<div class="entry-content"> <h3>Abstract</h3> <p>Considering the work of Charles Pennequin, Laura Vazquez and Pierre Gu&eacute;ry, it is important to understand that these videoperformances broadcasted on YouTube use the platform not only as a vector of transmission but also as a way of creation. Investing and diverting properties specific to the platform, these videopoems are a form of digital poetry in the sens that they are intended for dissemination in a digital environment and work in the writing itself with the specific properties of this environment. Indeed, they seem to fit into what Leonardo Flores has identified as the &ldquo;third generation&rdquo; of digital literature, emerged with the advent of Web 2.0 in 2005, and characterized by works that use existing interfaces and platforms, while renewing and extending the issues specific to performance poetry.</p> <h3>Keywords</h3> <p class="meta-tags">digital poetry, poetry performance, video performance, litteratube, Charles Pennequin, Laura Vazquez, Pierre Guery</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Introduction<br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">&Agrave; la fin des ann&eacute;es 1950, Bernard Heidsieck entend, avec la &laquo;&nbsp;po&eacute;sie action&nbsp;&raquo;, d&eacute;velopper une po&eacute;sie qui se r&eacute;alise en performance. S&rsquo;inscrivant dans un mouvement plus large, amorc&eacute; d&egrave;s le d&eacute;but du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle avec Apollinaire puis les avant-gardes, d&rsquo;utilisation par la po&eacute;sie de moyens technologiques et de medias nouveaux, il affirme une volont&eacute; de remise en circulation du po&egrave;me dans la soci&eacute;t&eacute;. Po&eacute;sie hors du livre, la po&eacute;sie num&eacute;rique telle qu&rsquo;elle s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute;e depuis ses tout premiers essais, se situe partiellement dans cette lign&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. La po&eacute;sie en performance, entendue comme po&eacute;sie qui se r&eacute;alise dans une co-pr&eacute;sence du po&egrave;te et du public et une mise en &oelig;uvre du corps, utilise &eacute;galement le num&eacute;rique, et tout un pan de la po&eacute;sie dite num&eacute;rique se d&eacute;veloppe en performance, au sein de travaux exploitant le flux, les relations corps/machine, les possibilit&eacute;s de retraitement et de retransmission en <em>live</em> du son et de l&rsquo;image, de mise en relation du son, de l&rsquo;image et du mouvement, d&rsquo;int&eacute;gration de donn&eacute;es en direct, ou encore d&rsquo;improvisations textuelles&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Le corpus ici abord&eacute; rel&egrave;ve cependant d&rsquo;une articulation entre la po&eacute;sie performance et le num&eacute;rique selon des modalit&eacute;s tout autres. Ces &oelig;uvres rel&egrave;vent tout d&rsquo;abord de la po&eacute;sie en performance dans sa dimension vid&eacute;o&nbsp;: on parlera de vid&eacute;operformances, forme sp&eacute;cifique qui ne se confond ni avec les captations vid&eacute;o de performances ou de lectures publiques <em>live</em>, ni avec l&rsquo;enregistrement de lectures &agrave; voix haute film&eacute;es face cam&eacute;ra. Qu&rsquo;elle montre une action film&eacute;e par le po&egrave;te lui-m&ecirc;me ou un tiers, r&eacute;alis&eacute;e dans un espace public ou priv&eacute;, avec ou sans public, la vid&eacute;operformance se caract&eacute;rise avant tout par une implication du filmage dans sa forme m&ecirc;me, et, partant, d&rsquo;une forme d&rsquo;&eacute;criture vid&eacute;o. Cette forme n&rsquo;est pas sp&eacute;cifique &agrave; la po&eacute;sie&nbsp;: elle s&rsquo;inscrit elle-m&ecirc;me dans une tradition fortement li&eacute;e &agrave; la performance artistique depuis ses d&eacute;buts au cours des ann&eacute;es 1960, via la pratique de l&rsquo;autofilmage par les performeurs&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>. Les &oelig;uvres ici consid&eacute;r&eacute;es rel&egrave;vent &eacute;galement &agrave; plusieurs titres d&rsquo;une forme de po&eacute;sie num&eacute;rique, non pas en ce qu&rsquo;elles utilisent des moyens num&eacute;riques d&rsquo;enregistrement et de retraitement de la vid&eacute;o (cam&eacute;ra num&eacute;rique, la webcam, un logiciel de montage vid&eacute;o, etc.)&nbsp;&ndash;&nbsp;comme la quasi-totalit&eacute; de la production litt&eacute;raire actuelle utilise des <em>outils</em> informatiques, mais en ce qu&rsquo;il s&rsquo;agit bien de formes qui utilisent le &laquo;&nbsp;dispositif informatique comme m&eacute;dium&nbsp;&raquo; et mettent en &oelig;uvre &laquo;&nbsp;une ou plusieurs propri&eacute;t&eacute;s sp&eacute;cifiques &agrave; ce medium&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;, selon la d&eacute;finition donn&eacute;e par Philippe Bootz, ou encore, pour reprendre cette fois la d&eacute;finition de Serge Bouchardon de cr&eacute;ations &laquo;&nbsp;qui mettent en tension litt&eacute;rarit&eacute; et sp&eacute;cificit&eacute;s du support num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>.&nbsp;&raquo; Leur dimension num&eacute;rique tient ainsi au fait que ces &oelig;uvres se destinent &agrave; une diffusion en milieu num&eacute;rique et travaillent dans leur &eacute;criture m&ecirc;me avec les propri&eacute;t&eacute;s sp&eacute;cifiques &agrave; cet environnement. En ce sens, elles semblent pouvoir s&rsquo;inscrire dans ce que Leonardo Flores a identifi&eacute; comme la &laquo;&nbsp;troisi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo; de la litt&eacute;rature num&eacute;rique, &eacute;merg&eacute;e avec l&rsquo;av&egrave;nement du Web 2.0 en 2005, et caract&eacute;ris&eacute;e par des &oelig;uvres qui utilisent des interfaces et plateformes existantes. Les auteurs concern&eacute;s n&rsquo;ont pas n&eacute;cessairement de comp&eacute;tences techniques en programmation&nbsp;: &agrave; la figure de l&rsquo;auteur-programmeur se substitue celle d&rsquo;un auteur usager, investissant, &agrave; l&rsquo;instar de millions d&rsquo;autres internautes, des r&eacute;seaux&nbsp; sociaux comme Facebook&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>, de <em>microblogging</em> comme Twitter&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>, mais aussi des plateformes de partages d&rsquo;images fixes et anim&eacute;es comme Instagram, Tumbl.r, et YouTube, en relation avec le&nbsp;tournant iconique qui transforme le paysage en ligne depuis le milieu des ann&eacute;es 2000. C&rsquo;est cette derni&egrave;re plateforme qui a retenu notre attention, lieu d&rsquo;&eacute;mergence de ce que Gilles Bonnet propose de nommer une &laquo;&nbsp;Litt&eacute;raTube&nbsp;&raquo;, un corpus &laquo;&nbsp;regroupant les exp&eacute;riences actuelles de vid&eacute;o &eacute;criture, qui explorent un plan audio-visuel de la litt&eacute;rature qu&rsquo;elles diffusent sur Internet.&nbsp;&raquo; Gilles Bonnet poursuit&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de contenus nativement num&eacute;riques et &laquo;&nbsp;YouTub&eacute;ens&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire pens&eacute;s et cr&eacute;&eacute;s pour &ecirc;tre mis &agrave; disposition d&rsquo;un public d&rsquo;internautes usagers du site, ou de contenus provenant d&rsquo;autres m&eacute;dias (TV, radio, captations) et d&eacute;sormais rem&eacute;diatis&eacute;s, transf&eacute;r&eacute;s sur la plateforme. Une web-litt&eacute;rature au format vid&eacute;o&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La vid&eacute;operformance n&rsquo;a pas attendu YouTube pour exister en tant que telle, y compris dans sa dimension num&eacute;rique. Les premi&egrave;res utilisations du medium num&eacute;rique dans sa sp&eacute;cificit&eacute; pour filmer une action, en <em>live</em> ou en diff&eacute;r&eacute;, sont ainsi marqu&eacute;es par une utilisation de la <em>webcam</em>, et du montage d&rsquo;une part, d&rsquo;autre part par l&rsquo;utilisation du <em>live chat&nbsp;</em>vid&eacute;o, comme on peut le voir chez Annie Abrahams ou encore Philippe Castellin, qui dans &laquo;&nbsp;Fondu-au-noir&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo; (2008) par exemple travaille &agrave; dire de m&eacute;moire d&rsquo;anciens po&egrave;mes face cam&eacute;ra puis op&egrave;re un montage, alliant l&rsquo;improvisation propre &agrave; la performance, &agrave; la combinatoire, l&rsquo;une des tendances importantes de la po&eacute;sie num&eacute;rique. Cependant, les vid&eacute;operformances envisag&eacute;es sont diffus&eacute;es sur YouTube, ce qui exclut plusieurs possibilit&eacute;s (celles notamment de l&rsquo;interaction ou de la simultan&eacute;it&eacute; pr&eacute;sentes chez Annie Abrahams), et ouvre d&rsquo;autres potentialit&eacute;s. Qu&rsquo;y a-t-il de sp&eacute;cifiquement &laquo;&nbsp;youtub&eacute;en&nbsp;&raquo; dans les productions de vid&eacute;operformance ici envisag&eacute;es&nbsp;? Lieu d&rsquo;archive et de rem&eacute;diation, YouTube est aussi le lieu de cr&eacute;ations sp&eacute;cifiques. Il s&rsquo;agira alors de comprendre comment ces vid&eacute;operformances s&rsquo;emparent de la plateforme non seulement comme moyen de diffusion mais comme moyen de cr&eacute;ation, pour mettre en &oelig;uvre une v&eacute;ritable &eacute;criture web, c&rsquo;est-&agrave;-dire, pour reprendre les termes de Gilles Bonnet, reconnaissant que &laquo;&nbsp;l&rsquo;environnement num&eacute;rique, choisi comme espace originel de publication informe et d&eacute;termine en partie la po&eacute;tique du texte produit&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;, et du po&egrave;me perform&eacute;.