<h3>Abstract</h3> <p>In 1980, Val&egrave;re&nbsp;Novarina gave the&nbsp;<i>Atelier de Cr&eacute;ation Radiophonique</i>&nbsp;his first radio program, which was significantly entitled &ldquo;The Theater of the ears&rdquo;. Indeed, radio quickly took over the radical dramatic writing of this young playwright&nbsp;struggling to find&nbsp;his&nbsp;audience, and whose work is characterized by orality and&nbsp;a rejection of&nbsp;the idea of representation.&nbsp;Until&nbsp;1998, when Novarina&rsquo;s work&nbsp;would&nbsp;reach a larger&nbsp;audience, the&nbsp;<i>Atelier de Cr&eacute;ation Radiophonique</i>&nbsp;thus became for the playwright the place to assert the theoretical and esthetical&nbsp;position&nbsp;of his &ldquo;word drama&rdquo; ; the laboratory where he could test his theater of voices&nbsp;; and the sound stage where some of the best performances of his work were created.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p>radio, theater, radio creation workshop,&nbsp;Val&egrave;re Novarina, the Adram&eacute;lech monologue, the wooden man of the limonaire&#39;s cybals ring out, the theatre of ears, new dramatic repertoire&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>L&rsquo;aventure radiophonique de Val&egrave;re Novarina commence alors qu&rsquo;il est tr&egrave;s jeune, et elle d&eacute;cide de son avenir d&rsquo;&eacute;crivain. Novarina a racont&eacute; &agrave; plusieurs reprises cette exp&eacute;rience fondatrice&nbsp;: il a quinze ans, et sur le poste &agrave; gal&egrave;ne qu&rsquo;il a fabriqu&eacute; lui-m&ecirc;me il capte avec ses &eacute;couteurs, une nuit, &agrave; la radio suisse romande, les notes d&rsquo;une sonate de Beethoven. C&rsquo;est &agrave; la suite de la vision &eacute;prouv&eacute;e en &eacute;coutant ce morceau de piano &agrave; la radio qu&rsquo;il r&eacute;dige ses premiers &eacute;crits litt&eacute;raires&nbsp;:</p> <blockquote> <p>La pulsion d&rsquo;&eacute;crire m&rsquo;est venue de ce contact sonore. Quelque chose s&rsquo;est d&eacute;clench&eacute;, du c&ocirc;t&eacute; du langage, par l&rsquo;oreille. Depuis lors, dans chaque phase d&rsquo;&eacute;criture intense, j&rsquo;&eacute;prouve des sensations physiques particuli&egrave;res, une sorte de sensibilisation douce du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;oreille&nbsp;: presque une caresse, comme un toucher&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.</p> </blockquote> <p>De fait, tout au long de sa carri&egrave;re d&rsquo;auteur dramatique, Novarina n&rsquo;a cess&eacute; d&rsquo;affirmer son appartenance &agrave; la litt&eacute;rature orale, d&eacute;clarant &eacute;crire pour la voix, mettre en sc&egrave;ne &laquo;&nbsp;le drame de la parole&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;&raquo; et pratiquer l&rsquo;&eacute;criture de fa&ccedil;on &agrave; se&nbsp;d&eacute;livrer de l&rsquo;id&eacute;e de repr&eacute;sentation&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>. Dans un de ses tout premiers textes,&nbsp;<em>Le Babil des classes dangereuses&nbsp;</em><a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>, dont le titre est en lui-m&ecirc;me explicite, il met en sc&egrave;ne les personnages de Bouche et Oreille. Novarina parle d&rsquo;ailleurs de ce texte, qui date de 1972, non comme d&rsquo;une pi&egrave;ce ou d&rsquo;un livre mais comme d&rsquo;un livret, impraticable sur sc&egrave;ne, et &agrave; lire &agrave; haute voix&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Par la suite, il th&eacute;orise abondamment l&rsquo;art de l&rsquo;&eacute;crivain et celui de l&rsquo;acteur comme exploration, incorporation, mastication et prof&eacute;ration de la mati&egrave;re du langage, un art du mouvement et de la danse des mots, autant que de l&rsquo;espace et de la r&eacute;sonance produits par la parole &eacute;mise. Il fait son th&eacute;&acirc;tre de la combustion du verbe traversant les corps. On ne s&rsquo;&eacute;tonne donc pas que la radio ait accompagn&eacute; la trajectoire de Novarina, qui faisait &agrave; la question &laquo;&nbsp;Vous consid&eacute;rez-vous comme un auteur de th&eacute;&acirc;tre ?&nbsp;&raquo;, la r&eacute;ponse suivante, qui semble d&eacute;crire les composantes de l&rsquo;&eacute;coute radiophonique&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Non. Je pense que j&rsquo;essaye de faire des pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre, que je n&rsquo;y arrive pas, parce que je suis un aveugle&nbsp;: quand j&rsquo;&eacute;cris je ne vois rien. J&rsquo;entends absolument tout, j&rsquo;entends comment les choses doivent &ecirc;tre dites mais je n&rsquo;ai pas de repr&eacute;sentation de la sc&egrave;ne, alors &ccedil;a se passe compl&egrave;tement dans le noir. On cr&eacute;e les choses beaucoup &agrave; partir de ses infirmit&eacute;s. J&rsquo;ai une situation d&rsquo;infirme par rapport au th&eacute;&acirc;tre&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>.</p> </blockquote> <h2>1. Une sc&egrave;ne radiophonique pour porter atteinte au th&eacute;&acirc;tre<br /> &nbsp;</h2> <p>Tel fut le point de d&eacute;part. Il fallait ensuite qu&rsquo;ait lieu la rencontre avec la radio. &Agrave; cet &eacute;gard, la situation des auteurs dramatiques face &agrave; l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique&nbsp;</em>est particuli&egrave;re, puisque l&rsquo;ann&eacute;e m&ecirc;me o&ugrave; celui-ci est cr&eacute;&eacute;, en 1969, se cr&eacute;e &eacute;galement le&nbsp;<em>Nouveau r&eacute;pertoire</em>&nbsp;<em>dramatique</em>, sous l&rsquo;impulsion de Lucien Attoun&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>. C&rsquo;est d&rsquo;abord ce dernier qui propose &agrave; Novarina, en 1972, de diffuser sa premi&egrave;re pi&egrave;ce,&nbsp;<em>L&rsquo;Atelier volant</em>, que vient de publier la revue&nbsp;<em>Travail th&eacute;&acirc;tral&nbsp;</em><a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>. La mise en ondes est assur&eacute;e par Georges Peyrou, dans une version remani&eacute;e pour la radio par Novarina, et la r&eacute;alisation&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>, b&eacute;n&eacute;ficiant d&rsquo;une remarquable distribution&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>, est &agrave; la hauteur de cette premi&egrave;re pi&egrave;ce ambitieuse. Sans chercher &agrave; tirer parti des ressources propres du langage radiophonique, elle pr&eacute;sente n&eacute;anmoins une dramaturgie des voix qui d&eacute;ploie la parole novarinienne dans la pluralit&eacute; de ses dimensions, qui travaille les &eacute;carts avec les intonations et les interpr&eacute;tations attendues, qui invente un &eacute;quivalent spatial, sonore, vocal et rythmique &agrave; l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; d&rsquo;un texte frayant d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s loin des c&ocirc;tes r&eacute;alistes et des conventions dramatiques. L&rsquo;&eacute;mission n&rsquo;appartenant pas au corpus de l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>, il ne s&rsquo;agit pas ici d&rsquo;en analyser plus longuement les proc&eacute;d&eacute;s. Notons simplement, mais c&rsquo;est essentiel, qu&rsquo;en l&rsquo;occurrence la radio s&rsquo;empare imm&eacute;diatement d&rsquo;une &oelig;uvre d&eacute;routante (dont Jacques Sallebert, alors directeur de la Radiodiffusion, interdit la diffusion le 22 avril 1972, parce que la pi&egrave;ce est trop br&ucirc;lante et critique sur le plan politique&nbsp;!), de l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;un inconnu, un auteur dramatique qui n&rsquo;a encore jamais &eacute;t&eacute; mis en sc&egrave;ne, et qu&rsquo;elle va r&eacute;pondre au d&eacute;sir de Val&egrave;re Novarina d&rsquo;&eacute;crire hors de l&rsquo;&eacute;conomie du th&eacute;&acirc;tre, ou contre le th&eacute;&acirc;tre.