<div class="entry-content"> <h3 style="text-align: justify;">Abstract</h3> <p>With&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;trange aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>, Philippe Soupault seems to have taken on a paradoxical project : to adapt ballet for radio. What happens to a primarily corporeal, visual, non-verbal art form when it moves to the airwaves&nbsp;? How useful is the generic label &ldquo;radio ballet&rdquo;&nbsp;? We try to explore these issues by considering other works from the same period which belong to this category, as well as the poet&rsquo;s own writings on dance and ballet. Thus we try to understand what kind of performance space the &ldquo;radio ballet&rdquo; invents, and what kind of show it offers the listener.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p class="meta-tags">Soupault, radio, L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput, radiophonic ballet, dance</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Introduction<br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">La pi&egrave;ce radiophonique de Philippe Soupault intitul&eacute;e <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em> frappe par son sous-titre &agrave; l&rsquo;allure paradoxale&nbsp;: &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est en effet sous cette &eacute;tiquette qu&rsquo;elle est pr&eacute;sent&eacute;e en 1958 dans le cadre des <em>Soir&eacute;es de Paris&nbsp;</em><a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. On doit la r&eacute;alisation &agrave; Bronislav Horowicz, la musique &agrave; Serge Nigg, tandis que le texte est interpr&eacute;t&eacute; par Fran&ccedil;ois P&eacute;rier. La pi&egrave;ce remporte le prix Italia en 1959. L&rsquo;id&eacute;e de transposer un spectacle, c&rsquo;est-&agrave;-dire une repr&eacute;sentation visuelle, &agrave; la radio, m&eacute;dium du son et non de l&rsquo;image, est certes aussi celle du th&eacute;&acirc;tre radiophonique. Toutefois, l&agrave; o&ugrave; le terme &laquo;&nbsp;ballet&nbsp;&raquo; &eacute;tonne davantage, c&rsquo;est qu&rsquo;&agrave; la diff&eacute;rence du th&eacute;&acirc;tre, le ballet est traditionnellement une repr&eacute;sentation non verbale, qui, du moins dans son format traditionnel, transforme les mots du livret en mouvements dans&eacute;s, la trame dramatique en action chor&eacute;graphique. S&rsquo;il y a donc des mots &agrave; l&rsquo;origine du ballet, ils ne font pas partie, &agrave; proprement parler, de l&rsquo;&oelig;uvre chor&eacute;graphique. On lit les pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre, on lit plus rarement les livrets de ballet. L&rsquo;expression &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo; invite en cela &agrave; se demander ce que peut devenir sur les ondes un art avant tout corporel, visuel et non verbal.</p> <p style="text-align: justify;">Peut-on parler d&rsquo;un genre du ballet radiophonique&nbsp;? La question pourrait sembler incongrue, s&rsquo;il n&rsquo;existait un ensemble de textes &agrave; s&rsquo;inscrire dans cette cat&eacute;gorie. Citons <em>Le Joueur de fl&ucirc;te</em> (1956) sur un texte et une musique de Marius Constant&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;; <em>Ballet pour les oreilles</em> (1957) de Juan Pe&ntilde;alver&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, <em>Petit Drame &agrave; six instruments</em> d&rsquo;Alexandre Arnoux (1958)&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>, ou encore <em>La Femme t&ecirc;tue </em>de Jean Lescure (1959)&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Ces textes ont la particularit&eacute; de m&ecirc;ler r&eacute;cit, jeu th&eacute;&acirc;tral, musique et chants, mais le nombre de textes que nous avons pu comparer reste r&eacute;duit et marqu&eacute; par une h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; qui embarrasse pour parler de genre. &Agrave; cela s&rsquo;ajoute l&rsquo;instabilit&eacute; de la d&eacute;signation &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo;, qui, pour une m&ecirc;me &oelig;uvre, peut subir la concurrence d&rsquo;op&eacute;ra radiophonique<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a> ou d&rsquo;op&eacute;ra-ballet radiophonique<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>. C&rsquo;est notamment le cas du <em>Joueur de fl&ucirc;te </em>de Marius Constant<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Le <em>Gulliver</em> de Philippe Soupault semble donc bien difficile &agrave; classer. Non sans raison on l&rsquo;&eacute;voque parfois en m&ecirc;me temps que son th&eacute;&acirc;tre radiophonique, ou bien, eu &eacute;gard &agrave; la place faite au chant et &agrave; la musique, &agrave; l&rsquo;occasion d&rsquo;analyses sur ses incursions du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;op&eacute;ra&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>. On retient donc ce qui fait que ce texte hybride se rattache d&rsquo;une part au th&eacute;&acirc;tre, d&rsquo;autre part &agrave; l&rsquo;art lyrique. La question sera plut&ocirc;t pour nous d&rsquo;essayer de comprendre ce qu&rsquo;il peut y avoir de chor&eacute;graphique dans cette &oelig;uvre&nbsp;; nous ferons ainsi le pari que l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas une simple approximation. Un premier argument en faveur de cette lecture r&eacute;side dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que Soupault a manifest&eacute; pour l&rsquo;art de la danse.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_Soupault_le_ballet_et_la_danse">1. Soupault, le ballet et la danse</span><br /> &nbsp;</h2> <h3 style="text-align: justify;"><span id="11Les_attaques_contre_les_Ballets_russes">1.1.&nbsp;<strong>Les attaques contre les Ballets russes</strong></span></h3> <p style="text-align: justify;">Soupault a eu des mots durs contre le ballet. Il utilise notamment la rubrique &laquo;&nbsp;Spectacles&nbsp;&raquo; de <em>Litt&eacute;rature</em> pour tirer &agrave; boulets rouges sur les Ballets russes. <em>La Boutique fantasque</em>, un spectacle mont&eacute; en 1919 par la troupe de Diaghilev, le fait s&rsquo;exclamer&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Que d&rsquo;art&nbsp;! que d&rsquo;art&nbsp;! Et &ccedil;a va durer encore longtemps. Nous &eacute;touffions dans ce th&eacute;&acirc;tre. Jusqu&rsquo;au dernier accord, j&rsquo;esp&eacute;rais qu&rsquo;un spectateur allait se jeter d&rsquo;une galerie. On aurait vu du sang, je n&rsquo;ai vu que des sourires, et des sourires. Sur la sc&egrave;ne, on immolait Andr&eacute; Derain&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">En 1920, il s&rsquo;en prend au <em>B&oelig;uf sur le toit</em> de Cocteau, et &agrave; la musique de Milhaud, &laquo;&nbsp;triste comme un bonnet de nuit&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;. Ce que Claude Coste dit de la vie musicale de l&rsquo;entre-deux-guerres pourrait vraisemblablement s&rsquo;appliquer &agrave; l&rsquo;art chor&eacute;graphique et expliquer en partie la complexit&eacute; des rapports que Soupault a entretenus avec la musique comme avec la danse&nbsp;: &laquo;&nbsp;Contrairement &agrave; la litt&eacute;rature ou &agrave; la peinture, la vie musicale fran&ccedil;aise s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute;e en liaison &eacute;troite avec la mondanit&eacute;. Devant ce ph&eacute;nom&egrave;ne, la r&eacute;action d&rsquo;un Soupault, grand bourgeois r&eacute;volt&eacute;, ne pouvait &ecirc;tre que franchement hostile&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;">Son activit&eacute; critique en mati&egrave;re de danse reste tr&egrave;s li&eacute;e &agrave; des cibles sur lesquelles il ne cesse de revenir, que ce soit dans <em>Terpsichore</em> (1928), son essai consacr&eacute; &agrave; la danse, dans ses entretiens avec Serge Fauchereau ou dans ses souvenirs. Il semble avoir &agrave; c&oelig;ur d&rsquo;affirmer et de justifier son rejet d&rsquo;une entreprise bourgeoise, mondaine, entach&eacute;e par la qu&ecirc;te du profit et propice &agrave; toutes les compromissions. Toutes ces tares &eacute;tant incarn&eacute;es par Jean Cocteau, qu&rsquo;il a ha&iuml; avec une constance remarquable. D&egrave;s lors il est permis de s&rsquo;interroger&nbsp;: les textes de Soupault sont-ils le reflet d&rsquo;une v&eacute;ritable pens&eacute;e sur la danse, ou bien le lieu d&rsquo;un r&egrave;glement de compte&nbsp;?