<h3>Abstract</h3> <p>19<sup>th</sup>-century France is under a regime of conflicting times. Modernity is understood as acceleration: opposed to this feverish tempo, overrepresented in the press and in book culture (literature, essays, memoirs), is the slow and cyclical rhythm of the countryside, founded on repetition and tradition. Hence the construction, both in fiction and in social imaginaries, of a contrasted diptych. The totalizing epistemological ambition of fiction, however, cannot rely only on the tropes of &ldquo;virtuous and rural novels&rdquo;. Many writers strive to build a total representation of rural life: by studying such representations, this article puts into perspective, and perhaps even invalidates, the idea that the countryside remained in the margins of history. The out-of-time idyll is opposed here to the reality of a divided rural society, with a complex and ideologically contrasted relation to (social, economic, political) modernity.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>Balzac, pastorale, Sand, modernity, rurality, social divisions, tradition, Nerval</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&laquo;&nbsp;Il est bon, dans une symphonie m&ecirc;me pastorale, de faire revenir de temps en temps le motif principal, gracieux, tendre ou terrible, pour enfin le faire tonner au finale avec la temp&ecirc;te gradu&eacute;e de tous les instruments.&nbsp;&raquo;<br /> Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>&nbsp;(1850)</p> <p>La France du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle vit un r&eacute;gime de discordance des temps. La modernit&eacute; se pense sous le signe de l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>&nbsp;: la scansion rapide des r&eacute;volutions l&rsquo;emporte sur les &eacute;volutions lentes caract&eacute;ristiques de l&rsquo;Ancien R&eacute;gime&nbsp;; le progr&egrave;s technique (le train, le t&eacute;l&eacute;graphe en sont les embl&egrave;mes) amenuise les distances, et instaure une synchronie g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e des &eacute;changes&nbsp;; la &laquo;&nbsp;civilisation du journal&nbsp;&raquo; invente une actualit&eacute; partag&eacute;e o&ugrave; dominent les logiques de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nementiel et, bient&ocirc;t, de l&rsquo;information (presque) en continu. L&rsquo;histoire comme le quotidien semblent emport&eacute;s par un mouvement pr&eacute;cipit&eacute;, voire fr&eacute;n&eacute;tique. &Agrave; ce tempo fi&eacute;vreux, surrepr&eacute;sent&eacute; dans la presse comme dans la culture livresque (litt&eacute;rature, essais, m&eacute;moires), s&rsquo;oppose le rythme lent et cyclique des campagnes&nbsp;: les travaux des champs, le calendrier liturgique, le retour annuel des foires et des f&ecirc;tes locales supposent un rapport sp&eacute;cifique au temps, fond&eacute; sur la r&eacute;p&eacute;tition et la tradition&nbsp;; en une p&eacute;riode o&ugrave; les r&eacute;volutions sont avant tout un ph&eacute;nom&egrave;ne urbain voire parisien (1830, 1832, 1848&hellip;), le quotidien paysan se contente d&rsquo;enregistrer le contrecoup des &eacute;v&eacute;nements politiques et sociaux qui fracturent le si&egrave;cle.</p> <p>D&rsquo;o&ugrave; la construction, dans la fiction comme dans les imaginaires sociaux, d&rsquo;un diptyque en contrepoint. Le tempo r&eacute;gulier et &eacute;tale de la nature offrirait un efficace antidote aux fi&egrave;vres et aux emballements de l&rsquo;histoire&nbsp;; pr&eacute;sentant les&nbsp;<em>&Eacute;tudes de m&oelig;urs au&nbsp;</em><em>XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>&nbsp;(1834-1837), F&eacute;lix Davin d&eacute;finit ainsi les &laquo;&nbsp;Sc&egrave;nes de la vie de campagne&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;On [y] retrouvera [&hellip;] des hommes froiss&eacute;s par le monde, par les r&eacute;volutions, &agrave; moiti&eacute; bris&eacute;s par les fatigues de la guerre, d&eacute;go&ucirc;t&eacute;s de la politique. L&agrave; donc est le repos apr&egrave;s le mouvement&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>.&nbsp;&raquo; Sand reprend cette id&eacute;e lorsque, dans la pr&eacute;face de&nbsp;<em>La Petite Fadette</em>&nbsp;(1849), elle justifie l&rsquo;inspiration des&nbsp;<em>Veill&eacute;es du chanvreur</em>&nbsp;par &laquo;&nbsp;l&rsquo;attrait qu&rsquo;ont &eacute;prouv&eacute; de tout temps les esprits fortement frapp&eacute;s des malheurs publics, &agrave; se rejeter dans les r&ecirc;ves de la pastorale, dans un certain id&eacute;al de la vie champ&ecirc;tre&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>L&rsquo;ambition &eacute;pist&eacute;mologique et totalisante de la fiction ne saurait cependant sacrifier aux seuls pastels douce&acirc;tres des &laquo;&nbsp;romans vertueux et champ&ecirc;tres&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&raquo;. Dans une vis&eacute;e ethnologique qui relaie et compl&egrave;te les enqu&ecirc;tes de la monarchie de Juillet puis du second Empire, certains &eacute;crivains entendent construire une repr&eacute;sentation totale de la vie paysanne, dans tous ses aspects notamment socio-&eacute;conomiques, non sans accorder une place essentielle &agrave; sa culture mat&eacute;rielle et &agrave; son monde de croyances. Par ailleurs, cette investigation am&egrave;ne &agrave; relativiser voire &agrave; invalider l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle les territoires ruraux &eacute;loign&eacute;s des centres urbains seraient rest&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;cart de l&rsquo;histoire &ndash; la diffusion de la l&eacute;gende napol&eacute;onienne, puis le soutien des ruraux au second Empire, le manifestent avec &eacute;clat. Balzac, Sand et Nerval font de la pastorale un dispositif critique o&ugrave; le hors-temps de l&rsquo;idylle, strictement territorialis&eacute;, s&rsquo;oppose &agrave; une soci&eacute;t&eacute; rurale cliv&eacute;e, entretenant avec la modernit&eacute; (sociale, &eacute;conomique, politique) un rapport complexe et id&eacute;ologiquement contrast&eacute;.</p> <h2>1. Une temporalit&eacute; alternative<br /> &nbsp;</h2> <p>Lorsqu&rsquo;elle s&rsquo;int&eacute;resse au monde rural, la fiction r&eacute;active volontiers le hors-temps propre &agrave; la tradition de l&rsquo;idylle, en l&rsquo;adaptant aux exigences de la mim&eacute;sis romanesque. La campagne reste &agrave; l&rsquo;&eacute;cart du tempo pr&eacute;cipit&eacute; de la modernit&eacute; d&rsquo;abord en raison de son isolement g&eacute;ographique. Benassis, dans&nbsp;<em>Le M&eacute;decin de village</em>, en pr&eacute;sente une version exacerb&eacute;e&nbsp;: &laquo;&nbsp;Aucun &eacute;v&eacute;nement politique, aucune r&eacute;volution n&rsquo;&eacute;tait arriv&eacute;e dans ce pays inaccessible, et compl&egrave;tement en dehors du mouvement social&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>.