<div class="entry-content"> <h3>Abstract</h3> <p><em>D&eacute;sordre</em>, website that Philippe De Jonckheere has been developing and maintaining for over fifteen years (since 2000), is an hypermediatic work with a star-shaped structure characterized by semiotic hybridization and transartiality, in a context oscillating between the autobiographic and the autofictional. Acting a kind of polyphonic online journal, strongly impacted by photography, it reenacts the diaristic practice by summoning, through its digital anchoring, text, images and sounds. Composed of numerous projects, <em>D&eacute;sordre </em>is first and foremost devoted to vesting and actively exploring the <em>infra-ordinaire</em>. The work exalts the <em>not much, </em>the <em>hardly anything,</em> as well as the composite and variegated nature of life. We highlight therefore the way <em>D&eacute;sordre</em>, by offering recombinations of the experience of the real and by operating a disintegration of the linear temporality, revives the sensory and affective dynamics that allows the revalorization of trivial moments then transfigured in auratic, epiphanic instants. In other words, this paper is about illustrating how De Jonckheere invests the mass, the weight of everyday life &ndash; its thick, compact and mobile substance &ndash; in order to reveal (bursting) moments of brightness and joyful surge.</p> <p><strong>Keywords</strong></p> <p class="meta-tags">daily life, Philippe De Jonckheere, D&eacute;sordre, epiphanic moment, affect</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p style="text-align: right;">Non, plus de roman jamais,<br /> mais cueillir &agrave; la cro&ucirc;te dure<br /> ces &eacute;clats qui d&eacute;bordent<br /> et r&eacute;sistent&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em>, site internet aliment&eacute; et d&eacute;velopp&eacute; par Philippe De Jonckheere depuis plus de quinze ans, est une &oelig;uvre hyperm&eacute;diatique &agrave; la structure &eacute;toil&eacute;e qui se caract&eacute;rise par l&rsquo;hybridation s&eacute;miotique et la transartialit&eacute; dans un cadre oscillant entre l&rsquo;autobiographique et l&rsquo;autofictionnel. Sorte de journal polyphonique en ligne, fortement marqu&eacute; par la pratique photographique, il rejoue la pratique diaristique en convoquant, de par son ancrage num&eacute;rique, texte, images et sons. Compos&eacute; de tr&egrave;s nombreux projets, <em>D&eacute;sordre</em> s&rsquo;attache avant tout &agrave; investir l&rsquo;infra-ordinaire. Y est exalt&eacute; le <em>pas-grand-chose</em>, le <em>presque rien</em>, de m&ecirc;me qu&rsquo;y est mis en lumi&egrave;re le caract&egrave;re composite, bigarr&eacute;, de la vie. Il donne &agrave; voir, &agrave; lire, et surtout &agrave; ressentir l&rsquo;exp&eacute;rience du quotidien et, par elle, celle du sensoriel, dans sa pluralit&eacute;. Le temps constitue l&rsquo;autre &eacute;l&eacute;ment-phare de cette <em>&oelig;uvre-monstre</em> qui semble infinie. Les diff&eacute;rents projets qui la fa&ccedil;onnent, souvent &agrave; contrainte&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, t&eacute;moignent en effet de r&eacute;flexions sp&eacute;cifiques autour de la temporalit&eacute;&nbsp;: qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un moment&nbsp;? un jour&nbsp;? une ann&eacute;e&nbsp;? Qu&rsquo;est-ce qui en forme l&rsquo;essence&nbsp;? Quel rapport peut-on entretenir avec l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re, le <em>maintenant</em>, le soudain&nbsp;?</p> <h2><span id="1_Investir_linfra-ordinaire_rejouer_le_temps">1. Investir l&rsquo;infra-ordinaire, rejouer le temps</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em> traite de la vie ordinaire. Elle est une &oelig;uvre de la vie et, plus, une &oelig;uvre-vie&nbsp;: &laquo;&nbsp;c&rsquo;est l&rsquo;existence m&ecirc;me de son auteur qui fait le contenu du site&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>. Les titres de plusieurs projets men&eacute;s par De Jonckheere y font en effet explicitement r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;: <em>La Vie </em>&ndash; en premier lieu &ndash;, <em>Le quotidien</em>, <em>Tous les jours</em>, <em>Le petit journal</em>, <em>F&eacute;vrier</em>, etc. Elle aborde ainsi de front la question du quotidien, en suivant la double dimension qu&rsquo;il renferme&nbsp;: temporelle &ndash; la succession des jours au fur et &agrave; mesure, de m&ecirc;me que le &laquo;&nbsp;tous les jours&nbsp;&raquo; &ndash; et spatiale (chosique) &ndash; le d&eacute;cor de toute existence humaine. Le quotidien, &laquo;&nbsp;sol de toute existence&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;fait primitif de toute existence humaine&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;essence de la vie humaine&nbsp;&raquo;&nbsp;pour reprendre les mots de Bruce B&eacute;gout qui lui a consacr&eacute; un volumineux ouvrage&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>, constitue, de prime abord, &laquo;&nbsp;le connu (accessible, compr&eacute;hensible et familier)&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Il t&eacute;moigne en ce sens d&rsquo;un &laquo;&nbsp;sur-pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>. C&rsquo;est pourquoi il est la plupart du temps consid&eacute;r&eacute; comme anodin ou quelconque&nbsp;; on l&rsquo;esquive, on l&rsquo;escamote. En tant que &laquo;&nbsp;monde donn&eacute; et pr&eacute;-donn&eacute; pour partie&nbsp;&raquo; <a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>, on ne le regarde g&eacute;n&eacute;ralement pas, on ne s&rsquo;y attarde pas. Herman Parret soutient ainsi, dans une phrase qui convoque De Certeau et Merleau-Ponty, que &laquo;&nbsp;[l]e quotidien est &laquo;&nbsp;tout ce qui parle, bruit, passe, effleure, rencontre&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est la &laquo;&nbsp;prose du monde&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement d&ucirc; au hasard de la circonstance mais ces &eacute;v&eacute;nements sont des milliers et ils sont tous pareils&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">De Jonckheere, avec <em>D&eacute;sordre</em>, choisit pr&eacute;cis&eacute;ment d&rsquo;investir le quotidien &ndash; ce &laquo;&nbsp;reste&nbsp;&raquo; de la vie qui en constitue pourtant la plus grande partie &ndash;, d&rsquo;y pr&ecirc;ter attention&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, afin de remettre en question la fausse &eacute;vidence qu&rsquo;il repr&eacute;sente. Il se met en travers de l&rsquo;indiff&eacute;rence qu&rsquo;on lui oppose. Son &oelig;uvre, marqu&eacute;e par &laquo;&nbsp;un enjeu du minuscule&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>, s&rsquo;inscrit ainsi dans la continuit&eacute; de celle de Georges Perec, dont il reconna&icirc;t explicitement l&rsquo;h&eacute;ritage&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>. <em>D&eacute;sordre </em>explore le quotidien et se situe donc en-de&ccedil;&agrave; de l&rsquo;extraordinaire et du spectaculaire.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">[&hellip;] c&rsquo;est le fr&ecirc;le espoir, non de retenir un peu de ce qui s&rsquo;&eacute;coule, projet fantasque, mais de maintenir en pleine lumi&egrave;re, <em>ce qui justement reste et demeure dans l&rsquo;ombre</em>, une ombre qui s&rsquo;&eacute;paissit &agrave; mesure que s&rsquo;entasse sur eux de nouveaux &eacute;v&eacute;nements pareillement minuscules et aussi peu aptes &agrave; &eacute;merger de la masse indiff&eacute;renci&eacute;e du temps qui englue ce que justement on oublie.&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Du reste, dans son texte <em>Pourquoi</em> &ndash; qui peut &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute; comme un long auto-commentaire sur son travail &ndash;, l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment majeur qu&rsquo;il retient du Nouveau Roman c&rsquo;est &laquo;&nbsp;l&rsquo;acharnement&nbsp;&raquo; que ce mouvement a d&eacute;ploy&eacute; &laquo;&nbsp;&agrave; d&eacute;crire le vernaculaire et l&rsquo;infime&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>. Le quotidien serait ainsi comparable &agrave; un bouquet d&rsquo;orties, cette plante ni rare, ni munificente, dont on se d&eacute;tourne habituellement et qui peut m&ecirc;me &ecirc;tre vue comme n&eacute;gative (elle est urticante). De Jonckheere a d&rsquo;ailleurs d&eacute;di&eacute; tout un texte&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a> &agrave; cette herbac&eacute;e qui peut aussi &ecirc;tre vue comme extr&ecirc;mement vivifiante (sa piqure r&eacute;veille)&nbsp;; perspective qu&rsquo;il rattache pr&eacute;cis&eacute;ment au quotidien.</p> <p style="text-align: justify;">Ainsi que le note B&eacute;gout&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>, la quotidiennet&eacute; a pour foyer essentiel le moi. <em>D&eacute;sordre</em> se fait d&egrave;s lors &eacute;galement &oelig;uvre du quotidien par son ancrage &eacute;minemment subjectif, dont t&eacute;moignent la narration &agrave; la premi&egrave;re personne du singulier ainsi que le d&eacute;ploiement du diaristique. Les diff&eacute;rents projets de De Jonckheere sont autant de r&eacute;cits de vie, de r&eacute;cits de soi, qui empruntent pour la majorit&eacute; d&rsquo;entre eux la voie photographique. &Agrave; l&rsquo;instar de l&rsquo;identit&eacute;, le quotidien, chez De Jonckheere, n&rsquo;est pas lisse. Mati&egrave;re ample, informe et mobile, il n&rsquo;incarne pas l&rsquo;&laquo;&nbsp;espace du propre et de l&rsquo;identique&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>. Il appara&icirc;t plut&ocirc;t comme l&rsquo;espace de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, du divers, dessinant un domaine de l&rsquo;inconstance, de la mobilit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>, de la pr&eacute;carit&eacute;, de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;roclite&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>&nbsp;; ce dont rend superbement compte son projet <em>La Vie (comme elle va)&nbsp;</em><a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a> qui se pr&eacute;sente sous la forme de photographies disparates superpos&eacute;es venant dresser un chemin existentiel autre qu&rsquo;agendaire&nbsp;: sensible.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 1 – Capture d’écran du projet La vie comme elle va (Toute la vie)." class="alignnone size-medium wp-image-1773" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-1-300x221.