<h3>Abstract</h3> <p>The Nineteenth-Century novel is full of supernumeraries who appear briefly in the background of the story. Their time of existence is characterized by the limitation of their narrative space, which clashes with the length of time allowed the main characters. Nevertheless, their brief apparitions have consequences on the narrated time of the novel. Supernumeraries give the measure of the moment at the scale of fiction. They contribute to the elaboration of the narrative rhythm in which the main characters evolve. They also embody different temporal layers, fictional as well as historical.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>extras</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>Il battait les quartiers les plus &eacute;loign&eacute;s et les plus oppos&eacute;s&nbsp;; il coudoyait les populations les plus diverses. Il allait, marchant devant lui, fouillant d&rsquo;un &oelig;il chercheur, dans les multitudes grises, dans les m&ecirc;l&eacute;es de foules effac&eacute;es&nbsp;; tout &agrave; coup, s&rsquo;arr&ecirc;tant et comme frapp&eacute; d&rsquo;immobilit&eacute; devant un aspect, une attitude, un geste, l&rsquo;apparition d&rsquo;un dessin sortant d&rsquo;un groupe.&nbsp;[&hellip;]</p> <p>D&rsquo;un bout &agrave; l&rsquo;autre de Paris, il vaguait, &eacute;tudiant les types saillants, essayant de saisir au passage, dans ce monde d&rsquo;allants et de venants, la physionomie moderne, observant ce signe nouveau de la beaut&eacute; d&rsquo;un temps, d&rsquo;une &eacute;poque, d&rsquo;une humanit&eacute; [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.</p> </blockquote> <p>Ainsi Coriolis, en qu&ecirc;te d&rsquo;inspiration pour un tableau, va-t-il chercher dans la rue la rencontre providentielle, instantan&eacute;e. C&rsquo;est dans les figures d&rsquo;anonymes et d&rsquo;inconnus qu&rsquo;il tente de saisir &laquo;&nbsp;la physionomie moderne&nbsp;&raquo;, la nouveaut&eacute;, la beaut&eacute; embl&eacute;matique, un signe du temps. La foule d&rsquo;inconnus est en effet un motif r&eacute;current dans le roman et la peinture du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. De Balzac &agrave; Zola, du narrateur de&nbsp;<em>La Fille aux yeux d&rsquo;or</em>&nbsp;d&eacute;crivant la population parisienne aux nombreux romans de foule de la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, la masse d&rsquo;anonymes intrigue. Alors que l&rsquo;on commence &agrave; identifier la population mais que les papiers d&rsquo;identit&eacute; ne sont pas g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, l&rsquo;appr&eacute;hension ext&eacute;rieure de l&rsquo;individu est un mode de connaissance privil&eacute;gi&eacute;. La litt&eacute;rature, Benjamin lecteur de Simmel&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;le note, fonctionne d&rsquo;ailleurs peut-&ecirc;tre comme un outil heuristique pour &laquo;&nbsp;d&eacute;sinqui&eacute;ter&nbsp;&raquo; le social, &agrave; la mani&egrave;re des physiologies qui dressent les portraits de types anonymes mais identifiables par certains traits. La litt&eacute;rature porterait donc la trace d&rsquo;une certaine exp&eacute;rience du social, celle du croisement rapide d&rsquo;inconnus souvent anonymes dans les rues. La foule n&rsquo;est d&rsquo;ailleurs pas toujours inqui&eacute;tante et dangereuse, elle n&rsquo;est pas uniquement r&eacute;miniscence des mouvements r&eacute;volutionnaires et entit&eacute; pr&ecirc;te &agrave; d&eacute;raper ainsi que l&rsquo;appr&eacute;hendent g&eacute;n&eacute;ralement les psychologues de la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;: elle peut &ecirc;tre simplement &eacute;l&eacute;ment du paysage, &laquo;&nbsp;agr&eacute;gat involontaire et &eacute;ph&eacute;m&egrave;re d&rsquo;individus&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo;, flot plus ou moins compact et nombreux, actrice principale et paradoxale de la rue &eacute;voluant &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan du roman. Or cet &eacute;l&eacute;ment du d&eacute;cor, cette population d&rsquo;arri&egrave;re-plan, peut aussi &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute; d&rsquo;un point de vue &laquo;&nbsp;temporel&nbsp;&raquo;. Non seulement spatialis&eacute;s, il semble que les individus anonymes qui composent cette population d&rsquo;arri&egrave;re-plan soient &eacute;galement porteurs d&rsquo;une temporalit&eacute; singuli&egrave;re.</p> <p>Des tableaux de Coriolis au roman des Goncourt, on trouve donc le m&ecirc;me int&eacute;r&ecirc;t de peintre de la vie moderne pour la foule et pour les figures fugitives qui la composent, ces &laquo; allants &raquo; et &laquo; venants &raquo; qui apparaissent pour dispara&icirc;tre et que l&rsquo;on peut qualifier, dans le syst&egrave;me des personnages, de &laquo; figurants &raquo;. Les figurants se d&eacute;finissent n&eacute;gativement par rapport aux personnages de roman. Priv&eacute;s d&rsquo;identit&eacute; et vou&eacute;s &agrave; l&rsquo;anonymat, majoritairement inconnus des personnages, ils apparaissent, bri&egrave;vement, une seule fois dans le roman. Dans le cadre du roman de type r&eacute;aliste et naturaliste o&ugrave; la &laquo; quantit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo; d&rsquo;apparition fait le personnage, ainsi que l&rsquo;a montr&eacute; Isabelle Daunais, n&rsquo;appara&icirc;tre qu&rsquo;une fois pour dispara&icirc;tre ensuite pour toujours et sans avoir acc&eacute;d&eacute; &agrave; la moindre identit&eacute; constitue une position pour le moins fragile. Pour autant, ces figurants qui &eacute;voluent majoritairement &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan &laquo;&nbsp;existent&nbsp;&raquo; bien dans un espace et dans un temps particuliers sur lesquels nous souhaiterions ici nous pencher en les abordant &agrave; partir de deux romans,&nbsp;<em>Manette Salomon</em>&nbsp;des Goncourt et<em>&nbsp;L&rsquo;&Eacute;ducation sentimentale</em>&nbsp;de Flaubert. Le choix de ces deux romans est li&eacute; aux nombreuses similitudes structurelles&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;qu&rsquo;ils entretiennent&nbsp;:&nbsp;les deux textes couvrent une vaste p&eacute;riode qui commence en 1840 et s&rsquo;&eacute;tend jusqu&rsquo;aux ann&eacute;es 1860 afin de faire le r&eacute;cit de plusieurs vies dans Paris. Les deux romans pr&eacute;sentent en outre un syst&egrave;me des personnages fait de plusieurs p&ocirc;les, o&ugrave; principaux et secondaires ont tendance &agrave; se m&ecirc;ler, et d&eacute;ploient un espace romanesque dans lequel la s&eacute;paration entre arri&egrave;re et premier plan, narratif et descriptif, se fait plus t&eacute;nue. Dans ces contextes, les figurants prolif&egrave;rent et offrent un terrain favorable &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de la temporalit&eacute; qui leur est associ&eacute;e.</p> <p>Nous voudrions plus pr&eacute;cis&eacute;ment nous int&eacute;resser aux sp&eacute;cificit&eacute;s du temps d&rsquo;existence romanesque accord&eacute; &agrave; ces figurants et &agrave; ces figurantes et aux r&ocirc;les jou&eacute;s par cette temporalit&eacute;. Le temps d&rsquo;existence romanesque assimil&eacute; dans le texte au temps racont&eacute; peut cependant inclure &eacute;galement le temps v&eacute;cu&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;tr&egrave;s r&eacute;duit des figurants. L&rsquo;hypoth&egrave;se que nous faisons est que le temps d&rsquo;existence romanesque des figurants permet de faire l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;instant, donc d&rsquo;un &laquo;&nbsp;tr&egrave;s petit espace de temps&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo;, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du temps du roman. Dans un contexte o&ugrave; les existences ne peuvent &ecirc;tre saisies et racont&eacute;es dans l&rsquo;enti&egrave;ret&eacute; de leur dur&eacute;e, la longueur des unit&eacute;s se red&eacute;finit et l&rsquo;instant devient alors peut-&ecirc;tre ce qu&rsquo;incarnent les figurants. Mais &laquo;&nbsp;l&rsquo;instant&nbsp;&raquo;, comme le note Georges Poulet, est une notion en tension, dont nous tenterons de voir les implications&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Il faudrait inventer une mesure de l&rsquo;instant. Car ses dimensions varient. Tant&ocirc;t il se trouve r&eacute;duit &agrave; son instantan&eacute;it&eacute; m&ecirc;me&nbsp;: il n&rsquo;est que ce qu&rsquo;il est, et, en de&ccedil;&agrave;, au-del&agrave;, par rapport au pass&eacute;, &agrave; l&rsquo;avenir, il n&rsquo;est rien. Et tant&ocirc;t, au contraire, s&rsquo;ouvrant sur tout, contenant tout, il n&rsquo;a plus de limites&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>.&nbsp;</p> </blockquote> <p>Ainsi nous nous int&eacute;resserons &agrave; la fa&ccedil;on dont le narrateur &eacute;labore une exp&eacute;rience de l&rsquo;instant &agrave; l&rsquo;aide des figurants, mais nous verrons &eacute;galement ce que peut contenir cet instant. Ce parcours nous permettra &eacute;galement d&rsquo;entrevoir la fa&ccedil;on dont s&rsquo;&eacute;tablit, encore, un syst&egrave;me hi&eacute;rarchique des personnages &agrave; travers l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une certaine temporalit&eacute;, en l&rsquo;abordant par l&rsquo;entr&eacute;e &laquo;&nbsp;figurants&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>. Quel temps, quelle temporalit&eacute;, les figurants, qui n&rsquo;apparaissent qu&rsquo;une seule fois, introduisent-ils ou font-ils voir&nbsp;? Quelle influence cette temporalit&eacute; exerce-t-elle sur le reste du personnel romanesque&nbsp;? Nous nous pencherons d&rsquo;abord sur le temps d&rsquo;existence accord&eacute; aux figurants dans les romans &eacute;tudi&eacute;s et sur la tension qui s&rsquo;y joue, puis nous envisagerons le rythme romanesque comme le fruit de la composition des figurants. Enfin, nous nous pencherons sur l&rsquo;exp&eacute;rience temporelle offerte par l&rsquo;apparition des figurants aux personnages, mais aussi aux lecteurs et lectrices.