<h3>Abstract</h3> <p>This article discusses two of Jean Thibaudeau&rsquo;s first productions for the ACR, a program for which he was one of the first collaborators&nbsp;:&nbsp;<em>Le Jardin</em>&nbsp;in 1970,&nbsp;<em>Dig it &amp; A Western Memory</em>&nbsp;in 1971. It reveals the contrast that exists between the writer&rsquo;s political convictions, a member of both Tel Quel and the French Communist Party, influenced by Brecht and his Marxist conception of reality, and the much more ambivalent significance of his works, place of a resistance to the all-political. Works that seem to say that the individual subject isn&rsquo;t completely reducible to the collective subject but finds happiness, at least for the time being, elsewhere and sometimes in opposition to it.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Jean Thibaudeau n&rsquo;a pas attendu la cr&eacute;ation de l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;en 1969 pour devenir un auteur radiophonique&nbsp;: il l&rsquo;est depuis 1961, avec la cr&eacute;ation, par Alain Trutat qu&rsquo;il rencontre alors, de son&nbsp;<em>Reportage d&rsquo;un match international de football</em>, bien connu aujourd&rsquo;hui par son &eacute;dition sonore chez Phonurgia nova. On le r&eacute;duit souvent du reste &agrave; ce titre. Or sa phonographie est consid&eacute;rable pour un &eacute;crivain &laquo;&nbsp;du livre&nbsp;&raquo;, avec, en France et en Allemagne principalement, 19 &oelig;uvres entre 1961 et 1973, et, apr&egrave;s une interruption entre 1973 et 1980, 11 autres encore jusqu&rsquo;en 2006, dont 9 avec celui qui devient un grand ami et son r&eacute;alisateur attitr&eacute;, Jacques Taroni. La collaboration &agrave; l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;est tr&egrave;s cibl&eacute;e dans le temps&nbsp;: 1969-1970, mais dense, avec notamment, en plus d&rsquo;interventions parl&eacute;es diverses, quatre &oelig;uvres r&eacute;alis&eacute;es par Jos&eacute; Pivin, Jacques-Adrien Blondeau et Jean-Pierre Colas et des interpr&egrave;tes de la stature de Roger Blin, Fran&ccedil;ois Billetdoux, Claude Pi&eacute;plu, Jean Topart, Bulle Ogier et Ren&eacute; Farabet.</p> <p>Chose remarquable, bien avant Claude Ollier par exemple, ou Marguerite Duras avec&nbsp;<em>India Song</em>, mais sans doute en pensant aux deux &laquo;&nbsp;textes radiophoniques&nbsp;&raquo; publi&eacute;s de Michel Butor (<em>R&eacute;seau a&eacute;rien</em>&nbsp;en 1962,&nbsp;<em>6810000 litres d&rsquo;eau par seconde</em>&nbsp;en 1965), Thibaudeau a le projet de publier en recueil ses &oelig;uvres radiophoniques de la d&eacute;cennie 1960&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. Les &Eacute;ditions du Seuil acceptent, puis changent d&rsquo;avis&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>. De ce projet &agrave; la fois vaste, significatif de la valeur accord&eacute;e &agrave; ces textes et somme toute pas plus paradoxal que de publier un sc&eacute;nario de cin&eacute;ma, voire un texte de th&eacute;&acirc;tre, il n&rsquo;a surv&eacute;cu que&nbsp;<em>Mai 1968 en France</em>, accueilli par Sollers en 1970 dans sa collection &laquo;&nbsp;Tel Quel&nbsp;&raquo; au Seuil pour sa port&eacute;e politique&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; mis en ondes dans une version r&eacute;duite de 1h15 par deux stations allemandes en 1969 (WDR et HR) et refus&eacute; par France Culture. C&rsquo;est avec ces rapides &eacute;l&eacute;ments de mise en perspective que nous allons nous tourner vers les&nbsp;<em>ACR</em>&nbsp;de Thibaudeau, et plus sp&eacute;cialement les deux premiers&nbsp;:&nbsp;<em>Le Jardin</em>, diffus&eacute; dimanche 8 f&eacute;vrier 1970 et&nbsp;<em>Dig it &amp; A Western Memory</em>, diffus&eacute;&nbsp;un an plus tard dimanche 31 janvier 1971. Ces deux r&eacute;alisations ont lieu au moment du plus fort engagement en politique de l&rsquo;&eacute;crivain, qui entre au PCF en 1970 (il le quitte en 1977) et juste avant son d&eacute;part du comit&eacute; de r&eacute;daction de la revue&nbsp;<em>Tel Quel</em>&nbsp;(d&eacute;cembre 1971), quand Sollers pousse le groupe &agrave; regarder vers la R&eacute;volution culturelle mao&iuml;ste. On y verra un raccourci du parcours de l&rsquo;&eacute;crivain du Tel Quel formaliste des d&eacute;buts, alors soutien inconditionnel du Nouveau Roman, au Tel Quel fortement marxis&eacute; des ann&eacute;es 1967-1971 (puis mao&iuml;s&eacute;, jusqu&rsquo;aux d&eacute;sillusions du voyage en Chine de Sollers et quelques autres en 1974). On y verra aussi un exemple de ce que la radio documentaire peut apporter &agrave; la fiction, dans la mise en &oelig;uvre du r&eacute;alisme brechtien d&eacute;fendu &agrave; l&rsquo;&eacute;poque par Thibaudeau.</p> <h2><strong>1.