</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="12_Le_refus_de_la_scene_de_theatre_danse_versus_ballet">1.2. Le refus de la sc&egrave;ne de th&eacute;&acirc;tre&nbsp;: danse <em>versus </em>ballet</span></h3> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;essai consacr&eacute; par Soupault &agrave; la danse, parce qu&rsquo;il ne se contente pas de fustiger le ballet de son temps, invite &agrave; approfondir la question. Dans ses entretiens avec Serge Fauchereau, Soupault &eacute;voque le contexte de cette publication&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">J&rsquo;ai d&rsquo;abord &eacute;t&eacute; int&eacute;ress&eacute; par ce qu&rsquo;on appelle les danses folkloriques, alors que je n&rsquo;aimais pas les ballets (ceux que j&rsquo;avais vus au th&eacute;&acirc;tre du Ch&acirc;telet) parce qu&rsquo;ils me semblaient artificiels et ennuyeux. Mais c&rsquo;est surtout quand je fr&eacute;quentais les Noirs am&eacute;ricains que je me suis int&eacute;ress&eacute; &agrave; la danse. Presque &agrave; la m&ecirc;me &eacute;poque, j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; s&eacute;duit par la danse d&rsquo;Isadora Duncan. Lorsque mon ami Jean Pr&eacute;vost qui dirigeait une collection intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Les neuf muses&nbsp;&raquo; m&rsquo;a demand&eacute; d&rsquo;y collaborer, j&rsquo;ai choisi la muse de la danse et commenc&eacute; &agrave; &eacute;crire l&rsquo;essai intitul&eacute; <em>Terpsichore</em>. Deux parties&nbsp;: d&rsquo;abord louange de la danse spontan&eacute;e de mes amis noirs et d&rsquo;Isadora Duncan, puis une critique s&eacute;v&egrave;re des ballets russes de Diaghilev dont j&rsquo;avais d&rsquo;abord aim&eacute; les <em>Danses du prince Igor</em> mais qui peu &agrave; peu &eacute;taient devenus une entreprise de spectacles pour le Tout-Paris snob, bien entendu inspir&eacute;e par Cocteau. C&rsquo;est tout dire&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Soupault oppose ici le genre artificiel du ballet &agrave; la danse (pr&eacute;tendument) naturelle d&rsquo;Isadora Duncan, ou &agrave; celle qui se pratique en marge des espaces de repr&eacute;sentation institutionnels, comme c&rsquo;est alors le cas de la danse jazz. Soupault s&rsquo;int&eacute;resse plus largement, il le pr&eacute;cise, aux danses folkloriques, aux danses populaires, autrement dit aux danses qui ne sont pas sc&eacute;niques mais sociales. En cela, le refus du ballet semble se confondre avec le refus de la composition chor&eacute;graphique. Dans <em>Terpsichore</em>, Soupault se d&eacute;crit ainsi fascin&eacute; par une jeune fille qui danse dans une &eacute;glise&nbsp;: &laquo;&nbsp;Sa danse fr&eacute;n&eacute;tique &eacute;tait pure et belle parce qu&rsquo;elle ne voulait pas &eacute;tonner mais avant tout aimer&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>.&nbsp;&raquo; Il faut sans doute voir ici une allusion &agrave; la c&eacute;l&egrave;bre injonction (&laquo;&nbsp;&Eacute;tonne-moi&nbsp;&raquo;) que Diaghilev adresse &agrave; Cocteau. Sous la plume de Soupault, l&rsquo;intention d&rsquo;&eacute;tonner renvoie &agrave; une construction factice, alors que la danse qui l&rsquo;&eacute;meut est tout enti&egrave;re du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;improvisation, de la spontan&eacute;it&eacute;, d&rsquo;un art qui ne chercherait pas &agrave; ma&icirc;triser ses effets. Soupault consid&egrave;re ainsi que &laquo;&nbsp;la chor&eacute;graphie a&nbsp;probablement &eacute;t&eacute; [pour la danse] une de ses pires ennemies. On peut noter la musique, on peut et on doit &eacute;crire la po&eacute;sie, mais la danse pas plus que le chant ne permet qu&rsquo;on le fixe&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>.&nbsp;&raquo; Claude Coste &eacute;tablit un parall&egrave;le int&eacute;ressant entre les id&eacute;es de Soupault sur la danse et ses conceptions litt&eacute;raires&nbsp;: &laquo;&nbsp;Soupault retrouve aux sources de la danse la m&ecirc;me passion qui anime l&rsquo;&eacute;criture automatique&nbsp;: m&ecirc;me d&eacute;sir de parcourir l&rsquo;espace, de vivre et d&rsquo;&eacute;crire en direct, sans brouillon, au plus pr&egrave;s de la spontan&eacute;it&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>.&nbsp;&raquo; Le po&egrave;te semble donc &eacute;tablir une nette distinction entre la danse et le ballet, au d&eacute;triment de ce dernier qu&rsquo;il situe du c&ocirc;t&eacute; de la repr&eacute;sentation, de la sc&egrave;ne et donc de l&rsquo;artifice.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="13Ballet_a_la_radio_ballet_a_la_television_des_projets_populaires">1.3.&nbsp;<strong>Ballet &agrave; la radio, ballet &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision&nbsp;: des projets populaires&nbsp;?</strong></span></h3> <p style="text-align: justify;">Que le ballet radiophonique puisse &ecirc;tre pour Soupault un moyen de dire &laquo;&nbsp;oui&nbsp;&raquo; &agrave; la danse, mais &laquo;&nbsp;non&nbsp;&raquo; &agrave; la sc&egrave;ne, trouve peut-&ecirc;tre une confirmation dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;il porte aux m&eacute;dia radiophonique et t&eacute;l&eacute;visuel. On pense notamment &agrave; son op&eacute;ra-ballet pour la t&eacute;l&eacute;vision, <em>La Nuit du temps</em>, diffus&eacute; en 1962&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>. Et surtout &agrave; un autre projet, rest&eacute; inabouti, mais qui se pr&eacute;sente comme un projet de ballet t&eacute;l&eacute;visuel. Le titre de ce qui s&rsquo;apparente &agrave; une premi&egrave;re version, <em>Les Sons et les couleurs&nbsp;</em><a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>,&nbsp;devient par la suite <em>Correspondances&nbsp;</em><a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a><em>&nbsp;</em>; un extrait du po&egrave;me de Baudelaire plac&eacute; en &eacute;pigraphe (&laquo;&nbsp;&hellip; Les couleurs et les sons se r&eacute;pondent&nbsp;&raquo;) rend explicite la r&eacute;f&eacute;rence et t&eacute;moigne une fois de plus du go&ucirc;t de Soupault pour l&rsquo;adaptation des &oelig;uvres des autres&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>. L&rsquo;argument du ballet, dont voici un extrait, liste les entr&eacute;es et sorties des danseurs&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">1) Rideau arc en ciel<br /> (ouverture musicale)<br /> 2) Lever du rideau<br /> Fond gris<br /> 3) Entr&eacute;e des danseurs bleus<br /> (3 ou 6 danseurs en collant bleu, tr&egrave;s bleu)<br /> Th&egrave;me du bleu pour la musique<br /> Danse des danseurs bleus<br /> 4) Les danseurs bleus s&rsquo;effacent<br /> 5) Entr&eacute;e des danseurs (ou danseuses) jaunes<br /> Th&egrave;me du jaune pour la musique<br /> Danse des danseurs jaunes<br /> 6) Les danseurs jaunes s&rsquo;effacent<br /> 7) Entr&eacute;e des danseurs rouges<br /> Th&egrave;me du rouge pour la musique<br /> 8) Les danseurs bleus et les danseurs jaunes se m&ecirc;lent aux danseurs rouges&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">On constate au passage que ce livret est fort &eacute;loign&eacute; du ballet radiophonique <em>Gulliver&nbsp;</em>: le texte n&rsquo;est pas narratif, mais&nbsp;rel&egrave;ve plut&ocirc;t du plan de mise en sc&egrave;ne, signalant les passages en sc&egrave;ne de diff&eacute;rents groupes de danseurs, qui ne semblent pas r&eacute;pondre &agrave; une n&eacute;cessit&eacute; dramatique. Ce texte programme un ballet abstrait, fond&eacute; sur la composition spatiale et les associations optiques de couleurs. Soupault donne ainsi l&rsquo;impression de tenir compte de la sp&eacute;cificit&eacute; du m&eacute;dium et de ses potentialit&eacute;s visuelles.</p> <p style="text-align: justify;">De fait, le ballet t&eacute;l&eacute;visuel d&eacute;tourne certes le ballet de la sc&egrave;ne mais aboutit &agrave; un objet moins paradoxal que le ballet radiophonique. La t&eacute;l&eacute;vision est en effet un m&eacute;dium de l&rsquo;image qui, comme la sc&egrave;ne, sollicite la vue. Le point commun avec la radio se situe par contre dans sa dimension populaire. La radio comme la t&eacute;l&eacute;vision peuvent pr&eacute;tendre importer le ballet chez l&rsquo;auditeur ou chez le t&eacute;l&eacute;spectateur, et constituer un antidote au cadre bourgeois de la sc&egrave;ne de th&eacute;&acirc;tre.</p> <p style="text-align: justify;">En cela, le rapport de Soupault &agrave; la danse n&rsquo;est peut-&ecirc;tre pas sans lien avec celui d&rsquo;Aragon. Le condisciple de Breton a conspu&eacute; l&rsquo;art du ballet, participant au sein du groupe surr&eacute;aliste au sabotage de plusieurs repr&eacute;sentations&nbsp;: <em>Mercure</em> en 1924, contre Satie&nbsp;; <em>Rom&eacute;o et Juliette</em> en 1926, contre Mir&ograve; et Ernst. Et pourtant, il adapte pour la radio un livret de ballet de Descartes, <em>La Naissance de la paix</em>,<em>&nbsp;</em>en 1937&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>. Adapter un ballet du xvii<sup>e</sup> si&egrave;cle pour la radio, c&rsquo;est se placer &agrave; distance du genre du ballet, en refusant le dispositif sc&eacute;nique&nbsp;; c&rsquo;est &eacute;galement se placer &agrave; distance des formes contemporaines du ballet, car le ballet de cour appartient &agrave; l&rsquo;histoire de la danse et ne produit alors plus d&rsquo;&oelig;uvres sc&eacute;niques. Mais Soupault d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on va plus loin&nbsp;car, &agrave; la diff&eacute;rence d&rsquo;Aragon, il n&rsquo;adapte pas un texte d&eacute;j&agrave; &eacute;crit pour le ballet&nbsp;: son intention, ainsi que l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo;, se laissent plus difficilement interpr&eacute;ter.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_Ce_quil_reste_du_ballet_a_la_radio_une_action_racontee_en_musique">2. Ce qu&rsquo;il reste du ballet &agrave; la radio&nbsp;: une action racont&eacute;e en musique</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">La premi&egrave;re hypoth&egrave;se consiste &agrave; consid&eacute;rer que le mot &laquo;&nbsp;ballet&nbsp;&raquo; serait l&agrave;, non pour d&eacute;signer le spectacle sc&eacute;nique du ballet et annoncer un audacieux travail de transposition, mais pour souligner la pr&eacute;sence marqu&eacute;e, dans cette pi&egrave;ce radiophonique, de certaines composantes du ballet&nbsp;: non pas la sc&egrave;ne, non pas la danse, mais le livret de ballet et la musique.