</p> <h2>1. Un temps d&rsquo;existence romanesque en tension<br /> &nbsp;</h2> <p>Afin d&rsquo;analyser la temporalit&eacute; associ&eacute;e aux figurants, nous pouvons commencer par nous int&eacute;resser &agrave; l&rsquo;espace et au temps qui leur sont &eacute;chus dans les romans du corpus. Alex Woloch a th&eacute;oris&eacute; la notion de &laquo;&nbsp;<em>character-space</em>&nbsp;&raquo; pour d&eacute;crire la r&eacute;partition de l&rsquo;espace romanesque en fonction du degr&eacute; d&rsquo;importance des personnages dans le roman de type r&eacute;aliste du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. Il constate ainsi que l&rsquo;espace des personnages principaux se construit au d&eacute;triment de celui des &laquo;&nbsp;<em>minor characters</em>&nbsp;&raquo; et que cela entra&icirc;ne une hi&eacute;rarchie qui serait le reflet de la structure de la soci&eacute;t&eacute; au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>. Sans suivre toutes ses analyses, nous pouvons ici nous int&eacute;resser de fa&ccedil;on tr&egrave;s concr&egrave;te &agrave; la quantit&eacute; d&rsquo;espace textuel dont disposent les figurants pour exister. Par opposition aux personnages principaux, dont l&rsquo;existence se mesure &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du livre, et aux personnages secondaires qui apparaissent et disparaissent&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;de fa&ccedil;on intermittente, les figurants existent dans un espace plus restreint. Ce sont les contours d&rsquo;une existence textuelle extr&ecirc;mement limit&eacute;e qui se dessinent ici, dont nous pouvons distinguer plusieurs degr&eacute;s&nbsp;: l&rsquo;&eacute;chelle de la phrase, de quelques lignes, de la micro-sc&egrave;ne.&nbsp;</p> <blockquote> <p>Dans la rue s&rsquo;&eacute;veillaient les premiers bruits de la grande ville. Le travail allait &agrave; l&rsquo;ouvrage, les passants commen&ccedil;aient. [&hellip;] il y avait dessous des ombres de mis&egrave;re et de sommeil, des gens des halles, des ouvriers de cinq heures, des silhouettes sans sexe qui balayaient, tout ce peuple du matin qui passe, au pied du plaisir encore allum&eacute; [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>.</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>La pluie avait fini de tomber. Les passants, r&eacute;fugi&eacute;s entre les colonnes du Garde-Meuble, s&rsquo;en allaient. Des promeneurs, dans la rue Royale, remontaient vers le boulevard. Devant l&rsquo;h&ocirc;tel des Affaires &eacute;trang&egrave;res, une file de badauds stationnait sur les marches&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>.</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>Par les deux fen&ecirc;tres ouvertes, on apercevait du monde aux crois&eacute;es des autres maisons, vis-&agrave;-vis&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>.</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>Il [Deslauriers] aborda cyniquement une grande blonde v&ecirc;tue de nankin. Apr&egrave;s l&rsquo;avoir consid&eacute;r&eacute; d&rsquo;un air maussade, elle dit&nbsp;: &ndash; &laquo;&nbsp;Non&nbsp;! pas de confiance, mon bonhomme&nbsp;!&nbsp;&raquo; et tourna les talons&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;existence des figurants se mesure &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de la phrase dans le cas des &laquo;&nbsp;passants&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;promeneurs&nbsp;&raquo;, du &laquo;&nbsp;monde&nbsp;&raquo;, de quelques lignes pour le &laquo;&nbsp;travail&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;passants, les &laquo;&nbsp;ombres&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;gens des halles&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;silhouettes sans sexe&nbsp;&raquo; et de deux lignes et demie pour la &laquo;&nbsp;grande blonde v&ecirc;tue de nankin&nbsp;&raquo;, dont l&rsquo;apparition constitue &eacute;galement une micro-sc&egrave;ne comique. Il s&rsquo;agit bien d&rsquo;existences condens&eacute;es, seulement &laquo;&nbsp;aper&ccedil;ues&nbsp;&raquo;, ainsi qu&rsquo;en t&eacute;moigne l&rsquo;usage du verbe dans le troisi&egrave;me exemple. Une diff&eacute;rence de traitement est &agrave; noter dans l&rsquo;emploi du temps verbal. La micro-sc&egrave;ne de la grande blonde est au pass&eacute; simple, bien cl&ocirc;tur&eacute;e, tandis que les visions de passants sont &agrave; l&rsquo;imparfait, comme suspendues dans un temps parall&egrave;le ind&eacute;fini, dans lequel les passants ne cessent d&rsquo;&ecirc;tre en mouvement, et composent ainsi une sorte de toile de fond de la grande ville, un arri&egrave;re-plan tout autant spatial que temporel. On le constate d&eacute;j&agrave;&nbsp;: m&ecirc;me caract&eacute;ris&eacute;s davantage, les figurants ne font que passer, sont constamment pris dans un mouvement de &laquo;&nbsp;fuite&nbsp;&raquo; hors de la repr&eacute;sentation romanesque et hors de l&rsquo;intrigue. L&rsquo;espace textuel circonscrit qui est r&eacute;serv&eacute; aux figurants, entre donc en tension avec l&rsquo;aspect temporel dans lequel ils apparaissent. Il semble en effet qu&rsquo;&agrave; la limitation de l&rsquo;espace corresponde paradoxalement une illimitation verbale. Les verbes dont les figurants sont les sujets sont ainsi le plus souvent conjugu&eacute;s &agrave; l&rsquo;imparfait&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;ou au pr&eacute;sent de narration, deux temps dont l&rsquo;aspect imperfectif exprime une dur&eacute;e, une action en cours de d&eacute;roulement. On peut le constater dans l&rsquo;exemple pr&eacute;c&eacute;demment cit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;les passants [&hellip;] s&rsquo;en allaient&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;des promeneurs [&hellip;] remontaient&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;une file de badauds stationnait&nbsp;&raquo;. Le mouvement dans lequel les figurants sont aper&ccedil;us n&rsquo;est pas circonscrit, semble se poursuivre ind&eacute;finiment et rejoindre l&rsquo;une des valeurs de l&rsquo;imparfait, consid&eacute;r&eacute; par Weinrich comme le temps &laquo;&nbsp;de l&rsquo;arri&egrave;re-plan&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;&raquo;, dont le but serait de &laquo;&nbsp;mettre en relief&nbsp;&raquo; le pass&eacute; simple, temps du premier plan. Les figurants n&rsquo;ont bien s&ucirc;r pas l&rsquo;apanage de l&rsquo;imparfait, mais le narrateur en fait dans leur cas un usage sp&eacute;cifique. Dans les romans &eacute;tudi&eacute;s, on peut constater que plus l&rsquo;arri&egrave;re-plan s&rsquo;&eacute;tend, plus il donne prise &agrave; l&rsquo;analyse. La temporalit&eacute; propre aux figurants peut donc &ecirc;tre envisag&eacute;e comme une temporalit&eacute; d&rsquo;arri&egrave;re-plan, dont le r&ocirc;le serait peut-&ecirc;tre d&rsquo;encadrer celle des personnages principaux et secondaires, et de rappeler, &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;un effet de r&eacute;el, qu&rsquo;un temps existe bien qui s&rsquo;&eacute;coule ind&eacute;pendamment de l&rsquo;intrigue.</p> <p>L&rsquo;imparfait n&rsquo;est cependant pas le seul temps &agrave; avoir un aspect imperfectif, et le pr&eacute;sent dispose aussi de cet aspect. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, certains figurants aper&ccedil;us et donn&eacute;s &agrave; voir au pr&eacute;sent semblent fig&eacute;s dans un surgissement instantan&eacute; et illimit&eacute;. Ainsi, au d&eacute;but du chapitre XLII de&nbsp;<em>Manette Salomon</em>, les narrateurs d&eacute;crivent la foule du Salon au pr&eacute;sent de narration, r&eacute;alisant ainsi un &laquo;&nbsp;tableau&nbsp;&raquo; presque concurrent de ceux du Salon&nbsp;:</p> <blockquote> <p>C&rsquo;est une foule, une m&ecirc;l&eacute;e. Ce sont des artistes en bande, en famille, en tribu&nbsp;; des artistes grad&eacute;s donnant le bras &agrave; des &eacute;pouses qui ont des cheveux en coques, des artistes avec des ma&icirc;tresses &agrave; mitaines noires&nbsp;; des chevelus arri&eacute;r&eacute;s, des &eacute;l&egrave;ves de Nature coiff&eacute;s d&rsquo;un feutre pointu&nbsp;; puis des hommes du monde qui veulent &laquo;&nbsp;se tenir au courant&nbsp;&raquo;&nbsp;; des femmes de la soci&eacute;t&eacute; frott&eacute;es &agrave; des connaissances artistiques, et qui ont un peu dans leur vie effleur&eacute; le pastel ou l&rsquo;aquarelle&nbsp;; des bourgeois venant se voir dans leurs portraits et recueillir ce que les passants jettent &agrave; leur figure&nbsp;; de vieux messieurs qui regardent les nudit&eacute;s avec une lorgnette de spectacle en ivoire&nbsp;; des vieilles faiseuses de copies &agrave; la robe tragique [&hellip;]. Du monde de tous les mondes&nbsp;: des m&egrave;res d&rsquo;artistes, attendries devant le tableau filial [&hellip;]&nbsp;; des actrices fringantes [&hellip;]&nbsp;; des refus&eacute;s h&eacute;riss&eacute;s [&hellip;]&nbsp;; des fr&egrave;res de la Doctrine chr&eacute;tienne [&hellip;]&nbsp;; des mod&egrave;les [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;usage du pr&eacute;sent de narration, parfois renforc&eacute; par le participe pr&eacute;sent dans ce passage qui se fait hypotypose, permet de saisir comme une vision instantan&eacute;e du public du Salon, form&eacute; d&rsquo;une multitude de figurants qui font ici leur seule apparition. C&rsquo;est bien un &laquo;&nbsp;moment&nbsp;&raquo; que donnent &agrave; lire les Goncourt, ainsi que l&rsquo;a analys&eacute; Jacques Dubois&nbsp;:</p> <blockquote> <p>[Les Goncourt]&nbsp;d&eacute;tachent le moment de la dur&eacute;e. Voulant fournir une vision tr&egrave;s proche, une sensation tr&egrave;s directe de celle-ci, ils isolent celui-l&agrave;, en notent le surgissement m&ecirc;me, en surprennent la singularit&eacute;. C&rsquo;est une mainmise quasi de l&rsquo;int&eacute;rieur sur l&rsquo;&eacute;coulement du temps. D&eacute;sormais, la description du moment semble lib&eacute;r&eacute;e de tout lien avec ce qui pr&eacute;c&egrave;de et avec ce qui suit &ndash; mais il ne s&rsquo;agit l&agrave; que d&rsquo;un effet &laquo;&nbsp;momentan&eacute;ment&nbsp;&raquo; provoqu&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>.