<div class="entry-content"> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Resume">Abstract</span></h3> <p style="text-align: justify;">As they speculate more or less seriously on the historical replacement of books by phonographs, two works from the end of the XIXth century,&nbsp;<em>La Fin des livres</em>&nbsp;(1895) by Octave Uzanne et&nbsp;<em>With the Eyes Shut</em>&nbsp;by Edward Bellamy (1898) are strikingly remiscent of our contemporary discourse about the &laquo;&nbsp;end of books&nbsp;&raquo;, as if its presuppositions and analysis had hardly changed in 100 years. But yesterday like today, this fear is mostly a speculative thought experiment about an fictitious &laquo;&nbsp;end&nbsp;&raquo;, while the real concern is about adapting to new economical conditions.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>Bellamy, Fin des livres, Robida, Uzanne</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Sans doute, et l&rsquo;on s&rsquo;en excusera, cette communication vient-elle trop tard. Car d&eacute;j&agrave; &laquo;&nbsp;nous sommes apr&egrave;s le livre&nbsp;&raquo;. Si du moins l&rsquo;on en croit ce qu&rsquo;a &eacute;crit Fran&ccedil;ois Bon en 2012, dans ce qui ressemble tout de m&ecirc;me curieusement &agrave;&hellip; un livre&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est qu&rsquo;&laquo;&nbsp;apr&egrave;s le livre&nbsp;&raquo; ne signifie pas tant, on l&rsquo;aura compris, la disparition d&eacute;finitive du livre comme support que son d&eacute;placement dans le champ des pratiques litt&eacute;raires, sa concurrence accrue avec les nouveaux m&eacute;dias num&eacute;riques. Ce qui lui arrive est au fond comparable &agrave; ce qui est arriv&eacute; au disque, dont les contenus ont peu &agrave; peu essaim&eacute; en multiples formats de qualit&eacute; &agrave; chaque fois moindre (cassette, CD, fichiers mp3) avec comme b&eacute;n&eacute;fice symbolique de demeurer, aux yeux de certains connaisseurs, le support le plus prestigieux. On peut aussi penser &agrave; la mani&egrave;re dont le cin&eacute;ma se consomme d&eacute;sormais sur une multitude de supports, de la vieille t&eacute;l&eacute;vision au &laquo;&nbsp;smartphones&nbsp;&raquo;, non sans laisser &agrave; la projection dans la salle obscure, pour certains du moins, un statut d&rsquo;exp&eacute;rience privil&eacute;gi&eacute;e. De quasi monopolistique le livre devient ainsi un &eacute;l&eacute;ment parmi d&rsquo;autres d&rsquo;une constellation technique qui inclut internet, les liseuses, les tablettes, les t&eacute;l&eacute;phones, mais aussi les r&eacute;seaux sociaux, ou les blogs.</p> <p style="text-align: justify;">Mais quoi d&rsquo;&eacute;tonnant &agrave; cela&nbsp;?&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre</em>&nbsp;insiste sur le fait que le livre est lui-m&ecirc;me le produit de ruptures historiques constantes, non seulement par rapport aux supports qui l&rsquo;ont pr&eacute;c&eacute;d&eacute; (tablette, rouleau, codex) mais aussi dans son propre domaine (l&rsquo;imprimerie, la presse, le livre de poche). De sorte que ce qui arrive aujourd&rsquo;hui n&rsquo;est qu&rsquo;une nouvelle p&eacute;rip&eacute;tie de cette histoire. Sans ignorer leur nature et leur port&eacute;e, les mutations pr&eacute;sentes peuvent ainsi se lire comme la suite logique de mutations pass&eacute;es et la fameuse &laquo;&nbsp;fin du livre&nbsp;&raquo;, la r&eacute;p&eacute;tition, sur un mode certes intensifi&eacute;, de &laquo;&nbsp;fins&nbsp;&raquo; pr&eacute;c&eacute;dentes, ou de crises ant&eacute;rieures. Celles-ci au demeurant sont &eacute;quivoques&nbsp;: si elles refl&egrave;tent l&rsquo;angoisse des lettr&eacute;s devant les mutations de leur champ et la peur de le voir d&eacute;finitivement d&eacute;mod&eacute;, elles expriment aussi l&rsquo;opportunit&eacute; de sortir des limites d&rsquo;un m&eacute;dia parfois contraignant, de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; de nouvelles formes, de red&eacute;finir le sens de l&rsquo;activit&eacute; litt&eacute;raire elle-m&ecirc;me.</p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;exemple historique pr&eacute;sent&eacute; ici renvoie &agrave; une menace peut-&ecirc;tre encore plus effrayante que celle de notre contexte, o&ugrave; quel que soit le destin du livre, le texte &eacute;crit constitue tout de m&ecirc;me, gr&acirc;ce &agrave; la concurrence offerte par internet &agrave; la radio et la t&eacute;l&eacute;vision, le rapport privil&eacute;gi&eacute; &agrave; l&rsquo;information et au savoir&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>. Car, lorsqu&rsquo;en 1875 est apparu le phonographe&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, il a jet&eacute; dans le monde litt&eacute;raire l&rsquo;ombre d&rsquo;une menace bien plus insidieuse&nbsp;:&nbsp;<em>celle d&rsquo;une domination sans partage de l&rsquo;oralit&eacute; sur l&rsquo;&eacute;criture</em>.&nbsp; Elle est illustr&eacute;e entre autres par deux petits textes quasiment contemporains, de part et d&rsquo;autre de l&rsquo;Atlantique.&nbsp;<em>La Fin des livres</em>&nbsp;(1895) d&rsquo;Octave Uzanne&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>, illustr&eacute; par Robida, une conversation dans laquelle des artistes et des intellectuels anticipent sur la destin&eacute;e du livre dans une culture purement phonographique.&nbsp;<em>With the Eyes Shut</em>&nbsp;(1898) d&rsquo;Edward Bellamy&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>, plus connu pour son&nbsp;<em>Looking Backwards</em>, d&eacute;crit pour sa part le r&ecirc;ve fait par un voyageur en train (les yeux ferm&eacute;s donc) d&rsquo;un monde dans lequel le phonographe a l&agrave; encore enti&egrave;rement remplac&eacute; le livre et permet donc de &laquo;&nbsp;lire&nbsp;&raquo;, l&agrave; encore,&nbsp;<em>les yeux ferm&eacute;s</em>.