<em>&nbsp;Le Jardin</em></strong><br /> &nbsp;</h2> <h3><strong>1.1. La politique, du &laquo;&nbsp;refoul&eacute; conscient&nbsp;&raquo; au retour&nbsp;en force</strong></h3> <p><em>Le Jardin</em>, diffus&eacute; le 8 f&eacute;vrier 1970&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>, est l&rsquo;adaptation &agrave; la radio du tout premier texte narratif de l&rsquo;auteur, &eacute;crit au printemps 1958 peu avant son premier roman,&nbsp;<em>La C&eacute;r&eacute;monie royale</em>&nbsp;; lequel, publi&eacute; en mars 1960 par Lindon et Robbe-Grillet aux &eacute;ditions de Minuit, le classe parmi les repr&eacute;sentants d&rsquo;une possible &laquo;&nbsp;seconde g&eacute;n&eacute;ration&nbsp;&raquo; du Nouveau Roman. &Agrave; l&rsquo;&eacute;poque,&nbsp;<em>Tel Quel</em>&nbsp;‒&nbsp;n&deg;1 en avril 1960, o&ugrave; figure un extrait du roman&nbsp;‒, dont Thibaudeau int&egrave;gre bient&ocirc;t le comit&eacute; de r&eacute;daction, est compl&egrave;tement admiratif du Nouveau Roman et d&rsquo;accord avec une de ses th&egrave;ses directrices&nbsp;: surtout pas de politique en litt&eacute;rature, le seul engagement de l&rsquo;&eacute;crivain est dans son &eacute;criture. Et c&rsquo;est bien ce que fait Thibaudeau dans&nbsp;<em>Le Jardin</em>, &eacute;crit pourtant en pleine guerre d&rsquo;Alg&eacute;rie, alors que lui-m&ecirc;me, n&eacute; en 1935, 23 ans en 1958, est sous les drapeaux depuis 1957 (il fait 28 mois de service militaire), et qu&rsquo;il voit dans le retour au pouvoir du g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle en mai 1958 l&rsquo;installation en France d&rsquo;un &laquo;&nbsp;r&eacute;gime de type franquiste&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Le &laquo;&nbsp;nouveau roman&nbsp;&raquo;, par sa diversit&eacute;, sans doute principalement Robbe-Grillet et Butor, mais aussi bien Duras, Pinget, Sarraute ou Claude Simon, chacun tr&egrave;s singuli&egrave;rement opposant &agrave; la r&eacute;alit&eacute; une &eacute;criture propre, m&rsquo;aura remis les pieds sur terre, avec ma pendule &agrave; l&rsquo;heure, &agrave; partir du Jardin&nbsp;: quelques pages qui ont pour centre la mairie de Levallois-Perret, &agrave; partir duquel s&rsquo;organise, rayonne et revient &agrave; soi un jeu d&rsquo;observations prises sur le motif, ou le vif, des souvenirs&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>.</p> </blockquote> <p>Dans&nbsp;<em>Le Jardin</em>, version 1958, un narrateur d&eacute;crit d&rsquo;un ton neutre, d&eacute;tach&eacute;, de l&rsquo;ext&eacute;rieur, les lieux, personnages et mouvements de personnages dans un jardin, parmi lesquels un couple, Paul et Virginie, transposition du couple de l&rsquo;auteur et de sa compagne (Sylvie Salgues) n&eacute; d&rsquo;une rencontre dans un jardin quelques ann&eacute;es plus t&ocirc;t&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>. La guerre d&rsquo;Alg&eacute;rie est absente, refoul&eacute;e hors d&rsquo;un texte implicitement rattach&eacute; par l&rsquo;allusion au petit roman de Bernardin de Saint-Pierre &agrave; la tradition bucolique, idyllique et amoureuse du genre&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>. Sauf que l&rsquo;innocence des amoureux ne les prot&egrave;ge pas du malheur, et que par quelques indices donn&eacute;s comme en passant ‒ une musique arabe que l&rsquo;on entend &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e du jardin, les noms des rues qui l&rsquo;entourent&nbsp;: Voltaire, le communiste Vaillant-Couturier, l&rsquo;anarchiste &Eacute;lis&eacute;e Reclus ‒, le lecteur sagace peut deviner une autre r&eacute;alit&eacute; en germe sous la r&eacute;alit&eacute; la plus apparente et sans doute menac&eacute;e du paradis tranquille de la doulce France. C&rsquo;est cette r&eacute;alit&eacute;-l&agrave; que la version radiophonique du texte, au SDR de Stuttgart d&rsquo;abord le 12 mars 1969, &agrave; l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;ensuite le 8 f&eacute;vrier 1970, fait tr&egrave;s fortement &eacute;merger. L&rsquo;envers de l&rsquo;idylle devient son endroit, la grande Histoire se met &agrave; l&rsquo;englober. Pour op&eacute;rer ce retournement, Thibaudeau s&rsquo;y prend d&rsquo;une mani&egrave;re tr&egrave;s simple&nbsp;: il immerge son texte dans le signifiant politique, pour en faire une &oelig;uvre non plus reflet du Tel Quel formaliste de la premi&egrave;re &eacute;poque, admiratif du Nouveau Roman, mais assimilable par le Tel Quel de la deuxi&egrave;me &eacute;poque, qui milite &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me-gauche et se montre obs&eacute;d&eacute; de politique. Relevons quelques proc&eacute;d&eacute;s.