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="21_Entre_jeu_et_recit">2.1. Entre jeu et r&eacute;cit</span></h3> <p style="text-align: justify;">On peut relever une affinit&eacute; entre le <em>Gulliver</em> de Swift revu par Soupault et l&rsquo;univers du ballet. Traditionnellement, le ballet puise volontiers ses sujets dans la litt&eacute;rature merveilleuse. Claude Coste observe d&rsquo;ailleurs que Soupault dans son adaptation a gomm&eacute; la dimension satirique du texte pour ne retenir &laquo;&nbsp;qu&rsquo;une belle histoire &agrave; raconter&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;atmosph&egrave;re est en effet celle du conte et du &laquo;&nbsp;il &eacute;tait une fois&nbsp;&raquo;, tandis que le jeu des acteurs est appuy&eacute;, le ton na&iuml;f. En cela, la pi&egrave;ce rappelle le go&ucirc;t de Soupault pour l&rsquo;enfance&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Mais plus encore que l&rsquo;<em>inventio</em>, la <em>dispositio </em>de <em>Gulliver</em> m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;tudi&eacute;e de pr&egrave;s. Le th&eacute;&acirc;tre radiophonique suppose la pr&eacute;sence de dialogues, &eacute;ventuellement associ&eacute;s &agrave; des didascalies lues&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>, tandis que le &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo; pourrait permettre, en r&eacute;f&eacute;rence au livret de ballet, de d&eacute;signer une forme narrative, ou une forme hybride, &agrave; mi-chemin entre le th&eacute;&acirc;tre et le r&eacute;cit. Comme le souligne H&eacute;l&egrave;ne Laplace-Claverie, le livret de ballet comporte deux niveaux&nbsp;d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">[&hellip;] un niveau proprement didascalique, relatif aux conditions mat&eacute;rielles de la repr&eacute;sentation, et un niveau non didascalique en d&eacute;pit des apparences, relatif &agrave; <em>l&rsquo;action</em> proprement dite et &agrave; sa description&nbsp;; ce deuxi&egrave;me niveau narrativo-descriptif correspondant &agrave; la partie dialogu&eacute;e dans un texte de th&eacute;&acirc;tre ordinaire&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La dimension narrative domine en effet dans les quelques ballets radiophoniques de la m&ecirc;me &eacute;poque que nous avons pu &eacute;couter. Dans <em>Le Joueur de fl&ucirc;te</em>, c&rsquo;est une voix d&rsquo;enfant qui raconte&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>. Il n&rsquo;y a pas de dialogues et le seul &eacute;l&eacute;ment de discours direct correspond au discours du gouverneur interpr&eacute;t&eacute; par cette m&ecirc;me voix d&rsquo;enfant. Les autres voix du ballet chantent des airs, la plupart du temps sans paroles. Dans <em>Petit Drame &agrave; six instruments</em>, l&rsquo;action est racont&eacute;e, les paroles tant&ocirc;t rapport&eacute;es et int&eacute;gr&eacute;es &agrave; un r&eacute;cit, tant&ocirc;t jou&eacute;es par un r&eacute;citant&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>. Enfin, dans son <em>Ballet pour les oreilles</em>, Juan Pe&ntilde;alver adopte une forme mixte. On distingue des instances narratives qui d&eacute;crivent et racontent le ballet, mais la parole est aussi confi&eacute;e &agrave; des protagonistes (la Neige, le Soleil, la Mort) qui monologuent ou dialoguent entre eux&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Dans <em>Gulliver</em>, la forme choisie est elle aussi complexe. Le h&eacute;ros nous conte son aventure pass&eacute;e, mais en revivant l&rsquo;action au pr&eacute;sent&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Ce qu&rsquo;il advint de mes cinq compagnons, je ne saurais le dire, mais je pense qu&rsquo;ils p&eacute;rirent tous. Quant &agrave; moi, je nageai au hasard, pouss&eacute; par le vent et la mar&eacute;e. Je r&eacute;ussis enfin &agrave; aborder sur une grande plage, et je marchai quelque temps. Mais j&rsquo;&eacute;tais si las, que je m&rsquo;&eacute;tendis sur l&rsquo;herbe, au pied d&rsquo;un arbre, et que je m&rsquo;endormis profond&eacute;ment&hellip;<br /> <em>Musique. </em>(<em>Interlude musical &mdash; Le sommeil de </em>Gulliver)<br /> Gulliver <em>(baille)</em><br /> [parl&eacute;]<br /> Quel beau temps&nbsp;! O&ugrave; suis-je&nbsp;? Que se passe-t-il&nbsp;? Je ne peux m&ecirc;me pas lever le bras, ni les jambes, ni la t&ecirc;te&nbsp;!&hellip; ni le petit doigt&hellip; Je suis paralys&eacute;&hellip; Mais ma parole&nbsp;! on m&rsquo;a ligot&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp;!</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Le r&eacute;cit prend ainsi la forme d&rsquo;un long monologue qui par ses descriptions joue aussi un r&ocirc;le didascalique&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Mais ce ne sont pas des fourmis, ce sont des petits soldats, pas plus grands que des petits soldats de plomb&nbsp;! Ils s&rsquo;approchent de mon menton&nbsp;! Ils vont atteindre mes yeux&nbsp;!&hellip;<br /> (<em>Cris des petits soldats lilliputiens qui s&rsquo;ach&egrave;vent comme une charge. &mdash;&nbsp;Trompettes. Roulements de tambour.</em>)<br /> Ils se lancent &agrave; l&rsquo;assaut&nbsp;! Ils tirent leurs arcs. Et je ne peux pas bouger&nbsp;! Oh&nbsp;! mais cela pique &nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&hellip;</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La communication s&rsquo;av&eacute;rant difficile avec les Lilliputiens, le dialogue est quasiment absent du livret, si ce n&rsquo;est &agrave; la fin&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">(<em>Magn&eacute;tophone</em>)&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a><em>.</em><br /> &laquo;&nbsp;L&rsquo;empereur souhaite vous charger d&rsquo;une mission d&rsquo;une importance consid&eacute;rable. Il esp&egrave;re que vous accepterez&nbsp;&raquo;<br /> Gulliver<br /> Comment pourrais-je refuser &agrave; l&rsquo;empereur, dont l&rsquo;hospitalit&eacute; m&rsquo;a charm&eacute;, de me charger de cette mission&nbsp;?<br /> Le petit homme court vers l&rsquo;empereur, qui a l&rsquo;air enchant&eacute; de ma r&eacute;ponse. Le petit homme vient vers moi, grimpe sur mon visage et s&rsquo;assoit dans le creux de mon oreille. De quoi s&rsquo;agit-il&nbsp;?<br /> (<em>Discours de l&rsquo;envoy&eacute; du Roi</em>)<br /> &laquo;&nbsp;L&rsquo;empire de Lilliput est menac&eacute; par son ennemi h&eacute;r&eacute;ditaire, l&rsquo;empire de Blefuscu. Une guerre sanglante divise ces deux empires depuis trois cent trente saisons. Au cours de trois batailles, Lilliput a perdu quarante vaisseaux de ligne. Les pertes de l&rsquo;ennemi sont, heureusement, encore plus consid&eacute;rables. N&eacute;anmoins, ils ont &eacute;quip&eacute; une nombreuse flotte et se pr&eacute;parent &agrave; faire une descente sur les rivages de Lilliput. Sa Majest&eacute; Imp&eacute;riale, confiante en votre courage et en votre force, souhaite que vous d&eacute;truisiez la flotte de ses ennemis&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est donc la parole de Gulliver qui domine et remplit plusieurs fonctions&nbsp;: monologue int&eacute;rieur, discours direct adress&eacute; aux Lilliputiens (dans le cadre d&rsquo;un dialogue mais qui reste &agrave; sens unique jusqu&rsquo;&agrave; ce que Gulliver leur enseigne sa langue), r&eacute;cit et description.</p> <p style="text-align: justify;">Les diff&eacute;rents brouillons mettent en &eacute;vidence une th&eacute;&acirc;tralisation du texte. Tandis que les premi&egrave;res versions se signalent par l&rsquo;importance accord&eacute;e &agrave; la description et &agrave; la narration, le dialogue occupe plus de place dans la derni&egrave;re version. Tout se passe comme si, d&rsquo;un texte qui aurait pu faire office de livret de ballet, on &eacute;voluait vers une forme plus propice &agrave; une interpr&eacute;tation radiophonique. Ainsi, dans les premi&egrave;res versions, l&rsquo;&eacute;change entre Gulliver et l&rsquo;envoy&eacute; du Roi que nous venons de citer&nbsp;se r&eacute;sumait &agrave; deux phrases&nbsp;: &laquo;&nbsp;D&egrave;s que le ballet est termin&eacute;, l&rsquo;empereur envoie un messager &agrave; Gulliver pour lui demander son aide contre ses ennemis qui pr&eacute;parent une flotte pour envahir l&rsquo;empire de Lilliput. Gulliver accepte. <em>Tout le peuple se r&eacute;jouit&nbsp;</em><a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.&nbsp;&raquo; De m&ecirc;me, alors que dans la version d&eacute;finitive, le d&eacute;but du ballet prend la forme d&rsquo;un r&eacute;cit que Gulliver s&rsquo;adresse &agrave; lui-m&ecirc;me, un premier &eacute;tat du texte d&eacute;veloppait une narration &agrave; la troisi&egrave;me personne&nbsp;:</p> <p style="text-align: justify;">Version du premier sous-dossier&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">1. Au cours d&rsquo;une travers&eacute;e vers les Indes INDES <span style="text-decoration: line-through;">o</span>Orientales, le navire <span style="text-decoration: line-through;">de</span> dont Gulliver <span style="text-decoration: line-through;">est </span>&eacute;tait le m&eacute;decin fut entra&icirc;n&eacute; par une violente temp&ecirc;te vers la Tasmanie. <span style="text-decoration: line-through;">La violence<br /> Apr&egrave;s la temp&ecirc;te</span> <span style="text-decoration: line-through;">du</span> Le vent<em> furieux</em> poussa le navire vers des &eacute;cueils o&ugrave; il se fracassa.