</p> <p>On ne peut en effet dissocier l&rsquo;aventure radiophonique de Novarina de sa trajectoire d&rsquo;auteur et d&rsquo;homme de th&eacute;&acirc;tre. Or l&rsquo;autre &eacute;pisode fondateur de la relation de Novarina &agrave; la radio est la mise en sc&egrave;ne de&nbsp;<em>L&rsquo;Atelier volant</em>, sa premi&egrave;re pi&egrave;ce donc, en 1974, par Jean-Pierre Sarrazac&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>. Elle est &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;un malentendu profond entre les deux hommes&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>, et Novarina, ne supportant pas d&rsquo;&ecirc;tre chass&eacute; des r&eacute;p&eacute;titions, &eacute;crit alors en deux jours la&nbsp;<em>Lettre aux acteurs&nbsp;</em><a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;: ce pamphlet, qui fait le proc&egrave;s des metteurs en sc&egrave;ne, &eacute;nonce une nouvelle th&eacute;orie de l&rsquo;acteur qui remet celui-ci au centre du ph&eacute;nom&egrave;ne th&eacute;&acirc;tral et au centre du texte lui-m&ecirc;me. Le spectacle de&nbsp;<em>L&rsquo;Atelier volant</em>&nbsp;connut ensuite un accueil particuli&egrave;rement houleux et les rapports d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&egrave;rent &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de la troupe.</p> <p>Cette premi&egrave;re exp&eacute;rience violente du passage de son texte &agrave; la sc&egrave;ne conduit alors Novarina &agrave; &eacute;crire&nbsp;<em>contre</em>&nbsp;le th&eacute;&acirc;tre,&nbsp;<em>contre</em>&nbsp;l&rsquo;&eacute;conomie des spectacles dramatiques&nbsp;: &eacute;conomie temporelle (un spectacle ne doit pas exc&eacute;der une certaine dur&eacute;e), &eacute;conomie de personnel&nbsp;(il doit comporter un nombre de personnages r&eacute;duit), &eacute;conomie spatiale (peu de changements de lieux, comptabilit&eacute; des entr&eacute;es et sorties), etc.&nbsp;<em>Le Babil des classes dangereuses</em>, r&eacute;dig&eacute; apr&egrave;s&nbsp;<em>L&rsquo;Atelier volant</em>, met en sc&egrave;ne 257 personnages, dans des lieux impossibles, dans une longueur de texte impossible&nbsp;;&nbsp;<em>La Lutte des morts&nbsp;</em><a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;nomme 1000 personnages et fait 200 pages, Novarina &eacute;crit aussi ce texte avec la volont&eacute; de produire une &oelig;uvre impossible &agrave; m&eacute;moriser&nbsp;; enfin<em>&nbsp;Le Drame de la vie&nbsp;</em><a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;culmine &agrave; 2587 personnages &ndash; m&ecirc;me si le terme de personnages ne convient plus, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit plut&ocirc;t d&rsquo;entit&eacute;s vocales surgissant le temps d&rsquo;une r&eacute;plique et disparaissant aussit&ocirc;t. Ainsi s&rsquo;ouvre la p&eacute;riode des &eacute;crits utopiques de Novarina, des textes d&eacute;mesur&eacute;s qui tournent le dos au plateau. Cette p&eacute;riode correspond &eacute;galement pour l&rsquo;auteur &agrave; une travers&eacute;e du d&eacute;sert, &agrave; la fois sc&eacute;nique et &eacute;ditoriale. Ses textes sont refus&eacute;s partout, entre 1972 et 1978, et la v&eacute;ritable perc&eacute;e sc&eacute;nique de l&rsquo;&oelig;uvre novarinienne n&rsquo;interviendra qu&rsquo;en 1984, lorsqu&rsquo;Andr&eacute; Marcon la fera entendre&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>.</p> <p>Ajoutons enfin, pour achever cette pr&eacute;sentation du contexte g&eacute;n&eacute;ral dans lequel se d&eacute;veloppent les relations entre Novarina et l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>, qu&rsquo;au-del&agrave; du cas particulier de Val&egrave;re Novarina, les ann&eacute;es 70-80 correspondent &agrave; une &eacute;poque sombre pour les auteurs dramatiques&nbsp;: d&rsquo;une part les &laquo;&nbsp;grands&nbsp;&raquo; metteurs en sc&egrave;ne entrent en action&nbsp;; d&rsquo;autre part, de Grotowski &agrave; Mnouchkine, le statut du texte sur sc&egrave;ne change radicalement&nbsp;; enfin le th&eacute;&acirc;tre se voit plac&eacute; sous le r&eacute;gime du visuel, au d&eacute;triment de la dimension sonore, par la primaut&eacute; donn&eacute;e &agrave; la mise en sc&egrave;ne et &agrave; la &laquo;&nbsp;co-pr&eacute;sence active, physique, des acteurs et du public&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;a analys&eacute; Marie-Madeleine Mervant-Roux&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>. Durant cette p&eacute;riode, la radio devient le refuge des auteurs et des textes, elle continue de la sorte &agrave; assurer sa fonction de laboratoire du th&eacute;&acirc;tre contemporain, en y ajoutant celle d&rsquo;&eacute;diteur, comme en t&eacute;moigne Liliane Atlan&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Apr&egrave;s 68, il s&rsquo;est pass&eacute; qu&rsquo;on aurait pu mourir, il y a eu une s&eacute;rie d&rsquo;ann&eacute;es noires pour les auteurs dramatiques, il suffisait d&rsquo;&ecirc;tre auteur dramatique pour &ecirc;tre pi&eacute;tin&eacute;, et &agrave; ce moment-l&agrave;, France Culture [&hellip;] nous [a] permis de survivre, la diffusion sur France Culture &eacute;tait devenue une forme d&rsquo;&eacute;dition, et je dirais m&ecirc;me la seule forme d&rsquo;&eacute;dition o&ugrave; on puisse encore jouir d&rsquo;une vraie libert&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>.