</p> <p>D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, avant la diffusion de l&rsquo;&oelig;uvre, Thibaudeau fait entendre des documents sonores du printemps 1958&nbsp;: manifestations en faveur de l&rsquo;Alg&eacute;rie fran&ccedil;aise, discours de personnalit&eacute;s politiques&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>. D&rsquo;autre part, toujours avant, il la pr&eacute;face d&rsquo;une adresse aux auditeurs expliquant d&rsquo;o&ugrave; elle vient et comment il faut l&rsquo;&eacute;couter en 1970, apr&egrave;s la fin de la guerre d&rsquo;Alg&eacute;rie et apr&egrave;s Mai 68&nbsp;; &agrave; savoir comme une pr&eacute;figuration lointaine, tr&egrave;s assourdie certes, des r&eacute;voltes et des ruptures qui ont suivi&nbsp;:</p> <blockquote> <p>J&rsquo;ai &eacute;crit&nbsp;<em>Le Jardin</em>&nbsp;au printemps 1958 et il n&rsquo;est pas mauvais de r&eacute;entendre, en m&ecirc;me temps que ce qui s&rsquo;&eacute;crivait, comme Beckett&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>, ce qui parlait &agrave; ce moment-l&agrave; tr&egrave;s fort en politique. Pour moi, la sc&egrave;ne litt&eacute;raire, &agrave; part du reste, &eacute;tait occup&eacute;e par le th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;absurde et le Nouveau Roman. Il n&rsquo;est pas juste d&rsquo;expliquer la litt&eacute;rature par la politique mais enfin l&rsquo;un ne va pas sans l&rsquo;autre. Dans ces ann&eacute;es 50 qui touchaient &agrave; leur terme, nous vivions le cauchemar des guerres coloniales et je ne voyais pas comment sortir de cette pr&eacute;histoire. Beckett, Robbe-Grillet, Butor, ou Ionesco, Adamov, les &eacute;crivains que j&rsquo;admirais, Adamov except&eacute; apr&egrave;s un demi-tour, ces &eacute;crivains tournaient trop &eacute;videmment le dos &agrave; la question. J&rsquo;avais 23 ans. Avec l&rsquo;arriv&eacute;e de de Gaulle, il me semblait qu&rsquo;on allait rentrer dans un tunnel pire, dont on ne verrait pas le bout, une oubliette de l&rsquo;Histoire. Histoire dont je ne savais pas que c&rsquo;est la lutte des classes. Alors mon attitude&nbsp;: refus, espoir, &eacute;tait id&eacute;aliste. &Agrave; propos de tunnel, je me rappelle quelques ann&eacute;es plus tard ces milliers d&rsquo;Alg&eacute;riens parqu&eacute;s sur les quais et dans les couloirs des stations que le m&eacute;tro br&ucirc;lait. Des milliers, muets, les mains sur la t&ecirc;te, sans armes, sous la menace des mitraillettes, un soir de manifestation du FLN. Maintenant, l&rsquo;Alg&eacute;rie existe et en France, je crois que du moins nous sommes sortis du tunnel. Aujourd&rsquo;hui, je suis loin du&nbsp;<em>Jardin</em>, mais content que l&rsquo;Alg&eacute;rie y ait sa place de refoul&eacute; conscient. Une sorte de r&eacute;alisme&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>.</p> </blockquote> <p>D&rsquo;autre part encore, la diffusion du&nbsp;<em>Jardin</em>&nbsp;se prolonge, en deuxi&egrave;me partie d&rsquo;&eacute;mission (on est sur un format de 2h20)&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>, par une s&eacute;rie tr&egrave;s offensive de prises de parole de membres de Tel Quel (Philippe Sollers, Marcellin Pleynet, Pierre Rottenberg, Jean Thibaudeau lui-m&ecirc;me), entrecoup&eacute;s de textes ou documents sonores de L&eacute;nine, Ponge, Bataille et Artaud, sur le th&egrave;me du r&ocirc;le de leur groupe et plus g&eacute;n&eacute;ralement de l&rsquo;&eacute;crivain d&rsquo;avant-garde dans le combat pour la R&eacute;volution. Le titre d&rsquo;ensemble de l&rsquo;&eacute;mission est &laquo;&nbsp;Litt&eacute;rature &ndash; Rupture&nbsp;&raquo;&nbsp;: on ne peut faire plus orient&eacute;&nbsp;!</p> <h3><strong>1.2. Reprise du ch&oelig;ur brechtien</strong></h3> <p>Du point de vue formel, l&rsquo;adaptation du&nbsp;<em>Jardin</em>&nbsp;&agrave; la radio produit un trait remarquable&nbsp;: le passage du narrateur unique &agrave; une pluralit&eacute; de narrateurs tous anonymes, masculins et f&eacute;minins, &agrave; &eacute;galit&eacute;. Thibaudeau reprend ici la technique de th&eacute;&acirc;tre adopt&eacute;e dans&nbsp;<em>Mai 1968 en France</em>, celle du ch&oelig;ur brechtien, o&ugrave; certaines voix agissent en observateurs neutres, informateurs, d&rsquo;autres en incarnations de points de vue individuels, subjectifs, d&rsquo;autres enfin en repr&eacute;sentants d&rsquo;opinions politiques collectives&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.&nbsp;<em>Mai 1968 en France&nbsp;</em>est le premier texte dans lequel Thibaudeau met en &oelig;uvre aussi clairement la conception brechtienne du r&eacute;alisme, selon laquelle la seule r&eacute;alit&eacute; qui compte est celle qui int&egrave;gre le principe de la lutte des classes comme moteur de l&rsquo;Histoire et s&rsquo;&eacute;crit du point de vue de la classe en lutte / du point de vue marxiste&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>.