<div class="entry-content"> <h3>Abstract</h3> <p>The expression &ldquo;long form&rdquo; seems to participate in a defense of journalistic practice marked by the centrality of the investigative process. The article examines how long formats are formalized in the press on the web, both in old and newer media, without a past with any other type of medium (press, radio or television).</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p class="meta-tags">online press, France, long formats</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Les longs formats dans la presse num&eacute;rique, ce n&rsquo;est pas qu&rsquo;une question de taille !</p> <p style="text-align: justify;">Dans les pratiques journalistiques et dans le quotidien des journalistes, la question de la taille de l&rsquo;article et de la mani&egrave;re dont le fruit du travail (reportage, enqu&ecirc;te, portrait, interview&hellip;) va &ecirc;tre rendu est cruciale pour envisager la relation au r&eacute;cepteur, et vient d&eacute;finir tr&egrave;s en amont de la production finale l&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale de tout m&eacute;dia. L&rsquo;histoire de la presse montre que cette question du format n&rsquo;est pas fixe. Elle est d&eacute;pendante de nombreux crit&egrave;res, aussi bien &eacute;conomiques, politiques ou encore sociologiques&nbsp;; elle est &eacute;galement soumise aux normes de m&eacute;tiers, port&eacute;es par des gestes professionnels entrant dans le processus d&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un format. Ces trente derni&egrave;res ann&eacute;es, la progressive int&eacute;gration d&rsquo;une production journalistique informatis&eacute;e n&rsquo;a pas chang&eacute; ces processus de mutations que l&rsquo;on peut qualifier de m&eacute;diamorphoses&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>, bien au contraire. Les possibilit&eacute;s cadrantes&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a> des outils et des logiciels, puis des plateformes num&eacute;riques mises &agrave; disposition des journalistes dans les r&eacute;dactions mais aussi dans leurs pratiques informelles quotidiennes am&egrave;nent depuis 2005 (et la mont&eacute;e en puissance des blogs) &agrave; une dichotomie croissante entre des formes br&egrave;ves et des formes longues, en r&eacute;gime m&eacute;diatique interm&eacute;dial&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>. Celles-ci se construisent et se formalisent en r&eacute;action &agrave; leurs effets et &agrave; leurs cons&eacute;quences suppos&eacute;s dans les lectures futures des utilisateurs.</p> <p style="text-align: justify;">Dans un premier temps de cet article, nous allons exposer les invariants s&eacute;miotiques de la forme br&egrave;ve et de la forme longue en contexte de r&eacute;gime journalistique num&eacute;rique, car il nous semble que dans la p&eacute;riode actuelle, le &laquo;&nbsp;long format&nbsp;&raquo; se construit <em>contre</em> les formes br&egrave;ves, dans les discours des acteurs de la presse (mais &eacute;galement dans les discours des acteurs du march&eacute; des formes audionum&eacute;riques, dites des &laquo;&nbsp;podcasts&nbsp;&raquo;) et dans leurs mises en forme finales. Dans un second temps, nous en explorerons des exemples significatifs pr&eacute;lev&eacute;s dans la presse num&eacute;rique actuelle, en regardant &agrave; la fois du c&ocirc;t&eacute; de la presse dite &laquo;&nbsp;institu&eacute;e&nbsp;&raquo; et de celui de la presse dite &laquo;&nbsp;libre&nbsp;&raquo;, ainsi que d&eacute;finie par le Fonds pour une Presse Libre (FPL)&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>. Cette seconde partie soulignera la pluralit&eacute; des productions r&eacute;unies sous le vocable de &laquo;&nbsp;long format&nbsp;&raquo;, &agrave; travers l&rsquo;exploration des sites ou projets de m&eacute;dias qui rel&egrave;vent de cette cat&eacute;gorie &agrave; vis&eacute;e d&rsquo;information g&eacute;n&eacute;rale et grand public.</p> <p style="text-align: justify;">Le travail pr&eacute;sent&eacute; ici rel&egrave;ve d&rsquo;une d&eacute;marche de s&eacute;miologie et vise &agrave; formaliser quelques grands principes d&rsquo;une s&eacute;mio-gen&egrave;se, comprise comme une gen&egrave;se des signes et des formes progressivement fix&eacute;s dans les pratiques &eacute;ditoriales des longs formats sur le web. Il nous semble que l&rsquo;expression doit absolument se comprendre comme d&eacute;signant une pluralit&eacute; de formes m&eacute;diatiques, non uniquement d&eacute;finies par une &eacute;chelle de longueur d&eacute;passant la notion d&rsquo;article court. Les longs formats pour la presse num&eacute;rique recouvrent une pluralit&eacute; de formats et de supports, tous caract&eacute;ris&eacute;s par une volont&eacute; d&rsquo;apporter des points de vue diff&eacute;rents sur l&rsquo;information d&rsquo;actualit&eacute;. Dans cet objectif, des pas de c&ocirc;t&eacute; th&eacute;matiques et formels sont marqu&eacute;s, qui empruntent &agrave; la fois au texte, &agrave; l&rsquo;image fixe et anim&eacute;e, au son et qui cr&eacute;ent des &laquo;&nbsp;ensembles&nbsp;&raquo; &agrave; consulter, pour ceux qui les mobilisent, comme des &oelig;uvres &agrave; part enti&egrave;re, presque d&eacute;tachables des m&eacute;dias qui les proposent. Faire un long format, quel qu&rsquo;il soit (longue enqu&ecirc;te, podcast, diaporama, &eacute;mission en direct sur un r&eacute;seau, etc&hellip;), c&rsquo;est pour le ou la journaliste qui s&rsquo;y emploie, retrouver un sentiment d&rsquo;autonomie et pouvoir prendre la main sur un chemin de fer ou un processus d&rsquo;&eacute;dition en collectif souvent v&eacute;cu comme une contrainte pesante.