<div class="entry-content"> <h3 style="text-align: justify;">Abstract</h3> <p style="text-align: justify;">Focusing on the fact that Soupault, author of an essay on Labiche, admired him as the author of character comedies (the greatest after Moli&egrave;re&hellip;) more than the writer of vaudeville, the article questions the explicit reference to vaudeville in two radio plays , <em>La Fille qui faisait des miracles</em> [<em>The Girl who performed Miracles</em>], &ldquo;vaudeville in four acts and a prologue&rdquo; (1951) and <em>La Maison du Bon repos</em> [The House of Good Rest] (1976), &ldquo;tragi-vaudeville in five acts and a prologue&rdquo;. A first part is devoted to a review of the series <em>Le Th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;amuse</em> [<em>Theatre to have fun</em>] produced by Soupault and Chouquet from 1953 to 1956, and of the poet&rsquo;s programs on Labiche. The last part comments on the choice of the radio medium for the creation&nbsp;of the two plays.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p class="meta-tags">Soupault, radio, Vaudeville, Le Th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&#39;on s&#39;amuse, La Fille qui faisait des miracles, La Maison du Bon repos</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;">Introduction<br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Cet article aurait pu s&rsquo;intituler &laquo;&nbsp;Soupault et Labiche&nbsp;&raquo;, car son point de d&eacute;part est bien la relation du po&egrave;te surr&eacute;aliste au c&eacute;l&egrave;bre vaudevilliste du XIXe si&egrave;cle, qu&rsquo;il a consid&eacute;r&eacute; &agrave; partir de 1942 comme le plus grand auteur comique fran&ccedil;ais apr&egrave;s Moli&egrave;re. Mais en r&eacute;alit&eacute;, si Soupault tenait Labiche en si haute estime c&rsquo;est moins comme auteur de vaudevilles, genre facile, l&eacute;ger, agr&eacute;able mais superficiel &ndash;&nbsp;et produit phare de l&rsquo;industrie du th&eacute;&acirc;tre au XIXe si&egrave;cle&nbsp;‒ que comme auteur de v&eacute;ritables com&eacute;dies de caract&egrave;re, et profond observateur de la soci&eacute;t&eacute; bourgeoise du Second Empire&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>&ndash; d&rsquo;o&ugrave; vient la famille de Soupault&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>. Il y revient souvent dans son essai sur Labiche r&eacute;dig&eacute; en 1942-1943&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, d&rsquo;abord publi&eacute; en 1945 puis, dans un texte refondu et nuanc&eacute;, en 1964&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] Labiche n&rsquo;&eacute;tait pas seulement un habile vaudevilliste mais un cr&eacute;ateur de caract&egrave;res&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;Il n&rsquo;a jamais c&eacute;d&eacute; &agrave; la tentation, comme le faisaient les boulevardiers [&hellip;], de briller aux d&eacute;pens du caract&egrave;re de ses personnages&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;&raquo;. Le vaudevilliste, &eacute;crit Soupault, est un &laquo;&nbsp;fabricant de farces&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo; qui ne recule devant aucun artifice, aucune invraisemblance, aucune outrance pour faire rire, tandis que l&rsquo;auteur comique est un observateur du genre humain qui fait rire en montrant l&rsquo;homme (le bourgeois dans le cas de Labiche) tel qu&rsquo;il est, au naturel. L&rsquo;un est un farceur&nbsp;; l&rsquo;autre un auteur s&eacute;rieux. En bref, Labiche, tout en &eacute;tant un vaudevilliste de talent, a &eacute;chapp&eacute; aux lois du genre en suivant une vocation qui s&rsquo;inscrit d&rsquo;ailleurs dans les sous-titres de ses 160 pi&egrave;ces connues&nbsp;: &agrave; la vingtaine de vaudevilles compos&eacute;es jusqu&rsquo;en 1859 succ&egrave;dent des com&eacute;dies-vaudevilles (environ 70) et com&eacute;dies &laquo;&nbsp;m&ecirc;l&eacute;es de chants&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;de couplets&nbsp;&raquo; (une vingtaine) d&rsquo;une part, jusqu&rsquo;en 1861, d&rsquo;autre part des com&eacute;dies tout court, &laquo;&nbsp;intitul&eacute; exclusif de son &oelig;uvre &agrave; partir de 1870 jusqu&rsquo;&agrave; la fin (1877)&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo;. Tout l&rsquo;essai de Soupault construit et peut-&ecirc;tre m&ecirc;me durcit une opposition entre vaudeville et com&eacute;die qui nous emp&ecirc;che &agrave; notre tour de parler de Labiche comme d&rsquo;un simple vaudevilliste. Or Soupault de son c&ocirc;t&eacute; a d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment choisi le terme de vaudeville pour caract&eacute;riser deux de ses pi&egrave;ces radiodiffus&eacute;es apr&egrave;s la guerre, plus exactement la premi&egrave;re et l&rsquo;avant-derni&egrave;re&nbsp;: <em>La Fille qui faisait des miracles</em>, &laquo;&nbsp;vaudeville en quatre actes et un prologue&nbsp;&raquo; (1951) et <em>La Maison du Bon repos</em> (1976), initialement sous-titr&eacute; &laquo;&nbsp;tragi-vaudeville en cinq actes et un prologue&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo;. Que signifie cet attachement au genre ou au terme du vaudeville, non seulement dans l&rsquo;&eacute;lan de l&rsquo;essai sur Labiche apr&egrave;s la guerre, mais encore vingt-cinq ans plus tard&nbsp;? Nous pointerons d&rsquo;abord, sans trop insister sur la distinction com&eacute;die / vaudeville, l&rsquo;implication de Soupault homme de radio en faveur d&rsquo;un &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;amuse&nbsp;&raquo;, avant d&rsquo;interroger la r&eacute;f&eacute;rence au vaudeville dans les deux pi&egrave;ces cit&eacute;es et pour finir le choix du m&eacute;dium radiophonique.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_Soupault_entre_comedies_et_vaudevilles">1. Soupault entre com&eacute;dies et vaudevilles</span><br /> &nbsp;</h2> <h3 style="text-align: justify;"><span id="11Le_theatre_ou_lon_samuse">1.1.<strong>&nbsp;<em><strong>L</strong>e th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;amuse</em></strong></span></h3> <p style="text-align: justify;"><em>Le th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;amuse</em> est le titre d&rsquo;une s&eacute;rie produite par Soupault et Jean Chouquet au milieu des ann&eacute;es cinquante durant trois saisons, de novembre 1953 &agrave; mai 1956&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, conserv&eacute;es quasiment au complet par l&rsquo;Ina (32 &eacute;missions sur 34). L&rsquo;&eacute;mission est programm&eacute;e la premi&egrave;re ann&eacute;e sur la Cha&icirc;ne parisienne, la cha&icirc;ne grand public, &agrave; raison de deux fois par mois (dans la premi&egrave;re quinzaine). Elle est diffus&eacute;e les deux ann&eacute;es suivantes sur la Cha&icirc;ne nationale, r&eacute;put&eacute;e plus s&eacute;rieuse et culturelle, &agrave; un rythme mensuel. Un petit dialogue-pr&eacute;face entre les deux producteurs et un de leurs acteurs indique au d&eacute;but de la premi&egrave;re &eacute;mission l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t et l&rsquo;ambition de la s&eacute;rie&nbsp;: les th&eacute;&acirc;tres ont du mal &agrave; trouver des pi&egrave;ces comiques, qui pourtant abondent dans le r&eacute;pertoire&nbsp;; les deux producteurs se font fort d&rsquo;en proposer tr&egrave;s r&eacute;guli&egrave;rement aux auditeurs, fran&ccedil;aises ou &eacute;trang&egrave;res, sans n&eacute;gliger les auteurs vivants&nbsp;; tout ce qu&rsquo;ils souhaitent, c&rsquo;est de leur faire passer un bon moment assis chez eux dans leur fauteuil, comme s&rsquo;ils &eacute;taient au th&eacute;&acirc;tre. L&rsquo;esprit de l&rsquo;&eacute;mission est donc simple et les producteurs s&rsquo;y tiendront, en fuyant aussi le genre s&eacute;rieux dans les quelques pr&eacute;faces ajout&eacute;es ici et l&agrave; aux pi&egrave;ces, toutes trait&eacute;es &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;un petit sketch dialogu&eacute;, vivant et l&eacute;ger&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Dans ce r&eacute;pertoire, les grands noms du vaudeville et du boulevard ont la part belle&nbsp;: Labiche, Feydeau, Courteline, Henry Becque&nbsp;; Meilhac et Hal&eacute;vy, Tristan Bernard, Marcel Achard, Sacha Guitry, Andr&eacute; Roussin et, pour les &eacute;trangers, Bernard Shaw. Quelques auteurs comiques c&eacute;l&egrave;bres font leur entr&eacute;e dans la s&eacute;rie d&egrave;s les d&eacute;buts avec Moli&egrave;re et