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-1-300x221.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-1-1024x756.jpg 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-1-810x598.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-1-1140x841.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-1.jpg 1219w" style="width: 300px; height: 221px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 1 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du projet <em>La vie comme elle va</em> (Toute la vie).</small></p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 2 – Capture d’écran du projet La vie comme elle va (Toute la vie)." class="alignnone size-medium wp-image-1772" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-2-300x235.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-2-300x235.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-2-1024x802.jpg 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-2-810x635.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-2-1140x893.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-2.jpg 1219w" style="width: 300px; height: 235px;" /></a></p> <p style="padding-left: 30px; text-align: justify;"><small>Doc. 2&nbsp;&ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du projet <em>La vie comme elle va</em> (Toute la vie).</small></p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 3 – Capture d’écran du projet La vie comme elle va (Toute la vie)." class="alignnone size-medium wp-image-1771" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-3-300x229.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-3-300x229.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-3-1024x782.jpg 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-3-810x619.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-3.jpg 1117w" style="width: 300px; height: 229px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 3 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du projet <em>La vie comme elle va</em> (Toute la vie).</small></p> <p style="text-align: justify;">Dans <em>D&eacute;sordre</em>, l&rsquo;attention est port&eacute;e au d&eacute;tail, &agrave; ce qui rel&egrave;ve de l&rsquo;anecdotique, de l&rsquo;inaper&ccedil;u. <em>La Vie</em> rend ainsi compte du vitrail, de la fresque que peut composer le quotidien, cette &laquo;&nbsp;broderie baroque o&ugrave; des milliers de motifs s&rsquo;entrelacent dans un capharna&uuml;m optique&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>. Le quotidien y est multiforme, ind&eacute;fini, flottant, ind&eacute;cis, &eacute;quivoque&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>. <em>D&eacute;sordre</em> joue avec la nature ambivalente du quotidien qui oscille &laquo;&nbsp;entre endotique et exotique&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>, entre familier et inconnu, entre habituel et &eacute;tonnant, entre &eacute;vidence et opacit&eacute;. L&rsquo;&oelig;uvre de De Jonckheere investit ainsi la &laquo;&nbsp;tension frontali&egrave;re entre ces deux p&ocirc;les&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a> pour amener le quotidien vers une appr&eacute;hension renouvel&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>. Elle met &agrave; mal la quotidianisation, c&rsquo;est-&agrave;-dire une &laquo;&nbsp;fixation unique sur le familier&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;diverses op&eacute;rations de domestication de l&rsquo;espace, du temps et de la causalit&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>. De Jonckheere discute et r&eacute;interroge le quotidien qui est d&rsquo;ordinaire indiscut&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a> (ou pr&eacute;sent&eacute; comme indiscutable) et &eacute;cart&eacute; de toute consid&eacute;ration. Il creuse sa richesse et s&rsquo;ouvre &agrave; son caract&egrave;re dispers&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em> est ainsi une &oelig;uvre de d&eacute;construction, puis de reconstruction, du quotidien. Son auteur saisit ce dernier autrement que comme un simple d&eacute;cor et/ou comme un lieu qui serait celui de la d&eacute;r&eacute;liction. Il remet au premier plan la toile de fond &agrave; laquelle le quotidien est souvent rattach&eacute; et rel&eacute;gu&eacute;. Avec lui, il ne s&rsquo;agit donc pas de d&eacute;passer le quotidien, mais de l&rsquo;investir, de le traverser, de voir ce qu&rsquo;il rec&egrave;le et, par l&agrave;, de rejouer sa configuration. <em>L&rsquo;Album d&rsquo;Ad&egrave;le&nbsp;</em><a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>, qui retrace les six premi&egrave;res ann&eacute;es de la vie de sa fille, en donne un exemple substantiel. Des 2191 jours &eacute;coul&eacute;s, restent 234 photographies, 234 instants. <em>D&eacute;sordre</em> offre ainsi des recombinaisons du r&eacute;el, du temps, du quotidien, qui s&rsquo;effectuent par la revalorisation d&rsquo;instants, de l&rsquo;instant.</p> <p style="text-align: justify;">Un autre mode d&rsquo;investissement du quotidien op&eacute;r&eacute; par De Jonckheere passe par une logique de la r&eacute;p&eacute;tition, de l&rsquo;accumulation. En effet, <em>D&eacute;sordre</em> peut donner &agrave; voir &laquo;&nbsp;la quotidiennet&eacute; comme [un] mode d&rsquo;&ecirc;tre du quotidien [qui] se manifeste dans une pluralit&eacute; in&eacute;puisable d&rsquo;apparitions quotidiennes de choses, de personnes, de faits&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>. Le projet <em>&Agrave; quoi tu penses&nbsp;</em><em>?&nbsp;</em><a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>, qui reprend un ensemble de pens&eacute;es qui ont &eacute;merg&eacute; dans la t&ecirc;te de De Jonckheere lors de chacun de ses passages (allers-retours en train entre Paris et Clermont, durant six ans) devant les deux chemin&eacute;es de la centrale nucl&eacute;aire de Neuvy-sur-Loire, s&rsquo;inscrit dans cette perspective.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Je pense que j&rsquo;ai eu cette id&eacute;e l&rsquo;ann&eacute;e derni&egrave;re. <a href="http://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/2005/20050612.htm" target="_blank"><strong>Dans le train. Au retour.</strong></a> J&rsquo;anticipais ces nombreux allers-retours entre Paris et Clermont, et naturellement, je suis d&eacute;cid&eacute;ment incapable de ne rien faire pour rien, je me demandais quel petit projet je pourrais entamer &agrave; propos de ces allers-retours. Et je pensais &agrave; ceci d&rsquo;assez simple, un stratag&egrave;me pas trop compliqu&eacute;, faire des photographies du m&ecirc;me endroit qui se trouve sur le parcours, &agrave; l&rsquo;aller comme au retour, et levant le nez de mon livre, ou de l&rsquo;ordinateur portable pos&eacute; sur la tablette qui me tombe maladroitement sur le ventre, noter au vol ce &agrave; quoi je suis pr&eacute;cis&eacute;ment en train de penser, mani&egrave;re de r&eacute;pondre comme si on m&rsquo;avait demand&eacute;&nbsp;: <em>&agrave; quoi tu penses?</em> Je me disais alors qu&rsquo;il fallait que je trouve un endroit, toujours le m&ecirc;me, quelque chose que je ne pourrais pas rater sur le parcours. Il y avait bien le pont qui enjambe la Loire &agrave; Nevers. Je ne sais pas exactement pourquoi mais j&rsquo;ai pr&eacute;f&eacute;r&eacute; la centrale nucl&eacute;aire de Cosne-sur-Loire&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Chaque pens&eacute;e (ou presque) est ainsi assortie d&rsquo;une image de la centrale. Au fil des clics, s&rsquo;amasse alors une quantit&eacute; impressionnante de photographies de la centrale. L&rsquo;exp&eacute;rience routini&egrave;re est ainsi rendue, mais non pas comme quelque chose d&rsquo;aride ou d&rsquo;inutile, voire d&rsquo;harassant, mais comme quelque chose de stimulant. Le caract&egrave;re r&eacute;p&eacute;titif de l&rsquo;exp&eacute;rience quotidienne devient f&eacute;cond&nbsp;: il ouvre &agrave; la pens&eacute;e. Aussi, chez De Jonckheere, l&rsquo;exp&eacute;rience du quotidien n&rsquo;est pas synonyme de fadeur.</p> <p style="text-align: justify;">La modalit&eacute; it&eacute;rative peut aussi plus simplement inviter &agrave; porter une attention accrue au d&eacute;tail, aux v&eacute;tilles du monde sensible, afin de relancer une dynamique sensorielle, comme peuvent en t&eacute;moigner deux montages r&eacute;alis&eacute;s par De Jonckheere, qui s&rsquo;inscrivent par ailleurs dans la lign&eacute;e des r&eacute;alisations de Barbara Crane&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 4 – Capture d’écran du projet Les rigaudières – mai 2004 ; voir ici." class="alignnone size-medium wp-image-1770" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-4-300x226.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-4-300x226.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-4-810x609.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-4.jpg 1004w" style="width: 300px; height: 226px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 4 <em>&ndash;</em> Capture d&rsquo;&eacute;cran du projet <em>Les rigaudi&egrave;res &ndash; mai 2004</em>&nbsp;; voir <a href="http://www.desordre.net/bloc/images/photos/rigaudieres/bois/index.htm" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 5 – Capture d’écran du projet Les rigaudières – mai 2004 ; voir ici." class="alignnone size-medium wp-image-1769" loading="lazy" sizes="(max-width: 298px) 100vw, 298px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-5-298x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-5-298x300.jpg 298w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-5-150x150.jpg 150w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-5-810x815.