<div class="entry-content"> <h3 style="text-align: justify;">Abstract</h3> <p>In 1952 Philippe Soupault, under the direction of novice broadcaster Jean Chouquet, inaugurated the short radio programme <em>Chansons d&rsquo;&eacute;crivains</em> at the Club d&rsquo;Essai. Wishing to reconcile public and poetry, the programme set to music various poems by Soupault from his collection <em>Chansons</em> (1949)<wbr />, as sung by different artistes working across a range of genres. In his own voice, the poet describes the history of each of the songs, which relate to memories of his early childhood. As he would confess thirty years later, this musical setting proved to be a disappointment to the poet, who could no longer discern the idiosyncratic rhythm of his creations and the sounds from childhood that inspired the poems. Notwithstanding the seeming variety of the poems and of the music chosen, the theme of death suffuses the programme, as it does the entire &oelig;uvre of the poet, even though the music of the words succeeds in defusing the horror.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p class="meta-tags">Philippe Soupault, Club d&rsquo;Essai, Chansons d&#39;&eacute;crivains, songs, death</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Dans cet article, nous allons nous pencher sur la participation de Soupault &agrave; un programme relativement bref du Club d&rsquo;Essai intitul&eacute; <em>Chansons d&rsquo;&eacute;crivains</em>, produit au d&eacute;but des ann&eacute;es 1950 en collaboration avec un r&eacute;alisateur d&eacute;butant dans le m&eacute;tier, Jean Chouquet. Que r&eacute;v&egrave;le-t-elle de son rapport &agrave; la po&eacute;sie&nbsp;? Qu&rsquo;apporte-t-elle&nbsp;&agrave;&nbsp;sa trajectoire de po&egrave;te&nbsp;? La s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;missions date de 1952&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. Le po&egrave;te est d&eacute;j&agrave; un familier des ondes depuis 1936, ann&eacute;e durant laquelle il s&rsquo;est vu confier une &eacute;mission litt&eacute;raire &agrave; Radio-Paris-PTT. Nomm&eacute; directeur de Radio-Tunis en 1938, poste qu&rsquo;il occupera jusqu&rsquo;en 1940&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, il est comme tant d&rsquo;autres &agrave; cette &eacute;poque s&eacute;duit par les possibilit&eacute;s de la mise en ondes et semble &agrave; son aise dans un monde radiophonique o&ugrave; il adoptera &agrave; peu pr&egrave;s tous les r&ocirc;les possibles au micro, en studio et dans les bureaux. Lui qui croyait &ecirc;tre un instrument de la po&eacute;sie, ne pouvait qu&rsquo;&ecirc;tre s&eacute;duit par cet &laquo;&nbsp;instrument merveilleux&nbsp;&raquo;, cet &laquo;&nbsp;&ecirc;tre presque fabuleux,&nbsp;sorte de personne dou&eacute;e d&rsquo;omnipr&eacute;sence et d&rsquo;omniscience, une g&eacute;ante aux cent bouches&nbsp;&raquo; (Tardieu&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>). Car la radio, &eacute;crivait-il en 1941, peut servir la po&eacute;sie, qui &laquo;&nbsp;doit nous &eacute;tonner, nous surprendre, nous saisir, s&rsquo;emparer de notre &ecirc;tre&nbsp;&raquo; et la po&eacute;sie peut &laquo;&nbsp;redonner &agrave; la radio et au cin&eacute;ma le pouvoir d&rsquo;exprimer la vie&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;. Dans les ann&eacute;es d&rsquo;apr&egrave;s-guerre pr&eacute;cis&eacute;ment, la radio redevient pour de nombreux po&egrave;tes le lieu de tous les possibles qu&rsquo;elle &eacute;tait d&eacute;j&agrave; pour plusieurs d&rsquo;entre eux dans les ann&eacute;es trente&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Et, tandis que les &eacute;missions de po&eacute;sie se multiplient sur les grandes cha&icirc;nes de la RDF, le Club d&rsquo;Essai, confi&eacute; en 1946 au po&egrave;te Jean Tardieu avec mission d&rsquo;en faire un espace de cr&eacute;ation et de recherche sur les possibilit&eacute;s artistiques du m&eacute;dium et d&rsquo;&laquo;&nbsp;amener avec tact et sans outrance, le plus grand nombre d&rsquo;auditeurs aux manifestations artistiques de haute qualit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo;, explore dans diverses directions les possibilit&eacute;s de po&eacute;sie qu&rsquo;offre la radio.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_Rencontre_avec_la_voix_de_Soupault">1. Rencontre avec la voix de Soupault</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">La s&eacute;rie qui nous int&eacute;resse est n&eacute;e d&rsquo;une rencontre&nbsp;: celle d&rsquo;un &laquo;&nbsp;jeune homme f&eacute;ru de po&eacute;sie et de radio&nbsp;&raquo;, Jean Chouquet, sortant &laquo;&nbsp;de Kh&acirc;gne et de la Sorbonne&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo;, avec la voix de Soupault. Un jour de 1950, alors qu&rsquo;il est assistant de Pierre Desgraupes pour l&rsquo;&eacute;mission <em>Le Journal des voyages</em> sur le Programme National, Chouquet &eacute;coute Soupault parler au micro de son voyage au Mexique, et tombe sous le charme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Quel s&eacute;ducteur&nbsp;!