<div class="entry-content"> <h3>Abstract</h3> <p>Long form is detached from the news stream, since it takes time to be produced. Its circulation also requires more time, so as the process of reading. For these reasons, it makes it profitable to extend the time of reporting itself. As a consequence, we observe that many long forms are rewritten in order to be republished and editorialized on various mediums. This article deals with the different temporalities in long form rewriting: temporality of production (inquiry and writing), temporality of distribution (editorialization on different mediums) and temporality of the reading process, depending on the medium. The article is based on Alexandre Kauffmann&rsquo;s immersion survey in a Parisian drug squad specialized in overdose. From his immersion, Alexandre Kauffmann produced, within two years, three long-form stories on three very specific mediums : a long article in a daily newspaper, a book of narrative nonfiction and a serial in an online newspaper.</p> <p style="text-align: justify;"><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p class="meta-tags">Alexandre Kauffmann, <em>Surdose</em>, rewriting</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;[U]n texte de presse para&icirc;t d&rsquo;autant plus litt&eacute;raire qu&rsquo;il est moins menac&eacute; de p&eacute;remption imm&eacute;diate&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est en ces termes qu&rsquo;Alain Vaillant d&eacute;signe une partie des textes de presse comme une litt&eacute;rature m&eacute;diatique. Selon lui, la presse est un v&eacute;ritable m&eacute;canisme m&eacute;diatique de circulation textuelle dans l&rsquo;espace public et donc de communication litt&eacute;raire. Or, au sein de ce m&eacute;canisme de communication textuelle, seule la notion de p&eacute;remption permet de distinguer les contenus journalistiques litt&eacute;raires des autres contenus m&eacute;diatiques, comme la m&eacute;t&eacute;o ou le programme t&eacute;l&eacute;. En ce qui concerne les longs formats, il est vrai que leur rapport diff&eacute;rent au temps, &agrave; toutes les &eacute;tapes de leur existence, leur permet de s&rsquo;imposer dans le champ litt&eacute;raire. Non seulement le long format, par son temps de production, est d&eacute;croch&eacute; du flux de l&rsquo;actualit&eacute; et des &eacute;v&eacute;nements, mais il a &eacute;galement une esp&eacute;rance de vie prolong&eacute;e par ses modes de diffusion. Plus long &agrave; produire, plus lent &agrave; diffuser, sa lecture prend aussi davantage de temps. Pour toutes ces raisons, le temps, d&eacute;j&agrave; long, du reportage gagne &agrave; &ecirc;tre prolong&eacute; pour &ecirc;tre rentabilis&eacute;. On constate ainsi que de nombreux longs formats sont r&eacute;&eacute;crits pour &ecirc;tre r&eacute;&eacute;dit&eacute;s, &eacute;ditorialis&eacute;s sous d&rsquo;autres formes. Une enqu&ecirc;te de terrain peut donner lieu &agrave; plusieurs longs formats, sur diff&eacute;rents supports papier ou web&nbsp;: livre, article de journal, feuilleton en ligne, article de mook, reportage en bande dessin&eacute;e&hellip; Cela suppose un double processus de transformation&nbsp;: la r&eacute;&eacute;criture et l&rsquo;&eacute;ditorialisation. La r&eacute;&eacute;criture transforme le reportage pour l&rsquo;adapter &agrave; un autre support, &agrave; une autre temporalit&eacute; de diffusion et de lecture&nbsp;: elle est une restructuration du texte. L&rsquo;&eacute;ditorialisation, qui suppose davantage qu&rsquo;une simple r&eacute;&eacute;dition, assure le passage du support papier &agrave; un format adapt&eacute; &agrave; l&rsquo;environnement num&eacute;rique. Elle entra&icirc;ne ainsi le texte dans un autre type de circulation qui d&eacute;passe l&rsquo;auteur et l&rsquo;&eacute;diteur&nbsp;: accessibilit&eacute; sur plusieurs sites, visibilit&eacute; selon l&rsquo;algorithme du moteur de recherche, partages et repartages sur les r&eacute;seaux sociaux, renvois par hyperliens&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&hellip; Finalement, r&eacute;&eacute;criture et &eacute;ditorialisation s&rsquo;associent dans un m&ecirc;me processus de recyclage des reportages qui permet de les valoriser (si l&rsquo;analogie avec les d&eacute;chets semble malheureuse, elle n&rsquo;en est pas moins pertinente tant il est vrai que le flux m&eacute;diatique est gouvern&eacute; par l&rsquo;obsolescence programm&eacute;e de son contenu). Cette valorisation a forc&eacute;ment des enjeux &agrave; la fois journalistiques et commerciaux que cet article se propose de d&eacute;finir plus pr&eacute;cis&eacute;ment.</p> <p style="text-align: justify;">Un reportage d&rsquo;Alexandre Kauffmann sur la brigade de police &laquo;&nbsp;Surdoses&nbsp;&raquo; se pr&ecirc;te particuli&egrave;rement bien &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de la r&eacute;&eacute;criture des longs formats. En effet, cet &eacute;crivain-journaliste, plut&ocirc;t habitu&eacute; aux reportages dans des pays lointains, s&rsquo;est int&eacute;ress&eacute; en 2016 &agrave; une brigade de police parisienne sp&eacute;cialis&eacute;e dans les cas d&rsquo;overdose. Alexandre Kauffmann avait besoin de se documenter sur la question alors qu&rsquo;il &eacute;crivait un roman, intitul&eacute;<em> Stup&eacute;fiants</em>&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, dans lequel survenait une overdose. Il fit une demande d&rsquo;autorisation pour suivre la brigade &laquo;&nbsp;surdoses&nbsp;&raquo; pendant plusieurs mois. Une fois son stage fini, Alexandre Kauffmann leur proposa de faire un reportage sur leurs activit&eacute;s pour le journal <em>Le Monde</em>&nbsp;: il fit para&icirc;tre un long article (10&nbsp;000 signes) en janvier 2017 sous le titre &laquo; &Agrave; Paris, les overdoses se sont &ldquo;d&eacute;mocratis&eacute;es&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&rdquo; &raquo;. Quelque temps plus tard, c&rsquo;est la toute jeune maison d&rsquo;&eacute;dition de la Goutte d&rsquo;or qui contacte le journaliste pour lui proposer d&rsquo;&eacute;diter un livre-enqu&ecirc;te sur le m&ecirc;me sujet, il prolonge alors son immersion aupr&egrave;s de la brigade&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Le r&eacute;cit de son enqu&ecirc;te, intitul&eacute; <em>Surdose&nbsp;</em><a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>, para&icirc;t un an plus tard, en f&eacute;vrier 2018, dans la sulfureuse section de <em>narrative nonfiction</em> de la Goutte d&rsquo;or. L&rsquo;&eacute;t&eacute; suivant, ce r&eacute;cit est adapt&eacute; en feuilleton&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a> pour le site <em>Les Jours</em>, ou plut&ocirc;t en &laquo;&nbsp;obsession&nbsp;&raquo; selon le terme utilis&eacute; par le m&eacute;dia lui-m&ecirc;me pour d&eacute;signer ses th&eacute;matiques r&eacute;currentes.</p> <p style="text-align: justify;">Le reportage d&rsquo;Alexandre Kauffmann a donc cette particularit&eacute; d&rsquo;avoir donn&eacute; lieu &agrave; trois parutions sur trois supports bien diff&eacute;rents en moins de deux ans&nbsp;: l&rsquo;article long pour un grand quotidien, le livre de non-fiction dans une maison d&rsquo;&eacute;dition qui se r&eacute;clame du journalisme litt&eacute;raire et le feuilleton d&rsquo;information pour un m&eacute;dia <em>pure-player</em> sp&eacute;cialis&eacute; dans le journalisme narratif. &Agrave; travers ces trois &eacute;ditorialisations successives, qui sont aussi trois &eacute;critures distinctes, il appara&icirc;t que le format influe sur les diff&eacute;rentes temporalit&eacute;s du reportage&nbsp;: celle de son processus de production qui est aussi celle de l&rsquo;auteur dans son travail d&rsquo;enqu&ecirc;te et d&rsquo;&eacute;criture, celle des &eacute;diteurs qui orchestrent la diffusion &agrave; travers les r&eacute;&eacute;ditions successives et celle de la r&eacute;ception par le lecteur qui ne lit pas de la m&ecirc;me fa&ccedil;on suivant les supports.</p> <h2><span id="1_De_lenquete_a_lecriture_temporalite_du_journaliste-ecrivain">1. De l&rsquo;enqu&ecirc;te &agrave; l&rsquo;&eacute;criture : temporalit&eacute; du journaliste-&eacute;crivain</span><br /> &nbsp;</h2> <h3 style="text-align: justify;"><span id="11_Temps_long_de_lenquete_long_format_du_recit">1.1. Temps long de l&rsquo;enqu&ecirc;te, long format du r&eacute;cit</span></h3> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain du journaliste, lorsqu&rsquo;elle est r&eacute;alis&eacute;e pour un format long, est une enqu&ecirc;te qui prend son temps. Le reporter ne couvre plus un &eacute;v&eacute;nement mais aborde l&rsquo;actualit&eacute; par son angle mort, son temps faible, pour reprendre une expression du photographe Raymond Depardon&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>. Ce reportage du temps long est &agrave; l&rsquo;image de Florence Aubenas qui, en d&eacute;cembre 2018, s&rsquo;en allait passer une semaine sur un rond-point de Marmande, alors que toutes les cha&icirc;nes d&rsquo;informations en continu diffusaient en boucle les d&eacute;gradations mat&eacute;rielles commises par les manifestations des Gilets jaunes &agrave; Paris. Le premier jour, elle est tenue &agrave; l&rsquo;&eacute;cart, le groupe de gilets jaunes se m&eacute;fie d&rsquo;elle et souhaite se renseigner avant de la laisser enqu&ecirc;ter&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Ils m&rsquo;ont install&eacute;e sur une chaise en plein froid [&hellip;]. Au bout d&rsquo;une heure et demie, je gelais, je me suis approch&eacute;e du brasero. On a discut&eacute;. &Ccedil;a s&rsquo;est un peu d&eacute;tendu&hellip; Quand ils m&rsquo;ont dit au revoir, j&rsquo;ai dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Non, vous voyez l&rsquo;h&ocirc;tel Campanile, l&agrave;-bas&nbsp;? Je m&rsquo;installe pour dix jours.