<div class="entry-content"> <h3>Abstract</h3> <p>This article analyses the coverage of the covid-19 pandemic in <em>The New York Times Magazine</em>, a weekly periodical, over a period of one year. Assuming that &ldquo;long form&rdquo; articles in this medium take a different look at the current, unprecedented event, as compared to the daily news bulletins, the study aims at identifying the strategies implemented to tell the story of the pandemic in the media. After delineating temporal and spatial features relative to the crisis, an examination of the literariness of reportages (texts and images) is then possible to claim that such micro-stories confer density to reality and help to comprehend it. The &ldquo;granularity&rdquo; and &ldquo;crystallization&rdquo; of these micro-stories highlight the documentary (testimonial), democratic (diversity), therapeutic (empathy) functions of long form, or, to put it differently, their memorial, inclusive, and curative values. Such an approach allows for reinvesting time and space before telling the story.</p> <p style="text-align: justify;"><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p class="meta-tags">long form, covid-19, New York Times Magazine, story, pandemic</p> <p class="meta-tags">&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: right;">&laquo;&nbsp;Et veillons tous les uns sur les autres, parce que nous avons besoin les uns des autres.&nbsp;&raquo;<br /> Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus<br /> Directeur g&eacute;n&eacute;ral, Organisation Mondiale de la Sant&eacute;, 11 mars 2020</p> <h2 style="text-align: justify;"><strong>Pand&eacute;monium et long format</strong><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;usage du long format n&rsquo;est pas un ph&eacute;nom&egrave;ne nouveau, mais il conna&icirc;t un engouement certain ces derni&egrave;res ann&eacute;es, lors des confinements, alors que chacun se retrouve assign&eacute; &agrave; r&eacute;sidence, atteint dans ses libert&eacute;s, dont celle d&rsquo;aller d&eacute;couvrir le monde. Le succ&egrave;s des supports m&eacute;diatiques proposant un tel format ne date n&eacute;anmoins pas de la pand&eacute;mie de Covid-19. Les lecteurs submerg&eacute;s par le flot ininterrompu d&rsquo;informations instantan&eacute;es appr&eacute;cient depuis quelques ann&eacute;es d&eacute;j&agrave; ces journaux et revues, imprim&eacute;es ou digitales, proposant des pauses confortables pour une lecture de qualit&eacute;. Cependant, la menace d&rsquo;une maladie fulgurante a amen&eacute; chacun &agrave; s&rsquo;informer au plus vite, via les r&eacute;seaux sociaux, la presse, la radio et les journaux t&eacute;l&eacute;vis&eacute;s. Alors que les rumeurs d&rsquo;un vilain virus gagnaient et gangrenaient le continent am&eacute;ricain, rapidement, la ville de New York devint l&rsquo;&eacute;picentre du drame &agrave; l&rsquo;aube du printemps 2020.</p> <p style="text-align: justify;">J&rsquo;ai entrepris de r&eacute;diger le pr&eacute;sent article alors que je me trouvais &agrave; New York, pr&eacute;cis&eacute;ment. Les sir&egrave;nes stridentes des ambulances ne cessaient de nous rappeler qu&rsquo;une trag&eacute;die se d&eacute;roulait en temps r&eacute;el, ici et maintenant. Alors qu&rsquo;un h&ocirc;pital de campagne &eacute;tait improvis&eacute; dans Central Park pour accueillir la d&eacute;ferlante de malades, des camions frigorifiques firent leur apparition en ville pour recueillir les morts que les morgues ne pouvaient plus contenir. Comment faire sens de ce qui est insens&eacute;&nbsp;? Comment saisir une r&eacute;alit&eacute; qui d&eacute;passe la fiction&nbsp;? O&ugrave; trouver la v&eacute;rit&eacute;, lorsque celle-ci est bafou&eacute;e aux plus hauts niveaux de l&rsquo;&Eacute;tat, par un Pr&eacute;sident dont la gestion de crise fut cataclysmique&nbsp;? D&eacute;ni de pand&eacute;mie et condamnation des m&eacute;dias alimentaient les vitup&eacute;rations fr&eacute;n&eacute;tiques, vocif&eacute;rations racistes, et th&egrave;ses complotistes de l&rsquo;agent provocateur toujours v&eacute;n&eacute;r&eacute; par une frange non n&eacute;gligeable de l&rsquo;Am&eacute;rique.</p> <p style="text-align: justify;">Pour tenter d&rsquo;y voir clair, nous avons tous consomm&eacute; une presse quotidienne tr&eacute;pidante, zapp&eacute; sur les cha&icirc;nes d&rsquo;information, et picor&eacute; des donn&eacute;es sur les plateformes num&eacute;riques qui in&eacute;vitablement volaient la vedette aux journaux traditionnels, en contexte d&rsquo;urgence. Leur hyperr&eacute;activit&eacute; permettait aux consommateurs en d&eacute;tresse de garder l&rsquo;illusion que le monde continuait de tourner. Mais ce qui anime la toile de mani&egrave;re f&eacute;brile, fertile, futile parfois, rime souvent avec rumeurs, pol&eacute;miques, ou scoops, et ne propose pas une r&eacute;ponse ad&eacute;quate aux questionnements l&eacute;gitimes en p&eacute;riode de chaos. On &eacute;coute alors les experts, tente de recouper les informations, &eacute;vite les alarmistes de tout bord, et voue une admiration au Docteur Fauci, h&eacute;ros des conf&eacute;rences de presse sinon catastrophiques d&rsquo;un Trump &agrave; la d&eacute;rive. Le 24 mai 2020, la une du <em>New York Times</em> est grise comme une pierre tombale. Son &eacute;pitaphe&nbsp;: 100&nbsp;000 morts&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Les d&eacute;c&egrave;s se comptaient d&eacute;j&agrave; par centaines, en Italie, lorsque l&rsquo;Organisation Mondiale de la Sant&eacute; (OMS) d&eacute;clara le 11 mars 2020 que le Covid-19 &laquo;&nbsp;pouvait &ecirc;tre qualifi&eacute;e <em>[sic]</em> de pand&eacute;mie&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;&raquo;. Dans son allocution liminaire, son Directeur g&eacute;n&eacute;ral, le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, annon&ccedil;ait&nbsp;: &laquo;&nbsp;On compte d&eacute;sormais plus de 118&nbsp;000 cas dans 114 pays et 4&nbsp;291 d&eacute;c&egrave;s. Des milliers de personnes sont hospitalis&eacute;es entre la vie et la mort&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;&raquo;. Si le haut fonctionnaire invite &agrave; ne pas user du terme <em>pand&eacute;mie</em> de fa&ccedil;on abusive, le ton n&rsquo;en est pas moins solennel, grave. Il exhorte &agrave; la prudence, &agrave; la responsabilisation, &agrave; l&rsquo;entraide. Quotidiennement, d&eacute;sormais, nous allions pendant plus d&rsquo;une ann&eacute;e interminable apprendre &agrave; conna&icirc;tre, craindre, soigner, succomber &agrave; ce virus, mais aussi &agrave; r&eacute;sister, r&eacute;conforter, &eacute;changer, &eacute;duquer. Plus que jamais, le journalisme avait son r&ocirc;le &agrave; jouer pour informer et faire prendre conscience.</p> <p style="text-align: justify;">En parall&egrave;le au foisonnement m&eacute;diatique, le monde scientifique a rapidement produit des &eacute;tudes sur le Covid-19&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>. &Eacute;videmment nombreuses dans le champ de la m&eacute;decine, ces publications sont parfois d&eacute;nonc&eacute;es comme pr&eacute;cipit&eacute;es ou peu rigoureuses, n&rsquo;ayant pas toujours &eacute;t&eacute; soumises aux pr&eacute;cautions d&rsquo;usage en termes d&rsquo;&eacute;valuation&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Sur le plan journalistique, la recherche s&rsquo;est attach&eacute;e &agrave; d&eacute;manteler les <em>fake news</em>, d&eacute;noncer l&rsquo;infod&eacute;mie, identifier les cadrages, apprivoiser les experts. Quant aux &eacute;tudes litt&eacute;raires, si la th&eacute;matique de la pand&eacute;mie est apparue dans de nombreux appels &agrave; contributions, les analyses de son r&eacute;cit m&eacute;diatique ne sont gu&egrave;re pl&eacute;thoriques. La tentative propos&eacute;e ici, &agrave; partir d&rsquo;un corpus limit&eacute; de la presse magazine am&eacute;ricaine, postule que ce support, qui s&rsquo;inscrit pleinement dans l&rsquo;univers du long format, joue un r&ocirc;le primordial dans la compr&eacute;hension d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; hors normes&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Le <em>New York Times </em>(<em>NYT</em>) informe ses lecteurs de mani&egrave;re responsable sept jours sur sept. Chaque weekend para&icirc;t &eacute;galement le <em>New York Times Magazine </em>(<em>NYTM</em>), un suppl&eacute;ment hebdomadaire lui aussi sous format papier et en ligne, joint &agrave; l&rsquo;&eacute;dition dominicale du quotidien&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>. Outre sa temporalit&eacute; diff&eacute;rente, il se d&eacute;marque par sa ligne et son &eacute;quipe &eacute;ditoriales, la longueur des articles, la vari&eacute;t&eacute; des rubriques, et sa qualit&eacute; graphique. La temporalit&eacute; du <em>NYTM</em> autorise manifestement un traitement diff&eacute;rent de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement traumatique. Comme l&rsquo;indique David Abrahamson, dans son introduction au <em>Routledge Handbook of Magazine Research</em> (2015), les magazines &laquo;&nbsp;sont &agrave; la fois le miroir et le catalyseur des r&eacute;alit&eacute;s socioculturelles de leur &eacute;poque, tant sur le plan du fond que du ton&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&raquo;. La pr&eacute;sente &eacute;tude adh&egrave;re &agrave; cette double pr&eacute;misse qui honore autant la substance que le style.</p> <h2><span id="1_Protocole_operatoire">1. Protocole op&eacute;ratoire</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Partant du postulat que le <em>NYTM</em> propose de jeter un autre regard sur un monde d&eacute;sormais sans rep&egrave;res, en lutte contre un double fl&eacute;au, &agrave; savoir celui de la catastrophe sanitaire du coronavirus, mais aussi celui de la d&eacute;sinformation, il sera ici question d&rsquo;interroger la couverture m&eacute;diatique de cet &eacute;v&eacute;nement majeur afin de saisir les enjeux particuliers que cette presse est amen&eacute;e &agrave; relever quand le monde entier est confront&eacute; &agrave; une situation d&rsquo;urgence et d&rsquo;impuissance. Si l&rsquo;incompr&eacute;hension d&eacute;j&agrave; cit&eacute;e plus haut est une sp&eacute;cificit&eacute; de cette crise, une autre particularit&eacute; est l&rsquo;incr&eacute;dulit&eacute;, certains niant l&rsquo;existence et l&rsquo;envergure de la trag&eacute;die. Double d&eacute;fi, donc. Cet article tente d&rsquo;&eacute;lucider comment une r&eacute;alit&eacute; sans pr&eacute;c&eacute;dent, et d&egrave;s lors aussi une tentative d&rsquo;approcher la v&eacute;rit&eacute;, se construisent au fur et &agrave; mesure que se d&eacute;roule la catastrophe, toujours pas ma&icirc;tris&eacute;e.</p> <p style="text-align: justify;">Pour accompagner cette r&eacute;flexion, l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment de la temporalit&eacute; &eacute;merge comme cadre &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur duquel gravitent d&rsquo;autres pistes d&rsquo;interrogation. En effet, au-del&agrave; de l&rsquo;&eacute;volution de la pand&eacute;mie elle-m&ecirc;me, le traitement s&eacute;quentiel des m&eacute;dias entre &agrave; la fois en collision et collusion avec la diss&eacute;mination du virus et la contagion des individus&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, ainsi qu&rsquo;avec les d&eacute;clarations officielles des autorit&eacute;s politiques et sanitaires. Si le <em>NYT</em>, quotidien, introduit une imm&eacute;diatet&eacute; dans sa diffusion d&rsquo;informations, il lui arrive aussi d&rsquo;&eacute;tendre sa p&eacute;riodicit&eacute; par la pr&eacute;sence de rubriques hebdomadaires&nbsp;; de la m&ecirc;me fa&ccedil;on, le <em>NYTM</em>, qui para&icirc;t le dimanche, autorise des interventions plus rapproch&eacute;es via son espace sur le site du <em>NYT</em>. La pr&eacute;sence en ligne des deux m&eacute;dias signifie que t&ocirc;t ou tard, les fronti&egrave;res s&rsquo;&eacute;moussent, de par la plasticit&eacute; m&ecirc;me du support num&eacute;rique et l&rsquo;injonction de publication en continu.</p> <p style="text-align: justify;">Je pose n&eacute;anmoins ces jalons temporels pour explorer les modalit&eacute;s narratives des r&eacute;cits, photographies, et illustrations de la pand&eacute;mie, telles que pr&eacute;sent&eacute;es dans le <em>NYTM</em>, l&rsquo;hypoth&egrave;se de d&eacute;part &eacute;tant que son l&eacute;ger retrait par rapport &agrave; l&rsquo;actualit&eacute; incite &agrave; cultiver une imagination journalistique pour appr&eacute;hender les faits. Il ne sera finalement pas tant question de recul mais plut&ocirc;t de plong&eacute;e, &agrave; rebours, dans cet &eacute;v&eacute;nement traumatique. Quelles strat&eacute;gies sont utilis&eacute;es pour ralentir le rythme et faire sens, alors que les chiffres de la contamination par le virus s&rsquo;envolent&nbsp;? Le &laquo;&nbsp;long&nbsp;&raquo; format, long par la taille des articles, long aussi par le temps qu&rsquo;il requiert pour &ecirc;tre produit et parcouru, aurait-il les vertus d&rsquo;une m&eacute;decine douce&nbsp;? D&rsquo;une m&eacute;decine alternative par sa perspective originale, respectueuse par sa vis&eacute;e humaniste, efficace par son approche consciencieuse, pour pallier les effets d&eacute;l&eacute;t&egrave;res d&rsquo;un climat toxique&nbsp;?