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_Une_poetique_de_la_plateforme">1. Une po&eacute;tique de la plateforme&nbsp;?</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Depuis sa cr&eacute;ation en 2005, YouTube permet &agrave; tout un chacun de cr&eacute;er et de diffuser des vid&eacute;os, confortant, selon la formule de Patrice Flichy, &laquo;&nbsp;le sacre de l&rsquo;amateur&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;: &agrave; l&rsquo;instar de nombreuses autres plateformes d&eacute;velopp&eacute;es avec le Web 2.0, des blogs aux r&eacute;seaux sociaux, YouTube autorise une publication directe, qui se passe des interm&eacute;diaires traditionnels, institutionnels ou &eacute;ditoriaux. Or cette possibilit&eacute; semble entrer en r&eacute;sonance profonde avec le projet des po&eacute;sies en performance, dont l&rsquo;ambition est pr&eacute;cis&eacute;ment de se passer des cadres &eacute;ditoriaux pour privil&eacute;gier un rapport direct, frontal au public, qui se joue hors de la cha&icirc;ne traditionnelle du livre. Envisag&eacute; comme plateforme, YouTube est &eacute;galement un espace commun, trivial&nbsp;: non artistique.</p> <p style="text-align: justify;">Les outils d&rsquo;autofilmage ont d&rsquo;autre part, du fait de leurs capacit&eacute;s dans un premier temps assez limit&eacute;es, puis du d&eacute;ferlement de millions de vid&eacute;os sur YouTube, fini par cr&eacute;er une sorte de r&eacute;pertoire faisant &eacute;merger un vocabulaire commun et des genres distincts. En effet, YouTube n&rsquo;est pas la seule plateforme de diffusion et partage de vid&eacute;os en ligne, d&rsquo;autres espaces de mutualisation comme Vimeo ou Dailymotion ayant une place importante, en particulier dans le domaine de la diffusion de vid&eacute;os artistiques en ligne&nbsp;: Vimeo s&rsquo;adresse ainsi davantage aux cr&eacute;ateurs et artistes, leur proposant des modalit&eacute;s de mise en ligne et de partage adapt&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>. Mais si YouTube est devenu, parmi les 250 sites de vid&eacute;os en ligne recens&eacute;s depuis l&rsquo;av&egrave;nement du Web collaboratif, &laquo;&nbsp;l&rsquo;embl&egrave;me de la vid&eacute;o en ligne&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est aussi en raison de son orientation singuli&egrave;re, tourn&eacute;e vers les contenus produits par les utilisateurs (<em>User Generated content</em>)&nbsp;: le &laquo;&nbsp;You&nbsp;&raquo; de la marque ainsi que le slogan &laquo;&nbsp;Broadcast yourself&nbsp;&raquo;, tout comme la toute premi&egrave;re vid&eacute;o diffus&eacute;e sur la plateforme, &laquo;&nbsp;Me at the zoo&nbsp;&raquo;, montrent que &laquo;&nbsp;YouTube s&rsquo;est initialement ax&eacute; vers les contenus et les pratiques amateurs&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo;. Au partage en ligne de vid&eacute;os de toutes sortes s&rsquo;est bient&ocirc;t surimpos&eacute;e une figure sp&eacute;cifique, celle du YouTubeur, soit &laquo;&nbsp;tout cr&eacute;ateur d&rsquo;un contenu vid&eacute;o original, qui h&eacute;berge ses cr&eacute;ations sur une plateforme, dans l&rsquo;optique de les diffuser au plus grand nombre&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;&raquo;. Les contenus en sont tr&egrave;s vari&eacute;s, mais des genres ont fini par &eacute;merger&nbsp;: sketch, web-s&eacute;rie, <em>vlog</em>, <em>unboxing</em>, vid&eacute;os de vulgarisation, <em>gaming</em>, <em>tutoriel</em>, autant de genres devenus sp&eacute;cifiquement &laquo;&nbsp;youtub&eacute;ens&nbsp;&raquo;. Associ&eacute;s &agrave; ces genres, des vocabulaires sont &eacute;galement rep&eacute;rables, dus aux contraintes techniques (usage d&rsquo;une cam&eacute;ra fixe, autofilmage) et aux ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;imitation mutuelle des producteurs de vid&eacute;o. Comme le soulignent Patrick Vonderau et Pelle Snickars &agrave; propos des pratiques de <em>homedance</em>&nbsp; dans <em>The YouTube reader</em>,</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">[&hellip;] l&rsquo;imperfection &eacute;vidente des vid&eacute;os cr&eacute;e une sorte d&rsquo;archive de poses et d&rsquo;images, sa gamme d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments jou&eacute;s de mani&egrave;re r&eacute;p&eacute;t&eacute;e et vari&eacute;e. Cette archive est uniquement accessible par ordinateur, via YouTube pour &ecirc;tre pr&eacute;cis. L&rsquo;ordinateur est donc le centre des &eacute;v&eacute;nements. En cons&eacute;quence, il n&rsquo;existe pratiquement aucune vid&eacute;o domestique annulant ou dissimulant l&rsquo;appareil num&eacute;rique auquel elles sont adress&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Ainsi YouTube n&rsquo;est-il pas uniquement une plateforme d&rsquo;h&eacute;bergement de vid&eacute;os mais bien un m&eacute;dia, dont les cr&eacute;ations vid&eacute;os sont marqu&eacute;es par un certain nombre de traits r&eacute;currents&nbsp;: et ce sont pr&eacute;cis&eacute;ment ces caract&eacute;ristiques r&eacute;currentes que l&rsquo;on retrouve reprises, retravaill&eacute;es ou d&eacute;tourn&eacute;es dans les vid&eacute;operformances ici envisag&eacute;es.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="11_Un_vocabulaire">1.1. Un vocabulaire&hellip;</span></h3> <p style="text-align: justify;">Ce vocabulaire est tout d&rsquo;abord marqu&eacute; par un amateurisme souvent exhib&eacute;, revendiqu&eacute;, qui participe du bricolage technologique. Celui-ci est identifi&eacute; par Andr&eacute; Gunthert comme un trait esth&eacute;tique commun aux formes d&rsquo;autophotographie et autofilmage en circulation sur les r&eacute;seaux &laquo;&nbsp;jouant des incertitudes du cadrage, des traces visibles de manipulation ou de l&rsquo;amateurisme de la prise de vue&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>&nbsp;&raquo;, au point de devenir une signature du genre.</p> <p style="text-align: justify;">La g&eacute;n&eacute;ralisation et la d&eacute;mocratisation des outils de filmage (<em>via</em> la <em>webcam</em>, puis le <em>smartphone</em>, ou la cam&eacute;ra <em>GoPro</em>) et les facilit&eacute;s associ&eacute;es semblent avoir tout d&rsquo;abord favoris&eacute; les pratiques d&rsquo;improvisation et de prise directe. L&rsquo;improvisation, si elle n&rsquo;est pas d&eacute;finitoire de la performance po&eacute;tique, en constitue parfois une part importante, comme chez le po&egrave;te et performeur Charles Pennequin, en activit&eacute; depuis la fin des ann&eacute;es 1990, dont la pratique performative a tr&egrave;s vite int&eacute;gr&eacute; l&rsquo;enregistrement, via le dictaphone puis la vid&eacute;o, pens&eacute; comme captations d&rsquo;improvisations&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">D&rsquo;un point de vue formel, le cadrage fixe, li&eacute; &agrave; la pratique de l&rsquo;autofilmage par la <em>webcam</em>, est une constante. Fen&ecirc;tre sur chambre, salon ou cuisine, la <em>webcam</em> ouvre sur un plan mettant le corps au premier plan, et le situe dans un espace domestique. Nombreuses sont les &oelig;uvres qui, &agrave; l&rsquo;instar des vid&eacute;os dominantes sur YouTube comme les vid&eacute;o-blogs ou <em>vlog</em>, et dans la continuit&eacute; des premiers usages priv&eacute;s de la <em>webcam</em> en r&eacute;seau type &laquo;&nbsp;Jennicam&nbsp;&raquo;, ouvrent sur une sc&egrave;ne ordinaire, un espace quotidien. Ainsi Vincent Tholom&eacute; nous montre-t-il une partie de son bureau, ses rayonnages de biblioth&egrave;que ou de sa cuisine dans sa r&eacute;cente s&eacute;rie &laquo;&nbsp;Mon &eacute;pop&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;&raquo;, Fran&ccedil;ois Bon intervient de fa&ccedil;on privil&eacute;gi&eacute;e dans son bureau, parmi ses livres. Chez Pierre Gu&eacute;ry, cet espace est souvent neutralis&eacute;, la &laquo;&nbsp;<em>talking head</em>&nbsp;&raquo; s&rsquo;adressant au spectateur devant un mur, mais l&rsquo;on aper&ccedil;oit de temps &agrave; autre des fen&ecirc;tres, un meuble, et la prise de son directe r&eacute;v&egrave;le une acoustique qui n&rsquo;est clairement pas celle d&rsquo;un studio. Pr&eacute;sent&eacute;e de fa&ccedil;on somme toute traditionnelle (l&rsquo;auteur &agrave; son bureau, dans sa biblioth&egrave;que) ou &agrave; l&rsquo;inverse d&eacute;sacralis&eacute;e (l&rsquo;auteur dans sa cuisine), la figure de l&rsquo;auteur se construit ici comme figure d&rsquo;amateur comme les autres&nbsp;: parlant depuis un espace domestique&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>. La <em>webcam</em> comme fen&ecirc;tre c&egrave;de &agrave; d&rsquo;autres moments la place &agrave; un filmage approximatif, fait de trembl&eacute;s, d&rsquo;un cadrage en gros plan d&eacute;formant l&eacute;g&egrave;rement le visage, de ratages divers li&eacute;s &agrave; la manipulation du t&eacute;l&eacute;phone, lorsque le filmage se fait en ext&eacute;rieur, en situation, ouvrant alors &eacute;galement sur des espaces triviaux, non d&eacute;di&eacute;s &agrave; la pratique artistique, mais surtout communs, et essentiellement citadins&nbsp;: on retrouve ainsi &agrave; plusieurs reprises Charles Pennequin dans des toilettes, celles d&rsquo;un train par exemple, une douche&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>, dans une gare ou dans la rue&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>, dans une voiture&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>, et Laura Vazquez dans diff&eacute;rents endroits de la ville, en particulier la rue. L&rsquo;usage du miroir, caract&eacute;ristique du <em>selfie</em> avant la g&eacute;n&eacute;ralisation des cam&eacute;ras frontales, conduit dans plusieurs cas &agrave; l&rsquo;exhibition de l&rsquo;appareil, comme on peut le voir dans la vid&eacute;o de Charles Pennequin &laquo;&nbsp;Tu sais tr&egrave;s bien que j&rsquo;t&rsquo;aime&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;&raquo; d&eacute;crite comme une &laquo;&nbsp;d&eacute;clar&rsquo;action d&rsquo;amour au t&eacute;l&eacute;phone portable et au miroir de la salle de bains, 2016. Technique mix et max. Improvis&eacute; dans un h&ocirc;tel, &agrave; Sarzeau (Bretagne) &raquo; : la qualit&eacute; de la vid&eacute;o d&eacute;pendant du <em>smartphone</em> poss&eacute;d&eacute; par le po&egrave;te &eacute;volue de ce fait fortement dans le temps. Le format et l&rsquo;esth&eacute;tique amateurs rel&egrave;vent ainsi d&rsquo;un vocabulaire qui fait entrer ces vid&eacute;operformances en r&eacute;sonance avec les vid&eacute;os vernaculaires diffus&eacute;es sur YouTube.