<div class="entry-content"> <h3 style="text-align: justify;">Abstract</h3> <p style="text-align: justify;">This article examines Philippe Soupault&rsquo;s broadcasting activity from 1954 to 1965, focusing on the seven series he dedicated to poetry and emphasizing their two complementary aims: firstly, the radio should celebrate, defend and promulgate poetry, and secondly it should allow the subversive, liberating powers of poems &ndash;&nbsp;and more generally of any text, speech or song conveying something unusual&nbsp;&ndash; to be spread as broadly as possible among the audience. Not only such a use of the radio medium by Philippe Soupault remains perfectly in line with the surrealist spirit, but it also manages to bring it into the heart of the state-controlled radio.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <div>Soupault, poetry,&nbsp;surrealism,&nbsp;song, diffusion, vulgarisation, culture,&nbsp;bizarre</div> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">&Agrave; partir des ann&eacute;es cinquante, Philippe Soupault consacra la plus grande part de son activit&eacute; radiophonique &agrave; la diffusion de la po&eacute;sie, produisant entre 1954 et 1965 pas moins de sept s&eacute;ries exclusivement d&eacute;di&eacute;es &agrave; cette derni&egrave;re&nbsp;: avec Jean Chouquet, il produit d&rsquo;abord <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie </em>(1954-1956), <em>Faites vous-m&ecirc;mes votre anthologie</em> (1955), puis <em>Po&egrave;tes &agrave; vos luths</em> (1956-1957)&nbsp;; ce sont ensuite <em>Po&eacute;sie &agrave; quatre voix</em> (1957-1958), en partenariat avec le Canada, la Belgique et la Suisse, <em>Po&egrave;tes oubli&eacute;s, amis inconnus</em> (1959-1961), <em>Les Midis de la po&eacute;sie</em> (1961) et enfin <em>Vive la po&eacute;sie</em> (1961 &agrave; 1965), une &eacute;mission publique mensuelle coproduite avec les po&egrave;tes Youri et Jean-Pierre Rosnay. Philippe Soupault fait donc partie des producteurs piliers de l&rsquo;&egrave;re Gilson (1946-1963), marqu&eacute;e par une forte pr&eacute;sence des po&egrave;tes &agrave; la radio et par une importante valorisation du genre sur les ondes. Ses &eacute;missions se caract&eacute;risent par un souci constant de la fantaisie, de l&rsquo;humour, et par un rejet non moins constant de tout acad&eacute;misme. <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em> inaugure en effet une nouvelle forme de spectacle po&eacute;tique, avec des &eacute;missions publiques enregistr&eacute;es en direct auxquelles participent non seulement des po&egrave;tes, mais aussi des com&eacute;diens et des chanteurs (dont un certain nombre de vedettes). Le succ&egrave;s est tel que certains tiennent Soupault pour responsable de la confusion quasi institu&eacute;e, &agrave; la fin des ann&eacute;es soixante, entre po&eacute;sie et chanson&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. De fait, si l&rsquo;on en croit Jean Chouquet, ce qui aurait d&eacute;clench&eacute; la carri&egrave;re de Soupault comme producteur d&rsquo;&eacute;missions po&eacute;tiques aurait &eacute;t&eacute; sa participation, sur une suggestion de Jean Tardieu, &agrave; la premi&egrave;re &eacute;mission de <em>Chansons d&rsquo;&eacute;crivains</em> en 1952. Que d&eacute;couvrit-il alors&nbsp;? Non pas la radio, qu&rsquo;il connaissait bien d&eacute;j&agrave; depuis les ann&eacute;es trente, mais le fait de pouvoir s&rsquo;adresser &agrave; un vaste public pour lui parler de po&eacute;sie sous couvert de chansons. Et pas seulement de po&eacute;sie, mais d&rsquo;exp&eacute;riences po&eacute;tiques.</p> <p style="text-align: justify;">Quelle fut donc l&rsquo;ambition de Soupault &agrave; travers ces &eacute;missions, qui, comme la presse le souligne&nbsp;de mani&egrave;re unanime, r&eacute;volutionnent la mani&egrave;re de parler de po&eacute;sie &agrave; la radio ? S&rsquo;il s&rsquo;agit de transmettre une &laquo;&nbsp;culture po&eacute;tique&nbsp;&raquo;, comme le dit par exemple en 1957 un bulletin de l&rsquo;Union europ&eacute;enne de radiodiffusion&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, de quelle culture s&rsquo;agit-il&nbsp;? Quelle image de la po&eacute;sie cherche &agrave; faire passer Soupault&nbsp;? Que reste-t-il de ses go&ucirc;ts et d&eacute;go&ucirc;ts personnels, en particulier de sa culture surr&eacute;aliste&nbsp;? D&rsquo;autre part, on sait que la po&eacute;sie pour Soupault ne se r&eacute;sume pas &agrave; des textes. Elle est &laquo;&nbsp;pouvoir de connaissance&nbsp;&raquo; (une formule de Ribemont-Dessaignes&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a> que Soupault reprend volontiers &agrave; son compte), mais aussi moyen de transgression et de lib&eacute;ration d&rsquo;abord &eacute;prouv&eacute; au fond de soi, ensuite exprim&eacute;. Et ce n&rsquo;est pas un petit d&eacute;fi (ou une moindre provocation&nbsp;?) que d&rsquo;utiliser les ondes de la radio d&rsquo;&Eacute;tat comme support &agrave; la circulation de cette humeur transgressive qu&rsquo;est la po&eacute;sie selon Soupault&hellip; L&rsquo;ambition de Philippe Soupault, producteur d&rsquo;&eacute;missions po&eacute;tiques, est donc double&nbsp;: la premi&egrave;re facette pourrait &ecirc;tre nomm&eacute;e, en reprenant le titre d&rsquo;une de ses s&eacute;ries, &laquo;&nbsp;Vive la po&eacute;sie&nbsp;&raquo;, car il y a volont&eacute; de c&eacute;l&eacute;brer, au besoin de d&eacute;fendre la po&eacute;sie, classique et contemporaine&nbsp;; la seconde, &laquo;&nbsp;Vivre la po&eacute;sie&nbsp;&raquo;, car il s&rsquo;agit de transmettre, au del&agrave; de la vulgarisation et de la mise en spectacle d&rsquo;une culture po&eacute;tique, l&rsquo;exp&eacute;rience intime et lib&eacute;ratrice du pouvoir po&eacute;tique.