</p> <p style="text-align: justify;">La nature de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement entra&icirc;ne &eacute;galement une r&eacute;flexion sur la spatialit&eacute;, &agrave; appr&eacute;hender elle aussi &agrave; deux niveaux distincts. Si la fulgurance de la pand&eacute;mie a surpris, la viralit&eacute; a fonctionn&eacute; tant sur le plan &eacute;pid&eacute;miologique que sur le plan m&eacute;diatique. La contagion virale n&rsquo;a pas connu de limites, quand l&rsquo;information, elle, filtrait de toutes parts, m&ecirc;me si elle &eacute;tait parfois d&eacute;form&eacute;e ou censur&eacute;e. Si les lanceurs d&rsquo;alerte en Chine ont pay&eacute; de leur libert&eacute; voire de leur vie ce partage essentiel d&rsquo;informations, les journalistes de par le monde ont aussi &eacute;t&eacute; priv&eacute;s de mouvement, confinement oblige. Que fait un journaliste &laquo;&nbsp;emp&ecirc;ch&eacute;&nbsp;&raquo; d&egrave;s lors qu&rsquo;il ne peut se rendre sur le terrain, distant du front d&rsquo;une guerre sanitaire&nbsp;? Quelles d&eacute;marches d&rsquo;immersion et quelles techniques de reportage adopte-t-on, lorsque le contact rapproch&eacute; avec les sources &ndash; patients, soignants, aidants &ndash; s&rsquo;av&egrave;re d&eacute;sormais difficile, voire impossible&nbsp;?</p> <p style="text-align: justify;">En fonction de ces deux param&egrave;tres &ndash; temporalit&eacute; et spatialit&eacute; &ndash; une cartographie de la couverture m&eacute;diatique dans le <em>NYTM </em>est ici dessin&eacute;e (voir Doc. 1 ci-dessous&nbsp;; cliquer sur le lien) <a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>. Il importe de d&eacute;tecter, d&rsquo;une part, les moments cl&eacute;s d&rsquo;apparition du virus dans l&rsquo;actualit&eacute;, et d&rsquo;autre part, les instants de son surgissement dans l&rsquo;hebdomadaire consid&eacute;r&eacute;. Ce cadre spatio-temporel permet de poser quelques balises, d&rsquo;identifier des constellations de ph&eacute;nom&egrave;nes, d&rsquo;&eacute;baucher les contours d&rsquo;un grand r&eacute;cit pand&eacute;mique et m&eacute;diatique&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t r&eacute;side dans la d&eacute;clinaison de cette narration en de multiples unit&eacute;s ou&nbsp;&laquo;&nbsp;micro-histoires&nbsp;&raquo;, reflets d&rsquo;une s&eacute;rie de r&eacute;alit&eacute;s semblables par leur d&eacute;nominateur commun, mais &eacute;galement singuli&egrave;res, et contagieuses. Cette double viralit&eacute; est impossible &agrave; traiter ici de mani&egrave;re exhaustive, mais quelques &eacute;chantillons pr&eacute;lev&eacute;s dans le corpus permettront d&rsquo;en d&eacute;tecter les m&eacute;canismes.</p> <p><strong>Doc. 1 ‒ <a class="fancybox-pdf" href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2022/03/Couverture-de-la-pandemie-de-covid-19-dans-la-production-hebdomadaire-du-New-York-Times-Magazine-de-mars-2020-a-fevrier-2021.pdf" target="_blank">Couverture de la pand&eacute;mie de covid-19 dans la production hebdomadaire du <em>New York Times Magazine</em>, de mars 2020 &agrave; f&eacute;vrier 2021.</a></strong></p> <p style="text-align: justify;">Raconter l&rsquo;inimaginable est un d&eacute;fi journalistique et d&eacute;ontologique. Il faut faire preuve d&rsquo;imagination, mais aussi de rigueur et de sang-froid, dans les r&egrave;gles de l&rsquo;art. Trouver un vocabulaire ad&eacute;quat, s&rsquo;inspirer d&rsquo;exp&eacute;riences du pass&eacute;, proc&eacute;der par analogies et recoupements, en recourant &agrave; des experts, mais pas seulement. Pour appr&eacute;hender la r&eacute;alit&eacute;, aussi &eacute;trange soit-elle, le <em>NYTM</em> l&rsquo;aborde sous divers angles et dans des rubriques distinctes. Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, le pr&eacute;sent article s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la couverture de la pand&eacute;mie durant un an, depuis son apparition dans le magazine le 29 mars 2020. Elle porte sur une ann&eacute;e, incluant la p&eacute;riode paroxystique de la crise, mais aussi les semaines o&ugrave; d&rsquo;autres urgences &ndash; &eacute;meutes raciales, &eacute;lection pr&eacute;sidentielle, insurrection au Capitole &ndash; l&rsquo;ont parfois relay&eacute;e au second plan, sans jamais l&rsquo;abandonner.</p> <p style="text-align: justify;">Au d&eacute;part, il s&rsquo;agit d&rsquo;incarner une abstraction. En effet, la pand&eacute;mie se traduit d&rsquo;abord en indicateurs et statistiques&nbsp;: nombres de malades, taux de contamination, chiffres d&rsquo;hospitalisation. De telles donn&eacute;es proposent des orientations, identifient des tendances, pointent des fluctuations. Mais elles ne font que souligner une r&eacute;alit&eacute; insaisissable, suivre une courbe pr&eacute;visionnelle indomptable. En conf&eacute;rant une densit&eacute; au r&eacute;el, en humanisant les victimes et les h&eacute;ros de l&rsquo;ombre, les r&eacute;cits am&egrave;nent le lecteur sur le champ du sensible et de l&rsquo;intelligible. Autrement dit, ils invitent &agrave; plonger dans l&rsquo;intimit&eacute; des &ecirc;tres pour &eacute;chapper &agrave; l&rsquo;opacit&eacute; des signes. Au-del&agrave; de la cartographie pr&eacute;sent&eacute;e en amont, laquelle dessine un cadre &eacute;volutif de la diss&eacute;mination de la maladie, suivra une dissection qualitative d&rsquo;un &eacute;chantillon d&rsquo;articles indicatifs de cette approche moins &laquo;&nbsp;clinique&nbsp;&raquo; de la pand&eacute;mie.</p> <p style="text-align: justify;">Ces mises en lumi&egrave;re sont aussi une mani&egrave;re de se laisser interpeller par certaines d&eacute;rives ou valeurs aberrantes. Forme et contenu ont guid&eacute; mes choix m&eacute;thodologiques, mais une navigation en aveugle g&eacute;n&eacute;r&eacute;e par une situation in&eacute;dite incite aussi &agrave; l&rsquo;imp(r)udence. En effet, si on s&rsquo;entend sur le fait que les magazines sont autant prescriptifs que descriptifs, souligne Carolyn Kitch&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>, peut-on se projeter dans une autre dimension, &eacute;tant donn&eacute; la situation d&rsquo;exception&nbsp;? Une vision panoptique pour comprendre une pathologie cryptique&nbsp;; aussi je compl&egrave;terai mon hypoth&egrave;se de d&eacute;part en augurant du fait que le traitement de la pand&eacute;mie sous de multiples facettes permet d&rsquo;introduire d&rsquo;autres fonctions narratives dans le traitement m&eacute;diatique du long format choisi. Ainsi j&rsquo;interrogerai les valeurs documentaire (t&eacute;moignages), d&eacute;mocratique (diversit&eacute;), et th&eacute;rapeutique (empathie) du magazine.</p> <h2><span id="2_Anamnese">2. Anamn&egrave;se</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Le <em>NYTM </em>fonctionne avec une &eacute;quipe de journalistes assign&eacute;s &agrave; un ensemble de rubriques, r&eacute;currentes chaque semaine&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>. Apr&egrave;s la une, le sommaire, et la liste des collaborateurs du num&eacute;ro, on retrouve syst&eacute;matiquement&nbsp;: <em>Screenland </em>(billet d&rsquo;humeur)&nbsp;; <em>Talk </em>(entretien)&nbsp;; <em>The Ethicist</em> (chronique d&rsquo;&eacute;thique)&nbsp;; <em>Diagnosis</em> (chronique m&eacute;dicale)&nbsp;; <em>Letter of Recommendation </em>(sujet original), suivi de <em>Eat</em> (essai et recette culinaires). Viennent ensuite les deux, trois, voire quatre longs articles (<em>features</em>) qui constituent le c&oelig;ur de la revue, l&rsquo;un d&rsquo;eux ayant l&rsquo;honneur de la couverture, avec titraille et photographie. Des rubriques plus petites figurent &eacute;galement dans chaque num&eacute;ro, notamment le courrier des lecteurs (<em>The Thread</em>), le po&egrave;me (<em>Poem</em>), des conseils pratiques (<em>Tip</em>) ou d&eacute;cal&eacute;s (<em>Judge John Hodgman</em>) et enfin les jeux, dont les mots-crois&eacute;s et leurs solutions (<em>Puzzles, Answers to Puzzles)</em>, qui cl&ocirc;turent la publication.</p> <p style="text-align: justify;">D&rsquo;embl&eacute;e on observe que le r&eacute;cit m&eacute;diatique de la pand&eacute;mie commence pratiquement &agrave; l&rsquo;instant o&ugrave; le confinement est annonc&eacute; aux &Eacute;tats-Unis, en tout cas dans les grandes villes, dont New York, le 20 mars 2020. En effet, le Covid-19 fait parler de lui pour la premi&egrave;re fois dans le <em>NYTM </em>du 29 mars, &eacute;dition ironiquement consacr&eacute;e au voyage&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>. Comme s&rsquo;en explique l&rsquo;&eacute;quipe &eacute;ditoriale, ce num&eacute;ro pr&eacute;vu de longue date s&rsquo;inscrivit de mani&egrave;re inattendue dans un contexte antith&eacute;tique d&rsquo;immobilisation&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>. Dans sa version num&eacute;rique, le magazine comporte chaque semaine une courte vid&eacute;o intitul&eacute;e <em>Behind the Cover</em>, qui raconte la conception de la couverture graphique du magazine en explicitant le raisonnement qui oriente le choix final du sujet &agrave; l&rsquo;honneur, en couverture&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>. Dans ce cas, il &eacute;tait imp&eacute;ratif de tenir compte du contexte exceptionnel o&ugrave; les voyages &eacute;taient d&eacute;sormais impossibles, et les lendemains incertains.</p> <p style="text-align: justify;">La couverture porte sur l&rsquo;un des r&eacute;cits forts du num&eacute;ro, consacr&eacute; au <em>disaster </em>ou <em>dark tourism</em>&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>, une pratique macabre qui am&egrave;ne les curieux vers des lieux sinistr&eacute;s. Ce reportage tombe &agrave; point nomm&eacute;. La photo choisie, celle d&rsquo;une piscine vide, en ruines, &agrave; Tchernobyl, illustre la d&eacute;solation et l&rsquo;absence. Son <em>punctum</em> tragique, une horloge murale arr&ecirc;t&eacute;e pour l&rsquo;&eacute;ternit&eacute;, annonce que le temps est d&eacute;sormais suspendu, entrant en parfaite r&eacute;sonance avec l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; du moment pr&eacute;sent. Le chap&ocirc; du r&eacute;cit &ndash; <em>A Journey to the End of the World</em> &ndash; anticipe &eacute;galement la gravit&eacute; de la situation. Sans le savoir, les &eacute;diteurs ont opt&eacute; pour une image sinistre qui, incidemment, inaugure l&rsquo;&egrave;re pand&eacute;mique. Sa force de projection est totale, vu l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;ignorance dans lequel le monde se trouvait au printemps 2020. La catastrophe atomique d&rsquo;autrefois semble augurer une autre forme de d&eacute;vastation, &agrave; venir.</p> <p style="text-align: justify;">Cette couverture amorce le grand r&eacute;cit d&rsquo;une catastrophe dans le <em>NYTM</em>, mais le premier article abordant la pand&eacute;mie, annonc&eacute; par le sous-titre &eacute;vocateur &laquo;&nbsp;<em>Travel in a Plague Year</em>&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>&nbsp;&raquo;, est sign&eacute; Heidi Julavits, &agrave; son retour d&rsquo;un voyage &agrave; Venise, alors que l&rsquo;Italie vacille. On peut y lire ses consid&eacute;rations sur le contr&ocirc;le, le confinement, et la contagion de la maladie. Non sans ironie, la journaliste &eacute;voque le Carnaval et ses masques effrayants, ainsi que les origines italiennes des mots &laquo;&nbsp;ghetto&nbsp;&raquo; (<em>geto</em>, o&ugrave; &eacute;taient contenus les Juifs &agrave; Venise) et &laquo;&nbsp;quarantaine&nbsp;&raquo; (<em>quaranta giorni</em>). Le lecteur se familiarise avec un lexique dont il ne per&ccedil;oit pas encore la gravit&eacute;. Grotesque, la situation ne l&rsquo;est pas, mais on assiste &agrave; la confusion des rep&egrave;res spatio-temporels et au renversement des r&ocirc;les. Les chronotopes sont &eacute;branl&eacute;s&nbsp;; le contamin&eacute; devient contaminateur. Le texte esquisse l&rsquo;aube d&rsquo;un monde en d&eacute;composition.</p> <p style="text-align: justify;">Le traitement m&eacute;diatique du coronavirus, vu l&rsquo;emballement de la crise, va alors crescendo. Les jalons de mon analyse encadrent une p&eacute;riode de 12 mois, soit 52 num&eacute;ros. Apr&egrave;s cette premi&egrave;re livraison fin mars suivent logiquement trois num&eacute;ros o&ugrave; la couverture et pratiquement toutes les rubriques sont consacr&eacute;es &agrave; la pand&eacute;mie (5, 12, et 19 avril 2020). Tous les num&eacute;ros suivants font leur une sur le Covid-19 (3, 10, 17, 24, 31 mai, 14 juin), sauf celui du 26 avril, o&ugrave; l&rsquo;Afghanistan s&rsquo;impose en premi&egrave;re page, et celui du 7 juin, qui place le ministre de la justice William Barr en une, pour une incursion dans l&rsquo;actualit&eacute; politique. Ces deux num&eacute;ros n&rsquo;en restent pas moins consacr&eacute;s massivement &agrave; la crise sanitaire. Pour le reste de l&rsquo;ann&eacute;e 2020 et le d&eacute;but 2021, on compte encore douze unes sur le sujet. Sans surprise, la protestation raciale et l&rsquo;actualit&eacute; politique am&eacute;ricaine r&eacute;investissent ensuite l&rsquo;espace.