Gogol, mais les producteurs privil&eacute;gient le genre farce sur la haute com&eacute;die&nbsp;: de Moli&egrave;re ils donnent <em>Georges Dandin</em>, et de Gogol un vaudeville (adapt&eacute; par Soupault), <em>Le Mariage</em>. De Shakespeare une com&eacute;die gaie et une farce, dans des adaptations de Soupault&nbsp;: <em>Comment on dresse une garce </em>(13 mars 1954, d&rsquo;apr&egrave;s <em>La M&eacute;g&egrave;re apprivois&eacute;e</em>) et <em>Les jeunes comm&egrave;res de Windsor</em>, farce en cinq actes (1<sup>er</sup> juin 1955). M&ecirc;me s&eacute;lection du genre gai quand la deuxi&egrave;me ann&eacute;e, passant sur la Chaine nationale, ils puisent dans l&rsquo;&oelig;uvre de Vigny, qu&rsquo;on n&rsquo;attendait pas l&agrave;, et de Musset (<em>Quitte pour la peur</em> et <em>Il ne faut jurer de rien</em>)&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>. La derni&egrave;re &eacute;mission de la s&eacute;rie avant l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1956 semble donner le ton de cette entreprise de divertissement&nbsp;: l&rsquo;hilarant <em>Ubu roi</em> d&rsquo;Alfred Jarry (5 mai 1956). Mais plut&ocirc;t qu&rsquo;une farce ou un vaudeville, c&rsquo;est une com&eacute;die que Soupault choisit pour prendre cong&eacute; des auditeurs dans l&rsquo;ultime &eacute;mission, en septembre&nbsp;: <em>Rendez-vous &agrave; Senlis</em> de Jean Anouilh, &laquo;&nbsp;pi&egrave;ce rose&nbsp;&raquo; m&ecirc;lant au comique une note d&rsquo;amertume, comme en r&eacute;action &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t inopin&eacute; de la s&eacute;rie au seuil d&rsquo;une nouvelle ann&eacute;e, arr&ecirc;t visiblement impos&eacute; aux deux producteurs&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Ce balancement final de Jarry &agrave; Jean Anouilh indique bien l&rsquo;&eacute;ventail des rires propos&eacute;s dans ce &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;amuse&nbsp;&raquo;, mais redisons quand m&ecirc;me l&rsquo;avantage num&eacute;rique donn&eacute; aux pi&egrave;ces de boulevard&hellip; &agrave; l&rsquo;exception de Labiche&nbsp;: dans son cas pr&eacute;cis&eacute;ment, Soupault s&rsquo;est attach&eacute; &agrave; donner la priorit&eacute; &agrave; l&rsquo;auteur de com&eacute;dies, avec trois &eacute;missions, sur l&rsquo;auteur de vaudevilles (une &eacute;mission)&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="12_Le_moment_Labiche">1.2.<strong> Le &laquo;&nbsp;moment Labiche&nbsp;&raquo;</strong></span></h3> <p style="text-align: justify;">Labiche est, avec <em>Le Misanthrope et l&rsquo;Auvergnat</em>, le premier auteur dramatique adapt&eacute; &agrave; la radio par Soupault. L&rsquo;adaptation de cette com&eacute;die-vaudeville en un acte passe dans le cadre des <em>Soir&eacute;es de Paris</em> (Cha&icirc;ne nationale) en septembre 1953, soit deux mois donc avant le d&eacute;marrage du <em>Th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;amuse</em>. Les auditeurs de cette s&eacute;rie assez &eacute;clectique ne pouvaient gu&egrave;re imaginer la place occup&eacute;e par Labiche dans le palmar&egrave;s de Soupault, m&ecirc;me si, le soir de <em>Moi</em> (4 d&eacute;cembre 1954), la pr&eacute;face dialogu&eacute;e plaidait d&eacute;j&agrave; pour une r&eacute;habilitation de son g&eacute;nie comique. Quelques ann&eacute;es plus tard en revanche, Soupault semble &ecirc;tre devenu &agrave; la radio fran&ccedil;aise celui qu&rsquo;on vient chercher et qu&rsquo;on interviewe d&egrave;s qu&rsquo;il est question de Labiche. Entre 1960 et 1964 notamment, il n&rsquo;arr&ecirc;te pas d&rsquo;en parler. C&rsquo;est son grand &laquo;&nbsp;moment Labiche&nbsp;&raquo;. Le point de d&eacute;part est une s&eacute;rie de douze &eacute;missions con&ccedil;ue par lui sous le titre &laquo;&nbsp;Situation de Labiche en 1960&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a> et diffus&eacute;e tous les vendredis du 25 novembre 1960 au 10 f&eacute;vrier 1961 dans la tr&egrave;s s&eacute;rieuse <em>Heure de culture fran&ccedil;aise</em> de la Cha&icirc;ne nationale&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>. La s&eacute;rie repasse deux fois telle quelle (sous un titre un peu modifi&eacute; quand m&ecirc;me), toujours dans la collection <em>Heure de culture fran&ccedil;aise</em>, d&rsquo;abord de novembre 1963 &agrave; f&eacute;vrier 1964, puis de juillet &agrave; septembre 1964&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>, soit avant et apr&egrave;s la sortie en f&eacute;vrier 1964 de l&rsquo;&eacute;dition revue et augment&eacute;e de son essai de 1945 sur Labiche&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>, &agrave; laquelle la s&eacute;rie radiophonique a du reste servi de matrice. Autour de cette s&eacute;rie et de ses rediffusions, on a aussi des interviews, des pr&eacute;faces parl&eacute;es &agrave; des radiodiffusions de pi&egrave;ces de Labiche assur&eacute;es par d&rsquo;autres producteurs.</p> <p style="text-align: justify;">Le c&ocirc;t&eacute; surprenant de la s&eacute;rie est que Soupault&hellip; s&rsquo;y prend au s&eacute;rieux, lui qui a le s&eacute;rieux en horreur&nbsp;! Sous pr&eacute;texte de parler de l&rsquo;actualit&eacute; du th&eacute;&acirc;tre de Labiche, le po&egrave;te parcourt de fa&ccedil;on assez monotone sa vie et son &oelig;uvre, en suivant un fil chronologique. L&rsquo;exercice, qui rel&egrave;ve de la causerie pure, sans audition d&rsquo;extraits de pi&egrave;ces, est aussi appel&eacute; <em>entretien</em>, plut&ocirc;t que conversation par exemple, et m&ecirc;me une fois <em>expos&eacute;&nbsp;</em><a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>, par les speakers charg&eacute;s des annonces et d&eacute;sannonces, ce qui est r&eacute;v&eacute;lateur du manque de l&eacute;g&egrave;ret&eacute; et de libert&eacute; de ton de Soupault par rapport aux genres de la parole enseignante. De surcro&icirc;t, sans doute parce qu&rsquo;il se sait mauvais conf&eacute;rencier, il lit son texte, et plut&ocirc;t mal (tr&eacute;buchements, fr&eacute;quentes d&eacute;glutitions), ce qui para&icirc;t incroyable chez un homme de radio de son exp&eacute;rience, si soucieux par ailleurs d&rsquo;innover dans ses &eacute;missions de vari&eacute;t&eacute;s (th&eacute;&acirc;tre, po&eacute;sie). Du ton adopt&eacute; au choix de la cha&icirc;ne et du programme accueillant les douze &eacute;missions, l&rsquo;<em>Heure de culture fran&ccedil;aise</em>, tout se passe en r&eacute;alit&eacute; comme si le po&egrave;te avait chang&eacute; de cible par rapport &agrave; la s&eacute;rie <em>Le Th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;amuse</em>&nbsp;: cette fois il ne veut plus distraire le grand public, mais plut&ocirc;t convaincre le public cultiv&eacute; de la grandeur m&eacute;connue du g&eacute;nie de Labiche, que la Com&eacute;die-Fran&ccedil;aise remet de son c&ocirc;t&eacute; &agrave; l&rsquo;honneur durant ces ann&eacute;es. Reste &agrave; savoir si cette entreprise de r&eacute;habilitation, qui est un de ses chevaux de bataille favoris, devait n&eacute;cessairement se faire dans le style critique le plus acad&eacute;mique, sur la cha&icirc;ne la plus culturelle et dans une des &eacute;missions les plus s&eacute;rieuses de la cha&icirc;ne&hellip; Pour reprendre une des expressions favorites du po&egrave;te, il n&rsquo;a pas voulu &laquo;&nbsp;faire le malin&nbsp;&raquo;, et c&rsquo;est dommage.