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_Faire_passer_la_poesie_des_emissions_decapantes">1. Faire passer la po&eacute;sie&nbsp;: des &eacute;missions d&eacute;capantes</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em>, qui d&eacute;bute en 1954 sur les ondes du Programme national, est en tout point un d&eacute;fi. Comme le rappelle Jean Chouquet dans un pr&eacute;cieux t&eacute;moignage, il s&rsquo;agissait pour Soupault de rompre avec les habitudes jusque l&agrave; prises &agrave; la radio pour parler de po&eacute;sie&nbsp;: plus de r&eacute;citals, de d&eacute;clamations pompeuses ou de commentaires p&eacute;dants, mais une &eacute;mission de vari&eacute;t&eacute;s m&ecirc;lant musique, chansons et r&eacute;citations po&eacute;tiques par de jeunes com&eacute;diens du TNP de Vilar plut&ocirc;t que de la Com&eacute;die Fran&ccedil;aise&nbsp;; plus seulement les po&egrave;tes consacr&eacute;s par la tradition scolaire mais les po&egrave;tes de la modernit&eacute;, voire les tout jeunes po&egrave;tes inconnus et in&eacute;dits.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Il fallait que nous soyons neufs, dr&ocirc;les, originaux. Il fallait prouver aux auditeurs que la po&eacute;sie pouvait devenir attrayante, populaire et gaie&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a> !</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Tel est le mot d&rsquo;ordre que s&rsquo;&eacute;taient fix&eacute; les producteurs, sous l&rsquo;&oelig;il approbateur de Paul Gilson, qui souhaitait alors faire du Programme national une cha&icirc;ne de culture et de divertissement tout &agrave; la fois&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Et pour parachever le d&eacute;fi, l&rsquo;&eacute;mission &eacute;tait publique, enregistr&eacute;e au th&eacute;&acirc;tre des Noctambules &agrave; Paris&nbsp;: avec ce dispositif, impossible d&rsquo;ignorer, comme dans d&rsquo;autres &eacute;missions consacr&eacute;es &agrave; la po&eacute;sie, l&rsquo;accueil des auditeurs, dont le public r&eacute;el devait en quelque sorte fournir un &eacute;chantillon repr&eacute;sentatif. D&egrave;s la premi&egrave;re &eacute;mission, le succ&egrave;s fut immense, &agrave; tel point que les producteurs durent changer de salle et enregistrer au th&eacute;&acirc;tre Gramont qui pouvait accueillir jusqu&rsquo;&agrave; cinq-cents spectateurs. L&agrave;, ils durent encore refuser du monde, nous dit-on, tandis que la radio re&ccedil;ut jusqu&rsquo;&agrave; six-cents lettres par mois&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Quelle &eacute;tait donc la recette d&rsquo;un pareil et si inattendu succ&egrave;s&nbsp;? L&rsquo;humour bien s&ucirc;r, servi par le jeune duo encore peu c&eacute;l&egrave;bre que formait d&eacute;j&agrave; Jean Poiret et Michel Serrault (ils se produisaient dans les cabarets rive gauche au d&eacute;but des ann&eacute;es cinquante et plusieurs de leurs sketches furent int&eacute;gr&eacute;s aux &eacute;missions&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>)&nbsp;; les chansons populaires, qui pla&ccedil;aient le public en terrain connu&nbsp;; et enfin, app&acirc;t non n&eacute;gligeable, la pr&eacute;sence de vedettes comme Charles Trenet (particuli&egrave;rement ovationn&eacute;), Maurice Chevalier, L&eacute;o Ferr&eacute;, Catherine Sauvage, Agn&egrave;s Capri, les Fr&egrave;res Jacques, les Quatre Barbus, Georges Brassens&hellip; Cette formule &laquo;&nbsp;&eacute;mission de vari&eacute;t&eacute;s&nbsp;&raquo; adopt&eacute;e avec <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em> fut reprise &agrave; peu de choses pr&egrave;s dans <em>Po&egrave;tes &agrave; vos luths&nbsp;!</em> (o&ugrave; l&rsquo;on retrouvait Poiret et Serrault) &ndash; mais l&rsquo;&eacute;mission &eacute;tait cette fois enregistr&eacute;e en studio &ndash; ainsi que dans <em>Vive la po&eacute;sie</em>.</p> <p style="text-align: justify;">&Agrave; c&ocirc;t&eacute; de ces &eacute;missions de vari&eacute;t&eacute;s, Soupault recourt &eacute;galement &agrave; la causerie litt&eacute;raire&nbsp;: une causerie &eacute;crite d&rsquo;un bout &agrave; l&rsquo;autre et jou&eacute;e par un couple de com&eacute;diens, Marie Da&euml;ms et Fran&ccedil;ois P&eacute;rier dans <em>Faites vous-m&ecirc;mes votre anthologie</em>, &Eacute;velyne Gabrielli et Jean-Claude Michel (la voix de Clint Eastwood&nbsp;!) dans <em>Po&eacute;sie &agrave; quatre voix</em>. Le ton est plus s&eacute;rieux que dans les &eacute;missions de vari&eacute;t&eacute;s, mais rendu vivant par les chamailleries amicales entre les deux pr&eacute;sentateurs. Il s&rsquo;agit le plus souvent de convaincre l&rsquo;autre d&rsquo;une id&eacute;e ou d&rsquo;un go&ucirc;t po&eacute;tique&nbsp;: dans l&rsquo;une des &eacute;missions de <em>Faites vous m&ecirc;mes votre anthologie</em>, Marie Da&euml;ms d&eacute;fend ainsi avec une fougue enthousiaste Lautr&eacute;amont et les derniers vers de Rimbaud&nbsp;; dans une &eacute;mission de <em>Po&eacute;sie &agrave; quatre voi</em>x<em>, </em>&Eacute;velyne Gabrielli d&eacute;fend la po&eacute;sie des femmes, moins connues et moins &eacute;dit&eacute;es que les hommes. Comme les &eacute;missions de vari&eacute;t&eacute;s, ces causeries sont pr&eacute;texte &agrave; lectures de po&egrave;mes et diffusions de chansons po&eacute;tiques.