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_Les_longs_contre_les_courts_Pour_une_semio-genese_des_longs_formats_sur_le_web"><strong>1. Les longs contre les courts ? Pour une s&eacute;mio-gen&egrave;se des longs formats sur le web</strong></span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Depuis les ann&eacute;es 2005-2006 et le d&eacute;veloppement des r&eacute;seaux sociaux, la forme br&egrave;ve num&eacute;rique est pr&eacute;sente dans toute la presse, aussi bien classique qu&rsquo;&eacute;mergente sur l&rsquo;internet. Si elle existait d&eacute;j&agrave; par le pass&eacute; dans la presse imprim&eacute;e, sur un r&eacute;seau social la forme br&egrave;ve &nbsp;d&eacute;signe un format fixe, avec peu de caract&egrave;res textuels et quelques &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;accompagnements d&rsquo;images fixes ou anim&eacute;s qui vont venir l&rsquo;allonger en apparence. La forme br&egrave;ve num&eacute;rique d&eacute;signe donc un temps de consommation court et une spatialit&eacute; limit&eacute;e, ce qui am&egrave;ne &agrave; souligner qu&rsquo;en r&eacute;action, les formats longs vont souvent d&rsquo;abord jouer avec la &laquo;&nbsp;longueur&nbsp;&raquo; suppos&eacute;e d&rsquo;un article ou d&rsquo;un reportage pour s&rsquo;identifier comme tels. La spatialit&eacute; va &ecirc;tre alors aussi envisag&eacute;e comme un &eacute;l&eacute;ment essentiel &agrave; travailler et &agrave; valoriser dans le discours d&rsquo;escorte de l&rsquo;article qui sera con&ccedil;u. Le &laquo;&nbsp;long formisme&nbsp;&raquo; est une logique narrative de la presse num&eacute;rique pour d&eacute;fendre son territoire informationnel, en r&eacute;gime de concurrence effr&eacute;n&eacute;e des discours possibles et copr&eacute;sents dans l&rsquo;espace m&eacute;diatique num&eacute;rique. Les formats longs ont en commun de reposer sur un travail d&rsquo;enqu&ecirc;te souvent valoris&eacute; par ce genre&nbsp;; l&rsquo;enqu&ecirc;te est alors valoris&eacute;e &agrave; son tour par cette &eacute;nonciation recherch&eacute;e dans le format long. Paradoxe&nbsp;: la valorisation d&rsquo;une longue forme (expression traduite de l&rsquo;anglais <em>long form</em>) passe par les r&eacute;seaux sociaux et des formes plut&ocirc;t courtes comme un <em>post</em>, un <em>snap</em> ou une <em>story</em> issus des comptes personnels des journalistes, parfois doubl&eacute;s de plusieurs relances de confr&egrave;res ou d&rsquo;un tweet &eacute;manant du compte institutionnel du m&eacute;dia. Loin de s&rsquo;opposer uniquement dans la concurrence pour capter l&rsquo;attention des publics, les longues formes et les formes br&egrave;ves sont r&eacute;guli&egrave;rement associ&eacute;es, comme les deux faces d&rsquo;une m&ecirc;me volont&eacute; &eacute;ditoriale de distinction dans l&rsquo;oc&eacute;an des publications num&eacute;riques.</p> <p style="text-align: justify;">Les formes br&egrave;ves sont elles aussi tr&egrave;s &laquo;&nbsp;inventives&nbsp;&raquo; dans leurs aspects visuels et &eacute;nonciatifs. Ainsi, le tweet qui fait figure de proue de la forme br&egrave;ve contemporaine, comprend un nombre limit&eacute; de caract&egrave;res, mais rares sont les tweets qui ne sont pas assortis d&rsquo;un compl&eacute;ment, comme un lien hypertexte, une photographie, une vid&eacute;o, qui forment de nombreuses strates &laquo;&nbsp;rallongeant&nbsp;&raquo; l&rsquo;information br&egrave;ve initiale. Autant d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments soigneusement choisis pour constituer un petit composite pouvant faire l&rsquo;objet de commentaires et de reprises pour se glisser d&rsquo;une plateforme &agrave; une autre. Un tweet peut &ecirc;tre cit&eacute; dans TikTok, dont une boucle vid&eacute;o peut s&rsquo;incruster dans une &laquo;&nbsp;story&nbsp;&raquo; instagram, voire un &laquo;&nbsp;reel&nbsp;&raquo;, sorte de petit film vid&eacute;o instantan&eacute; sous forme de boucle it&eacute;rative et qui s&rsquo;&eacute;crit par strates successives de dessins, lettres, &eacute;motic&ocirc;nes, insertions de musique&hellip; Les petites formes de l&rsquo;internet connaissent en effet des destins circulants et d&egrave;s lors, les desseins de ceux qui les mobilisent sont &eacute;vidents&nbsp;: les petites informations contenues dans ces formats restreints en apparence ont pour destin&eacute;es principales d&rsquo;&ecirc;tre reprises et mises en circulation pour toucher ensuite le public le plus large possible, recollant ainsi &agrave; l&rsquo;un des crit&egrave;res de d&eacute;finition d&rsquo;un m&eacute;dia de masse, celui d&rsquo;une diffusion maximum. Les petites formes br&egrave;ves rel&egrave;vent d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;alogie particuli&egrave;re&nbsp;: il s&rsquo;agit pour ceux qui les con&ccedil;oivent de s&rsquo;assurer de leur impr&eacute;gnation et de leur pr&eacute;sence dans tous les interstices des plateformes et des autres m&eacute;dias, y compris les plus anciens, comme la t&eacute;l&eacute;vision lin&eacute;aire. Elles doivent &ecirc;tre alors comme &laquo;&nbsp;d&eacute;tachables&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&eacute;nonciation initiale de leur espace de conception pour pouvoir &ecirc;tre encha&icirc;n&eacute;es &agrave; d&rsquo;autres types d&rsquo;&eacute;nonciations. Au premier rang des &eacute;nonciations valoris&eacute;es figure par exemple le format vertical fixe venu de la captation vid&eacute;o par le t&eacute;l&eacute;phone portable, qui cr&eacute;e l&rsquo;effet, du c&ocirc;t&eacute; de la r&eacute;ception, d&rsquo;une grande proximit&eacute; avec l&rsquo;information port&eacute;e par la logique du flot et de la performance.</p> <p style="text-align: justify;">En effet, les formes br&egrave;ves appellent aussi, du c&ocirc;t&eacute; des r&eacute;cepteurs, &agrave; l&rsquo;action. Il faut proc&eacute;der &agrave; des petites strates d&rsquo;&eacute;criture et d&rsquo;inscription aux &eacute;crans avec elles, on imite des gestes qui sont propos&eacute;s&nbsp;: commenter, annoter, reprendre, ajouter un filtre, un son. Comme &eacute;voqu&eacute; plus haut, l&rsquo;&eacute;criture se joue par strates successives, la proposition initiale est minimale mais elle s&rsquo;enrichit dans son parcours par sauts successifs ou par boucles it&eacute;ratives. Pour certains &eacute;diteurs, qui se lancent dans la production de sites d&rsquo;information aux formats longs, cette logique particuli&egrave;re est v&eacute;cue comme une sorte de faille de la pratique journalistique. Ils la vivent comme celle de l&rsquo;histoire r&eacute;cente du r&eacute;tr&eacute;cissement de l&rsquo;information allant de pair avec une pratique d&rsquo;infantilisation des lectorats, ainsi que le d&eacute;crivait Sylvain Bourmeau, r&eacute;dacteur-en-chef du site d&rsquo;id&eacute;es AOC&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">D&eacute;sormais et depuis quelques ann&eacute;es, avec la mont&eacute;e en puissance de la vid&eacute;o capt&eacute;e &agrave; partir d&rsquo;un t&eacute;l&eacute;phone portable, il est devenu banal de croiser &agrave; la fois dans un flux sur un r&eacute;seau social num&eacute;rique et &agrave; la &laquo;&nbsp;t&eacute;l&eacute;vision&nbsp;&raquo;, des vid&eacute;os br&egrave;ves film&eacute;es &laquo;&nbsp;droites&nbsp;&raquo; ou d&eacute;bout (on dit &laquo;&nbsp;verticales&nbsp;&raquo;), dont les bordures sont rendues floues et dont le centre se concentre sur un &eacute;l&eacute;ment visuel. Cet &eacute;l&eacute;ment visuel central est le point de focalisation de la s&eacute;quence&nbsp;: il est souvent constitu&eacute; d&rsquo;un seul &eacute;l&eacute;ment, un visage, ou bien d&rsquo;une sc&egrave;ne unique, fixe.