</p> <p>Cela se traduit, dans la mise en ondes du&nbsp;<em>Jardin</em>&nbsp;&agrave; l&rsquo;<em>ACR</em>, par un changement remarquable du mode de diction d&rsquo;un des narrateurs masculins (Lecteur 2 dans la dactylographie), suivi par une des narratrices (Lectrice 2) ‒&nbsp;image du couple op&eacute;rant sa prise de conscience&nbsp;‒, dans le passage cl&eacute; qui nomme, autour du jardin, les rues qui le bordent, la rue &Eacute;lis&eacute;e-Reclus au sud, les rues Voltaire et Vaillant-Couturier &agrave; l&rsquo;est et &agrave; l&rsquo;ouest, etc. Alors que jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent toutes les voix &eacute;taient cens&eacute;es &ecirc;tre neutres et d&eacute;passionn&eacute;es, en gros plan (les com&eacute;diens ont du mal en g&eacute;n&eacute;ral &agrave; adopter ce ton neutre, et ici plus sp&eacute;cialement les com&eacute;diennes&hellip;),&nbsp;&agrave; ce moment la voix du Lecteur 2 se fait plus forte, vient de plus loin, prend de la hauteur et du large, amplifi&eacute;e par une l&eacute;g&egrave;re r&eacute;verb&eacute;ration. Elle parle de ces rues, mais aussi, &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; de l&rsquo;&eacute;glise situ&eacute;e tout au nord de la rue Voltaire, d&rsquo;un immeuble de rapport en chantier &agrave; son extr&ecirc;me sud, au-del&agrave; de &laquo;&nbsp;vastes propri&eacute;t&eacute;s encloses de murs hauts de deux m&egrave;tres recouverts de tuiles moussues mais offrant des br&egrave;ches&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;&raquo;. Elle devient vraiment la voix collective des opprim&eacute;s.</p> <p>Le plus surprenant pourtant &agrave; l&rsquo;&eacute;coute de cette radio, c&rsquo;est, si l&rsquo;on peut dire, la r&eacute;sistance de l&rsquo;&oelig;uvre au message politique qui veut l&rsquo;orienter, &agrave; cette direction politique du sens si fortement impos&eacute;e &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre par son cadre et son interpr&eacute;tation, et qui vient de la fra&icirc;cheur, de l&rsquo;innocente l&eacute;g&egrave;ret&eacute;, de la puissance de r&ecirc;ve et de bonheur imm&eacute;diat de quelques sc&egrave;nes du jardin, celles o&ugrave; l&rsquo;on entend les jeux, histoires et petites chamailleries d&rsquo;enfants juste l&agrave; se raconter des histoires, d&rsquo;une part&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>, celles o&ugrave; l&rsquo;on regarde Virginie avec le regard de Paul et vice-versa, d&rsquo;autre part.</p> <p>Comme si la question politique ne concernait que les adultes, pas les enfants, et peut-&ecirc;tre m&ecirc;me pas le couple enclos dans son bonheur d&rsquo;aimer et d&rsquo;&ecirc;tre aim&eacute;. Comme si l&rsquo;individu avait toujours de bonnes raisons d&rsquo;exister au-del&agrave; ou &agrave; c&ocirc;t&eacute; du collectif. Comme si le sujet individuel n&rsquo;&eacute;tait pas soluble dans le sujet social. Ce que Thibaudeau illustre &agrave; merveille dans son cycle romanesque si peu politique, si &laquo;&nbsp;bourgeois&nbsp;&raquo; en un sens (selon son vocabulaire)&nbsp;:&nbsp;<em>Ouverture&nbsp;</em>(1966),&nbsp;<em>Imaginez la nuit</em>&nbsp;(1968) et bient&ocirc;t&nbsp;<em>Roman noir ou voil&agrave; les morts &agrave; notre tour d&rsquo;en sortir</em>&nbsp;(1974), qu&rsquo;il confesse dans un entretien de 1971 &ecirc;tre encore l&rsquo;illustration d&rsquo;une &laquo;&nbsp;pr&eacute;-histoire personnelle&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&raquo; n&eacute;cessaire &agrave; affronter avant de vivre compl&egrave;tement pour la grande Histoire.</p> <h2><em>2. Dig it &amp; A Western Memory</em><br /> &nbsp;</h2> <p><em>Dig it &amp; A Western Memory</em>&nbsp;donnent lieu, un an apr&egrave;s la diffusion du&nbsp;<em>Jardin</em>, &agrave; une r&eacute;alisation autrement plus impressionnante et puissante, occupant la totalit&eacute; des 2h30 de l&rsquo;<em>ACR&nbsp;</em><a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>. C&rsquo;est en France, depuis&nbsp;<em>Reportage d&rsquo;un match international de football</em>, l&rsquo;&oelig;uvre radiophonique la plus remarquable de Thibaudeau, dont le remake de 1978&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>, con&ccedil;u apr&egrave;s son d&eacute;part du PCF en 1977, ne sera qu&rsquo;une r&eacute;plique assez faible et triste, amput&eacute;e qu&rsquo;elle est, d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment, des esp&eacute;rances r&eacute;volutionnaires que l&rsquo;&eacute;mission de 1971 affiche avec conviction (&agrave; d&eacute;faut de les porter avec flamme, car l&rsquo;&oelig;uvre a aussi ses ambivalences).</p> <h3>2.1 De l&rsquo;aveuglement &agrave; la lumi&egrave;re</h3> <p>Comme toujours chez Thibaudeau, il y a dans&nbsp;<em>A Western Memory</em>&nbsp;une histoire d&rsquo;amour, celle d&rsquo;un &eacute;crivain fran&ccedil;ais et d&rsquo;une &eacute;tudiante am&eacute;ricaine, Nancy, qui se rencontrent en 1967, aux &Eacute;tats-Unis, dans une manifestation contre la guerre du Vietnam. L&rsquo;&eacute;crivain est rentr&eacute; dans son pays, une correspondance s&rsquo;ensuit, la radio &eacute;gr&egrave;ne les lettres de Nancy, en anglais et en traduction fran&ccedil;aise, tandis que celles de l&rsquo;&eacute;crivain sont remplac&eacute;es par des fragments de texte. L&rsquo;&eacute;crivain parle de leur rencontre, de leurs rencontres amoureuses plus sp&eacute;cialement, tandis que les lettres de Nancy parlent de son &eacute;volution politique, du militantisme pour la paix &agrave; un flottement, n&eacute; de sa r&eacute;probation de l&rsquo;action violente, d&eacute;bouchant sur une &laquo;&nbsp;conversion&nbsp;&raquo; hippie et un retrait de toute action militante.