<h3>Abstract</h3> <p>Tying the documentary impulses of the ACR in 1969 to the pressures of the &ldquo;world in turmoil&rdquo; that, after May 68, &ldquo;comes knocking&rdquo; on studio doors, the conference first retraces what makes each program an&nbsp;<em>adventure</em>, far from the &ldquo;information superhighways&rdquo; but also set back from the public&rsquo;s supposed expectations, especially attentive to the &ldquo;tensions that operate behind the state of things&rdquo;. Several of the author&rsquo;s &ldquo;sound films&rdquo; then make it possible to illustrate some themes: the importance of working on real sounds; sound recording and listening to reality; the link between silence and sound; the relationship to the &ldquo;objects&rdquo; of the recording; the composition of each radiophonic work as both artisanal and unique.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>radio, radio creation workshop,&nbsp;Ren&eacute; Farabet, documentary, Italia price, sound film, Futura price</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Comme exergue &agrave; cette petite r&ecirc;verie r&eacute;trospective&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>, je proposerai cette phrase de Gilles Deleuze&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;art n&rsquo;est pas fait pour informer, mais pour lutter contre la mort&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>.&nbsp;&raquo; &Agrave; quoi j&rsquo;ajouterai, du bout des l&egrave;vres et en m&rsquo;excusant, une remarque de Walter Benjamin&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;artiste fait une &oelig;uvre, le primitif s&rsquo;appuie sur des documents&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>.&nbsp;&raquo; Permettez-moi d&rsquo;adopter une formule plus conciliante &agrave; propos de l&rsquo;auteur de documentaire&nbsp;:&nbsp;c&rsquo;est un primitif artiste ‒ variante&nbsp;: un artiste primitif.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>Donc le documentaire &ndash; un mot de r&eacute;putation assez ambigu. Si l&rsquo;on se r&eacute;f&egrave;re &agrave; l&rsquo;&eacute;tymologie latine, le&nbsp;<em>documentum</em>&nbsp;a, semble-t-il, une vocation essentiellement p&eacute;dagogique, je dirais m&ecirc;me scolaire. Documenter&nbsp;: distribuer des connaissances, dispenser un enseignement, instruire, produire un dossier (documents &agrave; l&rsquo;appui), etc. En ce sens, il n&rsquo;y avait pas de quoi r&eacute;jouir les &eacute;coliers turbulents, rassembl&eacute;s au Rueil Palace en 1944, contraints de subir avant la projection du grand film, un documentaire sur la p&ecirc;che &agrave; la sardine &ndash; ce qui a conduit Raymond Queneau &agrave; noter&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les gosses &ccedil;a les emmerde le docucu, et comment&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>.&nbsp;&raquo; Bon, il para&icirc;t que, de nos jours, les choses ont heureusement &eacute;volu&eacute;&hellip;</p> <p>Pour ce qui est de l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;(l&rsquo;<em>ACR</em>), que dire d&rsquo;abord du paysage sonore dans lequel s&rsquo;enracine le programme &agrave; ses d&eacute;buts, en octobre 1969&nbsp;? L&rsquo;histoire n&rsquo;&eacute;tant pas une science exacte, je me bornerai &agrave; quelques observations &agrave; propos du contexte de l&rsquo;&eacute;poque. Le concept de &laquo;&nbsp;radiophonie&nbsp;&raquo;, d&rsquo;&laquo;&nbsp;art radiophonique&nbsp;&raquo; (disons&nbsp;: la sp&eacute;cificit&eacute; de l&rsquo;objet sonore diffus&eacute; sur les ondes) a, de toute &eacute;vidence, pris un nouvel essor dans l&rsquo;euphorie de l&rsquo;imm&eacute;diat apr&egrave;s-guerre (avec le Studio et le Club d&rsquo;Essai, les travaux de Pierre Schaeffer&hellip;). Cela n&rsquo;a pourtant pas emp&ecirc;ch&eacute; Antonin Artaud, fin 47, d&eacute;but 48 ‒ juste avant de mourir&nbsp;‒ de s&rsquo;&eacute;poumoner dans le vide et de conclure, d&eacute;sabus&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&agrave; o&ugrave; est la&nbsp;<em>machine</em>&nbsp;c&rsquo;est toujours le gouffre et le n&eacute;ant&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>.&nbsp;&raquo; Une machine qui, &agrave; ce moment-l&agrave;, est assez rudimentaire&nbsp;: le Nagra n&rsquo;est pas op&eacute;rationnel, la st&eacute;r&eacute;ophonie pas encore au point et bient&ocirc;t, le petit ruisseau sonore va se trouver d&eacute;bord&eacute; par les torrents d&rsquo;images d&eacute;vers&eacute;es par la t&eacute;l&eacute;vision&hellip; Le Club d&rsquo;Essai ferme ses portes &agrave; la fin des ann&eacute;es 50.</p> <p>D&egrave;s lors, le champ d&rsquo;exp&eacute;rimentation radiophonique est, trop souvent, laiss&eacute; en friche, cern&eacute; de toutes parts par ce que Jean Tardieu appelait &laquo;&nbsp;le bla-bla et la zizique&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;&raquo;. Le &laquo;&nbsp;bla-bla&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire la parole triomphante, le son lui-m&ecirc;me &eacute;tant en g&eacute;n&eacute;ral rel&eacute;gu&eacute; au rang d&rsquo;appoint, de simple accompagnement. Non seulement dans le &laquo;&nbsp;bavardage d&rsquo;antenne&nbsp;&raquo;, mais &eacute;galement dans un bon nombre de programmes dits &eacute;labor&eacute;s, c&rsquo;est la voix qui est privil&eacute;gi&eacute;e &ndash; et la voix g&eacute;n&eacute;ralement porteuse de texte&nbsp;: l&rsquo;&oelig;uvre est &eacute;crite &agrave; l&rsquo;avance, y compris certains entretiens (ceux d&rsquo;Andr&eacute; Breton, bien d&rsquo;autres). Et au sommet de la hi&eacute;rarchie, tr&ocirc;ne ce que, d&egrave;s le d&eacute;but des ann&eacute;es 30, certains avaient appel&eacute; la &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;trophonie&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo; (des r&eacute;citations com&eacute;diennes et quelques illustrations bruitistes). Le studio est une sc&egrave;ne &agrave; huis-clos, un petit laboratoire du &laquo;&nbsp;trompe-l&rsquo;oreille&nbsp;&raquo;.