<h3>Abstract</h3> <p><em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, France Culture&#39;s flagship program broadcast between 1978 and 1999, is often described as a break with the cultural channel&#39;s programming. The content of the program&#39;s content (a more relaxed, confession-like tone, with interviewees and themes not heard elsewhere) stands in stark contrast to the rest of the programming schedule. A recontextualization of the program&#39;s creation, however, nuances this first impression. <em>Nuits magn&eacute;tiques</em> is more the crystallization of multiple past experiences than the emergence of a UFO program as it is sometimes described.</p> <h2>Keywords<br /> &nbsp;</h2> <p>Alain Veinstein,&nbsp;Jean Daive,&nbsp;magnetic nights,&nbsp;Franck Venaille,&nbsp;Colette Fellous,&nbsp;Jean-Pierre Milovanoff,&nbsp;Nicole-Lise Bernheim,&nbsp;Olivier Kaeppelin,&nbsp;Ir&egrave;ne Omelianenko,&nbsp;Laure Adler</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p align="JUSTIFY"><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>, programme embl&eacute;matique de France Culture diffus&eacute; entre 1978 et 1999, est souvent d&eacute;crit comme une &eacute;mission en rupture avec la programmation de la cha&icirc;ne culturelle. Le contenu des propos diffus&eacute;s (une parole plus d&eacute;li&eacute;e, un ton proche de la confession, des interview&eacute;s et des th&eacute;matiques qu&rsquo;on n&rsquo;entendait pas ailleurs) tranche alors avec le reste de la grille. Une recontextualisation de la cr&eacute;ation du programme nuance cependant cette premi&egrave;re impression.&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;est davantage la cristallisation de multiples exp&eacute;riences pass&eacute;es que le surgissement d&rsquo;une &eacute;mission-ovni comme elle est parfois d&eacute;crite.</p> <p align="JUSTIFY">Parmi les influences revendiqu&eacute;es, il y a au premier chef l&rsquo;ACR,&nbsp;<i>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</i>, cr&eacute;&eacute; en 1969, &nbsp;dont Jean Daive, producteur aux&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>, admet, dans ce num&eacute;ro, avoir &eacute;t&eacute; &laquo; jaloux &raquo;. Mais il sera assez facile pour les&nbsp;<i>Nuits</i>&nbsp;de se d&eacute;marquer de ce grand fr&egrave;re encombrant, figure tot&eacute;mique, et qui cherche avant tout &agrave; mener des recherches esth&eacute;tiques sur le son (voir&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/numeros/1265-revue-10-atelier-de-creation-radiophonique-1969-2001-la-part-des-ecrivains">le num&eacute;ro</a>&nbsp;de&nbsp;<em>Komodo 21&nbsp;</em>qui lui a &eacute;t&eacute; consacr&eacute; en 2019).&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;sera davantage s&eacute;ducteur et vulgarisateur, et radio de r&eacute;cit. Souvent cit&eacute;es aussi par les &eacute;crivains, les &eacute;missions sp&eacute;ciales r&eacute;alis&eacute;es pendant le festival d&rsquo;Avignon, comme par exemple,&nbsp;<i>Avignon ultra-son</i>&nbsp;(1977, 1978), &eacute;mission hebdomadaire de plusieurs heures, et qui semble aussi avoir soud&eacute; le groupe de producteurs qui ne travaillaient pas ensemble en temps normal. On y entend d&eacute;j&agrave; Olivier Kaeppelin, Jean Daive, et Franck Venaille qui depuis l&rsquo;ann&eacute;e pr&eacute;c&eacute;dente poss&egrave;de son propre espace,&nbsp;<i>Magnetic</i>&nbsp;(nom qui a inspir&eacute; celui de l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>), dans ce qui s&rsquo;appelle alors&nbsp;<em>Avignon 76</em>. Le nom d&rsquo;une autre &eacute;mission revient aussi&nbsp;:&nbsp;<i>Po&eacute;sie ininterrompue</i>, de Claude Royet-Journoud, qui a permis l&rsquo;expression de po&egrave;tes &agrave; la radio, ainsi que le croisement de plusieurs personnalit&eacute;s qui deviendront les &eacute;crivains des&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;(Jean Daive et Franck Venaille). L&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<i>Biographie</i>&nbsp;est aussi cit&eacute;e par Alain Veinstein, notamment celle o&ugrave; Franck Venaille se raconte [<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>].