</p> </blockquote> <p>Novarina ent&eacute;rine ces propos, d&eacute;clarant&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;&eacute;tait une &eacute;poque o&ugrave; France Culture (avec Alain Trutat, Lucien Attoun) jouait un r&ocirc;le important pour nous tous&nbsp;: la radio &eacute;tait le premier endroit o&ugrave; l&rsquo;on pouvait faire entendre ses textes&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>C&rsquo;est donc dans ce contexte que l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;ouvre ses portes &agrave; Novarina, en 1980. Le compagnonnage entre l&rsquo;<em>ACR</em>&nbsp;et l&rsquo;&oelig;uvre de Novarina donnera lieu &agrave; huit &eacute;missions, &eacute;chelonn&eacute;es entre 1980 et 1994. Pourquoi s&rsquo;arr&ecirc;te-t-il en 1994&nbsp;? En 1989, Novarina met en sc&egrave;ne&nbsp;<em>Vous qui habitez le temps</em>&nbsp;au Festival d&rsquo;Avignon&nbsp;; puis en 1991&nbsp;<em>Je suis</em>&nbsp;au Th&eacute;&acirc;tre de la Bastille, et en 1995 il monte&nbsp;<em>La Chair de l&rsquo;homme</em>&nbsp;au Tinel de la Chartreuse &agrave; Avignon. &Agrave; partir de l&agrave;, les cr&eacute;ations s&rsquo;encha&icirc;nent, d&rsquo;autant qu&rsquo;en 1998 la mise en sc&egrave;ne de&nbsp;<em>L&rsquo;Op&eacute;rette imaginaire&nbsp;</em><a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;par Claude Buchvald conquiert soudain &agrave; Novarina un public &eacute;largi. Les cr&eacute;ations radiophoniques cessent d&egrave;s lors que l&rsquo;auteur trouve &agrave; s&rsquo;exprimer directement sur la sc&egrave;ne. Si Novarina reste tr&egrave;s pr&eacute;sent sur les ondes (le catalogue de l&rsquo;Inath&egrave;que affiche 290 notices lorsqu&rsquo;on tape son nom), c&rsquo;est d&eacute;sormais par le biais des entretiens, r&eacute;guli&egrave;rement programm&eacute;s &agrave; l&rsquo;occasion de la publication de ses livres ou de la cr&eacute;ation de ses spectacles.</p> <p>La radio, et plus particuli&egrave;rement le&nbsp;<em>Nouveau r&eacute;pertoire dramatique</em>&nbsp;et l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>, auront donc pleinement jou&eacute; leur r&ocirc;le de t&ecirc;tes-chercheuses, d&rsquo;&eacute;claireurs, de diffuseurs, de promoteurs, de tremplins d&rsquo;une &oelig;uvre radicale qui a mis presque vingt ans &agrave; trouver son public au th&eacute;&acirc;tre.</p> <h2>2. La radio comme laboratoire et mise &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve d&rsquo;une &eacute;criture d&rsquo;oreille<br /> &nbsp;</h2> <p>Comment Novarina s&rsquo;est-il empar&eacute; du m&eacute;dium radiophonique ? Quelles fonctions la radio a-t-elle rempli &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de l&rsquo;&oelig;uvre novarinienne&nbsp;? En r&eacute;alit&eacute;, sur les huit &eacute;missions r&eacute;alis&eacute;es, deux seulement sont le fait de Novarina lui-m&ecirc;me, la premi&egrave;re et la derni&egrave;re. Elles se d&eacute;marquent nettement des autres, et attribuent deux fonctions distinctes &agrave; la radio. En 1980, Novarina aborde la radio &agrave; la fois comme un lieu et un outil d&rsquo;exp&eacute;rimentation, comme un laboratoire et une mise &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de son langage. Carte blanche lui est donn&eacute;e par Alain Trutat pour r&eacute;aliser une &eacute;mission qu&rsquo;il intitule&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des oreilles.&nbsp;</em>Elle dure plus de deux heures et s&rsquo;est constitu&eacute;e &agrave; partir de quatre s&eacute;ances d&rsquo;enregistrement au studio 110 de la Maison de la Radio.</p> <p>&Agrave; cette &eacute;poque, Novarina exp&eacute;rimente divers supports artistiques qui sont &agrave; la fois des prolongements et des d&eacute;rivatifs de son activit&eacute; d&rsquo;&eacute;criture. Il a commenc&eacute; &agrave; dessiner en 1978 mais c&rsquo;est en 1980, la m&ecirc;me ann&eacute;e que cette premi&egrave;re &eacute;mission radiophonique, qu&rsquo;il se livre &agrave; ses premi&egrave;res performances de dessin en public&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>, performances qu&rsquo;il appelle des crises de dessin. Or l&rsquo;&eacute;mission radiophonique va lui permettre de plonger plus avant dans l&rsquo;univers sonore qu&rsquo;il a d&eacute;j&agrave; commenc&eacute; &agrave; travailler par l&rsquo;&eacute;criture, de d&eacute;velopper ses recherches sur l&rsquo;oralit&eacute; et la voix, et de t&acirc;ter du langage instrumental. Il s&rsquo;enferme donc dans le studio 110 avec ses livres,&nbsp;<em>La Lutte des morts</em>,&nbsp;<em>Entr&eacute;e de l&rsquo;homme de Val&egrave;re dans le Th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>,&nbsp;<em>Naissance de l&rsquo;homme de V.</em>, et des instruments&nbsp;: &laquo;&nbsp;piano, c&eacute;lesta, xylophone, violon, trompes, contrebasse, fl&ucirc;te, cor, guitare, clarinette, accord&eacute;on, voix, pieds, mains&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>L&rsquo;&eacute;mission, exp&eacute;rimentale, se pr&eacute;sente comme une immersion sonore dans un milieu &ndash; acoustique &ndash; o&ugrave; les fronti&egrave;res entre langage instrumental, langage verbal et langage vocal tendent &agrave; se dissoudre, o&ugrave; Novarina travaille les travers&eacute;es de l&rsquo;un &agrave; l&rsquo;autre, les frottements&nbsp;: pour sortir la voix de son insularit&eacute;, comme il &oelig;uvre dans ses textes &agrave; sortir le verbe de son carcan signifiant&nbsp;; pour mettre en pr&eacute;sence, comme les protagonistes d&rsquo;une pi&egrave;ce, les diff&eacute;rents r&eacute;gimes de la parole et de la voix, du bruit au son, du son au mot, du mot &agrave; la modulation, etc.</p> <p>Dans&nbsp;<em>La Lutte des morts</em>, il a port&eacute; &agrave; son paroxysme une &eacute;criture visant &agrave; d&eacute;stabiliser perp&eacute;tuellement la lecture et l&rsquo;audition, &agrave; maintenir lecteur et spectateur sur le qui-vive. L&rsquo;id&eacute;e centrale de ce texte &eacute;tait de supprimer toute perspective s&eacute;mantique, sonore ou rythmique, en se fixant l&rsquo;objectif fou d&rsquo;&eacute;crire une langue faite d&rsquo;hapax, une langue qui en finirait avec &laquo;&nbsp;ses refrains, son vieux syst&egrave;me stupide d&rsquo;&eacute;cho&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;&raquo;. La m&eacute;thode appliqu&eacute;e &eacute;tait la suivante : &laquo;&nbsp;[&hellip;] une m&eacute;thode &agrave; faire dire &agrave; sa bouche tout ce qu&rsquo;elle veut. Il voulait la plier, la travailler, la soumettre tous les jours &agrave; l&rsquo;entra&icirc;nement respir&eacute;, l&rsquo;affermir, l&rsquo;assouplir, la muscler par l&rsquo;exercice perp&eacute;tuel &ndash; jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;elle devienne une bouche sans parole, jusqu&rsquo;&agrave; parler une langue sans bouche&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>&nbsp;&raquo;. Son &eacute;mission radiophonique prolonge et amplifie cette recherche m&eacute;thodique, en tressant &agrave; ses textes sa propre voix et celle des instruments qu&rsquo;il manipule, en explorant toutes les possibilit&eacute;s expressives et discordantes, c&rsquo;est-&agrave;-dire &eacute;chappant aux cadences et aux harmonies pr&eacute;&eacute;tablies, de ces trois langages.