&nbsp;</p> </blockquote> <p>L&rsquo;aspect imperfectif du pr&eacute;sent utilis&eacute; ne vient pas refermer la vision et en organise donc la suspension dans un temps ind&eacute;fini parce qu&rsquo;illimit&eacute;. Les figurants disparaissent certes de la narration, mais cette disparition n&rsquo;&eacute;tant pas th&eacute;matis&eacute;e, leur pr&eacute;sence n&rsquo;&eacute;tant pas cl&ocirc;tur&eacute;e, rien n&rsquo;indique qu&rsquo;ils ne continuent pas &agrave; &eacute;voluer dans cet arri&egrave;re-plan entraper&ccedil;u un instant. Il arrive toutefois que les figurants croisent la route des personnages principaux et acc&egrave;dent au pass&eacute; simple perfectif. C&rsquo;est le cas dans l&rsquo;exemple de &laquo;&nbsp;la grande blonde&nbsp;&raquo; qui, entrant en interaction avec Deslauriers, acc&egrave;de au premier plan auquel est associ&eacute; le pass&eacute; simple. Cette derni&egrave;re acc&egrave;de en outre &agrave; une autre dimension de l&rsquo;existence puisqu&rsquo;elle a le droit &agrave; une r&eacute;plique avant de &laquo;&nbsp;tourner les talons&nbsp;&raquo; et de sortir du champ des possibles de Deslauriers et du roman. Ce passage du temps de l&rsquo;arri&egrave;re-plan au temps du premier plan se joue &eacute;galement de fa&ccedil;on embl&eacute;matique dans la sc&egrave;ne du retour des courses dans&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;ducation sentimentale</em>&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&Agrave; la hauteur des Bains chinois, comme il y avait des trous dans le pav&eacute;, la berline se ralentit. Un homme en paletot noisette marchait au bord du trottoir. Une &eacute;claboussure jaillissant de dessous les ressorts, s&rsquo;&eacute;tala dans son dos. L&rsquo;homme se retourna, furieux. Fr&eacute;d&eacute;ric devint p&acirc;le&nbsp;; il avait reconnu Deslauriers&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>.</p> </blockquote> <p>Celui qui ne semblait &ecirc;tre qu&rsquo;un figurant marchant dans la rue &agrave; l&rsquo;imparfait, se r&eacute;v&egrave;le en se retournant au pass&eacute; simple &ecirc;tre l&rsquo;un des personnages sinon principaux, du moins secondaires, du roman. La r&eacute;v&eacute;lation de l&rsquo;identit&eacute; entra&icirc;ne le changement de cat&eacute;gorie et se double d&rsquo;un acc&egrave;s &agrave; une autre temporalit&eacute;, perfective, qui cl&ocirc;ture l&rsquo;action et la transforme en &laquo;&nbsp;&eacute;v&eacute;nement&nbsp;&raquo;, &agrave; tout le moins en &laquo;&nbsp;moment&nbsp;&raquo;.</p> <p>Constamment &eacute;vinc&eacute;s de l&rsquo;intrigue et du premier-plan par la limitation de l&rsquo;espace textuel qui leur est accord&eacute;, les figurants forment le point de condensation d&rsquo;une disproportion entre le temps v&eacute;cu et le temps racont&eacute;. Si aucun roman ne parvient &agrave; raconter &laquo;&nbsp;toute&nbsp;&raquo; une vie, de la naissance &agrave; la mort, en passant par chaque instant v&eacute;cu, de nombreux romans parviennent cependant &agrave; en saisir les grands moments et &agrave; peindre le tableau d&rsquo;existences &eacute;tendues. Les figurants n&rsquo;acc&egrave;dent pas &agrave; cette possibilit&eacute; et le narrateur condense en une apparition toute une existence qui se laisse entrapercevoir. Ainsi, les passagers de la&nbsp;<em>Ville-de-Montereau</em>&nbsp;arrivent charg&eacute;s des signes d&rsquo;une existence&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&Agrave; part quelques bourgeois, aux Premi&egrave;res, c&rsquo;&eacute;taient des ouvriers, des gens de boutique avec leurs femmes et leurs enfants. Comme on avait coutume alors de se v&ecirc;tir sordidement en voyage, presque tous portaient de vieilles calottes grecques ou des chapeaux d&eacute;teints, de maigres habits noirs, r&acirc;p&eacute;s par le frottement du bureau, ou des redingotes ouvrant la capsule de leurs boutons pour avoir trop servi au magasin ; &ccedil;&agrave; et l&agrave; quelque gilet &agrave; ch&acirc;le laissait voir une chemise de calicot, macul&eacute;e de caf&eacute; ; des &eacute;pingles de chrysocale piquaient des cravates en lambeaux ; des sous-pieds cousus retenaient des chaussons de lisi&egrave;re [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>.</p> </blockquote> <p>Les figurants &laquo; ouvriers &raquo; et &laquo; gens de boutique &raquo; se conforment ici &agrave; un usage que le narrateur historicise, ou du moins assigne &agrave; une &eacute;poque avec l&rsquo;adverbe &laquo; alors &raquo; et qui consiste &agrave; porter des v&ecirc;tements &laquo; sordides &raquo; pour voyager. Les v&ecirc;tements choisis sont marqu&eacute;s par l&rsquo;usure et le narrateur semble ainsi laisser, presque concr&egrave;tement, des traces&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;de temporalit&eacute; sur les figurants. L&rsquo;aspect vieilli, us&eacute; ou tach&eacute; inscrit bien un pass&eacute; extra-di&eacute;g&eacute;tique des figurants, que l&rsquo;on ne fait qu&rsquo;entrevoir et qui ne sera pas d&eacute;velopp&eacute;. Toute une vie pass&eacute;e est r&eacute;sum&eacute;e en une tache de caf&eacute;, en un habit d&eacute;teint ou r&acirc;p&eacute; qui dit les conditions de vie professionnelle du figurant anonyme. Les figurants appartiennent ici &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan de l&rsquo;intrigue, mais m&ecirc;me le croisement du chemin d&rsquo;un personnage principal et l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une micro-sc&egrave;ne ne garantissent pas le rattrapage de la disproportion entre la vie et la narration. Ainsi cette figurante que c&ocirc;toie Anatole au Louvre&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Avait-il tout observ&eacute; et n&rsquo;avait-il plus rien &agrave; voir&nbsp;? il travaillait &agrave; peu pr&egrave;s une petite heure, puis il allait causer avec une vieille copiste portant en toute saison la m&ecirc;me robe de bar&egrave;ge noire, tach&eacute;e de couleurs, et une palatine en plumes d&rsquo;oiseaux&nbsp;; bonne vieille sentimentale, adorant les discussions m&eacute;taphysiques, et qui, tout en parlant de son c&oelig;ur, parlait toujours du nez.</p> <p>Le plaisir quotidien d&rsquo;Anatole &eacute;tait de la scandaliser par des paradoxes terribles, des professions de foi d&rsquo;insensibilit&eacute;, toutes sortes de paroles troublantes, au bout desquels la pauvre vieille femme s&rsquo;&eacute;criait avec un accent de d&eacute;sespoir presque maternel&nbsp;:</p> <p>&nbsp;&ndash; Mon Dieu&nbsp;! il est sceptique en tout, sceptique en divinit&eacute;, sceptique en amour&nbsp;! &ndash; Et elle se mettait &agrave; pleurer, &agrave; pleurer s&eacute;rieusement de vraies larmes sur le manque d&rsquo;id&eacute;al de son jeune ami, et toutes les illusions qu&rsquo;il avait d&eacute;j&agrave; perdues&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>.</p> </blockquote> <p>La &laquo;&nbsp;vieille copiste&nbsp;&raquo; apparait charg&eacute;e d&rsquo;un temps biologique et s&rsquo;inscrit dans la r&eacute;p&eacute;tition &laquo;&nbsp;en toute saison&nbsp;&raquo;. Une caract&eacute;risation minimale est donn&eacute;e qui concerne son habillement, ses go&ucirc;ts et elle acc&egrave;de &eacute;galement au discours direct. Pour autant, c&rsquo;est sur le mode it&eacute;ratif que les Goncourt la font apparaitre et l&rsquo;on ne croisera plus son chemin au sein de l&rsquo;&oelig;uvre. Il ne sera plus question d&rsquo;elle. L&rsquo;existence de cette figurante anonyme est donc circonscrite &agrave; la narration d&rsquo;une micro-sc&egrave;ne, qui s&rsquo;est apparemment jou&eacute;e plusieurs fois. On voit ici la fa&ccedil;on dont se creuse un &eacute;cart entre le temps potentiellement v&eacute;cu par cette &laquo;&nbsp;vieille&nbsp;&raquo; copiste, et le temps racont&eacute; qui lui est consacr&eacute;, &agrave; savoir 16 lignes dans l&rsquo;&eacute;dition &eacute;tudi&eacute;e sur un roman de 468 pages. L&rsquo;existence de la figurante se trouve condens&eacute;e en une unique occurrence dans le r&eacute;cit. Cette disproportion joue de fa&ccedil;on parall&egrave;le lorsque les figurants sont des nourrissons ou des enfants, points de d&eacute;part non retenus par les narrateurs qui laissent ces existences potentielles de c&ocirc;t&eacute;. En ce sens, les figurants fonctionnent comme des amorces d&rsquo;existences romanesques qui ne sont jamais d&eacute;velopp&eacute;es au sein du r&eacute;cit. G&eacute;rald Prince parle &agrave; propos des possibles ouverts par le texte litt&eacute;raire de &laquo;&nbsp;p&eacute;richronismes&nbsp;&raquo; et plus pr&eacute;cis&eacute;ment