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-5.jpg 899w" style="width: 298px; height: 300px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 5 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du projet <em>Les rigaudi&egrave;res &ndash; mai 2004</em>&nbsp;; voir <a href="http://www.desordre.net/bloc/images/photos/rigaudieres/index.htm" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p style="text-align: justify;">La r&eacute;p&eacute;tition qui <em>a priori</em> tend &agrave; familiariser, est investie d&rsquo;une port&eacute;e inverse dans l&rsquo;&oelig;uvre de De Jonckheere. Cette derni&egrave;re vient &eacute;trang&eacute;iser le banal en lui octroyant une profondeur. L&rsquo;&eacute;vident devient particulier, sp&eacute;cifique, parfois m&ecirc;me myst&eacute;rieux. Chez De Jonckheere, le quotidien n&rsquo;est pas, pour reprendre les mots de Michael Sheringham, &laquo;&nbsp;un pr&eacute;sent fluide, [&hellip;] sans relief&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>. Son &oelig;uvre ne vise pas &agrave; une simple reproduction de la r&eacute;alit&eacute;. De Jonckheere se r&eacute;approprie le quotidien, il l&rsquo;explore, avec une participation active, hors des sentiers battus. &laquo;&nbsp;Seul un quotidien transform&eacute; pourrait r&eacute;soudre cet &eacute;ternel conflit entre le trivial et le festif&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>, all&egrave;gue Sheringham&nbsp;; De Jonckheere, dans <em>D&eacute;sordre</em>, semble avoir trouv&eacute; une r&eacute;solution &agrave; cette tension.</p> <h2 style="text-align: justify;">2. Entre m&eacute;moire et oubli&nbsp;: une structure labyrinthique<br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em>, qui peut &ecirc;tre vu comme une plong&eacute;e dans le millefeuille que constitue le quotidien, remet en question le cours r&eacute;gulier des choses. S&rsquo;y &eacute;tablit une esth&eacute;tique de la d&eacute;liaison, de la diffraction. L&rsquo;&oelig;uvre est ainsi &agrave; l&rsquo;image des <em>Mille Chemins</em> photographi&eacute;s par Hanno Baumfelder, qui constitue un des &laquo;&nbsp;invit&eacute;s&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a> du site.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 6 – Capture d’écran de différentes pages de Mille chemins, Hanno Baumfelder" class="alignnone size-medium wp-image-1768" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-6-300x91.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-6-300x91.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-6.jpg 454w" style="width: 300px; height: 91px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 6 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran de diff&eacute;rentes pages de <em>Mille chemins, Hanno Baumfelder</em></small></p> <p style="text-align: justify;">En effet, la page d&rsquo;accueil actuelle&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a> du site offre au regard un ensemble d&rsquo;images disparates, une constellation de photographies qui constituent autant de portes ouvertes sur des mondes, en s&rsquo;affranchissant des contraintes du sens et de l&rsquo;unit&eacute;. On pense spontan&eacute;ment &agrave; un tiroir rempli de souvenirs qui aurait &eacute;t&eacute; retourn&eacute;.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 7  – Capture d’écran de page d’accueil de Désordre ; 1er décembre 2016." class="alignnone size-medium wp-image-1767" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-7-300x241.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-7-300x241.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-7-1024x821.jpg 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-7-810x650.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-7-1140x915.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-7.jpg 1274w" style="width: 300px; height: 241px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 7 &nbsp;&ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran de page d&rsquo;accueil de <em>D&eacute;sordre</em>&nbsp;; 1<sup>er</sup> d&eacute;cembre 2016.</small></p> <p style="text-align: justify;">Chaque image renvoie &agrave; un des projets men&eacute;s par De Jonckheere (ou &agrave; un &eacute;l&eacute;ment issu d&rsquo;un de ses projets) depuis une quinzaine d&rsquo;ann&eacute;es. D&rsquo;embl&eacute;e, toute lin&eacute;arit&eacute; est mise &agrave; mal. Le visiteur du site se retrouve plong&eacute; au c&oelig;ur d&rsquo;une structure labyrinthique dans laquelle il n&rsquo;a d&rsquo;autre choix que de se perdre. La figure du labyrinthe est au demeurant repr&eacute;sent&eacute;e et signifi&eacute;e &agrave; de nombreuses reprises sur des pages du site.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 8.1 – Figures de labyrinthes glanées sur le site." class="alignnone size-medium wp-image-1766" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-8.1-300x236.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-8.1-300x236.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-8.1-810x638.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-8.1.jpg 892w" style="width: 300px; height: 236px;" /></a></p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 8.2 – Figures de labyrinthes glanées sur le site." class="alignnone size-medium wp-image-1765" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-8.2-300x163.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-8.2-300x163.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-8.2-810x439.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-8.2.jpg 878w" style="width: 300px; height: 163px;" /></a></p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 8.3 – Figures de labyrinthes glanées sur le site." class="alignnone size-medium wp-image-1764" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-8.3-300x284.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-8.3-300x284.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/illustration-8.3.jpg 679w" style="width: 300px; height: 284px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 8&nbsp;&ndash; Figures de labyrinthes glan&eacute;es sur le site.</small></p> <p style="text-align: justify;">Associ&eacute;e au sigle de l&rsquo;infini (plusieurs fois reproduit sur le site), elle informe le processus global &ndash; entropique, de dislocation &ndash; suivi et engendr&eacute; par <em>D&eacute;sordre</em>.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 9 – Voir ici." class="alignnone size-medium wp-image-1763" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-9-300x174.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-9-300x174.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-9.jpg 386w" style="width: 300px; height: 174px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 9 &ndash; Voir <a href="http://www.desordre.net/photographie/rayogrammes/infini.html" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p style="text-align: justify;">Tout parcours de lecture de l&rsquo;&oelig;uvre est ainsi d&eacute;termin&eacute; par l&rsquo;al&eacute;atoire, l&rsquo;incertain, le changeant, le disjoint. Ren&eacute; Audet et Simon Brousseau, dans un article qui &eacute;voque la po&eacute;tique de la diffraction de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire num&eacute;rique, &eacute;voquent au sujet de <em>D&eacute;sordre</em> &laquo;&nbsp;une exp&eacute;rience de navigation sans cesse plus d&eacute;routante, complexe&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>. Le hasard et l&rsquo;&eacute;garement y sont programm&eacute;s. La page d&rsquo;accueil n&rsquo;est en effet jamais la m&ecirc;me, les images qui s&rsquo;y trouvent s&rsquo;y disposant diff&eacute;remment &agrave; chaque nouvelle actualisation. Une fluence permanente et multidirectionnelle, calqu&eacute;e sur celle du r&eacute;el, caract&eacute;rise ainsi l&rsquo;&oelig;uvre. Suivant le principe d&rsquo;un <em>perpetuum mobile</em> &ndash; propre &agrave; l&rsquo;existence humaine &ndash;, rien n&rsquo;y est jamais fix&eacute;.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;"><strong>D&eacute;but 2011</strong>, je devais penser que ce n&rsquo;&eacute;tait pas assez <em>d&eacute;sordre</em> comme cela, et donc pourqui [<em>sic</em>] est-ce que les vignettes de la page d&rsquo;accueil devraient absolument &ecirc;tre dans le bon sens? Ben pour aucune bonne raison, c&rsquo;est tellement une question de bon sens. En 2016 <a href="http://www.desordre.net/index.html" target="_blank"><strong>cette page d&rsquo;accueil</strong></a> est toujours la pour son principe de construction al&eacute;atoire, elle s&rsquo;enrichit de chaque nouvel ajout dans le site et, beaut&eacute; de la chose, elle donne, en fait, acc&egrave;s &agrave; la presque totalit&eacute; du site, ses 289&nbsp;450 fichiers, r&eacute;partis dans ses 10192 dossiers, quand je pense qu&rsquo;il y en a pour insinuer que ce site est mal con&ccedil;u, quel autre site de presque 300.00 fichiers donne acc&egrave;s &agrave; la presque totalit&eacute; de son site depuis sa seule page d&rsquo;accueil&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;?<br /> <a href="http://www.desordre.net/index.html" target="_blank"><strong>La page d&rsquo;accueil du D&eacute;sordre</strong></a> &eacute;tant ce qu&rsquo;elle est &eacute;galement, extr&ecirc;mement r&eacute;sistante au calcul de probabilit&eacute;s, et qui envoie vers autant de pages qui sont faites <a href="http://www.desordre.net/photographie/numerique/fichiers/index.htm" target="_blank"><strong>de cette fa&ccedil;on d&eacute;sormais curieuse et non fixe</strong></a>, autant vous dire que dor&eacute;navant plus personne ne voit la m&ecirc;me chose sur le site du <em>D&eacute;sordre</em>. [&hellip;] Sans compter qu&rsquo;aussi nombreux que vous soyez &agrave; regarder cette page, et m&ecirc;me plusieurs propositions de cette page, il est peu probable que deux visiteurs voient, ne serait-ce qu&rsquo;une seule fois, la m&ecirc;me combinaison. CQFD&nbsp;: cette page n&rsquo;est pas partageable sur les r&eacute;seaux asociaux, vous ne pourrez pas dire, tiens regarde-&ccedil;a!, <em>&ldquo;&ccedil;a&rdquo; n&rsquo;existe que par tr&egrave;s faible intermittence</em>. Et vous n&rsquo;imaginez m&ecirc;me pas &agrave; quel point cette pens&eacute;e m&rsquo;est agr&eacute;able&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Le plan du site propos&eacute; par De Jonckherre, sorte de brouillon manuscrit, est, &agrave; l&rsquo;avenant, lui-m&ecirc;me labyrinthique. Il se trouve d&rsquo;ailleurs sur une page qui est ironiquement intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Je vous fais un plan, vous y verrez plus clair&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 10 – Plan du site dessiné à la main." class="size-medium wp-image-1762 aligncenter" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-10-300x284.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-10-300x284.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-10-810x766.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-10.jpg 871w" style="width: 300px; height: 284px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 10&nbsp;&ndash;&nbsp;Plan du site dessin&eacute; &agrave; la main.