</p> <p>En somme&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>&nbsp;&eacute;largit la pulsion expressive au corps entier de l&rsquo;auteur, en prolongeant ses attributs (bouche, mains, pieds) par les instruments et en permettant &agrave; l&rsquo;ensemble des sons &eacute;mis de r&eacute;sonner dans l&rsquo;espace.&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>&nbsp;devient, mat&eacute;riellement, une sc&egrave;ne et une mise en sc&egrave;ne sonore o&ugrave; peut s&rsquo;incarner la page &eacute;crite&nbsp;; c&rsquo;est l&rsquo;unique possibilit&eacute; offerte &agrave; Novarina de se faire homme-orchestre de son &oelig;uvre, et de lui donner, sans l&rsquo;interm&eacute;diaire des acteurs et des musiciens, un corps sonore dans l&rsquo;espace et le temps. On sait que Val&egrave;re est un acteur emp&ecirc;ch&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>, un danseur emp&ecirc;ch&eacute;, peut-&ecirc;tre un musicien emp&ecirc;ch&eacute;. Dans le cadre spatial, temporel et acoustique du studio 110, plus rien ne l&rsquo;emp&ecirc;che. L&rsquo;&eacute;mission est une performance physique, &agrave; l&rsquo;image des lectures-marathon que Novarina a inaugur&eacute;es en 1972 et qu&rsquo;il va poursuivre au long des ann&eacute;es 1980. Le mot&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre</em>&nbsp;du titre est donc &agrave; prendre au pied de la lettre, un th&eacute;&acirc;tre de la d&eacute;pense respiratoire et articulatoire, de l&rsquo;athl&eacute;tisme pulmonaire et vocal.</p> <p>De fait, dans ses exp&eacute;riences sonores, Novarina s&rsquo;inscrit sans aucun doute dans les pas de deux illustres devanciers. En explorant les possibilit&eacute;s expressives de la voix hors du mot, en conduisant l&rsquo;oreille aux limites des cris et des bruits qu&rsquo;il tire de son appareil phonatoire et des instruments, il &eacute;voque l&rsquo;&eacute;mission d&rsquo;Artaud,&nbsp;<em>Pour en finir avec le jugement de dieu&nbsp;</em>: r&eacute;alis&eacute;e en 1947, elle est finalement diffus&eacute;e en 1973 et Novarina n&rsquo;a pu que l&rsquo;&eacute;couter. On sait la place qu&rsquo;occupe Artaud dans son &oelig;uvre, Artaud &agrave; qui il consacre une ann&eacute;e enti&egrave;re et son m&eacute;moire de Master en 1965. L&rsquo;autre grand a&icirc;n&eacute; est Jean Dubuffet, avec qui Novarina engage une correspondance nourrie &agrave; partir de 1978&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>. Dubuffet, grand d&eacute;figurateur de l&rsquo;image humaine, pour reprendre une expression ch&egrave;re &agrave; Novarina, s&rsquo;est aussi aventur&eacute; du c&ocirc;t&eacute; de la d&eacute;figuration de l&rsquo;&eacute;crit. En 1960 il fait para&icirc;tre&nbsp;<em>La Fleur de barbe&nbsp;</em><a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>, qu&rsquo;il met en ondes en 1961, dans une &eacute;mission&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>&nbsp;o&ugrave; on l&rsquo;entend dire son texte, qu&rsquo;il tresse d&eacute;j&agrave; dans un r&eacute;seau serr&eacute; d&rsquo;&eacute;chos, d&rsquo;improvisations musicales, de bruitages vocaux et de contrepoints sonores. Comme&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>,&nbsp;<em>La Fleur de barbe</em>&nbsp;tient autant de la performance physique &eacute;prouvante que de l&rsquo;&eacute;mission radiophonique. Dubuffet, par ailleurs pr&eacute;venu par Novarina de la diffusion du&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>, lui en fera compliment&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Et le dimanche 22 juin la longue f&ecirc;te &agrave; France Culture, je l&rsquo;ai trouv&eacute;e excellente, tr&egrave;s &eacute;tonnante et r&eacute;galante. Les s&eacute;quences de musique m&rsquo;ont paru de m&ecirc;me farine que les musiques que j&rsquo;ai faites moi-m&ecirc;me nagu&egrave;re. Votre id&eacute;e qu&rsquo;on est jet&eacute; non dans un monde mais dans une langue, que c&rsquo;est la langue et non un sang qui coule dans nos veines, est on ne peut plus fond&eacute;e. Reste &agrave; tirer parti de ce faux sang&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>.</p> </blockquote> <p>On aura compris que Novarina s&rsquo;int&eacute;resse de fa&ccedil;on essentielle &agrave; ces questions de pratique du souffle, et de passage entre le souffle et la parole, entre le souffle et la pens&eacute;e. Il ramasse sa pratique d&rsquo;&eacute;crivain dans cette formule&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Eacute;crire comme un expir&eacute;&nbsp;&raquo; et d&eacute;crit ainsi le besoin qui le pousse &agrave; dire ses textes &agrave; haute voix&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Impression grandissante de folie, de forcer le monde &agrave; entendre une autre langue. Comme un sacrifice. J&rsquo;offre une maladie. Besoin physique, apr&egrave;s le livre qui s&rsquo;&eacute;crit toujours en silence, de donner une lecture pour achever l&rsquo;expulsion et r&eacute;apprendre &agrave; souffler. [&hellip;] Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;interpr&eacute;ter, de diffuser oralement le texte &eacute;crit mais de pratiquer une exp&eacute;rience mentale d&rsquo;expiration, comme un qui serait &agrave; chaque fois oblig&eacute; de se nourrir de sa propre parole&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>.</p> </blockquote> <p>Cette th&eacute;orisation intervient entre 1972 et janvier 1980, donc avant la r&eacute;alisation du&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>, dont on a vu que les enjeux d&eacute;passent de beaucoup la lecture des textes.</p> <h2>3. Le jeu radiophonique du th&eacute;&acirc;tre novarinien&nbsp;: de l&rsquo;exp&eacute;rimentation &agrave; l&rsquo;affirmation d&rsquo;un canon<br /> &nbsp;</h2> <p>En r&eacute;alit&eacute; c&rsquo;est apr&egrave;s 1980, dans les &eacute;missions suivantes, que l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;va r&eacute;ellement faire entendre l&rsquo;&oelig;uvre novarinienne et donner la possibilit&eacute; aux auditeurs de faire l&rsquo;exp&eacute;rience, en temps r&eacute;el, c&rsquo;est-&agrave;-dire aussi en souffle et en oreille r&eacute;els, de ces plong&eacute;es dans une autre langue, de ces travers&eacute;es respiratoires et verbales. L&agrave; o&ugrave; Novarina ne faisait entendre que des bribes de ses &eacute;crits, entrecoup&eacute;es ou chevauch&eacute;es par des compositions instrumentales, les &eacute;missions post&eacute;rieures consacr&eacute;es &agrave; son &oelig;uvre ont en commun de faire entendre les textes dans leur quasi-totalit&eacute; et dans leur continuit&eacute;, en d&eacute;pit des coupes n&eacute;cessaires pour ne pas exc&eacute;der les heures d&rsquo;antenne attribu&eacute;es. Surtout, Novarina y proc&egrave;de en quelque sorte &agrave; une d&eacute;l&eacute;gation de sa voix. D&eacute;sormais, ce sont des acteurs qui prennent en charge ses textes. Sur les ondes vont s&rsquo;&eacute;laborer les modes de jeu du th&eacute;&acirc;tre novarinien qui s&rsquo;imposeront ult&eacute;rieurement sur les sc&egrave;nes.