continent africain&nbsp;&raquo;, car il s&rsquo;agissait avant tout pour elle &laquo;&nbsp;d&rsquo;explorer ce qui s&rsquo;est jou&eacute; entre Subsahariens&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Mais l&rsquo;enjeu du roman est aussi symbolique et moral. Le renversement du point de vue sur l&rsquo;histoire de la capture de populations subsahariennes par d&rsquo;autres au b&eacute;n&eacute;fice de la traite europ&eacute;enne dans le triangle atlantique est &eacute;galement le moyen pour la romanci&egrave;re de rappeler aux &laquo;&nbsp;Africains&nbsp;&raquo; leur responsabilit&eacute; dans ce drame. Plusieurs de ses livres appellent en effet les Subsahariens &agrave; faire face &agrave; ce pass&eacute; et &agrave; se r&eacute;approprier activement cette histoire en prenant ouvertement en charge la m&eacute;moire de toutes les victimes africaines de l&rsquo;esclavage. Dans son roman&nbsp;<em>Les Aubes &eacute;carlates&nbsp;</em><a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>, paru en 2009, les &eacute;v&eacute;nements dramatiques qui d&eacute;chirent la population sont explicitement reli&eacute;s au pass&eacute; africain de l&rsquo;esclavage, qui est pr&eacute;sent&eacute; comme une m&eacute;moire oblit&eacute;r&eacute;e, une &laquo;&nbsp;faille innomm&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;&raquo;, dont le refoulement collectif explique en grande partie les errements politiques et la permanence de la violence des soci&eacute;t&eacute;s subsahariennes jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;poque contemporaine, les &laquo;&nbsp;troubles d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;&raquo; &eacute;tant en r&eacute;alit&eacute; la &laquo;&nbsp;manifestation d&rsquo;&eacute;garements anciens, la repr&eacute;sentation de tout ce que nous pensions oublier en faisant silence&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Dans&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>, il s&rsquo;agit de nouveau pour la romanci&egrave;re de rappeler de quelle mani&egrave;re certains peuples subsahariens ont particip&eacute; activement au trafic d&rsquo;&ecirc;tres humains, qui a permis &agrave; de nombreux notables de consolider leur puissance et d&rsquo;accro&icirc;tre consid&eacute;rablement leur richesse. Les principaux protagonistes mulongo d&eacute;couvrent ainsi &agrave; quel point l&rsquo;arriv&eacute;e des Europ&eacute;ens a aiguis&eacute; la cupidit&eacute; des peuples c&ocirc;tiers, et comment la diffusion commerciale des armes &agrave; feu de construction europ&eacute;enne a modifi&eacute; le rapport de forces entre populations africaines. Le chasseur Bwemba apprend &agrave; Mutango, le fr&egrave;re du chef des Mulongo, qu&rsquo;il a men&eacute; personnellement le raid qui a permis aux Bwele de capturer dix adolescents et deux adultes mulongo, et il lui expose les donn&eacute;es du bouleversement g&eacute;opolitique introduit par l&rsquo;arriv&eacute;e des Europ&eacute;ens &laquo;&nbsp;aux pieds de poule&nbsp;&raquo; dans les r&eacute;gions de la c&ocirc;te atlantique et du nouveau march&eacute; cr&eacute;&eacute; par leurs demandes d&rsquo;esclaves&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Nous n&rsquo;avons pas le choix [&hellip;]. Pour &eacute;viter un conflit avec les C&ocirc;tiers, il nous faut leur fournir des hommes. Un accord a &eacute;t&eacute; conclu en ce sens avec eux, parce qu&rsquo;ils semaient la terreur dans certaines de nos r&eacute;gions, afin d&rsquo;y faire des captifs pour le compte des hommes aux pieds de poule&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>.</p> </blockquote> <p>Mais il avoue cyniquement que l&rsquo;&eacute;volution des &eacute;v&eacute;nements a aussi suscit&eacute; la convoitise des Bwele, qui n&rsquo;ont pas l&rsquo;attention de rester passifs et de subir &eacute;ternellement les conditions des C&ocirc;tiers. L&rsquo;avidit&eacute; et les perspectives d&rsquo;enrichissement ouvertes par le trafic d&rsquo;&ecirc;tres humains ont fait na&icirc;tre en eux le projet de jouer un r&ocirc;le plus actif dans les &eacute;changes, et m&ecirc;me de remplacer un jour les C&ocirc;tiers comme partenaires commerciaux des Europ&eacute;ens, d&rsquo;autant que leur reine doit rencontrer un Europ&eacute;en pour la premi&egrave;re fois dans l&rsquo;histoire de son peuple&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Les Bwele n&rsquo;ont pas acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;oc&eacute;an, mais peut-&ecirc;tre pourraient-ils, un jour prochain, traiter directement avec les hommes venus de pongo par les eaux. Il a h&acirc;te de savoir ce qui se dira plus tard lors de l&rsquo;audience, s&rsquo;esclaffe &agrave; l&rsquo;id&eacute;e que les C&ocirc;tiers prennent le risque de perdre leurs privil&egrave;ges&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>.</p> </blockquote> <p>De m&ecirc;me, Mutimbo, l&rsquo;un des deux anciens du clan mulongo captur&eacute;s par les Bwele, r&eacute;v&egrave;le &agrave; Eyab<u>e</u>, l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne du roman, que si les Bwele sont &laquo;&nbsp;devenus les plus importants interm&eacute;diaires des C&ocirc;tiers, dans le commerce des hommes&nbsp;&raquo;, ces derniers ont su se faire respecter &laquo;&nbsp;&agrave; force d&rsquo;intr&eacute;pidit&eacute;, de ruse et de cruaut&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;les Bwele n&rsquo;ont pas envie de s&rsquo;en faire des ennemis. Seuls les C&ocirc;tiers sont d&eacute;tenteurs de la foudre&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Outre la d&eacute;signation des responsabilit&eacute;s propres au continent africain dans cette histoire traumatique qui, pour la romanci&egrave;re, est une source majeure des violences contemporaines qui continuent de le ravager, l&rsquo;enjeu moral du roman consiste &eacute;galement en un devoir de m&eacute;moire qui honore les victimes. Il s&rsquo;agit de leur rend &laquo;&nbsp;hommage&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>&nbsp;&raquo; en les mettant en sc&egrave;ne et en les incarnant litt&eacute;rairement dans une fiction, une intrigue et des personnages. La romanci&egrave;re consid&egrave;re en effet que le roman &laquo;&nbsp;s&rsquo;articule d&rsquo;abord &agrave; des personnages, lesquels sont plac&eacute;s dans un environnement socio-historique&nbsp;&raquo;, que &laquo;&nbsp;le roman, ce sont des personnages &agrave; qui quelque chose arrive, qui font quelque chose, qui veulent quelque chose&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;&raquo;. Sur son ancien site internet, elle affirmait qu&rsquo;elle avait voulu &laquo;&nbsp;&eacute;crire un texte sensible, qui mette au premier plan l&rsquo;humanit&eacute; de ses personnages&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit donc pour elle de les rendre vivants, avec leurs pens&eacute;es et leurs &eacute;motions, par la puissance d&rsquo;&eacute;vocation concr&egrave;te de la litt&eacute;rature&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Il est sans doute plus ais&eacute; &agrave; une romanci&egrave;re, une artiste, de restituer leur visage &agrave; ces femmes, ces hommes, ces enfants&nbsp;‒ car ils ne furent pas &eacute;pargn&eacute;s. Il est sans doute plus ais&eacute; &agrave; une personne dont le travail est une auscultation des profondeurs, de plonger dans ces ab&icirc;mes &eacute;motionnels dont le tumulte ne peut &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute; que par la cr&eacute;ation, &eacute;tant donn&eacute; le peu de traces dont nous disposons. Pour &eacute;voquer les visages, les historiens ont besoin de vestiges, d&rsquo;empreintes mat&eacute;rielles. Les auteurs, quant &agrave; eux, n&rsquo;ont qu&rsquo;&agrave; se documenter, puis &agrave; fermer les yeux&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>.</p> </blockquote> <p>En donnant un visage &agrave; ces &laquo;&nbsp;figures effac&eacute;es de la m&eacute;moire subsaharienne et mondiale&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;&raquo;, le roman rejoint ainsi la tradition litt&eacute;raire du tombeau, ou peut-&ecirc;tre devrait-on dire plus justement qu&rsquo;il se constitue comme un c&eacute;notaphe, puisque la plupart des victimes ont disparu sans laisser aucune trace. Outre l&rsquo;humanit&eacute; des peuples pr&eacute;coloniaux, l&rsquo;&eacute;crivaine a voulu aussi &laquo;&nbsp;c&eacute;l&eacute;br[er] les spiritualit&eacute;s, le geste cr&eacute;atif et les arts de vivre des Subsahariens en g&eacute;n&eacute;ral&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h2>2. &Eacute;viter le pi&egrave;ge de l&rsquo;exotisme impos&eacute; par les march&eacute;s du livre occidentaux aux &eacute;crivains postcoloniaux&nbsp;?<br /> &nbsp;</h2> <p>Mais les &eacute;crivains francophones, et plus g&eacute;n&eacute;ralement les &eacute;crivains postcoloniaux, peuvent-ils se lib&eacute;rer si ais&eacute;ment de la vision occidentale de l&rsquo;histoire et se d&eacute;centrer dans l&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire par rapport aux cat&eacute;gories culturelles de l&rsquo;Occident, lorsque leurs livres sont destin&eacute;s principalement &agrave; des lecteurs occidentaux&nbsp;? Graham Huggan, dans son article &laquo;&nbsp;The Postcolonial Exotic&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>&nbsp;&raquo;, puis dans son ouvrage&nbsp;<em>The Postcolonial Exotic. Marketing the Margins&nbsp;</em><a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>, a formul&eacute; ce probl&egrave;me en introduisant la notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;exotisme postcolonial&nbsp;&raquo; (<em>postcolonial exotic</em>), &agrave; partir de diff&eacute;rentes &eacute;tudes de cas attentives aux conditions de production, de circulation et de r&eacute;ception des litt&eacute;ratures postcoloniales de langue anglaise en Angleterre et aux &Eacute;tats-Unis. Cet &laquo;&nbsp;exotisme&nbsp;&raquo;, qui peut &ecirc;tre d&eacute;crit comme une sorte de &laquo;&nbsp;circuit s&eacute;miotique qui oscille entre les p&ocirc;les oppos&eacute;s de l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; et de la familiarit&eacute;&nbsp;&raquo;, semblable en ce sens &agrave; l&rsquo;exotisme touristique, n&rsquo;est pas &laquo;&nbsp;une qualit&eacute; inh&eacute;rente &agrave; certains individus, &agrave; des objets caract&eacute;ristiques ou des endroits sp&eacute;cifiques&nbsp;&raquo;, mais un &laquo;&nbsp;mode particulier de perception esth&eacute;tique&nbsp;&raquo; bas&eacute; sur une d&eacute;shistoricisation, une assimilation de la diff&eacute;rence, une domestication et une fabrication de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;la diff&eacute;rence est appr&eacute;ci&eacute;e uniquement dans les termes du spectateur&nbsp;; la diversit&eacute; est traduite et transform&eacute;e sous un aspect esth&eacute;tique familier et rassurant&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>.