</p> <p style="text-align: justify;">Dans cette exp&eacute;rience de pens&eacute;e fantaisiste, Bellamy et Uzanne s&rsquo;efforcent de consid&eacute;rer cette r&eacute;volution de mani&egrave;re exhaustive, dans ses aspects physiologiques, &eacute;conomiques et esth&eacute;tiques. On sera peut-&ecirc;tre surpris d&rsquo;y retrouver, au-del&agrave; m&ecirc;me de la question de la &laquo;&nbsp;fin&nbsp;&raquo;, pens&eacute;e ici plus radicalement qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui, des probl&eacute;matiques qui nous sont tout aussi famili&egrave;res, ou pour le dire nettement, d&eacute;j&agrave; les n&ocirc;tres.</p> <h2 id="sommaire-1" style="text-align: justify;"><span id="1_Neurasthenie_de_la_lecture">1. Neurasth&eacute;nie de la lecture</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Le danger de la lecture au XIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle &eacute;tait d&rsquo;abord d&rsquo;ordre moral, par le d&eacute;cha&icirc;nement de l&rsquo;imagination et le mim&eacute;tisme passionnel qu&rsquo;elle suppose, et &eacute;ventuellement physique, par son lien discursif avec l&rsquo;onanisme. Au si&egrave;cle suivant, ils sont d&rsquo;abord physiologiques. Tout simplement parce qu&rsquo;ils participent, avec les techniques de transports et de communication, &agrave; l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;overdose&nbsp;&raquo; de stimuli d&rsquo;informations que le cerveau doit traiter quotidiennement. C&rsquo;est tout le discours de la neurasth&eacute;nie, en effet, actif &agrave; partir des ann&eacute;es 1880 et les travaux de George Miller Beard, que de d&eacute;signer l&rsquo;environnement m&eacute;diatique et technique comme la cause principale des troubles nerveux&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">On voit ais&eacute;ment que la cause premi&egrave;re de l&rsquo;augmentation des cas de neurasth&eacute;nie dans ce pays est la civilisation elle-m&ecirc;me, avec tout ce que le terme implique, avec ses chemins de fer, son t&eacute;l&eacute;graphe, son t&eacute;l&eacute;phone, sa presse p&eacute;riodique, intensifiant de dix mille fa&ccedil;ons l&rsquo;activit&eacute; c&eacute;r&eacute;brale et les soucis&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est m&ecirc;me chez certains chez certains penseurs, le signe de la d&eacute;cadence culturelle, tels Nordau, dont&nbsp;<em>La D&eacute;g&eacute;n&eacute;rescence</em>&nbsp;est l&rsquo;exact contemporain du livre d&rsquo;Uzanne&nbsp;:</p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">M&ecirc;me les petits &eacute;branlements en chemin de fer non per&ccedil;us par la conscience, les bruits perp&eacute;tuels et les tableaux vari&eacute;s des rues d&rsquo;une grande ville, notre impatience &agrave; conna&icirc;tre la suite de tels ou tels &eacute;v&egrave;nements, l&rsquo;attente de notre journal, du facteur, des visiteurs, tout cela co&ucirc;te du travail &agrave; notre cerveau. Depuis cinquante ans, la population de l&rsquo;Europe n&rsquo;a pas doubl&eacute;&nbsp;; la somme de son travail est mont&eacute;e au d&eacute;cuple, en partie m&ecirc;me &agrave; cinquante fois plus. Chaque homme civilis&eacute; fournit donc aujourd&rsquo;hui de cinq &agrave; vingt-cinq fois autant de travail qu&rsquo;on lui en demandait il y a un demi-si&egrave;cle&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Dans ce contexte de saturation m&eacute;diatique, le premier reproche fait au livre est vieux comme l&rsquo;imprimerie elle-m&ecirc;me&nbsp;: c&rsquo;est sa prolif&eacute;ration qui &eacute;touffe l&rsquo;humanit&eacute; sous des montagnes de papiers inutiles, d&rsquo;autant plus futiles qu&rsquo;ils doivent d&eacute;sormais composer avec la concurrence d&rsquo;autres m&eacute;dias. William Poole, l&rsquo;un des personnages de la conversation d&rsquo;Uzanne s&rsquo;en avise ainsi&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Il faut que les livres disparaissent ou qu&rsquo;ils nous engloutissent; j&rsquo;ai calcul&eacute; qu&rsquo;il para&icirc;t dans le monde entier quatre-vingts &agrave; cent mille ouvrages par an, qui tir&eacute;s &agrave; mille en moyenne font plus de cent millions d&rsquo;exemplaires, dont la plupart ne contiennent que les plus grandes extravagances et les plus folles chim&egrave;res et ne propagent que pr&eacute;jug&eacute;s et erreurs&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Le second est directement li&eacute; &agrave; l&rsquo;impact physique de la lecture, repens&eacute;e comme pathog&egrave;ne&nbsp;: heurts successifs, un &eacute;nervement tr&egrave;s troublant &agrave; la longue&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Uzanne reproche donc (ou feint de reprocher au livre) de trop solliciter l&rsquo;attention &agrave; une &eacute;poque o&ugrave;, comme l&rsquo;ont montr&eacute; les travaux de Crary et de Rabinbach&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>, cette attention devient un sujet d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour les psychologues, qui la corr&egrave;lent &agrave; un souci plus large de la fatigabilit&eacute; du corps humain dans le contexte de la modernit&eacute;. Bellamy s&rsquo;en prend lui, et d&rsquo;une mani&egrave;re qui annonce Mc Luhan et sa critique de la Galaxie Gutenberg, &agrave; la rupture de l&rsquo;&eacute;quilibre entre les sens&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Le sens de la vue &eacute;tait terriblement surmen&eacute; avant l&rsquo;introduction du phonographe, et maintenant que le sens de l&rsquo;ou&iuml;e commence &agrave; assumer sa propre part de travail, il serait &eacute;trange qu&rsquo;une am&eacute;lioration de l&rsquo;&eacute;tat des yeux de la population ne se fasse pas remarquer. Les physiologistes en outre ne nous promettent pas simplement une vision am&eacute;lior&eacute;e, mais un physique plus sain de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, notamment en ce qui concerne la posture, maintenant que l&rsquo;&eacute;criture et l&rsquo;&eacute;tude n&rsquo;impliquent plus, comme auparavant, cette attitude s&eacute;dentaire qui tord la colonne et affaisse les &eacute;paules. Le phonographe a au moins rendu ceci possible de d&eacute;velopper l&rsquo;esprit sans contraindre le corps&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Uzanne lui embo&icirc;te le pas, d&rsquo;une mani&egrave;re plus ouvertement satirique et am&egrave;re, en insistant sur la logique humaine de la loi du moindre effort.