</p> <p>En 1982, Jean-Loup Rivi&egrave;re cr&eacute;e&nbsp;<em>Le Monologue d&rsquo;Adram&eacute;lech</em>, tir&eacute; du&nbsp;<em>Babil des classes dangereuses</em>, dans une mise en ondes in&eacute;gal&eacute;e&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>. Cette fois les moyens propres de la radio sont exploit&eacute;s au profit du texte&nbsp;: la d&eacute;formation des voix des acteurs, rendues enfantines, suraigu&euml;s et asexu&eacute;es, leur &laquo;&nbsp;artificialisation&nbsp;&raquo; par la technique sonore, les effets d&rsquo;&eacute;chos et de superposition vocale, travaillent dans le sens de l&rsquo;anti-r&eacute;alisme du texte, de son refus de la repr&eacute;sentation, de son tressage prosodique, et contrastent d&rsquo;autant avec l&rsquo;&eacute;mergence de la voix d&rsquo;Adram&eacute;lech. &Agrave; cet &eacute;gard, l&rsquo;&eacute;mission de Rivi&egrave;re propose aussi un chef-d&rsquo;&oelig;uvre de diction&nbsp;: entour&eacute; de Clothilde Mollet, Christian Rist et G&eacute;rard Wajeman, Alain Cuny y interpr&egrave;te Adram&eacute;lech, ce roi biblique figurant aussi le roi du drame face &agrave; un monologue d&rsquo;une longueur inhumaine. Son entr&eacute;e a &eacute;t&eacute; annonc&eacute;e en d&eacute;but d&rsquo;&eacute;mission par une musique de p&eacute;plum digne des meilleures reconstitutions hollywoodiennes, qui vient rendre au&nbsp;<em>Babil des classes dangereuses</em>&nbsp;sa dimension burlesque et ludique. Mais la performance de Cuny constitue une sorte d&rsquo;hapax historique de l&rsquo;interpr&eacute;tation novarinienne, dans la mesure o&ugrave; il est le seul &agrave; avoir mis le texte &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de la lenteur et des silences &ndash; prenant le contrepied du tempo virtuose, de la prouesse articulatoire et de la cadence &eacute;tourdissante qu&rsquo;adopteront par la suite les com&eacute;diens dans les spectacles de Novarina. Pas une syllabe qui ne soit investie de la masse physique de l&rsquo;acteur, du grain de sa voix et de son souffle tr&egrave;s audible, et ne s&rsquo;en trouve prodigieusement incarn&eacute;e, charriant avec elle toute une profondeur imaginaire. L&rsquo;&eacute;criture de Novarina, soumise &agrave; cet inhabituel ralentissement qui &eacute;quivaut &agrave; une mise &agrave; nu, ne perd rien de son rayonnement po&eacute;tique et signifiant, de sa force d&rsquo;&eacute;tranget&eacute; ni de sa puissance &eacute;vocatrice. Au contraire, sa densit&eacute; sonore et prosodique &eacute;clate.</p> <p>Puis c&rsquo;est en 1986 que Ren&eacute; Farabet met en ondes&nbsp;<em>Pour Louis de Fun&egrave;s&nbsp;</em><a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>, dans l&rsquo;interpr&eacute;tation d&rsquo;Andr&eacute; Marcon, avant de r&eacute;aliser en 1989 l&rsquo;enregistrement radiophonique du&nbsp;<em>Discours aux animaux&nbsp;</em><a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>, &agrave; nouveau interpr&eacute;t&eacute; par Marcon (il s&rsquo;agit en r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;une &eacute;mission hybride, compos&eacute;e pour la premi&egrave;re partie d&rsquo;une captation de la performance de l&rsquo;acteur &agrave; Saint-&Eacute;milion en juillet 1987, et pour la seconde partie d&rsquo;un enregistrement de 1989 en studio). Pour ces deux &eacute;missions, Farabet se borne &agrave; capter et diffuser le jeu essentiellement vocal de Marcon, sans aucun recours &agrave; des proc&eacute;d&eacute;s sp&eacute;cifiquement radiophoniques. Le canon du jeu novarinien &laquo;&nbsp;classique&nbsp;&raquo; se met en place, fait d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; (accentu&eacute;e par un plateau absolument nu et par le pardessus sombre qui rev&ecirc;t Marcon et masque son corps) et d&rsquo;une &eacute;conomie du geste tout enti&egrave;re tourn&eacute;e vers la mise en relief du seul texte, un jeu qui, curieusement, est presque un jeu radiophonique dans la mesure o&ugrave; il rejette tout effet sc&eacute;nique autre que la corporalit&eacute; et la vocalit&eacute; de l&rsquo;acteur engag&eacute; dans la prof&eacute;ration du texte. Sans cesse reprise au th&eacute;&acirc;tre depuis sa cr&eacute;ation&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>, la performance d&rsquo;Andr&eacute; Marcon dans&nbsp;<em>Le Discours aux animaux</em>&nbsp;est devenue un mod&egrave;le d&rsquo;interpr&eacute;tation du texte novarinien, une r&eacute;f&eacute;rence qui restera historiquement attach&eacute;e &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre. Ici, voix du texte, voix de l&rsquo;acteur &agrave; la radio&nbsp;<em>et</em>&nbsp;au th&eacute;&acirc;tre ne font plus qu&rsquo;une, formant un exemple assez rare de co&iuml;ncidence des voix et de leur passation au travers des m&eacute;dias successifs.</p> <p>Il convient d&rsquo;ajouter &agrave; cette liste, bien que l&rsquo;&eacute;mission n&rsquo;ait pas &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;e dans le cadre de l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique&nbsp;</em>mais du&nbsp;<em>Nouveau r&eacute;pertoire dramatique</em>, la cr&eacute;ation du&nbsp;<em>Repas</em>, en 1995, sous la direction de Claude Buchvald, dans une r&eacute;alisation de Jacques Taroni&nbsp;<a href="#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a>. &Agrave; l&rsquo;instar d&rsquo;<em>Adram&eacute;lech</em>, cette mise en ondes est remarquable, et la particularit&eacute; du contexte radiophonique, la prise de risque de cette captation en direct et qui &eacute;tait jou&eacute;e en public, ont permis aux com&eacute;diens de trouver un &eacute;quilibre parfait entre fantaisie interpr&eacute;tative et virtuosit&eacute; de la diction, splendeur sonore et v&eacute;locit&eacute; rythmique, concentration et circulation des voix. Val&egrave;re Novarina participe &agrave; cette cr&eacute;ation, endossant &agrave; nouveau sa casquette de lecteur, puisqu&rsquo;il prof&egrave;re la longue liste liminaire et la liste finale. Dans ce dernier exemple, le dispositif de la dramatique r&eacute;alis&eacute;e en public et en direct d&eacute;montre &agrave; nouveau que, dans le cas d&rsquo;un th&eacute;&acirc;tre de paroles comme celui de Val&egrave;re Novarina, radio et th&eacute;&acirc;tre tendent &agrave; se confondre : ici le th&eacute;&acirc;tre se r&eacute;alise pleinement dans la radio, et l&rsquo;on se souvient de la d&eacute;finition que donne Novarina des acteurs et des spectateurs&nbsp;: &laquo;&nbsp;il y a ceux qui parlent et ceux qui viennent regarder parler, regarder la parole&nbsp;<a href="#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Dans le cas de Novarina, la radio aura ainsi permis aux textes, avant que le th&eacute;&acirc;tre