&nbsp;&raquo; Quant &agrave; son contenu oppositionnel &eacute;ventuel, il est toujours susceptible d&rsquo;&ecirc;tre neutralis&eacute; et recod&eacute;, dans le cadre du fonctionnement n&eacute;ocolonial du march&eacute; capitaliste des biens culturel, pour devenir un bien de consommation et de divertissement.</p> <p>Pour Graham Huggan, du fait de la structure m&ecirc;me de la domination culturelle et &eacute;conomique mondiale de l&rsquo;Occident, l&rsquo;exotisme postcolonial s&rsquo;inscrit donc n&eacute;cessairement dans une tension ind&eacute;passable. Il y a d&rsquo;une part le r&eacute;gime du postcolonialisme, qu&rsquo;il d&eacute;finit comme un &laquo;&nbsp;intellectualisme anticolonial qui rep&egrave;re et valorise les signes de lutte sociale dans les lignes de fracture des textes litt&eacute;raires et culturels&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>&nbsp;&raquo; et qui &laquo;&nbsp;travaille &agrave; la dissolution des &eacute;pist&eacute;mologies et des structures institutionnelles imp&eacute;riales&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>&nbsp;&raquo;. Il y a d&rsquo;autre part le r&eacute;gime de la postcolonialit&eacute;, qu&rsquo;il d&eacute;finit comme un &laquo;&nbsp;syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;change symbolique et mat&eacute;riel dans lequel m&ecirc;me le langage de r&eacute;sistance peut &ecirc;tre manipul&eacute; et consomm&eacute;&nbsp;&raquo;, autrement dit comme un &laquo;&nbsp;m&eacute;canisme de r&eacute;gulation de la valeur au sein du syst&egrave;me global d&rsquo;&eacute;changes de biens du capitalisme tardif&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>&nbsp;&raquo;, si bien que le fonctionnement n&eacute;ocolonial du march&eacute; conduit &agrave; la commercialisation des biens culturels anticoloniaux.</p> <p>Or, ce qui frappe chez L&eacute;onora Miano, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment sa conscience particuli&egrave;rement vive du risque exotique qui guette les auteurs postcoloniaux, notamment africains, dans le champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais, dont elle comprend tr&egrave;s clairement les contraintes&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>. Dans plusieurs de ses conf&eacute;rences, o&ugrave; elle exprime son point de vue dans le cadre d&rsquo;un discours d&rsquo;auteur tr&egrave;s inform&eacute;, elle a manifest&eacute; sa lucidit&eacute; sur les enjeux qui configurent l&rsquo;espace des possibles litt&eacute;raires des &eacute;crivains subsahariens francophones. On notera d&rsquo;ailleurs que ce discours d&rsquo;auteur, qu&rsquo;elle d&eacute;veloppe dans ses deux recueils de conf&eacute;rences et dans ses multiples interventions m&eacute;diatiques, et qui faisait &eacute;galement la mati&egrave;re principale de son ancien site internet, est de plus en plus abondant chez elle, ce qui traduit manifestement sa volont&eacute; croissante d&rsquo;accompagner, de contr&ocirc;ler ou de corriger la r&eacute;ception de son &oelig;uvre, d&rsquo;autant que la consolidation de sa position dans le champ litt&eacute;raire,&nbsp;<em>via</em>&nbsp;la reconnaissance symbolique par les prix et les pairs et ses succ&egrave;s de vente, l&rsquo;autorise et l&rsquo;entra&icirc;ne &agrave; renforcer son commentaire de ses propres &oelig;uvres.</p> <p>L&rsquo;&eacute;crivaine a parfaitement conscience de la position domin&eacute;e des auteurs francophones dans un champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais qui reste encore tr&egrave;s largement francocentr&eacute;. Comme Pascale Casanova, dont elle cite&nbsp;<em>La R&eacute;publique mondiale des lettres&nbsp;</em><a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>&nbsp;dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>, elle sait en particulier que les &eacute;crivains postcoloniaux africains subissent dans leur &laquo;&nbsp;entrance&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>&nbsp;&raquo; un processus de marginalisation de nature n&eacute;ocoloniale, qui les cantonne &agrave; la p&eacute;riph&eacute;rie du champ litt&eacute;raire. Elle identifie en particulier deux probl&egrave;mes majeurs. Le premier concerne le choix de la langue d&rsquo;&eacute;criture, qui est le plus souvent celle de l&rsquo;ancienne langue coloniale. En effet, la mondialisation &eacute;conomique et culturelle ayant confort&eacute; la domination des anciens centres imp&eacute;riaux sur les anciennes colonies, les march&eacute;s &eacute;ditoriaux restent tr&egrave;s largement concentr&eacute;s dans ces centres, o&ugrave; les &eacute;diteurs imposent aux &eacute;crivains qui souhaitent &ecirc;tre publi&eacute;s sur ce march&eacute; l&rsquo;usage de la langue centrale en vigueur, dans la mesure o&ugrave; la plupart des lecteurs sont occidentaux et ne parlent que l&rsquo;une des langues europ&eacute;ennes majeures. Ainsi, le lectorat principal des &eacute;crivains francophones subsahariens qui sont publi&eacute;s en France est tr&egrave;s majoritairement fran&ccedil;ais, et il n&rsquo;a ni la comp&eacute;tence linguistique, ni sans doute la volont&eacute; de lire ces &eacute;crivains dans une autre langue que le fran&ccedil;ais. L&eacute;onora Miano fait en effet remarquer que &laquo;&nbsp;Subsahariens et Afrodescendants restent assez minoritaires en France&nbsp;&raquo; et que les &laquo;&nbsp;lecteurs appartenant &agrave; ces deux cat&eacute;gories constituent un march&eacute; de niche&nbsp;&raquo;&nbsp;; parall&egrave;lement, en &laquo;&nbsp;Afrique subsaharienne francophone, les lecteurs, qui ne sont pas toujours des acheteurs (de livres), demeurent peu nombreux&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;&laquo; usage des langues subsahariennes en litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, en donnant aux &eacute;crivains la possibilit&eacute; de &laquo;&nbsp;se dire comme il est impossible de le faire dans d&rsquo;autres langues&nbsp;&raquo;, permettrait pourtant la &laquo;&nbsp;lib&eacute;ration&nbsp;&raquo; des &laquo;&nbsp;imaginaires&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>&nbsp;&raquo;, l&agrave; o&ugrave; dans le fran&ccedil;ais, en d&eacute;pit de la &laquo;&nbsp;grande souplesse&nbsp;&raquo; de cette langue et des &laquo;&nbsp;vastes possibilit&eacute;s qu&rsquo;il offre pour restituer les exp&eacute;riences subsahariennes&nbsp;&raquo;, quelque chose de &laquo;&nbsp;la vision du monde&nbsp;&raquo; propre &agrave; chaque peuple subsaharien &laquo;&nbsp;se perd&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce quelque chose n&rsquo;est pas de l&rsquo;ordre de l&rsquo;exp&eacute;rience factuelle. Il est d&rsquo;ordre &eacute;motionnel, philosophique, spirituel&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Le deuxi&egrave;me probl&egrave;me majeur qui p&egrave;se sur les &eacute;crivains subsahariens provient du fait qu&rsquo;ils ont tr&egrave;s peu de possibilit&eacute;s d&rsquo;&ecirc;tre publi&eacute;s en Afrique, compte tenu de la faiblesse du milieu &eacute;ditorial sur le continent, qu&rsquo;ils doivent donc &ecirc;tre publi&eacute;s en Occident pour exister litt&eacute;rairement, et qu&rsquo;en outre leur &oelig;uvre est &laquo;&nbsp;consacr&eacute;e par des instances ext&eacute;rieures au continent&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a>&nbsp;&raquo;, situ&eacute;es dans les anciens centres imp&eacute;riaux, comme par exemple en France pour l&rsquo;espace litt&eacute;raire francophone.</p> <p>Ces contraintes &eacute;conomiques et symboliques, qui concernent &agrave; la fois la publication et la diffusion des &oelig;uvres et leur r&eacute;ception par le public, placent les &eacute;crivains subsahariens dans une situation asym&eacute;trique d&rsquo;h&eacute;t&eacute;ronomie o&ugrave; la loi ext&eacute;rieure de l&rsquo;offre et de la demande ne leur laisse que tr&egrave;s peu de marges de libert&eacute;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Une sorte de fragilit&eacute; due &agrave; la condition si particuli&egrave;re des auteurs subsahariens francophones&nbsp;: publi&eacute;s loin de leur espace premier de r&eacute;f&eacute;rence, ils ne s&rsquo;inscrivent dans le monde litt&eacute;raire fran&ccedil;ais que de fa&ccedil;on p&eacute;riph&eacute;rique. Priv&eacute;s du poids politique et commercial d&rsquo;un lectorat communautaire, ils ont peu d&rsquo;arguments dans les &eacute;changes avec les &eacute;diteurs, lorsque la conversation prend un tour mercantile. Travaillant souvent avec des personnes peu instruites de ce qu&rsquo;ils portent en eux&nbsp;&ndash; l&rsquo;exp&eacute;rience aussi bien que la culture&nbsp;&ndash; ces auteurs produisent des textes auxquels on s&rsquo;int&eacute;resse pour diverses raisons, mais rarement parce que l&rsquo;on y reconna&icirc;t sa propre humanit&eacute;. La consigne tacite et n&eacute;anmoins ferme leur est donn&eacute;e de rester &agrave; leur place, de correspondre &agrave; l&rsquo;image que l&rsquo;on se fait des peuples qui les ont engendr&eacute;s. Ces &eacute;crivains sont en libert&eacute; surveill&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a>.</p> </blockquote> <p>Pour l&rsquo;&eacute;crivaine, il est &eacute;vident que cette position de faiblesse &laquo;&nbsp;peut influer sur le propos des auteurs<a href="#_ftn62" name="_ftnref62">[62]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Comment ne pas envisager que certains s&rsquo;auto-censurent et s&rsquo;interdisent de traiter des sujets dont ils pensent que cela nuira &agrave; leurs relations avec le milieu &eacute;ditorial fran&ccedil;ais&nbsp;? Comment ne pas envisager que le besoin de reconnaissance de certains, notamment &agrave; travers des prix litt&eacute;raires mondialement connus, ne les am&egrave;ne, peut-&ecirc;tre de fa&ccedil;on inconsciente, &agrave; fournir ce que l&rsquo;on attend d&rsquo;eux&nbsp;<a href="#_ftn63" name="_ftnref63">[63]</a>&nbsp;?