</small></p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&oelig;uvre, qui ne cesse de figurer et d&rsquo;exprimer l&rsquo;intotalisable et l&rsquo;impermanence, est ainsi mue par un principe d&rsquo;errance, de d&eacute;rive, qui se veut, en fin de compte, principe de rencontre(s), de convergence. Valorisant le dispars, elle est polyphonique. Elle invite &agrave; s&rsquo;ouvrir &agrave; l&rsquo;instant, porteur de possibles.</p> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em>, marqu&eacute;e par un processus d&rsquo;expansion progressive non-t&eacute;l&eacute;ologique, est &agrave; la fois un labyrinthe et un champ ouvert qui traverse et plonge non seulement dans l&rsquo;&eacute;paisseur du quotidien, mais aussi dans l&rsquo;&eacute;paisseur temporelle de l&rsquo;existence humaine, compos&eacute;e de multiples strates. Il vient reconfigurer ces deux exp&eacute;riences. En effet, comme l&rsquo;a not&eacute; Bertrand Gervais dans le deuxi&egrave;me tome de ses <em>Logiques de l&rsquo;imaginaire</em>, &laquo;&nbsp;l&rsquo;exp&eacute;rience du labyrinthe est r&eacute;guli&egrave;rement con&ccedil;ue comme une sortie hors du temps, <em>comme un d&eacute;sordre mis dans le temps</em>. La d&eacute;sorientation n&rsquo;y est pas que spatiale, elle est aussi temporelle. Tous les temps s&rsquo;y m&ecirc;lent, car ils ne se suivent plus selon une logique de cons&eacute;cution traditionnelle&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>. L&rsquo;&oelig;uvre de De Jonckheere op&egrave;re un d&eacute;litement de la temporalit&eacute;. Elle fait ressentir la discontinuit&eacute; ontologique de l&rsquo;exp&eacute;rience du temps. Elle investit et creuse de nouveaux trac&eacute;s&nbsp;; elle fraye mille chemins. La r&eacute;organisation (d&eacute;structuration) du temps op&eacute;r&eacute;e par l&rsquo;auteur embrasse ainsi un principe entropique et offre d&egrave;s lors l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;une d&eacute;ambulation dans un espace labyrinthique en transformation constante, en perp&eacute;tuel r&eacute;ajustement. &OElig;uvre (du) nomade, elle ouvre au flottement, au &laquo;&nbsp;musement&nbsp;&raquo;. Th&eacute;oris&eacute; par Gervais, ce dernier est d&eacute;fini comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;invention d&rsquo;un nouvel ordre, l&rsquo;irruption de l&rsquo;in&eacute;dit&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>. &laquo;&nbsp;Confusion et &eacute;merveillement, ces deux traits r&eacute;sument bien les processus cognitif et affectif de l&rsquo;&ecirc;tre dans le labyrinthe&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>, observe Gervais. Or, De Jonckheere joue avec la confusion (li&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;garement) comme mode premier de r&eacute;ception de son &oelig;uvre et fait de l&rsquo;&eacute;merveillement (des petites choses) son principe structurant. <em>D&eacute;sordre</em> donne donc &agrave; penser la vie comme labyrinthe.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Nos existences sont des labyrinthes dont certains m&eacute;andres sont communs &agrave; d&rsquo;autres d&eacute;dales emprunt&eacute;s par d&rsquo;autres (pas toujours contemporains d&rsquo;ailleurs). Ces r&eacute;seaux sont amen&eacute;s &agrave; s&rsquo;intercroiser &agrave; l&rsquo;envi, pourvu qu&rsquo;on ait l&rsquo;intelligence de s&rsquo;y perdre. Sur la petite fen&ecirc;tre lumineuse j&rsquo;offrais enfin aux autres voyageurs ne serait-ce qu&rsquo;un infime pixel, qui s&rsquo;&eacute;teindrait sans doute un jour, mais qui aujourd&rsquo;hui brillait de toute sa fiert&eacute; de nouvel arrivant&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&oelig;uvre de De Jonckheere rend saillant le m&eacute;canisme de la ligne bris&eacute;e tel que l&rsquo;a d&eacute;velopp&eacute; Gervais dans son ouvrage &eacute;ponyme. La lin&eacute;arit&eacute; laisse place &agrave; la tabularit&eacute;. Marqu&eacute; par la disjonction et le pluriel, &eacute;chappant &agrave; la trajectoire nette et uniforme, <em>D&eacute;sordre</em> se pr&eacute;sente en effet comme un grand jardin aux sentiers qui bifurquent, pour reprendre le titre d&rsquo;une nouvelle de Borges. Audet et Brousseau, qui insistent sur son caract&egrave;re retors, affirment que la m&eacute;moire (et ses lacis) en constitue &laquo;&nbsp;le principe fondateur&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>. On ne peut le d&eacute;nier&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>. Toutefois, il est &eacute;galement possible d&rsquo;approcher l&rsquo;&oelig;uvre &agrave; partir du pendant antagonique de la m&eacute;moire&nbsp;: l&rsquo;oubli, qui constitue &laquo;&nbsp;un trait dominant de l&rsquo;imaginaire du labyrinthe&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>, selon Gervais.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Oubli de soi, de ses d&eacute;terminations spatio-temporelles et de la fa&ccedil;on de retrouver son chemin. Le labyrinthe,&nbsp;c&rsquo;est l&rsquo;errance provoqu&eacute;e par une multitude de choix &agrave; faire qui enfoncent le sujet toujours plus profond&eacute;ment dans la confusion. En fait, le labyrinthe n&rsquo;est pas un lieu de m&eacute;moire, il en est tout le contraire, c&rsquo;est-&agrave;-dire un endroit fait pour le musement, pour un esprit qui s&rsquo;aventure dans des pens&eacute;es disjointes&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em> peut en effet &ecirc;tre vu comme un th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;oubli qui &laquo;&nbsp;abolit le temps et impose l&rsquo;instant multipli&eacute; comme seule r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>. Sa structure labyrinthique am&eacute;nage l&rsquo;oubli, mais ce dernier n&rsquo;y est pas saisi comme un manque ou un d&eacute;ficit, mais comme une opportunit&eacute; de vivre (et revivre) le r&eacute;el de mani&egrave;re plurielle.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 11 – Capture d’écran du Petit journal – fragment 169." class="alignnone size-medium wp-image-1761" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-11-300x259.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-11-300x259.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-11-810x699.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-11.jpg 814w" style="width: 300px; height: 259px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 11 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du <em>Petit journal</em> &ndash; fragment 169.</small></p> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em> est ainsi une &oelig;uvre qui propose d&rsquo;entrer dans l&rsquo;oubli&nbsp;: &laquo;&nbsp;entrer dans l&rsquo;oubli c&rsquo;est se d&eacute;faire du temps&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a> &eacute;tant donn&eacute; que &laquo;&nbsp;l&rsquo;instant [y] devient la seule r&eacute;alit&eacute;, multipli&eacute;e &agrave; l&rsquo;infini&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>. L&rsquo;oubli est au demeurant intimement li&eacute; &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience du quotidien, ainsi qu&rsquo;a pu le remarquer B&eacute;gout&nbsp;: &laquo;&nbsp;le monde quotidien est le monde de l&rsquo;oubli&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>. Tellement ample, qu&rsquo;il est impossible de tout en retenir. C&rsquo;est d&egrave;s lors autour de cette perspective que se d&eacute;veloppe l&rsquo;&oelig;uvre de De Jonckheere qui, &agrave; travers les diff&eacute;rents projets qui la composent &ndash; et qui visent &agrave; une dislocation de l&rsquo;exp&eacute;rience du temps &ndash;, &eacute;pouse (une logique de) l&rsquo;oubli. Une autre phrase de Gervais vient appuyer notre proposition&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le labyrinthe permet en fait de juxtaposer l&rsquo;oubli et le musement. Le musement est ce qui &eacute;chappe &agrave; une m&eacute;moire ordonn&eacute;e ou imp&eacute;rialiste et il ouvre l&rsquo;oubli au domaine de la pr&eacute;sence. [Le labyrinthe] s&rsquo;impose ainsi comme la pierre d&rsquo;assise d&rsquo;un imaginaire de l&rsquo;oubli&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>. Par ailleurs, dans l&rsquo;oubli, souligne Gervais, pr&eacute;valent &laquo;&nbsp;la libre association, le coup de d&eacute;s, l&rsquo;air du temps, le jeu pur&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>, qui constituent quatre &eacute;l&eacute;ments centraux de <em>D&eacute;sordre</em>, dont rendent compte, &agrave; titre d&rsquo;exemple, trois pages tir&eacute;es du <em>Petit journal</em> o&ugrave; une tension (de l&rsquo;ordre du disruptif) na&icirc;t entre ce qui est dit et ce qui est montr&eacute;, entre texte et image.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 12 – Capture d’écran du Petit journal – fragment 48." class="alignnone size-medium wp-image-1760" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-12-300x275.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-12-300x275.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-12.jpg 779w" style="width: 300px; height: 275px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 12 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du <em>Petit journal</em> &ndash; fragment 48.</small></p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 13 – Capture d’écran du Petit journal – fragment 214." class="alignnone size-medium wp-image-1759" loading="lazy" sizes="(max-width: 236px) 100vw, 236px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-13-236x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-13-236x300.jpg 236w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-13.jpg 691w" style="width: 236px; height: 300px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 13&nbsp;&ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du <em>Petit journal</em> &ndash; fragment 214.</small></p> <p><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 14 – Capture d’écran du Petit journal – fragment 247." class="alignnone size-medium wp-image-1758 aligncenter" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-14-300x279.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-14-300x279.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-14.jpg 752w" style="width: 300px; height: 279px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 14 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du <em>Petit journal</em> &ndash; fragment 247.