</p> <p>&Eacute;clate Mai 68. La sc&egrave;ne se d&eacute;place dans la rue. Et l&agrave;, c&rsquo;est le monde qui vient frapper &agrave; la lourde porte du lieu de recherche &ndash; le monde en &eacute;bullition, le monde au pr&eacute;sent. Il a sembl&eacute; alors n&eacute;cessaire, urgent de remiser au plus vite, dans un coin moins expos&eacute; aux lumi&egrave;res, les brochures, les partitions, les livrets et d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;ventrer&nbsp;&raquo; le studio, d&rsquo;en faire un espace de &laquo;&nbsp;lutte contre la mort&nbsp;&raquo;, un &laquo;&nbsp;atelier&nbsp;&raquo; o&ugrave; serait travaill&eacute;e une mati&egrave;re vivante, en gestation, en vibration, une mati&egrave;re pour l&rsquo;essentiel puis&eacute;e &agrave; la source. Est-ce &agrave; dire que le label &laquo;&nbsp;documentaire&nbsp;&raquo; allait &ecirc;tre placard&eacute; &agrave; la porte&nbsp;? Non, car l&rsquo;id&eacute;e &eacute;tait plut&ocirc;t de r&eacute;futer pr&eacute;cis&eacute;ment cette notion rigide de&nbsp;&laquo;&nbsp;genre&nbsp;&raquo;, qui permet aux cha&icirc;nes de radio de s&eacute;curiser leurs grilles.</p> <p>L&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;: un rendez-vous hebdomadaire d&rsquo;&eacute;coute, non soumis &agrave; la logique de la s&eacute;rie &ndash; le but &eacute;tant que chaque programme soit une petite aventure, que chaque d&eacute;marche soit accord&eacute;e au propos lui-m&ecirc;me, sans r&eacute;f&eacute;rence &agrave; des mod&egrave;les pr&eacute;&eacute;tablis. Des &oelig;uvres hybrides, m&eacute;tiss&eacute;es, aux titres volontiers elliptiques, des &laquo;&nbsp;films sonores&nbsp;&raquo; (si l&rsquo;on tient aux &eacute;tiquettes&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>), o&ugrave; sont cens&eacute;s se succ&eacute;der, se m&ecirc;ler des plans d&rsquo;&eacute;nonciation vari&eacute;s, et se combiner des sons sans hi&eacute;rarchie. Le grand format initial (2h50) a pu ainsi favoriser le d&eacute;veloppement d&rsquo;&oelig;uvres voyageuses, vagabondes&nbsp;: des travers&eacute;es de paysages et de milieux divers, d&eacute;laissant les autoroutes de l&rsquo;information au profit de chemins plus forestiers, de chemins de traverse, avec des trajets en zigzag, des d&eacute;tours, des digressions, des rencontres impr&eacute;vues&hellip; et des escales (du temps pour la fl&acirc;nerie, la divagation).</p> <p>Au fil des ann&eacute;es, la dur&eacute;e du programme a peu &agrave; peu &eacute;t&eacute; r&eacute;duite (1h25, en 2001) &ndash; un gain d&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute;, au d&eacute;triment du nomadisme&nbsp;! N&eacute;anmoins, le projet &eacute;tait toujours de prendre le temps de creuser la surface des choses &ndash; le temps d&rsquo;entrer dans la t&ecirc;te d&rsquo;une personne, dans le labyrinthe d&rsquo;une pens&eacute;e, d&rsquo;une recherche cr&eacute;atrice, dans le ventre d&rsquo;un son. Et de &laquo;&nbsp;r&ecirc;ver&nbsp;&raquo; le sujet, en quelque sorte. D&rsquo;ouvrir par exemple le r&eacute;seau polyphonique susceptible de se d&eacute;velopper &agrave; partir d&rsquo;un th&egrave;me, d&rsquo;un concept, d&rsquo;un mot, d&rsquo;un &eacute;v&eacute;nement, d&rsquo;un lieu, d&rsquo;une activit&eacute;, d&rsquo;un groupe social, d&rsquo;une &oelig;uvre, d&rsquo;un conflit, etc. Aucune id&eacute;e n&rsquo;&eacute;tant taboue &agrave; priori, la seule exigence &eacute;tait celle d&rsquo;une potentialit&eacute; sonore suffisamment riche (dans l&rsquo;approche comme dans le traitement), et aussi celle d&rsquo;une compl&egrave;te implication de l&rsquo;auteur &agrave; tous les stades du travail, d&rsquo;une d&eacute;marche sensible, personnelle. Le regard n&rsquo;avait pas &agrave; se fixer &agrave; tout prix sur un suppos&eacute; &laquo;&nbsp;horizon d&rsquo;attente&nbsp;&raquo; de l&rsquo;auditeur, pas plus que sur des faits spectaculaires ou anecdotiques (les trains qui &laquo;&nbsp;ne se mettent &agrave; exister que lorsqu&rsquo;ils d&eacute;raillent&nbsp;&raquo;, comme dit Perec, ou les voitures dont l&rsquo;&laquo;&nbsp;unique destin&nbsp;&raquo; est de &laquo;&nbsp;percuter les platanes&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;&raquo;). L&rsquo;enjeu &eacute;tait de faire ressentir les tensions qui s&rsquo;exercent derri&egrave;re l&rsquo;&eacute;tat des choses, le feu qui couve, ce qui est en suspens, &laquo;&nbsp;dans l&rsquo;air du temps&nbsp;&raquo;, comme on dit. Il y a un philosophe italien qui affirme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Regarder le contemporain, c&rsquo;est regarder son temps pour apercevoir non les lumi&egrave;res mais les t&eacute;n&egrave;bres&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>.