<h3>Abstract</h3> <p>Speaking to Agathe Mella in 1987, Alain Trutat revisits the very beginnings of the&nbsp;<em>ACR</em>, his original project, his stylistic influence on other France Culture programs, his rightful place within the station, the fundamentals of radio art, connected to&nbsp;<em>performance</em>&nbsp;as distinct from journalism and its allegiance to information, the contribution of other art forms, the necessity of critical support of programs. The 1974 article that follows, all while already articulating in its own way some of these themes, is notable for its avant-garde style: it mimics the unwinding of a magnetic tape in order to defend, according to a fragmented phrasing and a&nbsp; bruitist typography, &ldquo;next to the radio for all&rdquo;, a &ldquo;radio for each person&rdquo; in which the&nbsp;<em>ACR</em>&nbsp;can, for its part, &ldquo;demand a demanding listener.&rdquo;</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>Alain Trutat, radio creation workshop</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>1. Alain Trutat au micro d&rsquo;Agathe Mella (1987)<br /> &nbsp;</h2> <p><em>Entretien diffus&eacute; dans&nbsp;</em>Les chemins de la connaissance<em>, 8, France Culture, mercredi 2 septembre 1987, 10h30-11h. Dans le cadre d&rsquo;une s&eacute;rie en dix &eacute;pisodes des&nbsp;</em>Chemins de la connaissance<em>, consacr&eacute;e &agrave; &laquo;&nbsp;La recherche &agrave; la radio&nbsp;&raquo;, diffus&eacute;e du 24 ao&ucirc;t au 4 septembre 1987 (&eacute;pisodes 1 &agrave; 5&nbsp;: &laquo;&nbsp;La technique et la musique&nbsp;&raquo;, &eacute;pisodes 6 &agrave; 10&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les essais et la cr&eacute;ation&nbsp;&raquo;). Personnalit&eacute;s interrog&eacute;es&nbsp;: Pierre Schaeffer, Jacques Poullin, Pierre Henry, Michel Philippot, Fran&ccedil;ois Bayle pour &laquo;&nbsp;La technique et la musique&nbsp;&raquo;, Bernard Blin, Fran&ccedil;ois Billetdoux, Alain Trutat, Ren&eacute; Farabet, Yann Parantho&euml;n pour &laquo;&nbsp;Les essais et la cr&eacute;ation&nbsp;&raquo;. Transcription, mise en page et notes de Pierre-Marie H&eacute;ron.</em></p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>Agathe Mella ‒ Alain, si mes souvenirs sont exacts, vous &ecirc;tes &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;une longue s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;missions, qui s&rsquo;appelle l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation</em>. Est-ce que vous pouvez vous souvenir &agrave; peu pr&egrave;s &agrave; quel moment cette s&eacute;rie continue a pris naissance&nbsp;?</p> <p>Alain Trutatt ‒ Moi je ne dirais pas que c&rsquo;est une s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;missions, je dirais que c&rsquo;est plut&ocirc;t un lieu de travail que j&rsquo;ai voulu essayer de mettre sur pied, disons un avatar tr&egrave;s tr&egrave;s modeste de ce qu&rsquo;avait pu &ecirc;tre autrefois le Club d&rsquo;Essai ou le Studio d&rsquo;Essai. Je sais que &ccedil;a date d&rsquo;apr&egrave;s 69, mais &ccedil;a faisait plusieurs temps que &ccedil;a marinait. J&rsquo;avais fait des projets, d&rsquo;ailleurs j&rsquo;en avais parl&eacute; avec Schaeffer, avec Tardieu&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. C&rsquo;est pour vous dire qu&rsquo;il y a quand m&ecirc;me une certaine filiation, un souci de ne pas avoir &agrave; la radio que des productions &eacute;labor&eacute;es dans le minimum de temps, pour une consommation courante ‒ une production qui pouvait &ecirc;tre de qualit&eacute;&nbsp;‒, mais d&rsquo;essayer d&rsquo;avoir aussi des productions qui seraient beaucoup plus pouss&eacute;es, beaucoup plus affin&eacute;es.</p> <p>Et pour lesquelles il y aurait ‒&nbsp;ah &ccedil;a, j&rsquo;y ai toujours tenu&nbsp;‒ une servitude antenne, parce que moi je crois que la radio, c&rsquo;est toute la cha&icirc;ne, &ccedil;a n&rsquo;est pas uniquement ce que l&rsquo;on fait en studio, ce que l&rsquo;on &eacute;coute en studio, mais c&rsquo;est ce que l&rsquo;on &eacute;coute apr&egrave;s, sur sa cha&icirc;ne ou sur son transistor, dans d&rsquo;excellentes ou de m&eacute;diocres conditions. Et une &eacute;mission c&rsquo;est ce qui sort, c&rsquo;est ce qui est pass&eacute; par le filtre de l&rsquo;antenne, c&rsquo;est ce que l&rsquo;on re&ccedil;oit chez soi. Je me m&eacute;fie beaucoup de l&rsquo;&eacute;coute uniquement, qui peut &ecirc;tre tr&egrave;s tr&egrave;s belle. Je crois que ce qui a tu&eacute; le premier Studio d&rsquo;Essai, c&rsquo;est que, effectivement, les gens se r&eacute;unissaient, rue de l&rsquo;Universit&eacute;, et &eacute;coutaient beaucoup entre eux, et puis cela n&rsquo;allait pas au-del&agrave;&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>. Or c&rsquo;est