&nbsp;&raquo; Nul besoin d&rsquo;aller dans les environs de la Grand-Chartreuse pour d&eacute;couvrir des zones enclav&eacute;es, coup&eacute;es de tout&nbsp;; Ermenonville, malgr&eacute; la proximit&eacute; de la capitale, souffre du m&ecirc;me isolement&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;On ne peut parvenir &agrave; Ermenonville, ni s&rsquo;en &eacute;loigner, sans faire au moins trois lieues &agrave; pied. Pas une voiture directe&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Le travail du romancier-ethnologue tend d&egrave;s lors &agrave; inscrire les &eacute;v&eacute;nements de la fiction dans l&rsquo;univers immobile de la tradition &ndash; c&rsquo;est souvent la clausule qui sert de point de bascule&nbsp;: dans&nbsp;<em>La Mare au Diable</em>&nbsp;(1846), Sand ne raconte pas le mariage de Germain et de la petite Marie, mais leur substitue une &eacute;vocation des noces traditionnelles en pays berrichon&nbsp;; Nerval place une &eacute;tude consacr&eacute;e aux &laquo;&nbsp;Chansons et l&eacute;gendes du Valois&nbsp;&raquo; en conclusion de&nbsp;<em>Sylvie</em>&nbsp;(1853)&nbsp;: ces deux documents sugg&egrave;rent, en arri&egrave;re-plan de la fiction, un monde rural immobile, domin&eacute; par l&rsquo;ordre coutumier et la vitalit&eacute; d&rsquo;imm&eacute;moriales traditions. Si les m&oelig;urs des diff&eacute;rents terroirs diff&egrave;rent, c&rsquo;est plus par l&rsquo;influence g&eacute;ographique des lieux que par le travail de l&rsquo;histoire. Publi&eacute; la m&ecirc;me ann&eacute;e que le &laquo;&nbsp;Tableau de la France&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Le M&eacute;decin de campagne</em>&nbsp;en t&eacute;moigne&nbsp;: &laquo;&nbsp;Benassis montrera &agrave; Genestas l&rsquo;influence des lieux &ndash; vall&eacute;e ou sommet &ndash; sur le physique et la sant&eacute;, sur les m&oelig;urs aussi&nbsp;: dans la ferme du bas on escamote la mort, dans celle du haut on pratique encore les rites fun&eacute;raires que Michelet signale aussi&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Aller &agrave; la campagne, c&rsquo;est changer d&rsquo;espace-temps. On y mesure l&rsquo;espace en lieues&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>, dont la longueur varie l&eacute;g&egrave;rement selon les r&eacute;gions ; les &eacute;crivains soulignent volontiers cette singularit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;huit lieues, ou, si vous voulez, trente-deux kilom&egrave;tres&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;quatre ou cinq m&egrave;tres (comme on dit en ces temps nouveaux)&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;&agrave; six kilom&egrave;tres environ de Blangy, pour parler l&eacute;galement&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;&raquo;. Ce d&eacute;tail souligne la continuit&eacute; avec la tradition d&rsquo;Ancien R&eacute;gime, en ces pays o&ugrave; &laquo;&nbsp;il y a donc encore des marquis&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;!&nbsp;&raquo; L&rsquo;usage obligatoire du syst&egrave;me m&eacute;trique dans tout le territoire est l&rsquo;une des facettes de l&rsquo;uniformisation autoritaire propre &agrave; la modernit&eacute;, ce qui inspire au voyageur r&eacute;fractaire des&nbsp;<em>Faux-Saulniers</em>&nbsp;cette r&eacute;flexion faussement innocente&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai peine &agrave; me familiariser avec ces nouvelles mesures&hellip; et je sais pourtant qu&rsquo;il est d&eacute;fendu de se servir du mot&nbsp;<em>lieues</em>&nbsp;dans les papiers publics. L&rsquo;influence du milieu o&ugrave; je vis momentan&eacute;ment me fait retourner aux locutions anciennes&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>De fait, certains terroirs constituent des enclaves d&rsquo;un autre temps, offrant une plong&eacute;e dans un pass&eacute; parfois tr&egrave;s lointain. En t&eacute;moigne la langue qu&rsquo;on y parle&nbsp;: le Berry sandien mis en sc&egrave;ne dans&nbsp;<em>Jeanne</em>&nbsp;(1844), vieille terre celtique &agrave; l&rsquo;&eacute;cart des &eacute;changes, conserve dans toute son expressivit&eacute; l&rsquo;ancienne langue d&rsquo;o&iuml;l&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;; autour de Compi&egrave;gne, le voyageur des&nbsp;<em>Faux-Saulniers</em>&nbsp;remarque : &laquo; La langue des paysans eux-m&ecirc;mes est du plus pur fran&ccedil;ais&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.&nbsp;&raquo; L&rsquo;art du chant s&rsquo;y conserve dans toute son authenticit&eacute; quasi-rousseauiste&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le Conservatoire n&rsquo;a pas terni l&rsquo;&eacute;clat de ces intonations pures et naturelles, de ces trilles emprunt&eacute;s aux chants du rossignol ou du merle&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>.&nbsp;&raquo; Ces territoires d&rsquo;exception, pr&eacute;serv&eacute;s des &laquo;&nbsp;op&eacute;ras parisiens, des romances de salon ou des m&eacute;lodies ex&eacute;cut&eacute;es par des orgues&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo;, gardent la m&eacute;moire d&rsquo;un r&eacute;pertoire populaire ancien, d&rsquo;une exceptionnelle cr&eacute;ativit&eacute;&nbsp;&ndash; contrairement aux demoiselles chantant au piano&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;les plus plates nouveaut&eacute;s, Jeanne et ses compagnes emplissent la nature de m&eacute;lodies na&iuml;ves et pures, cependant que&nbsp;<em>La Mare au diable</em>&nbsp;et&nbsp;<em>La Petite Fadette</em>&nbsp;s&rsquo;ouvrent sur le &laquo;&nbsp;chant du laboureur&nbsp;&raquo;.</p> <p>Partir pour la campagne, c&rsquo;est remonter dans le temps &ndash; les romans champ&ecirc;tres de Sand sont contemporains de l&rsquo;<em>Histoire de ma vie</em>, et notamment du r&eacute;cit de l&rsquo;enfance &agrave; Nohant, cependant que le voyageur nervalien note&nbsp;: &laquo;&nbsp;Saint-Germain rappelle 1830, Pontoise rappelle 1820&nbsp;; &ndash; je vais plus loin encore retrouver mon enfance et le souvenir de mes parents&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>.&nbsp;&raquo; Cette anamn&egrave;se intime s&rsquo;articule au creusement du temps historique. Au c&oelig;ur du Valois, la f&ecirc;te de l&rsquo;Arc rappelle &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; ces rudes tribus de&nbsp;<em>Sylvanectes</em>&nbsp;formaient une branche redoutable des races celtiques&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; le Berry sandien est un haut lieu d&rsquo;arch&eacute;ologie celtique, comme bien d&rsquo;autres terroirs&nbsp;:</p> <blockquote> <p>La France est pleine [&hellip;] de ces contrastes entre la civilisation moderne et la barbarie antique, sur des zones de terrain qui ne sont s&eacute;par&eacute;es l&rsquo;une de l&rsquo;autre que par un ruisseau ou un buisson. Quand on se trouve dans une de ces solitudes o&ugrave; semble r&eacute;gner le sauvage g&eacute;nie du pass&eacute;, cette pens&eacute;e banale vient &agrave; tout le monde&nbsp;: &laquo;&nbsp;On se croirait ici &agrave; deux mille lieues des villes et de la soci&eacute;t&eacute;.&nbsp;&raquo; On pourrait dire aussi bien qu&rsquo;on s&rsquo;y trouve &agrave; deux mille ans de la vie actuelle&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>.</p> </blockquote> <p>Aussi la fascinante druidesse Vell&eacute;da, venue des&nbsp;<em>Martyrs</em>&nbsp;de Chateaubriand (1809), se r&eacute;incarne-t-elle sous les traits de la berg&egrave;re Jeanne, ou des petites filles qu&rsquo;on rencontre dans le Valois&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&eacute;l&eacute;nie montait sur les roches ou sur les dolmens druidiques, et racontait [les l&eacute;gendes de Saint-Leu] aux jeunes bergers. Cette petite Vell&eacute;da du pays des Sylvanectes m&rsquo;a laiss&eacute; des souvenirs que le temps ravive&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Ces espaces enchant&eacute;s sont baign&eacute;s de merveilleux &ndash; celui des contes et l&eacute;gendes, des croyances locales aussi, qui se diffractent dans l&rsquo;espace du r&eacute;cit. Le Berry de George Sand est, &agrave; maints &eacute;gards, un espace imaginaire, que la romanci&egrave;re invente, &agrave; tous les sens du terme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce Berry [qui] est, jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;elle s&rsquo;en empare et le chante, un non-lieu, un lieu qui n&rsquo;int&eacute;resse que peu les antiquaires et les curieux, advient sous sa plume&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;Synth&egrave;se des provinces fran&ccedil;aises [et] principe po&eacute;tique&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;&raquo;, cet espace d&rsquo;exception, qui de ce point de vue ressemble au Valois de Nerval, permet de &laquo;&nbsp;r&ecirc;ver les plus belles bergeries du monde&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;, o&ugrave; vient se loger l&rsquo;espace alternatif de l&rsquo;idylle.