</p> <p style="text-align: justify;">Cette premi&egrave;re approche anatomique du corpus de textes traitant de la pand&eacute;mie &agrave; des degr&eacute;s divers permet de prendre la temp&eacute;rature d&rsquo;une Am&eacute;rique menac&eacute;e par un ennemi difficile &agrave; cerner, &agrave; contenir, &agrave; combattre. Le sch&eacute;ma panoptique propos&eacute; en illustration permet aussi de voir que les Am&eacute;ricains prennent conscience d&rsquo;autres calamit&eacute;s que celle de la crise sanitaire. La pand&eacute;mie agit comme r&eacute;v&eacute;lateur d&rsquo;autres maux qui exacerbent les tensions dans le pays, bouleversent son &eacute;quilibre, cr&eacute;ent le chaos. Un vent de guerre civile s&rsquo;ajoute &agrave; la d&eacute;solation, tandis que les meetings et briefings pr&eacute;sidentiels tournent au th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;absurde. Mais les sc&eacute;narios apocalyptiques sont aussi accompagn&eacute;s de r&eacute;cits &eacute;difiants qui nuancent la conversation ambiante plut&ocirc;t tragique. Le <em>NYTM</em> offre ainsi un &eacute;ventail de &laquo;&nbsp;micro-histoires&nbsp;&raquo; qui participent de l&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;un grand r&eacute;cit m&eacute;diatique de la pand&eacute;mie.</p> <p style="text-align: justify;">Si l&rsquo;article de Julavits sonne comme la premi&egrave;re &laquo;&nbsp;micro-histoire&nbsp;&raquo; d&rsquo;une sorte de <em>Journal de l&rsquo;ann&eacute;e de la peste</em>&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>, il est tentant de faire d&rsquo;autres parall&egrave;les avec ce texte magistral faisant &oelig;uvre sociologique et documentaire, m&ecirc;me si on la sait fictive tout en empruntant au r&eacute;el&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>. L&rsquo;article incipit marque l&rsquo;entr&eacute;e dans cette peste contemporaine et sa viralit&eacute; foudroyante, mais la fin ne s&rsquo;entrevoit qu&rsquo;en points de suspension. Le corpus pr&eacute;sente cependant d&rsquo;autres sympt&ocirc;mes importants&nbsp;: les 52 num&eacute;ros sont inocul&eacute;s par le Covid-19, dans des proportions variables, les num&eacute;ros d&rsquo;avril et juin l&rsquo;&eacute;tant massivement, les plus r&eacute;cents beaucoup moins. Bien que la &laquo;&nbsp;calamit&eacute;&nbsp;&raquo; contamine rapidement les pages du magazine, demeure la tentative de maintenir une temporalit&eacute; rassurante, une p&eacute;riodicit&eacute; rituelle, notamment par la r&eacute;surgence de dossiers sp&eacute;ciaux qui paraissent chaque ann&eacute;e, aux m&ecirc;mes moments&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Une scansion dans les th&egrave;mes abord&eacute;s et les moyens mobilis&eacute;s appara&icirc;t n&eacute;anmoins&nbsp;: apr&egrave;s la stup&eacute;faction qui suit la r&eacute;alisation que le mal est bien l&agrave;, vient un int&eacute;r&ecirc;t pour ceux qui doivent porter secours, en premi&egrave;re ligne. S&rsquo;invite alors la peur, &agrave; travers des reportages, depuis le front ravag&eacute; de l&rsquo;Italie, et ensuite aux &Eacute;tats-Unis, dans &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;picentre&nbsp;&raquo; de la pand&eacute;mie, au c&oelig;ur de la tourmente. Les num&eacute;ros du <em>NYTM </em>pr&eacute;sentent des portraits, des reportages, des t&eacute;moignages. Le r&eacute;cit de la pand&eacute;mie s&rsquo;enrichit de ces &laquo;&nbsp;fictions de r&eacute;el&nbsp;&raquo; pour tenter de faire toute la v&eacute;rit&eacute; sur la trag&eacute;die en cours&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>. Des questions existentielles sur la vie et la mort percolent alors, informant sur l&rsquo;&eacute;tat g&eacute;n&eacute;ral de sant&eacute; du pays. Place est faite ensuite aux dommages collat&eacute;raux, solutions sanitaires et bilans accablants, s&eacute;quelles durables et pertes irr&eacute;vocables. Ci-apr&egrave;s suivent les analyses de quelques textes indicatifs de ce r&eacute;cit m&eacute;diatique.</p> <h2><span id="3_Premier_diagnostic_documentaire">3. Premier diagnostic, documentaire</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">&Agrave; l&rsquo;instar de la proposition avanc&eacute;e par Rapha&euml;l Baroni pour sortir du &laquo;&nbsp;cercle vicieux de la triple <em>mim&eacute;sis</em>&nbsp;&raquo;, diverses &laquo;&nbsp;perspectives et angles morts&nbsp;&raquo; existent dans &laquo;&nbsp;tout dialogue interdisciplinaire&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. En r&eacute;gime journalistique, en l&rsquo;occurrence dans le r&eacute;cit inchoatif de la pand&eacute;mie du <em>NYTM</em>, se croisent et s&rsquo;articulent de multiples r&eacute;flexions et narrations sur la temporalit&eacute; des &eacute;v&eacute;nements, sans r&eacute;solution v&eacute;ritable. Mais ces mises en mots et format long, davantage qu&rsquo;en intrigue, pour tendre vers un <em>entendement</em>, plut&ocirc;t qu&rsquo;un d&eacute;nouement, r&eacute;v&egrave;lent la richesse d&rsquo;une strat&eacute;gie discursive dont la dynamique semble davantage r&eacute;v&eacute;latrice de sens que d&rsquo;un projet de finitude. Faute d&rsquo;entrevoir un horizon lointain porteur de signification, ose-t-on renverser la dialectique ric&oelig;urienne en imaginant une <em>r&eacute;ponse temporelle</em> &agrave; un <em>probl&egrave;me narratif</em>, sans pour autant ignorer le &laquo;&nbsp;macro-r&eacute;cit&nbsp;&raquo; qui fatalement se trame&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]&nbsp;</a>?</p> <p style="text-align: justify;">Devant la difficult&eacute; de pr&eacute;figurer ou configurer un grand r&eacute;cit d&rsquo;&eacute;pouvante, il est essentiel de juguler la peur, temp&eacute;rer les angoisses, sans pour autant cacher les r&eacute;alit&eacute;s du drame en cours. Le journalisme se met en qu&ecirc;te d&rsquo;exp&eacute;riences individuelles faute de pouvoir envisager des sc&eacute;narios plausibles pour raconter l&rsquo;inimaginable. Ces micro-histoires sugg&egrave;rent elles-m&ecirc;mes une temporalit&eacute; des &eacute;v&eacute;nements qui autorise un agencement des faits bouscul&eacute;s par des narrations cacophoniques r&eacute;sultant d&rsquo;une double viralit&eacute;, sanitaire et m&eacute;diatique. Si l&rsquo;image premi&egrave;re du r&eacute;cit est celle d&rsquo;un d&eacute;sastre que l&rsquo;on conna&icirc;t d&eacute;j&agrave;, &agrave; savoir la d&eacute;solation qui suivit la catastrophe nucl&eacute;aire de Tchernobyl, elle donne le &laquo;&nbsp;la&nbsp;&raquo; du r&eacute;cit qui suivra, et sonne le glas d&rsquo;un monde de mobilit&eacute; et d&rsquo;insouciance qu&rsquo;on refusait d&rsquo;imaginer, m&ecirc;me s&rsquo;il fut envisag&eacute;. L&rsquo;horloge murale &eacute;voqu&eacute;e plus t&ocirc;t, fig&eacute;e en une, est le McGuffin d&rsquo;un r&eacute;cit sur le temps.</p> <p style="text-align: justify;">Comme mentionn&eacute; plus haut, une lecture attentive de quelques articles significatifs permet de d&eacute;lin&eacute;er la construction du r&eacute;cit, qui avance en marge d&rsquo;une actualit&eacute; bouillonnante. Quand l&rsquo;&eacute;moi et l&rsquo;effroi sont d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sents chez les lecteurs, et qu&rsquo;un trop-plein d&rsquo;&eacute;motion submerge les vies ordinaires percut&eacute;es par l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement extraordinaire, on se tourne vers les t&eacute;moins, les acteurs, qu&rsquo;ils soient combattants ou victimes de la pand&eacute;mie. Le probl&egrave;me de l&rsquo;espace s&rsquo;est aussit&ocirc;t pos&eacute; pour les journalistes, d&eacute;sormais &laquo;&nbsp;emp&ecirc;ch&eacute;s&nbsp;&raquo; d&rsquo;embarquer les lecteurs dans leurs enqu&ecirc;tes de terrain. Deux exemples r&eacute;pondent &agrave; cette immobilit&eacute; inflig&eacute;e&nbsp;: le premier est celui de la mont&eacute;e au cr&eacute;neau des <em>first responders</em>, ceux et celles qui assurent des relais essentiels aupr&egrave;s des populations et qui s&rsquo;invitent comme &laquo;&nbsp;envoy&eacute;s sp&eacute;ciaux&nbsp;&raquo; dans les pages du magazine. Le second est un photoreportage r&eacute;alis&eacute; sur le front de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie, en Italie.</p> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;<em>Exposed. Afraid. Determined</em>&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>&nbsp;&raquo; est un article du <em>NYTM</em> du 5 avril 2020 qui consacre dix-huit pages au Covid-19. Il fait le portrait de ceux et celles qui, soit ne peuvent renoncer &agrave; leur travail pour raisons &eacute;conomiques, soit occupent des postes essentiels au fonctionnement de la soci&eacute;t&eacute;. Ces vingt professionnels issus des quatre coins du pays sont pr&eacute;sent&eacute;s en h&eacute;ros&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>. &laquo;&nbsp;<em>These are their stories</em>&nbsp;&raquo;, est-il annonc&eacute;, &laquo;&nbsp;<em>in their own words</em>&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo;, m&ecirc;me si l&rsquo;article nous apprend que leurs propos furent adapt&eacute;s et condens&eacute;s. En couverture du magazine figurent leurs photos, prises par eux-m&ecirc;mes ou des proches. L&rsquo;entr&eacute;e dans ce grand r&eacute;cit se fait donc &agrave; hauteur d&rsquo;&ecirc;tre humain&nbsp;; les protagonistes sont des gens ordinaires, d&rsquo;&acirc;ges, de sexes, et d&rsquo;ethnies diff&eacute;rentes. &Agrave; leur m&eacute;tier de proximit&eacute; s&rsquo;ajoute celui de correspondant tr&egrave;s sp&eacute;cial, sur un terrain (conta)min&eacute;, d&eacute;sormais inaccessible aux journalistes, confinement oblige.</p> <p style="text-align: justify;">Bien que leurs propos aient &eacute;t&eacute; recueillis par des journalistes de la r&eacute;daction du <em>NYTM</em>, chaque vignette est r&eacute;dig&eacute;e &agrave; la premi&egrave;re personne. Ces micro-histoires d&eacute;crivent des vies chamboul&eacute;es par la nouvelle r&eacute;alit&eacute; du coronavirus. Elles r&eacute;pondent clairement &agrave; trois questions pos&eacute;es en amont, car la structure est toujours semblable. Ainsi, un petit texte d&eacute;peint syst&eacute;matiquement le nouveau quotidien d&rsquo;un personnage, par contraste avec sa routine habituelle&nbsp;; ensuite il ou elle d&eacute;crit son travail, les responsabilit&eacute;s et valeurs qui y sont attach&eacute;es&nbsp;; enfin, suit une profession de foi tr&egrave;s personnelle, l&rsquo;affirmation d&rsquo;un engagement ind&eacute;fectible. L&rsquo;arc narratif du risque (<em>exposed</em>), de la peur (<em>afraid</em>), et de la t&eacute;nacit&eacute; (<em>determined</em>) proc&egrave;de d&rsquo;une volont&eacute; d&rsquo;honorer une arm&eacute;e de gens au service d&rsquo;une Am&eacute;rique fragilis&eacute;e mais courageuse et solidaire, ayant le sens du devoir face au cataclysme.</p> <p style="text-align: justify;">Dans le num&eacute;ro suivant, la tension dramatique s&rsquo;accro&icirc;t, avec un d&eacute;placement vers le danger, qu&rsquo;annonce le chap&ocirc;&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>on the frontlines in northern Italy</em>&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]&nbsp;</a>&raquo;. Le portfolio d&rsquo;un personnel hospitalier a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute; par un enfant du pays, le photographe Andrea Frazzetta, justement &agrave; Milan lorsque le virus a frapp&eacute;. Intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>the life-and-death shift</em>&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;&raquo;, la s&eacute;rie de clich&eacute;s est introduite par un texte tr&egrave;s &eacute;mouvant, sign&eacute; Jason Horowitz. Au-del&agrave; de la situation sanitaire catastrophique de l&rsquo;Italie, reconnue comme l&rsquo;&eacute;picentre de la pand&eacute;mie &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle mondiale, on y d&eacute;couvre &eacute;galement l&rsquo;histoire personnelle du photographe, qui vient de perdre sa m&egrave;re, contamin&eacute;e par le virus. Cette derni&egrave;re sourit tendrement, derri&egrave;re le rideau de sa fen&ecirc;tre, sur la photo qui accompagne cette contextualisation, hommage &agrave; la disparue. La Lombardie est d&eacute;sormais &laquo;&nbsp;<em>a war zone&nbsp;</em><a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp;&raquo;, et la guerre ne fait que commencer.</p> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est en d&eacute;couvrant les selfies d&rsquo;infirmi&egrave;res &eacute;puis&eacute;es que vint &agrave; Frazzetta l&rsquo;id&eacute;e de &laquo;&nbsp;documenter&nbsp;&raquo; le combat du personnel des h&ocirc;pitaux de Milan, Brescia, Bergame&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>. Les visages ab&icirc;m&eacute;s par les masques chirurgicaux t&eacute;moignent du combat acharn&eacute; contre l&rsquo;ennemi invisible. Les quinze portraits, dont celui en couverture, sont chacun accompagn&eacute;s d&rsquo;une l&eacute;gende o&ugrave; le sujet r&eacute;sume son r&ocirc;le, sa pens&eacute;e. Ils et elles &eacute;voquent les &laquo;&nbsp;<em>scars that stay inside</em> &raquo; ou les s&eacute;quelles in&eacute;vitables ‒&nbsp;&laquo; <em>this will leave a mark</em> &raquo; ‒, que les stigmates faciaux semblent refl&eacute;ter. Certains mots sont gla&ccedil;ants, tels ceux de cette infirmi&egrave;re qui demande aux proches &laquo; <em>to say goodbye the best they can</em>&nbsp;&raquo;, ou cette autre qui voit la peur dans les yeux de patients &laquo;&nbsp;<em>afraid of falling asleep and never waking up again</em>&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;&raquo;. D&eacute;sesp&eacute;rance, mais aussi t&eacute;nacit&eacute;, &eacute;maillent les quelques lignes accompagnant les portraits de ces soldats du front.