<br /> Gulliver, <span style="text-decoration: line-through;">X</span> mit une chaloupe &agrave; la mer mais elle coula et il dut longuement nager au milieu de la temp&ecirc;te&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Version d&eacute;finitive&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><em>Ouverture. (Atmosph&egrave;re de temp&ecirc;te sur la mer. Naufrage du vaisseau).</em><br /> Gulliver (parlant &agrave; lui-m&ecirc;me)<br /> Au cours d&rsquo;une travers&eacute;e vers les Indes Orientales, une violente temp&ecirc;te entra&icirc;na notre navire, un magnifique trois-m&acirc;ts, <em>l&rsquo;Antilope</em>, vers les Nord-Ouest de la Tasmanie&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>.</p> </blockquote> <h3><span id="22_La_place_de_la_musique">2.2. La place de la musique</span></h3> <p style="text-align: justify;">Dans <em>Gulliver</em>, comme dans un ballet, toute l&rsquo;action se d&eacute;roule sur la musique.</p> <p style="text-align: justify;">Sur cette question de la musique, les ballets radiophoniques contemporains font &eacute;tat de pratiques diverses. Ainsi dans <em>Ballet pour les oreilles</em>, apr&egrave;s un g&eacute;n&eacute;rique en musique, le dialogue commence sur un fond silencieux. Et peu apr&egrave;s, l&rsquo;auteur intervient pour insister sur ce choix du silence&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Le po&egrave;te&nbsp;: [&hellip;] L&rsquo;orchestre silencieux de votre pr&eacute;f&eacute;rence est compos&eacute; par des instruments que vous-m&ecirc;mes choisirez dans votre imagination.<br /> La muse&nbsp;: Monsieur l&rsquo;auteur rat&eacute;, vous oubliez un d&eacute;tail important. Toute &eacute;vocation de musique concr&egrave;te est s&eacute;v&egrave;rement interdite.<br /> Le po&egrave;te&nbsp;: Alors, une pluie de silence avant que le rideau se l&egrave;ve&nbsp;!<br /> <em>Bruit de pluie&nbsp;</em><a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a><em>.</em></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La musique est ainsi cantonn&eacute;e au discours didascalique&nbsp;: &laquo;&nbsp;La musique jusqu&rsquo;alors exub&eacute;rante, ivre de joie, subitement se change en un lugubre tam-tam de mort. Le soleil tout &agrave; coup fixe se d&eacute;colore, la mort fait son apparition et danse autour de la pomme [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo;. En r&eacute;alit&eacute;, la musique se fera entendre mais de fa&ccedil;on tr&egrave;s br&egrave;ve, sous forme d&rsquo;interm&egrave;des interpr&eacute;t&eacute;s par un ch&oelig;ur&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>. Dans <em>Petit Drame &agrave; six instruments</em>, la musique est plus pr&eacute;sente. La voix du r&eacute;citant tant&ocirc;t se superpose &agrave; elle, tant&ocirc;t s&rsquo;exprime en silence, tant&ocirc;t laisse compl&egrave;tement la place aux instruments. Ces diff&eacute;rentes possibilit&eacute;s sont &eacute;galement exploit&eacute;es dans <em>Le Joueur de fl&ucirc;te</em>.</p> <p style="text-align: justify;">Dans le cas de <em>Gulliver</em>, on pourrait parler de &laquo;&nbsp;ballettisation&nbsp;&raquo;. Les premi&egrave;res versions pr&eacute;voyaient en effet de faire alterner texte et musique&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>. Mais dans la version diffus&eacute;e, la musique instrumentale accompagne le r&eacute;cit de Gulliver ainsi que les dialogues, tandis que les &eacute;changes parl&eacute;s c&egrave;dent plusieurs fois la place au chant. Certains passages musicaux sont sans textes, comme l&rsquo;indiquent les mentions &laquo;&nbsp;interlude musical&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;musique&nbsp;&raquo; du livret. Comme dans un ballet, tout se passe donc en musique. Cette importance accord&eacute;e &agrave; la musique fait &eacute;cho &agrave; un propos que tient Soupault dans <em>Terpsichore</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le chant et la danse sont des arts de m&ecirc;me essence. On a beaucoup oubli&eacute; cette v&eacute;rit&eacute; au cours des si&egrave;cles, on a perdu de vue Terpsichore&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>.&nbsp;&raquo; L&rsquo;un des enjeux de <em>Gulliver </em>est peut-&ecirc;tre de les r&eacute;unir. Au cours des r&eacute;&eacute;critures, un passage du ballet subit &agrave; cet &eacute;gard des modifications int&eacute;ressantes&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">1<sup>er</sup> sous-dossier&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout en dansant ils coupent les liens qui paralysaient Gulliver. <span style="text-decoration: line-through;">Musique</span>.&nbsp;&raquo;<br /> 2<sup>e</sup> sous-dossier&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout en dansant une valse ils coupent les liens qui paralysaient Gulliver.&nbsp;&raquo;<br /> 4<sup>e</sup> sous-dossier&nbsp;(&eacute;quivalente &agrave; la version d&eacute;finitive)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ils coupent scient les fils tout en chantant, selon leur coutume. (<span style="text-decoration: line-through;">chant</span> valse des scieurs)&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">On observe que ces diff&eacute;rentes versions font &eacute;tat d&rsquo;une h&eacute;sitation entre la danse et le chant, et que le texte retenu choisit, comme Soupault le pr&eacute;conise dans <em>Terpsichore</em>, de les associer.</p> <p style="text-align: justify;">Si le livret de <em>Gulliver</em> contient bien des ingr&eacute;dients du ballet, il n&rsquo;en reste pas moins que le principal, la danse, fait d&eacute;faut. Cette pi&egrave;ce, de par son sous-titre, convoquerait donc le ballet de fa&ccedil;on paradoxale, en &eacute;vacuant ce qui en fait la mati&egrave;re principale, c&rsquo;est-&agrave;-dire le mouvement, le corps. Mais l&rsquo;absence de l&rsquo;ingr&eacute;dient principal ne serait-elle pas l&rsquo;indice d&rsquo;une intention de transposition&nbsp;? Un ballet radiophonique pourrait ainsi ambitionner de trouver un &eacute;quivalent sonore &agrave; la danse, un substitut imaginaire au spectacle visuel.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="3_Du_spectacle_sonore_au_spectacle_imaginaire">3. Du spectacle sonore au spectacle imaginaire</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Avant d&rsquo;explorer plus avant cette hypoth&egrave;se, soulignons qu&rsquo;il est en fait inexact d&rsquo;affirmer que la danse est absente de la pi&egrave;ce puisqu&rsquo;elle y est th&eacute;matis&eacute;e. Il peut para&icirc;tre d&eacute;cevant d&rsquo;appr&eacute;hender cette cat&eacute;gorisation g&eacute;n&eacute;rique de &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo; sous l&rsquo;angle d&rsquo;une pr&eacute;sence th&eacute;matique de la danse et du spectacle, car le paradoxe s&rsquo;en trouve att&eacute;nu&eacute;. <em>Gulliver</em> serait en effet un ballet radiophonique pour la simple raison que le ballet serait son sujet, au point de contaminer le titre. &laquo;&nbsp;Ballet&nbsp;&raquo; d&eacute;signerait la mati&egrave;re fictionnelle plus que la forme. Toutefois, &agrave; y regarder de plus pr&egrave;s, il semble que cette pr&eacute;sence th&eacute;matique nous conduise tout droit &agrave; la question de la transposition.</p> <p style="text-align: justify;">Prenons la sc&egrave;ne dans laquelle Gulliver et les Lilliputiens ne peuvent pas communiquer verbalement&nbsp;puisqu&rsquo;ils n&rsquo;ont pas la m&ecirc;me langue&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Ce <em>petit</em> personnage qui s&rsquo;avance vers mon oreille droite, doit &ecirc;tre un <em>grand </em>personnage&hellip;<br /> Il est tout v&ecirc;tu d&rsquo;argent, et son chapeau est orn&eacute; de plumes&hellip;<br /> Il est arm&eacute; d&rsquo;une petite baguette&hellip;<br /> Les petits soldats se mettent au garde-&agrave;-vous. Il s&rsquo;avance avec majest&eacute;. Derri&egrave;re lui, on apporte une &eacute;chelle. Il grimpe. Il fait un geste de la main, il ouvre la bouche. On croirait qu&rsquo;il va faire un discours&hellip;<br /> (<em>Discours incompr&eacute;hensible de l&rsquo;envoy&eacute; de l&rsquo;Empereur. &mdash;&nbsp;Bande magn&eacute;tique, passant &agrave; toute vitesse</em>)<em>.