&nbsp;&raquo; Ils &eacute;taient surpris. Au bout d&rsquo;un moment, j&rsquo;ai fait partie des meubles&hellip; Moi-m&ecirc;me, j&rsquo;ai chang&eacute; d&rsquo;avis sur eux. Il n&rsquo;y a pas de raccourci possible pour traiter ces sujets. Il faut du temps. Alors que dans notre m&eacute;tier, on chausse toujours des bottes de sept lieues, avec les avions, on va toujours trois plus vite &ndash; trop vite&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;?&hellip;</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Temps long de l&rsquo;enqu&ecirc;te va aussi de pair avec temps perdu&nbsp;: le journaliste se plie &agrave; la temporalit&eacute; du terrain. Dans <em>Surdose</em>, Alexandre Kauffmann raconte le quotidien de la brigade qui enqu&ecirc;te sur les cas d&rsquo;overdoses mortelles &agrave; Paris. Son r&eacute;cit, tout en d&eacute;roulant les diff&eacute;rentes activit&eacute;s de la brigade, retient une nu&eacute;e de d&eacute;tails qui tissent l&rsquo;ordinaire des policiers&nbsp;: les surnoms que se donnent les uns et les autres, la d&eacute;coration des bureaux du 36 quai des Orf&egrave;vres qui ressemble &agrave; celle d&rsquo;un QG &eacute;tudiant, les conversations insignifiantes dans les voitures pendant les planques pour meubler l&rsquo;ennui. Le sujet du trafic de drogue, dans son actualit&eacute;, est &eacute;galement abord&eacute; sous l&rsquo;angle du quotidien&nbsp;: au quotidien des policiers qui traquent s&rsquo;ajoute celui des dealers qui sont traqu&eacute;s. Les filatures et les &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques d&eacute;voilent tous les menus d&eacute;tails de la vie de ces petits trafiquants dans leur banalit&eacute; la plus crue. Cette capture du quotidien demande du temps, un investissement important du reporter&nbsp;: il est probable qu&rsquo;Alexandre Kauffmann ait eu parfois l&rsquo;impression de perdre du temps d&rsquo;enqu&ecirc;te lorsque la surveillance devant le domicile d&rsquo;un suspect s&rsquo;&eacute;ternisait sans r&eacute;sultat.</p> <p style="text-align: justify;">Ce temps long de l&rsquo;enqu&ecirc;te est rarement r&eacute;mun&eacute;r&eacute;, d&rsquo;autant plus lorsque le journaliste travaille en ind&eacute;pendant. La r&eacute;&eacute;criture et l&rsquo;&eacute;ditorialisation sur plusieurs supports d&rsquo;&eacute;dition peuvent &ecirc;tre un moyen de rentabiliser cet investissement temporel et m&ecirc;me de prolonger le temps de l&rsquo;enqu&ecirc;te. Alexandre Kauffmann a ainsi pu renouveler son accr&eacute;ditation pour suivre la brigade gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;offre de publication des &eacute;ditions Goutte d&rsquo;or&nbsp;: cela lui a permis de c&ocirc;toyer la brigade pendant une ann&eacute;e compl&egrave;te. Par ailleurs, son article pour <em>Le Monde</em>, m&ecirc;me s&rsquo;il n&rsquo;est pas sa premi&egrave;re contribution pour ce quotidien, sera le premier d&rsquo;une s&eacute;rie de longs formats sur le th&egrave;me de la drogue qui paraissent seuls ou en s&eacute;rie&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a> &agrave; intervalle de six mois depuis 2018. La prolongation de l&rsquo;enqu&ecirc;te aide le journaliste &agrave; se faire un nom dans le milieu, notamment par l&rsquo;expertise que lui conf&egrave;re son exp&eacute;rience d&rsquo;un certain terrain.</p> <p style="text-align: justify;">La parution sur des mediums qui appartiennent &agrave; des champs diff&eacute;rents &ndash; le journal, le livre&nbsp;&ndash; lui procure &eacute;galement une l&eacute;gitimit&eacute; plus large qui lui permettra de nouveau de valoriser ses futures enqu&ecirc;tes de terrain &agrave; travers plusieurs supports. L&rsquo;un des articles d&rsquo;Alexandre Kauffmann paru dans <em>Le Monde</em> et intitul&eacute; &laquo;&nbsp;&ldquo;Tontons&rdquo;, &ldquo;cousins&rdquo; ou &ldquo;balances&rdquo;&hellip; Les indics se mettent &agrave; table&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo; a &eacute;t&eacute; &eacute;crit dans le sillage d&rsquo;un livre-enqu&ecirc;te paru chez Flammarion, <em>Troisi&egrave;me indic</em>&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a> (2019), sur le quotidien d&rsquo;un indic qui renseigne la police judiciaire parisienne. On retrouve le m&ecirc;me proc&eacute;d&eacute; invers&eacute;&nbsp;: le livre et l&rsquo;article. Le temps long de l&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain, ce <em>slow journalism</em>, est valoris&eacute; par un jeu de parutions successives qui permet de rentabiliser l&rsquo;enqu&ecirc;te, et d&rsquo;en &eacute;puiser tout &agrave; fait la mati&egrave;re.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="12_Une_ecriture_adaptee_en_fonction_des_supports_posture_et_tonalite">1.2. Une &eacute;criture adapt&eacute;e en fonction des supports&nbsp;: posture et tonalit&eacute;</span></h3> <p style="text-align: justify;">&Eacute;videmment, plus le format est long, plus la narration du r&eacute;cit peut filer la lin&eacute;arit&eacute; du quotidien observ&eacute; et absorber cette mati&egrave;re recueillie au fil du temps long de l&rsquo;enqu&ecirc;te. En revanche, dans l&rsquo;article du <em>Monde</em>, la pr&eacute;sence du journaliste en immersion dans le quotidien de la brigade est totalement effac&eacute;e, aucune circonstance de l&rsquo;enqu&ecirc;te n&rsquo;est rapport&eacute;e. L&rsquo;adaptation de l&rsquo;&eacute;criture au support passe &eacute;galement par un ajustement de la tonalit&eacute; choisie et de la posture adopt&eacute;e par l&rsquo;auteur. Les nombreux effets de r&eacute;el et l&rsquo;ironie convoqu&eacute;s dans le livre, n&rsquo;existent pas dans l&rsquo;article : par exemple dans le livre, au chapitre&nbsp;8, le discours direct d&rsquo;Amigo, 28 ans, qui deale de la coca&iuml;ne &agrave; domicile dans le nord de Paris est bien moins polic&eacute; que dans l&rsquo;article :</p> <table width="604"> <tbody> <tr> <td colspan="2" width="604">Le discours rapport&eacute; d&rsquo;Amigo</td> </tr> <tr> <td width="302">Article <em>Le Monde</em></td> <td width="302">Livre-enqu&ecirc;te <em>Surdose</em></td> </tr> <tr> <td width="302">&laquo; Je n&rsquo;oblige personne &agrave; acheter ma marchandise. Et je n&rsquo;en vends qu&rsquo;aux adultes. Ceux qui abusent du produit, je les mets en garde. Parfois, je refuse m&ecirc;me de les servir. C&rsquo;est mieux pour tout le monde : les gros toxicos attirent des probl&egrave;mes&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>. &raquo;</td> <td width="302">&laquo;&nbsp;J&rsquo;oblige personne &agrave; acheter ma marchandise&hellip; J&rsquo;en vends qu&rsquo;aux adultes. L&rsquo;autre fois, des ados, genre 14 ou 15 ans, m&rsquo;ont appel&eacute;. Ils voulaient de la c&eacute; et de la MD. Pas moyen&hellip; Tous ceux qui abusent du produit, je les envoie chier pareil. Les toxicos t&rsquo;attirent que des emmerdes&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>.&nbsp;&raquo;</td> </tr> </tbody> </table> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;absence de la particule &laquo;&nbsp;ne&nbsp;&raquo; dans les phrases n&eacute;gatives, l&rsquo;&eacute;lision des connecteurs qui produit la parataxe, l&rsquo;usage d&rsquo;expressions famili&egrave;res et argotiques (&laquo;&nbsp;genre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;envoyer chier&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;emmerdes&nbsp;&raquo;), de diminutifs (&laquo;&nbsp;ados&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;c&eacute;&nbsp;&raquo;) sont autant de caract&eacute;ristiques qui reproduisent le langage du personnage dans le livre-enqu&ecirc;te alors qu&rsquo;elles sont totalement absentes dans l&rsquo;article.</p> <p style="text-align: justify;">Si la tonalit&eacute; est diff&eacute;rente, la posture de l&rsquo;auteur l&rsquo;est encore davantage car ce que dit le livre et que ne dit pas l&rsquo;article, c&rsquo;est que cet &eacute;change avec un dealer a lieu lors du vernissage d&rsquo;un ami du journaliste. C&rsquo;est-&agrave;-dire que la sc&egrave;ne a lieu &agrave; la fois en dehors du temps de l&rsquo;enqu&ecirc;te et dans l&rsquo;entourage de l&rsquo;auteur. Amigo vient livrer l&rsquo;artiste et reste pour profiter du buffet, &laquo;&nbsp;il est capable de passer une heure sur chaque point de livraison, &agrave; boire et &agrave; discuter&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a> &raquo;. L&rsquo;article, m&ecirc;me avec ses 10&nbsp;000 signes, est bien trop court pour esquisser les conditions de l&rsquo;enqu&ecirc;te et s&rsquo;attarder en plus sur les mauvaises fr&eacute;quentations du journaliste, sans d&eacute;roger aux normes d&rsquo;un papier pour le quotidien <em>Le Monde</em>. Non seulement le support livre permet de d&eacute;voiler cela mais aussi, et surtout, d&rsquo;assurer la construction d&rsquo;une posture de l&rsquo;auteur qui justifie l&rsquo;immersion et &laquo;&nbsp;sauve&nbsp;&raquo; son <em>ethos</em>.