d&rsquo;&laquo;&nbsp;alternarr&eacute;&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;disnarr&eacute;&nbsp;&raquo; pour qualifier des &laquo;&nbsp;virtualit&eacute;s d&eacute;sign&eacute;es par le texte de mani&egrave;re explicite, [des] possibilit&eacute;s qui sont rest&eacute;es ou qui resteront, sans doute, irr&eacute;alis&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo;. On peut ici s&rsquo;interroger sur la sp&eacute;cificit&eacute; des figurants &agrave; cet &eacute;gard et sur l&rsquo;aspect &laquo;&nbsp;explicite&nbsp;&raquo; et construit&nbsp;des possibles qu&rsquo;ils ouvrent, tant ceux-ci ne sont que rarement th&eacute;matis&eacute;s et se r&eacute;duisent davantage &agrave; des signes, souvent vestimentaires, en marge de l&rsquo;intrigue. Il semblerait que ces possibles se construisent davantage dans la r&eacute;ception que du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;&eacute;laboration. Pour autant, une dimension temporelle est travaill&eacute;e &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan qui se voit peut-&ecirc;tre limit&eacute;e par la temporalit&eacute; des personnages principaux et qui pourrait &ecirc;tre &eacute;clair&eacute;e par l&rsquo;analyse que fait Marie-Astrid Charlier de la tension entre &laquo;&nbsp;quotidianisation&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;potentiel&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Aussi le processus de quotidianisation permet-il d&rsquo;emp&ecirc;cher l&rsquo;actualisation du potentiel, de ce qui aurait pu, pourrait, &ecirc;tre ou avoir lieu. C&rsquo;est encore en termes de centre et de marge que cette narrativit&eacute; se d&eacute;ploie puisque le potentiel, configur&eacute; comme effet de roman, constitue dans le roman r&eacute;aliste les marges et chemins de traverse du r&eacute;cit&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>.</p> </blockquote> <p>Cependant, dans le cas des figurants, le &laquo;&nbsp;potentiel&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas toujours tant un &laquo;&nbsp;effet de roman&nbsp;&raquo; qui d&eacute;voierait l&rsquo;intrigue r&eacute;aliste en l&rsquo;entra&icirc;nant vers un univers trop &laquo;&nbsp;romanesque&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;une sorte d&rsquo;&laquo;&nbsp;effet de r&eacute;el&nbsp;&raquo; ou de construction d&rsquo;un univers fictif r&eacute;f&eacute;rentiel, peupl&eacute; d&rsquo;une population qui ne prend pas part &agrave; l&rsquo;intrigue mais qui &eacute;volue &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan selon un rythme qui lui est propre.</p> <p>Le temps consacr&eacute; aux figurants par les narrateurs est donc tr&egrave;s restreint. Si des r&ocirc;les leur sont confi&eacute;s, ils n&rsquo;acc&egrave;dent pas pour autant, dans le r&eacute;cit, au d&eacute;veloppement des possibles que l&rsquo;on peut lire en eux. Leur existence est ainsi drastiquement circonscrite &agrave; la phrase ou au paragraphe dans lesquels ils surgissent. Les figurants apparaissent donc comme le lieu d&rsquo;une tension entre cl&ocirc;ture spatiale et illimitation temporelle, entre temps v&eacute;cu et temps racont&eacute;. Quelles pourraient alors &ecirc;tre les fonctions de cette temporalit&eacute; d&rsquo;arri&egrave;re-plan&nbsp;?</p> <h2>2. Les compositeurs du rythme romanesque<br /> &nbsp;</h2> <p>Caract&eacute;ris&eacute;s par la bri&egrave;vet&eacute; de leur apparition, les figurants introduiraient donc peut-&ecirc;tre une autre mesure dans le temps du roman, celle de l&rsquo;instant. Il se pourrait qu&rsquo;ils participent du&nbsp;<em>tempo</em>&nbsp;romanesque, de la m&ecirc;me mani&egrave;re qu&rsquo;ils peuvent servir de d&eacute;cor. L&rsquo;arri&egrave;re-plan spatial se fait &eacute;galement temporel comme nous l&rsquo;avons vu pr&eacute;c&eacute;demment. Les figurants existant dans l&rsquo;instant pourraient fonctionner, selon l&rsquo;image bachelardienne, comme &laquo;&nbsp;ces instants sans dur&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp;&raquo; qui composent la dur&eacute;e. Et ce seraient ces instants qui viendraient rythmer la temporalit&eacute; romanesque. Ainsi, dans les sc&egrave;nes collectives, c&rsquo;est la foule anonyme, les figurants d&rsquo;arri&egrave;re-plan, qui semblent entra&icirc;ner les personnages principaux sur un rythme particulier. Au moment de la manifestation &eacute;tudiante, c&rsquo;est en observant &laquo;&nbsp;les &eacute;tudiants&nbsp;&raquo; qui sortent &laquo;&nbsp;pr&eacute;cipitamment&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;que Fr&eacute;d&eacute;ric est entra&icirc;n&eacute; dans la manifestation et que le rythme semble s&rsquo;acc&eacute;l&eacute;rer. Inversement, retir&eacute; &agrave; la campagne, Coriolis est influenc&eacute; par une autre temporalit&eacute; incarn&eacute;e par &laquo;&nbsp;le lent travail des b&ecirc;tes et des gens&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo; qui viennent &eacute;tirer la temporalit&eacute;, d&eacute;j&agrave; alentie, du roman. Un rapport de force s&rsquo;&eacute;tablit ainsi entre les figurants et les personnages principaux. Si l&rsquo;apparition des figurants dans le roman d&eacute;pend des d&eacute;placements des personnages principaux, il n&rsquo;est pas certain que ces derniers parviennent &agrave; leur imposer leur rapport au temps. Au contraire, les figurants appartenant au fond du roman d&eacute;terminent peut-&ecirc;tre le rythme de r&eacute;f&eacute;rence, la &laquo;&nbsp;temporalit&eacute; z&eacute;ro&nbsp;&raquo; sur laquelle les personnages inscrivent &agrave; leur tour leur propre rythme. Cette temporalit&eacute; fonctionnerait ainsi comme l&rsquo;effet de r&eacute;el &agrave; fournir l&rsquo;illusion d&rsquo;une temporalit&eacute; r&eacute;f&eacute;rentielle.</p> <p>Dans&nbsp;<em>Le Roman et les jours</em>, Marie-Astrid Charlier pointe la fa&ccedil;on dont &laquo;&nbsp;les personnages marginaux, artistes ou issus des bas-fonds, vivent, dans le roman r&eacute;aliste, &agrave; contretemps par rapport aux rythmes des personnages du centre de la soci&eacute;t&eacute; et constituent un contrepoint aux modes de vie norm&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>.&nbsp;&raquo; Elle distingue deux formes de rapports au temps, l&rsquo;un, externe, tr&egrave;s contrast&eacute; dans le cas des personnages secondaires, l&rsquo;autre, interne, caract&eacute;ris&eacute; par &laquo;&nbsp;l&rsquo;habitude, la reprise, voire l&rsquo;ennui<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>&nbsp;&raquo; lorsque les personnages marginaux sont personnages principaux. Que se passe-t-il dans le cas des figurants qui constituent une marge narrative au sens o&ugrave; ils ne sont pas directement int&eacute;gr&eacute;s &agrave; l&rsquo;intrigue, mais qui ne constituent pas n&eacute;cessairement une marge sociale&nbsp;? Leur sup&eacute;riorit&eacute; num&eacute;rique en fait-elle le &laquo;&nbsp;centre&nbsp;&raquo; de la soci&eacute;t&eacute; du roman, dont les personnages principaux ne constitueraient qu&rsquo;une infime partie&nbsp;? Leur temporalit&eacute;, en tout cas, fonctionne bien comme un contrepoint mais celui-ci n&rsquo;est pas th&eacute;matis&eacute;. La conformit&eacute; &agrave; l&rsquo;ordre ou l&rsquo;inad&eacute;quation de leur temps ne fait pas l&rsquo;objet d&rsquo;un discours narratorial &eacute;tendu mais est pos&eacute;e comme cadre, comme norme permettant d&rsquo;appr&eacute;hender les sp&eacute;cificit&eacute;s de l&rsquo;inscription temporelle des personnages principaux et secondaires. Des rappels &agrave; l&rsquo;ordre temporel admis sont parfois d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s aux figurants&nbsp;: &laquo;&nbsp;des agents de police&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo; r&eacute;veillent Fr&eacute;d&eacute;ric, affaiss&eacute; sur un banc au petit matin, le &laquo;&nbsp;peuple du matin&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>&nbsp;&raquo;, passant sous les fen&ecirc;tres du restaurant Philippe o&ugrave; festoie Anatole, vient rappeler qu&rsquo;un rythme plus conventionnel et laborieux existe. Le rapport au temps des personnages principaux est ainsi confront&eacute; &agrave; celui de figurants moins libres de ne pas respecter les horaires. En un certain sens, le temps romanesque et mall&eacute;able des personnages principaux se confronte ici &agrave; une temporalit&eacute; d&rsquo;arri&egrave;re-plan plus r&eacute;gl&eacute;e, ou du moins &agrave; l&rsquo;illusion d&rsquo;une temporalit&eacute; r&eacute;f&eacute;rentielle.</p> <p>L&rsquo;incipit romanesque est notamment le lieu de l&rsquo;inscription d&rsquo;un certain rythme par rapport auquel les personnages peuvent se positionner. &Agrave; l&rsquo;incipit de&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;ducation sentimentale</em>, Flaubert choisit d&rsquo;inscrire la temporalit&eacute; pr&eacute;cipit&eacute;e du d&eacute;part, incarn&eacute;e par des figurants &laquo;&nbsp;hors d&rsquo;haleine&nbsp;&raquo;, par des heurts, par l&rsquo;absence de r&eacute;ponse des &laquo;&nbsp;matelots&nbsp;&raquo; qui dit leur occupation&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Des gens arrivaient hors d&rsquo;haleine&nbsp;; des barriques, des c&acirc;bles, des corbeilles de linge g&ecirc;naient la circulation&nbsp;; les matelots ne r&eacute;pondaient &agrave; personne&nbsp;; on se heurtait [&hellip;]. Un jeune homme de dix-huit ans, &agrave; longs cheveux et qui tenait un album sous son bras, restait aupr&egrave;s du gouvernail, immobile&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>.