&nbsp;&raquo; Georges Perec, de son c&ocirc;t&eacute;, parlait de &laquo;&nbsp;l&rsquo;infra-ordinaire&nbsp;&raquo;. Donc diriger l&rsquo;attention du c&ocirc;t&eacute; des f&ecirc;lures, des ruptures de cadre, de l&rsquo;envers du d&eacute;cor, des coulisses, etc&hellip;</p> <p>Je parlais pr&eacute;c&eacute;demment d&rsquo;une mati&egrave;re puis&eacute;e, pour l&rsquo;essentiel, &laquo;&nbsp;&agrave; la source&nbsp;&raquo;&nbsp;: des sons choisis, capt&eacute;s&nbsp;<em>in situ</em>, des sons de nature et non d&rsquo;apr&egrave;s nature comme ceux fabriqu&eacute;s dans le&nbsp;<em>no man&rsquo;s land</em>&nbsp;du studio, cet espace non marqu&eacute;, non color&eacute;, &laquo;&nbsp;sans qualit&eacute;s&nbsp;&raquo;, cet espace de nulle part, coup&eacute; du monde ext&eacute;rieur et qui n&rsquo;est pas sans &eacute;voquer, m&eacute;taphoriquement, la prison. Cela m&rsquo;am&egrave;ne &agrave; mentionner une exp&eacute;rience particuli&egrave;re d&rsquo;enfermement, pr&eacute;cis&eacute;ment. Voici un extrait d&rsquo;un programme intitul&eacute;&nbsp;<em>Paroles du dedans</em>, qui a pour cadre une Centrale o&ugrave; quelques d&eacute;tenus, condamn&eacute;s &agrave; de tr&egrave;s longues peines, ont la possibilit&eacute; de se livrer &agrave; des activit&eacute;s de r&eacute;insertion. &Agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur m&ecirc;me de la citadelle p&eacute;nitentiaire, un studio a &eacute;t&eacute; install&eacute;, o&ugrave; ils s&rsquo;appliquent &agrave; &laquo;&nbsp;travailler&nbsp;&raquo; le son, &agrave; fabriquer de petites pi&egrave;ces sonores. Le studio, ici, c&rsquo;est une esp&egrave;ce de prison miniature enclav&eacute;e dans l&rsquo;immense forteresse, et prot&eacute;g&eacute; des stridences, des &laquo;&nbsp;bruits mesquins&nbsp;&raquo; propres &agrave; l&rsquo;espace carc&eacute;ral. Pour s&rsquo;abstraire de l&rsquo;environnement imm&eacute;diat, l&rsquo;un des prisonniers &eacute;coute tr&egrave;s souvent des cassettes de nature &ndash; cette nature qu&rsquo;il a perdu l&rsquo;habitude d&rsquo;entendre &ndash; la mer, les oiseaux, la for&ecirc;t&hellip; Mais le son d&rsquo;une cassette n&rsquo;est pas identique &agrave; celui du plein air, les tourterelles y ont la voix un peu aigrelette&nbsp;! Pour sa composition sonore, Philippe, faute de mieux, fait appel &agrave; des bruits d&rsquo;instruments d&rsquo;&eacute;vasion (&agrave; partir de documents d&rsquo;archives)&nbsp;: le son comme pigeon voyageur, comme passe muraille, &laquo;&nbsp;le son comme le r&ecirc;ve&nbsp;&raquo;, soupire-t-il.&nbsp;<em>Paroles du dedans</em>&nbsp;est, entre autres, un travail sur cette dialectique du dehors et du dedans.</p> <p><em>Extrait sonore&nbsp;:&nbsp;</em>Paroles du dedans. Centrale de Saint-Maur<em>, de Ren&eacute; Farabet, premi&egrave;re diffusion sur France Culture dans l&rsquo;</em>ACR<em>&nbsp;du 2 janvier 1994. Groupe de r&eacute;alisation : Philippe Bredin, Bernard Charron, Ren&eacute; Farabet, Yvette Tuchband. Prix Futura 1993 (version courte). &Eacute;coute en ligne int&eacute;grale&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/creation-sonore/la-mort-de-rene-farabet-inoubliable-figure-des-ateliers-de-creation-radiophonique" target="_blank">ici</a>.</em></p> <p>Se frotter &agrave; la r&eacute;alit&eacute;,&nbsp;<em>op&eacute;rer</em>&nbsp;la r&eacute;alit&eacute;, voil&agrave; l&rsquo;acte documentaire par excellence.&nbsp;<em>R&eacute;alit&eacute;</em>,&nbsp;<em>r&eacute;el</em>&nbsp;: la terminologie est sujette &agrave; de multiples controverses&hellip; Disons ici&nbsp;: la r&eacute;alit&eacute; envisag&eacute;e comme un signe sensible, concret, d&rsquo;articulation du r&eacute;el&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>. Une r&eacute;alit&eacute; qui, d&rsquo;abord, semble exister ind&eacute;pendamment de nous, qui est a-radiophonique, et que l&rsquo;on est parfois tent&eacute; d&rsquo;appr&eacute;hender comme si c&rsquo;&eacute;tait une donn&eacute;e, comme s&rsquo;il suffisait de l&rsquo;observer passivement et de proc&eacute;der &agrave; un pr&eacute;l&egrave;vement m&eacute;canique. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs ce &agrave; quoi s&rsquo;essaie un personnage (un cin&eacute;aste, dans un film de Wim Wenders,&nbsp;<em>Lisbonne story</em>) qui, escomptant &eacute;chapper &agrave; l&rsquo;arbitraire de toute captation, aux choix n&eacute;cessairement subjectifs, esp&eacute;rant donc saisir les choses m&ecirc;mes &agrave; l&rsquo;&eacute;tat brut en les laissant s&rsquo;engouffrer simplement dans la machine, se met &agrave; errer au hasard dans la ville, en aveugle et avec des tampons dans les oreilles, les appareils techniques fix&eacute;s dans le dos et branch&eacute;s sans arr&ecirc;t.</p> <p>C&rsquo;est oublier naturellement que tout dispositif d&rsquo;enregistrement impose ses propres codes, ses cadrages, etc. Prise de son&nbsp;: prise de sens. L&rsquo;inscription du son n&rsquo;est jamais innocente, pas plus que sa diffusion d&rsquo;ailleurs, aucun m&eacute;dia n&rsquo;est transparent. C&rsquo;est oublier aussi que si le microphone peut &ecirc;tre assimil&eacute; &agrave; une lanterne sonore, capable de balayer un espace jusque dans ses arri&egrave;res, l&agrave; m&ecirc;me o&ugrave; l&rsquo;oreille la plus fine se r&eacute;v&egrave;le sourde, il ne fait que tailler, d&eacute;couper dans la r&eacute;alit&eacute;. Son aire de d&eacute;tection est limit&eacute;e (de m&ecirc;me que notre perception &agrave; nous n&rsquo;est jamais int&eacute;grale). Les choses se livrent par profil, la r&eacute;alit&eacute; nous parvient &agrave; travers une sorte de clignotement. Et le son n&rsquo;est qu&rsquo;une portion de la chose&nbsp;: c&rsquo;est la chose elle-m&ecirc;me (corps, objet) qui nous dit adieu, qui s&rsquo;absente, qui d&eacute;l&egrave;gue son ombre&hellip; Le son est toujours plus ou moins orphelin. On peut &eacute;voquer sa densit&eacute;, sa mat&eacute;rialit&eacute; m&ecirc;me&nbsp;(&laquo;&nbsp;monter&nbsp;&raquo;, par exemple, c&rsquo;est travailler comme un sculpteur &ndash; quelqu&rsquo;un comme Pierre Henry parle de &laquo;&nbsp;toucher le son&nbsp;&raquo;, et chaque pore de la peau est en fait une oreille). Mais ce son, si consistant soit-il, est volatil, &eacute;vanescent. C&rsquo;est une ombre port&eacute;e, emport&eacute;e, d&eacute;port&eacute;e, appel&eacute;e &agrave; se dissoudre au plus vite, &agrave; s&rsquo;&eacute;clipser comme le fant&ocirc;me surpris par l&rsquo;aube.