</p> <p style="text-align: justify;">S&rsquo;il veut &laquo;&nbsp;embarquer&nbsp;&raquo; son lecteur sur autant de pages, l&rsquo;auteur doit pouvoir lui raconter sa propre porte d&rsquo;entr&eacute;e dans l&rsquo;enqu&ecirc;te. Alexandre Kauffmann revient ainsi &agrave; plusieurs reprises dans le livre sur son ancienne addiction &agrave; l&rsquo;ivresse extr&ecirc;me&nbsp;: il confie au lecteur son pass&eacute; d&rsquo;alcoolique habitu&eacute; aux <em>black-out</em> qui cl&ocirc;turaient ses soir&eacute;es de d&eacute;bauche. Il dit m&ecirc;me s&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;veill&eacute; une fois en cellule, apr&egrave;s l&rsquo;un de ces inqui&eacute;tants trous noirs, sans savoir quel d&eacute;lit il avait pu commettre. Ce pass&eacute; trouble le rapproche &agrave; la fois des victimes qui ont succomb&eacute; sous l&rsquo;effet des drogues, et des dealers qui patientent de longues heures en garde-&agrave;-vue avant d&rsquo;&ecirc;tre interrog&eacute;s. En travaillant cette posture, Alexandre Kauffmann justifie son investissement sur le terrain et gagne l&rsquo;approbation du lecteur&nbsp;: il se d&eacute;voile en &eacute;change du d&eacute;voilement qu&rsquo;il op&egrave;re sur les histoires tragiques de ceux qui ont pris la drogue de trop. Il excuse ainsi, en quelque sorte, son intrusion, sa pr&eacute;sence lors des interrogatoires, son int&eacute;r&ecirc;t pour les &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques, son regard pos&eacute; sur les corps sans vie dans des appartements parisiens investis par la police et les agents du service fun&eacute;raire. Il construit une forme d&rsquo;impartialit&eacute; subjective bien diff&eacute;rente de la neutralit&eacute; impersonnelle de l&rsquo;article du <em>Monde</em>.</p> <p style="text-align: justify;">Matthieu Letourneux rappelle dans <em>Fictions &agrave; la cha&icirc;ne</em> que toute &oelig;uvre est &eacute;crite en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; un architexte, ce qui entra&icirc;ne des effets de s&eacute;rialit&eacute; et donc une adaptation consciente ou non de l&rsquo;&eacute;criture au genre et &agrave; la collection &eacute;ditoriale&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>. Il est vrai que la r&eacute;daction du r&eacute;cit d&rsquo;Alexandre Kauffmann a, consciemment ou non, int&eacute;gr&eacute; des &eacute;l&eacute;ments pour satisfaire &agrave; la ligne &eacute;ditoriale de la maison Goutte d&rsquo;or qui se distingue par des choix de publications os&eacute;s sur des sujets chocs &ndash; les abattoirs, la pornographie, les overdoses &ndash; et une pratique de terrain intensive qui est d&rsquo;ailleurs le c&oelig;ur de leur communication. L&rsquo;un des <em>topo&iuml;</em> de leurs livres-enqu&ecirc;tes est la dramatisation du risque d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;masqu&eacute; lorsque l&rsquo;auteur est immerg&eacute; sous d&eacute;guisement. Or, ce risque est bien connu des brigades d&rsquo;enqu&ecirc;te polici&egrave;re qui redoutent d&rsquo;&ecirc;tre &laquo;&nbsp;d&eacute;tronch&eacute;es&nbsp;&raquo; lors de leur filature. Alexandre Kauffmann n&rsquo;y coupe pas et raconte dans son chapitre 7, le &laquo;&nbsp;dispo&nbsp;&raquo; dans lequel il a eu un petit r&ocirc;le. Afin d&rsquo;approcher un dealer nomm&eacute; Omar et de conna&icirc;tre ses fr&eacute;quentations, l&rsquo;&eacute;quipe s&rsquo;installe dans un bar &agrave; chicha comme le ferait un groupe d&rsquo;amis. &Agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;eux Omar, en compagnie de ses acolytes, d&eacute;bute une partie de &laquo;&nbsp;Loups-garous&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Qui aurait imagin&eacute; que les responsables du coca&iuml;ne call-center joueraient sous nos yeux aux loups-garous&nbsp;? Je parviens enfin &agrave; me d&eacute;tendre, prenant mes aises sur le canap&eacute;, sans pour autant regarder les clients en face. Une main tapote soudain mon &eacute;paule. Je d&eacute;couvre le visage d&rsquo;Omar pench&eacute; sur moi.&nbsp;&laquo;&nbsp;Excusez-moi, Monsieur, on manque de joueurs, &ccedil;a vous dit de faire une partie avec nous&nbsp;?&nbsp;&raquo; Il a des yeux de velours et une t&ecirc;te ronde de nounours. Le ton &eacute;gal, les gestes mesur&eacute;s, l&rsquo;expression avenante me prennent de court&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La sc&egrave;ne est &agrave; la fois inqui&eacute;tante et dr&ocirc;le, elle joue des codes h&eacute;ro&iuml;comiques et met en avant la maladresse de l&rsquo;auteur. Une telle anecdote est d&rsquo;autant plus cocasse qu&rsquo;elle met en parall&egrave;le deux situations d&rsquo;observation-suspicion&nbsp;: celle de la planque dans laquelle est impliqu&eacute;e l&rsquo;auteur, celle du jeu de soci&eacute;t&eacute; &laquo;&nbsp;Loups-garous&nbsp;&raquo; qui consiste &agrave; d&eacute;masquer la cr&eacute;ature mortif&egrave;re infiltr&eacute;e parmi les villageois. Il n&rsquo;est pas certain qu&rsquo;elle se soit r&eacute;ellement d&eacute;roul&eacute;e ainsi mais elle permet de remplir l&rsquo;une des cases du cahier des charges &eacute;ditorial tout en convoquant des r&eacute;f&eacute;rences populaires issues &agrave; la fois du polar et du jeu de soci&eacute;t&eacute;, famili&egrave;res au lectorat vis&eacute; par la maison de la Goutte d&rsquo;or, &agrave; savoir la tranche des jeunes actifs trentenaires et plut&ocirc;t urbains.</p> <h2><span id="2_La_mise_en_scene_de_linformation_temporalite_du_journaliste_editeur">2. La mise en sc&egrave;ne de l&rsquo;information : temporalit&eacute; du journaliste &eacute;diteur</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Si le journaliste peut se r&eacute;v&eacute;ler virtuose dans l&rsquo;adaptation de son &eacute;criture au support de diffusion envisag&eacute;, l&rsquo;&eacute;ditorialisation se fait souvent sans lui. Ce sont alors les journalistes-&eacute;diteurs qui prennent le relais. Fran&ccedil;ois Meurisse et Lucile Sourd&egrave;s-Cardiou sont les deux journalistes-&eacute;diteurs salari&eacute;s des <em>Jours</em> qui &laquo;&nbsp;mettent en sc&egrave;ne&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>&nbsp;&raquo; l&rsquo;information. Le fait que le m&eacute;dia ait choisi de salarier deux journalistes &eacute;diteurs &agrave; temps plein est assez significatif&nbsp;; c&rsquo;est un ratio rare dans le milieu qui rappelle l&rsquo;origine de ce jeune m&eacute;dia. En effet, l&rsquo;&eacute;quipe est essentiellement compos&eacute;e d&rsquo;anciens journalistes de <em>Lib&eacute;ration</em>, notamment le couple Rapha&euml;l Garrigos et Isabelle Roberts, &eacute;vinc&eacute;s du quotidien national par un plan social en 2014. Ceux-ci ont souhait&eacute; rebondir gr&acirc;ce &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;un m&eacute;dia en ligne sur abonnement proposant un &laquo;&nbsp;journalisme au long cours, tenace, singulier et obsessionnel&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;&raquo;. Le parti pris de ce jeune m&eacute;dia ind&eacute;pendant, uniquement num&eacute;rique, est de raconter l&rsquo;actualit&eacute; &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;une s&eacute;rie, sous forme d&rsquo;&eacute;pisodes narratifs. Ces &eacute;pisodes sont rassembl&eacute;s en &laquo;&nbsp;obsessions&nbsp;&raquo; et chaque obsession poss&egrave;de une identit&eacute; visuelle particuli&egrave;re. En r&eacute;alit&eacute;, l&rsquo;une des volont&eacute;s des <em>Jours</em> est de faire revivre deux caract&eacute;ristiques incontournables de l&rsquo;ancienne forme de <em>Lib&eacute;ration</em>&nbsp;: le soin apport&eacute; au travail d&rsquo;&eacute;dition&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a> et l&rsquo;importance donn&eacute;e &agrave; l&rsquo;illustration. Les journalistes &eacute;diteurs ont donc un r&ocirc;le essentiel, particuli&egrave;rement dans le cas de l&rsquo;adaptation du livre <em>Surdose</em> en obsession. En effet, contrairement au cas d&rsquo;une r&eacute;&eacute;dition classique, le livre a &eacute;t&eacute; d&eacute;coup&eacute; en &eacute;pisodes &agrave; la mani&egrave;re des romans-feuilletons du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle et son unit&eacute; a donc &eacute;t&eacute; &eacute;clat&eacute;e pour recr&eacute;er une p&eacute;riodicit&eacute; artificielle.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="21_Du_livre_a_lobsession">2.1. Du livre &agrave; l&rsquo;obsession</span></h3> <p style="text-align: justify;">Le d&eacute;coupage du reportage en &eacute;pisodes transforme de fait sa lecture et oblige les journalistes &eacute;diteurs &agrave; simplifier le sch&eacute;ma narratif, &agrave; n&rsquo;en tirer qu&rsquo;un seul fil. Ainsi, du livre <em>Surdose</em>, seule l&rsquo;enqu&ecirc;te polici&egrave;re autour des dealers Omar et Gencive est conserv&eacute;e parmi les quatre affaires abord&eacute;es initialement par Alexandre Kauffmann. Les &eacute;pisodes reprennent parfois le d&eacute;coupage des chapitres d&eacute;j&agrave; existant dans le livre mais ils peuvent aussi &ecirc;tre des collages de morceaux glan&eacute;s dans diff&eacute;rents chapitres. Chaque &eacute;pisode est ensuite mis en page et enrichi par un dispositif propre au site&nbsp;:</p> <p><img alt="" class="alignnone wp-image-4254" height="177" loading="lazy" sizes="(max-width: 425px) 100vw, 425px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-1-300x125.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-1-300x125.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-1-1024x427.png 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-1-768x320.png 768w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-1-1536x640.png 1536w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-1-810x338.png 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-1-1140x475.png 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-1.png 1800w" width="425" /></p> <p style="text-align: justify;"><small>Doc. 1. ‒ Premier visuel de l&rsquo;obsession &laquo; Surdose &raquo;, sur le site lesjours.fr [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/surdose/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/surdose/</a></small></p> <p><img alt="" class="alignnone wp-image-4255" height="351" loading="lazy" sizes="(max-width: 437px) 100vw, 437px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-2-300x241.