&nbsp;</p> </blockquote> <p>Image attendue d&rsquo;un d&eacute;part de bateau, cette sc&egrave;ne marqu&eacute;e par la pr&eacute;cipitation voit aussi appara&icirc;tre le personnage principal &laquo;&nbsp;immobile&nbsp;&raquo;. La pr&eacute;cipitation pr&ecirc;t&eacute;e aux figurants, et que l&rsquo;on ne voit pas s&rsquo;appliquer &agrave; Fr&eacute;d&eacute;ric Moreau, permet ici de cr&eacute;er un effet de contrepoint. Si la pr&eacute;cipitation caract&eacute;rise le monde d&rsquo;arri&egrave;re-plan, les personnages principaux s&rsquo;en d&eacute;tachent pour instaurer leur propre rythme, ou n&rsquo;arrivent pas &agrave; s&rsquo;y inscrire et s&rsquo;en trouvent coup&eacute;s. On peut voir ici un effet du &laquo;&nbsp;contretemps&nbsp;&raquo; tel que l&rsquo;a analys&eacute; Marie-Astrid Charlier. Le monde agit&eacute; qui sert de toile de fond &agrave; l&rsquo;apparition d&rsquo;un Fr&eacute;d&eacute;ric immobile indique d&eacute;j&agrave; le rythme qui sera le sien. Rythme qui ne semble d&rsquo;ailleurs pas toujours &ecirc;tre assum&eacute; par le personnage, notamment lorsqu&rsquo;il cesse de se rendre &agrave; ses cours de droit qui se d&eacute;roulent trop lentement et qu&rsquo;incarne &laquo;&nbsp;la voix monotone&nbsp;&raquo; du professeur, &laquo;&nbsp;un vieillard en robe rouge&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>. Oscillant entre immobilit&eacute; et ennui, le personnage de Fr&eacute;d&eacute;ric Moreau ne semble pas trouver le rythme ad&eacute;quat.</p> <p>La mise en place d&rsquo;un cadre marqu&eacute; par la lenteur &agrave; l&rsquo;incipit de&nbsp;<em>Manette Salomon</em>&nbsp;annonce &eacute;galement un mode de progression particulier. La sc&egrave;ne inaugurale du Jardin des Plantes voit ainsi avancer &laquo;&nbsp;lentement&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;&raquo; les promeneurs qui semblent se conformer au rythme indiqu&eacute; par le belv&eacute;d&egrave;re&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Horas non numero nisi serenas&nbsp;</em><a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>&nbsp;&raquo;. Lieu &agrave; part, le Jardin se distingue du reste de Paris qui est &laquo;&nbsp;sous eux, &agrave; droite, &agrave; gauche, partout&nbsp;&raquo; et o&ugrave; se joue &laquo;&nbsp;la vaste bataille de la vie de millions d&rsquo;hommes&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;&raquo;. La lenteur incarn&eacute;e par les figurants promeneurs s&rsquo;oppose au caract&egrave;re effr&eacute;n&eacute; sugg&eacute;r&eacute; par l&rsquo;image de la &laquo;&nbsp;bataille&nbsp;&raquo;, utilis&eacute;e pour d&eacute;crire la vie parisienne, une bataille que m&egrave;nent d&rsquo;autres figurants, ces &laquo;&nbsp;millions d&rsquo;hommes&nbsp;&raquo;. Ce contraste pointe la tension rythmique du roman. Les personnages principaux oscilleront ainsi entre une forme de nonchalance et la volont&eacute; de s&rsquo;imposer sur la sc&egrave;ne artistique dans un roman qui lui-m&ecirc;me instaure un rythme particulier par le choix de tr&egrave;s nombreux (155), mais brefs, chapitres. Les figurants dans le tableau inaugural participent donc de l&rsquo;instauration du rythme du roman. Peupl&eacute; de figurants, cet incipit inscrit les personnages, et plus particuli&egrave;rement ici, Anatole Bazoche, sur un fond rythmique alenti, que le personnage, apparaissant en bonimenteur, quelques pages plus loin, va tenter d&rsquo;acc&eacute;l&eacute;rer. Entra&icirc;nant les figurants dans une visite guid&eacute;e du Jardin sur un rythme plus soutenu, le personnage s&rsquo;inscrit en contrepoint du rythme des figurants qui constitue la toile de fond temporelle du roman.</p> <p>Autre effet temporel remarquable dans cet incipit, le r&ocirc;le dilatoire jou&eacute; par les figurants y fonctionne &agrave; plein. Le roman s&rsquo;ouvre en effet sur une &laquo;&nbsp;procession&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a>&nbsp;&raquo; de figurants&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Du monde allait dans le Jardin des plantes [&hellip;] un monde particulier, m&ecirc;l&eacute;, cosmopolite, compos&eacute; de toutes les sortes de gens de Paris, de la province et de l&rsquo;&eacute;tranger, que rassemble ce rendez-vous populaire.</p> <p>C&rsquo;&eacute;tait d&rsquo;abord un groupe classique d&rsquo;Anglais et d&rsquo;Anglaises &agrave; voiles bruns, &agrave; lunettes bleues.</p> <p>Derri&egrave;re les Anglais, marchait une famille en deuil.</p> <p>Puis suivait, en tra&icirc;nant la jambe, un malade, un voisin du jardin [&hellip;] les pieds dans des pantoufles.</p> <p>Venait ensuite&nbsp;: un sapeur, avec, sur sa manche, ses deux haches en sautoir surmont&eacute; d&rsquo;une grenade&nbsp;; &ndash; un prince jaune, tout frais habill&eacute; de Dusautoy, accompagn&eacute; d&rsquo;une esp&egrave;ce d&rsquo;heiduque &agrave; figure de Turc, &agrave; dolman d&rsquo;Albanais&nbsp;; &ndash; un apprenti ma&ccedil;on, un petit g&acirc;cheur d&eacute;barqu&eacute; du Limousin, portant le feutre mou et la chemise bise.</p> <p>Un peu plus loin, grimpait un interne de la Piti&eacute;, en casquette, avec un livre et un cahier de notes sous le bras. Et presque &agrave; c&ocirc;t&eacute; de lui, sur la m&ecirc;me ligne, un ouvrier en redingote, revenant d&rsquo;enterrer un camarade au Montparnasse [&hellip;].</p> <p>Un p&egrave;re, &agrave; rudes moustaches grises, regardait courir devant lui un bel enfant, en robe russe de velours bleu, &agrave; boutons d&rsquo;argent, &agrave; manches de toile blanche, au cou duquel battait un collier d&rsquo;ambre.</p> <p>Au-dessous, un m&eacute;nage de vieilles amours laissait voir sur sa figure la joie promise du d&icirc;ner du soir en cabinet, sur le quai, &agrave; la Tour d&rsquo;argent.</p> <p>Et, fermant la marche, une femme de chambre tirait et tra&icirc;nait par la main un petit n&eacute;grillon, embarrass&eacute; dans sa culotte [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>.&nbsp;</p> </blockquote> <p>Le temps pris par le narrateur pour pr&eacute;senter chacun de ces figurants peut conduire le lecteur et la lectrice &agrave; redoubler d&rsquo;attention pour rep&eacute;rer l&rsquo;amorce d&rsquo;un personnage principal. Chaque figurant, chaque figurante, semble suffisamment caract&eacute;ris&eacute; pour que s&rsquo;amorce une intrigue, certains venant habill&eacute;s de fa&ccedil;on remarquable, d&rsquo;autres dot&eacute;s d&rsquo;un emploi du temps pr&eacute;cis. La mise en place d&rsquo;un tableau de figurants dont on ne sait si le narrateur va en faire sortir un personnage principal t&eacute;moigne du choix d&rsquo;une progression narrative fortement dilatoire, qui culmine dans l&rsquo;apparition, relativement tardive, du personnage qui donne son nom au roman. Les figurants peuvent donc &ecirc;tre utilis&eacute;s de fa&ccedil;on dilatoire, et jouent &agrave; nouveau sur le rythme de la narration dans laquelle ils int&egrave;grent des pauses ponctuelles. Ils participent ainsi des strat&eacute;gies de retardement qui constituent pour Charles Grivel l&rsquo;essence du roman&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>. Ils sont employ&eacute;s pour suspendre un temps l&rsquo;attention et permettent certains effets de surprise, qui se jouent &eacute;galement &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de l&rsquo;instant. D&rsquo;un groupe de figurants peut ainsi sortir un personnage principal ou secondaire, au moment o&ugrave; on ne l&rsquo;attend pas, ou plus. C&rsquo;est le cas de Deslauriers dans l&rsquo;exemple du retour des courses.</p> <p>C&rsquo;est aussi le cas de Madame Arnoux dans le Paris sillonn&eacute; par Fr&eacute;d&eacute;ric. Ainsi, Fr&eacute;d&eacute;ric n&rsquo;a de cesse de scruter les visages des passantes &agrave; la recherche de Madame Arnoux qu&rsquo;il esp&egrave;re croiser &laquo;&nbsp;par hasard&nbsp;&raquo; dans les rues de Paris&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>. Dans la premi&egrave;re partie, Fr&eacute;d&eacute;ric traverse souvent le jardin des Tuileries apr&egrave;s y avoir crois&eacute; &laquo; une n&eacute;gresse &raquo; qui lui rappelle celle qui s&rsquo;occupait de la fille de Madame Arnoux sur la Ville-de-Montereau. Puis, &agrave; nouveau de fa&ccedil;on d&eacute;cal&eacute;e, ce sont d&rsquo;abord &laquo; les t&ecirc;tes f&eacute;minines &raquo; dont &laquo; de vagues ressemblances&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;lui &eacute;voquent Madame Arnoux et ensuite &laquo;&nbsp;les prostitu&eacute;es [&hellip;] les cantatrices [&hellip;] les &eacute;cuy&egrave;res [&hellip;] les bourgeoises &agrave; pied, les grisettes &agrave; leur fen&ecirc;tre, toutes les femmes &raquo; qui, aper&ccedil;ues le temps d&rsquo;un instant, lui rappellent Madame Arnoux &laquo;&nbsp;par des similitudes ou par des contrastes violents&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>&nbsp;&raquo;. De m&ecirc;me, lors du retour de Nogent en diligence, Fr&eacute;d&eacute;ric aper&ccedil;oit &laquo;&nbsp;des femmes [qui] trottinaient sous des parapluies&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;se pench[e] pour distinguer leur figure&nbsp;&raquo;, car &laquo;&nbsp;un hasard pouvait avoir fait sortir Mme Arnoux&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>&nbsp;&raquo;. Les figurantes aper&ccedil;ues et scrut&eacute;es sont autant d&rsquo;effets d&eacute;ceptifs qui retardent et pr&eacute;parent la vraie rencontre hasardeuse qui arrive quand on ne l&rsquo;attend plus. Fr&eacute;d&eacute;ric, alors qu&rsquo;il se rend chez Deslauriers, rencontre &laquo;&nbsp;au d&eacute;tour de la rue Vivienne et du boulevard, Mme Arnoux &raquo;, rencontre qui, apr&egrave;s tant de d&eacute;ceptions, constitue comme &laquo;&nbsp;la plus belle des aventures&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>&nbsp;&raquo;. Les figurantes et figurants s&rsquo;interposent presque afin de retarder l&rsquo;accomplissement des volont&eacute;s des personnages principaux. Mais cet effet dilatoire joue aussi pour le lecteur. Ainsi l&rsquo;apparition de Manette Salomon, attendue depuis la page de titre et diff&eacute;r&eacute;e jusqu&rsquo;au milieu du roman, se fait &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle d&rsquo;un chapitre, &agrave; nouveau de fa&ccedil;on dilatoire.