&nbsp;&raquo; Le po&egrave;te poss&egrave;de le don de se faire &eacute;couter, sa parole est &laquo;&nbsp;claire, vive&nbsp;&raquo;, il conna&icirc;t la valeur des espaces blancs et le poids du silence&nbsp;; de sa parole &laquo;&nbsp;surgissent les images&nbsp;&raquo;. Ses mots ouvrent les portes de l&rsquo;imagination &agrave; ceux qui l&rsquo;&eacute;coutent&nbsp;: il fait &laquo;&nbsp;voir le Mexique par l&rsquo;oreille (Mexico la nuit, les Mariachis, les pyramides azt&egrave;ques)&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo;. Il a compris le pouvoir d&rsquo;absence et de pr&eacute;sence que la radio donne aux voix&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>. &Agrave; la fin de l&rsquo;interview, Chouquet raconte qu&rsquo;il a &laquo;&nbsp;l&rsquo;audace&nbsp;&raquo; de rattraper Soupault dans l&rsquo;escalier et de lui proposer de transformer certains po&egrave;mes de son recueil r&eacute;cemment paru, <em>Chansons</em> (1949) en &laquo;&nbsp;chansons chant&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;accord est imm&eacute;diat, et c&rsquo;est ainsi que d&eacute;marre sous le titre <em>Chansons d&rsquo;&eacute;crivains</em>, avec le po&egrave;te et gr&acirc;ce &agrave; lui, la toute premi&egrave;re s&eacute;rie du jeune producteur.</p> <p style="text-align: justify;">Alors que les entretiens-feuilletons d&rsquo;&eacute;crivain se multiplient sur les ondes, c&rsquo;est un tout autre format que Chouquet imagine avec Soupault&nbsp;: pensant au succ&egrave;s rencontr&eacute; &agrave; Saint-Germain-des-Pr&eacute;s par les po&egrave;mes de Pr&eacute;vert mis en musique par Joseph Kosma ou Christiane Verger, il con&ccedil;oit une s&eacute;rie dans laquelle l&rsquo;auditeur d&eacute;couvre en compagnie de l&rsquo;auteur ses po&egrave;mes &laquo;&nbsp;m&eacute;tamorphos&eacute;s en chansons&nbsp;&raquo;. Pour Chouquet en effet, les po&egrave;mes-chansons de Soupault sont &laquo;&nbsp;faits pour &ecirc;tre chant&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;. La radio devient, dans cette s&eacute;rie, un espace o&ugrave; la po&eacute;sie peut retrouver ses origines musicales, o&ugrave; les po&egrave;mes de l&rsquo;&eacute;crivain peuvent r&eacute;cup&eacute;rer, peut-&ecirc;tre, quelque chose du caract&egrave;re populaire de toute chanson.</p> <p style="text-align: justify;">Or une chanson peut &ecirc;tre fredonn&eacute;e n&rsquo;importe quand, n&rsquo;importe o&ugrave; et par n&rsquo;importe qui, rappelle Soupault en 1952 dans l&rsquo;&eacute;mission <em>Paroles de France</em>, au micro de Georges Charbonnier&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Les chansons obtiennent souvent l&rsquo;unanimit&eacute;. J&rsquo;ai pu suivre le sillage d&rsquo;une chanson dans tous les pays que j&rsquo;ai visit&eacute;s depuis deux ans [&hellip;] &laquo;&nbsp;Lili Marl&egrave;ne&nbsp;&raquo;, les Anglais, les Am&eacute;ricains ont aussi chant&eacute; cette chanson qui venait de leurs ennemis&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Alors que les po&egrave;mes &laquo;&nbsp;exigent la r&eacute;flexion&nbsp;&raquo;, la chanson est pour Soupault &laquo;&nbsp;beaucoup plus imm&eacute;diatement acceptable&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est &laquo;&nbsp;une sorte de po&eacute;sie instantan&eacute;e et [&hellip;] il suffit qu&rsquo;on la mette en musique pour qu&rsquo;elle parvienne directement &agrave; l&rsquo;auditeur&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;&raquo;. Le jeune producteur est lui aussi sensible au pouvoir de ces airs qui se fredonnent &agrave; Berlin ou &agrave; Saint-Germain-des-Pr&eacute;s. La possibilit&eacute; de mise en musique de po&egrave;mes semble ainsi r&eacute;aliser un r&ecirc;ve partag&eacute; par l&rsquo;&eacute;crivain et son producteur, et bien typique de l&rsquo;apr&egrave;s-Lib&eacute;ration&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>, de rapprocher la po&eacute;sie du grand public. &Agrave; l&rsquo;encontre d&rsquo;autres programmes litt&eacute;raires de l&rsquo;&eacute;poque qui, d&rsquo;apr&egrave;s Chouquet, &laquo;&nbsp;appliquaient &agrave; la r&egrave;gle le diktat de Victor Hugo&nbsp;: &ldquo;Il est interdit de poser une note de musique le long de ses vers&rdquo;&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo;, les deux hommes construisent un univers o&ugrave; chanson et po&eacute;sie ne se tournent pas le dos. <em>Chansons d&rsquo;&eacute;crivains</em> pr&eacute;figure ainsi le programme de Soupault et Chouquet <em>Prenez garde &agrave; la po&eacute;sie</em> qui voit le jour deux ans plus tard avec comme objectif, pr&eacute;cis&eacute;ment, de &laquo;&nbsp;r&eacute;concilier le public et la po&eacute;sie trop souvent trait&eacute;e sous un jour aust&egrave;re et ennuyeux&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;&raquo;. Programme dans lequel la chanson aura de nouveau sa place.