peut-&ecirc;tre tr&egrave;s int&eacute;ressant, tr&egrave;s passionnant, parce qu&rsquo;on avait affaire &agrave; des gens tr&egrave;s attentifs, qui &eacute;taient riches et qui donnaient des id&eacute;es, mais il n&rsquo;y avait pas cette esp&egrave;ce de r&eacute;ponse du public. M&ecirc;me si on ne la re&ccedil;oit pas, parce qu&rsquo;on sait tr&egrave;s bien que l&rsquo;auditeur &eacute;crit tr&egrave;s peu, il y a toute une s&eacute;rie d&rsquo;impond&eacute;rables qui se passent entre la sortie du magn&eacute;tophone et la r&eacute;ception, et &ccedil;a, &ccedil;a fait partie pour moi de la radio. L&agrave; je sais que c&rsquo;est un des points dont j&rsquo;avais d&eacute;battu, parce que, lorsque j&rsquo;en avais parl&eacute;, c&rsquo;&eacute;tait &agrave; Dhordain, il m&rsquo;avait dit &laquo;&nbsp;Ah mon petit p&egrave;re &ndash; vous connaissez son langage &ndash; oui&hellip; Quelle connerie, j&rsquo;y comprends rien, mais vas-y&nbsp;!&nbsp;&raquo; Mais alors il avait discut&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais bon, l&rsquo;antenne&nbsp;&raquo;, etc. Il souhaitait que &ccedil;a se fasse &ndash; pas trop cher ‒, et puis de temps en temps quand il y avait un produit, qu&rsquo;on le diffuse.</p> <p>C&rsquo;&eacute;tait plut&ocirc;t un petit programme, un microprogramme si je puis dire, qu&rsquo;une &eacute;mission. C&rsquo;est devenu une &eacute;mission, ‒ et &ccedil;a je le regrette ‒ c&rsquo;est devenu une &eacute;mission quand les moyens nous ont &eacute;t&eacute; diminu&eacute;s. Parce que ce microprogramme, qui comportait &agrave; l&rsquo;origine des s&eacute;quences d&rsquo;aspects diff&eacute;rents, de disciplines diff&eacute;rentes&nbsp;‒ disciplines radiophoniques&nbsp;‒, d&rsquo;approches radiophoniques diff&eacute;rentes, de tons, etc. dans chaque soir&eacute;e, n&eacute;cessitait &eacute;videmment plus de moyens.&nbsp;Et lorsque les moyens techniques ont &eacute;t&eacute; diminu&eacute;s, on a diminu&eacute; le nombre de sujets, le nombre d&rsquo;approches, pour continuer &agrave; essayer d&rsquo;avoir sur un seul th&egrave;me l&rsquo;approche la plus affin&eacute;e, complexe, &agrave; la fois, parfois trop sophistiqu&eacute;e, enfin&hellip;</p> <p>Il y a eu des &eacute;checs, mais je crois qu&rsquo;il y a eu des r&eacute;ussites exceptionnelles.</p> <p>Ce qu&rsquo;il y a eu d&rsquo;&eacute;tonnant dans les r&eacute;ussites, &ccedil;a a &eacute;t&eacute; l&rsquo;influence qu&rsquo;a eu l&rsquo;Atelier, notamment, sur des tas de modes de pr&eacute;sentation. Les premiers qui ont piqu&eacute; en ont fait des trucs. Je ne dis pas que dans l&rsquo;Atelier il n&rsquo;y a pas parfois, ou qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas eu parfois, des moments o&ugrave; c&rsquo;&eacute;tait des trucs. Mais c&rsquo;&eacute;tait quand m&ecirc;me assez rare, ce n&rsquo;&eacute;tait jamais des effets pour l&rsquo;effet, c&rsquo;&eacute;tait toujours pour essayer d&rsquo;&eacute;crire au-del&agrave; du son premier, pour essayer de donner des approches multiples, de multiplier les informations sonores &agrave; partir d&rsquo;un m&ecirc;me th&egrave;me. Mais il est &eacute;vident que cela a &eacute;t&eacute; repris souvent, et repris comme effet pour l&rsquo;effet, comme truc pour le truc. Ce qui d&rsquo;ailleurs a amen&eacute; l&rsquo;Atelier &ndash; puis c&rsquo;&eacute;tait une n&eacute;cessit&eacute;, une heureuse &eacute;volution&nbsp;&ndash; &agrave; peut-&ecirc;tre plus de froideur, plus d&rsquo;asc&egrave;se, et &agrave; peut-&ecirc;tre moins de sophistication dans le sens p&eacute;joratif du terme.</p> <p><em>Extrait d&rsquo;&eacute;mission</em></p> <p>Alain Trutat ‒ Nous nous sommes fond&eacute;s enti&egrave;rement sur les programmes de la Biennale de Paris dont j&rsquo;avais par ailleurs la responsabilit&eacute;. Vous savez qu&rsquo;&agrave; cette &eacute;poque-l&agrave; on &eacute;tait tr&egrave;s producteurs &agrave; la Biennale, c&rsquo;&eacute;tait un lieu o&ugrave; on enregistrait beaucoup de choses, il y avait des spectacles pr&eacute;sent&eacute;s, etc., enfin la Biennale &eacute;tait beaucoup plus riche que maintenant, &ccedil;a indiquait tout de suite un &eacute;tat d&rsquo;esprit, la Biennale&nbsp;‒ &ccedil;a s&rsquo;appelait la Biennale des jeunes artistes de Paris. &Agrave; cette &eacute;poque-l&agrave; elle &eacute;tait encore tr&egrave;s vigoureuse, assez insolente, et l&rsquo;Atelier &eacute;tait aussi dans la ligne, dans cet &eacute;tat d&rsquo;esprit, ce qui nous a m&ecirc;me valu quelques rappels &agrave; l&rsquo;ordre de temps en temps &ndash; enfin, disons, une ou deux fois par an. Dans les th&egrave;mes retenus, dans les th&egrave;mes travaill&eacute;s, dans les th&egrave;mes &eacute;voqu&eacute;s.