</p> <p style="text-align: justify;">Ces vid&eacute;os pr&eacute;sentent un double int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;analyse s&eacute;miologique et la s&eacute;miog&eacute;n&egrave;se des formes longues. Tout d&rsquo;abord, elles interrogent la question de la circulation des formats et de l&rsquo;appropriation d&rsquo;un type de production culturelle d&rsquo;un support m&eacute;diatique &agrave; un autre. Cette pr&eacute;paration &agrave; la circulation des formes par entrem&ecirc;lements successifs n&rsquo;est toutefois pas &agrave; confondre avec la notion de &laquo;&nbsp;m&eacute;dia interm&eacute;dial&nbsp;&raquo;&nbsp;: le m&eacute;dia interm&eacute;dial emprunte des formes anciennes &agrave; des m&eacute;dias install&eacute;s et les r&eacute;interpr&egrave;te. Les formes br&egrave;ves circulantes pr&eacute;sentent des caract&eacute;ristiques qui permettent une insertion dans diff&eacute;rents supports et plateformes, elles contiennent en elles les signes pr&eacute;curseurs des gestes du remprunter (le verbe d&eacute;signe des gestes qui reprennent des styles ou des &eacute;crits en les d&eacute;pla&ccedil;ant un peu dans la formalisation &agrave; l&rsquo;&eacute;cran). Ensuite, elles mettent en lumi&egrave;re les enjeux &eacute;mergents d&rsquo;une culture visuelle en constante transformation et m&eacute;diamorphoses &ndash; terme qui, nous l&rsquo;avons d&eacute;j&agrave; vu, d&eacute;signe une transformation des formes accept&eacute;es du m&eacute;diatique et du communicationnel, d&rsquo;un support &agrave; un autre. Si l&rsquo;on prend le premier niveau de l&rsquo;enjeu s&eacute;miologique, il faut consid&eacute;rer que l&rsquo;histoire des formats audiovisuels est encore assez courte et d&eacute;pend de plusieurs &eacute;l&eacute;ments que sont les outils pour filmer, les types d&rsquo;&eacute;critures du montage et des objectifs de circulation des contenus film&eacute;s. Dans le cadre d&rsquo;une histoire encore r&eacute;cente du passage de l&rsquo;information audiovisuelle de la t&eacute;l&eacute;vision aux espaces des r&eacute;seaux sociaux, le fait marquant le plus essentiel est celui du &laquo;&nbsp;redressement&nbsp;&raquo; du format de filmage de l&rsquo;horizontal au vertical.</p> <p style="text-align: justify;">Ce passage est li&eacute; au type d&rsquo;outil mobilis&eacute;, en l&rsquo;occurrence le t&eacute;l&eacute;phone portable dont l&rsquo;objectif assigne un geste particulier d&rsquo;usage, celui de filmer dans un rectangle tenu droit et &agrave; port&eacute;e de bras (sauf si bien s&ucirc;r les usagers mobilisent des accessoires comme un pied ou encore une perche pour &eacute;carter ou stabiliser le t&eacute;l&eacute;phone dont la cam&eacute;ra et l&rsquo;angle restent peu r&eacute;glables). Dans ces conditions, les choix de sujets sont rapidement limit&eacute;s&nbsp;: pas de panorama possible, pas de grand angle non plus. Les conditions mat&eacute;rielles agissent comme un &eacute;tai invisible poussant &agrave; se concentrer sur un sujet fixe et &agrave; &eacute;carter ce qui, &agrave; la marge ou autour du sujet viendrait complexifier ensuite soit le montage, soit l&rsquo;accompagnement indispensable &agrave; la circulation d&rsquo;une image vid&eacute;o sur un r&eacute;seau social num&eacute;rique&nbsp;: le texte &eacute;crit venant &laquo;&nbsp;doubler&nbsp;&raquo; les sons entendus dans l&rsquo;image, puisque ensuite, l&rsquo;usager ne sera pas toujours dans des conditions de r&eacute;ception lui permettant de pouvoir &eacute;couter directement les &eacute;l&eacute;ments sonores. Cette formalisation particuli&egrave;re (un sujet unique, film&eacute; verticalement) s&rsquo;accompagne d&egrave;s lors d&rsquo;un &laquo;&nbsp;floutage&nbsp;&raquo; des marges qui concentre le regard sur le sujet, dans le cadre pr&eacute;cis d&rsquo;une forme courte.</p> <p style="text-align: justify;">Cette pratique du floutage s&rsquo;op&egrave;re selon deux registres principaux&nbsp;: soit l&rsquo;on discerne vaguement de chaque c&ocirc;t&eacute; du sujet comme des reprises de celui-ci, soit l&rsquo;on per&ccedil;oit une sorte de gommage des asp&eacute;rit&eacute;s visuelles du contexte d&rsquo;insertion du sujet principal. Ce flou des marges est d&eacute;sormais tol&eacute;r&eacute; et op&egrave;re m&ecirc;me &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;un signifiant qui peut r&eacute;appara&icirc;tre dans le contexte de la t&eacute;l&eacute;vision traditionnelle. Dans ce contexte, et au sein par exemple d&rsquo;un journal d&rsquo;actualit&eacute;s, une telle vid&eacute;o flout&eacute;e aux marges pourra sursignifier l&rsquo;origine, la source &laquo;&nbsp;authentique&nbsp;&raquo; d&rsquo;un t&eacute;moin ayant capt&eacute; la s&eacute;quence de mani&egrave;re directe, sans montage. L&rsquo;&eacute;v&eacute;nement ou le th&egrave;me trait&eacute;s gagnent alors en force visuelle, pour le traitement de l&rsquo;actualit&eacute;, puisque ils s&rsquo;appuient sur une instance &laquo;&nbsp;t&eacute;moin&nbsp;&raquo;. Ce t&eacute;moin peut &ecirc;tre un acteur social pr&eacute;sent au moment du d&eacute;roulement de l&rsquo;action et ayant eu suffisamment confiance en un m&eacute;dia pour lui d&eacute;l&eacute;guer le soin de la diffusion, ou un m&eacute;dia ayant suffisamment accompli son travail de v&eacute;rification pour s&rsquo;autoriser la diffusion d&rsquo;une image un peu &laquo;&nbsp;imparfaite&nbsp;&raquo;. Ceci est surprenant puisqu&rsquo;en principe, en t&eacute;l&eacute;vision, c&rsquo;est la qualit&eacute; de l&rsquo;image audiovisuelle qui marque la dimension professionnelle de la production. De telles images sous forme de courtes vid&eacute;os circulent d&eacute;sormais &agrave; la fois dans des espaces m&eacute;diatiques institutionnalis&eacute;s et historiques et dans les dispositifs socio-num&eacute;riques, avec une capacit&eacute; &agrave; traverser les espaces, sans modification forte des s&eacute;quences. Ces vid&eacute;os br&egrave;ves servent aussi souvent d&rsquo;amorces &agrave; des enqu&ecirc;tes au plus long cours, devenant d&egrave;s lors des documents sources authentiques.