</small></p> <p style="text-align: justify;">Ancr&eacute; dans un rapport &agrave; l&rsquo;oubli,<em> D&eacute;sordre</em> s&rsquo;inscrit dans une perspective d&rsquo;errance. Cette derni&egrave;re engage une esth&eacute;tique du pluriel et de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne &ndash; que l&rsquo;on retrouve d&egrave;s la page d&rsquo;accueil du site &ndash;, qui vient s&rsquo;opposer &agrave; l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie de l&rsquo;unit&eacute;, de l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; et de la centralit&eacute;. Comme l&rsquo;a not&eacute; Gervais, &laquo;&nbsp;[l]a mesure de l&rsquo;errance&nbsp;&raquo; est &laquo;&nbsp;l&rsquo;instant comme multiplicit&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>. La multiplicit&eacute; &eacute;voqu&eacute;e est partout pr&eacute;sente dans <em>D&eacute;sordre</em> qui est organis&eacute;e suivant une po&eacute;tique du fragment associ&eacute;e &agrave; une esth&eacute;tique de la d&eacute;lin&eacute;arit&eacute;, de la discontinuit&eacute;. &Agrave; l&rsquo;instar de nombreuses &oelig;uvres hyperm&eacute;diatiques, le site affiche en effet une&nbsp;textualit&eacute; ouverte, perp&eacute;tuellement inachev&eacute;e, marqu&eacute;e par &laquo; la fragmentation, l&rsquo;ind&eacute;termination, la multin&eacute;arit&eacute; et le manque de cl&ocirc;ture inh&eacute;rents au m&eacute;dium&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>. L&rsquo;&eacute;clatement et la diffraction en composent les deux caract&eacute;ristiques-phares. En d&rsquo;autres mots &ndash; ceux de B&eacute;gout &ndash;, l&rsquo;&oelig;uvre s&rsquo;inscrit dans une &laquo;&nbsp;dynamique infinie et aventureuse de l&rsquo;exploration tous azimuts&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>. Remplie de projets, <em>D&eacute;sordre</em> met en lumi&egrave;re le disparate. &Agrave; travers une logique de la p&eacute;riph&eacute;rie, y sont r&eacute;habilit&eacute;es les &laquo;&nbsp;petites choses&nbsp;&raquo; et les faits futiles et volatiles du quotidien.</p> <p style="text-align: justify;">En investissant l&rsquo;oubli, De Jonckheere revalorise positivement ce terme d&rsquo;habitude saisi de mani&egrave;re d&eacute;pr&eacute;ciative. Dans <em>D&eacute;sordre</em>, l&rsquo;oubli rend possible l&rsquo;&eacute;mergence du neuf, de dispositions de/du sens alternatives. Gervais note en ce sens que &laquo;&nbsp;[l]&rsquo;oubli permet au nouveau de survenir. Il est disjonction, rupture, &eacute;v&eacute;nement inattendu&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a> ; il est &laquo;&nbsp;un geste qui assure la progression [&hellip;] et le renouvellement&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>. Comme l&rsquo;ont mentionn&eacute; S&eacute;bastien Biset et Myriam Watthee-Delmotte, &laquo;&nbsp;en posant l&rsquo;oubli ou le non-savoir en son centre, [l&rsquo;&oelig;uvre] peut cr&eacute;er l&rsquo;ouverture &agrave; un savoir nouveau, &agrave; l&rsquo;insoup&ccedil;onn&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>. C&rsquo;est par l&rsquo;investissement de l&rsquo;oubli que le site de De Jonckheere peut dresser de nouveaux chemins d&rsquo;appr&eacute;hension du r&eacute;el. Autrement dit, avec <em>D&eacute;sordre</em>, De Jonckheere rappelle que le quotidien, une fois saisi &agrave; partir de l&rsquo;oubli positif propre au musement &ndash; &laquo;&nbsp;l&agrave; o&ugrave; la dur&eacute;e c&egrave;de le pas &agrave; une logique de l&rsquo;instant&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a> &ndash;, peut &ecirc;tre envisag&eacute; comme un chaos f&eacute;cond d&rsquo;o&ugrave; peut sortir de l&rsquo;in&eacute;dit, du diff&eacute;rent, voire de l&rsquo;inesp&eacute;r&eacute;.</p> <h2><span id="3_Epiphanisation_de_lephemere">3. &Eacute;piphanisation de l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em> est le lieu d&rsquo;un d&eacute;tachement de la temporalit&eacute; lin&eacute;aire, de la ligne du temps. Ce sont des instants particuliers qui se voient valoris&eacute;s et investis d&rsquo;une valeur intrins&egrave;que. C&rsquo;est &agrave; partir d&rsquo;eux que s&rsquo;&eacute;tablit une nouvelle temporalit&eacute;. S&rsquo;y retrouve ainsi une sorte de pr&eacute;sent toujours en acte et l&rsquo;instant &eacute;piphanique en constitue la pierre angulaire. Le site se pr&eacute;sente en effet comme un stock d&rsquo;exp&eacute;riences, de fragments d&rsquo;existence, &agrave; tout moment potentiellement disponibles et activables. Chaque post/projet/image s&rsquo;inscrit dans un r&eacute;gime de l&rsquo;actuel, d&rsquo;une possible r&eacute;actualisation&nbsp;: tout post, toute image, est potentiellement ressurgissable &agrave; tout moment. Dans <em>D&eacute;sordre</em>, le fugitif, le ponctuel, la fulgurance &eacute;piphanique sont conserv&eacute;s, retenus. Alors que Parret affirme que la quotidiennet&eacute; ench&acirc;sse le sublime&nbsp;<a href="#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a>, De Jonckheere le fait ressurgir. Il r&eacute;veille le &laquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;bref instant d&rsquo;indicible all&eacute;gresse&nbsp;&raquo; (Greimas), [l&rsquo;]immobilisation de l&rsquo;objet-monde, [l&rsquo;]&eacute;blouissement et [le] <em>guizzo</em>-tressaillement&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn62" name="_ftnref62">[62]</a>. Chez De Jonckheere, dont l&rsquo;&oelig;uvre r&eacute;pond &agrave; l&rsquo;imp&eacute;ratif de P&eacute;none &ndash; &laquo;&nbsp;que l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re s&rsquo;&eacute;ternise&nbsp;&raquo; &ndash;, le momentan&eacute; est conserv&eacute;, maintenu en &eacute;clat(s), comme dans l&rsquo;assemblage photographique extrait de son projet <em>L&rsquo;Album d&rsquo;Ad&egrave;le</em>.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 15 – Capture d’écran d’une des pages de L’album d’Adèle." class="alignnone size-medium wp-image-1757" loading="lazy" sizes="(max-width: 257px) 100vw, 257px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-15-257x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-15-257x300.jpg 257w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-15.jpg 626w" style="width: 257px; height: 300px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 15 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran d&rsquo;une des pages de <em>L&rsquo;album d&rsquo;Ad&egrave;le</em>.</small></p> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est par l&rsquo;affect (la joie enfantine en ce qui concerne l&rsquo;image ci-dessus) que l&rsquo;instant peut &ecirc;tre &agrave; nouveau rendu pr&eacute;sent, investi, fix&eacute;. Comme le soutient Christine Buci-Glucksmann, &laquo;&nbsp;[l]&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re n&rsquo;est pas le temps mais sa vibration devenue sensible&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn63" name="_ftnref63">[63]</a>. Le rapport &agrave; l&rsquo;instant, son &eacute;tablissement, sa survenance, sont donc li&eacute;s chez De Jonckheere au surgissement du path&eacute;mique. L&rsquo;instant est toujours affectualis&eacute;. L&rsquo;affect inscrit et instruit l&rsquo;instant. Dit autrement&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;instantan&eacute;isme [est] marqu&eacute; par l&rsquo;affect dans la pr&eacute;sence du pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn64" name="_ftnref64">[64]</a>. Aussi, De Jonckheere investit le quotidien, cette &laquo;&nbsp;exp&eacute;rience r&eacute;siduelle de la vie humaine&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn65" name="_ftnref65">[65]</a>, &agrave; partir de sa modalit&eacute; affective &ndash; qui lui est d&rsquo;habitude soustraite. Il fait ressortir les r&eacute;sonnances path&eacute;miques du quotidien qui viennent alors le magnifier. <em>D&eacute;sordre</em> fracture ainsi la couche (couverture) grise et morne qui le tapisse habituellement et qui le rend par l&agrave; invisible, insipide. En d&eacute;ployant des tonalit&eacute;s affectives et &eacute;motives, il fait craquer le vernis lisse et gris&acirc;tre dont on le farde couramment. De Jonckheere op&egrave;re ainsi des trou&eacute;es dans son &laquo;&nbsp;halo brumeux&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn66" name="_ftnref66">[66]</a>, il le d&eacute;neutralise, le d&eacute;atonalise. <em>D&eacute;sordre</em> d&eacute;passe la factualit&eacute; (qui est, d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, facticit&eacute;) du quotidien pour faire surgir son affectivit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn67" name="_ftnref67">[67]</a>. Est donc abandonn&eacute;e une logique r&eacute;aliste/descriptive, au profit d&rsquo;une logique affective. Avec l&rsquo;&oelig;uvre de De Jonckheere, on va de la perception vers la sensation. En interrogeant la perception, l&rsquo;&oelig;uvre engage vers un retour de la sensation et de ses modulations les plus tenues. C&rsquo;est pourquoi l&rsquo;&eacute;rotisme <a href="#_ftn68" name="_ftnref68">[68]</a> (du corps f&eacute;minin) se manifeste fr&eacute;quemment dans l&rsquo;&oelig;uvre, jetant ainsi un pont vers une phrase de Herman Parret&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Le sein&nbsp;: le toucher-go&ucirc;t, acc&egrave;s privil&eacute;gie &agrave; l&rsquo;</em>aisth&egrave;sis<em>, et le sein du corps f&eacute;minin comme principe d&rsquo;o&ugrave; se diss&eacute;minent les exp&eacute;riences esth&eacute;tiques. D&eacute;-naturaliser, d&eacute;-moraliser le sein, pour en faire la condition de possibilit&eacute; du sublime du quotidien. Corps lactifi&eacute;s, corps organis&eacute;s autour, &agrave; partir du sein</em>&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn69" name="_ftnref69">[69]</a>.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 16 – Capture d’écran du Petit journal – fragment 226." class="alignnone size-medium wp-image-1756" loading="lazy" sizes="(max-width: 242px) 100vw, 242px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-16-242x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-16-242x300.jpg 242w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-16.jpg 718w" style="width: 242px; height: 300px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 16 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du <em>Petit journal</em> &ndash; fragment 226.