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Je crois donc au succ&egrave;s de tout ce qui flattera et entretiendra la paresse et l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme de l&rsquo;homme ; l&rsquo;ascenseur a tu&eacute; les ascensions dans les maisons ; le phonographe d&eacute;truira probablement l&rsquo;imprimerie. Nos yeux sont faits pour voir et refl&eacute;ter les beaut&eacute;s de la nature et non pas pour s&rsquo;user &agrave; la lecture des textes ; il y a trop longtemps qu&rsquo;on en abuse, et il n&rsquo;est pas besoin d&rsquo;&ecirc;tre un savant ophtalmologiste pour conna&icirc;tre la s&eacute;rie des maladies qui accablent notre vision et nous astreignent &agrave; emprunter les artifices de la science optique.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Ce souci hygi&eacute;niste se traduit par la possibilit&eacute;, gr&acirc;ce au phonographe portatif aliment&eacute; par le propre fluide corporel de l&rsquo;utilisateur, de se cultiver ou de se distraire tout en marchant &ndash; un avant-go&ucirc;t de la miniaturisation et de la portabilit&eacute; actuelle, o&ugrave; le l&eacute;ger et le mobile deviennent en eux-m&ecirc;mes des valeurs.</p> <p style="text-align: justify;">Bref d&rsquo;un point de vue physique, comme Uzanne le confirme&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Les auditeurs ne regretteront plus le temps o&ugrave; on les nommait lecteurs ; leur vue repos&eacute;e, leur visage rafra&icirc;chi, leur nonchalance heureuse indiqueront tous les bienfaits d&rsquo;une vie contemplative&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">On le voit, le premier souci, pour l&eacute;gitimer cette mutation, et c&rsquo;est encore l&agrave; un trait bien actuel, est l&rsquo;accent mis sur la r&eacute;ception, son confort, sa commodit&eacute;, car au fond le probl&egrave;me n&rsquo;a pas chang&eacute; depuis un si&egrave;cle&nbsp;: c&rsquo;est bien le public de masse, le client-roi, qui est le premier concern&eacute; par les mutations en cours, au nom de la d&eacute;mocratisation.</p> <h2 id="sommaire-2" style="text-align: justify;"><span id="2_Lage_de_lacces">2. &laquo;&nbsp;L&rsquo;&acirc;ge de l&rsquo;acc&egrave;s&nbsp;&raquo;</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Ce souci premier du public, comme acteur principal de la r&eacute;volution en cours, renvoie aussit&ocirc;t &agrave; l&rsquo;aspect &eacute;conomique. Curieusement, le mod&egrave;le envisag&eacute; par Bellamy comme par Uzanne est plus proche du mod&egrave;le contemporain que Jeremy Rifkin a baptis&eacute;, il y a quelques ann&eacute;es d&eacute;j&agrave;, &laquo;&nbsp;l&rsquo;&acirc;ge de l&rsquo;acc&egrave;s&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;&raquo;. Il ne s&rsquo;agit plus de poss&eacute;der les objets, mais de pouvoir y acc&eacute;der moyennant un abonnement ou droit d&rsquo;usage &ndash; &agrave; l&rsquo;instar des fichiers num&eacute;riques qui ne cessent d&rsquo;appartenir aux plateformes qui les vendent, et peuvent les retirer &agrave; tout instant de votre liseuse.</p> <p style="text-align: justify;"><em>Hamage</em>&nbsp;&ndash;&nbsp;mot entre Hommage et Damage, comme pour exprimer ce que le nouveau m&eacute;dia&nbsp; fait subir au nouveau&nbsp;?&nbsp;&ndash;&nbsp;l&rsquo;interlocuteur du narrateur de la nouvelle de Bellamy, lui en explique le principe lors d&rsquo;une visite d&rsquo;une librairie de rouleaux phonographiques.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Les gens &agrave; ce comptoir ne sont pas des acheteurs mais des emprunteurs [&hellip;]. Il expliqua ensuite que l&agrave; o&ugrave; le vieux livre imprim&eacute; &eacute;tait endommag&eacute; lors de sa manipulation par le lecteur et devait donc &ecirc;tre rachet&eacute; de suite ou emprunt&eacute; &agrave; des tarifs &eacute;lev&eacute;s, le phonographe d&rsquo;un livre, n&rsquo;&eacute;tant pas manipul&eacute; mais simplement en rotation dans une machine, n&rsquo;&eacute;tait que peu ab&icirc;m&eacute; par l&rsquo;usage, et par cons&eacute;quent les livres phonographies pouvaient &ecirc;tre emprunt&eacute;s &agrave; un prix infinit&eacute;simal&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Le m&ecirc;me principe s&rsquo;applique chez Uzanne d&rsquo;un acc&egrave;s le plus d&eacute;mocratique possible &agrave; des prix les plus bas possibles, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;&eacute;couter (en&nbsp;<em>streaming</em>, pour ainsi dire)&nbsp;ou d&rsquo;acheter sur de v&eacute;ritables distributeurs automatiques, sur le mod&egrave;le, par exemple, des distributeurs de boissons chaudes dans les rues du Paris fin-de-si&egrave;cle, ou de ceux de livres &agrave; 2 &euro; qu&rsquo;on trouvait il y a quelques ann&eacute;es dans les rues du m&ecirc;me Paris&nbsp;&ndash;&nbsp;cette biblioth&egrave;que automatique que traverse la Seine</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">&Agrave; tous les carrefours des villes, des petits &eacute;difices s&rsquo;&eacute;l&egrave;veront autour desquels pendront, &agrave; l&rsquo;usage des passants studieux, des tuyaux d&rsquo;audition correspondant &agrave; des &oelig;uvres faciles &agrave; mettre en action par la seule pression sur un bouton indicateur. D&rsquo;autre part, des sortes d&rsquo;<em>automatic libraries</em>, mues par le d&eacute;clenchement op&eacute;r&eacute; par le poids d&rsquo;un penny jet&eacute; dans une ouverture, donneront pour cette faible somme les &oelig;uvres de Dickens, de Dumas p&egrave;re ou de Longfellow, contenues sur de longs rouleaux faits pour &ecirc;tre actionn&eacute;s &agrave; domicile&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>.