</p> <p>L&rsquo;auteur de radio est ainsi constamment confront&eacute; &agrave; ce ph&eacute;nom&egrave;ne de pr&eacute;sence/absence, apparition/disparition. Le r&eacute;el est un champ &eacute;nerg&eacute;tique, travers&eacute; de forces d&rsquo;intensit&eacute; &ndash; un th&eacute;&acirc;tre de situations, sans cesse en &eacute;volution, au sein duquel il faut se tenir en alerte, sur le qui-vive, s&rsquo;adapter, r&eacute;agir, interpr&eacute;ter, au besoin m&ecirc;me provoquer, et d&rsquo;une certaine mani&egrave;re indexer &agrave; soi&nbsp;; non dans un geste pr&eacute;dateur, mais par une &eacute;coute intense, active qui permet de l&rsquo;approcher au plus pr&egrave;s. William James affirmait que &laquo;&nbsp;la r&eacute;alit&eacute; se dissipe avec l&rsquo;attention&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;. Tendre l&rsquo;oreille&nbsp;: tendre, attendre, entendre &ndash; l&rsquo;attention, la tension, le d&eacute;sir, le mouvement vers&hellip; et d&rsquo;incessantes accommodations. &laquo;&nbsp;Viser le r&eacute;el, disait Deleuze, et non pas imaginer le repr&eacute;senter&nbsp;&raquo;. En effet, plus que le son ne repr&eacute;sente, il r&eacute;sonne (et avec lui le sens, bien entendu). Ainsi l&rsquo;op&eacute;ration radiophonique est-elle en quelque sorte un travail sur le temps de la r&eacute;sonance &ndash; cette &eacute;longation intermittente du temps (Tarkovski&nbsp;: &laquo;&nbsp;sculpter le temps&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;&raquo;). R&eacute;sister aux encha&icirc;nements m&eacute;caniques, aux gammes, aux litanies, etc. Un jeu du plein et du vide. Et travailler avec le silence &ndash; le silence qui se d&eacute;pose dans le corps comme une neige feutr&eacute;e, douce&nbsp;: celle que l&rsquo;on rencontre, par exemple, au nord de la Laponie.</p> <p>Voici maintenant deux extraits d&rsquo;un programme intitul&eacute;<em>&nbsp;Du c&ocirc;t&eacute; de la terre Same</em>, dans lequel les tableaux surgissent l&rsquo;un apr&egrave;s l&rsquo;autre et, tour &agrave; tour, s&rsquo;&eacute;vanouissent dans le blanc, dans le silence, dans la neige &ndash; la neige qui &eacute;touffe les sons dans la nuit ininterrompue de d&eacute;cembre&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>. Des sons bus par le paysage, teint&eacute;s des couleurs du lieu, transportant des morceaux de territoire avec eux. Et des voix rouill&eacute;es par le froid. Des voix atmosph&eacute;riques, des paroles de &laquo;&nbsp;dessous la neige&nbsp;&raquo;, pourrait-on dire, des paroles rentr&eacute;es qui m&ucirc;rissent lentement dans la bouche, ralenties, clairsem&eacute;es. O&ugrave; la coul&eacute;e du temps est perceptible. O&ugrave; se devine le d&eacute;roulement, la fabrique de la pens&eacute;e. Il y a un po&egrave;te lapon qui dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je sens les pens&eacute;es cheminer dans ma t&ecirc;te&nbsp;&raquo;. L&rsquo;enjeu est de laisser affleurer dans le champ acoustique ce sillon creus&eacute; &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des t&ecirc;tes (Antonin Artaud, lui, parlait du &laquo;&nbsp;bruit de la pens&eacute;e&nbsp;&raquo;). Ainsi ouvrir l&rsquo;atelier du pr&eacute;-langage, laisser tomber doucement la ros&eacute;e du son, laisser r&eacute;sonner&hellip;</p> <p><em>Extrait sonore&nbsp;:&nbsp;</em>Du c&ocirc;t&eacute; de la terre Same<em>, de Ren&eacute; Farabet et Kaye Mortley, r&eacute;alisation de Monique Burgui&egrave;re et Marie-Ange Garrandeau, premi&egrave;re diffusion sur France Culture dans l&rsquo;</em>ACR<em>&nbsp;du 16 avril 1989. S&eacute;lection pour le prix Italia 1991.</em></p> <p>Silence et son, tous deux, sont des sismographes. Tous deux &eacute;troitement li&eacute;s. Et le son pur n&rsquo;existe pas, il n&rsquo;y a que des situations d&rsquo;&eacute;coute. Capter des moments de vie, c&rsquo;est aussi faire entendre ce qu&rsquo;on pourrait appeler avec Jean-Luc Godard &laquo;&nbsp;la vie d&rsquo;&agrave; c&ocirc;t&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo; &ndash; l&rsquo;intervalle, l&rsquo;arri&egrave;re-fond, les sons de contexte, de voisinage, l&rsquo;environnement familier. Un milieu vivant, en activit&eacute;, partag&eacute; &agrave; plusieurs. Et la s&egrave;che interview, elle aussi, va faire place &agrave; une &laquo;&nbsp;rencontre&nbsp;&raquo;, le face-&agrave;-face se doubler d&rsquo;un c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te &ndash; une rencontre, un instant en commun, un moment de confiance. Il y a une belle phrase de Robert Bresson qui dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Donner aux objets l&rsquo;envie d&rsquo;&ecirc;tre l&agrave;&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;&raquo;. Objets, &ecirc;tres humains&nbsp;: aborder l&rsquo;autre non en malin strat&egrave;ge, professionnel de la question, inquisiteur, mais l&rsquo;autre comme compagnon de passage, et non comme simple t&eacute;moin, ou porte-parole, ou expert, que sais-je&hellip; Une forme de co-pr&eacute;sence, une approche d&rsquo;empathie. J&rsquo;aime beaucoup cette r&eacute;flexion d&rsquo;un peintre chinois&nbsp;: &laquo;&nbsp;Seul un artiste qui comprend les joies et les &eacute;motions d&rsquo;un saumon franchissant un rapide a le droit de peindre un saumon<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&raquo;. Devenir saumon, c&rsquo;est magnifique&nbsp;! D&rsquo;ailleurs observez attentivement l&rsquo;homme en train d&rsquo;enregistrer&hellip; un grillon, par exemple&nbsp;: vous pouvez voir ses l&egrave;vres s&rsquo;entrouvrir l&eacute;g&egrave;rement, remuer un peu&hellip; Nul doute, il est en train de striduler, il est devenu grillon&nbsp;! Naturellement cette identification ne peut &ecirc;tre que passag&egrave;re&nbsp;! On retrouve l&agrave; la m&eacute;thode de l&rsquo;acteur stanislavskien, compl&eacute;t&eacute;e par Brecht. C&rsquo;est-&agrave;-dire que cette esp&egrave;ce d&rsquo;osmose va alterner avec une prise de distance (n&eacute;cessaire, bien s&ucirc;r&nbsp;!). Il y a comme un mouvement de navette, un glissement du dedans au dehors et vice-versa, sur une &eacute;chelle gradu&eacute;e des distances. Voil&agrave; ce qu&rsquo;il faut n&eacute;gocier chaque fois. La finalit&eacute; &eacute;tant toujours d&rsquo;obtenir chez l&rsquo;autre une authenticit&eacute; de comportement, lib&eacute;r&eacute; des conventions de la th&eacute;&acirc;tralit&eacute; quotidienne, de la mise en sc&egrave;ne de soi, des effets de masque ou de manche, des r&eacute;citations.