</p> <p>Et je pense que &ccedil;a repr&eacute;sentait sur Culture un lieu o&ugrave; il y avait des perturbations. Je l&rsquo;ai dit en g&eacute;n&eacute;ral plut&ocirc;t pour France Culture et je le pense plus pour France Culture que pour l&rsquo;Atelier seul, mais j&rsquo;ai toujours pens&eacute; que France Culture devait &ecirc;tre un&nbsp;<em>acc&eacute;l&eacute;rateur d&rsquo;identit&eacute;</em>&nbsp;<em>(sourire)</em>. Alors je dirais que l&rsquo;Atelier l&agrave;-dedans &eacute;tait une particule qui avait sa fonction propre dans cette acc&eacute;l&eacute;ration d&rsquo;ensemble &ndash; parce que France Culture doit former un tout et doit avoir cette diversit&eacute;.</p> <p>L&rsquo;<em>accablement</em>&nbsp;dont j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; couvert pendant au moins cinq ans ou six ans, c&rsquo;est que les gens me disaient&nbsp;:&laquo;&nbsp;Ah oui vous voudriez que tout France Culture soit comme l&rsquo;Atelier&nbsp;&raquo;, etc. Parce que les gens ne comprennent pas, les gens ont toujours un esprit globalisant, totalitaire&hellip; Mais surtout pas&nbsp;! &ccedil;a aurait &eacute;t&eacute; inaudible&nbsp;! Parce que l&rsquo;Atelier parfois c&rsquo;&eacute;tait inaudible&nbsp;!</p> <p><em>Extrait d&rsquo;&eacute;mission</em></p> <p>Alain Trutat ‒ Je vais employer un mot qui va faire rire certains&nbsp;: je dirais qu&rsquo;il y avait quand m&ecirc;me une primaut&eacute; de l&rsquo;esprit sur la mati&egrave;re &ndash; mais que dans certains cas il y pouvait y avoir une primaut&eacute; de la mati&egrave;re sur l&rsquo;esprit. J&rsquo;appelle l&rsquo;esprit le fond, et la mati&egrave;re la forme, le travail sur le son, etc. Tout &ccedil;a on essayait de le conjoindre&hellip;</p> <p>J&rsquo;ai toujours pens&eacute; que toute parole pouvait &ecirc;tre nue, parfaitement nue, et tout &ccedil;a d&eacute;pend de son contenu. Et puis que toute parole pouvait &ecirc;tre au contraire perturb&eacute;e, bris&eacute;e, rompue, m&ecirc;l&eacute;e, malax&eacute;e, natt&eacute;e avec une autre parole selon aussi ce que l&rsquo;on veut exprimer. Il y a deux niveaux, il y a le niveau de ce que&hellip; j&rsquo;avais une formule qui vaut ce qu&rsquo;elle vaut, c&rsquo;&eacute;tait : &laquo;&nbsp;Sont-ce sons sans sens ou sons sens&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;?&nbsp;&raquo; Est-ce que ce sont des sons qui n&rsquo;ont pas de sens ou est-ce que ce sont des sons qui ont un sens&nbsp;? Je pense que tout son a un sens, mais le sens qu&rsquo;il a vient de son organisation, de son rapport avec le son voisin, avec le son avec lequel on peut le faire cohabiter, auquel on peut le conjoindre. Alors le probl&egrave;me, c&rsquo;&eacute;tait &agrave; la fois d&rsquo;aborder des id&eacute;es, des propos qui, ou esth&eacute;tiquement ou dans leur contenu, pouvaient &ecirc;tre nouveaux &ndash; si tant est qu&rsquo;il y ait quoi que ce soit de nouveau, mais l&agrave; c&rsquo;est un faux d&eacute;bat, il est &eacute;vident qu&rsquo;il y a toujours des choses nouvelles dans la fa&ccedil;on de les dire&ndash;, et alors c&rsquo;&eacute;tait aussi, justement, la fa&ccedil;on de dire ces choses qui comptaient.</p> <p>Vous savez il y a un mot&hellip; vous connaissez mon immense modestie, je dirais qu&rsquo;il est ou de Victor Hugo ou de moi, je ne sais plus&nbsp;<em>(sourire</em>)&nbsp;: &laquo;&nbsp;La forme, c&rsquo;est le fond amen&eacute; &agrave; la surface&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>.&nbsp;&raquo; Je crois que c&rsquo;est &ccedil;a&nbsp;: trop souvent, on recouvre le fond, parce qu&rsquo;on met des d&eacute;luges de forme, on met, comme sur les tableaux, un &laquo;&nbsp;bitume&nbsp;&raquo; inutile puisqu&rsquo;on cache le fond &ndash; donc il n&rsquo;est m&ecirc;me plus inutile, il est &ndash; employons un grand mot &ndash; criminel, comme &agrave; la radio la moiti&eacute; sinon les trois quarts des fonds sonores. Cela dit, il y a parfois des multiplicit&eacute;s d&rsquo;informations sonores qui peuvent &ecirc;tre int&eacute;ressantes, parce qu&rsquo;elles peuvent multiplier aussi dans l&rsquo;esprit &hellip; je dirais, des visions.</p> <p>Je dis toujours que les quatre mamelles de la radio, c&rsquo;est&nbsp;: parole, musique, bruit et silence. Ce qu&rsquo;on oublie toujours. Le silence est capital. Bien s&ucirc;r pas le trou, pas le vide, pas le blanc. Le silence. Or ce dont cr&egrave;ve &agrave; mon avis la radio &ndash; &ccedil;a c&rsquo;est une influence journalistique que je trouve tr&egrave;s n&eacute;faste&nbsp;&ndash;, c&rsquo;est que plus jamais on ne laisse la pens&eacute;e respirer. On ne laisse pas au temps le temps d&rsquo;exister. Or pour moi la radio c&rsquo;est une question de temps. C&rsquo;est lin&eacute;aire, &ccedil;a se d&eacute;roule dans le temps, &ccedil;a n&rsquo;est pas comme un tableau o&ugrave; on a tout de suite une vue globale, panoramique. Bien s&ucirc;r, l&rsquo;&oelig;il s&rsquo;accroche toujours plus ou moins de tel ou tel c&ocirc;t&eacute;, on sait qu&rsquo;on oriente plus la lecture dans un certain sens, etc. Tandis que la radio &ccedil;a se d&eacute;roule obli-ga-toi-re-ment dans le temps&nbsp;; d&rsquo;ailleurs le ruban magn&eacute;tique en est la preuve mat&eacute;rielle. Or ce qu&rsquo;il faut, c&rsquo;est laisser au temps le temps d&rsquo;exister. On ne le fait plus &agrave; la radio et &ccedil;a c&rsquo;est terrible, &agrave; la radio, ce &laquo;&nbsp;d&eacute;bagoul&eacute;&nbsp;&raquo; continu&hellip; et alors l&rsquo;assommoir sonore.