</p> </blockquote> <h2 id="sommaire-3" style="text-align: justify;"><span id="3_La_mise_en_reseau">3. La mise en r&eacute;seau</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Chez Bellamy comme chez Uzanne, cette nouvelle donn&eacute; &eacute;conomique et rendue possible et s&rsquo;articule &agrave; un autre trait de cette mutation qui n&rsquo;est pas l&agrave; encore sans rappeler celle que nous vivons aujourd&rsquo;hui&nbsp;: la mise en r&eacute;seau des contenus. Comme ce sera le cas pour internet, ce r&eacute;seau est d&rsquo;abord greff&eacute; sur le t&eacute;l&eacute;phone qui par son maillage de l&rsquo;espace&nbsp; permet de diffuser largement de ces contenus &agrave; partir d&rsquo;une seule source&nbsp;: c&rsquo;est ce qu&rsquo;avait montr&eacute; l&rsquo;exemple du th&eacute;&acirc;trophones qui permettaient d&rsquo;&eacute;couter chez soi des concerts donn&eacute;es dans les salles.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Gr&acirc;ce &agrave; la communication t&eacute;l&eacute;phonique, il (l&rsquo;&eacute;locutionniste, j&rsquo;y reviendrai) &eacute;tait capable de s&rsquo;adresser simultan&eacute;ment &agrave; d&rsquo;autres congr&eacute;gations de phonographes dans d&rsquo;autres lieux situ&eacute;s &agrave; distance. Il raconta, qu&rsquo;une fois, lorsque la demande pour un livre populaire &eacute;tait forte, il en avait charg&eacute; cinq mille phonographes d&rsquo;un coup&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Chez Uzanne, le r&eacute;seau envahit peu &agrave; peu tout l&rsquo;espace social.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Est-ce tout&nbsp;?&hellip; non pas encore, le <em>phonographisme</em> futur s&rsquo;offrira &agrave; nos petits-fils dans toutes les circonstances de la vie&nbsp;; chaque table de restaurant sera munie de son r&eacute;pertoire d&rsquo;&oelig;uvres phonographi&eacute;es, de m&ecirc;me les voitures publiques, les salles d&rsquo;attente, les cabinets des steamers, les halls et les chambres d&rsquo;h&ocirc;tel poss&eacute;deront des <em>phonographot&egrave;ques</em> &agrave; l&rsquo;usage des passagers. Les chemins de fer remplaceront les parloirs-cars par des sortes de <em>Pullman circulating Libraries</em> qui feront oublier aux voyageurs les distances parcourues, tout en laissant &agrave; leurs regards la possibilit&eacute; d&rsquo;admirer les paysages des pays travers&eacute;s.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Ce qui est d&rsquo;ailleurs exactement le cas chez Bellamy&nbsp;&ndash;&nbsp;dont le narrateur d&eacute;couvre en train le livre phonographi&eacute;. En toute logique, d&rsquo;ailleurs, puisque le train avait d&eacute;j&agrave; puissamment contribu&eacute; au succ&egrave;s de livre de masse, dans un exemple d&rsquo;hybridation m&eacute;diatique parfaitement r&eacute;ussi.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="4_Integration_multimediale">4. Int&eacute;gration multim&eacute;diale</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est aussi cette capacit&eacute; &agrave; s&rsquo;hybrider qui fait du livre phonographique une proposition d&rsquo;avenir pour nos auteurs. On voit se profiler ici la pr&eacute;histoire d&rsquo;un argument de poids en faveur du remplacement du livre&nbsp;: la capacit&eacute; de l&rsquo;ordinateur comme machine universelle, &agrave; hybrider toutes sortes de contenus diff&eacute;rents que le num&eacute;rique &ndash; c&rsquo;est son g&eacute;nie propre &ndash;&nbsp; a homog&eacute;n&eacute;is&eacute;s par le code. Notamment, une objection soulev&eacute;e dans les deux livres est celle de l&rsquo;illustration que le livre incluait, mais qui manquait cruellement au phonographe. Cela pousse nos auteurs &agrave; anticiper &laquo;&nbsp;l&rsquo;audio-visuel&nbsp;&raquo;, en associant phonographe et cin&eacute;ma, une hybridation qui devra attendre, dans le monde r&eacute;el, les ann&eacute;es 20.</p> <p style="text-align: justify;">La version de Bellamy est encore h&eacute;sitante, et tient plus du diaporama que du film puisque seules des photographies fixes illustrent le rouleau d&rsquo;une pi&egrave;ce enregistr&eacute;e&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">La partie ant&eacute;rieure imitait un th&eacute;&acirc;tre au rideau baiss&eacute;. Comme je pla&ccedil;ais le transmetteur sur mes oreilles, l&rsquo;employ&eacute; actionna un ressort et le rideau se leva, r&eacute;v&eacute;lant l&rsquo;image parfaitement reproduite d&rsquo;un d&eacute;cor de th&eacute;&acirc;tre au moment de la sc&egrave;ne d&rsquo;ouverture. Simultan&eacute;ment, la pi&egrave;ce d&eacute;marra, comme si les hommes repr&eacute;sent&eacute;s sur la sc&egrave;ne &eacute;taient en train de parler. Pas question ici de perdre la moiti&eacute; de ce qui se disait et de deviner le reste. Pas un mot, pas une syllabe, pas un apart&eacute; des acteurs n&rsquo;&eacute;tait perdu&nbsp;; et au fur et &agrave; mesure que la pi&egrave;ce avan&ccedil;ait, les images changeaient, montrant toutes les nouvelles attitudes significatives de la part des com&eacute;diens. Bien s&ucirc;r, ces figures, n&rsquo;&eacute;tant que des images, ne bougeaient pas, mais la pr&eacute;sentation de tant d&rsquo;attitudes successives produisait l&rsquo;effet du mouvement, et rendait tout &agrave; fait possible d&rsquo;imaginer que les voix dans mon oreille &eacute;taient r&eacute;ellement les leurs&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Chez Uzanne, en revanche, on est plus &agrave; la pointe du progr&egrave;s, puisque cette fois, c&rsquo;est le