</p> <p align="JUSTIFY">D&rsquo;autres programmes apparaissent comme des &laquo;&nbsp;laboratoires&nbsp;&raquo; des&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;:&nbsp;<i>La r&eacute;alit&eacute; le myst&egrave;re</i>, programme sp&eacute;cial con&ccedil;u par Alain Veinstein et diffus&eacute; par France Culture du 24 d&eacute;cembre 1976 au 1er janvier suivant, o&ugrave; interviennent aussi Jean Daive et Franck Venaille. Ce dernier y produit notamment une s&eacute;rie intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;La r&eacute;alit&eacute; en ces lieux&nbsp;&raquo; qui pr&eacute;figure les&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;: il y est question d&rsquo;espionnage, de vie dans les h&ocirc;tels, et de football (certains num&eacute;ros seront m&ecirc;me rediffus&eacute;s dans les&nbsp;<i>Nuits</i>). Programme continu&eacute; l&rsquo;ann&eacute;e suivante aux m&ecirc;mes dates (24 d&eacute;cembre 1977 &ndash; 1er janvier 1978) sous le titre&nbsp;<i>Les derniers jours heureux</i>, dont la forme annonce elle aussi les&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>. On y retrouve Franck Venaille, et Jean Daive qui sillonne la France pour donner la parole aux &laquo; gens de la terre &raquo;. Pour ce programme, Veinstein avait aussi demand&eacute; &agrave; Michel Chaillou d&rsquo;improviser au micro un r&eacute;cit-feuilleton &eacute;voquant un myst&eacute;rieux archipel perdu,&nbsp;<em>Perdus dans la mer de Weddel</em>. L&rsquo;&eacute;crivain, t&eacute;tanis&eacute;, raconte avoir perdu trois kilos durant cette exp&eacute;rience [<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>].</p> <p align="JUSTIFY">Parmi les &eacute;missions voisines, non mentionn&eacute;es par l&rsquo;&eacute;quipe des&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>, on peut citer&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-8/3088-de-la-nuit-de-l-ecrivain-anonyme"><i>De la nuit</i></a>&nbsp;(1975-77), qui la pr&eacute;c&egrave;de dans la grille de France Culture [<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>]. Son cr&eacute;ateur, Gilbert-Maurice Duprez, produit lui aussi quelques&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;avant de se consacrer &agrave; d&rsquo;autres aventures. L&rsquo;intervention de t&eacute;moins ordinaires, la recherche d&rsquo;une forme d&rsquo;intimit&eacute; et l&rsquo;effacement du producteur &agrave; l&rsquo;antenne se retrouvent d&eacute;j&agrave; dans&nbsp;<i>De la nuit</i>&nbsp;[<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>]. La r&eacute;&eacute;coute de toutes ces &eacute;missions permet de mieux saisir le contexte radiophonique des&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>.</p> <p align="JUSTIFY">Il faut aussi rappeler le contexte, plus g&eacute;n&eacute;ral, du paysage radiophonique d&rsquo;alors. En 1978 existe encore le monopole de radiodiffusion. Cependant, les radios pirates commencent &agrave; &eacute;mettre en grand nombre, et le service public se retrouve concurrenc&eacute; par ces nouvelles fa&ccedil;ons de faire de la radio et le combat pour la libert&eacute; d&rsquo;expression. En cela,&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;a sans doute &eacute;t&eacute; marqu&eacute; par l&rsquo;&eacute;mergence de ces nouvelles radios, ce qui se traduit notamment par l&rsquo;ouverture du micro &agrave; des interview&eacute;s venant d&rsquo;univers sociaux assez divers, qui apparaissent comme des minorit&eacute;s (ce qu&rsquo;on retrouve d&eacute;j&agrave; dans l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<i>De la nuit</i>).