</p> <blockquote> <p>J&rsquo;en &eacute;tais arriv&eacute; &agrave; suivre m&eacute;caniquement, sur les volets des boutiques ferm&eacute;es, l&rsquo;ombre des gens de l&rsquo;omnibus qui recommence &eacute;ternellement&hellip; une s&eacute;rie de silhouettes&hellip; pas un bonhomme curieux&hellip; tous, des t&ecirc;tes de gens qui vont en omnibus&hellip; Des femmes&hellip; des femmes sans sexe, des femmes &agrave; paquet&hellip; Zing ! le cadran du conducteur, un voyageur ! Il n&rsquo;y avait plus qu&rsquo;une place au fond&hellip; Zing ! une voyageuse&hellip; complet ! J&rsquo;avais en face de moi un monsieur avec des lunettes qui s&rsquo;obstinait &agrave; vouloir lire un journal&hellip; Il y avait toujours des reflets dans ses lunettes&hellip; &Ccedil;a me fit tourner les yeux sur la femme qui venait de monter&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>&hellip;</p> </blockquote> <p>Manette Salomon apparait donc au milieu de figurants, dans le lieu de l&rsquo;indiff&eacute;renciation par excellence : l&rsquo;omnibus&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>. Coriolis, racontant son trajet et l&rsquo;attention qu&rsquo;il pr&ecirc;te aux passagers, reproduit le mouvement de son regard. Les figurants, &laquo;&nbsp;des gens&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;des femmes&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;un voyageur&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;un monsieur avec des lunettes&nbsp;&raquo;, peuplent la rencontre et d&eacute;terminent l&rsquo;orientation du regard de Coriolis, puisque c&rsquo;est pour cesser de regarder le &laquo;&nbsp;monsieur avec des lunettes&nbsp;&raquo; qu&rsquo;il se met &agrave; regarder &laquo;&nbsp;la femme qui venait de monter&nbsp;&raquo;, laquelle retient progressivement son attention. Le chapitre reproduit ainsi de fa&ccedil;on macro-structurale l&rsquo;esth&eacute;tique dilatoire qui joue &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du roman, d&rsquo;autant que Manette n&rsquo;est &agrave; ce moment qu&rsquo;aper&ccedil;ue, et qu&rsquo;il faut encore l&rsquo;intervention d&rsquo;Anatole pour l&rsquo;identifier et la rencontrer.</p> <p>Ainsi les figurants et figurantes, depuis l&rsquo;arri&egrave;re-plan temporel qui est le leur, interf&egrave;rent dans la temporalit&eacute; des personnages principaux et secondaires. Leur influence ponctuelle, mais continue, contribue &agrave; &eacute;tablir le rythme du roman, &agrave; produire un contrepoint pour &eacute;valuer la temporalit&eacute; romanesque des personnages. Fonctionnant &agrave; la mani&egrave;re du rythme auquel s&rsquo;ajoutent ensuite la m&eacute;lodie et l&rsquo;harmonie, les figurants ne semblent pas explicitement &eacute;labor&eacute;s par le narrateur pour retenir l&rsquo;attention du lecteur, cens&eacute;e &ecirc;tre capt&eacute;e par &laquo;&nbsp;l&rsquo;intrigue&nbsp;&raquo; principale.</p> <h2>3. Entrevoir d&rsquo;autres temps<br /> &nbsp;</h2> <p>Les figurants nous font donc acc&eacute;der &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;instant &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du roman, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;ils composent le tempo romanesque. Surgissant pour dispara&icirc;tre, ils existent un instant dans l&rsquo;&eacute;conomie romanesque, ils sont les passants du roman. Mais fig&eacute;e par la narration, cette exp&eacute;rience prend une autre dimension et trahit, d&rsquo;une part, le regard pr&ecirc;t&eacute; par le narrateur aux personnages, d&rsquo;autre part, le degr&eacute; d&rsquo;attention et le temps que la lectrice et le lecteur sont dispos&eacute;s &agrave; leur accorder. En effet, s&rsquo;&eacute;labore un jeu entre le temps restreint que le narrateur accorde &agrave; ses figurants dans le r&eacute;cit et les effets que ceux-ci peuvent produire, les possibles qu&rsquo;ils peuvent ouvrir. Quelle temporalit&eacute; peut-on voir lorsqu&rsquo;on s&rsquo;arr&ecirc;te de plus pr&egrave;s sur les figurants, lorsqu&rsquo;on suspend la lecture dans l&rsquo;instant&nbsp;?</p> <p>Une tension entre un fort ancrage temporel et une atemporalisation est en jeu dans la caract&eacute;risation des figurants. Certains figurants apparaissent, comme on l&rsquo;a vu, charg&eacute;s des &laquo;&nbsp;traces temporelles&nbsp;&raquo; de leur existence extradi&eacute;g&eacute;tique. Mais ils apparaissent parfois &eacute;galement marqu&eacute;s par l&rsquo;&eacute;poque &agrave; laquelle ils appartiennent. Dans ces cas, plusieurs regards et plusieurs appartenances temporelles se superposent et s&rsquo;entrecroisent&nbsp;: le regard des personnages qui re&ccedil;oit la marque historique comme contemporaine ou dat&eacute;e, le regard du narrateur qui, dans le cas des deux &oelig;uvres &eacute;tudi&eacute;es, porte un regard post&eacute;rieur sur une &eacute;poque v&eacute;cue, et enfin le regard du narrataire qui d&eacute;code le signe comme pittoresque et fait appel &agrave; un savoir &laquo;&nbsp;historique&nbsp;&raquo; pour rep&eacute;rer la nature du temps repr&eacute;sent&eacute;. Les v&ecirc;tements sont ainsi des bons marqueurs temporels. L&rsquo;on peut par exemple rep&eacute;rer les figurants qui suivent la mode et vivent &laquo;&nbsp;avec leur temps&nbsp;&raquo;, comme ces hommes au bal de l&rsquo;Alhambra au printemps 1843, qui portent &laquo;&nbsp;des &eacute;toffes &agrave; carreaux [&hellip;] des pantalons blancs&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>&nbsp;&raquo;. Comme l&rsquo;indique&nbsp;<em>La Mode</em>&nbsp;du 5 avril 1843&nbsp;:</p> <blockquote> <p>[&hellip;] les &eacute;toffes &agrave; carreaux s&rsquo;enracinent de plus en plus dans nos m&oelig;urs. [&hellip;] On dirait que l&rsquo;&Eacute;cosse a envoy&eacute; ses &eacute;toffes les plus crois&eacute;es, les plus bariol&eacute;es, &agrave; Blanc tant ses gilets rappellent la patrie de Wallace et de Walter-Scott. Regardez nos&nbsp;<em>lions</em>&nbsp;: pantalons, gilets, cravates, ils ont tout &agrave; carreaux&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>.</p> </blockquote> <p>La revue atteste un usage vestimentaire dont Flaubert se souvient et qui appara&icirc;t comme un marqueur de l&rsquo;&eacute;poque pour le lecteur. Les enfants ne sont pas en reste en mati&egrave;re de mode. Ainsi du &laquo; bel enfant, en robe russe de velours bleu, &agrave; boutons d&rsquo;argent, &agrave; manches de toile blanche, au cou duquel battait un collier d&rsquo;ambre&nbsp;&raquo; qui apparait v&ecirc;tu selon la mode de l&rsquo;&eacute;poque&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>&nbsp;et qui porte &agrave; son cou la trace d&rsquo;un usage &laquo;&nbsp;m&eacute;dicinal&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>&nbsp;&raquo; incarn&eacute; par un fossile mill&eacute;naire, alors m&ecirc;me que, parall&egrave;lement, son p&egrave;re &laquo;&nbsp;&agrave; moustaches grises&nbsp;&raquo;, peu caract&eacute;ris&eacute;, appartient &agrave; toutes les &eacute;poques.</p> <p>La mention d&rsquo;une &eacute;toffe suffit &agrave; rendre le figurant contemporain de son &eacute;poque, et son retrait entra&icirc;ne une forme d&rsquo;atemporalisation. Ainsi Flaubert transforme-t-il un couple de figurants aper&ccedil;us par Fr&eacute;d&eacute;ric lors du retour &agrave; Nogent en bateau&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Brouillon&nbsp;: 17599 f&deg;83 v&deg; (extrait)&nbsp;: campagne (II), p.&nbsp;9</p> <p>&laquo;&nbsp;le hasard voulut&nbsp;qu&rsquo;une jeune&nbsp;femme&nbsp;/dame en robe blanche &amp; qu&rsquo;un jeune homme en veste nankin se montr/ass/&egrave;rent&nbsp;au detour&nbsp;sur&nbsp;le seuil du&nbsp;le perron entre les caisses d&rsquo;orangers&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a></p> </blockquote> <blockquote> <p>[Version finale]</p> <p>&Agrave; ce moment, une jeune dame et un jeune homme se montr&egrave;rent sur le perron, entre les caisses d&rsquo;orangers&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>.