kin&eacute;toscope edisonien (un pr&eacute;-cin&eacute;ma consomm&eacute; individuellement et finalement moins rentable que la projection collective r&eacute;p&eacute;t&eacute;e d&rsquo;une seule copie) qui sert de mod&egrave;le</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Le KINETOGRAPHE enregistrera le mouvement de l&rsquo;homme et le reproduira exactement comme le phonographe enregistre et reproduit sa voix. D&rsquo;ici cinq ou six ans, vous appr&eacute;cierez cette merveille bas&eacute;e sur la composition des gestes par la photographie instantan&eacute;e&nbsp;; le kin&eacute;tographe sera donc l&rsquo;illustrateur de la vie quotidienne. Non seulement nous le verrons fonctionner dans sa bo&icirc;te, mais, par un syst&egrave;me de glaces et de r&eacute;flecteurs, toutes les figures actives qu&rsquo;il repr&eacute;sentera en photo-chromos pourront &ecirc;tre projet&eacute;es dans nos demeures sur de grands tableaux blancs. Les sc&egrave;nes des ouvrages fictifs et des romans d&rsquo;aventures seront mim&eacute;es par des figurants bien costum&eacute;s et aussit&ocirc;t reproduites&nbsp;; nous aurons &eacute;galement, comme compl&eacute;ment au journal phonographique, les illustrations de chaque jour, des Tranches de vie active, comme nous disons aujourd&rsquo;hui, fra&icirc;chement d&eacute;coup&eacute;es dans l&rsquo;actualit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">On reconna&icirc;t ici comme l&rsquo;amorce de la t&eacute;l&eacute;vision (dans un moment de g&eacute;nie proph&eacute;tique, Bellamy note que les parents sont les premiers b&eacute;n&eacute;ficiaires d&rsquo;une invention qui garde elle-m&ecirc;me les enfants) mais aussi l&rsquo;argument contemporain qui fait de l&rsquo;int&eacute;gration multim&eacute;diatique la marque m&ecirc;me du progr&egrave;s &ndash; &agrave; tel point que d&eacute;j&agrave;, semble-t-il,&nbsp; la liseuse est lentement en train de dispara&icirc;tre au profit de la tablette, plus versatile et plus &laquo;&nbsp;branch&eacute;e&nbsp;&raquo; sur l&rsquo;ext&eacute;rieur.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="5_Lorateur">5. L&rsquo;orateur</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&eacute;crivain est sans doute celui qui dans ce dispositif voit sa situation la plus boulevers&eacute;e et son statut le plus menac&eacute;. D&eacute;fini par la pratique exclusive de l&rsquo;&eacute;crit, il en revient d&eacute;sormais aux beaux jours de la rh&eacute;torique et de l&rsquo;art oratoire. C&rsquo;est ce qu&rsquo;exprime Uzanne, non sans une certaine ironie, pleine de sous-entendus sexuels.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">On ne nommera plus, en ce temps assez proche, les hommes de lettres des&nbsp;<em>&eacute;crivains</em>, mais plut&ocirc;t des&nbsp;<em>narrateurs</em>&nbsp;; le go&ucirc;t du style et des phrases pompeusement par&eacute;es se perdra peu &agrave; peu, mais l&rsquo;art de la diction prendra des proportions invraisemblables&nbsp;; il y aura des&nbsp;<em>narrateurs</em>&nbsp;tr&egrave;s recherch&eacute;s pour l&rsquo;adresse, la sympathie communicative, la chaleur vibrante, la parfaite correction et la ponctuation de leurs voix. &laquo;&nbsp;Les dames ne diront plus, parlant d&rsquo;un auteur &agrave; succ&egrave;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;aime tant sa fa&ccedil;on d&rsquo;&eacute;crire&nbsp;!&nbsp;&raquo; Elles soupireront toutes fr&eacute;missantes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Oh&nbsp;! ce diseur a une voix qui p&eacute;n&egrave;tre, qui charme, qui &eacute;meut&nbsp;; ses&nbsp;<em>notes</em>&nbsp;graves sont adorables, ses cris d&rsquo;amours d&eacute;chirants&nbsp;; il vous laisse toute bris&eacute;e d&rsquo;&eacute;motion apr&egrave;s l&rsquo;audition de son &oelig;uvre : c&rsquo;est un ravisseur d&rsquo;oreille incomparable&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&eacute;crivain semble y gagner d&rsquo;un point de vue &eacute;conomique, puisqu&rsquo;il est le seul &agrave; pouvoir exploiter cette voix qui est la sienne propre, plus propre encore que son style. Uzanne voit l&agrave; l&rsquo;occasion de r&eacute;aliser le r&ecirc;ve pr&eacute;tendument le plus cher (et le plus secret) de tous les &eacute;crivains, c&rsquo;est-&agrave;-dire se d&eacute;barrasser des interm&eacute;diaires qui exploitent son travail depuis les d&eacute;buts de l&rsquo;imprimerie, j&rsquo;ai nomm&eacute; l&rsquo;&eacute;diteur&nbsp;et le libraire :</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Pour le livre, ou disons mieux, car alors les livres auront v&eacute;cu, pour le <em>novel</em> ou <em>storyographe</em>, l&rsquo;auteur deviendra son propre &eacute;diteur, afin d&rsquo;&eacute;viter les imitations et contrefa&ccedil;ons&nbsp;; il devra pr&eacute;alablement se rendre au <em>Patent Office</em> pour y d&eacute;poser sa voix et en signer les notes basses et hautes, en donnant des contre-auditions n&eacute;cessaires pour assurer les doubles de sa consignation. Aussit&ocirc;t cette mise en r&egrave;gle avec la loi, l&rsquo;auteur parlera son &oelig;uvre et la clichera sur des rouleaux enregistreurs et mettra en vente lui-m&ecirc;me ses cylindres patent&eacute;s, qui seront livr&eacute;s sous enveloppe &agrave; la consommation des auditeurs&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">On reconna&icirc;t l&agrave; le r&ecirc;ve actuel, berc&eacute; par internet, d&rsquo;une auto-publication qui permettrait de toucher le public sans passer par de co&ucirc;teuses m&eacute;diations v&eacute;cues comme &laquo;&nbsp;parasitaires&nbsp;&raquo;. Les &eacute;crivains contemporains publi&eacute;s ont saut&eacute; sur l&rsquo;occasion qu&rsquo;offraient les fichiers num&eacute;riques, qui suppriment les m&eacute;diations mat&eacute;rielles &ndash; fabrication du livre, manutention, transports, stockage &ndash; pour tenter de monter leur pourcentage vers de sommets qui donnent le vertige &agrave; leurs &eacute;diteurs. Les &eacute;crivains non publi&eacute;s r&ecirc;vent eux d&rsquo;une relation directe avec le lecteur, &eacute;tay&eacute;e sur les r&eacute;seaux sociaux, pour remplacer les instances habituelles de l&eacute;gitimation et de prescription.