</p> <p style="text-align: justify;">Il existe cependant une version enrichie de la s&eacute;rie, diffus&eacute;e du 3 mars au 19 mai 1963 sur France 4-Haute Fid&eacute;lit&eacute; (rebaptis&eacute; France Musique en d&eacute;cembre suivant) sous le titre &laquo;&nbsp;Th&eacute;&acirc;tre de Labiche&nbsp;&raquo;&nbsp;: dans cette version, les causeries de Soupault sont compl&eacute;t&eacute;es par l&rsquo;audition de sc&egrave;nes sp&eacute;cialement interpr&eacute;t&eacute;es pour l&rsquo;&eacute;mission. Certes, il y a parfois un rapport assez l&acirc;che entre le sujet d&rsquo;une &eacute;mission et les sc&egrave;nes de Labiche qui la compl&egrave;tent. Certes, Soupault laisse &agrave; la speakerine le soin d&rsquo;annoncer les extraits des pi&egrave;ces et n&rsquo;ajoute rien &agrave; son texte de 1960 pour les introduire ou mettre en perspective. Mais la s&eacute;rie a au moins le m&eacute;rite de produire une anthologie de textes, dont le choix revient sans doute &agrave; Soupault et qui nous renseigne &agrave; la fois sur la perception qu&rsquo;il a de Labiche au d&eacute;but des ann&eacute;es soixante et sur celle qu&rsquo;il voudrait faire passer&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>. Disons en r&eacute;sum&eacute; que, conform&eacute;ment &agrave; l&rsquo;orientation des causeries, ce corpus Labiche privil&eacute;gie les grandes ann&eacute;es de l&rsquo;auteur (les ann&eacute;es 1850 et surtout 1860) et ses grands succ&egrave;s, en &eacute;quilibrant les go&ucirc;ts du public et les siens (concession&nbsp;: <em>La grammaire</em>, best-seller des patronages)&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>, mais en restant dans le genre de la com&eacute;die ou de la com&eacute;die-vaudeville plus que du vaudeville pur, &agrave; l&rsquo;exception d<em>u Voyage de M. Perrichon</em>, qui, tout en &eacute;tant sous-titr&eacute; com&eacute;die, est pour Soupault le vaudeville par excellence de Labiche et m&ecirc;me la r&eacute;alisation exemplaire du genre, &laquo;&nbsp;le vaudeville du vaudeville&nbsp;&raquo;. La quatri&egrave;me &eacute;mission (21 avril 1963) justifie ce choix en parlant de Labiche comme d&rsquo;un auteur in&eacute;gal, pouss&eacute; par le go&ucirc;t du jour &agrave; travestir des caract&egrave;res en personnages de vaudeville (&laquo;&nbsp;confusion regrettable&nbsp;&raquo;) et en invitant &agrave; pr&eacute;f&eacute;rer les pi&egrave;ces o&ugrave; se manifeste l&rsquo;&laquo;&nbsp;observateur attentif&nbsp;&raquo; aux &laquo;&nbsp;pi&egrave;ces en un acte&nbsp;&raquo;, aux &laquo;&nbsp;farces&nbsp;&raquo; et aux &laquo;&nbsp;pochades&nbsp;&raquo; de l&rsquo;auteur.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_Le_vaudeville_oui_et_non">2. Le vaudeville&nbsp;: oui et non</span><br /> &nbsp;</h2> <h3 style="text-align: justify;"><span id="21_Lattrait_du_vaudeville">2.1. <strong>L&rsquo;attrait du vaudeville</strong></span></h3> <p style="text-align: justify;">Il y a quelque chose d&rsquo;&eacute;tonnant dans cette insistance de Soupault &agrave; vouloir sauver Labiche de ses vaudevilles par ses com&eacute;dies, et l&rsquo;amuseur par le peintre cruel de la soci&eacute;t&eacute; bourgeoise de son &eacute;poque. Parall&egrave;lement en effet, lui-m&ecirc;me c&egrave;de &agrave; l&rsquo;attraction du vaudeville, au point de vouloir absolument inscrire le mot en sous-titre de sa premi&egrave;re pi&egrave;ce radiodiffus&eacute;e apr&egrave;s la guerre, <em>La Fille qui faisait des miracles</em>. Le mot est pr&eacute;sent d&egrave;s le premier jet de la pi&egrave;ce, en trois actes, commenc&eacute; &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Pennsylvanie o&ugrave; Soupault est <em>Visiting Professor</em> en 1944-1945&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>. Peu apr&egrave;s, quand il veut revenir au th&eacute;&acirc;tre c&rsquo;est encore un vaudeville, <em>Le Parasite</em>, inspir&eacute; du roman de Dosto&iuml;evski <em>Les habitants de Stepanchikov</em> (1859), qu&rsquo;il va pr&eacute;senter &agrave; son vieil ami Marcel Herrand, directeur du Th&eacute;&acirc;tre des Mathurins, lequel l&rsquo;accueille finalement en 1952 dans <em>Les Lundis de Paris</em>, la s&eacute;rie qu&rsquo;il produit sur Paris Inter&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>. Plus tard, en 1966, Soupault &eacute;crit pour la t&eacute;l&eacute;vision un projet de vaudeville rest&eacute; in&eacute;dit, <em>Le plus grand amour</em>, r&eacute;unissant entre autres un M. Percepied, pharmacien prosp&egrave;re, un M.&nbsp;Chantefort, contr&ocirc;leur des contributions directes, un M.&nbsp;Tirelaine, &laquo;&nbsp;professeur &agrave; l&rsquo;&eacute;cole de pharmacie, p&eacute;dant&nbsp;&raquo; et un M. Tartempoil, &laquo;&nbsp;jeune homme invit&eacute; comme cure dent&nbsp;&raquo;. Et l&rsquo;enveloppe <em>air mail</em> sur lequel il inscrit au verso la premi&egrave;re liste des personnages porte aussi le projet de d&eacute;dicace suivant&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Agrave; la m&eacute;moire d&rsquo;Eug&egrave;ne Labiche, son disciple en toute humilit&eacute;&nbsp;&raquo; (ensuit r&eacute;duit en&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Agrave; la m&eacute;moire d&rsquo;Eug&egrave;ne Labiche&nbsp;&raquo;)&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>. En 1974, il consacre un texte au <em>Sexe faible</em>, le seul vaudeville de Flaubert, pour saluer son centenaire&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>. Et son avant-derni&egrave;re pi&egrave;ce, <em>La Maison du bon repos</em>, sous-titr&eacute;e &laquo;&nbsp;com&eacute;die&nbsp;&raquo; dans le recueil <em>&Agrave; vous de jouer&nbsp;!</em>, est comme on l&rsquo;a vu con&ccedil;ue comme un &laquo;&nbsp;tragi-vaudeville en cinq actes et un prologue&nbsp;&raquo;. La lettre au r&eacute;alisateur qui l&rsquo;accompagne la pr&eacute;sente comme &laquo;&nbsp;une com&eacute;die qui est peut-&ecirc;tre une farce&nbsp;&raquo;&nbsp;: en r&eacute;alit&eacute;, elle accompagnait la premi&egrave;re &eacute;bauche de la pi&egrave;ce, conserv&eacute;e &agrave; l&rsquo;IMEC, intitul&eacute;e <em>Risques et p&eacute;rils</em> et carr&eacute;ment sous-titr&eacute;e &laquo;&nbsp;farce radiophonique&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">Il y a au fond chez Soupault, stimul&eacute; par sa relecture en prison du <em>Th&eacute;&acirc;tre complet </em>de Labiche dont il devient un fervent &laquo;&nbsp;disciple&nbsp;&raquo;, un go&ucirc;t &eacute;vident du th&eacute;&acirc;tre gai et divertissant, et toute sa difficult&eacute; semble avoir &eacute;t&eacute; de conserver une place dans sa propre cr&eacute;ation th&eacute;&acirc;trale &agrave; cette veine-l&agrave; du th&eacute;&acirc;tre pour rire, exemplairement incarn&eacute;e dans le vaudeville ou la farce. Elle heurte en effet une autre de ses pr&eacute;occupations, pr&eacute;dominante dans une pi&egrave;ce comme <em>Rendez-vous</em> (publi&eacute;e en 1957, cr&eacute;&eacute;e &agrave; la radio en 1960), qui est de donner &agrave; penser, de poser des questions, de faire r&eacute;fl&eacute;chir&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>. Mais les in&eacute;dits de th&eacute;&acirc;tre conserv&eacute;s &agrave; l&rsquo;IMEC t&eacute;moignent sans ambigu&iuml;t&eacute; en faveur de ce Soupault vaudevilliste et plus g&eacute;n&eacute;ralement humoriste. On y trouve un vaudeville en trois tableaux, <em>Charmant r&eacute;veillon</em>, &eacute;crit dans la pure tradition du genre&nbsp;; une adaptation, sous le titre <em>Encorneur</em>, d&rsquo;une com&eacute;die de m&oelig;urs anglaise en cinq actes de William Wycherley, <em>The Country Wife</em> (1675)&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>, inspir&eacute;e de diverses pi&egrave;ces de Moli&egrave;re&nbsp;; cinq sayn&egrave;tes de deux ou trois pages tout &agrave; fait dans l&rsquo;esprit loufoque, <em>nonsense</em> et absurde d&rsquo;un Tardieu, d&rsquo;un Ionesco ou d&rsquo;un Andr&eacute; Fr&eacute;d&eacute;rique, &agrave; qui deux d&rsquo;entre elles sont d&eacute;di&eacute;es&nbsp;: <em>Medium</em>, <em>On ne vous a pas tout dit</em>, <em>Comment allez-vous&nbsp;?</em>, <em>Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;il faut entendre</em>, <em>Toujours tout de m&ecirc;me</em> et <em>Les bons comptes font les mauvais amis&nbsp;</em><a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Il reste que ce corpus est demeur&eacute; in&eacute;dit et que tout ce que Soupault a laiss&eacute; jouer ou publier ob&eacute;it aussi et parfois d&rsquo;abord &agrave; son autre pulsion, qui est de faire r&eacute;fl&eacute;chir le public, &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;un Pirandello, d&rsquo;un Synge ou d&rsquo;un Raymond Roussel dont il reconna&icirc;t les influences&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>, et d&rsquo;&ecirc;tre par l&agrave; un auteur <em>s&eacute;rieux</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Toutes mes pi&egrave;ces&nbsp;&raquo;, dit-il &agrave; Serge Fauchereau, &laquo;&nbsp;proposent des interrogations. Je voulais que les spectateurs soient oblig&eacute;s (apr&egrave;s avoir &eacute;cout&eacute; mes pi&egrave;ces) de se poser des questions. Le contraire, somme toute, du th&eacute;&acirc;tre pour les digestions d&rsquo;apr&egrave;s-d&icirc;ner&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>.&nbsp;&raquo; <em>La Fille qui faisait des miracles</em> et <em>La Maison du Bon repos </em>repr&eacute;sentent, au d&eacute;but et &agrave; la fin de sa carri&egrave;re th&eacute;&acirc;trale, deux mani&egrave;res de concilier ces deux aspirations classiques &agrave; plaire et instruire &agrave; la fois.