</p> <p align="JUSTIFY">Si l&rsquo;on se r&eacute;f&egrave;re aux propos d&rsquo;Alain Veinstein, la cr&eacute;ation de&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;ne va pas de soi. Bien que solidement install&eacute; dans l&rsquo;&eacute;quipe de direction de France Culture (il est responsable des programmes depuis 1975), celui-ci confie avoir &eacute;t&eacute; confront&eacute;, sinon &agrave; une forme d&rsquo;opposition, du moins &agrave; une forme de d&eacute;fiance ou de &laquo; r&eacute;sistance &raquo;, en d&eacute;pit du soutien d&rsquo;Yves Jaigu, alors directeur de France Culture (&laquo; Nous &eacute;tions attendus au tournant&nbsp;[<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>]&nbsp;&raquo;). Ces querelles internes demeurent aujourd&rsquo;hui myst&eacute;rieuses. Si opposition aux&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;il y a eu, elle n&rsquo;est en tout cas pas parvenue &agrave; emp&ecirc;cher l&rsquo;&eacute;mission de s&rsquo;imposer dans la grille de France Culture. Alain Veinstein souhaite alors contrer une orientation &laquo; spiritualiste &raquo; de la cha&icirc;ne, en proposant (avec &laquo; tr&egrave;s peu de moyens &raquo;) une &eacute;mission de nuit ob&eacute;issant &agrave; une &laquo; maquette permanente &raquo;, avec la volont&eacute; de toucher des auditeurs plus jeunes que ceux de France Culture, ayant plut&ocirc;t l&rsquo;&acirc;ge de ceux qui feraient l&rsquo;&eacute;mission, &agrave; savoir une trentaine d&rsquo;ann&eacute;es [<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>].</p> <p>S&rsquo;int&eacute;resser comme nous le faisons ici &agrave; un programme de radio quotidien, dont la dur&eacute;e de diffusion s&rsquo;est &eacute;tal&eacute;e de 1978 &agrave; 1999, ne va pas de soi. M&ecirc;me si les producteurs qui en ont &eacute;t&eacute; responsables ont &eacute;t&eacute; peu nombreux (Alain Veinstein, son cr&eacute;ateur, et Laure Adler pour la premi&egrave;re d&eacute;cennie, Colette Fellous pour la seconde), le nombre d&rsquo;&eacute;missions con&ccedil;ues, la diversit&eacute; des personnalit&eacute;s qui y ont contribu&eacute;, l&rsquo;&eacute;volution du paysage radiophonique, l&rsquo;influence des diff&eacute;rentes &eacute;poques travers&eacute;es aussi, font de cet objet de recherche une mati&egrave;re particuli&egrave;rement complexe &agrave; appr&eacute;hender. Un dernier &eacute;l&eacute;ment ajoute &agrave; la difficult&eacute;&nbsp;:&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;est une &eacute;mission prot&eacute;iforme. Bien que la plupart de ses num&eacute;ros rel&egrave;vent d&rsquo;un genre &laquo; documentaire &raquo; (terme &agrave; manier avec pr&eacute;caution en raison de son rejet par le cr&eacute;ateur de l&rsquo;&eacute;mission), certains autres (en particulier durant la premi&egrave;re &eacute;poque de l&rsquo;&eacute;mission, entre 1978 et 1989) rel&egrave;vent plut&ocirc;t du genre &laquo;&nbsp;magazine &raquo;, et font se succ&eacute;der des chroniqueurs pr&eacute;sents en studio. Cette diversit&eacute; des formes mises en jeu n&rsquo;emp&ecirc;che pas d&rsquo;analyser aussi l&rsquo;&eacute;mission en termes de dispositifs d&rsquo;&eacute;criture sp&eacute;cifiques, li&eacute;s &agrave; des partis pris esth&eacute;tiques plus ou moins saillants, comme nous le faisons dans notre contribution &agrave; ce num&eacute;ro.