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_Musiquer_les_chansons_de_Soupault">2. Musiquer les &laquo;&nbsp;chansons&nbsp;&raquo; de Soupault</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Une cinquantaine de chansons ou chansonnettes rythment les six &eacute;missions de 20 minutes de la s&eacute;rie, diffus&eacute;es le dimanche du 30 mars au 4 mai 1952, entre 13h25 et 13h45. La vari&eacute;t&eacute; musicale, vocale et de styles, caract&eacute;rise le programme, qui a recours &agrave; diff&eacute;rents compositeurs comme Andr&eacute; Popp, Pierre Devevey ou Jean Wiener. Des po&egrave;mes choisis parmi les <em>Chansons</em> que Soupault avait publi&eacute;es en 1949 sont accompagn&eacute;s de musiques de l&rsquo;&eacute;poque&nbsp;: fox, be bop, slows, en alternance avec d&rsquo;autres musiques plus classiques ou traditionnelles comme la valse, la litanie ou la berceuse. Le tango, le paso doble, la polka ou la mazurka colorent certains po&egrave;mes de leurs sons venus d&rsquo;ailleurs. La voix du po&egrave;te dispara&icirc;t pour laisser place &agrave; celles d&rsquo;Aim&eacute; Doniat, Fabien Loris ou Mouloudji. Les voix de femmes (Marine-Jeanne Popp, Jeannette Pico ou Catherine Sauvage&hellip;) alternent avec des ch&oelig;urs d&rsquo;enfants. Les noms d&rsquo;artistes d&eacute;butants, inconnus se m&ecirc;lent &agrave; d&rsquo;autres noms c&eacute;l&egrave;bres ou qui le deviendront.</p> <p style="text-align: justify;">Au total, sur cinquante chansons enregistr&eacute;es, &laquo;&nbsp;une quinzaine furent vraiment r&eacute;ussies&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&raquo;, ce qui pour le producteur ne fut pas une mauvaise proportion. On comprend cependant que la r&eacute;alisation fut une entreprise de longue haleine ‒&nbsp;au point que deux autres s&eacute;ries seulement virent le jour, la premi&egrave;re autour de Raymond Queneau (autre po&egrave;te exclu du mouvement surr&eacute;aliste)&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>, la seconde autour du po&egrave;te espagnol Federico Garcia Lorca&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>. Quant &agrave; Soupault lui-m&ecirc;me, s&rsquo;il s&rsquo;est pr&ecirc;t&eacute; tr&egrave;s volontiers &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience, il semble bien, d&rsquo;apr&egrave;s des propos &agrave; Serge Fauchereau (pr&egrave;s de trente ans apr&egrave;s il est vrai), avoir &eacute;t&eacute; d&eacute;&ccedil;u du r&eacute;sultat&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais moi ces chansons mises en musique ne me plaisaient pas&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;">Comment expliquer un tel jugement&nbsp;? L&rsquo;exp&eacute;rience radiophonique de <em>Chansons d&rsquo;&eacute;crivains</em> d&eacute;voile, une fois de plus, l&rsquo;ambivalence du po&egrave;te face &agrave; la musique. Soupault auditeur radiophonique se distingue du po&egrave;te qui &eacute;crit sa propre musique, cr&eacute;e son propre rythme, cadence ses mots selon son esth&eacute;tique du son. Conscient du pouvoir de la musique qui parvient plus facilement au public et d&eacute;sireux de rapprocher l&rsquo;auditeur de la po&eacute;sie, il se d&eacute;couvre mal dispos&eacute; &agrave; entendre chanter ses propres mots par d&rsquo;autres. Il affirme ainsi &agrave; Georges Charbonnier dans l&rsquo;&eacute;mission <em>Paroles de France</em> d&eacute;j&agrave; cit&eacute;e&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Un po&egrave;me se lit, se dit ou se gueule et on essaye de comprendre. Par cons&eacute;quent, il a un pouvoir, un potentiel consid&eacute;rable. Une chanson &ccedil;a s&rsquo;accepte, &ccedil;a se fredonne, &ccedil;a se murmure. Mais c&rsquo;est accept&eacute; presque automatiquement &agrave; cause de l&rsquo;accompagnement. Et je dois dire que lorsque j&rsquo;entends les po&egrave;mes d&rsquo;Apollinaire r&eacute;cit&eacute;s, ils me semblent beaucoup plus forts que quand c&rsquo;est une chanson&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Mich&egrave;le&nbsp;Finck a montr&eacute; comment l&rsquo;&oelig;uvre de Soupault tient &agrave; la fois &laquo;&nbsp;d&rsquo;un salubre &ldquo;la musique ou comment s&rsquo;en d&eacute;barrasser&rdquo; et d&rsquo;un d&eacute;sir de trouver un nouvel accord avec l&rsquo;art sonore&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;&raquo;. Pour Claude Coste, &laquo;&nbsp;tout vient rappeler la pr&eacute;sence, tant&ocirc;t sourde, tant&ocirc;t &eacute;clatante de la musique&nbsp;; tout semble indiquer &eacute;galement que rien n&rsquo;est simple dans l&rsquo;univers sonore de Philippe Soupault&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. Les po&egrave;mes que Soupault nomme chansons, plus encore que ses autres textes, ont un rythme et une m&eacute;lodie qui leur sont propres. Aucune musique ne peut reproduire celle qu&rsquo;entend le po&egrave;te en &eacute;crivant. Lui qui &eacute;crit dans <em>Le Bon ap&ocirc;tre</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;aime les sons, c&rsquo;est mon myst&egrave;re&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;&raquo; et qui affirme en 1957 que la radio va &laquo;&nbsp;nous donner un monde nouveau, celui des sons&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;&raquo;, constate au fond que &laquo;&nbsp;cette fugitive musique que nous poursuivons, nous ne la d&eacute;couvrirons jamais&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">Ce qu&rsquo;on peut dire, c&rsquo;est que, pour Soupault, les musiques ajout&eacute;es &agrave; ses po&egrave;mes les popularisent, mais en fardant d&rsquo;un air parasite la musique de paroles des po&egrave;mes eux-m&ecirc;mes&nbsp;: &laquo;&nbsp;La musique farde mais les fait accepter. Il est certain qu&rsquo;une chanson presque tout le monde l&rsquo;accepte&nbsp;&raquo;, dit-il encore &agrave; Georges Charbonnier&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a><em>.