</p> <p style="text-align: justify;">Alors que le r&eacute;cit prend forme dans le <em>NYTM</em>, &eacute;merge la volont&eacute; de documenter une situation in&eacute;dite, non seulement aux &Eacute;tats-Unis, mais au front de la guerre, en Italie. Nous sommes encore &agrave; un stade d&rsquo;h&eacute;b&eacute;tude, qui fait que l&rsquo;on se raccroche d&rsquo;abord &agrave; des visages et des &ecirc;tres qui portent secours, comme pour se rassurer que quelqu&rsquo;un g&egrave;re la situation, de pr&egrave;s ou de loin, et que les plus faibles ne sont pas &agrave; l&rsquo;abandon. Si le premier article fait appara&icirc;tre une revalorisation des r&ocirc;les de chacun dans la soci&eacute;t&eacute;, il apporte aussi une reconnaissance des efforts et une r&eacute;affirmation des devoirs civiques en situation de d&eacute;tresse. Quant au deuxi&egrave;me article, o&ugrave; prime la photographie, il anticipe un avenir in&eacute;vitable. Les deux approches ont valeur testimoniale en ce qu&rsquo;elles constituent des r&eacute;f&eacute;rences &agrave; la fois m&eacute;morielles, mais aussi proleptiques, laissant deviner un funeste destin.</p> <h2><span id="4_Deuxieme_diagnostic_democratique">4. Deuxi&egrave;me diagnostic, d&eacute;mocratique</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;"><strong>&nbsp;</strong>Si la diversit&eacute; &eacute;tait d&eacute;j&agrave; apparente dans les portraits &eacute;crits et photographiques d&eacute;peints plus haut, celle-ci caract&eacute;rise l&rsquo;ensemble du corpus, &agrave; plusieurs niveaux. Multitude des profils repr&eacute;sent&eacute;s, polyphonie des voix exprim&eacute;es, vari&eacute;t&eacute; des sujets abord&eacute;s, caract&eacute;risent un journalisme pluraliste et r&eacute;solument inclusif. En effet, on note dans les longs formats propos&eacute;s que les articles portent sur des personnages publics autant que sur des anonymes. Il existe une repr&eacute;sentativit&eacute; ethnique de la soci&eacute;t&eacute;, la question raciale &eacute;tant souvent &eacute;voqu&eacute;e en regard des injustices sociales &eacute;videntes dans le contexte de la pand&eacute;mie. Quant &agrave; l&rsquo;&eacute;clectisme des sujets relatifs &agrave; la catastrophe sanitaire, il tend &agrave; montrer que les Am&eacute;ricains sont affect&eacute;s dans tous les domaines de la vie&nbsp;: &eacute;conomique (pauvret&eacute;, faim), politique (&eacute;lection), &eacute;ducatif (&eacute;cole, universit&eacute;), sociale (handicap), culturelle (spectacles, sport), pour n&rsquo;en citer que quelques-uns.</p> <p style="text-align: justify;">Il existe aussi une multiplicit&eacute; de tons et de variations stylistiques &agrave; travers les articles du <em>NYTM</em> qui traitent de la pand&eacute;mie. Impossible d&rsquo;&eacute;voquer une unit&eacute; narrative &agrave; proprement parler dans ce qui constitue ce r&eacute;cit m&eacute;diatique, dont le terme reste sp&eacute;culatif. N&eacute;anmoins, on assiste &agrave; des scansions, des mont&eacute;es en puissance dans la dramatisation de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement, qu&rsquo;elle soit teint&eacute;e d&rsquo;espoir &ndash; &laquo;&nbsp;<em>The Path to A Cure for Covid-19</em>&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>&nbsp;&raquo; en juin 2020 &ndash;, ou de d&eacute;sesp&eacute;rance &ndash; &laquo;&nbsp;<em>Why We&rsquo;re Losing the Battle With Covid-19</em>&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>&nbsp;&raquo; quelques semaines plus tard. Ces r&eacute;cits font &eacute;cho aux &laquo;&nbsp;discours multiples&nbsp;qui se d&eacute;ploient dans le temps et qui se socialisent sur la sc&egrave;ne m&eacute;diatique&nbsp;&raquo;&nbsp;; ils s&rsquo;agencent en s&eacute;quences tendues &laquo;&nbsp;vers un horizon d&rsquo;attente orient&eacute; vers une suite attendue&nbsp;&raquo; sans pour autant augurer d&rsquo;une fin, ce qui n&rsquo;emp&ecirc;che leur &laquo;&nbsp;coh&eacute;sion&nbsp;&raquo;, souligne Baroni&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">En effet, la gravit&eacute; de la situation se mesure souvent &agrave; l&rsquo;aune des annonces relatives au virus et &agrave; sa propagation, aux d&eacute;clarations politiques, et aux autres relais m&eacute;diatiques, apportant ainsi une consistance au r&eacute;cit dont la mise en feuilleton est tributaire de ces <em>cliffhangers</em>&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a> avec lesquels il faut bien composer. Mais l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des formats longs viserait paradoxalement &agrave; un apaisement du discours&nbsp;: les diff&eacute;rentes tonalit&eacute;s des micro-histoires s&rsquo;emploient &agrave; refl&eacute;ter les diverses tessitures qui trament le r&eacute;cit, et qui vont de la douleur des innocents &agrave; l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;sme des anonymes, du sacrifice des indigents au courage de dissidents. Mettre ces voix au diapason doit s&rsquo;entendre comme une reconnaissance de l&rsquo;&eacute;tendue des registres, non comme une aspiration au conformisme. Ces fr&eacute;quences vibratoires, chroniques de l&rsquo;Am&eacute;rique, seraient &agrave; percevoir comme tentatives de s&rsquo;accorder avec un monde dissonant.</p> <p style="text-align: justify;">Un autre reportage s&rsquo;impose, en regard de l&rsquo;actualit&eacute; alarmante. Alors que les cinquante &eacute;tats sont d&eacute;sormais atteints par le Covid-19, para&icirc;t dans le num&eacute;ro du 19 avril 2020 un long article &agrave; nouveau accompagn&eacute; d&rsquo;un portfolio en noir et blanc, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;The Epicenter&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;&raquo;. Il est suivi de &laquo;&nbsp;State of Emergency&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>&nbsp;&raquo;, le journal d&rsquo;un m&eacute;decin. Le premier est sign&eacute; de Jonathan Mahler, le second du Docteur Helen Ouyang. Toutes les photos sont de Philip Montgomery, l&rsquo;un des photographes attitr&eacute;s du <em>NYTM</em>. Plus que des portraits, il s&rsquo;agit de clich&eacute;s d&rsquo;hommes et de femmes en action, sur le terrain, l&agrave; o&ugrave; se joue le combat contre la maladie, dans les h&ocirc;pitaux publics de New York d&eacute;sormais dans l&rsquo;&oelig;il du cyclone. La barre des 100&nbsp;000 cas affect&eacute;s par le virus vient d&rsquo;&ecirc;tre pass&eacute;e aux &Eacute;tats-Unis,&nbsp;le 27 mars&nbsp;; le 27 mai, 100&nbsp;000 d&eacute;c&egrave;s seront d&eacute;nombr&eacute;s. On se souvient des photos d&rsquo;Italie, pr&eacute;mices de la trag&eacute;die am&eacute;ricaine.</p> <p style="text-align: justify;">Cette fois, les clich&eacute;s ne r&eacute;v&egrave;lent pas des visages burin&eacute;s par des masques. Ils montrent des individus en tenue de combat, camoufl&eacute;s de la t&ecirc;te aux pieds, m&eacute;connaissables dans leurs combinaisons encombrantes, derri&egrave;re des visi&egrave;res, des lunettes de protection. Ces photos ne sont accompagn&eacute;es que de br&egrave;ves descriptions factuelles, fiches techniques indiquant aux lecteurs les man&oelig;uvres d&eacute;ploy&eacute;es, les gestes effectu&eacute;s, le mat&eacute;riel mobilis&eacute;. Si l&rsquo;on est imm&eacute;diatement touch&eacute; par les regards fatigu&eacute;s et sid&eacute;r&eacute;s, on l&rsquo;est tout autant par l&rsquo;&eacute;nergie coll&eacute;giale, l&rsquo;affairement ind&eacute;fectible, et la concentration palpable qui transpire de chaque tableau. Tout aussi &eacute;mouvants sont les clich&eacute;s de machines, de brancards, de l&rsquo;appareillage m&eacute;dical et de l&rsquo;arsenal m&eacute;dicamenteux, munitions indispensables pour sauver les vies humaines. D&rsquo;autres photos compl&egrave;tent la s&eacute;rie, disponible sur le site du <em>NYTM</em>.</p> <p style="text-align: justify;">Ce texte central, parmi tous les autres publi&eacute;s par le magazine, interpelle par les liens que son auteur tisse entre r&eacute;cits et grande histoire. D&rsquo;une part, Mahler introduit son propos en rappelant que &laquo;&nbsp;<em>New York used to be a city filled with stories</em>&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;&raquo;, mais que tout a chang&eacute;. D&eacute;sormais, &laquo;&nbsp;<em>Today it is a city with a single story</em>&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>. &raquo; Le long article de Mahler consiste &agrave; raconter l&rsquo;histoire de New York &agrave; travers son r&eacute;seau d&rsquo;h&ocirc;pitaux municipaux, essentiels dans le maintien de la sant&eacute; de ses r&eacute;sidents. Il rend un hommage poignant &agrave; cet &laquo;&nbsp;archipel&nbsp;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;&raquo; d&rsquo;&eacute;tablissements publics dans une ville qui se distingue par son combat pour le maintenir co&ucirc;te que co&ucirc;te, l&agrave; o&ugrave; d&rsquo;autres ont privatis&eacute;. Tout le dossier honore le d&eacute;vouement et la d&eacute;termination d&rsquo;une structure qui s&rsquo;occupe des plus mal lotis, secourt les sans-abris et les sans travail et, massivement, soigne les minorit&eacute;s qui luttent pour l&rsquo;acc&egrave;s aux soins de sant&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;">Mahler retrace minutieusement et m&eacute;thodiquement l&rsquo;&eacute;volution des h&ocirc;pitaux publics &agrave; New York. Chemin faisant, il partage ses p&eacute;r&eacute;grinations &agrave; travers le temps et l&rsquo;espace, les moments cl&eacute;s o&ugrave; la ville fut frapp&eacute;e par des &eacute;pid&eacute;mies &ndash; grippe, sida &ndash; et changeait suite aux vagues d&rsquo;immigration multiples. Mahler lie ainsi de multiples micro-r&eacute;cits &agrave; la grande Histoire du pays&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>The history of New York&rsquo;s public hospitals is the history of New York </em>&ndash;<em> and in many ways the history of America</em>&nbsp;<a href="#_ftn42" name="_ftnref42">[42]&nbsp;</a>&nbsp;&raquo;. Le r&eacute;cit pand&eacute;mique est une cartographie de la ville o&ugrave; se m&ecirc;lent temporalit&eacute; et spatialit&eacute;, r&eacute;v&eacute;lant de ce fait aussi une impressionnante &eacute;tude sociologique et solidaire, aux accents d&eacute;mocratiques. Bien que les photos soient en noir et blanc, il n&rsquo;&eacute;chappera &agrave; personne que le personnel soignant, au front de la guerre, pourtant dissimul&eacute; sous ses uniformes de protection, est essentiellement de couleur&nbsp;<a href="#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Un autre photoreportage du <em>NYTM</em> qui fait &eacute;cho &agrave; celui-ci, &eacute;galement de Philip Montgomery, accompagn&eacute; d&rsquo;un texte de Maggie Jones, s&rsquo;annonce par cette supplication, &laquo;&nbsp;<em>There Has to Be Some Dignity</em>&nbsp;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a>&nbsp;&raquo;. Ce r&eacute;cit documente le moment o&ugrave; les fun&eacute;rariums ne parviennent plus &agrave; g&eacute;rer les morts. Au-del&agrave; de l&rsquo;&eacute;motion, les lecteurs entrent dans une r&eacute;alit&eacute; o&ugrave; apparaissent les enjeux de la diversit&eacute; culturelle et sociale. En complexifiant le r&eacute;cit pand&eacute;mique, en le distillant en de multiples &laquo;&nbsp;vies minuscules&nbsp;<a href="#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a>&nbsp;&raquo;, le magazine affirme son projet social et soci&eacute;tal. La pauvret&eacute; qui engendre la faim, illustr&eacute;e par de longues files de voitures en qu&ecirc;te de colis alimentaires&nbsp;; les &eacute;lections dont le processus est mis &agrave; mal par la pand&eacute;mie&nbsp;; les complications de ceux qui souffrent de handicaps&nbsp;; les patients qui ne se remettent pas du Covid-19&nbsp;: autant de r&eacute;cits du <em>NYTM</em> qui plaident pour une soci&eacute;t&eacute; altruiste.</p> <h2><span id="5_Troisieme_diagnostic_therapeutique">5. Troisi&egrave;me diagnostic, th&eacute;rapeutique</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Dans ce troisi&egrave;me volet d&rsquo;identification de valeurs distill&eacute;es par le r&eacute;cit pand&eacute;mique du support long format choisi pour cette &eacute;tude, je m&rsquo;attacherai plus particuli&egrave;rement au choix des mots. S&rsquo;ils sont &eacute;videmment toujours s&eacute;lectionn&eacute;s avec un soin particulier, mon attention se porte sur trois cas particuliers. Premi&egrave;rement, alors que le 24 mai 2020 para&icirc;t &agrave; la une du <em>NYT</em> la liste inou&iuml;e de 1000 noms parmi les 100 000 victimes d&eacute;c&eacute;d&eacute;es du virus, le <em>NYTM</em> publie le m&ecirc;me jour un num&eacute;ro totalement r&eacute;dig&eacute; par des auteurs &ndash; &eacute;crivains, po&egrave;tes, photographes, dessinateurs &ndash; intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>What We Have Learned in Quarantine</em>&nbsp;<a href="#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a>&nbsp;&raquo;. Les contributions invitent &agrave; une introspection intime et collective sur le confinement. Deuxi&egrave;mement, un article d&eacute;volu aux statistiques se r&eacute;v&egrave;lera une mine d&rsquo;or en mati&egrave;re de m&eacute;thodologie et de po&eacute;sie. Enfin, d&rsquo;autres questions philosophiques suivront, suscit&eacute;es par les m&eacute;andres du r&eacute;cit m&eacute;diatique.