</p> <p style="text-align: justify;">Uzanne, auteur et &eacute;diteur, ne se fait pas d&rsquo;illusions sur le r&eacute;sultat, qui fait de l&rsquo;&eacute;crivain ni plus ni moins qu&rsquo;un chanteur des rues&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">L&rsquo;auteur qui voudra exploiter personnellement ses &oelig;uvres &agrave; la fa&ccedil;on des trouv&egrave;res du moyen &acirc;ge et qui se plaira &agrave; les colporter de maison en maison pourra en tirer un b&eacute;n&eacute;fice mod&eacute;r&eacute; et toutefois r&eacute;mun&eacute;rateur en donnant en location &agrave; tous les habitants d&rsquo;un m&ecirc;me immeuble une infinit&eacute; de tuyaux qui partiront de son magasin d&rsquo;audition, sorte d&rsquo;orgue port&eacute; en sautoir pour parvenir par les fen&ecirc;tres ouvertes aux oreilles des locataires d&eacute;sireux un instant de distraire leur loisir ou d&rsquo;&eacute;gayer leur solitude. [&hellip;] Moyennant quatre ou cinq&nbsp;<em>cents</em>&nbsp;par heure, les petites bourses, avouez-le, ne seront pas ruin&eacute;es et l&rsquo;auteur vagabond encaissera des droits relativement importants par la multiplicit&eacute; des auditions fournies &agrave; chaque maison d&rsquo;un m&ecirc;me quartier<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Ce chanteur de cour, ou ce portrait de l&rsquo;artiste en VRP, n&rsquo;est pas sans &eacute;voquer &nbsp;irr&eacute;sistiblement le &laquo;&nbsp;porte &agrave; porte&nbsp;&raquo; que l&rsquo;&eacute;crivain contemporain, publi&eacute; ou non, est invit&eacute; &agrave; faire justement sur les r&eacute;seaux sociaux.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="6_Nouveaux_intermediaires_nouveaux_parasites">6. Nouveaux interm&eacute;diaires, nouveaux parasites</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Car cette nouvelle donne bien s&ucirc;r ne saurait profiter &agrave; tous. Quel sort pour les &eacute;crivains timides ou &agrave; sc&eacute;nographie silencieuse, dans cette &eacute;conomie du bel organe&nbsp;? Et que faire, par exemple, dans le cas de traductions&nbsp;? La solution est toute trouv&eacute;e pour Uzanne, et c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une classe de travailleurs interm&eacute;diaires&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Les auteurs priv&eacute;s du sentiment des harmonies de la voix et des flexions n&eacute;cessaires &agrave; une belle diction emprunteront le secours de gagistes, acteurs ou chanteurs pour emmagasiner leur &oelig;uvre sur les complaisants cylindres. Nous avons aujourd&rsquo;hui nos secr&eacute;taires et nos copistes&nbsp;; il y aura alors des&nbsp;<em>phonistes</em>&nbsp;et des&nbsp;<em>clamistes</em>, interpr&eacute;tant les phrases qui leur seront dict&eacute;es par les cr&eacute;ateurs de litt&eacute;ratures.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Cette invention est reprise par les &eacute;locutionnistes de Bellamy, qui se montre toutefois lucide sur les cons&eacute;quences &eacute;conomiques d&rsquo;une telle &eacute;mergence&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Je sugg&eacute;rais que l&rsquo;&eacute;conomie de compositeurs, d&rsquo;imprimeurs, de relieurs, et d&rsquo;une machinerie co&ucirc;teuse, jointe &agrave; l&rsquo;indestructibilit&eacute; des livres phonographi&eacute;s par rapport au livre imprim&eacute;, doivent les rendre tr&egrave;s bon march&eacute;.</p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Ce serait le cas, r&eacute;pondit Hamage, si les &eacute;locutionnistes c&eacute;l&egrave;bres, tel que ce Playwell, ne s&rsquo;amusaient &agrave; demander gros pour leurs services. Le public s&rsquo;est convaincu qu&rsquo;il est le seul &eacute;locutionniste de premi&egrave;re classe, et refuse d&rsquo;acheter le travail de quelqu&rsquo;un d&rsquo;autre. Par cons&eacute;quent, les auteurs stipulent qu&rsquo;il devra interpr&eacute;ter leur production, et les &eacute;diteurs, pris entre les auteurs et le public, sont &agrave; sa merci&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Dans la nouvelle donne contemporaine, ces acteurs sont un peu diff&eacute;rents, et moins expos&eacute;s au public, mais ils existent sous la forme de codeurs, d&eacute;veloppeurs, graphistes, responsables du marketing, etc.&hellip; bref de tous ceux qui vivent de la num&eacute;risation des livres et de leur diffusion sous cette forme&nbsp;: c&rsquo;est ce que les &eacute;diteurs se tuent d&eacute;sormais &agrave; expliquer aux auteurs sceptiques qui voient dispara&icirc;tre les m&eacute;diations les plus &eacute;videntes comme autant de co&ucirc;ts devant leur revenir.</p> <p style="text-align: justify;">On le voit, les sp&eacute;culations d&rsquo;Uzanne et de Bellamy constituent, sous leurs dehors fantaisistes, des r&eacute;flexions s&eacute;rieuses, moins sur la &laquo;&nbsp;fin du livre&nbsp;&raquo; en soi que sur les fragiles &eacute;quilibres &eacute;conomiques de l&rsquo;&eacute;dition, et les rapports sociaux qui en d&eacute;coulent. C&rsquo;est moins la fin du support qui les inqui&egrave;te&nbsp;<em>s&eacute;rieusement</em>&nbsp;que la menace de voir cette bulle sp&eacute;cifique du champ social &eacute;clater et, avec elle, leur position de &laquo;&nbsp;litt&eacute;raire&nbsp;&raquo; &ndash; auteur ou prescripteur. Que de nouveaux rapports, pourtant, doivent &eacute;merger de ces mutations historiques, personne n&rsquo;en doute. Mallarm&eacute;, pour qui il n&rsquo;y avait que &laquo;&nbsp;la po&eacute;sie et l&rsquo;&eacute;conomie politique&nbsp;&raquo;,&nbsp; propose dans