</em> Les m&eacute;lodies compos&eacute;es par d&rsquo;autres alt&egrave;rent la musicalit&eacute; des mots du po&egrave;te, cassent le rythme de ses phrases. La musique propre &agrave; ses chansons est &eacute;touff&eacute;e. Les mots familiers, en revenant au po&egrave;te ainsi &laquo;&nbsp;fard&eacute;s&nbsp;&raquo;, lui deviennent m&eacute;connaissables, comme s&rsquo;ils ne lui appartenaient plus. Les mots incarn&eacute;s dans d&rsquo;autres voix le g&ecirc;nent parfois au plus haut point&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;avais &eacute;t&eacute; choqu&eacute; d&rsquo;entendre Eddie Constantine chanter ma chanson &ldquo;M&eacute;lancolie&rdquo;. Je me r&eacute;tractais&nbsp;&raquo;, confesse-t-il &agrave; Serge Fauchereau&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>. &laquo;&nbsp;Choqu&eacute;&nbsp;&raquo; t&eacute;moigne d&rsquo;un malaise profond, que traduit peut-&ecirc;tre le silence de sept ans qui suit la publication de son recueil <em>Sans phrases</em> un an plus tard (1953). L&rsquo;insaisissable Philippe Dada n&rsquo;entend-il plus la voix qui lui dicte ses po&egrave;mes depuis ce jour de 1917 o&ugrave; il &eacute;tait sur un lit d&rsquo;h&ocirc;pital militaire&nbsp;?</p> <p style="text-align: justify;">Mais &agrave; c&ocirc;t&eacute; des propos tenus &agrave; Serge Fauchereau, on peut en mettre d&rsquo;autres, plus ambigus, tenus &agrave; Claude Bonnefoy en 1976 dans l&rsquo;&eacute;mission <em>Un po&egrave;te vivant</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je relis rarement mes po&egrave;mes, mes chansons&hellip; surtout quand je les entends chanter, alors l&agrave; je suis &eacute;tonn&eacute; de voir que les chansons ont apport&eacute; quelque chose de plus &agrave; mes po&egrave;mes&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="3_Un_dialogue_du_poete_avec_lui-meme">3. Un dialogue du po&egrave;te avec lui-m&ecirc;me</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">En 1952, Soupault se pr&ecirc;te au jeu que lui propose Chouquet, qui est de tisser un texte autour de ces po&egrave;mes chant&eacute;s&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Vous allez parler &agrave; la premi&egrave;re personne. Vous allez dire &laquo;&nbsp;Je m&rsquo;appelle Philippe Soupault, je suis n&eacute; &agrave; Chaville&nbsp;&raquo;. Son &oelig;il s&rsquo;alluma. Ce fut le d&eacute;clic&hellip; Attention&nbsp;! Philippe n&rsquo;allait pas raconter l&rsquo;histoire, ni les histoires de sa vie, mais il allait analyser les &eacute;tats d&rsquo;&acirc;me qui l&rsquo;avaient invit&eacute; &agrave; &eacute;crire telle ou telle chanson et qui correspondaient aux sentiments qu&rsquo;il avait &eacute;prouv&eacute;s de sa premi&egrave;re enfance &agrave; l&rsquo;&acirc;ge m&ucirc;r&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Face au micro de la radio, &laquo;&nbsp;g&eacute;ante aux cent bouches&nbsp;&raquo; (Tardieu), le po&egrave;te raconte, sur le ton de la confidence et d&rsquo;une voix douce et pos&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>, non pas son histoire directement mais celle de ses chansons&hellip; qui n&rsquo;est autre que la sienne, l&rsquo;histoire de ses premi&egrave;res ann&eacute;es de vie&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je m&rsquo;appelle Philippe Soupault. Je suis n&eacute; &agrave; Chaville, Seine et Oise au milieu des arbres&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo;. Il part &agrave; la recherche de l&rsquo;origine de ses chansons afin de retrouver les sons, les bruits, les m&eacute;lodies qui les ont motiv&eacute;es&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ces chansons je crois qu&rsquo;avant de les &eacute;crire, je les ai entendues au cours de mes r&ecirc;veries, pendant mes r&ecirc;ves et mes songes&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;. Ce voyage dans le temps est celui d&rsquo;un po&egrave;te qui tente de retrouver l&rsquo;origine de son apprentissage des sons, des mots et de la vie comme il le d&eacute;clare en guise d&rsquo;introduction de la premi&egrave;re &eacute;mission de <em>Chansons d&rsquo;&eacute;crivains</em>&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Toutes les premi&egrave;res ann&eacute;es de mon enfance je les ai v&eacute;cues &agrave; Paris dans cette capitale du bruit o&ugrave; tous les sons, tous les cris, tous les tumultes ont une puissance presque douloureuse. Tous ces bruits forment le d&eacute;cor de mon enfance parisienne. Je n&rsquo;ai jamais