</small></p> <p style="text-align: center;"><img alt="Doc. 17 – Capture d’écran d’une page du projet Pola Journal." class="alignnone size-medium wp-image-1755" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-17-300x220.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-17-300x220.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-17.jpg 557w" style="width: 300px; height: 220px;" /></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc.&nbsp;17 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran d&rsquo;une page du projet <em>Pola Journal</em>.</small></p> <p style="text-align: justify;"><em>D&eacute;sordre</em> ouvre &agrave; une autre mani&egrave;re de regarder et de sentir. Il introduit &agrave; une r&eacute;exp&eacute;rimentation du monde et du quotidien dans leur sensorialit&eacute; brute. Il rouvre aux formes, aux sons et aux couleurs, au donn&eacute; sensible et incarn&eacute;. De Jonckheere, en jouant avec la plasticit&eacute; (de l&rsquo;exp&eacute;rience) du temps et du quotidien, construit ainsi le champ d&rsquo;une exp&eacute;rience renouvel&eacute;e de ces deux instances. Il les r&eacute;articule. La nouvelle temporalit&eacute; &eacute;tablie par <em>D&eacute;sordre</em> est donc path&eacute;tique. Le temps y est r&eacute;agenc&eacute;, re-produit (et non reproduit), autour d&rsquo;instants investis affectivement. Par exemple, son projet <em>CONTRE&nbsp;</em><a href="#_ftn70" name="_ftnref70">[70]</a>, qui est n&eacute; &agrave; la suite d&rsquo;un texte de Fran&ccedil;ois Bon, consiste en la r&eacute;daction d&rsquo;une phrase ou d&rsquo;un court texte qui va &agrave; l&rsquo;encontre de quelque chose, que ce soit le moustique (novembre#1), les plaisanteries des coll&egrave;gues (novembre#7) ou encore&nbsp;le &ldquo;petit monde des pens&eacute;es (perdues)&rdquo; (novembre#40).</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Je me suis dit qu&rsquo;il fallait que je travaille, que je photographie et que j&rsquo;&eacute;crive contre. Tout du moins je vais essayer. Au moins une fois par jour. Une fois par jour, contre, au moins essayer. Et tenir, tenir le plus longtemps possible, contre.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Le texte est assorti d&rsquo;une photographie qui laisse place &agrave; une deuxi&egrave;me si l&rsquo;on place le curseur de la souris sur l&rsquo;image. Un &eacute;v&egrave;nement, une pens&eacute;e, un instant est ainsi &eacute;pingl&eacute;, distingu&eacute;, comme moment &eacute;piphanique. Des instants singuliers deviennent auratiques.</p> <p style="text-align: justify;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 18.1 – Captures d’écran du 130ème fragment de Contre (série « Novembre »)." class="alignnone wp-image-1754" loading="lazy" sizes="(max-width: 227px) 100vw, 227px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-18.1-300x267.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-18.1-300x267.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-18.1.jpg 703w" style="width: 227px; height: 202px;" /><img alt="Doc. 18.2 – Captures d’écran du 130ème fragment de Contre (série « Novembre »)." class="wp-image-1753 alignright" loading="lazy" sizes="(max-width: 227px) 100vw, 227px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-18.2-300x268.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-18.2-300x268.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-18.2.jpg 701w" style="width: 227px; height: 203px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 18 &ndash; Captures d&rsquo;&eacute;cran du 130<sup>&egrave;me</sup> fragment de <em>Contre</em> (s&eacute;rie &laquo;&nbsp;Novembre&nbsp;&raquo;).</small></p> <p style="text-align: justify;">Avec <em>Quotidien</em>, De Jonckheere retrace neuf ann&eacute;es d&rsquo;une vie &agrave; l&rsquo;aide de neuf images qui surgissent al&eacute;atoirement et qui viennent illustrer sa vie entre 2005 et 2013.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 19 – Capture d’écran du projet Quotidien (2005-2013) ; 20 novembre 2016." class="alignnone size-medium wp-image-1752" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-19-300x238.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-19-300x238.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-19-1024x813.jpg 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-19-810x643.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-19-1140x905.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-19.jpg 1740w" style="width: 300px; height: 238px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 19 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du projet <em>Quotidien </em>(2005-2013)&nbsp;; 20 novembre 2016.</small></p> <p style="text-align: justify;"><em>La Vie par les deux bouts&nbsp;</em><a href="#_ftn71" name="_ftnref71">[71]</a>, qui a pour vis&eacute;e de mettre c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te deux moments d&rsquo;une m&ecirc;me journ&eacute;e, de rapprocher la premi&egrave;re photographie d&rsquo;une journ&eacute;e avec la derni&egrave;re photographie de la m&ecirc;me journ&eacute;e (et cela pour toute l&rsquo;ann&eacute;e 2011), exemplifie l&rsquo;&eacute;piphanisation d&rsquo;instants anodins d&rsquo;une autre mani&egrave;re encore.</p> <p style="text-align: justify;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 20 – Capture d’écran du projet La vie par les deux bouts." class="size-medium wp-image-1751 aligncenter" loading="lazy" sizes="(max-width: 267px) 100vw, 267px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-20-267x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-20-267x300.jpg 267w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-20-911x1024.jpg 911w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-20-810x911.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-20-1140x1282.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-20.jpg 1208w" style="width: 267px; height: 300px;" /></a></p> <p><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 21 – Capture d’écran du projet La vie par les deux bouts." class="size-medium wp-image-1750 aligncenter" loading="lazy" sizes="(max-width: 266px) 100vw, 266px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-21-266x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-21-266x300.jpg 266w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-21-908x1024.jpg 908w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-21-810x914.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-21-1140x1286.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-21.jpg 1202w" style="width: 266px; height: 300px;" /></a></p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 22 – Capture d’écran du projet La vie par les deux bouts." class="alignnone size-medium wp-image-1749" loading="lazy" sizes="(max-width: 266px) 100vw, 266px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-221-266x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-221-266x300.jpg 266w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-221-909x1024.jpg 909w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-221-810x912.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-221-1140x1284.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-221.jpg 1204w" style="width: 266px; height: 300px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 20, 21, 22 &ndash; Captures d&rsquo;&eacute;cran du projet <em>La vie par les deux bouts</em>.</small></p> <p style="text-align: justify;">Par l&rsquo;investissement du transitoire et du d&eacute;risoire, d&rsquo;instants singuliers, l&rsquo;&oelig;uvre de De Jonckheere rompt avec le temps horizontal du quotidien, qui est celui &laquo;&nbsp;de l&rsquo;encha&icirc;nement m&eacute;canique des causes et des effets&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn72" name="_ftnref72">[72]</a>. Elle emm&egrave;ne ainsi vers ce que Michel Ribon a d&eacute;nomm&eacute; &laquo;&nbsp;le temps vertical&nbsp;&raquo;&nbsp;: un &laquo;&nbsp;pr&eacute;sent perp&eacute;tu&eacute; qui nous offre une pr&eacute;sence&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn73" name="_ftnref73">[73]</a>&nbsp;; &laquo;&nbsp;un temps de secousse, de rupture, d&rsquo;&eacute;veil&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn74" name="_ftnref74">[74]</a>, d&rsquo;irruption&nbsp;; &laquo;&nbsp;un temps de cr&eacute;ation et de nouveaut&eacute;&nbsp;; un temps de m&eacute;tamorphose ou de transfiguration&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn75" name="_ftnref75">[75]</a>. De Jonckheere investit ainsi la masse, la pesanteur du quotidien (sa substance &eacute;paisse, compacte et mobile) en y faisant surgir des moments d&rsquo;&eacute;clat, d&rsquo;envol. <em>D&eacute;sordre</em> est en ce sens une &oelig;uvre qui transfigure le quotidien et sa pr&eacute;tendue banalit&eacute;. L&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re y est instant d&rsquo;inflexion, ressac. Mais ces moments d&rsquo;arr&ecirc;t, de stase, ne figent en aucun cas la dynamique de l&rsquo;&oelig;uvre d&egrave;s lors qu&rsquo;ils sont inscrits dans un flux&nbsp;<a href="#_ftn76" name="_ftnref76">[76]</a>&nbsp;: le flux (du) sensible propre &agrave; toute vie humaine. Cette logique du flux s&rsquo;observe entre autres dans son projet <em>Carte postales d&rsquo;Italie</em>, o&ugrave; De Jonckheere investit le m&eacute;dium de la carte postale, objet de l&rsquo;image (instant) en mouvement (entre deux &ecirc;tres).</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 23 – 38ème page du projet Cartes postales d’Italie ; voir ici." class="alignnone size-medium wp-image-1747" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-23-300x292.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-23-300x292.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-23.jpg 725w" style="width: 300px; height: 292px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 23 &ndash; 38<sup>&egrave;me</sup> page du projet <em>Cartes postales d&rsquo;Italie</em> ; voir <a href="http://www.desordre.net/photographie/numerique/rome/cartes_postales/038.htm" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 24 – 42ème page du projet Cartes postales d’Italie ; voir ici." class="alignnone size-medium wp-image-1746" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-24-300x241.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-24-300x241.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-24.jpg 801w" style="width: 300px; height: 241px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 24 &ndash; 42<sup>&egrave;me</sup> page du projet <em>Cartes postales d&rsquo;Italie</em> ; voir <a href="http://www.desordre.net/photographie/numerique/rome/cartes_postales/042.htm" target="_blank">ici</a>.