ces m&ecirc;mes ann&eacute;es, avec ses r&eacute;flexions sur&nbsp;<em>Le Livre,&nbsp;</em>des solutions curieusement proches&nbsp;: un virage vers l&rsquo;oralit&eacute; par la pratique de la lecture publique, une communication plus directe avec le public (sous la forme de c&eacute;r&eacute;monies tant&ocirc;t domestiques, tant&ocirc;t mi-dramatiques mi-religieuses, inventant une communaut&eacute; nouvelle) et le m&ecirc;me souci d&rsquo;une &eacute;dition de masse bon march&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;">En d&eacute;finitive, si l&rsquo;on r&eacute;sume les propositions d&rsquo;Uzanne et de Bellamy, on aura du point de vue de la r&eacute;ception, portabilit&eacute;, acc&egrave;s non propri&eacute;taire, faibles co&ucirc;ts de l&rsquo;&oelig;uvre, mise en r&eacute;seau et int&eacute;gration multim&eacute;dia, qui sont alors comme aujourd&rsquo;hui les arguments premiers d&rsquo;une mutation impos&eacute;e apparemment irr&eacute;versible. Du c&ocirc;t&eacute; de la production, l&rsquo;ind&eacute;pendance suppos&eacute;e du cr&eacute;ateur et le contact social accru avec le public rappellent certaines tendances actuelles, tout comme l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une nouvelle classe d&rsquo;acteurs &eacute;conomiques plus ou moins monopolistiques dictant ses lois aux anciens, &eacute;diteurs et lecteurs compris.</p> <p style="text-align: justify;">Bref, il semblerait que l&rsquo;apocalypse actuelle ait un go&ucirc;t de d&eacute;j&agrave;-vu, ce qui pour une apocalypse est, on en conviendra, plut&ocirc;t rassurant, et que la fin du livre soit une&nbsp;<em>histoire sans fin</em>. Et selon cette formule &eacute;minemment litt&eacute;raire qui naquit de la rencontre de la presse et de la litt&eacute;rature :&nbsp;<em>la suite au prochain &eacute;pisode.</em></p> <h3 style="text-align: justify;">Notes<br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre,</em>&nbsp;Paris, Le Seuil, 2011.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Voir Lev Manovich,&nbsp;<em>The Language of New Media,</em>&nbsp;Cambridge, The MIT Press, 2000, p. 73 sqq.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Sur cette r&eacute;volution, voir Friedrich Kittler,&nbsp;<em>Gramophone, Film, Typewriter</em>, Stanford, Stanford&nbsp; University Press, &laquo;&nbsp;Writing Science&nbsp;&raquo;, 1999, p. 21-114, et Lisa Gitelman,&nbsp;<em>Scripts, Grooves and Writing Machines, Representing Technology in the Edison Era</em>, Stanford, Stanford University Press, 1999.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Octave Uzanne,&nbsp;<em>La Fin des Livres</em>, Houilles, &Eacute;ditions Manucius, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ra&nbsp;&raquo;, 2008.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Edward Bellamy,&nbsp;<em>With the Eyes Shut</em>, en ligne <a href="http://fr.feedbooks.com/book/1463/with-the-eyes shut" target="_blank">ici&nbsp;</a>(fichier.pdf consult&eacute; le 19/11/2014 &agrave; 11:04).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;George Miller Beard,&nbsp;<em>Practical Treatise on Nervous Exhaustion, (Neurasthenia) Its Symptoms, Nature, Sequences, Treatment</em>, New-York, 1894, p. 335&nbsp;:&nbsp;<em>&ldquo;It is thus readily seen that the primary cause of the increase of neurasthenia in this country is civilization itself, with all that the term implies, with its railway, telegraph, telephone, and periodical press, intensifying in ten thousand ways cerebral activity and worry.&rdquo;</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Max Nordau,&nbsp;<em>D&eacute;g&eacute;n&eacute;rescence</em>, Paris, Max Milo, 2006, p. 117.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Octave Uzanne,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 41.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;<em>Id</em>., p.&nbsp;24.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Voir Jonathan Crary,&nbsp;<em>Suspensions of Perception, Attention, Spectacle and Modern Culture</em>, Cambridge, The MIT Press, 1999&nbsp;; Anson Rabinbach,&nbsp;<em>Le Moteur humain, L&rsquo;&Eacute;nergie, la Fatigue et les Origines de la modernit&eacute;</em>&nbsp;[1990], Paris, La Fabrique &eacute;ditions, 2004.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Marshall Mc Luhan,&nbsp;<em>La Galaxie Gutenberg. La gen&egrave;se de l&rsquo;homme typographique</em>&nbsp;[1962], Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;&nbsp;Id&eacute;es&nbsp;&raquo;, 1977, 2 vol., p. 93.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Edward Bellamy,&nbsp;<em>op. cit</em>. p. 20&nbsp;: &ldquo;The sense of sight was indeed terribly overburdened previous to the introduction of the phonograph, and, now that the sense of hearing is beginning to assume its proper share of work, it would be strange if an improvement in the condition of the people&rsquo;s eyes were not noticeable.&nbsp; Physiologists, moreover, promise us not only an improved vision, but a generally improved physique, especially in respect to bodily carriage, now that reading, writing, and study no longer involves, as formerly, the sedentary attitude with twisted spine and stooping shoulders.&nbsp; The phonograph has at last made it possible to expand the mind without cramping the body.&rdquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Octave Uzanne,&nbsp;<em>op. cit.,</em>&nbsp;p. 31.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Voir Jeremy Rifkin,&nbsp;<em>L&rsquo;&Acirc;ge de l&rsquo;acc&egrave;s. La nouvelle culture du capitalisme</em>, [2000], Paris, La D&eacute;couverte, &laquo;&nbsp;Cahiers libres&nbsp;&raquo;, 2001.