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-2-300x241.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-2-768x618.png 768w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-2-810x652.png 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-2.png 948w" width="437" /></p> <p style="text-align: justify;"><small>Doc. 2. ‒ Visuel d&rsquo;accueil de l&rsquo;&eacute;pisode n&deg; 1 de l&rsquo;obsession &laquo; Surdose &raquo;, sur le site lesjours.fr [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/surdose/ep1-planque-omar/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/surdose/ep1-planque-omar/</a></small></p> <p><img alt="" class="alignnone wp-image-4256" loading="lazy" sizes="(max-width: 459px) 100vw, 459px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-3-279x300.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-3-279x300.png 279w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-3-768x826.png 768w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-3.png 797w" style="width: 459px; height: 494px;" /></p> <p style="text-align: justify;"><small>Doc. 3. ‒ Pr&eacute;sentation du d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;pisode n&deg;1 de l&rsquo;obsession &laquo; Surdose &raquo;, sur le site lesjours.fr [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/surdose/ep1-planque-omar/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/surdose/ep1-planque-omar/</a></small></p> <p style="text-align: justify;">La partie droite de l&rsquo;&eacute;cran permet de prendre connaissance des notes de bas de page, de suivre des liens vers les &eacute;pisodes pr&eacute;c&eacute;dents mais aussi d&rsquo;avoir acc&egrave;s rapidement &agrave; des fiches personnages r&eacute;dig&eacute;es par les journalistes &eacute;diteurs. Le cadre du titre contient le chap&ocirc; que l&rsquo;on retrouve dans les articles de presse classiques, mais &eacute;galement un lien vers une <em>playlist</em> sp&eacute;cifique &agrave; l&rsquo;obsession que l&rsquo;on peut &eacute;couter en lisant. Enfin l&rsquo;ensemble de l&rsquo;&eacute;pisode est structur&eacute;, rythm&eacute;, gr&acirc;ce &agrave; la titraille int&eacute;gralement choisie par <em>Les Jours</em>. Le journaliste-&eacute;diteur Fran&ccedil;ois Meurisse insiste sur le temps accord&eacute; &agrave; la titraille&nbsp;: &laquo; on se donne les moyens, il peut parfois s&rsquo;&eacute;couler plusieurs heures avant le bouclage d&rsquo;un article seulement parce que les titres percutants n&rsquo;ont pas encore &eacute;t&eacute; trouv&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>&nbsp;&raquo;. Ce travail a une grande importance puisque la titraille est charg&eacute;e de faire revivre le <em>Lib&eacute;</em> perdu des cr&eacute;ateurs : jeux de mots et clins d&rsquo;&oelig;il au lecteur sont r&eacute;currents&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Outre le travail de correction typographique, syntaxique, grammaticale et orthographique, l&rsquo;&eacute;diteur proc&egrave;de ainsi &agrave; un enrichissement, une valorisation du reportage. Chaque obsession est accompagn&eacute;e de photos ou d&rsquo;illustrations, parfois cr&eacute;&eacute;es sp&eacute;cialement pour elle, comme c&rsquo;est le cas de <em>Surdose</em> dont les illustrations ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;es par Clara Dealberto. Cela permet de donner &agrave; chaque obsession une esth&eacute;tique tout &agrave; fait particuli&egrave;re et reconnaissable. Par ailleurs, les personnages sont mis &agrave; l&rsquo;honneur, bien plus que l&rsquo;&eacute;crivain-reporter. L&rsquo;enrichissement des &eacute;pisodes n&rsquo;est d&rsquo;ailleurs pas fait en concertation avec l&rsquo;auteur. Ce travail, bien que post&eacute;rieur &agrave; l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;enqu&ecirc;te, n&rsquo;en est pas moins mis en valeur. Il faut ainsi remarquer dans le cadre du titre de chaque &eacute;pisode la triple auctorialit&eacute; indiqu&eacute;e&nbsp;&ndash; l&rsquo;auteur, l&rsquo;illustrateur, l&rsquo;&eacute;diteur &ndash; une sp&eacute;cificit&eacute; des <em>Jours</em> voulue par ses cr&eacute;ateurs. Cette revendication d&rsquo;un travail collectif ne dilue pas compl&egrave;tement l&rsquo;auctorialit&eacute; comme dans l&rsquo;article de journal classique, mais elle relativise tout de m&ecirc;me l&rsquo;importance du reporter comme &eacute;crivain. Ce changement d&rsquo;une auctorialit&eacute; unique pour une auctorialit&eacute; multiple montre que le processus d&rsquo;&eacute;ditorialisation ram&egrave;ne le reportage dans le champ journalistique o&ugrave; le m&eacute;canisme collectif prime sur l&rsquo;individualit&eacute; des r&eacute;dacteurs. Une sorte de d&eacute;possession s&rsquo;op&egrave;re, non seulement au moment du d&eacute;coupage par l&rsquo;&eacute;diteur, mais &eacute;galement apr&egrave;s la mise en ligne. Le reportage, auparavant noyaut&eacute; par l&rsquo;objet livre, est apr&egrave;s &eacute;ditorialisation &agrave; la fois &eacute;clat&eacute; en plusieurs &eacute;pisodes et diffus&eacute; dans un syst&egrave;me de circulation qui d&eacute;passe l&rsquo;auteur comme l&rsquo;&eacute;diteur&nbsp;: les liens des &eacute;pisodes partag&eacute;s sur les r&eacute;seaux sociaux pour en faire la promotion peuvent &ecirc;tre repartag&eacute;s, puis inclus dans d&rsquo;autres productions (comme c&rsquo;est le cas dans le pr&eacute;sent article).</p> <p style="text-align: justify;">Toujours est-il que le travail de l&rsquo;&eacute;diteur et de l&rsquo;illustrateur ajoute une temporalit&eacute; suppl&eacute;mentaire &agrave; la production du long format. Ce temps de la mise en sc&egrave;ne de l&rsquo;information est permis par le choix des <em>Jours</em> de favoriser la qualit&eacute; &agrave; la quantit&eacute; : les journalistes &eacute;diteurs ont en moyenne un ou deux article(s) &agrave; traiter par jour. C&rsquo;est le rythme de parution au compte-goutte de ce m&eacute;dia qui permet de valoriser en profondeur le long format et d&rsquo;&eacute;tirer son existence m&eacute;diatique. Chaque nouvel &eacute;pisode fait effectivement l&rsquo;objet d&rsquo;une communication sur les r&eacute;seaux sociaux. Pour l&rsquo;arriv&eacute;e d&rsquo;une nouvelle obsession, le <em>teasing</em> est d&eacute;cupl&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="22_Reseau_et_collaborations">2.2. R&eacute;seau et collaborations</span></h3> <p style="text-align: justify;">Ces temporalit&eacute;s longues de la production du reportage dans ses trois &eacute;tapes &ndash;&nbsp;enqu&ecirc;te, &eacute;criture, &eacute;dition &ndash; ont tendance &agrave; marginaliser leur diffusion dans le champ journalistique par rapport &agrave; des m&eacute;dias traditionnels de l&rsquo;information, papier ou num&eacute;rique, beaucoup plus prolixes. D&rsquo;autant plus que les petites maisons d&rsquo;&eacute;dition et les m&eacute;dias ind&eacute;pendants ne peuvent pas compter sur le soutien financier des publicitaires. Pour transformer cette marginalisation en niche &eacute;ditoriale, ces m&eacute;dias au journalisme lent ont d&eacute;velopp&eacute; un fort r&eacute;seau de collaboration qui fonctionne gr&acirc;ce &agrave; une pratique de r&eacute;&eacute;dition crois&eacute;e. Notons d&rsquo;abord le partenariat entre <em>Les Jours</em> et la maison d&rsquo;&eacute;dition du Seuil qui permet au site de valoriser ses meilleures enqu&ecirc;tes gr&acirc;ce &agrave; une r&eacute;&eacute;dition en livre&nbsp;: <em>L&rsquo;Empire</em>&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a> de Rapha&euml;l Garrigos, <em>Les Revenants</em>&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a> de David Thomson, <em>Le 36</em>&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a> et <em>Gr&eacute;gory&nbsp;</em><a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a> de Patricia Tourancheau sont quatre obsessions devenues des livres-enqu&ecirc;tes. Deux autres obsessions se sont vues offrir le support du livre&nbsp;: <em>Massilia Foot</em> <em>System&nbsp;</em><a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a> de Michel Henry aux &eacute;ditions Marabout et <em>Au Pays</em> <em>des disparus</em>&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a> de Taina Tervonen chez Fayard. La r&eacute;daction des<em> Jours</em> est aussi tr&egrave;s proche des fondateurs de la maison d&rsquo;&eacute;dition de la Goutte d&rsquo;or&nbsp;: outre l&rsquo;enqu&ecirc;te d&rsquo;Alexandre Kauffmann, un autre livre-enqu&ecirc;te a &eacute;t&eacute; adapt&eacute; en obsession, <em>Judy, Lola, Sofia et moi&nbsp;</em><a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a> de Robin d&rsquo;Angelo sur l&rsquo;univers de la pornographie. Il faut &eacute;galement noter plusieurs collaborations des <em>Jours</em> avec <em>La</em> <em>Revue dessin&eacute;e</em>, le mook sp&eacute;cialis&eacute; dans le reportage en bande dessin&eacute;e&nbsp;:&nbsp; ils ont ainsi co-produit une obsession sur les chauffeurs Uber&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a> et <em>La Revue dessin&eacute;e</em> adapte parfois des obsessions en BD dans ses num&eacute;ros&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Si <em>Les Jours</em> collabore avec la maison Goutte d&rsquo;or et <em>La</em> <em>Revue dessin&eacute;e</em>, il faut aussi noter que ces deux derni&egrave;res collaborent &eacute;galement entre elles puisque le premier livre-enqu&ecirc;te &eacute;dit&eacute; par la Goutte d&rsquo;or, une infiltration dans un abattoir intitul&eacute;e <em>Steak machine</em> et &eacute;crite par Geoffrey Le Guilcher, a &eacute;t&eacute; adapt&eacute; en BD&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a> dans un num&eacute;ro de <em>La</em> <em>Revue dessin&eacute;e</em> de 2018. Il y a donc une sorte d&rsquo;alliance des temporalit&eacute;s lentes entre <em>Les Jours</em>, <em>La</em> <em>Revue dessin&eacute;e</em> et les &eacute;ditions Goutte d&rsquo;or, une sorte de triumvirat qui permet la circulation des longs formats entre les champs et sur diff&eacute;rents supports&nbsp;: livre, site internet, mook.