</p> <p><em>Extrait d&rsquo;&eacute;mission</em></p> <p>Alain Trutat ‒ Ce que je voudrais dire aussi &agrave; propos de l&rsquo;Atelier&nbsp;: il y a eu un double souci, qui a l&rsquo;air un peu contradictoire, d&rsquo;une part d&rsquo;affirmer au maximum l&rsquo;appareil radiophonique, le terrain sonore, le terrain radiophonique et de penser toujours que la radio existe en soi&nbsp;: de la radio consid&eacute;r&eacute;e comme un des beaux-arts. Et qu&rsquo;il y a l&agrave; quelque chose de capital, de toujours penser &agrave; l&rsquo;instrument qu&rsquo;on utilise &ndash;&nbsp;d&rsquo;ailleurs &ccedil;a a amen&eacute; &agrave; faire plusieurs programmes sur la radio, sur le son, etc. Et d&rsquo;autre part le souci &ndash;&nbsp;et &ccedil;a n&rsquo;est pas contradictoire&nbsp;&ndash;, en pla&ccedil;ant la radio parmi les beaux-arts, de consid&eacute;rer aussi l&rsquo;apport des autres arts. Parce que je crois beaucoup &agrave; l&rsquo;interp&eacute;n&eacute;tration, &agrave; l&rsquo;apport des autres arts. Par exemple, il y a eu des travaux assez pouss&eacute;s sur les rapports avec la peinture. Bon, d&rsquo;une part je suis passionn&eacute; de peinture, et j&rsquo;ai toujours pens&eacute; qu&rsquo;il fallait essayer de trouver des possibilit&eacute;s de rendre visible, de &laquo;&nbsp;donner &agrave; voir&nbsp;&raquo;, la peinture. Il y a plusieurs approches possibles pour arriver &agrave; rendre l&rsquo;esprit d&rsquo;un peintre. Bien s&ucirc;r, l&rsquo;auditeur ne connaissant pas la toile n&rsquo;imaginait pas forc&eacute;ment la toile du peintre. Mais l&agrave; je crois qu&rsquo;il y a eu des r&eacute;ussites. M&ecirc;me chose dans le rapport avec le cin&eacute;ma. On a travaill&eacute;, ou sur le cin&eacute;ma, ou avec des cin&eacute;astes qui ont fait des r&eacute;alisations &agrave; l&rsquo;Atelier. Pourquoi uniquement se limiter &agrave; la musique sous pr&eacute;texte que c&rsquo;est du son&nbsp;? Alors c&rsquo;est tr&egrave;s int&eacute;ressant parce qu&rsquo;on s&rsquo;enrichit les uns les autres. Le drame c&rsquo;est de se limiter toujours &agrave; ses petites brochures, &agrave; ses petits micros, ses petites distributions, ce qu&rsquo;on est oblig&eacute; de faire dans bien des cas &ndash; et ce ne sont pas forc&eacute;ment des petites brochures, des petits micros et des petites distributions&nbsp;! Mais je veux dire qu&rsquo;il y a quand m&ecirc;me un c&ocirc;t&eacute; formel, au d&eacute;part, o&ugrave; on fonctionne sur des rails, plus ou moins riches &ndash; ils peuvent &ecirc;tre tr&egrave;s tr&egrave;s riches d&rsquo;ailleurs. Il faut t&acirc;ter des terrains, c&rsquo;est un peu &ccedil;a la recherche, il faut essayer de voir, et puis tout ne r&eacute;ussit pas&hellip; De m&ecirc;me qu&rsquo;on a diffus&eacute; aussi parfois des bandes sonores de films, uniquement, par exemple je me souviens avec Georges Perec, la bande sonore d&rsquo;un film, qu&rsquo;il commentait en m&ecirc;me temps, on a fait tout un travail&hellip; C&rsquo;est &ccedil;a qui est passionnant.</p> <p>Il y a trente-six formes de radio, il y a trente-six approches, de m&ecirc;me qu&rsquo;il y a trente-six tons de voix et tout, c&rsquo;est comme dans tous les spectacles. Mais moi, ce que j&rsquo;aurais voulu &ndash; je crains que ce soit de plus en plus difficile maintenant, c&rsquo;est que la radio soit consid&eacute;r&eacute;e, je vous le disais, comme un des beaux-arts. En tout cas elle doit appartenir au spectacle. Je veux dire qu&rsquo;une certaine radio, celle qui m&rsquo;int&eacute;resse, j&rsquo;ai toujours consid&eacute;r&eacute; qu&rsquo;elle avait de toute fa&ccedil;on un public restreint, de m&ecirc;me que, disons, les livres de po&eacute;sie.</p> <p>Ce qui est dramatique &agrave; la radio c&rsquo;est qu&rsquo;il n&rsquo;y a plus aucun appareil critique. Il n&rsquo;y a aucun appareil critique en face, c&rsquo;est &ccedil;a qui est dramatique. Parce que je pense &ndash; et c&rsquo;est pour &ccedil;a que la radio n&rsquo;a pas r&eacute;ussi &agrave; atteindre vraiment le statut de l&rsquo;art&nbsp;&ndash; qu&rsquo;un art vit aussi&hellip; de lui d&rsquo;abord, de son existence, de ce qu&rsquo;il propose &ndash; oui, propose&hellip; et puis de la fa&ccedil;on dont il est re&ccedil;u. Or il n&rsquo;y a aucun appareil critique. Il n&rsquo;y a pas une critique de radio. Il y a eu une &eacute;poque, quand m&ecirc;me, o&ugrave; il y avait une certaine attention aux programmes&nbsp;; maintenant il n&rsquo;y a plus que&nbsp;<em>T&eacute;l&eacute;rama</em>&nbsp;qui publie des petites informations sur la radio.