pu les oublier. Ainsi les chansons que j&rsquo;ai &eacute;crites marquent pour moi les &eacute;tapes de ma vie d&rsquo;enfant <a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Ainsi se v&eacute;rifie tout de m&ecirc;me ce que Claude Debon &eacute;crit du passage de Queneau dans le m&ecirc;me programme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout se passe comme si la radio contraignait au d&eacute;voilement, couchait le questionn&eacute; en quelque sorte sur un invisible divan&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo;. Tissant l&rsquo;histoire de ses chansons comme pour redonner sens &agrave; ce que la musique masque, Soupault parle bien aussi de lui, m&ecirc;me s&rsquo;il dit ne pas aimer cela&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>. Dans cette s&eacute;rie, il se confesse et interpr&egrave;te ses po&egrave;mes d&rsquo;un m&ecirc;me jet&nbsp;; ses souvenirs se m&ecirc;lent &agrave; ses textes et les chansons &agrave; ses souvenirs. De ces vases communicants, coulent des personnages, imaginaires, litt&eacute;raires ou r&eacute;els, rarement nomm&eacute;s par leur nom&nbsp;: enfants, parents, amis, jeunes filles de Chantilly, r&eacute;mouleurs ou marchants d&rsquo;habits. &laquo;&nbsp;Dans ce monde, d&rsquo;&eacute;tranges personnages passent et repassent comme de petits fant&ocirc;mes, mais des fant&ocirc;mes qui sauraient chanter&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;">Si de temps &agrave; autre Soupault interpelle ses auditeurs anonymes, par exemple pour leur dire que son enfance &laquo;&nbsp;est aussi la [leur] car le monde des enfants est celui de tous les &ecirc;tres humains&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo;, ce qui s&rsquo;instaure au c&oelig;ur de cette lecture &agrave; haute voix, c&rsquo;est donc une sorte de dialogue entre lui et ses &laquo;&nbsp;chansons&nbsp;&raquo;&nbsp;: le po&egrave;te leur parle et les &eacute;coute. Il en r&eacute;cite aussi quelques-unes, sans que l&rsquo;auditeur s&rsquo;en aper&ccedil;oive, si ce n&rsquo;est par la gr&acirc;ce d&rsquo;un infime son de cloche annon&ccedil;ant le d&eacute;but et la fin de la lecture. Soupault dit en effet ses po&egrave;mes comme il parle, avec le m&ecirc;me souffle, le m&ecirc;me rythme, de sorte que leur m&eacute;lodie se m&ecirc;le parfaitement au rythme de sa narration que les chansons musiqu&eacute;es viennent rompre. Car plus encore que ses autres textes, les &laquo;&nbsp;chansons&nbsp;&raquo; de Soupault ont une m&eacute;lodie, un souffle, une cadence qui s&rsquo;inscrivent dans la continuit&eacute; de la parole du po&egrave;te. Nous suivons ici Meschonnic, pour qui Soupault &laquo;&nbsp;fait de ce qu&rsquo;il appelle chanson un rythme, une invention du sujet&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Le rythme est con&ccedil;u par lui intuitivement comme une organisation du sujet [&hellip;] Le rythme n&rsquo;est pas compris selon la m&eacute;canique m&eacute;trique mais selon une r&eacute;gie myst&eacute;rieuse du sujet, en termes d&rsquo;images et non en rupture mais en continuit&eacute; avec le &laquo;&nbsp;langage populaire&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le langage quotidien&nbsp;&raquo; <a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&eacute;cart entre les po&egrave;mes transform&eacute;s en chansons et les po&egrave;mes &laquo;&nbsp;parl&eacute;s&nbsp;&raquo; se r&eacute;v&egrave;le d&rsquo;autant plus grand&hellip;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="4_Chansons_denfance_et_de_mort">4. Chansons d&rsquo;enfance et de mort</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Les &laquo;&nbsp;chansons&nbsp;&raquo; dites ou musiqu&eacute;es dans la s&eacute;rie de 1952 reprennent des rengaines des ann&eacute;es o&ugrave; Soupault enfant apprend &agrave; parler et &agrave; aimer les mots, comme des bulles de savon. Tel l&rsquo;enfant qui r&eacute;p&egrave;te des mots pour se les approprier ou qui fredonne une comptine dans le noir pour se rassurer, le po&egrave;te compose ses propres ritournelles &agrave; partir de voix du pass&eacute; qu&rsquo;il entend de fa&ccedil;on presque obsessionnelle, et qui ne se taisent que lorsqu&rsquo;il les a &eacute;crites. Lors de cette exp&eacute;rience radiophonique, il entend ces phrases qui se r&eacute;p&egrave;tent au point de l&rsquo;agacer. Malgr&eacute; l&rsquo;apparente vari&eacute;t&eacute; des chansons choisies pour le programme, un signifiant ne cesse en effet de faire retour en ces ritournelles (comme dans son &oelig;uvre du reste)&nbsp;: ce quelque chose qui reste, qui se r&eacute;p&egrave;te, est de l&rsquo;ordre d&rsquo;un r&eacute;el qui r&eacute;siste, d&rsquo;un impossible &agrave; dire qui revient. C&rsquo;est, ici, &laquo;&nbsp;la mort qui guette ou r&ocirc;de [&hellip;] constamment pr&eacute;sente ou sous-jacente&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;&raquo;. Le mot &laquo;&nbsp;mort&nbsp;&raquo;, un des premiers que Soupault ait appris &laquo;&nbsp;parce qu&rsquo;on le pronon&ccedil;ait toujours tristement&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>&nbsp;&raquo;, fait retour d&rsquo;une &eacute;mission &agrave; l&rsquo;autre de <em>Chansons d&rsquo;&eacute;crivains</em>. Dans ces &laquo;&nbsp;chansons&nbsp;&raquo; d&rsquo;enfance, la mort est omnipr&eacute;sente. Elle ressemble aux jours de la semaine (&laquo;&nbsp;Les jours ont aussi des couronnes / comme les rois et comme les morts&nbsp;&raquo;)&nbsp;; elle habite l&rsquo;&acirc;me du po&egrave;te (&laquo;&nbsp;La mort dans l&rsquo;&acirc;me et ailleurs&nbsp;&raquo;). Elle provoque aussi le d&eacute;sir de vivre par l&rsquo;ombre de sa pr&eacute;sence (&laquo;&nbsp;d&eacute;p&ecirc;chez-vous la mort vous guette&nbsp;&raquo;).