</p> <p align="JUSTIFY">L&rsquo;objet des textes publi&eacute;s ici n&rsquo;est pas de couvrir les multiples approches possibles d&rsquo;un programme aussi riche et divers qu&rsquo;&eacute;tendu dans le temps, toujours bien pr&eacute;sent dans la m&eacute;moire des auditeurs les plus &acirc;g&eacute;s : comme nous l&rsquo;avons fait il y a deux ans &agrave; propos de l&rsquo;<em>ACR</em>, il s&rsquo;agit d&rsquo;interroger la part des &eacute;crivains dans la conception du programme. L&rsquo;angle est pertinent, puisque d&egrave;s les d&eacute;buts la volont&eacute; de Veinstein est pr&eacute;cis&eacute;ment d&rsquo;associer les &eacute;crivains &agrave; la production des&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>. Si l&rsquo;id&eacute;e n&rsquo;est pas compl&egrave;tement nouvelle (de nombreux &eacute;crivains ont particip&eacute; au Club d&rsquo;Essai de Jean Tardieu dans les ann&eacute;es 1940 et 1950, de nombreux &eacute;crivains aussi ont cr&eacute;&eacute; des fictions pour la radio, ou anim&eacute; des &eacute;missions de po&eacute;sie), la forme que prend leur collaboration &agrave;&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;est plus in&eacute;dite : cette fois en effet, c&rsquo;est comme si les &eacute;crivains recrut&eacute;s l&rsquo;avaient &eacute;t&eacute; &agrave; &laquo; contre-emploi &raquo;, puisqu&rsquo;il ne leur &eacute;tait pas demand&eacute; d&rsquo;&eacute;crire au sens le plus habituel du mot, mais au contraire de quitter leur atelier d&rsquo;&eacute;criture, d&rsquo;abandonner leur outil de pr&eacute;dilection (la machine &agrave; &eacute;crire ou le stylo), pour s&rsquo;emparer du terrain et recueillir la parole de gens venus de tous les univers sociaux. R&eacute;trospectivement, cette id&eacute;e appara&icirc;t comme neuve puisqu&rsquo;elle invite ces &eacute;crivains &agrave; se &laquo; d&eacute;placer &raquo;, tant du point de vue des pratiques professionnelles que du point de vue g&eacute;ographique (mener des entretiens &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur des studios) [<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>]. Plusieurs &eacute;crivains &laquo; &eacute;lus &raquo; vont r&eacute;pondre favorablement &agrave; cette mission qui n&rsquo;a rien d&rsquo;une sin&eacute;cure, tant elle exige l&rsquo;apprentissage de nouvelles pratiques professionnelles (l&rsquo;interview, le montage, la construction d&rsquo;une dramaturgie propre &agrave; la radio), et l&rsquo;int&eacute;gration &agrave; un collectif (le personnel de la radio, au premier chef les charg&eacute;s de r&eacute;alisation [<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>) auquel un &eacute;crivain n&rsquo;est pas&nbsp;<i>a priori</i>&nbsp;habitu&eacute;. Pr&eacute;cisons d&rsquo;embl&eacute;e, pour qu&rsquo;il n&rsquo;y ait pas d&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute;, que d&rsquo;une part ces &eacute;crivains n&rsquo;ont jamais constitu&eacute; un&nbsp;<i>pool</i>&nbsp;permanent, et que d&rsquo;autre part tous les num&eacute;ros de&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; produits par des &eacute;crivains. L&rsquo;&eacute;mission a toujours &eacute;t&eacute; une structure ouverte. Par cons&eacute;quent de nombreux producteurs, aux statuts divers, se sont succ&eacute;d&eacute; et ont jou&eacute; leur part dans l&rsquo;histoire du programme [<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>.</p> <p align="JUSTIFY">Si l&rsquo;intention des coordinateurs de ce num&eacute;ro est bien de s&rsquo;emparer de l&rsquo;histoire de&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;dans sa globalit&eacute; temporelle (la contribution de Colette Fellous l&rsquo;atteste, ainsi que l&rsquo;article que lui consacre Clara Lacombe), une plus grande attention est port&eacute;e aux toutes premi&egrave;res ann&eacute;es de l&rsquo;&eacute;mission, p&eacute;riode o&ugrave; la pr&eacute;sence des &eacute;crivains-producteurs est la plus forte, ainsi qu&rsquo;aux &eacute;crivains les plus r&eacute;guliers. Au fil du temps, m&ecirc;me si la notion d&rsquo;&eacute;criture demeure primordiale dans la conception des programmes et que les &eacute;crivains continuent de figurer en bonne place parmi les interview&eacute;s, la pr&eacute;sence d&rsquo;&eacute;crivains-producteurs devient moins visible.