</p> <p style="text-align: justify;">Cette travers&eacute;e des m&eacute;dias par un type de format et d&rsquo;un espace d&rsquo;&eacute;nonciation &agrave; un autre est symptomatique des processus dits de m&eacute;diamorphoses, marqu&eacute;s cette derni&egrave;re d&eacute;cennie (2010-2020) par la forte prolif&eacute;ration d&rsquo;une culture visuelle de la s&eacute;quence &laquo; vid&eacute;o&nbsp;&raquo; portant en elle une nouvelle grammaire et rh&eacute;torique des images film&eacute;es. Le montage y est notamment moins pr&eacute;sent, les s&eacute;quences sont notablement centr&eacute;es autour d&rsquo;une sc&egrave;ne unique, d&rsquo;un &laquo; morceau &raquo; focalisant l&rsquo;attention, comme dans un tunnel de sens, dans lequel s&rsquo;embrayent des interpr&eacute;tations possibles limit&eacute;es. Cette logique de l&rsquo;&eacute;pure filmique va de pair avec une seconde logique : l&rsquo;image devient ins&eacute;parable d&rsquo;un texte qui incorpore en surlignage des paroles prononc&eacute;es par le ou les sujets principaux de la vid&eacute;o. Les formats sont courts et denses et visent &agrave; concentrer l&rsquo;attention volatile de r&eacute;cepteurs aptes &agrave; rapidement &laquo; glisser &raquo; d&rsquo;une s&eacute;quence &agrave; l&rsquo;autre.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_Une_pluralite_de_longsformats_autant_de_Gulliver_de_linformation_luttant_contre_les_Lilliputiens_des_reseaux_sociaux"><strong>2. Une pluralit&eacute; de longs&nbsp;&nbsp;formats : autant de &laquo;&nbsp;Gulliver &raquo; de l&rsquo;information luttant contre les Lilliputiens des r&eacute;seaux sociaux</strong></span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Cette focalisation s&eacute;miotique rejetant des images trop riches et projetant un flou substantiel aux entours des cadres verticaux institue d&egrave;s lors de nouvelles logiques au sein d&rsquo;une culture visuelle globale et partag&eacute;e &agrave; la fois par des r&eacute;cepteurs consommateurs d&rsquo;embo&icirc;tement s&eacute;miotiques complexes et des producteurs de contenus d&eacute;sireux de les capter. Les formats longs tentent alors de se distinguer de ces logiques en r&eacute;introduisant dans leurs &eacute;nonciations des formalisations vari&eacute;es et davantage spatialis&eacute;es, ins&eacute;rant davantage de contexte. Une enqu&ecirc;te va susciter de longues descentes d&rsquo;&eacute;cran par le geste du &laquo;&nbsp;scroll&nbsp;&raquo; qui est s&eacute;miotis&eacute; d&egrave;s l&rsquo;introduction d&rsquo;un texte &ndash; indiquant toujours l&rsquo;id&eacute;e du &laquo;&nbsp;long&nbsp;&raquo; et de l&rsquo;approfondissement.</p> <p style="text-align: justify;">D&egrave;s lors, et en opposition, la s&eacute;miog&eacute;n&egrave;se des formats longs est celle d&rsquo;un contre-balancement de toutes les caract&eacute;ristiques qui viennent d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;voqu&eacute;es dans les paragraphes pr&eacute;c&eacute;dents. Les longs jouent contre les courts et les Gulliver du sens que sont les formats longs luttent contre les Lilliputiens mais en comptant sur eux pour se faire conna&icirc;tre, puisque les formes br&egrave;ves pullulent &agrave; la surface des plateformes dominantes des GAFAM, ainsi que le soulignent les analystes des m&eacute;dias comme le chercheur en sciences de l&rsquo;information et de la communication Nikos Smyrna&iuml;os&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a> et l&rsquo;&eacute;conomiste Julia Cag&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a> dans leurs travaux portant sur ces dimensions &eacute;conomiques des strat&eacute;gies des acteurs du num&eacute;rique. Pour lutter, de mani&egrave;re concomitante, avec et contre ces logiques du fragment, les &eacute;diteurs vont donc autoriser les journalistes &agrave; ouvrir davantage leurs possibilit&eacute;s d&rsquo;&eacute;criture et de production num&eacute;rique, selon une double logique de diff&eacute;renciation th&eacute;matique et visuelle.</p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&eacute;ditorialisation d&rsquo;une forme longue est un travail de valorisation par l&rsquo;image, le texte, le d&eacute;veloppement informatique, qui vont animer le contenu journalistique d&rsquo;une s&eacute;mio-plastique dynamique et diff&eacute;renciatrice. Par exemple, dans le cas du journal <em>Le Monde</em>, les formats longs ne semblent pas faire l&rsquo;objet d&rsquo;une politique &eacute;ditoriale planifi&eacute;e, mais ils d&eacute;pendent des opportunit&eacute;s offertes aux journalistes qui sont en l&rsquo;occurrence force de proposition, en fonction de leurs go&ucirc;ts et pr&eacute;dilection pour certains sujets. Les journalistes ont d&egrave;s lors la possibilit&eacute; de se saisir de contenus (photos, donn&eacute;es, tweets, entretiens, enqu&ecirc;tes) servant de mati&egrave;res premi&egrave;res recompos&eacute;es avec l&rsquo;aide de services appel&eacute;s &agrave; la rescousse, comme par exemple le service photo, le service iconographie.