ne s&rsquo;y risque, de d&eacute;ployer dans l&rsquo;espace et le temps la parole comprim&eacute;e sur la page, d&rsquo;en faire entendre la force orale, le mouvement, la rythmique interne, la substance sonore. Or il faut l&rsquo;avouer, sans ce passage par l&rsquo;oral, sans la transmission de cette cl&eacute; rythmique et intonative que Cuny, puis Marcon et la troupe de Buchvald ont su trouver, il est tr&egrave;s difficile de s&rsquo;aventurer dans la for&ecirc;t novarinienne. L&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;aura jou&eacute; un r&ocirc;le d&eacute;cisif, de courroie de transmission et de mise &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve des textes, entre l&rsquo;auteur, les interpr&egrave;tes et les auditeurs, et elle est directement responsable de l&rsquo;ouverture de Novarina &agrave; un plus vaste public, puisque c&rsquo;est la r&eacute;ussite du&nbsp;<em>Repas</em>&nbsp;&agrave; la radio qui persuada la troupe de monter le spectacle l&rsquo;ann&eacute;e d&rsquo;apr&egrave;s &agrave; Beaubourg, et que cette mise en sc&egrave;ne permit ensuite de monter&nbsp;<em>L&rsquo;Op&eacute;rette imaginaire</em>.</p> <p>Il faut &eacute;galement saluer l&rsquo;intr&eacute;pidit&eacute; de l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;qui, dans cette politique de promotion des auteurs contemporains, ne mit pas en ondes ce qu&rsquo;il y a de plus facile &agrave; entendre mais au contraire, du moins dans le cas de Novarina, les morceaux de bravoure, et les plus indigestes&nbsp;: le monologue d&rsquo;Adram&eacute;lech, le plus long monologue de tout le th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais, &eacute;crit, selon Novarina, &laquo;&nbsp;dans la volont&eacute; d&rsquo;&eacute;puiser l&rsquo;acteur, de le pousser &agrave; bout&nbsp;<a href="#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;;&nbsp;<em>Le Discours aux animaux</em>, roman th&eacute;&acirc;tral insaisissable se traduisant l&agrave; encore par un immense monologue&nbsp;; et la prodigieuse liste des choses &agrave; manger que d&eacute;veloppe&nbsp;<em>Le Repas</em>&nbsp;sur des dizaines de pages.</p> <h2>4. Un aper&ccedil;u radiophonique de l&rsquo;atelier du cr&eacute;ateur<br /> &nbsp;</h2> <p>Ces r&eacute;alisations diff&egrave;rent donc de celles que produit Novarina, en 1980 et en 1994, et j&rsquo;en viens &agrave; cette derni&egrave;re collaboration entre l&rsquo;auteur et l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>. En 1994 Novarina cr&eacute;e&nbsp;<em>Les Cymbales de l&rsquo;homme en bois du limonaire retentissent</em>, une &eacute;mission de deux heures&nbsp;<a href="#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a>. Comme pour&nbsp;<em>Le Repas</em>, le texte est issu de l&rsquo;une des quatre gigantesques listes qui &eacute;tayent&nbsp;<em>La Chair de l&rsquo;Homme</em>, la rosace de la Loterie Pierrot. Il est &eacute;gren&eacute; par Jean-Marie Patte, de fa&ccedil;on d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment lente et avec une platitude recherch&eacute;e. &Agrave; l&rsquo;instar du&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>, ce nouvel &laquo;&nbsp;essai radiophonique&nbsp;&raquo;, comme le d&eacute;signe Novarina, ne fait pas entendre le texte en continu. Novarina ne cesse d&rsquo;y intervenir, d&rsquo;en interrompre le d&eacute;roulement, de la m&ecirc;me fa&ccedil;on qu&rsquo;il tressait la lecture de ses extraits avec ses improvisations musicales et buccales dans la premi&egrave;re &eacute;mission. Cette fois, il ins&egrave;re dans la lecture de Jean-Marie Patte tout le mat&eacute;riau sonore dont il s&rsquo;est inspir&eacute; pour nourrir et &eacute;crire cette liste. On entend tour &agrave; tour des chansons de Jean Liardet, homme du Chablais et grand ami de Novarina&nbsp;; des bruits de la Foire de Cr&ecirc;te&nbsp;; les voix des animateurs de stand et notamment celle de la s&oelig;ur de Gugusse qui faisait tourner la roue de la Loterie&nbsp;; de la musique &eacute;manant des musiciens et des divers stands&nbsp;; un accord&eacute;on&nbsp;; des bruits d&rsquo;animaux&nbsp;; la voix du fameux Gugusse&nbsp;; la musique du limonaire du man&egrave;ge Dufaud. Ce n&rsquo;est donc pas tant le texte qui ressort, que ce mat&eacute;riau vivant, mouvant, cet &eacute;cheveau de sons que l&rsquo;&eacute;criture a entrepris &agrave; la fois de capter et de d&eacute;m&ecirc;ler. Loin de mettre en sc&egrave;ne son texte pour en faire entendre la vertigineuse virtuosit&eacute;, Novarina au contraire, via la lecture de Jean-Marie Patte, l&rsquo;arythmise et l&rsquo;aplanit volontairement, utilisant la radio pour remonter aux sources sonores de la liste, faire entendre l&rsquo;univers bruissant de la foire de Cr&ecirc;te. L&rsquo;auditeur a ainsi l&rsquo;impression d&rsquo;entrer, concr&egrave;tement, dans la fabrique du texte, et d&rsquo;assister &agrave; l&rsquo;incroyable processus de mise en mots silencieux de cette &eacute;norme masse sonore. La radio fait entendre l&rsquo;arri&egrave;re-plan de la langue de Val&egrave;re, r&eacute;v&egrave;le les coulisses de son &eacute;criture, comme si elle faisait entrer dans son atelier.</p> <p>Pour Novarina, la radio joue alors aussi le r&ocirc;le d&rsquo;un Conservatoire, ou d&rsquo;un r&eacute;servoir de ces bruits, de ces sons et de ces milliers de noms qu&rsquo;il a si patiemment r&eacute;colt&eacute;s aupr&egrave;s des gens du pays, conservatoire des voix et des accents, des patois et des parlers des habitants du Chablais. Par la radio, il donne acc&egrave;s &agrave; des archives sonores qu&rsquo;il n&rsquo;a fait entendre nulle part ailleurs&nbsp;: dans une autre &eacute;mission&nbsp;<a href="#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a>&nbsp;on entend les chants des paysans de Tr&eacute;cout, la voix de sa m&egrave;re, celle de Louis de Fun&egrave;s, le yiddish de Leile Fischer et de L&eacute;on Spiegelmann.