</p> <p style="text-align: justify;">Cette esth&eacute;tique amateur se retrouve dans l&rsquo;utilisation d&rsquo;outils de captation et d&rsquo;&eacute;dition d&rsquo;image standard&nbsp;: d&eacute;cors et filtres Photobooth, du nom du logiciel de capture d&rsquo;images install&eacute; par d&eacute;faut sur les Mac, sont ainsi par exemple fr&eacute;quemment utilis&eacute;s. Dans la s&eacute;rie des &laquo;&nbsp;Po&egrave;mes du mois&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;&raquo; de Laura Vazquez, le d&eacute;clencheur Photobooth sert de g&eacute;n&eacute;rique &agrave; chacune des vid&eacute;os, et Pierre Gu&eacute;ry&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a> use et abuse des effets sp&eacute;ciaux et filtres propos&eacute;s par ce m&ecirc;me outil. Pris en charge par un voix synth&eacute;tique, le texte de Charles Pennequin est dit sur une succession d&rsquo;images tour &agrave; tour anim&eacute;es et fixes, usant toutes des d&eacute;cors plus ou moins kitsch propos&eacute;s par les applications standard de traitement de photographies&nbsp;: faux cadre type Polaro&iuml;d, d&eacute;cors satur&eacute;s de petits c&oelig;urs, de p&egrave;res No&euml;l ou de g&acirc;teaux d&rsquo;anniversaire dans lesquels s&rsquo;inscrit invariablement la t&ecirc;te du po&egrave;te dans diverses expressions dans &laquo;&nbsp;La vision finale&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;: &agrave; l&rsquo;instar du projet &eacute;nonc&eacute; par le texte, il s&rsquo;agit, en utilisant ces outils, de &laquo;&nbsp;sentir comment cette vision qu&rsquo;il a de lui-m&ecirc;me peut faire ridicule. Il voit &ccedil;a, comme s&rsquo;il en &eacute;tait d&eacute;tach&eacute;.&nbsp;&raquo; Le logiciel de montage int&eacute;gr&eacute; &agrave; la plateforme est enfin &eacute;galement utilis&eacute;, et, l&agrave; encore, exhib&eacute;&nbsp;: Charles Pennequin pr&eacute;cise sous certaines de ses vid&eacute;os que le montage est r&eacute;alis&eacute; avec YouTube. C&rsquo;est le cas de &laquo;&nbsp;Causer n&rsquo;est pas poser&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;&raquo;, dont le titre pr&eacute;cise qu&rsquo;il est &laquo;&nbsp;mont&eacute; avec youtube&nbsp;&raquo;. Dans ce m&ecirc;me po&egrave;me, le texte th&eacute;matise la prise de vue &agrave; la perche &agrave; <em>selfie</em> utilis&eacute;e pour filmer l&rsquo;auteur, de fa&ccedil;on circulaire. Sous-titr&eacute; &laquo;&nbsp;essai perchiste&nbsp;&raquo;, le texte inscrit sous la vid&eacute;o se construit sur un polyptote autour du mot &laquo;&nbsp;perche&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">[&hellip;] il faut y aller franco, il faut pas essayer de se dire je vais essayer pourquoi pas, j&rsquo;ai ma petite perche, c&rsquo;est-&agrave;-dire j&rsquo;ai ma chance apr&egrave;s tout, apr&egrave;s tout j&rsquo;ai mon petit lopin de chance qui m&rsquo;attend au tournant, mais non, rien qui t&rsquo;attend, te tend une perche non, ce qui t&rsquo;attend au tournant c&rsquo;est de dire que tu vas tenter le perchoir, tu vas essayer et finalement rester &agrave; faire ton pr&ecirc;chi-pr&ecirc;cha l&agrave;-dedans.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Cet amateurisme assum&eacute; ne rel&egrave;ve ainsi pas d&rsquo;une volont&eacute; de se passer de m&eacute;diation au profit d&rsquo;une co&iuml;ncidence r&ecirc;v&eacute;e entre l&rsquo;action et son enregistrement&nbsp;: loin d&rsquo;effacer le medium, il s&rsquo;agit au contraire de travailler avec des outils technologiques standard, et de s&rsquo;ins&eacute;rer dans un vocabulaire commun. Ainsi, &agrave; l&rsquo;instar de Charles Pennequin dans l&rsquo;exemple pr&eacute;c&eacute;demment cit&eacute;, beaucoup de vid&eacute;operformances entretiennent un rapport r&eacute;flexif au medium utilis&eacute;&nbsp;: Pierre Gu&eacute;ry utilise le format standard de la &laquo;&nbsp;<em>talking head</em>&nbsp;&raquo;, devenu une r&eacute;f&eacute;rence en raison du dispositif frontal impos&eacute; par la <em>webcam</em>, et intitule pr&eacute;cis&eacute;ment sa s&eacute;rie de vid&eacute;o &laquo;&nbsp;My talking heads&nbsp;&raquo;. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, Laura Vazquez utilise le d&eacute;clencheur Photobooth comme g&eacute;n&eacute;rique, alors m&ecirc;me que ses vid&eacute;os sont tourn&eacute;es avec une cam&eacute;ra num&eacute;rique portable, et non avec Photobooth. Mais YouTube&nbsp;en tant que plateforme informe &eacute;galement l&rsquo;&eacute;criture du po&egrave;me perform&eacute;&nbsp;dans la mesure o&ugrave; ce sont les genres sp&eacute;cifiquement youtub&eacute;ens qui y sont retravaill&eacute;s&nbsp;&ndash;&nbsp;ou d&eacute;tourn&eacute;s.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="12_et_des_genres_youtubeens">1.2&hellip; et des genres youtub&eacute;ens</span></h3> <p style="text-align: justify;">Nombre de vid&eacute;operformances &laquo;&nbsp;nativement youtub&eacute;ennes&nbsp;&raquo; s&rsquo;emparent en effet de leurs codes, pour se les approprier souvent de mani&egrave;re plus ou moins ironique, op&eacute;rant de la sorte un t&eacute;lescopage entre des genres triviaux et le genre po&eacute;tique.</p> <p style="text-align: justify;">Genres communs aux r&eacute;seaux sociaux, le <em>selfie</em>, et le <em>vid&eacute;o-selfie</em>, se retrouvent ainsi parodi&eacute; par Charles Pennequin, dans &laquo;&nbsp;Tu sais tr&egrave;s bien que j&rsquo;t&rsquo;aime&nbsp;&raquo;, r&eacute;f&eacute;rence amus&eacute;e au narcissisme inh&eacute;rent au genre, ou encore dans &laquo;&nbsp;Tuto-po&egrave;me n&deg;2&nbsp;: le selfie-perf&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp;&raquo;, une vid&eacute;o muette o&ugrave; chaque micro-mouvement du visage est ponctu&eacute; de rires enregistr&eacute;s, comme une mise en &eacute;vidence du caract&egrave;re d&eacute;risoire de cette publicisation du n&rsquo;importe quoi. Le <em>selfie</em> informe &eacute;galement la s&eacute;rie des &laquo;&nbsp;Po&egrave;mes du mois&nbsp;&raquo; de Laura Vazquez, en association avec le &laquo;&nbsp;vlog&nbsp;&raquo; ou vid&eacute;o-blog, rappel&eacute; ici par la r&eacute;gularit&eacute; m&eacute;tronomique avec laquelle chaque po&egrave;me est post&eacute; (le 1<sup>er</sup> de chaque mois). Le po&egrave;me se compose d&rsquo;un montage tr&egrave;s rapide de prises de vues r&eacute;alis&eacute;es chaque jour, o&ugrave; l&rsquo;on voit la performeuse prof&eacute;rer un seul mot, le montage final seul recomposant une phrase syntaxiquement coh&eacute;rente mais prof&eacute;r&eacute;e sur des tons et dans des lieux diff&eacute;rant selon le contexte d&rsquo;enregistrement. Chez Laura Vazquez, ce genre se conjugue &eacute;galement avec la pratique tr&egrave;s en vogue sur YouTube du montage bout &agrave; bout d&rsquo;extraits de films dans des compilations th&eacute;matiques, ou des meilleures <em>vines</em> film&eacute;es par des amateurs, pratique elle-m&ecirc;me d&eacute;riv&eacute;e des proc&eacute;d&eacute;s dada&iuml;stes ou encore situationnistes de collage et de montage, et plus g&eacute;n&eacute;ralement de l&rsquo;esth&eacute;tique de la r&eacute;p&eacute;tition, de la fragmentation et du montage &eacute;pileptique &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans de nombreux genres youtub&eacute;ens.</p> <p style="text-align: justify;">Genre surrepr&eacute;sent&eacute; sur YouTube, les vid&eacute;os d&rsquo;exploits et challenges en tous genres film&eacute;s en cam&eacute;ra embarqu&eacute;e, &agrave; la <em>GoPro</em>, donnant &agrave; voir des exploits sportifs mais aussi des ratages divers, chutes, cascades et d&eacute;fis stupides, &laquo;&nbsp;poussant &agrave; l&rsquo;hyperbole le r&egrave;gne de l&rsquo;idiot plan&eacute;taire&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;&raquo; selon les termes d&rsquo;Antonio Dominguez Leiva, sont &eacute;galement convoqu&eacute;es &agrave; la vision de ces vid&eacute;os. Les performances effectu&eacute;es par Charles Pennequin dans l&rsquo;espace public le montrant par exemple dans la rue en train de prononcer tout haut les mots &laquo;&nbsp;je jouis&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo;, lisant des extraits de son livre <em>Comprendre la vie</em> au bord du p&eacute;riph&eacute;rique, hurlant sur sa mobylette (croisant au passage un microgenre existant, le &laquo;&nbsp;selfie moto&nbsp;&raquo;) dans &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie p&eacute;tarade&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;, ou encore arpentant une galerie en r&eacute;p&eacute;tant &laquo;&nbsp;&ccedil;a a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; fait&nbsp;&raquo;, film&eacute;es pour la plupart &agrave; la <em>GoPro</em> r&eacute;sonnent, dans cet espace m&eacute;diatique, avec ces genres. L&rsquo;usage de la <em>GoPro</em>, ou de tout moyen o&ugrave; la captation est solidaire de l&rsquo;action, rend l&rsquo;action et son filmage indissociables. &Agrave; l&rsquo;instar du <em>selfie</em> touristique, consistant &agrave; se prendre en photo devant tel ou tel site, l&rsquo;autofilmage</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">rel&egrave;ve du registre de l&rsquo;exp&eacute;rience. La photographie [ou le film] ex&eacute;cut&eacute;e &agrave; ce moment pr&eacute;cis n&rsquo;est ni seulement une image de soi, ni seulement une image du site, mais pr&eacute;cis&eacute;ment la trace visuelle de leur articulation &eacute;ph&eacute;m&egrave;re, le rapport de l&rsquo;acteur &agrave; la situation, inscrit dans l&rsquo;image&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Dans le cas des <em>selfies</em> de Laura Vazquez ou des vid&eacute;os autofilm&eacute;es de Pennequin, la performance et sa captation sont articul&eacute;es &agrave; un contexte qui devient pr&eacute;gnant. Il s&rsquo;agit, par ces biais, de se filmer en situation, dans des espaces quotidiens.