</em><br /> Gulliver<br /> Je ne comprends pas un mot de ce qu&rsquo;il raconte&hellip; Il se tait, salue. Il attend certainement une r&eacute;ponse. Je vais essayer de lui expliquer&hellip; Miam, miam&hellip; Manger, miam&hellip; miam&hellip; Huff, huff&hellip; boire, glouglou, huff, huff&hellip; Le personnage v&ecirc;tu d&rsquo;argent a l&rsquo;air d&rsquo;avoir compris&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est ici le langage corporel, soutenu par des onomatop&eacute;es, qui permet &agrave; Gulliver et aux Lilliputiens de se comprendre. Les seuls &eacute;l&eacute;ments que Gulliver peut interpr&eacute;ter sont corporels&nbsp;: la voix, le ton, les gestes, l&rsquo;apparence. Un des enjeux abord&eacute;s par cette pi&egrave;ce&nbsp;est donc celui de la communication. Et par l&agrave; m&ecirc;me, l&rsquo;intrigue de Gulliver renvoie de fa&ccedil;on plus inattendue aux enjeux du ballet&nbsp;sc&eacute;nique&nbsp;: imposer aux personnages de se faire comprendre par leur corps, voil&agrave; qui fait penser &agrave; la mission des danseurs et du chor&eacute;graphe, qui, partant du livret au ballet, doivent convertir l&rsquo;expressivit&eacute; des mots en expressivit&eacute; du corps&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>. Le corps doit rendre lisibles l&rsquo;action et l&rsquo;intention des personnages. De m&ecirc;me que Gulliver d&eacute;chiffre les attitudes corporelles des Lilliputiens, il semble exister pour eux avant tout par sa pr&eacute;sence physique. Les Lilliputiens le rebaptisent &laquo;&nbsp;la Montagne qui marche&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;&raquo;. De fait, il doit bouger tr&egrave;s lentement pour ne pas effrayer ses h&ocirc;tes&nbsp;: &laquo;&nbsp;il est pr&eacute;f&eacute;rable que je marche &agrave; quatre pattes&nbsp;! Ils auront moins peur&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;!&nbsp;&raquo;, explique-t-il. Il pr&eacute;cise &eacute;galement &ecirc;tre &laquo;&nbsp;courbatur&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;: comme pourrait l&rsquo;&ecirc;tre un sportif, mais aussi un danseur.</p> <p style="text-align: justify;">Quand Gulliver d&eacute;cide ensuite d&rsquo;apprendre le fran&ccedil;ais aux Lilliputiens, il le fait par le chant et la danse&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Il faudrait tout de m&ecirc;me que je me fasse comprendre&nbsp;! Si je leur apprenais les syllabes comme on me les apprenait lorsque j&rsquo;allais &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;!&hellip; Je puis toujours essayer. B-A&hellip; BA&hellip; C-A&hellip; CA&hellip; Ils m&rsquo;&eacute;coutent attentivement&hellip; Ils s&rsquo;approchent de mon oreille&hellip;<br /> (<em>Les petits hommes noirs r&eacute;p&egrave;tent en ch&oelig;ur</em>&nbsp;: B.A.&nbsp;‒&nbsp;BA).<br /> Qu&rsquo;ils sont malins et vifs&nbsp;! Ces petits hommes sont vraiment d&rsquo;une remarquable intelligence&nbsp;!&hellip; Ils ont l&rsquo;air bien content d&rsquo;avoir devin&eacute; ce que je leur proposais&nbsp;! Je continue&nbsp;: D.A&nbsp;: DA. &mdash;&nbsp;Les voyelles maintenant&nbsp;: A ‒&nbsp;&nbsp;E ‒&nbsp;&nbsp;I&nbsp;‒&nbsp;&nbsp;O ‒&nbsp;&nbsp;U&hellip; Les petits hommes r&eacute;p&egrave;tent tout en dansant&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>&hellip;</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Et Gulliver de conclure&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est une bonne m&eacute;thode que d&rsquo;apprendre &agrave; parler en dansant&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>&nbsp;&raquo;. Dans l&rsquo;intrigue de cette pi&egrave;ce, le corps est donc ce qui donne acc&egrave;s au verbe et permet d&rsquo;entrer en contact avec l&rsquo;autre. De m&ecirc;me, dans l&rsquo;art du ballet, le corps rend l&rsquo;action intelligible et construit du sens. Mettant en abyme les enjeux du ballet, Soupault en r&eacute;v&egrave;le aussi peut-&ecirc;tre la port&eacute;e anthropologique.</p> <p style="text-align: justify;">La danse est un outil d&rsquo;apprentissage mais elle est aussi pr&eacute;sente sous sa forme spectaculaire, &agrave; travers&nbsp;des interm&egrave;des. En cela, ce &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo; peut rappeler la structure de la com&eacute;die-ballet&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>. Le premier interlude chor&eacute;graphique intervient apr&egrave;s le repas que les Lilliputiens offrent &agrave; Gulliver&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Les voil&agrave; qui se mettent &agrave; danser&nbsp;!&hellip; Est-ce un usage chez eux apr&egrave;s le repas&nbsp;?<br /> (<em>Danse des Lilliputiens</em>)<br /> C&rsquo;est joli, cette danse, mais je crois que je vais me payer une petite sieste&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>&nbsp;!</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Le deuxi&egrave;me passage dans&eacute; correspond au moment que nous avons &eacute;voqu&eacute;, celui de l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais, qui donne lieu &agrave; une &laquo;&nbsp;(<em>Polka des voyelles</em>)&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a><em>&nbsp;</em>&raquo;. Quelques instants apr&egrave;s, Gulliver s&rsquo;&eacute;crie&nbsp;: &laquo;&nbsp;Voil&agrave; d&rsquo;autres petits bonshommes qui arrivent&nbsp;!&hellip; Ils sont v&ecirc;tus de v&ecirc;tements de toutes les couleurs. Ils jonglent avec des petites boules. Ce sont des baladins. Ils me jouent une com&eacute;die&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>.&nbsp;&raquo; Quant &agrave; l&rsquo;&eacute;pisode suivant, il se d&eacute;roule dans le palais de l&rsquo;empereur&nbsp;o&ugrave;</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">[d] es dizaines de petits danseurs bondissent suivis par des dizaines de petites danseuses, v&ecirc;tues de toutes les couleurs de l&rsquo;arc-en-ciel, l&eacute;gers comme des papillons, s&rsquo;&eacute;lancent, bondissent et se mettent &agrave; danser.<br /> (<em>Ballet des Lilliputiens</em>).<br /> Je n&rsquo;ai jamais vu des danseurs aussi vifs et disciplin&eacute;s&hellip;<br /> (<em>Reprise du ballet</em>)&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Ici le texte se tait pour laisser la place &agrave; la musique et &agrave; la r&ecirc;verie de l&rsquo;auditeur&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>. C&eacute;line Pardo, &agrave; propos de la s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;missions dans laquelle s&rsquo;inscrit le <em>Ballet pour les oreilles</em> de Pe&ntilde;alver, souligne que son titre, <em>Petit th&eacute;&acirc;tre du po&egrave;te</em>, &laquo;&nbsp;r&eacute;v&egrave;le l&rsquo;un des usages que faisaient alors certains auteurs de la radio&nbsp;: sur le mod&egrave;le th&eacute;&acirc;tral, la radio apparaissait comme une sorte de sc&egrave;ne permettant de repr&eacute;senter un drame sonore, visible non pas aux yeux mais &agrave; la seule imagination auditive&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>&nbsp;&raquo;. Voil&agrave; qui semble parfaitement s&rsquo;appliquer au ballet radiophonique de Soupault. Gulliver, au moment o&ugrave; les Lilliputiens se mettent &agrave; danser, passe du double statut de conteur et de personnage &agrave; celui de spectateur, et nous-m&ecirc;mes passons du statut d&rsquo;auditeur &agrave; celui de spectateur, mais de notre propre spectacle. Le propre de cette repr&eacute;sentation mentale est d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; la contrainte, Soupault le souligne avec humour&nbsp;: &laquo;&nbsp;les danseurs s&rsquo;envolent aussi vite qu&rsquo;ils sont venus&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; de fait nous sommes &agrave; la radio et les mots sont tout-puissants.</p> <p style="text-align: justify;">Le <em>Ballet pour les oreilles</em> de Juan Pe&ntilde;alver se pr&eacute;sente d&rsquo;ailleurs comme une revanche sur le milieu chor&eacute;graphique. Cette pi&egrave;ce serait le r&eacute;sultat d&rsquo;une reconversion en &oelig;uvre radiophonique d&rsquo;un projet sc&eacute;nique rejet&eacute;. Alors que l&rsquo;on vient d&rsquo;assister &agrave; un dialogue entre les deux protagonistes, l&rsquo;auteur intervient&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Vous avez entendu les voix du soleil rouge et de mademoiselle la neige, les deux ravissants protagonistes de mon ballet <em>La Neige rouge</em> qui m&rsquo;a &eacute;t&eacute; refus&eacute; par toutes les meilleures troupes de ballet du monde. La distribution du ballet comporte aussi des r&ocirc;les &eacute;clatants, tels des fleurs, la campanule saumon, la campanule lilas, la campanule jaune, l&rsquo;&oelig;illet bleu et l&rsquo;&oelig;illet &eacute;carlate. Cinq soleils habill&eacute;s en cinq tonalit&eacute;s de rouge diff&eacute;rentes compl&egrave;tent la distribution du ballet que vous allez entendre&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Rien ne nous garantit &eacute;videmment que cette r&eacute;orientation du texte vers la radio ne rel&egrave;ve pas de la fiction&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>. Mais que l&rsquo;&eacute;crivain ait choisi de concevoir un ballet sans chor&eacute;graphes ni danseurs, ou qu&rsquo;il y ait &eacute;t&eacute; contraint, peu importe. Son ballet radiophonique devient un lieu d&rsquo;affirmation de sa libert&eacute;, et de celle du spectateur &agrave; qui la vision du ballet appartient. Cette vision exc&egrave;de d&rsquo;ailleurs le cadre de l&rsquo;&eacute;coute, ne s&rsquo;arr&ecirc;te pas avec la musique, comme le sugg&egrave;re le narrateur des <em>Derni&egrave;res Nuits de Paris&nbsp;</em>:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">La musique est tout &agrave; coup pr&eacute;sente, tournant comme la fum&eacute;e. On ne peut dire &eacute;videmment qu&rsquo;on la per&ccedil;oit, mais elle s&rsquo;agite et s&rsquo;impose. Elle rampe dans les all&eacute;es d&eacute;sertes, s&rsquo;accroche aux branches des arbustes, &eacute;crase les statues. C&rsquo;est une musique que l&rsquo;on voit et que l&rsquo;on n&rsquo;entend plus car elle n&rsquo;est &agrave; cette heure que le souvenir de la musique&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La perception de la musique est d&rsquo;autant plus forte qu&rsquo;elle est &agrave; l&rsquo;&eacute;tat de souvenir, semble nous dire Soupault. Il met ainsi en &eacute;vidence la force du travail de l&rsquo;imaginaire, capable de percevoir visuellement les formes d&rsquo;un art de l&rsquo;audition, et de faire d&rsquo;une musique un ballet.