</p> <p>Novarina n&rsquo;aura donc pas employ&eacute; le m&eacute;dium radiophonique &agrave; seule fin de diffuser ses propres textes&nbsp;(on tombera d&rsquo;accord, de ce point de vue, que&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>&nbsp;&eacute;tait plut&ocirc;t de nature &agrave; faire fuir l&rsquo;auditeur ordinaire)&nbsp;: ce sont d&rsquo;autres r&eacute;alisateurs qui les auront fait entendre. Il n&rsquo;aura pas exploit&eacute; ou repris dans ses mises en sc&egrave;ne les possibilit&eacute;s techniques du langage radiophonique dont certaines r&eacute;alisations avaient d&eacute;montr&eacute; les ressources expressives, dramatiques et po&eacute;tiques. Il n&rsquo;aura pas non plus investi la radio pour d&eacute;velopper une &eacute;criture sp&eacute;cifiquement radiophonique, &agrave; l&rsquo;instar d&rsquo;autres auteurs de cette &eacute;poque, de Sarraute &agrave; Perec, de Butor &agrave; Prigent. Mais il a int&eacute;gr&eacute; la radio dans son processus d&rsquo;&eacute;criture, soit pour confronter sa cr&eacute;ation verbale &agrave; d&rsquo;autres expressions sonores, soit, en aval de ses textes, pour garder trace de leur gen&egrave;se et remettre le texte &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de la richesse phonique du r&eacute;el. En cela, il a jou&eacute; de la radio comme d&rsquo;un instrument d&rsquo;exigence et de vigilance &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de sa propre &eacute;criture, s&rsquo;appliquant &agrave; lui-m&ecirc;me la mise en garde qu&rsquo;il formule, en 1992, dans une &eacute;mission qui n&rsquo;est pas l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique&nbsp;</em>mais&nbsp;<em>Le bon plaisir</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;On est naturellement sourd, naturellement redevenant sourd tous les jours, fabriquant nous-m&ecirc;mes de la surdit&eacute; et de la mort&nbsp;; sans arr&ecirc;t l&rsquo;oreille doit &ecirc;tre &agrave; nouveau conquise, l&rsquo;oreille, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;ouverture d&rsquo;un espace&nbsp;<a href="#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Alain Berset (dir.),&nbsp;<em>Val&egrave;re Novarina, th&eacute;&acirc;tres du verbe</em>, Paris, Jos&eacute; Corti, 2001, p.&nbsp;353&nbsp;; Marion Ch&eacute;netier-Alev et Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>L&rsquo;Organe du langage c&rsquo;est la main&nbsp;</em>[entretiens], Paris, Argol &eacute;ditions, 2013, p.&nbsp;10.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;V. Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>Le Drame dans la langue fran&ccedil;aise</em>, Paris, Christian Bourgois, 1978&nbsp;;&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des paroles</em>, Paris, P.O.L, 1989.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;V. Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>Le Drame dans la langue fran&ccedil;aise</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;41 et 56&nbsp;;&nbsp;<em>Pour Louis de Fun&egrave;s</em>, dans&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des paroles</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;124 et 127.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>Le Babil des classes dangereuses</em>, dans&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre</em>, Paris, P.O.L, 1989.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;PHD99229601, &laquo;&nbsp;D&eacute;marches&nbsp;&raquo;, &eacute;mission produite par G&eacute;rard-Julien Salvy pour France Culture, enregistr&eacute;e le 9 f&eacute;vrier 1978.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;PHD98042222, &laquo;&nbsp;Du jour au lendemain&nbsp;&raquo;, &eacute;mission r&eacute;alis&eacute;e par Georges Haddad&egrave;ne, produite par Alain Veinstein et Fran&ccedil;ois Poiri&eacute; pour France Culture, enregistr&eacute;e le 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1987.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;V. Pierre-Marie H&eacute;ron, &laquo; Lucien Attoun, prospecteur du th&eacute;&acirc;tre contemporain &raquo;, dans&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre &agrave; (re)d&eacute;couvrir</em>, Witold WoĊ‚owski (dir.), Peter Lang, 2 volumes, 2018, vol. I, p.&nbsp;15-47.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Atelier volant</em>&nbsp;a &eacute;t&eacute; publi&eacute; pour la premi&egrave;re fois dans la revue&nbsp;<em>Travail th&eacute;&acirc;tral&nbsp;</em>(Lausanne, &Eacute;ditions La Cit&eacute;), n&deg;5, 1977.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;PHD99218510, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Atelier volant&nbsp;&raquo;, une &eacute;mission du&nbsp;<em>Nouveau r&eacute;pertoire dramatique</em>, r&eacute;alis&eacute;e par Georges Peyrou, et produite pour France Culture par Lucien Attoun, enregistr&eacute;e le 26 janvier 1972.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Les interpr&egrave;tes en sont Tsilla Chelton, Marcel Mar&eacute;chal, Jean Bolo, Colette Berg&eacute;, B&eacute;reng&egrave;re Dautun, Rosy Varte, Ren&eacute; Jacques Chauffard, Jean Martin et Denis Manuel.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Atelier volant</em>&nbsp;de Val&egrave;re Novarina, mise en sc&egrave;ne de Jean-Pierre Sarrazac, cr&eacute;ation le 25 janvier 1974 au Th&eacute;&acirc;tre de Suresnes Jean Vilar.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Pour un historique de cette premi&egrave;re mise en sc&egrave;ne, v.&nbsp;<em>L&rsquo;Organe du langage c&rsquo;est la main</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;49-55.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;<em>Lettre aux acteurs</em>, dans&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des paroles, op. cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>La Lutte des morts</em>, dans&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre, op. cit</em>.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>Le Drame de la vie</em>, Paris, P.O.L, 1984.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Andr&eacute; Marcon interpr&eacute;tera&nbsp;<em>Le Monologue d&rsquo;Adram&eacute;lech</em>&nbsp;dans une mise en sc&egrave;ne de Christian Rist, au festival de La Rochelle, cr&eacute;ation le 4 juillet 1984.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Marie-Madeleine Mervant-Roux, &laquo;&nbsp;Pour une histoire des disques de th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Le son du th&eacute;&acirc;tre 1.</em>&nbsp;<em>Le pass&eacute; audible</em>, Th&eacute;&acirc;tre/Public n&deg;197, Gennevilliers, 2010, p.&nbsp;69.&nbsp;<em>&nbsp;</em></p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Liliane Atlan, archive INA n&deg;&nbsp;PHD99236173, &laquo;&nbsp;Colloque Th&eacute;&acirc;tre et radio&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Nouveau r&eacute;pertoire dramatique</em>, &eacute;mission r&eacute;alis&eacute;e par &Eacute;velyne Fr&eacute;my, produite par Lucien Attoun, diffus&eacute;e le 13&nbsp;novembre 1980 sur France Culture.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Val&egrave;re Novarina, Marion Ch&eacute;netier-Alev,&nbsp;<em>L&rsquo;Organe du langage c&rsquo;est la main</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p.&nbsp;40.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;<em>L&rsquo;Op&eacute;rette imaginaire</em>&nbsp;de Val&egrave;re Novarina, mise en sc&egrave;ne de Claude Buchvald, cr&eacute;ation le 21 septembre 1998 au Quartz de Brest.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;&Agrave; la galerie MEDaMOTHI &agrave; Montpellier le 2 avril 1980&nbsp;; &agrave; la galerie Art Contemporain-Jacques Donguy &agrave; Bordeaux, les 11 et 12 juin&nbsp;; &agrave; la galerie Arte incontri, Fara Gera d&rsquo;Adda, en Italie, le 14 d&eacute;cembre.