</p> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est d&rsquo;abord la d&eacute;couverte de la mort de l&rsquo;autre, celle d&rsquo;un marchand d&rsquo;habits &laquo;&nbsp;mort hier soir &agrave; Paris&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;ce marchant d&rsquo;habits dont le cri &eacute;tait si triste et qui &agrave; la lumi&egrave;re du souvenir allait devenir un fun&egrave;bre leitmotiv&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;&raquo;. Chez Soupault des &ecirc;tres meurent en emportant avec eux les bruits, les cris qui peuplent son imaginaire sonore. C&rsquo;est aussi la sienne, car la mort de l&rsquo;autre ‒&nbsp;cette absence, ce silence&nbsp;&ndash; devient par contagion la mort de soi&nbsp;: &laquo;&nbsp;Et nous r&ecirc;vions, et nous r&ecirc;vions nous les enfants qui grandissions. Nous r&ecirc;vions m&ecirc;me que nous mourrions&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>.&nbsp;&raquo; Dans cette sarabande fun&egrave;bre, les peurs de l&rsquo;enfant sont tourn&eacute;es en d&eacute;rision par la parole du po&egrave;te qui subvertit la forme traditionnelle du proverbe&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Quel est celui d&rsquo;entre nous<br /> qui mourra le premier [&hellip;]<br /> Rira bien qui mourra le dernier<br /> Tout sera &agrave; recommencer<br /> Mourra bien qui na&icirc;tra le premier<br /> Il faut quelqu&rsquo;un pour commencer&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Soupault d&eacute;samorce l&rsquo;horreur de sa &laquo;&nbsp;musique dr&ocirc;le&nbsp;&raquo; et de ses &laquo;&nbsp;sons rieurs&nbsp;&raquo; jouant de ce que &laquo;&nbsp;Jank&eacute;l&eacute;vitch nomme &agrave; propos de Satie la fonction &ldquo;d&eacute;sintoxicatrice&rdquo; du son&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">Le po&egrave;te des<em> Champs magn&eacute;tiques</em> c&eacute;l&eacute;brait le merveilleux comme voie d&rsquo;acc&egrave;s au surr&eacute;el, &agrave; ce &laquo; point de l&rsquo;esprit d&rsquo;o&ugrave; la vie et la mort, le r&eacute;el et l&rsquo;imaginaire, le pass&eacute; et le futur, le communicable et l&rsquo;incommunicable, le haut et le bas cessent d&rsquo;&ecirc;tre per&ccedil;us contradictoirement&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;. Avec la radio, l&rsquo;instrument merveilleux se manifeste de mani&egrave;re convaincante, d&eacute;rangeant le r&eacute;el qui ne cesse de s&rsquo;&eacute;crire et de faire retour&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les chansons sont des gouttes d&rsquo;or / dont le refrain est la mort&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <h3 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">Notes<br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> &laquo;&nbsp;Chansons d&rsquo;&eacute;crivains&nbsp;: Philippe Soupault&nbsp;&raquo;, six &eacute;missions dominicales, du 30 mars au 4 mai 1952, Club d&rsquo;Essai, 13h25-13h45.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> V. Amy Smiley, &laquo;&nbsp;Philippe Soupault, premier directeur de Radio-Tunis&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers d&rsquo;histoire de la radiodiffusion</em>, n&deg; 96, avril-juin 2008, p. 152-155 On trouve des documents sur cette p&eacute;riode dans le num&eacute;ro 1 des <em>Cahiers Philippe Soupault</em>, 1994.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Jean Tardieu, <em>Grandeurs et faiblesses de la Radio</em>, Paris, UNESCO, 1969, p.&nbsp;41. L&rsquo;ouvrage r&eacute;unit notamment, &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;autres signatures, divers textes du po&egrave;te r&eacute;fl&eacute;chissant aux relations entre la radio et les arts, sp&eacute;cialement la litt&eacute;rature.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Jean Chouquet, &laquo; Mes belles ann&eacute;es de Radio-Po&eacute;sie en compagnie de Philippe Soupault&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers Philippe Soupault</em>, 2, 1997, p.&nbsp;210.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> V. Pierre-Marie H&eacute;ron, &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie et radio en France au XXe si&egrave;cle. Rep&egrave;res et enjeux&nbsp;&raquo;, commmunication au colloque international &laquo;&nbsp;La po&eacute;sie hors le livre&nbsp;&raquo; (Paris, 16-18 octobre 2013), actes en pr&eacute;paration&nbsp;; C&eacute;line Pardo, <em>La po&eacute;sie hors du livre (1945-1965). Le po&egrave;me &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la radio et du disque</em>, Paris, PUPS, 2015.