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="Conclusion">Conclusion</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Parce que la danse est pour Soupault du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;improvisation et de la beaut&eacute; naturelle, elle ne semble pouvoir se r&eacute;aliser pleinement qu&rsquo;en marge de la sc&egrave;ne. Condamn&eacute; en tant que genre &agrave; la sc&egrave;ne et donc &agrave; l&rsquo;artifice, l&rsquo;issue pour le ballet est peut-&ecirc;tre de devenir un art de l&rsquo;imagination&nbsp;: la seule sc&egrave;ne autoris&eacute;e, la seule construction chor&eacute;graphique qui vaille, c&rsquo;est celle de notre r&ecirc;verie. On comprend mieux d&egrave;s lors pourquoi la radio devient pour Soupault un m&eacute;dium adapt&eacute;, si ce n&rsquo;est privil&eacute;gi&eacute;, pour le ballet&nbsp;<a href="#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a>. L&rsquo;exp&eacute;rimentation de Soupault n&rsquo;est pas sans rappeler certaines recherches du th&eacute;&acirc;tre radiophonique des ann&eacute;es&nbsp;1930. Comme l&rsquo;explique C&eacute;cile M&eacute;adel, &laquo;&nbsp;certains auteurs propos&egrave;rent de ne pas avoir de texte mais d&rsquo;utiliser une &ldquo;palette de sons&rdquo; pour produire une sorte de paysage sonore&nbsp;<a href="#_ftn62" name="_ftnref62">[62]</a>&nbsp;&raquo;. Ce fut par exemple le cas de Walter Ruttman, mais</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">[&hellip;] aucun auteur ne pers&eacute;v&eacute;ra dans cette voie, au moins &agrave; la radio. Au Studio d&rsquo;Essai, ces tentatives d&eacute;bouch&egrave;rent quelques ann&eacute;es plus tard de mani&egrave;re plus formalis&eacute;e sur les recherches de musique concr&egrave;te. Mais, sous l&rsquo;&eacute;tiquette de th&eacute;&acirc;tre, elles furent abandonn&eacute;es et le langage demeura un &eacute;l&eacute;ment indispensable du th&eacute;&acirc;tre &agrave; la radio&nbsp;<a href="#_ftn63" name="_ftnref63">[63]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">De m&ecirc;me, on peut faire l&rsquo;hypoth&egrave;se que l&rsquo;absence du corps et de la sc&egrave;ne a &eacute;t&eacute; sentie comme trop contraire au ballet pour que le genre du &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo; puisse v&eacute;ritablement se d&eacute;velopper. La radio a pu sugg&eacute;rer au th&eacute;&acirc;tre certaines exp&eacute;riences extr&ecirc;mes, comme celle d&rsquo;un th&eacute;&acirc;tre sonore averbal, sans pour autant menacer son existence. Comme le souligne Aline Carpentier, &laquo;&nbsp;la radio appelle un retour au texte. Elle agit comme un r&eacute;v&eacute;lateur, de ses qualit&eacute;s comme de ses failles&nbsp;<a href="#_ftn64" name="_ftnref64">[64]</a>&nbsp;&raquo;. Certes, la radio exclut la sc&egrave;ne, mais un lien de parent&eacute; subsiste entre les possibilit&eacute;s offertes par ce m&eacute;dium et le texte th&eacute;&acirc;tral. Il n&rsquo;en est pas de m&ecirc;me pour le ballet&nbsp;<a href="#_ftn65" name="_ftnref65">[65]</a>. Le &laquo;&nbsp;ballet radiophonique&nbsp;&raquo; constitue une cat&eacute;gorie impossible, la danse y occupe une place si paradoxale que la disparition, sans nul doute, la guette. Forme p&eacute;rilleuse donc si on daigne la prendre au s&eacute;rieux, le ballet radiophonique est sans doute par l&agrave; m&ecirc;me un outil d&rsquo;interrogation stimulant, tant de l&rsquo;art chor&eacute;graphique que des ressources du m&eacute;dium radiophonique.</p> <h3 style="text-align: justify;">Notes<br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>, Bronislaw Horovicz (r&eacute;al.), Paris Inter, 8 octobre 1958, 21h05, dur&eacute;e&nbsp;: 37&rsquo;. Rediffusion sur la Cha&icirc;ne nationale dans le cadre des <em>Soir&eacute;es de Paris</em> le 19 novembre 1958. Document audio accessible &agrave; l&rsquo;Inath&egrave;que. Le texte a &eacute;t&eacute; publi&eacute; dans les <em>Cahiers d&rsquo;&Eacute;tudes de Radio T&eacute;l&eacute;vision</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;24, d&eacute;cembre&nbsp;1959, p.&nbsp;394-402. Il en existe plusieurs archives&nbsp;: Bureau des manuscrits de Radio France, cotes R&nbsp;8680 (texte fran&ccedil;ais, 12&nbsp;ff., dat&eacute; 1<sup>er</sup> avril 1958) et R&nbsp;9835 (texte fran&ccedil;ais-anglais, 27&nbsp;ff., dat&eacute; 1<sup>er</sup> juillet 1958)&nbsp;; BnF Richelieu, d&eacute;partement des Arts du spectacle, 39&nbsp;ff., cote&nbsp;4-YA&nbsp;RAD-6226&nbsp;; IMEC, quatre versions tapuscrites (avec annotations manuscrites), cote SPT&nbsp;6.10.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> <em>Le Joueur de fl&ucirc;te</em>, Jean-&Eacute;tienne Marie (r&eacute;al.), Cha&icirc;ne nationale, <em>Soir&eacute;e de Paris</em>, 1952. Ballet radiophonique, livret et musique de Marius Constant, avec Linette Lemercier (r&eacute;citante, voix parl&eacute;e), Andr&eacute; Vessi&egrave;res (baryton-basse), Paul Taillefer (cor anglais). &Eacute;dit&eacute; en 33&nbsp;t. en 1956. Document audio accessible &agrave; l&rsquo;Inath&egrave;que.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> <em>Ballet pour les oreilles</em>, Claude Roland-Manuel (r&eacute;al.), France&nbsp;4 Haute-Fid&eacute;lit&eacute;, <em>Petit Th&eacute;&acirc;tre du po&egrave;te</em>, 1957. Ballet radiophonique, livret de Juan Pe&ntilde;alver, avec Micheline Bona, Anne Caprile, Roger Blin et Michel Vitold. Document audio accessible &agrave; l&rsquo;Inath&egrave;que.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> <em>Petit Drame &agrave; six instruments</em>, Bronislaw Horowicz (r&eacute;al.), Cha&icirc;ne nationale, <em>Soir&eacute;es de Paris</em>, 1958. Ballet radiophonique, livret d&rsquo;Alexandre Arnoux, musique d&rsquo;Alexandre Tansman, avec Maurice Bacquet (le r&eacute;citant) et un ensemble de musiciens solistes. Document audio accessible &agrave; l&rsquo;Inath&egrave;que.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> <em>La Femme t&ecirc;tue</em>, <em>ou La Raison sans raison est toujours la plus forte</em>, Bronislaw Horowicz (r&eacute;al.), France&nbsp;3, 1959. Ballet radiophonique, livret de Jean Lescure, musique d&rsquo;Antoni Szalowski. Document audio accessible &agrave; l&rsquo;Inath&egrave;que.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> Sur cette question, nous nous permettons de renvoyer &agrave; la communication de Karine Le Bail sur les op&eacute;ras radiophoniques de Soupault (<em>Le Rossignol de l&rsquo;empereur</em>, <em>La Petite Sir&egrave;ne</em>, <em>Le C&oelig;ur r&eacute;v&eacute;lateur</em>, <em>Le Triomphe de Jeanne</em>) donn&eacute;e lors de la journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tude &laquo;&nbsp;Les radios de Philippe Soupault&nbsp;&raquo; (Montpellier, 20 mars 2014). Nous nous contentons de donner ici une d&eacute;finition, celle de Giordano Ferrari&nbsp;: &laquo;&nbsp;Expression op&eacute;ra radiophonique&nbsp;: en ce qui concerne le mot op&eacute;ra, il faut l&rsquo;interpr&eacute;ter comme r&eacute;f&eacute;rence au th&eacute;&acirc;tre musical au sens large. C&rsquo;est donc une histoire (ou un simple sujet) racont&eacute;e par la musique ou en strict rapport avec elle, d&rsquo;une mani&egrave;re bien s&ucirc;r lib&eacute;r&eacute;e des lois narratives et des conventions de l&rsquo;op&eacute;ra de tradition &ndash;&nbsp;l&rsquo;histoire peut &ecirc;tre non-lin&eacute;aire ou ressembler &agrave; un parcours dans l&rsquo;esprit du th&eacute;&acirc;tre musical d&rsquo;avant-garde, et la voix ne doit pas forc&eacute;ment &ecirc;tre li&eacute;e &agrave; la tradition du chant lyrique&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Op&eacute;ras radiophoniques, un genre de dramaturgie musicale&nbsp;&raquo;, dans Laurent Feneyrou&nbsp;(dir.), <em>Musique et dramaturgie, esth&eacute;tique de la repr&eacute;sentation au xx<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, p.&nbsp;639).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Nathalie Lecomte explique que l&rsquo;op&eacute;ra-ballet est un &laquo;&nbsp;genre de spectacle lyrique et chor&eacute;graphique apparu en France &agrave; la fin du xvii<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, et &agrave; la mode jusque dans les ann&eacute;es&nbsp;1770.&nbsp;&raquo; Elle souligne aussi que les op&eacute;ras-ballets &eacute;taient commun&eacute;ment appel&eacute;s &laquo;&nbsp;ballet&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;ballet h&eacute;ro&iuml;que&nbsp;&raquo;. Elle ajoute que l&rsquo;op&eacute;ra-ballet &laquo;&nbsp;r&eacute;duit l&rsquo;action chant&eacute;e au minimum pour donner &agrave; la danse une place pr&eacute;pond&eacute;rante.