</p> </blockquote> <p>La domination des contraintes du march&eacute; du livre occidental soumet &eacute;galement les &eacute;crivains subsahariens au risque d&rsquo;une r&eacute;ception exotisante de la part des lecteurs occidentaux. Comme le reconna&icirc;t l&rsquo;&eacute;crivaine&nbsp;:</p> <blockquote> <p>de nombreux lecteurs occidentaux&nbsp;&ndash; ou n&eacute;gativement occidentalis&eacute;s &ndash; viennent aux &eacute;crits des Subsahariens dans le but de s&rsquo;offrir une promenade exotique &agrave; moindre co&ucirc;t. Ils viennent se rassurer sur le fait que les conqu&ecirc;tes mat&eacute;rielles de l&rsquo;Occident lui assurent encore les moyens de la domination&nbsp;<a href="#_ftn64" name="_ftnref64">[64]</a>.</p> </blockquote> <p>La situation des &eacute;crivains francophones subsahariens dans le champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais est donc particuli&egrave;rement complexe et difficile &agrave; n&eacute;gocier.</p> <h2>3. Recr&eacute;er le pass&eacute; pr&eacute;colonial subsaharien en fran&ccedil;ais&nbsp;: une esth&eacute;tique&nbsp;du compromis<br /> &nbsp;</h2> <p>Si le soutien de Grasset, ses succ&egrave;s &eacute;ditoriaux et sa cons&eacute;cration croissante lui ont permis d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; une position de plus en plus confortable dans le champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais, et si elle se situe d&eacute;sormais entre le p&ocirc;le de production restreinte et le p&ocirc;le de grande production, L&eacute;onora Miano, en tant qu&rsquo;&eacute;crivaine africaine, sait qu&rsquo;elle doit se soumettre &agrave; ces imp&eacute;ratifs commerciaux du march&eacute; du livre et aux attentes sp&eacute;cifiques du lectorat fran&ccedil;ais, qui constitue son lectorat principal, m&ecirc;me si elle est lue &eacute;galement hors de France, notamment en Afrique francophone et particuli&egrave;rement au Cameroun, son pays natal, o&ugrave; son &oelig;uvre b&eacute;n&eacute;ficie d&eacute;sormais d&rsquo;une reconnaissance officielle&nbsp;<a href="#_ftn65" name="_ftnref65">[65]</a>. Il serait tr&egrave;s pr&eacute;cieux &agrave; cet &eacute;gard de pouvoir faire une &eacute;tude g&eacute;n&eacute;tique de&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>, en examinant&nbsp;les avant-textes, les diff&eacute;rentes versions &eacute;ventuelles du manuscrit, la nature des corrections de l&rsquo;auteure et &eacute;ventuellement ses &eacute;changes avec son conseiller &eacute;ditorial chez Grasset, ainsi que l&rsquo;avis du comit&eacute; de lecture.</p> <p>&Agrave; la lecture du roman, on constate en tout cas que L&eacute;onora Miano, qui semble refuser l&rsquo;ironie ou les jeux litt&eacute;raires et intertextuels caract&eacute;risant beaucoup d&rsquo;&eacute;critures postcoloniales contemporaines, a opt&eacute; pour un projet esth&eacute;tique qu&rsquo;on pourrait qualifier de &laquo;&nbsp;v&eacute;h&eacute;mence ontologique&nbsp;<a href="#_ftn66" name="_ftnref66">[66]</a>&nbsp;&raquo;, pour reprendre une expression que Paul Ric&oelig;ur utilise dans un autre contexte au sujet de la m&eacute;taphore, o&ugrave; la litt&eacute;rature repose sur une affirmation d&rsquo;&ecirc;tre, fond&eacute;e sur les pouvoirs de l&rsquo;imagination, ou du moins sur l&rsquo;assurance que la fiction est v&eacute;ritablement un monde possible. Mais cette &laquo;&nbsp;d&eacute;marche de cr&eacute;ation pure&nbsp;&raquo;, que l&rsquo;&eacute;crivaine revendiquait sur son ancien site internet comme &laquo;&nbsp;la seule valide&nbsp;&raquo; pour &laquo;&nbsp;cheminer vers les mondes disparus&nbsp;&raquo; en l&rsquo;opposant au genre du &laquo;&nbsp;roman historique&nbsp;<a href="#_ftn67" name="_ftnref67">[67]</a>&nbsp;&raquo;, n&rsquo;est pas pour autant la revendication d&rsquo;une libert&eacute; totale de l&rsquo;imagination et de l&rsquo;irr&eacute;alit&eacute;. Elle est conditionn&eacute;e par la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;&eacute;tayer l&rsquo;imagination romanesque sur un travail documentaire. Pour l&rsquo;&eacute;crivaine, c&rsquo;est cette alliance entre imagination et documentation qui peut permettre de restituer de mani&egrave;re r&eacute;aliste l&rsquo;Afrique pr&eacute;coloniale, malgr&eacute; la distance temporelle et les destructions irr&eacute;versibles de la colonisation.</p> <p>En ce sens, partant du principe que pour &laquo;&nbsp;d&eacute;crire le quotidien de communaut&eacute;s subsahariennes ayant v&eacute;cu avant la colonisation&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;recr&eacute;er ces populations&nbsp;&raquo;, il &eacute;tait &laquo;&nbsp;important&nbsp;[&hellip;] d&rsquo;acqu&eacute;rir une bonne connaissance de tous les aspects de leur vie, de leur pens&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn68" name="_ftnref68">[68]</a>&nbsp;&raquo;, elle a effectu&eacute; des recherches documentaires qui lui ont permis de rassembler des connaissances sur cette &eacute;poque. Elle explique d&rsquo;ailleurs que par &laquo;&nbsp;pur chauvinisme&nbsp;&raquo;, elle s&rsquo;est bas&eacute;e sur son &laquo;&nbsp;espace culturel de r&eacute;f&eacute;rence, l&rsquo;Afrique centrale bantoue&nbsp;<a href="#_ftn69" name="_ftnref69">[69]</a>&nbsp;&raquo;. &Agrave; la fin du roman, dans ses remerciements, elle cite certaines de ses sources, &agrave; commencer par une enqu&ecirc;te publi&eacute;e par la Soci&eacute;t&eacute; africaine de culture et l&rsquo;UNESCO en 1997,&nbsp;<em>La M&eacute;moire de la capture</em>, r&eacute;dig&eacute;e par Lucie-Mami Noor Nkak&eacute;, et remise &agrave; l&rsquo;&eacute;crivaine par la fille de l&rsquo;auteure en septembre 2010. Ce &laquo;&nbsp;rapport de mission&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;technique par certains aspects&nbsp;&raquo;, est le fruit d&rsquo;une enqu&ecirc;te men&eacute;e au sud du B&eacute;nin et montrant qu&rsquo;il existe encore aujourd&rsquo;hui un &laquo;&nbsp;patrimoine oral&nbsp;<a href="#_ftn70" name="_ftnref70">[70]</a>&nbsp;&raquo; portant sur une m&eacute;moire subsaharienne de la Traite atlantique. En ce qui concerne &laquo;&nbsp;la mythologie, les croyances, mais aussi les v&ecirc;tements&nbsp;&raquo;, le roman &laquo;&nbsp;doit beaucoup aux travaux du Prince Dika Akwa nya Bonembela&nbsp;<a href="#_ftn71" name="_ftnref71">[71]</a>&nbsp;&raquo; et en particulier &agrave; son ouvrage&nbsp;<em>Les</em>&nbsp;<em>Descendants des pharaons &agrave; travers l&rsquo;Afrique</em>. Elle &eacute;voque &eacute;galement l&rsquo;aide de sa famille, notamment sa m&egrave;re, qui lui a permis de combler ses &laquo;&nbsp;lacunes&nbsp;<a href="#_ftn72" name="_ftnref72">[72]</a>&nbsp;&raquo; en langue douala au sujet des plantes, et Philippe Nyamb&eacute; Mouangu&eacute; pour la &laquo;&nbsp;perception non raciale qu&rsquo;on eut des Europ&eacute;ens sur nos c&ocirc;tes&nbsp;<a href="#_ftn73" name="_ftnref73">[73]</a>&nbsp;&raquo;. On note donc qu&rsquo;elle ne mentionne que des sources internes au continent africain, et aucun travail occidental sur l&rsquo;Afrique, d&rsquo;ordre ethnologique par exemple. Toutefois, sur son ancien site internet, elle mentionnait aussi des catalogues d&rsquo;exposition, dont elle reproduisait la couverture&nbsp;<a href="#_ftn74" name="_ftnref74">[74]</a>, &eacute;dit&eacute;s par deux mus&eacute;es priv&eacute;s sp&eacute;cialis&eacute;s dans l&rsquo;art africain, le mus&eacute;e Dapper &agrave; Paris et le mus&eacute;e Barbier-Mueller &agrave; Gen&egrave;ve, en indiquant que si les objets repr&eacute;sent&eacute;s &laquo;&nbsp;sont parfois r&eacute;cents (19<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, d&eacute;but du 20<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle)&nbsp;&raquo;, ils &laquo;&nbsp;donnent cependant un bel aper&ccedil;u du savoir-faire et du savoir-&ecirc;tre pr&eacute;coloniaux&nbsp;&raquo; et qu&rsquo;ils permettent de &laquo;&nbsp;mieux visualiser les univers du roman&nbsp;<a href="#_ftn75" name="_ftnref75">[75]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>La recr&eacute;ation du pass&eacute; pr&eacute;colonial subsaharien passe &eacute;galement par l&rsquo;importance donn&eacute;e au point de vue des personnages et &agrave; la mani&egrave;re dont ils se repr&eacute;sentent leur propre r&eacute;alit&eacute;. Une &laquo;&nbsp;place primordiale&nbsp;&raquo; est ainsi donn&eacute;e &laquo;&nbsp;&agrave; la pens&eacute;e, &agrave; l&rsquo;int&eacute;riorit&eacute; des personnages&nbsp;&raquo;, &agrave; leur &laquo;&nbsp;m&eacute;moire&nbsp;&raquo; et &agrave; leur &laquo;&nbsp;sensibilit&eacute;&nbsp;&raquo;, en d&eacute;veloppant en particulier &laquo;&nbsp;l&rsquo;exp&eacute;rience de ceux &agrave; qui un &ecirc;tre cher fut un jour arrach&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn76" name="_ftnref76">[76]</a>&nbsp;&raquo;.&nbsp;Le roman s&rsquo;attache donc aux femmes dont les fils ont &eacute;t&eacute; captur&eacute;s, comme Eyab<u>e</u>, qui d&eacute;cide de quitter le village pour aller &agrave; la recherche de son fils, et Ebusi, qui refuse de croire &agrave; la mort du sien. Le texte donne plus g&eacute;n&eacute;ralement une importance centrale aux personnages f&eacute;minins comme Ebeis<u>e</u>, matrone du clan Mulongo et gardienne des traditions, et El<u>e</u>k<u>e</u>, gu&eacute;risseuse du clan, amie d&rsquo;Ebeis<u>e</u>&nbsp;et &eacute;pouse de Mutimbo, qui &laquo;&nbsp;incarnent, de la fa&ccedil;on la plus poignante, la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;agir pour donner un sens aux &eacute;v&eacute;nements ou, tout simplement, le chagrin de la perte&nbsp;<a href="#_ftn77" name="_ftnref77">[77]</a>&nbsp;&raquo; ‒&nbsp;m&ecirc;me si certains personnages masculins, comme le chef Mukano, son fr&egrave;re Mutango ou Mutimbo, l&rsquo;&eacute;poux d&rsquo;Elek<u>e</u>, qui a &eacute;t&eacute; captur&eacute; par les Bwele et secouru par le peuple des Bebayedi, jouent &eacute;galement un r&ocirc;le d&eacute;cisif dans l&rsquo;histoire.