<div class="entry-content"> <h3>Abstract</h3> <p>Faced with the diversity of practices named by the term &ldquo;manifesto&rdquo;, what conceptions do authors of &ldquo;digital poetry&rdquo; conjure up, and to what extent do these texts inform, in return, about what &ldquo;digital poetry&rdquo; is? Four manifestos, written by authors who explicitly claim the expression of &ldquo;digital poetry&rdquo;, caught our attention. Despite the heterogeneity of the texts, we try to compare their context of appearance with the positions expressed, before considering their reception within cultural institutions, highlighting how agents group and position in the symbolic struggle for the recognition of the domain.</p> <h3>Keywords</h3> <p class="meta-tags">avant-garde, manifesto, label, digital poetry, Jacques Donguy, Philippe Boisnard, Hortense Gautier, Philippe Bootz, Luc Dall&rsquo;Armellina</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Dans le dernier chapitre de son ouvrage consacr&eacute; &agrave; la po&eacute;sie contemporaine, Jean-Michel Espitallier demande&nbsp;: &laquo;&nbsp;La po&eacute;sie num&eacute;rique, qu&rsquo;est-ce &agrave; dire&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>&nbsp;?&nbsp;&raquo; En effet, comment d&eacute;finir un objet si contemporain et dont les deux termes associ&eacute;s qui le d&eacute;signent engagent chacun une extension s&eacute;mantique particuli&egrave;rement forte&nbsp;? Le manifeste, discours o&ugrave; l&rsquo;on se bat pour la promotion d&rsquo;une conception, semble un terrain d&rsquo;&eacute;tude privil&eacute;gi&eacute; pour r&eacute;pondre &agrave; cette question. Pourtant, Anna Boschetti met en garde contre une cat&eacute;gorisation abusive de la notion, pr&eacute;f&eacute;rant l&rsquo;inscrire dans un processus historique qui lie intrins&egrave;quement le concept &agrave; son contexte d&rsquo;apparition&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>. D&egrave;s lors, si l&rsquo;on s&rsquo;en tient aux manifestes litt&eacute;raires, il para&icirc;t &eacute;vident que la pratique a &eacute;norm&eacute;ment vari&eacute; dans le temps. Hiss&eacute; au rang de genre par les avant-gardes historiques&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, ce type de discours est fortement discr&eacute;dit&eacute; dans les ann&eacute;es 1980. Jean-Marie Gleize n&rsquo;h&eacute;site d&rsquo;ailleurs pas &agrave; affirmer que &laquo;&nbsp;l&rsquo;&ldquo;&eacute;poque&rdquo; des manifestes est close [&hellip;] la posture manifestaire est <em>devenue</em> anachronique&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;. Cons&eacute;quence logique de la fin annonc&eacute;e des avant-gardes&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>, le manifeste n&rsquo;aurait plus sa raison d&rsquo;&ecirc;tre. Pourtant, l&rsquo;histoire du champ litt&eacute;raire r&eacute;v&egrave;le qu&rsquo;il n&rsquo;est pas l&rsquo;apanage des avant-gardes&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a> et, au regard des pratiques contemporaines, on ne peut que constater la survivance de la forme. &laquo;&nbsp;[Le manifeste] se fait moins virulent, moins dogmatique et plus consensuel&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo; pour certains, ne vise plus &agrave; &laquo;&nbsp;fonder un mouvement ou un groupe ni [&agrave;] proclamer une s&eacute;rie de volont&eacute;s ou de v&eacute;rit&eacute;s g&eacute;n&eacute;rales&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo; pour d&rsquo;autres. Face &agrave; la diversit&eacute; des pratiques chapeaut&eacute;es par le terme, quelles conceptions du manifeste les auteurs de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; convoquent-ils, et comment, en retour, ces textes renseignent-ils sur ce qu&rsquo;est la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;&nbsp;?</p> <p style="text-align: justify;">Quatre manifestes&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, r&eacute;dig&eacute;s par des auteurs qui revendiquent explicitement l&rsquo;expression de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, ont attir&eacute; notre attention. Malgr&eacute; l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des textes, nous nous efforcerons de mettre en regard leur contexte d&rsquo;apparition avec les prises de position exprim&eacute;es, avant de consid&eacute;rer leur r&eacute;ception au sein de la communaut&eacute; et des institutions culturelles.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_Manifestes_et_prises_de_position_des_auteurs_de_poesie_numerique">1. Manifestes et prises de position des auteurs de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;</span><br /> &nbsp;</h2> <h3 style="text-align: justify;"><span id="11_La_poesie_numerique_au_tournant_des_annees_2000_dramatisation_dun_moment_propice_aux_luttes_symboliques">1.1. La &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; au tournant des ann&eacute;es 2000, dramatisation d&rsquo;un moment propice aux luttes symboliques</span></h3> <p style="text-align: justify;">Les quatre textes ont &eacute;t&eacute; r&eacute;dig&eacute;s entre 2002 et 2014. Si le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000 constitue un nouvel &laquo;&nbsp;&acirc;ge d&rsquo;or&nbsp;&raquo; du manifeste litt&eacute;raire et artistique en France selon les &eacute;tudes statistiques men&eacute;es par Camille Bloomfield et Mette Tjell &agrave; partir de la base de donn&eacute;es Manart&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>, d&eacute;tailler les conditions historiques qui ont favoris&eacute; ces gestes para&icirc;t indispensable. La publication de &laquo;&nbsp;Terminal Zone&nbsp;&ndash;&nbsp;manifeste pour une po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; de Jacques Donguy, paru en 2002 dans la revue <em>Art Press</em>, peut sembler tardive&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>. En effet, les premi&egrave;res exp&eacute;rimentations liant po&eacute;sie et ordinateur en France sont &eacute;tablies dans les ann&eacute;es 1980&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;: d&egrave;s 1985, des po&egrave;mes g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par ordinateur sont pr&eacute;sent&eacute;s au Centre Georges Pompidou lors de l&rsquo;exposition &laquo;&nbsp;Les Immat&eacute;riaux&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;; en janvier 1989, &agrave; l&rsquo;occasion d&rsquo;une Revue parl&eacute;e du Centre Georges Pompidou, para&icirc;t le premier num&eacute;ro d&rsquo;<em>alire</em>, &laquo;&nbsp;revue de litt&eacute;rature et de po&eacute;sie &eacute;lectronique&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;&raquo;, cr&eacute;&eacute;e par le collectif L.A.I.R.E. (Lecture, Art, Innovation, &Eacute;criture)&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>. Le lancement de la revue, et ses nombreux &eacute;ditoriaux, contiennent d&eacute;j&agrave; une port&eacute;e manifestaire&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>. Pourtant, le passage du titre de &laquo;&nbsp;revue anim&eacute;e d&rsquo;&eacute;crits de source &eacute;lectronique&nbsp;&raquo; &agrave; celui de &laquo;&nbsp;revue de litt&eacute;rature anim&eacute;e et interactive&nbsp;&raquo; en mars 2000, t&eacute;moigne du tournant litt&eacute;raire d&rsquo;<em>alire&nbsp;</em><a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>, mais &eacute;galement de la vitalit&eacute; du domaine et des d&eacute;bats qui l&rsquo;animent. La litt&eacute;rature et la po&eacute;sie informatique font l&rsquo;objet de plusieurs colloques universitaires entre 1990 et 2000&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>&nbsp;; le champ de la po&eacute;sie contemporaine reconna&icirc;t ces d&eacute;marches, les &eacute;diteurs et les associations professionnelles s&rsquo;en pr&eacute;occupent, en m&ecirc;me temps que le secteur acquiert une port&eacute;e internationale&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>. Une liste de discussion en fran&ccedil;ais, <em>e-critures&nbsp;</em><a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>, sp&eacute;cialis&eacute;e dans la litt&eacute;rature informatique, se forme en novembre 1999. D&rsquo;autres revues voient &eacute;galement le jour (<em>Kaos</em> de Jean-Pierre Balpe entre 1991 et 1993, E<em>/cart(s)</em> d&rsquo;Eric Sadin entre 1999 et 2003, la s&eacute;rie des num&eacute;ros <em>Web_Doc(k)s</em> en 1999, <em>Lit&eacute;ratique</em> d&rsquo;Eric S&eacute;randour en 2000). Le tournant des ann&eacute;es 2000 correspondrait donc &agrave; un moment critique o&ugrave; le besoin des auteurs d&rsquo;expliquer leurs d&eacute;marches para&icirc;t l&eacute;gitime.