</p> <p style="text-align: justify;">La circularit&eacute; que tissent ces trois producteurs s&rsquo;explique aussi en ce qu&rsquo;ils cr&eacute;ent les m&ecirc;mes effets de coh&eacute;rence malgr&eacute; des supports diff&eacute;rents&nbsp;: chacun &agrave; sa mani&egrave;re fait &oelig;uvre de collection et propose des ensembles de reportages dont les caract&eacute;ristiques, les codes, les st&eacute;r&eacute;otypes sont peu ou prou semblables et renvoient au m&ecirc;me imaginaire m&eacute;diatique, &agrave; savoir celui d&rsquo;un journalisme lent et haut de gamme qui se distingue par son &eacute;thique et son esth&eacute;tique. Si la l&eacute;gitimit&eacute; culturelle de l&rsquo;imprim&eacute; semblait sup&eacute;rieure &agrave; celle du support num&eacute;rique durant les ann&eacute;es 2000, il semble qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui la ligne de fracture se d&eacute;place peu &agrave; peu d&rsquo;une opposition imprim&eacute;/&eacute;cran vers une opposition entre temps court et temps long&nbsp;: ce qui augmente le capital symbolique d&rsquo;un reportage n&rsquo;est alors plus son support mais sa dur&eacute;e et cela vaut aussi pour ses modes de lecture.</p> <h2><span id="3_Variete_des_supports_et_temporalites_de_la_lecture_de_la_lecture_chronometree_a_la_lecture_addictive">3. Vari&eacute;t&eacute; des supports et temporalit&eacute;s de la lecture : de la lecture chronom&eacute;tr&eacute;e &agrave; la lecture addictive</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Plusieurs historiens du livre et chercheurs en science de la communication &ndash; Roger Chartier ou Marshall Mac Luhan pour n&rsquo;en citer que deux&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a> &ndash; ont montr&eacute; que la r&eacute;ception &eacute;tait contextuelle et d&eacute;termin&eacute;e par les contraintes de diffusion&nbsp;: &agrave; savoir la mat&eacute;rialit&eacute; du support, les pratiques de lecture qui lui sont associ&eacute;es, le contexte &agrave; la fois culturel, social et &eacute;conomique dans lequel ce support existe. Gr&acirc;ce au concept de &laquo;&nbsp;m&eacute;diativit&eacute;&nbsp;&raquo;, Philippe Marion d&eacute;signe ainsi cette capacit&eacute; propre &agrave; chaque m&eacute;dia &laquo;&nbsp;de repr&eacute;senter &ndash; et de placer cette repr&eacute;sentation dans une dynamique communicationnelle&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;&raquo;. Si la lecture sur &eacute;cran diff&egrave;re de celle d&rsquo;un livre ou d&rsquo;un journal papier d&rsquo;un point de vue strictement pragmatique parce qu&rsquo;elle ne suppose plus de tourner des pages mais de faire d&eacute;filer du texte, elle s&rsquo;en &eacute;loigne aussi dans son rapport au temps. On n&rsquo;accorde ni la m&ecirc;me quantit&eacute; de temps, ni la m&ecirc;me qualit&eacute; de moment &agrave; un article sur une application ou &agrave; un chapitre de livre&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Depuis 2018, les articles du site <em>Le Monde</em> poss&egrave;dent une indication de temps de lecture. Ceux-ci varient en fonction de la longueur de l&rsquo;article de deux &agrave; dix minutes. L&rsquo;article d&rsquo;Alexandre Kauffmann sur la brigade &laquo;&nbsp;Surdose&nbsp;&raquo;, qui compte 10&nbsp;000 signes, appara&icirc;t ainsi avec un temps de lecture estim&eacute; &agrave; huit minutes. Au-del&agrave; de dix minutes, l&rsquo;indication dispara&icirc;t et l&rsquo;article devient un long format valoris&eacute; par de grandes photographies qui s&rsquo;&eacute;tendent sur toute la largeur de l&rsquo;&eacute;cran&nbsp;: c&rsquo;est le cas d&rsquo;autres articles plus r&eacute;cents et plus longs d&rsquo;Alexandre Kauffmann, comme celui sur &laquo;&nbsp;l&rsquo;enfer du crack&nbsp;&raquo; qui fait environ 20&nbsp;000 signes. Le visuel est plus &eacute;pur&eacute;, l&rsquo;illustration s&rsquo;impose sur la presque totalit&eacute; de l&rsquo;&eacute;cran, l&rsquo;article est centr&eacute; par de larges bandes blanches de part et d&rsquo;autre. Si dans le premier cas, la rapidit&eacute; de lecture est valoris&eacute;e, dans le second cas, c&rsquo;est bien la qualit&eacute; de l&rsquo;exp&eacute;rience de lecture qui est mise en avant. Nous pouvons en d&eacute;duire deux choses&nbsp;: d&rsquo;abord, la m&eacute;diativit&eacute; de l&rsquo;article long format suppose qu&rsquo;il s&rsquo;adresse &agrave; un lectorat qui ne chronom&egrave;tre pas son temps de lecture, ensuite, la tol&eacute;rance du lecteur &eacute;tant fix&eacute;e &agrave; 10&nbsp;000 signes, au-del&agrave; l&rsquo;article doit &ecirc;tre enrichi de fa&ccedil;on &agrave; faire oublier sa longueur. Mais cela concerne uniquement le num&eacute;rique car le support papier assume davantage la longueur de ses articles. L&rsquo;exemple du reportage de Florence Aubenas sur le rond-point de Marmande, &eacute;voqu&eacute; plus t&ocirc;t, est &eacute;loquent : toute la moiti&eacute; basse d&rsquo;une double page est noircie par des colonnes de texte qui ne sont a&eacute;r&eacute;es que par quelques sous-titres et un intertitre. L&rsquo;&eacute;quilibre visuel est assur&eacute; par les photographies qui prennent toute la moiti&eacute; haute&nbsp;: douze en tout, contre quatre sur la version num&eacute;rique de l&rsquo;article&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>.</p> <p><img alt="" class="alignnone wp-image-4257" height="303" loading="lazy" sizes="(max-width: 627px) 100vw, 627px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-4-300x145.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-4-300x145.png 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-4-1024x496.png 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-4-768x372.png 768w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-4-810x392.png 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-4-1140x552.png 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-4.png 1285w" width="627" /></p> <p style="text-align: justify;"><small>Doc. 4. ‒ Visuel de l&rsquo;article de Florence Aubenas dans <em>Le Monde</em>, le 15 d&eacute;cembre 2018.</small></p> <p style="text-align: justify;">La mat&eacute;rialit&eacute; fait la force de la m&eacute;diativit&eacute; du support papier&nbsp;: d&rsquo;un seul coup d&rsquo;&oelig;il, nous pouvons prendre connaissance du reportage&nbsp;dans sa composition, sa longueur, ses th&eacute;matiques. Le num&eacute;rique, en revanche, doit s&rsquo;adapter &agrave; la contrainte du cadre&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;: l&rsquo;&eacute;cran&nbsp;est une fen&ecirc;tre qui n&rsquo;offre qu&rsquo;un point de vue partiel et mouvant sur l&rsquo;article. La n&eacute;cessit&eacute; du <em>scrolling</em> (le d&eacute;filement de l&rsquo;&eacute;cran vers le bas) dans la version num&eacute;rique ne permet pas l&rsquo;appr&eacute;hension furtive et globale du support. De ce fait, <em>Les Jours</em>, qui n&rsquo;existe qu&rsquo;en version d&eacute;mat&eacute;rialis&eacute;e, ne peut compter que sur le <em>scrolling</em> de ses lecteurs et a donc fait de cette contrainte une source d&rsquo;enrichissement des articles. Le support incite le lecteur &agrave; faire d&eacute;filer l&rsquo;&eacute;cran gr&acirc;ce &agrave; plusieurs strat&eacute;gies dont la titraille &eacute;voqu&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment&nbsp;: les intertitres bicolores ont aussi un r&ocirc;le de <em>teasing</em> et attisent la curiosit&eacute; du lecteur afin de faire rebondir la lecture vers la suite de l&rsquo;article.</p> <p style="text-align: justify;">Par ailleurs, le journal papier, comme le livre ou l&rsquo;imprim&eacute; en g&eacute;n&eacute;ral, peut &eacute;galement compter sur son capital symbolique puisqu&rsquo;il a un r&ocirc;le de banni&egrave;re pour le lecteur, qui, en le lisant, s&rsquo;affiche comme lecteur de tel ou tel titre. Ce n&rsquo;est pas le cas du num&eacute;rique qui doit compenser l&rsquo;absence de gain symbolique par une plus grande qualit&eacute; de lecture&nbsp;: tout est fait dans ce support pour gommer la sensation de longueur du texte. Si le site <em>Les Jours</em> assure une lecture plaisir gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;enrichissement des articles, il souhaite aussi allonger le temps de lecture pour s&rsquo;imposer dans le quotidien de ses lecteurs. Le m&eacute;dia s&rsquo;autoproclame ainsi &laquo;&nbsp;le Netflix du journalisme&nbsp;&raquo;, et reprend tous les codes des s&eacute;ries afin d&rsquo;inscrire l&rsquo;exp&eacute;rience de lecture dans une forme d&rsquo;addiction. Cette lecture compulsive est d&rsquo;ailleurs au centre de leur communication sur les r&eacute;seaux sociaux gr&acirc;ce &agrave; de nombreux <em>gif</em>, eux-m&ecirc;mes tir&eacute;s de s&eacute;ries, sur le th&egrave;me de l&rsquo;obsession.</p> <p><img alt="" class="alignnone size-medium wp-image-4258" height="300" loading="lazy" sizes="(max-width: 263px) 100vw, 263px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-5-1-263x300.