&nbsp;&raquo; La danse y est le plus souvent pr&eacute;sente sous forme de &laquo;&nbsp;divertissements&nbsp;&raquo;, m&ecirc;me s&rsquo;il arrive qu&rsquo;elle ne soit pas &laquo;&nbsp;qu&rsquo;un simple ornement&nbsp;&raquo; et se dote d&rsquo;une &laquo;&nbsp;fonction narrative&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Op&eacute;ra-ballet&nbsp;&raquo;, dans Philippe Le Moal (dir.) <em>Dictionnaire de la danse</em>, Paris, Larousse, 1999, p.&nbsp;618. En ligne <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12005041/f740.image.r=op%C3%A9ra-ballet">ici</a> [consult&eacute; le 26/09/2014].</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> On peut notamment se reporter au m&eacute;moire de ma&icirc;trise de Florence Renan&nbsp;: <em>Un op&eacute;ra ballet radiophonique&nbsp;: Le Joueur de fl&ucirc;te de Marius Constant</em>, soutenu en 1997 &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de la Sorbonne-Paris&nbsp;IV, sous la direction de Jean-Yves Bosseur.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> S&eacute;bastien Arfouilloux, par exemple, &eacute;voque <em>Gulliver </em>en m&ecirc;me temps que les textes de Soupault pour l&rsquo;op&eacute;ra (<em>Que la nuit tombe sur l&rsquo;orchestre. Surr&eacute;alisme et musique</em>, Paris, Fayard, 2009, p.&nbsp;467).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> <em>Litt&eacute;rature</em>, n<sup>o&nbsp;</sup>12, f&eacute;vrier&nbsp;1920, p.&nbsp;29. Andr&eacute; Derain est le peintre-d&eacute;corateur du ballet.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> <em>Litt&eacute;rature</em>, n<sup>o&nbsp;</sup>14, juin&nbsp;1920, p.&nbsp;32.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> Claude Coste, &laquo;&nbsp;La musique dans la vie et l&rsquo;&oelig;uvre de Philippe Soupault&nbsp;&raquo;, in Myriam Boucharenc &amp; Claude Leroy (dir), <em>Pr&eacute;sence de Philippe Soupault</em>, Presses universitaires de Caen, 1999, p.&nbsp;276.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> Philippe Soupault, <em>Vingt mille et un jours</em>, entretiens avec Serge Fauchereau, Paris, Belfond, 1980, p.&nbsp;115-116.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> Philippe Soupault, <em>Terpsichore</em> (1928), Paris, Papiers, 1986, p.&nbsp;25.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> <em>Id</em>., p.&nbsp;39.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> Claude Coste, <em>art.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;277.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> <em>La Nuit du temps</em>, Roger Kahane (r&eacute;al.), sc&eacute;nario et livret de Philippe Soupault, musique de Marcel Delannoy, chor&eacute;graphie de Dirk Sanders. Document audiovisuel accessible &agrave; l&rsquo;Inath&egrave;que. Le texte est conserv&eacute; au d&eacute;partement des Arts du spectacle, cote 8&nbsp;YA&nbsp;995. H&eacute;l&egrave;ne Laplace-Claverie, dans un article consacr&eacute; aux ballets de Ionesco, souligne la tendance des ann&eacute;es&nbsp;1960 aux pi&egrave;ces chor&eacute;graphiques t&eacute;l&eacute;visuelles&nbsp;et l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;il y aurait &agrave; comparer les ballets que Ionesco a con&ccedil;us pour l&rsquo;&eacute;cran, <em>La Le&ccedil;on</em> (1963) et <em>Le Jeune homme &agrave; marier</em> (1965), avec <em>Quad</em> de Beckett (1981). V. H&eacute;l&egrave;ne Laplace-Claverie, &laquo;&nbsp;Danser Ionesco ou la le&ccedil;on de chor&eacute;graphie&nbsp;&raquo;, in Marie-Claude Hubert (dir.), <em>Eug&egrave;ne Ionesco. Classicisme et modernit&eacute;</em>, Aix-en-Provence, Presses de l&rsquo;Universit&eacute; de Provence, 2011, p. 67.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Philippe Soupault, <em>Les Sons et les couleurs (Baudelaire)</em>, argument d&rsquo;un ballet t&eacute;l&eacute;visuel, in&eacute;dit, deux feuillets tapuscrits avec annotations manuscrites, conserv&eacute;s &agrave; l&rsquo;IMEC, cote SPT&nbsp;8.7.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> Dans le fonds de l&rsquo;IMEC, cette version intitul&eacute;e <em>Correspondances </em>est jointe &agrave; une lettre&nbsp;du 31 ao&ucirc;t 1969 (les deux documents sont conserv&eacute;s dans le dossier <em>Les Sons et les couleurs</em>, sous la cote SPT&nbsp;8.7). L&rsquo;auteur de cette lettre, sign&eacute;e du seul pr&eacute;nom d&rsquo;Andr&eacute;e, n&rsquo;a pas pu &ecirc;tre identifi&eacute; par l&rsquo;archiviste de l&rsquo;IMEC. Voici le texte de la lettre&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce dimanche 31-8-69 / Cher Philippe / Ci-joint l&rsquo;argument de &ldquo;notre&rdquo; ballet, et, l&rsquo;accompagnant, ce que j&rsquo;en ai fait et le plan de l&rsquo;&oelig;uvre telle qu&rsquo;elle est &eacute;crite. Cette &oelig;uvre dure, environ, 22 minutes. / Vous voil&agrave; en possession de tous les &eacute;l&eacute;ments. &Agrave; vous de travailler, maintenant&hellip;..&nbsp;!!! / &Agrave; bient&ocirc;t / Tr&egrave;s affectueusement / [Andr&eacute;e]&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> Rappelons que les op&eacute;ras radiophoniques <em>Le Rossignol</em> et <em>La Petite Sir&egrave;ne </em>sont adapt&eacute;s d&rsquo;Andersen, <em>Le C&oelig;ur r&eacute;v&eacute;lateur</em> de Poe.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Philippe Soupault, <em>Les Sons et les couleurs (Baudelaire)</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> Pour plus de pr&eacute;cisions sur cette adaptation radiophonique du ballet de Descartes, je me permets de renvoyer aux r&eacute;flexions que j&rsquo;ai eu l&rsquo;occasion de d&eacute;velopper dans&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>La Naissance de la paix</em> de Louis Aragon&nbsp;: ballet radiophonique et th&eacute;&acirc;tre populaire&nbsp;&raquo;, colloque <em>L&rsquo;Id&eacute;e de litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve des arts populaires&nbsp;1870-1945</em> (projet ANR HIDIL), organis&eacute; &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paris-Est Marne-la-Vall&eacute;e, du 13 au 15 juin 2012, par Pascale Alexandre-Bergues. Actes &agrave; para&icirc;tre chez Classiques Garnier. Louis Aragon envisage aussi d&rsquo;&eacute;crire un livret pour le chor&eacute;graphe Roland Petit en&nbsp;1972. Voir Roland Petit, <em>J&rsquo;ai dans&eacute; sur les flots</em>, Paris, Grasset, 1993, p.&nbsp;254.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> Claude Coste, <em>art.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;286.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> Par contre, le ballet radiophonique de Soupault a &eacute;t&eacute; diffus&eacute; en soir&eacute;e, il n&rsquo;&eacute;tait donc pas destin&eacute; aux enfants.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> La lecture des didascalies a souvent &eacute;t&eacute; critiqu&eacute;e dans l&rsquo;histoire du th&eacute;&acirc;tre radiophonique comme n&rsquo;exploitant pas suffisamment les ressources propres du m&eacute;dium.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> H&eacute;l&egrave;ne Laplace-Claverie, <em>&Eacute;crire pour la danse. Les livrets de ballet de Th&eacute;ophile Gautier &agrave; Jean Cocteau (1870-1914)</em>, Paris, Honor&eacute; Champion, 2001, p.&nbsp;231.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> Marius Constant, <em>Le Joueur de fl&ucirc;te</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> Le r&eacute;citant&nbsp;(21&rsquo;16)&nbsp;: &laquo;&nbsp;[texte dit en silence] Bien des jours, bien des nuits, j&rsquo;ai guett&eacute; cach&eacute; au ventre d&rsquo;un coffre de contrebasse, longtemps en vain. La providence toutefois se d&eacute;cida &agrave; r&eacute;compenser ma patience. [une musique commence] J&rsquo;&eacute;piais depuis tant&ocirc;t deux heures l&rsquo;&oelig;il coll&eacute; &agrave; une petite lucarne, lorsque le croissant de la lune per&ccedil;a la fente des rideaux et alla inscrire une virgule au milieu de la glace encadr&eacute;e d&rsquo;or [musique seule sans texte]&nbsp;&raquo; (Alexandre Arnoux, <em>Petit Drame &agrave; six instruments</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>)</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> C&eacute;line Pardo publie le texte en annexe de la th&egrave;se d&rsquo;o&ugrave; est issue son livre pr&eacute;cit&eacute;&nbsp;: <em>La Po&eacute;sie hors du livre. &Eacute;tude sur les m&eacute;diations orales de la po&eacute;sie en France de 1945 aux ann&eacute;es&nbsp;60</em>, Paris-Sorbonne, 2012, t.&nbsp;II, p.&nbsp;37-50.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>,<em> Cahiers d&rsquo;&eacute;tudes de Radio T&eacute;l&eacute;vision</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;24, d&eacute;cembre 1959, p.&nbsp;394.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> <em>Id</em>., p.&nbsp;395.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> Au d&eacute;but du ballet, le langage incompr&eacute;hensible des Lilliputiens est reproduit par une &laquo;&nbsp;bande magn&eacute;tique, passant &agrave; toute vitesse&nbsp;&raquo; (Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>,<em> &eacute;d.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;395).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> <em>Id.</em>, p.&nbsp;399.