</p> <p style="text-align: justify;">Alors qu&rsquo;ils ne sont publi&eacute;s qu&rsquo;&agrave; quelques mois d&rsquo;intervalle, &laquo;&nbsp;Terminal Zone&nbsp;&ndash;manifeste pour une po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Transitoire Observable&nbsp;: Texte fondateur&nbsp;&raquo; affichent pourtant des intentions inconciliables. Malgr&eacute; l&rsquo;unique signataire, le texte de Jacques Donguy pr&eacute;sente des pratiques partag&eacute;es par plusieurs g&eacute;n&eacute;rations d&rsquo;artistes. Le titre du manifeste est &eacute;vocateur&nbsp;: s&rsquo;il renvoie au c&eacute;l&egrave;bre po&egrave;me d&rsquo;Apollinaire, &laquo;&nbsp;Zone&nbsp;&raquo;, qui fait lui-m&ecirc;me &eacute;cho aux manifestes futuristes&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>, le substantif &laquo;&nbsp;Terminal&nbsp;&raquo; dit aussi l&rsquo;accomplissement et le d&eacute;passement des exp&eacute;rimentations pass&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>, quand l&rsquo;article ind&eacute;fini rappelle la port&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale du propos. Il ne s&rsquo;agit pas l&agrave; de d&eacute;finir un programme esth&eacute;tique commun derri&egrave;re lequel un collectif s&rsquo;organiserait (les exemples renvoient d&rsquo;ailleurs &agrave; des &oelig;uvres qui se nourrissent diversement du num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>), mais de rendre compte d&rsquo;une tendance forte, celle de l&rsquo;utilisation des technologies num&eacute;riques dans le champ de la po&eacute;sie exp&eacute;rimentale fran&ccedil;aise et internationale, que l&rsquo;auteur conna&icirc;t bien&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>. Jacques Donguy accomplit ainsi le tour de force d&rsquo;assigner une g&eacute;n&eacute;alogie suppos&eacute;e &agrave; la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; (h&eacute;riti&egrave;re tout &agrave; la fois de la po&eacute;sie sonore&nbsp;&ndash;&nbsp;Dufr&ecirc;ne, Chopin, Heidsieck, Blaine&nbsp;&ndash;, de la po&eacute;sie visuelle&nbsp;&ndash;&nbsp;Bory&nbsp;&ndash;, et des mouvements d&rsquo;avant-garde am&eacute;ricains&nbsp;&ndash;&nbsp;Burroughs, Gysin&nbsp;&ndash;&nbsp;et br&eacute;siliens&nbsp;&ndash;&nbsp;Ladislao Pablo Gy&ouml;ri), tout en d&eacute;signant la rel&egrave;ve (en France, Anne-James Chaton, &Eacute;ric Sadin, Jean-Ren&eacute; &Eacute;tienne, Christophe Fiat, Olivier Quintyn, Christophe Hanna, Joachim Montessuis, Kathy Molnar, Laure Limongi, Emmanuel Rabu et Philippe Boisnard). Le mode de diffusion du texte est lui aussi &eacute;loquent. Le choix de Jacques Donguy d&rsquo;investir le papier, et non un support num&eacute;rique, pour publier son manifeste peut para&icirc;tre paradoxal. Cependant, le prestige et la visibilit&eacute; d&rsquo;une revue comme <em>Art Press&nbsp;</em><a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a> favorisent quelques compromis&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>. D&egrave;s lors, le texte s&rsquo;apparente &agrave; un putsch symbolique. Alors qu&rsquo;il touche un large public, Jacques Donguy s&rsquo;institue en &laquo;&nbsp;pr&eacute;curseur&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo; et chef de file de jeunes po&egrave;tes fran&ccedil;ais manipulant les nouvelles technologies mais omet de mentionner la revue <em>alire</em> et le collectif Transitoire Observable, dont il conna&icirc;t parfaitement les travaux&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Le manifeste de Transitoire Observable adopte un mode de diffusion tout &agrave; fait diff&eacute;rent. Les auteurs affichent tout d&rsquo;abord leur ind&eacute;pendance institutionnelle&nbsp;: le &laquo;&nbsp;regroupement d&rsquo;artistes num&eacute;riques&nbsp;&raquo; pr&eacute;f&egrave;re cr&eacute;er son propre support de diffusion plut&ocirc;t que de s&rsquo;adosser &agrave; une revue existante pour exposer ses id&eacute;es. Contrairement &agrave; Jacques Donguy, et malgr&eacute; le mass-media investi&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>, les signataires de Transitoire Observable s&rsquo;adressent &agrave; un public restreint, celui de la communaut&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>. De plus, l&rsquo;absence de tout nom propre et de toute r&eacute;f&eacute;rence culturelle pr&eacute;cise dans le texte participe d&rsquo;un positionnement sans concession. Comme le rappelle le titre du manifeste, &laquo;&nbsp;Texte fondateur&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;&raquo;, Transitoire Observable ne s&rsquo;inscrit nullement dans une filiation litt&eacute;raire, mais se pr&eacute;sente comme le prescripteur de &laquo;&nbsp;ce qui peut &ecirc;tre nomm&eacute; sans ambages une &oelig;uvre num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo;. L&agrave; encore, les membres du collectif ressentent le besoin imp&eacute;rieux de se pr&eacute;senter clairement, &agrave; une p&eacute;riode qui est per&ccedil;ue comme cruciale&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>. Philippe Bootz s&rsquo;en explique&nbsp;: le &laquo;&nbsp;manifeste Transitoire Observable [&hellip;] n&rsquo;arrive qu&rsquo;en 2003 car ce qui est dominant &agrave; l&rsquo;&eacute;poque dans la litt&eacute;rature num&eacute;rique est la litt&eacute;rature <em>Flash&nbsp;</em><a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>, c&rsquo;est-&agrave;-dire une litt&eacute;rature de l&rsquo;&eacute;cran <a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo;. Le collectif s&rsquo;oppose donc &agrave; des auteurs qui se d&eacute;sengageraient de la programmation informatique en ne codant pas directement leurs &oelig;uvres, pr&eacute;f&eacute;rant passer par des logiciels d&rsquo;&eacute;criture format&eacute;e, tel <em>Flash</em>, pour r&eacute;aliser leurs cr&eacute;ations. &Agrave; l&rsquo;oppos&eacute; du texte de Jacques Donguy, des enjeux esth&eacute;tiques li&eacute;s au num&eacute;rique sont alors formul&eacute;s&nbsp;: l&rsquo;interaction entre le programme informatique &eacute;crit par l&rsquo;auteur, et la manipulation de la forme observable &agrave; l&rsquo;&eacute;cran par le lecteur, cr&eacute;e des &oelig;uvres dont le caract&egrave;re labile et irreproductible est fondamental.</p> <p style="text-align: justify;">Les deux manifestes affichent donc des intentions divergentes&nbsp;: alors que le manifeste de Jacques Donguy l&eacute;gitime des pratiques liant po&eacute;sie et num&eacute;rique (au sens large) au sein de la po&eacute;sie exp&eacute;rimentale, celui de Transitoire Observable initie un programme esth&eacute;tique et une r&eacute;flexion th&eacute;orique pour des &oelig;uvres &agrave; venir.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="12_Les_annees_2010_la_reapparition_dune_rhetorique_avant-gardiste_comme_aveu_dun_echec_de_la_poesie_numerique">1.2. Les ann&eacute;es 2010&nbsp;: la r&eacute;apparition d&rsquo;une rh&eacute;torique avant-gardiste comme aveu d&rsquo;un &eacute;chec de la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;&nbsp;?</span></h3> <p style="text-align: justify;">Selon Camille Bloomfield et Mette Tjell, les ann&eacute;es 2003-2009 en France&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a> repr&eacute;sentent une p&eacute;riode particuli&egrave;rement riche en manifestes litt&eacute;raires et artistiques, ce qui s&rsquo;expliquerait par le recours accru &agrave; Internet comme support de diffusion. Pourtant, les auteurs de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; ne produisent aucun texte de cet ordre entre 2004 et 2008. Que r&eacute;v&egrave;le alors la proclamation de nouveaux manifestes entre 2009 et 2014&nbsp;? Si le domaine conna&icirc;t un r&eacute;el essor au niveau international&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>, les id&eacute;es des auteurs de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; en France sont discut&eacute;es parmi les po&egrave;tes exp&eacute;rimentaux&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a> mais peinent &agrave; d&eacute;passer ce milieu&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">La dimension avant-gardiste et contestataire des manifestes de Philippe Boisnard (2009 et 2014) et de Luc dall&rsquo;Armellina (2014) corrobore l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une place difficile &agrave; tenir pour les auteurs de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;. L&rsquo;acronyme qui compose les titres de la s&eacute;rie des manifestes de Philippe Boisnard, &laquo;&nbsp;PAN&nbsp;&raquo; pour &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, rappelle les mots en libert&eacute; futuristes et rend un hommage discret au recueil de Christophe Tarkos, <em>Pan</em>, dans lequel ce dernier se pr&eacute;sente comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;avant-garde en 1997&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;onomatop&eacute;e r&eacute;v&egrave;le aussi l&rsquo;intensit&eacute; du d&eacute;bat qui transpara&icirc;t dans la rh&eacute;torique des textes. Philippe Boisnard a largement recours &agrave; l&rsquo;isotopie de la violence physique et symbolique&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>, et file une antith&egrave;se fortement pol&eacute;mique&nbsp;: le livre est du c&ocirc;t&eacute; de la &laquo;&nbsp;passivit&eacute; textuelle&nbsp;&raquo;, quand la Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique offre &laquo;&nbsp;toutes les possibilit&eacute;s de notre &ecirc;tre-au-monde&nbsp;&raquo;, selon une intrication de l&rsquo;art et de la vie ch&egrave;re aux avant-gardes. Le m&ecirc;me syst&egrave;me antith&eacute;tique, parfois proche de l&rsquo;hyperbole, survient&nbsp;dans le manifeste de Luc Dall&rsquo;Armellina&nbsp;: les &eacute;critures num&eacute;riques cr&eacute;atives, aux &laquo;&nbsp;dimensions artistiques, esth&eacute;tiques et politiques&nbsp;&raquo; sont oppos&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;criture scolaire &laquo;&nbsp;asservi[e] [&hellip;] au dogme de l&rsquo;acc&egrave;s aux savoirs et &agrave; l&rsquo;injonction de la communication&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;cantonn&eacute;e &agrave; un r&ocirc;le instrumental&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;les anciennes [ou vieilles] institutions&nbsp;&raquo; se dressent contre les &laquo;&nbsp;nouvelles voies et formes&nbsp;&raquo; offertes par les &eacute;critures num&eacute;riques cr&eacute;atives. Les tournures imp&eacute;ratives et volitives du manifeste de Luc Dall&rsquo;Armellina&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a> sugg&egrave;rent &eacute;galement la port&eacute;e contestataire de ces textes qui cherchent &agrave; persuader leurs lecteurs.