</p> <p>Peut-&ecirc;tre est-ce dans certaines situations d&rsquo;urgence que peut s&rsquo;entendre justement le cri des choses, celui des &ecirc;tres, leur expression directe. Le prochain extrait que je propose (<em>Les bons samaritains</em>, tel est le titre du programme) met en sc&egrave;ne des &ecirc;tres totalement d&eacute;munis, en &eacute;tat de pr&eacute;carit&eacute; profonde. Ils squattent des maisons d&eacute;labr&eacute;es, d&eacute;saffect&eacute;es, dans une petite rue d&rsquo;un vieux quartier de Bruxelles, les Marolles (rue de la Samaritaine). Ces personnes sont menac&eacute;es d&rsquo;expulsion pour cause officielle de r&eacute;novation (ph&eacute;nom&egrave;ne classique, toujours d&rsquo;actualit&eacute;). Des exclus, des membres du&nbsp;<em>quart-monde</em>&nbsp;comme on dit, cantonn&eacute;s dans une sorte de&nbsp;<em>r&eacute;serve</em>&nbsp;(samaritain&nbsp;= indien). Et ils crient&nbsp;: &laquo;&nbsp;Aidez-nous, &eacute;coutez-nous&nbsp;!&nbsp;&raquo; &ndash; le d&eacute;sir intense d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;cout&eacute;s&nbsp;: c&rsquo;est le m&ecirc;me appel que dans la parabole biblique. Dans cette s&eacute;quence, il s&rsquo;est agi de les accompagner dans leurs d&eacute;ambulations (nocturnes, le plus souvent), avec de nombreuses escales, de maisons en caf&eacute;s, de caf&eacute;s en caf&eacute;s&hellip; Aucun commentaire de surplomb (le commentaire&nbsp;: l&rsquo;ombre d&rsquo;un rapace au-dessus des sons), si ce n&rsquo;est quelques brefs rappels de la fable rapport&eacute;e dans la Bible. Donc les accompagner en les incitant, autant que possible, &agrave; conduire eux-m&ecirc;mes les op&eacute;rations, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; se faire non plus seulement des protagonistes passifs, r&eacute;pondant &agrave; des batteries de questions, mais des &laquo;&nbsp;producteurs&nbsp;&raquo; narrateurs d&rsquo;eux-m&ecirc;mes. La sc&egrave;ne d&eacute;bute par le r&ecirc;ve utopique de l&rsquo;un d&rsquo;entre eux qui vient de faire visiter ce qu&rsquo;il appelle son futur studio, o&ugrave; il souhaiterait disposer d&rsquo;un &eacute;metteur radio (Radio-Sama, le titre est d&eacute;j&agrave; pr&ecirc;t), afin d&rsquo;&eacute;voquer les probl&egrave;mes du quartier. Et tout finira sur une sc&egrave;ne de rue path&eacute;tique&hellip;</p> <p><em>Extrait sonore&nbsp;:&nbsp;</em>Les bons samaritains<em>, de Ren&eacute; Farabet, prix Futura 1985 (version courte)</em>,&nbsp;<em>r&eacute;alisation de Marie-Ange Garrandeau, premi&egrave;re diffusion sur France Culture dans l&rsquo;</em>ACR<em>&nbsp;639</em>&nbsp;<em>du 7 d&eacute;cembre 1986&nbsp;</em><a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a><em>. &Eacute;coute en ligne int&eacute;grale&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/atelier-de-creation-radiophonique-les-bons-samaritains-1ere-diffusion-02061985" target="_blank">ici</a>.</em></p> <p>De l&rsquo;<em>ACR</em>, qu&rsquo;aimerais-je retenir au fond&nbsp;?</p> <p>Plus que le mot &laquo;&nbsp;cr&eacute;ation&nbsp;&raquo;, un peu flamboyant&nbsp;&ndash; on ne cr&eacute;e pas&nbsp;<em>ex nihilo</em>&nbsp;&ndash;, le mot &laquo;&nbsp;atelier&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est-&agrave;-dire le caract&egrave;re artisanal&nbsp;: un atelier, une fabrique, pas une usine. Un atelier du&nbsp;<em>cousu main</em>. Un atelier de germination, o&ugrave; l&rsquo;on prend le temps n&eacute;cessaire &agrave; la maturation, o&ugrave; s&rsquo;&eacute;labore le&nbsp;<em>work in progress</em>, au fil de multiples &eacute;coutes &ndash; et si le mat&eacute;riau r&eacute;siste, on le laisse en sommeil pour un certain temps, jusqu&rsquo;&agrave; ce que son et sens trouvent une piste commune. &Agrave; chaque &oelig;uvre son propre rythme. Il y a un aphorisme de Lichtenberg qui dit &laquo;&nbsp;Deux mouches s&rsquo;&eacute;taient accoupl&eacute;es dans mon oreille&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;&raquo;. Le travail de composition est, au fond, un acte de copulation&nbsp;: des sons qui se frottent les uns aux autres, se nouent, se combinent, se repoussent parfois. La phase de l&rsquo;&eacute;laboration dramaturgique est la plus longue, peut-&ecirc;tre aussi la plus inventive. Il s&rsquo;agit d&rsquo;introduire de la coh&eacute;rence dans le d&eacute;sordre du vivant (espaces distants, temps h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes). Non de r&eacute;pondre aux consignes conventionnelles de narration, de rechercher imp&eacute;rativement la&nbsp;<em>good story</em>&nbsp;(selon le mod&egrave;le anglo-saxon), mais de frayer un petit sentier de randonn&eacute;e, born&eacute; de quelques rep&egrave;res &ndash; de mettre en place une structure signifiante permettant au concept comme &agrave; l&rsquo;&eacute;motion de se d&eacute;velopper. Il s&rsquo;agit d&rsquo;orchestrer des mat&eacute;riaux sonores plus ou moins h&eacute;t&eacute;roclites, en y ajoutant des &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;appoint (analogues &agrave; ces mots &eacute;trangers, ces &laquo;&nbsp;c&ocirc;tes en argent&nbsp;&raquo; dont parlait Benjamin &agrave; propos du montage litt&eacute;raire qu&rsquo;il consid&eacute;rait comme &laquo;&nbsp;une op&eacute;ration chirurgicale&nbsp;&raquo;). Cette redistribution n&rsquo;est pas un embo&icirc;tement m&eacute;canique de pi&egrave;ces, comme dans les puzzles o&ugrave; l&rsquo;on proc&egrave;de par raccordements successifs, de bord &agrave; bord, mais elle devrait donner naissance &agrave; un ensemble in&eacute;dit, &agrave; une entit&eacute; nouvelle. Chaque son est toujours plus ou moins que lui-m&ecirc;me. Les sons se jettent mutuellement des ombres &ndash; directes ou distantes, transparentes ou opaques, nettes ou floues&hellip; Ainsi s&rsquo;engage une autre travers&eacute;e du r&eacute;el, un autre feuilletage du temps. La radio est un lieu de pluralit&eacute;, de friction. L&rsquo;op&eacute;ration dramaturgique est donc cet art combinatoire, cette mise en r&eacute;seaux, cette recherche de connexions, de correspondances, d&rsquo;aiguillages, d&rsquo;accords ou de dissonances&nbsp;: un processus de ramification. Interroger le r&eacute;el, ce n&rsquo;est pas simplement le refl&eacute;ter, c&rsquo;est le connoter, le&nbsp;contextualiser. Et le propulser parfois sur une sc&egrave;ne de l&rsquo;impossible, &agrave; la lisi&egrave;re de la fiction. En fait, il y a un plaisir intense dans le travail de composition&nbsp;; Eisenstein parlait justement de &laquo;&nbsp;l&rsquo;extase cr&eacute;atrice qui accompagne le choix des plans et leurs assemblages&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Je voudrais terminer par l&rsquo;extrait d&rsquo;un programme ludique &ndash; frivole et s&eacute;rieux &agrave; la fois&nbsp;:&nbsp;<em>L&rsquo;ai-je bien descendu&nbsp;? L&rsquo;avons-nous bien mont&eacute;&nbsp;?</em>&nbsp;&ndash; un programme en marge du music-hall. Ce genre th&eacute;&acirc;tral y est analys&eacute;, d&eacute;mont&eacute;, mont&eacute;, m&eacute;taphoris&eacute;&hellip; Moins d&rsquo;ailleurs au terme d&rsquo;une approche frontale (face &agrave; la sc&egrave;ne) que de biais, &agrave; partir des coulisses, du sous-sol, des loges, de la cabine de r&eacute;gie, etc&hellip; Et au sein d&rsquo;un grand nombre des temples parisiens de ce type de&nbsp;<em>show</em>, avec leurs rumeurs (croisement de musiques, chansons, danses, bruits, paroles d&rsquo;artistes et d&rsquo;artisans du spectacle, sons de r&eacute;p&eacute;tition, de repr&eacute;sentation, etc.). Un fouillis sonore organis&eacute;&nbsp;!</p> <p><em>Extrait sonore&nbsp;:&nbsp;</em>L&rsquo;ai-je bien descendu&nbsp;? L&rsquo;avons-nous bien mont&eacute;&nbsp;?<em>&nbsp;co-production de Ren&eacute; Farabet, Jean-Marc Fombonne, Andrew Orr, Jean-Loup Rivi&egrave;re, textes lus par Michael Lonsdale, premi&egrave;re diffusion sur France Culture dans l&rsquo;</em>ACR<em>&nbsp;du 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1978. Mention sp&eacute;ciale au Prix Italia 1979. &Eacute;coute en ligne int&eacute;grale&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/la-nuit-revee-de/atelier-de-creation-radiophonique-lai-je-bien-descendu-lavons-nous-bien" target="_blank">ici</a>.</em></p> <p>Dans ce programme, on a pu entendre cette citation de Nietzsche qui pourrait fort bien s&rsquo;appliquer au travail dramaturgique &agrave; la radio&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il faut porter en soi le chaos pour enfanter une &eacute;toile dansante&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Ce texte est la retranscription d&rsquo;une intervention de Ren&eacute; Farabet &agrave; la journ&eacute;e sur &laquo;&nbsp;Les territoires du documentaire sonore&nbsp;&raquo; organis&eacute;e par l&rsquo;Association pour le d&eacute;veloppement du documentaire radiophonique (Addor), en partenariat avec l&rsquo;Ina, le 26 novembre 2010 &agrave; Paris. Publi&eacute; avec l&rsquo;aimable autorisation de Tristan Farabet, Kaye Mortley et l&rsquo;Addor. Les notes sont ajout&eacute;es par les &eacute;diteurs de ce num&eacute;ro.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Source non retrouv&eacute;e. Farabet pense peut-&ecirc;tre &agrave; ce passage connu de &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;acte de cr&eacute;ation&nbsp;?&nbsp;&raquo;, conf&eacute;rence donn&eacute;e par Deleuze le 17 mai 1987&nbsp;aux mardis de la fondation Femis : &laquo;&nbsp;L&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;art ne contient strictement pas la moindre information. En revanche, il y a une affinit&eacute; fondamentale entre l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;art et l&rsquo;acte de r&eacute;sistance. [&hellip;] Malraux d&eacute;veloppe un bon concept philosophique. Malraux dit une chose tr&egrave;s simple sur l&rsquo;art, il dit &ldquo;c&rsquo;est la seule chose qui r&eacute;siste &agrave; la mort&rdquo;.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Premi&egrave;re des &laquo;&nbsp;Treize th&egrave;ses contre les snobs&nbsp;&raquo; dans&nbsp;<em>Sens unique</em>&nbsp;(1928). Citation exacte&nbsp;: &laquo;&nbsp;I. L&rsquo;artiste fait une &oelig;uvre. Le primitif s&rsquo;exprime en documents.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Loin de Rueil</em>, Gallimard, 1945.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Lettre &agrave; Paule Th&eacute;venin du 24 f&eacute;vrier 1948. Apr&egrave;s l&rsquo;enregistrement (et l&rsquo;interdiction) de&nbsp;<em>Pour en finir avec le jugement de dieu</em>.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Expressions du professeur Froeppel, personnage r&eacute;current de Tardieu &agrave; partir de&nbsp;<em>Un mot pour un autre</em>&nbsp;(1951), pour qui &laquo;&nbsp;&agrave; la radio, il y a deux sortes d&rsquo;&eacute;missions : le &ldquo;bla-bla&rdquo; et la &ldquo;zizique&rdquo;&nbsp;&raquo;&nbsp;(les &eacute;missions parl&eacute;es et les &eacute;missions musicales).