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="22_Du_theatre_poetique_au_theatre_de_questions">2.2. <strong>Du th&eacute;&acirc;tre po&eacute;tique au th&eacute;&acirc;tre de questions</strong></span></h3> <p style="text-align: justify;"><em>La Fille qui faisait des miracles</em> est un dr&ocirc;le de vaudeville&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Une jeune fille, P&acirc;querette, attire &agrave; elle divers fantoches int&eacute;ress&eacute;s par sa r&eacute;putation de faire des miracles&nbsp;: un gar&ccedil;on d&rsquo;h&ocirc;tel, la dame pipi de l&rsquo;h&ocirc;tel, un journaliste, un eccl&eacute;siastique, un soi-disant m&eacute;dium, sans parler de son p&egrave;re qui s&rsquo;accroche &agrave; elle comme un parasite. La pi&egrave;ce trouve son d&eacute;nouement quand P&acirc;querette, fatigu&eacute;e d&rsquo;&ecirc;tre prise pour ce qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas (un m&eacute;dium pour l&rsquo;un, une gu&eacute;risseuse pour un autre, une sainte, une vedette, une s&oelig;ur de charit&eacute;, une b&ecirc;te curieuse, une pin-up&hellip; ou, pour son p&egrave;re, une source de revenus), d&eacute;cide de n&rsquo;&ecirc;tre aucun de ces personnages et de partir avec Julien le chauffeur de taxi, qui seul voit en elle une femme.</p> <p style="text-align: justify;">On peut identifier dans cette pi&egrave;ce deux ou trois &eacute;l&eacute;ments de vaudeville&nbsp;: le recours au proc&eacute;d&eacute; du quiproquo, pr&eacute;sent dans les jeux de m&eacute;prise qui s&rsquo;encha&icirc;nent sans r&eacute;pit&nbsp;; le caract&egrave;re burlesque des principaux vis-&agrave;-vis de P&acirc;querette&nbsp;; l&rsquo;aspiration au calme du personnage principal, qui est selon Pierre Voltz &laquo;&nbsp;la caract&eacute;ristique majeure du &ldquo;genre Labiche&rdquo;&nbsp;&raquo;, dont &laquo;&nbsp;[l]es personnages n&rsquo;ont qu&rsquo;un souci&nbsp;: rester immobiles, se d&eacute;fendre, faire face&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo;. Mais on ne retrouve pas dans la pi&egrave;ce, sauf dans un &eacute;pisode mineur (sc&egrave;ne des t&eacute;l&eacute;phones &agrave; la r&eacute;ception de l&rsquo;h&ocirc;tel&nbsp;: on ne sait plus o&ugrave; donner de la t&ecirc;te), l&rsquo;extraordinaire vivacit&eacute; de rythme elle aussi caract&eacute;ristique du genre Labiche, avec ces moments d&rsquo;emballement ou d&rsquo;affolement&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>. Les dialogues ou sorties des personnages secondaires font sourire, mais presque jamais ceux qui impliquent P&acirc;querette. Soupault, qui n&rsquo;aime pas faire de l&rsquo;esprit, n&rsquo;exploite pas non plus le comique possible des situations de quiproquo. Il semble m&ecirc;me prendre bien soin de repousser au second plan le <em>topos</em> de la fille &agrave; marier, pris ici &agrave; rebours (le p&egrave;re ne veut pas se s&eacute;parer de sa fille, qui est son gagne-pain), comme pour mieux le faire surgir &agrave; la fin, dans sa fragile fra&icirc;cheur, en &eacute;cho peut-&ecirc;tre aux figures insolites, &eacute;nigmatiques, merveilleuses, de l&rsquo;amour fou surr&eacute;aliste (<em>Nadja </em>de Breton), mais aussi au th&eacute;&acirc;tre de son ami Jean Giraudoux (le type de la jeune fille&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>).</p> <p style="text-align: justify;">Car la v&eacute;ritable ambition de Soupault avec cette pi&egrave;ce n&rsquo;est pas encore de poser des questions (m&ecirc;me si les dialogues avec P&acirc;querette, trop longs et s&eacute;rieux, tirent dans ce sens et cassent le rythme), mais de &laquo;&nbsp;projeter sur la sc&egrave;ne l&rsquo;atmosph&egrave;re de la po&eacute;sie&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo;, comme c&rsquo;&eacute;tait l&rsquo;ambition de plusieurs po&egrave;tes surr&eacute;alistes de ses amis dans les ann&eacute;es vingt (Roger Vitrac, Georges Neveux&hellip;)&nbsp;; cette atmosph&egrave;re de l&eacute;g&egrave;ret&eacute;, de r&ecirc;ve qu&rsquo;il trouve dans une pi&egrave;ce de Tzara comme <em>Mouchoir de nuages&nbsp;</em><a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a> et retrouve dans le th&eacute;&acirc;tre de Giraudoux. Avec P&acirc;querette, Soupault met en effet au centre de son esp&egrave;ce de vaudeville un personnage aur&eacute;ol&eacute; de gr&acirc;ce, l&agrave; o&ugrave; Labiche construit, avec ses types les plus r&eacute;ussis (Perrichon, C&eacute;limare, Chambourcy), des personnages &laquo;&nbsp;aur&eacute;ol&eacute;s de comique&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;&raquo;. Ainsi, la marque du vaudeville n&rsquo;est l&agrave; que pour souligner et mieux faire &eacute;merger, par contraste, la merveille de gr&acirc;ce, de fra&icirc;cheur et d&rsquo;insolite du personnage central.</p> <p style="text-align: justify;">Dans <em>La Maison du bon repos</em> en revanche, vingt-cinq ans plus tard, la pr&eacute;occupation d&rsquo;un th&eacute;&acirc;tre po&eacute;tique a compl&egrave;tement disparu. La pi&egrave;ce s&rsquo;inscrit tr&egrave;s nettement dans la suite des pi&egrave;ces &laquo;&nbsp;&agrave; questions&nbsp;&raquo; qui la pr&eacute;c&egrave;dent&nbsp;: <em>Rendez-vous</em> (1960, un acte), d&rsquo;atmosph&egrave;re tr&egrave;s beckettienne, mise en ondes par l&rsquo;excellent Alain Trutat (un des plus grands), <em>Alibis</em> (1973) et <em>Le Sixi&egrave;me coup de minuit</em> (1973), deux pi&egrave;ces en un acte d&rsquo;allure polici&egrave;re. Les trois pi&egrave;ces traitent de l&rsquo;au-del&agrave;, du jugement dernier, des comptes &agrave; rendre sur la vie qu&rsquo;on a men&eacute;e. La premi&egrave;re a encore quelque chose de dr&ocirc;le mais les deux autres plus du tout. Toutes les trois rel&egrave;vent d&rsquo;un &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;&eacute;trange&nbsp;&raquo; (pour reprendre le titre de la s&eacute;rie sur France Inter qui diffuse <em>Alibis</em>) plus que de ce th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;absurde &laquo;&nbsp;illustr&eacute; et exalt&eacute; par Beckett et Ionesco&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo;. Avec <em>La Maison du bon repos</em>, diffus&eacute; sur France Culture dans la s&eacute;rie <em>Com&eacute;die fran&ccedil;aise</em>, Soupault change de formule et tente un m&eacute;lange de l&rsquo;&eacute;trange et du farcesque pour traiter du probl&egrave;me du g&eacute;nie et de la folie, plus g&eacute;n&eacute;ralement de la personnalit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Qui sommes-nous&nbsp;? Que sont nos amis, nos voisins et m&ecirc;me nos parents&nbsp;?&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;">Deux &eacute;tudiants fuyant l&rsquo;orage frappent &agrave; la porte d&rsquo;une maison isol&eacute;e qui s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre, ils l&rsquo;apprennent &agrave; la fin, une maison de fous. En l&rsquo;absence du vrai m&eacute;decin, tous les personnages se livrent &agrave; leur manie, se prennent pour le personnage de leur r&ecirc;ve, y compris deux des infirmiers qui, apr&egrave;s avoir enferm&eacute; les deux autres, jouent au m&eacute;decin. Les deux &eacute;tudiants sont donc admis &laquo;&nbsp;&agrave; leurs risques et p&eacute;rils&nbsp;&raquo;, r&eacute;p&egrave;te avec une inqui&eacute;tante insistance l&rsquo;infirmier sinistre et autoritaire qui leur ouvre la porte, qui se pr&eacute;sente &agrave; eux comme le m&eacute;decin de la maison et qui tr&egrave;s vite va d&eacute;cr&eacute;ter que l&rsquo;un d&rsquo;eux doit &ecirc;tre op&eacute;r&eacute; de l&rsquo;appendicite et l&rsquo;autre soign&eacute; pour alcoolisme. L&rsquo;atmosph&egrave;re est &agrave; la fois inqui&eacute;tante et dr&ocirc;le&nbsp;: l&rsquo;insistance maniaque des faux m&eacute;decins &agrave; op&eacute;rer les deux &eacute;tudiants, la panoplie de fantoches (Soupault parle de &laquo;&nbsp;caricatures&nbsp;&raquo; dans la lettre-pr&eacute;face), les dialogues de sourds absurdes&hellip; Si le comique des portes qui claquent, des courses-poursuites et des placards o&ugrave; l&rsquo;on se cache n&rsquo;est pas exploit&eacute;, Soupault fait une place nouvelle au comique de r&eacute;p&eacute;tition, proc&eacute;d&eacute; qu&rsquo;il jugeait facile dans son essai sur Labiche. Mais le ressort vaudevillesque par excellence reste en ce qui le concerne celui des quiproquos, comme dans <em>La Fille qui faisait des miracles</em>. <em>La Maison du bon repos</em>, le quiproquo des identit&eacute;s lui permet, en jouant sur les deux tableaux du rire et de l&rsquo;angoisse (c&rsquo;est un &laquo;&nbsp;tragi-vaudeville&nbsp;&raquo;) de mettre au centre de la pi&egrave;ce, non plus un personnage, mais une question, qui semble &agrave; la fin n&rsquo;&eacute;pargner personne, &eacute;tudiants et vrai m&eacute;decin compris. On sort de la pi&egrave;ce moins diverti qu&rsquo;inqui&eacute;t&eacute;, songeur&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="3_Le_choix_du_medium_radio_un_choix_par_defaut">3. Le choix du medium radio&nbsp;: un choix par d&eacute;faut&nbsp;?