</small></p> <p style="text-align: justify;">La po&eacute;tique du fragment que De Jonckheere d&eacute;veloppe est intimement li&eacute;e &agrave; sa pratique de la photographie. Les fragments textuels sont marqu&eacute;s par la m&ecirc;me imm&eacute;diatet&eacute; que les photographies qui les accompagnent&nbsp;: ils s&rsquo;accordent au r&eacute;gime d&rsquo;instantan&eacute;it&eacute; propre au clich&eacute;. Aussi, sa pratique de la photographie, extr&ecirc;mement pr&eacute;gnante dans <em>D&eacute;sordre</em>, informe non seulement sa po&eacute;tique du fragment, mais aussi l&rsquo;esth&eacute;tique de l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re qu&rsquo;il met en place. Le fragment est li&eacute; &agrave; l&rsquo;instant r&eacute;investi&nbsp;; r&eacute;investissement (personnel) que rend possible la photographie. La po&eacute;tique du fragment qui associe texte et image, participe donc du rapport &eacute;piphanique au temps.</p> <p><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 25 – Capture d’écran du Petit journal – fragment 224." class="size-medium wp-image-1745 aligncenter" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-25-300x272.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-25-300x272.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-25.jpg 795w" style="width: 300px; height: 272px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 25 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du <em>Petit journal</em> &ndash; fragment 224.</small></p> <p style="text-align: justify;">Aura, &eacute;clats, &eacute;piphanies. De ces trois termes rattach&eacute;s aux instants du quotidien tels qu&rsquo;ils sont valoris&eacute;s dans <em>D&eacute;sordre</em>, surgit la notion d&rsquo;&eacute;blouissement, qui permet de mieux encore les caract&eacute;riser. L&rsquo;&eacute;blouissement, c&rsquo;est une &eacute;tincelle sur un fond d&rsquo;obscurit&eacute;. L&rsquo;&eacute;tincelle, ici, ce serait donc le moment &eacute;piphanique, le <em>satori&nbsp;</em><a href="#_ftn77" name="_ftnref77">[77]</a> &ndash; soit souvenir, soit &eacute;clat soudain &ndash; qui ressort (au sein) du fond d&rsquo;obscurit&eacute; que constitue le quotidien dans la doxa occidentale. L&rsquo;&eacute;blouissement vient condenser des affects autour d&rsquo;un &eacute;l&eacute;ment qui joue le r&ocirc;le de catalyseur&nbsp;: un clair-obscur dans le cas &eacute;voqu&eacute; ci-dessous.</p> <p style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 26 – Capture d’écran du Petit journal – fragment 220." class="alignnone size-medium wp-image-1744" loading="lazy" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-26-300x275.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-26-300x275.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-26-810x742.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-26.jpg 811w" style="width: 300px; height: 275px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 26 &ndash; Capture d&rsquo;&eacute;cran du <em>Petit journal</em> &ndash; fragment 220.</small></p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&eacute;blouissement s&rsquo;&eacute;tablit &eacute;galement toujours entre fascination et inqui&eacute;tude. La fascination ressort des instants expos&eacute;s par De Jonckheere tandis que l&rsquo;inqui&eacute;tude est celle que l&rsquo;on peut rattacher au statut du temps dans l&rsquo;&oelig;uvre, dont l&rsquo;&eacute;tat &eacute;tale est intranquillis&eacute;. De Jonckheere met donc en lumi&egrave;re des <em>instants du monde</em> &ndash; pour reprendre un syntagme merleau-pontien&nbsp;<a href="#_ftn78" name="_ftnref78">[78]</a> &ndash;, des moments de f&eacute;licit&eacute;, qui, &agrave; leur tour, dans un mouvement de r&eacute;versibilit&eacute;, viennent &eacute;clairer et enluminer le quotidien. Les sc&egrave;nes d&rsquo;&eacute;blouissements qui mod&egrave;lent le <em>D&eacute;sordre</em> ouvrent ainsi &agrave; la beaut&eacute; de l&rsquo;instant &agrave; port&eacute;e de main en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elles invitent &agrave; se rendre disponible et attentif aux fr&eacute;missements du sensible ainsi qu&rsquo;aux empreintes du sublime qui ponctuent toute exp&eacute;rience du quotidien&nbsp;; <em>right now, wrong then</em>.</p> <p><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 27.1 – Capture d’écran du 23ème fragment de Contre (série « Septembre »)." class="alignnone wp-image-1743" loading="lazy" sizes="(max-width: 244px) 100vw, 244px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-27.1-300x259.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-27.1-300x259.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-27.1.jpg 703w" style="width: 244px; height: 210px;" /></a><a class="fancybox image" href="#_ftn" style="font-size: 12pt;"><img alt="Doc. 27.2 – Capture d’écran du 23ème fragment de Contre (série « Septembre »)." class="alignnone wp-image-1742" loading="lazy" sizes="(max-width: 245px) 100vw, 245px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-27.2-300x258.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-27.2-300x258.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2017/07/Illustration-27.2.jpg 702w" style="width: 245px; height: 211px;" /></a></p> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 27&nbsp;&ndash; Captures d&rsquo;&eacute;cran du 23<sup>&egrave;me</sup> fragment de <em>Contre</em> (s&eacute;rie &laquo;&nbsp;Septembre&nbsp;&raquo;).</small></p> <h3>Notes<br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Bon,&nbsp;<em>Impatience</em>, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1996, p. 67.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Voir notamment son projet <em>22042003.txt</em> (<a href="http://www.desordre.net/bloc/adam_project/index.htm" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/bloc/adam_project/index.htm</a>).</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Voir <a href="https://www.desordre.net/bloc/fluctuat/010.htm" target="_blank">https&nbsp;://www.desordre.net/bloc/fluctuat/010.htm</a>.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Bruce B&eacute;gout, <em>La D&eacute;couverte du quotidien</em>, Paris, Allia, 2005, successivement p. 44, 39 et 98.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> <em>Ibid</em>., p. 38.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> <em>Ibid</em>., p. 19.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> <em>Ibid</em>., p.&nbsp;38.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Herman Parret,<em> Le Sublime du quotidien</em>, Paris/Amsterdam/Philadelphia, Had&egrave;s-Benjamins, 1988, p. 18.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> Comme le note Michael Sheringham &agrave; la toute fin de la conclusion de son ouvrage <em>Travers&eacute;es du quotidien. Des surr&eacute;alistes aux postmodernes</em>&nbsp;(PUF, 2013)&nbsp;: &laquo;&nbsp;En fin de compte, c&rsquo;est peut-&ecirc;tre essentiellement &agrave; l&rsquo;acte et au processus de l&rsquo;attention qu&rsquo;il faudrait associer le quotidien, plus encore qu&rsquo;&agrave; un pouvoir de r&eacute;sistance et de r&eacute;silience&nbsp;&raquo; (p. 484).</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> Voir <a href="http://www.desordre.net/bloc/pourquoi.html" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/bloc/pourquoi.html</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Le lien &agrave; Perec est explicite chez De Jonckheere, qui reprend notamment le principe de la contrainte pour nombre de ses projets. L&rsquo;auteur de <em>La Vie mode d&rsquo;emploi</em> fait partie des quelques &eacute;crivains qui constituent ce qui semble &ecirc;tre le panth&eacute;on litt&eacute;raire (<a href="http://www.desordre.net/textes/bibliotheque/auteurs/" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/textes/bibliotheque/auteurs/</a>) de De Jonckheere et plusieurs de ses projets se pr&eacute;sentent comme des hommages &agrave; des textes de Perec. Par exemple, &nbsp;<em>Je me souviens de </em>Je me souviens<em> de Georges Perec</em> (<a href="http://http ://www.desordre.net/textes/bibliotheque/auteurs /perec/je_me_souviens.html">ici</a>) ou <em>Tentative d&rsquo;&eacute;puisement de </em>Tentative d&rsquo;&eacute;puisement d&rsquo;un lieu parisien<em> de Georges Perec&nbsp;</em>(<a href="http://http ://www.desordre.net/textes /bibliotheque/auteurs/perec/saint-sulpice.html">l&agrave;</a>). L&rsquo;&oelig;uvre perecquienne constitue ainsi un intertexte majeur de <em>D&eacute;sordre</em>.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> Voir <a href="http://www.desordre.net/bloc/pourquoi.html" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/bloc/pourquoi.html</a>.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> Voir <a href="http://www.desordre.net/bloc/pourquoi.html" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/bloc/pourquoi.html</a>.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> <a href="http://www.desordre.net/textes/nouvelles/orties.html" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/textes/nouvelles/orties.html</a>.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> Voir Bruce B&eacute;gout, <em>op. cit</em>., p. 213-214.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> <em>Ibid</em>., p. 25.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> Le quotidien ne cesse donc &laquo;&nbsp;de se faire, de se d&eacute;faire et de se refaire tous les jours dans la multitude &eacute;clat&eacute;e des gestes ordinaires qui tentent d&rsquo;apprivoiser le r&eacute;el contingent&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>., p. 93).</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> <em>Ibid</em>., p. 37.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp; <a href="http://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/index.htm" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/index.htm</a>.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Bruce&nbsp;B&eacute;gout, <em>op. cit</em>., p. 71.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Voir <em>ibid</em>., p. 37 et 43.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> <em>Ibid</em>., p. 42.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> <em>Ibid</em>., p. 44.