</p> <p>Aussi la logique narrative du conte tend-elle &agrave; s&rsquo;imposer pour surmonter les obstacles, notamment socio-&eacute;conomiques, qui s&eacute;parent les amoureux. Dans&nbsp;<em>Fran&ccedil;ois le Champi</em>, l&rsquo;enfant trouv&eacute; re&ccedil;oit de sa myst&eacute;rieuse m&egrave;re, dont il ne saura jamais rien, quatre mille francs en billets&nbsp;: ce don des f&eacute;es lui permet d&rsquo;&eacute;pouser Madeleine, la riche meuni&egrave;re d&eacute;sormais ruin&eacute;e. La petite Fadette est trop pauvre pour esp&eacute;rer &eacute;pouser Landry, jusqu&rsquo;&agrave; ce que, &agrave; la mort de sa grand-m&egrave;re, elle d&eacute;couvre dans sa pauvre masure un tr&eacute;sor cach&eacute;. Nanon, riche par elle-m&ecirc;me d&rsquo;un peu plus de trois cents francs, peut acheter le moutier de Valcreux gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;h&eacute;ritage de vingt-cinq mille francs que lui l&egrave;gue le prieur. Dans&nbsp;<em>La Comtesse de Charny</em>&nbsp;(1853), Dumas n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; recourir au m&ecirc;me tr&eacute;sor miraculeux pour favoriser l&rsquo;idylle r&eacute;conciliatrice entre Ange Pitou, orphelin mis&eacute;rable, et Catherine Billot, fille d&rsquo;un riche propri&eacute;taire ; le couple &eacute;panouira ses amours dans l&rsquo;espace pr&eacute;serv&eacute; de Villers-Cotter&ecirc;ts, &agrave; l&rsquo;&eacute;cart du Paris de la Terreur, gr&acirc;ce &agrave; la somme fabuleuse amass&eacute;e par tante Ang&eacute;lique, et d&eacute;couverte par son neveu : &laquo; Pitou compta les louis. / Il en trouva quinze cent cinquante ! / [&hellip;] Comme le louis d&rsquo;or valait &agrave; cette &eacute;poque neuf cent vingt livres en assignats, Pitou &eacute;tait donc riche d&rsquo;un million trois cent vingt-six mille livres&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;!&nbsp;&raquo;</p> <h2>2. Le poids de l&rsquo;histoire<br /> &nbsp;</h2> <p>L&rsquo;&eacute;vasion dans le merveilleux du conte vaut pour aveu indirect&nbsp;: la pastorale peine &agrave; inscrire durablement son imaginaire dans des espaces ruraux o&ugrave; les contraintes &eacute;conomiques et sociales p&egrave;sent lourdement sur la trajectoire des personnages. En outre, le temps immobile des campagnes n&rsquo;est pas seulement celui d&rsquo;une tradition heureuse et conciliatrice&nbsp;: il r&eacute;sulte des choix impos&eacute;s au pays par les &eacute;lites au pouvoir, notables et grands industriels. D&egrave;s la monarchie de Juillet, l&rsquo;extension du r&eacute;seau de chemins de fer est cens&eacute;e d&eacute;senclaver les campagnes et permettre l&rsquo;acc&egrave;s de tous &agrave; la prosp&eacute;rit&eacute; &eacute;conomique. Ces lieux communs sont pompeusement d&eacute;velopp&eacute;s par Lieuvain aux Comices agricoles de Yonville, et repris par Zola lorsque Eug&egrave;ne Rougon et sa clique vont inaugurer, en grande pompe, l&rsquo;embranchement de Niort &agrave; Angers&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Maintenant, toutes les prosp&eacute;rit&eacute;s allaient pleuvoir sur le d&eacute;partement&nbsp;; les champs seraient fertilis&eacute;s, les usines doubleraient leur production, la vie commerciale p&eacute;n&egrave;trerait jusque dans les plus humbles villages&nbsp;; et il semblait, &agrave; l&rsquo;entendre, que les Deux-S&egrave;vres devenaient, sous ses mains &eacute;largies, une contr&eacute;e de cocagne&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>.</p> </blockquote> <p>La r&eacute;alit&eacute; s&rsquo;av&egrave;re bien diff&eacute;rente&nbsp;: le trac&eacute; des nouvelles lignes, souvent con&ccedil;u en faveur des int&eacute;r&ecirc;ts personnels de certains grands propri&eacute;taires influents, isole autant (bien plus&nbsp;?) qu&rsquo;il ne relie. Le train cr&eacute;e des d&eacute;serts artificiels, jusque dans les environs imm&eacute;diats de la capitale&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le syst&egrave;me des chemins de fer a d&eacute;rang&eacute; toutes les voitures des pays interm&eacute;diaires. Le p&acirc;t&eacute; immense des contr&eacute;es situ&eacute;es au nord de Paris se trouve priv&eacute; de communications directes&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>.&nbsp;&raquo; Cons&eacute;quence&nbsp;: le voyageur constate avec stupeur qu&rsquo;une lettre met dix-sept heures pour parcourir le trajet de Senlis &agrave; Paris, voire vingt-et-une&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&hellip; Curieuse discordance des temps en une p&eacute;riode d&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e&nbsp;! Inversement, le choix du voyage excentrique&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>, donc du tempo lent et impr&eacute;visible des diligences, vaut pour opposition sourde mais caract&eacute;ris&eacute;e aux imp&eacute;ratifs de la modernit&eacute; (vitesse, ligne droite, am&eacute;nagement impos&eacute; du territoire)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Imagine-toi l&rsquo;imprudence d&rsquo;un voyageur qui, trop capricieux pour consentir &agrave; suivre la ligne, &agrave; peu pr&egrave;s droite, des chemins de fer, s&rsquo;abandonne &agrave; toutes les chances des diligences&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;!&nbsp;&raquo; Ces caprices et zigzags permettent au voyageur nervalien une travers&eacute;e du miroir&nbsp;: &agrave; Senlis, &agrave; Ermenonville ou &agrave; Meaux, on entre dans un espace-temps tr&egrave;s diff&eacute;rent de celui de la capitale&nbsp;; ce clivage est n&eacute;anmoins une cons&eacute;quence indirecte et paradoxale de la modernit&eacute;.</p> <p>Cet isolement induit non un absentement, mais un rapport diff&eacute;r&eacute; et diffract&eacute; &agrave; l&rsquo;histoire et &agrave; l&rsquo;actualit&eacute;. L&rsquo;apparent immobilisme d&rsquo;un calendrier cyclique fond&eacute; sur la tradition recouvre un rapport au pass&eacute; fond&eacute; sur la m&eacute;moire et le l&eacute;gendaire&nbsp;: chez Sand, la berg&egrave;re Jeanne voit dans les guerres napol&eacute;oniennes la prolongation des combats de la Grande Pastoure contre les Anglais&nbsp;; Napol&eacute;on est &eacute;galement le seul h&eacute;ros que connaissent les habitants du village ressuscit&eacute; par Benassis &ndash; la fameuse sc&egrave;ne de la veill&eacute;e montre la mani&egrave;re dont l&rsquo;imaginaire paysan transfigure l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e imp&eacute;riale en l&eacute;gende merveilleuse. Relay&eacute; par les images d&rsquo;&Eacute;pinal et les gravures bon march&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>, le culte napol&eacute;onien, bien attest&eacute; dans les campagnes sous la monarchie de Juillet, se traduit par l&rsquo;adh&eacute;sion massive des ruraux au second Empire&nbsp;: le hors-temps de la pastorale est une illusion.