</p> <p>Or la composition de l&rsquo;&oelig;uvre vise tr&egrave;s nettement &agrave; condamner cette &eacute;volution, en pla&ccedil;ant presque au d&eacute;but une lettre d&eacute;sengag&eacute;e du 2 novembre 1968, pass&eacute;e au filtre de la maladie et de pens&eacute;es sur la mort, et &agrave; la fin une lettre du 13 juin 1967, &eacute;crite un an et demi plus t&ocirc;t donc, qui montre Nancy tent&eacute;e de rejoindre un mouvement pacifiste militant pour la paix&nbsp;:</p> <blockquote> <p>NANCY</p> <p>Saturday, 2 November 1968.</p> <p>I have remained silent far too long. Silence is such a futile escape for those who (like me) feel impinged upon by the impotence of their words. Silence can be a sin&hellip; a running ill away from involvement and responsibility. Now I shall try to speak.</p> <p>TRADUCTRICE</p> <p>Samedi 2 novembre 1968.</p> <p>Je suis rest&eacute;e trop longtemps silencieuse. Le silence est comme une fuite futile pour ceux qui (comme moi) souffrent de l&rsquo;impuissance de leurs mots. Le silence peut &ecirc;tre une faute&hellip; une mani&egrave;re d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; la g&ecirc;ne et aux responsabilit&eacute;s. Maintenant je vais essayer de parler.</p> <p>NANCY</p> <p>For the past several months, everything has seemed very unreal, very pointless to me&hellip; academics, politics&hellip; I have been quite ill much of the time&hellip; and the fear (or ever the possibility) of death, the confrontation with your own ultimate contingency lends itself to the thoughts and ultimately to silence.</p> <p>TRADUCTRICE</p> <p>Ces derniers mois, tout m&rsquo;a paru tr&egrave;s irr&eacute;el, tr&egrave;s &eacute;mouss&eacute;&hellip; &eacute;tudes, politique&hellip; J&rsquo;ai &eacute;t&eacute; tout &agrave; fait malade souvent&hellip; et la peur (ou m&ecirc;me l&rsquo;&eacute;ventualit&eacute;) de la mort, la confrontation avec la toute derni&egrave;re contingence, conduit aussi &agrave; ces pens&eacute;es, et pour finir au silence&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>.</p> <p>[Lettre du 13 juin 1967]</p> <p>NANCY</p> <p>C&rsquo;est difficile pour moi aussi. Je ne suis pas malheureuse. Peut-&ecirc;tre heureuse&hellip; La maison est, &ccedil;a me fait peur.</p> <p>Mais peu importe !</p> <p>Et la guerre&hellip; Je ne comprends pas. Et qui est-ce juste ? Personne nul ? Je ne sais pas. Peut-&ecirc;tre une solution dans politique&hellip;</p> <p>Maintenant un peu de anglaise.</p> <p>Here I found there is an organized Peace movement.</p> <p>Good&nbsp;? Oui&nbsp;!</p> <p>TRADUCTRICE</p> <p>Je d&eacute;couvre qu&rsquo;il y a ici un mouvement pour la Paix &nbsp;organis&eacute;. Bien ? Oui !</p> <p>NANCY</p> <p>This afternoon I will go to my first meeting with this group.</p> <p>And I hope I shall be able to help some.</p> <p>TRADUCTRICE</p> <p>Cet apr&egrave;s-midi j&rsquo;irai &agrave; ma premi&egrave;re r&eacute;union avec ce groupe.</p> <p>Et j&rsquo;esp&egrave;re que je pourrai y &ecirc;tre utile.</p> <p>NANCY</p> <p>And I have been working for the peace since I&rsquo;ve been here. (And reading-studying.) Oui ‒ through politics there can be peace everywhere ‒ peaceful R&Eacute;VOLUTION in the land of misery!</p> <p>TRADUCTRICE</p> <p>Et j&rsquo;ai travaill&eacute; pour la paix jusqu&rsquo;au moment de venir ici. (Et lisant-&eacute;tudiant.) OUI ‒ par la politique, ce PEUT &ecirc;tre la paix partout ‒ R&Eacute;VOLUTION pacifique o&ugrave; il y a la mis&egrave;re&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> </blockquote> <p>Ainsi, en suivant le cours de l&rsquo;&oelig;uvre, l&rsquo;auditeur est conduit &agrave; remonter le cours de ces deux ann&eacute;es 1967-1968 comme on irait de l&rsquo;aveuglement &agrave; la lumi&egrave;re. Le r&eacute;alisme &agrave; la Brecht, distanciateur et d&eacute;nonciateur, est ici inscrit au c&oelig;ur de l&rsquo;intrigue.</p> <h3>2.2.&nbsp;<em>Dig it</em>, le surgissement de l&rsquo;Histoire r&eacute;elle</h3> <p>Mais la fiction resterait un peu faible sans l&rsquo;apport du documentaire politique&nbsp;<em>Dig it</em>, con&ccedil;u d&rsquo;abord s&eacute;par&eacute;ment par Thibaudeau &agrave; partir de mat&eacute;riaux sonores fournis par un ami canadien, Marc Renaud, et intercal&eacute;s par s&eacute;quences entre les s&eacute;quences de la fiction. Dans ce documentaire, on entend les apostrophes puissantes de Malcolm X, de Martin Luther King, les voix de leaders du Black Panther Party, des manifestations de masse pour la paix, contre la guerre du Vietnam, contre la s&eacute;gr&eacute;gation, des t&eacute;moignages de partisans. C&rsquo;est l&rsquo;Histoire r&eacute;elle qui surgit avec toute sa charge &eacute;motive et &eacute;pique, son relief et son &eacute;loquence sonore, sa dimension collective, la force de conviction de ce qui a &eacute;t&eacute;. Ces voix des leaders en lutte, violente et non-violente, ces voix de foules contestataires, dominent de leur puissance la voix toute intimiste, r&eacute;flexive et comme d&eacute;tach&eacute;e du bruit et de la fureur du monde, de Nancy l&rsquo;&eacute;tudiante am&eacute;ricaine.