</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Farabet se fait ici une id&eacute;e&nbsp;un peu rapide&nbsp;des &eacute;missions dramatiques diffus&eacute;es dans l&rsquo;entre-deux-guerres. On n&rsquo;y parle gu&egrave;re de th&eacute;&acirc;trophonie sinon, comme Paul Deharme, pour d&eacute;noncer la pratique tr&egrave;s r&eacute;pandue des retransmissions (&laquo;&nbsp;la T.S.F. n&rsquo;est qu&rsquo;un vaste&nbsp;<em>th&eacute;&acirc;trophone</em>&nbsp;&raquo; se plaint-il par exemple dans &laquo;&nbsp;Pour un art radiophonique&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Radio-Magazine</em>, 31 mars 1929, p.&nbsp;6). Dans&nbsp;<em>Le th&eacute;&acirc;tre radiophonique, nouveau mode d&rsquo;expression artistique</em>&nbsp;(1926), Pierre Cusy et Gabriel Germinet distinguent ces retransmissions, appel&eacute;es &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;tre radiophon&eacute;&nbsp;&raquo;, du &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;tre radiophonique&nbsp;&raquo; proprement dit, dont Roger Richard a montr&eacute; la riche diversit&eacute; dans &laquo; Les &eacute;tapes fran&ccedil;aises de la radiodramaturgie&nbsp;&raquo; (<em>La Nef</em>, n&deg;73-74, f&eacute;vrier-mars 1951). Voir aussi Pierre-Marie H&eacute;ron, &laquo;&nbsp;Fictions hybrides &agrave; la radio&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Le Temps des M&eacute;dias</em>, n&deg;14, printemps 2010, p. 85-97. Quant &agrave; l&rsquo;utilisation de &laquo;&nbsp;sons bruts&nbsp;&raquo; (sons du dehors), les techniques du radio-reportage la rendent possible en direct d&egrave;s les ann&eacute;es 1926-1927, en diff&eacute;r&eacute; avec le d&eacute;veloppement de l&rsquo;enregistrement sur disque au sein des camions de radio-reportage &agrave; partir de 1931. L&rsquo;utilisation de ce genre d&rsquo;enregistrements dans des &eacute;missions dramatiques n&rsquo;est pas rare dans les ann&eacute;es trente. &Agrave; propos de &laquo; th&eacute;&acirc;trophonie &raquo; au sens propre, notons que l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;du 27 juin 1971 propose une &eacute;mission intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Le grand Th&eacute;&acirc;trophone. Marcel Proust, abonn&eacute;&nbsp;&raquo;, dans une r&eacute;alisation d&rsquo;Alain Trutat. Rediffusions en 1972, 1982, 1998, 2012, 2013.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;C&rsquo;est de fait l&rsquo;&eacute;tiquette adopt&eacute;e par lui comme la moins inadapt&eacute;e pour qualifier la &laquo;&nbsp;suite tout &agrave; fait organique&nbsp;&raquo;, con&ccedil;ue comme un tout m&ecirc;me si compos&eacute;e parfois de &laquo;&nbsp;s&eacute;quences extr&ecirc;mement distinctes, extr&ecirc;mement s&eacute;par&eacute;es&nbsp;&raquo;, que doit constituer &agrave; ses yeux une &eacute;mission de l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;(citations de son entretien avec Agathe Mella pour la s&eacute;rie en dix &eacute;pisodes &laquo;&nbsp;La recherche &agrave; la radio&nbsp;&raquo; des&nbsp;<em>Chemins de la connaissance</em>, France Culture, 24 ao&ucirc;t-4 septembre 1987, &eacute;mission du 3 septembre 1987). Dans la conf&eacute;rence ici publi&eacute;e, Farabet semble cependant privil&eacute;gier le terme plus neutre de &laquo;&nbsp;programme&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Citations tir&eacute;es de &laquo;&nbsp;Approches de quoi&nbsp;?&nbsp;&raquo;, texte liminaire de&nbsp;<em>L&rsquo;Infra-ordinaire</em>&nbsp;(Le Seuil, 1989).</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Citation exacte&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le contemporain est celui qui fixe le regard sur son temps pour en percevoir non les lumi&egrave;res, mais l&rsquo;obscurit&eacute;&nbsp;&raquo; (Giorgio Agamben,<em>&nbsp;Qu&rsquo;est-ce que le contemporain ?</em>&nbsp;traduit de l&rsquo;italien [2005] par Maxime Rovere, Paris, Payot &amp; Rivages, 2008).</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Dans l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;du 7 d&eacute;cembre 1986,&nbsp;<em>R&eacute;alit&eacute; / Fiction</em>, de Ren&eacute; Farabet, propose un &laquo;&nbsp;essai th&eacute;orique accompagn&eacute; d&rsquo;images sonores, sur l&rsquo;art radiophonique dans ses relations avec le r&eacute;el&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Principles of Psychology</em>&nbsp;(1890) &ndash; &ldquo;the reality lapses with the attention&rdquo; &ndash;, citation peut-&ecirc;tre lue dans&nbsp;<em>Les cadres de l&rsquo;exp&eacute;rience&nbsp;</em>d&rsquo;Erving Goffman, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1991 (trad. de&nbsp;<em>Frame analysis : an essay of the organization of experience</em>, 1986).</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Le cin&eacute;ma, c&rsquo;est l&rsquo;art de sculpter le temps&nbsp;&raquo;, &eacute;crit le cin&eacute;aste russe dans&nbsp;<em>Le Temps scell&eacute;</em>, publi&eacute; en fran&ccedil;ais par les Cahiers du cin&eacute;ma (&Eacute;ditions de l&rsquo;&Eacute;toile) en 1989.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Ren&eacute; Farabet a donn&eacute; un court r&eacute;cit de ce s&eacute;jour en Laponie finlandaise, en 1989, dans &laquo;&nbsp;Nocturne en Terre Same&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>La Revue litt&eacute;raire</em>, n&deg;5, ao&ucirc;t 2004, n.p.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Godard par Godard</em>, Cahiers du Cin&eacute;ma, 1985, p.&nbsp;228.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Citation exacte, tir&eacute;e de ses&nbsp;<em>Notes sur le cin&eacute;matographe</em>&nbsp;(Gallimard, 1993, pr&eacute;face de J. M. G. Le Cl&eacute;zio)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Donner aux objets l&rsquo;air d&rsquo;avoir envie d&rsquo;&ecirc;tre l&agrave;.