</p> <p style="text-align: justify;">Cette rh&eacute;torique virulente ne vient cependant pas soutenir les discours manifestaires pr&eacute;c&eacute;dents, mais porte au contraire des programmes esth&eacute;tiques singuliers. &Agrave; l&rsquo;image de Jacques Donguy, Philippe Boisnard propose un manifeste individuel qu&rsquo;il inscrit dans une tradition litt&eacute;raire, la po&eacute;sie action de Heidsieck et Blaine, qu&rsquo;il entend d&eacute;passer gr&acirc;ce aux potentialit&eacute;s du num&eacute;rique. Contrairement &agrave; la po&eacute;sie action qui joue de relations finies entre diff&eacute;rents &eacute;l&eacute;ments (le po&egrave;te interagit avec l&rsquo;espace, avec des bandes sonores, des objets ou des vid&eacute;os, mais les interactions entre ces param&egrave;tres sont impossibles), la po&eacute;sie action num&eacute;rique d&eacute;veloppe des interf&eacute;rences multiples entre diff&eacute;rents m&eacute;dia (la voix ou un geste peuvent g&eacute;n&eacute;rer du texte, transformer une vid&eacute;o, etc.), mat&eacute;rialisant des effets synesth&eacute;tiques proches de l&rsquo;illusionnisme. Si l&rsquo;aspect interactif du num&eacute;rique est &eacute;galement pr&eacute;sent dans le manifeste de Luc Dall&rsquo;Armellina, c&rsquo;est en insistant sur la dimension participative de la notion, dont l&rsquo;&eacute;laboration du texte prend acte. Ce n&rsquo;est pas une interactivit&eacute; ma&icirc;tris&eacute;e et mise en sc&egrave;ne par l&rsquo;auteur, mais une interactivit&eacute; synonyme de coop&eacute;ration et de co-production, une interactivit&eacute; qui modifie en profondeur le rapport aux savoirs (en faveur de l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; et de l&rsquo;exp&eacute;rimentation) et l&rsquo;auctorialit&eacute;, qui est modifi&eacute;e gr&acirc;ce aux relations multiples tiss&eacute;es par les r&eacute;seaux num&eacute;riques (au premier rang desquels Internet, relativement absent des autres textes). Ainsi, le manifeste de Luc Dall&rsquo;Armellina, co-&eacute;crit en ligne avec &laquo;&nbsp;les annotations et remarques de Annie Abrahams, Philippe Aigrain, Pierre Fourny, Emmanuel Guez, Jean-Michel Lebaut, Julien Longhi, Antoine Moreau, Jacques Rodet, Stephan Hyronde&nbsp;&raquo;, est lui-m&ecirc;me pens&eacute; comme un &laquo;&nbsp;espace d&rsquo;exp&eacute;rimentation po&eacute;tique&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Ce pas qui nous &eacute;l&egrave;ve&nbsp;&ndash; pour des &eacute;critures num&eacute;riques cr&eacute;atives, un manifeste&nbsp;&raquo;, a fait l&rsquo;objet d&rsquo;un site, disparu aujourd&rsquo;hui, o&ugrave; la r&eacute;daction s&rsquo;&eacute;laborait de mani&egrave;re collective. Si la version 78 pr&eacute;sent&eacute;e sur le site de l&rsquo;artiste est fig&eacute;e par le format .pdf, le texte peut &ecirc;tre librement copi&eacute;, et reste susceptible d&rsquo;&eacute;volution&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>, comme dans la lecture perform&eacute;e qu&rsquo;en propose Luc dall&rsquo;Armellina lors du colloque ECRiDil en 2016&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>. On retrouve cette m&ecirc;me diffusion multimodale&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a> et en expansion pour les manifestes de Philippe Boisnard. Le &laquo;&nbsp;Premier Manifeste Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique&nbsp;&raquo; est publi&eacute; sur le site de la revue de critique litt&eacute;raire en ligne, <em>libr-critique&nbsp;</em><a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>, et sur celui du collectif HP Process, alors que &laquo;&nbsp;PAN_Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique / Manifeste 3&nbsp;&raquo; para&icirc;t dans le septi&egrave;me num&eacute;ro de la revue en ligne du Cube, avant d&rsquo;&ecirc;tre affich&eacute; sur <em>scoop.it!&nbsp;</em><a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>. Si ces reprises favorisent une r&eacute;ception &eacute;largie des textes, elles d&eacute;noncent aussi l&rsquo;ambivalence des auteurs qui usent d&rsquo;une rh&eacute;torique d&rsquo;avant-garde mais ont du mal &agrave; se positionner entre l&rsquo;&eacute;clairage m&eacute;diatique qu&rsquo;offre Internet et la m&eacute;fiance vis-&agrave;-vis du m&eacute;dium. Publi&eacute;s dix ans apr&egrave;s les manifestes de Jacques Donguy et de Transitoire Observable, ceux de&nbsp;Philippe Boisnard et Luc dall&rsquo;Armellina mettent tout du moins en exergue le trouble p&eacute;renne d&rsquo;agents en manque de reconnaissance auctoriale.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_Reception_des_manifestes_au_sein_des_institutions_culturelles">2. R&eacute;ception des manifestes au sein des institutions culturelles</span><br /> &nbsp;</h2> <h3 style="text-align: justify;"><span id="21_Champ_ou_label">2.1. Champ ou label&nbsp;?</span></h3> <p style="text-align: justify;">Face &agrave; la multiplication des manifestes et des prises de position individuelles, donner une d&eacute;finition unifi&eacute;e de la po&eacute;sie num&eacute;rique reste donc une gageure. Si quelques &eacute;l&eacute;ments communs apparaissent d&rsquo;un texte &agrave; l&rsquo;autre (filiation avec la po&eacute;sie sonore et visuelle, emphase sur les potentialit&eacute;s du num&eacute;rique ouvrant l&rsquo;espace de cr&eacute;ation, r&eacute;f&eacute;rences philosophiques post-modernes&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>), ils ne sont pas suffisants pour exprimer un programme esth&eacute;tique r&eacute;v&eacute;lant une union p&eacute;renne entre les auteurs. D&egrave;s lors, comment interpr&eacute;ter ces prises de position r&eacute;guli&egrave;res d&rsquo;auteurs &agrave; propos d&rsquo;une pratique qui reste confidentielle&nbsp;? On ne peut que constater, avec Paul Aron, que &laquo;&nbsp;l&rsquo;abondance de textes manifestaires [&hellip;] para&icirc;t caract&eacute;riser une position ressentie comme p&eacute;rilleuse&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>&nbsp;&raquo;. En effet, malgr&eacute; les &eacute;carts temporels qui s&eacute;parent les manifestes, les auteurs semblent partager le fait d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la marge du champ litt&eacute;raire. Dans le sch&eacute;ma que Fabrice Thumerel propose du champ de la po&eacute;sie contemporaine fran&ccedil;aise entre 1980 et 2000, la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; se situerait au sein des &laquo;&nbsp;<em>po&eacute;sies-dispositifs</em>/&eacute;critures multim&eacute;dia&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire dans le p&ocirc;le domin&eacute; du sous-champ de la production restreint&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>. Deux &eacute;v&eacute;nements, &agrave; dix ann&eacute;es d&rsquo;intervalle, paraissent symptomatiques de cette mise &agrave; l&rsquo;&eacute;cart. Lors des &Eacute;tats G&eacute;n&eacute;raux de la Po&eacute;sie qui se sont d&eacute;roul&eacute;s &agrave; Marseille en 1992, les interventions de Philippe Bootz et de Tibor Papp, invit&eacute;s en tant que r&eacute;dacteurs de la revue <em>alire</em>, sont passablement houleuses&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a><em>. </em>En 2003, Philippe Boisnard et six autres po&egrave;tes d&eacute;noncent leur &eacute;vincement de la cinqui&egrave;me &eacute;dition du Printemps des Po&egrave;tes (2003) consacr&eacute;e aux derni&egrave;res innovations po&eacute;tique&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>. La place accord&eacute;e par Jean-Michel Espitallier au domaine dans son essai sur la po&eacute;sie contemporaine fran&ccedil;aise est aussi r&eacute;v&eacute;latrice&nbsp;: le chapitre consacr&eacute; aux &laquo;&nbsp;Po&eacute;sies num&eacute;rique et multim&eacute;dia&nbsp;&raquo;, un des plus courts du livre, est rel&eacute;gu&eacute; &agrave; la fin de l&rsquo;ouvrage&nbsp;; l&rsquo;auteur n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; y fustiger la prise de pouvoir exerc&eacute;e par quelques po&egrave;tes sur l&rsquo;&eacute;tiquette &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>. Sans approfondir ici les raisons sociologiques et individuelles qui expliqueraient cette mise &agrave; la marge, il est probant que l&rsquo;expression de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, &agrave; travers une valorisation collective, permet de pallier le faible capital symbolique des agent&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>. Mais comment d&eacute;finir la forme de ce regroupement&nbsp;? En 2003, &Eacute;velyne Broudoux consacre une partie de sa th&egrave;se&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a> &agrave; la &laquo;&nbsp;constitution du champ de la litt&eacute;rature num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, hypoth&egrave;se partag&eacute;e la m&ecirc;me ann&eacute;e avec Serge Bouchardon dans un article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>E-critures&nbsp;</em>: co-constitution d&rsquo;un dispositif technique, d&rsquo;un champ et d&rsquo;une communaut&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>&nbsp;&raquo;. En 2015, Philippe Bootz propose un postulat similaire concernant la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;[la po&eacute;sie num&eacute;rique] existe comme champ socio-culturel avec ses acteurs, ses th&eacute;oriciens, ses lieux de l&eacute;gitimation, de diffusion et d&rsquo;enseignement. C&rsquo;est un champ qui a &eacute;volu&eacute; dans le temps.&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>&nbsp;&raquo; Pourtant, en 2012, Serge Bouchardon est plus mesur&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;En ce qui concerne le champ litt&eacute;raire, on peut se demander si nous allons voir la naissance d&rsquo;un nouveau champ, ou si la litt&eacute;rature num&eacute;rique est une fraction exp&eacute;rimentale du champ litt&eacute;raire&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>.