</p> <p>Au plan narratif, le r&eacute;cit est pris en charge par un narrateur h&eacute;t&eacute;rodi&eacute;g&eacute;tique, qui adopte &agrave; certains moments un point de vue surplombant sur l&rsquo;histoire, ce qui favorise la compr&eacute;hension par le lecteur de la situation et des personnages, d&rsquo;autant que le r&eacute;cit est globalement lin&eacute;aire. Mais ce dernier progresse le plus souvent en suivant une focalisation interne variable, o&ugrave; le narrateur fait entrer successivement le lecteur dans les pens&eacute;es conscientes ou inconscientes de plusieurs personnages, sans donner le sentiment d&rsquo;une vue compl&egrave;te sur l&rsquo;histoire. La polyphonie du r&eacute;cit fait alors acc&eacute;der le lecteur &agrave; la conscience des personnages par des discours directs, marqu&eacute;s en italique, et surtout par des discours indirects libres et des monologues narrativis&eacute;s, deux proc&eacute;d&eacute;s tr&egrave;s fr&eacute;quents dans le roman, qui superposent par un effet de liss&eacute; au plan &eacute;nonciatif les paroles ou les pens&eacute;es des personnages et le r&eacute;cit du narrateur, et qui sont souvent tress&eacute;s avec des discours directs.</p> <p>Ce passage continuel par la conscience des personnages est au principe d&rsquo;un &laquo;&nbsp;r&eacute;cit initiatique&nbsp;<a href="#_ftn78" name="_ftnref78">[78]</a>&nbsp;&raquo; qui fait reposer la construction de l&rsquo;intrigue sur leur prise de conscience progressive de la situation, selon le principe d&rsquo;un lent &laquo;&nbsp;d&eacute;voilement&nbsp;<a href="#_ftn79" name="_ftnref79">[79]</a>&nbsp;&raquo; de la v&eacute;rit&eacute; qui m&eacute;nage le suspense, sans que le narrateur n&rsquo;anticipe par des prolepses sur le d&eacute;roulement de l&rsquo;histoire. Il permet &eacute;galement de rendre compte de la vision du monde des personnages &agrave; travers leurs propres cat&eacute;gories de pens&eacute;e et leurs &eacute;motions, comme par exemple lorsque le chasseur bwele r&eacute;v&egrave;le au discours direct &agrave; Mutango l&rsquo;existence des Europ&eacute;ens sous le nom d&rsquo;&laquo;&nbsp;hommes aux pieds de poule&nbsp;<a href="#_ftn80" name="_ftnref80">[80]</a>&nbsp;&raquo; ou lorsque Mutimbo, &laquo;&nbsp;qui explique ne pas savoir lui-m&ecirc;me ce que recouvrent ces termes&nbsp;<a href="#_ftn81" name="_ftnref81">[81]</a>&nbsp;&raquo;, apprend l&rsquo;existence de la c&ocirc;te et de l&rsquo;oc&eacute;an &agrave; Eyab<u>e</u>, qui n&rsquo;en avait jamais entendu parler. L&rsquo;&eacute;crivaine s&rsquo;appuie aussi sur les personnages pour &eacute;voquer par le registre fantastique la dimension centrale de la religion parmi les Mulongo, dont les croyances repr&eacute;sentent le mieux pour elle &laquo;&nbsp;le v&eacute;cu des anciens habitants de l&rsquo;Afrique centrale/&eacute;quatoriale&nbsp;<a href="#_ftn82" name="_ftnref82">[82]</a>&nbsp;&raquo;, ainsi que l&rsquo;omnipr&eacute;sence du rapport surnaturel aux esprits et aux &laquo;&nbsp;dimensions invisibles du r&eacute;el&nbsp;<a href="#_ftn83" name="_ftnref83">[83]</a>&nbsp;&raquo;. Plusieurs personnages, &agrave; commencer par les m&egrave;res des jeunes gens qui ont &eacute;t&eacute; captur&eacute;s, les entendent ainsi s&rsquo;adresser &agrave; eux &agrave; distance, le plus souvent sous la forme d&rsquo;un discours direct marqu&eacute; en italique dans le texte. De m&ecirc;me, Eyab<u>e</u>&nbsp;est guid&eacute;e vers l&rsquo;oc&eacute;an par Bana, un gar&ccedil;onnet qui est un esprit. Le ton solennel qui domine souvent le r&eacute;cit contribue &eacute;galement &agrave; la gravit&eacute; qui impr&egrave;gne en permanence la vision religieuse du monde des personnages. La m&eacute;diatisation par les personnages permet enfin de naturaliser l&rsquo;exposition des donn&eacute;es ethnologiques qui donnent un contenu pr&eacute;cis &agrave; la recr&eacute;ation imaginaire des mondes pr&eacute;coloniaux, comme lorsque Bwemba explique &agrave; Mutango dans un dialogue que chez les Bwele, ce sont les hommes qui tissent l&rsquo;esoko pour en faire une &eacute;toffe&nbsp;<a href="#_ftn84" name="_ftnref84">[84]</a>, ou lorsque Eyab<u>e</u>&nbsp;r&eacute;cite la cosmogonie mulongo, fond&eacute;e sur la toute-puissance du dieu cr&eacute;ateur Nyambe&nbsp;<a href="#_ftn85" name="_ftnref85">[85]</a>.</p> <p>Enfin, l&rsquo;&eacute;vocation du pass&eacute; pr&eacute;colonial passe par un rapport de d&eacute;familiarisation de la langue fran&ccedil;aise, qui est soumise, comme chez beaucoup d&rsquo;autres &eacute;crivains africains, &agrave; diverses formes de r&eacute;appropriation culturelle et d&rsquo;hybridation linguistique permettant de subvertir les normes &eacute;pist&eacute;miques et esth&eacute;tiques occidentales et de traduire la sp&eacute;cificit&eacute; d&rsquo;une vision du monde subsaharienne. Au plan du lexique, cette africanisation du fran&ccedil;ais passe par la pr&eacute;sence de nombreux emprunts, ou plus pr&eacute;cis&eacute;ment des x&eacute;nismes&nbsp;<a href="#_ftn86" name="_ftnref86">[86]</a>, au &laquo;&nbsp;douala du Cameroun&nbsp;&raquo; qui est la langue utilis&eacute;e &laquo;&nbsp;pour toutes les populations imagin&eacute;es par le texte&nbsp;<a href="#_ftn87" name="_ftnref87">[87]</a>&nbsp;&raquo;.&nbsp;Ils concernent des noms propres, comme des toponymes, les noms des divinit&eacute;s comme &laquo;&nbsp;Nyambe&nbsp;&raquo;, le dieu cr&eacute;ateur, ou les diff&eacute;rents noms du soleil &agrave; travers sa course dans le ciel, &laquo;&nbsp;Etum<u>e</u>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Ntindi&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Esama&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Enang<u>e&nbsp;</u><a href="#_ftn88" name="_ftnref88">[88]</a>&raquo;, de m&ecirc;me que les patronymes des personnages, qui viennent de la langue douala du Cameroun, mais que l&rsquo;&eacute;crivaine ne traduit pas dans le roman. En revanche, sur son ancien site internet, elle en pr&eacute;cisait les significations, en indiquant que pour nommer certains personnages, elle s&rsquo;&eacute;tait r&eacute;f&eacute;r&eacute; au &laquo;&nbsp;Dictionnaire des 1500 noms sawas, &eacute;crit par Ekuala Ebele, Editions ImpriMedia, Douala, 2005 &raquo;&nbsp;: Ebeis<u>e</u>&nbsp;signifie ainsi &laquo;&nbsp;cuisson&nbsp;&raquo;&nbsp;; Eyab<u>e</u>&nbsp;&laquo;&nbsp;naissance&nbsp;&raquo;&nbsp;; Mukano provient de &laquo;&nbsp;muka&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;proc&egrave;s&nbsp;&raquo;&nbsp;; Mutango signifie &laquo;&nbsp;dispute&nbsp;&raquo;&nbsp;; Ebusi est une d&eacute;formation de &laquo;&nbsp;dibusi&nbsp;&raquo;, qui se rapporte au revenant&nbsp;; le mot El<u>e</u>k<u>e</u>&nbsp;est en rapport avec l&rsquo;action de montrer&nbsp;; Bana signifie &laquo;&nbsp;les enfants&nbsp;&raquo;&nbsp;; Mutimbo fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la t&eacute;nacit&eacute;&nbsp;; Mukudi renvoie &agrave; un orage puissant&nbsp;<a href="#_ftn89" name="_ftnref89">[89]</a>. L&rsquo;africanisation passe &eacute;galement par la pr&eacute;sence de noms communs comme &laquo;&nbsp;dibato&nbsp;&raquo; (&eacute;toffe), &laquo;&nbsp;manjua&nbsp;&raquo; (v&ecirc;tement &agrave; franges), &laquo;&nbsp;njabi&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;dindo&nbsp;&raquo; (repas marquant la fin d&rsquo;une &eacute;preuve), &laquo;&nbsp;ngambi&nbsp;&raquo; (oracle), &laquo;&nbsp;muko iyo&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;bongongi&nbsp;&raquo;, etc. Elle peut &ecirc;tre introduite aussi par une comparaison dont le comparant est un r&eacute;f&eacute;rent africain, lorsque le narrateur d&eacute;crit par exemple les femmes se serrant les unes contre les autres sous la forme d&rsquo;une &laquo;&nbsp;grappe, comme les graines de njabi sur les branches qui les supportent&nbsp;<a href="#_ftn90" name="_ftnref90">[90]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Mais L&eacute;onora Miano sait qu&rsquo;en poussant trop loin cette africanisation, elle prendrait le risque de d&eacute;stabiliser le lecteur fran&ccedil;ais, de provoquer sa g&ecirc;ne ou de le dissuader d&rsquo;acheter le livre. Elle sait que les &laquo;&nbsp;strat&eacute;gies mises en place par les auteurs pour contraindre et transformer la langue anciennement coloniale ont une port&eacute;e limit&eacute;e, puisqu&rsquo;il leur faut rester compr&eacute;hensibles&nbsp;&raquo; et que s&rsquo;ils &laquo;&nbsp;utilisent certes cette langue pour lui faire dire des choses inconnues d&rsquo;elle&nbsp;&raquo;, ils &laquo;&nbsp;doivent demeurer en son sein, sous peine de n&rsquo;&ecirc;tre pas lus&nbsp;<a href="#_ftn91" name="_ftnref91">[91]</a>&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est pourquoi elle traduit la plupart des mots africains du roman, soit directement dans le texte, par des p&eacute;riphrases explicatives, comme par exemple la &laquo;&nbsp;manjua, l&rsquo;habit que tous ont rev&ecirc;tu en signe de lamentation&nbsp;&raquo;, le &laquo;&nbsp;dindo, repas offert au sortir de l&rsquo;&eacute;preuve&nbsp;<a href="#_ftn92" name="_ftnref92">[92]</a>&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;epind<u>e</u>pind<u>e</u>, un bois sombre&nbsp;<a href="#_ftn93" name="_ftnref93">[93]</a>&nbsp;&raquo;, soit dans le glossaire qu&rsquo;elle a fait figurer la fin du roman, qui comporte une trentaine de noms communs et de noms propres, et qui est destin&eacute; &agrave; faciliter la compr&eacute;hension des lecteurs fran&ccedil;ais, en r&eacute;duisant la distance culturelle et en att&eacute;nuant le sentiment d&rsquo;&eacute;tranget&eacute;. On peut le comparer au lexique que L&eacute;opold S&eacute;dar Senghor a fait figurer &agrave; la fin de son&nbsp;<em>&OElig;uvre po&eacute;tique</em>, et qu&rsquo;il justifiait par la n&eacute;cessit&eacute; de ne pas d&eacute;router excessivement les lecteurs fran&ccedil;ais. Une note, d&egrave;s le d&eacute;but du roman, pr&eacute;cise d&rsquo;ailleurs qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;glossaire en fin d&rsquo;ouvrage &eacute;clairera le lecteur sur la signification des termes doualas les plus r&eacute;currents&nbsp;&raquo; et que le &laquo;&nbsp;douala est une langue parl&eacute;e sur la c&ocirc;te du Cameroun&nbsp;<a href="#_ftn94" name="_ftnref94">[94]</a>&nbsp;&raquo;. En outre, ces mots africains, qui d&eacute;signent un certain nombre de r&eacute;alit&eacute;s sp&eacute;cifiques &agrave; la soci&eacute;t&eacute; subsaharienne pr&eacute;coloniale, restent tr&egrave;s minoritaires. L&rsquo;africanisation de la langue fran&ccedil;aise est donc bien plus limit&eacute;e que chez certains autres &eacute;crivains africains comme Ahmadou Kourouma dans son roman&nbsp;<em>Monn&egrave;, outrages et d&eacute;fis</em>&nbsp;(1990), o&ugrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;une v&eacute;ritable interlangue repr&eacute;sente un degr&eacute; bien plus fort d&rsquo;h&eacute;t&eacute;rolinguisme et un geste bien plus radical de d&eacute;colonisation du fran&ccedil;ais&nbsp;<a href="#_ftn95" name="_ftnref95">[95]</a>, ou certains auteurs antillais comme Patrick Chamoiseau, du moins dans la premi&egrave;re partie de son &oelig;uvre, la plus cr&eacute;olisante.