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;PHD86076547, &laquo;&nbsp;Le Th&eacute;&acirc;tre des oreilles&nbsp;&raquo;, &eacute;mission r&eacute;alis&eacute;e par Val&egrave;re Novarina pour l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>, produite par Alain Trutat, diffus&eacute;e le 22 juin 1980.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;<em>Le Drame dans la langue fran&ccedil;aise, op. cit</em>., p.&nbsp;51.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>Entr&eacute;e dans le th&eacute;&acirc;tre des oreilles</em>, dans&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des paroles</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;67.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Il &eacute;choue au Conservatoire en 1962, mais il &eacute;crit en 1972&nbsp;: &laquo;&nbsp;Acteur, je n&rsquo;ai jamais &eacute;t&eacute; que &ccedil;a. Non pas l&rsquo;auteur mais l&rsquo;acteur de mes textes, celui qui les soufflait en silence, qui les parlait sans un mot&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Carnets&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des paroles</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;85).</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;Jean Dubuffet &amp; Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>Personne n&rsquo;est &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de rien</em>, Paris, L&rsquo;Atelier contemporain, 2014.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;&Eacute;dition d&rsquo;auteur limit&eacute;e &agrave; 500 exemplaires, texte imprim&eacute; sur papier v&eacute;lin Arches par l&rsquo;imprimerie&nbsp;Duval.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;PHD99280548, &laquo;&nbsp;La Fleur de barbe&nbsp;&raquo;, &eacute;mission produite et r&eacute;alis&eacute;e par Jean Dubuffet, diffus&eacute;e le 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1961.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Jean Dubuffet &amp; Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<em>Personne n&rsquo;est &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de rien</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;17.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Carnets&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre des paroles</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;86-87.</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;PHD98023935, &eacute;mission &laquo;&nbsp;Ab&eacute;c&eacute;daire&nbsp;&raquo;, produite et r&eacute;alis&eacute;e pour l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;par Jean-Loup Rivi&egrave;re, enregistr&eacute;e le 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1982.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;PHD98038939, &laquo;&nbsp;Suite Val&egrave;re Novarina&nbsp;&raquo;, &eacute;mission de l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;produite et r&eacute;alis&eacute;e par Monique Burgui&egrave;re et Ren&eacute; Farabet, enregistr&eacute;e le 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1986.</p> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;00388810, &laquo;&nbsp;Le Discours aux animaux de Val&egrave;re Novarina&nbsp;&raquo;, &eacute;mission de l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;produite et r&eacute;alis&eacute;e Ren&eacute; Farabet, enregistr&eacute;e le 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1989.</p> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a>&nbsp;La pi&egrave;ce a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e par Andr&eacute; Marcon au Th&eacute;&acirc;tre des Bouffes du Nord, le 19 septembre 1986. Au moment o&ugrave; s&rsquo;&eacute;crit cet article, en d&eacute;cembre 2018, la derni&egrave;re repr&eacute;sentation d&rsquo;Andr&eacute; Marcon dans&nbsp;<em>Le Discours aux</em>&nbsp;<em>animaux</em>&nbsp;date d&rsquo;ao&ucirc;t 2018, au colloque Val&egrave;re Novarina de Cerisy, plus de trente ans donc apr&egrave;s sa cr&eacute;ation.</p> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;00029342, &laquo;&nbsp;<em>La Chair de l&rsquo;homme&nbsp;</em>:&nbsp;<em>Le Repas</em>&nbsp;&raquo;, &eacute;mission du&nbsp;<em>Nouveau r&eacute;pertoire dramatique</em>&nbsp;r&eacute;alis&eacute;e par Jacques Taroni et produite par Lucien Attoun, dans une dramaturgie de Claude Buchvald, diffus&eacute;e le 13 mai 1995.</p> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;00755749,&nbsp;<em>Le Bon plaisir</em>, &eacute;mission produite et r&eacute;alis&eacute;e par Yvonne Taquet pour France Culture, enregistr&eacute;e le 17 septembre 1992.</p> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Ab&eacute;c&eacute;daire&nbsp;&raquo;, &eacute;mission cit&eacute;e.</p> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a>&nbsp;Archive INA n&deg;&nbsp;00599102,&nbsp;<em>Les cymbales de l&rsquo;homme en bois du limonaire retentissent</em>, &eacute;mission de l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique&nbsp;</em>produite et r&eacute;alis&eacute;e par Val&egrave;re Novarina, enregistr&eacute;e le 20 mars 1994.</p> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Le Bon plaisir&nbsp;&raquo;, &eacute;mission cit&eacute;e.</p> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a>&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <h3><strong>Autrice</strong></h3> <p><b>Marion Ch&eacute;netier-Alev</b>&nbsp;est ma&icirc;tre de conf&eacute;rences en&nbsp;&eacute;tudes th&eacute;&acirc;trales &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole Normale Sup&eacute;rieure d&rsquo;Ulm,&nbsp;&nbsp;membre de l&rsquo;UMR 7172 THALIM-Arias (CNRS).&nbsp;Ses recherches portent sur la stylistique et la dramaturgie des &eacute;critures dramatiques modernes et contemporaines&nbsp;; sur la th&eacute;orie et la po&eacute;tique du travail de l&rsquo;acteur&nbsp;; sur l&rsquo;histoire et les enjeux de la critique dramatique&nbsp;; ainsi que sur les liens entre th&eacute;&acirc;tre et radio, et l&rsquo;histoire sonore du th&eacute;&acirc;tre.&nbsp;Auteur de&nbsp;<i>L&rsquo;Oralit&eacute; dans&nbsp;</i><i>le</i><i>&nbsp;th&eacute;&acirc;tre contemporain</i>&nbsp;(&Eacute;d. Universitaires Europ&eacute;ennes, 2010), elle a &eacute;galement publi&eacute; un livre d&rsquo;entretiens avec le dramaturge Val&egrave;re Novarina,&nbsp;<i>L&rsquo;Organe du langage, c&rsquo;est la main</i>&nbsp;(Argol, 2013)&nbsp;; dirig&eacute; des collectifs sur la critique dramatique (PUFR, 2013), l&rsquo;histoire sonore du th&eacute;&acirc;tre (&Eacute;ditions Ulm, 2017), et le jeu de Maria Casar&egrave;s (<i>RHT</i>, 2018). Traductrice, elle a &eacute;galement co-publi&eacute; l&rsquo;&eacute;dition scientifique et bilingue du&nbsp;<i>Th&eacute;&acirc;tre des Fous</i>&nbsp;d&rsquo;E. Gordon Craig (IIM/L&rsquo;Entretemps, 2012).</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>