</p> <p style="text-align: justify;">Autre genre tr&egrave;s populaire sur YouTube, le tutoriel devient le th&egrave;me de plusieurs performances de Sylvain Courtoux. Film&eacute;es dans l&rsquo;espace domestique, cuisine et salon, du po&egrave;te,&nbsp; ces vid&eacute;os respectivement intitul&eacute;es &laquo;&nbsp;Tuto-liti&egrave;res (performance 1)&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Tuto-aspirateur (performance 2)&nbsp;&raquo; montrent le performeur dans les situations les plus triviales, r&eacute;alisant une action basse, purement m&eacute;nag&egrave;re (changer la liti&egrave;re du chat, passer l&rsquo;aspirateur) et se contentant de d&eacute;crire en s&rsquo;adressant &agrave; la cam&eacute;ra les &eacute;tapes d&rsquo;un processus de mani&egrave;re plus ou moins improvis&eacute;e, vantant sa grande habilet&eacute; &agrave; ex&eacute;cuter cette t&acirc;che, l&rsquo;&laquo;&nbsp;art zen&nbsp;&raquo; et la &laquo;&nbsp;danse&nbsp;&raquo; que repr&eacute;sentent respectivement la premi&egrave;re et la deuxi&egrave;me activit&eacute;. Le &laquo;&nbsp;tuto&nbsp;&raquo; b&acirc;cl&eacute; est pourtant pr&eacute;sent&eacute; comme extrait d&rsquo;un livre &agrave; para&icirc;tre, <em>L&rsquo;Avant-garde, t&ecirc;te br&ucirc;l&eacute;e, pavillon noir&nbsp;</em><a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>, laissant le spectateur pour le moins perplexe quant au contenu du livre annonc&eacute;, et s&rsquo;inscrit dans une des multiples repr&eacute;sentations de la figure du &laquo;&nbsp;po&egrave;te de merde&nbsp;&raquo; au centre de plusieurs de ses cr&eacute;ations. Le &laquo;&nbsp;tuto&nbsp;&raquo; est &eacute;galement le fil directeur d&rsquo;une s&eacute;rie de Charles Pennequin publi&eacute;e sur le site anthologique Tapin<sup>2</sup> et pr&eacute;sent&eacute; comme suit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Sur cette page, Charles Pennequin proposera r&eacute;guli&egrave;rement &agrave; tapin&sup2; de nouveaux &ldquo;tuto-po&egrave;mes&rdquo; nous initiant &agrave; la po&eacute;sie par des activit&eacute;s simples &amp; vari&eacute;es r&eacute;alisables &agrave; la maison avec un minimum de mat&eacute;riel&nbsp;&raquo;. La vid&eacute;o reprend les caract&eacute;ristiques principales du tutoriel vid&eacute;o tel qu&rsquo;il se diffuse en masse sur YouTube&nbsp;: plan fixe pris &agrave; la <em>webcam</em>, cadrant un individu en situation, dans un espace domestique, adresse &agrave; la cam&eacute;ra, et donc au potentiel usager du tutoriel, puis d&eacute;composition des &eacute;tapes n&eacute;cessaires &agrave; la r&eacute;alisation de la recette. Cependant ce tutoriel ne propose pas d&rsquo;apprendre &agrave; faire de la p&acirc;te &agrave; tarte mais un po&egrave;me sonore, renvoyant alors &agrave; une po&eacute;sie &eacute;labor&eacute;e au cours des ann&eacute;es 1950 via l&rsquo;utilisation de techniques d&rsquo;enregistrement &agrave; commencer par le magn&eacute;tophone. La forme du tutoriel appliqu&eacute;e &agrave; la po&eacute;sie fait &eacute;galement immanquablement penser &agrave; la recette de Tristan Tzara &laquo;&nbsp;Pour faire un po&egrave;me dada&iuml;ste&nbsp;&raquo;, autre appropriation d&rsquo;un genre non auctorial et standard, celui de la recette de cuisine, &agrave; la po&eacute;sie, dans une perspective de d&eacute;mystification et prosa&iuml;sation dada&iuml;ste&nbsp;: le tuto-po&egrave;me fonctionne comme une actualisation 2.0 de la recette des mots dans un chapeau.</p> <p style="text-align: justify;">Toujours en plan fixe, film&eacute; par webcam, le genre de la <em>homedance</em>, consistant &agrave; danser sur une musique enregistr&eacute;e et/ou &agrave; mimer en <em>playback</em> d&eacute;cal&eacute; une chanson, le plus souvent de vari&eacute;t&eacute;, est &eacute;galement explor&eacute; &agrave; plusieurs reprises par le performeur&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tuto-po&egrave;me n&deg;4&nbsp;: la danse de l&rsquo;entrav&eacute;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Tomber dans la danse&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;&raquo; pr&eacute;sentent le po&egrave;te dansant dans son salon et dans sa cuisine, pendant qu&rsquo;un texte est dit en voix <em>off</em>, et &laquo;&nbsp;I want to break free&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo; (2017) le montre face cam&eacute;ra, casque sur l&rsquo;oreille diffusant la chanson de Queen que l&rsquo;on devine, tr&egrave;s faible, &agrave; travers l&rsquo;appareil, gesticulant et mimant les paroles, dans une attitude qui rappelle le c&eacute;l&egrave;bre &laquo;&nbsp;Numa numa&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;&raquo;, <em>playback</em> d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute; d&rsquo;un enfant sur le tube d&rsquo;O-Zone, vid&eacute;o virale qui engendra des milliers de <em>meme</em>.</p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;esth&eacute;tique pauvre qui &eacute;mane de ces vid&eacute;os entre alors en relation et en pleine coh&eacute;rence avec l&rsquo;&eacute;criture &laquo;&nbsp;au ras des p&acirc;querettes&nbsp;&raquo; revendiqu&eacute;e par l&rsquo;auteur. Elle participe d&rsquo;une po&eacute;tique de l&rsquo;idiotie que le po&egrave;te travaille &eacute;galement dans sa diction. Cette &eacute;criture idiote &eacute;mane d&rsquo;abord d&rsquo;une n&eacute;cessit&eacute;&nbsp;: beaucoup de po&egrave;mes publi&eacute;s et d&rsquo;improvisations film&eacute;es comme &laquo;&nbsp;J&rsquo;en ai marre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;J&rsquo;te ram&egrave;ne&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Tu sais bien que j&rsquo;t&rsquo;aime&nbsp;&raquo;, trouvent leurs sources, leur mat&eacute;riau premier, dans des expressions courantes, langage de tous les jours, celui des gens, mais aussi celui de la t&eacute;l&eacute;vision, des m&eacute;dias, de la publicit&eacute;, que le po&egrave;te capte pour mieux le vider. Si tous les po&egrave;tes publiant sur YouTube ne partagent pas aussi pleinement cette esth&eacute;tique de l&rsquo;idiotie, il reste que l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute;, la frontalit&eacute; recherch&eacute;e dans les vid&eacute;operformances post&eacute;es sur la plateforme entrent en relation et en conversation avec les genres communicationnels qui y sont diffus&eacute;s par ailleurs. Mais, de fa&ccedil;on r&eacute;ciproque, la r&eacute;cup&eacute;ration et le d&eacute;tournement des genres de vid&eacute;os diffus&eacute;es sur YouTube font entrer ces vid&eacute;operformances dans un r&eacute;gime qui est celui-m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans la plateforme, marqu&eacute;e par une esth&eacute;tique de la r&eacute;p&eacute;tition, de la reprise, de la r&eacute;it&eacute;ration et du d&eacute;tournement. Tout se passe comme si la diffusion de ces vid&eacute;opo&egrave;mes dans l&rsquo;espace youtub&eacute;en les faisait entrer en relation directe, potentielle du fait de la publication sur la m&ecirc;me plateforme, avec un corpus non po&eacute;tique, et investir po&eacute;tiquement une esth&eacute;tique commune. Mais YouTube n&rsquo;est alors pas uniquement un outil de cr&eacute;ation et de diffusion&nbsp;: c&rsquo;est aussi un outil d&rsquo;&eacute;dition sp&eacute;cifique, &agrave; son tour exploit&eacute; et d&eacute;tourn&eacute; selon diff&eacute;rentes modalit&eacute;s.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_Mes-usages_de_la_plateforme">2. (M&eacute;s-)usages de la plateforme</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">YouTube est une base de donn&eacute;es&nbsp;: elle peut ne servir qu&rsquo;&agrave; cet usage, et trouver dans le site de l&rsquo;auteur ou d&rsquo;une institution donn&eacute;e, son cadre &eacute;ditorial propre. Nombreux sont les auteurs proposant leurs cr&eacute;ations vid&eacute;ographiques, h&eacute;berg&eacute;es par cette plateforme ou une autre, utilis&eacute;es essentiellement comme de simples bases de donn&eacute;es accessibles depuis un site Web qui en constituera alors le paratexte &eacute;ditorial premier. Ainsi les vid&eacute;os de Charles Pennequin sont-elles aussi accessibles et visionnables depuis et &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des pages de la rubrique &laquo;&nbsp;Bobines&nbsp;&raquo; de son site&nbsp;: l&rsquo;utilisateur n&rsquo;a pas besoin de se rendre sur le site YouTube pour acc&eacute;der aux contenus h&eacute;berg&eacute;s par la plateforme.