</p> <p style="text-align: justify;">Un autre &eacute;l&eacute;ment novateur, commun &agrave; toutes les &eacute;missions po&eacute;tiques de Soupault, est la place accord&eacute;e au public, que ce soit le public <em>in absentia</em> (les auditeurs) ou le public r&eacute;el dans le cas des &eacute;missions publiques (les spectateurs). Les animateurs citent le courrier, font lire des po&egrave;mes re&ccedil;us, interrogent les spectateurs au cours de l&rsquo;&eacute;mission, invitent &agrave; participer &agrave; des enqu&ecirc;tes ou des concours&nbsp;: tout est bon pour cr&eacute;er des liens, voire des interactions entre les producteurs et les auditeurs. Pour Soupault, ainsi qu&rsquo;il le d&eacute;clare dans une interview de 1949, cette capacit&eacute; &agrave; toucher le &laquo;&nbsp;grand grand public&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&agrave; rapprocher le cr&eacute;ateur et le public&nbsp;&raquo; constitue le grand apport de la radio (partag&eacute; avec le cin&eacute;ma et la t&eacute;l&eacute;vision)&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>. En tant que producteur, Soupault joue de cette possibilit&eacute; dans les deux sens&nbsp;: en s&rsquo;adressant aux auditeurs, il leur transmet une culture po&eacute;tique, mais aussi s&rsquo;enquiert de ce qu&rsquo;ils connaissent, de ce qu&rsquo;ils aiment, voire de ce qu&rsquo;ils cr&eacute;ent. Avec <em>Faites vous-m&ecirc;mes votre anthologie</em> par exemple, Soupault veut sonder les go&ucirc;ts po&eacute;tiques des auditeurs en leur proposant, parmi une liste de cinq-cents po&egrave;mes pris dans des anthologies d&eacute;j&agrave; &eacute;tablies, de choisir leurs cinquante po&egrave;mes pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s (cinq du XIII<sup>e</sup> au XV<sup>e</sup> si&egrave;cle, dix du XVI<sup>e</sup>, huit du XVII<sup>e</sup>, sept du XVIII<sup>e</sup>, dix pour la premi&egrave;re partie du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle et dix pour la seconde partie de ce dernier&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>), le but &eacute;tant &agrave; la fois de publier une &laquo;&nbsp;Anthologie des auditeurs&nbsp;&raquo; et de restituer oralement les r&eacute;sultats de l&rsquo;enqu&ecirc;te dans une nouvelle s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;missions. L&agrave; encore, ce fut un succ&egrave;s consid&eacute;rable puisque la radio recueillit plus de cinq mille r&eacute;ponses, publia <em>Les deux cents plus beaux po&egrave;mes de la langue fran&ccedil;aise</em> (ouvrage qui, malgr&eacute; son prix &eacute;lev&eacute;, fut vendu &agrave; plus de 20&nbsp;000 exemplaires) et re&ccedil;ut un abondant courrier d&rsquo;auditeurs tout au long des &eacute;missions. En 1956, est d&rsquo;autre part lanc&eacute; dans le cadre de <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em> un &laquo;&nbsp;tournoi de jeunes po&egrave;tes&nbsp;&raquo;&nbsp;: &agrave; chaque &eacute;mission deux candidats venaient dire deux de leurs po&egrave;mes et les auditeurs devaient envoyer leurs notes (sur 20) &agrave; la RTF, appel&eacute;s de la sorte &agrave; constituer une nouvelle instance de l&eacute;gitimation po&eacute;tique. Enfin, Soupault collecte en 1957, en partenariat avec les radios suisse, belge et canadienne, des milliers de comptines (8000 furent recueillies pour la France)&nbsp;; elles furent ensuite publi&eacute;es en anthologie chez Seghers en 1961 (<em>Les Comptines de langue fran&ccedil;aise</em>).</p> <p style="text-align: justify;">Si le mot d&rsquo;ordre de Lautr&eacute;amont &laquo;&nbsp;la po&eacute;sie doit &ecirc;tre faite par tous, non par un &raquo; rallia de nombreux acteurs de la d&eacute;mocratisation de la po&eacute;sie apr&egrave;s la guerre, nul ne le mit plus en &oelig;uvre que Soupault dans ses &eacute;missions po&eacute;tiques.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_Au_service_des_jeunes_poetes">2. Au service des jeunes po&egrave;tes</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">La plupart des &eacute;missions po&eacute;tiques de Soupault se pr&eacute;sentent &eacute;galement comme un support d&rsquo;&eacute;dition et d&rsquo;exaltation des jeunes po&egrave;tes. Poiret le rappelle r&eacute;guli&egrave;rement dans <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie </em>et dans l&rsquo;&eacute;mission consacr&eacute;e aux jeunes po&egrave;tes, c&rsquo;est m&ecirc;me Soupault en personne qui d&eacute;clare :</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">[&hellip;] quand Jean Chouquet et moi avons cr&eacute;&eacute; cette &eacute;mission <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em>, notre grand espoir &eacute;tait d&rsquo;abord de donner &agrave; de jeunes po&egrave;tes la possibilit&eacute; de faire entendre leurs &oelig;uvres, puis aussi de d&eacute;couvrir de nouveaux po&egrave;tes&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">En 1956 est organis&eacute; le concours de jeunes po&egrave;tes in&eacute;dits, s&eacute;lectionn&eacute;s par les producteurs et not&eacute;s par les auditeurs. On retrouve par ailleurs cette d&eacute;fense des jeunes po&egrave;tes au c&oelig;ur de <em>Po&egrave;tes &agrave; vos luths&nbsp;!</em>&nbsp;o&ugrave; l&rsquo;on entend par exemple Pierre Louki, qui n&rsquo;a encore publi&eacute; aucun livre. <em>Po&eacute;sie &agrave; quatre voix</em> se pr&eacute;sente quant &agrave; elle dans son g&eacute;n&eacute;rique comme une &laquo;&nbsp;&eacute;mission consacr&eacute;e &agrave; la jeunesse de la po&eacute;sie de langue fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;. De m&ecirc;me encore, l&rsquo;une des &eacute;missions de <em>Vive la po&eacute;sie</em> est consacr&eacute;e tout enti&egrave;re &agrave; la pr&eacute;sentation de jeunes po&egrave;tes (Jacqueline Moir, Edwige Dorfmann, Claire Legat, Genevi&egrave;ve Beckard, Andr&eacute; Pi&eacute;tri, Pierre Deslisle, Patrick Mac&rsquo;Avoy&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>).</p> <p style="text-align: justify;">Il semble que ce r&ocirc;le de d&eacute;couvreur de talents po&eacute;tiques ait particuli&egrave;rement tenu &agrave; c&oelig;ur &agrave; Soupault. Lui, le &laquo;&nbsp;d&eacute;couvreur&nbsp;&raquo; de Lautr&eacute;amont (il en garda la fiert&eacute; toute sa vie), joue ici le r&ocirc;le de parrain en po&eacute;sie, celui-l&agrave; m&ecirc;me qu&rsquo;avait jou&eacute; pour lui dans sa jeunesse Guillaume Apollinaire.