&nbsp;Il y a eu autrefois, quand m&ecirc;me,&nbsp;<em>La Chambre d&rsquo;&eacute;cho</em>, la revue du Club d&rsquo;Essai&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>, les&nbsp;<em>Cahiers</em>&nbsp;[<em>d&rsquo;&eacute;tude de radio-t&eacute;l&eacute;vision</em>], avec des articles de Bachelard, de Tardieu&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>, etc. J&rsquo;ai d&rsquo;ailleurs recueilli tout &ccedil;a, je voulais les publier, je n&rsquo;en ai jamais eu les moyens, et puis je n&rsquo;ai jamais eu le temps de poursuivre. J&rsquo;ai toute une petite collection de pr&ecirc;te. Des &eacute;crits sur la radio il y en a tr&egrave;s tr&egrave;s peu&nbsp;: il y a quelques &eacute;crits des futuristes italiens, qui proposaient des choses&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;; il y a quelques textes de Brecht&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&hellip; Il y aurait un corpus tr&egrave;s int&eacute;ressant &agrave; composer.</p> <p>En fait la radio souffre aussi de la communication, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;on est envahi par une maladie qui s&rsquo;appelle&nbsp;<em>communication</em>, dont on n&rsquo;arrive pas &agrave; se d&eacute;barrasser, parce qu&rsquo;elle n&rsquo;a aucun sens, elle n&rsquo;est plus naturelle. Le drame c&rsquo;est que, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; il y a une toute petite fourmi, et puis de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; il y en a dix mille. Et elles sont toutes valables. Mais la toute petite fourmi, &eacute;videmment, on finit par ne plus l&rsquo;entendre, ne plus la voir. Or c&rsquo;est &agrave; partir de l&rsquo;instant o&ugrave; quelqu&rsquo;un peut s&rsquo;exprimer personnellement qu&rsquo;il pourra communiquer quelque chose vraiment. Sinon il est un transmetteur, il est&hellip; c&rsquo;est beaucoup plus flou. Vous croyez que le p&egrave;re L&eacute;autaud avait le souci de&nbsp;<em>communiquer</em>&nbsp;? Non, de<em>&nbsp;s&rsquo;exprimer</em>. Et les gens d&rsquo;ailleurs, la plupart, l&rsquo;ont re&ccedil;u. Certains ne recevaient que le c&ocirc;t&eacute; clownesque, etc., et n&rsquo;attendaient pas ce qu&rsquo;il pouvait y avoir de plus profond, par-del&agrave; effectivement tout un aspect d&rsquo;humeur, mais&hellip; je crois que c&rsquo;est &ccedil;a qu&rsquo;il faut pr&eacute;server. M&ecirc;me s&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas que toute la radio soit comme &ccedil;a.</p> <p><em>Filet musical</em></p> <p>Alain Trutat ‒ Tr&egrave;s grossi&egrave;rement, que ce je distingue toujours, c&rsquo;est la radio-diffusion &ndash; je ne parle pas de l&rsquo;institution, de l&rsquo;organisme ni de l&rsquo;&eacute;tablissement, mais de la radiodiffusion&nbsp;&ndash;, c&rsquo;est-&agrave;-dire tout ce qui est diffus&eacute; par la radio, o&ugrave; elle ne sert que de support, et la radio-phonie, qui est le lieu o&ugrave;, &agrave; un certain moment, la phonie, c&rsquo;est-&agrave;-dire les sons, est utilis&eacute;e aussi pour &ecirc;tre&nbsp;<em>une sorte de&nbsp;</em>communication &ndash; puisque vous me parliez de communication.</p> <p>Agathe Mella ‒ Oui, mais sp&eacute;cifique &agrave; la radio.</p> <p>Alain Trutat ‒ Sp&eacute;cifique &agrave; la radio&nbsp;! Et je dirais que l&rsquo;Atelier, pour moi, c&rsquo;est de la radiophonie. Au m&ecirc;me titre que certains programmes de ce qui, avant&nbsp;<em>L&rsquo;Oreille en coin</em>, s&rsquo;appelait&hellip; enfin, du temps o&ugrave; Codou et Garretto en &eacute;taient directement les responsables&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;&ndash;&nbsp;&agrave; l&rsquo;origine, plus maintenant, je trouve que maintenant ils ne font plus de la radiophonie. Et que les &eacute;missions tr&egrave;s populaires de St&eacute;phane Pizzella,&nbsp;<em>Les Nuits du bout du monde&nbsp;</em><a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>, que peut-&ecirc;tre les jeunes g&eacute;n&eacute;rations ne connaissent pas, &eacute;taient de la radiophonie. &Eacute;missions m&eacute;pris&eacute;es par beaucoup, mais dans le genre, je ne vois pas qu&rsquo;on ait fait mieux depuis. Il y avait un travail radiophonique, un travail sur le son.</p> <h2>2. Alain Trutat, &laquo;&nbsp;Ce mardi 5 mars 1974&hellip;&nbsp;&raquo;&nbsp;(1974)<br /> &nbsp;</h2> <p><em>Publi&eacute; dans&nbsp;</em>l&rsquo;art vivant<em>, n&deg;47, mars 1974, p.