&nbsp;</p> </blockquote> <p>En disparaissant, la &laquo;&nbsp;veste nankin&nbsp;&raquo;, tr&egrave;s marqu&eacute;e XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, rend les figurants &agrave; la fois plus disponibles &agrave; la r&ecirc;verie du personnage qui peut se &laquo;&nbsp;figur[er]&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>&nbsp;&raquo; en eux, mais &eacute;galement au lecteur qui les imagine atemporellement, et presque dans une sorte de vision &eacute;d&eacute;nique. Flaubert &laquo;&nbsp;atemporalise&nbsp;&raquo; ainsi ses figurants. &Agrave; quel temps &eacute;galement rattacher tous ces figurants si peu caract&eacute;ris&eacute;s, presque d&eacute;sancr&eacute;s, que l&rsquo;on voit passer dans les rues du roman du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle comme on imagine qu&rsquo;on pourrait les voir passer dans les n&ocirc;tres&nbsp;? Ainsi des &laquo;&nbsp;gens assis dans les caf&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>&nbsp;&raquo;, des innombrables &laquo;&nbsp;passants&nbsp;&raquo; que croisent les personnages et qui, en l&rsquo;absence d&rsquo;une caract&eacute;risation plus &eacute;tendue, semblent de tous les temps, de &laquo;&nbsp;cette foule, pareille de surface et d&rsquo;ensemble &agrave; toutes les foules, ces hommes, ces femmes sans particularit&eacute; frappante, habill&eacute;s des costumes, des airs de Paris, et tous Parisiens d&rsquo;apparence&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a>&nbsp;&raquo; dont les narrateurs notent la paradoxale absence de singularit&eacute; et &agrave; laquelle on pourrait peut-&ecirc;tre pr&ecirc;ter les &laquo;&nbsp;costumes&nbsp;&raquo; des Parisiens de toutes les &eacute;poques. D&eacute;j&agrave; d&eacute;tach&eacute;s de l&rsquo;intrigue, ces figurants sont comme les surnum&eacute;raires d&rsquo;une repr&eacute;sentation romanesque &agrave; laquelle ils ne semblent presque plus appartenir. Ils fonctionnent &agrave; nouveau dans l&rsquo;instant de leur apparition comme des ouvertures, mais vers un temps intemporel car trop peu caract&eacute;ris&eacute;, &eacute;tablissant ainsi comme un lien ponctuel entre le temps du narrateur, le temps du personnage et le temps du lecteur.</p> <p>La temporalit&eacute; propre aux figurants s&rsquo;&eacute;labore donc dans la tension entre un espace textuel tr&egrave;s circonscrit et l&rsquo;inscription dans un temps verbal souvent illimit&eacute;. De cette rencontre na&icirc;t la perception de l&rsquo;instantan&eacute;, un mouvement bref d&rsquo;ouverture et de fermeture qui se joue &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan de l&rsquo;intrigue. Ainsi se cr&eacute;e une sorte de rythme qui vient porter la m&eacute;lodie des personnages principaux, l&rsquo;accompagner, en pointer la sp&eacute;cificit&eacute;. Se produit, &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan de l&rsquo;intrigue, le surgissement constant d&rsquo;&ecirc;tres vou&eacute;s &agrave; dispara&icirc;tre dans l&rsquo;instant. Mais cet instant est &agrave; la fois surgissement et ouverture vers d&rsquo;autres temporalit&eacute;s. Les auteurs &eacute;tudi&eacute;s, Flaubert, les Goncourt, par l&rsquo;attention qu&rsquo;ils accordent &agrave; certains de leurs figurants, retiennent &eacute;galement la n&ocirc;tre et nous incitent &agrave; les regarder de plus pr&egrave;s, &agrave; voir se surimprimer sur ces figures passag&egrave;res, le temps d&rsquo;une existence et les marques d&rsquo;une &eacute;poque. Ainsi, les auteurs &eacute;tendent le temps, y inscrivent des amorces d&rsquo;existences, et &eacute;crivent, d&rsquo;apr&egrave;s le mot de Thibaudet, des romans qui &laquo;&nbsp;[ont] le temps&nbsp;<a href="#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h2><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Edmond et Jules de Goncourt,&nbsp;<em>Manette Salomon</em><em>,</em>&nbsp;&eacute;dition &eacute;tablie et annot&eacute;e par St&eacute;phanie Champeau avec le concours d&rsquo;Adrien Goetz, Paris, Gallimard, &laquo; Folio classique &raquo;, 1996, p. 411-412. Nous utiliserons d&eacute;sormais l&rsquo;abr&eacute;viation&nbsp;<em>MS</em>&nbsp;pour nous r&eacute;f&eacute;rer &agrave; cette &eacute;dition.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;On pense, entre autres, &agrave;&nbsp;<em>Germinal</em>&nbsp;(1885),&nbsp;<em>La D&eacute;b&acirc;cle</em>&nbsp;(1892),&nbsp;<em>Lourdes</em>&nbsp;(1894) chez Zola, mais &eacute;galement aux&nbsp;<em>Foules de Lourdes</em>&nbsp;de Huysmans (1907) et au&nbsp;<em>Myst&egrave;re des foules</em>&nbsp;de Paul Adam (1907).</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Ilsen About et Vincent Denis,&nbsp;<em>Histoire de l&rsquo;identification des personnes</em>, Paris, La D&eacute;couverte, &laquo; Rep&egrave;res &raquo;, 2010 : l&rsquo;&eacute;tat civil r&eacute;publicain est cr&eacute;&eacute; en 1792, le Bureau des statistiques charg&eacute; de recenser la population en 1801. Diff&eacute;rents documents rendent possible l&rsquo;identification des personnes au cours du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle (livret ouvrier, permis de chasse, &laquo;&nbsp;carte d&rsquo;&eacute;lecteur&nbsp;&raquo;, documents militaires, cartes de visite&hellip;) jusqu&rsquo;&agrave; ce que naisse l&rsquo;id&eacute;e de la carte d&rsquo;identit&eacute; dans les ann&eacute;es 1890 qui se g&eacute;n&eacute;ralisera au XX<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle. On peut penser &eacute;galement aux moyens d&rsquo;identification dans le cadre judiciaire et au d&eacute;veloppement de l&rsquo;anthropom&eacute;trie par Bertillon.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;La remarque pertinente de Simmel sur l&rsquo;inqui&eacute;tude que l&rsquo;habitant des grandes villes &eacute;prouve en voyant autrui sans, dans la plupart des cas, l&rsquo;entendre, montre que les physiognomonies (lire&nbsp;: les physiologies) devaient en tout cas leur existence, entre autres, au d&eacute;sir de minimiser et de dissiper cette inqui&eacute;tude. Il e&ucirc;t &eacute;t&eacute; autrement difficile &agrave; ces petits livres de faire admettre leur pr&eacute;tention fantastique.&nbsp;&raquo; (Walter Benjamin,&nbsp;<em>Paris, capitale du XIX<sup>e</sup>&nbsp;siècle&nbsp;: le livre des passages&nbsp;</em>[1989], troisi&egrave;me &eacute;dition, trad. Jean Lacoste, d&rsquo;après l&rsquo;édition originale &eacute;tablie par Rolf Tiedemann, Paris, Les &Eacute;ditions du Cerf, 2009, p.&nbsp;464.)</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;L&rsquo;appr&eacute;hension et l&rsquo;analyse de la foule comme entit&eacute; dangereuse et impressionnable, parfois m&ecirc;me &laquo;&nbsp;animale&nbsp;&raquo;, est r&eacute;currente chez des auteurs comme Hippolyte Taine,&nbsp;<em>Les Origines de la France contemporaine</em>&nbsp;(1875-1893), Gustave Le Bon,&nbsp;<em>Psychologie des foules</em>&nbsp;(1895) ou Gabriel Tarde,&nbsp;<em>L&rsquo;Opinion et la foule</em>&nbsp;(1901).</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Georges Lefebvre,&nbsp;<em>Les Foules r&eacute;volutionnaires</em>&nbsp;[1932], pr&eacute;sentation de Michel Biard et Herv&eacute; Leuwers, Paris, Armand Colin, 2021, p.&nbsp;267.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Isabelle Daunais souligne &agrave; propos de Fr&eacute;d&eacute;ric Moreau que &laquo;&nbsp;c&rsquo;est la &ldquo;quantit&eacute;&rdquo; de sa pr&eacute;sence qui le diff&eacute;rencie des autres personnages et non la &ldquo;qualit&eacute;&rdquo; de son &ecirc;tre, ou si peu&nbsp;&raquo;. (Isabelle Daunais,&nbsp;<em>Fronti&egrave;re du roman</em>, Montr&eacute;al / Saint-Denis, Presses de l&rsquo;Universit&eacute; de Montr&eacute;al / Presses Universitaires de Vincennes, 2002, p.&nbsp;133.)</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Similitudes qui sont &eacute;galement th&eacute;matiques pour ces deux romans parus en 1867 et 1869, ainsi que le rappelle Michel Crouzet dans sa pr&eacute;face &agrave;&nbsp;<em>Manette Salomon</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;9-10.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Nous empruntons bien s&ucirc;r les notions de &laquo;&nbsp;temps v&eacute;cu&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;temps racont&eacute;&nbsp;&raquo; &agrave; Paul Ricoeur,&nbsp;<em>Temps et r&eacute;cit</em>, Paris, Seuil, 3 tomes, 1983-1985.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;D&eacute;finition du CNRTL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.cnrtl.fr/definition/instant" target="_blank">https://www.cnrtl.fr/definition/instant</a>.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Georges Poulet,&nbsp;<em>&Eacute;tudes sur le temps humain, t. IV&nbsp;: Mesure de l&rsquo;instant</em>, Paris, Plon, 1968, p.&nbsp;9.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Notre travail pourra ainsi entrer en dialogue avec l&rsquo;article de V&eacute;ronique Samson dans ce dossier, &laquo;&nbsp;Discordances du temps et syst&egrave;me des personnages&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Alex Woloch,&nbsp;<em>The One vs the Many. Minor Characters and the Space of the Protagonist in the Novel</em>, Princeton, Princeton University Press, 2003. Contrairement &agrave; nous, Alex Woloch n&rsquo;op&egrave;re pas de distinction entre les personnages secondaires et les figurants.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Isabelle Daunais, &laquo;&nbsp;Le personnage secondaire comme mod&egrave;le&nbsp;: r&eacute;flexions sur un d&eacute;placement&nbsp;&raquo;, dans &Eacute;milie P&eacute;zard (dir.),&nbsp;<em>Le personnage, un mod&egrave;le &agrave; vivre</em>,&nbsp;<em>Fabula / Les colloques</em>, 2018,&nbsp;<a href="https://www.fabula.org/colloques/document5080.php#:~:text=Le%20personnage%20secondaire%2C%20en%20cela,ni%20non%20plus%20tout%20%C3%A0." target="_blank">ici</a>.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;171.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Gustave Flaubert,&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;ducation sentimentale</em>, dans&nbsp;<em>&OElig;uvres compl&egrave;tes</em>, t. IV, &eacute;dition publi&eacute;e sous la direction de Gis&egrave;le S&eacute;ginger avec la collaboration de Philippe Dufour et de Roxane Martin, Paris, Gallimard, &laquo; Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade &raquo;, 2021, p.&nbsp;347. Nous utiliserons d&eacute;sormais l&rsquo;abr&eacute;viation&nbsp;<em>ES</em>&nbsp;pour nous r&eacute;f&eacute;rer &agrave; cette &eacute;dition.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;<em>ES</em>, p.&nbsp;348.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;217.