</p> <p style="text-align: justify;">Cependant la possibilit&eacute; de visionner la vid&eacute;o depuis la plateforme est constante&nbsp;: YouTube est aussi une interface. Investie comme telle ou d&eacute;laiss&eacute;e au profit du site avec lequel elle fonctionne en &eacute;cosyst&egrave;me, la &laquo;&nbsp;cha&icirc;ne&nbsp;&raquo; YouTube fait entrer la vid&eacute;o dans un espace s&eacute;miotiquement fortement marqu&eacute;, avec son logo, ses ic&ocirc;nes, ses boutons, ses vignettes, identiques quel que soit le contenu partag&eacute;&nbsp;: un cadre &eacute;ditorial fortement standardis&eacute;. Or ce cadre &eacute;ditorial est, comme le rappellent Emmanu&euml;l Souchier et Yves Jeanneret, &eacute;galement vecteur d&rsquo;une &eacute;nonciation sp&eacute;cifique. D&eacute;finie comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;ensemble de ce qui contribue &agrave; la production mat&eacute;rielle des formes qui donnent au texte sa consistance, son &ldquo;image de texte&rdquo;&nbsp;&raquo;, l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale pointe &laquo;&nbsp;ce par quoi le texte peut exister mat&eacute;riellement, socialement, culturellement&hellip; aux yeux du lecteur&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>&nbsp;&raquo;. Si l&rsquo;objet en question est ici vid&eacute;ographique, il n&rsquo;en reste pas moins lui aussi &eacute;ditorialis&eacute;, plus fortement encore dans ce contexte num&eacute;rique que sur un support type DVD, o&ugrave; l&rsquo;&eacute;ditorialisation concerne&nbsp;&ndash;&nbsp;outre la jaquette et le bo&icirc;tier, voire le livret d&rsquo;accompagnement&nbsp;&ndash;&nbsp;les pages de &laquo;&nbsp;menu&nbsp;&raquo; et les propositions de navigation, mais deviennent invisibles au moment de la lecture&nbsp;: sur YouTube, diverses possibilit&eacute;s de lecture sont possibles, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de la fen&ecirc;tre ou en mode &laquo;&nbsp;plein &eacute;cran&nbsp;&raquo;, mais la plateforme se signale toujours ne serait-ce que par la pr&eacute;sence de la &laquo;&nbsp;barre&nbsp;&raquo; inf&eacute;rieure de lecture, aux couleurs du logo. &laquo;&nbsp;L&rsquo;image d&rsquo;un contact direct entre auteur et le lecteur (qui postule l&rsquo;absence de m&eacute;diation s&eacute;miotique)&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;&raquo;, doxa d&eacute;nonc&eacute;e comme illusoire par Souchier et Jeanneret &agrave; propos du texte informatis&eacute;, est peut-&ecirc;tre plus pr&eacute;gnante encore quand il s&rsquo;agit de contenus vid&eacute;o, et utilis&eacute;e comme argument publicitaire par la plateforme elle-m&ecirc;me&nbsp;: &laquo;&nbsp;broadcast yourself&nbsp;&raquo;, le slogan de &laquo;&nbsp;YouTube&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;votre cha&icirc;ne&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;votre canal&nbsp;&raquo;, signe un travail d&rsquo;invisibilisation, jouant du lieu commun selon lequel le r&eacute;seau, et plus encore la vid&eacute;o, autoriseraient un contact plus &laquo;&nbsp;direct&nbsp;&raquo; que l&rsquo;imprim&eacute; ou le support mat&eacute;riel quel qu&rsquo;il soit, confondant de la sorte, facilit&eacute; de production, de diffusion et d&rsquo;acc&egrave;s et transparence m&eacute;diologique. Or &laquo;&nbsp;le m&eacute;dia de l&rsquo;&eacute;criture n&rsquo;est pas seulement le lieu de passage d&rsquo;un flot informationnel&nbsp;; c&rsquo;est un objet mat&eacute;riel configur&eacute; qui cadre, inscrit, situe et, par l&agrave; m&ecirc;me, donne un statut au texte&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>&nbsp;&raquo;. Ou &agrave; la vid&eacute;o. L&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale se signale en premier sur la plateforme par une forte identit&eacute; visuelle&nbsp;: un logo omnipr&eacute;sent, une charte graphique en deux couleurs, une organisation des vignettes invariable, la pr&eacute;sence de divers boutons (&laquo;&nbsp;like/dislike&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;s&rsquo;abonner&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;partager&nbsp;&raquo;, etc.), d&rsquo;informations quantitatives (nombres d&rsquo;abonn&eacute;s), l&rsquo;insertion dans des &laquo;&nbsp;cat&eacute;gories&nbsp;&raquo;, la suggestion de vid&eacute;os apparent&eacute;es, etc. Ce format unique a pour premier effet de produire une indiff&eacute;renciation&nbsp;: les contenus artistiques ou po&eacute;tiques, amateurs ou professionnels, sont pr&eacute;sent&eacute;s de la m&ecirc;me mani&egrave;re, dans le m&ecirc;me cadre &eacute;ditorial que le tuto beaut&eacute; ou la vid&eacute;o de <em>gaming</em>.</p> <p style="text-align: justify;">Or il est int&eacute;ressant de constater que les po&egrave;tes ici consid&eacute;r&eacute;s, non seulement poss&egrave;dent tous, et parfois seulement, une cha&icirc;ne YouTube propre, mais qu&rsquo;ils jouent avec les codes de ce cadre &eacute;ditorial de mani&egrave;re &agrave; les d&eacute;tourner et &agrave; les faire entrer dans un fonctionnement qu&rsquo;on qualifiera de po&eacute;tique. &Agrave; un tout premier niveau, les <em>playlists</em> sont utilis&eacute;es pour mettre en &eacute;vidence la logique s&eacute;rielle des productions de Pierre Gu&eacute;ry et Laura Vazquez&nbsp;: &laquo;&nbsp;My talking heads&nbsp;&raquo; d&rsquo;une part et &laquo;&nbsp;Po&egrave;mes du mois&nbsp;&raquo; d&rsquo;autre part se pr&eacute;sentent comme des s&eacute;ries, conform&eacute;ment &agrave; la logique induite par la structure m&ecirc;me de la plateforme et l&rsquo;usage type &laquo;&nbsp;vlog&nbsp;&raquo;, permettant au spectateur de visionner la vid&eacute;o d&ucirc;ment num&eacute;rot&eacute;e&nbsp;&ndash;&nbsp;seule ou &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une liste, ce qui en modifie la r&eacute;ception et le statut. Les vid&eacute;os de Laura Vazquez en particulier sont dot&eacute;es d&rsquo;un g&eacute;n&eacute;rique, pr&eacute;sent&eacute;es dans des vignettes avec titrage et arr&ecirc;t sur une image s&eacute;lectionn&eacute;e, conformes en cela &agrave; de tr&egrave;s nombreuses vid&eacute;os de youtubeurs et youtubeuses en ligne.</p> <p style="text-align: justify;">Si la <em>playlist</em> ordonne les vid&eacute;os en s&eacute;rie, l&rsquo;espace &eacute;ditorial pr&eacute;sent autour de chaque vid&eacute;o contribue &eacute;galement &agrave; en conditionner la r&eacute;ception. Ainsi sous le titre de la vid&eacute;o figure un espace o&ugrave; l&rsquo;internaute peut entrer du texte libre, en g&eacute;n&eacute;ral d&eacute;volu &agrave; l&rsquo;indexation et &agrave; la description du contenu de la vid&eacute;o. Utilis&eacute; comme paratexte, cet espace recueille la plupart du temps des informations objectives&nbsp;: date de cr&eacute;ation, cr&eacute;dits, parfois rappel du titre, liens vers d&rsquo;autres sites de l&rsquo;auteur. On y trouve &eacute;galement dans certains cas la reprise &agrave; l&rsquo;&eacute;crit du texte dit &agrave; l&rsquo;&eacute;cran, comme chez Laura Vazquez, o&ugrave; certains des po&egrave;mes sont retranscrits apr&egrave;s un rappel du protocole de cr&eacute;ation &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans la s&eacute;rie. Ainsi pour &laquo;&nbsp;L.L.L #42 Avril 2017&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Le po&egrave;me du mois&nbsp;: 1 mot par jour. Dans le mois d&rsquo;AVRIL il y a 30 jours. 1 mot par jour = 30 mots. // J&rsquo;&eacute;pingle un brin d&rsquo;herbe / sur le mur / pour le regarder / dispara&icirc;tre / chaque jour / j&rsquo;arrose le drame / avec de la lenteur / je passe &agrave; pied / au drive / je commande / un pansement</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La transcription &eacute;crite du po&egrave;me r&eacute;alis&eacute; par le montage de trente micro-plans en produit une interpr&eacute;tation possible, proposant un d&eacute;coupage prosodique par le retour &agrave; la ligne, l&agrave; o&ugrave; dans d&rsquo;autres cas, la transcription adopte d&rsquo;autres codes typographiques, cr&eacute;ant un effet tout autre&nbsp;: le texte de &laquo;&nbsp;L.L.L #47 septembre 2017&nbsp;&raquo; s&rsquo;inscrit quant &agrave; lui en majuscules, sur une seule ligne, sans ponctuation&nbsp;: &laquo;&nbsp;JE PEINS MES ENFANTS UNE PARTIE EN JAUNE UNE PARTIE EN BLEU JE LEUR DEMANDE DE COURIR ET JE LES COMPTE ILS SE BOUSCULENT ILS SE M&Eacute;LANGENT ILS SONT PERDUS&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>&nbsp;&raquo;. Il est investi de fa&ccedil;on toute particuli&egrave;re par Charles Pennequin&nbsp;: ainsi sous la vid&eacute;o de &laquo;&nbsp;Causer n&rsquo;est pas poser&nbsp;&raquo; figure, outre la date, un texte complet, qui n&rsquo;a manifestement pas de vocation paratextuelle, mais n&rsquo;est pas non plus la transcription du texte prof&eacute;r&eacute; dans la vid&eacute;o&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;un autre texte po&eacute;tique. Le m&ecirc;me processus est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans &laquo;&nbsp;Je jouis&nbsp;&raquo;, o&ugrave; la vid&eacute;o montre le performeur &eacute;noncer ces deux seuls mots, lorsque le texte d&eacute;veloppe un propos bien plus imposant. Ces textes, inaccessibles &agrave; la lecture de la vid&eacute;o depuis le site de l&rsquo;auteur, r&eacute;v&egrave;lent un usage singulier de la plateforme jusque dans ses propri&eacute;t&eacute;s &eacute;ditoriales sp&eacute;cifiques. Une disjonction s&rsquo;op&egrave;re ici entre l&rsquo;&eacute;crit et l&rsquo;oral, entre l&rsquo;inscrit et le prof&eacute;r&eacute;, qui d&eacute;joue les attentes du lecteur/spectateur. Cette disjonction est