</p> <p>Toutefois, L&eacute;onora Miano ne traduit pas tous les mots doualas du roman, notamment les noms des plantes et des arbres. Elle explique dans une note ajout&eacute;e au glossaire &agrave; la fin du roman que ne &laquo;&nbsp;connaissant pas toujours les termes fran&ccedil;ais ad&eacute;quats&nbsp;&raquo;, elle n&rsquo;a pas traduit ceux qui lui posaient ce probl&egrave;me et que, par ailleurs, certaines &laquo;&nbsp;notions&nbsp;&raquo; ne &laquo;&nbsp;sont pas expliqu&eacute;es pour les m&ecirc;mes raisons, ou quand ce n&rsquo;est pas n&eacute;cessaire&nbsp;<a href="#_ftn96" name="_ftnref96">[96]</a>&nbsp;&raquo;. La traduction incompl&egrave;te des mots &eacute;trangers n&rsquo;efface donc pas enti&egrave;rement l&rsquo;&eacute;cart culturel qu&rsquo;aucune traduction ne peut absolument combler. De plus, celle en fran&ccedil;ais des emprunts au douala ne donne que des &eacute;quivalents dans les deux langues. Les termes douala, qui permettent de d&eacute;signer directement le r&eacute;f&eacute;rent par son mot propre, restent en soi intraduisibles dans la mesure o&ugrave; ils renvoient &agrave; des&nbsp;<em>realia</em>&nbsp;sp&eacute;cifiquement africaines. La pr&eacute;sence de ce lexique produit donc malgr&eacute; tout pour le lecteur fran&ccedil;ais un effet d&rsquo;&eacute;tranget&eacute; et de d&eacute;paysement. L&rsquo;Afrique &eacute;tant ainsi exprim&eacute;e dans le propre de sa nomination en langue africaine, l&rsquo;&eacute;crivain oriente le lecteur fran&ccedil;ais vers cette diff&eacute;rence culturelle qui est en soi intraduisible.</p> <h2>4. Conclusion&nbsp;: les ambigu&iuml;t&eacute;s de la recr&eacute;ation de l&rsquo;Afrique pr&eacute;coloniale perdue&nbsp;?<br /> &nbsp;</h2> <p>Si L&eacute;onora Miano essaie de plus en plus de contr&ocirc;ler les effets de r&eacute;ception de ses textes au fur et &agrave; mesure qu&rsquo;elle consolide sa position dans le champ litt&eacute;raire, elle ne peut &eacute;videmment pas ma&icirc;triser enti&egrave;rement les r&egrave;gles du jeu commercial de leur r&eacute;ception, et il faudrait se demander si le compromis esth&eacute;tique de cette &eacute;criture africaine en fran&ccedil;ais, fond&eacute; sur les limites que lui imposent les contraintes &eacute;ditoriales et les attentes du lectorat, lui permet d&rsquo;&eacute;viter enti&egrave;rement une r&eacute;ception exotisante de&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>. R&eacute;pondre &agrave; cette interrogation supposerait de faire une &eacute;tude de r&eacute;ception, m&eacute;diatique notamment, travail qui reste &agrave; mener de mani&egrave;re syst&eacute;matique. Si l&rsquo;accueil fait au roman a &eacute;t&eacute; globalement tr&egrave;s positif, le jugement de certains journalistes laisse en effet penser, comme le soutient Graham Huggan, que &laquo;&nbsp;l&rsquo;exotisme reste [&hellip;] constitutif des actes de lecture et d&rsquo;&eacute;criture de la litt&eacute;rature postcoloniale&nbsp;<a href="#_ftn97" name="_ftnref97">[97]</a>&nbsp;&raquo;. Ainsi, dans un article publi&eacute; dans le magazine&nbsp;<em>T&eacute;l&eacute;rama</em>&nbsp;le 21 octobre 2013, Fabienne Pascaud trouve &laquo;&nbsp;dommage que sa langue travaill&eacute;e, stylis&eacute;e &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me et souvent d&rsquo;une envo&ucirc;tante puissance, ne sombre parfois dans une esp&egrave;ce de volontarisme litt&eacute;raire qui en rend la lecture difficile&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;P&eacute;n&eacute;trer au c&oelig;ur de&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>&nbsp;se m&eacute;rite. Mais on en sort comme bizarrement initi&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn98" name="_ftnref98">[98]</a>.&nbsp;&raquo; Le roman n&rsquo;est d&rsquo;ailleurs not&eacute; que par un seul &laquo;&nbsp;T&nbsp;&raquo;. En ajoutant que l&rsquo;&eacute;crivaine &laquo;&nbsp;nous conte en magicienne &agrave; la prose ent&ecirc;tante (&hellip;) telle une sorci&egrave;re elle-m&ecirc;me d&rsquo;un autre temps&nbsp;<a href="#_ftn99" name="_ftnref99">[99]</a>&nbsp;&raquo;, elle laisse &eacute;galement percer un discours n&eacute;o-exotique qui se manifeste notamment &agrave; travers le champ lexical de la magie.</p> <p>En outre, on pourrait interroger le rapport &eacute;galement ambigu que l&rsquo;&eacute;crivaine semble entretenir avec l&rsquo;ethnologie. Au-del&agrave; du &laquo;&nbsp;discours&nbsp;&raquo; occidental global sur l&rsquo;Afrique, avec ses clich&eacute;s essentialistes et racistes qui se retrouvent dans le sens commun autant que dans les m&eacute;dias ou les discours politiques, on peut penser en effet que L&eacute;onora Miano a vis&eacute; en particulier &agrave; renverser le discours savant sur l&rsquo;Afrique, et notamment le discours ethnologique, tout particuli&egrave;rement dans sa version africaniste, qui a longtemps revendiqu&eacute; l&rsquo;autorit&eacute; d&rsquo;un discours de v&eacute;rit&eacute; sur cet espace, et qui s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute; historiquement dans une proximit&eacute;, voire une complicit&eacute; originelle avec l&rsquo;action coloniale fran&ccedil;aise, comme l&rsquo;ont rappel&eacute; beaucoup d&rsquo;ethnologues eux-m&ecirc;mes, &agrave; commencer par Claude L&eacute;vi-Strauss&nbsp;<a href="#_ftn100" name="_ftnref100">[100]</a>. C&rsquo;est pourquoi, comme elle le revendique &agrave; la fin du roman, elle a souhait&eacute; s&rsquo;appuyer principalement sur des sources documentaires et des informateurs internes &agrave; l&rsquo;Afrique. Ce contre-discours par rapport au discours savant sur l&rsquo;Afrique intervient d&rsquo;ailleurs &agrave; un moment qui semble assez anachronique dans l&rsquo;histoire de la discipline ethnologique, car si le sens commun, et notamment le discours m&eacute;diatique, continue de charrier de nombreux clich&eacute;s essentialistes et d&eacute;valorisants sur l&rsquo;Afrique, l&rsquo;ethnologie pour sa part a depuis longtemps perdu l&rsquo;&eacute;vidence de son autorit&eacute;. Elle traverse &agrave; l&rsquo;inverse depuis de nombreuses ann&eacute;es une crise profonde sur ses objets et ses m&eacute;thodes, son rapport &agrave; la colonisation, au terrain, &agrave; la subjectivit&eacute; de l&rsquo;ethnologue et plus fondamentalement encore &agrave; l&rsquo;&laquo;&nbsp;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn101" name="_ftnref101">[101]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Mais on peut se demander si, en cherchant &agrave; retrouver l&rsquo;&laquo;&nbsp;authenticit&eacute;&nbsp;&raquo; perdue de l&rsquo;Afrique pr&eacute;coloniale, elle ne partage pas finalement l&rsquo;obsession des origines de certains ethnologues de la premi&egrave;re moiti&eacute; du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle et leur &laquo;&nbsp;qu&ecirc;te nostalgique d&rsquo;un monde primitif pur vou&eacute; &agrave; dispara&icirc;tre devant l&rsquo;occidentalisation&nbsp;<a href="#_ftn102" name="_ftnref102">[102]</a>&nbsp;&raquo;,&nbsp;comme chez Marcel Griaule et Michel Leiris pendant les missions Dakar-Djibouti dirig&eacute;es par Marcel Griaule en Afrique subsaharienne entre 1931 et 1933, notamment en pays dogon, o&ugrave; les &laquo;&nbsp;th&egrave;mes des recherches traduisent la qu&ecirc;te d&rsquo;une Afrique authentique, primitive, avant ce qui est per&ccedil;u comme une disparition in&eacute;luctable devant la colonisation&nbsp;<a href="#_ftn103" name="_ftnref103">[103]</a>&nbsp;&raquo;, ou chez Claude L&eacute;vi-Strauss au cours de ses exp&eacute;ditions au Br&eacute;sil aupr&egrave;s des Indiens autochtones entre 1935 et 1939. Beno&icirc;t de l&rsquo;Estoile rappelle que l&rsquo;ethnologue Bronislaw Malinowski avait critiqu&eacute; &agrave; plusieurs reprises dans les ann&eacute;es 1930 l&rsquo;&laquo;&nbsp;attitude caract&eacute;ristique de l&rsquo;anthropologie traditionnelle, d&eacute;non&ccedil;ant la fiction des cultures stables et ferm&eacute;es et s&rsquo;effor&ccedil;ant de faire perdre &agrave; l&rsquo;anthropologie cette fascination pour un monde irr&eacute;m&eacute;diablement perdu dont il s&rsquo;agirait de recueillir les vestiges&nbsp;<a href="#_ftn104" name="_ftnref104">[104]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Sans doute L&eacute;onora Miano a-t-elle, pour des raisons commerciales, mobilis&eacute; le pouvoir d&rsquo;attraction exotique et jou&eacute; sur la fascination que rev&ecirc;t le mythe de l&rsquo;authenticit&eacute; des origines aux yeux de certains lecteurs fran&ccedil;ais, africains et afrodescendants. Mais il ne s&rsquo;agissait pas pour autant pour elle de succomber &agrave; la tentation d&rsquo;une nostalgie ontologique afrocentriste. Elle sait parfaitement que l&rsquo;Afrique pr&eacute;coloniale est d&eacute;finitivement perdue et que l&rsquo;histoire coloniale et la mondialisation post-coloniale ont d&eacute;finitivement transform&eacute; le continent africain, dont la r&eacute;alit&eacute; est d&eacute;sormais irr&eacute;m&eacute;diablement marqu&eacute;e par l&rsquo;hybridit&eacute; culturelle. Dans plusieurs de ses conf&eacute;rences, elle met en garde contre les &laquo;&nbsp;cha&icirc;nes dont il faut se d&eacute;faire, pour ce qui est de l&rsquo;imaginaire&nbsp;&raquo;, qui sont la &laquo;&nbsp;tentation essentialiste&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;la fabrication d&rsquo;une identit&eacute; pure, pr&eacute;tendument authentique, qui pousserait l&rsquo;&ecirc;tre &agrave; mettre &agrave; mort une partie de lui-m&ecirc;me&nbsp;<a href="#_ftn105" name="_ftnref105">[105]</a>&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;r&ecirc;ve