</p> <p style="text-align: justify;">La une historique du <em>NYT</em> a marqu&eacute; les esprits. D&rsquo;aucuns firent remarquer qu&rsquo;une telle page, incarnant litt&eacute;ralement la <em>Gray Lady</em>&nbsp;<a href="#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a>, sans illustration aucune, ne s&rsquo;&eacute;tait plus vue depuis longtemps. Anticipant ce choc d&rsquo;une litanie des morts, la seule proposition possible du magazine fut de donner la parole aux &eacute;crivains, po&egrave;tes, artistes. Pour honorer ces disparitions, pour contrebalancer ce sombre <em>memento mori</em>, seule une r&eacute;ponse cr&eacute;ative semble concevable. L&rsquo;&acirc;pret&eacute; des chiffres ne peut se dissiper sans la douceur des mots, la candeur des images. En m&ecirc;me temps, les contributions esth&eacute;tiques de ce num&eacute;ro sont extr&ecirc;mement concr&egrave;tes, ancr&eacute;es dans la nouvelle r&eacute;alit&eacute; du Covid, comme si l&rsquo;arrimage au r&eacute;el &eacute;tait le seul rem&egrave;de imaginable contre la folie. Tous, nous f&ucirc;mes somm&eacute;s de nous clo&icirc;trer au m&ecirc;me instant, dans des lieux distants&nbsp;: communion temporelle, compartimentation spatiale.</p> <p style="text-align: justify;">Les &eacute;crivains et artistes invit&eacute;s &agrave; m&eacute;diter sur ce temps suspendu, et donc infini, mais o&ugrave; la r&eacute;clusion en un lieu est, elle, limit&eacute;e, racontent leur exp&eacute;rience de claustration. S&rsquo;en &eacute;chappent quelques lignes de fuites vers de nouvelles territorialit&eacute;s parfois insoup&ccedil;onn&eacute;es. Molly Young, par exemple, explore les recoins d&rsquo;un mot allemand intraduisible &ndash; <em>gelassenheit</em> [<em>sic</em>] &ndash; qui convient pour d&eacute;signer cette parenth&egrave;se malvenue et son cort&egrave;ge de comportements d&eacute;lirants&nbsp;<a href="#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a>. Helen Macdonald d&eacute;niche aupr&egrave;s de l&rsquo;&eacute;crivaine et philosophe Iris Murdoch le merveilleux vocable <em>unselfing</em>, une invitation &agrave; sortir de soi, et observer les oiseaux&nbsp;<a href="#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a>. Une m&ecirc;me invitation &agrave; quitter nos trajectoires, briser nos routines, et embrasser une nouvelle temporalit&eacute;. De la congruence des mots <em>observation</em> et <em>observance</em>, elle retire un &eacute;merveillement inh&eacute;rent &agrave; la contemplation, qui voudrait effacer toute trace d&rsquo;ips&eacute;it&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;">Toujours surfant sur cette vague cr&eacute;ative, Thomas Chatterton Williams s&rsquo;aventure hors de Paris, fuyant le confinement avec toute sa famille&nbsp;<a href="#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a>. &laquo;&nbsp;Libert&eacute;, libert&eacute; ch&eacute;rie&nbsp;&raquo; le ram&egrave;ne &agrave; Pierre Mend&egrave;s-France, l&rsquo;occupation, la fuite des villes vers les campagnes, et &agrave; une conception sociologique de la France divis&eacute;e selon les privil&egrave;ges. Fl&acirc;neur, plut&ocirc;t que navetteur &ndash; il cite ici James Baldwin, le <em>trans-Atlantic commuter </em>&ndash; Williams se rapproche de sa terre natale. Quant au photographe italien Paolo Pellegrin, dont le lieu de travail habituel est le terrain de la guerre, il pointe de mani&egrave;re inattendue son objectif sur sa propre famille, retir&eacute;e. Se retrouver en territoire inconnu, &eacute;crit-il, n&rsquo;est pas sans rapport avec son travail de reporter de guerre. L&rsquo;immobilisme impos&eacute; donne une tout autre allure au pr&eacute;sent, d&rsquo;o&ugrave; sa volont&eacute; de fixer le passage du temps, et ce qui le transcende en ce moment unique&nbsp;<a href="#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Si les r&eacute;cits suscitent l&rsquo;empathie devant des situations de d&eacute;tresse, ou l&rsquo;admiration devant des actes d&rsquo;h&eacute;ro&iuml;sme, ces incursions dans une autre dimension invitent aussi &agrave; une forme de m&eacute;ditation. Le travail sur la langue et sur l&rsquo;image &eacute;l&egrave;ve les lecteurs &agrave; la contemplation. En ce sens, les longs formats sont th&eacute;rapeutiques, car ils permettent de sortir de nous-m&ecirc;mes et de trouver en ces &eacute;chapp&eacute;es du quotidien des voies de traverse. Plus que d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;autre, qui m&egrave;ne &agrave; la compassion, l&rsquo;&eacute;criture cr&eacute;ative en mots et en photos permet de partager la vision de l&rsquo;artiste, qui g&eacute;n&egrave;re la passion. La d&eacute;marche serait plut&ocirc;t philosophique, ce qui au fond, est, on le sait, une mani&egrave;re d&rsquo;apprivoiser la mort&nbsp;: sublimer un moment ou une &eacute;poque difficilement tol&eacute;rable en extase salvatrice et consolatrice. L&rsquo;art permet de se mettre hors-temps et hors-champ&nbsp;; un antidote contre des narrations qui ont fait leur temps.</p> <p style="text-align: justify;">Une surprise suppl&eacute;mentaire, qui aurait pu &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme une valeur aberrante dans la constellation d&rsquo;articles du <em>NYTM</em> traitant de la pand&eacute;mie, na&icirc;t d&rsquo;un article qui s&rsquo;annonce pourtant math&eacute;matique. Parmi les th&egrave;mes abord&eacute;s et pass&eacute;s en revue dans la pr&eacute;sente &eacute;tude, l&rsquo;article &laquo;&nbsp;<em>Vital Statistics</em>&nbsp;<a href="#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a>&nbsp;&raquo; de Steven Johnson m&eacute;rite qu&rsquo;on s&rsquo;y attarde. Ce num&eacute;ro engage la discussion sur les vaccins et projette le lecteur vers un avenir r&eacute;solument plus positif, hors du temps trop long d&rsquo;une situation sanitaire irr&eacute;solue. L&rsquo;article apparemment p&eacute;riph&eacute;rique, qui annonce une &eacute;tude historique de sant&eacute; publique, s&rsquo;av&egrave;re prescient et prophylactique. Ainsi ce d&eacute;placement vers l&rsquo;Angleterre victorienne se r&eacute;v&egrave;le essentiel en ce qu&rsquo;il dessine une matrice m&eacute;thodologique pour analyser et interpr&eacute;ter le r&eacute;cit m&eacute;diatique de la pand&eacute;mie, gr&acirc;ce aux travaux de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;miologiste et statisticien William Farr. La forme suppl&eacute;e au fond.</p> <p style="text-align: justify;">En effet, la litt&eacute;rarit&eacute; du corpus se trouve mise en valeur par une approche math&eacute;matique d&rsquo;un m&eacute;decin d&rsquo;un autre si&egrave;cle, qui se pencha sur l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie de chol&eacute;ra qui d&eacute;vastait Londres. Inventeur de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;miologie &agrave; partir des statistiques de l&rsquo;&eacute;tat civil, Farr joua un r&ocirc;le capital dans la mani&egrave;re d&rsquo;appr&eacute;hender de tels fl&eacute;aux, d&rsquo;&eacute;tudier leur &eacute;volution dans le temps et l&rsquo;espace. Sa collecte de donn&eacute;es chiffr&eacute;es lui permit de distinguer des sch&eacute;mas, de proposer des hypoth&egrave;ses, de mod&eacute;liser des syst&egrave;mes, l&rsquo;autorisant &agrave; &laquo;&nbsp;faire les liens n&eacute;cessaires, &eacute;laborer des cartes, clarifier les faits&nbsp;<a href="#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a>&nbsp;&raquo;. Une vaste entreprise m&eacute;thodique et m&eacute;thodologique, qui me souffle des id&eacute;es de repr&eacute;sentation sous forme d&rsquo;une ligne du temps [voir illustration] avec ses &eacute;v&eacute;nements, pour rep&eacute;rer des corr&eacute;lations, pour cerner des agr&eacute;gats et autres &eacute;l&eacute;ments significatifs qu&rsquo;il reste &agrave; interpr&eacute;ter, pour conceptualiser la mise en r&eacute;cit de la pand&eacute;mie dans le <em>NYTM</em>. Un souffle d&rsquo;humanit&eacute;s num&eacute;riques avant l&rsquo;heure.</p> <p style="text-align: justify;">Selon Farr, les faits seuls ne constituent pas une science&nbsp;; sans comparaison et mise en relation, point de compr&eacute;hension. Ce constat est une invitation &agrave; &eacute;laborer une narration, laquelle repose sur deux &eacute;l&eacute;ments cl&eacute;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;granularit&eacute;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;cristallisation&nbsp;<a href="#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a>&nbsp;&raquo;. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;interpr&eacute;tation des ph&eacute;nom&egrave;nes exige une distillation fine et pr&eacute;cise pour qu&rsquo;une v&eacute;rit&eacute; puisse prendre corps. La dissection scientifique inspire l&rsquo;approche litt&eacute;raire d&rsquo;un corpus m&eacute;diatique en pleine coagulation. Sur base des donn&eacute;es spatiales et temporelles du chol&eacute;ra en 1866, Farr proposait une mani&egrave;re innovante pour contrer les &eacute;pid&eacute;mies. Surtout, il r&eacute;&eacute;crivait le r&eacute;cit du chol&eacute;ra per&ccedil;u jusqu&rsquo;alors comme un fl&eacute;au des basses classes, consid&eacute;r&eacute;es comme d&eacute;prav&eacute;es. Il posait ainsi les jalons d&rsquo;une politique plus &eacute;galitaire en mati&egrave;re de sant&eacute;, et d&rsquo;un syst&egrave;me pr&eacute;visionnel aux vertus curatives. R&eacute;ponse <em>spatio-temporelle</em> &agrave; un probl&egrave;me <em>narratif</em>.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="Conclusion_pronostic_pour_un_engagement_vital">Conclusion : pronostic pour un engagement vital</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Raconter l&rsquo;inimaginable, &eacute;crire le r&eacute;el pour dire le vrai, &eacute;clairer l&rsquo;histoire du moment pr&eacute;sent&nbsp;: telle est la mission du journalisme, qui toujours se doit de g&eacute;rer l&rsquo;impr&eacute;visible. Si l&rsquo;irruption inopin&eacute;e d&rsquo;un &eacute;v&eacute;nement am&egrave;ne un journal &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir en urgence &agrave; son traitement, explique Olivier Pilmis&nbsp;<a href="#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a>, dans le cas d&rsquo;une publication hebdomadaire, la contrainte est diff&eacute;rente. Toutefois, la pand&eacute;mie du Covid-19, bien qu&rsquo;in&eacute;dite, &eacute;tait aussi hautement pr&eacute;visible. Dans le cas qui nous occupe, le journalisme est confront&eacute; &agrave; ce qui d&eacute;passe la fiction, &agrave; savoir une pand&eacute;mie qui immobilise le monde entier depuis plus d&rsquo;un an et a tu&eacute; des centaines de milliers de personnes. Son traitement m&eacute;diatique hebdomadaire dans le <em>NYTM</em> a sans aucun doute permis une respiration par rapport &agrave; son suivi quotidien scrupuleux dans les pages du <em>NYT</em>, en &eacute;largissant et approfondissant les approches, tout en suivant cette actualit&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;">Le <em>NYTM</em> a rarement fait un pas de c&ocirc;t&eacute; par rapport &agrave; la pand&eacute;mie du coronavirus, sauf pour c&eacute;der la place &agrave; trois &eacute;v&eacute;nements eux aussi &eacute;poustouflants &ndash; r&eacute;voltes raciales, &eacute;lection pr&eacute;sidentielle, insurrection au Capitole. N&eacute;anmoins, le fl&eacute;au qui infiltra le magazine d&egrave;s le num&eacute;ro du 29 mars 2020 ne l&rsquo;a plus quitt&eacute; depuis. De par sa nature intrins&egrave;que, une publication telle que le <em>NYTM</em>, qui privil&eacute;gie les articles de long format, se range autant du c&ocirc;t&eacute; du journalisme de r&eacute;cit que d&rsquo;information&nbsp;<a href="#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a>. Dit autrement, la nature des articles et diff&eacute;rentes rubriques propos&eacute;es dans le magazine vise &agrave; offrir aux lecteurs des narrations ancr&eacute;es dans l&rsquo;actualit&eacute;, traitant du r&eacute;el, mais pas seulement. Le magazine est un suppl&eacute;ment hebdomadaire&nbsp;; cette qualit&eacute; lui conf&egrave;re un lien ind&eacute;fectible au quotidien de r&eacute;f&eacute;rence, tout en lui accordant une certaine licence dans le choix et le traitement des sujets.