accentu&eacute;e, jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;exc&egrave;s, dans l&rsquo;usage qui est parfois fait des sous-titres de YouTube, &agrave; leur tour d&eacute;tourn&eacute;s de leur fonction initiale. Ainsi dans &laquo;&nbsp;Marre&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;&raquo; le titre m&ecirc;me enjoint &agrave; activer les sous-titres &laquo;&nbsp;(il y a des sous titres)&nbsp;&raquo;, et le spectateur y d&eacute;couvre alors un tout autre texte. &Agrave; l&rsquo;expression brute du ras-le-bol exprim&eacute; dans la vid&eacute;o, se superpose un propos m&eacute;tapo&eacute;tique, contre la po&eacute;sie &laquo;&nbsp;savante&nbsp;&raquo; et philosophique, comme une &laquo;&nbsp;traduction&nbsp;&raquo; de la pens&eacute;e inscrite dans ce cri, et un troisi&egrave;me texte, en vers, est plac&eacute; en commentaire qui diff&egrave;re &agrave; son tour de celui des sous-titres. Un jeu comparable est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans plusieurs autres vid&eacute;os, par exemple dans &laquo;&nbsp;I want to break free&nbsp;&raquo;, ou encore dans &laquo;&nbsp;On aime la po&eacute;sie contemporaine&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;&raquo;. Dans cette derni&egrave;re vid&eacute;o, les sous-titres automatiques sont convoqu&eacute;s pour, lorsqu&rsquo;ils sont activ&eacute;s, recr&eacute;er une sorte de po&egrave;me <em>ready-made</em> de mots inconnus, l&rsquo;algorithme peinant &agrave; reconna&icirc;tre les mots prononc&eacute;s par le performeur et proposant des solutions absurdes. Le vid&eacute;opo&egrave;me joue ainsi alors des possibilit&eacute;s de la plateforme pour en investir po&eacute;tiquement les espaces &eacute;ditoriaux, en d&eacute;tourner les outils et &eacute;laborer un v&eacute;ritable dispositif, dans lequel la vid&eacute;o s&rsquo;inscrit mais n&rsquo;est pas autonome&nbsp;: c&rsquo;est bien, alors, l&rsquo;ensemble du dispositif qui fait &oelig;uvre, dans les relations et tensions qui s&rsquo;instaurent entre les textes, la vid&eacute;o, et l&rsquo;espace &eacute;ditorial.</p> <p style="text-align: justify;">Sur Internet, l&rsquo;espace &eacute;ditorial n&rsquo;est pas identique &agrave; celui du livre&nbsp;&ndash;&nbsp;ou du DVD&nbsp;: &agrave; l&rsquo;&eacute;dition se substitue ce que Marcello Vitali Rosati a th&eacute;oris&eacute; sous le terme d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;ditorialisation&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;l&rsquo;interaction entre une dynamique individuelle ou collective&nbsp;&raquo; ‒ la publication d&rsquo;un contenu dans une base de donn&eacute;es, les commentaires qui y sont li&eacute;s, le fait qu&rsquo;il ait &eacute;t&eacute; partag&eacute; par d&rsquo;autres&hellip; ‒ et un &laquo;&nbsp;environnement num&eacute;rique particulier&nbsp;&raquo;. Ainsi &laquo;&nbsp;le sens du document est soumis &agrave; l&rsquo;intentionnalit&eacute; d&rsquo;une entit&eacute; le publiant [&hellip;] mais doit toujours s&rsquo;adapter &agrave; l&rsquo;espace num&eacute;rique dans lequel il se trouve, tenant compte de ses logiques et de sa structuration&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;. Sur YouTube, cette logique passe par les recommandations d&eacute;termin&eacute;es par l&rsquo;algorithme de la plateforme, qui croise la prise en consid&eacute;ration des habitudes de l&rsquo;usager &agrave; d&rsquo;autres param&egrave;tres plus ou moins transparents. Elle est donc automatique. D&egrave;s lors, le processus d&rsquo;&eacute;ditorialisation &eacute;chappe au contr&ocirc;le de l&rsquo;&eacute;diteur initial du contenu&nbsp;: la vid&eacute;o visualis&eacute;e depuis la plateforme se retrouve dans un environnement incontr&ocirc;lable par le producteur de la vid&eacute;o. Or, loin de subir cet &eacute;tat de fait comme par d&eacute;faut, les auteurs publiant de mani&egrave;re privil&eacute;gi&eacute;e sur YouTube semblent rechercher pour ainsi dire cette perte de contr&ocirc;le. Il n&rsquo;est que d&rsquo;observer la mani&egrave;re dont Charles Pennequin indexe les cat&eacute;gories de ses vid&eacute;os. Sur YouTube, la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;vid&eacute;opo&eacute;sie&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;art vid&eacute;o&nbsp;&raquo; n&rsquo;existe pas&nbsp;: l&rsquo;indexation croise les genres et les contenus, et la plupart des cr&eacute;ateurs indexent leurs travaux dans les cat&eacute;gories les plus proches du domaine artistique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Films et animations&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Musique&nbsp;&raquo; (chez Pierre Gu&eacute;ry), voire &laquo;&nbsp;Education&nbsp;&raquo;, ou encore &laquo;&nbsp;People et blog&nbsp;&raquo; lorsque l&rsquo;aspect &laquo;&nbsp;vlog&nbsp;&raquo; est privil&eacute;gi&eacute;, par exemple chez Fran&ccedil;ois Bon. Laura Vazquez prend une tangente, d&eacute;solidarisant ses vid&eacute;os du domaine artistique, fut-il voisin, en les indiquant dans la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;Divertissement&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment cette logique de d&eacute;solidarisation qui est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre chez Charles Pennequin qui choisit les cat&eacute;gories &laquo;&nbsp;Vie pratique et style&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Humour&nbsp;&raquo;, voire &laquo;&nbsp;Auto moto&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire des cat&eacute;gories non artistiques, faisant potentiellement appara&icirc;tre la vid&eacute;o dans des <em>playlists</em> h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes par le jeu des suggestions de l&rsquo;algorithme.</p> <p style="text-align: justify;">Cet usage du dispositif num&eacute;rique entre ainsi en relation avec l&rsquo;ambition de mettre la po&eacute;sie en contexte, dans la vie, et de produire un po&egrave;me qui soit &laquo;&nbsp;standard&nbsp;&raquo;, sans propri&eacute;t&eacute; particuli&egrave;re qui le singularise comme &oelig;uvre d&rsquo;art. YouTube est ici pens&eacute; comme espace non litt&eacute;raire, o&ugrave; la po&eacute;sie, la performance, se diffuse sur les m&ecirc;mes r&eacute;seaux que les autres vid&eacute;os communicationnelles, au sein du tout-venant, dans un espace non s&eacute;par&eacute;, celui-l&agrave; m&ecirc;me que recherchent nombre de pratiques de po&eacute;sie en performance depuis leurs manifestations historiques. &Eacute;chapper au domaine de la po&eacute;sie, ne pas &ecirc;tre dans la po&eacute;sie, c&rsquo;est justement ce que revendique le po&egrave;te dans le petit texte de pr&eacute;sentation de sa cha&icirc;ne YouTube&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">charles pennequin n&rsquo;est pas dans la po&eacute;sie, le cercle des po&egrave;tes charles pennequin n&rsquo;y est pas, charles pennequin ne fait pas de po&egrave;mes, charles pennequin ne lit pas, il ne sait pas lire de po&egrave;mes, charles pennequin est dedans le po&egrave;me m&ecirc;me, charles pennequin aime vivre dans une bouche et il sort de temps &agrave; autre de lui-m&ecirc;me et sa bouche pour crier ou dire ou lire un texte, charles pennequin perd les p&eacute;dales dans sa langue et improvise depuis sa bagnole, charles pennequin s&rsquo;improvise vivant.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Au filmage d&rsquo;actions r&eacute;alis&eacute;es dans l&rsquo;espace public ou priv&eacute;, hors livre et hors institution, pratiqu&eacute; par le performeur depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, correspond alors un contexte de diffusion, qui rel&egrave;ve lui aussi de ce n&rsquo;importe o&ugrave; de la vie dans son versant num&eacute;rique&nbsp;: publi&eacute;es sur YouTube, ces vid&eacute;os rejoignent l&rsquo;immense flot des vid&eacute;os d&eacute;vers&eacute;es par la plateforme. L&rsquo;indiff&eacute;renciation &eacute;ditoriale des contenus sur YouTube a ainsi une autre cons&eacute;quence majeure. YouTube n&rsquo;est pas&nbsp;&ndash;&nbsp;pas plus que n&rsquo;importe quel autre r&eacute;seau social&nbsp;&ndash;&nbsp;un &laquo;&nbsp;monde de l&rsquo;art&nbsp;&raquo; dans lequel un objet s&rsquo;impl&eacute;menterait comme &oelig;uvre, artistique ou litt&eacute;raire. Seule l&rsquo;identification d&rsquo;un nom d&eacute;j&agrave; connu comme nom d&rsquo;auteur, d&rsquo;une maison d&rsquo;&eacute;dition&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a> ou d&rsquo;une institution, c&rsquo;est-&agrave;-dire le paratexte, inscrit, donne les informations n&eacute;cessaires &agrave; l&rsquo;identification des &oelig;uvres diffus&eacute;es comme telles. Or les cha&icirc;nes des po&egrave;tes performeurs envisag&eacute;s sont individuelles&nbsp;: leur identification comme appartenant &agrave; un champ po&eacute;tique ne peut se faire que via le renvoi &agrave; un site ou la pr&eacute;sence d&rsquo;un texte de pr&eacute;sentation dans la rubrique &laquo;&nbsp;&Agrave; propos&nbsp;&raquo;, soit par une notori&eacute;t&eacute; ant&eacute;rieure. D&egrave;s lors, l&rsquo;on pourrait envisager YouTube comme un espace o&ugrave; se prolonge le geste de sortie du livre et de performance dans l&rsquo;espace public effectu&eacute; par la po&eacute;sie en action. YouTube n&rsquo;est cependant pas un espace public, et, si le geste est comparable, il ne peut &ecirc;tre pens&eacute; dans les m&ecirc;mes termes. En effet, YouTube et son architexte num&eacute;rique propre sont, comme le rappelle Marine Siguier, une &laquo;&nbsp;autorit&eacute; formatante&nbsp;&raquo;, dont la logique de palmar&egrave;s (classement des vid&eacute;os en fonction de leur notori&eacute;t&eacute;, affichage du nombre de vues et d&rsquo;abonn&eacute;s, etc.) entre bien davantage en &eacute;cho avec celle qui anime le best-seller, d&rsquo;ailleurs sujet tr&egrave;s largement privil&eacute;gi&eacute; des vid&eacute;os litt&eacute;raires (celles que tournent les &laquo;&nbsp;booktubers&nbsp;&raquo; notamment) sur la plateforme, qu&rsquo;avec l&rsquo;audience pour le moins limit&eacute;e de la po&eacute;sie exp&eacute;rimentale. &laquo;&nbsp;On n&rsquo;&eacute;crit jamais que dans des formes, et ces formes, qui ne rel&egrave;vent pas de l&rsquo;interaction en situation des acteurs pr&eacute;sents, sont pr&eacute;cis&eacute;ment le lieu r&eacute;el du pouvoir&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>.