</p> <p>Il en va de m&ecirc;me de l&rsquo;imperm&eacute;abilit&eacute; suppos&eacute;e des paysans &agrave; la modernit&eacute;. L&rsquo;isolement des villages du Valois ne les garantit pas d&rsquo;une contagion diffuse par la culture urbaine&nbsp;: lorsque l&rsquo;ex-&laquo;&nbsp;petit Parisien&nbsp;&raquo; retrouve son amie d&rsquo;enfance Sylvie, il d&eacute;couvre en elle, non sans d&eacute;sarroi, une jeune fille moderne, lectrice de Walter Scott et amatrice d&rsquo;airs d&rsquo;op&eacute;ra&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>. Dans la pr&eacute;face-d&eacute;dicace des&nbsp;<em>Ma&icirc;tres sonneurs</em>&nbsp;(1853), Sand reconna&icirc;t que les vieux chanvreurs entendus dans son enfance lors des veill&eacute;es &eacute;taient &laquo;&nbsp;bien sup&eacute;rieur[s] &agrave; ceux d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;&raquo;, car ils ne se piquaient pas &laquo;&nbsp;d&rsquo;employer des mots inintelligibles pour [leurs] auditeurs comme pour [eux-m&ecirc;mes&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>]&nbsp;&raquo;&nbsp;: la puret&eacute; de l&rsquo;ancienne langue d&rsquo;o&iuml;l parl&eacute;e en Berry est impitoyablement contamin&eacute;e et dissoute par la propagation acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e des discours sociaux. Chez Balzac, Benassis annonce fi&egrave;rement &agrave; Genestas qu&rsquo;il attend dans son village, pour l&rsquo;ann&eacute;e suivante, un horloger, et que les habitants les plus ais&eacute;s sont abonn&eacute;s &agrave; divers titres de presse&nbsp;: le journal et la montre signalent l&rsquo;invasion du quotidien paysan par le tempo de la modernit&eacute;.</p> <p>Celle-ci se manifeste &eacute;galement par les clivages socio-&eacute;conomiques qui fracturent les communaut&eacute;s traditionnelles, clivages d&rsquo;autant plus accus&eacute;s que la R&eacute;volution a d&eacute;velopp&eacute; la petite propri&eacute;t&eacute;, mais aussi largement profit&eacute; aux plus ais&eacute;s capables d&rsquo;acqu&eacute;rir de vastes domaines. De mani&egrave;re beaucoup plus claire que dans la trilogie des &laquo;&nbsp;romans champ&ecirc;tres&nbsp;&raquo; de 1846-1849,&nbsp;<em>Les Ma&icirc;tres sonneurs</em>&nbsp;d&eacute;crit avec le &laquo;&nbsp;peuple des bl&eacute;s&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;une soci&eacute;t&eacute; qui ne laisse pas grand espoir &agrave; ceux qui sont exclus de la propri&eacute;t&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo;. Dans&nbsp;<em>Nanon</em>&nbsp;(1872), Sand revient avec insistance sur la valeur fondatrice de la propri&eacute;t&eacute; pour l&rsquo;&eacute;mancipation intellectuelle et politique du monde paysan&nbsp;&ndash; l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne, encore tout enfant, prend conscience d&rsquo;elle-m&ecirc;me en tant que sujet le jour o&ugrave; son grand-p&egrave;re lui offre un mouton&nbsp;: &laquo;&nbsp;[La brebis] &eacute;tait probablement des plus laides, car elle avait co&ucirc;t&eacute; trois livres. Comme la somme me parut &eacute;norme, la b&ecirc;te me sembla belle&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.&nbsp;&raquo; L&rsquo;apparente union harmonieuse des communaut&eacute;s rurales recouvre des antagonismes non moins probl&eacute;matiques que ceux que Juin 1848 vient de r&eacute;v&eacute;ler dans les villes.</p> <p>Tr&egrave;s consciente de cette extension du domaine de la lutte des classes, Sand choisit, pour des raisons esth&eacute;tiques et id&eacute;ologiques, de renvoyer ces questions &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan des&nbsp;<em>Veill&eacute;es du chanvreur</em>, sans cependant les &eacute;luder totalement (d&rsquo;o&ugrave; leur r&eacute;solution par les logiques du conte). En cela, elle r&eacute;pond directement aux&nbsp;<em>Paysans</em>&nbsp;de Balzac (1844), lequel propose une vision du monde paysan fa&ccedil;onn&eacute; par l&rsquo;histoire longue, et travaill&eacute; de luttes socio-&eacute;conomiques impitoyables.</p> <p>Certains critiques l&rsquo;ont not&eacute; d&egrave;s la parution du roman en feuilleton&nbsp;: Balzac transpose aux champs&nbsp;<em>Les Myst&egrave;res de Paris</em>, le best-seller du moment. Maints d&eacute;tails l&rsquo;attestent. Voici la mani&egrave;re dont Eug&egrave;ne Sue pr&eacute;sente les populations inqui&eacute;tantes qui hantent les bas-fonds&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Tout le monde a lu les admirables pages dans lesquelles Cooper, le Walter Scott am&eacute;ricain, a trac&eacute; les m&oelig;urs f&eacute;roces des sauvages, leur langue pittoresque, po&eacute;tique, les mille ruses &agrave; l&rsquo;aide desquelles ils fuient ou poursuivent leurs ennemis [&hellip;]</p> <p>Nous allons essayer de mettre sous les yeux du lecteur quelques &eacute;pisodes de la vie d&rsquo;autres barbares aussi en dehors de la civilisation que le sauvages peuplades si bien peintes par Cooper&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>.</p> </blockquote> <p>Quand le journaliste Blondet rencontre le p&egrave;re Fourchon et son petit-fils Mouche, il remarque&nbsp;: &laquo;&nbsp;Voil&agrave; les Peaux-Rouges de Cooper [&hellip;] il n&rsquo;y a pas besoin d&rsquo;aller en Am&eacute;rique pour observer des Sauvages&nbsp;&raquo;&nbsp;&ndash; le cur&eacute; confirme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Monseigneur m&rsquo;a envoy&eacute; ici comme en mission chez les Sauvages, mais [&hellip;] les Sauvages de France sont inabordables&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>.&nbsp;&raquo; Le cabaret du Grand-I-Vert offre une variante champ&ecirc;tre du tapis-franc &eacute;voqu&eacute; par Sue&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dans ce cabaret, vrai nid de vip&egrave;res, s&rsquo;entretenait donc, vivace et venimeuse, chaude et agissante, la haine du prol&eacute;taire et du paysan contre le ma&icirc;tre et le riche&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>.&nbsp;&raquo; On lit d&rsquo;ailleurs dans un compte rendu publi&eacute; dans le journal&nbsp;<em>La Nation</em>&nbsp;(22 d&eacute;cembre 1844)&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Pendez-vous, M. Eug&egrave;ne Sue&nbsp;! Vous nous avez donn&eacute; un&nbsp;<em>tapis-franc</em>&nbsp;et un&nbsp;<em>lapin blanc</em>&nbsp;rempli de chourineurs, de goualeuses, de for&ccedil;ats lib&eacute;r&eacute;s, de prostitu&eacute;es, de voleurs et d&rsquo;escarpes ; M.&nbsp;de Balzac a mis votre donn&eacute;e en bucoliques et en g&eacute;orgiques ; il nous r&eacute;v&egrave;le&nbsp;<em>les myst&egrave;res de la campagne</em>&nbsp;et il fait entrer dans ce cadre champ&ecirc;tre vos h&eacute;ros et vos h&eacute;ro&iuml;nes sous le costume rustique et avec un autre argot&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>.</p> </blockquote> <p>De fait, Balzac pr&ecirc;te volontiers &agrave; ses paysans des termes d&rsquo;argot qu&rsquo;on retrouve dans&nbsp;<em>Splendeurs et mis&egrave;res des courtisanes</em>, ou dans les&nbsp;<em>M&eacute;moires de Samson</em>. Ces &laquo;&nbsp;G&eacute;orgiques de la crapule&nbsp;&raquo; rev&ecirc;tent une port&eacute;e nettement subversive&nbsp;: dans&nbsp;<em>Les Myst&egrave;res de Paris</em>, la campagne est un espace de r&eacute;g&eacute;n&eacute;ration voire de r&eacute;surrection&nbsp;; au contraire, les paysans des Aigues n&rsquo;ont rien &agrave; envier aux voleurs et aux assassins qui peuplent les bas-fonds des grandes villes.</p> <p>Cet antagonisme de classe, qui oppose les paysans pauvres aux grands propri&eacute;taires, prolonge et approfondit le clivage ancien entre Francs et Gaulois&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>, puis entre serfs et grands f&eacute;odaux, enfin entre vilains et aristocrates&nbsp;; la R&eacute;volution fran&ccedil;aise a &eacute;t&eacute; v&eacute;cue comme la revanche des vaincus, mais le combat reprend d&egrave;s la Restauration&nbsp;: &laquo;&nbsp;Historiquement, les paysans sont encore au lendemain de la Jacquerie&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>.