</p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;on pourrait qualifier cette pratique de &laquo;&nbsp;d&eacute;brouille&nbsp;&raquo; au sein d&rsquo;un collectif &eacute;largi, celui d&rsquo;une r&eacute;daction et d&rsquo;un groupe de m&eacute;dias, mais elle semble tout &agrave; fait pertinente puisque appr&eacute;ci&eacute;e des journalistes alors de nouveau en position de faire des propositions, en dehors des logiques consistant &agrave; nourrir r&eacute;guli&egrave;rement le CMS (Sirius) pour alimenter constamment le site et les applications du titre principal. Et cette logique cr&eacute;ative, plus autonome, vaut aussi pour des formats non uniquement textuels, mais d&eacute;sormais sonores avec notamment l&rsquo;attrait pour la forme dite du podcast, dont le nom est &eacute;vocateur de la longueur remise au go&ucirc;t du jour&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;heure du Monde&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">Dans le cas des formats textuels, les praticiens du genre soulignent que leur &eacute;criture est une question d&rsquo;opportunit&eacute;, n&eacute;e de la &nbsp;rencontres sollicit&eacute;es entre un journaliste qui &agrave; un moment donn&eacute;, dans son quotidien, a une production originale (des photographies int&eacute;ressantes, un th&egrave;me non trait&eacute; dans l&rsquo;actualit&eacute; avec un angle &agrave; pousser et non couvert par le journal imprim&eacute; et dont l&rsquo;actualit&eacute; se prolonge) et une ouverture &eacute;ditoriale sur le site qui n&rsquo;a pas de limites en termes de volume. Les longs formats du <em>Monde</em> ne sont pas totalement d&eacute;tach&eacute;s d&rsquo;une actualit&eacute; plut&ocirc;t chaude et vont souvent valoriser des &eacute;l&eacute;ments r&eacute;colt&eacute;s pendant un reportage, qui n&rsquo;ont pas trouv&eacute; une valorisation imm&eacute;diate suffisante pour le m&eacute;dia. Parmi les exemples donn&eacute;s par plusieurs journalistes de ce titre (rencontr&eacute;s lors de s&eacute;quences d&rsquo;observation au sein du service web au cours de l&rsquo;ann&eacute;e 2019), sont &eacute;voqu&eacute;s la couverture des manifestations ou des affaires insolites et intrigantes dont les r&eacute;dactions en chef de la partie imprim&eacute;e n&rsquo;auraient pas couvert la th&eacute;matique&nbsp;; est aussi &eacute;voqu&eacute;e une enqu&ecirc;te sur quatre ans de productions de tweets par D. Trump r&eacute;sum&eacute; en un seul qui a &eacute;t&eacute; pens&eacute; apr&egrave;s discussion avec la r&eacute;daction en chef du site web. Si la d&eacute;cision est parfois &laquo;&nbsp;planifi&eacute;e&nbsp;&raquo; pour que le long format colle &agrave; l&rsquo;actualit&eacute; trait&eacute;e par le journal, il arrive souvent que la longue forme soit aussi le fruit de la rencontre entre un hasard et un regard journalistique particulier et d&eacute;cal&eacute;, amenant &agrave; diversifier les sujets trait&eacute;s par le m&eacute;dia, selon une approche plus ouverte et ludique du m&eacute;tier d&rsquo;informer. Ainsi, un long format insolite traitant d&rsquo;un chat g&eacute;ant corse et trait&eacute; par l&rsquo;un des journalistes rencontr&eacute;s pendant les s&eacute;quences d&rsquo;observation (le chat g&eacute;ant est aussi appel&eacute; le chat-renard, animal longtemps mythique devenue r&eacute;alit&eacute;) a &eacute;t&eacute; initi&eacute; &agrave; partir d&rsquo;une d&eacute;p&ecirc;che AFP&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est le grand &eacute;cart pour produire le format long, il faut voir aussi si tu trouves au sein des &eacute;quipes une iconographe qui a envie de jouer, et au <em>Monde</em>, pour les formats longs et la valorisation &eacute;ditoriale sp&eacute;cifique, c&rsquo;est le service Pixels qui le fait, parce qu&rsquo;on peut y trouver un d&eacute;veloppeur et un graphiste qui adorent faire cela, aussi un codeur&nbsp;&raquo;. Les journalistes sont ainsi amen&eacute;s &agrave; se cr&eacute;er de nouvelles relations en dehors de leur rubrique ou service, de mani&egrave;re libre et autonome. Les longs formats sont donc &eacute;galement le fait d&rsquo;une plasticit&eacute; organisationnelle recherch&eacute;e par certains acteurs de la cha&icirc;ne de production &eacute;ditoriale, lorsqu&rsquo;ils ont envie d&rsquo;approfondir davantage un sujet, &agrave; partir d&rsquo;un article, avec la possibilit&eacute; donn&eacute;e par les gabarits du CMS maison, Sirius, de le d&eacute;ployer en long format. L&rsquo;interface propose en effet deux types de format&nbsp;: le standard et le &laquo;&nbsp;large&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">Il ne faut pas oublier que toute la production num&eacute;rique du site web du <em>Monde</em> est classifi&eacute;e et organis&eacute;e par les cadres pos&eacute;s par le dispositif (Sirius) partag&eacute; entre toutes les &eacute;quipes. La nature &eacute;ditoriale des &eacute;critures num&eacute;riques des journalistes est pr&eacute;vue en aval de toutes les situations possibles. Les longs formats entrent ainsi, dans cette vaste organisation de classification des genres pr&eacute;vus, dans la cat&eacute;gorie intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;R&eacute;cit&nbsp;&raquo;, &eacute;tiquette renvoyant effectivement &agrave; une plus grande narrativit&eacute; et subjectivit&eacute; th&eacute;matique et r&eacute;dactionnelle. Mais les cat&eacute;gories retenues pour les longs formats sont ouvertes, et ces derniers peuvent aussi &ecirc;tre associ&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;tiquette de nature &eacute;ditoriale &laquo;&nbsp;D&eacute;cryptages&nbsp;&raquo;. Pourtant, ce &laquo;&nbsp;r&eacute;cit&nbsp;&raquo;, dans le cas du chat-renard corse reste tout de m&ecirc;me brid&eacute; &agrave; une &eacute;chelle de 5500 signes, barre &laquo;&nbsp;haute&nbsp;&raquo; de cette cat&eacute;gorie pour ce CMS et ce titre de presse dont d&eacute;sormais les chiffres d&rsquo;audience num&eacute;rique sont en croissance constante depuis plusieurs ann&eacute;es. Si la barre indiqu&eacute;e de 5500 signes est d&eacute;pass&eacute;e, le chiffre effectif du &laquo;&nbsp;r&eacute;cit&nbsp;&raquo; &eacute;crit s&rsquo;affiche en rouge &eacute;carlate, rappelant le journaliste &agrave; la raison quant &agrave; un format long pas aussi libre que cela, puisque brid&eacute;. Au total, et pour en revenir &agrave; notre s&eacute;miog&eacute;n&egrave;se du format long, la cr&eacute;ativit&eacute; port&eacute;e dans les discours d&rsquo;escorte par les acteurs des m&eacute;dias est ainsi &agrave; relativiser puisqu&rsquo;elle est &eacute;galement contrainte par le &laquo;&nbsp;pr&ecirc;t-&agrave;-cr&eacute;er&nbsp;&raquo; impos&eacute; par l&rsquo;outil de production &eacute;ditorial central. Celui-ci agit toujours en tant que seul &laquo;&nbsp;auteur&nbsp;&raquo; en majest&eacute;. La cr&eacute;ativit&eacute; &eacute;ditoriale se noue, comme dans le cas des formes br&egrave;ves, autour des strates visuelles, scripturales port&eacute;s par des acteurs qui s&rsquo;associent aux journalistes pour enrober le r&eacute;cit central &eacute;crit.