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="3_Lombre_de_Soupault">3. L&rsquo;ombre de Soupault</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; Soupault revendique une impartialit&eacute; et une objectivit&eacute; dans les choix de po&egrave;mes diffus&eacute;s (il affirme donner voix &agrave; des po&egrave;mes vari&eacute;s, diff&eacute;rents de son esth&eacute;tique personnelle&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;; dans <em>Prenez garde &agrave; la </em>po&eacute;sie, &agrave; partir de 1956, il confie ainsi &agrave; Armand Lanoux le soin de pr&eacute;senter aux auditeurs un &laquo;&nbsp;herbier po&eacute;tique&nbsp;&raquo;, fort &eacute;clectique et se voulant par l&agrave; m&ecirc;me repr&eacute;sentatif des diff&eacute;rentes tendances de la po&eacute;sie du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle)&nbsp;; de l&rsquo;autre, il est clair que ses &eacute;missions sont loin d&rsquo;offrir une image neutre de la po&eacute;sie. Elles sont impr&eacute;gn&eacute;es de l&rsquo;id&eacute;e de po&eacute;sie selon Soupault, de ses valeurs, et m&ecirc;me de son panth&eacute;on personnel. Ce discours sous-jacent de Soupault (qui assure une pr&eacute;sence fantomatique, pourrait-on dire) &eacute;clate comme tel avec humour lorsque par exemple Marie Da&euml;ms et Fran&ccedil;ois P&eacute;rier, les pr&eacute;sentateurs de <em>Faites vous-m&ecirc;mes votre anthologie</em>, viennent se plaindre dans <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em> (&eacute;mission du 29 janvier 1956) de ce que Chouquet et Soupault leur font dire &laquo;&nbsp;n&rsquo;importe quoi&nbsp;&raquo;, les obligeant par exemple &agrave; transmettre une image n&eacute;gative de Sully Prud&rsquo;homme (alors qu&rsquo;eux, ils aiment &laquo;&nbsp;Le Vase bris&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;! &ndash; po&egrave;me que Soupault, comme il le dit souvent, estime &ecirc;tre l&rsquo;exemple le plus pur du &laquo;&nbsp;mauvais bon go&ucirc;t&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;&raquo;) ou bien &agrave; ne lire de Baudelaire que les po&egrave;mes en vers&hellip; De m&ecirc;me, les allusions d&eacute;sobligeantes &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de Cocteau (d&eacute;peint comme l&rsquo;Acad&eacute;micien arriviste par excellence<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>), les piques &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des Acad&eacute;miciens en g&eacute;n&eacute;ral, les railleries par rapport aux instances de l&eacute;gitimation institutionnelles (l&rsquo;&eacute;cole, les prix litt&eacute;raires&hellip;) fonctionnent, pour qui conna&icirc;t Soupault, comme sa signature m&ecirc;me.</p> <p style="text-align: justify;">Dans cette perspective, le personnage de St&eacute;phane Brineville jou&eacute; par Michel Serrault dans <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie </em>et <em>Po&egrave;tes &agrave; vos luths&nbsp;! </em>est particuli&egrave;rement int&eacute;ressant. Il incarne un po&egrave;te rat&eacute; et m&eacute;connu (jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;&agrave; la deuxi&egrave;me &eacute;mission il remporte le &laquo;&nbsp;prix Concourt de <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em>&nbsp;&raquo;&nbsp;!). Du point de vue comique, ne cessant d&rsquo;interrompre Poiret, il figure l&rsquo;emp&ecirc;cheur de tourner en rond, le parasite. Il est toutefois hautement ambivalent&nbsp;: &agrave; la fois ridicule par son outrance, son mauvais go&ucirc;t, son orgueil, sa b&ecirc;tise ou son snobisme et rendu attachant au fil des &eacute;missions par sa na&iuml;vet&eacute; d&eacute;sarmante, son comique involontaire. &laquo;&nbsp;Ami de Soupault&nbsp;&raquo;, comme il le rappelle r&eacute;guli&egrave;rement, d&eacute;fenseur de la po&eacute;sie moderne et contemporaine, favorable &agrave; l&rsquo;extension de la po&eacute;sie aux domaines de la chanson, du cin&eacute;ma, du th&eacute;&acirc;tre, partisan d&rsquo;une pr&eacute;sence des po&eacute;sies francophone et internationale au sein des &eacute;missions, il est l&rsquo;incarnation m&ecirc;me de cette figure positive du &laquo;&nbsp;rat&eacute;&nbsp;&raquo; si ch&egrave;re &agrave; Soupault&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">[&hellip;] Je crois aux rat&eacute;s, aux vrais. Les deux po&egrave;tes que j&rsquo;admire le plus, Isidore Ducasse et Arthur Rimbaud, furent des rat&eacute;s int&eacute;graux. [&hellip;] J&rsquo;aime qu&rsquo;on me siffle, qu&rsquo;on me hue, non par masochisme mais parce que je crois qu&rsquo;il faut &ecirc;tre d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment un rat&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Quelle est donc cette image de la po&eacute;sie, cette culture po&eacute;tique que cherche &agrave; d&eacute;livrer Soupault au fil de ses &eacute;missions&nbsp;?