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>, version conserv&eacute;e &agrave; l&rsquo;IMEC, cote SPT&nbsp;6.10, 1<sup>er</sup> sous-dossier.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> <em>Ibid.</em> Voici le code de transcription adopt&eacute;&nbsp;: le texte en majuscule correspond &agrave; des ajouts manuscrits&nbsp;; X signale un mot illisible&nbsp;; le texte barr&eacute; correspond au texte biff&eacute; &agrave; la main sur le tapuscrit.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a> Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>,<em> Cahiers d&rsquo;&Eacute;tudes de Radio-T&eacute;l&eacute;vision</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;24, d&eacute;cembre&nbsp;1959, p.&nbsp;394.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> Juan Pe&ntilde;alver, <em>Ballet pour les oreilles</em>, <em>op.&nbsp;cit. </em>Extrait situ&eacute; &agrave; 4&rsquo;21 du document audio conserv&eacute; &agrave; l&rsquo;Inath&egrave;que.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> <em>Id.</em>, 12&rsquo;33.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a> <em>Id.</em>, 14&rsquo;45-15&rsquo;06, 16&rsquo;03-16&rsquo;43, 19&rsquo;59-20&rsquo;25, 27&rsquo;22-28&rsquo;06 (fin).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a> Dans la version du premier sous-dossier, on peut ainsi lire&nbsp;: &laquo;&nbsp;chacun des cinq fragments de ce texte est dit par un speaker avant chacun des cinq morceaux constituant la &ldquo;suite instrumentale&rdquo;.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a> Philippe Soupault, <em>Terpsichore</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;40.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a> Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>, version conserv&eacute;e &agrave; l&rsquo;IMEC, cote SPT&nbsp;6.10. Pour le code de transcription, voir note&nbsp;35.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a> Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>,<em> Cahiers d&rsquo;&eacute;tudes de Radio T&eacute;l&eacute;vision</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;24, d&eacute;cembre&nbsp;1959, p.&nbsp;395-396.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a> Cette question concerne tout autant le mime.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a> Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>, <em>&eacute;d.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;400.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a> <em>Id</em>., p.&nbsp;398.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a> <em>Ibid</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a> Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput, &eacute;d.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;397. Les passages chant&eacute;s sont interpr&eacute;t&eacute;s par la ma&icirc;trise d&rsquo;enfants de la RTF, sous la direction de Jacques Jouineau. Notons que cet &eacute;pisode est absent des premi&egrave;res versions.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a> <em>Ibid.</em> Comme le souligne Marie-Paule Berranger (<em>Les Genres mineurs dans la po&eacute;sie moderne</em>, Paris, PUF, 2004, p.&nbsp;125), Soupault a assist&eacute; &agrave; des conf&eacute;rences de Marcel Jousse dont les recherches exploraient notamment l&rsquo;importance du corps, du geste et de l&rsquo;oralit&eacute; dans la communication et dans la transmission p&eacute;dagogique. Voir Marcel Jousse, <em>L&rsquo;Anthropologie du geste</em>, Paris, Gallimard, 2008 et <em>La Manducation de la parole</em>, Paris, Gallimard, 1975. Voir &eacute;galement les nombreux documents mis en ligne par l&rsquo;<a href="http://www.mimopedagogie.com" target="_blank">institut de mimop&eacute;dagogie</a>&nbsp;[consult&eacute; le 26/09/2014].</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a> Nathalie Lecomte rappelle que la com&eacute;die-ballet est un &laquo;&nbsp;genre dramatique, musical, lyrique et chor&eacute;graphique invent&eacute; par Moli&egrave;re en 1661&nbsp;&raquo;, dans lequel &laquo;&nbsp;[d]es interm&egrave;des chant&eacute;s et dans&eacute;s s&rsquo;entrem&ecirc;lent &agrave; la com&eacute;die, soubassement sur lequel repose le spectacle, l&rsquo;enrichissant et la nuan&ccedil;ant&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Com&eacute;die-ballet&nbsp;&raquo;, dans Philippe Le Moal (dir.) <em>Dictionnaire de la danse</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;550. En ligne <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12005041/f672.image.r=com%C3%A9die-ballet" target="_blank">ici</a> [consult&eacute; le 26/09/2014]).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a> Philippe Soupault, <em>L&rsquo;&Eacute;trange Aventure de Gulliver &agrave; Lilliput</em>,<em> &eacute;d.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;396.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a> <em>Id</em>., p.&nbsp;397.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a> <em>Id</em>., p.&nbsp;398.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a> <em>Id.</em>, p.&nbsp;398-399.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a> De 18&rsquo;47 &agrave; 21&rsquo;41, on peut entendre trois minutes de musique sans texte.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a> C&eacute;line Pardo, <em>La po&eacute;sie hors du livre (1945-1965). Le po&egrave;me &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la radio et du disque</em>, Paris, PUPS, 2015, p.&nbsp;181<em>.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a> <em>Id.</em>, p.&nbsp;399.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a> Juan Pe&ntilde;alver, <em>op.&nbsp;cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a> Nous savons tr&egrave;s peu de choses sur Juan Pe&ntilde;alver, po&egrave;te espagnol, n&eacute; en 1926 et mort 1977. Pour quelques &eacute;l&eacute;ments suppl&eacute;mentaires, voir C&eacute;line Pardo, <em>La Po&eacute;sie hors du livre</em>,<em> op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;181</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a> Philippe Soupault, <em>Les Derni&egrave;res nuits de Paris</em>, Paris, Gallimard, 1997, p.&nbsp;56-57.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a> Il ne semble pas qu&rsquo;un chor&eacute;graphe se soit int&eacute;ress&eacute; &agrave; ce texte de Soupault. Par contre, il y a eu rencontre entre ce ballet radiophonique et l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;Annette Messager&nbsp;lors de l&rsquo;exposition <em>Continents noirs</em>, pr&eacute;sent&eacute;e d&rsquo;octobre 2012 &agrave; f&eacute;vrier 2013&nbsp;au mus&eacute;e d&rsquo;art moderne et contemporain de Strasbourg&nbsp;; une &eacute;coute du ballet de Soupault y &eacute;tait alors programm&eacute;e, dans l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;illustrer l&rsquo;influence des <em>Voyages de Gulliver</em> sur l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;Annette Messager.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref62" name="_ftn62">[62]</a> C&eacute;cile M&eacute;adel, <em>Histoire de la radio des ann&eacute;es trente. Du sans-filiste &agrave; l&rsquo;auditeur</em>, Paris, Anthropos/INA, 1994, p.&nbsp;295.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref63" name="_ftn63">[63]</a> <em>Id</em>., p.&nbsp;295-296.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref64" name="_ftn64">[64]</a> Aline Carpentier, <em>Th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;ondes</em>. <em>Les pi&egrave;ces radiophoniques de Beckett, Tardieu et Pinter</em>, Bruxelles, De Boeck/Paris, INA, 2008, p.&nbsp;76.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref65" name="_ftn65">[65]</a> D&rsquo;une fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, la pr&eacute;sence de la danse est souvent per&ccedil;ue comme paradoxale &agrave; la radio. Je renvoie aux travaux passionnants de Claude Sorin sur les &laquo;&nbsp;voix de la danse&nbsp;&raquo;. La chercheuse organise r&eacute;guli&egrave;rement des &eacute;coutes publiques pour faire entendre certaines archives conserv&eacute;es &agrave; l&rsquo;INA. Elle travaille en particulier sur la parole des danseurs &agrave; la radio mais s&rsquo;int&eacute;resse aussi aux sons de la danse et du travail chor&eacute;graphique (souffles, bruits de pas, de chute, etc.) Voir Claude Sorin, &laquo;&nbsp;La parole du danseur dans les archives radiophoniques<em>&nbsp;</em>&raquo;, in <em>M&eacute;moires et Histoire en Danse</em>, Isabelle Launay &amp; Sylviane Pag&egrave;s&nbsp;(dir.), Paris, L&rsquo;Harmattan, 2010, p.&nbsp;315-328.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Autrice</span></h3> <p><strong>Delphine Vernozy.</strong>&nbsp;Doctorante en litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paris-Sorbonne sous la direction de&nbsp;Didier Alexandre, et agr&eacute;g&eacute;e de lettres actuellement professeur en lyc&eacute;e, Delphine Vernozy pr&eacute;pare une th&egrave;se sur les &eacute;crivains librettistes de ballet en France des ann&eacute;es 1910 aux ann&eacute;es 1960 (de Cocteau &agrave; Ionesco, en passant par Claudel, Cendrars, Char, C&eacute;line ou encore Anouilh).</p> <p style="text-align: justify;"><strong>Copyright</strong></p> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>