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp; Edward Bellamy,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.16&nbsp;: &ldquo;The people at those counters are not purchasers, but borrowers,&rdquo; Hamage replied; and then he explained that whereas the old-fashioned printed book, being handled by the reader, was damaged by use, and therefore had either to be purchased outright or borrowed at high rates of hire, the phonograph of a book being not handled, but merely revolved in a machine, was but little injured by use, and therefore phonographed books could be lent out for an infinitesimal price.&rdquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Octave Uzanne,&nbsp;<em>op. cit.,</em>&nbsp;p. 32.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Edward Bellamy,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 21&nbsp;: &ldquo;By telephonic communication he was able to address simultaneously other congregations of phonographs in other chambers at any distance.&nbsp; He said that in one instance, where the demand for a popular book was very great, he had charged five thousand phonographs at once with it.&rdquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;<em>Id.,</em>&nbsp;p.17-18. &ldquo;The front was an imitation of a theatre with the curtain down.&nbsp; As I placed the transmitter to my ears, the clerk touched a spring and the curtain rolled up, displaying a perfect picture of the stage in the opening scene.&nbsp; Simultaneously the action of the play began, as if the pictured men upon the stage were talking.&nbsp; Here was no question of losing half that was said and guessing the rest.&nbsp; Not a word, not a syllable, not a whispered aside of the actors, was lost; and as the play proceeded the pictures changed, showing every important change of attitude on the part of the actors.&nbsp; Of course the figures, being pictures, did not move, but their presentation in so many successive attitudes presented the effect of movement, and made it quite possible to imagine that the voices in my ears were really theirs.&rdquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Octave Uzanne,&nbsp;<em>op. cit.,</em>&nbsp;p. 38.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;<em>Id.,</em>&nbsp;p. 28.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;<em>Id.,</em>&nbsp;p. 27-28.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;<em>Id.,</em>&nbsp;p. 33.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Edward Bellamy,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 21&nbsp;: &ldquo;I suggested that the saving of printers, pressmen, bookbinders, and costly machinery, together with the comparative indestructibility of phonographed as compared with printed books, must make them very cheap.ʽThey would beʼ, said Hamage, ʽif popular elocutionists, such as Playwell here, did not charge so like fun for their services.&nbsp; The public has taken it into its head that he is the only first-class elocutionist, and won&rsquo;t buy anybody else&rsquo;s work.&nbsp; Consequently the authors stipulate that he shall interpret their productions, and the publishers, between the public and the authors, are at his mercyʼ.&rdquo;</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3>Bibliographie</h3> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">BELLAMY, Edward&nbsp;<em>With the Eyes Shut</em>, fichier&nbsp;<a href="http://fr.feedbooks.com/book/1463/with-the-eyes-shut" target="_blank">en ligne</a>&nbsp;consult&eacute; le 19/11/2014 &agrave; 11:04.</p> <p style="text-align: justify;">BON, Fran&ccedil;ois,&nbsp;<em>Apr&egrave;s le livre,</em>&nbsp;Paris, Le Seuil, 2011.</p> <p style="text-align: justify;">CRARY, Jonathan,<em>&nbsp;Suspensions of Perception, Attention, Spectacle and Modern Culture</em>, Cambridge, The MIT Press, 1999.</p> <p style="text-align: justify;">GITELMAN, Lisa,&nbsp;<em>Scripts, Grooves and Writing Machines, Representing Technology in the Edison Era</em>, Stanford, Stanford University Press, 1999.</p> <p style="text-align: justify;">KITTLER, Friedrich,&nbsp;<em>Gramophone, Film, Typewriter</em>, Stanford, Stanford University Press, &laquo;&nbsp;Writing Science&nbsp;&raquo;, 1999.</p> <p style="text-align: justify;">MANOVICH, Lev,&nbsp;<em>The Language of New Media,</em>&nbsp;Cambridge,The MIT Press, 2000.</p> <p style="text-align: justify;">Mc&nbsp;LUHAN, Marshall,&nbsp;<em>La Galaxie Gutenberg. La gen&egrave;se de l&rsquo;homme typographique</em>&nbsp;[1962], Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;&nbsp;Id&eacute;es&nbsp;&raquo;, 1977, 2 vol.</p> <p style="text-align: justify;">RABINBACH, Anson,<em>&nbsp;Le moteur humain. L&rsquo;&eacute;nergie, la fatigue et les origines de la modernit&eacute;</em>, Paris, la Fabrique, 1990.</p> <p style="text-align: justify;">RIFKIN, Jeremy,&nbsp;<em>L&rsquo;&Acirc;ge de l&rsquo;acc&egrave;s. La nouvelle culture du capitalisme</em>, Paris, La D&eacute;couverte, &laquo;&nbsp;Cahiers libres&nbsp;&raquo;, 2001.</p> <p style="text-align: justify;">UZANNE, Octave,&nbsp;<em>La Fin des Livres</em>, Houilles, &Eacute;ditions Manucius, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;ra&nbsp;&raquo;, 2008.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;"><strong>Jean-Christophe Valtat</strong> est professeur de Litt&eacute;rature compar&eacute;e &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry, Montpellier III. Il est l&rsquo;auteur de <em>Culture et Figures de la relativit&eacute;</em> (Champion, 2004) et co-&eacute;diteur des <em>Mythes des Avant-Garde</em>s (PULIM, 2003) et de <em>Modernit&eacute;s du Surann&eacute;</em> (PULIM, 2006). Sa th&egrave;se d&rsquo;habilitation (2009) porte sur &laquo;&nbsp;&nbsp;La Litt&eacute;rature Hallucin&eacute;e&nbsp;&raquo; et le croisement entre revendication visionnaire, discours m&eacute;dical, et nouveaux m&eacute;dias au XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle. Il a r&eacute;cemment organis&eacute; le colloque &laquo;&nbsp;&nbsp;Transfictions d&rsquo;Auteurs&nbsp;: l&rsquo;&eacute;crivain r&eacute;el comme personnage de fiction&nbsp;&raquo; (2015, RIRRA 21).</p> </div>