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-5-1-263x300.png 263w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/02/Sauty-5-1.png 641w" width="263" /><img alt="" class="alignnone size-medium wp-image-4262" height="300" loading="lazy" sizes="(max-width: 292px) 100vw, 292px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2020/09/Sauty-5-2-292x300.png" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2020/09/Sauty-5-2-292x300.png 292w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2020/09/Sauty-5-2.png 637w" width="292" /></p> <p><small>Doc. 5. ‒ Exemples de publications des <em>Jours</em> sur Facebook sur le th&egrave;me de l&rsquo;addiction.</small></p> <p style="text-align: justify;">Matthieu Letourneux remarque que le r&ocirc;le de l&rsquo;&eacute;diteur est d&rsquo;orienter la lecture d&rsquo;une &oelig;uvre en la reconfigurant suivant des principes s&eacute;riels. C&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;en inscrivant dans le format des codes qui connectent l&rsquo;&oelig;uvre &agrave; un imaginaire, un architexte, l&rsquo;&eacute;diteur parvient ainsi &agrave; la mettre en relation avec une s&eacute;rie d&rsquo;&oelig;uvres du m&ecirc;me genre, ce qui conditionne la r&eacute;ception &agrave; un horizon d&rsquo;attente et &agrave; une consommation s&eacute;rielle. Matthieu Letourneux montre ainsi que le roman-feuilleton au XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle est l&rsquo;application d&rsquo;une s&eacute;rialit&eacute; marchande du journal &agrave; une forme litt&eacute;raire de fiction, au moment o&ugrave; l&rsquo;&eacute;dition est en crise. Ce qu&rsquo;il se passe avec <em>Les Jours</em> est un peu du m&ecirc;me ordre mais la logique est invers&eacute;e&nbsp;: pour valoriser une forme de journalisme litt&eacute;raire marginalis&eacute;e dans le syst&egrave;me de consommation m&eacute;diatique actuel, ce m&eacute;dia applique une s&eacute;rialit&eacute; marchande de la fiction &ndash; Netflix &ndash; &agrave; des reportages journalistiques. Le slogan du site r&eacute;sume bien cette strat&eacute;gie&nbsp;: &laquo;&nbsp;0% fiction, 100% s&eacute;ries&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est l&agrave; un exemple de ces influences r&eacute;ciproques du champ journalistique et du champ litt&eacute;raire qui existent depuis les d&eacute;buts de la presse et que Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty qualifie de &laquo;&nbsp;tourniquet sans fin&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">D&rsquo;ailleurs, les cr&eacute;ateurs du site r&eacute;fl&eacute;chissent &agrave; la possibilit&eacute; de publier des obsessions compl&egrave;tes en une seule fois, comme le fait Netflix avec les &eacute;pisodes de ses s&eacute;ries, le but &eacute;tant de produire un <em>binge reading</em>, une fr&eacute;n&eacute;sie de lecture donc, comme le <em>binge watching</em> qui frappe parfois les amateurs de s&eacute;ries. Pour pouvoir alimenter le site de fa&ccedil;on r&eacute;guli&egrave;re et satisfaire l&rsquo;addiction des lecteurs, l&rsquo;&eacute;ditorialisation de livre-enqu&ecirc;te, comme celui d&rsquo;Alexandre Kauffmann, est donc une pratique indispensable pour ce support puisqu&rsquo;elle assure un apport de mati&egrave;re cons&eacute;quent que le m&eacute;dia peut choisir de distiller sur plusieurs semaines ou au contraire de livrer d&rsquo;un seul bloc.</p> <p style="text-align: justify;">Finalement, comme chaque support porte en lui une part de l&rsquo;horizon d&rsquo;attente que le lecteur projette dans sa lecture, <em>Les Jours</em> conditionne les lecteurs &agrave; une lecture addictive en r&eacute;cup&eacute;rant les codes communicationnels de la plateforme Netflix. Le site d&eacute;signe ainsi un mode de consommation de ses obsessions&nbsp;et s&rsquo;appuie sur des modes de r&eacute;ception propres &agrave; la culture populaire, tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;s de la l&eacute;gitimit&eacute; culturelle que conf&egrave;re normalement le <em>slow journalism</em>. L&rsquo;obsession doit pouvoir se lire de plusieurs mani&egrave;res&nbsp;: dans l&rsquo;ordre des &eacute;pisodes, de fa&ccedil;on lin&eacute;aire comme le livre, mais aussi de mani&egrave;re ponctuelle, voire dans le d&eacute;sordre. Le journaliste &eacute;diteur veille ainsi &agrave; ce que chaque &eacute;pisode puisse &ecirc;tre lu ind&eacute;pendamment des autres. Cela permet une lecture mobile, dans les deux sens du terme&nbsp;: une lecture en mobilit&eacute; et une lecture sur le mobile. L&rsquo;application permet au m&eacute;dia d&rsquo;&ecirc;tre emport&eacute; partout avec le lecteur, sans que celui-ci ait besoin d&rsquo;y penser. Le reportage peut d&egrave;s lors &ecirc;tre lu dans la moindre br&egrave;che temporelle&nbsp;: trajet en m&eacute;tro, salle d&rsquo;attente, pause cigarette. Ce mode de lecture fractionn&eacute;, du temps court, est loin d&rsquo;&ecirc;tre le plus valoris&eacute; socialement. Il est associ&eacute; depuis une vingtaine d&rsquo;ann&eacute;es &agrave; une forme peu reluisante de journalisme, celui des quotidiens gratuits distribu&eacute;s en grand nombre et &agrave; la h&acirc;te &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e des bouches de m&eacute;tro. <em>Les Jours</em> semble vouloir recoloniser ce temps vou&eacute; &agrave; une lecture consommatrice, en m&ecirc;lant la lecture qualitative du <em>slow journalism</em> &agrave; la lecture quantitative du <em>binge journalism</em>&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>. Ce n&rsquo;est pas du tout le cas des autres formes de journalisme alternatif qui privil&eacute;gient des supports, non seulement imprim&eacute;s mais &eacute;galement encombrants et luxueux&nbsp;: <em>Le 1</em> est tr&egrave;s difficile &agrave; d&eacute;plier dans les transports publics, les mooks sont trop lourds, les suppl&eacute;ments hebdo, plus pratiques, sont souvent oubli&eacute;s sur la table du salon. <em>A contrario</em>, les supports uniquement num&eacute;riques touchent un lectorat plus jeune, issu des g&eacute;n&eacute;rations qui ont grandi avec le portable (&laquo;&nbsp;<em>digital native&nbsp;</em>&raquo;) et l&rsquo;emportent partout. D&rsquo;ailleurs la majorit&eacute; des abonn&eacute;s des <em>Jours</em> a moins de trente-cinq ans.</p> <p style="text-align: justify;">Le cas des r&eacute;&eacute;critures successives de l&rsquo;enqu&ecirc;te d&rsquo;Alexandre Kauffmann &eacute;tait id&eacute;al pour proposer une rapide et non exhaustive analyse des supports. Il montre notamment que l&rsquo;un des enjeux de la r&eacute;&eacute;criture du long format est de recycler le reportage aupr&egrave;s de nouveaux lectorats, en investissant des exp&eacute;riences de lecture diff&eacute;rentes&nbsp;: lecture chronom&eacute;tr&eacute;e du long article de quotidien, lecture fragmentaire et addictive du site de journalisme litt&eacute;raire, lecture lin&eacute;aire et prolong&eacute;e du livre-enqu&ecirc;te. Par ailleurs, ces r&eacute;&eacute;ditions successives mettent &eacute;galement au jour une adaptation incessante pour ne pas d&eacute;cro&icirc;tre dans l&rsquo;&eacute;chelle symbolique des valeurs accord&eacute;es au temps, quantitatif et qualitatif. Dans une soci&eacute;t&eacute; o&ugrave; les p&eacute;riodicit&eacute;s de la culture m&eacute;diatique sont brouill&eacute;es par l&rsquo;arriv&eacute;e d&rsquo;internet, o&ugrave; les rythmes se sont acc&eacute;l&eacute;r&eacute;s, prendre son temps est devenu &agrave; la fois un luxe et une forme de r&eacute;sistance valoris&eacute;e socialement. La communication des m&eacute;dias sp&eacute;cialis&eacute;s dans le <em>slow journalism</em> joue de cette repr&eacute;sentation. Les longs reportages et leur long format sont plus exigeants,&nbsp;&ndash; plus chers et plus encombrants &ndash; ils alimentent cette valorisation symbolique du temps long. N&eacute;anmoins, pour s&rsquo;imposer dans le champ m&eacute;diatique et lutter contre leur p&eacute;remption, ces reportages long format doivent tout de m&ecirc;me rentabiliser leur long&eacute;vit&eacute; gr&acirc;ce &agrave; un ph&eacute;nom&egrave;ne de r&eacute;&eacute;ditorialisation crois&eacute;e, en investissant une multiplicit&eacute; de supports, traversant ainsi les fronti&egrave;res &eacute;ditoriales entre le champ litt&eacute;raire et le champ m&eacute;diatique. Ces supports ne cessent d&rsquo;&eacute;tonner le lecteur parce qu&rsquo;ils doivent jouer ce jeu de la distinction pour s&rsquo;inscrire dans le surcro&icirc;t de l&eacute;gitimit&eacute; culturelle dont b&eacute;n&eacute;ficie le <em>slow journalism</em>. Les r&eacute;&eacute;critures et &eacute;ditorialisations successives sont aussi la cons&eacute;quence d&rsquo;un processus de s&eacute;rialisation du reportage&nbsp;: l&rsquo;&eacute;mergence de nouvelles formes m&eacute;diatiques comme les mooks et de nouvelles petites maisons d&rsquo;&eacute;dition depuis les ann&eacute;es 2000 tend &agrave; faire du journalisme narratif un genre litt&eacute;raire avec ses codes, ses st&eacute;r&eacute;otypes et ses horizons d&rsquo;attente.</p> <h2 style="text-align: justify;"><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Alain Vaillant, &laquo; De la litt&eacute;rature m&eacute;diatique &raquo;, <em>Interf&eacute;rences litt&eacute;raires/Literaire interferenties</em>, nouvelle s&eacute;rie, n&deg; 6, mai 2011, p.&nbsp;26.