&nbsp;&raquo; L&rsquo;usage d&eacute;tourn&eacute; fait par certains po&egrave;tes performeurs de la plateforme rel&egrave;ve alors autant du court-circuitage des r&eacute;seaux &eacute;ditoriaux traditionnels que du d&eacute;tournement et du jeu avec le pouvoir et la logique dont il est le lieu, en ce qu&rsquo;ils se situent pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; son oppos&eacute;. En cela, il rejoint certaines pratiques de litt&eacute;rature num&eacute;rique &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre sur les r&eacute;seaux sociaux&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>, qui visent tant &agrave; po&eacute;tiser le r&eacute;seau social qu&rsquo;&agrave; proposer un usage critique des plateformes, voire &agrave; d&eacute;velopper une forme de parasitage.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="Conclusion_une_poesie_en_milieu_numerique">Conclusion : une po&eacute;sie en milieu num&eacute;rique&nbsp;?</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Le corpus vid&eacute;opo&eacute;tique, en particulier de vid&eacute;operformance, en pr&eacute;sence sur YouTube, reste limit&eacute;&nbsp;: en mati&egrave;re de po&eacute;sie, la plateforme compte davantage de captations de lectures et performances &laquo;&nbsp;IRL&nbsp;&raquo;, jouant alors un r&ocirc;le d&rsquo;archive. Il n&rsquo;en reste pas moins que ces pratiques, r&eacute;centes et en devenir, t&eacute;moignent d&rsquo;une &eacute;volution des enjeux li&eacute;s tant &agrave; la performance qu&rsquo;&agrave; ce que nous nommons &laquo;&nbsp;po&eacute;sie num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, &eacute;volution li&eacute;e pour cette derni&egrave;re au changement de statut de l&rsquo;objet num&eacute;rique. Plut&ocirc;t que de po&eacute;sie num&eacute;rique, qui laisserait entendre une filiation avec des pratiques de programmation esth&eacute;tiquement tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;es des pratiques ici pr&eacute;sent&eacute;es, peut-&ecirc;tre faudrait-il parler pour cette troisi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration &eacute;voqu&eacute;e par Fernando Flores de po&eacute;sie en milieu num&eacute;rique. Pour Marcello Vitali-Rosati, un changement de statut th&eacute;orique de l&rsquo;objet num&eacute;rique s&rsquo;est en effet produit&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Il y a encore quelques ann&eacute;es, la d&eacute;finition de la litt&eacute;rature &eacute;lectronique &eacute;tait ax&eacute;e sur les outils utilis&eacute;s pour produire les &oelig;uvres litt&eacute;raires et les analyses critiques se concentraient alors sur des objets produits avec de nouvelles technologies. Le passage &agrave; l&rsquo;adjectif &laquo;&nbsp;num&eacute;rique&nbsp;&raquo; d&eacute;termine un changement de perception&nbsp;: d&eacute;sormais, on se r&eacute;f&egrave;re davantage &agrave; un ph&eacute;nom&egrave;ne culturel qu&rsquo;aux outils technologiques et, dans cette perspective, l&rsquo;enjeu n&rsquo;est plus d&rsquo;&eacute;tudier les &oelig;uvres litt&eacute;raires produites gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;informatique, mais de comprendre le nouveau statut de la litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;&eacute;poque du num&eacute;rique&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">&Agrave; la lumi&egrave;re de ce corpus qui certes rejoint par certaines propri&eacute;t&eacute;s la litt&eacute;rature num&eacute;rique mais qu&rsquo;on ne rangerait pas, compte tenu du fait que ces &oelig;uvres circulent aussi dans d&rsquo;autres espaces, dans la po&eacute;sie num&eacute;rique stricto sensu, on pourrait ainsi envisager l&rsquo;existence de pratiques po&eacute;tiques &laquo;&nbsp;en milieu num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, marqu&eacute;es par l&rsquo;interm&eacute;dialit&eacute; et la relation avec des genres communicationnels non litt&eacute;raires, en circulation sur des r&eacute;seaux, qu&rsquo;elles contribuent &agrave; d&eacute;tourner, critiquer, interroger, poursuivant et d&eacute;pla&ccedil;ant de la sorte le projet de la po&eacute;sie action, en l&rsquo;ouvrant &agrave; des probl&eacute;matiques nouvelles.</p> <h2 style="text-align: justify;">Notes<br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Philippe Bootz en retrace la g&eacute;n&eacute;alogie dans <em>Les Basiques&nbsp;: La Litt&eacute;rature num&eacute;rique</em>, Paris, Olats, 2007 [<a href="https://www.olats.org/livresetudes/basiques/litteraturenumerique/5_basiquesLN.php">en ligne</a>]&nbsp;(consult&eacute; le 11 mai 2019).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Comme par exemple chez J&ouml;rg Piringer, Lucille Calmel, Annie Abrahams, Heike Fiedler, HP Process, Jacques Donguy, ou encore Philippe Castellin.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Fran&ccedil;oise Parfait consacre par exemple un chapitre &agrave; la performance dans son ouvrage <em>Vid&eacute;o&nbsp;: un art contemporain</em>, Paris, Editions du Regard, 2001.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Philippe Bootz, <em>op. cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> Serge Bouchardon, <em>La Valeur heuristique de la litt&eacute;rature num&eacute;rique</em>, Paris, Hermann, 2014, p.&nbsp;75.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Leonardo Flores, &laquo; Third generation electronic literature &raquo;, 2018, <a href="http://leonardoflores.net/blog/author/leonardoflores/">vid&eacute;o en ligne</a>&nbsp;(consult&eacute; le 11 mai 2019).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Voir par exemple la s&eacute;rie &laquo;&nbsp;365 preuves de l&rsquo;existence de Je&nbsp;&raquo; publi&eacute;e en 2018 par Anne-James Chaton sur Facebook.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> Voir par exemple &ldquo;hashtag poetry&rdquo; par Laure Limongi sur Twitter.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> Gilles Bonnet, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;raTube&nbsp;&raquo;, Fabula&nbsp;&ndash;&nbsp;Atelier de th&eacute;orie litt&eacute;raire, avril 2018, <a href="http://www.fabula.org/atelier.php?LitteraTube">en ligne</a>&nbsp;(consult&eacute; le 11 mai 2019).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> Philippe Castellin, &laquo;&nbsp;FONDU_AU_NOIR&nbsp;&raquo;, 2008, <a href="http://www.akenaton-docks.fr/DOCKS-datas_f/collect_f/auteurs_f/C_f/CASTELLIN_f/anim_f/FONDU-AU-NOIR_F/FONDU_AU_NOIR1.html">en ligne</a>&nbsp;(consult&eacute; le 11 mai 2019).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> Gilles Bonnet, <em>Pour une po&eacute;tique num&eacute;rique. Litt&eacute;rature et Internet</em>, Paris, Hermann, coll. &laquo;&nbsp;Savoirs lettres&nbsp;&raquo;, 2017, p.&nbsp;8.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> Patrice Flichy, <em>Le Sacre de l&rsquo;amateur. Sociologie des passions ordinaires &agrave; l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique</em>, Paris, Seuil, coll. &laquo;&nbsp;La R&eacute;publique des id&eacute;es&nbsp;&raquo;, 2010.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> Des po&egrave;tes cr&eacute;ateurs de vid&eacute;opo&eacute;sie comme J&eacute;r&ocirc;me Game ou Pierre Alf&eacute;ri privil&eacute;gient ainsi cette plateforme, pour ces raisons. On y retrouve de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale davantage de vid&eacute;os de qualit&eacute; artistique que sur YouTube.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> Bastien Louessard, Jo&euml;lle Farchy, <em>Sc&egrave;ne de la vie culturelle. YouTube, une communaut&eacute; de cr&eacute;ateurs</em>, Presses des Mines, &laquo;&nbsp;les cahiers de l&rsquo;EMNS&nbsp;&raquo;, 2018, p.&nbsp;9.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> <em>Ibid</em>., p.&nbsp;11.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> <em>Ibid.</em>, p.&nbsp;14.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> Patrick Vonderau et Pelle Snickars, &ldquo;Home Dance&nbsp;: aesthetics of the self on YouTube&rdquo;,&nbsp;dans Patrick Vonderau, Pelle Snickars (dir.<em>), The YouTube reader,</em> Wallflower press, 2010, p. 390 (notre traduction). &ldquo;In fact, the obvious imperfection of the videos creates a kind of archive of poses and images, its range of elements played repeatedly and varied. This archive is accessible by means of a computer only, through YouTube to be specific. The computer is thus the center of events. As a consequence, there are hardly any home videos that negate or conceal the digital device to which they are addressed.&rdquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Andr&eacute; Gunthert, &laquo;&nbsp;La cons&eacute;cration du <em>selfie</em>&nbsp;&raquo;, <em>&Eacute;tudes photographiques</em>, n&deg;32, Printemps 2015, <a href="http://journals.openedition.org/etudesphotographiques/3529">en ligne</a>&nbsp;(consult&eacute; le 17 octobre 2018).