</p> <p>Ici tr&egrave;s clairement, les sons du dehors montrent leur sup&eacute;riorit&eacute; sur les sons de studio.</p> <h3>2.3. La m&eacute;moire de l&rsquo;Am&eacute;rique</h3> <p>Une troisi&egrave;me strate se combine &agrave; ces documents sonores de l&rsquo;Histoire r&eacute;cente et aux lettres de Nancy. Elle est form&eacute;e de pages de Fenimore Cooper sur la mort du dernier des Mohicans dans son roman de 1826 et de s&eacute;quences d&rsquo;un western am&eacute;ricain l&eacute;gendaire,&nbsp;<em>La Chevauch&eacute;e fantastique</em>&nbsp;de John Ford (<em>Stagecoach</em>, 1939). Pour Thibaudeau en effet, comme il l&rsquo;expliquait &agrave; Alain Veinstein dans&nbsp;<em>Bruits de pages</em>&nbsp;du 2 octobre 1979, &laquo;&nbsp;pour parler de l&rsquo;Am&eacute;rique de mani&egrave;re romanesque il faut parler de son cin&eacute;ma qui a constitu&eacute; la civilisation am&eacute;ricaine de la m&ecirc;me fa&ccedil;on que la litt&eacute;rature a constitu&eacute; la culture europ&eacute;enne&nbsp;&raquo;. De l&agrave; son titre&nbsp;<em>A Western Memory</em>&nbsp;: pour dire que l&rsquo;Am&eacute;rique ne peut s&rsquo;expliquer sans sa m&eacute;moire. Or sa m&eacute;moire est magnifi&eacute;e dans son cin&eacute;ma, qui a su transformer des guerres de conqu&ecirc;te, de spoliation de terres aux Indiens, en &eacute;pop&eacute;e d&rsquo;un Nouveau Monde pour des &eacute;migrants du Vieux Continent. Et de m&ecirc;me qu&rsquo;il y a dans la vie de Nancy un moment lumineux et un moment d&rsquo;aveuglement, de m&ecirc;me, le montage des s&eacute;quences du western avec les documents de l&rsquo;Histoire imm&eacute;diate invite &agrave; voir dans les manifestations pacifistes et anti-racistes d&rsquo;aujourd&rsquo;hui la revanche, bient&ocirc;t victorieuse, des vaincus d&rsquo;hier sur l&rsquo;oppresseur blanc&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>.</p> <p>Et pourtant, l&agrave; encore, on peut s&rsquo;interroger sur la r&eacute;sistance de l&rsquo;&oelig;uvre &agrave; son discours (son message), car si la grande voix des leaders en lutte, violente (Malcolm X) ou non-violente (King), celle des foules contestataires et celle, en contrepoint, des enthousiasmes d&rsquo;anonymes, semblent dessiner un courant irr&eacute;sistible, la fragile mais paisible voix de Nancy parvenant &agrave; son destinataire europ&eacute;en n&rsquo;incite-t-elle pas, malgr&eacute; les suggestions de l&rsquo;auteur, &agrave; pr&eacute;f&eacute;rer le retrait &agrave; l&rsquo;engagement&nbsp;?</p> <h2><strong>Conclusion</strong><br /> &nbsp;</h2> <p>On peut se demander, apr&egrave;s ces analyses, si l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;a vraiment &eacute;t&eacute;, &agrave; ses d&eacute;buts en tout cas, un lieu de cr&eacute;ation au sens fort, c&rsquo;est-&agrave;-dire un lieu o&ugrave; l&rsquo;art n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; mis au service d&rsquo;une cause ext&eacute;rieure &agrave; lui-m&ecirc;me, d&rsquo;une id&eacute;ologie, d&rsquo;une passion politique&hellip; d&rsquo;une&nbsp;<em>doxa</em>. S&rsquo;il est vraiment agi de poser des questions, de proposer des v&eacute;rit&eacute;s sans les imposer, ou pas. Dans un essai relativement r&eacute;cent,&nbsp;<em>Les &eacute;crivains face &agrave; la doxa</em>, Jean-Pierre Martin, bien revenu lui-m&ecirc;me de ses ann&eacute;es d&rsquo;engagement dans la Gauche prol&eacute;tarienne autour de 1970, fait l&rsquo;&eacute;loge du &laquo;&nbsp;g&eacute;nie h&eacute;r&eacute;tique&nbsp;&raquo; de la litt&eacute;rature, que l&rsquo;injonction du tout-politique, au nom de ce que Baudelaire appelle &laquo;&nbsp;l&rsquo;id&eacute;al fraternitaire&nbsp;&raquo;, semble condamner &agrave; &laquo;&nbsp;se briser sur les r&eacute;cifs de la grande Histoire&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>. L&rsquo;exemple de Thibaudeau, compl&egrave;tement acquis en 1970 &agrave; la&nbsp;<em>doxa&nbsp;</em>marxiste, ne t&eacute;moigne-t-il pas dans les deux r&eacute;alisations&nbsp;<em>ACR</em>&nbsp;&eacute;tudi&eacute;es d&rsquo;une contamination de l&rsquo;art par l&rsquo;id&eacute;ologie&nbsp;? En fait, ce qui nous a frapp&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;coute de ce &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est plut&ocirc;t la r&eacute;sistance des &oelig;uvres aux th&egrave;ses qu&rsquo;elles sont cens&eacute;es v&eacute;hiculer. Comme si le sens de la lutte devait composer avec la nostalgie d&rsquo;une autre vie, &agrave; l&rsquo;&eacute;cart des bruits et fureurs du monde, monde des enfants et des amoureux dans&nbsp;<em>Le Jardin</em>, monde hippie que rejoint Nancy dans&nbsp;<em>A Western Memory</em>&hellip; Demeurent tout de m&ecirc;me, dans leur puissance d&rsquo;interpellation, les grandes voix de Malcolm X et de Martin Luther King. Comme pour v&eacute;rifier la conviction de Ren&eacute; Farabet qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;<em>ACR</em>, dans les ann&eacute;es 1970, la radio devait se faire hors des studios.