d&rsquo;une authenticit&eacute; culturelle, c&rsquo;est-&agrave;-dire le fantasme d&rsquo;un retour &agrave; des formes ancestrales id&eacute;alis&eacute;es car associ&eacute;es &agrave; une souverainet&eacute; perdue&nbsp;<a href="#_ftn106" name="_ftnref106">[106]</a>&nbsp;&raquo;. Elle n&rsquo;a cess&eacute; d&rsquo;affirmer que si &laquo;&nbsp;toutes nos traditions n&rsquo;ont pas disparu, il n&rsquo;en demeure pas moins que nos peuples sont, aujourd&rsquo;hui, devant la n&eacute;cessit&eacute; de se recr&eacute;er, de se r&eacute;inventer&nbsp;[&hellip;] en acceptant, aussi douloureux que cela puisse sembler quelquefois, d&rsquo;habiter ces identit&eacute;s frontali&egrave;res que l&rsquo;Histoire nous a l&eacute;gu&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn107" name="_ftnref107">[107]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Si elle comporte sans doute une fascination in&eacute;vitable, exploitable au plan litt&eacute;raire, pour le pass&eacute; perdu et le monde d&rsquo;avant la rencontre avec l&rsquo;Europe, l&rsquo;&eacute;vocation de l&rsquo;Afrique pr&eacute;coloniale est surtout pour la romanci&egrave;re une mani&egrave;re de r&eacute;tablir une continuit&eacute; morale et spirituelle avec le pass&eacute; et de contribuer par la litt&eacute;rature &agrave; une r&eacute;appropriation de l&rsquo;histoire dont les Subsahariens ont longtemps &eacute;t&eacute; d&eacute;poss&eacute;d&eacute;s, pour participer ainsi, par ses moyens d&rsquo;&eacute;crivaine, &agrave; leur mouvement collectif de retour &agrave; soi philosophique et politique. Dans une conf&eacute;rence intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;M&eacute;lancolies cr&eacute;atrices&nbsp;&raquo;, r&eacute;dig&eacute;e &agrave; l&rsquo;invitation des Assises internationales du roman &agrave; la Villa Gillet &agrave; Lyon en 2014, dont la question &eacute;tait &laquo;&nbsp;La litt&eacute;rature a-t-elle le pouvoir de garder vivant le souvenir de cultures lointaines ou minoritaires, de faire revivre la m&eacute;moire de mondes oubli&eacute;s&nbsp;?&nbsp;&raquo;, elle invite ainsi &agrave; lire&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>&nbsp;comme une &laquo;&nbsp;&eacute;criture de la catastrophe, de la vie apr&egrave;s la mort&nbsp;&raquo;, dans la mesure o&ugrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;univers ancestral&nbsp;&raquo; qu&rsquo;elle &laquo;&nbsp;tente de recr&eacute;er&nbsp;&raquo; n&rsquo;a pas compl&egrave;tement disparu pour les Subsahariens d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Les mondes oubli&eacute;s, tels que je les comprends dans ce contexte, ne sont pas effac&eacute;s, mais silencieux. Ils sont la m&eacute;moire souterraine des &ecirc;tres et des peuples. [&hellip;] Le besoin de se confronter au visage des anc&ecirc;tres, de retrouver leurs individualit&eacute;s, n&rsquo;est pas une c&eacute;l&eacute;bration du pass&eacute;, mais un mouvement vers soi-m&ecirc;me. Savoir de qui &eacute;manent les voix que l&rsquo;on entend crier en soi, panser la plaie encore ouverte due &agrave; l&rsquo;&eacute;branlement de l&rsquo;ancien monde et de ses valeurs&nbsp;<a href="#_ftn108" name="_ftnref108">[108]</a>.</p> </blockquote> <p>Si la volont&eacute; de faire revivre le pass&eacute; en le convoquant dans la sc&egrave;ne mentale de l&rsquo;imagination romanesque implique aussi ins&eacute;parablement une forme de &laquo;&nbsp;m&eacute;lancolie&nbsp;&raquo;, car la pr&eacute;sence fictionnelle est travers&eacute;e intimement par le sentiment de l&rsquo;absence, l&rsquo;exp&eacute;rience de la perte est le pr&eacute;lude n&eacute;cessaire au &laquo;&nbsp;d&eacute;passement&nbsp;&raquo; du traumatisme et &agrave; la reconstruction de soi&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les auteurs subsahariens ont une conscience aigu&euml; du chaos dans lequel ils se d&eacute;battent, [&hellip;] mais ils envisagent cela comme une fi&egrave;vre de croissance, une &eacute;tape initiatique, le passage oblig&eacute; pour donner naissance &agrave; un &ecirc;tre renouvel&eacute;, qui aurait triomph&eacute; de ses traumatismes&nbsp;<a href="#_ftn109" name="_ftnref109">[109]</a>.&nbsp;&raquo; Les &laquo;&nbsp;lettres subsahariennes&nbsp;&raquo; ont donc une &laquo;&nbsp;bonne nouvelle &agrave; annoncer. Pour peu que l&rsquo;on sache les lire&nbsp;<a href="#_ftn110" name="_ftnref110">[110]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h2><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;L&rsquo;expression entre guillemets plac&eacute;e au d&eacute;but de notre titre vient de son ancien site, leonoramiano.com, ferm&eacute; en 2016. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>Habiter la fronti&egrave;re</em>, Paris, L&rsquo;Arche, 2012.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>, Paris, L&rsquo;Arche, 2016.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>, Paris, Grasset, 2013.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Paul Gilroy,&nbsp;<em>The</em>&nbsp;<em>Black Atlantic. Modernity and Double-Consciousness</em>, 1995, Londres, Verso, 1993. Traduction fran&ccedil;aise :&nbsp;<em>L&rsquo;Atlantique noir. Modernit&eacute; et double conscience</em>, Traduit par Charlotte Nordmann, Pr&eacute;face de Nadia Yala Kisukidi, Paris, &Eacute;ditions Amsterdam, 2010.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Terme que L&eacute;onora Miano utilise parfois au sujet de populations subsahariennes immigr&eacute;es en Europe, mais qui dans son esprit caract&eacute;rise principalement l&rsquo;histoire de l&rsquo;esclavage et de la traite des noirs dans l&rsquo;Atlantique noir.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Ce site, leonoramiano.com, a &eacute;t&eacute; ferm&eacute; en 2016. J&rsquo;ai toutefois pu largement le consulter jusqu&rsquo;au mois de f&eacute;vrier 2016. Je m&rsquo;y r&eacute;f&eacute;rerai r&eacute;guli&egrave;rement dans cet article, dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;&eacute;crivaine, dans le cadre d&rsquo;un discours d&rsquo;auteur sur son &oelig;uvre, y donnait sous son nom des informations tr&egrave;s utiles ainsi que son interpr&eacute;tation personnelle de ses textes. Ce site a &eacute;t&eacute; remplac&eacute; en 2017 par un autre&nbsp;dont le titre &eacute;tait &laquo;&nbsp;LM Institute &ndash; French Africana&nbsp;&raquo;. Ce nouveau site ne donnait plus que des informations tr&egrave;s g&eacute;n&eacute;rales sur l&rsquo;auteure et sur son &oelig;uvre, et il se pr&eacute;sentait plut&ocirc;t comme une interface commerciale destin&eacute;e &agrave; proposer les interventions r&eacute;mun&eacute;r&eacute;es de l&rsquo;&eacute;crivaine (conf&eacute;rences, s&eacute;minaires, ateliers d&rsquo;&eacute;criture, etc.) sur des sujets li&eacute;s &agrave; ses th&egrave;mes d&rsquo;&eacute;criture et de r&eacute;flexion et &agrave; annoncer les diff&eacute;rentes actualit&eacute;s &eacute;ditoriales autour de son &oelig;uvre. Au d&eacute;but de l&rsquo;ann&eacute;e 2018, ce deuxi&egrave;me site est lui-m&ecirc;me devenu inaccessible. &Agrave; ma connaissance, l&rsquo;&eacute;crivaine n&rsquo;a pas cr&eacute;&eacute; de nouveau site internet.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Dans ce qui suit, j&rsquo;&eacute;crirai d&eacute;sormais &laquo;&nbsp;post-colonial&nbsp;&raquo;, avec un tiret, pour d&eacute;signer chronologiquement la p&eacute;riode qui suit l&rsquo;ind&eacute;pendance des anciennes colonies europ&eacute;ennes, et &laquo;&nbsp;postcolonial&nbsp;&raquo;, en un seul mot, dans le sens o&ugrave; l&rsquo;emploient les &laquo;&nbsp;&eacute;tudes postcoloniales&nbsp;&raquo; (<em>postcolonial studies</em>), c&rsquo;est-&agrave;-dire comme r&eacute;action &agrave; la domination coloniale et r&eacute;flexion critique sur la continuit&eacute; de ses effets, au-del&agrave; du moment historique de la colonisation, jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;poque contemporaine.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Dans cet ouvrage, l&rsquo;&eacute;crivaine cite en effet deux ouvrages majeurs des &eacute;tudes postcoloniales&nbsp;: &agrave; la page 42, l&rsquo;ouvrage collectif&nbsp;<em>The Empire writes back</em>&nbsp;(Ashcroft Bill, Griffiths Gareth &amp; Tiffin Helen,&nbsp;<em>The Empire Writes Back. Theory and Practice in Post-Colonial Literatures&nbsp;</em>[1989], Routledge, 2002) dans sa traduction fran&ccedil;aise (<em>L&rsquo;Empire vous r&eacute;pond&nbsp;: th&eacute;orie et pratique des litt&eacute;ratures post-coloniales</em>, Traduit par Martine Mathieu-Job &amp;&nbsp;Jean-Yves Serra, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012), et &agrave; la page 159,&nbsp;<em>The Location of culture</em>&nbsp;de Homi Bhabha, dans sa traduction fran&ccedil;aise (<em>Les Lieux de la culture. Une th&eacute;orie postcoloniale</em>&nbsp;[1994], traduit par Fran&ccedil;oise Bouillot, Paris, Payot, 2007). Ces r&eacute;f&eacute;rences, qui n&rsquo;apparaissent que dans ses &eacute;crits critiques, restent rares et sont tr&egrave;s r&eacute;centes. On peut faire l&rsquo;hypoth&egrave;se qu&rsquo;elles sont li&eacute;es au doctorat qu&rsquo;elle avait commenc&eacute; &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Cergy-Pontoise, sous la direction de Christiane Chaulet-Achour, mais qu&rsquo;elle semble avoir abandonn&eacute;. Ce travail portait pr&eacute;cis&eacute;ment sur &laquo;&nbsp;M&eacute;moire atlantique et empreinte diasporique dans les Lettres subsahariennes&nbsp;&raquo;. On trouve aussi, aux pages 26 et 86, deux r&eacute;f&eacute;rences &agrave; l&rsquo;un des repr&eacute;sentants francophones les plus &eacute;minents de ce courant de pens&eacute;e, comme elle camerounais, Achille Mbembe (elle cite&nbsp;<em>Sortir de la grande nuit</em>.&nbsp;<em>Essai sur l&rsquo;Afrique d&eacute;colonis&eacute;e</em>, Paris, La D&eacute;couverte, 2010).</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;J&eacute;r&ocirc;me Meizoz,&nbsp;<em>Postures litt&eacute;raires. Mises en sc&egrave;ne modernes de l&rsquo;auteur</em>, Gen&egrave;ve, Slatkine &Eacute;rudition, 2007.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Christopher L. Miller,&nbsp;<em>The French Atlantic Triangle. Literature and Culture of the Slave Trade</em>, Durham, Duke University Press, 2008. Traduction fran&ccedil;aise :&nbsp;<em>Le Triangle atlantique fran&ccedil;ais. Litt&eacute;rature et culture de la traite n&eacute;gri&egrave;re</em>, Traduit de l&rsquo;anglais par Thomas Van Ruymbeke, Rennes, Les Perse&iuml;des, 2011.