&nbsp;&raquo; Si tout indique que l&rsquo;avenir appartient &agrave; la bourgeoisie locale qui instrumentalise les haines des pauvres au profit de ses int&eacute;r&ecirc;ts (ce sont ces petits notables de province qui d&eacute;membreront les Aigues), la lutte des classes s&rsquo;exprime en patois avec autant de vigueur que dans l&rsquo;argot populaire des villes&nbsp;:</p> <blockquote> <p>La mal&eacute;diction des pauvres, monseigneur, &ccedil;a pousse&nbsp;! et &ccedil;a devient plus grand que le plus grand&nbsp;<em>ed&rsquo;</em>vos ch&ecirc;nes, et le ch&ecirc;ne fournit la potence&hellip; Personne ici ne vous dit la v&eacute;rit&eacute;, la voil&agrave;, la&nbsp;<em>varit&eacute;</em>. J&rsquo;attends tous les matins la mort, je ne risque pas grand-chose &agrave; vous la donner par-dessus le march&eacute;, la&nbsp;<em>vart&eacute;&nbsp;</em><a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;!</p> </blockquote> <p>La petite-fille de Fourchon, Catherine Tonsard, est &laquo;&nbsp;grande et forte, en tout point semblable aux filles que les sculpteurs et les peintres prennent, comme jadis la R&eacute;publique, pour mod&egrave;le de la Libert&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>.&nbsp;&raquo; Les antagonismes socio-&eacute;conomiques prolongent aux champs, comme dans les faubourgs ouvriers, les combats de la R&eacute;volution fran&ccedil;aise.</p> <h2>3. Du roman champ&ecirc;tre comme dispositif critique<br /> &nbsp;</h2> <p>Cette inscription oblique et persistante de l&rsquo;histoire longue comme des bouleversements politiques plus r&eacute;cents emp&ecirc;che le recours imm&eacute;diat et na&iuml;f, f&ucirc;t-ce sous couvert d&rsquo;ethnologie romanesque, aux lieux communs de la pastorale. Comme la modernit&eacute; urbaine, le monde rural est cliv&eacute;, et travers&eacute; d&rsquo;antagonismes socio-&eacute;conomiques qui opposent les paysans aux notables, mais aussi les prol&eacute;taires &agrave; ceux qui poss&egrave;dent f&ucirc;t-ce quelques arpents, et les travailleurs pauvres aux propri&eacute;taires plus ais&eacute;s. Le roman champ&ecirc;tre enregistre ces lignes de fracture, mais ouvre en parall&egrave;le des espaces exp&eacute;rimentaux o&ugrave; s&rsquo;essaie un autre rapport au temps, &agrave; l&rsquo;histoire et au social&nbsp;: certes, le monde rural n&rsquo;incarne plus le hors-temps de l&rsquo;immobile tradition&nbsp;; en revanche, des enclaves utopiques, ouvertes en son sein par le travail du r&eacute;cit, permettent d&rsquo;inscrire dans la fiction une histoire alternative.</p> <p>&Agrave; cet &eacute;gard,&nbsp;<em>Le M&eacute;decin de campagne</em>&nbsp;est &agrave; lire comme &laquo;&nbsp;une utopie r&eacute;ussie&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;une exp&eacute;rimentation romanesque&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>&nbsp;&raquo; &ndash; sans doute est-ce pour cette raison que le village de Benassis n&rsquo;a pas de nom, et ne se laisse localiser sur aucune carte de la r&eacute;gion. Dans&nbsp;<em>Nanon</em>, l&rsquo;une des rares fictions qui racontent la R&eacute;volution du point de vue paysan, Sand cr&eacute;e deux espaces hors-temps, &agrave; l&rsquo;&eacute;cart du hameau et de ses activit&eacute;s quotidiennes. Le premier est l&rsquo;oasis de Valcreux, o&ugrave; une petite communaut&eacute; harmonieuse et soud&eacute;e se r&eacute;unit pour traverser la p&eacute;riode 1791-1792&nbsp;; Nanon, &Eacute;milien et leurs proches s&rsquo;y trouvent comme &laquo;&nbsp;des naufrag&eacute;s sur une terre nouvelle&nbsp;&raquo;, ils y vivent &laquo;&nbsp;isol&eacute;s du monde entier&nbsp;&raquo; dans une &laquo;&nbsp;grande solitude&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>&nbsp;&raquo;. La cl&ocirc;ture du moutier ne suffit cependant pas &agrave; conjurer les orages de 1793&nbsp;; d&eacute;livr&eacute; des ge&ocirc;les de la Terreur, &Eacute;milien fuit au d&eacute;sert avec son amie, dans &laquo;&nbsp;une oasis de granit et de verdure, un labyrinthe o&ugrave; tout &eacute;tait refuge et myst&egrave;re&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>L&agrave;, isol&eacute;s &laquo;&nbsp;comme Robinson sur son &icirc;le&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;&raquo;, les deux jeunes gens, abrit&eacute;s dans un dolmen druidique, reviennent aux premiers &acirc;ges de l&rsquo;humanit&eacute; : pour et par eux, l&rsquo;histoire de la civilisation recommence dans sa puret&eacute; et son d&eacute;nuement originels, comme dans le village de Benassis &ndash; des p&eacute;riphrases comme &laquo;&nbsp;planteur d&rsquo;oseraies&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;faiseur de paniers&nbsp;&raquo; t&eacute;moignent de ce nouveau d&eacute;part apr&egrave;s une seconde Gen&egrave;se. Ces espaces utopiques sont r&eacute;gis par une temporalit&eacute; &agrave; la fois r&eacute;p&eacute;titive et lisse, contraire aux soubresauts contemporains de l&rsquo;histoire, et &eacute;trangement acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e&nbsp;: en dix ans qu&rsquo;il divise en trois &laquo;&nbsp;&egrave;res&nbsp;&raquo;, Benassis transforme un hameau d&eacute;sol&eacute; en une petite ville moderne et prosp&egrave;re&nbsp;; la p&eacute;riode pass&eacute;e &agrave; Valcreux, gr&acirc;ce notamment &agrave; la biblioth&egrave;que du moutier, acc&eacute;l&egrave;re la maturation intellectuelle et politique de Nanon &ndash; &agrave; la fin de la s&eacute;quence, la narratrice explique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je me mettrai maintenant un peu plus de niveau avec le langage et les appr&eacute;ciations de la bourgeoisie, car, &agrave; partir de 92, je n&rsquo;&eacute;tais plus paysanne que par l&rsquo;habit et le travail&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>M&ecirc;me sans aller jusqu&rsquo;&agrave; cet id&eacute;al de cl&ocirc;ture utopique, le monde des campagnes, par sa relative autonomie culturelle et sa cr&eacute;ativit&eacute; l&eacute;gendaire, &eacute;labore et transmet une m&eacute;moire alternative, &agrave; forte potentialit&eacute; oppositionnelle &ndash; ce qui vient faire contrepoids au culte napol&eacute;onien. Le Valois de Nerval est ainsi d&eacute;positaire d&rsquo;un h&eacute;ritage d&eacute;mocratique, transmis par les Francs primitifs venus de Germanie (la Germanie de Tacite, sans doute). Ces tribus &laquo;&nbsp;vivaient sur un pied d&rsquo;&eacute;galit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>&nbsp;&raquo;, tradition rest&eacute;e vivace chez leurs descendants&nbsp;: &laquo; Issu, par ma m&egrave;re, des paysans des premi&egrave;res communes franches, j&rsquo;ai retenu, des impressions d&rsquo;enfance, le vif sentiment du droit&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>&nbsp;&raquo; &ndash; d&rsquo;ailleurs, les habitants nourrissent une m&eacute;fiance tenace &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des Bourbons&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je les soup&ccedil;onne d&rsquo;&ecirc;tre un peu, comme bien d&rsquo;autres, r&eacute;publicains sans le savoir&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>.&nbsp;&raquo; En 1850, la remarque prend un sens pol&eacute;mique voire provocateur.</p> <p>Cette m&eacute;moire de r&eacute;sistance se traduit par des l&eacute;gendes rouges non moins significatives que l&rsquo;&laquo;&nbsp;Histoire de Soliman et de la Reine du Matin&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>&nbsp;&raquo;, ins&eacute;r&eacute;e dans le&nbsp;<em>Voyage en Orient</em>.