&nbsp;&raquo; En effet, est-il possible de consid&eacute;rer la litt&eacute;rature et la po&eacute;sie num&eacute;rique comme des champs, dans le sens que Bourdieu donne &agrave; ce terme&nbsp;? Le caract&egrave;re exp&eacute;rimental des &oelig;uvres et le public restreint touch&eacute; semblent saper l&rsquo;hypoth&egrave;se. Pourtant, au regard des divergences programmatiques et des d&eacute;saccords individuels relev&eacute;s, la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; ne peut &ecirc;tre davantage assimil&eacute;e &agrave; &laquo;&nbsp;un &ldquo;mouvement&rdquo;, fond&eacute; sur un &ldquo;paradigme&rdquo; ou un&nbsp;&ldquo;programme commun&rdquo;&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a>&nbsp;&raquo;. Elle serait plut&ocirc;t &laquo;&nbsp;une convergence provisoire, fond&eacute;e notamment sur une probl&eacute;matique, des r&eacute;f&eacute;rences et des refus partag&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a>&nbsp;&raquo; selon la d&eacute;finition qu&rsquo;Anna Boschetti donne d&rsquo;un label, renouvelant ainsi les notions de mouvement ou d&rsquo;&eacute;cole, trop rigides pour d&eacute;signer les modes d&rsquo;action collective dans le champ litt&eacute;raire contemporain.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="22_Manifestes_et_positionnements_dans_differents_champs_culturels">2.2. Manifestes et positionnements dans diff&eacute;rents champs culturels</span></h3> <p style="text-align: justify;">Cependant, si on retient l&rsquo;hypoth&egrave;se que la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; forme un label, la diversit&eacute; des ancrages institutionnels et des champs culturels sollicit&eacute;s &agrave; travers les manifestes est remarquable. Le texte de Jacques Donguy publi&eacute; dans la revue <em>Art Press</em> s&rsquo;adresse avant tout au milieu artistique alors que l&rsquo;auteur, &agrave; travers ses chroniques de po&eacute;sie num&eacute;rique parues dans les <em>Cahiers Critiques de Po&eacute;sie</em>, a d&eacute;j&agrave; initi&eacute; un travail de reconnaissance du domaine au sein du champ litt&eacute;raire. Jacques Donguy pr&eacute;cise d&rsquo;ailleurs qu&rsquo;il veut &laquo;&nbsp;remettre la po&eacute;sie au centre de la cr&eacute;ation artistique&nbsp;<a href="#_ftn62" name="_ftnref62">[62]</a>&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est &eacute;galement dans le champ artistique que se situe explicitement le manifeste de Transitoire Observable&nbsp;: &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;il soit bien clair que la voie que nous suivons est tout enti&egrave;re situ&eacute;e dans le champ de l&rsquo;art, m&ecirc;me si la programmation est un outil indispensable dans la production de nos formes, le premier outil.&nbsp;&raquo; Philippe Boisnard est moins cat&eacute;gorique&nbsp;: si le premier manifeste se trouve sur <em>libr-critique</em>, le site de la revue de critique litt&eacute;raire en ligne qui s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; &laquo;&nbsp;la litt&eacute;rature dans toutes ses formes&nbsp;&raquo;, le troisi&egrave;me est publi&eacute; dans le septi&egrave;me num&eacute;ro de la revue &eacute;dit&eacute;e par &laquo;&nbsp;Le Cube&nbsp;&raquo;, qui est un centre de cr&eacute;ation num&eacute;rique. Quant au manifeste de Luc dall&rsquo;Armellina, il vise explicitement les champs scolaire et universitaire, qui sont aussi ses lieux de r&eacute;ception&nbsp;<a href="#_ftn63" name="_ftnref63">[63]</a>. La diversit&eacute; des champs investis se fait aussi l&rsquo;&eacute;cho de la multiplicit&eacute; des positions des agents dans l&rsquo;espace social&nbsp;<a href="#_ftn64" name="_ftnref64">[64]</a>. Jacques Donguy a &eacute;t&eacute; enseignant d&rsquo;arts plastiques &agrave; la Sorbonne, critique de po&eacute;sie et commissaire d&rsquo;expositions&nbsp;; Philippe Bootz (Transitoire Observable) est enseignant-chercheur en Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication &agrave; Paris 8&nbsp;; tout comme Luc dall&rsquo;Armellina &agrave; l&rsquo;ESPE de l&rsquo;universit&eacute; de Cergy-Pontoise&nbsp;; Philippe Boisnard et Hortense Gauthier (HP Process) dirigent un centre d&rsquo;art&nbsp;; chacun revendiquant parall&egrave;lement le statut de po&egrave;te. Si une homologie entre la position professionnelle des agents et celle qu&rsquo;ils occupent dans le champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais se dessine&nbsp;<a href="#_ftn65" name="_ftnref65">[65]</a>, il est pourtant difficile de conclure &agrave; l&rsquo;&eacute;chec de ces positions multiples. En effet, le fort engagement de certains chercheurs qualifi&eacute;s en Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication pour constituer la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; en objet d&rsquo;&eacute;tude litt&eacute;raire semble payant. C&rsquo;est tout du moins ce dont t&eacute;moigne la programmation du colloque international de Nanterre consacr&eacute; &agrave; &laquo;&nbsp;La Po&eacute;sie hors le livre&nbsp;&raquo; en octobre 2013, o&ugrave; la session finale est d&eacute;di&eacute;e &agrave; &laquo;&nbsp;la po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, l&eacute;gitimant ainsi l&rsquo;existence de l&rsquo;objet et son acception particuli&egrave;re dans le champ universitaire fran&ccedil;ais&nbsp;<a href="#_ftn66" name="_ftnref66">[66]</a>.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: justify;">Les manifestes des auteurs de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; &eacute;tonnent par leur caract&egrave;re conventionnel. Entre luttes symboliques et programmes esth&eacute;tiques, ils mettent en avant des enjeux manifestaires et des modes de diffusion relativement classiques, tout en reprenant la rh&eacute;torique contestataire et &eacute;prouv&eacute;e des avant-gardes. En accord avec ce constat, la chronologie de parution des textes s&rsquo;accorde sensiblement aux pics de publication du genre distingu&eacute;s par Camille Bloomfield et Mette Tjell&nbsp;<a href="#_ftn67" name="_ftnref67">[67]</a>. Ce conformisme apparent n&rsquo;invalide pourtant pas leur port&eacute;e subversive qui r&eacute;siderait dans l&rsquo;indiscipline des champs culturels investis. La contemporan&eacute;it&eacute; de l&rsquo;objet nous emp&ecirc;che cependant de t&eacute;moigner, &agrave; terme, de l&rsquo;efficacit&eacute; des strat&eacute;gies manifestaires. Il est bien s&ucirc;r impossible de savoir si le domaine, qui tente de d&eacute;passer la cat&eacute;gorisation fran&ccedil;aise des biens culturels en se liant, pour une part, &agrave; un mod&egrave;le nord-am&eacute;ricain plus ouvert au composite, gagnera en reconnaissance dans les prochaines ann&eacute;es, ou p&acirc;tira du brouillage de classification et d&rsquo;institutionnalisation des &oelig;uvres. Enfin, d&eacute;passer le cadre national, pour s&rsquo;int&eacute;resser aux positions internationales des agents, serait n&eacute;cessaire pour conclure cette enqu&ecirc;te.</p> <h2 style="text-align: justify;">Bibliographie<br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><em>&Eacute;tats G&eacute;n&eacute;raux de la Po&eacute;sie</em>, Marseille, Centre international de po&eacute;sie, Marseille, 1993.</p> <p style="text-align: justify;">Paul ARON, &laquo;&nbsp;Les manifestes des revues litt&eacute;raires sur internet, &eacute;l&eacute;ments pour une analyse institutionnelle&nbsp;&raquo;, <em>Francofonia</em>, n&deg;&nbsp;59, &laquo;&nbsp;Les manifestes litt&eacute;raires au tournant du XXI<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, automne 2010.</p> <p style="text-align: justify;">Camille BLOOMFIELD &amp; Mette TJELL, &laquo;&nbsp;Les &acirc;ges d&rsquo;or du manifeste artistique et litt&eacute;raire en France&nbsp;: &eacute;tude contrastive &agrave; partir de la base de donn&eacute;es Manart&nbsp;&raquo;, <em>&Eacute;tudes litt&eacute;raires</em>, vol.&nbsp;44, n&deg;&nbsp;3, 2014.</p> <p style="text-align: justify;">Luc BOLTANSKI, &laquo;&nbsp;L&rsquo;espace positionnel&nbsp;: multiplicit&eacute; des positions institutionnelles et habitus de classe&nbsp;&raquo;, <em>Revue fran&ccedil;aise de sociologie</em>, 1973, n&deg;&nbsp;14.</p> <p style="text-align: justify;">Anna BOSCHETTI, <em>La po&eacute;sie partout, Apollinaire, Homme-&eacute;poque (1898-1918)</em>, Paris, Seuil, 2001.</p> <p style="text-align: justify;">Anna BOSCHETTI, &laquo;&nbsp;La notion de manifeste&nbsp;&raquo;, <em>Francofonia</em>, n&deg;&nbsp;59, &laquo;&nbsp;Les manifestes litt&eacute;raires au tournant du XXI<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, automne 2010.</p> <p style="text-align: justify;">Anna BOSCHETTI, <em>Ismes. Du r&eacute;alisme au postmodernisme</em>, Paris, CNRS &Eacute;ditions, 2014.</p> <p style="text-align: justify;">Pierre BOURDIEU, <em>Les r&egrave;gles de l&rsquo;art &ndash; Gen&egrave;se et structure du champ litt&eacute;raire</em>, Paris, Seuil, 1992.</p> <p style="text-align: justify;">&Eacute;velyne BROUDOUX et Serge BOUCHARDON, &laquo;&nbsp;E-critures&nbsp;: co-constitution d&rsquo;un dispositif technique, d&rsquo;un champ et d&rsquo;une communaut&eacute;&nbsp;&raquo;, <em>Esprit Critique &ndash; Revue internationale de sociologie et de sciences sociales</em>, automne 2003, vol.&nbsp;05, n&deg;&nbsp;4.</p> <p style="text-align: justify;">&Eacute;velyne BROUDOUX, &laquo;&nbsp;Outils, pratiques autoritatives du texte, constitution du champ de la litt&eacute;rature num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; de Paris 8, 2003.</p> <p style="text-align: justify;">Jacques DONGUY, <em>Po&eacute;sies exp&eacute;rimentales, zone num&eacute;rique (1953-2007)</em>, Paris, Presses du R&eacute;el, 2007.</p> <p style="text-align: justify;">Jean-Michel ESPITALLIER, <em>Caisse &agrave; outils &ndash; Un panorama de la po&eacute;sie fran&ccedil;aise aujourd&rsquo;hui</em>, Paris, Pocket, 2014.</p> <p style="text-align: justify;">Alain FRONTIER, <em>La Po&eacute;sie</em>, Paris, Belin, 1992.