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Citation attribu&eacute;e au peintre chinois Yu T&rsquo;ang par Henri Maldiney dans&nbsp;<em>Regard, Parole, Espace</em>, Lausanne, L&rsquo;&Acirc;ge d&rsquo;homme, 1973&nbsp;: &laquo; Seul un artiste qui comprend les joies et les &eacute;motions d&rsquo;un saumon franchissant un rapide a le droit de peindre un saumon, sinon qu&rsquo;il le laisse tranquille. Car si pr&eacute;cis que soit son dessin des &eacute;cailles, des nageoires et des paupi&egrave;res, l&rsquo;ensemble para&icirc;tra mort. &raquo;</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Pr&eacute;sentation de la notice Ina&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Les bons samaritains&nbsp;</em>(nouvelle version), par Ren&eacute; Farabet : Bruxelles, le vieux quartier des Marolles, o&ugrave; se sont r&eacute;fugi&eacute;s depuis des d&eacute;cennies des &ldquo;parias&rdquo;, comme on disait jadis, des &ldquo;asociaux&rdquo;, comme on dit maintenant &ndash; Pour des raisons de &ldquo;r&eacute;novation du quartier&rdquo;, comme on dit aussi un peu partout, les habitants de la rue de la Samaritaine sont menac&eacute;s aujourd&rsquo;hui d&rsquo;expulsion. Essai d&rsquo;approche famili&egrave;re et de compr&eacute;hension d&rsquo;un milieu plein de chaleur humaine, rencontre d&rsquo;une v&eacute;rit&eacute; &agrave; la fois bouleversante et pitoyable : les Bons Samaritains n&rsquo;ont qu&rsquo;eux-m&ecirc;mes pour s&rsquo;entraider ‒ la Bible est loin derri&egrave;re eux.&nbsp;&raquo;. Sur ce programme, on pourra lire la&nbsp;<a href="http://syntone.fr/dans-lenfer-rieur-des-marolles/#note-1" target="_blank">note d&rsquo;&eacute;coute</a>&nbsp;de Pascal Mouneyres dans&nbsp;<em>Syntone</em>, 28 f&eacute;vrier 2018.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Aphorisme utilis&eacute; par Farabet en titre d&rsquo;une petite production mordante sur la radio, son &eacute;coute et sa censure, diffus&eacute;e dans l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;du 10 juillet 1973 intitul&eacute; &laquo;&nbsp;La Radio et les Escargots&nbsp;&raquo;. Lors de la rediffusion d&rsquo;un extrait au Festival Longueur d&rsquo;ondes 2018 (&laquo;&nbsp;Ren&eacute; Farabet et l&rsquo;Atelier de Cr&eacute;ation Radiophonique&nbsp;&raquo;), Kaye Mortley y voyait &laquo;&nbsp;un produit bien de son temps&nbsp;&raquo;, illustrant &laquo;&nbsp;parfaitement l&rsquo;esprit Atelier de l&rsquo;&eacute;poque&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Le Film, sa forme, son sens</em>,&nbsp;adapt&eacute; du russe et de l&rsquo;am&eacute;ricain sous la direction d&rsquo;Armand Panigel, Paris, Christian Bourgois, 1976.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Ainsi parlait Zarathoustra</em>&nbsp;(1885). Autre traduction&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je vous le dis : il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une &eacute;toile dansante.&nbsp;&raquo;</p> <h3><strong>Auteur</strong></h3> <p><strong>Ren&eacute; Farabet</strong>&nbsp;(1934-2017), ancien &eacute;l&egrave;ve du Conservatoire national d&rsquo;art dramatique de Paris, docteur &egrave;s-lettres,&nbsp;producteur d&rsquo;&eacute;missions litt&eacute;raires et documentaires &agrave; la radio &agrave; partir de 1959,&nbsp;&laquo;&nbsp;com&eacute;dien, dou&eacute; d&rsquo;une voix exceptionnellement belle, metteur en sc&egrave;ne&nbsp;&raquo;, notamment au&nbsp;Festival d&rsquo;Avignon (<em>La vie mode d&rsquo;emploi</em>&nbsp;de Perec en 1988),&nbsp;<em>R&eacute;cital Ren&eacute; Char</em>&nbsp;en 1990,&nbsp;<em>Atours et alentours de Don Juan</em>&nbsp;en 1993) ; producteur permanent &agrave;&nbsp;l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;de 1969 &agrave; 1983, puis&nbsp;son unique producteur coordinateur de 1983 &agrave; 2001 ; r&eacute;alisateur. Grand Prix de la SCAM 1993 pour l&rsquo;ensemble de son &oelig;uvre, dont&nbsp;on mentionnera, en plus des titres cit&eacute;s dans la conf&eacute;rence :&nbsp;<em><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/prix-italia-cordoba-gongora-details-de-rene-farabet" target="_blank">Comment vous la trouvez, ma salade ?</a></em>, com&eacute;die-documentaire sur la consommation diffus&eacute;e en 1970, Prix Italia 1971 (co-production&nbsp;Harold Portnoy, Robert Valette et l&rsquo;&eacute;crivain Jacques-Pierre Amette) ;&nbsp;<em><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/prix-italia-cordoba-gongora-details-de-rene-farabet" target="_blank">Cordoba G&oacute;ngora, d&eacute;tails</a>&nbsp;</em>(1980, autour du po&egrave;te baroque espagnol Luis de G&oacute;ngora), s&eacute;lection prix Italia 1981 et&nbsp;<em><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/prix-italia-cordoba-gongora-details-de-rene-farabet" target="_blank">Une &eacute;toile nomm&eacute;e absinthe</a></em>&nbsp;(2000, sur la catastrophe nucl&eacute;aire de Tchenobyl), prix Italia 2001. Sa r&eacute;flexion sur le son, la radio documentaire&nbsp;et le &laquo;&nbsp;film sonore&nbsp;&raquo; s&rsquo;exprime dans quelques &eacute;missions de l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;&eacute;gren&eacute;es au fil des ans, des articles et conf&eacute;rences (en partie accessibles en ligne), et&nbsp;des ouvrages, notamment&nbsp; :&nbsp;<em>Bref &eacute;loge du coup de tonnerre et du bruit d&rsquo;ailes</em>&nbsp;(&eacute;ditions Phonurgia Nova 1994),&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;ondes, th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;ombres</em>&nbsp;(&eacute;ditions Champ social 2011),&nbsp;<em>Le son nomade</em>&nbsp;(Lucie &eacute;ditions 2016).</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>