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> Jean Tardieu, in &Eacute;liane Clancier, <em>Le Club d&rsquo;Essai de la Radiodiffusion fran&ccedil;aise (1946-1960)</em>, m&eacute;moire de ma&icirc;trise en Histoire r&eacute;alis&eacute; sous la direction de Pascal Ory, Paris I, 2002, p.&nbsp;55.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Soupault l&rsquo;&eacute;l&eacute;phant&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers Philippe Soupault</em>, 1, 1994, p.&nbsp;25.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Mes belles ann&eacute;es&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>o</em><em>p. cit.</em>, p.&nbsp;191.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> &laquo;&nbsp;Il ne suffit pas de parler dans un micro, pour &ecirc;tre &eacute;cout&eacute;&nbsp;&raquo; (Baptiste Hupin et Anne-Catherine Simon, &laquo;&nbsp;Analyse pronostylistique du discours radiophonique&nbsp;&raquo;, <em>Recherches en communication, </em>n&deg;28, 2007, p.&nbsp;103).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Soupault l&rsquo;&eacute;l&eacute;phant&nbsp;&raquo;, <em>o</em><em>p. cit.</em>, p.&nbsp;25.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Mes belles ann&eacute;es&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>o</em><em>p. cit.</em>, p.&nbsp;192.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> Soupault, archive diffus&eacute;e dans &laquo;&nbsp;<em>Les Greniers de la m&eacute;moire</em>&nbsp;: Philippe Soupault, 2&egrave;me &eacute;mission&nbsp;&raquo;, Christine Amado (r&eacute;al.), France Musique, 3 janvier 2011.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> Soupault, archive diffus&eacute;e dans <em>Les Greniers de la m&eacute;moire</em>, <em>o</em><em>p. cit. </em>Le po&egrave;te, se souvient Chouquet, &laquo;&nbsp;adorait toutes les chansons, sauf les d&eacute;biles, les banales, les vulgaires&nbsp;&raquo; (Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Mes belles ann&eacute;es&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>o</em><em>p. cit.</em>, p.&nbsp;214). Plus g&eacute;n&eacute;ralement, Soupault, &agrave; la diff&eacute;rence de Breton, s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la musique. Son go&ucirc;t pour le jazz s&rsquo;exprime dans ses romans avec des personnages comme le musicien de jazz Edgar Manning dans <em>Le N&egrave;gre</em> ou le chanteur Ralph Putnam dans <em>Le Grand Homme</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> V. C&eacute;line Pardo, <em>La po&eacute;sie hors du livre (1945-1965)</em>, <em>op. cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Mes belles ann&eacute;es&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>o</em><em>p. cit.</em>, p.&nbsp;213.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> Roland Dhordain, <em>Le Roman de la radio de la TSF aux radios libres</em>, Paris, &Eacute;ditions de la Table ronde, 1983, p.&nbsp;144. V. dans ce dossier <a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-2/3116-vivre-la-poesie" target="_blank">l&rsquo;article </a>de C&eacute;line Pardo.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Mes belles ann&eacute;es&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>o</em><em>p. cit.</em>, p.&nbsp;196.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Six &eacute;missions du 16 novembre 1952 au 1<sup>er</sup> f&eacute;vrier 1953. Le texte des &eacute;missions a &eacute;t&eacute; publi&eacute; par Claude Rameil dans <em>La TSF de Raymond Queneau</em> (<em>Cahiers Raymond Queneau</em>, 1, 1997).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> Deux &eacute;missions, les 15 et 22 f&eacute;vrier 1953.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> Philippe Soupault, <em>Vingt mille et un jours</em>, entretiens avec Serge Fauchereau, Paris, Belfond, 1980, p.&nbsp;226.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Soupault, archive diffus&eacute;e dans <em>Les Greniers de la m&eacute;moire</em>, <em>o</em><em>p. cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> Michel Finck, &laquo;&nbsp;Esquisse d&rsquo;une po&eacute;tique du son&nbsp;&raquo;, in Jacqueline Ch&eacute;nieux-Gendron (dir.), <em>Patiences et silences de Philippe Soupault</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, p.&nbsp;270.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> Claude Coste, &laquo;&nbsp;La Musique dans la vie et l&rsquo;&oelig;uvre de Philippe Soupault&nbsp;&raquo;, in Myriam Boucharenc &amp; Claude Leroy (dir.), <em>Pr&eacute;sence de Philippe Soupault</em>, Caen, Presses universitaires de Caen, 1999, p.&nbsp;275.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> Philippe Soupault, <em>Le Bon Ap&ocirc;tre</em>, Paris, Lachenal &amp; Ritter, 1988, p.&nbsp;70.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> Philippe Soupault, &laquo;&nbsp;Un monde nouveau&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers d&rsquo;&Eacute;tudes de Radio-T&eacute;l&eacute;vision</em>, n&deg; 16, 1957, p.&nbsp;351-353.