</p> <p style="text-align: justify;">Alexandre GHERBAN &amp; Louis-Michel de VAULCHIER (dir.), &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie&nbsp;: num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, <em>passage d&rsquo;encres</em>, Romainville, n&deg;&nbsp;33, 2008.</p> <p style="text-align: justify;">Jean-Marie GLEIZE, &laquo;&nbsp;Manifestes, pr&eacute;faces&nbsp;: Sur quelques aspects du prescriptif&nbsp;&raquo;, dans <em>Litt&eacute;rature</em>, n&deg;&nbsp;39, 1980.</p> <p style="text-align: justify;">Fran&ccedil;ois NOUDELMANN, <em>Avant-gardes et Modernit&eacute;</em>, Paris, Hachette Sup&eacute;rieur, 2000.</p> <p style="text-align: justify;">H&eacute;lios SABAT&Eacute; BERIAIN (dir.), &laquo;&nbsp;pures donn&eacute;es&nbsp;&raquo;, <em>passage d&rsquo;encres</em>, Romainville, n&deg;&nbsp;40, 2010.</p> <p style="text-align: justify;">Christope TARKOS, <em>Pan</em>, Paris, POL, 2000.</p> <p style="text-align: justify;">Franck SMITH &amp; Christophe FAUCHON, &laquo;&nbsp;Zigzag po&eacute;sie&nbsp;&ndash;&nbsp;formes et mouvements&nbsp;: l&rsquo;effervescence&nbsp;&raquo;, <em>Mutations</em>, Paris, &Eacute;ditions Autrement, 2001.</p> <p style="text-align: justify;">Anne TOMICHE, &laquo;&nbsp;Manifestes artistiques, art manifestaire&nbsp;&raquo;, dans <em>L&rsquo;art qui manifeste</em>, Anne Larue (dir.), Paris, L&rsquo;Harmattan, 2008.</p> <p style="text-align: justify;">Fabrice THUMEREL, <em>Le Champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais au XX<sup>e</sup> si&egrave;cle &ndash; El&eacute;ments pour une sociologie de la litt&eacute;rature</em>, Paris, Armand Colin, 2002.</p> <p style="text-align: justify;">Alain VUILLEMIN, &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie et informatique II&nbsp;: approches&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;Encyclop&eacute;die de l&rsquo;Astrolabe</em>, Ottawa (Ontario), Canada, Universit&eacute; d&rsquo;Ottawa, 2002.</p> <h2>Notes<br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Jean-Michel Espitallier, <em>Caisse &agrave; outils &ndash; Un panorama de la po&eacute;sie fran&ccedil;aise aujourd&rsquo;hui</em>, Paris, Pocket, 2014, p.&nbsp;227.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Anna Boschetti, &laquo;&nbsp;La notion de manifeste&nbsp;&raquo;, <em>Francofonia</em>, n&deg;&nbsp;59, &laquo;&nbsp;Les manifestes litt&eacute;raires au tournant du XXI<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, automne 2010, p.&nbsp;13-29.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Anne Tomiche, &laquo;&nbsp;Manifestes artistiques, art manifestaire&nbsp;&raquo;, dans Anne Larue, <em>L&rsquo;art qui manifeste</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2008, p.&nbsp;24 et 28.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Jean-Marie Gleize, &laquo;&nbsp;Manifestes, pr&eacute;faces&nbsp;: sur quelques aspects du prescriptif&nbsp;&raquo;, <em>Litt&eacute;rature</em>, n&deg;&nbsp;39, 1980, p.&nbsp;13.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> &laquo;&nbsp;Revendiquer une avant-garde, en l&rsquo;an 2000, rel&egrave;verait assur&eacute;ment d&rsquo;un combat d&rsquo;arri&egrave;re-garde. Nous l&rsquo;avons sagement compris depuis plusieurs d&eacute;cennies, les avant-gardes sont mortes&nbsp;&raquo; (Fran&ccedil;ois Noudelmann, <em>Avant-gardes et Modernit&eacute;</em>, Paris, Hachette Sup&eacute;rieur, 2000, p.&nbsp;5).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> Anna Boschetti, art. cit., p.&nbsp;28.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Paul Aron, Denis Saint-Jacques &amp; Alain Viala (dir.), <em>Le dictionnaire du litt&eacute;raire</em>, Paris, Presses universitaires de France, 2006, p.&nbsp;263.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> Anne Tomiche, art. cit., p.&nbsp;41.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> Les manifestes ont &eacute;t&eacute; publi&eacute;s &agrave; plusieurs ann&eacute;es d&rsquo;intervalle, et ont fait l&rsquo;objet de modes de diffusion et de r&eacute;ception tr&egrave;s vari&eacute;s. Jacques Donguy compose seul &laquo;&nbsp;Terminal Zone&nbsp;: manifeste pour une po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, en 2002&nbsp;; Philippe Boisnard a r&eacute;dig&eacute; une s&eacute;rie de trois manifestes pour une Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique, entre 2009 et 2014, dont le premier et le troisi&egrave;me &ndash; co-sign&eacute; avec Hortense Gautier sous le nom d&rsquo;HP Process &ndash; sont mentionn&eacute;s ici ; Philippe Bootz co-&eacute;crit &laquo;&nbsp;Transitoire Observable &ndash; Texte fondateur&nbsp;&raquo; avec deux autres membres du groupe Transitoire Observable, Alexandre Gherban et Tibor Papp, en 2003&nbsp;; Luc Dall&rsquo;Armellina con&ccedil;oit le texte &laquo;&nbsp;Ce pas qui nous &eacute;l&egrave;ve&nbsp;&ndash;&nbsp;pour des &eacute;critures num&eacute;riques cr&eacute;atives, un manifeste&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;avec les annotations et remarques d&rsquo;Annie Abrahams, Philippe Aigrain, Pierre Fourny, Emmanuel Guez, Jean-Michel Lebaut, Julien Longhi, Antoine Moreau, Jacques Rodet, Stephan Hyronde&nbsp;&raquo;, en 2014. Pour cette &eacute;tude, nous avons &eacute;cart&eacute; &laquo;&nbsp;Pour une litt&eacute;rature informatique&nbsp;: un manifeste&hellip;&nbsp;&raquo; de Jean-Pierre Balpe, dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;auteur ne r&eacute;clame pas personnellement l&rsquo;&eacute;tiquette de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, m&ecirc;me si d&rsquo;autres agents la lui assignent. La pr&eacute;face de <em>Tag-surfusion</em> de Jacques Donguy est &eacute;voqu&eacute;e mais ne fait pas partie des quatre principaux textes &eacute;tudi&eacute;s car elle a &eacute;t&eacute; rebaptis&eacute;e apr&egrave;s-coup &laquo;&nbsp;pr&eacute;face-manifeste&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> Camille Bloomfield &amp; Mette Tjell, &laquo;&nbsp;Les &acirc;ges d&rsquo;or du manifeste artistique et litt&eacute;raire en France&nbsp;: &eacute;tude contrastive &agrave; partir de la base de donn&eacute;es Manart&nbsp;&raquo;, <em>&Eacute;tudes litt&eacute;raires</em>, vol.&nbsp;44, n&deg;&nbsp;3, 2014, p.&nbsp;151-163. Parmi les quatre manifestes qui nous int&eacute;ressent, seul celui de &laquo;&nbsp;Transitoire Observable&nbsp;&raquo; est pr&eacute;sent dans la base de donn&eacute;es. <a href="http://www.basemanart.com/les-manifestes">http://www.basemanart.com/les-manifestes</a> [consult&eacute; le 30 avril 2018]</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> Pour comparaison, le &laquo;&nbsp;Manifeste de l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;art sur ordinateur&nbsp;&raquo; d&rsquo;Antoine Schmitt para&icirc;t en 1998. <a href="http://www.conseildesarts.org/documents/Manisfeste/manifeste_ordinateur.html">http://www.conseildesarts.org/documents/Manisfeste/manifeste_ordinateur.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> &Agrave; l&rsquo;instar des pratiques du r&eacute;dacteur de ce manifeste qui pr&eacute;cise&nbsp;: &laquo;&nbsp;Parmi les po&egrave;tes, il faudrait parler aussi de nous-m&ecirc;me, en collaboration avec Guillaume Loizillon, utilisant le cybertexte ou texte d&eacute;filant sur l&rsquo;&eacute;cran d&egrave;s 1983 [&hellip;]&nbsp;&raquo; (Jacques Donguy, &laquo;&nbsp;Terminal Zone &ndash; manifeste pour une po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, <em>Art Press</em>, n&deg;&nbsp;281, 2002, p.&nbsp;60).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> &laquo; Les premiers programmes qui ont &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute;s au public ont &eacute;t&eacute; les Rengas cr&eacute;&eacute;s [&hellip;] pour l&rsquo;exposition Les 
Immat&eacute;riaux au Centre Georges Pompidou (Paris, 1985) &raquo;, entretien donn&eacute; par Jean-Pierre Balpe &agrave; l&rsquo;<em>electronicliteraturereview</em>, consultable &agrave; l&rsquo;adresse suivante : <a href="https://electronicliteraturereview.wordpress.com/2015/03/27/elr-entretien-avec-jean-pierre-balpe/">https://electronicliteraturereview.wordpress.com/2015/03/27/elr-entretien-avec-jean-pierre-balpe/</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> Expression relev&eacute;e sur la page d&rsquo;accueil du site <em>Mots-Voir</em>, <a href="http://motsvoir.free.fr">http://motsvoir.free.fr</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> La revue est &eacute;dit&eacute;e de 1989 &agrave; 2009 par l&rsquo;&eacute;quipe compos&eacute;e de Philippe Bootz, Fr&eacute;d&eacute;ric Develay, Jean-Marie Dutey, Claude Maillard et Tibor Papp.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> &Agrave; titre d&rsquo;exemple, l&rsquo;&eacute;ditorial de l&rsquo;&eacute;dition originale du premier num&eacute;ro de la revue, r&eacute;dig&eacute; par Claude Maillard, signale le caract&egrave;re collectif et pionnier de l&rsquo;entreprise&nbsp;:</p> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;Oserons-nous&nbsp;: inter/prendre. Rapprochant ainsi le verbe au mot. Entreprise.</p> <p style="text-align: justify;">Quelque chose s&rsquo;entreprend dans alire entre &eacute;criture et machine jetant les bases d&rsquo;un travail o&ugrave; s&rsquo;&eacute;labore et se transpose l&rsquo;histoire de la lettre. L&rsquo;histoire de la littera.</p> <p style="text-align: justify;">Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;un apr&egrave;s.coup [sic] sp&eacute;cifique &agrave; l&rsquo;informatique venant l&agrave; pour aligner, mixer, consommer des travaux d&rsquo;&eacute;criture. Ni d&rsquo;un avant.coup [sic] cr&eacute;atif de nouveaut&eacute;s d&rsquo;utilisation allant de pair avec la soif inextinguible de jeter sur le march&eacute; de nouvelles propositions d&rsquo;images d&rsquo;&eacute;criture.