</p> <p style="text-align: justify;">Dans le cas des formes br&egrave;ves venues des r&eacute;seaux sociaux, cette cr&eacute;ativit&eacute; &eacute;nonciative est souvent &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur de l&rsquo;entit&eacute; m&eacute;diatique, ce qui constitue un &eacute;l&eacute;ment fort de diff&eacute;renciation du c&ocirc;t&eacute; des formes longues. Celles-ci sont le produit des seules forces vives du m&eacute;dia qui a alors tout int&eacute;r&ecirc;t &agrave; recruter tous les types de m&eacute;tiers aux fronti&egrave;res des pratiques journalistiques. Vid&eacute;astes, podcasteurs, snapchateurs, <em>etc</em> sont en effet d&eacute;sormais les &eacute;diteurs-scripteurs des formes diff&eacute;renci&eacute;es d&rsquo;&eacute;nonciation longue de la presse en ligne. Les projets de m&eacute;dias ind&eacute;pendants de grands groupes montrent &eacute;galement une situation vari&eacute;e des formes longues : textes, sons, images sont dans tous les cas largement m&eacute;tiss&eacute;s pour cr&eacute;er des ensembles dans lesquels les sens de l&rsquo;information sont le fruit d&rsquo;un rapport rendu ins&eacute;cable entre les &eacute;l&eacute;ments retenus pour constituer ces ensembles. Il s&rsquo;agit en effet de retenir par tous les moyens et formats possibles les internautes sur un m&ecirc;me et unique site.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="3_Et_les_medias_emergents_ceux_qui_nont_pas_de_passe_sur_un_autre_support_champions_des_longs_formats"><strong>3. Et les m&eacute;dias &laquo; &eacute;mergents &raquo; (ceux qui n&rsquo;ont pas de pass&eacute; sur un autre support), champions des longs formats ?</strong></span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Le texte du m&eacute;dia est donc plus que jamais r&eacute;gi par un syst&egrave;me s&eacute;mantique pluricode. En effet, les longs formats ne sont pas uniquement constitu&eacute;s par l&rsquo;&eacute;criture du texte seul, qui joue d&eacute;sormais le seul r&ocirc;le de liant, une forme de commodit&eacute; minimale pour agglom&eacute;rer des strates complexes d&rsquo;&eacute;criture, de &laquo;&nbsp;montage&nbsp;&raquo; au sens cin&eacute;matographique du terme. Dans ce cadre, le long format n&rsquo;est pas qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;long article&nbsp;&raquo;, il est aussi &eacute;labor&eacute; comme une d&eacute;marche journalistique particuli&egrave;re, s&rsquo;appuyant sur une logique d&rsquo;enqu&ecirc;te plus pouss&eacute;e que dans l&rsquo;article ou la forme br&egrave;ve ordinaire. Les longs formats sont donc r&eacute;unis par l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une auctorialit&eacute; marqu&eacute;e et que les journalistes appr&eacute;cient puisqu&rsquo;ils leur permettent d&rsquo;y imprimer une certaine dose de subjectivit&eacute; dans un travail souvent marqu&eacute; par la routine, la r&eacute;p&eacute;tition et la pression du temps, surtout lorsque l&rsquo;activit&eacute; principale consiste &agrave; nourrir le site web d&rsquo;un m&eacute;dia &laquo;&nbsp;ancien&nbsp;&raquo; souvent pr&eacute;dominant dans le choix des sujets propos&eacute;s en Une.</p> <p style="text-align: justify;">Cette pluralit&eacute; des formes longues pour un m&eacute;dia &laquo;&nbsp;ancien&nbsp;&raquo; et install&eacute; depuis presque plus de 20 ans sur l&rsquo;internet est-elle aussi pr&eacute;sente dans la cat&eacute;gorie des m&eacute;dias plus r&eacute;cents (ann&eacute;es 2010 &agrave; 2020) et sans lien avec un grand groupe historique fran&ccedil;ais&nbsp;? Une mani&egrave;re d&rsquo;observer cette pluralit&eacute; des formes longues consiste &agrave; se tourner vers un second corpus, cette fois-ci &eacute;tabli non pas uniquement &agrave; partir d&rsquo;un cas unique servant de terrain d&rsquo;observation, mais &agrave; partir de s&eacute;ries de propositions &eacute;ditoriales, r&eacute;unies dans le cadre d&rsquo;une action de soutien financier au d&eacute;veloppement de projets d&rsquo;information journalistique, men&eacute;e par le Fonds Pour une presse Libre. Ce dernier, depuis trois ann&eacute;es, lance des appels &agrave; soumission de candidatures pour obtenir des aides financi&egrave;res aux d&eacute;veloppements &eacute;ditoriaux pour des projets de journalisme d&rsquo;information d&rsquo;actualit&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;">Les sites qui rel&egrave;vent d&rsquo;une certaine cat&eacute;gorie, dite de la CPPAP (Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse) peuvent s&rsquo;y pr&eacute;senter. En nous appuyant sur notre posture d&rsquo;experte invit&eacute;e &agrave; &eacute;valuer les propositions, nous op&eacute;rons une observation sur un corpus de 36 projets sur deux ann&eacute;es afin d&rsquo;y observer si la notion de &laquo;&nbsp;long format&nbsp;&raquo; y est interpr&eacute;t&eacute;e en des formes journalistiques existantes, et comment elle l&rsquo;est. Afin de respecter la confidentialit&eacute; des &eacute;changes autour des dossiers re&ccedil;us dans le processus d&rsquo;expertise du FPL, nous n&rsquo;allons pas ici analyser les sites ou projets en eux-m&ecirc;mes, ni les nommer. Nous restreignons notre analyse s&eacute;miologique &agrave; la forme long format lorsqu&rsquo;elle est abord&eacute;e par un m&eacute;dia candidat, en essayant d&rsquo;en souligner les termes ou visuels pour la d&eacute;finir et ensuite distinguer d&rsquo;&eacute;ventuels types ou cat&eacute;gories.