</span><br /> &nbsp;</h2> <h3><span id="31_Un_faible_interet_pour_lecriture_sonore">3.1. <strong>Un faible int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;&eacute;criture sonore</strong></span></h3> <p style="text-align: justify;">Les deux vaudevilles &eacute;voqu&eacute;s sont-ils des pi&egrave;ces radiophoniques&nbsp;? C&rsquo;est la question qu&rsquo;on peut se poser pour terminer.</p> <p style="text-align: justify;">La r&eacute;ponse est claire pour <em>La Fille qui faisait des miracles</em>&nbsp;: il s&rsquo;agit en r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;une pi&egrave;ce &eacute;crite pour le th&eacute;&acirc;tre et non pour la radio, et radiodiffus&eacute;e faute de pouvoir &ecirc;tre mont&eacute;e sur une sc&egrave;ne. L&rsquo;adaptation au medium est doublement n&eacute;glig&eacute;e&nbsp;: d&rsquo;une part la dactylographie &eacute;tablie pour la mise en ondes, qui &eacute;voque encore &agrave; quelques endroits un improbable &laquo;&nbsp;rideau de sc&egrave;ne&nbsp;&raquo;, conserve un grand nombre d&rsquo;indications visuelles impossibles &agrave; faire passer au micro. D&rsquo;autre part la r&eacute;alisation de 1951, pourtant due &agrave; Jean-Wilfrid Garrett, l&rsquo;inventeur de la st&eacute;r&eacute;ophonie, n&eacute;glige compl&egrave;tement l&rsquo;espace sonore (plans, bruitages de mouvements et autres bruitages), de sorte que l&rsquo;auditeur entend une succession de dialogues entre des voix situ&eacute;es presque toujours sur le m&ecirc;me plan, sans aucune suggestion d&rsquo;entr&eacute;e, de sortie, de mouvement des personnages, ce qui est un comble pour un vaudeville. Par ailleurs deux r&eacute;citants, dont un appel&eacute; &laquo;&nbsp;l&rsquo;auteur&nbsp;&raquo; dans la dactylographie, ont la charge de raconter ce que ni l&rsquo;auteur ni le r&eacute;alisateur n&rsquo;ont pris la peine de transformer en didascalies internes ou en &eacute;l&eacute;ments sonores compr&eacute;hensibles &agrave; l&rsquo;oreille.</p> <p style="text-align: justify;">La pi&egrave;ce a donc emport&eacute; l&rsquo;adh&eacute;sion&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a> malgr&eacute; ses d&eacute;faillances &eacute;videntes de technique radiophonique. Nous n&rsquo;avons pu &eacute;couter la nouvelle mise en ondes de la pi&egrave;ce par Jacques Reynier en 1977&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>, avec Ludmila Mika&euml;l, appr&eacute;ci&eacute;e de l&rsquo;auteur, mais la comparaison des versions de 1951 et de 1977 (celle publi&eacute;e dans <em>&Agrave; vous de jouer&nbsp;!</em>) montre tout le travail d&rsquo;am&eacute;lioration effectu&eacute; par Soupault en collaboration avec son r&eacute;alisateur, notamment dans le sens d&rsquo;une r&eacute;duction des dialogues et des didascalies (texte du r&eacute;citant), ainsi que d&rsquo;une oralisation des dialogues. La r&eacute;alisation de 1992&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>, par Anne Lema&icirc;tre, est quant &agrave; elle une merveille de l&eacute;g&egrave;ret&eacute; et d&rsquo;espace sonore (bruitages judicieux, nettet&eacute; des sons, mise en espace des voix, qui viennent de devant, de derri&egrave;re, de droite, de gauche&nbsp;; un seul r&eacute;citant).</p> <p style="text-align: justify;">Il en va diff&eacute;remment dans<em> La Maison du bon repos</em> (1976), pi&egrave;ce d&rsquo;embl&eacute;e con&ccedil;ue pour la radio et dans le souci de l&rsquo;&eacute;criture sonore, plus sp&eacute;cialement des bruitages et du jeu des voix. C&rsquo;est la premi&egrave;re fois que Soupault &eacute;crit, avec plaisir d&rsquo;ailleurs, pour le micro et non pour la sc&egrave;ne (il &eacute;tait temps&nbsp;!). Mais on est stup&eacute;fait de lire, dans la lettre-pr&eacute;face &agrave; son premier r&eacute;alisateur Jacques Reynier, qu&rsquo;il semble aussi avoir attendu de travailler avec lui (&agrave; partir de 1964, pour des &eacute;missions de la Com&eacute;die-Fran&ccedil;aise) pour d&eacute;couvrir la r&eacute;alit&eacute; du travail de metteur en ondes&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Vous m&rsquo;avez permis d&rsquo;assister &agrave; des s&eacute;ances de mixage. Quel dr&ocirc;le de mot&nbsp;! Et au cours de ces s&eacute;ances j&rsquo;ai remarqu&eacute; que si le texte d&rsquo;une pi&egrave;ce avait son importance, il &eacute;tait n&eacute;cessaire d&rsquo;accorder, comme dans la vie quotidienne, aux bruits et aux sons une pr&eacute;sence. J&rsquo;ai donc en &eacute;crivant cette pi&egrave;ce, essay&eacute; de donner un r&ocirc;le &agrave; ce que vous appelez le bruitage (reconstitution artificielle, comme l&rsquo;affirment les dictionnaires, des bruits naturels qui doivent accompagner l&rsquo;acteur)&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Ses efforts pour int&eacute;grer les particularit&eacute;s de l&rsquo;&eacute;criture pour l&rsquo;oreille semblent d&rsquo;ailleurs avoir &eacute;t&eacute; un peu t&acirc;tonnants&nbsp;: la premi&egrave;re &eacute;bauche d&eacute;j&agrave; cit&eacute;e de la pi&egrave;ce, <em>Risques et p&eacute;rils</em>, affecte &agrave; chaque personnage un timbre de voix bien diff&eacute;renci&eacute;, comme Soupault l&rsquo;avait fait en 1942 dans <em>Tous ensemble au bout du monde</em>, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; la basse qualit&eacute; des micros incitait certains dramaturges des ondes &agrave; travailler la typologie des voix. La version suivante (titre&nbsp;: <em>La Maison du bon repos</em><em>,</em> surtitre&nbsp;: &laquo;&nbsp;180 kms &agrave; l&rsquo;heure&nbsp;&raquo;)&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a> supprime ces indications mais propose encore un r&eacute;citant, qui dispara&icirc;t de la version finale. Bref, le m&eacute;tier n&rsquo;est pas venu d&rsquo;un coup, et la mise au point de la pi&egrave;ce a certainement b&eacute;n&eacute;fici&eacute; des conseils de son r&eacute;alisateur Jacques Reynier, dont Soupault salue &agrave; la fois la science et l&rsquo;&eacute;rudition.</p> <p style="text-align: justify;">Reste d&egrave;s lors la question de savoir pourquoi Soupault a tant tard&eacute; &agrave; &eacute;crire pour la radio, mais aussi pourquoi, s&rsquo;il &eacute;tait si peu int&eacute;ress&eacute; par les questions d&rsquo;&eacute;criture propres au medium, il a fait jouer ses pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre &agrave; la radio.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="32_Posture_de_rate_et_desir_de_succes">3.2. <strong>Posture de rat&eacute; et d&eacute;sir de succ&egrave;s</strong></span></h3> <p style="text-align: justify;">Soupault avait l&rsquo;habitude de dire que ses pi&egrave;ces n&rsquo;avaient pas eu la chance de trouver leur metteur en sc&egrave;ne ou leur th&eacute;&acirc;tre, compte tenu du co&ucirc;t d&rsquo;une telle entreprise et de la faible esp&eacute;rance de succ&egrave;s commercial qu&rsquo;il pouvait en attendre. Un texte peut-&ecirc;tre in&eacute;dit de 1959, conserv&eacute; &agrave; l&rsquo;IMEC, revient longuement sur son go&ucirc;t tr&egrave;s pr&eacute;coce du th&eacute;&acirc;tre, ses premiers contacts avec le monde des coulisses, &laquo;&nbsp;l&rsquo;esprit de compromis&nbsp;&raquo;, voire &laquo;&nbsp;les bassesses indispensables&nbsp;&raquo; dont doit faire preuve un acteur ou un auteur qui a l&rsquo;ambition de r&eacute;ussir dans ce domaine, les &laquo;&nbsp;&eacute;checs ou demi-&eacute;checs&nbsp;&raquo; d&rsquo;un Roger Vitrac, d&rsquo;un Georges Neveux dans les ann&eacute;es vingt, abordant comme lui le th&eacute;&acirc;tre en po&egrave;tes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ces &eacute;checs ou demi-&eacute;checs (provisoires) m&rsquo;apprenaient malheureusement pour moi ce que j&rsquo;aurais d&ucirc; deviner depuis longtemps que le th&eacute;&acirc;tre en France est un commerce plus inqui&eacute;tant encore que les autres et que pour y r&eacute;ussir il faut accepter toutes les servitudes commerciales&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>.