</p> <p align="JUSTIFY">Les &eacute;crivains qui ont particip&eacute; &agrave; la premi&egrave;re d&eacute;cennie de cette exp&eacute;rience marquante dans l&rsquo;histoire de la radio n&rsquo;appartiennent pas &agrave; un m&ecirc;me courant litt&eacute;raire, et, amiti&eacute;s mises &agrave; part, n&rsquo;ont pas d&rsquo;autre point commun que d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; embarqu&eacute;s dans l&rsquo;aventure par le grand artisan de ces&nbsp;<em>Nuits</em>. Il &eacute;tait de ce fait important de faire valoir leur diversit&eacute;, en leur donnant la parole, &agrave; commencer par Alain Veinstein lui-m&ecirc;me, qui nous avait fait le plaisir de r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;invitation de Karine Le Bail et &agrave; ses questions lors du colloque organis&eacute; &agrave; Paris en d&eacute;cembre 2018, d&rsquo;o&ugrave; est issu ce num&eacute;ro.&nbsp;&Eacute;taient aussi pr&eacute;sents au&nbsp;colloque Jean Daive, Olivier Kaeppelin et Jean-Pierre Milovanoff, qui figurent parmi les pionniers de l&rsquo;&eacute;mission, et y ont tous particip&eacute; une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es au moins. Leurs interventions nous font comprendre leur d&eacute;couverte de la radio et de la collaboration avec les gens de radio, leurs centres d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t et territoires d&rsquo;action, la mani&egrave;re dont ils concevaient leur r&ocirc;le dans ce programme, &agrave; plus ou moins grande distance des livres mais toujours tout contre le langage. On sent, &agrave; les lire,&nbsp;la grande marge de man&oelig;uvre qui leur &eacute;tait laiss&eacute;e pour concevoir leurs &eacute;missions. C&rsquo;est sans doute cette libert&eacute;, et cette confiance, qui ont permis au programme de se d&eacute;ployer et d&rsquo;offrir &agrave; l&rsquo;auditeur des moments marquants.</p> <p align="JUSTIFY">Parmi les contributeurs de ce num&eacute;ro figure aussi Ir&egrave;ne Om&eacute;lianenko. M&ecirc;me si elle n&rsquo;a pas eu d&rsquo;activit&eacute; d&rsquo;&eacute;crivain &agrave; c&ocirc;t&eacute; de son travail &agrave; la radio, elle nous est apparue comme un t&eacute;moin privil&eacute;gi&eacute; des d&eacute;buts de&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>. D&rsquo;une part, elle y fut responsable de 1985 &agrave; 1987, avec Jean Couturier, de la rubrique&nbsp;<i>Arts sons</i>, &agrave; l&rsquo;aff&ucirc;t des innovations artistiques et des nouvelles &eacute;critures. D&rsquo;autre part, elle a connu une riche carri&egrave;re radiophonique &agrave; France Culture, comme productrice de nombreuses&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;et comme collaboratrice d&rsquo;autres &eacute;missions comme&nbsp;<i>Le vif du sujet</i>&nbsp;ou&nbsp;<i>Radio Libre</i>. Toujours avec Jean Couturier, elle a aussi cr&eacute;&eacute; le magazine&nbsp;<i>Clair de nuit</i>. Elle a enfin &eacute;t&eacute; responsable de l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<i>Sur les docks</i>, et conseill&egrave;re de programme &agrave; France Culture.</p> <p align="JUSTIFY">Il &eacute;tait aussi important de rappeler l&rsquo;apport de producteurs qui ne sont plus parmi nous. C&eacute;line Pardo s&rsquo;int&eacute;resse ainsi aux jeux d&rsquo;influence mutuels entre &eacute;criture pour la radio et &eacute;criture pour le support livre qui caract&eacute;risent le travail de Franck Venaille, d&eacute;c&eacute;d&eacute; en 2018 quelques mois avant le colloque. Annie Pibarot, quant &agrave; elle, fait revivre Nicole-Lise Bernheim qui appara&icirc;t comme une pr&eacute;curseuse dans l&rsquo;exploration des relations hommes/femmes, et dans l&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;un journal intime en r&eacute;sonance avec l&rsquo;Histoire en marche.