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Jean Thibaudeau,&nbsp;<em>Mes ann&eacute;es Tel Quel</em>, Paris, &Eacute;criture, 1994, p.&nbsp;160.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;162.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Sollers me propose alors, et j&rsquo;accepte, de publier dans la collection&nbsp;<em>Mai 1968</em>, seul. / En d&rsquo;autres termes&nbsp;: je reconnais que (sauf exception&nbsp;<em>politique</em>) mes radios n&rsquo;ont plus leur place &agrave;&nbsp;<em>Tel Quel</em>&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em>).</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;&OElig;uvre enregistr&eacute;e en st&eacute;r&eacute;ophonie, au printemps 1969, en vue de concourir au Prix Italia (<em>Le Monde</em>, 20 juin 1969, p.&nbsp;3)&nbsp;; diffus&eacute;e dans l&rsquo;<em>ACR&nbsp;</em>&laquo;&nbsp;Litt&eacute;rature &ndash; Rupture&nbsp;&raquo;, France Culture, 8 f&eacute;vrier 1970, 20h-22h20. Musique originale de Gilbert Amy, r&eacute;alisation de Jacques-Adrien Blondeau, avec Genevi&egrave;ve Page, Nelly Borgeaud, Evelyne Selena, Fran&ccedil;ois Billetdoux, Jean N&eacute;groni, Claude Giraud, Ren&eacute; Farabet. La dactylographie de l&rsquo;&oelig;uvre, dat&eacute;e du 24 mars 1969, conserv&eacute;e au Bureau des manuscrits de Radio France, cote R16607, 38 p. La liste des personnages mentionne&nbsp;Virginie, Paul, deux Lectrices, trois Lecteurs, &laquo;&nbsp;des voix&nbsp;&raquo; et un speaker.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;46.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;101.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Jardin du Luxembourg, 5 septembre 1954.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Car&nbsp;: &laquo;&nbsp;Si je nous d&eacute;guise, Sylvie et moi, en &ldquo;Paul et Virginie&rdquo;, si les plaques des rues sont d&eacute;plac&eacute;es, de sorte que ma g&eacute;ographie &agrave; la fin de la proche banlieue parisienne comprend aussi bien Asni&egrave;res, et quelques &acirc;ges de ma vie qui ne sont pas du pr&eacute;sent r&eacute;volu, je n&rsquo;entre pas pour autant mais tout au contraire dans l&rsquo;&ldquo;&egrave;re du soup&ccedil;on&rdquo;, je ne l&rsquo;ing&eacute;nie pas &agrave; brouiller les pistes [&hellip;] Je n&rsquo;entends ni contester ni r&eacute;nover un &ldquo;genre&rdquo; que d&rsquo;autre part j&rsquo;adore (plut&ocirc;t dans ses exc&egrave;s)&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em>)</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Prises de parole du colonel Trinquier &agrave; Alger (18 mai 1958, en pr&eacute;sence de Jacques Soustelle) d&rsquo;une part, d&rsquo;autre part (apr&egrave;s &laquo;&nbsp;Tu me fais tourner la t&ecirc;te&nbsp;&raquo; d&rsquo;Edith Piaf), du g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle (19 mai 1958), de Fran&ccedil;ois Mitterrand (27 avril 1958), d&rsquo;Edgar Faure (28 avril 1958), encadrant une pr&eacute;face parl&eacute;e de l&rsquo;auteur.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;L&rsquo;&eacute;mission commence par un fragment de&nbsp;<em>L&rsquo;Expuls&eacute;</em>&nbsp;de Beckett, lu par Roger Blin.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Minutes 9 &agrave; 12. Transcription d&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;archive Ina. La pr&eacute;face ne figure pas dans la dactylographie de l&rsquo;&oelig;uvre.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Partie non signal&eacute;e dans la notice, tr&egrave;s succincte, de l&rsquo;Ina.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;V. Jean Thibaudeau,&nbsp;<em>Mai 1968 en France</em>, Paris, Seuil, &laquo;&nbsp;Tel Quel&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;24, et &laquo;&nbsp;Les avant-gardes litt&eacute;raires,&nbsp;<em>Nouveau Clart&eacute;</em>, novembre 1971, repris sous le titre &laquo;&nbsp;R&eacute;ponses au Nouveau Clart&eacute;&nbsp;&raquo; dans&nbsp;<em>Socialisme, avant-garde, litt&eacute;rature&nbsp;: interventions</em>, Paris, &Eacute;ditions sociales, 1972, p.