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Je reprends ici le terme selon la d&eacute;finition qu&rsquo;en donne Marcello Vitali-Rosati&nbsp;: &laquo;&nbsp;On peut d&eacute;finir l&rsquo;&eacute;ditorialisation comme un ensemble d&rsquo;appareils techniques (le r&eacute;seau, les serveurs, les plateformes, les CMS, les algorithmes des moteurs de recherche), de structures (l&rsquo;hypertexte, le multim&eacute;dia, les m&eacute;tadonn&eacute;es), de pratiques (l&rsquo;annotation, les commentaires, les recommandations via les r&eacute;seaux sociaux) qui permet de produire et d&rsquo;organiser un contenu sur le web. L&rsquo;&eacute;ditorialisation est donc une instance de mise en forme et de structuration d&rsquo;un contenu qui ne se limite pas &agrave; un contexte ferm&eacute; et bien d&eacute;limit&eacute; (une revue, par exemple) ni &agrave; un groupe d&rsquo;acteurs pr&eacute;d&eacute;fini (les &eacute;diteurs), mais qui implique une ouverture dans l&rsquo;espace (plusieurs plateformes) et dans le temps (plusieurs acteurs et sans limitation de date). Cette ouverture est une des principales diff&eacute;rences entre l&rsquo;&eacute;dition et l&rsquo;&eacute;ditorialisation.&nbsp;&raquo;, Marcello Vitali-Rosati, &laquo;&nbsp;Les revues litt&eacute;raires en ligne&nbsp;: entre &eacute;ditorialisation et r&eacute;seaux d&rsquo;intelligences&nbsp;&raquo;, <em>&Eacute;tudes fran&ccedil;aises, </em>vol.&nbsp;50, n&deg;&nbsp;3, 2014, [en ligne]&nbsp;<a href="https://www.erudit.org/fr/revues/etudfr/2014-v50-n3-etudfr01575/1027191ar/" target="_blank">https://www.erudit.org/fr/revues/etudfr/2014-v50-n3-etudfr01575/1027191ar/</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Alexandre Kauffmann, <em>Stup&eacute;fiants</em>, Paris, Flammarion, 2017.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> <em>Id.</em>, &laquo; &Agrave; Paris, les overdoses se sont &ldquo;d&eacute;mocratis&eacute;es&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, le 3 janvier 2017.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> L&rsquo;immersion aura dur&eacute; en tout plus d&rsquo;une ann&eacute;e, de juillet 2016 &agrave; septembre 2017.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> Alexandre Kauffmann, <em>Surdose</em>, Paris, Goutte d&rsquo;or, 2018.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Alexandre Kauffmann, Clara Dealberto &amp; Fran&ccedil;ois Meurisse, &laquo;&nbsp;Surdose&nbsp;&raquo; (10 &eacute;pisodes), <em>Les Jours</em>, [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/surdose/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/surdose/</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> &laquo;&nbsp;L&rsquo;errance m&rsquo;a permis de photographier des temps faibles, chose que je n&rsquo;avais pas eu l&rsquo;occasion de faire jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent [&hellip;]&nbsp;&raquo;, Raymond Depardon, <em>Errance</em>, Paris, Seuil, 2000, p.&nbsp;40.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> &laquo;&nbsp;Conversation avec Florence Aubenas&nbsp;&raquo;, <em>Zadig</em>, n&deg;&nbsp;7, automne 2020.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> Alexandre Kauffmann, &laquo;&nbsp;Voyage dans l&rsquo;enfer du Crack&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 18 septembre 2018&nbsp;; &laquo;&nbsp;En Guyane, de la coke et des hommes&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 14 mai 2019&nbsp;; &laquo;&nbsp;De Cayenne &agrave; Paris, le chemin des &ldquo;mules&rdquo; pleines de coca&iuml;ne&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 15 mai 2019&nbsp;; &laquo;&nbsp;&ldquo;Je suis un revendeur qui g&egrave;re son petit trust&hellip;&rdquo;&nbsp;: enqu&ecirc;te sur les fili&egrave;res de la coca&iuml;ne&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 16 mai 2019&nbsp;; &laquo;&nbsp;&ldquo;Tontons&rdquo;, &ldquo;cousins&rdquo; ou &ldquo;balances&rdquo;&hellip; Les indics se mettent &agrave; table&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 24 septembre 2019.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> <em>Id</em>., &laquo;&nbsp;&ldquo;Tontons&rdquo;, &ldquo;cousins&rdquo; ou &ldquo;balances&rdquo;&hellip; Les indics se mettent &agrave; table&nbsp;&raquo;, art. cit.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> <em>Id.</em>, <em>Troisi&egrave;me indic</em>, Paris, Flammarion, 2019.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> <em>Id</em>, &laquo; &Agrave; Paris, les overdoses se sont &ldquo;d&eacute;mocratis&eacute;es&rdquo;&nbsp;&raquo;, art. cit.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> <em>Id</em>., <em>Surdose</em>, <em>op. cit</em>., p.&nbsp;130.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> <em>Ibid</em>., p.&nbsp;127.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> Matthieu Letourneux, <em>Fictions &agrave; la cha&icirc;ne. Litt&eacute;ratures s&eacute;rielles et culture m&eacute;diatique</em>, Paris, Seuil, &laquo;&nbsp;Po&eacute;tique&nbsp;&raquo;, 2017, p.&nbsp;13.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> Alexandre Kauffmann, <em>Surdose</em>, <em>op. cit</em>., p.&nbsp;119-120.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> L&rsquo;expression est utilis&eacute;e par Fran&ccedil;ois Meurisse lui-m&ecirc;me lors d&rsquo;un entretien t&eacute;l&eacute;phonique effectu&eacute; dans le cadre de la pr&eacute;paration de cette communication, en octobre 2019.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> &laquo;&nbsp;&ldquo;Les Jours&rdquo;, c&rsquo;est quoi&nbsp;?&nbsp;&raquo;, lesjours.fr [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/les-jours-c-quoi/resume" target="_blank">https://lesjours.fr/les-jours-c-quoi/resume</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> Voir &agrave; ce sujet Fr&eacute;d&eacute;ric Blin, &laquo;&nbsp;Les secr&eacute;taires de r&eacute;daction et les &eacute;diteurs de <em>Lib&eacute;ration</em>. Des journalistes sp&eacute;cialis&eacute;s dans le journal&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>R&eacute;seaux</em>, vol. 111, n&deg;&nbsp;1, 2002, p. 164-190&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Agrave;&nbsp;<em>Lib&eacute;ration</em>, le mode d&rsquo;organisation de la r&eacute;daction du journal, leur conf&egrave;re une place singuli&egrave;re. Comme les secr&eacute;taires de r&eacute;daction d&rsquo;autres journaux, ils participent &agrave; la distribution des articles et de leurs illustrations (dessins, photos, infographies) dans les pages. Ces &ldquo;journalistes assis&rdquo;, r&eacute;unis le plus souvent &agrave;&nbsp;<em>Lib&eacute;ration</em>&nbsp;sous l&rsquo;appellation g&eacute;n&eacute;rique &ldquo;d&rsquo;&eacute;diteurs&rdquo;, interviennent aussi sur le corps des articles&nbsp;[&hellip;].&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;166)</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Entretien r&eacute;alis&eacute; en octobre 2019.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> En guise d&rsquo;exemple, nous signalons le titre de l&rsquo;&eacute;pisode n&deg;&nbsp;9, assez repr&eacute;sentatif de cet humour propre &agrave; la titraille&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les stups cuisinent Omar &agrave; petit feu&nbsp;&raquo;, lesjours.fr [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/surdose/ep9-audition-omar/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/surdose/ep9-audition-omar/</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> Pour la s&eacute;rie &laquo;&nbsp;Surdose&nbsp;&raquo;, on compte ainsi cinq publications sur Facebook annon&ccedil;ant la nouvelle obsession entre le 16 et le 18 juillet 2018.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> Rapha&euml;l Garrigos, <em>L&rsquo;Empire</em>, Paris, Le Seuil, 2016.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> David Thomson, <em>Les Revenants</em>, Paris, Le Seuil, 2016.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> Patricia Tourancheau, <em>Le 36</em>, Paris, Le Seuil, 2017.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> <em>Id.</em>, <em>Gr&eacute;gory</em>, Paris, Le Seuil, 2018.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> Michel Henry, <em>Massilia Foot system</em>, Paris, Marabout, 2019.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> Taina Tervonen, <em>Au Pays des disparus</em>, Paris, Fayard, 2019.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> Robin d&rsquo;Angelo, <em>Judy, Lola, Sofia et moi</em>, Paris, Goutte d&rsquo;or, 2018.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> Alexia Eychenne &amp; Thierry Chavant, &laquo;&nbsp;&Agrave; bout de course&nbsp;&raquo;, <em>La Revue dessin&eacute;e</em>, n&deg;&nbsp;17, 2017&nbsp;; &laquo;&nbsp;&Agrave; l&rsquo;avant des berlines&nbsp;&raquo;, <em>lesjours.fr</em>, [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/uber/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/uber/</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> Voir par exemple l&rsquo;enqu&ecirc;te &laquo;&nbsp;La mort au tournant&nbsp;&raquo; de Sophian Fanen et Titwane sur les 80km/h, <em>lesjours.fr</em>, [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/route/ep1-route-test/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/route/ep1-route-test/</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> <em>La Revue dessin&eacute;e</em>, n&deg;&nbsp;19, printemps 2018.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> Voir Roger Chartier, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;crit sur l&rsquo;&eacute;cran. Ordre du discours, ordre des livres et mani&egrave;res de lire, Abstract&nbsp;&raquo;, <em>Entreprises et histoire</em>, 2006, p.&nbsp;15-25&nbsp;; Marshall Mac Luhan, <em>Pour comprendre les m&eacute;dias</em> [1968], traduit par Jean Par&eacute;, Paris, Seuil, &laquo;&nbsp;Points essais&nbsp;&raquo;, 1977.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> Philippe Marion, &laquo; Narratologie m&eacute;diatique et m&eacute;diag&eacute;nie des r&eacute;cits &raquo;, <em>Recherches en communication</em>, n&deg;&nbsp;7, 1997, p.&nbsp;79.