</p> <p style="text-align: justify;">Une vision panoptique du corpus, accompagn&eacute;e de quelques coups de sonde indicatifs, a permis de mettre en &eacute;vidence une approche de la pand&eacute;mie tout en nuance et &eacute;motion, mais o&ugrave; prime le souci d&rsquo;informer, de r&eacute;v&eacute;ler, de complexifier, de comprendre une situation critique et cryptique. Instruire, mais aussi mobiliser, en cultivant une imagination journalistique visible dans la s&eacute;lection et l&rsquo;approche des sujets. En livrant des micro-histoires de gens ordinaires pourtant essentiels, le <em>NYTM</em> nous invite &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; l&rsquo;incoh&eacute;rence d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; qui traite ces personnes indispensables comme des seconds r&ocirc;les. De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, les reportages r&eacute;alis&eacute;s dans les h&ocirc;pitaux, sur le front de la guerre contre le Covid-19, ou dans les morgues, mettent en lumi&egrave;re un syst&egrave;me de sant&eacute; public r&eacute;sistant et r&eacute;silient, mais pour combien de temps&nbsp;? Le recours &agrave; l&rsquo;Histoire dans les r&eacute;cits est &eacute;clairant.</p> <p style="text-align: justify;">Enfin, la chronologie graphique montre que le <em>NYTM </em>a explor&eacute; le sujet dans toute sa granularit&eacute;, sondant tous les niveaux impact&eacute;s par une pand&eacute;mie sans pr&eacute;c&eacute;dent. Depuis la vague assassine du mois de mars, et tout au long des mois qui ont suivi, le magazine s&rsquo;est voulu le t&eacute;moin des cons&eacute;quences de la calamit&eacute;, aggrav&eacute;es par les in&eacute;galit&eacute;s sociales et raciales. La pauvret&eacute; et la faim qui en d&eacute;coulent, les s&eacute;quelles dont souffrent ceux qui ne se remettent pas du Covid-19&nbsp;: tous ces sujets ont trouv&eacute; leur place dans les pages du magazine, constituant progressivement un r&eacute;cit pand&eacute;mique et m&eacute;diatique sans r&eacute;solution. Sa colonne vert&eacute;brale, on l&rsquo;a vu, tient par ses fonctions documentaire, d&eacute;mocratique, th&eacute;rapeutique. Le <em>NYTM</em> s&rsquo;affiche sous l&rsquo;&eacute;tendard de valeurs m&eacute;morielles, inclusives, curatives. En participant &agrave; ce r&eacute;cit m&eacute;diatique, il rel&egrave;ve aussi d&rsquo;un <em>journalism of care</em>&nbsp;<a href="#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Le <em>NYTM</em> peut en effet &ecirc;tre qualifi&eacute; comme tel, car ses articles contribuent &agrave; faire entendre &laquo;&nbsp;the voice of the frail&nbsp;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a>&nbsp;&raquo;, et &agrave; faire figurer dans ses reportages les n&eacute;cessiteux, par devoir d&rsquo;information, mais aussi par obligation morale. Mon &eacute;tude s&rsquo;est limit&eacute;e &agrave; explorer le contenu du magazine sur une p&eacute;riode donn&eacute;e, et ne peut d&egrave;s lors sp&eacute;culer sur bon nombre d&rsquo;aspects relatifs, notamment, &agrave; ses audiences, son impact social et r&ocirc;le soci&eacute;tal, ou ses all&eacute;geances politiques&nbsp;<a href="#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a>. N&eacute;anmoins, la lecture des num&eacute;ros qui ont &eacute;maill&eacute; la p&eacute;riode historique des ravages caus&eacute;s par le Covid-19 montre que le long format ouvre le champ des narrations possibles de la pand&eacute;mie afin de constituer un grand r&eacute;cit m&eacute;diatique du vingt-et-uni&egrave;me si&egrave;cle. Les articles publi&eacute;s par le <em>NYTM</em> offrent une granularit&eacute; et une cristallisation indispensables pour saisir la pr&eacute;gnance et la r&eacute;sonance de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement.</p> <p style="text-align: justify;">Bien que non-exhaustive, cette recherche sur quelques micro-histoires de la presse long format r&eacute;v&egrave;le des tr&eacute;sors de connaissances et d&rsquo;humanit&eacute;, &agrave; travers des articles &agrave; vis&eacute;e r&eacute;solument sociologique et culturelle. Au sein du magazine, la pand&eacute;mie du Covid-19 s&rsquo;ins&egrave;re dans un spectre plus large de drames existentiels, r&eacute;v&eacute;lant dans le m&ecirc;me temps la sp&eacute;cificit&eacute;, &agrave; d&eacute;faut de la signification, de cet &eacute;v&eacute;nement majeur. Le long format autorise une litt&eacute;rarit&eacute; essentielle, appr&eacute;ci&eacute;e par les adeptes d&rsquo;un <em>slow journalism</em>&nbsp;<a href="#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a> d&egrave;s lors plus &agrave; m&ecirc;me d&rsquo;aborder l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement dans sa complexit&eacute; et sa subtilit&eacute;. Au-del&agrave; de la compr&eacute;hension d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; in&eacute;dite, le <em>NYTM</em>, en version papier ou au format digital augment&eacute;, propose plus qu&rsquo;un reflet de la soci&eacute;t&eacute; am&eacute;ricaine. S&rsquo;il la d&eacute;crit, autant qu&rsquo;il prescrit quelques rem&egrave;des pour mieux vivre en d&eacute;mocratie, il inscrit avant tout un r&eacute;cit vrai dans un pr&eacute;sent non conclusif.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> La une au format papier du <em>New York Times</em> du 24 mai 2020 est reproduite dans la ligne du temps reprenant les &eacute;v&eacute;nements et annonces cl&eacute;s relatives &agrave; la pand&eacute;mie aux &Eacute;tats-Unis, ainsi que les couvertures du <em>New York Times Magazine</em> sur la p&eacute;riode &eacute;tudi&eacute;e (voir note 10). Voir &eacute;galement le num&eacute;ro du journal en question&nbsp;: &laquo;&nbsp;An Incalculable Loss&nbsp;&raquo;, &eacute;quipe &eacute;ditoriale du <em>New York Times</em>, 24 mai 2020. <a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/05/24/us/us-coronavirus-deaths-100000.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/2020/05/24/us/us-coronavirus-deaths-100000.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> &laquo;&nbsp;Allocution liminaire du Directeur g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;OMS lors du point presse sur la covid-19&nbsp;&raquo;, 11 mars 2020. <a href="https://www.who.int/fr/director-general/speeches/detail/who-director-general-s-opening-remarks-at-the-media-briefing-on-covid-19---11-march-2020" target="_blank">https://www.who.int/fr/director-general/speeches/detail/who-director-general-s-opening-remarks-at-the-media-briefing-on-covid-19&mdash;11-march-2020</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Voir par exemple Sa&rsquo;ed H. Zyoud &amp; Samah W. Al-Jabi, &laquo;&nbsp;Mapping the Situation of Research on Coronavirus Disease-19 (COVID-19): A Preliminary Bibliometric Analysis during the Early Stage of the Outbreak &raquo;, <em>BMC Infections Diseases</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;20 (2020). <a href="https://doi.org/10.1186/s12879-020-05293-z" target="_blank">https://doi.org/10.1186/s12879-020-05293-z</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> Michael S. Putman, Eric M. Ruderman, &amp; Joshua D. Niforatos, &laquo;&nbsp;Publication Rate and Journal Review Time of COVID-19-Related Research&nbsp;&raquo;, <em>Mayo Clinic Proceedings</em>, vol.&nbsp;95, n<sup>o</sup>&nbsp;10, octobre 2020, p.&nbsp;2290-2291. <a href="https://doi.org/10.1016/j.mayocp.2020.08.017" target="_blank">https://doi.org/10.1016/j.mayocp.2020.08.017</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> Le terme &laquo;&nbsp;magazine&nbsp;&raquo; est utilis&eacute; dans cet article, vu que la publication, suppl&eacute;ment au journal quotidien &eacute;ponyme, est d&eacute;sign&eacute;e comme telle. Tim Holmes &eacute;tablit cependant trois cat&eacute;gories &ndash; <em>magazine, megazine, metazine</em> &ndash; en fonction du degr&eacute; de d&eacute;veloppement de la matrice digitale autour de cet objet. On peut alors avancer que le <em>NYTM</em> appartient &agrave; la cat&eacute;gorie des <em>megazines</em> car, au-del&agrave; du magazine imprim&eacute;, le <em>NYTM</em> existe en &eacute;dition digitale (version augment&eacute;e par l&rsquo;ajout de son sur certains articles, de vid&eacute;os, photographies, effets de parallaxe, etc.). Sa pr&eacute;sence est &eacute;galement assur&eacute;e sur les r&eacute;seaux sociaux et applications mobiles. N&eacute;anmoins, le choix de maintenir le terme de <em>magazine</em> se justifie ici car l&rsquo;analyse propos&eacute;e ne porte pas sur les d&eacute;veloppements technologiques et enjeux digitaux, mais plut&ocirc;t sur une approche socioculturelle de ses contenus, &agrave; partir des supports imprim&eacute;s et digitaux. Voir Tim Holmes, &laquo;&nbsp;Magazines, Megazines, and Metazines: What Is a Magazine in the Twenty-First Century&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans <em>The Handbook of Magazine Studies</em>, Miglena Sternadori &amp; Tim Holmes (dir.), Hoboken, N.J., John Wiley &amp; Sons, Inc., 2020, p.&nbsp;1-19.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Les sites en ligne du <em>NYT</em> et du <em>NYTM</em> se trouvent respectivement &agrave; ces adresses&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/" target="_blank">https://www.nytimes.com/</a> et <a href="https://www.nytimes.com/section/magazine" target="_blank">https://www.nytimes.com/section/magazine</a>. L&rsquo;ensemble des archives digitales du <em>NYTM</em> se situe ici&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/07/02/magazine/past-issues-sunday-magazine.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/2020/07/02/magazine/past-issues-sunday-magazine.html</a>. Dans le cas de cette &eacute;tude, j&rsquo;ai eu recours &agrave; une partie des num&eacute;ros imprim&eacute;s et &agrave; l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; des versions num&eacute;riques du <em>NYTM.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> La phrase originale se lit comme suit&nbsp;: &laquo;&nbsp;serve both as a mirror of and a catalyst for the tenor and tone of the sociocultural realties of their times &raquo; (je traduis). Voir David Abrahamson, &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;: Scholarly Engagement with the Magazine Form. Expansion and Coalescence &raquo;, dans <em>The Routledge Handbook of Magazine Research: The Future of the Magazine Form</em>, David Abrahamson &amp; Marcia R. Prior-Miller (dir.), New York et Londres, Routledge, 2015, p.&nbsp;1.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> En mati&egrave;re de contamination, cet article du <em>Washington Post</em> a marqu&eacute; les esprits, en proposant une visualisation du processus. Voir Harry Stevens, &laquo;&nbsp;Why Outbreaks Like Coronavirus Spread Exponentially, and How to &ldquo;Flatten the Curve&rdquo; &raquo;, <em>The Washington Post</em>, 14 mars 2020. <a href="https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator/" target="_blank">https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator/</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> Je remercie Fran&ccedil;ois Heinderyckx pour son aide inestimable dans la repr&eacute;sentation graphique de cette couverture m&eacute;diatique du Covid-19, et pour ses suggestions judicieuses dans la relecture de cet article.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> Sur le passage du r&eacute;cit au r&eacute;cit m&eacute;diatique, voir notamment Marc Lits et Jo&euml;lle Desterbecq, <em>Du r&eacute;cit au r&eacute;cit m&eacute;diatique</em>, Louvain-la-Neuve, De Boeck Sup&eacute;rieur, 2017.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> Carolyn Kitch, &laquo;&nbsp;Theory and Methods of Analysis: Models for Understanding Magazines &raquo;, dans <em>The Routledge Handbook of Magazine Research: The Future of the Magazine Form</em>, David Abrahamson &amp; Marcia R. Prior-Miller (dir.), New York et Londres, Routledge, 2015, p.&nbsp;10.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> La liste d&eacute;taill&eacute;e de l&rsquo;&eacute;quipe &eacute;ditoriale et de ses contributeurs est accessible &agrave; cette adresse&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/interactive/magazine/masthead.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/magazine/masthead.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> Le num&eacute;ro du 29 mars 2020 est visible &agrave; l&rsquo;adresse suivante&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/issue/magazine/2020/03/27/the-32920-issue" target="_blank">https://www.nytimes.com/issue/magazine/2020/03/27/the-32920-issue</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> Les explications qui suivent concernant la couverture du <em>NYTM</em> du 29 mars 2020, sont fournies par le r&eacute;dacteur-en-chef Jake Silverstein et son &eacute;quipe, &agrave; l&rsquo;adresse suivante&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/2020/03/27/magazine/behind-the-cover-dark-tourism-in-chernobyl.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/2020/03/27/magazine/behind-the-cover-dark-tourism-in-chernobyl.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> Les archives de <em>Behind the Cover</em> pour l&rsquo;ann&eacute;e 2020 se trouvent &agrave; cette adresse&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/2021/01/16/magazine/behind-the-cover.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/2021/01/16/magazine/behind-the-cover.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> Le <em>disaster tourism</em> et le <em>dark tourism</em> sont commun&eacute;ment appel&eacute;s en fran&ccedil;ais <em>tourisme de catastrophes</em> et <em>tourisme noir</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Heidi Julavits, &laquo; I&rsquo;m a Calamity Obsessive. After My Trip to Italy, I was the Calamity&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em>, 24 mars 2020. <a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/03/24/magazine/travel-corona-virus-italy.