</p> <p style="text-align: justify;">Quelque chose d&rsquo;autre est en &oelig;uvre dont l&rsquo;itin&eacute;raire est hors de tout champs [sic] d&rsquo;imitation. Quelque chose qui exige un investissement d&rsquo;un autre ordre. D&rsquo;une mise &agrave; lire diff&eacute;rente. D&rsquo;une prise &agrave; &eacute;crire nouvelle.</p> <p style="text-align: justify;">Au sein m&ecirc;me de la machine comme invention, dans un jeu mat&eacute;riel et temporel &ndash; qui est aussi en jeu &ndash; l&rsquo;&eacute;criture toujours en voie de s&rsquo;&eacute;crire livre, dans l&rsquo;humour et l&rsquo;ironie voire tragique, l&rsquo;in/interrompable de la d&eacute;marche &eacute;crite.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> Alain Vuillemin, &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie et informatique II&nbsp;: approches&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;Encyclop&eacute;die de l&rsquo;Astrolabe</em>, Ottawa (Ontario), Canada, Universit&eacute; d&rsquo;Ottawa, 2002, <a href="http://artsites.uottawa.ca/astrolabe/fr/auteurs/">http://artsites.uottawa.ca/astrolabe/fr/auteurs/</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Quelques exemples&nbsp;: &laquo;&nbsp;Texte et ordinateur&nbsp;: les mutations du Lire-Ecrire&nbsp;&raquo;, 6-8 juin 1990, Centre de Recherches Linguistiques, Paris X Nanterre (actes du colloque&nbsp;: <em>Linx</em>, hors-s&eacute;rie n&deg;&nbsp;4, 1991)&nbsp;; Rencontre Nord Po&eacute;sie et Ordinateur organis&eacute;e en mai 1993 par Mots-Voir &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Lille III avec la collaboration du centre de recherche Gerico-Circav et la Maison de la Po&eacute;sie du Nord-Pas-de-Calais (actes du colloque&nbsp;: <em>A:/LITTERATURE</em>, Villeneuve-d&rsquo;Ascq, MOTS-VOIR et le GERICO-CIRCAV, 1994)&nbsp;; Journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tudes internationales &laquo;&nbsp;Litt&eacute;rature et informatique&nbsp;&raquo;, 20 au 22 avril 1994, co-organis&eacute;es &agrave; Paris VII par Alain Vuillemin de l&rsquo;universit&eacute; d&rsquo;Artois et Michel Lenoble de l&rsquo;universit&eacute; de Montr&eacute;al avec la collaboration d&rsquo;Item-sup et du laboratoire d&rsquo;Ing&eacute;nierie didactique de l&rsquo;universit&eacute; de Paris VII (actes&nbsp;: Alain Vuillemin (dir.),<em> Litt&eacute;rature et informatique</em>, Arras, Artois presses universit&eacute;, 1995).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> Philippe Bootz est invit&eacute; &agrave; intervenir lors des &Eacute;tats G&eacute;n&eacute;raux de la Po&eacute;sie de 1993&nbsp;; Alain Frontier note, d&egrave;s 1992, que &laquo;&nbsp;la r&eacute;cente vulgarisation de l&rsquo;ordinateur devait &eacute;largir encore l&rsquo;&eacute;ventail des moyens d&rsquo;expression po&eacute;tique. Tibor Papp ne tarde pas &agrave; s&rsquo;emparer de ce nouveau support et, d&egrave;s 1985, &agrave; Paris, au cours d&rsquo;une s&eacute;ance de lecture publique organis&eacute;e par le plasticien et po&egrave;te Servin, il montre pour la premi&egrave;re fois sans doute dans l&rsquo;histoire des po&eacute;sies, un po&egrave;me visuel directement et enti&egrave;rement compos&eacute; sur ordinateur&nbsp;&raquo; (Alain Frontier, <em>La Po&eacute;sie</em>, Paris, Belin, 1992, p.&nbsp;334)&nbsp;; Jacques Donguy tient une chronique de po&eacute;sie &eacute;lectronique d&egrave;s 1999, qui se mue en chronique &eacute;lectronique en 2000, pour devenir chronique de po&eacute;sie num&eacute;rique &agrave; partir de 2001. Le CD-Rom <em>Machines &agrave; &eacute;crire</em> d&rsquo;Antoine Denize est publi&eacute; par Gallimard Multim&eacute;dia en 1999. La Soci&eacute;t&eacute; des Gens de Lettres met en place le grand prix de l&rsquo;&oelig;uvre multim&eacute;dia &agrave; partir de 1997. L&rsquo;Electronic Literature Organization est fond&eacute;e en 1999 aux Etats-Unis, <a href="http://eliterature.org">http://eliterature.org</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> Ce forum de discussion est accessible &agrave; un groupe restreint de 161 membres &agrave; travers la plateforme <em>Yahoo&nbsp;! groupes France</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Anna Boschetti, <em>La po&eacute;sie partout, Apollinaire, Homme-&eacute;poque (1898-1918)</em>, Paris, Seuil, 2001, p.&nbsp;134-141.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> Jacques Donguy explicite d&rsquo;ailleurs cette filiation et n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; mentionner les &laquo;&nbsp;techno-avant-gardes qui, aujourd&rsquo;hui, prendraient le relais des avant-gardes historiques du d&eacute;but du 20<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo; (Jacques Donguy, <em>art. cit.</em>, p.&nbsp;60).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> Le num&eacute;rique favoriserait tout &agrave; la fois une mise en espace tabulaire des textes&nbsp;&ndash;&nbsp;avec les po&egrave;mes en 3D de Ladislao Pablo Gy&ouml;ri&nbsp;&ndash;, des cr&eacute;ations combinant plusieurs m&eacute;dia&nbsp;&ndash;&nbsp;telles les performances de Jacques Donguy et Guillaume Loizillon, ou celles d&rsquo;Eric Sadin&nbsp;&ndash;, un traitement sonore de la voix de l&rsquo;artiste&nbsp;&ndash;&nbsp;comme dans les &oelig;uvres d&rsquo;Anne-James Chaton&nbsp;&ndash;, des pratiques de d&eacute;tournement d&rsquo;outils techniques&nbsp;&ndash;&nbsp;propos&eacute;es par Olivier Quintyn ou Christophe Hanna&nbsp;&ndash;, etc.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> Jacques Donguy a consacr&eacute; une th&egrave;se aux po&eacute;sies exp&eacute;rimentales (Jacques Donguy, <em>Po&eacute;sies exp&eacute;rimentales, zone num&eacute;rique (1953-2007)</em>, Presses du R&eacute;el, 2007), et intervient r&eacute;guli&egrave;rement dans diverses revues de po&eacute;sie contemporaine, au premier chef desquelles le <em>Cahier Critique de Po&eacute;sie</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> <em>Art Press</em> b&eacute;n&eacute;ficie en effet d&rsquo;un positionnement &eacute;ditorial remarquable. La revue a largement &eacute;t&eacute; impliqu&eacute;e dans la pol&eacute;mique visant le soutien &eacute;tatique et mus&eacute;al dont b&eacute;n&eacute;ficiait l&rsquo;art contemporain au d&eacute;but des ann&eacute;es 1990 (Yves Michaud, <em>La crise de l&rsquo;art contemporain</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2011, p.&nbsp;11), mais est &eacute;galement connue pour son orientation en faveur des arts num&eacute;riques (Norbert Hilaire, <em>L&rsquo;art dans le tout num&eacute;rique &ndash; une br&egrave;ve histoire des arts num&eacute;riques &agrave; partir de trois num&eacute;ros de la revue </em>Art Press, Paris, &Eacute;ditions Manucius, 2014).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> Compromis que Jacques Donguy a d&eacute;j&agrave; accept&eacute;s quelques ann&eacute;es auparavant en faisant imprimer en 1996 le recueil <em>Tag-surfusion</em> et sa pr&eacute;face, rebaptis&eacute;e &laquo;&nbsp;pr&eacute;face-manifeste&nbsp;&raquo; (<em>Tag-surfusion</em>, Fontenay-sous-Bois, L&rsquo;&eacute;vidence, 1996, p.&nbsp;7-10) et reproduite en 2000 dans un num&eacute;ro de la revue <em>Mutations </em>(Franck Smith &amp; Christophe Fauchon, &laquo;&nbsp;Zigzag po&eacute;sie&nbsp;&ndash;&nbsp;formes et mouvements&nbsp;: l&rsquo;effervescence&nbsp;&raquo;, <em>Mutations</em>, Paris, &Eacute;ditions Autrement, 2001, p.&nbsp;174-181).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> &laquo;&nbsp;Autre pr&eacute;curseur au niveau de la th&eacute;orie, le Canadien Arthur Kroker, qui a d&eacute;velopp&eacute; la notion de &ldquo;Crash art&rdquo;, &eacute;crit en 1993 dans <em>Spasm&nbsp;</em>: &ldquo;Chacun sera un m&eacute;dia hacker, recodant la fronti&egrave;re &eacute;lectronique &agrave; volont&eacute;&rdquo;. Parmi les po&egrave;tes, il faudrait parler aussi de nous-m&ecirc;me [&hellip;]&nbsp;&raquo; (Jacques Donguy, <em>art. cit.</em>, p.&nbsp;60).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> Jacques Donguy &eacute;voque la revue <em>alire</em> et les noms de Philippe Bootz, Jean-Pierre Balpe, Claude Faure, Paul Nagy et Claude Faure dans la pr&eacute;face de <em>Tag-surfusion</em>, reprise dans &laquo;&nbsp;Zigzag po&eacute;sie&nbsp;&ndash;&nbsp;formes et mouvements&nbsp;: l&rsquo;effervescence&nbsp;&raquo;. Dans &laquo;&nbsp;Terminal Zone&nbsp;&ndash;&nbsp;manifeste pour une po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, il fait donc le choix de ne retenir en France comme seul po&egrave;te num&eacute;rique de sa g&eacute;n&eacute;ration que Philippe Castellin, en tant qu&rsquo;&eacute;diteur de la revue <em>Doc(k)s</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> La publication du manifeste de &laquo;&nbsp;Transitoire Observable&nbsp;&raquo; sur le Web reste une ouverture ambigu&euml; au public dans la mesure o&ugrave;, certes, la publication est potentiellement disponible &agrave; chaque internaute, mais l&rsquo;esth&eacute;tique (sobri&eacute;t&eacute; des choix structuraux et chromatiques) et le mode de r&eacute;f&eacute;rencement du site r&eacute;v&egrave;lent un rejet implicite du mass-media. En effet, dans un &eacute;change de mails datant du 20 janvier 2016, Philippe Bootz parle d&rsquo;&laquo;&nbsp;esth&eacute;tique pauvre&nbsp;&raquo; et explique qu&rsquo;il refuse les &laquo;&nbsp;modes esth&eacute;tiques dominants [de la publication Web], tout simplement parce que ce sont des marqueurs du jeu commercial&nbsp;&raquo;. De plus, le rejet d&rsquo;un syst&egrave;me de gestion de contenu pour l&rsquo;internet (SGC) limite le r&eacute;f&eacute;rencement du site par les moteurs de recherche.