</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="4_Lecons_de_poesie">4. Le&ccedil;ons de po&eacute;sie</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">En rompant avec le ton des &eacute;missions de po&eacute;sie traditionnelles, Soupault cherche avant tout &agrave; transmettre une image de la po&eacute;sie non conventionnelle, non scolaire et non acad&eacute;mique. C&rsquo;est l&agrave; une volont&eacute; r&eacute;currente de Soupault&nbsp;: dans ses carnets de voyage radiophoniques, comme par exemple en 1950 dans l&rsquo;&eacute;mission <em>Instantan&eacute;s de Perse</em>, il dit vouloir &laquo;&nbsp;donner de la Perse une id&eacute;e un peu moins conventionnelle que celle que les Fran&ccedil;ais ont habituellement&nbsp;&raquo;. Pour la po&eacute;sie, il s&rsquo;attaque notamment aux repr&eacute;sentations-clich&eacute;s, ce qui confirme l&rsquo;id&eacute;e que le public vis&eacute; est d&rsquo;abord celui des non-lecteurs de po&eacute;sie, ceux qu&rsquo;il faut convaincre. Par exemple, que la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie des fleurs&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas &laquo;&nbsp;d&eacute;mod&eacute;e&nbsp;&raquo; mais continue d&rsquo;&ecirc;tre chant&eacute;e sur tous les tons et de toutes les mani&egrave;res&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;; que les po&egrave;tes ne sont pas toujours &laquo;&nbsp;tendres, doux, mielleux, &agrave; l&rsquo;eau de rose&nbsp;&raquo; mais parfois &laquo;&nbsp;f&eacute;roces&nbsp;&raquo;, agressifs et violents&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a> ; ou encore qu&rsquo;on peut dire la po&eacute;sie sur tous les tons, que l&rsquo;irr&eacute;v&eacute;rence vis &agrave; vis des classiques peut m&ecirc;me &ecirc;tre une bonne mani&egrave;re de les faire revivre&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Si des le&ccedil;ons se d&eacute;gagent de ces &eacute;missions, c&rsquo;est donc moins en termes d&rsquo;auteurs et de nouveau panth&eacute;on (m&ecirc;me si une pr&eacute;f&eacute;rence pour les po&egrave;tes modernes et fantaisistes appara&icirc;t nettement) qu&rsquo;en termes d&rsquo;esprit dans lequel aborder la po&eacute;sie. On pourrait les r&eacute;sumer de la sorte. Entendre la po&eacute;sie n&rsquo;est pas une exp&eacute;rience ennuyeuse (le&ccedil;on 1)&nbsp;: &agrave; chacun de se l&rsquo;approprier et d&rsquo;en faire son miel. La po&eacute;sie est un domaine vivant&nbsp;(le&ccedil;on 2)&nbsp;: elle s&rsquo;enracine dans une tradition litt&eacute;raire et musicale et continue de porter des fruits (aussi bien, selon Soupault, dans le domaine de la po&eacute;sie &eacute;crite que dans le domaine de la chanson). Toutes les &eacute;missions d&eacute;montrent en effet la continuit&eacute; entre la po&eacute;sie du pass&eacute; (la po&eacute;sie savante aussi bien que la po&eacute;sie populaire) et la po&eacute;sie contemporaine&nbsp;; de m&ecirc;me, le d&eacute;bat esth&eacute;tique entre Poiret et Brineville, lesquels singent une nouvelle querelle des anciens et des modernes, se trouve r&eacute;duite &agrave; n&eacute;ant dans chaque &eacute;mission : rien ne sert d&rsquo;opposer les &laquo;&nbsp;classiques&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;modernes&nbsp;&raquo; puisque les seconds d&eacute;pendent des premiers et que &laquo;&nbsp;&ecirc;tre de son temps&nbsp;&raquo; (ce dont se targue Brineville) ne signifie pas faire fi du pass&eacute; plus ou moins lointain. Enfin, la po&eacute;sie est toujours l&agrave; o&ugrave; on ne l&rsquo;attend pas et n&rsquo;est pas l&agrave; o&ugrave; on l&rsquo;attend (le&ccedil;on 3)&nbsp;: elle est mouvante, changeante, essentiellement surprenante. D&rsquo;o&ugrave; le titre en forme d&rsquo;avertissement de <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em>, qui sert de formule conclusive, quasiment de morale, &agrave; chacune des &eacute;missions de la s&eacute;rie.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="5_Lexperience_de_la_poesie">5. L&rsquo;exp&eacute;rience de la po&eacute;sie</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Jusqu&rsquo;&agrave; quel point Soupault prit-il au s&eacute;rieux cette entreprise de vulgarisation de la po&eacute;sie, de transmission d&rsquo;une culture po&eacute;tique pour le plus grand nombre&nbsp;? Dans un entretien de 1958 avec Ribemont-Dessaignes, on est surpris d&rsquo;entendre Soupault parler avec une certaine distance de ses &eacute;missions ainsi que de leur public, vu comme une masse &laquo;&nbsp;excit&eacute;e&nbsp;&raquo; par les &laquo; choses un peu vulgaires (des chansons, des choses comme &ccedil;a) &raquo; donn&eacute;es pour ainsi dire en p&acirc;ture&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&hellip; En fait, cet enrobage ludique de la po&eacute;sie vaut non pour lui-m&ecirc;me, mais pour son potentiel de r&eacute;v&eacute;lation : au c&oelig;ur du spectacle de po&eacute;sie, le public, qui vient &eacute;couter les &eacute;missions comme il va &agrave; Lourdes en qu&ecirc;te d&rsquo;&laquo;&nbsp;irrationnel&nbsp;&raquo;, dit Soupault, fait fondamentalement l&rsquo;exp&eacute;rience de la po&eacute;sie&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">PS &ndash; [&hellip;] ils &eacute;taient tout &agrave; fait excit&eacute;s, enfin&hellip; et brusquement Cuny est venu sur la sc&egrave;ne et il leur a r&eacute;cit&eacute; &laquo;&nbsp;Vieil oc&eacute;an&nbsp;&raquo; de Lautr&eacute;amont. Eh bien, en trois secondes, il les a retourn&eacute;s&nbsp;; il y avait un silence merveilleux. J&rsquo;ai compris tout &agrave; coup que ce silence de ces milliers de gens qui &eacute;taient dans ce cin&eacute;ma d&rsquo;&Eacute;vreux correspondait &agrave; quelque chose de profond, qu&rsquo;ils avaient senti&hellip;<br /> GRD &ndash; Oui, l&agrave; ils d&eacute;couvraient la po&eacute;sie&hellip; Ils la d&eacute;couvraient vraiment&hellip;<br /> PS &ndash; Voil&agrave;. Ils ont senti qu&rsquo;il y avait quelque chose qui les d&eacute;passait, et qu&rsquo;ils voulaient &ecirc;tre d&eacute;pass&eacute;s.