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Ashcroft Bill, Griffiths Gareth &amp; Tiffin Helen,&nbsp;<em>The Empire Writes Back</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>. Traduction fran&ccedil;aise :&nbsp;<em>L&rsquo;Empire vous r&eacute;pond&nbsp;: th&eacute;orie et pratique des litt&eacute;ratures post-coloniales</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo; Habiter la fronti&egrave;re &raquo;, dans&nbsp;<em>Habiter la fronti&egrave;re</em>,&nbsp;<em>op cit</em>., p.&nbsp;29. Les italiques sont dans le texte.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;L&rsquo;imp&eacute;ratif transgressif. Vers une pens&eacute;e afrophonique&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;103.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Sur les discussions multiples autour de cette question, je me permets de renvoyer &agrave; mon livre&nbsp;<em>De la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; la litt&eacute;rature mondiale en fran&ccedil;ais. Pour une relecture francophone de l&rsquo;histoire litt&eacute;raire fran&ccedil;aise</em>, Paris, Classiques Garnier, &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;ques francophones&nbsp;&raquo; (&agrave; para&icirc;tre en 2020).</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;&laquo; L&rsquo;&eacute;criture m&eacute;morielle de la traite transatlantique et de l&rsquo;esclavage des Noirs chez L&eacute;onora Miano. Du traumatisme &agrave; l&rsquo;apaisement possible : vers un humanisme postcolonial ? &raquo;. &Agrave; para&icirc;tre aux Presses de l&rsquo;Universit&eacute; Paris-Sorbonne dans les actes du colloque &laquo; Quel &ldquo;nouvel humanisme&rdquo; francophone contemporain&nbsp;? &raquo;, organis&eacute; les 16-18 juin 2016 par Romuald Fonkoua et Florian Alix.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Achille Mbembe,&nbsp;<em>Sortir de la grande&nbsp;</em>nuit,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;221.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Yambo Ouologuem,&nbsp;<em>Le Devoir de violence</em>, Paris, Le Seuil, 1968.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Kangni Alem,&nbsp;<em>Esclaves</em>, Paris, Jean-Claude Latt&egrave;s, 2009.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ratures subsahariennes&nbsp;: la conqu&ecirc;te de soi&nbsp;&raquo;, conf&eacute;rence prononc&eacute;e au Congr&egrave;s annuel de l&rsquo;African Literature Association &agrave; Charleston en mars 2013, dans&nbsp;<em>L&rsquo;imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;63.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Valentin-Yves Mudimbe,&nbsp;<em>The Invention of Africa. Gnosis, Philosophy and the Order of Knowledge</em>, Bloomington-Indianapolis, Indiana University Press, 1988.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;Graham Huggan,&nbsp;<em>The Postcolonial Exotic. Marketing the Margins</em>, New York, Routledge, 2001.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Parole due&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;152.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;144.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/3/2015.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com /&nbsp;<em>La saison de l&rsquo;ombre</em>. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;Dans ses textes critiques les plus r&eacute;cents, l&rsquo;&eacute;crivaine conteste aussi d&eacute;sormais le terme de &laquo;&nbsp;traite&nbsp;&raquo; et lui pr&eacute;f&egrave;re les expressions de &laquo;&nbsp;d&eacute;portation transatlantique des Subsahariens&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;trafic humain transatlantique&nbsp;&raquo;, reposant sur les deux &eacute;tapes successives de la &laquo;&nbsp;transportation&nbsp;&raquo; des captifs de l&rsquo;int&eacute;rieur du continent vers la c&ocirc;te et de leur &laquo;&nbsp;d&eacute;portation&nbsp;&raquo; dans les Am&eacute;riques. Pour consid&eacute;rer l&rsquo;ensemble des h&eacute;ritages traumatiques de ce trafic jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;poque contemporaine, elle reprend notamment &agrave; son compte le terme swahili de &laquo;&nbsp;maafa&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;grande catastrophe&nbsp;&raquo;, introduit par l&rsquo;anthropologue et activiste africaine am&eacute;ricaine Marinba Ani. Je renvoie notamment &agrave; &laquo;&nbsp;Parole due&nbsp;&raquo;, texte dat&eacute; de f&eacute;vrier 2016, dans&nbsp;<em>L&rsquo;imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>.,&nbsp;p.&nbsp;141-183.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;Courriel de L&eacute;onora Miano du 16/12/2016.</p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>Les Aubes &eacute;carlates. &laquo;&nbsp;Sankofa cry&nbsp;&raquo;</em>, Paris, Plon, 2009.</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;19.</p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;78.</p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>.,&nbsp;p. 107.</p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a><em>&nbsp;Ibid</em>., p.&nbsp;108.</p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;126.</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ratures subsahariennes&nbsp;: la conqu&ecirc;te de soi&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;49.</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Parole due&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;167.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a>&nbsp;Graham Huggan, &laquo;&nbsp;The Postcolonial Exotic. Salman Rushdie and the Booker of Bookers&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Transition</em>, num&eacute;ro 64, 1994, p. 22-29. Traduit par Claire Ducournau, &laquo;&nbsp;L&rsquo;exotisme postcolonial. Salman Rushdie et le &ldquo;Booker des Bookers&rdquo;&nbsp;&raquo;<strong>,&nbsp;</strong>dans Collectif Write Back,&nbsp;<em>Postcolonial studies&nbsp;: Modes d&rsquo;emploi</em>, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2013, p.&nbsp;287-300.</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a>&nbsp;Graham Huggan,&nbsp;<em>The Postcolonial Exotic</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>..</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;27. Je traduis, ainsi que les citations qui suivent.</p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;6.</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a><em>&nbsp;Ibid</em>., p.&nbsp;28.</p> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;6.</p> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a>&nbsp;Je renvoie notamment &agrave; sa conf&eacute;rence &laquo;&nbsp;Sacr&eacute;e marginale&nbsp;&raquo;, prononc&eacute;e &agrave; la demande de Christiane Chaulet-Achour, &agrave; l&rsquo;occasion de la journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tudes &laquo;&nbsp;Posture des &eacute;crivaines francophones&nbsp;&raquo;, organis&eacute;e par le Centre de Recherches Textes et Francophonies de l&rsquo;universit&eacute; Cergy-Pontoise en 2014. Le texte, publi&eacute; dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>&nbsp;(<em>op. cit</em>., p.&nbsp;114-139) est un passionnant essai par l&rsquo;&eacute;crivaine d&rsquo;auto-objectivation sociologique de sa posture et de son parcours &eacute;ditorial en France.</p> <p><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a>&nbsp;Pascale Casanova,&nbsp;<em>La R&eacute;publique mondiale des lettres&nbsp;</em>[1999], Paris, Le Seuil, collection &laquo;&nbsp;Points Essais&nbsp;&raquo;, 2008.</p> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a>&nbsp;Pierre Halen, &laquo;&nbsp;Le &ldquo;syst&egrave;me litt&eacute;raire francophone&rdquo; : quelques r&eacute;flexions compl&eacute;mentaires&nbsp;&raquo;, dans Lieven D&rsquo;Hulst et Jean-Marc Moura (dir.),&nbsp;<em>Les &eacute;tudes litt&eacute;raires francophones. Etats des lieux</em>, Actes du colloque organis&eacute; par les universit&eacute;s de Leuven, Kortrijk et de Lille, Lille, UL3, Travaux et recherches, 2003, p.&nbsp;25-37.</p> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Sacr&eacute;e marginale&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., note 94, p.&nbsp;113.</p> <p><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ratures subsahariennes&nbsp;: la conqu&ecirc;te de soi&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;51.</p> <p><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;52.</p> <p><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;53.</p> <p><a href="#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Sacr&eacute;e marginale&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., note 94, p.&nbsp;113-114.</p> <p><a href="#_ftnref62" name="_ftn62">[62]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ratures subsahariennes&nbsp;: la conqu&ecirc;te de soi&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;53.</p> <p><a href="#_ftnref63" name="_ftn63">[63]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;53-54.</p> <p><a href="#_ftnref64" name="_ftn64">[64]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;60.</p> <p><a href="#_ftnref65" name="_ftn65">[65]</a>&nbsp;Elle a re&ccedil;u le Prix de l&rsquo;Excellence camerounaise en 2007 pour son roman&nbsp;<em>Contours du jour qui vient</em>&nbsp;(Paris, Plon, 2006) et son roman&nbsp;<em>L&rsquo;Int&eacute;rieur de la nuit</em>&nbsp;(2005) est inscrit au programme scolaire camerounais pour les classes de seconde depuis 2010.</p> <p><a href="#_ftnref66" name="_ftn66">[66]</a>&nbsp;Paul Ric&oelig;ur,&nbsp;<em>La M&eacute;taphore vive</em>&nbsp;[1975], Paris, Le Seuil, &laquo;&nbsp;Points Essais&nbsp;&raquo;, 1997, p. 313.</p> <p><a href="#_ftnref67" name="_ftn67">[67]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref68" name="_ftn68">[68]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>,&nbsp;<em>op</em>.&nbsp;<em>cit</em>., Remerciements, p.&nbsp;234.</p> <p><a href="#_ftnref69" name="_ftn69">[69]</a><em>&nbsp;Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref70" name="_ftn70">[70]</a><em>&nbsp;Ibid</em>., p.&nbsp;233.</p> <p><a href="#_ftnref71" name="_ftn71">[71]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;234.