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> Les grandes lignes du manifeste sont d&rsquo;ailleurs pr&eacute;sent&eacute;es au cours du festival E-Poetry qui s&rsquo;est tenu &agrave; Morgantown (&Eacute;tats-Unis) du 23 au 27 avril 2003. Voir Patrick-Henri Burgaud, <em>E-poetry 2003&nbsp;: Tendances</em>, <a href="http://transitoireobs.free.fr/to/article.php3?id_article=16">http://transitoireobs.free.fr/to/article.php3?id_article=16</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> Il est notable que le verbe &laquo;&nbsp;fonder&nbsp;&raquo; apparaisse &agrave; deux autres reprises dans le texte, qui est pourtant relativement court.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> Philippe Bootz, Alexandre Gherban &amp; Tibor Papp, &laquo;&nbsp;Transitoire Observable &ndash; Texte fondateur&nbsp;&raquo;, 2003, <a href="http://transitoireobs.free.fr/to/article.php3?id_article=1">http://transitoireobs.free.fr/to/article.php3?id_article=1</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> L&rsquo;&laquo;&nbsp;erreur&nbsp;&raquo; de manipulation de Philippe Bootz, qui permettra la constitution du groupe &laquo;&nbsp;Transitoire observable&nbsp;&raquo;, semble t&eacute;moigner de cette ardeur&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;annonce de la cr&eacute;ation du mouvement a lieu dans un message que l&rsquo;auteur Philippe Bootz souhaitait adresser &agrave; l&rsquo;un des membres de la liste et qu&rsquo;il aurait &ldquo;par erreur&rdquo; adress&eacute; &agrave; la liste elle-m&ecirc;me&nbsp;: &ldquo;Alexandre, Tibor et moi sommes en train de mettre en place un nouveau &ldquo;groupe&rdquo; avant-ou-pas-garde, de r&eacute;flexion-production, exp&eacute;rimental-ou-pas, enfin quelque-chose qui se veut un pav&eacute; dans la marre consensuelle. Notre position consiste &agrave; affirmer que la litt&eacute;rature &eacute;lectronique n&rsquo;est pas, fondamentalement, une litt&eacute;rature de l&rsquo;&eacute;cran mais avant tout une aventure (ou un ensemble de d&eacute;marches) programmatique litt&eacute;raire dont le statut remet profond&eacute;ment en cause la notion d&rsquo;objet textuel h&eacute;rit&eacute;e des si&egrave;cles pass&eacute;s. [&hellip;] Le nom du groupe n&rsquo;est pas d&eacute;finitivement arr&ecirc;t&eacute;. Il tourne pour l&rsquo;heure autour de l&rsquo;expression &ldquo;transitoire observable&rdquo;.&rdquo; (message de Philippe Bootz &agrave; la liste E-critures le 11 janvier 2003)&nbsp;&raquo; (cit&eacute; par &Eacute;velyne Broudoux, &laquo;&nbsp;Outils, pratiques autoritatives du texte, constitution du champ de la litt&eacute;rature num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, Th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; de Paris VIII, 2003, p.&nbsp;255).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> <em>Flash</em>, de la soci&eacute;t&eacute; Adobe, est un logiciel particuli&egrave;rement pris&eacute; pour la cr&eacute;ation d&rsquo;images ou de textes anim&eacute;s. Il est cependant en voie de disparition &agrave; l&rsquo;heure actuelle&nbsp;: il n&rsquo;est d&eacute;j&agrave; plus reconnu par le navigateur Google Chrome, sauf quand il est le seul &eacute;l&eacute;ment pr&eacute;sent sur la page Web.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> Propos tenu par Philippe Bootz lors des &laquo;&nbsp;Rencontres autour de la po&eacute;sie&nbsp;&raquo; organis&eacute;es par le RIRRA21 le jeudi 3 novembre 2016 &agrave; Montpellier.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a> L&rsquo;ann&eacute;e 2009 est la borne chronologique fix&eacute;e par les auteurs de l&rsquo;&eacute;tude (Camille Bloomfield &amp; Mette Tjell, <em>art. cit.</em>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> Le festival international e-Poetry est cr&eacute;&eacute; en 2001 et se d&eacute;roule tous les deux dans diff&eacute;rentes m&eacute;tropoles mondiales&nbsp;; l&rsquo;Electronic Literature Organization organise depuis 1999 des conf&eacute;rences chaque ann&eacute;e et publie sa premi&egrave;re anthologie en octobre 2006.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> Le 17 novembre 2005 sont organis&eacute;es &agrave; la Biblioth&egrave;que nationale de France des rencontres intitul&eacute;es &laquo;&nbsp;Contr&eacute;es de la po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;&nbsp;; en 2006, para&icirc;t <em>Caisse &agrave; outils &ndash; un panorama de la po&eacute;sie fran&ccedil;aise aujourd&rsquo;hui</em> dans lequel Jean-Michel Espitallier accorde un chapitre aux &laquo;&nbsp;Po&eacute;sies num&eacute;rique et multim&eacute;dia&nbsp;&raquo; (Paris, Pocket, 2006, p.&nbsp;227-228)&nbsp;; en 2007, Jacques Donguy publie <em>Po&eacute;sies exp&eacute;rimentales. Zone num&eacute;rique</em> o&ugrave; un chapitre est consacr&eacute; &agrave; la po&eacute;sie num&eacute;rique (<em>op. cit.</em>)&nbsp;; en 2008, des auteurs se rassemblent autour d&rsquo;un num&eacute;ro de la revue <em>passage d&rsquo;encres</em> intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie&nbsp;: num&eacute;rique&nbsp;&raquo; (Alexandre Gherban &amp; Louis-Michel de Vaulchier (dir.), n&deg;&nbsp;33, 2008)&nbsp;; en 2010, en r&eacute;ponse &agrave; ce num&eacute;ro, para&icirc;t dans la m&ecirc;me revue &laquo;&nbsp;pures donn&eacute;es&nbsp;&raquo; (H&eacute;lios Sabat&eacute; Beriain (dir.), n&deg;&nbsp;40, 2010).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a> Philippe Boisnard fait partie des signataires de l&rsquo;article &laquo;&nbsp;Les refus&eacute;s du Printemps&nbsp;!&nbsp;&raquo; publi&eacute; sur <em>Sitaudis</em> le 27 mars 2003 (<a href="https://www.sitaudis.fr/Incitations/les-refuses-du-printemps.php">https://www.sitaudis.fr/Incitations/les-refuses-du-printemps.php</a>). Si le texte d&eacute;nonce l&rsquo;acad&eacute;misme de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement, il r&eacute;v&egrave;le aussi les difficult&eacute;s de l&rsquo;auteur &agrave; investir des circuits promotionnels institu&eacute;s ouverts &agrave; un large public.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a> &laquo;&nbsp;On dit le mot avant-garde pour dire les inventeurs, un endroit apr&egrave;s les avant-gardes est un endroit sans inventeurs. [&hellip;] Je ne comprends pas apr&egrave;s les avant-gardes, je ne comprends pas non plus apr&egrave;s les r&eacute;volutions [&hellip;]. Je suis l&rsquo;avant-garde en 1997. [&hellip;] Mot d&rsquo;ordre&nbsp;: Pan et pan&nbsp;; But ultime&nbsp;: Plaquer la plaque&nbsp;; Prise de pouvoir&nbsp;: imm&eacute;diate&nbsp;&raquo; (Christope Tarkos, <em>Pan</em>, Paris, POL, 2000, p.&nbsp;35-36).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a> &laquo;&nbsp;arracher&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;rompre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;c&eacute;sarienne&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;domination&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;pouvoir&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;contr&ocirc;le&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&eacute;crasement&nbsp;&raquo;, etc. (Philippe Boisnard, &laquo;&nbsp;Premier Manifeste pour une Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique (PAN)&nbsp;&raquo;, <a href="http://databaz.org/xtrm-art/?p=519">http://databaz.org/xtrm-art/?p=519</a>; &laquo;&nbsp;PAN_Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique / Manifeste 3&nbsp;&raquo;, <a href="http://lecube.com/revue/agir/pan-poesie-action-numerique-manifeste-3">http://lecube.com/revue/agir/pan-poesie-action-numerique-manifeste-3</a>)</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a> Onze formes verbales &agrave; la premi&egrave;re personne du pluriel du pr&eacute;sent de l&rsquo;imp&eacute;ratif et treize occurrences de la tournure impersonnelle &laquo;&nbsp;il faut&nbsp;&raquo; apparaissent dans le manifeste de Luc Dall&rsquo;Armellina, le verbe &laquo;&nbsp;devoir&nbsp;&raquo; est conjugu&eacute; cinq fois (Luc dall&rsquo;Armellina, &laquo;&nbsp;Ce pas qui nous &eacute;l&egrave;ve &ndash; pour des &eacute;critures num&eacute;riques cr&eacute;atives, un manifeste&nbsp;&raquo;, <a href="http://lucdall.free.fr/publicat/manifeste.html">http://lucdall.free.fr/publicat/manifeste.html</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a> Anne Tomiche, art. cit., p.&nbsp;26.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a> Le manifeste est &eacute;galement publi&eacute; sur le site de David Larlet (<a href="https://larlet.fr/david/blog/2016/ce-pas-qui-nous-eleve/">https://larlet.fr/david/blog/2016/ce-pas-qui-nous-eleve/</a>). Luc dall&rsquo;Armellina pr&eacute;cise que le texte &laquo;&nbsp;est mis &agrave; disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 4.0 International CC-BY-SA. Cette &oelig;uvre est libre, vous pouvez (l)&eacute;galement la copier, la diffuser et la modifier selon les termes de la Licence Art Libre 1.3 http://artlibe.org&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a> Le programme du colloque est disponible &agrave; l&rsquo;adresse suivantes&nbsp;: <a href="https://ecridil.hypotheses.org">https://ecridil.hypotheses.org</a></p> <p style="text-align: justify;">Le texte sera &eacute;galement l&rsquo;occasion d&rsquo;une nouvelle exp&eacute;rience d&rsquo;&eacute;criture dans le cadre de l&rsquo;&oelig;uvre <em>Reading Club</em> d&rsquo;Annie Abrahams et Emmanuel Guez, <a href="http://readingclub.fr/events/52e521e63eac48fc70000231/info">http://readingclub.fr/events/52e521e63eac48fc70000231/info</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a> Nous n&rsquo;avons pas eu la confirmation que&nbsp;Philippe Boisnard ait pr&eacute;sent&eacute; un de ses trois premiers manifestes lors d&rsquo;une communication universitaire malgr&eacute; l&rsquo;encart introductif publi&eacute; sur le site <em>libr-critique</em> (&laquo;&nbsp;Ce premier manifeste, ou anti-manifeste, puisque toute action po&eacute;tique y compris num&eacute;rique, d&eacute;borde le texte, le resitue dans un cadre de pr&eacute;sentation plus large que la page, entre en &eacute;cho avec un ensemble d&rsquo;interventions performatives et explicatives men&eacute; depuis un an&nbsp;&raquo; (<a href="http://www.libr-critique.com">http://www.libr-critique.com</a>). Cependant, lors des &laquo;&nbsp;Rencontres autour de la po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; organis&eacute;e par le RIRRA21 en novembre 2016 &agrave; Montpellier, ce dernier a pr&eacute;sent&eacute; sous forme d&rsquo;une communication-performance un quatri&egrave;me manifeste de Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a> Philippe Boisnard et Fabrice Thumerel sont les deux administrateurs de la revue en ligne.