&nbsp;&raquo; On pourrait voir dans ces propos une variation sur le th&egrave;me du po&egrave;te rat&eacute;, posture qu&rsquo;il n&rsquo;a cess&eacute; de revendiquer au long de sa vie et encore dans l&rsquo;entretien-pr&eacute;face du recueil <em>Sans phrases</em> publi&eacute; en 1953, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque donc de son retour au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">J&rsquo;ai toujours &eacute;t&eacute; effray&eacute; par le succ&egrave;s parce que j&rsquo;en ai mesur&eacute; les cons&eacute;quences. Le succ&egrave;s corrode comme l&rsquo;acide &ndash;&nbsp;ou corrompt. Il y a une association pourriture-succ&egrave;s qu&rsquo;on est bien oblig&eacute; de d&eacute;noncer. Je crois aux rat&eacute;s, aux vrais. Les deux po&egrave;tes que j&rsquo;admire le plus, Isidore Ducasse et Arthur Rimbaud, furent des rat&eacute;s int&eacute;graux.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Et il ajoutait&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je sais que ce n&rsquo;est pas facile d&rsquo;&ecirc;tre un rat&eacute;, je sais que le succ&egrave;s est enivrant. [&hellip;] Mais je hais le succ&egrave;s. [&hellip;] je crois qu&rsquo;il faut &ecirc;tre d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment un rat&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;">Tout cela est plausible, mais ne peut faire oublier les d&eacute;marches tent&eacute;es pour &ecirc;tre jou&eacute; sur sc&egrave;ne&nbsp;: Soupault se tourne vers la radio parce que le th&eacute;&acirc;tre ne veut pas de lui, non parce qu&rsquo;il ne veut pas du th&eacute;&acirc;tre. Il ne veut pas de ses &laquo;&nbsp;servitudes commerciales&nbsp;&raquo;, mais cela ne l&rsquo;emp&ecirc;che pas d&rsquo;&eacute;crire avant la guerre une pi&egrave;ce pour Jouvet (<em>Pacifique</em>) ni de d&eacute;marcher apr&egrave;s la guerre quelques directeurs de th&eacute;&acirc;tre, dont son ami Marcel Herrand, en s&rsquo;appuyant sur quelques exemples de r&eacute;ussites inimaginables ou improbables &agrave; ses yeux, qui lui donnent espoir dans le contexte neuf de la Lib&eacute;ration&nbsp;: celui de Giraudoux dans les ann&eacute;es trente, celui d&rsquo;Anouilh, qui lui para&icirc;t miraculeux, ceux plus tard de Beckett et de Ionesco, m&eacute;rit&eacute;s mais partis sur des malentendus dit-il&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Peut-&ecirc;tre a-t-on l&agrave; aussi une raison pour laquelle Soupault a choisi de revenir au th&eacute;&acirc;tre par des pi&egrave;ces comiques, et m&ecirc;me d&rsquo;adopter, pour sa premi&egrave;re pi&egrave;ce d&rsquo;auteur, le titre aguicheur de <em>vaudeville.</em> Tout en d&eacute;valuant l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t du genre chez Labiche (compar&eacute; &agrave; la com&eacute;die de caract&egrave;res o&ugrave; s&rsquo;exprime son g&eacute;nie), n&rsquo;aurait-il pas quant &agrave; lui mis&eacute; <em>quand m&ecirc;me </em>sur l&rsquo;attraction de l&rsquo;&eacute;tiquette, la r&eacute;putation de divertissement facile et &laquo;&nbsp;grand public&nbsp;&raquo; du genre&nbsp;? Soupault n&rsquo;a pas, semble-t-il, abandonn&eacute; apr&egrave;s la guerre le d&eacute;sir d&rsquo;un succ&egrave;s populaire. Toutefois la concession ne vas pas jusqu&rsquo;&agrave; faire de <em>La Fille qui faisait des miracles</em> un pur vaudeville. D&rsquo;abord sans doute parce qu&rsquo;il ne peut pas se r&eacute;soudre &agrave; faire des &laquo;&nbsp;pi&egrave;ces commerciales&nbsp;&raquo;, comme il dit&nbsp;; mais aussi peut-&ecirc;tre parce que ce n&rsquo;est pas si facile, et que tout le monde ne peut pas &ecirc;tre Labiche, Achard ou Feydeau. Il en convient dans ses r&eacute;flexions de 1959&nbsp;: imiter Marcel Achard, Andr&eacute; Roussin, Marcel Aym&eacute;, F&eacute;licien Marceau, comme on le lui conseille quand il se plaint de son insucc&egrave;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;facile &agrave; dire&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>&nbsp;&raquo;. Ce sera finalement plus facile pour lui de conna&icirc;tre la r&eacute;ussite populaire comme producteur, avec Jean Chouquet, du <em>Th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;amuse</em> (1953-1956) et surtout de <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em> (1954-1956).</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="Conclusion">Conclusion</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Interrog&eacute; pourquoi il a arr&ecirc;t&eacute; d&rsquo;&eacute;crire des po&egrave;mes entre <em>Sans phrases</em> (1953) et les po&egrave;mes recueillis dans <em>Cr&eacute;puscules</em>, dat&eacute;s 1960-1971, Soupault renvoie &agrave; son activit&eacute; th&eacute;&acirc;trale&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cette activit&eacute; qu&rsquo;on conna&icirc;t mal, sauf heureusement &agrave; la radio, devrait, &agrave; mon avis, justifier le silence du po&egrave;te&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>.&nbsp;&raquo; Si l&rsquo;insolite est sa grande pr&eacute;occupation de po&egrave;te, alors en effet Soupault po&egrave;te continue dans ses pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre &agrave; vouloir sortir ses lecteurs et/ou son public de la routine, du banal, que ce soit avec le personnage insolite de P&acirc;querette dans sa premi&egrave;re pi&egrave;ce, ou avec une question insolite dans l&rsquo;avant-derni&egrave;re&nbsp;: ne sommes-nous pas tous fous&nbsp;?</p> <p style="text-align: justify;">Dans ce parcours th&eacute;&acirc;tral, Labiche s&rsquo;impose &agrave; lui comme un ma&icirc;tre et aussi comme un nouveau double apr&egrave;s tant d&rsquo;autres&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a> double, dans lequel il retrouve et projette son aspiration &agrave; la simplicit&eacute;&nbsp;: l&rsquo;homme est simple, son style est simple, son art, &laquo;&nbsp;d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment simplifi&eacute;&nbsp;&raquo; et de ce fait exemplaire (aisance, naturel, simplicit&eacute;), &laquo;&nbsp;est le plus simple&nbsp;&raquo; (ni placards, ni quiproquos, ni naissances cach&eacute;es, ni coups de th&eacute;&acirc;tre&hellip;)&nbsp;; ses personnages sont &laquo;&nbsp;des types tr&egrave;s simples&nbsp;&raquo; (&eacute;go&iuml;stes, vaniteux &laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;&eacute;tat pur&nbsp;&raquo;)&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>. Soupault aime cette simplicit&eacute; d&rsquo;existence, de style, d&rsquo;univers (un seul type, le bourgeois), la modestie de Labiche que le succ&egrave;s n&rsquo;a pas corrompue, et son regard cruel sur les bourgeois &ndash;&nbsp;qui d&eacute;testent tant les po&egrave;tes. Il aime aussi qu&rsquo;on ait m&eacute;connu ce Moli&egrave;re du XIXe si&egrave;cle et que son r&ocirc;le soit de le r&eacute;habiliter&nbsp;: au fond, c&rsquo;est un rat&eacute; comme il les aime, auquel la post&eacute;rit&eacute; va rendre justice, en partie par son interm&eacute;diaire&hellip;</p> <p style="text-align: justify;">Mais s&rsquo;il met les com&eacute;dies de Labiche plus haut que ses vaudevilles, Soupault garde visiblement un faible pour le vaudeville. Il en &eacute;crit deux dans la pure tradition de l&eacute;g&egrave;ret&eacute; du genre, le premier pour la sc&egrave;ne (<em>Charmant r&eacute;veillon</em>), le second pour la t&eacute;l&eacute;vision (<em>Le plus grand amour</em>). Il en donne deux autres &agrave; la radio, revus et adapt&eacute;s cette fois &agrave; ses pr&eacute;occupations de th&eacute;&acirc;tre po&eacute;tique (<em>La Fille qui faisait des miracles</em>) ou de th&eacute;&acirc;tre m&eacute;taphysique (<em>La Maison du bon repos</em>). Le vaudeville devient ainsi, de fa&ccedil;on surprenante mais explicable, la r&eacute;f&eacute;rence g&eacute;n&eacute;rique de deux de ses pi&egrave;ces les plus longues et les plus r&eacute;ussies, au d&eacute;but et &agrave; la fin de sa carri&egrave;re radiophonique d&rsquo;apr&egrave;s-guerre. Comme pour dire que, si le monde est plein de questions, il y a toujours place pour le rire.