</p> <p><a href="#_ftnref72" name="_ftn72">[72]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref73" name="_ftn73">[73]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;235.</p> <p><a href="#_ftnref74" name="_ftn74">[74]</a>&nbsp;<em>Luba&nbsp;: aux sources du Za&iuml;re</em>&nbsp;(Dapper Editions),&nbsp;<em>Gabon&nbsp;: pr&eacute;sence des esprits</em>&nbsp;(Dapper Editions),&nbsp;<em>De fer et de fiert&eacute;&nbsp;: armes blanches d&rsquo;Afrique noire&nbsp;</em>du mus&eacute;e Barbier-Mueller.</p> <p><a href="#_ftnref75" name="_ftn75">[75]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref76" name="_ftn76">[76]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref77" name="_ftn77">[77]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref78" name="_ftn78">[78]</a>&nbsp;Christiane Chaulet Achour, &laquo;&nbsp;La force du f&eacute;minin dans&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>&nbsp;(2013)&nbsp;&raquo;, dans Alice Delphine Tang (dir.),&nbsp;<em>L&rsquo;&oelig;uvre romanesque de L&eacute;onora Miano. Fiction, m&eacute;moire et enjeux identitaires</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, &laquo;&nbsp;Cameroun&nbsp;&raquo;, 2014, p.&nbsp;17.</p> <p><a href="#_ftnref79" name="_ftn79">[79]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref80" name="_ftn80">[80]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;76.</p> <p><a href="#_ftnref81" name="_ftn81">[81]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;127.</p> <p><a href="#_ftnref82" name="_ftn82">[82]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref83" name="_ftn83">[83]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref84" name="_ftn84">[84]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;89.</p> <p><a href="#_ftnref85" name="_ftn85">[85]</a><em>&nbsp;Ibid</em>., p. 157.</p> <p><a href="#_ftnref86" name="_ftn86">[86]</a>&nbsp;Contrairement aux emprunts qui sont des termes issus d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re, int&eacute;gr&eacute;s au fonds primitif et acclimat&eacute;s dans une autre langue, les x&eacute;nismes sont encore sentis comme &eacute;trangers, ce qui se marque grammaticalement par leur introduction &laquo;&nbsp;sans alt&eacute;ration de la graphie, sans les marques de genre et de nombre de la langue-h&ocirc;te&nbsp;&raquo; (Tr&eacute;sor de la Langue Fran&ccedil;aise).</p> <p><a href="#_ftnref87" name="_ftn87">[87]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>, Remerciements,&nbsp;<em>op. cit</em>.,&nbsp;p. 234.</p> <p><a href="#_ftnref88" name="_ftn88">[88]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p. 17.</p> <p><a href="#_ftnref89" name="_ftn89">[89]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, site leonoramiano.com. Consult&eacute; le 12/03/2015.</p> <p><a href="#_ftnref90" name="_ftn90">[90]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;21.</p> <p><a href="#_ftnref91" name="_ftn91">[91]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ratures subsahariennes&nbsp;: la conqu&ecirc;te de soi&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., note 39, p.&nbsp;53.</p> <p><a href="#_ftnref92" name="_ftn92">[92]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;21.</p> <p><a href="#_ftnref93" name="_ftn93">[93]</a>&nbsp;<em>Ibid.,</em>&nbsp;p.&nbsp;88.</p> <p><a href="#_ftnref94" name="_ftn94">[94]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;12.</p> <p><a href="#_ftnref95" name="_ftn95">[95]</a>&nbsp;Je me permets de renvoyer sur ce point &agrave; mon article &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;criture africaine de la colonisation fran&ccedil;aise dans&nbsp;<em>Monn&egrave;, outrages et d&eacute;fis</em>&nbsp;d&rsquo;Ahmadou Kourouma&nbsp;: &eacute;preuves, exorcismes&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Empire de la litt&eacute;rature. Penser l&rsquo;indiscipline francophone avec Laurent Dubreuil</em>, sous la direction d&rsquo;Anthony Mangeon, Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection &laquo;&nbsp;Plurial&nbsp;&raquo;, 2016, p.&nbsp;99-135.</p> <p><a href="#_ftnref96" name="_ftn96">[96]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano,&nbsp;<em>La Saison de l&rsquo;ombre</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;231.</p> <p><a href="#_ftnref97" name="_ftn97">[97]</a>&nbsp;Graham Huggan, &laquo;&nbsp;The Postcolonial Exotic. Salman Rushdie and the Booker of Bookers&nbsp;&raquo;, art. cit&eacute;. Traduit par Claire Ducournau, &laquo;&nbsp;L&rsquo;exotisme postcolonial. Salman Rushdie et le &ldquo;Booker des Bookers&rdquo; &raquo;, art. cit&eacute;, p.&nbsp;296.</p> <p><a href="#_ftnref98" name="_ftn98">[98]</a>&nbsp;Fabienne Pascaud, &laquo;&nbsp;La Saison de l&rsquo;ombre&nbsp;&raquo;, article publi&eacute; dans&nbsp;<em>T&eacute;l&eacute;rama</em>, no 3328, 21/10/2013. URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.telerama.fr/livres/la-saison-de-lombre,103971.php">https://www.telerama.fr/livres/la-saison-de-lombre,103971.php</a>.</p> <p><a href="#_ftnref99" name="_ftn99">[99]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref100" name="_ftn100">[100]</a>&nbsp;Pour la discussion sur la collusion originelle entre ethnologie et colonialisme, l&rsquo;ethnologie se d&eacute;veloppant dans un contexte colonial, b&eacute;n&eacute;ficiant pour ses terrains de l&rsquo;appui et de la protection de l&rsquo;administration coloniale et recevant des financements des diverses autorit&eacute;s coloniales&nbsp;; et contribuant en retour &agrave; la l&eacute;gitimation de la colonisation dans le cadre du nouvel humanisme colonial qui se d&eacute;veloppe dans les ann&eacute;es 1930,&nbsp;face &agrave; l&rsquo;opinion publique fran&ccedil;aise mais surtout &agrave; l&rsquo;opinion internationale, je renvoie par exemple &agrave; Beno&icirc;t de l&rsquo;Estoile,&nbsp;<em>Le Go&ucirc;t des autres. De l&rsquo;exposition coloniale aux arts premiers</em>&nbsp;(Paris, Flammarion, 2007), et notamment &agrave; tout le chapitre II.</p> <p><a href="#_ftnref101" name="_ftn101">[101]</a>&nbsp;Je renvoie notamment sur ce point &agrave; Jacques Hainard et Roland Kaehr (dir.),&nbsp;<em>Dire les autres. R&eacute;flexions et pratiques ethnologiques</em>&nbsp;(Lausanne, Payot Lausanne, &laquo;&nbsp;Sciences humaines&nbsp;&raquo;, 1997)&nbsp;; Philippe Laburthe-Tolra,&nbsp;<em>Critiques de la raison ethnologique</em>&nbsp;(Paris, PUF, &laquo;&nbsp;Controverses&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Ethnologie&nbsp;&raquo;, 1998)&nbsp;; Christian Ghasarian (dir.),&nbsp;<em>De l&rsquo;ethnographie &agrave; l&rsquo;anthropologie r&eacute;flexive. Nouveaux terrains, nouvelles pratiques, nouveaux enjeux&nbsp;</em>(Paris, Armand Colin, 2004).</p> <p><a href="#_ftnref102" name="_ftn102">[102]</a>&nbsp;Beno&icirc;t de l&rsquo;Estoile,&nbsp;<em>Le Go&ucirc;t des autres</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;149.</p> <p><a href="#_ftnref103" name="_ftn103">[103]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;148.</p> <p><a href="#_ftnref104" name="_ftn104">[104]</a><em>&nbsp;Ibid</em>., p.&nbsp;309.</p> <p><a href="#_ftnref105" name="_ftn105">[105]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ratures subsahariennes&nbsp;: la conqu&ecirc;te de soi&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;51.</p> <p><a href="#_ftnref106" name="_ftn106">[106]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;L&rsquo;imp&eacute;ratif transgressif. Vers une pens&eacute;e afrophonique&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;71.</p> <p><a href="#_ftnref107" name="_ftn107">[107]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;Habiter la fronti&egrave;re&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Habiter la fronti&egrave;re</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;25.</p> <p><a href="#_ftnref108" name="_ftn108">[108]</a>&nbsp;L&eacute;onora Miano, &laquo;&nbsp;M&eacute;lancolies cr&eacute;atrices. &Eacute;critures subsahariennes de la catastrophe&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Imp&eacute;ratif transgressif</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;34.</p> <p><a href="#_ftnref109" name="_ftn109">[109]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;37.</p> <p><a href="#_ftnref110" name="_ftn110">[110]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;38.</p> <h3>Auteur</h3> <p><strong>Maxime Del Fiol</strong>, ancien &eacute;l&egrave;ve de l&rsquo;&Eacute;cole Normale Sup&eacute;rieure de Fontenay Saint-Cloud, agr&eacute;g&eacute; de lettres modernes et docteur &egrave;s lettres, est Professeur de litt&eacute;ratures fran&ccedil;aise et francophones &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3, o&ugrave; il est responsable du master d&rsquo;&Eacute;tudes culturelles. Il est &eacute;galement membre du laboratoire RIRRA 21 (EA 4209), dont il dirige le programme&nbsp;&laquo;&nbsp;Francophonies et mondialisation des litt&eacute;ratures&nbsp;&raquo;. Ses travaux portent sur la po&eacute;sie fran&ccedil;aise contemporaine, les litt&eacute;ratures francophones postcoloniales, la mondialisation des litt&eacute;ratures et l&rsquo;Islam arabe. Il a dirig&eacute; plusieurs volumes collectifs, notamment&nbsp;<em>Les Occidents des mondes arabes et musulmans. Afrique du Nord, XIX<sup>e</sup>-XXI<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cles</em>&nbsp;(en collaboration avec Claire C&eacute;cile Mitatre, Paris, Geuthner, 2018) et publi&eacute; deux ouvrages personnels&nbsp;:&nbsp;<em>Salah St&eacute;ti&eacute;. Figures et infigurable</em>&nbsp;(Paris, Alain Baudry et Compagnie, 2009) et&nbsp;<em>Lorand Gaspar. Approches de l&rsquo;immanence</em>&nbsp;(Paris, Hermann, 2013). Son prochain livre,&nbsp;<em>De la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; la litt&eacute;rature mondiale en fran&ccedil;ais. Pour une relecture francophone de l&rsquo;histoire litt&eacute;raire fran&ccedil;aise</em>&nbsp;(Paris, Classiques Garnier, &agrave; para&icirc;tre en 2020), consacr&eacute; aux litt&eacute;ratures francophones, est &eacute;galement une contribution &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une histoire litt&eacute;raire transnationale des litt&eacute;ratures de langue fran&ccedil;aise.</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>