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a> <a href="https://www.scoop.it/t/des-poetiques?page=25">https://www.scoop.it/t/des-poetiques?page=25</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a> Jacques Donguy ouvre son manifeste avec la notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;hypertexte&nbsp;&raquo; qui est fortement influenc&eacute;e par les th&eacute;ories post-structuralistes des ann&eacute;es 70&nbsp;; le terme &laquo;&nbsp;dispositif&nbsp;&raquo;, qui est r&eacute;p&eacute;t&eacute; sept fois dans le court texte de Transitoire Observable, peut &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute; comme un discret &eacute;cho aux th&eacute;ories foucaldiennes (Michel Foucault, <em>Dits et &eacute;crits</em>, tome II, Paris, Gallimard, p.&nbsp;299)&nbsp;; Luc dall&rsquo;Armellina fait explicitement r&eacute;f&eacute;rence aux auteurs de la <em>French Theory</em> (Michel Foucault, Gilles Deleuze et F&eacute;lix Guattari) alors que&nbsp;Philippe Boisnard reprend leur vocabulaire (&laquo;&nbsp;PAN est une circulation infinie du sens de fa&ccedil;on entropique et rhizomatique&nbsp;&raquo;, dans &laquo;&nbsp;PAN_Po&eacute;sie Action Num&eacute;rique / Manifeste 3).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a> Paul Aron, &laquo;&nbsp;Les manifestes des revues litt&eacute;raires sur internet, &eacute;l&eacute;ments pour une analyse institutionnelle&nbsp;&raquo;, <em>Francofonia</em>, n&deg;&nbsp;59, &laquo;&nbsp;Les manifestes litt&eacute;raires au tournant du XXI<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, automne 2010, p.&nbsp;114.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a> Fabrice Thumerel, <em>Le Champ litt&eacute;raire fran&ccedil;ais au XX<sup>e</sup> si&egrave;cle &ndash; El&eacute;ments pour une sociologie de la litt&eacute;rature</em>, Paris, Armand Colin, 2002, p.&nbsp;152.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a> Lors du d&eacute;bat consacr&eacute; au r&ocirc;le des revues et des anthologies, l&rsquo;accueil r&eacute;serv&eacute; par Michel Deguy &agrave; la revue <em>alire</em> est des plus mitig&eacute;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] il y a une diff&eacute;rence forte entre la sph&egrave;re herm&eacute;neutique o&ugrave; il ne s&rsquo;agit pas de communiquer ni d&rsquo;informer et puis ce que nous dit <em>alire</em>, qui est assez diff&eacute;rent [&hellip;], je vais citer un vieux mot de Barbey qui disait&nbsp;: &ldquo;J&rsquo;entre dans les &eacute;curies d&rsquo;Augias pour y ajouter&rdquo;, &agrave; moins que <em>alire</em> entre dans les &eacute;curies d&rsquo;Augias, c&rsquo;est-&agrave;-dire la surproduction, la surproduction dite textuelle, pour y ajouter&hellip;&nbsp;&raquo; (<em>&Eacute;tats G&eacute;n&eacute;raux de la Po&eacute;sie</em>, Marseille, Centre international de po&eacute;sie Marseille, 1993, p.&nbsp;114).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a> Dans un article du site <em>Sitaudis</em> intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Les refus&eacute;s du printemps&nbsp;&raquo;, Franck Laroze, Philippe Boisnard, &Eacute;ric Sadin, Philippe Castellin, Joachim Montessuis, Julien d&rsquo;Abrigeon et J&eacute;r&ocirc;me Duval d&eacute;noncent leur mise &agrave; l&rsquo;&eacute;cart de la cinqui&egrave;me &eacute;dition du Printemps des Po&egrave;tes (2003). On peut noter le caract&egrave;re paradoxal de ce geste qui critique une certaine institutionnalisation de la po&eacute;sie, tout en affichant la d&eacute;ception de ne pas en &ecirc;tre.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a> &laquo;&nbsp;La po&eacute;sie num&eacute;rique, qu&rsquo;est-ce &agrave; dire&nbsp;? [&hellip;] La po&eacute;sie num&eacute;rique s&rsquo;est autoproclam&eacute;e depuis une quinzaine d&rsquo;ann&eacute;es, autour de Jean-Pierre Balpe, Philippe Bootz, Philippe Castellin et Jacques Donguy [&hellip;]. Mais, ici encore, les pratiques et les outils s&rsquo;entrelacent, se pillent, se m&eacute;tissent et, &agrave; c&ocirc;t&eacute; des &ldquo;num&eacute;ristes&rdquo; autoproclam&eacute;s, c&rsquo;est la po&eacute;sie dans son ensemble qui, en s&rsquo;emparant de ces exp&eacute;riences pionni&egrave;res, est en train de reconfigurer ses d&eacute;finitions et d&rsquo;en repousser les limites&nbsp;&raquo; (Jean-Michel Espitallier, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;227-228).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a> Pierre Bourdieu, <em>Les r&egrave;gles de l&rsquo;art &ndash; Gen&egrave;se et structure du champ litt&eacute;raire</em>, Paris, Seuil, 1992, p.&nbsp;371.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a> &Eacute;velyne Broudoux, <em>op. cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a> &Eacute;velyne Broudoux et Serge Bouchardon, &laquo;&nbsp;E-critures&nbsp;: co-constitution d&rsquo;un dispositif technique, d&rsquo;un champ et d&rsquo;une communaut&eacute;&nbsp;&raquo;, <em>Esprit Critique &ndash; Revue internationale de sociologie et de sciences sociales</em>, automne 2003, vol.&nbsp;05, n&deg;&nbsp;4.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a> Philippe Bootz, MOOC &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie num&eacute;rique, naissance d&rsquo;un champ. De la difficult&eacute; &agrave; d&eacute;finir la po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, octobre 2015.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a> Je traduis. &laquo;&nbsp;<em>With regard to the literary field, we can wonder if we are going to see the birth of a new field, or if digital literature is an experimental fraction of the literary field.</em>&nbsp;&raquo; (Serge Bouchardon, &laquo;&nbsp;Digital Literature in France&nbsp;&raquo;, <a href="http://www.dichtung-digital.org/2012/41/bouchardon/bouchardon.htm">http://www.dichtung-digital.org/2012/41/bouchardon/bouchardon.htm</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a> Anna Boschetti, <em>Ismes. Du r&eacute;alisme au postmodernisme</em>, Paris, CNRS &Eacute;ditions, 2014, p.&nbsp;264.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref62" name="_ftn62">[62]</a> Jacques Donguy, art. cit., p.&nbsp;61.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref63" name="_ftn63">[63]</a> &laquo;&nbsp;Le d&eacute;fi des institutions &eacute;cole et universit&eacute;, est de vivifier l&rsquo;enseignement de l&rsquo;&eacute;criture et de la litt&eacute;rature avec la culture et les pratiques num&eacute;riques de sa cr&eacute;ation contemporaine&nbsp;&raquo; (Luc dall&rsquo;Armellina, <em>art. cit.</em>, p.&nbsp;22). Lors de la lecture perform&eacute;e du manifeste pr&eacute;sent&eacute;e au colloque ECRiDil, Luc dall&rsquo;Armellina s&rsquo;adresse principalement &agrave; un public universitaire, alors que l&rsquo;entretien accord&eacute; au <em>Caf&eacute; p&eacute;dagogique</em> touche davantage les enseignants du primaire et du secondaire (<a href="http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/pages/2014/09/08092014article635457586911291786.aspx">http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/pages/2014/09/08092014article635457586911291786.aspx</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref64" name="_ftn64">[64]</a> Luc Boltanski, &laquo;&nbsp;L&rsquo;espace positionnel&nbsp;: multiplicit&eacute; des positions institutionnelles et habitus de classe&nbsp;&raquo;, <em>Revue fran&ccedil;aise de sociologie</em>, 1973, n&deg;&nbsp;14, p.&nbsp;3-26.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref65" name="_ftn65">[65]</a> Les auteurs de &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo; enseignent en Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication ou en Arts, et non en Litt&eacute;rature fran&ccedil;aise, comme c&rsquo;est le cas pour nombre de po&egrave;tes contemporains.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref66" name="_ftn66">[66]</a> Actes du colloque&nbsp;: <em>La po&eacute;sie d&eacute;livr&eacute;e</em>, St&eacute;phane Hirschi, Corinne Legoy, Serge Linar&egrave;s, Alexandra Saemmer &amp; Alain Vaillant (dir.), Paris, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2017. Programme du colloque &agrave; l&rsquo;adresse suivante&nbsp;: <a href="http://www.fabula.org/actualites/la-poesie-hors-le-livre_58733.php">http://www.fabula.org/actualites/la-poesie-hors-le-livre_58733.php</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref67" name="_ftn67">[67]</a> Camille Bloomfield &amp; Mette Tjell, art. cit.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;">Professeure agr&eacute;g&eacute;e de Lettres Modernes, <strong>Gwendolyn Kergourlay</strong> m&egrave;ne une th&egrave;se dont le titre est &laquo;Autorit&eacute; de la po&eacute;sie num&eacute;rique: un processus d&rsquo;hybridation litt&eacute;raire et artistique&raquo;, sous la direction de Serge Bouchardon, Professeur en Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Technologique de Compi&egrave;gne, et de Pierre-Marie H&eacute;ron, Professeur de Litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3.</p> <h3 style="text-align: justify;">Copyright</h3> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>