&nbsp;32-34. Article sollicit&eacute; par Daniel Caux, charg&eacute; de cours &agrave; Paris 8, passionn&eacute; de cr&eacute;ation musicale, producteur &agrave; l&rsquo;</em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique<em>&nbsp;depuis 1970, et membre de la r&eacute;daction du mensuel. Num&eacute;ro intitul&eacute;&nbsp;&laquo;&nbsp;Biblioclastes&hellip; Bibliophiles&nbsp;&raquo;.&nbsp;Il faut tourner le magazine &agrave; la verticale pour lire l&rsquo;article, qui&nbsp;d&eacute;file sur&nbsp;deux colonnes (gauche et milieu)&nbsp;de&nbsp;la rubrique &laquo;&nbsp;Tribune libre &raquo;,&nbsp;dont la colonne de droite est occup&eacute;e par un texte de Ren&eacute; Farabet et des photos.</em></p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_1-couv.jpg"><img alt="2_1974_1_Trutat_Art vivant 47_1-couv" height="300" loading="lazy" sizes="(max-width: 286px) 100vw, 286px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_1-couv-286x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_1-couv-286x300.jpg 286w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_1-couv-977x1024.jpg 977w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_1-couv-810x849.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_1-couv-1140x1195.jpg 1140w" width="286" /></a></p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_2.jpg"><img alt="2_1974_1_Trutat_Art vivant 47_2" height="300" loading="lazy" sizes="(max-width: 200px) 100vw, 200px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_2-200x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_2-200x300.jpg 200w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_2-683x1024.jpg 683w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_2-810x1215.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_2-1140x1709.jpg 1140w" width="200" /></a></p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_3.jpg"><img alt="2_1974_1_Trutat_Art vivant 47_3" height="300" loading="lazy" sizes="(max-width: 201px) 100vw, 201px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_3-201x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_3-201x300.jpg 201w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_3-685x1024.jpg 685w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_3-810x1211.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_3-1140x1704.jpg 1140w" width="201" /></a></p> <p><a href="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_4.jpg"><img alt="2_1974_1_Trutat_Art vivant 47_4" height="300" loading="lazy" sizes="(max-width: 206px) 100vw, 206px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_4-206x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_4-206x300.jpg 206w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_4-704x1024.jpg 704w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_4-810x1179.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2019/03/2_1974_1_Trutat_Art-vivant-47_4-1140x1659.jpg 1140w" width="206" /></a></p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Voir, dans le num&eacute;ro &laquo;&nbsp;Jean Tardieu et la radio&nbsp;&raquo; des&nbsp;<em>Cahiers d&rsquo;Histoire de la Radiodiffusion</em>, n&deg;48, mars-mai 1996, p.&nbsp;148-158, la publication d&rsquo;une &laquo;&nbsp;proposition&nbsp;&raquo; co-sign&eacute;e par Jean Tardieu et Alain Trutat, dat&eacute;e du 24 avril 1968 et adress&eacute;e au directeur de la Radiodiffusion de l&rsquo;&eacute;poque, Pierre de Boisdeffre, en r&eacute;ponse, &eacute;crit Tardieu dans un mot d&rsquo;accompagnement, &agrave; son projet d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&ldquo;atelier de cr&eacute;ation radiophonique&rdquo; charg&eacute; de fournir un programme d&rsquo;&eacute;missions, &agrave; la fois distinct, limit&eacute; et r&eacute;gulier, appel&eacute; &agrave; jouer un r&ocirc;le assez voisin de l&rsquo;ancien &ldquo;Club d&rsquo;Essai&rdquo;&nbsp;&raquo;. Document conserv&eacute; au Service d&rsquo;Archives &eacute;crites de Radio France.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;De fait, le Studio d&rsquo;Essai, cr&eacute;&eacute; par la direction de la Radiodiffusion nationale (Radio-Vichy) en janvier 1943, supprim&eacute; en mai 1945, n&rsquo;a diffus&eacute; d&rsquo;&eacute;missions que tr&egrave;s exceptionnellement, notamment le samedi 3 juillet 1943 apr&egrave;s-midi (adaptations d&rsquo;&oelig;uvres de Proust par Albert Ollivier et de Montherlant par lui-m&ecirc;me, in&eacute;dit radiophonique de Claude Roy). Sur le Studio d&rsquo;Essai, voir l&rsquo;article de Karine Le Bail dans Martin Kaltenecker et Karine Le Bail,&nbsp;<em>Pierre Schaeffer : les constructions impatientes</em>, Paris, CNRS, 2012, p.&nbsp;117-127.