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/2020/03/24/magazine/travel-corona-virus-italy.html</a>. Il faut noter que la version en ligne para&icirc;t &agrave; une date l&eacute;g&egrave;rement ant&eacute;rieure &agrave; celle de l&rsquo;ensemble du magazine, lequel est dat&eacute; du 29 mars 2020, dans sa version imprim&eacute;e et num&eacute;rique.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> Daniel Defoe, <em>Journal de l&rsquo;Ann&eacute;e de la Peste</em>, trad. Francis Ledoux, Paris, Gallimard, 1982.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> Pour une lecture critique du texte de Defoe, voir par exemple Christian Godin,&nbsp;&laquo;&nbsp;Ce que nous apprend <em>Le Journal de l&rsquo;Ann&eacute;e de la Peste </em>de Daniel Defoe&nbsp;&raquo;, <em>Cit&eacute;s</em>, vol.&nbsp;3, n<sup>o</sup>&nbsp;83, 2020, p.&nbsp;145 &agrave; 154.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> En guise d&rsquo;illustration, le <em>NYTM </em>propose annuellement un num&eacute;ro sp&eacute;cial sur les meilleurs acteurs et actrices de l&rsquo;ann&eacute;e, sur les meilleures chansons de l&rsquo;ann&eacute;e.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> J&rsquo;emprunte le terme de &laquo;&nbsp;fictions de r&eacute;el&nbsp;&raquo; &agrave; Nicolas P&eacute;lissier et Alexandre Eyri&egrave;s, m&ecirc;me si je le consid&egrave;re ici dans une acception plus large que celle qu&rsquo;ils utilisent, pour d&eacute;finir le journalisme narratif. Voir Nicolas P&eacute;lissier et Alexandre Eyri&egrave;s, &laquo;&nbsp;Fictions du r&eacute;el&nbsp;: le journalisme narratif&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers de Narratologie</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;26, 2014. <a href="https://journals.openedition.org/narratologie/6852" target="_blank">https://journals.openedition.org/narratologie/6852</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> Rapha&euml;l Baroni, &laquo;&nbsp;Ce que l&rsquo;intrigue ajoute au temps. Une relecture critique de <em>Temps et R&eacute;cit</em> de Paul Ricoeur&nbsp;&raquo;, <em>Po&eacute;tique</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;163, vol.&nbsp;3, 2010, p.&nbsp;378, 379.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> Rapha&euml;l Baroni, &laquo;&nbsp;Un feuilleton m&eacute;diatique forme-t-il un r&eacute;cit&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <em>Belph&eacute;gor</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;14, 2016, en ligne. <a href="https://journals.openedition.org/belphegor/660" target="_blank">https://journals.openedition.org/belphegor/660</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;Expos&eacute;. Effray&eacute;. D&eacute;termin&eacute;&nbsp;&raquo; (je traduis). La version en ligne, publi&eacute;e le 1<sup>er</sup> avril, propose ce titre en chap&ocirc;, et un autre titre pour l&rsquo;article en premi&egrave;re page du num&eacute;ro&nbsp;: &laquo;&nbsp;&ldquo;We Are the Silent Responders&rdquo;&nbsp;: The Workers Who Make America Work&nbsp;&raquo;. L&rsquo;article complet est consultable &agrave; cet adresse&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/01/magazine/coronavirus-workers.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/01/magazine/coronavirus-workers.html#</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> Ils et elles sont, respectivement h&ocirc;tesse de l&rsquo;air, pharmacien, pompier, facteur, livreur, urgentiste, assistante sociale, entrepreneur des pompes fun&egrave;bres, v&eacute;t&eacute;rinaire, nettoyeur, militaire, infirmi&egrave;re accoucheuse, avocate, kin&eacute;sith&eacute;rapeute, policier, &eacute;picier, &eacute;leveur, pompiste, volontaire.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;Voici leurs r&eacute;cits&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;dans leurs propres mots&nbsp;&raquo; (je traduis).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;sur les lignes de front en Italie du nord&nbsp;&raquo; (je traduis). Ce chap&ocirc; est pr&eacute;sent sur la couverture imprim&eacute;e&nbsp;; dans la version en ligne le terme &laquo;&nbsp;lignes de front&nbsp;&raquo; appara&icirc;t plus tard dans l&rsquo;introduction des photos. Voir le num&eacute;ro complet&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/issue/magazine/2020/04/10/the-41220-issue" target="_blank">https://www.nytimes.com/issue/magazine/2020/04/10/the-41220-issue</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;quipe d&rsquo;urgence&nbsp;&raquo; (je traduis), mais le terme en anglais sugg&egrave;re qu&rsquo;il y a un combat d&eacute;sesp&eacute;r&eacute; contre la mort.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;une zone de guerre&nbsp;&raquo; (je traduis).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> Ces informations sont reprises dans le texte introductif. Voir Jason Horowitz, &laquo;&nbsp;The Life and Death Shift&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em>, 12 avril 2020, p.&nbsp;26, et en ligne&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/07/magazine/italy-hospitals-covid.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/07/magazine/italy-hospitals-covid.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> En fran&ccedil;ais, et dans l&rsquo;ordre, &laquo;&nbsp;cicatrices int&eacute;rieures&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&ccedil;a laissera des traces&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;dire au revoir du mieux qu&rsquo;on peut&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;peur de s&rsquo;endormir et de ne jamais se r&eacute;veiller&nbsp;&raquo; (je traduis).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;Un rem&egrave;de en vue contre le covid-19&nbsp;&raquo; (je traduis). Il s&rsquo;agit du chap&ocirc; de couverture de la version imprim&eacute;e du num&eacute;ro du 14 juin 2020, dont le titre est &laquo;&nbsp;<em>Moon Shot</em>&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;lancement d&rsquo;une fus&eacute;e lunaire&nbsp;&raquo;, je traduis litt&eacute;ralement), p.&nbsp;36. L&rsquo;article en ligne &agrave; un titre plus sp&eacute;culatif&nbsp;: &laquo;&nbsp;Can A Vaccine for Covid-19 Be Developed in Record Time?&nbsp;&raquo; <a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/06/09/magazine/covid-vaccine.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/2020/06/09/magazine/covid-vaccine.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;Pourquoi nous perdons la bataille contre le covid-19&nbsp;&raquo; (je traduis). L&rsquo;article complet est &agrave; cette adresse&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/issue/magazine/2020/07/17/the-71920-issue" target="_blank">https://www.nytimes.com/issue/magazine/2020/07/17/the-71920-issue</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a> Rapha&euml;l Baroni, &laquo;&nbsp;Un feuilleton m&eacute;diatique forme-t-il un r&eacute;cit&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <em>Belph&eacute;gor</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;14, 2016, en ligne.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a> Un <em>cliffhanger</em> est un &eacute;l&eacute;ment de suspense &agrave; la fin d&rsquo;un &eacute;pisode, suscitant chez le spectateur, l&rsquo;auditeur, ou le lecteur, la n&eacute;cessaire envie de voir, entendre, ou lire le suivant.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;picentre&nbsp;&raquo; (je traduis). Le reportage est disponible ici&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/15/magazine/new-york-hospitals.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/15/magazine/new-york-hospitals.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;&Eacute;tat d&rsquo;urgence&nbsp;&raquo; (je traduis) est le titre de la version imprim&eacute;e. Le texte est disponible ici&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/2020/04/14/magazine/coronavirus-er-doctor-diary-new-york-city.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/2020/04/14/magazine/coronavirus-er-doctor-diary-new-york-city.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a> En fran&ccedil;ais, litt&eacute;ralement, &laquo;&nbsp;Autrefois New York &eacute;tait une ville pleine d&rsquo;histoires&nbsp;&raquo; ou, plus &eacute;l&eacute;gamment, &laquo;&nbsp;Autrefois New York &eacute;tait une ville o&ugrave; se passaient plein de choses&nbsp;&raquo; (je traduis).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;Aujourd&rsquo;hui, c&rsquo;est une ville qui ne conna&icirc;t qu&rsquo;une seule histoire&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;Aujourd&rsquo;hui, il ne se passe qu&rsquo;une seule chose, &agrave; New York&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a> En anglais, le terme utilis&eacute; est &laquo;&nbsp;<em>archipelago</em>&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;L&rsquo;histoire des h&ocirc;pitaux publics de New York est l&rsquo;histoire de New York &ndash; et par bien des c&ocirc;t&eacute;s, c&rsquo;est l&rsquo;histoire de l&rsquo;Am&eacute;rique&nbsp;&raquo; (je traduis).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a> Mahler note, comme cela a beaucoup &eacute;t&eacute; dit dans les m&eacute;dias en g&eacute;n&eacute;ral, que les premi&egrave;res victimes des &eacute;pid&eacute;mies sont les minorit&eacute;s ethniques. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, le personnel soignant, et en particulier les infirmiers et auxiliaires de sant&eacute;, directement expos&eacute;s au Covid-19 car en premi&egrave;re ligne pour secourir les personnes contamin&eacute;es, sont aussi majoritairement des personnes de couleur.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;De la n&eacute;cessaire dignit&eacute;&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;Il faut que r&egrave;gne la dignit&eacute;&nbsp;&raquo; (je traduis). Voir le reportage de Philip Montgomery et Maggie Jones&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/2020/05/14/magazine/funeral-home-covid.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/2020/05/14/magazine/funeral-home-covid.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a> Terme &agrave; prendre sans aucune d&eacute;notation p&eacute;jorative, en r&eacute;f&eacute;rence au romancier Pierre Michon. Le terme de &laquo;&nbsp;micro-histoire&nbsp;&raquo; est aussi li&eacute; au courant de la <em>microstoria</em>, dont Carlo Ginzburg et Giovanni Levi furent les dignes repr&eacute;sentants.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;Ce que nous avons appris durant la quarantaine&nbsp;&raquo; (je traduis). Voir le num&eacute;ro complet&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/issue/magazine/2020/05/22/the-52420-issue" target="_blank">https://www.nytimes.com/issue/magazine/2020/05/22/the-52420-issue</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a> En fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;La dame grise&nbsp;&raquo; (je traduis). Il s&rsquo;agit du surnom&nbsp;du <em>NYT</em>, qui lui vient du fait que comme tout journal, dans le pass&eacute;, il se pr&eacute;sentait sous forme de blocs de textes, sans images. R&eacute;cemment, un article rendait compte de l&rsquo;&eacute;volution du journal et de l&rsquo;adoption d&rsquo;illustrations et de photographies. Voir Will Dudding, &laquo; How the Lady Became Less Gray &raquo;, <em>The New York Times</em>, 6 janvier 2020. <a href="https://www.nytimes.com/2020/01/06/reader-center/louis-silverstein-redesign.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/2020/01/06/reader-center/louis-silverstein-redesign.html</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a> Molly Young, &laquo;&nbsp;Insanity Can Keep You Sane&nbsp;&raquo;, <em>The New York Time Magazine</em>, 24 mai 2020 <a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/05/11/magazine/quarantine-insanity.html" target="_blank">https://www.nytimes.com/interactive/2020/05/11/magazine/quarantine-insanity.html</a>. &Agrave; noter que <em>Gelassenheit</em>, comme tous les noms communs en allemand, s&rsquo;&eacute;crit avec une majuscule.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a> Helen Macdonald, &laquo;&nbsp;The Comfort of Common Creatures&nbsp;&raquo;, <em>The New York Time Magazine</em>, 24 mai 2020 (<a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/05/11/magazine/quarantine-nature.html" target="_blank">ici</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a> Thomas Chatterton Williams, &laquo;&nbsp;Finding Belonging in Exile&nbsp;&raquo;, <em>The New York Time Magazine</em>, 24 mai 2020 (<a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/05/11/magazine/quarantine-paris.html" target="_blank">ici</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a> Paolo Pellegrin, &laquo;&nbsp;Turning the Camera from War to Family&nbsp;&raquo;, <em>The New York Time Magazine</em>, 24 mai 2020 (<a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/05/16/magazine/covid-quarantine-family.html" target="_blank">ici</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a> Par <em>vital statistics</em> on entend les statistiques r&eacute;alis&eacute;es &agrave; partir des registres de population. Voir Steven Johnson, &laquo;&nbsp;Vital Statistics&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em>, 14 juin 2020, p. 47; ou en ligne, sous le titre &laquo; How Data Became One of the Most Powerful Tools to Fight an Epidemic &raquo;, 10 juin 2020 (<a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/06/10/magazine/covid-data.html" target="_blank">ici</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a> En anglais, &laquo;&nbsp;connecting the dots, creating maps, crystallizing the facts &raquo;. Voir Steven Johnson, <em>loc. cit</em>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a> Les termes anglais sont <em>granularity</em> et <em>crystallization.