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> Philippe Soupault, <em>Le Bon Ap&ocirc;tre, op. cit.</em> p.&nbsp;115-116.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> Soupault, archive diffus&eacute;e dans <em>Les Greniers de la m&eacute;moire</em>, <em>o</em><em>p. cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> Philippe Soupault, <em>Vingt mille et un jours</em>, <em>o</em><em>p. cit</em>., p.&nbsp;226-227.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> Philippe Soupault, archive diffus&eacute;e dans <em>Les Greniers de la m&eacute;moire</em>, <em>o</em><em>p. cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> Jean Chouquet, &laquo;&nbsp;Mes belles ann&eacute;es&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>o</em><em>p. cit.</em>, p. 194. On retrouve dans un livre de Soupault bien post&eacute;rieur, <em>Apprendre &agrave; vivre</em> (1977), non seulement, comme on sait, des parties enti&egrave;res d&rsquo;<em>Histoire d&rsquo;un Blanc</em>, mais aussi certains passages de <em>Chansons d&acute;&eacute;crivains</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> Alors que l&rsquo;on c&eacute;l&egrave;bre &agrave; l&rsquo;&eacute;poque le naturel improvis&eacute; de Claudel &agrave; la radio, tr&egrave;s &eacute;loign&eacute; du d&eacute;bit contr&ocirc;l&eacute; de Cocteau, Soupault, le po&egrave;te de l&rsquo;&eacute;criture automatique, l&rsquo;ennemi de la rature, offre en 1952 une &eacute;mission o&ugrave; la spontan&eacute;it&eacute; du premier jet a disparu.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> D&eacute;but de la premi&egrave;re &eacute;mission.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> &Eacute;mission du 30 mars 1952.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> Claude Debon, &laquo;&nbsp;Petite radioscopie quenienne <em>&raquo;,</em> in Pierre-Marie H&eacute;ron (dir.), <em>La radio d&rsquo;art et d&rsquo;essai apr&egrave;s 1945, </em>Montpellier, Presses Universitaires de Montpellier, 2006, p.&nbsp;248.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a> &laquo;&nbsp;Me voil&agrave; arriv&eacute; au bout de mon rouleau, au bout de la bande magn&eacute;tophone et j&rsquo;avoue que j&rsquo;ai d&eacute;j&agrave; bien trop parl&eacute; de moi&nbsp;&raquo;, dit-il dans la derni&egrave;re &eacute;mission (4 mai 1952).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> &Eacute;mission du 30 mars 1952.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a> Henri Meschonnic, &laquo;&nbsp;Le Rythme de Philippe Soupault&nbsp;&raquo;, in&nbsp;<em>Portrait(s) de Philippe Soupault</em>, Mauricette Berne &amp; Jacqueline Ch&eacute;nieux-Gendron (dir.), Paris, Biblioth&egrave;que nationale de France, 1997, p.&nbsp;149.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a> <em>Id</em>., p.&nbsp;151.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a> &laquo;&nbsp;Mes belles ann&eacute;es&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>o</em><em>p. cit.</em>, p.&nbsp;192.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a> &Eacute;mission du 30 mars 1952.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a> Mich&egrave;le Finck, &laquo;&nbsp;Esquisse d&rsquo;une po&eacute;tique du son&nbsp;&raquo;, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;281.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a> Andr&eacute; Breton, &laquo;&nbsp;Second manifeste du surr&eacute;alisme&nbsp;&raquo; (1930), in <em>Manifestes du surr&eacute;alisme</em>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Folio Essais&nbsp;&raquo;, 1995, p.&nbsp;72-73.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a> Philippe Soupault, &laquo;&nbsp;Chanson des sourds-muets&nbsp;&raquo;, in <em>Georgia, Epitaphes, Chansons</em>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie/Gallimard&nbsp;&raquo;, 1984, p.&nbsp;243.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Autrice</span></h3> <p style="text-align: justify;"><strong>Myriam Mallart</strong> enseigne la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise et francophone &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Barcelone. Elle est sp&eacute;cialiste de Soupault auquel elle a consacr&eacute; sa th&egrave;se <em>Les figures de l&rsquo;autre chez Philippe Soupault. Une approche linguistique du discours po&eacute;tique</em> (universit&eacute; de Barcelone, 2005) et diff&eacute;rents articles&nbsp;: &laquo;&nbsp;Philippe Soupault et J.&nbsp;V.&nbsp;Foix&nbsp;: confluences&nbsp;&raquo; (2004), &laquo;&nbsp;Les Chansons de Philippe Soupault&nbsp;: forme po&eacute;tique ou mode d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;?&nbsp;&raquo; (2009), &laquo;&nbsp;Philippe Soupault&nbsp;: po&egrave;te de son temps, un &ldquo;temps tremblant comme la folie&rdquo;&nbsp;&raquo; (2010), &laquo;&nbsp;Formulettes et refrains (les chansons d&rsquo;enfance de Philippe Soupault)&nbsp;&raquo; (2012), &laquo;&nbsp;Un surr&eacute;aliste au temps de la R&eacute;volution Nationale &raquo; (2013).</p> <p style="text-align: justify;"><strong>Copyright</strong></p> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>