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La po&eacute;sie d&eacute;borde le texte, elle s&rsquo;empare des auditeurs sans crier gare (&laquo;&nbsp;brusquement&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;en trois secondes&nbsp;&raquo;) et les fait sortir d&rsquo;eux-m&ecirc;mes. Elle suscite une forme d&rsquo;extase, de lib&eacute;ration&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Je crois que la po&eacute;sie est notre seule fa&ccedil;on de nous lib&eacute;rer du quotidien. C&rsquo;est-&agrave;-dire que nous avons la sensation tr&egrave;s forte que c&rsquo;est par la po&eacute;sie que nous pouvons nous &eacute;chapper, que la po&eacute;sie est le seul moyen de, peut-&ecirc;tre, d&rsquo;atteindre l&rsquo;irrationnel&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Si un tel degr&eacute; &eacute;motionnel n&rsquo;est pas toujours atteint, c&rsquo;est bien du moins cette exp&eacute;rience intime d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; transcendante (non religieuse bien s&ucirc;r&nbsp;: Soupault parle d&rsquo;&laquo;&nbsp;irrationnel&nbsp;&raquo; ou plus fr&eacute;quemment encore d&rsquo;&laquo;&nbsp;insolite&nbsp;&raquo;) que les &eacute;missions de po&eacute;sie cherchent &agrave; susciter. Or, pour Soupault, le <em>medium</em> radiophonique favorise le d&eacute;ploiement des pouvoirs de la po&eacute;sie.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="6_Le_spectacle_vs_la_vie">6. Le spectacle <em>vs</em>. la vie</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Les &eacute;missions po&eacute;tiques de Soupault ne sont donc pas seulement une exaltation plus ou moins didactique de la po&eacute;sie (c&ocirc;t&eacute; &laquo;&nbsp;vive la po&eacute;sie&nbsp;&raquo;&nbsp;: po&eacute;sie &eacute;crite, po&eacute;sie chant&eacute;e), mais aussi le moyen par lequel l&rsquo;auditeur fait l&rsquo;exp&eacute;rience de &laquo;&nbsp;quelque chose qui le d&eacute;passe&nbsp;&raquo; (c&ocirc;t&eacute; &laquo;&nbsp;vivre la po&eacute;sie&nbsp;&raquo;&nbsp;: po&eacute;sie v&eacute;cue). Revenons ici &agrave; un texte &eacute;clairant remarquablement l&rsquo;enjeu du lien entre radio et po&eacute;sie selon Soupault. Dans &laquo;&nbsp;Vers une po&eacute;sie du cin&eacute;ma et de la radio&nbsp;&raquo;, article paru dans <em>Fontaine</em> en 1941, Soupault d&eacute;nonce &laquo;&nbsp;la grande erreur des sp&eacute;cialistes&nbsp;&raquo; consistant &agrave; &laquo;&nbsp;s&rsquo;&eacute;loigner d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment de la vie pour des &ldquo;spectacles&rdquo; sonores et visuels&nbsp;&raquo;. La radio, pourtant plus &eacute;loign&eacute;e par son dispositif de la relation spectaculaire (elle s&rsquo;adresse &agrave; un individu isol&eacute;), serait comprise par la plupart comme un moyen d&rsquo;apporter le spectacle &agrave; domicile. Or, pour Soupault, la radio est un &laquo;&nbsp;moyen d&rsquo;expression&nbsp;&raquo; &agrave; part enti&egrave;re&nbsp;: de m&ecirc;me que la photographie et le cin&eacute;ma captent et transmettent des images, la radio est un moyen de capter et de transmettre les sons. C&rsquo;est donc pour lui &agrave; ces deux niveaux (captation et transmission) que la po&eacute;sie doit intervenir : elle est &laquo;&nbsp;l&rsquo;interpr&egrave;te entre un moyen d&rsquo;expression (la radio) et le monde vivant&nbsp;&raquo;&nbsp;; elle est au fond une qualit&eacute; de la perception (un regard dans le cas de la photographie et du cin&eacute;ma&nbsp;; une qualit&eacute; d&rsquo;&eacute;coute dans le cas de la radio &ndash; cette attention au &laquo;&nbsp;monde des sons&nbsp;&raquo; qu&rsquo;appelle de ses v&oelig;ux Soupault dans plusieurs textes ou interviews, et qui pour lui sert d&rsquo;aliment po&eacute;tique majeur). L&rsquo;association d&rsquo;un moyen d&rsquo;expression, la radio, avec cette qualit&eacute; de perception, la po&eacute;sie, doit conduire non pas, selon Soupault, &agrave; des &laquo;&nbsp;po&egrave;mes radiophoniques&nbsp;&raquo; (il les rejette), non pas non plus &agrave; une simple repr&eacute;sentation de la vie (ce qu&rsquo;il nomme le &laquo;&nbsp;spectacle&nbsp;&raquo;), mais &agrave; une expression de la vie m&ecirc;me.</p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;art, et singuli&egrave;rement la po&eacute;sie, exigent de nous une attention qui nous accorde des yeux neufs, des oreilles neuves, une sensibilit&eacute; sans tain. C&rsquo;est la po&eacute;sie qui peut nous &eacute;veiller d&rsquo;entre les somnambules de la vie quotidienne et mat&eacute;rielle. Elle nous d&eacute;livre pendant un temps de la vie de fant&ocirc;me qui nous est habituelle en nous pla&ccedil;ant plus ou moins brusquement devant les r&eacute;alit&eacute;s que nous n&eacute;gligions par la n&eacute;cessit&eacute; nomm&eacute;e habitude&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">On reconna&icirc;t dans cet extrait la repr&eacute;sentation existentielle et psychique de l&rsquo;homme ch&egrave;re &agrave; Soupault (et aux surr&eacute;alistes)&nbsp;: l&rsquo;homme passe sa vie dans un &eacute;tat de semi-conscience (image du dormeur, du somnambule), voire de semi-r&eacute;alit&eacute; (image du fant&ocirc;me) &ndash; endormissement des sens (yeux, oreilles&hellip;) &agrave; cause de &laquo;&nbsp;l&rsquo;habitude&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;L&rsquo;attention&nbsp;&raquo; po&eacute;tique provoque quant &agrave; elle une forme d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;veil&nbsp;&raquo;, de degr&eacute; sup&eacute;rieur de conscience&nbsp;; elle-m&ecirc;me est suscit&eacute;e par ce qui est contraire &agrave; l&rsquo;&laquo;&nbsp;habitude&nbsp;&raquo;&nbsp;: autrement dit l&rsquo;insolite. L&rsquo;insolite qui est dans le monde et qu&rsquo;il s&rsquo;agit de percevoir puis d&rsquo;exprimer, de capter puis de transmettre. L&rsquo;insolite qui, comme le dit Soupault dans une interview de 1952, est la &laquo;&nbsp;grande clef de la po&eacute;sie&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">Selon cette logique, les &eacute;missions po&eacute;tiques de Soupault cherchent moins &agrave; faire le tableau, m&ecirc;me vivant, de la po&eacute;sie, qu&rsquo;&agrave; v&eacute;hiculer