</p> <p style="text-align: justify;">La premi&egrave;re analyse du corpus permet d&rsquo;embl&eacute;e de constater que l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;long format&nbsp;&raquo; n&rsquo;est que rarement pr&eacute;sente, directement en tant que vocable mobilis&eacute; par les cr&eacute;ateurs des m&eacute;dias ind&eacute;pendants sur la p&eacute;riode 2019-2021 (moins de cinq occurrences de l&rsquo;expression sur deux s&eacute;quences de dossiers). Pourtant, des expressions comme &laquo;&nbsp;articles de fond&nbsp;&raquo;, une &laquo;&nbsp;volont&eacute; de creuser des enqu&ecirc;tes approfondies&nbsp;&raquo; sont tr&egrave;s souvent &eacute;voqu&eacute;es dans les projets, pour d&eacute;fendre les dossiers et leurs qualit&eacute;s d&rsquo;innovation. Tous ces &eacute;l&eacute;ments indiquent une recherche de &laquo;&nbsp;longueur&nbsp;&raquo; de temps et d&rsquo;espace &agrave; l&rsquo;&eacute;cran pour ces projets &eacute;ditoriaux reconnus comme inscrits sur ses registres par la commission paritaire des publications et agences de presse (en qualit&eacute; de service de presse en ligne reconnu en application de l&rsquo;article 1<sup>er</sup> de la loi n&deg;86-897 du 1<sup>er</sup> ao&ucirc;t 1986 portant r&eacute;forme du r&eacute;gime juridique de la presse).</p> <p style="text-align: justify;">Le terme &laquo;&nbsp;podcast&nbsp;&raquo; appara&icirc;t en revanche plus souvent, comme si la forme audiovisuelle l&rsquo;emportait sur la p&eacute;riode la plus r&eacute;cente dans l&rsquo;histoire du d&eacute;veloppement de ces m&eacute;dias nouveaux et contemporains d&rsquo;une consommation mobile et par fragments (m&ecirc;me longs) d&rsquo;informations. Le texte dense et &agrave; faire d&eacute;filer tout au long des &eacute;crans n&rsquo;est plus n&eacute;cessairement revendiqu&eacute; comme &laquo;&nbsp;motif&nbsp;&raquo; d&rsquo;innovation &eacute;ditoriale m&eacute;ritant un soutien. Comme outil de valorisation journalistique, le long format semble s&rsquo;&eacute;clipser au profit de formes &eacute;crites plus relationnelles telles que la lettre d&rsquo;information, pourtant &agrave; consid&eacute;rer en tant que forme longue, mais b&acirc;tie&hellip; sur des &eacute;l&eacute;ments fragment&eacute;s d&rsquo;informations pour toujours satisfaire les usagers. Cr&eacute;er un m&eacute;dia, c&rsquo;est comme par le pass&eacute;, s&rsquo;assurer de la diversit&eacute; externe de son m&eacute;dia, (celle-ci consistant par exemple &agrave; d&eacute;velopper un site, avec des rubriques, nombreuses, une application jointe et des produits num&eacute;riques d&eacute;riv&eacute;s). Mais c&rsquo;est aussi garantir la diversit&eacute; de contenus internes (traiter des sujets sous diff&eacute;rentes formes, avec une volont&eacute; de montrer la fabrique de l&rsquo;information journalistique). Ces formats semblent d&egrave;s lors plus au go&ucirc;t des ann&eacute;es 2020 et 2021 que le &laquo;&nbsp;long&nbsp;&raquo; simple, comme le webdocumentaire ou le <em>long form</em> d&eacute;filant inlassablement sur les &eacute;crans, entrecoup&eacute; par des images chapitrant ce long d&eacute;filage de textes perclus de liens.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="Conclusion_une_expression_longs_formats_pour_une_diversite_de_situations_et_de_productions_editoriales">Conclusion : une expression &laquo; longs formats &raquo; pour une diversit&eacute; de situations et de productions &eacute;ditoriales ?</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">En quelques 25 ann&eacute;es d&rsquo;existence des r&eacute;dactions web des m&eacute;dias institu&eacute;s, la palette des formats mobilis&eacute;s ne s&rsquo;est pas totalement lib&eacute;r&eacute;e des contraintes de taille des &laquo;&nbsp;&eacute;l&eacute;ments&nbsp;&raquo; donn&eacute;s &agrave; &ecirc;tre consult&eacute;s. La notion de format demeure essentielle, y compris pour des formes dites longues restant tout de m&ecirc;me soumises &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la fois &laquo;&nbsp;productibles&nbsp;&raquo; sans de trop grands co&ucirc;ts suppl&eacute;mentaires, et &laquo;&nbsp;consommables&nbsp;&raquo; par des audiences dont les pratiques de consultation sont devenues composites et marqu&eacute;es par le sceau de l&rsquo;infid&eacute;lit&eacute;. Ces longs formats doivent de plus s&rsquo;adapter &agrave; des outils de consultation dont les &eacute;crans sont de taille modeste, puisque les t&eacute;l&eacute;phones portables et leurs applications ont largement supplant&eacute; la lecture sur les tablettes pourtant porteuses de l&rsquo;espoir d&rsquo;une lecture num&eacute;rique confortable. Ce constat d&rsquo;un paradoxe entre la mobilisation discursive autour du long format comme d&eacute;fense d&rsquo;un journalisme de qualit&eacute; et la pr&eacute;sence effective de longues formes dans les m&eacute;dias classiques comme dans les m&eacute;dias plus r&eacute;cents (sans pass&eacute; dans d&rsquo;autres supports) est donc un des apports de cette recherche&nbsp;: les Gulliver-longs formats sont sans doute des faire-valoir de la d&eacute;fense d&rsquo;une pratique professionnelle, entour&eacute;s des Lilliputiens-formes br&egrave;ves dominantes et omnipr&eacute;sentes dans l&rsquo;ensemble du syst&egrave;me m&eacute;diatique.</p> <p style="text-align: justify;">De fait, les consommations d&rsquo;enqu&ecirc;tes longues sont rares en ligne et le temps de consultation est souvent aussi indiqu&eacute; par une horloge ou un temps mentionn&eacute; en t&ecirc;te d&rsquo;article. Le &laquo;&nbsp;vrai&nbsp;&raquo; long format qui reste alors aux journalistes en recherche d&rsquo;une libert&eacute; d&rsquo;&eacute;criture est &agrave; rechercher du c&ocirc;t&eacute; du livre, voire de l&rsquo;album en bande-dessin&eacute;e. Ce format est &eacute;galement encourag&eacute; puisqu&rsquo;il est d&eacute;sormais vu comme la prolongation id&eacute;ale du contrat de lecture ou d&rsquo;audience initial d&rsquo;un journal, celui d&rsquo;une relation unique et nourrie avec un journaliste &eacute;crivant le r&eacute;cit d&rsquo;une enqu&ecirc;te men&eacute;e avec passion et acharnement. Au-del&agrave; donc de la question de la forme, cette passion de l&rsquo;enqu&ecirc;te, dans le cas des formes longues pr&eacute;sentes sur les sites internet de la presse num&eacute;rique, ne se retrouve que dans les discours les accompagnant. Elle se retrouve aussi dans des formes s&rsquo;inspirant de la s&eacute;rialit&eacute; t&eacute;l&eacute;visuelle dont les m&eacute;dias traditionnels se sont finalement assez peu saisis. Seuls les m&eacute;dias ind&eacute;pendants, plus ouverts &agrave; la cr&eacute;ation &eacute;ditoriale mais s&rsquo;adressant &agrave; des publics de fid&egrave;les ou d&rsquo;abonn&eacute;s, pr&ecirc;ts &agrave; porter la main &agrave; leur porte-monnaie pour soutenir un journalisme d&rsquo;investigation et de terrain (et donc plus cher &agrave; produire et &agrave; soutenir), ont largement choisi de s&rsquo;ouvrir &agrave; ces d&eacute;clinaisons du long format, devenant lui-m&ecirc;me &agrave; nouveau fractionnable, comme &agrave; ses d&eacute;buts dans la presse moderne, sous la forme des feuilletons.