</p> <h2 align="JUSTIFY"><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]&nbsp;</a><em>Biographie</em>&nbsp;du 21 avril 1976. Notice Ina&nbsp;: PHD99247893.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Souvenir de Michel Chaillou dans&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>, France Culture, mardi 10 juillet 2007. Cependant, d&rsquo;apr&egrave;s la notice Ina, le r&eacute;cit a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute; en studio par Jean Couturier d&eacute;but avril 1977 et non en direct. R&eacute;sum&eacute; de l&rsquo;histoire : &laquo; Neuf hommes en perdition sur une banquise de l&rsquo;Antarctique tentent, par le truchement d&rsquo;un poste &eacute;metteur, de gagner la terre ferme. Le navire&nbsp;<em>L&rsquo;Aventure</em>&nbsp;est encercl&eacute; par la banquise, le capitaine Prieur cherche &agrave; se faire entendre des secours&hellip; Le capitaine et l&rsquo;&eacute;quipage d&eacute;cident d&rsquo;abandonner le navire et de rejoindre l&rsquo;Ile de l&rsquo;El&eacute;phant&hellip; ne reste plus que neuf survivants &raquo; (notice Ina).</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Dans son entretien pour le documentaire &laquo;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, bonsoir&hellip; &raquo; (France Culture, 3 septembre 2013), Alain Veinstein&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks-14-15/france-culture-50-ans-24-nuits-magnetiques-bonsoir">dit</a>&nbsp;avoir voulu quant &agrave; lui se d&eacute;marquer de&nbsp;<em>De la nuit</em>&nbsp;et de son aspect &laquo; litt&eacute;raire &raquo; et &laquo; po&eacute;tisant &raquo;.&nbsp; V. notre article</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>V.&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-8/3088-de-la-nuit-de-l-ecrivain-anonyme">notre article</a>&nbsp;<em>&laquo;&nbsp;De la nuit</em>. De l&rsquo;&eacute;crivain anonyme &raquo;,&nbsp;<em>Komodo 21</em>, 8 | 2018.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Entretien avec Alain Veinstein pour le documentaire &laquo;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, bonsoir&hellip; &raquo;, &eacute;m. cit&eacute;e.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;&nbsp;<em>Ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">7</a>&nbsp;&nbsp;Juste apr&egrave;s la fin de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, alors coordonn&eacute; par Colette Fellous, Alain Veinstein d&eacute;cide de cr&eacute;er une nouvelle &eacute;mission,&nbsp;<em>Surpris par la nuit</em>, en souhaitant s&rsquo;appuyer &agrave; nouveau sur des &eacute;crivains. Mais il ne parviendra pas &agrave; refid&eacute;liser une &eacute;quipe d&rsquo;&eacute;crivains. On peut citer Tanguy Viel parmi les &eacute;crivains producteurs les plus r&eacute;guliers.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">8</a>&nbsp;&nbsp;Citons, pour la premi&egrave;re p&eacute;riode : Pamela Doussaud, Yvette Tuchband, Josette Colin, Mehdi El Hadj, Bruno Sourcis.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">9</a>&nbsp;&nbsp;Citons, pour les d&eacute;buts de l&rsquo;&eacute;mission, la pr&eacute;sence r&eacute;currente du journaliste Pascal Dupont, entre 1978 et 1980.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h3>Auteur</h3> <p><strong>Christophe Deleu</strong>&nbsp;est professeur &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Strasbourg, et directeur du Cuej (Centre Universitaire d&rsquo;enseignement du Journalisme). Il a publi&eacute; plusieurs ouvrages, dont&nbsp;<em>Le documentaire radiophonique</em>&nbsp;(Ina-L&rsquo;Harmattan, 2013). Il est aussi auteur radio, notamment pour France Culture et la RTBF. Il a co-r&eacute;alis&eacute; la s&eacute;rie de podcasts&nbsp;<em>Fins du monde</em>&nbsp;avec Marine Ang&eacute;.&nbsp;&nbsp;Il est&nbsp;pr&eacute;sident de la commission radio de la Soci&eacute;t&eacute; des Gens de Lettres.</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>