la &laquo;&nbsp;culture de l&rsquo;insolite&nbsp;&raquo; (dans et hors de la po&eacute;sie), &agrave; provoquer pour chaque auditeur l&rsquo;exp&eacute;rience m&ecirc;me de l&rsquo;insolite (par le rire, l&rsquo;&eacute;tonnement, l&rsquo;&eacute;merveillement, tout sentiment de d&eacute;paysement&hellip;) et &agrave; susciter ainsi, qui sait, quelque nouvelle vocation artistique. Cela explique qu&rsquo;aux c&ocirc;t&eacute;s des po&egrave;tes et des po&egrave;mes, qui valent moins d&rsquo;ailleurs par leur qualit&eacute; formelle que par la puissance ou l&rsquo;incongruit&eacute; des images et leur force de provocation, il arrive &agrave; Soupault, dans <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em> notamment, de donner la parole &agrave; des voyageurs, des explorateurs (comme Alain Gheerbrant et Bertrand Flornoy par exemple, deux sp&eacute;cialistes de l&rsquo;Amazonie), lesquels traduisent &agrave; leur mani&egrave;re une forme d&rsquo;attention po&eacute;tique au monde et sont les t&eacute;moins de ce que Soupault appelle la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie v&eacute;cue&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">Que retenir de ces &eacute;missions, dont Soupault, &agrave; notre grand &eacute;tonnement, ne parle quasiment jamais dans ses diff&eacute;rentes interviews&nbsp;? D&rsquo;abord la grande r&eacute;ussite de la s&eacute;rie <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em>, qui remporte le pari de ne jamais ennuyer. Elle contient de plus en germe toutes les autres s&eacute;ries&nbsp;: humour, mise en dialogue des d&eacute;bats po&eacute;tiques, valorisation de l&rsquo;insolite, utilisation des chansons comme vecteurs de po&eacute;sie&hellip; Ensuite, l&rsquo;accueil et la bienveillance constante de Soupault producteur &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des jeunes po&egrave;tes. Mais deux questions surgissent sur ce point&nbsp;: dans quelle mesure cette politique &eacute;ditoriale n&rsquo;aurait pas en fait &eacute;t&eacute; commandit&eacute;e par la radio, qui cr&eacute;e en novembre 1955 le <em>Bureau de la Po&eacute;sie</em>, une s&eacute;rie dont l&rsquo;objectif affich&eacute; est, selon son producteur Andr&eacute; Beucler, de &laquo;&nbsp;servir la jeune po&eacute;sie&nbsp;&raquo; et d&rsquo;&laquo;&nbsp;int&eacute;resser&nbsp;&raquo; les auditeurs ? On s&rsquo;interroge &eacute;galement, au vu des &laquo;&nbsp;jeunes po&egrave;tes&nbsp;&raquo; diffus&eacute;s au micro, tr&egrave;s peu ayant poursuivi une carri&egrave;re po&eacute;tique, sur le r&ocirc;le effectif de la RTF dans la promotion de nouvelles plumes po&eacute;tiques. On retiendra enfin le regard ambivalent que Soupault porte sur les chansons&nbsp;: d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; elles constituent le mat&eacute;riau principal de ses &eacute;missions, et Soupault, par le biais des pr&eacute;sentateurs, en fait une branche &agrave; part enti&egrave;re de la po&eacute;sie&nbsp;; de l&rsquo;autre il les voit comme des &laquo;&nbsp;choses vulgaires&nbsp;&raquo; destin&eacute;es &agrave; attirer un large public vers la po&eacute;sie. Consid&eacute;rait-il, comme Luc B&eacute;rimont le d&eacute;clarait en 1961, que la chanson &eacute;tait la &laquo;&nbsp;voie de la po&eacute;sie&nbsp;&raquo;&nbsp;? Plus mitig&eacute; que ce dernier, Soupault semble au fond s&rsquo;&ecirc;tre attach&eacute; &agrave; une distinction de valeur entre la mise en chanson de po&egrave;mes (mani&egrave;re plus facile que la r&eacute;citation &ndash; et en ce sens &laquo;&nbsp;vulgaire&nbsp;&raquo; &ndash;&nbsp; pour faire passer la po&eacute;sie) et l&rsquo;&eacute;criture originale de chansons po&eacute;tiques par des auteurs-compositeurs-interpr&egrave;tes consid&eacute;r&eacute;s quant &agrave; eux comme de v&eacute;ritables po&egrave;tes.</p> <h3 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Alain Spiraux&nbsp;&eacute;crit ainsi dans <em>Combat</em> (19&nbsp;juillet&nbsp;1958)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cette confusion des genres, certains producteurs d&rsquo;&eacute;missions radiophoniques, tel M.&nbsp;Philippe Soupault, en sont largement fautifs. &Agrave; d&rsquo;&eacute;videntes niaiseries, ils voudraient faire succ&eacute;der un pathos informe, fruit de leurs cogitations, que nous accepterions peut-&ecirc;tre &agrave; la lecture, mais pas sur une sc&egrave;ne, m&ecirc;me chez Agn&egrave;s Capri.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> <em>Bulletin de l&rsquo;UER</em>, vol. VIII, n&deg; 43, mai-juin 1957, p. 291-306.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> V.&nbsp;la s&eacute;rie diffus&eacute;e sur France III-National en 1958, <em>Les Pouvoirs de la connaissance</em>, au cours de laquelle G.&nbsp;Ribemont-Dessaignes interroge diff&eacute;rents po&egrave;tes.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Mes belles ann&eacute;es de Radio-Po&eacute;sie en compagnie de Philippe Soupault&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers Philippe Soupault</em>, n&deg; 2, 1997, p. 213.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> V. H&eacute;l&egrave;ne Eck, &laquo;&nbsp;Radio, culture et d&eacute;mocratie en France : une ambition mort-n&eacute;e (1944-1949)&nbsp;&raquo;, <em>Vingti&egrave;me Si&egrave;cle</em>, n&deg; 30, 1991, p. 55-67&nbsp;; et Pierre-Marie H&eacute;ron (dir.), <em>La Radio d&rsquo;art et d&rsquo;essai en France apr&egrave;s 1945</em>, Montpellier, Publications de Montpellier 3, 2006.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> <em>Bulletin de l&rsquo;UER</em>, art. cit.