</p> <blockquote> <p>Un paysan qui nous accompagnait nous dit&nbsp;:</p> <p>&laquo;&nbsp;Voici la tour o&ugrave; &eacute;tait enferm&eacute;e la belle Gabrielle&hellip; Tous les soirs, Rousseau venait pincer sa guitare sous sa fen&ecirc;tre, et le roi, qui &eacute;tait jaloux, le guettait souvent, et a fini par le faire mourir&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Les paysans, chez Nerval, partagent la m&eacute;moire de r&eacute;sistance propre au peuple des villes&nbsp;&ndash; dans&nbsp;<em>Les Mohicans de Paris</em>&nbsp;(1853), Dumas pr&ecirc;te &agrave; son h&eacute;ros Salvator cette remarque, qui, comme beaucoup d&rsquo;autres chez Nerval, s&rsquo;adresse directement &agrave; Napol&eacute;on III&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tel tra&icirc;tre, que les rois ont r&eacute;habilit&eacute; et couvert de cordons, &agrave; qui l&rsquo;aristocratie a ouvert ses portes, que la bourgeoisie salue en passant, est toujours un tra&icirc;tre pour le peuple&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Cette confiance dans la r&eacute;sistance paysanne &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; politique se trouve, d&egrave;s la monarchie de Juillet, entam&eacute;e par les progr&egrave;s du culte napol&eacute;onien ; en 1848, le soutien massif des campagnes &agrave; Louis-Napol&eacute;on Bonaparte l&egrave;ve toute ambigu&iuml;t&eacute; : l&rsquo;attachement aux acquis de la R&eacute;volution s&rsquo;allie fort bien au bonapartisme revu et corrig&eacute; du nouveau r&eacute;gime (&laquo; L&rsquo;Empire, c&rsquo;est la paix &raquo;). Si bien que, chez Sand comme chez Nerval, se mettent progressivement en place de nouvelles lignes de partage, opposant non seulement le quotidien des ruraux aux espaces utopiques, mais aussi l&rsquo;univers s&eacute;dentaris&eacute; des cultivateurs, fond&eacute; sur la propri&eacute;t&eacute; terrienne m&ecirc;me infime, et le monde forestier o&ugrave; vivent charbonniers, b&ucirc;cherons, sabotiers&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>, lesquels se s&eacute;dentarisent au cours du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle mais conservent des loges et huttes mobiles install&eacute;es sur les chantiers o&ugrave; ils travaillent. Dans&nbsp;<em>Les Ma&icirc;tres sonneurs</em>, Sand &eacute;tablit, par l&rsquo;interm&eacute;diaire de son h&eacute;ros, une &laquo;&nbsp;opposition [&hellip;] quasi-ethnique&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>&nbsp;&raquo; entre le peuple des bois et le peuple des bl&eacute;s. Les hommes des bois appartiennent au monde archa&iuml;que de la nuit, les for&ecirc;ts renvoyant &agrave; la face inqui&eacute;tante et ensauvag&eacute;e de la nature&nbsp;; nomades, ils habitent des abris de fortune&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous cherchions encore des yeux quelque chose comme un bourg ou des maisons, quand [Huriel] ajouta, en nous montrant des huttes de terre et de feuillage qui ressemblaient plus &agrave; des terriers d&rsquo;animaux qu&rsquo;&agrave; des demeures d&rsquo;humains&nbsp;: &ldquo;Voil&agrave; nos palais d&rsquo;&eacute;t&eacute;, nos maisons de plaisance&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>.&rdquo;&nbsp;&raquo; Certes, ce roman renvoie aux ann&eacute;es 1770&nbsp;; mais dans&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>, feuilleton r&eacute;solument ancr&eacute; dans l&rsquo;actualit&eacute; de 1850, Sylvain, l&rsquo;ami du narrateur, reste fid&egrave;le &agrave; son ascendance sylvanecte en vivant comme Huriel et les siens&nbsp;: &laquo;&nbsp;[Il] vit de je ne sais quoi dans des maisons qu&rsquo;il b&acirc;tit lui-m&ecirc;me, &agrave; la mani&egrave;re des cyclopes, avec ces gr&egrave;s de la contr&eacute;e qui apparaissent &agrave; fleur de sol entre les pins et les bruy&egrave;res. L&rsquo;&eacute;t&eacute;, sa maison en gr&egrave;s lui semble trop chaude, et il se construit des huttes en feuillage au milieu des bois&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>.&nbsp;&raquo; C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs un &laquo;&nbsp;homme des bois&nbsp;&raquo;, un b&ucirc;cheron, qui remet le voyageur &eacute;gar&eacute; sur le bon chemin&hellip;</p> <p>Cette vie nomade et rustique, dans les solitudes des for&ecirc;ts, est valoris&eacute;e aussi bien par le discours romanesque sandien que par les r&eacute;flexions du voyageur nervalien&nbsp;: l&rsquo;ind&eacute;pendance, la noblesse du c&oelig;ur, la cr&eacute;ativit&eacute; musicale et / ou l&eacute;gendaire sont l&rsquo;apanage du peuple des bois. Celui-ci &laquo;&nbsp;rehausse la dignit&eacute; des non-propri&eacute;taires, les dote d&rsquo;une culture et d&rsquo;une sup&eacute;riorit&eacute; morale, pas seulement individuelle (comme dans les cas de la Fadette ou de la petite Marie), sur les propri&eacute;taires&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>.&nbsp;&raquo; Ce positionnement politique d&eacute;moc-soc a une port&eacute;e id&eacute;ologique militante en 1853 &ndash; sans doute est-ce pour cette raison, explique Paule Petitier, que Sand a situ&eacute; sa fiction dans les ann&eacute;es 1770&nbsp;:&nbsp;<em>Les Ma&icirc;tres sonneurs</em>&nbsp;ont &eacute;t&eacute; publi&eacute;s en feuilleton dans&nbsp;<em>Le Constitutionnel</em>, ce qui, au regard des lois sur la presse, excluait toute dimension oppositionnelle.</p> <p>La campagne des romans champ&ecirc;tres inverse le nouveau rapport au temps que le XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle associe &agrave; la modernit&eacute; urbaine&nbsp;: lenteur des rythmes naturels contre pr&eacute;cipitation technologique, mouvement cyclique des saisons contre scansion m&eacute;diatique acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e, contrecoup retard&eacute; des &eacute;v&eacute;nements politiques contre fr&eacute;n&eacute;sie d&rsquo;une actualit&eacute; disruptive. Cet envers, n&eacute;anmoins, n&rsquo;a rien d&rsquo;un hors-temps&nbsp;: les &eacute;crivains probl&eacute;matisent la mani&egrave;re dont, dans les territoires ruraux, l&rsquo;histoire se diffracte et se reconfigure selon des mod&egrave;les propres, souvent inspir&eacute;s du l&eacute;gendaire, qui induisent un r&eacute;gime d&rsquo;historicit&eacute; et un rapport au devenir diff&eacute;rents de ceux qui dominent la culture urbaine des &eacute;lites. En une p&eacute;riode o&ugrave;, sous couvert de progr&egrave;s, la centralisation cherche &agrave; imposer une uniformisation linguistique et culturelle sur l&rsquo;ensemble du territoire, Balzac, Sand et Nerval font de leurs terroirs d&rsquo;&eacute;lection des dispositifs critiques, destin&eacute;s &agrave; exp&eacute;rimenter de nouveaux partages, des conceptions alternatives du temps et de l&rsquo;histoire, et les valeurs heuristiques de l&rsquo;utopie.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;En janvier 2021, la Soci&eacute;t&eacute; des &eacute;tudes romantiques et dix-neuvi&eacute;mistes a consacr&eacute; son congr&egrave;s annuel &agrave; la probl&eacute;matique suivante&nbsp;:&nbsp;<em>Vivre vite. Le XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle face &agrave; l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration du temps et de l&rsquo;histoire</em>. On trouvera sur le site de la SERD le texte-cadre de cette rencontre, ainsi que son programme&nbsp;:&nbsp;<a href="https://serd.hypotheses.org/7583" target="_blank">https://serd.hypotheses.org/7583</a>.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;F&eacute;lix Davin, introduction aux&nbsp;<em>&Eacute;tudes de m&oelig;urs au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, texte repris dans Honor&eacute; de Balzac,&nbsp;<em>La Com&eacute;die humaine</em>, t. I, Paris, Gallimard, &laquo; Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade &raquo;, 1976, p.&nbsp;1148.