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;La critique a, depuis au moins Bruneti&egrave;re, amplement comment&eacute; l&rsquo;usage de l&rsquo;imparfait chez Flaubert. Il ne s&rsquo;agit pas ici de revenir sur les nombreuses analyses &eacute;clairantes faites &agrave; ce sujet, mais de s&rsquo;int&eacute;resser plus pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; la fa&ccedil;on dont les figurants entrent dans le syst&egrave;me verbal et aspectuel.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Harald Weinrich,&nbsp;<em>Le Temps&nbsp;: le r&eacute;cit et le commentaire</em>&nbsp;[1973], trad. de l&rsquo;allemand par Mich&egrave;le Lacoste, Limoges, &Eacute;ditions Lambert-Lucas, 2012, p.&nbsp;115.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;242-243.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Jacques Dubois,&nbsp;<em>Romanciers fran&ccedil;ais de l&rsquo;instantan&eacute; au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Bruxelles, Acad&eacute;mie Royale de Langue et de Litt&eacute;rature Fran&ccedil;aises, Palais des Acad&eacute;mies, 1963, p.&nbsp;140.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;<em>ES</em>, p.&nbsp;347-348.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;154.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Nous entendons &laquo;&nbsp;trace&nbsp;&raquo; au sens le plus courant du terme. Mais on pourrait aussi l&rsquo;envisager dans le sens que lui donne Judith Lyon-Caen dans&nbsp;<em>La Griffe du temps. Ce que l&rsquo;histoire peut dire de la litt&eacute;rature</em>, Paris, Gallimard, &laquo; NRF Essais&nbsp;&raquo;, 2019, comme des traces &agrave; la fois textuelles et extra-textuelles d&rsquo;usages historiquement situ&eacute;s.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;128.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;G&eacute;rald Prince, &laquo;&nbsp;P&eacute;richronismes et temporalit&eacute; narrative&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>A Contrario</em>, n&deg;13, 2010/1, p.&nbsp;15.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Marie-Astrid Charlier,&nbsp;<em>Le Roman et les jours. Po&eacute;tiques de la quotidiennet&eacute; au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Paris, Classiques Garnier, 2018<em>,</em>&nbsp;p.&nbsp;369-370.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Il se pourrait au contraire que les figurants soient en mesure de &laquo;&nbsp;redoubler&nbsp;&raquo; la quotidiennet&eacute; par leurs existences peu remarquables.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;Gaston Bachelard,&nbsp;<em>L&rsquo;Intuition de l&rsquo;instant</em>, Paris, Stock, 1993, p.&nbsp;20&nbsp;: &laquo;&nbsp;la dur&eacute;e est faite d&rsquo;instants sans dur&eacute;e, comme la droite est faite de points sans dimension.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;<em>ES</em>, p.&nbsp;174.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;328.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;Marie-Astrid Charlier,&nbsp;<em>Le Roman et les jours</em>,&nbsp;<em>op.cit</em>., p.&nbsp;349.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;350.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;<em>ES</em>, p.&nbsp;223.</p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;171.</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;<em>ES</em>, p.&nbsp;151.</p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;169.</p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;80.</p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Je ne compte que les heures sereines&nbsp;&raquo;, traduction de l&rsquo;&eacute;dition de St&eacute;phanie Champeau et Adrien Goetz,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;80 et p.&nbsp;586 pour la traduction.</p> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;81.</p> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;80.</p> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;79-80.</p> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Un roman ne finit donc jamais. Dilatoire par essence, il affiche m&ecirc;me son jeu et fait parade sans vergogne des d&eacute;lais qu&rsquo;il prend pour s&rsquo;accomplir.&nbsp;&raquo; (Charles Grivel, &laquo;&nbsp;Le retard&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Le d&eacute;but et la fin. Roman, th&eacute;&acirc;tre, B.D., cin&eacute;ma</em>,&nbsp;<em>Fabula / Les colloques</em>, 2007, URL : https://www.fabula.org/colloques/document699.php.)</p> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a>&nbsp;Sur le rapport entre Madame Arnoux et les passantes, voir Jeanne Bem, &laquo;&nbsp;&ldquo;Une femme passa&rdquo;&nbsp;: les passantes de&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;ducation sentimentale</em>&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Flaubert, revue critique et g&eacute;n&eacute;tique</em>&nbsp;[<a href="http://journals.openedition.org/flaubert/3226" target="_blank">en ligne</a>], n&deg; 20, 2018.</p> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a>&nbsp;<em>ES</em>, p.&nbsp;171.</p> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;214.</p> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;247.</p> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;396.</p> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;263.</p> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Omnibus veut dire&nbsp;<em>&agrave; tous</em>. L&rsquo;omnibus est donc le sanctuaire de l&rsquo;&eacute;galit&eacute;. J&rsquo;y ai vu entrer un laquais, un pair de France avant la question de l&rsquo;h&eacute;r&eacute;dit&eacute;, une femme d&rsquo;agent de change et une cuisini&egrave;re, chacun pour trente centimes. &ndash; M&ecirc;mes droits, m&ecirc;mes devoirs : voil&agrave; bien l&rsquo;&eacute;galit&eacute; &raquo; (Ernest Fouinet, &laquo; Un voyage en omnibus, de la barri&egrave;re du Tr&ocirc;ne &agrave; la barri&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;toile &raquo;,&nbsp;<em>Paris, ou Le livre des cent-et-un</em>, t. II, Paris, Ladvocat, 1831-1834, p.&nbsp;80, URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k235412" target="_blank">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k235412</a>.)</p> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a>&nbsp;<em>ES</em>, p.&nbsp;216. Les gravures de&nbsp;<em>La Mode</em>&nbsp;t&eacute;moignent de la vogue du pantalon blanc pour les hommes&nbsp;<em>fashionable</em>.&nbsp;<em>La Mode&nbsp;: revue des modes, galerie de m&oelig;urs, album des salons</em>, 5 avril 1843, URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96163525" target="_blank">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96163525</a>&nbsp;(consult&eacute; le 8 juillet 2021).</p> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Bulletin des modes&nbsp;&raquo;, dans<em>&nbsp;ibid.</em>, p.&nbsp;535, URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96163525/f575.item" target="_blank">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96163525/f575.item</a>&nbsp;(consult&eacute; le 8 juillet 2021).</p> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a>&nbsp;<em>La Mode&nbsp;: revue des modes, galerie de m&oelig;urs, album des salons</em>, dans son &laquo;&nbsp;Bulletin des modes&nbsp;&raquo; du num&eacute;ro du 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1840, mentionne beaucoup de velours et pr&eacute;conise le port des pelisses russes (p.&nbsp;380). En mati&egrave;re de mode d&rsquo;hommes, le bleu est &eacute;galement recommand&eacute; (p.&nbsp;354).&nbsp;<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9616428v/f894.item" target="_blank">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9616428v/f894.item</a>&nbsp;(consult&eacute; le 8 juillet 2021).</p> <p><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a>&nbsp;L&rsquo;ambre &eacute;tait r&eacute;put&eacute; avoir des vertus m&eacute;dicinales. Christine&nbsp;Flon, &laquo;&nbsp;AMBRE&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Encyclop&aelig;dia Universalis</em>&nbsp;[en ligne], URL&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.universalis-edu.com.janus.bis-sorbonne.fr/encyclopedie/ambre/" target="_blank">https://www.universalis.fr/encyclopedie/ambre/</a>&nbsp;(consult&eacute; le&nbsp;9 juillet 2021).</p> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a>&nbsp;Brouillon reproduit par &Eacute;ric Le Calvez,&nbsp;<em>Flaubert topographe. L&rsquo;&Eacute;ducation sentimentale. Essai de po&eacute;tique g&eacute;n&eacute;tique</em>, Amsterdam, Rodopi, 1997, p.&nbsp;199.</p> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a>&nbsp;<em>ES</em>, p.&nbsp;157.</p> <p><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a>&nbsp;<em>MS</em>, p.&nbsp;196.</p> <p><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;267.</p> <p><a href="#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a>&nbsp;Albert Thibaudet, &laquo; R&eacute;flexions sur le roman. &Agrave; propos d&rsquo;un livre r&eacute;cent de M.&nbsp;Paul Bourget &raquo; [1912], Albert Thibaudet,&nbsp;<em>R&eacute;flexions sur la litt&eacute;rature</em>, &eacute;dition &eacute;tablie et annot&eacute;e par Antoine Compagnon et Christophe Pradeau, Paris, Gallimard, &laquo; Quarto &raquo;, 2007, p. 121.</p> <h3>Autrice</h3> <p>Agr&eacute;g&eacute;e de lettres modernes,&nbsp;<strong>Eva Le Saux</strong>&nbsp;est doctorante contractuelle &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Sorbonne Nouvelle. Elle pr&eacute;pare une th&egrave;se sous la direction d&rsquo;&Eacute;l&eacute;onore Reverzy qui porte sur &laquo; Les figurants dans le roman fran&ccedil;ais du second XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle (Flaubert, Goncourt, Zola)&nbsp;&raquo;.</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>