</em> Par &laquo;&nbsp;granularit&eacute;&nbsp;&raquo;, on entend le degr&eacute; de d&eacute;tail d&rsquo;une information, ce qui d&egrave;s lors en facilite la compr&eacute;hension. Par &laquo;&nbsp;cristallisation&nbsp;&raquo;, on entend la concr&eacute;tion de ces &eacute;l&eacute;ments ou particules fines pour former un &eacute;l&eacute;ment solide.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a> Olivier Pilmis, &laquo;&nbsp;Produire en urgence. La Gestion de l&rsquo;impr&eacute;visible dans le monde du journalisme&nbsp;&raquo;, <em>Revue fran&ccedil;aise de sociologie</em>, vol.&nbsp;55, 2014, p.&nbsp;101 &agrave; 126. <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2014-1-page-101.htm" target="_blank">https://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2014-1-page-101.htm</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a> Erik Neveu, &laquo;&nbsp;Revisiting the &lsquo;Story vs. Information&rsquo; Model&nbsp;&raquo;, <em>Journalism Studies</em>, vol.&nbsp;18, n<sup>o</sup>&nbsp;10, p.&nbsp;1293-1306.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a> <em>Journalism of care</em> signifie &laquo;&nbsp;journalisme de soin&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;journalisme social&nbsp;&raquo; (je traduis). Voir Kaori Hayashi, &laquo;&nbsp;A Journalism of Care&nbsp;&raquo;, dans <em>Rethinking Journalism Again: Societal Role and Public Relevance in a Digital Age</em>, Chris Peters et Marcel Broersma (dir.), Londres et New York, Routledge, 2017, p.&nbsp;146-160.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a> <em>Ibid.</em>, p.&nbsp;155.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a> Ou tout autre sujet envisag&eacute; dans les &eacute;tudes sur le journalisme des magazines. Voir Joy Jenkins, &laquo;&nbsp;Magazine Journalism&nbsp;&raquo;, <em>The International Encyclopedia of Journalism Studies</em>, Tim P. Vos et Folker Hanusch (dir.), Hoboken, NJ, John Wiley &amp; Sons, Inc., 2019&nbsp;; Tim Holmes et Liz Nice (dir.), <em>Magazine Journalism</em>, Londres, Sage, coll. &laquo;&nbsp;Journalism Studies&nbsp;: Key Texts&nbsp;&raquo;, 2012.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a> Megan Le Masurier, &laquo;&nbsp;What Is Slow Journalism?&nbsp;&raquo;, <em>Journalism Practice</em>, vol.&nbsp;9, n<sup>o</sup>&nbsp;2, 2014, p.&nbsp;138-152.</p> <p class="mks_toggle_heading">Bibliographie<br /> &nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">ABRAHAMSON, David, &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;: Scholarly Engagement with the Magazine Form. Expansion and Coalescence &raquo;, dans <em>The Routledge Handbook of Magazine Research: The Future of the Magazine Form</em>, David Abrahamson &amp; Marcia R. Prior-Miller (dir.), New York et Londres, Routledge, 2015, p.&nbsp;1-5.</p> <p style="text-align: justify;">&laquo; Allocution liminaire du Directeur g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;OMS lors du point presse sur la covid-19 &raquo;, 11 mars 2020, [<a href="https://www.who.int/fr/director-general/speeches/detail/who-director-general-s-opening-remarks-at-the-media-briefing-on-covid-19---11-march-2020" target="_blank">En ligne</a>].</p> <p style="text-align: justify;">BARONI, Rapha&euml;l, &laquo;&nbsp;Ce que l&rsquo;intrigue ajoute au temps. Une relecture critique de <em>Temps et R&eacute;cit</em> de Paul Ricoeur&nbsp;&raquo;, <em>Po&eacute;tique</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;163, vol.&nbsp;3, 2010, p.&nbsp;361-382.</p> <p style="text-align: justify;">&mdash;, &laquo; Dramatized Analepsis and Fadings in Verbal Narratives &raquo;, <em>Narrative</em>, vol.&nbsp;24, n<sup>o</sup>&nbsp;3, octobre 2016, p.&nbsp;311-329.</p> <p style="text-align: justify;">&mdash;, &laquo; Un feuilleton m&eacute;diatique forme-t-il un r&eacute;cit ? &raquo;, <em>Belph&eacute;gor</em> (en ligne), n<sup>o</sup>&nbsp;14, 2016.</p> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;Can A Vaccine for Covid-19 Be Developed in Record Time&nbsp;?&nbsp;&raquo;, discussion mod&eacute;r&eacute;e par Siddhartha Mukherjee, <em>The New York Times Magazine</em> (en ligne), 9 juin 2020.</p> <p style="text-align: justify;">DEFOE, Daniel, <em>Journal de l&rsquo;Ann&eacute;e de la Peste</em>, trad. Francis Ledoux, Paris, Gallimard, 1982.</p> <p style="text-align: justify;">GODIN, Christian,&nbsp;&laquo;&nbsp;Ce que nous apprend <em>Le Journal de l&rsquo;Ann&eacute;e de la Peste </em>de Daniel Defoe&nbsp;&raquo;, <em>Cit&eacute;s</em>, vol.&nbsp;3, n<sup>o</sup>&nbsp;83, 2020, p.&nbsp;145-154.</p> <p style="text-align: justify;">HAYASHI, Kaori, &laquo;&nbsp;A Journalism of Care&nbsp;&raquo;, dans <em>Rethinking Journalism Again: Societal Role and Public Relevance in a Digital Age</em>, Chris Peters et Marcel Broersma (dir.), Londres et New York, Routledge, 2017, p.&nbsp;146-160.</p> <p style="text-align: justify;">HOLMES, Tim, &laquo;&nbsp;Magazines, Megazines, and Metazines: What Is a Magazine in the Twenty-First Century&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans <em>The Handbook of Magazine Studies</em>, Miglena Sternadori &amp; Tim Holmes (dir.), Hoboken, N.J., John Wiley &amp; Sons, Inc., 2020, p.&nbsp;1-19.</p> <p style="text-align: justify;">HOLMES, Tim &amp; Liz NICE (dir.), <em>Magazine Journalism</em>, Londres, Sage, coll. &laquo;&nbsp;Journalism Studies&nbsp;: Key Texts&nbsp;&raquo;,&nbsp;2012.</p> <p style="text-align: justify;">JENKINS, Joy, &laquo;&nbsp;Magazine Journalism&nbsp;&raquo;, <em>The International Encyclopedia of Journalism Studies</em>, Tim P. Vos et Folker Hanusch (dir.), Hoboken, NJ, John Wiley &amp; Sons, Inc., 2019.</p> <p style="text-align: justify;">KITCH, Carolyn, &laquo;&nbsp;Theory and Methods of Analysis: Models for Understanding Magazines&nbsp;&raquo;, dans <em>The Routledge Handbook of Magazine Research: The Future of the Magazine Form</em>, David Abrahamson &amp; Marcia R. Prior-Miller (dir.), New York et Londres, Routledge, 2015, p.&nbsp;9-21.</p> <p style="text-align: justify;">LE MASURIER, Megan, &laquo;&nbsp;What is Slow Journalism? &raquo;, <em>Journalism Practice</em>, vol.&nbsp;9, n<sup>o</sup>&nbsp;2, 2014, p.&nbsp;138-152. <em>&nbsp;</em></p> <p style="text-align: justify;">LITS, Marc &amp; Jo&euml;lle DESTERBECQ, <em>Du r&eacute;cit au r&eacute;cit m&eacute;diatique</em>, Louvain-la-Neuve, De Boeck Sup&eacute;rieur, 2017.</p> <p style="text-align: justify;">NEVEU, Erik, &laquo;&nbsp;Revisiting the &lsquo;Story vs. Information&rsquo; Model&nbsp;&raquo;, <em>Journalism Studies</em>, vol. 18, n<sup>o</sup>&nbsp;10,&nbsp; 2017, p.&nbsp;1293-1306.</p> <p style="text-align: justify;">P&Eacute;LISSIER, Nicolas &amp; Alexandre EYRI&Egrave;S, &laquo;&nbsp;Fictions du r&eacute;el&nbsp;: le journalisme narratif&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers de Narratologie</em> (en ligne), n<sup>o</sup>&nbsp;26, 2014.</p> <p style="text-align: justify;">PILMIS, Olivier, &laquo;&nbsp;Produire en urgence. La gestion de l&rsquo;impr&eacute;visible dans le monde du journalisme&nbsp;&raquo;, <em>Revue fran&ccedil;aise de sociologie</em>, vol.&nbsp;55, 2014, p.&nbsp;101-126.</p> <p style="text-align: justify;">PUTMAN, Michael S., Eric RUDERMAN &amp; Joshua D. NIFORATOS, &laquo;&nbsp;Publication Rate and Journal Review Time of COVID-19-Related Research&nbsp;&raquo;, <em>Mayo Clinic Proceedings</em>, vol.&nbsp;95, n<sup>o</sup>&nbsp;10, octobre 2020, p.&nbsp;2290-2291.</p> <p style="text-align: justify;">STEVENS, Harry, &laquo;&nbsp;Why Outbreaks Like Coronavirus Spread Exponentially, and How to &ldquo;Flatten the Curve&rdquo; &raquo;, <em>The Washington Post</em> (en ligne), 14 mars 2020.</p> <p style="text-align: justify;">ZYOUD, Sa&rsquo;aed H. &amp; Samah W. AL-JABI, &laquo;&nbsp;Mapping the Situation of Research on Coronavirus Disease-19 (COVID-19): A Preliminary Bibliometric Analysis during the Early Stage of the Outbreak &raquo;, <em>BMC Infections Diseases</em> (en ligne) n<sup>o</sup>&nbsp;20, 2020.</p> <h3 style="text-align: justify;"><strong>Articles du <em>New York Times Magazine</em></strong></h3> <p style="text-align: justify;">CHATTERTON WILLIAMS, Thomas, &laquo;&nbsp;Finding Belonging in Exile &raquo;, <em>The New York Times Magazine </em>(en ligne), 11 mai 2020.</p> <p style="text-align: justify;">DUDDING, Will, &laquo;&nbsp;How the Lady Became Less Gray&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times</em> (en ligne), 6 janvier 2020.</p> <p style="text-align: justify;">HOROWITZ, Jason &amp; Andrea FRAZZETTA, &laquo;&nbsp;The Life and Death Shift&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em> (en ligne), 12 avril 2020.</p> <p style="text-align: justify;">INTERLANDI, Jeneen, &laquo;&nbsp;Why We&rsquo;re Losing the Battle with Covid-19&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em> (en ligne), 17 juillet 2020.</p> <p style="text-align: justify;">JOHNSON, Steven, &laquo;&nbsp;Vital Statistics &raquo;, <em>The New York Times Magazine</em>, 14 juin 2020, p.&nbsp;44-49, 58; &eacute;galement sous le titre &laquo; How Data Became One of the Most Powerful Tools to Fight an Epidemic &raquo;, en ligne, 10 juin 2020.</p> <p style="text-align: justify;">JULAVITS, Heidi, &laquo; I&rsquo;m a Calamity Obsessive. After My Trip to Italy, I was the Calamity&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em> (en ligne), 24 mars 2020.</p> <p style="text-align: justify;">MCDONALD, Helen, &laquo;&nbsp;The Comfort of Common Creatures &raquo;, <em>The New York Times Magazine </em>(en ligne), 11 mai 2020.</p> <p style="text-align: justify;">MONTGOMERY, Philip &amp; Jonathan MAHLER, &laquo;&nbsp;The Epicenter&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em>, 19 avril 2020, p.&nbsp;24-51; &eacute;galement en ligne, 15 avril 2020.</p> <p style="text-align: justify;">MONTGOMERY, Philip &amp; Maggie JONES, &laquo;&nbsp;How Do You Maintain Dignity for the Dead in a Pandemic?&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em> (en ligne), 14 mai 2020.</p> <p style="text-align: justify;">OUYANG, Helen, &laquo;&nbsp;State of Emergency&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em>, 19 avril 2020, p.&nbsp;52-63, 65; &eacute;galement en ligne, sous le titre &laquo;&nbsp;I&rsquo;m an E.R. Doctor in New York. None of Us Will Ever Be the Same&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em>, 14 avril 2020.</p> <p style="text-align: justify;">PELLEGRIN, Paolo, &laquo;&nbsp;Turning the Camera from War to Family &raquo;, <em>The New York Times </em>(en ligne), 16 mai 2020.</p> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;&ldquo;We Are the Silent Responders&rdquo;&nbsp;: The Workers Who Make America Work&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times Magazine</em> (en ligne), 1 avril 2020.</p> <p style="text-align: justify;">YOUNG, Molly, &laquo;&nbsp;Insanity Can Keep You Sane &raquo;, <em>The New York Times Magazine </em>(en ligne), 11 mai 2020.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Auteur</span></h3> <p style="text-align: justify;"><strong>Isabelle Meuret</strong> est professeur &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; libre de Bruxelles. Elle enseigne l&rsquo;anglais des m&eacute;dias, les cultures du monde anglophone, le journalisme narratif, et dirige le programme de Master en communication multilingue. Ses int&eacute;r&ecirc;ts en mati&egrave;re de recherche se situent en litt&eacute;rature compar&eacute;e, journalisme litt&eacute;raire, litt&eacute;rature et m&eacute;decine. Elle a exerc&eacute; plusieurs responsabilit&eacute;s au sein de&nbsp;l&rsquo;<em>International Association for Literary Journalism Studies</em>. Elle a publi&eacute; plusieurs articles dans la revue&nbsp;<em>Literary Journalism Studies</em>&nbsp;et y a &eacute;dit&eacute; un num&eacute;ro sp&eacute;cial consacr&eacute; au reportage en langue fran&ccedil;aise (2016).&nbsp;En 2017, elle a rejoint le projet Numapresse (Agence Nationale de la Recherche) &laquo;&nbsp;Du papier &agrave; l&rsquo;&eacute;cran&nbsp;: mutations culturelles, transferts g&eacute;n&eacute;riques, po&eacute;tiques m&eacute;diatiques de la presse&nbsp;&raquo;, dirig&eacute; par Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty.&nbsp;Elle a contribu&eacute; au&nbsp;<em>Routledge Companion to American Literary Journalism</em><em>&nbsp;</em>(2020) et au<em>&nbsp;</em><em>Routledge Companion to Global Literary Journalism</em><em>&nbsp;</em>(&agrave; para&icirc;tre, 2022). En ce moment, elle pr&eacute;pare, comme &eacute;ditrice invit&eacute;e, un num&eacute;ro th&eacute;matique de la revue&nbsp;<em>Literature and Medicine</em>&nbsp;(printemps 2022).</p> <h3 style="text-align: justify;"><strong>Copyright</strong></h3> <p style="text-align: justify;">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>