</p> <h3 style="text-align: justify;">Notes<br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai &eacute;t&eacute; le premier surpris quand je me suis rendu compte que cet auteur &eacute;tait l&rsquo;observateur le plus lucide de la classe dominante pendant le Second Empire, un observateur qui ne craignait pas d&rsquo;&ecirc;tre cruel, impitoyable m&ecirc;me, comme l&rsquo;avait &eacute;t&eacute; l&rsquo;auteur du <em>Bourgeois gentilhomme </em>et du <em>Malade imaginaire</em>.&nbsp;&raquo; (<em>Vingt mille et un jours</em>, p. 124).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Soupault, dit-il &agrave; Serge Fauchereau, retrouve dans les personnages de Labiche le milieu bourgeois de sa famille (<em>Vingt mille et un jours</em>, Paris, Belfond, 1980, p. 125).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> L&rsquo;essai est commenc&eacute; en prison &agrave; Tunis en 1942 et termin&eacute; &agrave; la lib&eacute;ration de Soupault &agrave; l&rsquo;automne de cette ann&eacute;e (<em>ibid</em>.). Sur la &laquo;&nbsp;d&eacute;couverte&nbsp;&raquo; de Labiche, v. aussi &laquo;&nbsp;Philippe Soupault se d&eacute;clare pour Labiche&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em> du 7 mars 1964 (interview par Th&eacute;r&egrave;se de Saint-Phalle).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Philippe Soupault, <em>Eug&egrave;ne Labiche, sa vie, son &oelig;uvre</em>, Paris, Mercure de France, 1964, p.&nbsp;162. Les caract&egrave;res &agrave; ses yeux les plus marquants, v&eacute;ritablement &laquo;&nbsp;aur&eacute;ol&eacute;s de comique&nbsp;&raquo;, sont Perrichon, C&eacute;limare, Chambourcy. Soupault module cependant le th&egrave;me &laquo;&nbsp;Labiche cr&eacute;ateur de types&nbsp;&raquo; en notant qu&rsquo;un Perrichon descend directement de Prudhomme et plus loin de M. Jourdain (p.&nbsp;171).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> <em>Id.</em>, p.&nbsp;125. Et encore&nbsp;: &laquo;&nbsp;La lecture de toutes ses pi&egrave;ces autorise [&hellip;] &agrave; &eacute;crire que l&rsquo;&eacute;tude des caract&egrave;res n&rsquo;est jamais sacrifi&eacute;e &agrave; la volont&eacute; de faire rire. Beaucoup d&rsquo;occasions se pr&eacute;sentent dans les aventures des individus qui permettraient de les rendre grotesques, plus ridicules encore&nbsp;; Labiche ne c&egrave;de pas &agrave; la tentation que les vaudevillistes acceptent toujours&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;144).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> <em>Id.</em>, p.&nbsp;180.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Pierre Voltz, &laquo;&nbsp;Le genre Labiche&nbsp;&raquo;, <em>Europe</em>, n&deg;786, octobre 1994, p.&nbsp;69. Le point important pour Soupault est que Labiche, tout en excellant dans le rythme de ses pi&egrave;ces, accorde plus d&rsquo;importance aux situations, et plus encore qu&rsquo;aux situations, &agrave; la peinture de caract&egrave;res (<em>Eug&egrave;ne Labiche, sa vie, son &oelig;uvre</em>, <em>op. cit.</em>, p. 142).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> Manuscrit conserv&eacute; au Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 3.8.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> Exception ou prolongation&nbsp;: la diffusion d&rsquo;une pi&egrave;ce d&rsquo;Anouilh apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1956, le 29 septembre, qui met un point final &agrave; la s&eacute;rie.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> Pr&eacute;face &agrave; la diffusion du <em>Mariage</em> de Gogol le 3 d&eacute;cembre 1953&nbsp;; pr&eacute;face &agrave; la diffusion de <em>Moi</em> de Labiche le 4 d&eacute;cembre 1954.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> Notons aussi l&rsquo;effort pour faire passer des auteurs tr&egrave;s contemporains&nbsp;: une &eacute;mission &laquo;&nbsp;Farces et attrapes&nbsp;&raquo; (1<sup>er</sup> avril 1954), propose aux auditeurs de la premi&egrave;re saison d&rsquo;&eacute;couter une salade de sketches, m&ecirc;lant Ionesco, Pr&eacute;vert et Queneau ou le duo Poiret/Serrault encore &agrave; ses d&eacute;buts, &agrave; des amuseurs et revuistes c&eacute;l&egrave;bres comme Raymond Souplex, Rip, Max R&eacute;gnier.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> V. la pr&eacute;face de Soupault &agrave; l&rsquo;&eacute;mission.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> Vaudevilles (en un acte), diffus&eacute;s le 3 d&eacute;cembre 1956&nbsp;: <em>Un jeune homme press&eacute; </em>(1848), <em>L&rsquo;affaire de la rue de Lourcines</em> (1857) et <em>La Main leste</em> (1867). Com&eacute;dies, diffus&eacute;es les 7 janvier, 6 mai et 4 d&eacute;cembre 1954&nbsp;: <em>Les 37 sous de M. Montaudouin</em> (1862, un acte), <em>C&eacute;limare le bien-aim&eacute; </em>(1863), &laquo;&nbsp;com&eacute;die-vaudeville&nbsp;&raquo; en trois actes et <em>Moi </em>(1864, trois actes). <em>Moi </em>est la premi&egrave;re &laquo;&nbsp;com&eacute;die&nbsp;&raquo; destin&eacute;e par Labiche &agrave; la Com&eacute;die-Fran&ccedil;aise, o&ugrave; elle ne connut qu&rsquo;un succ&egrave;s d&rsquo;estime. Soupault avait un faible pour elle.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> Soupault continue avec Labiche un type de s&eacute;rie critique inaugur&eacute; avec Musset en 1956-1957, pour le centenaire de sa mort. Cependant le rythme et la dur&eacute;e des &eacute;missions ne sont pas les m&ecirc;mes&nbsp;: la s&eacute;rie sur Musset est mensuelle et totalise neuf &eacute;missions d&rsquo;une heure incluant la diffusion d&rsquo;extraits de pi&egrave;ce, du 26 d&eacute;cembre 1956 au 16 octobre 1957&nbsp;; celle sur Labiche est hebdomadaire et totalise douze &eacute;missions de dix &agrave; quinze minutes, sans diffusion d&rsquo;extraits de pi&egrave;ce.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> Son pr&eacute;texte semble avoir &eacute;t&eacute; la reprise &agrave; la Com&eacute;die-Fran&ccedil;aise de deux pi&egrave;ces de Labiche. De m&ecirc;me en 1964, les rediffusions pr&eacute;c&egrave;dent et suivent la diffusion de la com&eacute;die <em>Moi</em> sur France Inter (12 mars 1964), jou&eacute;e par les Com&eacute;diens-Fran&ccedil;ais dans une mise en ondes de Jacques Reynier.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> France Culture, du 17 juillet au 25 septembre 1964.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> Ce &laquo;&nbsp;moment Labiche&nbsp;&raquo; a donc aussi une fonction promotionnelle du livre de Soupault, m&ecirc;me assez indirecte et finalement d&eacute;cevante (l&rsquo;ouvrage s&rsquo;est mal vendu).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Dans la version renomm&eacute;e &laquo;&nbsp;Th&eacute;&acirc;tre de Labiche&nbsp;&raquo;, &eacute;mission du 12 mai 1963.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> Neuf pi&egrave;ces y figurent (dont deux &agrave; deux reprises), ce qui est somme toute tr&egrave;s peu rapport&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;dition du <em>Th&eacute;&acirc;tre complet </em>en dix volumes (Calmann L&eacute;vy, 1878-1879) qu&rsquo;il avait en mains&nbsp;: <em>Un chapeau de paille d&lsquo;Italie</em>, com&eacute;die en cinq actes, le premier grand succ&egrave;s (1851) ; <em>Les 37 sous de M. Montaudouin</em>, com&eacute;die en un acte de 1862, &laquo;&nbsp;une des plus aim&eacute;es du public&nbsp;&raquo; selon Soupault ; <em>Le Voyage de Monsieur Perrichon</em> (1860), com&eacute;die en quatre actes&nbsp;; <em>La Poudre aux yeux</em> (1861), com&eacute;die en deux actes et <em>La grammaire</em>, com&eacute;die-vaudeville en un acte de 1867, les deux pi&egrave;ces pr&eacute;f&eacute;r&eacute;es des patronages&nbsp;; <em>La Cagnotte </em>(1863), com&eacute;die-vaudeville en cinq actes&nbsp;; <em>C&eacute;limare le bien-aim&eacute; </em>(1863), com&eacute;die-vaudeville en trois actes&nbsp;; <em>Le Misanthrope et l&rsquo;Auvergnat</em> (1852), com&eacute;die en un acte m&ecirc;l&eacute;e de couplets ; et pour finir <em>L&rsquo;Affaire de la rue de Lourcines</em> (1857), com&eacute;die en un acte. Soupault fait aussi lire dans la deuxi&egrave;me &eacute;mission des extraits de <em>La Cl&eacute; des champs</em> le seul roman de Labiche (1839).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> Soupault &eacute;vite <em>Les Trente millions de Gladiator</em>, &laquo;&nbsp;mis en sc&egrave;ne comme une farce&nbsp;&raquo; &agrave; la Com&eacute;die-Fran&ccedil;aise au d&eacute;but des ann&eacute;es 1960, mais s&rsquo;abstient aussi de donner des extraits de <em>Moi</em>, qui est sa com&eacute;die pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 4.1. Manuscrit de 73 ff.