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> On pourrait m&ecirc;me dire qu&rsquo;elle creuse l&rsquo;exotique au sein de l&rsquo;endotique.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> Voir Bruce&nbsp;B&eacute;gout, <em>op. cit</em>., p. 565 et 566.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> Voir <em>ibid</em>., p. 247.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> <a href="http://www.desordre.net/photographie/numerique/adele/index.htm" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/photographie/numerique/adele/index.htm</a>.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Bruce&nbsp;B&eacute;gout, <em>op. cit</em>., p. 122.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> <a href="http://www.desordre.net/bloc/a_quoi_tu_penses/voyages/index.htm" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/bloc/a_quoi_tu_penses/voyages/index.htm</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> <a href="http://www.desordre.net/bloc/a_quoi_tu_penses/voyages/20060331.htm" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/bloc/a_quoi_tu_penses/voyages/20060331.htm</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> Il n&rsquo;est pas anodin que la photographe fasse partie des &laquo;&nbsp;invit&eacute;s&nbsp;&raquo; du site.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;Michael Sheringham, <em>op. cit.</em>, p. 23.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> <em>Ibid</em>., p. 159.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> <a href="http://www.desordre.net/invites/hanno/index.htm" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/invites/hanno/index.htm</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> Elle a &eacute;volu&eacute; &agrave; de nombreuses reprises au cours du temps. Voir <a href="http://www.desordre.net/labyrinthe/versions/versions_du_desordre_entier.html" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;Ren&eacute; Audet&nbsp;et Simon Brousseau, &laquo;&nbsp;Pour une po&eacute;tique de la diffraction de l&rsquo;oeuvre litt&eacute;raire num&eacute;rique&nbsp;:&nbsp;l&rsquo;archive, le texte et l&rsquo;&oelig;uvre &agrave; l&rsquo;estompe&nbsp;&raquo;, <em>Prot&eacute;e</em>, Vol.&nbsp;39,&nbsp;n<sup>o</sup>1, printemps 2011,&nbsp;p.&nbsp;17.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> Voir &laquo;&nbsp;Le <em>D&eacute;sordre</em> dans tous ses &eacute;tats&nbsp;&raquo;. Ou &laquo;&nbsp;Comment j&rsquo;ai amplement merd&eacute; dans la r&eacute;alisation de ce site&nbsp;&raquo; (<a href="http://www.desordre.net/labyrinthe/versions/versions_du_desordre_entier.html" target="_blank">lien</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> Voir <u>http&nbsp;://www.desordre.net/photographie/numerique/quotidien/titre.htm</u>, nous soulignons.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a> Voir <a href="http://www.desordre.net/plan.htm" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/plan.htm</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;Bertrand Gervais, <em>La ligne bris&eacute;e&nbsp;: labyrinthe, oubli et violence,</em>&nbsp;Montr&eacute;al, Le quartanier,&nbsp;&laquo;&nbsp;Erres essais&nbsp;&raquo;, 2008, p. 16, nous soulignons.</p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a> <em>Ibid</em>., p. 35.</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a> <em>Ibid</em>., p. 113.</p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a> Voir &laquo;&nbsp;Comment j&rsquo;en suis arriv&eacute; &agrave; un tel d&eacute;sordre&nbsp;&raquo; (<a href="http://http ://remue.net/cont/PhdJ02Desordre.html" target="_blank">lien</a>).</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a> Audet Ren&eacute; et Brousseau Simon, <em>op. cit.</em>,&nbsp;p.&nbsp;11.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a> Le jeu de pr&eacute;dilection de De Jonckheere est d&rsquo;ailleurs le memory, dont le principe est repris &agrave; de nombreuses reprises sur le site. Voir notamment&nbsp;: <a href="http://www.desordre.net/memory/index.html" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/memory/index.html</a>.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp;Bertrand Gervais, <em>op. cit</em>., p. 33.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a> <em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a> <em>Ibid.</em>, p. 62.</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a> <em>Ibid.</em>, p. 88.</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a> <em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp;Bruce B&eacute;gout, <em>op. cit</em>., p. 67.</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a>&nbsp;Bertrand&nbsp;Gervais, <em>op. cit</em>., p. 64.</p> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a> <em>Ibid.</em>, p. 61.</p> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a> <em>Ibid.</em>, p. 62.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a>&nbsp;Guy Bennett, &laquo;&nbsp;Ce livre qui n&rsquo;en est pas un&nbsp;: le texte litt&eacute;raire &eacute;lectronique&nbsp;&raquo;, dans <em>Litt&eacute;rature</em>, n&deg;160, 2010/4, p.&nbsp;39.</p> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a>&nbsp;Bruce&nbsp;B&eacute;gout, <em>op. cit</em>., p. 242.</p> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a>&nbsp;Bertrand Gervais, <em>op. cit</em>., p. 60.</p> <p><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a> <em>Ibid.</em>, p. 57 et 58.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a>&nbsp;S&eacute;bastien Biset et Myriam Watthee-Delmotte, &laquo;&nbsp;Repr&eacute;senter <em>in situ</em>&nbsp;: Ernest Pignon-Ernest &agrave; l&rsquo;interface de la m&eacute;moire et de l&rsquo;oubli&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Repr&eacute;senter &agrave; l&rsquo;&eacute;poque contemporaine. Pratiques litt&eacute;raires, artistiques et philosophiques</em>, Isabelle Ost, Pierre Piret&nbsp;et Laurent Van Eynde (dir.), Bruxelles, FUSL, 2010, p. 261.</p> <p><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a>&nbsp;Bertrand Gervais, <em>op. cit</em>., p. 58.</p> <p><a href="#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a> Voir<em>&nbsp;</em>Herman Parret<em>, </em><em>op. cit</em>., p. 20.</p> <p><a href="#_ftnref62" name="_ftn62">[62]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref63" name="_ftn63">[63]</a> Christine Buci-Glucksmann, <em>Esth&eacute;tique de l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re</em>, Paris, Galil&eacute;e, 2003, p. 26.</p> <p><a href="#_ftnref64" name="_ftn64">[64]</a> Herman Parret,<em>&nbsp;</em><em>op. cit</em>., p. <em>166.</em></p> <p><a href="#_ftnref65" name="_ftn65">[65]</a>&nbsp;Bruce&nbsp;B&eacute;gout, <em>op. cit</em>., p. 219.</p> <p><a href="#_ftnref66" name="_ftn66">[66]</a> <em>Ibid.</em>, p. 173.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref67" name="_ftn67">[67]</a> Ce n&rsquo;est pas tant la repr&eacute;sentation qui importe mais bien plut&ocirc;t de rendre pr&eacute;sent, de rendre pr&eacute;sent l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re. On ne doit donc pas parler de &laquo;&nbsp;litt&eacute;rature factuelle&nbsp;&raquo; (Genette) en ce qui la concerne et, en cela, le travail de De Jonckheere se distingue de celui de Perec.</p> <p><a href="#_ftnref68" name="_ftn68">[68]</a> Voir aussi par exemple son projet &laquo;&nbsp;Anne&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref69" name="_ftn69">[69]</a> Herman Parret, <em>op. cit</em>., p. 209.</p> <p><a href="#_ftnref70" name="_ftn70">[70]</a> <a href="http://www.desordre.net/bloc/contre/" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/bloc/contre/</a></p> <p><a href="#_ftnref71" name="_ftn71">[71]</a> <a href="http://www.desordre.net/photographie/numerique/bouts/index.htm" target="_blank">http&nbsp;://www.desordre.net/photographie/numerique/bouts/index.htm</a>.</p> <p><a href="#_ftnref72" name="_ftn72">[72]</a> Michel Ribon,<em> &Agrave; la recherche du temps vertical dans l&rsquo;art. Essai d&rsquo;esth&eacute;tique</em>, Paris, Kim&eacute;, 2002, p. 12.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref73" name="_ftn73">[73]</a> <em>Ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref74" name="_ftn74">[74]</a> <em>Ibid</em>., p. 13.</p> <p><a href="#_ftnref75" name="_ftn75">[75]</a> <em>Ibid</em>., p. 279.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref76" name="_ftn76">[76]</a> Pour un bon nombre de ses projets (dont <em>La Vie par les deux bouts</em>, <em>Amorces</em> ou encore <em>Carroussel</em>), le d&eacute;filement des pages est programm&eacute; (suivant un algorithme &eacute;tabli par De Jonckheere). Le lecteur est d&egrave;s lors <em>de facto</em> entra&icirc;n&eacute; dans un flux.</p> <p><a href="#_ftnref77" name="_ftn77">[77]</a> Instant &eacute;piphanique, moment d&rsquo;&eacute;veil dans le bouddhisme zen.</p> <p><a href="#_ftnref78" name="_ftn78">[78]</a> Voir Maurice Merleau-Ponty, <em>L&rsquo;&OElig;il et l&rsquo;Esprit</em>, Paris, Gallimard, 1964, &laquo; Folio &raquo;, p. 23.</p> <h3><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;">Corentin Lahouste est&nbsp;chercheur &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve, Belgique), au sein du Centre de recherche sur l&rsquo;imaginaire (CRI) qui est rattach&eacute; &agrave; l&rsquo;Institut des Civilisations, Arts et Lettres (INCAL)<em>.&nbsp;</em>Il pr&eacute;pare, sous la co-direction de la&nbsp;professeure Myriam Watthee-Delmotte (UCL) et du professeur Bertrand Gervais (UQ&Agrave;M, Montr&eacute;al), une th&egrave;se de doctorat consacr&eacute;e aux figures, formes et postures de l&rsquo;anarchie dans la litt&eacute;rature contemporaine en langue fran&ccedil;aise. Sa recherche porte plus sp&eacute;cifiquement sur les &oelig;uvres de Marcel Moreau, de Yannick Haenel et de Philippe De Jonckheere (hyperm&eacute;dia). Commenc&eacute;e dans le contexte du P&ocirc;le d&rsquo;Attraction Interuniversitaire &laquo; Literature and Media Innovation &raquo;,&nbsp;elle se poursuit actuellement dans le cadre d&rsquo;un mandat d&rsquo;aspirant du Fonds National de la Recherche Scientifique belge (FNRS). Un premier article li&eacute; &agrave; son travail de th&egrave;se a &eacute;t&eacute; publi&eacute; dans la revue <em>M&eacute;moires du livre/Studies in Book Culture</em>. Ce dernier est consacr&eacute; &agrave; la po&eacute;tique du graffiti dans le roman <em>Les Renards p&acirc;les</em> de Yannick Haenel.</p> <h3 style="text-align: justify;">Copyright</h3> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>