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;George Sand, pr&eacute;face de&nbsp;<em>La Petite Fadette</em>&nbsp;[1849],&nbsp;<em>Romans</em>, t. I, &eacute;dition publi&eacute;e sous la direction de Jos&eacute;-Luis Diaz, Paris, Gallimard, &laquo; Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade &raquo;, 2019, p. 1396.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Nuits d&rsquo;octobre</em>, Paris, Flammarion, &laquo; GF &raquo;, 1990, p. 117.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Honor&eacute; de Balzac,&nbsp;<em>Le M&eacute;decin de campagne</em>&nbsp;[1833],&nbsp;<em>La Com&eacute;die humaine</em>, t. IX, Paris, Gallimard, &laquo; Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade &raquo;, 1978, p. 414.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>&nbsp;[1850], Paris, Michel L&eacute;vy, 1868, p.&nbsp;64.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Rose Fortassier, introduction au&nbsp;<em>M&eacute;decin de campagne</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;374.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;L&rsquo;adoption du syst&egrave;me m&eacute;trique date du d&eacute;cret du 23 septembre 1791. Mais l&rsquo;usage ne s&rsquo;en est pas impos&eacute;, comme en t&eacute;moigne la loi du 4 juillet 1837&nbsp;: &agrave; partir du 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1840, dans le commerce et les actes officiels, on doit utiliser uniquement le nouveau syst&egrave;me.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Respectivement&nbsp;: G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Promenades et souvenirs</em>&nbsp;[1854], Paris, Flammarion, &laquo; GF &raquo;, 1990, p. 233 ; George Sand,&nbsp;<em>La Petite Fadette</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;1435&nbsp;; Honor&eacute; de Balzac,&nbsp;<em>Les Paysans</em>&nbsp;[1844],&nbsp;<em>La Com&eacute;die humaine</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., t. IX, p.&nbsp;254.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;63.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;132.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Sur ce point, je me permets de renvoyer &agrave; mon article &laquo;&nbsp;Oralit&eacute;s paysannes. Autour des romans champ&ecirc;tres de Sand&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Romantisme</em>, n&deg; 191, 2021/1, Victoire Feuillebois et Jean-Marie Privat (dir.), &laquo;&nbsp;R&eacute;sistances de l&rsquo;oralit&eacute;&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;62.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Promenades et Souvenirs</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;221.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval, &laquo;&nbsp;Ang&eacute;lique&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les Filles du feu</em>&nbsp;[1854], Paris, Flammarion, coll.&nbsp;&laquo;&nbsp;GF&nbsp;&raquo;, 1994, p.&nbsp;118.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Alors que la piano triomphe dans la culture mondaine bourgeoise, la guitare, note le voyageur nervalien, reste en honneur &agrave; Saint-Germain, comme sous la Restauration et dans les ann&eacute;es 1830 (<em>Promenades et souvenirs</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;222).</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;234. Le Valois des&nbsp;<em>Faux-Saulniers</em>&nbsp;et de &laquo;&nbsp;Sylvie&nbsp;&raquo; garde l&rsquo;empreinte du XVIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle de Rousseau et de Watteau.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;112.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;George Sand, notice pour l&rsquo;&eacute;dition de 1852,&nbsp;<em>Jeanne</em>&nbsp;[1843], &eacute;d. de Pierre Laforgue, Paris, Christian Pirot, 2006, p.&nbsp;66. Dans&nbsp;<em>Nanon</em>&nbsp;[1872], l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne et son compagnon &Eacute;milien trouvent dans un ancien dolmen, au c&oelig;ur des d&eacute;serts berrichons, un abri symbolique contre les orages de la Terreur.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Promenades et Souvenirs</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;237.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;&Eacute;l&eacute;onore Reverzy, &laquo; L&rsquo;invention du Berry &raquo;, dans Jacques-David Ebguy et Paule Petitier&nbsp;(dir.),&nbsp;<em>Lectures des</em>&nbsp;Ma&icirc;tres sonneurs&nbsp;<em>de George Sand</em>, Publications (en ligne) du centre Seebacher, Universit&eacute; Paris-Diderot, 2018, p.&nbsp;1&nbsp;:&nbsp;<a href="http://seebacher.lac.univ-paris-diderot.fr/bibliotheque/items/show/49" target="_blank">http://seebacher.lac.univ-paris-diderot.fr/bibliotheque/items/show/49</a></p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;&Eacute;ric Bordas, &laquo;&nbsp;Les histoires du terroir. &Agrave; propos des&nbsp;<em>L&eacute;gendes rustiques</em>&nbsp;de George Sand&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Revue d&rsquo;histoire litt&eacute;raire de la France</em>, 2006/1, p.&nbsp;23.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit.,</em>&nbsp;p.&nbsp;62. Comme Sand, Nerval invente le Valois&nbsp;: &laquo;&nbsp;La vieille France provinciale est &agrave; peine connue, de ces c&ocirc;t&eacute;s surtout&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>.).</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Alexandre Dumas,&nbsp;<em>La Comtesse de Charny</em>, Paris, Robert Laffont, &laquo; Bouquins &raquo;, 1990, p.&nbsp;1246.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;&Eacute;mile Zola,<em>&nbsp;Son Excellence Eug&egrave;ne Rougon</em>&nbsp;[1875],&nbsp;<em>Les Rougon-Macquart</em>, t. II, Paris, Gallimard, &laquo; Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade &raquo;, 1965, p. 259-260.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Nuits d&rsquo;octobre</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;113. Dans&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>, le voyageur remarque&nbsp;: &laquo;&nbsp;Senlis est une ville isol&eacute;e de ce grand mouvement du chemin de fer du Nord, qui entra&icirc;ne les populations vers l&rsquo;Allemagne. &ndash; Je n&rsquo;ai jamais compris pourquoi le chemin de fer du Nord ne passait pas dans nos pays, et fait un coude &eacute;norme&nbsp;&raquo; (<em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;84).</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., respectivement p.&nbsp;78 et p.&nbsp;110.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Cf. Daniel Sangsue,&nbsp;<em>Le R&eacute;cit excentrique. Gautier, De Maistre, Nerval, Nodier</em>, Paris, Jos&eacute; Corti, 1987.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Voyage en Orient</em>,<em>&nbsp;&OElig;uvres</em>, t. II, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade &raquo;, 1989, p. 173.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Une m&eacute;chante gravure de Napol&eacute;on suspendue aux murs de leur chaumi&egrave;re est pour eux toute la politique, toute la po&eacute;sie, toute l&rsquo;histoire&nbsp;&raquo;, note avec amertume Louis Blanc dans&nbsp;<em>Le Nouveau monde, journal historique et politique</em>&nbsp;(15 juillet 1848).</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;&ldquo;Sylvie, Sylvie, je suis s&ucirc;r que vous chantez des airs d&rsquo;op&eacute;ra&nbsp;! [&hellip;] J&rsquo;aimais mieux les vieux airs, et [&hellip;] vous ne saurez plus les chanter.&rdquo;&nbsp;/ Sylvie modula quelques sons d&rsquo;un grand air d&rsquo;op&eacute;ra moderne. Elle&nbsp;<em>phrasait</em>&nbsp;!&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Sylvie&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les Filles du feu</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;199).