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> La pi&egrave;ce est pr&eacute;sent&eacute;e comme une &laquo;&nbsp;com&eacute;die en trois actes&nbsp;&raquo;, mais Soupault en parle fr&eacute;quemment ensuite comme d&rsquo;un vaudeville. Dans les entretiens avec Serge Fauchereau (<em>Vingt mille et un jours</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;114) et dans <em>&Agrave; vous de jouer&nbsp;! (</em>Lyon, Laffont, 1980, p.&nbsp;[13], il rappelle qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;origine le roman de Dosto&iuml;evski est lui-m&ecirc;me un &laquo;&nbsp;vaudeville transform&eacute; en roman &agrave; cause de la censure tsariste&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> Documents conserv&eacute;s au Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 6.14.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 9.35.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 8.4. La derni&egrave;re pi&egrave;ce diffus&eacute;e, <em>&Eacute;tranger dans la nuit</em>, est quant &agrave; elle une &laquo;&nbsp;tragi-com&eacute;die&nbsp;&raquo; en un acte (<em>&Agrave; vous de jouer&nbsp;!</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;155).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> Le recueil de 1980 place ainsi en t&ecirc;te la pi&egrave;ce <em>Rendez-vous</em>, &eacute;crite et diffus&eacute;e apr&egrave;s <em>La Fille qui faisait des miracles</em>, pour donner le ton.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 5.6. Pi&egrave;ce traduite en France sous les titres <em>La Provinciale</em>, ou <em>L&rsquo;&Eacute;pouse campagnarde</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 5.5. <em>Toujours tout de m&ecirc;me</em> est d&eacute;di&eacute; &laquo;&nbsp;&Agrave; la m&eacute;moire de Queneau, d&rsquo;Andr&eacute; Fr&eacute;d&eacute;rique et d&rsquo;Alphonse Allais&nbsp;&raquo;, <em>Comment allez-vous&nbsp;?</em> &laquo;&nbsp;&agrave; Ken Ritter, &agrave; Jean Tardieu, &agrave; Eug&egrave;ne Ionesco&nbsp;&raquo;. Les sayn&egrave;tes sont rang&eacute;es dans la m&ecirc;me chemise qu&rsquo;une version de <em>S&rsquo;il vous pla&icirc;t</em>, le sketch &eacute;crit avec Breton au d&eacute;but des ann&eacute;es Vingt.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> <em>Vingt mille et un jours</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;123.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> Soupault fait des vaudevilles en trois actes ou plus, au lieu de vaudevilles en un acte comme souvent chez Labiche&nbsp;: c&rsquo;est le format des grandes com&eacute;dies. Il y ajoute aussi un prologue, ce qui les rend plus s&eacute;rieux encore.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> Pierre Voltz, <em>art. cit.</em>, p.&nbsp;78.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> On ne retrouve pas non dans cette pi&egrave;ce l&rsquo;observation lucide d&rsquo;un milieu pr&eacute;sente dans les com&eacute;dies de caract&egrave;re de Labiche.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> Isabelle dans <em>Intermezzo, </em>Ondine dans la pi&egrave;ce du m&ecirc;me nom, Genevi&egrave;ve dans <em>Siegfried, </em>&Eacute;lectre dans la trag&eacute;die du m&ecirc;me nom&hellip; &nbsp;Jacqueline Ch&eacute;nieux-Gendron voit aussi dans P&acirc;querette un &laquo;&nbsp;personnage giralducien qui, telle l&rsquo;&Eacute;lectre de Giraudoux, laquelle choisit d&rsquo;&eacute;pouser le jardinier, choisit, elle, le chauffeur de taxi, Julien, plut&ocirc;t que de faire fortune gr&acirc;ce &agrave; ses dons&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;La voix de Soupault et l&rsquo;espace du th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, in <em>Patiences et silences de Philippe Soupault</em>, textes r&eacute;unis par Jacqueline Ch&eacute;nieux-Gendron, en collab. avec Myriam Bloed&eacute;, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2000 p. 115.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> <em>Vingt mille et un jours</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;224.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a> <em>Id.</em>, p.&nbsp;113.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> <em>Eug&egrave;ne Labiche, sa vie, son &oelig;uvre</em>, <em>op.</em><em> cit.</em>, p.&nbsp;162.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> <em>Vingt mille et un jours</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;224.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a> On peut cependant regretter le caract&egrave;re assez lourdement didactique que prennent les dialogues apr&egrave;s le retour du vrai m&eacute;decin, quand chaque pensionnaire est interrog&eacute; sur sa v&eacute;ritable identit&eacute; et la d&eacute;cline docilement pour l&rsquo;&eacute;dification des &eacute;tudiants et du public.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a> V. une lettre d&rsquo;auditeur conserv&eacute;e &agrave; l&rsquo;IMEC dans le dossier de la pi&egrave;ce (cote SPT 4.1), et le souvenir de Soupault dans ses entretiens avec S. Fauchereau.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a> <em>La fille qui fait des miracles,</em> Jacques Reynier (r&eacute;al.), France Culture, d&eacute;cembre 1977. Dactylographie du texte conserv&eacute;e au Bureau des manuscrits de Radio France, 88 f., cote R19919.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a> France Culture, mars 1992. Dactylographie du texte conserv&eacute;e au Bureau des manuscrits de Radio France, 88 f., cote R27843.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a> <em>&Agrave; vous de jouer&nbsp;!</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;164. On peut d&egrave;s lors se demander &agrave; qui l&rsquo;on doit les indications de dramaturgie sonore pr&eacute;sentes dans les trois premiers sketches de 1941-1942.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a> Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 3.8.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a> &laquo;&nbsp;Depuis que j&rsquo;ai commenc&eacute; &agrave; &eacute;crire, &agrave; me servir d&rsquo;une plume&hellip;&nbsp;&raquo; [1959], Fonds Soupault de l&rsquo;IMEC, cote SPT 9.37.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a> <em>Po&egrave;mes et po&eacute;sies</em>, Grasset, 1973, p.&nbsp;377-378. V. <em>Vingt mille et un jours</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;226&nbsp;: le rat&eacute; est celui &laquo;&nbsp;qui refuse les concessions. L&rsquo;ambition de la puret&eacute;&nbsp;&raquo;. Soupault aime en Labiche l&rsquo;auteur &agrave; succ&egrave;s malgr&eacute; lui en quelque sorte, du moins qui est rest&eacute; simple, modeste, humble en d&eacute;pit du succ&egrave;s.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a> &laquo;&nbsp;Depuis que j&rsquo;ai commenc&eacute; &agrave; &eacute;crire, &agrave; me servir d&rsquo;une plume&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>art. cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a> <em>Vingt mille et un jours</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;227.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a> V.&nbsp;Myriam Boucharenc, <em>L&rsquo;&eacute;chec et son double&nbsp;: Philippe Soupault romancier</em>, Paris, Champion, 1997.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a> <em>Eug&egrave;ne Labiche, sa vie, son &oelig;uvre</em>, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;145-146.</p> <h3><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;"><strong>Pierre-Marie H&eacute;ron</strong> est Professeur de Litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier et membre de l&rsquo;Institut universitaire de France. Il dirige &agrave; Montpellier le programme de recherche &laquo;&nbsp;Les &eacute;crivains et la radio en France (XXe-XXIe si&egrave;cles)&nbsp;&raquo;, dans le cadre duquel il organise colloques et journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tude et coordonne la publication d&rsquo;ouvrages sur le sujet. Derniers titres parus&nbsp;: <em>&Eacute;crivains au micro. Les entretiens-feuilletons &agrave; la radio fran&ccedil;aise dans les ann&eacute;es cinquante</em> aux PUR (2010) et <em>Jean Cocteau. Pratiques du m&eacute;dia radiophonique </em>chez Minard (2013). Il a aussi pilot&eacute; en 2012 la r&eacute;alisation du DVD-ROM et du site internet <em><a href="http://cocteau.biu-montpellier.fr" target="_blank">Jean Cocteau unique et multiple</a></em>.</p> <p style="text-align: justify;"><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>