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Titre donn&eacute; par Alain Trutat &agrave; une &eacute;mission de l&rsquo;ACR&nbsp;du 28 juin 1970, qui fait notamment entendre, en premi&egrave;re audition,&nbsp;<em>Isma ou ce qui s&rsquo;appelle rien</em>&nbsp;de Nathalie Sarraute, dans la mise en ondes remarquable de Claude Roland-Manuel.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Mot connu de Victor Hugo, cit&eacute; en g&eacute;n&eacute;ral sans r&eacute;f&eacute;rence.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;<em>La Chambre d&rsquo;&eacute;cho</em>&nbsp;n&rsquo;a eu qu&rsquo;un num&eacute;ro, hors-commerce, en 1947. Au sommaire, des textes de&nbsp;: Jean Tardieu, Jean Cocteau, Paul Gilson, Charles-Albert Cingria, R.-J.-T. Griffin, Henry Barraud, Arthur Honegger, Ren&eacute; Leibovitz, Paul Claudel, Andr&eacute; Jolivet, L&eacute;on-Paul Fargue, Paul-Louis Mignon, Pierre Renoir, Charles Dullin, Jacques Pr&eacute;vert et Kosma, Agn&egrave;s Capri, Maurice Cazeneuve, Samy Simon, Jacques Peuchmaurd, Roger Pradali&eacute;.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;28 num&eacute;ros, de 1954 &agrave; 1960. Table des mati&egrave;res des num&eacute;ros 1 &agrave; 20 (1954-1958) dans le n&deg;20.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Notamment &laquo;&nbsp;La Radia&nbsp;&raquo;, manifeste de Marinetti et Masnata publi&eacute; dans la&nbsp;<em>Gazzetta del Popolo</em>&nbsp;le 22 septembre 1933, &laquo;&nbsp;&agrave; rapprocher des &eacute;missions futuristes que Marinetti et D&eacute;p&eacute;ro inaugurent le 24 novembre 1933 sur Radio-Milano&nbsp;&raquo;, &eacute;crit Michel Collomb. Son article nous apprend que le manifeste a aussit&ocirc;t &eacute;t&eacute; repris en fran&ccedil;ais, sous le titre &laquo;&nbsp;Manifeste de la Radia futuriste&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Com&oelig;dia</em>&nbsp;du 14 d&eacute;cembre 1933, p&nbsp;4 (Michel Collomb, &laquo;&nbsp;Les premiers jalons d&rsquo;une esth&eacute;tique de la radio&nbsp;&raquo;, dans Claudia Krebs (dir.),&nbsp;<em>Radio, entre approches critiques, th&eacute;oriques, exp&eacute;rimentales</em>, Berlin, Avinus Verlag, Berlin, 2008, p.115-130). Ce manifeste, publi&eacute; en retraduction par Syntone en 2001 (<a href="http://syntone.fr/la-radia-1933/">ici</a>), ne figure pas dans l&rsquo;anthologie critique de Giovanni Lista,&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre futuriste italien</em>, publi&eacute; en 1976 aux &eacute;ditions L&rsquo;&Acirc;ge d&rsquo;Homme.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Textes de 1928-1932 regroup&eacute;s en France dans la section &laquo;&nbsp;Th&eacute;orie de la radio&nbsp;&raquo; du volume I de ses&nbsp;<em>&Eacute;crits sur l&rsquo;art et la litt&eacute;rature</em>&nbsp;aux &eacute;ditions de l&rsquo;Arche, coll. &laquo;&nbsp;Travaux&nbsp;&raquo;, 1970.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Oreille en coin</em>&nbsp;a commenc&eacute; sur France Inter, samedi 30 mars 1968, sous le nom de&nbsp;<em>TSF 68</em>&nbsp;(puis&nbsp;<em>69</em>,&nbsp;<em>70</em>,&nbsp;<em>71</em>). L&rsquo;&eacute;mission a re&ccedil;u le Prix des critiques de radio et de t&eacute;l&eacute;vision en 1975. Sur l&rsquo;&eacute;mission, voir la vivante &eacute;vocation de Thomas Baumgartner, accompagn&eacute;e d&rsquo;un CD&nbsp;:&nbsp;<em>L&rsquo;Oreille en coin, une radio dans la radio</em>, pr&eacute;face de Fran&ccedil;ois Cavanna, Paris, Nouveau monde &eacute;ditions / France Inter, 2007.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;&Eacute;mission inaugur&eacute;e mardi 17 octobre 1950 &agrave; 22h15 sur la Cha&icirc;ne parisienne, diffus&eacute;e tous les quinze jours jusqu&rsquo;en 1966, sur France Inter &agrave; partir de 1964. Textes d&rsquo;&eacute;missions des d&eacute;buts publi&eacute;s dans&nbsp;<em>Les nuits du bout du monde</em>, Andr&eacute; Bonne, 1953, avec une lettre-pr&eacute;face de Pierre Beno&icirc;t.</p> <h3>Auteur</h3> <p><strong>Alain Trutat</strong>&nbsp;(1922-2006)&nbsp;est un des grands noms de la radio d&rsquo;&Eacute;tat en France dans la deuxi&egrave;me moiti&eacute; du XXe si&egrave;cle et une de ses personnalit&eacute;s les plus influentes &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger, notamment au sein de l&rsquo;Union Europ&eacute;enne de Radiodiffusion et de la Communaut&eacute; des radios publiques de langue fran&ccedil;aise (CRPLF), dont il pr&eacute;side la Commission culturelle de 1973 &agrave; 1979. Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture (1984-1997) salue en lui &laquo;&nbsp;non seulement la m&eacute;moire de la cha&icirc;ne, mais un de ses &eacute;veilleurs&nbsp;&raquo;, dont &laquo;&nbsp;l&rsquo;un des principaux m&eacute;rites fut de ne pas &ecirc;tre, en d&eacute;pit de sa passion pour les studios, un homme de m&eacute;dia, mais un homme &eacute;pris de po&eacute;sie, de th&eacute;&acirc;tre, de peinture, de toutes les formes de cr&eacute;ation, parmi lesquelles l&rsquo;art radiophonique&nbsp;&raquo;. Il fait ses d&eacute;buts &agrave; la radio tout jeune, dans les ann&eacute;es trente (&agrave; Radio Tour Eiffel avec Jean Nohain, puis Poste parisien, puis &agrave; Radio-Luxembourg avec Jean Masson). Il y revient apr&egrave;s la guerre comme assistant de r&eacute;alisation au service des &eacute;missions litt&eacute;raires et dramatiques, passag&egrave;rement dirig&eacute; par le po&egrave;te Jean Lescure. Il y fait ses classes &laquo;&nbsp;aupr&egrave;s de r&eacute;alisateurs chevronn&eacute;s&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;On apprend &agrave; la fois ce qu&rsquo;il faut faire et ce qu&rsquo;il ne faut pas faire, enfin ce qu&rsquo;on estime ne pas devoir faire&nbsp;&raquo;) et collabore un peu au Club d&rsquo;Essai. Son parcours de producteur, adaptateur et r&eacute;alisateur &agrave; la RTF et &agrave; l&rsquo;ORTF jusqu&rsquo;en 1965, nourri de relations, amiti&eacute;s et collaborations avec nombre d&rsquo;&eacute;crivains&nbsp;et artistes de l&rsquo;&eacute;poque (Eluard, Andr&eacute; Fr&eacute;naud, Du Bouchet, Michaux, Beckett, Obaldia, Duras, Ollier, Sarraute&hellip; Jean Vilar, Marias Casar&egrave;s, Alain Cuny, Michel Piccoli, Edith Scob&hellip;), cumule les&nbsp;belles&nbsp;&eacute;missions, parmi lesquelles&nbsp;:&nbsp;<em>P&acirc;ques &agrave; New-York</em>&nbsp;de Blaise Cendrars (1946)&nbsp;;&nbsp;<em>Don Quichotte est parmi nous</em>, magnifique et fantasque feuilleton en huit &eacute;pisodes de Georges Ribemont-Dessaignes et Henri-Fran&ccedil;ois Rey (1947)&nbsp;;&nbsp;<em>Le Soleil des eaux</em>&nbsp;de Ren&eacute; Char (1948)&nbsp;;&nbsp;<em>Chemins et routes de la po&eacute;sie</em>&nbsp;de Paul Eluard (1949)&nbsp;;&nbsp;<em>Bonjour Monsieur Jarry</em>&nbsp;(1951)&nbsp;;&nbsp;<em>Au bois lact&eacute;</em>&nbsp;[<em>Under milk wood</em>] de Dylan Thomas (1954, prix Italia en version originale)&nbsp;; en 1955&nbsp;<em>Ruisselle</em>&nbsp;de Roger Pillaudin, prix Italia 1955,&nbsp;<em>Un barrage contre le Pacifique</em>&nbsp;de Marguerite Duras et, dans&nbsp;des adaptations d&rsquo;Adamov,&nbsp;<em>La Logeuse</em>, de Dosto&iuml;evski et&nbsp;<em>Les &acirc;mes mortes</em>&nbsp;de Gogol&nbsp;; en 1957&nbsp;<em>Le Square</em>&nbsp;de Marguerite Duras et&nbsp;<em>Ad majorem Joyce gloriam</em>&nbsp;(hommage &agrave; Joyce)&nbsp;;&nbsp;<em>Tous ceux qui tombent</em>&nbsp;[<em>All that Fall</em>] de Beckett (1959)&nbsp;;&nbsp;<em>Thomas l&rsquo;imposteur</em>&nbsp;de Cocteau (1960)&nbsp;; en 1961,&nbsp;<em>Cendres</em>&nbsp;[<em>Embers</em>] de Beckett,&nbsp;<em>Reportage international d&rsquo;un match de football</em>&nbsp;de Jean Thibaudeau et&nbsp;<em>Histoire v&eacute;ridique de Jacotin</em>, d&rsquo;apr&egrave;s un conte de Camillo Cela, prix Italia 1961&nbsp;;&nbsp;<em>Les Enfants de palais&nbsp;</em>de Michel Cournot, prix Italia 1963. Charg&eacute; en 1962 par Henry Barraud la r&eacute;forme de la Cha&icirc;ne nationale, il est &agrave; l&rsquo;origine de sa transformation en France Culture. Sans compl&egrave;tement renoncer &agrave; la r&eacute;alisation (signalons&nbsp;<em>Ici la voix&nbsp;</em>de Georges Hugnet en 1967,&nbsp;<em>Cris</em>&nbsp;de Maurice Ohana, prix Italia 1969,&nbsp;<em>Sans</em>&nbsp;[<em>Lessness</em>] de Beckett en 1971, non diffus&eacute;&hellip;). Il passe ensuite &laquo;&nbsp;de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;&nbsp;&raquo;, comme conseiller artistique de l&rsquo;ORTF de 1965 &agrave; 1974 puis, de 1975 &agrave; 1997, conseiller de programmes de France Culture, notamment pour les dramatiques (dont le service est rebaptis&eacute; &laquo;&nbsp;Fictions&nbsp;&raquo; &agrave; son initiative&nbsp;en 1992), et &agrave; ce titre membre du jury du prix Italia. Dans ces fonctions il est avec Lucien Attoun un des artisans de la pr&eacute;sence continue de la cha&icirc;ne au Festival d&rsquo;Avignon &agrave; partir de 1969.&nbsp;La m&ecirc;me ann&eacute;e il&nbsp;ouvre &agrave; France Culture, avec l&rsquo;appui de Jean Tardieu, l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>, dans la vie duquel il reste &laquo;&nbsp;tr&egrave;s tr&egrave;s pr&eacute;sent&nbsp;&raquo; (Andrew Orr) jusqu&rsquo;au d&eacute;but des ann&eacute;es 1980. Hors du domaine des fictions, on lui doit&nbsp;de nombreuses &eacute;missions, dont&nbsp;<em>Profils perdus</em>&nbsp;(&eacute;mission de portraits, 1987-1995, sur une id&eacute;e de Jean-Marie Borzeix) et&nbsp;<em>&Agrave;</em><em>&nbsp;voix nue</em>&nbsp;(&eacute;mission d&rsquo;entretiens, depuis 1987). Ses archives papier professionnelles sont d&eacute;pos&eacute;es aux Archives nationales.</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>