</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;George Sand, &laquo;&nbsp;&Agrave; M. Eug&egrave;ne Lambert&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les Ma&icirc;tres sonneurs</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;958. D&rsquo;o&ugrave; le choix de laisser la parole au vieux chanvreur &Eacute;tienne, n&eacute; dans les ann&eacute;es 1750.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;Paule Petitier, &laquo;&nbsp;Peuple des bois, peuple des bl&eacute;s&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Lectures des</em>&nbsp;Ma&icirc;tres sonneurs&nbsp;<em>de George Sand</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;3&nbsp;:&nbsp;<a href="http://seebacher.lac.univ-paris-diderot.fr/sites/default/files/triangle2018_petitier.pdf" target="_blank">http://seebacher.lac.univ-paris-diderot.fr/sites/default/files/triangle2018_petitier.pdf</a>.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;George Sand,&nbsp;<em>Nanon</em>&nbsp;[1872],&nbsp;<em>Romans</em>, t. II, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;, 2019, p.&nbsp;1026. Flaubert admirait beaucoup ce passage&hellip;</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;Eug&egrave;ne Sue,&nbsp;<em>Les Myst&egrave;res de Paris</em>&nbsp;[1842-43], Paris, Robert Laffont, &laquo;&nbsp;Bouquins &raquo;, 1989, p. 31.</p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;Honor&eacute; de Balzac,&nbsp;<em>Les Paysans</em>&nbsp;[1844],&nbsp;<em>La Com&eacute;die humaine</em>, t. IX,&nbsp;<em>op. cit.</em>, respectivement p. 71 et p. 110.</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;91.</p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp;Passage cit&eacute; dans le dossier critique des&nbsp;<em>Paysans</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;1320. On notera que l&rsquo;usurier Rigou, retors et libidineux, reprend certains traits du monstrueux Jacques Ferrand dans&nbsp;<em>Les Myst&egrave;res de Paris</em>.</p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;Balzac reprend ici la &laquo;&nbsp;th&eacute;orie des races&nbsp;&raquo; qu&rsquo;Augustin et Am&eacute;d&eacute;e Thierry empruntent &agrave; Walter Scott pour l&rsquo;appliquer &agrave; l&rsquo;histoire de France, des invasions franques &agrave; la R&eacute;volution fran&ccedil;aise.</p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;Honor&eacute; de Balzac,&nbsp;<em>Les Paysans</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;126.</p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;120 &ndash; le cabaret o&ugrave; fut complot&eacute; l&rsquo;assassinat de Paul-Louis Courier s&rsquo;appelait&nbsp;<em>Le Ch&ecirc;ne des pendus</em>&hellip; Philippe Dufour note, au sujet de cette d&eacute;claration de guerre port&eacute;e par le vieux paysan&nbsp;: &laquo;&nbsp;&ldquo;La voil&agrave; la&nbsp;<em>varit&eacute;</em>&rdquo; / &ldquo;Il y a&nbsp;<em>du vrai</em>&nbsp;dans ce que vient de nous crier Fourchon&rdquo;&nbsp;: cette v&eacute;rit&eacute; est d&eacute;j&agrave; rogn&eacute;e, elle glisse &agrave; l&rsquo;ind&eacute;fini. De la v&eacute;rit&eacute; &agrave; la&nbsp;<em>varit&eacute;</em>, une esquive symbolique. Pr&eacute;senter le signifiant d&eacute;form&eacute;, c&rsquo;est d&eacute;signer le discours de la v&eacute;rit&eacute; comme approximatif. Pour autant cette parole n&rsquo;est pas nulle et non avenue&nbsp;; les personnages ne peuvent plus faire la sourde oreille &agrave; cette v&eacute;rit&eacute; trop&nbsp;<em>criante</em>&nbsp;&raquo; (<em>La Pens&eacute;e romanesque du langage</em>, Paris, Seuil, &laquo; Po&eacute;tique &raquo;, 2004, p. 207).</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a>&nbsp;Honor&eacute; de Balzac,&nbsp;<em>Les Paysans</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;207.</p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a>&nbsp;Fran&ccedil;oise Sylvos, &laquo;&nbsp;La po&eacute;tique de l&rsquo;utopie dans&nbsp;<em>Le M&eacute;decin de campagne</em>&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;Ann&eacute;e balzacienne</em>, 2003/1, respectivement p.&nbsp;103 et p.&nbsp;105.</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a>&nbsp;George Sand,&nbsp;<em>Nanon</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., respectivement p.&nbsp;1081, p.&nbsp;1088 et p.&nbsp;1097.</p> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;1152.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;1156.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;1098.&nbsp;</p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;112. L&rsquo;affaire du vase de Soissons devient un apologue sur l&rsquo;origine des monarchies (ou des empires)&hellip;</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;147.</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;111.</p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp;Claude Millet a analys&eacute; la port&eacute;e id&eacute;ologique, politique et sociale de cette &laquo;&nbsp;l&eacute;gende rouge&nbsp;&raquo; dans&nbsp;<em>Le L&eacute;gendaire au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Paris, PUF, 1997.</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;157 &ndash; le passage est repris dans la nouvelle &laquo;&nbsp;Ang&eacute;lique&nbsp;&raquo; des&nbsp;<em>Filles du feu</em>. Sur la port&eacute;e politique de cette &oelig;uvre et des&nbsp;<em>Nuits d&rsquo;octobre</em>, on consultera Filip Kekus,&nbsp;<em>Nerval fantaisiste</em>, Paris, Classiques Garnier, 2019, notamment p.&nbsp;308-373 (&laquo;&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>&nbsp;ou comment on &eacute;crit l&rsquo;histoire&nbsp;&raquo;), et p.&nbsp;274-449 (&laquo;&nbsp;Les Nuits d&rsquo;octobre ou le r&eacute;alisme en folie&nbsp;&raquo;).</p> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a>&nbsp;Alexandre Dumas,&nbsp;<em>Les Mohicans de Paris</em>, t. I, Paris, Gallimard, &laquo; Quarto &raquo;, 1998, p. 69.</p> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Le monde retrouv&eacute; de Louis-Fran&ccedil;ois Pinagot</em>&nbsp;[1998], Alain Corbin s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la vie d&rsquo;un de ces &laquo;&nbsp;homme[s] du bois&nbsp;&raquo;, sabotier et journalier.</p> <p><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a>&nbsp;Paule&nbsp;Petitier, &laquo;&nbsp;Peuple des bois, peuple des bl&eacute;s&nbsp;&raquo;, article cit&eacute;, p.&nbsp;1.</p> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a>&nbsp;George Sand,&nbsp;<em>Les Ma&icirc;tres sonneurs</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;448. Tel est le campement d&eacute;sign&eacute; ironiquement par Huriel comme &laquo;&nbsp;notre ville et le ch&acirc;teau de mon p&egrave;re&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em>).</p> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a>&nbsp;G&eacute;rard de Nerval,&nbsp;<em>Les Faux-Saulniers</em>,<em>&nbsp;op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;126. On songe aussi aux braconniers qui hantent la for&ecirc;t de Villers-Cotter&ecirc;ts, dans&nbsp;<em>Mes M&eacute;moires</em>&nbsp;d&rsquo;Alexandre Dumas [1848-1853] &ndash; ce sont des figures d&rsquo;initiateurs d&eacute;mocratiques pour l&rsquo;orphelin.</p> <p><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a>&nbsp;Paule&nbsp;Petitier, &laquo;&nbsp;Peuple des bois, peuple des bl&eacute;s&nbsp;&raquo;, article cit&eacute;, p.&nbsp;8.</p> <h3>Autrice</h3> <p>Professeur &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3, membre du RiRRa21,&nbsp;<strong>Corinne Saminadayar-Perrin</strong>&nbsp;a consacr&eacute; une part importante de ses travaux &agrave; l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;histoire et &agrave; l&rsquo;inscription des repr&eacute;sentations sociales dans la fiction, la presse et les m&eacute;moires.</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>