&nbsp;203&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;]&nbsp;<em>Mai 1968 en France</em>&nbsp;a tout de suite modifi&eacute; la structure de mes textes radio, en m&ecirc;me temps que leur contenu s&rsquo;affirmait plus politique&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;La&nbsp;<a href="http://www.pileface.com/sollers/spip.php?page=imprime&amp;id_article=1446#section3" target="_blank">pr&eacute;face de Philippe Sollers</a>&nbsp;&agrave;&nbsp;<em>Mai 1968 en France</em>&nbsp;commence par une citation de Brecht&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Ecirc;tre r&eacute;aliste signifie&nbsp;: d&eacute;voiler le complexe de causalit&eacute; sociale / montrer que les opinions dominantes sont les opinions des dominateurs / &eacute;crire en adoptant le point de vue de la classe qui tient en r&eacute;serve les solutions les plus larges pour les difficult&eacute;s les plus urgentes que conna&icirc;t la soci&eacute;t&eacute; / &ecirc;tre concret, tut en permettant de tirer des conclusions abstraites&nbsp;&raquo; (<em>op. cit.</em>, p.&nbsp;7).</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;59<sup>e</sup>&nbsp;minute&nbsp;; dactylographie du&nbsp;<em>Jardin</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p.&nbsp;22</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Notamment la s&eacute;quence o&ugrave; sous les marronniers, Virginie et Paul se racontent quelques souvenirs d&rsquo;enfance, soit les minutes 52:54 (bruitages voix d&rsquo;enfants &laquo; Oh&hellip; un petit canard ! &raquo;&hellip;) &agrave; 54:19 (voix d&rsquo;enfants avant : &laquo;&nbsp;L&rsquo;enfant a brusquement l&acirc;ch&eacute; le portillon&hellip; &raquo;)&nbsp;; dactylographie du&nbsp;<em>Jardin</em>, p.&nbsp;17-18.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Jean Thibaudeau, &laquo;&nbsp;R&eacute;ponses au&nbsp;<em>Nouveau Clart&eacute;</em>&nbsp;&raquo;, art. cit., p.&nbsp;203.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;<em>ACR</em>&nbsp;num&eacute;ro 54, France Culture, 31 janvier 1971, 20h15-22h59. Dactylographie de&nbsp;<em>A Western Memory</em>, dat&eacute;e d&rsquo;octobre 1970, conserv&eacute;e au Bureau des manuscrits de Radio France, cote R17931, 94 p.&nbsp;<em>A Western Memory</em>&nbsp;: r&eacute;alisation de Jos&eacute; Pivin, avec Roger Blin, Ren&eacute;-Jacques Chauffard, Daniel Colas, Malika Dja Bouabdallah, Raymond Jourdan, Jean Leuvrais, Caroline Meadow, Jean Mermet, Marcel Tassimot et l&rsquo;auteur. Outre Nancy et sa traductrice, la liste des personnages mentionne 5 narrateurs, un lecteur et deux spectateurs.&nbsp;<em>Dig it</em>, &laquo;&nbsp;citations, documents, t&eacute;moignages&nbsp;&raquo; (dont voix de Malcolm X, Martin Luther King et James Baldwin)&nbsp;: documentaire de l&rsquo;auteur, avec la collaboration de Marc Renaud, Jimmy Shuman, Jane Stevens.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;<em>ACR</em>&nbsp;&laquo;&nbsp;L&rsquo;Am&eacute;rique Remake Western Memory&nbsp;&raquo;, France Culture, dimanche 8 octobre 1978.&nbsp;<em>L&rsquo;Am&eacute;rique, roman</em>&nbsp;(Flammarion, &laquo;&nbsp;Digraphe&nbsp;&raquo;, 1979), qui inclut une &laquo;&nbsp;Note sur les deux radios&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;70), reprend des pages de cette deuxi&egrave;me version, dont elle raconte et commente des parties.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Dactylographie de&nbsp;<em>A Western Memory</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, s&eacute;quence 1, p.&nbsp;5-6.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, s&eacute;quence 50 (derni&egrave;re), p.&nbsp;93-94.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Par exemple dans la s&eacute;quence 33, de 1:55:08 (cris de manifestants, galops, fusillade et 1:56:32 (&laquo; &hellip; son arme, elle aussi, ne r&eacute;pond plus &raquo;)&nbsp;; dactylographie, p.&nbsp;65-66.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Jean-Pierre Martin,&nbsp;<em>Les &eacute;crivains face &agrave; la doxa</em>, Paris, Corti, 2011, p.&nbsp;182.</p> <h3>Auteur</h3> <p><strong>Pierre-Marie H&eacute;ron</strong>&nbsp;est professeur de litt&eacute;rature fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier (France) et membre senior &eacute;m&eacute;rite de l&rsquo;Institut universitaire de France. Il&nbsp;anime &agrave; Montpellier un programme de recherche sur les &eacute;crivains et la radio en France (XXe-XXIe si&egrave;cles), dans le cadre duquel il coordonne la publication d&rsquo;ouvrages sur le sujet. Derniers titres parus :&nbsp;<em><a href="http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4523" target="_blank">Aventures radiophoniques du Nouveau Roman</a></em>&nbsp;(PUR, 2017, avec Fran&ccedil;oise Joly et Annie Pibarot),&nbsp;<em><a href="http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4581" target="_blank">Po&eacute;sie sur les ondes</a></em>&nbsp;(PUR, 2018, avec Marie Joqueviel-Bourjea et C&eacute;line Pardo),&nbsp;<em><a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-8/3047-presentation-l-entretien-d-ecrivain-a-la-radio-1960-1985-formes-et-enjeux" target="_blank">L&rsquo;entretien d&rsquo;&eacute;crivain &agrave; la radio (France, 1960-1985)</a></em>&nbsp;(<em>Komodo 21</em>, 2018, avec David Martens).</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>