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Voir Genevi&egrave;ve Latour, <em>Le &laquo;&nbsp;Cabaret-Th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;&nbsp;: 1945-1965</em>, Paris, Agence culturelle de Paris, 1996. Elle cite notamment p. 110 un sketch des deux comiques que l&rsquo;on retrouve dans l&rsquo;&eacute;mission de <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em> du 17&nbsp;avril 1955.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> Propos prononc&eacute;s dans l&rsquo;&eacute;mission consacr&eacute;e &agrave; &laquo;&nbsp;la radio&nbsp;&raquo; dans la s&eacute;rie <em>Les Dix Clefs du si&egrave;cle</em>, enr. le 28 d&eacute;cembre 1949.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> Le r&eacute;f&eacute;rendum fut annonc&eacute; dans un long article de Roger Richard pour <em>T&eacute;l&eacute;rama</em> (n&deg;289, semaine&nbsp;du 31 juillet 1955).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> &laquo;&nbsp;Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie des jeunes po&egrave;tes&nbsp;&raquo;, 25 novembre 1955.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> D&rsquo;apr&egrave;s le catalogue de la BnF, aucun de ces po&egrave;tes ne semble avoir publi&eacute; de livres au-del&agrave; de 1960&hellip; ce qui tend &agrave; minimiser le pouvoir de la radio comme instance de l&eacute;gitimation sur le long terme&hellip;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> Dans l&rsquo;&eacute;mission &laquo;&nbsp;Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie des jeunes po&egrave;tes&nbsp;&raquo; (novembre 1955), Soupault d&eacute;clare, avant de faire lire un po&egrave;me d&rsquo;auditeur&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne connais pas l&rsquo;auteur, et je vous avoue m&ecirc;me que la forme, la prosodie de ces po&egrave;mes est absolument oppos&eacute;e &agrave; celle que j&rsquo;ai essay&eacute; d&rsquo;imposer en &eacute;crivant mes propres po&egrave;mes. Je suis donc parfaitement impartial. &raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> C&rsquo;est l&rsquo;expression qu&rsquo;il emploie, interrog&eacute; par Andr&eacute; Fr&eacute;d&eacute;rique, dans l&rsquo;&eacute;mission de <em>Po&egrave;tes &agrave; vos luths&nbsp;!</em> du 30 octobre 1956.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> Voir &laquo;&nbsp;Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie de l&rsquo;aventure&nbsp;&raquo; du 20 f&eacute;vrier 1955 ou encore l&rsquo;&eacute;mission du 16 octobre 1955 (&laquo;&nbsp;Tour du monde de la po&eacute;sie&nbsp;&raquo;) o&ugrave; Brineville accuse Poiret d&rsquo;&ecirc;tre &laquo;&nbsp;hypernationaliste, et m&ecirc;me davantage, chauvin, cocardier, Acad&eacute;mie Fran&ccedil;aise, tr&egrave;s chanteclair, tr&egrave;s &ldquo;Cocteaurico&rdquo;&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> Philippe Soupault, &laquo;&nbsp;Entretien en guise de pr&eacute;face&nbsp;&raquo; avec Rapha&euml;l Cluzel dans <em>Sans Phrases</em>, Paris, Osmose, 1953. Il reprend &eacute;galement cette id&eacute;e dans les entretiens t&eacute;l&eacute;vis&eacute;s avec Jean Aurenche et Bertrand Tavernier en 1982.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> &laquo;&nbsp;Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie des fleurs&nbsp;&raquo;, 7 ao&ucirc;t 1955.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> &laquo;&nbsp;Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie f&eacute;roce&nbsp;&raquo;, 20 mars 1955.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Lectures hautement comiques de La Fontaine par Claude V&eacute;ga dans &laquo;&nbsp;Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie enfantine&nbsp;&raquo; du 23 d&eacute;cembre 1954 et par Pierre Repp dans &laquo;&nbsp;Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie&nbsp;&raquo; du 8 juillet 1956.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> <em>Les Pouvoirs de la connaissance</em>, 14 avril 1958.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> <em>Ibid.</em> Cette d&eacute;claration fait &eacute;cho &agrave; celle de l&rsquo;entretien avec R. Cluzel dans <em>Sans Phrases,</em> <em>op. cit.</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne sais pas ce que je serais devenu si je n&rsquo;avais pas connu la po&eacute;sie, j&rsquo;ai vou&eacute; ma vie &agrave; la po&eacute;sie. Je sais que c&rsquo;est une lib&eacute;ration, que gr&acirc;ce &agrave; elle je me d&eacute;tache, je m&rsquo;&eacute;vade&hellip;&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Ph.&nbsp;Soupault, &laquo;&nbsp;Vers une po&eacute;sie du cin&eacute;ma et de la radio&nbsp;&raquo;, <em>Fontaine</em>,&nbsp;n&deg;16, 1941, p. 175.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> &laquo; La po&eacute;sie, mensonge et insolite : Philippe Soupault &raquo;, Paris Inter,&nbsp;<em>Rendez-vous &agrave; cinq heures</em>, 12 mars 1952.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Autrice</span></h3> <p style="text-align: justify;"><strong>C&eacute;line Pardo</strong> est agr&eacute;g&eacute;e de lettres classiques et sp&eacute;cialiste de la po&eacute;sie des XX<sup>e</sup> et XXI<sup>e </sup>si&egrave;cles. Elle est l&rsquo;auteur de <em>La Po&eacute;sie hors du livre (1945-1965). Le po&egrave;me &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la radio et du disque</em> (PUPS, 2015), ouvrage issu d&rsquo;une th&egrave;se men&eacute;e &agrave; Paris-Sorbonne sous la direction de Michel Murat et soutenue en 2012. Elle a codirig&eacute; l&rsquo;ouvrage collectif&nbsp;<em>Po&eacute;sie et m&eacute;dias, XX-XXI<sup>e</sup> si&egrave;cle </em>(2012). Elle poursuit actuellement ses recherches sur les pratiques d&rsquo;oralisation des po&egrave;mes, selon une perspective &agrave; la fois historique et m&eacute;diopo&eacute;tique.</p> <p style="text-align: justify;"><strong>Copyright</strong></p> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>