</p> <h3 style="text-align: justify;"><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> La notion de m&eacute;diamorphose d&eacute;signe tous les processus de transformations des m&eacute;dias &agrave; la fois dans leurs formes, leurs circulations et effets de significations dans la communication et l&rsquo;information. Le mot est employ&eacute; dans les Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication de mani&egrave;re courante. Le terme a non seulement servi de titre &agrave; une revue de recherche, <em>M&eacute;diamorphoses</em>, &eacute;dit&eacute;e par l&rsquo;INA mais il a aussi &eacute;t&eacute; repris pour un s&eacute;minaire de recherche cr&eacute;&eacute; en 2020 au sein du Gripic, laboratoire de recherche du CELSA, par Pauline Escande-Gauqui&eacute; et que nous contribuons &eacute;galement &agrave; animer. Le s&eacute;minaire reprend le nom initial de la revue scientifique pour en prolonger les th&eacute;matiques &agrave; l&rsquo;aune de nouvelles pratiques num&eacute;riques, autour de la sant&eacute;, la culture, la musique, les ateliers d&rsquo;&eacute;crivains et d&rsquo;&eacute;criture notamment.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> On a pu d&eacute;montrer que les outils sous-jacents aux sites internet et aux formes pr&eacute;par&eacute;es pour des usages de diffusion journalistique sur l&rsquo;internet engendrent des effets de formalisation forte et standardis&eacute;e&nbsp;; le terme &laquo;&nbsp;architexte&nbsp;&raquo; d&eacute;signe cette cat&eacute;gorie large de logiciels, plateformes et applications qui encadrent avec une forme-empreinte toute production culturelle num&eacute;rique.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Voir sur ce th&egrave;me le double num&eacute;ro 208-209 de la revue <em>Communication et langages</em>, dont le dossier s&rsquo;intitule &laquo;&nbsp;&Eacute;tudes interm&eacute;diales. &Agrave; la rencontre de l&rsquo;&eacute;cole de Montr&eacute;al&nbsp;&raquo;, juin-septembre 2021.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Le fonds pour une presse libre a pour vocation de soutenir le d&eacute;veloppement de m&eacute;dias nouveaux sur le web notamment par un processus d&rsquo;appels &agrave; candidatures &eacute;valu&eacute;es par un comit&eacute; scientifique (dont nous sommes membre). Le site du FPL pr&eacute;sente les objectifs de soutien au d&eacute;veloppement d&rsquo;une presse libre&nbsp;; l&rsquo;un des crit&egrave;res pour analyser un dossier de soutien financier est que le m&eacute;dia candidat puisse pr&eacute;senter une accr&eacute;ditation du Minist&egrave;re de la Culture dans la cat&eacute;gorie CPPAP. URL du site&nbsp;: https://fondspresselibre.org</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> La pr&eacute;sentation du site AOC a &eacute;t&eacute; effectu&eacute;e lors d&rsquo;une journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tudes portant sur les formats longs dans la presse, le 22 novembre 2019 au CELSA, Sorbonne Universit&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> Nikos Smyrna&iuml;os, <em>Les GAFAM contre l&rsquo;Internet : une &eacute;conomie politique du num&eacute;rique</em>, Paris, INA, 2017.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Julia Cag&eacute;, <em>Sauver les m&eacute;dias. Capitalisme, financement participatif et d&eacute;mocratie</em>, Paris, Seuil, coll. &laquo;&nbsp;La R&eacute;publique des id&eacute;es&nbsp;&raquo;, 2015.</p> <h3 class="mks_toggle_heading">Bibliographie<br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;">BEUGNET Martine, <em>Le cin&eacute;ma et ses doubles. L&rsquo;image de film &agrave; l&rsquo;&egrave;re du foundfootage num&eacute;rique et des &eacute;crans de poche</em>, Lormont, Le Bord de l&rsquo;Eau, 2021.</p> <p style="text-align: justify;">BLANDIN Claire (dir.), <em>Manuel d&rsquo;analyse de la presse magazine</em>, Paris, Armand Colin, 2018.</p> <p style="text-align: justify;">CAGE Julia, <em>Sauver les m&eacute;dias. Capitalisme, financement participatif et d&eacute;mocratie</em>, Paris, Seuil, coll. &laquo;&nbsp;La R&eacute;publique des id&eacute;es&nbsp;&raquo;, 2015.</p> <p style="text-align: justify;">GOBERT Thierry, JAY-ROBERT Ghislaine, JUBIER-GALINIER C&eacute;cile (dir.), <em>Les nouvelles fronti&egrave;res de l&rsquo;image</em>, Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, 2020.</p> <p style="text-align: justify;">JEANNE-PERRIER Val&eacute;rie, <em>Les journalistes face aux r&eacute;seaux sociaux&nbsp;? Une nouvelle relation entre m&eacute;dias et politiques</em>, Paris, MKF &eacute;ditions, 2018.</p> <p style="text-align: justify;">PETIT Cyril et MAS Vincent, <em>La presse sur tablette. Les journaux et les magazines de demain&nbsp;? R&eacute;ussir sa publication num&eacute;rique</em>, Paris, CFPJ &eacute;ditions, 2014.</p> <p style="text-align: justify;">SMYRNAIOS Nikos, <em>Les GAFAM contre l&rsquo;Internet : une &eacute;conomie politique du num&eacute;rique</em>, Paris, INA, 2017.</p> <p style="text-align: justify;">SOUCHIER Emmanu&euml;l, CANDEL Etienne, GOMEZ-MEJIA Gustavo, avec la collaboration de JEANNE-PERRIER Val&eacute;rie, <em>Le num&eacute;rique comme &eacute;criture. Th&eacute;ories et m&eacute;thodes d&rsquo;analyse</em>, Paris, Armand Colin Codex, 2019.</p> <h3><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;"><strong>Val&eacute;rie Jeanne-Perrier</strong> est enseignante et chercheure au CELSA et membre du GRIPIC. Ses recherches portent sur les &eacute;volutions des pratiques professionnelles des journalistes et sur les transformations des m&eacute;dias confront&eacute;s &agrave; l&rsquo;introduction des dispositifs num&eacute;riques. Formats, types d&rsquo;&eacute;critures, logiques d&rsquo;acteurs, syst&egrave;mes relationnels et &eacute;conomies des structures sont abord&eacute;s selon des focales m&eacute;thodologiques s&eacute;miologiques ou des approches socio-discursives.</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>