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a> Voir &agrave; ce propos Thierry Baccino &amp; V&eacute;ronique&nbsp;Drai-Zerbib,&nbsp;<em>La lecture num&eacute;rique</em>,<em>&nbsp;</em>Presses universitaires de Grenoble, 2015&nbsp;; Pablo Delgado, Cristina Vargas, Rakefet Ackerman &amp; Ladislao Salmer&oacute;n, &laquo;&nbsp;Don&rsquo;t throw away your printed books: A meta-analysis on the effects of reading media on reading comprehension&nbsp;&raquo;, <em>Educational Research Review</em>, Volume 25, 2018, p.&nbsp;23-38.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> Florence Aubenas, &laquo; &ldquo;Gilets jaunes&rdquo; : la r&eacute;volte des ronds-points&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, le 15 d&eacute;cembre 2018, [en ligne] <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/15/sur-les-ronds-points-les-gilets-jaunes-a-la-croisee-des-chemins_5397928_3224.html" target="_blank">https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/15/sur-les-ronds-points-les-gilets-jaunes-a-la-croisee-des-chemins_5397928_3224.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> C&rsquo;est ce que remarque Fran&ccedil;ois Bon dans son ouvrage <em>Apr&egrave;s le livre</em> : &laquo; La lecture aujourd&rsquo;hui passe par un cadre, et non plus un volume. Le volume pouvait lui aussi embo&icirc;ter d&rsquo;autres &eacute;l&eacute;ments : illustrations, annexes, notes de bas de page, voire CD audio. [&hellip;] En passant au cadre impos&eacute; par l&rsquo;&eacute;cran, c&rsquo;est donc plut&ocirc;t la simultan&eacute;it&eacute; des contenus que leur pluralit&eacute;, qui d&eacute;finit le changement &raquo; (Fran&ccedil;ois Bon, <em>Apr&egrave;s le livre</em>, Paris, Seuil, 2011, p. 146-147).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a> Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty. &laquo;&nbsp;Pour une histoire litt&eacute;raire de la presse au XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Revue d&rsquo;histoire litt&eacute;raire de la France</em>, vol. 103, n&deg;&nbsp;3, 2003, p.&nbsp;627.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a> &Agrave; contre-courant de ce que l&rsquo;on observe dans la presse, comme le remarque Isabelle Meuret dans sa &laquo;&nbsp;Petite histoire du format long&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp; Le <em>slow journalism</em> semble &eacute;vincer le <em>binge journalism</em> pour le plus grand plaisir des lecteurs, qui appr&eacute;cient ses valeurs &eacute;thiques et esth&eacute;tiques.&nbsp;&raquo;, Isabelle Meuret, &laquo;&nbsp;Petite histoire du format long&nbsp;&raquo;, <em>La Revue des m&eacute;dias</em>, le 20 novembre 2013, ina.fr, [en ligne] <a href="https://larevuedesmedias.ina.fr/petite-histoire-du-format-long" target="_blank">https://larevuedesmedias.ina.fr/petite-histoire-du-format-long</a>)</p> <h2 class="mks_toggle_heading">Bibliographie<br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">AUBENAS, Florence, &laquo; &ldquo;Gilets jaunes&rdquo; : la r&eacute;volte des ronds-points&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, le 15 d&eacute;cembre 2018.</p> <p style="text-align: justify;">BLIN, Fr&eacute;d&eacute;ric, &laquo;&nbsp;Les secr&eacute;taires de r&eacute;daction et les &eacute;diteurs de <em>Lib&eacute;ration</em>. Des journalistes sp&eacute;cialis&eacute;s dans le journal&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>R&eacute;seaux</em>, vol. n<sup>o</sup>&nbsp;111, no. 1, 2002, p. 164-190</p> <p style="text-align: justify;">BON, Fran&ccedil;ois, <em>Apr&egrave;s le livre</em>, Paris, Seuil, 2011.</p> <p style="text-align: justify;">CHARTIER Roger, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;crit sur l&rsquo;&eacute;cran. Ordre du discours, ordre des livres et mani&egrave;res de lire, Abstract&nbsp;&raquo;, <em>Entreprises et histoire</em>, 2006, p.&nbsp;15-25.</p> <p style="text-align: justify;">D&rsquo;ANGELO, Robin, <em>Judy, Lola, Sofia et moi</em>, Paris, Goutte d&rsquo;or, 2018.</p> <p style="text-align: justify;">DEPARDON, Raymond, <em>Errance</em>, Paris, Seuil, 2000.</p> <p style="text-align: justify;">EYCHENNE, Alexia &amp; Thierry CHAVANT, &laquo;&nbsp;&Agrave; bout de course&nbsp;&raquo;, <em>La Revue dessin&eacute;e</em>, n&deg;&nbsp;17, 2017.</p> <p style="text-align: justify;">FANEN, Sophian &amp; TITWANE, &laquo;&nbsp;La mort au tournant&nbsp;&raquo;, <em>Les Jours</em>, [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/route/ep1-route-test/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/route/ep1-route-test/</a></p> <p style="text-align: justify;">GARRIGOS, Rapha&euml;l, <em>L&rsquo;Empire</em>, Paris, Le Seuil, 2016.</p> <p style="text-align: justify;">HENRY, Michel, <em>Massilia Foot system</em>, Paris, Marabout, 2019.</p> <p style="text-align: justify;">KAUFFMANN, Alexandre, <em>Stup&eacute;fiants</em>, Paris, Flammarion, 2017.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, &laquo; &Agrave; Paris, les overdoses se sont &ldquo;d&eacute;mocratis&eacute;es&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, le 3 janvier 2017.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, <em>Surdose</em>, Paris, Goutte d&rsquo;or, 2018.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, &laquo;&nbsp;Voyage dans l&rsquo;enfer du Crack&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 18 septembre 2018.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, &laquo;&nbsp;En Guyane, de la coke et des hommes&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 14 mai 2019.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, &laquo;&nbsp;De Cayenne &agrave; Paris, le chemin des &ldquo;mules&rdquo; pleines de coca&iuml;ne&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 15 mai 2019.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, &laquo;&nbsp;&ldquo;Je suis un revendeur qui g&egrave;re son petit trust&hellip;&rdquo;&nbsp;: enqu&ecirc;te sur les fili&egrave;res de la coca&iuml;ne&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 16 mai 2019.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, &laquo;&nbsp;&ldquo;Tontons&rdquo;, &ldquo;cousins&rdquo; ou &ldquo;balances&rdquo;&hellip; Les indics se mettent &agrave; table&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 24 septembre 2019.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, <em>Troisi&egrave;me indic</em>, Paris, Flammarion, 2019.</p> <p style="text-align: justify;">KAUFFMANN, Alexandre, Clara DEALBERTO &amp; Fran&ccedil;ois MEURISSE, &laquo;&nbsp;Surdose&nbsp;&raquo; (10 &eacute;pisodes), <em>Les Jours</em>, [en ligne] <a href="https://lesjours.fr/obsessions/surdose/" target="_blank">https://lesjours.fr/obsessions/surdose/</a></p> <p style="text-align: justify;">LETOURNEUX, Matthieu, <em>Fictions &agrave; la cha&icirc;ne. Litt&eacute;ratures s&eacute;rielles et culture m&eacute;diatique</em>, Paris, Seuil, &laquo;&nbsp;Po&eacute;tique&nbsp;&raquo;, 2017.</p> <p style="text-align: justify;">MAC LUHAN, Marshall, <em>Pour comprendre les m&eacute;dias</em> [1968], traduit par Jean Par&eacute;, Paris, Seuil, &laquo;&nbsp;Points essais&nbsp;&raquo;, 1977.</p> <p style="text-align: justify;">MARION, Philippe, &laquo; Narratologie m&eacute;diatique et m&eacute;diag&eacute;nie des r&eacute;cits &raquo;, <em>Recherches en communication</em>, n&deg; 7, 1997, p. 61-87.</p> <p style="text-align: justify;">MEURET, Isabelle, &laquo;&nbsp;Petite histoire du format long&nbsp;&raquo;, <em>La Revue des m&eacute;dias</em>, le 20 novembre 2013, ina.fr, [en ligne] <a href="https://larevuedesmedias.ina.fr/petite-histoire-du-format-long" target="_blank">https://larevuedesmedias.ina.fr/petite-histoire-du-format-long</a>)</p> <p style="text-align: justify;">TERVONEN, Taina, <em>Au Pays des disparus</em>, Paris, Fayard, 2019.</p> <p style="text-align: justify;">TH&Eacute;RENTY, Marie-&Egrave;ve, &laquo;&nbsp;Pour une histoire litt&eacute;raire de la presse au XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Revue d&rsquo;histoire litt&eacute;raire de la France</em>, vol. 103, n&deg;&nbsp;3, 2003, p. 625-635.</p> <p style="text-align: justify;">THOMSON, David,<em> Les Revenants</em>, Paris, Le Seuil, 2016.</p> <p style="text-align: justify;">TOURANCHEAU, Patricia, <em>Le 36</em>, Paris, Le Seuil, 2017.</p> <p style="text-align: justify;">&ndash;, <em>Gr&eacute;gory</em>, Paris, Le Seuil, 2018.</p> <p style="text-align: justify;">VAILLANT, Alain, &laquo; De la litt&eacute;rature m&eacute;diatique &raquo;, <em>Interf&eacute;rences litt&eacute;raires/Literaire interferenties</em>, nouvelle s&eacute;rie, n&deg; 6, mai 2011, p. 21-33.</p> <p style="text-align: justify;">VITALI-ROSATI, Marcello, &laquo;&nbsp;Les revues litt&eacute;raires en ligne &nbsp;: entre &eacute;ditorialisation et r&eacute;seaux d&rsquo;intelligences&nbsp;&raquo;, <em>&Eacute;tudes fran&ccedil;aises, </em>vol.&nbsp;50, n&deg;&nbsp;3, 2014</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;">Agr&eacute;g&eacute;e de Lettres Modernes, doctorante et membre du laboratoire RIRRA21, <strong>Violaine Sauty</strong> r&eacute;dige actuellement une th&egrave;se, sous la direction de Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty (Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3) et de Paul Aron (Universit&eacute; libre de Bruxelles), intitul&eacute;e &laquo; &Eacute;critures de terrains : (en)qu&ecirc;tes d&rsquo;auteurs dans la litt&eacute;rature contemporaine non fictionnelle &raquo;. Ses travaux de recherche portent sur l&rsquo;histoire et les protocoles des diff&eacute;rentes pratiques de terrain litt&eacute;raires et sur les effets de convergence entre litt&eacute;rature, journalisme et sciences sociales.</p> <h3 style="text-align: justify;">Copyright</h3> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>