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> Les enregistrements au dictaphone ont &eacute;t&eacute; num&eacute;ris&eacute;s et diffus&eacute;s sur le site de l&rsquo;auteur via <em>Soundcloud</em> avant d&rsquo;&ecirc;tre publi&eacute;s pour certains en vinyle par le FRAC de Besan&ccedil;on [<a href="https://www.charles-pennequin.com/sons">en ligne</a>].</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> Vincent Tholom&eacute;, &laquo;&nbsp;Mon &eacute;pop&eacute;e (chant 29)&nbsp;&raquo; (2019), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=jXkmnf-8gDo">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Sur les postures d&rsquo;auteur, voir Sylvie Ducas, &laquo;&nbsp;Faire &eacute;couter la litt&eacute;rature avec les yeux&nbsp;&raquo;, <em>Itin&eacute;raires</em> 2015-3 | 2016, <a href="http://itineraires.revues.org/3031">en ligne</a>&nbsp;(consult&eacute; le 11 mai 2019).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> Charles Pennequin, &laquo;&nbsp;Tous les jours j&rsquo;ai ma t&ecirc;te rigolote&nbsp;&raquo; (2019), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=TvBDT2OPiUU&amp;t=10s">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> Charles Pennequin, &laquo;&nbsp;Pli&eacute; de rire&nbsp;&raquo; (2012), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=Oxb770h0-SU&amp;list=PLF0F1DC595B241A7A">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> Charles Pennequin, &laquo;&nbsp;Le vide qui pousse&nbsp;&raquo; (2019), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=8JYPogJhWaM">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;<a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=uHHuyTCokeM&amp;t=41s">En ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> Laura Vazquez &ldquo;Po&egrave;mes du mois&rdquo;, 2013-2017, <a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PLdAr3tGWXVtb3YTX0R5la9f0d9v9-gQhd">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> Par exemple&nbsp;: &laquo;&nbsp;My talking heads #26 // r&eacute;insertion&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo; #27 // &OElig;il pour &oelig;il&nbsp;&raquo;&nbsp;;&nbsp; &laquo;&nbsp;#28 // Le Momot&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp; #29 // pas tout &eacute;crire&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;#30 Still life&nbsp;&raquo; alternent les filtres, respectivement &laquo; &Eacute;clat&nbsp;&raquo;, &laquo;Rayon X&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Cam&eacute;ra thermique&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Crayon de couleur&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Bande dessin&eacute;e&nbsp;&raquo;,&nbsp; <a href="https://www.youtube.com/channel/UC-y9XcLMDhYBSF__SpC_IlQ">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> Charles Pennequin, &laquo;&nbsp;La vision finale&nbsp;&raquo; (2014), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=2mjfukASYhY">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> Charles Pennequin, &laquo;&nbsp;Causer n&rsquo;est pas poser (essai perchiste mont&eacute; avec youtube)&nbsp;&raquo; (2015), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=cuVqm4itIV8">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;<a href="http://tapin2.org/tutopoemes">En ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> Antonio Dominguez Leiva,&nbsp;&laquo; YouTube, Univers N&eacute;obaroque (1): r&eacute;it&eacute;ration, fr&eacute;n&eacute;sie et excentricit&eacute; &raquo;,&nbsp;<em>Pop en stock</em>, &laquo;&nbsp;YouTube studies&nbsp;&raquo;, avril 2016, <a href="http://popenstock.ca/dossier/article/youtube-univers-neobaroque-1-reiteration-frenesie-et-excentricite">en ligne</a>&nbsp;&nbsp;(consult&eacute; le 11/05/2019).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> &laquo;&nbsp;Je jouis&nbsp;&raquo; (2011), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=SmQbT94EQHM&amp;t=14s">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie p&eacute;tarade&nbsp;&raquo; (2015), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=RXzjXTlrdPw">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> Andr&eacute; Gunthert, &laquo;&nbsp;La cons&eacute;cration du <em>selfie</em>&nbsp;&raquo;, <em>&Eacute;tudes photographiques</em>, n&deg;32, Printemps 2015, <a href="http://journals.openedition.org/etudesphotographiques/3529">en ligne</a>&nbsp;&nbsp;(consult&eacute; le 17 octobre 2018).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> &Agrave; voir <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=sA7AWKFgv2o">sur la cha&icirc;ne YouTube</a> du po&egrave;te.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a> L&rsquo;ouvrage n&rsquo;est pas paru, mais des extraits sont lisibles <a href="https://remue.net/Sylvain-Courtoux-L-avant-garde-tete-brulee-pavillon-noir-1">ici</a> sur le site remue.net.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> Charles Pennequin (avec Camille Escudero), &laquo;&nbsp;Tomber dans la danse&nbsp;&raquo; (2016),&nbsp; <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=movnthWGK-g&amp;t=56s">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> Charles Pennequin, &laquo;&nbsp;I want to break free&nbsp;&raquo; (2017), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=arhR3IjwzAI&amp;t=140s">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;<a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=KmtzQCSh6xk">En ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a> Emmanu&euml;l Souchier et Yves Jeanneret, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;noncation &eacute;ditoriale dans les &eacute;crits d&rsquo;&eacute;cran&nbsp;&raquo;, <em>Communication &amp; langages,</em> n&deg;&nbsp;145, Septembre 2005, p.&nbsp;6.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a> <em>Ibid</em>., p.&nbsp;7.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a> <em>Loc. cit.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a> Laura Vazquez, <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=on-7Q9gUmvw&amp;list=PLdAr3tGWXVtb3YTX0R5la9f0d9v9-gQhd&amp;index=7">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a>&nbsp;<a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=A7TFMxJIPX4&amp;list=PLdAr3tGWXVtb3YTX0R5la9f0d9v9-gQhd&amp;index=3">En ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a> &laquo;&nbsp;Marre&nbsp;(charles pennequin) (il y a des sous-titres)&nbsp;&raquo; (2015), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=eHyxPPX-XIo&amp;t=1s">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a> &laquo;&nbsp;On aime la po&eacute;sie contemporaine&nbsp;&raquo; (2013), <a class="fancybox-youtube" href="https://www.youtube.com/watch?v=CBhftxTDWiE&amp;t=59s">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a> Marcello Vitali-Rosati. &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;éditorialisation ?&nbsp;&raquo;, <em>Sens public</em>, 18 mars 2016, <a href="https://www.sens-public.org/article1184.html">en ligne</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a> Voir notamment la cha&icirc;ne de la maison P.O.L, et, associ&eacute;e, celle de son responsable communication Jean-Paul Hirsh (<a href="https://www.youtube.com/user/jeanpaulhirsch/videos">ici</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a> Yves Jeanneret et Emmanu&euml;l Souchier, art. cit., p.&nbsp;7.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a> Voir les analyses d&rsquo;Alexandra Saemmer &agrave; propos du projet &laquo;&nbsp;Un monde incertain&nbsp;&raquo;, lui-m&ecirc;me articul&eacute; &agrave; YouTube autant qu&rsquo;&agrave; Facebook, &laquo;&nbsp;Po&eacute;sies dans, et hors le num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, dans St&eacute;phane Hirschi, Corinne Legoy, Serge Linar&egrave;s, Alexandra Saemmer, Alain Vaillant, <em>La Po&eacute;sie d&eacute;livr&eacute;e</em>, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2017.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a> Marcello Vitali-Rosati, &laquo;&nbsp;La litt&eacute;rature num&eacute;rique, existe-t-elle?&nbsp;&raquo;, <em>Digital Studies/le Champ Num&eacute;rique</em>, 2015, <a href="http://doi.org/10.16995/dscn.42">en ligne</a>&nbsp;(consult&eacute; le 10 janvier 2019)</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;">Ancienne &eacute;l&egrave;ve de l&rsquo;&Eacute;cole Normale Sup&eacute;rieure de Lyon-LSH, <strong>Ga&euml;lle Th&eacute;val</strong> est Professeure agr&eacute;g&eacute;e &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Rouen (IUT).&nbsp;Chercheuse&nbsp;membre&nbsp;du laboratoire MARGE (Universit&eacute; Lyon 3) et&nbsp;Chercheuse associ&eacute;e au THALIM de l&rsquo;universit&eacute; Paris 3 ‒ Sorbonne Nouvelle, ses travaux portent sur&nbsp;&nbsp;les po&eacute;sies d&rsquo;avant-garde, exp&eacute;rimentales et contemporaines, dans le livre (comme espace de cr&eacute;ation) et hors du livre (po&eacute;sie&nbsp;sonore, performance, vid&eacute;opo&eacute;sie, po&eacute;sie num&eacute;rique&hellip;). Elle a publi&eacute; :&nbsp;<em>Po&eacute;sies ready-made, XX<sup>e</sup>-XXI<sup>e </sup>si&egrave;cle&nbsp;</em>(Paris, l&rsquo;Harmattan, 2015, coll. &laquo;&nbsp;Arts &amp; m&eacute;dias&nbsp;&raquo;) ; avec H&eacute;l&egrave;ne Campaignolle et Sophie Lesiewicz (dir.),&nbsp;<em>Livre/Po&eacute;sie&nbsp;: une histoire en pratique(s),&nbsp;</em>Paris, &Eacute;ditions des Cendres, 2017&nbsp;;&nbsp;avec Olivier Penot-Lacassagne (dir.),&nbsp;<em>Po&eacute;sie &amp; performance</em>, Nantes, C&eacute;cile Defaut, 2018. Elle travaille actuellement en collaboration avec Erika Fulop et Gilles Bonnet&nbsp;sur&nbsp;les formes de litt&eacute;rature sur YouTube.</p> <h3 style="text-align: justify;">Copyright</h3> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>